#43 - Faut-il réinventer le modèle économique de la pharma ? Le regard lucide de Benoît Escoffier cover
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Pharma Minds

#43 - Faut-il réinventer le modèle économique de la pharma ? Le regard lucide de Benoît Escoffier

#43 - Faut-il réinventer le modèle économique de la pharma ? Le regard lucide de Benoît Escoffier

58min |13/10/2025
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#43 - Faut-il réinventer le modèle économique de la pharma ? Le regard lucide de Benoît Escoffier

#43 - Faut-il réinventer le modèle économique de la pharma ? Le regard lucide de Benoît Escoffier

58min |13/10/2025
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Description

« L’innovation, ce n’est pas forcément une rupture technologique. C’est tout ce qui permet de prévenir, guérir, ou améliorer la qualité de vie. »


Benoît Escoffier est directeur général de Daiichi Sankyo France. Ancien diplômé d’école de commerce, il évolue depuis plus de 20 ans dans un univers pharmaceutique qu’il a appris à appréhender avec curiosité, humilité et engagement.


Son parcours l’a mené en Afrique, en Amérique latine et aux US dans l’ombre d’un CEO, pour diriger aujourd’hui une filiale française qu’il a profondément transformée, tout en contribuant à la réflexion stratégique globale du groupe.


Dans cet épisode, j’ai eu envie d’utiliser ce regard précis pour ouvrir une discussion sans filtre avec un dirigeant à la lucidité contagieuse, capable de parler d’innovation comme de leadership, de transformation business comme de lien humain.

Avec Benoît, on explore les fondations d’un nouveau modèle pharmaceutique, pensé pour et avec la société.


Au programme de notre échange :

◾️ Les dessous d’un engagement fort pour l’innovation en oncologie, notamment autour des anticorps conjugués (ADC) développés par Daiichi Sankyo.

◾️ Une définition nuancée de l’innovation, recentrée sur l’impact réel pour le patient et le citoyen.

◾️ Une vision critique du modèle économique actuel, trop focalisé sur le prix, pas assez sur la valeur.

◾️ L’appel à repenser l’évaluation du médicament, en intégrant qualité de vie, prévention, et bénéfice collectif.

◾️ Les défis liés à l’accélération de l’industrie (IA, géopolitique, instabilité budgétaire) et l’urgence de faire évoluer les modes de décision.

◾️ L’importance du lien entre RSE, santé et performance, avec des piliers choisis collectivement : écologie, enfance, handicap.

◾️ Un regard citoyen engagé, ancré dans la responsabilité individuelle, la transmission, et la volonté d’agir à son échelle.


Un concentré de vision et d’expérience qui s’autorise à rêver d’un futur radieux pour la pharma.

Bonne écoute !


Merci à notre partenaire Daiichi Sankyo pour son soutien dans cet épisode, qui nous permet d’ouvrir le dialogue autour de l’innovation et des enjeux de santé. La ligne éditoriale et la sélection des invités restent entre nos mains.


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Pour retrouver Benoît Escoffier : 

LinkedIn : https://www.linkedin.com/in/benoit-escoffier-62b57813/?originalSubdomain=fr

Daiichi Sankyo France https://www.daiichi-sankyo.fr/


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Ressources mentionnées dans l’épisode :

📌 Livre : Reinventing Organizations de Frédéric Laloux


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Transcription

  • Speaker #0

    À la fin, elle m'a dit, en fait, pour nous, c'est très difficile de ne pas prendre des pharmaciens, de prendre des gens qui ne sont que école de commerce. Ce à quoi je me souviens qu'un de mes CEOs, Jean-Pierre Garnier, à l'époque, parce que dans l'industrie, on était très sur cette logique qu'il ne faut absolument pas prendre que des pharmaciens, avait dit, vous pensez que les gens qui vendent des voitures ne prennent que des garagistes. Donc en fait, c'est des compétences qui sont différentes. J'ai cherché du sens, j'ai compris qu'il y avait un domaine dans lequel j'allais devoir travailler plus. La curiosité, ça vient assez vite et petit à petit, on commence à aimer ça. Les business models des groupes pharmaceutiques vont évoluer. Ils vont évoluer et ils doivent évoluer. Ça veut dire qu'il faut certainement qu'on réfléchisse à d'autres façons d'évaluer les médicaments. Le premier qui prendra la décision...

  • Speaker #1

    Cet épisode a été enregistré avec le soutien de Daichi Sankyo. Bonjour à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode de PharmaMinds. Aujourd'hui, j'ai la chance d'être avec... Benoît Escoffier. Bonjour Benoît.

  • Speaker #0

    Bonjour Nathalie.

  • Speaker #1

    Benoît, c'est le patron de Daichi Sankyo en France et je suis ravie de pouvoir l'accueillir aujourd'hui parce que j'ai l'impression que c'est un profil atypique qui va nous parler de sciences d'innovation, de leadership et voilà comment on fait pour appréhender ces sujets qui sont hyper complexes, hyper transverses et on réussit à avoir quand même de l'impact. Avec peut-être simplicité, être capable de se faire comprendre avec simplicité. En tout cas, moi, je suis hyper heureuse de pouvoir avoir cette discussion. Je pense qu'on va avoir un regard un peu différent. Quelqu'un qui a parcouru le monde et qui peut nous apporter aussi un regard un peu différent sur la mission de la pharma aujourd'hui. Je suis hyper contente.

  • Speaker #0

    Moi aussi.

  • Speaker #1

    J'espère. Pour commencer, j'aimerais qu'on parle de cette différence qui t'a construite. Est-ce que tu as un parcours atypique, mais aussi un parcours d'école de commerce ? N'ayons pas peur des mots. Est-ce que c'est possible de travailler dans... D'avoir une formation d'école de commerce, pure business, et de travailler dans un domaine où c'est la pointe de l'innovation, la pointe de la science. C'est un premier paradoxe sur le papier, non ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est un premier paradoxe. Ça me rappelle, j'ai commencé à travailler à Londres et je m'occupais des pays d'Afrique anglophone. chez Glaxo à l'époque, Smithstein-Bilcham. Et j'avais en charge les vaccins et les antibiotiques. J'ai passé six mois au Kenya à faire des vaccinations contre l'hépatite B, public, c'était fantastique. Et je suis rentré, je voulais aller sur le terrain et rentrer en France. Et je voyais que ça bloquait. Je voyais que les DH français avaient du mal à... Et je ne comprenais pas trop pourquoi, vu que j'étais très bien noté à Londres et que le groupe voulait me développer. Et je sentais qu'il y avait un blocage, jusqu'au jour où la DRH est venue tourner avec moi sur le terrain. Donc j'y suis allé. Et à la fin, elle m'a dit « En fait, pour nous, c'est très difficile de ne pas prendre des pharmaciens, de prendre des gens qui ne sont qu'écoles de commerce. » Ce à quoi je me souviens qu'un de mes CEOs, Jean-Pierre Garnier, à l'époque, parce que dans l'industrie, on était très sur cette logique d'il ne faut prendre absolument que des pharmaciens, avait dit vous pouvez vous pensez que les gens qui vendent des voitures ne prennent que des garagistes. Donc en fait, c'est des compétences qui sont différentes, c'est des compétences qui sont nécessaires. Alors des pharmaciens peuvent, bien entendu, et c'est souvent le cas, très bien gérer une entreprise, très bien gérer des hommes. Mais globalement, moi, mon rôle, c'est pas d'être un expert en sciences. J'essaye d'arriver au niveau qui est le mien. C'est surtout d'être supporté autour de moi avec des gens pour qui vraiment c'est l'expert nécessaire. Moi, mon rôle, c'est d'être un chef d'orchestre. en tout cas aujourd'hui. Donc c'est surtout là-dessus, globalement, que je me suis construit et sur lequel je me développe aujourd'hui. Alors après, je pense qu'il faut par nature quand même avoir une curiosité, vu que vous êtes dans un domaine scientifique qui n'est pas la base de votre formation et que donc vous devez travailler un peu plus que d'autres pour comprendre exactement les mécanismes d'action et tous les éléments qu'il y a autour. Mais globalement, c'est juste un petit peu plus de charge de travail et un petit peu de curiosité pour intégrer. Et de l'humilité aussi, de ne pas vouloir aller trop en profondeur, parce que ce n'est pas mon rôle. Il y a des gens autour de moi qui le font beaucoup mieux. Et puis parce que c'est une industrie... qui dès le début, et c'est peut-être aussi parce que j'ai commencé en Afrique, m'a apporté un sens dont j'avais besoin dans mon quotidien.

  • Speaker #1

    Du coup, la curiosité t'a fait rentrer dans la partition, dans les notes, et t'as jamais eu peur de rentrer dans le détail, mais t'as jamais eu ce complexe ? Tu sais, en général, c'est quand on est mauvais sur un truc, ou de base pas favorisé sur un truc. Non mais on travaille beaucoup plus et du coup on a toujours ce complexe de vouloir en faire plus. Je ne dis pas ça pour toi.

  • Speaker #0

    Non mais oui, il peut y avoir le sentiment d'illégitimité.

  • Speaker #1

    Ou pas,

  • Speaker #0

    j'en sais rien. Non, non, tu as raison.

  • Speaker #1

    Puis après il y a la France et d'autres pays.

  • Speaker #0

    Oui, oui, encore. En Angleterre, ça ne posait aucun problème. Pour eux, il n'y avait aucun sujet. La France était très... très organisé, très structuré par rapport à des profils relativement types. Donc ça a changé aujourd'hui parce que ce qui est intéressant et ce qui est important et ce qui fait aussi succès de l'entreprise, c'est la diversité des profils. Et donc ça, la France met à raison. Mais de toute façon, je pense que j'aurais pas été meilleur en voiture. D'ailleurs, j'ai fait un stage chez Peugeot. Voilà, j'aurais peut-être que l'énergie, au moment où j'ai commencé à travailler, l'énergie était si importante. Ça aurait peut-être été un autre domaine qui m'aurait apporté du sens, dans lequel j'aurais aimé m'épanouir. Mais globalement, je ne suis pas un expert dans n'importe quel domaine.

  • Speaker #1

    Oui, tu as juste cherché du sens globalement. J'ai cherché du sens,

  • Speaker #0

    j'ai compris qu'il y avait un domaine dans lequel j'allais devoir travailler plus, parce que j'étais plus intéressé en tant qu'étudiant sur la philo et les maths en terminale, et ensuite sur l'école de commerce que sur les sciences en soi. Mais quand on a des bons formateurs qu'on a envie d'apprendre, la curiosité, ça vient assez vite. Et puis petit à petit, en fait, moi, j'ai travaillé dans beaucoup de domaines thérapeutiques. Donc je me suis formé dans beaucoup de domaines thérapeutiques. Et petit à petit, déjà, on a une curiosité assez positive et on commence à aimer ça. Et puis en plus, on a une mécanique ensuite qui se met en place, ce qui fait que c'est de plus en plus facile. Je dois admettre que l'oncologie est très compliquée. Mes premiers pas en oncologie, ça a ramé pas mal.

  • Speaker #1

    surtout ce que tu es en train de faire on en parlait un peu plus tard mais ça tape sur des choses quand même très expertes donc en fait tu es arrivé à force mais je te challenge parce que bon déjà je comprends que quasi les idées préconçues que je peux avoir elles existaient et je les ai encore aujourd'hui et elles existaient déjà il y a quelques années mais euh... Mais je pense qu'il y a aussi un espèce de, je ne sais pas, sens de l'éthique, je me lance, qui fait qu'on développe au sein de cette industrie aussi, que quand on est professionnel de santé, c'est sûr, on l'a naturellement de base. Et toi, c'est des choses qui t'ont paru naturelles, ou je ne sais pas, où tu joues un peu à la fin. Enfin, tu joues, mais tu... Tu travailles avec ça aussi ? Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire. Mais en fait, ce que je veux dire, c'est qu'un commercial standard dans n'importe quelle autre industrie n'est pas la même chose qu'un commercial dans la pharma, même s'il y a une performance à voir, ou non.

  • Speaker #0

    On va dire d'une manière générale, je pense que tu as raison. C'est-à-dire, d'une manière générale, la rigidité de la pharma... qui pourrait être quelque chose qui n'attire pas tellement, et compensée par le sens que cette industrie apporte, ou en tout cas ce qu'elle délivre et ce qu'elle apporte à la société. Donc je pense que les gens talonteux qui vont dans l'industrie pharmaceutique, il y a une grande partie qui est sur cet engagement sociétal.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Il y a plein d'autres industries où il y a des gens qui ont une éthique aussi chevillée au corps et qui le vivent très bien. Et comme en pharma, il y en a qui l'ont moins. Mais d'une manière générale, je pense qu'être attiré par la santé, par le bien-être et par toutes les choses sur lesquelles l'industrie investit depuis X années, montre quand même que ce sens nous intéresse.

  • Speaker #1

    Ok. Merci déjà pour cette... cette petite nuance, parce qu'on a des auditeurs qui ne connaissent pas la pharma du tout. Et c'est aussi une manière de expliquer qu'il y a non seulement une grosse diversité, variété dans ce secteur. Et toi, quand t'es arrivé chez Daishi, sans Kyo, c'est quoi qui t'a... fasciné parce que quand tu es arrivé tu venais d'une grosse machine.

  • Speaker #0

    Oui j'ai bossé pendant plus de 20 ans dans des gros laboratoires anglo-saxons et français. J'ai eu beaucoup de chance, j'ai toujours réussi à me développer là où j'ai envie de me développer avec mon profil atypique. En fait mon profil atypique c'est que j'aime bien aller là où les choses sont pas faites et là où il y a tout à construire. Donc je pense que c'est là où je je suis plutôt bon et que quand les choses sont installées... Quand les grosses machines sont en place, il y a des gens qui sont meilleurs que moi pour faire ça. Et j'étais arrivé, je pense, au bout de mon histoire avec le dernier gros laboratoire avec lequel j'ai travaillé. En plus, il y a une dimension politique très forte qui, à l'âge que j'avais, ça ne correspondait pas exactement à ce que j'étais et à ce que je voulais. Et j'ai été contacté par Daichi Sankyo, ne connaissant pas bien cette entreprise à ce moment-là. Et pour le coup... Premièrement, j'ai été... Japonaise. Japonaise. Entreprise japonaise. Il peut y avoir aussi des a priori par rapport aux entreprises japonaises sur un contrôle très fort de Tokyo sur les filiales, ce qui n'est pas le cas, en tout cas, moi, chez Daichi. J'ai une liberté qui est relativement importante. Et puis, c'est vrai que je suis directement allé voir le portefeuille. Parce que c'est ça, le plaisir de l'industrie pharmaceutique, c'est d'avoir un portefeuille où on apporte des innovations. C'est vraiment quelque chose qui change totalement notre quotidien. Et c'est vrai que Daichi Sankyo, quand je suis arrivé, avait et a toujours un portefeuille en oncologie extrêmement prometteur. Donc ça, c'est très important. Et la deuxième notion, c'est la notion plus culturelle. Les gens que j'ai rencontrés, j'ai beaucoup aimé le temps et le ton qu'on a pu avoir lors de nos échanges. Quelque chose d'assez direct. assez humain, avec une vision, certes court terme contre tout le monde, mais avec un engagement qui est sur le long terme, qui est assez appréciable, et une faible nécessité de micro-management, qui est pour moi une des vraies problématiques des gros laboratoires anglo-saxons, français, européens ou autres, où le niveau de micro-management est juste destructeur de valeur. Et donc, ces différents éléments, même si à l'époque, quand je suis parti, on n'avait pas encore de produit, rien, et qu'il y avait tout à construire, donc ce que j'aime, j'y suis allé avec plaisir et je ne regrette absolument pas.

  • Speaker #1

    C'était quelque chose de, en gros, de l'innovation de rupture ? En oncologie, c'était quoi ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, c'était une deuxième vague d'innovation. D'accord. C'est les anticorps conjugués monoclonaux qui existaient depuis un certain temps, notamment dans le cancer du sein, et qui avaient démontré une efficacité extrêmement positive. Et là, en fait, les chercheurs japonais, parce qu'une des particularités de Daichi Sankyo, c'est qu'ils ont vraiment une recherche in-house qui est très forte. Les chercheurs japonais qui sont en fait très forts en technologie, plus qu'en chimie ou en biologie. On a réussi à développer un élément qui est assez important dans les ADC, qui est le linker, celui qui relie l'anticorps monoclonal à la chimiothérapie, qui est un élément de stabilité. On a réussi à développer une deuxième génération de cet élément-là, qui a fait qu'on a réussi à développer et à proposer aux professionnels de santé et aux patients des produits encore plus efficaces. que ceux qui étaient mis sur le marché. Et on est dans cette dynamique, aujourd'hui très focalisée sur ces molécules qu'on appelle des ADC. Mais à l'avenir, on a aussi une recherche et développement sur d'autres techniques de production qui, je l'espère, et j'en suis certain, sera...

  • Speaker #1

    Tu nous expliques un peu ? Tu nous racontes ces histoires de techniques de production ? Qu'est-ce que ça révolutionne dans le champ ? Et toi, en gros, pourquoi tu prends ces...

  • Speaker #0

    Ces combats ?

  • Speaker #1

    C'est pour les patients, ok. Non,

  • Speaker #0

    non, mais en fait, ce que j'aimerais répondre à cette question, c'est qu'est-ce qu'une révolution ? Je pense que l'intérêt qu'on a dans l'industrie pharmaceutique, c'est d'apporter des innovations. Et d'ailleurs... Je ne sais pas si on a tous la même définition de ce qu'est une innovation. On parle beaucoup d'innovation, on parle beaucoup de valeur d'innovation.

  • Speaker #1

    Il y a de la rupture, il y a de l'incrémental.

  • Speaker #0

    Mais on ne sait pas, au bout du compte. Je suis assez intimement persuadé que que ce soit les membres de l'industrie, enfin ceux qui travaillent dans le sclifarma ou même les autorités de santé, ils devraient toujours se mettre à la place du citoyen, du patient et du citoyen, parce qu'on est tous en premier.

  • Speaker #1

    Oui, c'est comme ça qu'on décide.

  • Speaker #0

    Avant d'être un citoyen, avant d'être... Pour décider de ce qu'il faut faire. Pour moi, enfin pour moi et pour mon équipe, parce qu'on a travaillé dessus, une innovation aujourd'hui, elle peut être caractérisée par trois choses. Soit elle prévient la maladie, globalement, vaccin ou d'autres choses, soit elle guérit, soit elle permet de vivre plus longtemps dans des meilleures conditions. C'est les trois éléments qui pourraient déterminer l'innovation. Donc tu pourrais avoir un produit qui techniquement n'est pas révolutionnaire, c'est-à-dire qui n'a pas une façon d'être produite qui est absolument nouvelle. mais qui répond à un de ces trois critères d'innovation et qui donc va améliorer la vie des patients et ainsi de suite. Donc moi, c'est plus ça qui m'intéresse. C'est de me dire, et ce qui m'intéresse, c'est dans le portefeuille en recherche et développement de Daichi Sankyo, quelles sont les molécules qui potentiellement apporteront des innovations. Et c'est sur la base de cette discussion. que j'ai eue avec des gens qui s'y connaissaient à l'époque beaucoup mieux que moi en oncologie et qui m'ont dit oui, il y a quelque chose de très prometteur en innovation dans ce laboratoire, donc vas-y fonce, et donc c'est ce que j'ai fait.

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui du coup tu t'occupes de la filiale France, mais tu as aussi un rôle au niveau global pour t'occuper des portfolios à venir ?

  • Speaker #0

    Alors j'étais très intéressé pour avoir une expérience en R&D. Parce que globalement, on n'est pas grand-chose, nous, les structures opérationnelles, sans les personnes de la recherche qui trouvent les molécules et qui nous les apportent. Et je voulais vraiment comprendre comment ça fonctionnait. Et donc, on a un futur produit qui est un ADC aussi, mais qui cible un autre récepteur qu'on appelle le MUC1, sur lequel il va se coller et qui est présent dans beaucoup de cancers. Il y a des groupes qui sont très en amont des lancements, qui travaillent sur ces molécules. C'est du early development, early stage, dans lesquels j'ai demandé à travailler. Je travaille sur ce qu'on appelle Global Commercial Lead, dans ce groupe-là, pour cette molécule, qui est une molécule qui est assez prometteuse. Ça m'a permis, moi perso, d'apprendre beaucoup sur tous les stades de développement, de recherche et de développement. aussi sur les modes de décision qui sont utilisés à ce moment-là. Et puis, je pense que moi, mon expérience qui est plus opérationnelle, qui est plus sur les éléments de vente, finance et les probabilités d'eux, a aussi contribué à nous aider à faire des choix. Ce qui n'est pas toujours facile quand on est aussi loin dans le développement. Oui.

  • Speaker #1

    Et tu veux nous parler de ça, peut-être ? En gros, juste la casquette de comment un labo réfléchit quand il est 5 ans avant le lancement, qu'est-ce qu'il regarde ? Parce qu'après, il y a peut-être des gens qui sont d'administration et qui écoutent et qui se disent « moi je vais avoir à valider ça ou pas » . Est-ce que c'est pris en compte ? Sur quels critères ? Comment vous les anticipez ? Sachant que toi tu as ton œil peut-être un peu affûté sur la France, mais tu ne traites pas que pour la France.

  • Speaker #0

    Non, non, puis j'ai tout. Je travaille sur beaucoup de zones. Mais alors, je pense que ce serait d'ailleurs intéressant, ce serait intéressant d'ailleurs peut-être que les autorités puissent, ou qu'il puisse y avoir des échanges avec les autorités en amont, uniquement des phases 3, qui sont en gros les phases qui permettent d'enregistrer. Alors, il peut y avoir des exceptions, quoi que ce soit. Mais il pourrait y avoir des discussions en amont, notamment sur les designs de protocoles. Globalement, les autorités, sur la partie très en amont aujourd'hui...

  • Speaker #1

    Oui, elles ne sont pas là.

  • Speaker #0

    Non, elles n'ont pas le temps, c'est sûr. Mais les modes de décision... D'abord, il y a un mode de décision capitalistique, c'est-à-dire que c'est des énormes investissements. Et donc, il peut y avoir... Soit vous avez les reins assez solides... vous pouvez le faire tout seul, soit vous décidez d'aller le faire avec un partenaire qui peut vous aider. C'est ce que nous, on a fait avec AstraZeneca d'un côté, puis avec MSD de l'autre. Donc, il y a une décision déjà là-dessus. Ensuite, il y a la partie, on va dire, très scientifique et clinique, c'est-à-dire l'efficacité de la drogue sur différents éléments très en amont, voire s'il y a une activité. qui fonctionne ou pas. Et puis ensuite, on rentre dans les logiques de phase 1, phase 2, avec un driver quand même très fort qui est scientifique. Est-ce que ça fonctionne ou est-ce que ça ne fonctionne pas ? Sur lequel on doit apporter, à un moment donné, des filtres de faisabilité. Et c'est là où moi, je rentre en jeu. C'est de dire, oui, OK, scientifiquement ou cliniquement, on voit qu'il y a une activité, mais globalement... le marché est déjà complètement saturé par exemple, donc ça va être dur d'apporter une valeur par rapport à ça ou la cible est tellement petite qu'en termes de coût de développement par rapport potentiellement à ce qu'on pourrait avoir comme vente, ça ne fonctionne pas et donc il y a plein de décisions qui rentrent en jeu sur la base d'une activité clinique par rapport à une faisabilité pour ensuite évoluer vers les phases 2, phase 3 et autres. C'est assez complexe.

  • Speaker #1

    Et c'est pas le bon moment de parler de ça parce que je vais te demander de parler d'un monde stable mais ça veut dire qu'il y a aussi regardez peut-être le marché final qu'il y aura dans tel et tel pays pour savoir comment ça va se passer et là le poids de chaque pays, comment vous le regardez parce que c'est vrai que souvent pour les autorités de santé c'est normal, on a un spectre français on a du mal à considérer qu'il y a d'autres pays voir euh considèrent que d'autres pays sont là pour payer ce qui se passe en Europe ?

  • Speaker #0

    C'est un peu ce qui se passe dans les faits, vu que les États-Unis représentent 50% des ventes et quasiment 60% des produits de spécialité pour 2 à 3% de la population. Donc il y a quelque chose qui aujourd'hui, et je pense que c'est une des raisons, même si c'est fait de manière un peu brutale, pour lesquels le président américain met de la pression sur l'industrie du médicament. Donc oui, je pense qu'on est à un moment extrêmement important où les business models des groupes pharmaceutiques vont évoluer. Ils vont évoluer et ils doivent évoluer. Ça veut dire qu'il faut certainement qu'on réfléchisse à d'autres façons d'évaluer les médicaments. Je parlais de l'innovation. Première chose, c'est qu'est-ce qu'une innovation ? Et puis deuxième chose, c'est quelle valeur on donne à l'innovation ? Et ça aujourd'hui aussi...

  • Speaker #1

    Pour la société, c'est-à-dire pas juste pour...

  • Speaker #0

    Voilà, c'est-à-dire globalement, si notre mission, elle est là d'améliorer la qualité de vie de manière générale de la société, il faut bien que notre innovation, elle permette cette amélioration de la qualité de vie. Aujourd'hui, on est toujours sur des éléments qui sont les mêmes d'évaluation depuis un certain temps, notamment en oncologie. Il y a certainement des choses à apporter, à travailler sur plus d'éléments beaucoup plus complets de qualité de vie, par exemple, d'amélioration de qualité de vie. Sur beaucoup plus d'éléments où on cible un peu plus les populations sur lesquelles on souhaite apporter nos innovations, pour que vraiment l'effet soit vraiment positif et pas noyé. Donc il y a des choses sur lesquelles il faudra absolument travailler. Pour espérer que cette industrie qui est, à mon point de vue aujourd'hui, l'industrie la plus essentielle, parce que c'est quand même elle qui apporte le plus de bienfaits aux citoyens, pas tellement d'autres, en tout cas je parle d'industrie, puisse continuer à avoir un business model qui rétribue le risque qui est pris. Alors est-ce qu'aujourd'hui le risque est fortement... Ça c'est des discussions... qu'on peut avoir, qui doivent être affinées. Mais globalement, c'est une industrie capitalistique avec une prise de risque qui est importante, plus que dans d'autres industries, et sur lesquelles il faut qu'il y ait un retour sur la prise de risque qui soit convenable pour que les gens continuent à investir dans cette industrie. Mais il va y avoir un rééquilibrage dans les années qui viennent. Et oui, est-ce que ça veut dire que... Il faut qu'il y ait d'autres sources de croissance que juste les Etats-Unis. Je pense que oui et je pense qu'en plus, c'est une bonne chose. Maintenant, c'est mon sentiment. Je ne sais pas comment ça va évoluer.

  • Speaker #1

    Du coup, en gros, ça veut dire que ce ne sont pas des pistes d'innovation forcément en santé, mais en gros, c'est des pistes de... Peut-être que tu peux te prononcer sur des pistes de... En fait, qu'est-ce qu'on ne valorise pas assez aujourd'hui ? Tu parlais de qualité de vie pour les patients. Tu parlais...

  • Speaker #0

    Moi, je crois que le sentiment que j'ai, c'est qu'aujourd'hui...

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on ne regarde pas, en fait ? Qu'est-ce qui est dans des angles morts qui fait qu'on est un peu à côté de la plaque ? au sens de tout le monde quand même.

  • Speaker #0

    J'ai le sentiment aujourd'hui qu'il y a une focalisation qui est extrêmement forte sur le prix, pas tellement sur la valeur. Et qu'il y a un shift à faire sur cette omnubilité, on est omnubilé par le prix et on ne travaille pas tellement sur la valeur. Peut-être qu'à une époque, ça a arrangé un peu tout le monde de ne pas travailler dessus. Mais moi, encore une fois, je pense qu'on a un moment donné où si nous, l'industrie... On est fiers de ce qu'on fait et on est confiants que ce qu'on fait apporte vraiment quelque chose. On n'a aucun intérêt à continuer à cesser de dicter la façon dont les choses doivent fonctionner par des autorités qui ont deux problématiques. Une première problématique, c'est que les budgets sont de plus en plus restreints et ça ne va pas aller en s'arrangeant. Ça, c'est une évidence. Et la deuxième, c'est qu'il y a encore ce vieux sentiment d'opposition. public-privé, malheureusement, qui fait que l'image de l'industrie est encore assez négative. Donc, je suis moi assez intimement persuadé, et en tout cas je le travaille avec mon équipe, qu'il faut qu'on travaille sur la valeur. Alors la valeur, c'est encore une fois sur les éléments dont je t'ai parlé, d'innovation. Maintenant, comment tu les valorises ? Alors, c'est certainement pas simple.

  • Speaker #1

    Non, mais sûrement, c'était plus simple de parler d'un prix facial. Voilà.

  • Speaker #0

    C'est certainement pas simple. Il y a certainement plusieurs critères à intégrer dedans. Bien entendu, de qualité de vie, d'impact sur la guérison, par exemple en oncologie, mais aussi de ce que ça crée en termes de dynamisme pour un pays et ainsi de suite. Mais je pense qu'en tout cas, il serait intéressant que l'industrie, que ce soit l'OLEM ou des laboratoires, aujourd'hui... passe du temps à travailler là-dessus. Parce que moi, je ne vois pas aujourd'hui quelle est la solution, à part de continuer à nous battre et nous battre et nous battre sans avoir les résultats qu'on souhaite avoir.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'en plus, il y a une notion d'être aussi, pas désunis, mais d'être des forces opposées, alors que finalement, on cherche quand même tous, que ce soit, tu dis le public, le privé, mais juste le simple citoyen. On cherche tous à être bien soignés. Si un truc est sûr, c'est d'avoir les meilleurs soins.

  • Speaker #0

    Oui, c'est pour ça que je pense que l'effort prioritaire et principal qu'on doit tous faire, et notamment nous l'industrie, c'est de nous mettre à la place du citoyen.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il a envie de cette innovation ou pas ?

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il a envie de cette innovation et est-ce qu'il est prêt à financer cette innovation ? qu'il y a un investissement.

  • Speaker #1

    Pas payer forcément de sa part.

  • Speaker #0

    J'aime pas le coup de, non, c'est un investissement. Est-ce qu'il est prêt à investir là-dessus ? Et pourquoi ? Et il faut qu'on se mette...

  • Speaker #1

    C'est une démarche hyper responsable que tu demandes à un citoyen de se dire, en fait, il est normal qu'il y ait un certain domaine où on investisse. C'est une démarche qui est un peu...

  • Speaker #0

    Alors, pour le coup, mon sujet n'est pas tellement de demander aux citoyens de décider, mais c'est de nous mettre à la place du citoyen. C'est-à-dire que moi, industrie, j'ai des objectifs financiers qui sont évidents. Notre mission, elle est d'améliorer la qualité de vie dans un cadre financier pérenne. Oui,

  • Speaker #1

    oui, en fait, tu vas chercher autre chose si...

  • Speaker #0

    Les autorités de santé, leur objectif aujourd'hui... C'est de faire en sorte que le budget n'explose pas, n'explose pas, n'explose pas. Et donc, on est sur deux logiques qui sont opposées. Mais il y a un moment donné où, en tout cas, nous mettre déjà l'un à la place de l'autre, ou en tout cas, nous mettre à la place du citoyen et dire, oui, là-dessus, c'est clair qu'il y a une innovation parce qu'elle répond aux critères dont j'ai parlé, au moins un des trois, et que ça se valorise de cette façon, ça pourrait être intéressant.

  • Speaker #1

    D'accord. Merci. J'ai envie de te faire parler de choses un peu plus peut-être concrètes dans ton métier tous les jours aujourd'hui. Donc, tu as repris une filiale qui existait, mais qu'il a fallu complètement transformer. En gros, qu'est-ce que tu t'es dit ? Tu avais envie de quoi ? Tu avais envie de faire quoi ?

  • Speaker #0

    J'ai eu beaucoup de chance parce que oui, j'ai repris la filiale d'H600 Kirofrance en 2019. il y avait euh un peu moins de 20 que le laboratoire, on avait encore un portefeuille de cardio mais surtout pour des pays à l'export, donc ils devaient quand même maintenir un minimum d'activité là-dessus, donc aujourd'hui on est un peu plus de 90, ce qui est absolument hyper intéressant et remarquable, et moi c'était le challenge. de reconstruire une filiale avec une équipe en place et une équipe que j'allais construire, avec les idées et les envies qui étaient les miennes et que le Dajisankyo me laissait développer, plutôt d'un mindset start-up, avec beaucoup d'intelligence collective, avec beaucoup de responsabilisation, avec beaucoup de décentralisation de la décision, avec beaucoup de... de travail sur soi. Parce qu'encore une fois, je pense que ça commence à être parfaitement compris et su. Un employé heureux est un employé engagé et globalement votre mission sera réalisée, en tout cas vos objectifs, votre ambition. Donc moi, tout mon travail, en plus de définir une vision et un plan, c'est de recruter des gens qui sont dans ce mindset, de construire des équipes qui ont envie de travailler ensemble. Et puis de m'assurer pendant toute l'année que globalement, ils continuent à être épanouis pour faire ce qu'on fait.

  • Speaker #1

    De quoi tu es le plus fier aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Alors, je suis très fier de l'engagement naturel qu'ils ont tous pour nos piliers de RSE, que ce soit l'écologie, l'enfance et le handicap. D'accord. Oui, je... bien entendu, fière des réalisations qu'on a faites dans notre secteur qu'elle note. Mais globalement, quand je vois l'engagement qu'elle leurre pour ces causes dont je considère qu'elles font partie aussi de...

  • Speaker #1

    C'est toi qui les avais insufflées ? Ça faisait partie de vos piliers ? C'est venu comment ?

  • Speaker #0

    Pour le coup, c'est vraiment partie d'intelligence collective et de décision. On est parti avec les employés qu'on avait à l'époque, c'était en 2020 ou 2021, donc on était déjà un petit peu plus. Et on s'est dit voilà, on est conscient que l'entreprise a un rôle social, pas qu'un rôle économique, qu'il faut assumer et qui est important. Quels seraient les piliers sur lesquels on voudrait nous participer, avoir un apport positif ? Et il y a eu des discussions et puis on est arrivé sur ces trois piliers. sur lesquels on s'investit. Et on s'investit tous, et tout le monde donne de son temps. Et les gens viennent aussi, parce que ça existe. Alors moi, je ne suis pas le roi de la communication, et je ne communique pas des tonnes dessus. Mais globalement, c'est quelque chose qu'on met en place au quotidien.

  • Speaker #1

    Tu crois que ça va avoir un lien sur cette histoire de valeur pour ce qu'on apporte aux citoyens ?

  • Speaker #0

    Moi, de toute façon, j'ai le sentiment que tout est lié. D'une manière générale, tout est lié. Et la santé, il y a beaucoup de choses d'autres que la santé, que juste les médicaments. L'écologie et la santé, c'est quand même quelque chose d'extrêmement...

  • Speaker #1

    L'enfance et la santé, c'est pas mal.

  • Speaker #0

    L'enfance et la santé, le handicap aussi, et puis le lien qu'on crée les uns les autres. Et le lien qu'on a avec les autres est souvent signe de bonne santé. Et donc c'est quelque chose qui est pour nous et pour moi très important, ce lien. Et oui, je te redis ce que j'ai dit, je pense que des gens épanouis et fiers de travailler pour l'entreprise, ils seront, quoi qu'on dise, motivés et engagés, et que naturellement les objectifs et les ambitions qu'on a seront réalisés. C'est dans ce sens-là que ça marche et pas dans l'autre.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu as appris sur toi-même dans ce processus ?

  • Speaker #0

    Voilà. J'ai appris beaucoup de choses sur moi-même ces derniers temps,

  • Speaker #1

    mais pas que sur ce processus,

  • Speaker #0

    sur d'autres.

  • Speaker #1

    C'est facile de parler des autres.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai un profil. Alors, je ne sais pas si tu connais l'Enneagram, mais j'ai un profil Enneagram qui est 8. 8, c'est ce qu'on pourrait appeler un leader. Et qui aime bien quand même décider et qui peut par moments être à l'aise dans la solitude de la décision. Je pense que je devais être assez comme ça un peu plus jeune. Et que là, pour le coup, je n'ai pas dit que c'était naturel, mais globalement, c'est quelque chose, l'intelligence collective, j'en suis persuadé. Il y a un livre que je recommande à tout le monde, qui est « Reinventing Organizations » de Frédéric Lalou, qui explique un peu tous ces éléments-là. Et c'est vraiment un livre qui m'a conduit dans ma réflexion et avec mon comité de direction. Et donc, je pense que j'ai appris, avant j'écoutais, mais je n'avais pas une écoute active très forte quand même. J'étais assez persuadé de mes... de ce qu'il fallait faire, et un peu têtu. Et je pense que ces dernières années, je me suis efforcé à avoir une vraie écoute active, ce qui a été important. Je me suis efforcé à ce qu'on prenne des décisions qui n'étaient pas ouéterment les miennes. Et dans certains cas, ça s'est avéré comme étant très positif. Dans d'autres cas, ça s'est avéré comme quelque chose de toute façon sur la base de laquelle on allait apprendre. Donc, globalement... C'était plutôt bien. Et je pense que j'étais très peu dans la vulnérabilité, j'étais très peu dans l'acceptation de certaines fragilités, et que quand on commence à sourire un petit peu avec les gens avec lesquels on travaille, et que donc les gens autour de nous font la même chose, c'est beaucoup plus... facile de comprendre ce qui se passe, de comprendre ce qui leur arrive, et de créer un environnement qui est exigeant, mais harmonieux, qui permet à chacun d'être comme il est, de s'exprimer s'il a envie d'exprimer, avec bien entendu l'obligation de la bienveillance, parce que c'est pas... Voilà. Après, on s'est cassé la gueule quelques fois. On a été trop vite sur certains sujets. On est revenu en arrière. Il y a tout un temps de préparation qui est nécessaire par rapport à ça. J'ai une tendance à être assez impatient. Donc là aussi, j'apprends. Mais je pense que je suis plus humain aujourd'hui que je l'étais avant.

  • Speaker #1

    C'est la place d'un petit... C'est lié à quoi ? C'est lié au fait de reconstruire la place d'un petit groupe ? C'est lié aux gens ?

  • Speaker #0

    C'est ma vie.

  • Speaker #1

    C'est l'âge ?

  • Speaker #0

    Non mais bien entendu, bien entendu que l'âge, et heureusement,

  • Speaker #1

    Au moins ça sert à quelque chose.

  • Speaker #0

    nous apporte aussi ça, l'expérience, et puis c'est ma vie d'une manière générale, c'est mon chemin de vie, qui fait que je suis arrivé à un moment où... Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais est-ce qu'on pourrait appeler le masculinisme de mon époque où on ne pleure pas, où on ne montre pas ? Bon, ça commence à... Ce n'est pas exactement ce qu'on est. Donc, à mon âge, si je ne commence pas à être qui je suis, c'est quand même un peu couillon. Autant ne pas avoir peur.

  • Speaker #1

    Oui, mais après, ce qui est hyper intéressant, c'est que... Bon, c'est peut-être le hasard, mais ça tombe aussi dans des moments de société où, justement, en fait, il vaut mieux ne pas avoir peur. La transition est un peu... Mais c'est vrai. Il vaut mieux pas avoir peur de qui on est parce qu'en fait, il y a d'autres choses qui font... Je suis assez d'accord. Qui peuvent faire plus peur.

  • Speaker #0

    Je suis assez d'accord. Moi qui aime beaucoup, beaucoup la politique, la chose politique, donc la vie de la cité et l'organisation de la vie de la cité, j'avoue que ces temps-ci, je regarde beaucoup moins les informations que je le faisais à une époque. Mais j'apprends à réguler l'anxiété de ce qui se passe autour de moi avec ce que j'ai à faire.

  • Speaker #1

    C'est aussi ton rôle de leader, là où tu donnes le meilleur ?

  • Speaker #0

    Oui, mon rôle de leader, je pense que d'une manière générale, on est tous là pour apporter quelque chose à la société. Et mon rôle de leader, oui, il est dans certains cas de protégé aussi. Et puis, dans certains cas, d'ouvrir les yeux quand c'est nécessaire. Mais dans la vie, c'est pareil. Moi, je ne suis qu'un, de toute façon. Je ne suis pas tellement différent. On n'a qu'une vie. Je suis le même Benoît quand je suis en entreprise que je suis en dehors de l'entreprise.

  • Speaker #1

    C'est vrai que tu as un profil d'activité parce que tu es quand même assez complexe. Et en même temps, ce que je trouve hyper agréable, c'est que du coup, ça montre que tu es sensible à tout. complexité aussi de ce secteur et aux différentes facettes qu'il peut avoir pour justement les adresser, mais aussi après comment tu fais pour justement... Je dois garder cet impact, garder cette simplicité dans ton leadership. Je ne sais pas si ça te parle, ce que je te raconte.

  • Speaker #0

    Non, mais si. Après, je pense que je suis complexe parce que le monde autour de moi est complexe et que j'ai besoin de le comprendre pour pouvoir m'épanouir et faire ce que j'ai à faire. Même si j'essaie de simplifier le monde dans lequel on est, et notamment celui aujourd'hui de la santé d'une manière générale et de l'industrie qui est la mienne, qui était complexe et qui est de plus en plus complexe et qui va être de plus en plus complexe. Voilà, je crois qu'une peut-être de mes qualités, c'est justement la capacité à simplifier les choses et en tout cas à les exprimer à mes équipes d'une manière authentique, mais pas pessimiste. Parce qu'il y a bien entendu des choses qui sont compliquées, il y a des choses qui sont... C'est sûr que la politique de Donald Trump aujourd'hui, en tout cas les menaces qu'il fait, mais je pense qu'il y a des opportunités dans chaque menace. Je pense qu'il y a une opportunité pour l'Europe quand les États-Unis arrêtent d'investir en sciences. Et donc, moi, ce que j'essaye de faire, c'est de me dire, tiens... Ce qu'on voit comme étant une difficulté, quelle opportunité ça peut créer ? Je ne veux pas nier la difficulté, mais ça m'intéresse d'ouvrir sur l'opportunité. Et voilà, je pense que c'est une façon de penser qui est en ce temps-ci assez nécessaire.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est vrai que je l'entends beaucoup. J'entends beaucoup que justement dans une phase très instable, un peu de chaos, en fait, ça veut dire que les équilibres changent beaucoup. autant d'opportunités à prendre et d'occasions à saisir qu'on n'avait pas l'habitude avant dans un monde plus établi. Oui,

  • Speaker #0

    tout à fait.

  • Speaker #1

    Ce que j'entends aussi, c'est le besoin de décider vite parce qu'en fait, on ne sait pas. Il faut quand même que ça avance. Là, on parle de la France, un pays qui est plutôt stable, mais c'est vrai qu'il y a des zones où ils ont l'habitude de vivre l'instabilité. Et en fait, on décide quand même, on fait quand même, on avance quand même. et justement c'est aussi cette habitude de ne pas prendre de décision attendre à ne pas prendre de décision et peut-être qu'on s'en compte que ce n'est pas un chemin viable

  • Speaker #0

    où on doit le combattre ce qui est plus compliqué c'est qu'avant on était quand même une industrie où la décision on avait le temps de la décision C'est des temps longs, l'industrie pharmaceutique.

  • Speaker #1

    Dix ans.

  • Speaker #0

    Et là, en fait, c'est une industrie qui s'accélère sur beaucoup de sujets, mais qui pourtant reste quand même une industrie de temps long. Lourde,

  • Speaker #1

    oui.

  • Speaker #0

    Donc, il y a une complexité, une autre, qui vient s'ajouter. Je suis assez intimement persuadé qu'on en ressortira quelque chose là aussi de positif. Qu'on arrivera à... à faire évoluer nos modes de décision, qu'on arrive à faire évoluer nos modes d'investissement.

  • Speaker #1

    C'est dû à quoi ? Tu peux nous donner un peu, expliquer ? C'est dû à quoi, en fait, cette accélération ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est dû... Il y a différents sujets. Il y a tous les éléments géopolitiques dont on a parlé, qui fait que tout d'un coup, on ne peut plus... Ne pas faire de plan B, C ou D par rapport à cette instabilité.

  • Speaker #1

    Sachant que ce sera le E.

  • Speaker #0

    Voilà, qui est super importante. On peut parler des États-Unis et de la Chine, qui sont quand même deux moteurs aujourd'hui de l'industrie. Un qui veut tout arrêter, qui veut couper les prix, puis qui investit beaucoup moins en sciences. Et l'autre qui veut prendre une hégémonie importante avec l'Europe au milieu, qui se bataille un peu sur des choses. Bon, il serait peut-être temps qu'on prenne le leadership sur d'autres choses. Donc la dimension géopolitique est importante. La dimension de l'intelligence artificielle va venir aussi, notamment dans tout ce qui est les phases de recherche et développement révolutionnées.

  • Speaker #1

    Ça donne du temps, j'ai envie de dire. Ça accélère, mais ça donne du temps aussi.

  • Speaker #0

    Ça va accélérer. Ça va certainement augmenter le nombre de concurrents, le nombre de personnes qui vont assister dans cette industrie. Donc, votre capacité à être le plus rapidement possible sur le marché va être un élément qui va être primordial dans la définition de votre business model. Donc ça, c'est un élément qui est aussi extrêmement important. Et puis, encore une fois, les crises budgétaires vont nécessiter à ce qu'on soit beaucoup plus agile, beaucoup plus réactif, et je pense même surtout beaucoup plus proactif, parce qu'aujourd'hui, on est surtout très réactif. Et voilà, ce sont des éléments qui... vont nous imposer un travail fort sur redéfinir un business model qui doit continuer à récompenser la prise de risque, mais plus de la même manière.

  • Speaker #1

    Ok, en tout cas, ça va être fascinant. Ça va être génial.

  • Speaker #0

    Ça peut l'être, c'est sûr.

  • Speaker #1

    C'est quoi qui ferait que ça ne le soit pas ?

  • Speaker #0

    Qu'on ne veuille pas y aller.

  • Speaker #1

    Qu'on ait peur d'y aller ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Mais il y aura des pays qui y vont.

  • Speaker #0

    Alors là, je parle plus des laboratoires, des entreprises.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a un business...

  • Speaker #1

    Qui ne veulent pas jouer le jeu de changer leur...

  • Speaker #0

    C'est toujours pareil. Vous l'avez vu dans plein de secteurs.

  • Speaker #1

    Qui renoncent à l'Europe, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est... Aujourd'hui, il y a des piliers de la définition de notre business model qui a fait la richesse de cette industrie et donc de l'innovation pour la société pendant... X années qui sont en train de basculer. Soit on reste en se disant « Non, il ne faut pas que ça s'arrête, il faut que ça reste comme ça. » Et je crains que ça ne marchera pas. Soit on arrive à anticiper, quitte à ce que de toute façon, choisir, c'est renoncer. Quitte à renoncer à certaines choses pour continuer à être florissant sur une autre façon de voir notre industrie. Et je pense que ça fonctionnera.

  • Speaker #1

    Tu n'as pas des modèles en tête de gens qui le font déjà ?

  • Speaker #0

    Dans l'industrie pharmaceutique ? Alors je ne suis pas assez peut-être aujourd'hui au courant ou vraiment dans les arcanes des grands laboratoires pour savoir qui déjà a cet travail. J'imagine que tous. En fait, je pense que tout le monde le voit. Ce qui est plus dur, c'est de prendre la décision. Et je pense que c'est un peu comme tout. Le premier qui prendra la décision...

  • Speaker #1

    On aura gagné ou on aura perdu ? Ah !

  • Speaker #0

    C'est toujours le sujet ! Ça me rappelle les époques où on avait des tonnes de réseaux de visites médicales. Et puis dès qu'il y en a un qui en mettait un, puis il en mettait un autre, et puis tout le monde se rendait compte que c'était ridicule et que ça détruisait la relation de valeur avec, en plus, le prescripteur. Mais chacun disait, si moi j'en en ai 20, je vais perdre par deux voies. Donc il y avait cette...

  • Speaker #1

    Du coup, ça sera un nouveau labo qui va le faire ?

  • Speaker #0

    Non, je ne crois pas. Je pense qu'il y a des dirigeants qui sont assez visionnaires et assez courageux.

  • Speaker #1

    Ils ne vous posent pas de questions ? Pardon ? Ils ne posent pas de questions ? Qui ? Les laboratoires, même dans ton laboratoire, ils ne posent pas de questions ?

  • Speaker #0

    Ah si, si, si, nous on travaille...

  • Speaker #1

    Oui, c'est à quel moment on va décider quoi ?

  • Speaker #0

    Voilà, c'est...

  • Speaker #1

    Oui, mais ce qui me... Enfin, je ne sais pas comment le dire poliment, mais... En fait, une idée, ça vaut rien tant qu'elle n'a pas été au moins exécutée. Et quand elle sera exécutée, l'exécution sera complètement différente. Donc après, on peut jouer le temps, on peut attendre, mais ça reste à inventer. C'est comme, il y aura peut-être plusieurs modèles, en fait.

  • Speaker #0

    Je suis même persuadé qu'il y aura plusieurs modèles. Ça, c'est certain. Parce que là,

  • Speaker #1

    on parle d'une pharma, mais peut-être qu'il y aura plusieurs pharmas, plusieurs modèles qui vont se décider.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Tu auras des...

  • Speaker #1

    Tu n'en sais rien, mais...

  • Speaker #0

    Tu auras des modèles très spécialisés. Est-ce que tu auras encore des grands groupes qui font tout de early development jusqu'à génération ? Est-ce que ça va être... Il y a plein de choses. Est-ce que les différents équilibres financiers vont évoluer ? Comme je te disais, est-ce que les... Les médicaments qu'on va mettre sur le marché ne vont pas de plus en plus être sur une cible restreinte sur laquelle tu auras un apport spécifique. Et donc, ça veut dire qu'une logique de financement différente que ce qu'on voit aujourd'hui. Il y a plein de choses qui vont évoluer. Mon sentiment, c'est qu'il faut qu'on soit davantage proactif dans dessiner cet horizon. qu'attentifs parce qu'il y en a d'autres qui n'attendent pas. Je parle de l'industrie en général. Je pense que les gouvernements et autres, de toute façon, ils ont une telle pression de tous les côtés qu'il faut qu'on soit force de proposition. Oui,

  • Speaker #1

    oui. J'aimerais te faire parler un peu de tes engagements en dehors du secteur, parce que du coup, je ne sais pas, c'est peut-être lié. Quand tu as décidé qu'il y avait un pilier lié à la RSE dans... Dans votre stratégie d'entreprise, que toi aussi tu t'intéresses beaucoup à ce qui se passe à côté, comment tu regardes les choses, comment tu te nourris, qu'est-ce qui t'intéresse pour, je ne sais pas, si c'est t'équilibrer ou te nourrir.

  • Speaker #0

    Tu parlais de politique ? Non, mais je pense que j'ai eu la chance, petit, d'être ouvert à la curiosité très jeune, parce qu'on a pas mal déménagé avec mes parents et mes sœurs, parce que j'ai vécu au Maroc, par exemple, qui automatiquement vient bousculer ta culture, la façon dont tu vois la vie, automatiquement ça vient mettre... dans la façon de voir les choses, quelque chose de non définitif, et que tout est possible et tout doit être regardé. Donc moi, toute mon enfance, ça a été ça. Puis pour le coup, j'avais un père et des grands-parents qui avaient des parcours assez atypiques, et qui assez vite m'ont ouvert sur autre chose que mon petit moi. D'ailleurs, il a fallu que je retourne plus tard, parce que je n'avais pas assez regardé, mais c'était parce que c'était intéressant aussi de passer un peu de temps sur soi. Ça peut être plutôt intéressant. Et puis, voilà, encore une fois, j'en suis intimement persuadé. Je suis d'abord un citoyen. Je suis d'abord un citoyen avant d'être directeur général d'Aji Sanctio. Ce dont je suis extrêmement heureux et qui prend beaucoup de mon temps. Je suis d'abord un citoyen. Je suis d'abord un habitant de ce monde.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu dis à tes enfants, alors ? Pardon ? Qu'est-ce que tu dis à tes enfants sur le monde d'aujourd'hui ? C'est « soyez curieux » .

  • Speaker #0

    Alors, je ne leur dis pas tout ce que je pense. parce qu'il y a quand même des choses qui m'inquiètent, notamment l'écologie et le climat. Surtout, je ne vois pas de prise de conscience collective pour faire évoluer drastiquement ce qui, je pense, doit évoluer parce qu'on est en période de canicule intense. C'est la preuve même qu'aujourd'hui, ça ne fonctionne plus. Ce qui m'intéresse chez mes enfants, Pour mes enfants, en tout cas, c'est un de leurs curiosités. Et il y a une chose qui a drivé beaucoup mes dix dernières années de vie. Ce n'est pas les dernières, les dix dernières que j'ai passées. Je préfère préciser.

  • Speaker #1

    Je précise. On a dit on reste positif.

  • Speaker #0

    C'est que je trouve qu'on était dans une culture du jugement vachement forte. En France, notamment, on est très fort pour juger. Et moi, j'étais vachement là-dessus. Je pouvais être très très dur. Et il y a une phrase de... Je ne suis pas du tout érudit là-dessus, mais il y a une phrase de Spinoza que j'aime beaucoup qui dit « Ne pas se lamenter, ne pas se moquer, ne pas juger, mais comprendre. » Et le jour où j'ai compris ça, j'étais beaucoup plus heureux. Je jugeais beaucoup moins les gens, je sais comprendre pourquoi... Voilà. Et c'est ce que j'essaye d'inculquer à mes enfants. De ne pas juger un fait, de ne pas juger juste une personne, d'essayer de comprendre pourquoi le fait est survenu, pourquoi cette personne est comme ça. Et ça, je pense que ça aide à vivre un peu plus sereinement, de se dire que... Globalement, les choses ne sont pas arrivées parce que cette personne est ou parce que, mais c'est parce que malheureusement, il y a un parcours qui a fait que... Donc ça, j'essaie de leur apprendre pas mal, ouais.

  • Speaker #1

    Ouais, ok. Et ça se voit aussi dans la politique. On se dit, en fait, il faut essayer de comprendre...

  • Speaker #0

    Ouais, la politique, c'est un monde qui est très dur, pour le coup, dans lequel... Je ne vais pas participer dans des parties, mais dans des associations ou des groupes de réflexion. Oui, d'engagement. C'est un monde où il y a beaucoup d'égo. Et l'égo est rarement bon conseiller. Et on le voit à fond aujourd'hui. Donc là aussi, je pense qu'il y a quelque chose qui va complètement exploser et qui va... On va retravailler le...

  • Speaker #1

    Ah bon, les gens n'auront plus d'égo ? On a un scoop ?

  • Speaker #0

    Non, t'as raison, c'est pas pour tout de suite. C'est pas pour tout de suite. On a encore du travail là-dessus, mais on se rend compte que la démocratie est réellement en danger, et qu'il va falloir là aussi réinventer notre rapport à l'autre et à la démocratie.

  • Speaker #1

    Et du coup, je sais pas, t'as des choses à nous raconter de cet engagement associatif ou citoyen ? Qu'est-ce que ça t'apporte ? Qu'est-ce qui te plaît, peut-être ? Si tu dépasses le côté de l'ego ?

  • Speaker #0

    Non, non, c'est ce que je disais tout à l'heure. Je disais que je pense qu'on a tous individuellement quelque chose à apporter à la société. Je suis assez intimement persuadé que la théorie du colibri... Développé par Pierre Rabhi qui dit que, bah oui vous savez, il y a cet incendie dans la forêt amazonienne et il y a un petit colibri qui avec son bec va chercher de l'eau et puis le met dans la forêt. Et puis il y a les autres animaux qui disent mais qu'est-ce que tu fous, t'es complètement con. Et il dit bah non parce que si moi je fais ma part et si chacun faisait sa part, bah peut-être qu'on y arriverait quoi. Donc ça j'en suis intimement persuadé. Après il faut être très humble avec la part qu'on peut faire. Moi, j'ai mes engagements associatifs, personnels, au sein d'H.I.S.S.A.N.K.I.O. J'ai mes engagements politiques qui sont plus aujourd'hui, on va dire, sur les idées. Et puis, mon engagement quotidien, c'est mes enfants et les gens autour de moi. Je pense qu'on est tous aussi le catalyseur de réflexions, de questionnements. sur les comportements des gens qu'on aime autour de nous. Donc si déjà on avait cette... Ce serait super positif.

  • Speaker #1

    Pour terminer, je vais te poser une question peut-être facile. Le matin, qu'est-ce qui te fait te lever avec enthousiasme, du coup ?

  • Speaker #0

    Le matin, qu'est-ce qui me fait me lever avec enthousiasme ? C'est un peu ce que je te dis, c'est-à-dire que... Avec beaucoup de prétention, je pense que moi aussi, je dois apporter quelque chose à cette société.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, et que j'ai envie de le faire. Je n'ai pas envie de baisser les bras. Ça, c'est sûr. Et il y a une chose qui me permet à chaque fois de me lever positivement. C'est un petit journal qui s'appelle The 5-Minute Journal, qui en gros, dès que tu te lèves, tu remercies la vie pour trois choses. Tu réfléchis à trois choses positives qui vont t'arriver dans la journée et une chose te concernant sur ce que tu veux, toi, réaliser. Et se mettre, et ça tu fais ça le matin et puis tu fais ça le soir, se mettre dans cette dynamique positive dès le matin, je le recommande volontiers, surtout dans une époque, je vais reprendre ton mot de complexe, d'extrêmement complexe et qui peut être un petit peu angoissante. Oui,

  • Speaker #1

    ok, de se recentrer aussi sur des choses positives sur lesquelles on a envie de... de continuer aussi à avoir un impact.

  • Speaker #0

    Sur du positif.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Benoît, pour cette discussion, je crois, très libre. En tout cas, qui nous amène à réfléchir, à se sentir concerné, déjà, par une époque, même si elle est complexe. On en est aussi peut-être aussi responsable.

  • Speaker #0

    Complètement.

  • Speaker #1

    Donc, c'est... Apprendre à apprécier ce qui... Ce qui nous plaît, à le défendre, peut-être aussi.

  • Speaker #0

    Merci. Merci, Nathalie.

  • Speaker #1

    N'hésitez pas à dire ce que vous en avez pensé à Benoît, ou est-ce que les gens peuvent t'écrire pour te dire ce qu'ils en ont pensé ?

  • Speaker #0

    Sur LinkedIn, sans aucun problème. Et puis, après, sur mon mail. Avec plaisir, même pour en discuter.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Benoît. À bientôt.

  • Speaker #0

    Merci, Nathalie.

  • Speaker #1

    Un grand merci à vous d'avoir écouté jusqu'au bout cet épisode et merci d'être toujours plus nombreux à suivre PharmaMinds. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous pour ne pas louper la sortie des prochains épisodes. Rendez-vous sur les réseaux sociaux. A très bientôt !

Chapters

  • Un parcours atypique dans l’industrie pharmaceutique

    00:00

  • Son rapport à la légitimité et à la curiosité

    05:10

  • Daiichi Sankyo et les aprioris des entreprises japonaises

    09:55

  • Les nouvelles techniques de production qui révolutionnent la recherche

    14:10

  • Dans les coulisses des décisions stratégiques d’un labo

    18:12

  • Les enjeux mondiaux qui redéfinissent le modèle économique de la pharma

    21:28

  • Le vrai sujet : passer du prix à la valeur

    27:20

  • Transformer une filiale en une aventure collective

    29:27

  • Apprendre à être vulnérable et faire confiance à l’intelligence collective

    34:14

  • Simplifier dans une industrie ultra-complexe

    39:24

  • Décider VITE dans un monde instable (et qui s’accélère)

    41:56

  • Comment il s’engage au-delà de l’entreprise

    49:05

  • LA raison qui fait lever Benoît chaque matin

    55:56

Description

« L’innovation, ce n’est pas forcément une rupture technologique. C’est tout ce qui permet de prévenir, guérir, ou améliorer la qualité de vie. »


Benoît Escoffier est directeur général de Daiichi Sankyo France. Ancien diplômé d’école de commerce, il évolue depuis plus de 20 ans dans un univers pharmaceutique qu’il a appris à appréhender avec curiosité, humilité et engagement.


Son parcours l’a mené en Afrique, en Amérique latine et aux US dans l’ombre d’un CEO, pour diriger aujourd’hui une filiale française qu’il a profondément transformée, tout en contribuant à la réflexion stratégique globale du groupe.


Dans cet épisode, j’ai eu envie d’utiliser ce regard précis pour ouvrir une discussion sans filtre avec un dirigeant à la lucidité contagieuse, capable de parler d’innovation comme de leadership, de transformation business comme de lien humain.

Avec Benoît, on explore les fondations d’un nouveau modèle pharmaceutique, pensé pour et avec la société.


Au programme de notre échange :

◾️ Les dessous d’un engagement fort pour l’innovation en oncologie, notamment autour des anticorps conjugués (ADC) développés par Daiichi Sankyo.

◾️ Une définition nuancée de l’innovation, recentrée sur l’impact réel pour le patient et le citoyen.

◾️ Une vision critique du modèle économique actuel, trop focalisé sur le prix, pas assez sur la valeur.

◾️ L’appel à repenser l’évaluation du médicament, en intégrant qualité de vie, prévention, et bénéfice collectif.

◾️ Les défis liés à l’accélération de l’industrie (IA, géopolitique, instabilité budgétaire) et l’urgence de faire évoluer les modes de décision.

◾️ L’importance du lien entre RSE, santé et performance, avec des piliers choisis collectivement : écologie, enfance, handicap.

◾️ Un regard citoyen engagé, ancré dans la responsabilité individuelle, la transmission, et la volonté d’agir à son échelle.


Un concentré de vision et d’expérience qui s’autorise à rêver d’un futur radieux pour la pharma.

Bonne écoute !


Merci à notre partenaire Daiichi Sankyo pour son soutien dans cet épisode, qui nous permet d’ouvrir le dialogue autour de l’innovation et des enjeux de santé. La ligne éditoriale et la sélection des invités restent entre nos mains.


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Pour retrouver Benoît Escoffier : 

LinkedIn : https://www.linkedin.com/in/benoit-escoffier-62b57813/?originalSubdomain=fr

Daiichi Sankyo France https://www.daiichi-sankyo.fr/


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Ressources mentionnées dans l’épisode :

📌 Livre : Reinventing Organizations de Frédéric Laloux


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Transcription

  • Speaker #0

    À la fin, elle m'a dit, en fait, pour nous, c'est très difficile de ne pas prendre des pharmaciens, de prendre des gens qui ne sont que école de commerce. Ce à quoi je me souviens qu'un de mes CEOs, Jean-Pierre Garnier, à l'époque, parce que dans l'industrie, on était très sur cette logique qu'il ne faut absolument pas prendre que des pharmaciens, avait dit, vous pensez que les gens qui vendent des voitures ne prennent que des garagistes. Donc en fait, c'est des compétences qui sont différentes. J'ai cherché du sens, j'ai compris qu'il y avait un domaine dans lequel j'allais devoir travailler plus. La curiosité, ça vient assez vite et petit à petit, on commence à aimer ça. Les business models des groupes pharmaceutiques vont évoluer. Ils vont évoluer et ils doivent évoluer. Ça veut dire qu'il faut certainement qu'on réfléchisse à d'autres façons d'évaluer les médicaments. Le premier qui prendra la décision...

  • Speaker #1

    Cet épisode a été enregistré avec le soutien de Daichi Sankyo. Bonjour à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode de PharmaMinds. Aujourd'hui, j'ai la chance d'être avec... Benoît Escoffier. Bonjour Benoît.

  • Speaker #0

    Bonjour Nathalie.

  • Speaker #1

    Benoît, c'est le patron de Daichi Sankyo en France et je suis ravie de pouvoir l'accueillir aujourd'hui parce que j'ai l'impression que c'est un profil atypique qui va nous parler de sciences d'innovation, de leadership et voilà comment on fait pour appréhender ces sujets qui sont hyper complexes, hyper transverses et on réussit à avoir quand même de l'impact. Avec peut-être simplicité, être capable de se faire comprendre avec simplicité. En tout cas, moi, je suis hyper heureuse de pouvoir avoir cette discussion. Je pense qu'on va avoir un regard un peu différent. Quelqu'un qui a parcouru le monde et qui peut nous apporter aussi un regard un peu différent sur la mission de la pharma aujourd'hui. Je suis hyper contente.

  • Speaker #0

    Moi aussi.

  • Speaker #1

    J'espère. Pour commencer, j'aimerais qu'on parle de cette différence qui t'a construite. Est-ce que tu as un parcours atypique, mais aussi un parcours d'école de commerce ? N'ayons pas peur des mots. Est-ce que c'est possible de travailler dans... D'avoir une formation d'école de commerce, pure business, et de travailler dans un domaine où c'est la pointe de l'innovation, la pointe de la science. C'est un premier paradoxe sur le papier, non ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est un premier paradoxe. Ça me rappelle, j'ai commencé à travailler à Londres et je m'occupais des pays d'Afrique anglophone. chez Glaxo à l'époque, Smithstein-Bilcham. Et j'avais en charge les vaccins et les antibiotiques. J'ai passé six mois au Kenya à faire des vaccinations contre l'hépatite B, public, c'était fantastique. Et je suis rentré, je voulais aller sur le terrain et rentrer en France. Et je voyais que ça bloquait. Je voyais que les DH français avaient du mal à... Et je ne comprenais pas trop pourquoi, vu que j'étais très bien noté à Londres et que le groupe voulait me développer. Et je sentais qu'il y avait un blocage, jusqu'au jour où la DRH est venue tourner avec moi sur le terrain. Donc j'y suis allé. Et à la fin, elle m'a dit « En fait, pour nous, c'est très difficile de ne pas prendre des pharmaciens, de prendre des gens qui ne sont qu'écoles de commerce. » Ce à quoi je me souviens qu'un de mes CEOs, Jean-Pierre Garnier, à l'époque, parce que dans l'industrie, on était très sur cette logique d'il ne faut prendre absolument que des pharmaciens, avait dit vous pouvez vous pensez que les gens qui vendent des voitures ne prennent que des garagistes. Donc en fait, c'est des compétences qui sont différentes, c'est des compétences qui sont nécessaires. Alors des pharmaciens peuvent, bien entendu, et c'est souvent le cas, très bien gérer une entreprise, très bien gérer des hommes. Mais globalement, moi, mon rôle, c'est pas d'être un expert en sciences. J'essaye d'arriver au niveau qui est le mien. C'est surtout d'être supporté autour de moi avec des gens pour qui vraiment c'est l'expert nécessaire. Moi, mon rôle, c'est d'être un chef d'orchestre. en tout cas aujourd'hui. Donc c'est surtout là-dessus, globalement, que je me suis construit et sur lequel je me développe aujourd'hui. Alors après, je pense qu'il faut par nature quand même avoir une curiosité, vu que vous êtes dans un domaine scientifique qui n'est pas la base de votre formation et que donc vous devez travailler un peu plus que d'autres pour comprendre exactement les mécanismes d'action et tous les éléments qu'il y a autour. Mais globalement, c'est juste un petit peu plus de charge de travail et un petit peu de curiosité pour intégrer. Et de l'humilité aussi, de ne pas vouloir aller trop en profondeur, parce que ce n'est pas mon rôle. Il y a des gens autour de moi qui le font beaucoup mieux. Et puis parce que c'est une industrie... qui dès le début, et c'est peut-être aussi parce que j'ai commencé en Afrique, m'a apporté un sens dont j'avais besoin dans mon quotidien.

  • Speaker #1

    Du coup, la curiosité t'a fait rentrer dans la partition, dans les notes, et t'as jamais eu peur de rentrer dans le détail, mais t'as jamais eu ce complexe ? Tu sais, en général, c'est quand on est mauvais sur un truc, ou de base pas favorisé sur un truc. Non mais on travaille beaucoup plus et du coup on a toujours ce complexe de vouloir en faire plus. Je ne dis pas ça pour toi.

  • Speaker #0

    Non mais oui, il peut y avoir le sentiment d'illégitimité.

  • Speaker #1

    Ou pas,

  • Speaker #0

    j'en sais rien. Non, non, tu as raison.

  • Speaker #1

    Puis après il y a la France et d'autres pays.

  • Speaker #0

    Oui, oui, encore. En Angleterre, ça ne posait aucun problème. Pour eux, il n'y avait aucun sujet. La France était très... très organisé, très structuré par rapport à des profils relativement types. Donc ça a changé aujourd'hui parce que ce qui est intéressant et ce qui est important et ce qui fait aussi succès de l'entreprise, c'est la diversité des profils. Et donc ça, la France met à raison. Mais de toute façon, je pense que j'aurais pas été meilleur en voiture. D'ailleurs, j'ai fait un stage chez Peugeot. Voilà, j'aurais peut-être que l'énergie, au moment où j'ai commencé à travailler, l'énergie était si importante. Ça aurait peut-être été un autre domaine qui m'aurait apporté du sens, dans lequel j'aurais aimé m'épanouir. Mais globalement, je ne suis pas un expert dans n'importe quel domaine.

  • Speaker #1

    Oui, tu as juste cherché du sens globalement. J'ai cherché du sens,

  • Speaker #0

    j'ai compris qu'il y avait un domaine dans lequel j'allais devoir travailler plus, parce que j'étais plus intéressé en tant qu'étudiant sur la philo et les maths en terminale, et ensuite sur l'école de commerce que sur les sciences en soi. Mais quand on a des bons formateurs qu'on a envie d'apprendre, la curiosité, ça vient assez vite. Et puis petit à petit, en fait, moi, j'ai travaillé dans beaucoup de domaines thérapeutiques. Donc je me suis formé dans beaucoup de domaines thérapeutiques. Et petit à petit, déjà, on a une curiosité assez positive et on commence à aimer ça. Et puis en plus, on a une mécanique ensuite qui se met en place, ce qui fait que c'est de plus en plus facile. Je dois admettre que l'oncologie est très compliquée. Mes premiers pas en oncologie, ça a ramé pas mal.

  • Speaker #1

    surtout ce que tu es en train de faire on en parlait un peu plus tard mais ça tape sur des choses quand même très expertes donc en fait tu es arrivé à force mais je te challenge parce que bon déjà je comprends que quasi les idées préconçues que je peux avoir elles existaient et je les ai encore aujourd'hui et elles existaient déjà il y a quelques années mais euh... Mais je pense qu'il y a aussi un espèce de, je ne sais pas, sens de l'éthique, je me lance, qui fait qu'on développe au sein de cette industrie aussi, que quand on est professionnel de santé, c'est sûr, on l'a naturellement de base. Et toi, c'est des choses qui t'ont paru naturelles, ou je ne sais pas, où tu joues un peu à la fin. Enfin, tu joues, mais tu... Tu travailles avec ça aussi ? Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire. Mais en fait, ce que je veux dire, c'est qu'un commercial standard dans n'importe quelle autre industrie n'est pas la même chose qu'un commercial dans la pharma, même s'il y a une performance à voir, ou non.

  • Speaker #0

    On va dire d'une manière générale, je pense que tu as raison. C'est-à-dire, d'une manière générale, la rigidité de la pharma... qui pourrait être quelque chose qui n'attire pas tellement, et compensée par le sens que cette industrie apporte, ou en tout cas ce qu'elle délivre et ce qu'elle apporte à la société. Donc je pense que les gens talonteux qui vont dans l'industrie pharmaceutique, il y a une grande partie qui est sur cet engagement sociétal.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Il y a plein d'autres industries où il y a des gens qui ont une éthique aussi chevillée au corps et qui le vivent très bien. Et comme en pharma, il y en a qui l'ont moins. Mais d'une manière générale, je pense qu'être attiré par la santé, par le bien-être et par toutes les choses sur lesquelles l'industrie investit depuis X années, montre quand même que ce sens nous intéresse.

  • Speaker #1

    Ok. Merci déjà pour cette... cette petite nuance, parce qu'on a des auditeurs qui ne connaissent pas la pharma du tout. Et c'est aussi une manière de expliquer qu'il y a non seulement une grosse diversité, variété dans ce secteur. Et toi, quand t'es arrivé chez Daishi, sans Kyo, c'est quoi qui t'a... fasciné parce que quand tu es arrivé tu venais d'une grosse machine.

  • Speaker #0

    Oui j'ai bossé pendant plus de 20 ans dans des gros laboratoires anglo-saxons et français. J'ai eu beaucoup de chance, j'ai toujours réussi à me développer là où j'ai envie de me développer avec mon profil atypique. En fait mon profil atypique c'est que j'aime bien aller là où les choses sont pas faites et là où il y a tout à construire. Donc je pense que c'est là où je je suis plutôt bon et que quand les choses sont installées... Quand les grosses machines sont en place, il y a des gens qui sont meilleurs que moi pour faire ça. Et j'étais arrivé, je pense, au bout de mon histoire avec le dernier gros laboratoire avec lequel j'ai travaillé. En plus, il y a une dimension politique très forte qui, à l'âge que j'avais, ça ne correspondait pas exactement à ce que j'étais et à ce que je voulais. Et j'ai été contacté par Daichi Sankyo, ne connaissant pas bien cette entreprise à ce moment-là. Et pour le coup... Premièrement, j'ai été... Japonaise. Japonaise. Entreprise japonaise. Il peut y avoir aussi des a priori par rapport aux entreprises japonaises sur un contrôle très fort de Tokyo sur les filiales, ce qui n'est pas le cas, en tout cas, moi, chez Daichi. J'ai une liberté qui est relativement importante. Et puis, c'est vrai que je suis directement allé voir le portefeuille. Parce que c'est ça, le plaisir de l'industrie pharmaceutique, c'est d'avoir un portefeuille où on apporte des innovations. C'est vraiment quelque chose qui change totalement notre quotidien. Et c'est vrai que Daichi Sankyo, quand je suis arrivé, avait et a toujours un portefeuille en oncologie extrêmement prometteur. Donc ça, c'est très important. Et la deuxième notion, c'est la notion plus culturelle. Les gens que j'ai rencontrés, j'ai beaucoup aimé le temps et le ton qu'on a pu avoir lors de nos échanges. Quelque chose d'assez direct. assez humain, avec une vision, certes court terme contre tout le monde, mais avec un engagement qui est sur le long terme, qui est assez appréciable, et une faible nécessité de micro-management, qui est pour moi une des vraies problématiques des gros laboratoires anglo-saxons, français, européens ou autres, où le niveau de micro-management est juste destructeur de valeur. Et donc, ces différents éléments, même si à l'époque, quand je suis parti, on n'avait pas encore de produit, rien, et qu'il y avait tout à construire, donc ce que j'aime, j'y suis allé avec plaisir et je ne regrette absolument pas.

  • Speaker #1

    C'était quelque chose de, en gros, de l'innovation de rupture ? En oncologie, c'était quoi ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, c'était une deuxième vague d'innovation. D'accord. C'est les anticorps conjugués monoclonaux qui existaient depuis un certain temps, notamment dans le cancer du sein, et qui avaient démontré une efficacité extrêmement positive. Et là, en fait, les chercheurs japonais, parce qu'une des particularités de Daichi Sankyo, c'est qu'ils ont vraiment une recherche in-house qui est très forte. Les chercheurs japonais qui sont en fait très forts en technologie, plus qu'en chimie ou en biologie. On a réussi à développer un élément qui est assez important dans les ADC, qui est le linker, celui qui relie l'anticorps monoclonal à la chimiothérapie, qui est un élément de stabilité. On a réussi à développer une deuxième génération de cet élément-là, qui a fait qu'on a réussi à développer et à proposer aux professionnels de santé et aux patients des produits encore plus efficaces. que ceux qui étaient mis sur le marché. Et on est dans cette dynamique, aujourd'hui très focalisée sur ces molécules qu'on appelle des ADC. Mais à l'avenir, on a aussi une recherche et développement sur d'autres techniques de production qui, je l'espère, et j'en suis certain, sera...

  • Speaker #1

    Tu nous expliques un peu ? Tu nous racontes ces histoires de techniques de production ? Qu'est-ce que ça révolutionne dans le champ ? Et toi, en gros, pourquoi tu prends ces...

  • Speaker #0

    Ces combats ?

  • Speaker #1

    C'est pour les patients, ok. Non,

  • Speaker #0

    non, mais en fait, ce que j'aimerais répondre à cette question, c'est qu'est-ce qu'une révolution ? Je pense que l'intérêt qu'on a dans l'industrie pharmaceutique, c'est d'apporter des innovations. Et d'ailleurs... Je ne sais pas si on a tous la même définition de ce qu'est une innovation. On parle beaucoup d'innovation, on parle beaucoup de valeur d'innovation.

  • Speaker #1

    Il y a de la rupture, il y a de l'incrémental.

  • Speaker #0

    Mais on ne sait pas, au bout du compte. Je suis assez intimement persuadé que que ce soit les membres de l'industrie, enfin ceux qui travaillent dans le sclifarma ou même les autorités de santé, ils devraient toujours se mettre à la place du citoyen, du patient et du citoyen, parce qu'on est tous en premier.

  • Speaker #1

    Oui, c'est comme ça qu'on décide.

  • Speaker #0

    Avant d'être un citoyen, avant d'être... Pour décider de ce qu'il faut faire. Pour moi, enfin pour moi et pour mon équipe, parce qu'on a travaillé dessus, une innovation aujourd'hui, elle peut être caractérisée par trois choses. Soit elle prévient la maladie, globalement, vaccin ou d'autres choses, soit elle guérit, soit elle permet de vivre plus longtemps dans des meilleures conditions. C'est les trois éléments qui pourraient déterminer l'innovation. Donc tu pourrais avoir un produit qui techniquement n'est pas révolutionnaire, c'est-à-dire qui n'a pas une façon d'être produite qui est absolument nouvelle. mais qui répond à un de ces trois critères d'innovation et qui donc va améliorer la vie des patients et ainsi de suite. Donc moi, c'est plus ça qui m'intéresse. C'est de me dire, et ce qui m'intéresse, c'est dans le portefeuille en recherche et développement de Daichi Sankyo, quelles sont les molécules qui potentiellement apporteront des innovations. Et c'est sur la base de cette discussion. que j'ai eue avec des gens qui s'y connaissaient à l'époque beaucoup mieux que moi en oncologie et qui m'ont dit oui, il y a quelque chose de très prometteur en innovation dans ce laboratoire, donc vas-y fonce, et donc c'est ce que j'ai fait.

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui du coup tu t'occupes de la filiale France, mais tu as aussi un rôle au niveau global pour t'occuper des portfolios à venir ?

  • Speaker #0

    Alors j'étais très intéressé pour avoir une expérience en R&D. Parce que globalement, on n'est pas grand-chose, nous, les structures opérationnelles, sans les personnes de la recherche qui trouvent les molécules et qui nous les apportent. Et je voulais vraiment comprendre comment ça fonctionnait. Et donc, on a un futur produit qui est un ADC aussi, mais qui cible un autre récepteur qu'on appelle le MUC1, sur lequel il va se coller et qui est présent dans beaucoup de cancers. Il y a des groupes qui sont très en amont des lancements, qui travaillent sur ces molécules. C'est du early development, early stage, dans lesquels j'ai demandé à travailler. Je travaille sur ce qu'on appelle Global Commercial Lead, dans ce groupe-là, pour cette molécule, qui est une molécule qui est assez prometteuse. Ça m'a permis, moi perso, d'apprendre beaucoup sur tous les stades de développement, de recherche et de développement. aussi sur les modes de décision qui sont utilisés à ce moment-là. Et puis, je pense que moi, mon expérience qui est plus opérationnelle, qui est plus sur les éléments de vente, finance et les probabilités d'eux, a aussi contribué à nous aider à faire des choix. Ce qui n'est pas toujours facile quand on est aussi loin dans le développement. Oui.

  • Speaker #1

    Et tu veux nous parler de ça, peut-être ? En gros, juste la casquette de comment un labo réfléchit quand il est 5 ans avant le lancement, qu'est-ce qu'il regarde ? Parce qu'après, il y a peut-être des gens qui sont d'administration et qui écoutent et qui se disent « moi je vais avoir à valider ça ou pas » . Est-ce que c'est pris en compte ? Sur quels critères ? Comment vous les anticipez ? Sachant que toi tu as ton œil peut-être un peu affûté sur la France, mais tu ne traites pas que pour la France.

  • Speaker #0

    Non, non, puis j'ai tout. Je travaille sur beaucoup de zones. Mais alors, je pense que ce serait d'ailleurs intéressant, ce serait intéressant d'ailleurs peut-être que les autorités puissent, ou qu'il puisse y avoir des échanges avec les autorités en amont, uniquement des phases 3, qui sont en gros les phases qui permettent d'enregistrer. Alors, il peut y avoir des exceptions, quoi que ce soit. Mais il pourrait y avoir des discussions en amont, notamment sur les designs de protocoles. Globalement, les autorités, sur la partie très en amont aujourd'hui...

  • Speaker #1

    Oui, elles ne sont pas là.

  • Speaker #0

    Non, elles n'ont pas le temps, c'est sûr. Mais les modes de décision... D'abord, il y a un mode de décision capitalistique, c'est-à-dire que c'est des énormes investissements. Et donc, il peut y avoir... Soit vous avez les reins assez solides... vous pouvez le faire tout seul, soit vous décidez d'aller le faire avec un partenaire qui peut vous aider. C'est ce que nous, on a fait avec AstraZeneca d'un côté, puis avec MSD de l'autre. Donc, il y a une décision déjà là-dessus. Ensuite, il y a la partie, on va dire, très scientifique et clinique, c'est-à-dire l'efficacité de la drogue sur différents éléments très en amont, voire s'il y a une activité. qui fonctionne ou pas. Et puis ensuite, on rentre dans les logiques de phase 1, phase 2, avec un driver quand même très fort qui est scientifique. Est-ce que ça fonctionne ou est-ce que ça ne fonctionne pas ? Sur lequel on doit apporter, à un moment donné, des filtres de faisabilité. Et c'est là où moi, je rentre en jeu. C'est de dire, oui, OK, scientifiquement ou cliniquement, on voit qu'il y a une activité, mais globalement... le marché est déjà complètement saturé par exemple, donc ça va être dur d'apporter une valeur par rapport à ça ou la cible est tellement petite qu'en termes de coût de développement par rapport potentiellement à ce qu'on pourrait avoir comme vente, ça ne fonctionne pas et donc il y a plein de décisions qui rentrent en jeu sur la base d'une activité clinique par rapport à une faisabilité pour ensuite évoluer vers les phases 2, phase 3 et autres. C'est assez complexe.

  • Speaker #1

    Et c'est pas le bon moment de parler de ça parce que je vais te demander de parler d'un monde stable mais ça veut dire qu'il y a aussi regardez peut-être le marché final qu'il y aura dans tel et tel pays pour savoir comment ça va se passer et là le poids de chaque pays, comment vous le regardez parce que c'est vrai que souvent pour les autorités de santé c'est normal, on a un spectre français on a du mal à considérer qu'il y a d'autres pays voir euh considèrent que d'autres pays sont là pour payer ce qui se passe en Europe ?

  • Speaker #0

    C'est un peu ce qui se passe dans les faits, vu que les États-Unis représentent 50% des ventes et quasiment 60% des produits de spécialité pour 2 à 3% de la population. Donc il y a quelque chose qui aujourd'hui, et je pense que c'est une des raisons, même si c'est fait de manière un peu brutale, pour lesquels le président américain met de la pression sur l'industrie du médicament. Donc oui, je pense qu'on est à un moment extrêmement important où les business models des groupes pharmaceutiques vont évoluer. Ils vont évoluer et ils doivent évoluer. Ça veut dire qu'il faut certainement qu'on réfléchisse à d'autres façons d'évaluer les médicaments. Je parlais de l'innovation. Première chose, c'est qu'est-ce qu'une innovation ? Et puis deuxième chose, c'est quelle valeur on donne à l'innovation ? Et ça aujourd'hui aussi...

  • Speaker #1

    Pour la société, c'est-à-dire pas juste pour...

  • Speaker #0

    Voilà, c'est-à-dire globalement, si notre mission, elle est là d'améliorer la qualité de vie de manière générale de la société, il faut bien que notre innovation, elle permette cette amélioration de la qualité de vie. Aujourd'hui, on est toujours sur des éléments qui sont les mêmes d'évaluation depuis un certain temps, notamment en oncologie. Il y a certainement des choses à apporter, à travailler sur plus d'éléments beaucoup plus complets de qualité de vie, par exemple, d'amélioration de qualité de vie. Sur beaucoup plus d'éléments où on cible un peu plus les populations sur lesquelles on souhaite apporter nos innovations, pour que vraiment l'effet soit vraiment positif et pas noyé. Donc il y a des choses sur lesquelles il faudra absolument travailler. Pour espérer que cette industrie qui est, à mon point de vue aujourd'hui, l'industrie la plus essentielle, parce que c'est quand même elle qui apporte le plus de bienfaits aux citoyens, pas tellement d'autres, en tout cas je parle d'industrie, puisse continuer à avoir un business model qui rétribue le risque qui est pris. Alors est-ce qu'aujourd'hui le risque est fortement... Ça c'est des discussions... qu'on peut avoir, qui doivent être affinées. Mais globalement, c'est une industrie capitalistique avec une prise de risque qui est importante, plus que dans d'autres industries, et sur lesquelles il faut qu'il y ait un retour sur la prise de risque qui soit convenable pour que les gens continuent à investir dans cette industrie. Mais il va y avoir un rééquilibrage dans les années qui viennent. Et oui, est-ce que ça veut dire que... Il faut qu'il y ait d'autres sources de croissance que juste les Etats-Unis. Je pense que oui et je pense qu'en plus, c'est une bonne chose. Maintenant, c'est mon sentiment. Je ne sais pas comment ça va évoluer.

  • Speaker #1

    Du coup, en gros, ça veut dire que ce ne sont pas des pistes d'innovation forcément en santé, mais en gros, c'est des pistes de... Peut-être que tu peux te prononcer sur des pistes de... En fait, qu'est-ce qu'on ne valorise pas assez aujourd'hui ? Tu parlais de qualité de vie pour les patients. Tu parlais...

  • Speaker #0

    Moi, je crois que le sentiment que j'ai, c'est qu'aujourd'hui...

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on ne regarde pas, en fait ? Qu'est-ce qui est dans des angles morts qui fait qu'on est un peu à côté de la plaque ? au sens de tout le monde quand même.

  • Speaker #0

    J'ai le sentiment aujourd'hui qu'il y a une focalisation qui est extrêmement forte sur le prix, pas tellement sur la valeur. Et qu'il y a un shift à faire sur cette omnubilité, on est omnubilé par le prix et on ne travaille pas tellement sur la valeur. Peut-être qu'à une époque, ça a arrangé un peu tout le monde de ne pas travailler dessus. Mais moi, encore une fois, je pense qu'on a un moment donné où si nous, l'industrie... On est fiers de ce qu'on fait et on est confiants que ce qu'on fait apporte vraiment quelque chose. On n'a aucun intérêt à continuer à cesser de dicter la façon dont les choses doivent fonctionner par des autorités qui ont deux problématiques. Une première problématique, c'est que les budgets sont de plus en plus restreints et ça ne va pas aller en s'arrangeant. Ça, c'est une évidence. Et la deuxième, c'est qu'il y a encore ce vieux sentiment d'opposition. public-privé, malheureusement, qui fait que l'image de l'industrie est encore assez négative. Donc, je suis moi assez intimement persuadé, et en tout cas je le travaille avec mon équipe, qu'il faut qu'on travaille sur la valeur. Alors la valeur, c'est encore une fois sur les éléments dont je t'ai parlé, d'innovation. Maintenant, comment tu les valorises ? Alors, c'est certainement pas simple.

  • Speaker #1

    Non, mais sûrement, c'était plus simple de parler d'un prix facial. Voilà.

  • Speaker #0

    C'est certainement pas simple. Il y a certainement plusieurs critères à intégrer dedans. Bien entendu, de qualité de vie, d'impact sur la guérison, par exemple en oncologie, mais aussi de ce que ça crée en termes de dynamisme pour un pays et ainsi de suite. Mais je pense qu'en tout cas, il serait intéressant que l'industrie, que ce soit l'OLEM ou des laboratoires, aujourd'hui... passe du temps à travailler là-dessus. Parce que moi, je ne vois pas aujourd'hui quelle est la solution, à part de continuer à nous battre et nous battre et nous battre sans avoir les résultats qu'on souhaite avoir.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'en plus, il y a une notion d'être aussi, pas désunis, mais d'être des forces opposées, alors que finalement, on cherche quand même tous, que ce soit, tu dis le public, le privé, mais juste le simple citoyen. On cherche tous à être bien soignés. Si un truc est sûr, c'est d'avoir les meilleurs soins.

  • Speaker #0

    Oui, c'est pour ça que je pense que l'effort prioritaire et principal qu'on doit tous faire, et notamment nous l'industrie, c'est de nous mettre à la place du citoyen.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il a envie de cette innovation ou pas ?

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il a envie de cette innovation et est-ce qu'il est prêt à financer cette innovation ? qu'il y a un investissement.

  • Speaker #1

    Pas payer forcément de sa part.

  • Speaker #0

    J'aime pas le coup de, non, c'est un investissement. Est-ce qu'il est prêt à investir là-dessus ? Et pourquoi ? Et il faut qu'on se mette...

  • Speaker #1

    C'est une démarche hyper responsable que tu demandes à un citoyen de se dire, en fait, il est normal qu'il y ait un certain domaine où on investisse. C'est une démarche qui est un peu...

  • Speaker #0

    Alors, pour le coup, mon sujet n'est pas tellement de demander aux citoyens de décider, mais c'est de nous mettre à la place du citoyen. C'est-à-dire que moi, industrie, j'ai des objectifs financiers qui sont évidents. Notre mission, elle est d'améliorer la qualité de vie dans un cadre financier pérenne. Oui,

  • Speaker #1

    oui, en fait, tu vas chercher autre chose si...

  • Speaker #0

    Les autorités de santé, leur objectif aujourd'hui... C'est de faire en sorte que le budget n'explose pas, n'explose pas, n'explose pas. Et donc, on est sur deux logiques qui sont opposées. Mais il y a un moment donné où, en tout cas, nous mettre déjà l'un à la place de l'autre, ou en tout cas, nous mettre à la place du citoyen et dire, oui, là-dessus, c'est clair qu'il y a une innovation parce qu'elle répond aux critères dont j'ai parlé, au moins un des trois, et que ça se valorise de cette façon, ça pourrait être intéressant.

  • Speaker #1

    D'accord. Merci. J'ai envie de te faire parler de choses un peu plus peut-être concrètes dans ton métier tous les jours aujourd'hui. Donc, tu as repris une filiale qui existait, mais qu'il a fallu complètement transformer. En gros, qu'est-ce que tu t'es dit ? Tu avais envie de quoi ? Tu avais envie de faire quoi ?

  • Speaker #0

    J'ai eu beaucoup de chance parce que oui, j'ai repris la filiale d'H600 Kirofrance en 2019. il y avait euh un peu moins de 20 que le laboratoire, on avait encore un portefeuille de cardio mais surtout pour des pays à l'export, donc ils devaient quand même maintenir un minimum d'activité là-dessus, donc aujourd'hui on est un peu plus de 90, ce qui est absolument hyper intéressant et remarquable, et moi c'était le challenge. de reconstruire une filiale avec une équipe en place et une équipe que j'allais construire, avec les idées et les envies qui étaient les miennes et que le Dajisankyo me laissait développer, plutôt d'un mindset start-up, avec beaucoup d'intelligence collective, avec beaucoup de responsabilisation, avec beaucoup de décentralisation de la décision, avec beaucoup de... de travail sur soi. Parce qu'encore une fois, je pense que ça commence à être parfaitement compris et su. Un employé heureux est un employé engagé et globalement votre mission sera réalisée, en tout cas vos objectifs, votre ambition. Donc moi, tout mon travail, en plus de définir une vision et un plan, c'est de recruter des gens qui sont dans ce mindset, de construire des équipes qui ont envie de travailler ensemble. Et puis de m'assurer pendant toute l'année que globalement, ils continuent à être épanouis pour faire ce qu'on fait.

  • Speaker #1

    De quoi tu es le plus fier aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Alors, je suis très fier de l'engagement naturel qu'ils ont tous pour nos piliers de RSE, que ce soit l'écologie, l'enfance et le handicap. D'accord. Oui, je... bien entendu, fière des réalisations qu'on a faites dans notre secteur qu'elle note. Mais globalement, quand je vois l'engagement qu'elle leurre pour ces causes dont je considère qu'elles font partie aussi de...

  • Speaker #1

    C'est toi qui les avais insufflées ? Ça faisait partie de vos piliers ? C'est venu comment ?

  • Speaker #0

    Pour le coup, c'est vraiment partie d'intelligence collective et de décision. On est parti avec les employés qu'on avait à l'époque, c'était en 2020 ou 2021, donc on était déjà un petit peu plus. Et on s'est dit voilà, on est conscient que l'entreprise a un rôle social, pas qu'un rôle économique, qu'il faut assumer et qui est important. Quels seraient les piliers sur lesquels on voudrait nous participer, avoir un apport positif ? Et il y a eu des discussions et puis on est arrivé sur ces trois piliers. sur lesquels on s'investit. Et on s'investit tous, et tout le monde donne de son temps. Et les gens viennent aussi, parce que ça existe. Alors moi, je ne suis pas le roi de la communication, et je ne communique pas des tonnes dessus. Mais globalement, c'est quelque chose qu'on met en place au quotidien.

  • Speaker #1

    Tu crois que ça va avoir un lien sur cette histoire de valeur pour ce qu'on apporte aux citoyens ?

  • Speaker #0

    Moi, de toute façon, j'ai le sentiment que tout est lié. D'une manière générale, tout est lié. Et la santé, il y a beaucoup de choses d'autres que la santé, que juste les médicaments. L'écologie et la santé, c'est quand même quelque chose d'extrêmement...

  • Speaker #1

    L'enfance et la santé, c'est pas mal.

  • Speaker #0

    L'enfance et la santé, le handicap aussi, et puis le lien qu'on crée les uns les autres. Et le lien qu'on a avec les autres est souvent signe de bonne santé. Et donc c'est quelque chose qui est pour nous et pour moi très important, ce lien. Et oui, je te redis ce que j'ai dit, je pense que des gens épanouis et fiers de travailler pour l'entreprise, ils seront, quoi qu'on dise, motivés et engagés, et que naturellement les objectifs et les ambitions qu'on a seront réalisés. C'est dans ce sens-là que ça marche et pas dans l'autre.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu as appris sur toi-même dans ce processus ?

  • Speaker #0

    Voilà. J'ai appris beaucoup de choses sur moi-même ces derniers temps,

  • Speaker #1

    mais pas que sur ce processus,

  • Speaker #0

    sur d'autres.

  • Speaker #1

    C'est facile de parler des autres.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai un profil. Alors, je ne sais pas si tu connais l'Enneagram, mais j'ai un profil Enneagram qui est 8. 8, c'est ce qu'on pourrait appeler un leader. Et qui aime bien quand même décider et qui peut par moments être à l'aise dans la solitude de la décision. Je pense que je devais être assez comme ça un peu plus jeune. Et que là, pour le coup, je n'ai pas dit que c'était naturel, mais globalement, c'est quelque chose, l'intelligence collective, j'en suis persuadé. Il y a un livre que je recommande à tout le monde, qui est « Reinventing Organizations » de Frédéric Lalou, qui explique un peu tous ces éléments-là. Et c'est vraiment un livre qui m'a conduit dans ma réflexion et avec mon comité de direction. Et donc, je pense que j'ai appris, avant j'écoutais, mais je n'avais pas une écoute active très forte quand même. J'étais assez persuadé de mes... de ce qu'il fallait faire, et un peu têtu. Et je pense que ces dernières années, je me suis efforcé à avoir une vraie écoute active, ce qui a été important. Je me suis efforcé à ce qu'on prenne des décisions qui n'étaient pas ouéterment les miennes. Et dans certains cas, ça s'est avéré comme étant très positif. Dans d'autres cas, ça s'est avéré comme quelque chose de toute façon sur la base de laquelle on allait apprendre. Donc, globalement... C'était plutôt bien. Et je pense que j'étais très peu dans la vulnérabilité, j'étais très peu dans l'acceptation de certaines fragilités, et que quand on commence à sourire un petit peu avec les gens avec lesquels on travaille, et que donc les gens autour de nous font la même chose, c'est beaucoup plus... facile de comprendre ce qui se passe, de comprendre ce qui leur arrive, et de créer un environnement qui est exigeant, mais harmonieux, qui permet à chacun d'être comme il est, de s'exprimer s'il a envie d'exprimer, avec bien entendu l'obligation de la bienveillance, parce que c'est pas... Voilà. Après, on s'est cassé la gueule quelques fois. On a été trop vite sur certains sujets. On est revenu en arrière. Il y a tout un temps de préparation qui est nécessaire par rapport à ça. J'ai une tendance à être assez impatient. Donc là aussi, j'apprends. Mais je pense que je suis plus humain aujourd'hui que je l'étais avant.

  • Speaker #1

    C'est la place d'un petit... C'est lié à quoi ? C'est lié au fait de reconstruire la place d'un petit groupe ? C'est lié aux gens ?

  • Speaker #0

    C'est ma vie.

  • Speaker #1

    C'est l'âge ?

  • Speaker #0

    Non mais bien entendu, bien entendu que l'âge, et heureusement,

  • Speaker #1

    Au moins ça sert à quelque chose.

  • Speaker #0

    nous apporte aussi ça, l'expérience, et puis c'est ma vie d'une manière générale, c'est mon chemin de vie, qui fait que je suis arrivé à un moment où... Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais est-ce qu'on pourrait appeler le masculinisme de mon époque où on ne pleure pas, où on ne montre pas ? Bon, ça commence à... Ce n'est pas exactement ce qu'on est. Donc, à mon âge, si je ne commence pas à être qui je suis, c'est quand même un peu couillon. Autant ne pas avoir peur.

  • Speaker #1

    Oui, mais après, ce qui est hyper intéressant, c'est que... Bon, c'est peut-être le hasard, mais ça tombe aussi dans des moments de société où, justement, en fait, il vaut mieux ne pas avoir peur. La transition est un peu... Mais c'est vrai. Il vaut mieux pas avoir peur de qui on est parce qu'en fait, il y a d'autres choses qui font... Je suis assez d'accord. Qui peuvent faire plus peur.

  • Speaker #0

    Je suis assez d'accord. Moi qui aime beaucoup, beaucoup la politique, la chose politique, donc la vie de la cité et l'organisation de la vie de la cité, j'avoue que ces temps-ci, je regarde beaucoup moins les informations que je le faisais à une époque. Mais j'apprends à réguler l'anxiété de ce qui se passe autour de moi avec ce que j'ai à faire.

  • Speaker #1

    C'est aussi ton rôle de leader, là où tu donnes le meilleur ?

  • Speaker #0

    Oui, mon rôle de leader, je pense que d'une manière générale, on est tous là pour apporter quelque chose à la société. Et mon rôle de leader, oui, il est dans certains cas de protégé aussi. Et puis, dans certains cas, d'ouvrir les yeux quand c'est nécessaire. Mais dans la vie, c'est pareil. Moi, je ne suis qu'un, de toute façon. Je ne suis pas tellement différent. On n'a qu'une vie. Je suis le même Benoît quand je suis en entreprise que je suis en dehors de l'entreprise.

  • Speaker #1

    C'est vrai que tu as un profil d'activité parce que tu es quand même assez complexe. Et en même temps, ce que je trouve hyper agréable, c'est que du coup, ça montre que tu es sensible à tout. complexité aussi de ce secteur et aux différentes facettes qu'il peut avoir pour justement les adresser, mais aussi après comment tu fais pour justement... Je dois garder cet impact, garder cette simplicité dans ton leadership. Je ne sais pas si ça te parle, ce que je te raconte.

  • Speaker #0

    Non, mais si. Après, je pense que je suis complexe parce que le monde autour de moi est complexe et que j'ai besoin de le comprendre pour pouvoir m'épanouir et faire ce que j'ai à faire. Même si j'essaie de simplifier le monde dans lequel on est, et notamment celui aujourd'hui de la santé d'une manière générale et de l'industrie qui est la mienne, qui était complexe et qui est de plus en plus complexe et qui va être de plus en plus complexe. Voilà, je crois qu'une peut-être de mes qualités, c'est justement la capacité à simplifier les choses et en tout cas à les exprimer à mes équipes d'une manière authentique, mais pas pessimiste. Parce qu'il y a bien entendu des choses qui sont compliquées, il y a des choses qui sont... C'est sûr que la politique de Donald Trump aujourd'hui, en tout cas les menaces qu'il fait, mais je pense qu'il y a des opportunités dans chaque menace. Je pense qu'il y a une opportunité pour l'Europe quand les États-Unis arrêtent d'investir en sciences. Et donc, moi, ce que j'essaye de faire, c'est de me dire, tiens... Ce qu'on voit comme étant une difficulté, quelle opportunité ça peut créer ? Je ne veux pas nier la difficulté, mais ça m'intéresse d'ouvrir sur l'opportunité. Et voilà, je pense que c'est une façon de penser qui est en ce temps-ci assez nécessaire.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est vrai que je l'entends beaucoup. J'entends beaucoup que justement dans une phase très instable, un peu de chaos, en fait, ça veut dire que les équilibres changent beaucoup. autant d'opportunités à prendre et d'occasions à saisir qu'on n'avait pas l'habitude avant dans un monde plus établi. Oui,

  • Speaker #0

    tout à fait.

  • Speaker #1

    Ce que j'entends aussi, c'est le besoin de décider vite parce qu'en fait, on ne sait pas. Il faut quand même que ça avance. Là, on parle de la France, un pays qui est plutôt stable, mais c'est vrai qu'il y a des zones où ils ont l'habitude de vivre l'instabilité. Et en fait, on décide quand même, on fait quand même, on avance quand même. et justement c'est aussi cette habitude de ne pas prendre de décision attendre à ne pas prendre de décision et peut-être qu'on s'en compte que ce n'est pas un chemin viable

  • Speaker #0

    où on doit le combattre ce qui est plus compliqué c'est qu'avant on était quand même une industrie où la décision on avait le temps de la décision C'est des temps longs, l'industrie pharmaceutique.

  • Speaker #1

    Dix ans.

  • Speaker #0

    Et là, en fait, c'est une industrie qui s'accélère sur beaucoup de sujets, mais qui pourtant reste quand même une industrie de temps long. Lourde,

  • Speaker #1

    oui.

  • Speaker #0

    Donc, il y a une complexité, une autre, qui vient s'ajouter. Je suis assez intimement persuadé qu'on en ressortira quelque chose là aussi de positif. Qu'on arrivera à... à faire évoluer nos modes de décision, qu'on arrive à faire évoluer nos modes d'investissement.

  • Speaker #1

    C'est dû à quoi ? Tu peux nous donner un peu, expliquer ? C'est dû à quoi, en fait, cette accélération ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est dû... Il y a différents sujets. Il y a tous les éléments géopolitiques dont on a parlé, qui fait que tout d'un coup, on ne peut plus... Ne pas faire de plan B, C ou D par rapport à cette instabilité.

  • Speaker #1

    Sachant que ce sera le E.

  • Speaker #0

    Voilà, qui est super importante. On peut parler des États-Unis et de la Chine, qui sont quand même deux moteurs aujourd'hui de l'industrie. Un qui veut tout arrêter, qui veut couper les prix, puis qui investit beaucoup moins en sciences. Et l'autre qui veut prendre une hégémonie importante avec l'Europe au milieu, qui se bataille un peu sur des choses. Bon, il serait peut-être temps qu'on prenne le leadership sur d'autres choses. Donc la dimension géopolitique est importante. La dimension de l'intelligence artificielle va venir aussi, notamment dans tout ce qui est les phases de recherche et développement révolutionnées.

  • Speaker #1

    Ça donne du temps, j'ai envie de dire. Ça accélère, mais ça donne du temps aussi.

  • Speaker #0

    Ça va accélérer. Ça va certainement augmenter le nombre de concurrents, le nombre de personnes qui vont assister dans cette industrie. Donc, votre capacité à être le plus rapidement possible sur le marché va être un élément qui va être primordial dans la définition de votre business model. Donc ça, c'est un élément qui est aussi extrêmement important. Et puis, encore une fois, les crises budgétaires vont nécessiter à ce qu'on soit beaucoup plus agile, beaucoup plus réactif, et je pense même surtout beaucoup plus proactif, parce qu'aujourd'hui, on est surtout très réactif. Et voilà, ce sont des éléments qui... vont nous imposer un travail fort sur redéfinir un business model qui doit continuer à récompenser la prise de risque, mais plus de la même manière.

  • Speaker #1

    Ok, en tout cas, ça va être fascinant. Ça va être génial.

  • Speaker #0

    Ça peut l'être, c'est sûr.

  • Speaker #1

    C'est quoi qui ferait que ça ne le soit pas ?

  • Speaker #0

    Qu'on ne veuille pas y aller.

  • Speaker #1

    Qu'on ait peur d'y aller ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Mais il y aura des pays qui y vont.

  • Speaker #0

    Alors là, je parle plus des laboratoires, des entreprises.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a un business...

  • Speaker #1

    Qui ne veulent pas jouer le jeu de changer leur...

  • Speaker #0

    C'est toujours pareil. Vous l'avez vu dans plein de secteurs.

  • Speaker #1

    Qui renoncent à l'Europe, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est... Aujourd'hui, il y a des piliers de la définition de notre business model qui a fait la richesse de cette industrie et donc de l'innovation pour la société pendant... X années qui sont en train de basculer. Soit on reste en se disant « Non, il ne faut pas que ça s'arrête, il faut que ça reste comme ça. » Et je crains que ça ne marchera pas. Soit on arrive à anticiper, quitte à ce que de toute façon, choisir, c'est renoncer. Quitte à renoncer à certaines choses pour continuer à être florissant sur une autre façon de voir notre industrie. Et je pense que ça fonctionnera.

  • Speaker #1

    Tu n'as pas des modèles en tête de gens qui le font déjà ?

  • Speaker #0

    Dans l'industrie pharmaceutique ? Alors je ne suis pas assez peut-être aujourd'hui au courant ou vraiment dans les arcanes des grands laboratoires pour savoir qui déjà a cet travail. J'imagine que tous. En fait, je pense que tout le monde le voit. Ce qui est plus dur, c'est de prendre la décision. Et je pense que c'est un peu comme tout. Le premier qui prendra la décision...

  • Speaker #1

    On aura gagné ou on aura perdu ? Ah !

  • Speaker #0

    C'est toujours le sujet ! Ça me rappelle les époques où on avait des tonnes de réseaux de visites médicales. Et puis dès qu'il y en a un qui en mettait un, puis il en mettait un autre, et puis tout le monde se rendait compte que c'était ridicule et que ça détruisait la relation de valeur avec, en plus, le prescripteur. Mais chacun disait, si moi j'en en ai 20, je vais perdre par deux voies. Donc il y avait cette...

  • Speaker #1

    Du coup, ça sera un nouveau labo qui va le faire ?

  • Speaker #0

    Non, je ne crois pas. Je pense qu'il y a des dirigeants qui sont assez visionnaires et assez courageux.

  • Speaker #1

    Ils ne vous posent pas de questions ? Pardon ? Ils ne posent pas de questions ? Qui ? Les laboratoires, même dans ton laboratoire, ils ne posent pas de questions ?

  • Speaker #0

    Ah si, si, si, nous on travaille...

  • Speaker #1

    Oui, c'est à quel moment on va décider quoi ?

  • Speaker #0

    Voilà, c'est...

  • Speaker #1

    Oui, mais ce qui me... Enfin, je ne sais pas comment le dire poliment, mais... En fait, une idée, ça vaut rien tant qu'elle n'a pas été au moins exécutée. Et quand elle sera exécutée, l'exécution sera complètement différente. Donc après, on peut jouer le temps, on peut attendre, mais ça reste à inventer. C'est comme, il y aura peut-être plusieurs modèles, en fait.

  • Speaker #0

    Je suis même persuadé qu'il y aura plusieurs modèles. Ça, c'est certain. Parce que là,

  • Speaker #1

    on parle d'une pharma, mais peut-être qu'il y aura plusieurs pharmas, plusieurs modèles qui vont se décider.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Tu auras des...

  • Speaker #1

    Tu n'en sais rien, mais...

  • Speaker #0

    Tu auras des modèles très spécialisés. Est-ce que tu auras encore des grands groupes qui font tout de early development jusqu'à génération ? Est-ce que ça va être... Il y a plein de choses. Est-ce que les différents équilibres financiers vont évoluer ? Comme je te disais, est-ce que les... Les médicaments qu'on va mettre sur le marché ne vont pas de plus en plus être sur une cible restreinte sur laquelle tu auras un apport spécifique. Et donc, ça veut dire qu'une logique de financement différente que ce qu'on voit aujourd'hui. Il y a plein de choses qui vont évoluer. Mon sentiment, c'est qu'il faut qu'on soit davantage proactif dans dessiner cet horizon. qu'attentifs parce qu'il y en a d'autres qui n'attendent pas. Je parle de l'industrie en général. Je pense que les gouvernements et autres, de toute façon, ils ont une telle pression de tous les côtés qu'il faut qu'on soit force de proposition. Oui,

  • Speaker #1

    oui. J'aimerais te faire parler un peu de tes engagements en dehors du secteur, parce que du coup, je ne sais pas, c'est peut-être lié. Quand tu as décidé qu'il y avait un pilier lié à la RSE dans... Dans votre stratégie d'entreprise, que toi aussi tu t'intéresses beaucoup à ce qui se passe à côté, comment tu regardes les choses, comment tu te nourris, qu'est-ce qui t'intéresse pour, je ne sais pas, si c'est t'équilibrer ou te nourrir.

  • Speaker #0

    Tu parlais de politique ? Non, mais je pense que j'ai eu la chance, petit, d'être ouvert à la curiosité très jeune, parce qu'on a pas mal déménagé avec mes parents et mes sœurs, parce que j'ai vécu au Maroc, par exemple, qui automatiquement vient bousculer ta culture, la façon dont tu vois la vie, automatiquement ça vient mettre... dans la façon de voir les choses, quelque chose de non définitif, et que tout est possible et tout doit être regardé. Donc moi, toute mon enfance, ça a été ça. Puis pour le coup, j'avais un père et des grands-parents qui avaient des parcours assez atypiques, et qui assez vite m'ont ouvert sur autre chose que mon petit moi. D'ailleurs, il a fallu que je retourne plus tard, parce que je n'avais pas assez regardé, mais c'était parce que c'était intéressant aussi de passer un peu de temps sur soi. Ça peut être plutôt intéressant. Et puis, voilà, encore une fois, j'en suis intimement persuadé. Je suis d'abord un citoyen. Je suis d'abord un citoyen avant d'être directeur général d'Aji Sanctio. Ce dont je suis extrêmement heureux et qui prend beaucoup de mon temps. Je suis d'abord un citoyen. Je suis d'abord un habitant de ce monde.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu dis à tes enfants, alors ? Pardon ? Qu'est-ce que tu dis à tes enfants sur le monde d'aujourd'hui ? C'est « soyez curieux » .

  • Speaker #0

    Alors, je ne leur dis pas tout ce que je pense. parce qu'il y a quand même des choses qui m'inquiètent, notamment l'écologie et le climat. Surtout, je ne vois pas de prise de conscience collective pour faire évoluer drastiquement ce qui, je pense, doit évoluer parce qu'on est en période de canicule intense. C'est la preuve même qu'aujourd'hui, ça ne fonctionne plus. Ce qui m'intéresse chez mes enfants, Pour mes enfants, en tout cas, c'est un de leurs curiosités. Et il y a une chose qui a drivé beaucoup mes dix dernières années de vie. Ce n'est pas les dernières, les dix dernières que j'ai passées. Je préfère préciser.

  • Speaker #1

    Je précise. On a dit on reste positif.

  • Speaker #0

    C'est que je trouve qu'on était dans une culture du jugement vachement forte. En France, notamment, on est très fort pour juger. Et moi, j'étais vachement là-dessus. Je pouvais être très très dur. Et il y a une phrase de... Je ne suis pas du tout érudit là-dessus, mais il y a une phrase de Spinoza que j'aime beaucoup qui dit « Ne pas se lamenter, ne pas se moquer, ne pas juger, mais comprendre. » Et le jour où j'ai compris ça, j'étais beaucoup plus heureux. Je jugeais beaucoup moins les gens, je sais comprendre pourquoi... Voilà. Et c'est ce que j'essaye d'inculquer à mes enfants. De ne pas juger un fait, de ne pas juger juste une personne, d'essayer de comprendre pourquoi le fait est survenu, pourquoi cette personne est comme ça. Et ça, je pense que ça aide à vivre un peu plus sereinement, de se dire que... Globalement, les choses ne sont pas arrivées parce que cette personne est ou parce que, mais c'est parce que malheureusement, il y a un parcours qui a fait que... Donc ça, j'essaie de leur apprendre pas mal, ouais.

  • Speaker #1

    Ouais, ok. Et ça se voit aussi dans la politique. On se dit, en fait, il faut essayer de comprendre...

  • Speaker #0

    Ouais, la politique, c'est un monde qui est très dur, pour le coup, dans lequel... Je ne vais pas participer dans des parties, mais dans des associations ou des groupes de réflexion. Oui, d'engagement. C'est un monde où il y a beaucoup d'égo. Et l'égo est rarement bon conseiller. Et on le voit à fond aujourd'hui. Donc là aussi, je pense qu'il y a quelque chose qui va complètement exploser et qui va... On va retravailler le...

  • Speaker #1

    Ah bon, les gens n'auront plus d'égo ? On a un scoop ?

  • Speaker #0

    Non, t'as raison, c'est pas pour tout de suite. C'est pas pour tout de suite. On a encore du travail là-dessus, mais on se rend compte que la démocratie est réellement en danger, et qu'il va falloir là aussi réinventer notre rapport à l'autre et à la démocratie.

  • Speaker #1

    Et du coup, je sais pas, t'as des choses à nous raconter de cet engagement associatif ou citoyen ? Qu'est-ce que ça t'apporte ? Qu'est-ce qui te plaît, peut-être ? Si tu dépasses le côté de l'ego ?

  • Speaker #0

    Non, non, c'est ce que je disais tout à l'heure. Je disais que je pense qu'on a tous individuellement quelque chose à apporter à la société. Je suis assez intimement persuadé que la théorie du colibri... Développé par Pierre Rabhi qui dit que, bah oui vous savez, il y a cet incendie dans la forêt amazonienne et il y a un petit colibri qui avec son bec va chercher de l'eau et puis le met dans la forêt. Et puis il y a les autres animaux qui disent mais qu'est-ce que tu fous, t'es complètement con. Et il dit bah non parce que si moi je fais ma part et si chacun faisait sa part, bah peut-être qu'on y arriverait quoi. Donc ça j'en suis intimement persuadé. Après il faut être très humble avec la part qu'on peut faire. Moi, j'ai mes engagements associatifs, personnels, au sein d'H.I.S.S.A.N.K.I.O. J'ai mes engagements politiques qui sont plus aujourd'hui, on va dire, sur les idées. Et puis, mon engagement quotidien, c'est mes enfants et les gens autour de moi. Je pense qu'on est tous aussi le catalyseur de réflexions, de questionnements. sur les comportements des gens qu'on aime autour de nous. Donc si déjà on avait cette... Ce serait super positif.

  • Speaker #1

    Pour terminer, je vais te poser une question peut-être facile. Le matin, qu'est-ce qui te fait te lever avec enthousiasme, du coup ?

  • Speaker #0

    Le matin, qu'est-ce qui me fait me lever avec enthousiasme ? C'est un peu ce que je te dis, c'est-à-dire que... Avec beaucoup de prétention, je pense que moi aussi, je dois apporter quelque chose à cette société.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, et que j'ai envie de le faire. Je n'ai pas envie de baisser les bras. Ça, c'est sûr. Et il y a une chose qui me permet à chaque fois de me lever positivement. C'est un petit journal qui s'appelle The 5-Minute Journal, qui en gros, dès que tu te lèves, tu remercies la vie pour trois choses. Tu réfléchis à trois choses positives qui vont t'arriver dans la journée et une chose te concernant sur ce que tu veux, toi, réaliser. Et se mettre, et ça tu fais ça le matin et puis tu fais ça le soir, se mettre dans cette dynamique positive dès le matin, je le recommande volontiers, surtout dans une époque, je vais reprendre ton mot de complexe, d'extrêmement complexe et qui peut être un petit peu angoissante. Oui,

  • Speaker #1

    ok, de se recentrer aussi sur des choses positives sur lesquelles on a envie de... de continuer aussi à avoir un impact.

  • Speaker #0

    Sur du positif.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Benoît, pour cette discussion, je crois, très libre. En tout cas, qui nous amène à réfléchir, à se sentir concerné, déjà, par une époque, même si elle est complexe. On en est aussi peut-être aussi responsable.

  • Speaker #0

    Complètement.

  • Speaker #1

    Donc, c'est... Apprendre à apprécier ce qui... Ce qui nous plaît, à le défendre, peut-être aussi.

  • Speaker #0

    Merci. Merci, Nathalie.

  • Speaker #1

    N'hésitez pas à dire ce que vous en avez pensé à Benoît, ou est-ce que les gens peuvent t'écrire pour te dire ce qu'ils en ont pensé ?

  • Speaker #0

    Sur LinkedIn, sans aucun problème. Et puis, après, sur mon mail. Avec plaisir, même pour en discuter.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Benoît. À bientôt.

  • Speaker #0

    Merci, Nathalie.

  • Speaker #1

    Un grand merci à vous d'avoir écouté jusqu'au bout cet épisode et merci d'être toujours plus nombreux à suivre PharmaMinds. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous pour ne pas louper la sortie des prochains épisodes. Rendez-vous sur les réseaux sociaux. A très bientôt !

Chapters

  • Un parcours atypique dans l’industrie pharmaceutique

    00:00

  • Son rapport à la légitimité et à la curiosité

    05:10

  • Daiichi Sankyo et les aprioris des entreprises japonaises

    09:55

  • Les nouvelles techniques de production qui révolutionnent la recherche

    14:10

  • Dans les coulisses des décisions stratégiques d’un labo

    18:12

  • Les enjeux mondiaux qui redéfinissent le modèle économique de la pharma

    21:28

  • Le vrai sujet : passer du prix à la valeur

    27:20

  • Transformer une filiale en une aventure collective

    29:27

  • Apprendre à être vulnérable et faire confiance à l’intelligence collective

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  • Décider VITE dans un monde instable (et qui s’accélère)

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  • LA raison qui fait lever Benoît chaque matin

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Description

« L’innovation, ce n’est pas forcément une rupture technologique. C’est tout ce qui permet de prévenir, guérir, ou améliorer la qualité de vie. »


Benoît Escoffier est directeur général de Daiichi Sankyo France. Ancien diplômé d’école de commerce, il évolue depuis plus de 20 ans dans un univers pharmaceutique qu’il a appris à appréhender avec curiosité, humilité et engagement.


Son parcours l’a mené en Afrique, en Amérique latine et aux US dans l’ombre d’un CEO, pour diriger aujourd’hui une filiale française qu’il a profondément transformée, tout en contribuant à la réflexion stratégique globale du groupe.


Dans cet épisode, j’ai eu envie d’utiliser ce regard précis pour ouvrir une discussion sans filtre avec un dirigeant à la lucidité contagieuse, capable de parler d’innovation comme de leadership, de transformation business comme de lien humain.

Avec Benoît, on explore les fondations d’un nouveau modèle pharmaceutique, pensé pour et avec la société.


Au programme de notre échange :

◾️ Les dessous d’un engagement fort pour l’innovation en oncologie, notamment autour des anticorps conjugués (ADC) développés par Daiichi Sankyo.

◾️ Une définition nuancée de l’innovation, recentrée sur l’impact réel pour le patient et le citoyen.

◾️ Une vision critique du modèle économique actuel, trop focalisé sur le prix, pas assez sur la valeur.

◾️ L’appel à repenser l’évaluation du médicament, en intégrant qualité de vie, prévention, et bénéfice collectif.

◾️ Les défis liés à l’accélération de l’industrie (IA, géopolitique, instabilité budgétaire) et l’urgence de faire évoluer les modes de décision.

◾️ L’importance du lien entre RSE, santé et performance, avec des piliers choisis collectivement : écologie, enfance, handicap.

◾️ Un regard citoyen engagé, ancré dans la responsabilité individuelle, la transmission, et la volonté d’agir à son échelle.


Un concentré de vision et d’expérience qui s’autorise à rêver d’un futur radieux pour la pharma.

Bonne écoute !


Merci à notre partenaire Daiichi Sankyo pour son soutien dans cet épisode, qui nous permet d’ouvrir le dialogue autour de l’innovation et des enjeux de santé. La ligne éditoriale et la sélection des invités restent entre nos mains.


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Pour retrouver Benoît Escoffier : 

LinkedIn : https://www.linkedin.com/in/benoit-escoffier-62b57813/?originalSubdomain=fr

Daiichi Sankyo France https://www.daiichi-sankyo.fr/


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Ressources mentionnées dans l’épisode :

📌 Livre : Reinventing Organizations de Frédéric Laloux


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Transcription

  • Speaker #0

    À la fin, elle m'a dit, en fait, pour nous, c'est très difficile de ne pas prendre des pharmaciens, de prendre des gens qui ne sont que école de commerce. Ce à quoi je me souviens qu'un de mes CEOs, Jean-Pierre Garnier, à l'époque, parce que dans l'industrie, on était très sur cette logique qu'il ne faut absolument pas prendre que des pharmaciens, avait dit, vous pensez que les gens qui vendent des voitures ne prennent que des garagistes. Donc en fait, c'est des compétences qui sont différentes. J'ai cherché du sens, j'ai compris qu'il y avait un domaine dans lequel j'allais devoir travailler plus. La curiosité, ça vient assez vite et petit à petit, on commence à aimer ça. Les business models des groupes pharmaceutiques vont évoluer. Ils vont évoluer et ils doivent évoluer. Ça veut dire qu'il faut certainement qu'on réfléchisse à d'autres façons d'évaluer les médicaments. Le premier qui prendra la décision...

  • Speaker #1

    Cet épisode a été enregistré avec le soutien de Daichi Sankyo. Bonjour à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode de PharmaMinds. Aujourd'hui, j'ai la chance d'être avec... Benoît Escoffier. Bonjour Benoît.

  • Speaker #0

    Bonjour Nathalie.

  • Speaker #1

    Benoît, c'est le patron de Daichi Sankyo en France et je suis ravie de pouvoir l'accueillir aujourd'hui parce que j'ai l'impression que c'est un profil atypique qui va nous parler de sciences d'innovation, de leadership et voilà comment on fait pour appréhender ces sujets qui sont hyper complexes, hyper transverses et on réussit à avoir quand même de l'impact. Avec peut-être simplicité, être capable de se faire comprendre avec simplicité. En tout cas, moi, je suis hyper heureuse de pouvoir avoir cette discussion. Je pense qu'on va avoir un regard un peu différent. Quelqu'un qui a parcouru le monde et qui peut nous apporter aussi un regard un peu différent sur la mission de la pharma aujourd'hui. Je suis hyper contente.

  • Speaker #0

    Moi aussi.

  • Speaker #1

    J'espère. Pour commencer, j'aimerais qu'on parle de cette différence qui t'a construite. Est-ce que tu as un parcours atypique, mais aussi un parcours d'école de commerce ? N'ayons pas peur des mots. Est-ce que c'est possible de travailler dans... D'avoir une formation d'école de commerce, pure business, et de travailler dans un domaine où c'est la pointe de l'innovation, la pointe de la science. C'est un premier paradoxe sur le papier, non ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est un premier paradoxe. Ça me rappelle, j'ai commencé à travailler à Londres et je m'occupais des pays d'Afrique anglophone. chez Glaxo à l'époque, Smithstein-Bilcham. Et j'avais en charge les vaccins et les antibiotiques. J'ai passé six mois au Kenya à faire des vaccinations contre l'hépatite B, public, c'était fantastique. Et je suis rentré, je voulais aller sur le terrain et rentrer en France. Et je voyais que ça bloquait. Je voyais que les DH français avaient du mal à... Et je ne comprenais pas trop pourquoi, vu que j'étais très bien noté à Londres et que le groupe voulait me développer. Et je sentais qu'il y avait un blocage, jusqu'au jour où la DRH est venue tourner avec moi sur le terrain. Donc j'y suis allé. Et à la fin, elle m'a dit « En fait, pour nous, c'est très difficile de ne pas prendre des pharmaciens, de prendre des gens qui ne sont qu'écoles de commerce. » Ce à quoi je me souviens qu'un de mes CEOs, Jean-Pierre Garnier, à l'époque, parce que dans l'industrie, on était très sur cette logique d'il ne faut prendre absolument que des pharmaciens, avait dit vous pouvez vous pensez que les gens qui vendent des voitures ne prennent que des garagistes. Donc en fait, c'est des compétences qui sont différentes, c'est des compétences qui sont nécessaires. Alors des pharmaciens peuvent, bien entendu, et c'est souvent le cas, très bien gérer une entreprise, très bien gérer des hommes. Mais globalement, moi, mon rôle, c'est pas d'être un expert en sciences. J'essaye d'arriver au niveau qui est le mien. C'est surtout d'être supporté autour de moi avec des gens pour qui vraiment c'est l'expert nécessaire. Moi, mon rôle, c'est d'être un chef d'orchestre. en tout cas aujourd'hui. Donc c'est surtout là-dessus, globalement, que je me suis construit et sur lequel je me développe aujourd'hui. Alors après, je pense qu'il faut par nature quand même avoir une curiosité, vu que vous êtes dans un domaine scientifique qui n'est pas la base de votre formation et que donc vous devez travailler un peu plus que d'autres pour comprendre exactement les mécanismes d'action et tous les éléments qu'il y a autour. Mais globalement, c'est juste un petit peu plus de charge de travail et un petit peu de curiosité pour intégrer. Et de l'humilité aussi, de ne pas vouloir aller trop en profondeur, parce que ce n'est pas mon rôle. Il y a des gens autour de moi qui le font beaucoup mieux. Et puis parce que c'est une industrie... qui dès le début, et c'est peut-être aussi parce que j'ai commencé en Afrique, m'a apporté un sens dont j'avais besoin dans mon quotidien.

  • Speaker #1

    Du coup, la curiosité t'a fait rentrer dans la partition, dans les notes, et t'as jamais eu peur de rentrer dans le détail, mais t'as jamais eu ce complexe ? Tu sais, en général, c'est quand on est mauvais sur un truc, ou de base pas favorisé sur un truc. Non mais on travaille beaucoup plus et du coup on a toujours ce complexe de vouloir en faire plus. Je ne dis pas ça pour toi.

  • Speaker #0

    Non mais oui, il peut y avoir le sentiment d'illégitimité.

  • Speaker #1

    Ou pas,

  • Speaker #0

    j'en sais rien. Non, non, tu as raison.

  • Speaker #1

    Puis après il y a la France et d'autres pays.

  • Speaker #0

    Oui, oui, encore. En Angleterre, ça ne posait aucun problème. Pour eux, il n'y avait aucun sujet. La France était très... très organisé, très structuré par rapport à des profils relativement types. Donc ça a changé aujourd'hui parce que ce qui est intéressant et ce qui est important et ce qui fait aussi succès de l'entreprise, c'est la diversité des profils. Et donc ça, la France met à raison. Mais de toute façon, je pense que j'aurais pas été meilleur en voiture. D'ailleurs, j'ai fait un stage chez Peugeot. Voilà, j'aurais peut-être que l'énergie, au moment où j'ai commencé à travailler, l'énergie était si importante. Ça aurait peut-être été un autre domaine qui m'aurait apporté du sens, dans lequel j'aurais aimé m'épanouir. Mais globalement, je ne suis pas un expert dans n'importe quel domaine.

  • Speaker #1

    Oui, tu as juste cherché du sens globalement. J'ai cherché du sens,

  • Speaker #0

    j'ai compris qu'il y avait un domaine dans lequel j'allais devoir travailler plus, parce que j'étais plus intéressé en tant qu'étudiant sur la philo et les maths en terminale, et ensuite sur l'école de commerce que sur les sciences en soi. Mais quand on a des bons formateurs qu'on a envie d'apprendre, la curiosité, ça vient assez vite. Et puis petit à petit, en fait, moi, j'ai travaillé dans beaucoup de domaines thérapeutiques. Donc je me suis formé dans beaucoup de domaines thérapeutiques. Et petit à petit, déjà, on a une curiosité assez positive et on commence à aimer ça. Et puis en plus, on a une mécanique ensuite qui se met en place, ce qui fait que c'est de plus en plus facile. Je dois admettre que l'oncologie est très compliquée. Mes premiers pas en oncologie, ça a ramé pas mal.

  • Speaker #1

    surtout ce que tu es en train de faire on en parlait un peu plus tard mais ça tape sur des choses quand même très expertes donc en fait tu es arrivé à force mais je te challenge parce que bon déjà je comprends que quasi les idées préconçues que je peux avoir elles existaient et je les ai encore aujourd'hui et elles existaient déjà il y a quelques années mais euh... Mais je pense qu'il y a aussi un espèce de, je ne sais pas, sens de l'éthique, je me lance, qui fait qu'on développe au sein de cette industrie aussi, que quand on est professionnel de santé, c'est sûr, on l'a naturellement de base. Et toi, c'est des choses qui t'ont paru naturelles, ou je ne sais pas, où tu joues un peu à la fin. Enfin, tu joues, mais tu... Tu travailles avec ça aussi ? Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire. Mais en fait, ce que je veux dire, c'est qu'un commercial standard dans n'importe quelle autre industrie n'est pas la même chose qu'un commercial dans la pharma, même s'il y a une performance à voir, ou non.

  • Speaker #0

    On va dire d'une manière générale, je pense que tu as raison. C'est-à-dire, d'une manière générale, la rigidité de la pharma... qui pourrait être quelque chose qui n'attire pas tellement, et compensée par le sens que cette industrie apporte, ou en tout cas ce qu'elle délivre et ce qu'elle apporte à la société. Donc je pense que les gens talonteux qui vont dans l'industrie pharmaceutique, il y a une grande partie qui est sur cet engagement sociétal.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Il y a plein d'autres industries où il y a des gens qui ont une éthique aussi chevillée au corps et qui le vivent très bien. Et comme en pharma, il y en a qui l'ont moins. Mais d'une manière générale, je pense qu'être attiré par la santé, par le bien-être et par toutes les choses sur lesquelles l'industrie investit depuis X années, montre quand même que ce sens nous intéresse.

  • Speaker #1

    Ok. Merci déjà pour cette... cette petite nuance, parce qu'on a des auditeurs qui ne connaissent pas la pharma du tout. Et c'est aussi une manière de expliquer qu'il y a non seulement une grosse diversité, variété dans ce secteur. Et toi, quand t'es arrivé chez Daishi, sans Kyo, c'est quoi qui t'a... fasciné parce que quand tu es arrivé tu venais d'une grosse machine.

  • Speaker #0

    Oui j'ai bossé pendant plus de 20 ans dans des gros laboratoires anglo-saxons et français. J'ai eu beaucoup de chance, j'ai toujours réussi à me développer là où j'ai envie de me développer avec mon profil atypique. En fait mon profil atypique c'est que j'aime bien aller là où les choses sont pas faites et là où il y a tout à construire. Donc je pense que c'est là où je je suis plutôt bon et que quand les choses sont installées... Quand les grosses machines sont en place, il y a des gens qui sont meilleurs que moi pour faire ça. Et j'étais arrivé, je pense, au bout de mon histoire avec le dernier gros laboratoire avec lequel j'ai travaillé. En plus, il y a une dimension politique très forte qui, à l'âge que j'avais, ça ne correspondait pas exactement à ce que j'étais et à ce que je voulais. Et j'ai été contacté par Daichi Sankyo, ne connaissant pas bien cette entreprise à ce moment-là. Et pour le coup... Premièrement, j'ai été... Japonaise. Japonaise. Entreprise japonaise. Il peut y avoir aussi des a priori par rapport aux entreprises japonaises sur un contrôle très fort de Tokyo sur les filiales, ce qui n'est pas le cas, en tout cas, moi, chez Daichi. J'ai une liberté qui est relativement importante. Et puis, c'est vrai que je suis directement allé voir le portefeuille. Parce que c'est ça, le plaisir de l'industrie pharmaceutique, c'est d'avoir un portefeuille où on apporte des innovations. C'est vraiment quelque chose qui change totalement notre quotidien. Et c'est vrai que Daichi Sankyo, quand je suis arrivé, avait et a toujours un portefeuille en oncologie extrêmement prometteur. Donc ça, c'est très important. Et la deuxième notion, c'est la notion plus culturelle. Les gens que j'ai rencontrés, j'ai beaucoup aimé le temps et le ton qu'on a pu avoir lors de nos échanges. Quelque chose d'assez direct. assez humain, avec une vision, certes court terme contre tout le monde, mais avec un engagement qui est sur le long terme, qui est assez appréciable, et une faible nécessité de micro-management, qui est pour moi une des vraies problématiques des gros laboratoires anglo-saxons, français, européens ou autres, où le niveau de micro-management est juste destructeur de valeur. Et donc, ces différents éléments, même si à l'époque, quand je suis parti, on n'avait pas encore de produit, rien, et qu'il y avait tout à construire, donc ce que j'aime, j'y suis allé avec plaisir et je ne regrette absolument pas.

  • Speaker #1

    C'était quelque chose de, en gros, de l'innovation de rupture ? En oncologie, c'était quoi ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, c'était une deuxième vague d'innovation. D'accord. C'est les anticorps conjugués monoclonaux qui existaient depuis un certain temps, notamment dans le cancer du sein, et qui avaient démontré une efficacité extrêmement positive. Et là, en fait, les chercheurs japonais, parce qu'une des particularités de Daichi Sankyo, c'est qu'ils ont vraiment une recherche in-house qui est très forte. Les chercheurs japonais qui sont en fait très forts en technologie, plus qu'en chimie ou en biologie. On a réussi à développer un élément qui est assez important dans les ADC, qui est le linker, celui qui relie l'anticorps monoclonal à la chimiothérapie, qui est un élément de stabilité. On a réussi à développer une deuxième génération de cet élément-là, qui a fait qu'on a réussi à développer et à proposer aux professionnels de santé et aux patients des produits encore plus efficaces. que ceux qui étaient mis sur le marché. Et on est dans cette dynamique, aujourd'hui très focalisée sur ces molécules qu'on appelle des ADC. Mais à l'avenir, on a aussi une recherche et développement sur d'autres techniques de production qui, je l'espère, et j'en suis certain, sera...

  • Speaker #1

    Tu nous expliques un peu ? Tu nous racontes ces histoires de techniques de production ? Qu'est-ce que ça révolutionne dans le champ ? Et toi, en gros, pourquoi tu prends ces...

  • Speaker #0

    Ces combats ?

  • Speaker #1

    C'est pour les patients, ok. Non,

  • Speaker #0

    non, mais en fait, ce que j'aimerais répondre à cette question, c'est qu'est-ce qu'une révolution ? Je pense que l'intérêt qu'on a dans l'industrie pharmaceutique, c'est d'apporter des innovations. Et d'ailleurs... Je ne sais pas si on a tous la même définition de ce qu'est une innovation. On parle beaucoup d'innovation, on parle beaucoup de valeur d'innovation.

  • Speaker #1

    Il y a de la rupture, il y a de l'incrémental.

  • Speaker #0

    Mais on ne sait pas, au bout du compte. Je suis assez intimement persuadé que que ce soit les membres de l'industrie, enfin ceux qui travaillent dans le sclifarma ou même les autorités de santé, ils devraient toujours se mettre à la place du citoyen, du patient et du citoyen, parce qu'on est tous en premier.

  • Speaker #1

    Oui, c'est comme ça qu'on décide.

  • Speaker #0

    Avant d'être un citoyen, avant d'être... Pour décider de ce qu'il faut faire. Pour moi, enfin pour moi et pour mon équipe, parce qu'on a travaillé dessus, une innovation aujourd'hui, elle peut être caractérisée par trois choses. Soit elle prévient la maladie, globalement, vaccin ou d'autres choses, soit elle guérit, soit elle permet de vivre plus longtemps dans des meilleures conditions. C'est les trois éléments qui pourraient déterminer l'innovation. Donc tu pourrais avoir un produit qui techniquement n'est pas révolutionnaire, c'est-à-dire qui n'a pas une façon d'être produite qui est absolument nouvelle. mais qui répond à un de ces trois critères d'innovation et qui donc va améliorer la vie des patients et ainsi de suite. Donc moi, c'est plus ça qui m'intéresse. C'est de me dire, et ce qui m'intéresse, c'est dans le portefeuille en recherche et développement de Daichi Sankyo, quelles sont les molécules qui potentiellement apporteront des innovations. Et c'est sur la base de cette discussion. que j'ai eue avec des gens qui s'y connaissaient à l'époque beaucoup mieux que moi en oncologie et qui m'ont dit oui, il y a quelque chose de très prometteur en innovation dans ce laboratoire, donc vas-y fonce, et donc c'est ce que j'ai fait.

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui du coup tu t'occupes de la filiale France, mais tu as aussi un rôle au niveau global pour t'occuper des portfolios à venir ?

  • Speaker #0

    Alors j'étais très intéressé pour avoir une expérience en R&D. Parce que globalement, on n'est pas grand-chose, nous, les structures opérationnelles, sans les personnes de la recherche qui trouvent les molécules et qui nous les apportent. Et je voulais vraiment comprendre comment ça fonctionnait. Et donc, on a un futur produit qui est un ADC aussi, mais qui cible un autre récepteur qu'on appelle le MUC1, sur lequel il va se coller et qui est présent dans beaucoup de cancers. Il y a des groupes qui sont très en amont des lancements, qui travaillent sur ces molécules. C'est du early development, early stage, dans lesquels j'ai demandé à travailler. Je travaille sur ce qu'on appelle Global Commercial Lead, dans ce groupe-là, pour cette molécule, qui est une molécule qui est assez prometteuse. Ça m'a permis, moi perso, d'apprendre beaucoup sur tous les stades de développement, de recherche et de développement. aussi sur les modes de décision qui sont utilisés à ce moment-là. Et puis, je pense que moi, mon expérience qui est plus opérationnelle, qui est plus sur les éléments de vente, finance et les probabilités d'eux, a aussi contribué à nous aider à faire des choix. Ce qui n'est pas toujours facile quand on est aussi loin dans le développement. Oui.

  • Speaker #1

    Et tu veux nous parler de ça, peut-être ? En gros, juste la casquette de comment un labo réfléchit quand il est 5 ans avant le lancement, qu'est-ce qu'il regarde ? Parce qu'après, il y a peut-être des gens qui sont d'administration et qui écoutent et qui se disent « moi je vais avoir à valider ça ou pas » . Est-ce que c'est pris en compte ? Sur quels critères ? Comment vous les anticipez ? Sachant que toi tu as ton œil peut-être un peu affûté sur la France, mais tu ne traites pas que pour la France.

  • Speaker #0

    Non, non, puis j'ai tout. Je travaille sur beaucoup de zones. Mais alors, je pense que ce serait d'ailleurs intéressant, ce serait intéressant d'ailleurs peut-être que les autorités puissent, ou qu'il puisse y avoir des échanges avec les autorités en amont, uniquement des phases 3, qui sont en gros les phases qui permettent d'enregistrer. Alors, il peut y avoir des exceptions, quoi que ce soit. Mais il pourrait y avoir des discussions en amont, notamment sur les designs de protocoles. Globalement, les autorités, sur la partie très en amont aujourd'hui...

  • Speaker #1

    Oui, elles ne sont pas là.

  • Speaker #0

    Non, elles n'ont pas le temps, c'est sûr. Mais les modes de décision... D'abord, il y a un mode de décision capitalistique, c'est-à-dire que c'est des énormes investissements. Et donc, il peut y avoir... Soit vous avez les reins assez solides... vous pouvez le faire tout seul, soit vous décidez d'aller le faire avec un partenaire qui peut vous aider. C'est ce que nous, on a fait avec AstraZeneca d'un côté, puis avec MSD de l'autre. Donc, il y a une décision déjà là-dessus. Ensuite, il y a la partie, on va dire, très scientifique et clinique, c'est-à-dire l'efficacité de la drogue sur différents éléments très en amont, voire s'il y a une activité. qui fonctionne ou pas. Et puis ensuite, on rentre dans les logiques de phase 1, phase 2, avec un driver quand même très fort qui est scientifique. Est-ce que ça fonctionne ou est-ce que ça ne fonctionne pas ? Sur lequel on doit apporter, à un moment donné, des filtres de faisabilité. Et c'est là où moi, je rentre en jeu. C'est de dire, oui, OK, scientifiquement ou cliniquement, on voit qu'il y a une activité, mais globalement... le marché est déjà complètement saturé par exemple, donc ça va être dur d'apporter une valeur par rapport à ça ou la cible est tellement petite qu'en termes de coût de développement par rapport potentiellement à ce qu'on pourrait avoir comme vente, ça ne fonctionne pas et donc il y a plein de décisions qui rentrent en jeu sur la base d'une activité clinique par rapport à une faisabilité pour ensuite évoluer vers les phases 2, phase 3 et autres. C'est assez complexe.

  • Speaker #1

    Et c'est pas le bon moment de parler de ça parce que je vais te demander de parler d'un monde stable mais ça veut dire qu'il y a aussi regardez peut-être le marché final qu'il y aura dans tel et tel pays pour savoir comment ça va se passer et là le poids de chaque pays, comment vous le regardez parce que c'est vrai que souvent pour les autorités de santé c'est normal, on a un spectre français on a du mal à considérer qu'il y a d'autres pays voir euh considèrent que d'autres pays sont là pour payer ce qui se passe en Europe ?

  • Speaker #0

    C'est un peu ce qui se passe dans les faits, vu que les États-Unis représentent 50% des ventes et quasiment 60% des produits de spécialité pour 2 à 3% de la population. Donc il y a quelque chose qui aujourd'hui, et je pense que c'est une des raisons, même si c'est fait de manière un peu brutale, pour lesquels le président américain met de la pression sur l'industrie du médicament. Donc oui, je pense qu'on est à un moment extrêmement important où les business models des groupes pharmaceutiques vont évoluer. Ils vont évoluer et ils doivent évoluer. Ça veut dire qu'il faut certainement qu'on réfléchisse à d'autres façons d'évaluer les médicaments. Je parlais de l'innovation. Première chose, c'est qu'est-ce qu'une innovation ? Et puis deuxième chose, c'est quelle valeur on donne à l'innovation ? Et ça aujourd'hui aussi...

  • Speaker #1

    Pour la société, c'est-à-dire pas juste pour...

  • Speaker #0

    Voilà, c'est-à-dire globalement, si notre mission, elle est là d'améliorer la qualité de vie de manière générale de la société, il faut bien que notre innovation, elle permette cette amélioration de la qualité de vie. Aujourd'hui, on est toujours sur des éléments qui sont les mêmes d'évaluation depuis un certain temps, notamment en oncologie. Il y a certainement des choses à apporter, à travailler sur plus d'éléments beaucoup plus complets de qualité de vie, par exemple, d'amélioration de qualité de vie. Sur beaucoup plus d'éléments où on cible un peu plus les populations sur lesquelles on souhaite apporter nos innovations, pour que vraiment l'effet soit vraiment positif et pas noyé. Donc il y a des choses sur lesquelles il faudra absolument travailler. Pour espérer que cette industrie qui est, à mon point de vue aujourd'hui, l'industrie la plus essentielle, parce que c'est quand même elle qui apporte le plus de bienfaits aux citoyens, pas tellement d'autres, en tout cas je parle d'industrie, puisse continuer à avoir un business model qui rétribue le risque qui est pris. Alors est-ce qu'aujourd'hui le risque est fortement... Ça c'est des discussions... qu'on peut avoir, qui doivent être affinées. Mais globalement, c'est une industrie capitalistique avec une prise de risque qui est importante, plus que dans d'autres industries, et sur lesquelles il faut qu'il y ait un retour sur la prise de risque qui soit convenable pour que les gens continuent à investir dans cette industrie. Mais il va y avoir un rééquilibrage dans les années qui viennent. Et oui, est-ce que ça veut dire que... Il faut qu'il y ait d'autres sources de croissance que juste les Etats-Unis. Je pense que oui et je pense qu'en plus, c'est une bonne chose. Maintenant, c'est mon sentiment. Je ne sais pas comment ça va évoluer.

  • Speaker #1

    Du coup, en gros, ça veut dire que ce ne sont pas des pistes d'innovation forcément en santé, mais en gros, c'est des pistes de... Peut-être que tu peux te prononcer sur des pistes de... En fait, qu'est-ce qu'on ne valorise pas assez aujourd'hui ? Tu parlais de qualité de vie pour les patients. Tu parlais...

  • Speaker #0

    Moi, je crois que le sentiment que j'ai, c'est qu'aujourd'hui...

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on ne regarde pas, en fait ? Qu'est-ce qui est dans des angles morts qui fait qu'on est un peu à côté de la plaque ? au sens de tout le monde quand même.

  • Speaker #0

    J'ai le sentiment aujourd'hui qu'il y a une focalisation qui est extrêmement forte sur le prix, pas tellement sur la valeur. Et qu'il y a un shift à faire sur cette omnubilité, on est omnubilé par le prix et on ne travaille pas tellement sur la valeur. Peut-être qu'à une époque, ça a arrangé un peu tout le monde de ne pas travailler dessus. Mais moi, encore une fois, je pense qu'on a un moment donné où si nous, l'industrie... On est fiers de ce qu'on fait et on est confiants que ce qu'on fait apporte vraiment quelque chose. On n'a aucun intérêt à continuer à cesser de dicter la façon dont les choses doivent fonctionner par des autorités qui ont deux problématiques. Une première problématique, c'est que les budgets sont de plus en plus restreints et ça ne va pas aller en s'arrangeant. Ça, c'est une évidence. Et la deuxième, c'est qu'il y a encore ce vieux sentiment d'opposition. public-privé, malheureusement, qui fait que l'image de l'industrie est encore assez négative. Donc, je suis moi assez intimement persuadé, et en tout cas je le travaille avec mon équipe, qu'il faut qu'on travaille sur la valeur. Alors la valeur, c'est encore une fois sur les éléments dont je t'ai parlé, d'innovation. Maintenant, comment tu les valorises ? Alors, c'est certainement pas simple.

  • Speaker #1

    Non, mais sûrement, c'était plus simple de parler d'un prix facial. Voilà.

  • Speaker #0

    C'est certainement pas simple. Il y a certainement plusieurs critères à intégrer dedans. Bien entendu, de qualité de vie, d'impact sur la guérison, par exemple en oncologie, mais aussi de ce que ça crée en termes de dynamisme pour un pays et ainsi de suite. Mais je pense qu'en tout cas, il serait intéressant que l'industrie, que ce soit l'OLEM ou des laboratoires, aujourd'hui... passe du temps à travailler là-dessus. Parce que moi, je ne vois pas aujourd'hui quelle est la solution, à part de continuer à nous battre et nous battre et nous battre sans avoir les résultats qu'on souhaite avoir.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'en plus, il y a une notion d'être aussi, pas désunis, mais d'être des forces opposées, alors que finalement, on cherche quand même tous, que ce soit, tu dis le public, le privé, mais juste le simple citoyen. On cherche tous à être bien soignés. Si un truc est sûr, c'est d'avoir les meilleurs soins.

  • Speaker #0

    Oui, c'est pour ça que je pense que l'effort prioritaire et principal qu'on doit tous faire, et notamment nous l'industrie, c'est de nous mettre à la place du citoyen.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il a envie de cette innovation ou pas ?

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il a envie de cette innovation et est-ce qu'il est prêt à financer cette innovation ? qu'il y a un investissement.

  • Speaker #1

    Pas payer forcément de sa part.

  • Speaker #0

    J'aime pas le coup de, non, c'est un investissement. Est-ce qu'il est prêt à investir là-dessus ? Et pourquoi ? Et il faut qu'on se mette...

  • Speaker #1

    C'est une démarche hyper responsable que tu demandes à un citoyen de se dire, en fait, il est normal qu'il y ait un certain domaine où on investisse. C'est une démarche qui est un peu...

  • Speaker #0

    Alors, pour le coup, mon sujet n'est pas tellement de demander aux citoyens de décider, mais c'est de nous mettre à la place du citoyen. C'est-à-dire que moi, industrie, j'ai des objectifs financiers qui sont évidents. Notre mission, elle est d'améliorer la qualité de vie dans un cadre financier pérenne. Oui,

  • Speaker #1

    oui, en fait, tu vas chercher autre chose si...

  • Speaker #0

    Les autorités de santé, leur objectif aujourd'hui... C'est de faire en sorte que le budget n'explose pas, n'explose pas, n'explose pas. Et donc, on est sur deux logiques qui sont opposées. Mais il y a un moment donné où, en tout cas, nous mettre déjà l'un à la place de l'autre, ou en tout cas, nous mettre à la place du citoyen et dire, oui, là-dessus, c'est clair qu'il y a une innovation parce qu'elle répond aux critères dont j'ai parlé, au moins un des trois, et que ça se valorise de cette façon, ça pourrait être intéressant.

  • Speaker #1

    D'accord. Merci. J'ai envie de te faire parler de choses un peu plus peut-être concrètes dans ton métier tous les jours aujourd'hui. Donc, tu as repris une filiale qui existait, mais qu'il a fallu complètement transformer. En gros, qu'est-ce que tu t'es dit ? Tu avais envie de quoi ? Tu avais envie de faire quoi ?

  • Speaker #0

    J'ai eu beaucoup de chance parce que oui, j'ai repris la filiale d'H600 Kirofrance en 2019. il y avait euh un peu moins de 20 que le laboratoire, on avait encore un portefeuille de cardio mais surtout pour des pays à l'export, donc ils devaient quand même maintenir un minimum d'activité là-dessus, donc aujourd'hui on est un peu plus de 90, ce qui est absolument hyper intéressant et remarquable, et moi c'était le challenge. de reconstruire une filiale avec une équipe en place et une équipe que j'allais construire, avec les idées et les envies qui étaient les miennes et que le Dajisankyo me laissait développer, plutôt d'un mindset start-up, avec beaucoup d'intelligence collective, avec beaucoup de responsabilisation, avec beaucoup de décentralisation de la décision, avec beaucoup de... de travail sur soi. Parce qu'encore une fois, je pense que ça commence à être parfaitement compris et su. Un employé heureux est un employé engagé et globalement votre mission sera réalisée, en tout cas vos objectifs, votre ambition. Donc moi, tout mon travail, en plus de définir une vision et un plan, c'est de recruter des gens qui sont dans ce mindset, de construire des équipes qui ont envie de travailler ensemble. Et puis de m'assurer pendant toute l'année que globalement, ils continuent à être épanouis pour faire ce qu'on fait.

  • Speaker #1

    De quoi tu es le plus fier aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Alors, je suis très fier de l'engagement naturel qu'ils ont tous pour nos piliers de RSE, que ce soit l'écologie, l'enfance et le handicap. D'accord. Oui, je... bien entendu, fière des réalisations qu'on a faites dans notre secteur qu'elle note. Mais globalement, quand je vois l'engagement qu'elle leurre pour ces causes dont je considère qu'elles font partie aussi de...

  • Speaker #1

    C'est toi qui les avais insufflées ? Ça faisait partie de vos piliers ? C'est venu comment ?

  • Speaker #0

    Pour le coup, c'est vraiment partie d'intelligence collective et de décision. On est parti avec les employés qu'on avait à l'époque, c'était en 2020 ou 2021, donc on était déjà un petit peu plus. Et on s'est dit voilà, on est conscient que l'entreprise a un rôle social, pas qu'un rôle économique, qu'il faut assumer et qui est important. Quels seraient les piliers sur lesquels on voudrait nous participer, avoir un apport positif ? Et il y a eu des discussions et puis on est arrivé sur ces trois piliers. sur lesquels on s'investit. Et on s'investit tous, et tout le monde donne de son temps. Et les gens viennent aussi, parce que ça existe. Alors moi, je ne suis pas le roi de la communication, et je ne communique pas des tonnes dessus. Mais globalement, c'est quelque chose qu'on met en place au quotidien.

  • Speaker #1

    Tu crois que ça va avoir un lien sur cette histoire de valeur pour ce qu'on apporte aux citoyens ?

  • Speaker #0

    Moi, de toute façon, j'ai le sentiment que tout est lié. D'une manière générale, tout est lié. Et la santé, il y a beaucoup de choses d'autres que la santé, que juste les médicaments. L'écologie et la santé, c'est quand même quelque chose d'extrêmement...

  • Speaker #1

    L'enfance et la santé, c'est pas mal.

  • Speaker #0

    L'enfance et la santé, le handicap aussi, et puis le lien qu'on crée les uns les autres. Et le lien qu'on a avec les autres est souvent signe de bonne santé. Et donc c'est quelque chose qui est pour nous et pour moi très important, ce lien. Et oui, je te redis ce que j'ai dit, je pense que des gens épanouis et fiers de travailler pour l'entreprise, ils seront, quoi qu'on dise, motivés et engagés, et que naturellement les objectifs et les ambitions qu'on a seront réalisés. C'est dans ce sens-là que ça marche et pas dans l'autre.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu as appris sur toi-même dans ce processus ?

  • Speaker #0

    Voilà. J'ai appris beaucoup de choses sur moi-même ces derniers temps,

  • Speaker #1

    mais pas que sur ce processus,

  • Speaker #0

    sur d'autres.

  • Speaker #1

    C'est facile de parler des autres.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai un profil. Alors, je ne sais pas si tu connais l'Enneagram, mais j'ai un profil Enneagram qui est 8. 8, c'est ce qu'on pourrait appeler un leader. Et qui aime bien quand même décider et qui peut par moments être à l'aise dans la solitude de la décision. Je pense que je devais être assez comme ça un peu plus jeune. Et que là, pour le coup, je n'ai pas dit que c'était naturel, mais globalement, c'est quelque chose, l'intelligence collective, j'en suis persuadé. Il y a un livre que je recommande à tout le monde, qui est « Reinventing Organizations » de Frédéric Lalou, qui explique un peu tous ces éléments-là. Et c'est vraiment un livre qui m'a conduit dans ma réflexion et avec mon comité de direction. Et donc, je pense que j'ai appris, avant j'écoutais, mais je n'avais pas une écoute active très forte quand même. J'étais assez persuadé de mes... de ce qu'il fallait faire, et un peu têtu. Et je pense que ces dernières années, je me suis efforcé à avoir une vraie écoute active, ce qui a été important. Je me suis efforcé à ce qu'on prenne des décisions qui n'étaient pas ouéterment les miennes. Et dans certains cas, ça s'est avéré comme étant très positif. Dans d'autres cas, ça s'est avéré comme quelque chose de toute façon sur la base de laquelle on allait apprendre. Donc, globalement... C'était plutôt bien. Et je pense que j'étais très peu dans la vulnérabilité, j'étais très peu dans l'acceptation de certaines fragilités, et que quand on commence à sourire un petit peu avec les gens avec lesquels on travaille, et que donc les gens autour de nous font la même chose, c'est beaucoup plus... facile de comprendre ce qui se passe, de comprendre ce qui leur arrive, et de créer un environnement qui est exigeant, mais harmonieux, qui permet à chacun d'être comme il est, de s'exprimer s'il a envie d'exprimer, avec bien entendu l'obligation de la bienveillance, parce que c'est pas... Voilà. Après, on s'est cassé la gueule quelques fois. On a été trop vite sur certains sujets. On est revenu en arrière. Il y a tout un temps de préparation qui est nécessaire par rapport à ça. J'ai une tendance à être assez impatient. Donc là aussi, j'apprends. Mais je pense que je suis plus humain aujourd'hui que je l'étais avant.

  • Speaker #1

    C'est la place d'un petit... C'est lié à quoi ? C'est lié au fait de reconstruire la place d'un petit groupe ? C'est lié aux gens ?

  • Speaker #0

    C'est ma vie.

  • Speaker #1

    C'est l'âge ?

  • Speaker #0

    Non mais bien entendu, bien entendu que l'âge, et heureusement,

  • Speaker #1

    Au moins ça sert à quelque chose.

  • Speaker #0

    nous apporte aussi ça, l'expérience, et puis c'est ma vie d'une manière générale, c'est mon chemin de vie, qui fait que je suis arrivé à un moment où... Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais est-ce qu'on pourrait appeler le masculinisme de mon époque où on ne pleure pas, où on ne montre pas ? Bon, ça commence à... Ce n'est pas exactement ce qu'on est. Donc, à mon âge, si je ne commence pas à être qui je suis, c'est quand même un peu couillon. Autant ne pas avoir peur.

  • Speaker #1

    Oui, mais après, ce qui est hyper intéressant, c'est que... Bon, c'est peut-être le hasard, mais ça tombe aussi dans des moments de société où, justement, en fait, il vaut mieux ne pas avoir peur. La transition est un peu... Mais c'est vrai. Il vaut mieux pas avoir peur de qui on est parce qu'en fait, il y a d'autres choses qui font... Je suis assez d'accord. Qui peuvent faire plus peur.

  • Speaker #0

    Je suis assez d'accord. Moi qui aime beaucoup, beaucoup la politique, la chose politique, donc la vie de la cité et l'organisation de la vie de la cité, j'avoue que ces temps-ci, je regarde beaucoup moins les informations que je le faisais à une époque. Mais j'apprends à réguler l'anxiété de ce qui se passe autour de moi avec ce que j'ai à faire.

  • Speaker #1

    C'est aussi ton rôle de leader, là où tu donnes le meilleur ?

  • Speaker #0

    Oui, mon rôle de leader, je pense que d'une manière générale, on est tous là pour apporter quelque chose à la société. Et mon rôle de leader, oui, il est dans certains cas de protégé aussi. Et puis, dans certains cas, d'ouvrir les yeux quand c'est nécessaire. Mais dans la vie, c'est pareil. Moi, je ne suis qu'un, de toute façon. Je ne suis pas tellement différent. On n'a qu'une vie. Je suis le même Benoît quand je suis en entreprise que je suis en dehors de l'entreprise.

  • Speaker #1

    C'est vrai que tu as un profil d'activité parce que tu es quand même assez complexe. Et en même temps, ce que je trouve hyper agréable, c'est que du coup, ça montre que tu es sensible à tout. complexité aussi de ce secteur et aux différentes facettes qu'il peut avoir pour justement les adresser, mais aussi après comment tu fais pour justement... Je dois garder cet impact, garder cette simplicité dans ton leadership. Je ne sais pas si ça te parle, ce que je te raconte.

  • Speaker #0

    Non, mais si. Après, je pense que je suis complexe parce que le monde autour de moi est complexe et que j'ai besoin de le comprendre pour pouvoir m'épanouir et faire ce que j'ai à faire. Même si j'essaie de simplifier le monde dans lequel on est, et notamment celui aujourd'hui de la santé d'une manière générale et de l'industrie qui est la mienne, qui était complexe et qui est de plus en plus complexe et qui va être de plus en plus complexe. Voilà, je crois qu'une peut-être de mes qualités, c'est justement la capacité à simplifier les choses et en tout cas à les exprimer à mes équipes d'une manière authentique, mais pas pessimiste. Parce qu'il y a bien entendu des choses qui sont compliquées, il y a des choses qui sont... C'est sûr que la politique de Donald Trump aujourd'hui, en tout cas les menaces qu'il fait, mais je pense qu'il y a des opportunités dans chaque menace. Je pense qu'il y a une opportunité pour l'Europe quand les États-Unis arrêtent d'investir en sciences. Et donc, moi, ce que j'essaye de faire, c'est de me dire, tiens... Ce qu'on voit comme étant une difficulté, quelle opportunité ça peut créer ? Je ne veux pas nier la difficulté, mais ça m'intéresse d'ouvrir sur l'opportunité. Et voilà, je pense que c'est une façon de penser qui est en ce temps-ci assez nécessaire.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est vrai que je l'entends beaucoup. J'entends beaucoup que justement dans une phase très instable, un peu de chaos, en fait, ça veut dire que les équilibres changent beaucoup. autant d'opportunités à prendre et d'occasions à saisir qu'on n'avait pas l'habitude avant dans un monde plus établi. Oui,

  • Speaker #0

    tout à fait.

  • Speaker #1

    Ce que j'entends aussi, c'est le besoin de décider vite parce qu'en fait, on ne sait pas. Il faut quand même que ça avance. Là, on parle de la France, un pays qui est plutôt stable, mais c'est vrai qu'il y a des zones où ils ont l'habitude de vivre l'instabilité. Et en fait, on décide quand même, on fait quand même, on avance quand même. et justement c'est aussi cette habitude de ne pas prendre de décision attendre à ne pas prendre de décision et peut-être qu'on s'en compte que ce n'est pas un chemin viable

  • Speaker #0

    où on doit le combattre ce qui est plus compliqué c'est qu'avant on était quand même une industrie où la décision on avait le temps de la décision C'est des temps longs, l'industrie pharmaceutique.

  • Speaker #1

    Dix ans.

  • Speaker #0

    Et là, en fait, c'est une industrie qui s'accélère sur beaucoup de sujets, mais qui pourtant reste quand même une industrie de temps long. Lourde,

  • Speaker #1

    oui.

  • Speaker #0

    Donc, il y a une complexité, une autre, qui vient s'ajouter. Je suis assez intimement persuadé qu'on en ressortira quelque chose là aussi de positif. Qu'on arrivera à... à faire évoluer nos modes de décision, qu'on arrive à faire évoluer nos modes d'investissement.

  • Speaker #1

    C'est dû à quoi ? Tu peux nous donner un peu, expliquer ? C'est dû à quoi, en fait, cette accélération ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est dû... Il y a différents sujets. Il y a tous les éléments géopolitiques dont on a parlé, qui fait que tout d'un coup, on ne peut plus... Ne pas faire de plan B, C ou D par rapport à cette instabilité.

  • Speaker #1

    Sachant que ce sera le E.

  • Speaker #0

    Voilà, qui est super importante. On peut parler des États-Unis et de la Chine, qui sont quand même deux moteurs aujourd'hui de l'industrie. Un qui veut tout arrêter, qui veut couper les prix, puis qui investit beaucoup moins en sciences. Et l'autre qui veut prendre une hégémonie importante avec l'Europe au milieu, qui se bataille un peu sur des choses. Bon, il serait peut-être temps qu'on prenne le leadership sur d'autres choses. Donc la dimension géopolitique est importante. La dimension de l'intelligence artificielle va venir aussi, notamment dans tout ce qui est les phases de recherche et développement révolutionnées.

  • Speaker #1

    Ça donne du temps, j'ai envie de dire. Ça accélère, mais ça donne du temps aussi.

  • Speaker #0

    Ça va accélérer. Ça va certainement augmenter le nombre de concurrents, le nombre de personnes qui vont assister dans cette industrie. Donc, votre capacité à être le plus rapidement possible sur le marché va être un élément qui va être primordial dans la définition de votre business model. Donc ça, c'est un élément qui est aussi extrêmement important. Et puis, encore une fois, les crises budgétaires vont nécessiter à ce qu'on soit beaucoup plus agile, beaucoup plus réactif, et je pense même surtout beaucoup plus proactif, parce qu'aujourd'hui, on est surtout très réactif. Et voilà, ce sont des éléments qui... vont nous imposer un travail fort sur redéfinir un business model qui doit continuer à récompenser la prise de risque, mais plus de la même manière.

  • Speaker #1

    Ok, en tout cas, ça va être fascinant. Ça va être génial.

  • Speaker #0

    Ça peut l'être, c'est sûr.

  • Speaker #1

    C'est quoi qui ferait que ça ne le soit pas ?

  • Speaker #0

    Qu'on ne veuille pas y aller.

  • Speaker #1

    Qu'on ait peur d'y aller ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Mais il y aura des pays qui y vont.

  • Speaker #0

    Alors là, je parle plus des laboratoires, des entreprises.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a un business...

  • Speaker #1

    Qui ne veulent pas jouer le jeu de changer leur...

  • Speaker #0

    C'est toujours pareil. Vous l'avez vu dans plein de secteurs.

  • Speaker #1

    Qui renoncent à l'Europe, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est... Aujourd'hui, il y a des piliers de la définition de notre business model qui a fait la richesse de cette industrie et donc de l'innovation pour la société pendant... X années qui sont en train de basculer. Soit on reste en se disant « Non, il ne faut pas que ça s'arrête, il faut que ça reste comme ça. » Et je crains que ça ne marchera pas. Soit on arrive à anticiper, quitte à ce que de toute façon, choisir, c'est renoncer. Quitte à renoncer à certaines choses pour continuer à être florissant sur une autre façon de voir notre industrie. Et je pense que ça fonctionnera.

  • Speaker #1

    Tu n'as pas des modèles en tête de gens qui le font déjà ?

  • Speaker #0

    Dans l'industrie pharmaceutique ? Alors je ne suis pas assez peut-être aujourd'hui au courant ou vraiment dans les arcanes des grands laboratoires pour savoir qui déjà a cet travail. J'imagine que tous. En fait, je pense que tout le monde le voit. Ce qui est plus dur, c'est de prendre la décision. Et je pense que c'est un peu comme tout. Le premier qui prendra la décision...

  • Speaker #1

    On aura gagné ou on aura perdu ? Ah !

  • Speaker #0

    C'est toujours le sujet ! Ça me rappelle les époques où on avait des tonnes de réseaux de visites médicales. Et puis dès qu'il y en a un qui en mettait un, puis il en mettait un autre, et puis tout le monde se rendait compte que c'était ridicule et que ça détruisait la relation de valeur avec, en plus, le prescripteur. Mais chacun disait, si moi j'en en ai 20, je vais perdre par deux voies. Donc il y avait cette...

  • Speaker #1

    Du coup, ça sera un nouveau labo qui va le faire ?

  • Speaker #0

    Non, je ne crois pas. Je pense qu'il y a des dirigeants qui sont assez visionnaires et assez courageux.

  • Speaker #1

    Ils ne vous posent pas de questions ? Pardon ? Ils ne posent pas de questions ? Qui ? Les laboratoires, même dans ton laboratoire, ils ne posent pas de questions ?

  • Speaker #0

    Ah si, si, si, nous on travaille...

  • Speaker #1

    Oui, c'est à quel moment on va décider quoi ?

  • Speaker #0

    Voilà, c'est...

  • Speaker #1

    Oui, mais ce qui me... Enfin, je ne sais pas comment le dire poliment, mais... En fait, une idée, ça vaut rien tant qu'elle n'a pas été au moins exécutée. Et quand elle sera exécutée, l'exécution sera complètement différente. Donc après, on peut jouer le temps, on peut attendre, mais ça reste à inventer. C'est comme, il y aura peut-être plusieurs modèles, en fait.

  • Speaker #0

    Je suis même persuadé qu'il y aura plusieurs modèles. Ça, c'est certain. Parce que là,

  • Speaker #1

    on parle d'une pharma, mais peut-être qu'il y aura plusieurs pharmas, plusieurs modèles qui vont se décider.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Tu auras des...

  • Speaker #1

    Tu n'en sais rien, mais...

  • Speaker #0

    Tu auras des modèles très spécialisés. Est-ce que tu auras encore des grands groupes qui font tout de early development jusqu'à génération ? Est-ce que ça va être... Il y a plein de choses. Est-ce que les différents équilibres financiers vont évoluer ? Comme je te disais, est-ce que les... Les médicaments qu'on va mettre sur le marché ne vont pas de plus en plus être sur une cible restreinte sur laquelle tu auras un apport spécifique. Et donc, ça veut dire qu'une logique de financement différente que ce qu'on voit aujourd'hui. Il y a plein de choses qui vont évoluer. Mon sentiment, c'est qu'il faut qu'on soit davantage proactif dans dessiner cet horizon. qu'attentifs parce qu'il y en a d'autres qui n'attendent pas. Je parle de l'industrie en général. Je pense que les gouvernements et autres, de toute façon, ils ont une telle pression de tous les côtés qu'il faut qu'on soit force de proposition. Oui,

  • Speaker #1

    oui. J'aimerais te faire parler un peu de tes engagements en dehors du secteur, parce que du coup, je ne sais pas, c'est peut-être lié. Quand tu as décidé qu'il y avait un pilier lié à la RSE dans... Dans votre stratégie d'entreprise, que toi aussi tu t'intéresses beaucoup à ce qui se passe à côté, comment tu regardes les choses, comment tu te nourris, qu'est-ce qui t'intéresse pour, je ne sais pas, si c'est t'équilibrer ou te nourrir.

  • Speaker #0

    Tu parlais de politique ? Non, mais je pense que j'ai eu la chance, petit, d'être ouvert à la curiosité très jeune, parce qu'on a pas mal déménagé avec mes parents et mes sœurs, parce que j'ai vécu au Maroc, par exemple, qui automatiquement vient bousculer ta culture, la façon dont tu vois la vie, automatiquement ça vient mettre... dans la façon de voir les choses, quelque chose de non définitif, et que tout est possible et tout doit être regardé. Donc moi, toute mon enfance, ça a été ça. Puis pour le coup, j'avais un père et des grands-parents qui avaient des parcours assez atypiques, et qui assez vite m'ont ouvert sur autre chose que mon petit moi. D'ailleurs, il a fallu que je retourne plus tard, parce que je n'avais pas assez regardé, mais c'était parce que c'était intéressant aussi de passer un peu de temps sur soi. Ça peut être plutôt intéressant. Et puis, voilà, encore une fois, j'en suis intimement persuadé. Je suis d'abord un citoyen. Je suis d'abord un citoyen avant d'être directeur général d'Aji Sanctio. Ce dont je suis extrêmement heureux et qui prend beaucoup de mon temps. Je suis d'abord un citoyen. Je suis d'abord un habitant de ce monde.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu dis à tes enfants, alors ? Pardon ? Qu'est-ce que tu dis à tes enfants sur le monde d'aujourd'hui ? C'est « soyez curieux » .

  • Speaker #0

    Alors, je ne leur dis pas tout ce que je pense. parce qu'il y a quand même des choses qui m'inquiètent, notamment l'écologie et le climat. Surtout, je ne vois pas de prise de conscience collective pour faire évoluer drastiquement ce qui, je pense, doit évoluer parce qu'on est en période de canicule intense. C'est la preuve même qu'aujourd'hui, ça ne fonctionne plus. Ce qui m'intéresse chez mes enfants, Pour mes enfants, en tout cas, c'est un de leurs curiosités. Et il y a une chose qui a drivé beaucoup mes dix dernières années de vie. Ce n'est pas les dernières, les dix dernières que j'ai passées. Je préfère préciser.

  • Speaker #1

    Je précise. On a dit on reste positif.

  • Speaker #0

    C'est que je trouve qu'on était dans une culture du jugement vachement forte. En France, notamment, on est très fort pour juger. Et moi, j'étais vachement là-dessus. Je pouvais être très très dur. Et il y a une phrase de... Je ne suis pas du tout érudit là-dessus, mais il y a une phrase de Spinoza que j'aime beaucoup qui dit « Ne pas se lamenter, ne pas se moquer, ne pas juger, mais comprendre. » Et le jour où j'ai compris ça, j'étais beaucoup plus heureux. Je jugeais beaucoup moins les gens, je sais comprendre pourquoi... Voilà. Et c'est ce que j'essaye d'inculquer à mes enfants. De ne pas juger un fait, de ne pas juger juste une personne, d'essayer de comprendre pourquoi le fait est survenu, pourquoi cette personne est comme ça. Et ça, je pense que ça aide à vivre un peu plus sereinement, de se dire que... Globalement, les choses ne sont pas arrivées parce que cette personne est ou parce que, mais c'est parce que malheureusement, il y a un parcours qui a fait que... Donc ça, j'essaie de leur apprendre pas mal, ouais.

  • Speaker #1

    Ouais, ok. Et ça se voit aussi dans la politique. On se dit, en fait, il faut essayer de comprendre...

  • Speaker #0

    Ouais, la politique, c'est un monde qui est très dur, pour le coup, dans lequel... Je ne vais pas participer dans des parties, mais dans des associations ou des groupes de réflexion. Oui, d'engagement. C'est un monde où il y a beaucoup d'égo. Et l'égo est rarement bon conseiller. Et on le voit à fond aujourd'hui. Donc là aussi, je pense qu'il y a quelque chose qui va complètement exploser et qui va... On va retravailler le...

  • Speaker #1

    Ah bon, les gens n'auront plus d'égo ? On a un scoop ?

  • Speaker #0

    Non, t'as raison, c'est pas pour tout de suite. C'est pas pour tout de suite. On a encore du travail là-dessus, mais on se rend compte que la démocratie est réellement en danger, et qu'il va falloir là aussi réinventer notre rapport à l'autre et à la démocratie.

  • Speaker #1

    Et du coup, je sais pas, t'as des choses à nous raconter de cet engagement associatif ou citoyen ? Qu'est-ce que ça t'apporte ? Qu'est-ce qui te plaît, peut-être ? Si tu dépasses le côté de l'ego ?

  • Speaker #0

    Non, non, c'est ce que je disais tout à l'heure. Je disais que je pense qu'on a tous individuellement quelque chose à apporter à la société. Je suis assez intimement persuadé que la théorie du colibri... Développé par Pierre Rabhi qui dit que, bah oui vous savez, il y a cet incendie dans la forêt amazonienne et il y a un petit colibri qui avec son bec va chercher de l'eau et puis le met dans la forêt. Et puis il y a les autres animaux qui disent mais qu'est-ce que tu fous, t'es complètement con. Et il dit bah non parce que si moi je fais ma part et si chacun faisait sa part, bah peut-être qu'on y arriverait quoi. Donc ça j'en suis intimement persuadé. Après il faut être très humble avec la part qu'on peut faire. Moi, j'ai mes engagements associatifs, personnels, au sein d'H.I.S.S.A.N.K.I.O. J'ai mes engagements politiques qui sont plus aujourd'hui, on va dire, sur les idées. Et puis, mon engagement quotidien, c'est mes enfants et les gens autour de moi. Je pense qu'on est tous aussi le catalyseur de réflexions, de questionnements. sur les comportements des gens qu'on aime autour de nous. Donc si déjà on avait cette... Ce serait super positif.

  • Speaker #1

    Pour terminer, je vais te poser une question peut-être facile. Le matin, qu'est-ce qui te fait te lever avec enthousiasme, du coup ?

  • Speaker #0

    Le matin, qu'est-ce qui me fait me lever avec enthousiasme ? C'est un peu ce que je te dis, c'est-à-dire que... Avec beaucoup de prétention, je pense que moi aussi, je dois apporter quelque chose à cette société.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, et que j'ai envie de le faire. Je n'ai pas envie de baisser les bras. Ça, c'est sûr. Et il y a une chose qui me permet à chaque fois de me lever positivement. C'est un petit journal qui s'appelle The 5-Minute Journal, qui en gros, dès que tu te lèves, tu remercies la vie pour trois choses. Tu réfléchis à trois choses positives qui vont t'arriver dans la journée et une chose te concernant sur ce que tu veux, toi, réaliser. Et se mettre, et ça tu fais ça le matin et puis tu fais ça le soir, se mettre dans cette dynamique positive dès le matin, je le recommande volontiers, surtout dans une époque, je vais reprendre ton mot de complexe, d'extrêmement complexe et qui peut être un petit peu angoissante. Oui,

  • Speaker #1

    ok, de se recentrer aussi sur des choses positives sur lesquelles on a envie de... de continuer aussi à avoir un impact.

  • Speaker #0

    Sur du positif.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Benoît, pour cette discussion, je crois, très libre. En tout cas, qui nous amène à réfléchir, à se sentir concerné, déjà, par une époque, même si elle est complexe. On en est aussi peut-être aussi responsable.

  • Speaker #0

    Complètement.

  • Speaker #1

    Donc, c'est... Apprendre à apprécier ce qui... Ce qui nous plaît, à le défendre, peut-être aussi.

  • Speaker #0

    Merci. Merci, Nathalie.

  • Speaker #1

    N'hésitez pas à dire ce que vous en avez pensé à Benoît, ou est-ce que les gens peuvent t'écrire pour te dire ce qu'ils en ont pensé ?

  • Speaker #0

    Sur LinkedIn, sans aucun problème. Et puis, après, sur mon mail. Avec plaisir, même pour en discuter.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Benoît. À bientôt.

  • Speaker #0

    Merci, Nathalie.

  • Speaker #1

    Un grand merci à vous d'avoir écouté jusqu'au bout cet épisode et merci d'être toujours plus nombreux à suivre PharmaMinds. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous pour ne pas louper la sortie des prochains épisodes. Rendez-vous sur les réseaux sociaux. A très bientôt !

Chapters

  • Un parcours atypique dans l’industrie pharmaceutique

    00:00

  • Son rapport à la légitimité et à la curiosité

    05:10

  • Daiichi Sankyo et les aprioris des entreprises japonaises

    09:55

  • Les nouvelles techniques de production qui révolutionnent la recherche

    14:10

  • Dans les coulisses des décisions stratégiques d’un labo

    18:12

  • Les enjeux mondiaux qui redéfinissent le modèle économique de la pharma

    21:28

  • Le vrai sujet : passer du prix à la valeur

    27:20

  • Transformer une filiale en une aventure collective

    29:27

  • Apprendre à être vulnérable et faire confiance à l’intelligence collective

    34:14

  • Simplifier dans une industrie ultra-complexe

    39:24

  • Décider VITE dans un monde instable (et qui s’accélère)

    41:56

  • Comment il s’engage au-delà de l’entreprise

    49:05

  • LA raison qui fait lever Benoît chaque matin

    55:56

Description

« L’innovation, ce n’est pas forcément une rupture technologique. C’est tout ce qui permet de prévenir, guérir, ou améliorer la qualité de vie. »


Benoît Escoffier est directeur général de Daiichi Sankyo France. Ancien diplômé d’école de commerce, il évolue depuis plus de 20 ans dans un univers pharmaceutique qu’il a appris à appréhender avec curiosité, humilité et engagement.


Son parcours l’a mené en Afrique, en Amérique latine et aux US dans l’ombre d’un CEO, pour diriger aujourd’hui une filiale française qu’il a profondément transformée, tout en contribuant à la réflexion stratégique globale du groupe.


Dans cet épisode, j’ai eu envie d’utiliser ce regard précis pour ouvrir une discussion sans filtre avec un dirigeant à la lucidité contagieuse, capable de parler d’innovation comme de leadership, de transformation business comme de lien humain.

Avec Benoît, on explore les fondations d’un nouveau modèle pharmaceutique, pensé pour et avec la société.


Au programme de notre échange :

◾️ Les dessous d’un engagement fort pour l’innovation en oncologie, notamment autour des anticorps conjugués (ADC) développés par Daiichi Sankyo.

◾️ Une définition nuancée de l’innovation, recentrée sur l’impact réel pour le patient et le citoyen.

◾️ Une vision critique du modèle économique actuel, trop focalisé sur le prix, pas assez sur la valeur.

◾️ L’appel à repenser l’évaluation du médicament, en intégrant qualité de vie, prévention, et bénéfice collectif.

◾️ Les défis liés à l’accélération de l’industrie (IA, géopolitique, instabilité budgétaire) et l’urgence de faire évoluer les modes de décision.

◾️ L’importance du lien entre RSE, santé et performance, avec des piliers choisis collectivement : écologie, enfance, handicap.

◾️ Un regard citoyen engagé, ancré dans la responsabilité individuelle, la transmission, et la volonté d’agir à son échelle.


Un concentré de vision et d’expérience qui s’autorise à rêver d’un futur radieux pour la pharma.

Bonne écoute !


Merci à notre partenaire Daiichi Sankyo pour son soutien dans cet épisode, qui nous permet d’ouvrir le dialogue autour de l’innovation et des enjeux de santé. La ligne éditoriale et la sélection des invités restent entre nos mains.


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Pour retrouver Benoît Escoffier : 

LinkedIn : https://www.linkedin.com/in/benoit-escoffier-62b57813/?originalSubdomain=fr

Daiichi Sankyo France https://www.daiichi-sankyo.fr/


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Ressources mentionnées dans l’épisode :

📌 Livre : Reinventing Organizations de Frédéric Laloux


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Transcription

  • Speaker #0

    À la fin, elle m'a dit, en fait, pour nous, c'est très difficile de ne pas prendre des pharmaciens, de prendre des gens qui ne sont que école de commerce. Ce à quoi je me souviens qu'un de mes CEOs, Jean-Pierre Garnier, à l'époque, parce que dans l'industrie, on était très sur cette logique qu'il ne faut absolument pas prendre que des pharmaciens, avait dit, vous pensez que les gens qui vendent des voitures ne prennent que des garagistes. Donc en fait, c'est des compétences qui sont différentes. J'ai cherché du sens, j'ai compris qu'il y avait un domaine dans lequel j'allais devoir travailler plus. La curiosité, ça vient assez vite et petit à petit, on commence à aimer ça. Les business models des groupes pharmaceutiques vont évoluer. Ils vont évoluer et ils doivent évoluer. Ça veut dire qu'il faut certainement qu'on réfléchisse à d'autres façons d'évaluer les médicaments. Le premier qui prendra la décision...

  • Speaker #1

    Cet épisode a été enregistré avec le soutien de Daichi Sankyo. Bonjour à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode de PharmaMinds. Aujourd'hui, j'ai la chance d'être avec... Benoît Escoffier. Bonjour Benoît.

  • Speaker #0

    Bonjour Nathalie.

  • Speaker #1

    Benoît, c'est le patron de Daichi Sankyo en France et je suis ravie de pouvoir l'accueillir aujourd'hui parce que j'ai l'impression que c'est un profil atypique qui va nous parler de sciences d'innovation, de leadership et voilà comment on fait pour appréhender ces sujets qui sont hyper complexes, hyper transverses et on réussit à avoir quand même de l'impact. Avec peut-être simplicité, être capable de se faire comprendre avec simplicité. En tout cas, moi, je suis hyper heureuse de pouvoir avoir cette discussion. Je pense qu'on va avoir un regard un peu différent. Quelqu'un qui a parcouru le monde et qui peut nous apporter aussi un regard un peu différent sur la mission de la pharma aujourd'hui. Je suis hyper contente.

  • Speaker #0

    Moi aussi.

  • Speaker #1

    J'espère. Pour commencer, j'aimerais qu'on parle de cette différence qui t'a construite. Est-ce que tu as un parcours atypique, mais aussi un parcours d'école de commerce ? N'ayons pas peur des mots. Est-ce que c'est possible de travailler dans... D'avoir une formation d'école de commerce, pure business, et de travailler dans un domaine où c'est la pointe de l'innovation, la pointe de la science. C'est un premier paradoxe sur le papier, non ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est un premier paradoxe. Ça me rappelle, j'ai commencé à travailler à Londres et je m'occupais des pays d'Afrique anglophone. chez Glaxo à l'époque, Smithstein-Bilcham. Et j'avais en charge les vaccins et les antibiotiques. J'ai passé six mois au Kenya à faire des vaccinations contre l'hépatite B, public, c'était fantastique. Et je suis rentré, je voulais aller sur le terrain et rentrer en France. Et je voyais que ça bloquait. Je voyais que les DH français avaient du mal à... Et je ne comprenais pas trop pourquoi, vu que j'étais très bien noté à Londres et que le groupe voulait me développer. Et je sentais qu'il y avait un blocage, jusqu'au jour où la DRH est venue tourner avec moi sur le terrain. Donc j'y suis allé. Et à la fin, elle m'a dit « En fait, pour nous, c'est très difficile de ne pas prendre des pharmaciens, de prendre des gens qui ne sont qu'écoles de commerce. » Ce à quoi je me souviens qu'un de mes CEOs, Jean-Pierre Garnier, à l'époque, parce que dans l'industrie, on était très sur cette logique d'il ne faut prendre absolument que des pharmaciens, avait dit vous pouvez vous pensez que les gens qui vendent des voitures ne prennent que des garagistes. Donc en fait, c'est des compétences qui sont différentes, c'est des compétences qui sont nécessaires. Alors des pharmaciens peuvent, bien entendu, et c'est souvent le cas, très bien gérer une entreprise, très bien gérer des hommes. Mais globalement, moi, mon rôle, c'est pas d'être un expert en sciences. J'essaye d'arriver au niveau qui est le mien. C'est surtout d'être supporté autour de moi avec des gens pour qui vraiment c'est l'expert nécessaire. Moi, mon rôle, c'est d'être un chef d'orchestre. en tout cas aujourd'hui. Donc c'est surtout là-dessus, globalement, que je me suis construit et sur lequel je me développe aujourd'hui. Alors après, je pense qu'il faut par nature quand même avoir une curiosité, vu que vous êtes dans un domaine scientifique qui n'est pas la base de votre formation et que donc vous devez travailler un peu plus que d'autres pour comprendre exactement les mécanismes d'action et tous les éléments qu'il y a autour. Mais globalement, c'est juste un petit peu plus de charge de travail et un petit peu de curiosité pour intégrer. Et de l'humilité aussi, de ne pas vouloir aller trop en profondeur, parce que ce n'est pas mon rôle. Il y a des gens autour de moi qui le font beaucoup mieux. Et puis parce que c'est une industrie... qui dès le début, et c'est peut-être aussi parce que j'ai commencé en Afrique, m'a apporté un sens dont j'avais besoin dans mon quotidien.

  • Speaker #1

    Du coup, la curiosité t'a fait rentrer dans la partition, dans les notes, et t'as jamais eu peur de rentrer dans le détail, mais t'as jamais eu ce complexe ? Tu sais, en général, c'est quand on est mauvais sur un truc, ou de base pas favorisé sur un truc. Non mais on travaille beaucoup plus et du coup on a toujours ce complexe de vouloir en faire plus. Je ne dis pas ça pour toi.

  • Speaker #0

    Non mais oui, il peut y avoir le sentiment d'illégitimité.

  • Speaker #1

    Ou pas,

  • Speaker #0

    j'en sais rien. Non, non, tu as raison.

  • Speaker #1

    Puis après il y a la France et d'autres pays.

  • Speaker #0

    Oui, oui, encore. En Angleterre, ça ne posait aucun problème. Pour eux, il n'y avait aucun sujet. La France était très... très organisé, très structuré par rapport à des profils relativement types. Donc ça a changé aujourd'hui parce que ce qui est intéressant et ce qui est important et ce qui fait aussi succès de l'entreprise, c'est la diversité des profils. Et donc ça, la France met à raison. Mais de toute façon, je pense que j'aurais pas été meilleur en voiture. D'ailleurs, j'ai fait un stage chez Peugeot. Voilà, j'aurais peut-être que l'énergie, au moment où j'ai commencé à travailler, l'énergie était si importante. Ça aurait peut-être été un autre domaine qui m'aurait apporté du sens, dans lequel j'aurais aimé m'épanouir. Mais globalement, je ne suis pas un expert dans n'importe quel domaine.

  • Speaker #1

    Oui, tu as juste cherché du sens globalement. J'ai cherché du sens,

  • Speaker #0

    j'ai compris qu'il y avait un domaine dans lequel j'allais devoir travailler plus, parce que j'étais plus intéressé en tant qu'étudiant sur la philo et les maths en terminale, et ensuite sur l'école de commerce que sur les sciences en soi. Mais quand on a des bons formateurs qu'on a envie d'apprendre, la curiosité, ça vient assez vite. Et puis petit à petit, en fait, moi, j'ai travaillé dans beaucoup de domaines thérapeutiques. Donc je me suis formé dans beaucoup de domaines thérapeutiques. Et petit à petit, déjà, on a une curiosité assez positive et on commence à aimer ça. Et puis en plus, on a une mécanique ensuite qui se met en place, ce qui fait que c'est de plus en plus facile. Je dois admettre que l'oncologie est très compliquée. Mes premiers pas en oncologie, ça a ramé pas mal.

  • Speaker #1

    surtout ce que tu es en train de faire on en parlait un peu plus tard mais ça tape sur des choses quand même très expertes donc en fait tu es arrivé à force mais je te challenge parce que bon déjà je comprends que quasi les idées préconçues que je peux avoir elles existaient et je les ai encore aujourd'hui et elles existaient déjà il y a quelques années mais euh... Mais je pense qu'il y a aussi un espèce de, je ne sais pas, sens de l'éthique, je me lance, qui fait qu'on développe au sein de cette industrie aussi, que quand on est professionnel de santé, c'est sûr, on l'a naturellement de base. Et toi, c'est des choses qui t'ont paru naturelles, ou je ne sais pas, où tu joues un peu à la fin. Enfin, tu joues, mais tu... Tu travailles avec ça aussi ? Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire. Mais en fait, ce que je veux dire, c'est qu'un commercial standard dans n'importe quelle autre industrie n'est pas la même chose qu'un commercial dans la pharma, même s'il y a une performance à voir, ou non.

  • Speaker #0

    On va dire d'une manière générale, je pense que tu as raison. C'est-à-dire, d'une manière générale, la rigidité de la pharma... qui pourrait être quelque chose qui n'attire pas tellement, et compensée par le sens que cette industrie apporte, ou en tout cas ce qu'elle délivre et ce qu'elle apporte à la société. Donc je pense que les gens talonteux qui vont dans l'industrie pharmaceutique, il y a une grande partie qui est sur cet engagement sociétal.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Il y a plein d'autres industries où il y a des gens qui ont une éthique aussi chevillée au corps et qui le vivent très bien. Et comme en pharma, il y en a qui l'ont moins. Mais d'une manière générale, je pense qu'être attiré par la santé, par le bien-être et par toutes les choses sur lesquelles l'industrie investit depuis X années, montre quand même que ce sens nous intéresse.

  • Speaker #1

    Ok. Merci déjà pour cette... cette petite nuance, parce qu'on a des auditeurs qui ne connaissent pas la pharma du tout. Et c'est aussi une manière de expliquer qu'il y a non seulement une grosse diversité, variété dans ce secteur. Et toi, quand t'es arrivé chez Daishi, sans Kyo, c'est quoi qui t'a... fasciné parce que quand tu es arrivé tu venais d'une grosse machine.

  • Speaker #0

    Oui j'ai bossé pendant plus de 20 ans dans des gros laboratoires anglo-saxons et français. J'ai eu beaucoup de chance, j'ai toujours réussi à me développer là où j'ai envie de me développer avec mon profil atypique. En fait mon profil atypique c'est que j'aime bien aller là où les choses sont pas faites et là où il y a tout à construire. Donc je pense que c'est là où je je suis plutôt bon et que quand les choses sont installées... Quand les grosses machines sont en place, il y a des gens qui sont meilleurs que moi pour faire ça. Et j'étais arrivé, je pense, au bout de mon histoire avec le dernier gros laboratoire avec lequel j'ai travaillé. En plus, il y a une dimension politique très forte qui, à l'âge que j'avais, ça ne correspondait pas exactement à ce que j'étais et à ce que je voulais. Et j'ai été contacté par Daichi Sankyo, ne connaissant pas bien cette entreprise à ce moment-là. Et pour le coup... Premièrement, j'ai été... Japonaise. Japonaise. Entreprise japonaise. Il peut y avoir aussi des a priori par rapport aux entreprises japonaises sur un contrôle très fort de Tokyo sur les filiales, ce qui n'est pas le cas, en tout cas, moi, chez Daichi. J'ai une liberté qui est relativement importante. Et puis, c'est vrai que je suis directement allé voir le portefeuille. Parce que c'est ça, le plaisir de l'industrie pharmaceutique, c'est d'avoir un portefeuille où on apporte des innovations. C'est vraiment quelque chose qui change totalement notre quotidien. Et c'est vrai que Daichi Sankyo, quand je suis arrivé, avait et a toujours un portefeuille en oncologie extrêmement prometteur. Donc ça, c'est très important. Et la deuxième notion, c'est la notion plus culturelle. Les gens que j'ai rencontrés, j'ai beaucoup aimé le temps et le ton qu'on a pu avoir lors de nos échanges. Quelque chose d'assez direct. assez humain, avec une vision, certes court terme contre tout le monde, mais avec un engagement qui est sur le long terme, qui est assez appréciable, et une faible nécessité de micro-management, qui est pour moi une des vraies problématiques des gros laboratoires anglo-saxons, français, européens ou autres, où le niveau de micro-management est juste destructeur de valeur. Et donc, ces différents éléments, même si à l'époque, quand je suis parti, on n'avait pas encore de produit, rien, et qu'il y avait tout à construire, donc ce que j'aime, j'y suis allé avec plaisir et je ne regrette absolument pas.

  • Speaker #1

    C'était quelque chose de, en gros, de l'innovation de rupture ? En oncologie, c'était quoi ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, c'était une deuxième vague d'innovation. D'accord. C'est les anticorps conjugués monoclonaux qui existaient depuis un certain temps, notamment dans le cancer du sein, et qui avaient démontré une efficacité extrêmement positive. Et là, en fait, les chercheurs japonais, parce qu'une des particularités de Daichi Sankyo, c'est qu'ils ont vraiment une recherche in-house qui est très forte. Les chercheurs japonais qui sont en fait très forts en technologie, plus qu'en chimie ou en biologie. On a réussi à développer un élément qui est assez important dans les ADC, qui est le linker, celui qui relie l'anticorps monoclonal à la chimiothérapie, qui est un élément de stabilité. On a réussi à développer une deuxième génération de cet élément-là, qui a fait qu'on a réussi à développer et à proposer aux professionnels de santé et aux patients des produits encore plus efficaces. que ceux qui étaient mis sur le marché. Et on est dans cette dynamique, aujourd'hui très focalisée sur ces molécules qu'on appelle des ADC. Mais à l'avenir, on a aussi une recherche et développement sur d'autres techniques de production qui, je l'espère, et j'en suis certain, sera...

  • Speaker #1

    Tu nous expliques un peu ? Tu nous racontes ces histoires de techniques de production ? Qu'est-ce que ça révolutionne dans le champ ? Et toi, en gros, pourquoi tu prends ces...

  • Speaker #0

    Ces combats ?

  • Speaker #1

    C'est pour les patients, ok. Non,

  • Speaker #0

    non, mais en fait, ce que j'aimerais répondre à cette question, c'est qu'est-ce qu'une révolution ? Je pense que l'intérêt qu'on a dans l'industrie pharmaceutique, c'est d'apporter des innovations. Et d'ailleurs... Je ne sais pas si on a tous la même définition de ce qu'est une innovation. On parle beaucoup d'innovation, on parle beaucoup de valeur d'innovation.

  • Speaker #1

    Il y a de la rupture, il y a de l'incrémental.

  • Speaker #0

    Mais on ne sait pas, au bout du compte. Je suis assez intimement persuadé que que ce soit les membres de l'industrie, enfin ceux qui travaillent dans le sclifarma ou même les autorités de santé, ils devraient toujours se mettre à la place du citoyen, du patient et du citoyen, parce qu'on est tous en premier.

  • Speaker #1

    Oui, c'est comme ça qu'on décide.

  • Speaker #0

    Avant d'être un citoyen, avant d'être... Pour décider de ce qu'il faut faire. Pour moi, enfin pour moi et pour mon équipe, parce qu'on a travaillé dessus, une innovation aujourd'hui, elle peut être caractérisée par trois choses. Soit elle prévient la maladie, globalement, vaccin ou d'autres choses, soit elle guérit, soit elle permet de vivre plus longtemps dans des meilleures conditions. C'est les trois éléments qui pourraient déterminer l'innovation. Donc tu pourrais avoir un produit qui techniquement n'est pas révolutionnaire, c'est-à-dire qui n'a pas une façon d'être produite qui est absolument nouvelle. mais qui répond à un de ces trois critères d'innovation et qui donc va améliorer la vie des patients et ainsi de suite. Donc moi, c'est plus ça qui m'intéresse. C'est de me dire, et ce qui m'intéresse, c'est dans le portefeuille en recherche et développement de Daichi Sankyo, quelles sont les molécules qui potentiellement apporteront des innovations. Et c'est sur la base de cette discussion. que j'ai eue avec des gens qui s'y connaissaient à l'époque beaucoup mieux que moi en oncologie et qui m'ont dit oui, il y a quelque chose de très prometteur en innovation dans ce laboratoire, donc vas-y fonce, et donc c'est ce que j'ai fait.

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui du coup tu t'occupes de la filiale France, mais tu as aussi un rôle au niveau global pour t'occuper des portfolios à venir ?

  • Speaker #0

    Alors j'étais très intéressé pour avoir une expérience en R&D. Parce que globalement, on n'est pas grand-chose, nous, les structures opérationnelles, sans les personnes de la recherche qui trouvent les molécules et qui nous les apportent. Et je voulais vraiment comprendre comment ça fonctionnait. Et donc, on a un futur produit qui est un ADC aussi, mais qui cible un autre récepteur qu'on appelle le MUC1, sur lequel il va se coller et qui est présent dans beaucoup de cancers. Il y a des groupes qui sont très en amont des lancements, qui travaillent sur ces molécules. C'est du early development, early stage, dans lesquels j'ai demandé à travailler. Je travaille sur ce qu'on appelle Global Commercial Lead, dans ce groupe-là, pour cette molécule, qui est une molécule qui est assez prometteuse. Ça m'a permis, moi perso, d'apprendre beaucoup sur tous les stades de développement, de recherche et de développement. aussi sur les modes de décision qui sont utilisés à ce moment-là. Et puis, je pense que moi, mon expérience qui est plus opérationnelle, qui est plus sur les éléments de vente, finance et les probabilités d'eux, a aussi contribué à nous aider à faire des choix. Ce qui n'est pas toujours facile quand on est aussi loin dans le développement. Oui.

  • Speaker #1

    Et tu veux nous parler de ça, peut-être ? En gros, juste la casquette de comment un labo réfléchit quand il est 5 ans avant le lancement, qu'est-ce qu'il regarde ? Parce qu'après, il y a peut-être des gens qui sont d'administration et qui écoutent et qui se disent « moi je vais avoir à valider ça ou pas » . Est-ce que c'est pris en compte ? Sur quels critères ? Comment vous les anticipez ? Sachant que toi tu as ton œil peut-être un peu affûté sur la France, mais tu ne traites pas que pour la France.

  • Speaker #0

    Non, non, puis j'ai tout. Je travaille sur beaucoup de zones. Mais alors, je pense que ce serait d'ailleurs intéressant, ce serait intéressant d'ailleurs peut-être que les autorités puissent, ou qu'il puisse y avoir des échanges avec les autorités en amont, uniquement des phases 3, qui sont en gros les phases qui permettent d'enregistrer. Alors, il peut y avoir des exceptions, quoi que ce soit. Mais il pourrait y avoir des discussions en amont, notamment sur les designs de protocoles. Globalement, les autorités, sur la partie très en amont aujourd'hui...

  • Speaker #1

    Oui, elles ne sont pas là.

  • Speaker #0

    Non, elles n'ont pas le temps, c'est sûr. Mais les modes de décision... D'abord, il y a un mode de décision capitalistique, c'est-à-dire que c'est des énormes investissements. Et donc, il peut y avoir... Soit vous avez les reins assez solides... vous pouvez le faire tout seul, soit vous décidez d'aller le faire avec un partenaire qui peut vous aider. C'est ce que nous, on a fait avec AstraZeneca d'un côté, puis avec MSD de l'autre. Donc, il y a une décision déjà là-dessus. Ensuite, il y a la partie, on va dire, très scientifique et clinique, c'est-à-dire l'efficacité de la drogue sur différents éléments très en amont, voire s'il y a une activité. qui fonctionne ou pas. Et puis ensuite, on rentre dans les logiques de phase 1, phase 2, avec un driver quand même très fort qui est scientifique. Est-ce que ça fonctionne ou est-ce que ça ne fonctionne pas ? Sur lequel on doit apporter, à un moment donné, des filtres de faisabilité. Et c'est là où moi, je rentre en jeu. C'est de dire, oui, OK, scientifiquement ou cliniquement, on voit qu'il y a une activité, mais globalement... le marché est déjà complètement saturé par exemple, donc ça va être dur d'apporter une valeur par rapport à ça ou la cible est tellement petite qu'en termes de coût de développement par rapport potentiellement à ce qu'on pourrait avoir comme vente, ça ne fonctionne pas et donc il y a plein de décisions qui rentrent en jeu sur la base d'une activité clinique par rapport à une faisabilité pour ensuite évoluer vers les phases 2, phase 3 et autres. C'est assez complexe.

  • Speaker #1

    Et c'est pas le bon moment de parler de ça parce que je vais te demander de parler d'un monde stable mais ça veut dire qu'il y a aussi regardez peut-être le marché final qu'il y aura dans tel et tel pays pour savoir comment ça va se passer et là le poids de chaque pays, comment vous le regardez parce que c'est vrai que souvent pour les autorités de santé c'est normal, on a un spectre français on a du mal à considérer qu'il y a d'autres pays voir euh considèrent que d'autres pays sont là pour payer ce qui se passe en Europe ?

  • Speaker #0

    C'est un peu ce qui se passe dans les faits, vu que les États-Unis représentent 50% des ventes et quasiment 60% des produits de spécialité pour 2 à 3% de la population. Donc il y a quelque chose qui aujourd'hui, et je pense que c'est une des raisons, même si c'est fait de manière un peu brutale, pour lesquels le président américain met de la pression sur l'industrie du médicament. Donc oui, je pense qu'on est à un moment extrêmement important où les business models des groupes pharmaceutiques vont évoluer. Ils vont évoluer et ils doivent évoluer. Ça veut dire qu'il faut certainement qu'on réfléchisse à d'autres façons d'évaluer les médicaments. Je parlais de l'innovation. Première chose, c'est qu'est-ce qu'une innovation ? Et puis deuxième chose, c'est quelle valeur on donne à l'innovation ? Et ça aujourd'hui aussi...

  • Speaker #1

    Pour la société, c'est-à-dire pas juste pour...

  • Speaker #0

    Voilà, c'est-à-dire globalement, si notre mission, elle est là d'améliorer la qualité de vie de manière générale de la société, il faut bien que notre innovation, elle permette cette amélioration de la qualité de vie. Aujourd'hui, on est toujours sur des éléments qui sont les mêmes d'évaluation depuis un certain temps, notamment en oncologie. Il y a certainement des choses à apporter, à travailler sur plus d'éléments beaucoup plus complets de qualité de vie, par exemple, d'amélioration de qualité de vie. Sur beaucoup plus d'éléments où on cible un peu plus les populations sur lesquelles on souhaite apporter nos innovations, pour que vraiment l'effet soit vraiment positif et pas noyé. Donc il y a des choses sur lesquelles il faudra absolument travailler. Pour espérer que cette industrie qui est, à mon point de vue aujourd'hui, l'industrie la plus essentielle, parce que c'est quand même elle qui apporte le plus de bienfaits aux citoyens, pas tellement d'autres, en tout cas je parle d'industrie, puisse continuer à avoir un business model qui rétribue le risque qui est pris. Alors est-ce qu'aujourd'hui le risque est fortement... Ça c'est des discussions... qu'on peut avoir, qui doivent être affinées. Mais globalement, c'est une industrie capitalistique avec une prise de risque qui est importante, plus que dans d'autres industries, et sur lesquelles il faut qu'il y ait un retour sur la prise de risque qui soit convenable pour que les gens continuent à investir dans cette industrie. Mais il va y avoir un rééquilibrage dans les années qui viennent. Et oui, est-ce que ça veut dire que... Il faut qu'il y ait d'autres sources de croissance que juste les Etats-Unis. Je pense que oui et je pense qu'en plus, c'est une bonne chose. Maintenant, c'est mon sentiment. Je ne sais pas comment ça va évoluer.

  • Speaker #1

    Du coup, en gros, ça veut dire que ce ne sont pas des pistes d'innovation forcément en santé, mais en gros, c'est des pistes de... Peut-être que tu peux te prononcer sur des pistes de... En fait, qu'est-ce qu'on ne valorise pas assez aujourd'hui ? Tu parlais de qualité de vie pour les patients. Tu parlais...

  • Speaker #0

    Moi, je crois que le sentiment que j'ai, c'est qu'aujourd'hui...

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on ne regarde pas, en fait ? Qu'est-ce qui est dans des angles morts qui fait qu'on est un peu à côté de la plaque ? au sens de tout le monde quand même.

  • Speaker #0

    J'ai le sentiment aujourd'hui qu'il y a une focalisation qui est extrêmement forte sur le prix, pas tellement sur la valeur. Et qu'il y a un shift à faire sur cette omnubilité, on est omnubilé par le prix et on ne travaille pas tellement sur la valeur. Peut-être qu'à une époque, ça a arrangé un peu tout le monde de ne pas travailler dessus. Mais moi, encore une fois, je pense qu'on a un moment donné où si nous, l'industrie... On est fiers de ce qu'on fait et on est confiants que ce qu'on fait apporte vraiment quelque chose. On n'a aucun intérêt à continuer à cesser de dicter la façon dont les choses doivent fonctionner par des autorités qui ont deux problématiques. Une première problématique, c'est que les budgets sont de plus en plus restreints et ça ne va pas aller en s'arrangeant. Ça, c'est une évidence. Et la deuxième, c'est qu'il y a encore ce vieux sentiment d'opposition. public-privé, malheureusement, qui fait que l'image de l'industrie est encore assez négative. Donc, je suis moi assez intimement persuadé, et en tout cas je le travaille avec mon équipe, qu'il faut qu'on travaille sur la valeur. Alors la valeur, c'est encore une fois sur les éléments dont je t'ai parlé, d'innovation. Maintenant, comment tu les valorises ? Alors, c'est certainement pas simple.

  • Speaker #1

    Non, mais sûrement, c'était plus simple de parler d'un prix facial. Voilà.

  • Speaker #0

    C'est certainement pas simple. Il y a certainement plusieurs critères à intégrer dedans. Bien entendu, de qualité de vie, d'impact sur la guérison, par exemple en oncologie, mais aussi de ce que ça crée en termes de dynamisme pour un pays et ainsi de suite. Mais je pense qu'en tout cas, il serait intéressant que l'industrie, que ce soit l'OLEM ou des laboratoires, aujourd'hui... passe du temps à travailler là-dessus. Parce que moi, je ne vois pas aujourd'hui quelle est la solution, à part de continuer à nous battre et nous battre et nous battre sans avoir les résultats qu'on souhaite avoir.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'en plus, il y a une notion d'être aussi, pas désunis, mais d'être des forces opposées, alors que finalement, on cherche quand même tous, que ce soit, tu dis le public, le privé, mais juste le simple citoyen. On cherche tous à être bien soignés. Si un truc est sûr, c'est d'avoir les meilleurs soins.

  • Speaker #0

    Oui, c'est pour ça que je pense que l'effort prioritaire et principal qu'on doit tous faire, et notamment nous l'industrie, c'est de nous mettre à la place du citoyen.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il a envie de cette innovation ou pas ?

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il a envie de cette innovation et est-ce qu'il est prêt à financer cette innovation ? qu'il y a un investissement.

  • Speaker #1

    Pas payer forcément de sa part.

  • Speaker #0

    J'aime pas le coup de, non, c'est un investissement. Est-ce qu'il est prêt à investir là-dessus ? Et pourquoi ? Et il faut qu'on se mette...

  • Speaker #1

    C'est une démarche hyper responsable que tu demandes à un citoyen de se dire, en fait, il est normal qu'il y ait un certain domaine où on investisse. C'est une démarche qui est un peu...

  • Speaker #0

    Alors, pour le coup, mon sujet n'est pas tellement de demander aux citoyens de décider, mais c'est de nous mettre à la place du citoyen. C'est-à-dire que moi, industrie, j'ai des objectifs financiers qui sont évidents. Notre mission, elle est d'améliorer la qualité de vie dans un cadre financier pérenne. Oui,

  • Speaker #1

    oui, en fait, tu vas chercher autre chose si...

  • Speaker #0

    Les autorités de santé, leur objectif aujourd'hui... C'est de faire en sorte que le budget n'explose pas, n'explose pas, n'explose pas. Et donc, on est sur deux logiques qui sont opposées. Mais il y a un moment donné où, en tout cas, nous mettre déjà l'un à la place de l'autre, ou en tout cas, nous mettre à la place du citoyen et dire, oui, là-dessus, c'est clair qu'il y a une innovation parce qu'elle répond aux critères dont j'ai parlé, au moins un des trois, et que ça se valorise de cette façon, ça pourrait être intéressant.

  • Speaker #1

    D'accord. Merci. J'ai envie de te faire parler de choses un peu plus peut-être concrètes dans ton métier tous les jours aujourd'hui. Donc, tu as repris une filiale qui existait, mais qu'il a fallu complètement transformer. En gros, qu'est-ce que tu t'es dit ? Tu avais envie de quoi ? Tu avais envie de faire quoi ?

  • Speaker #0

    J'ai eu beaucoup de chance parce que oui, j'ai repris la filiale d'H600 Kirofrance en 2019. il y avait euh un peu moins de 20 que le laboratoire, on avait encore un portefeuille de cardio mais surtout pour des pays à l'export, donc ils devaient quand même maintenir un minimum d'activité là-dessus, donc aujourd'hui on est un peu plus de 90, ce qui est absolument hyper intéressant et remarquable, et moi c'était le challenge. de reconstruire une filiale avec une équipe en place et une équipe que j'allais construire, avec les idées et les envies qui étaient les miennes et que le Dajisankyo me laissait développer, plutôt d'un mindset start-up, avec beaucoup d'intelligence collective, avec beaucoup de responsabilisation, avec beaucoup de décentralisation de la décision, avec beaucoup de... de travail sur soi. Parce qu'encore une fois, je pense que ça commence à être parfaitement compris et su. Un employé heureux est un employé engagé et globalement votre mission sera réalisée, en tout cas vos objectifs, votre ambition. Donc moi, tout mon travail, en plus de définir une vision et un plan, c'est de recruter des gens qui sont dans ce mindset, de construire des équipes qui ont envie de travailler ensemble. Et puis de m'assurer pendant toute l'année que globalement, ils continuent à être épanouis pour faire ce qu'on fait.

  • Speaker #1

    De quoi tu es le plus fier aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Alors, je suis très fier de l'engagement naturel qu'ils ont tous pour nos piliers de RSE, que ce soit l'écologie, l'enfance et le handicap. D'accord. Oui, je... bien entendu, fière des réalisations qu'on a faites dans notre secteur qu'elle note. Mais globalement, quand je vois l'engagement qu'elle leurre pour ces causes dont je considère qu'elles font partie aussi de...

  • Speaker #1

    C'est toi qui les avais insufflées ? Ça faisait partie de vos piliers ? C'est venu comment ?

  • Speaker #0

    Pour le coup, c'est vraiment partie d'intelligence collective et de décision. On est parti avec les employés qu'on avait à l'époque, c'était en 2020 ou 2021, donc on était déjà un petit peu plus. Et on s'est dit voilà, on est conscient que l'entreprise a un rôle social, pas qu'un rôle économique, qu'il faut assumer et qui est important. Quels seraient les piliers sur lesquels on voudrait nous participer, avoir un apport positif ? Et il y a eu des discussions et puis on est arrivé sur ces trois piliers. sur lesquels on s'investit. Et on s'investit tous, et tout le monde donne de son temps. Et les gens viennent aussi, parce que ça existe. Alors moi, je ne suis pas le roi de la communication, et je ne communique pas des tonnes dessus. Mais globalement, c'est quelque chose qu'on met en place au quotidien.

  • Speaker #1

    Tu crois que ça va avoir un lien sur cette histoire de valeur pour ce qu'on apporte aux citoyens ?

  • Speaker #0

    Moi, de toute façon, j'ai le sentiment que tout est lié. D'une manière générale, tout est lié. Et la santé, il y a beaucoup de choses d'autres que la santé, que juste les médicaments. L'écologie et la santé, c'est quand même quelque chose d'extrêmement...

  • Speaker #1

    L'enfance et la santé, c'est pas mal.

  • Speaker #0

    L'enfance et la santé, le handicap aussi, et puis le lien qu'on crée les uns les autres. Et le lien qu'on a avec les autres est souvent signe de bonne santé. Et donc c'est quelque chose qui est pour nous et pour moi très important, ce lien. Et oui, je te redis ce que j'ai dit, je pense que des gens épanouis et fiers de travailler pour l'entreprise, ils seront, quoi qu'on dise, motivés et engagés, et que naturellement les objectifs et les ambitions qu'on a seront réalisés. C'est dans ce sens-là que ça marche et pas dans l'autre.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu as appris sur toi-même dans ce processus ?

  • Speaker #0

    Voilà. J'ai appris beaucoup de choses sur moi-même ces derniers temps,

  • Speaker #1

    mais pas que sur ce processus,

  • Speaker #0

    sur d'autres.

  • Speaker #1

    C'est facile de parler des autres.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai un profil. Alors, je ne sais pas si tu connais l'Enneagram, mais j'ai un profil Enneagram qui est 8. 8, c'est ce qu'on pourrait appeler un leader. Et qui aime bien quand même décider et qui peut par moments être à l'aise dans la solitude de la décision. Je pense que je devais être assez comme ça un peu plus jeune. Et que là, pour le coup, je n'ai pas dit que c'était naturel, mais globalement, c'est quelque chose, l'intelligence collective, j'en suis persuadé. Il y a un livre que je recommande à tout le monde, qui est « Reinventing Organizations » de Frédéric Lalou, qui explique un peu tous ces éléments-là. Et c'est vraiment un livre qui m'a conduit dans ma réflexion et avec mon comité de direction. Et donc, je pense que j'ai appris, avant j'écoutais, mais je n'avais pas une écoute active très forte quand même. J'étais assez persuadé de mes... de ce qu'il fallait faire, et un peu têtu. Et je pense que ces dernières années, je me suis efforcé à avoir une vraie écoute active, ce qui a été important. Je me suis efforcé à ce qu'on prenne des décisions qui n'étaient pas ouéterment les miennes. Et dans certains cas, ça s'est avéré comme étant très positif. Dans d'autres cas, ça s'est avéré comme quelque chose de toute façon sur la base de laquelle on allait apprendre. Donc, globalement... C'était plutôt bien. Et je pense que j'étais très peu dans la vulnérabilité, j'étais très peu dans l'acceptation de certaines fragilités, et que quand on commence à sourire un petit peu avec les gens avec lesquels on travaille, et que donc les gens autour de nous font la même chose, c'est beaucoup plus... facile de comprendre ce qui se passe, de comprendre ce qui leur arrive, et de créer un environnement qui est exigeant, mais harmonieux, qui permet à chacun d'être comme il est, de s'exprimer s'il a envie d'exprimer, avec bien entendu l'obligation de la bienveillance, parce que c'est pas... Voilà. Après, on s'est cassé la gueule quelques fois. On a été trop vite sur certains sujets. On est revenu en arrière. Il y a tout un temps de préparation qui est nécessaire par rapport à ça. J'ai une tendance à être assez impatient. Donc là aussi, j'apprends. Mais je pense que je suis plus humain aujourd'hui que je l'étais avant.

  • Speaker #1

    C'est la place d'un petit... C'est lié à quoi ? C'est lié au fait de reconstruire la place d'un petit groupe ? C'est lié aux gens ?

  • Speaker #0

    C'est ma vie.

  • Speaker #1

    C'est l'âge ?

  • Speaker #0

    Non mais bien entendu, bien entendu que l'âge, et heureusement,

  • Speaker #1

    Au moins ça sert à quelque chose.

  • Speaker #0

    nous apporte aussi ça, l'expérience, et puis c'est ma vie d'une manière générale, c'est mon chemin de vie, qui fait que je suis arrivé à un moment où... Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais est-ce qu'on pourrait appeler le masculinisme de mon époque où on ne pleure pas, où on ne montre pas ? Bon, ça commence à... Ce n'est pas exactement ce qu'on est. Donc, à mon âge, si je ne commence pas à être qui je suis, c'est quand même un peu couillon. Autant ne pas avoir peur.

  • Speaker #1

    Oui, mais après, ce qui est hyper intéressant, c'est que... Bon, c'est peut-être le hasard, mais ça tombe aussi dans des moments de société où, justement, en fait, il vaut mieux ne pas avoir peur. La transition est un peu... Mais c'est vrai. Il vaut mieux pas avoir peur de qui on est parce qu'en fait, il y a d'autres choses qui font... Je suis assez d'accord. Qui peuvent faire plus peur.

  • Speaker #0

    Je suis assez d'accord. Moi qui aime beaucoup, beaucoup la politique, la chose politique, donc la vie de la cité et l'organisation de la vie de la cité, j'avoue que ces temps-ci, je regarde beaucoup moins les informations que je le faisais à une époque. Mais j'apprends à réguler l'anxiété de ce qui se passe autour de moi avec ce que j'ai à faire.

  • Speaker #1

    C'est aussi ton rôle de leader, là où tu donnes le meilleur ?

  • Speaker #0

    Oui, mon rôle de leader, je pense que d'une manière générale, on est tous là pour apporter quelque chose à la société. Et mon rôle de leader, oui, il est dans certains cas de protégé aussi. Et puis, dans certains cas, d'ouvrir les yeux quand c'est nécessaire. Mais dans la vie, c'est pareil. Moi, je ne suis qu'un, de toute façon. Je ne suis pas tellement différent. On n'a qu'une vie. Je suis le même Benoît quand je suis en entreprise que je suis en dehors de l'entreprise.

  • Speaker #1

    C'est vrai que tu as un profil d'activité parce que tu es quand même assez complexe. Et en même temps, ce que je trouve hyper agréable, c'est que du coup, ça montre que tu es sensible à tout. complexité aussi de ce secteur et aux différentes facettes qu'il peut avoir pour justement les adresser, mais aussi après comment tu fais pour justement... Je dois garder cet impact, garder cette simplicité dans ton leadership. Je ne sais pas si ça te parle, ce que je te raconte.

  • Speaker #0

    Non, mais si. Après, je pense que je suis complexe parce que le monde autour de moi est complexe et que j'ai besoin de le comprendre pour pouvoir m'épanouir et faire ce que j'ai à faire. Même si j'essaie de simplifier le monde dans lequel on est, et notamment celui aujourd'hui de la santé d'une manière générale et de l'industrie qui est la mienne, qui était complexe et qui est de plus en plus complexe et qui va être de plus en plus complexe. Voilà, je crois qu'une peut-être de mes qualités, c'est justement la capacité à simplifier les choses et en tout cas à les exprimer à mes équipes d'une manière authentique, mais pas pessimiste. Parce qu'il y a bien entendu des choses qui sont compliquées, il y a des choses qui sont... C'est sûr que la politique de Donald Trump aujourd'hui, en tout cas les menaces qu'il fait, mais je pense qu'il y a des opportunités dans chaque menace. Je pense qu'il y a une opportunité pour l'Europe quand les États-Unis arrêtent d'investir en sciences. Et donc, moi, ce que j'essaye de faire, c'est de me dire, tiens... Ce qu'on voit comme étant une difficulté, quelle opportunité ça peut créer ? Je ne veux pas nier la difficulté, mais ça m'intéresse d'ouvrir sur l'opportunité. Et voilà, je pense que c'est une façon de penser qui est en ce temps-ci assez nécessaire.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est vrai que je l'entends beaucoup. J'entends beaucoup que justement dans une phase très instable, un peu de chaos, en fait, ça veut dire que les équilibres changent beaucoup. autant d'opportunités à prendre et d'occasions à saisir qu'on n'avait pas l'habitude avant dans un monde plus établi. Oui,

  • Speaker #0

    tout à fait.

  • Speaker #1

    Ce que j'entends aussi, c'est le besoin de décider vite parce qu'en fait, on ne sait pas. Il faut quand même que ça avance. Là, on parle de la France, un pays qui est plutôt stable, mais c'est vrai qu'il y a des zones où ils ont l'habitude de vivre l'instabilité. Et en fait, on décide quand même, on fait quand même, on avance quand même. et justement c'est aussi cette habitude de ne pas prendre de décision attendre à ne pas prendre de décision et peut-être qu'on s'en compte que ce n'est pas un chemin viable

  • Speaker #0

    où on doit le combattre ce qui est plus compliqué c'est qu'avant on était quand même une industrie où la décision on avait le temps de la décision C'est des temps longs, l'industrie pharmaceutique.

  • Speaker #1

    Dix ans.

  • Speaker #0

    Et là, en fait, c'est une industrie qui s'accélère sur beaucoup de sujets, mais qui pourtant reste quand même une industrie de temps long. Lourde,

  • Speaker #1

    oui.

  • Speaker #0

    Donc, il y a une complexité, une autre, qui vient s'ajouter. Je suis assez intimement persuadé qu'on en ressortira quelque chose là aussi de positif. Qu'on arrivera à... à faire évoluer nos modes de décision, qu'on arrive à faire évoluer nos modes d'investissement.

  • Speaker #1

    C'est dû à quoi ? Tu peux nous donner un peu, expliquer ? C'est dû à quoi, en fait, cette accélération ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est dû... Il y a différents sujets. Il y a tous les éléments géopolitiques dont on a parlé, qui fait que tout d'un coup, on ne peut plus... Ne pas faire de plan B, C ou D par rapport à cette instabilité.

  • Speaker #1

    Sachant que ce sera le E.

  • Speaker #0

    Voilà, qui est super importante. On peut parler des États-Unis et de la Chine, qui sont quand même deux moteurs aujourd'hui de l'industrie. Un qui veut tout arrêter, qui veut couper les prix, puis qui investit beaucoup moins en sciences. Et l'autre qui veut prendre une hégémonie importante avec l'Europe au milieu, qui se bataille un peu sur des choses. Bon, il serait peut-être temps qu'on prenne le leadership sur d'autres choses. Donc la dimension géopolitique est importante. La dimension de l'intelligence artificielle va venir aussi, notamment dans tout ce qui est les phases de recherche et développement révolutionnées.

  • Speaker #1

    Ça donne du temps, j'ai envie de dire. Ça accélère, mais ça donne du temps aussi.

  • Speaker #0

    Ça va accélérer. Ça va certainement augmenter le nombre de concurrents, le nombre de personnes qui vont assister dans cette industrie. Donc, votre capacité à être le plus rapidement possible sur le marché va être un élément qui va être primordial dans la définition de votre business model. Donc ça, c'est un élément qui est aussi extrêmement important. Et puis, encore une fois, les crises budgétaires vont nécessiter à ce qu'on soit beaucoup plus agile, beaucoup plus réactif, et je pense même surtout beaucoup plus proactif, parce qu'aujourd'hui, on est surtout très réactif. Et voilà, ce sont des éléments qui... vont nous imposer un travail fort sur redéfinir un business model qui doit continuer à récompenser la prise de risque, mais plus de la même manière.

  • Speaker #1

    Ok, en tout cas, ça va être fascinant. Ça va être génial.

  • Speaker #0

    Ça peut l'être, c'est sûr.

  • Speaker #1

    C'est quoi qui ferait que ça ne le soit pas ?

  • Speaker #0

    Qu'on ne veuille pas y aller.

  • Speaker #1

    Qu'on ait peur d'y aller ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Mais il y aura des pays qui y vont.

  • Speaker #0

    Alors là, je parle plus des laboratoires, des entreprises.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a un business...

  • Speaker #1

    Qui ne veulent pas jouer le jeu de changer leur...

  • Speaker #0

    C'est toujours pareil. Vous l'avez vu dans plein de secteurs.

  • Speaker #1

    Qui renoncent à l'Europe, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est... Aujourd'hui, il y a des piliers de la définition de notre business model qui a fait la richesse de cette industrie et donc de l'innovation pour la société pendant... X années qui sont en train de basculer. Soit on reste en se disant « Non, il ne faut pas que ça s'arrête, il faut que ça reste comme ça. » Et je crains que ça ne marchera pas. Soit on arrive à anticiper, quitte à ce que de toute façon, choisir, c'est renoncer. Quitte à renoncer à certaines choses pour continuer à être florissant sur une autre façon de voir notre industrie. Et je pense que ça fonctionnera.

  • Speaker #1

    Tu n'as pas des modèles en tête de gens qui le font déjà ?

  • Speaker #0

    Dans l'industrie pharmaceutique ? Alors je ne suis pas assez peut-être aujourd'hui au courant ou vraiment dans les arcanes des grands laboratoires pour savoir qui déjà a cet travail. J'imagine que tous. En fait, je pense que tout le monde le voit. Ce qui est plus dur, c'est de prendre la décision. Et je pense que c'est un peu comme tout. Le premier qui prendra la décision...

  • Speaker #1

    On aura gagné ou on aura perdu ? Ah !

  • Speaker #0

    C'est toujours le sujet ! Ça me rappelle les époques où on avait des tonnes de réseaux de visites médicales. Et puis dès qu'il y en a un qui en mettait un, puis il en mettait un autre, et puis tout le monde se rendait compte que c'était ridicule et que ça détruisait la relation de valeur avec, en plus, le prescripteur. Mais chacun disait, si moi j'en en ai 20, je vais perdre par deux voies. Donc il y avait cette...

  • Speaker #1

    Du coup, ça sera un nouveau labo qui va le faire ?

  • Speaker #0

    Non, je ne crois pas. Je pense qu'il y a des dirigeants qui sont assez visionnaires et assez courageux.

  • Speaker #1

    Ils ne vous posent pas de questions ? Pardon ? Ils ne posent pas de questions ? Qui ? Les laboratoires, même dans ton laboratoire, ils ne posent pas de questions ?

  • Speaker #0

    Ah si, si, si, nous on travaille...

  • Speaker #1

    Oui, c'est à quel moment on va décider quoi ?

  • Speaker #0

    Voilà, c'est...

  • Speaker #1

    Oui, mais ce qui me... Enfin, je ne sais pas comment le dire poliment, mais... En fait, une idée, ça vaut rien tant qu'elle n'a pas été au moins exécutée. Et quand elle sera exécutée, l'exécution sera complètement différente. Donc après, on peut jouer le temps, on peut attendre, mais ça reste à inventer. C'est comme, il y aura peut-être plusieurs modèles, en fait.

  • Speaker #0

    Je suis même persuadé qu'il y aura plusieurs modèles. Ça, c'est certain. Parce que là,

  • Speaker #1

    on parle d'une pharma, mais peut-être qu'il y aura plusieurs pharmas, plusieurs modèles qui vont se décider.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Tu auras des...

  • Speaker #1

    Tu n'en sais rien, mais...

  • Speaker #0

    Tu auras des modèles très spécialisés. Est-ce que tu auras encore des grands groupes qui font tout de early development jusqu'à génération ? Est-ce que ça va être... Il y a plein de choses. Est-ce que les différents équilibres financiers vont évoluer ? Comme je te disais, est-ce que les... Les médicaments qu'on va mettre sur le marché ne vont pas de plus en plus être sur une cible restreinte sur laquelle tu auras un apport spécifique. Et donc, ça veut dire qu'une logique de financement différente que ce qu'on voit aujourd'hui. Il y a plein de choses qui vont évoluer. Mon sentiment, c'est qu'il faut qu'on soit davantage proactif dans dessiner cet horizon. qu'attentifs parce qu'il y en a d'autres qui n'attendent pas. Je parle de l'industrie en général. Je pense que les gouvernements et autres, de toute façon, ils ont une telle pression de tous les côtés qu'il faut qu'on soit force de proposition. Oui,

  • Speaker #1

    oui. J'aimerais te faire parler un peu de tes engagements en dehors du secteur, parce que du coup, je ne sais pas, c'est peut-être lié. Quand tu as décidé qu'il y avait un pilier lié à la RSE dans... Dans votre stratégie d'entreprise, que toi aussi tu t'intéresses beaucoup à ce qui se passe à côté, comment tu regardes les choses, comment tu te nourris, qu'est-ce qui t'intéresse pour, je ne sais pas, si c'est t'équilibrer ou te nourrir.

  • Speaker #0

    Tu parlais de politique ? Non, mais je pense que j'ai eu la chance, petit, d'être ouvert à la curiosité très jeune, parce qu'on a pas mal déménagé avec mes parents et mes sœurs, parce que j'ai vécu au Maroc, par exemple, qui automatiquement vient bousculer ta culture, la façon dont tu vois la vie, automatiquement ça vient mettre... dans la façon de voir les choses, quelque chose de non définitif, et que tout est possible et tout doit être regardé. Donc moi, toute mon enfance, ça a été ça. Puis pour le coup, j'avais un père et des grands-parents qui avaient des parcours assez atypiques, et qui assez vite m'ont ouvert sur autre chose que mon petit moi. D'ailleurs, il a fallu que je retourne plus tard, parce que je n'avais pas assez regardé, mais c'était parce que c'était intéressant aussi de passer un peu de temps sur soi. Ça peut être plutôt intéressant. Et puis, voilà, encore une fois, j'en suis intimement persuadé. Je suis d'abord un citoyen. Je suis d'abord un citoyen avant d'être directeur général d'Aji Sanctio. Ce dont je suis extrêmement heureux et qui prend beaucoup de mon temps. Je suis d'abord un citoyen. Je suis d'abord un habitant de ce monde.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu dis à tes enfants, alors ? Pardon ? Qu'est-ce que tu dis à tes enfants sur le monde d'aujourd'hui ? C'est « soyez curieux » .

  • Speaker #0

    Alors, je ne leur dis pas tout ce que je pense. parce qu'il y a quand même des choses qui m'inquiètent, notamment l'écologie et le climat. Surtout, je ne vois pas de prise de conscience collective pour faire évoluer drastiquement ce qui, je pense, doit évoluer parce qu'on est en période de canicule intense. C'est la preuve même qu'aujourd'hui, ça ne fonctionne plus. Ce qui m'intéresse chez mes enfants, Pour mes enfants, en tout cas, c'est un de leurs curiosités. Et il y a une chose qui a drivé beaucoup mes dix dernières années de vie. Ce n'est pas les dernières, les dix dernières que j'ai passées. Je préfère préciser.

  • Speaker #1

    Je précise. On a dit on reste positif.

  • Speaker #0

    C'est que je trouve qu'on était dans une culture du jugement vachement forte. En France, notamment, on est très fort pour juger. Et moi, j'étais vachement là-dessus. Je pouvais être très très dur. Et il y a une phrase de... Je ne suis pas du tout érudit là-dessus, mais il y a une phrase de Spinoza que j'aime beaucoup qui dit « Ne pas se lamenter, ne pas se moquer, ne pas juger, mais comprendre. » Et le jour où j'ai compris ça, j'étais beaucoup plus heureux. Je jugeais beaucoup moins les gens, je sais comprendre pourquoi... Voilà. Et c'est ce que j'essaye d'inculquer à mes enfants. De ne pas juger un fait, de ne pas juger juste une personne, d'essayer de comprendre pourquoi le fait est survenu, pourquoi cette personne est comme ça. Et ça, je pense que ça aide à vivre un peu plus sereinement, de se dire que... Globalement, les choses ne sont pas arrivées parce que cette personne est ou parce que, mais c'est parce que malheureusement, il y a un parcours qui a fait que... Donc ça, j'essaie de leur apprendre pas mal, ouais.

  • Speaker #1

    Ouais, ok. Et ça se voit aussi dans la politique. On se dit, en fait, il faut essayer de comprendre...

  • Speaker #0

    Ouais, la politique, c'est un monde qui est très dur, pour le coup, dans lequel... Je ne vais pas participer dans des parties, mais dans des associations ou des groupes de réflexion. Oui, d'engagement. C'est un monde où il y a beaucoup d'égo. Et l'égo est rarement bon conseiller. Et on le voit à fond aujourd'hui. Donc là aussi, je pense qu'il y a quelque chose qui va complètement exploser et qui va... On va retravailler le...

  • Speaker #1

    Ah bon, les gens n'auront plus d'égo ? On a un scoop ?

  • Speaker #0

    Non, t'as raison, c'est pas pour tout de suite. C'est pas pour tout de suite. On a encore du travail là-dessus, mais on se rend compte que la démocratie est réellement en danger, et qu'il va falloir là aussi réinventer notre rapport à l'autre et à la démocratie.

  • Speaker #1

    Et du coup, je sais pas, t'as des choses à nous raconter de cet engagement associatif ou citoyen ? Qu'est-ce que ça t'apporte ? Qu'est-ce qui te plaît, peut-être ? Si tu dépasses le côté de l'ego ?

  • Speaker #0

    Non, non, c'est ce que je disais tout à l'heure. Je disais que je pense qu'on a tous individuellement quelque chose à apporter à la société. Je suis assez intimement persuadé que la théorie du colibri... Développé par Pierre Rabhi qui dit que, bah oui vous savez, il y a cet incendie dans la forêt amazonienne et il y a un petit colibri qui avec son bec va chercher de l'eau et puis le met dans la forêt. Et puis il y a les autres animaux qui disent mais qu'est-ce que tu fous, t'es complètement con. Et il dit bah non parce que si moi je fais ma part et si chacun faisait sa part, bah peut-être qu'on y arriverait quoi. Donc ça j'en suis intimement persuadé. Après il faut être très humble avec la part qu'on peut faire. Moi, j'ai mes engagements associatifs, personnels, au sein d'H.I.S.S.A.N.K.I.O. J'ai mes engagements politiques qui sont plus aujourd'hui, on va dire, sur les idées. Et puis, mon engagement quotidien, c'est mes enfants et les gens autour de moi. Je pense qu'on est tous aussi le catalyseur de réflexions, de questionnements. sur les comportements des gens qu'on aime autour de nous. Donc si déjà on avait cette... Ce serait super positif.

  • Speaker #1

    Pour terminer, je vais te poser une question peut-être facile. Le matin, qu'est-ce qui te fait te lever avec enthousiasme, du coup ?

  • Speaker #0

    Le matin, qu'est-ce qui me fait me lever avec enthousiasme ? C'est un peu ce que je te dis, c'est-à-dire que... Avec beaucoup de prétention, je pense que moi aussi, je dois apporter quelque chose à cette société.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, et que j'ai envie de le faire. Je n'ai pas envie de baisser les bras. Ça, c'est sûr. Et il y a une chose qui me permet à chaque fois de me lever positivement. C'est un petit journal qui s'appelle The 5-Minute Journal, qui en gros, dès que tu te lèves, tu remercies la vie pour trois choses. Tu réfléchis à trois choses positives qui vont t'arriver dans la journée et une chose te concernant sur ce que tu veux, toi, réaliser. Et se mettre, et ça tu fais ça le matin et puis tu fais ça le soir, se mettre dans cette dynamique positive dès le matin, je le recommande volontiers, surtout dans une époque, je vais reprendre ton mot de complexe, d'extrêmement complexe et qui peut être un petit peu angoissante. Oui,

  • Speaker #1

    ok, de se recentrer aussi sur des choses positives sur lesquelles on a envie de... de continuer aussi à avoir un impact.

  • Speaker #0

    Sur du positif.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Benoît, pour cette discussion, je crois, très libre. En tout cas, qui nous amène à réfléchir, à se sentir concerné, déjà, par une époque, même si elle est complexe. On en est aussi peut-être aussi responsable.

  • Speaker #0

    Complètement.

  • Speaker #1

    Donc, c'est... Apprendre à apprécier ce qui... Ce qui nous plaît, à le défendre, peut-être aussi.

  • Speaker #0

    Merci. Merci, Nathalie.

  • Speaker #1

    N'hésitez pas à dire ce que vous en avez pensé à Benoît, ou est-ce que les gens peuvent t'écrire pour te dire ce qu'ils en ont pensé ?

  • Speaker #0

    Sur LinkedIn, sans aucun problème. Et puis, après, sur mon mail. Avec plaisir, même pour en discuter.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Benoît. À bientôt.

  • Speaker #0

    Merci, Nathalie.

  • Speaker #1

    Un grand merci à vous d'avoir écouté jusqu'au bout cet épisode et merci d'être toujours plus nombreux à suivre PharmaMinds. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous pour ne pas louper la sortie des prochains épisodes. Rendez-vous sur les réseaux sociaux. A très bientôt !

Chapters

  • Un parcours atypique dans l’industrie pharmaceutique

    00:00

  • Son rapport à la légitimité et à la curiosité

    05:10

  • Daiichi Sankyo et les aprioris des entreprises japonaises

    09:55

  • Les nouvelles techniques de production qui révolutionnent la recherche

    14:10

  • Dans les coulisses des décisions stratégiques d’un labo

    18:12

  • Les enjeux mondiaux qui redéfinissent le modèle économique de la pharma

    21:28

  • Le vrai sujet : passer du prix à la valeur

    27:20

  • Transformer une filiale en une aventure collective

    29:27

  • Apprendre à être vulnérable et faire confiance à l’intelligence collective

    34:14

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