- Claire Perset
Bienvenue sur le podcast Plan aidant, le podcast des aidants. Plan A, plan aidant, parce que quand on est aidant, on apprend rapidement qu'il n'y aura pas de plan de vie établi, pas de plan B, et qu'il faudra tout le temps s'adapter. Et qui mieux qu'un aidant peut témoigner de sa situation, de sa vie aux côtés d'un aidé ? Et qui mieux qu'un aidant peut conseiller des services qui améliorent son quotidien et celui de son proche ? Je m'appelle Sigrid Jaud, j'ai été pendant 15 ans l'aidante de ma mère qui souffrait de la maladie de Parkinson. Je suis également la fondatrice des Aidantes & Co, une entreprise de l'économie sociale et solidaire. Nous conseillons les entreprises à mieux accompagner leurs collaborateurs aidants pour gagner en impact social. Nos objectifs, aussi bien pour les Aidantes & Co que pour le podcast Plan Aidant, c'est sensibiliser à la cause des aidants et favoriser leur inclusion dans la société. Dans chaque épisode, je dialoguerai avec des aidants engagés et positifs, ou alors je chercherai à mettre en lumière des structures qui proposent un nouveau service utile aux aidants. Je vous souhaite une très belle écoute. Bienvenue sur le podcast Plan Aidant, le podcast des aidants. Bonjour Claire. Bonjour Sigrid.
- Sigrid JAUD
Je te remercie Claire d'avoir accepté de venir sur mon podcast pour nous parler de ton histoire. Je pense que la manière dont tu as accompagné ton père et comment tu es arrivé à concilier ta vie pro et ta vie perso va beaucoup intéresser nos auditeurs. Est-ce que tu veux bien commencer par te présenter s'il te plaît ?
- Claire Perset
Absolument. Déjà, je te remercie beaucoup pour l'invitation. Je suis très contente de partager ce moment avec toutes les auditrices et tous les auditeurs. Alors, en quelques mots, je me présente, j'ai 45 ans, j'ai créé mon entreprise il y a deux ans et auparavant, j'ai eu deux vies professionnelles, j'ai travaillé dix ans en politique et puis presque neuf ans dans le monde de l'entreprise. Et au cours de ces neuf années en entreprise, j'ai effectivement accompagné mon père qui a été très malade. plein de problèmes de santé. Et vraiment, il y a eu une bascule en 2015, où ensuite il a été en fauteuil roulant, et je l'ai accompagné de 2015 à 2021. De longues années qui ne sont pas faciles à traverser. Alors j'allais dire d'autant plus quand on travaille, c'est peut-être l'inverse qu'il faut dire, c'est que le travail aide aussi. à se changer les idées, à penser à autre chose et à faire autre chose aussi. Mais en tous les cas, c'est vrai que la conciliation du travail plus ce rôle d'aidant qui est très prenant. Ce n'est pas quelque chose d'évident. Je pense qu'on va s'en parler plus en détail.
- Sigrid JAUD
Exactement. Et du coup, est-ce que tu as une journée type à nous raconter ? Parce que justement, dans tout ce qui est accompagnement, il y a différentes façons d'accompagner son proche. Moi aussi, j'ai accompagné ma maman qui était malade de Parkinson. Et en fait, moi, je n'avais jamais de journée type parce que ça pouvait toujours passer par une urgence. Est-ce que c'était le cas pour toi aussi ?
- Claire Perset
Alors, écoute, j'allais exactement te répondre ça. Non, il n'y a pas de journée type parce qu'en fait, à tout moment, le ciel peut te tomber sur la tête. Et effectivement, moi, il y avait tout le temps des imprévus les dernières années. Bon, il a perdu la tête quand même. Pendant deux ans, il pouvait m'appeler à n'importe quel moment de ma journée sans me dire que je travaillais ou que je dormais parfois. Il ne savait plus où il était, il ne savait plus ce qu'il devait faire. Donc voilà. Après, il y avait aussi les urgences physiques puisqu'il a eu beaucoup de problèmes de santé, d'infarctus, d'œdème pulmonaire. Donc il y avait souvent les urgences à Cochin, à Paris. C'était quelque chose de régulier. Donc non, il n'y a vraiment pas de journée type. On sait que l'urgence peut tomber à tout moment. Il faut avoir cette capacité d'adaptation et avoir conscience que ça peut arriver à tout moment.
- Sigrid JAUD
Et alors, toi, tu as accompagné ton papa tout en travaillant à plein temps avec un job, avec des responsabilités, comme tu viens de nous le raconter. Ça te demandait beaucoup de temps et puis d'être très présente aussi, intellectuellement, j'allais dire. Comment tu as fait pour être là pour ton père aussi ?
- Claire Perset
Une chose que j'ai bien réussi à faire, C'est que globalement, quand j'étais avec mon père, j'étais avec mon père. Quand j'étais au travail, j'étais au travail. Alors, ça peut sembler bête de dire ça, et pourtant, ça ne l'est pas. C'est-à-dire que vraiment, une fois que j'arrivais au travail, évidemment, c'est ce que je te disais, c'est-à-dire qu'il y avait une urgence. J'étais joignable, je savais qu'à tout moment, il allait peut-être falloir que je parte du travail, mais... j'étais concentrée sur mon travail, j'étais avec mes collègues, j'étais vraiment là où j'étais. Donc ça, je pense que psychologiquement, c'est quelque chose qui permet de tenir parce que tu n'es pas entre deux, tu n'as pas ce phénomène d'ubiquité, d'ambivalence, tu es là où tu es. Donc ça, c'est important. Je pense que plus globalement, en fait, pour moi, travailler et être aidant, mais peut-être même être aidant uniquement, ça pour le coup, je ne sais pas, parce que j'ai toujours travaillé en même temps, mais je dirais que c'est un peu comme un sport de haut niveau. C'est-à-dire qu'il faut de la résistance physique, il faut de la résistance psychologique, il faut tenir sur la durée. Je me suis vraiment toujours dit que c'est comme un sport de haut niveau parce qu'on dort peu. Il faut vraiment une résistance hors normes. Et pour pouvoir tenir, justement, sur cette durée, je pense ce qui est hyper important, c'est d'avoir des moments pour soi. Et donc, quand tu es au travail, c'est ton travail, c'est toi, tu fais quelque chose pour toi. Donc ça, c'est important et c'est important aussi, par exemple, je sais que tous les mois, une fois par mois, je partais deux jours avec des amis, toute seule, peu importe, mais en fait, c'était deux jours où je laissais ça là où c'était. Alors évidemment, je restais joignable, mais... pendant deux jours j'étais ailleurs et c'était un moment juste à moi. Et souvent, tu vois, ça me fait penser dans l'avion, quand tu prends l'avion, tu as les consignes de sécurité, on te dit voilà vous mettez le masque à oxygène sur vous d'abord et puis ensuite vous le mettez à votre enfant ou à vos proches qui sont avec vous. Je me suis toujours dit ça, je me suis dit qu'en fait si toi tu n'as plus d'oxygène, tu ne vas pas pouvoir aider la personne. Donc pour garder cet oxygène, parce que parfois être aidant ça dure des années, voilà moi je te disais c'est 2015-2021, c'est très long quand c'est tous les jours et pour tenir sur la durée il faut de l'oxygène il faut des moments à soi des moments où on se ressource c'est fondamental et donc ça veut dire que tu avais la chance d'avoir du relais que tu n'étais pas toute seule tu
- Sigrid JAUD
as pu organiser pour que quelqu'un te relaie dans ces moments-là
- Claire Perset
Absolument. Alors, il y a ma mère déjà qui était là. Donc, on s'est beaucoup entraînées toutes les deux. Voilà, même si c'est vrai qu'elle était déjà un petit peu âgée. Et puis, on avait aussi quelqu'un à domicile parce que c'était vraiment H24. On n'avait pas du tout d'autonomie, c'est-à-dire que même la nuit, il fallait se lever dès qu'il y avait un souci puisqu'il ne pouvait pas marcher. Donc, voilà, on n'était pas trop effectivement de trois, mais on avait besoin de... tout sa tour de rôle, parfois, de respirer un petit peu, de faire autre chose, de sortir de ça parce que finalement, ça peut tout aspirer.
- Sigrid JAUD
Je suis d'accord, complètement d'accord. Et là, je voudrais qu'on revienne sur ton organisation au travail parce que tu as l'air de dire que tu savais bien scinder entre la vie pro et la vie perso. Et quand on a préparé l'épisode, tu m'as dit aussi que tu avais organisé ton équipe. et vraiment que l'organisation au travail avait été aussi quelque chose que tu avais mise en place et adaptée au fur et à mesure. Est-ce que tu as un exemple à nous donner ?
- Claire Perset
Alors, en fait, je dirais que ça m'a presque rendu service d'être dans cette situation d'aidant. C'est un message d'espoir, peut-être, que j'envoie. Ça m'a rendu service dans ma carrière et je vais expliquer pourquoi en détail parce qu'en fait... fallait que je libère du temps. Donc, il fallait, comme tu le disais, que je m'organise. Et moi, j'ai toujours eu tendance à être dans un contrôle maximum, donc à valider absolument tout, à regarder tout dans les moindres détails. Donc, c'est très, très chronophage d'être dans le contrôle absolu. Et en fait, il y a un moment où le fait d'être aidant me prenait finalement tellement de temps en parallèle ou parfois des journées, etc. Il y a un moment, je me suis dit, si je veux survivre, il faut que je délègue. Ce qui était difficile quand on est dans le contrôle vraiment de tout.
- Sigrid JAUD
Dans l'hyper contrôle,
- Claire Perset
j'ai envie de dire. C'est quelque chose qui n'est pas simple. Et en fait, je n'ai pas eu le choix. Je me suis dit, si je veux tenir, il faut que je délègue. Et je me suis mise dans un nouveau rôle au travail. J'ai vraiment eu une bascule très claire à un moment donné. où je me suis dit, il faut que je sois le chef d'orchestre, donc il faut que je me positionne au niveau où je suis, où j'étais vraiment un poste de direction. J'avais quatre directions en dessous de moi, à peu près 25 personnes dans mon équipe. Et donc, je me suis appuyée sur mes N-1 et même sur l'ensemble de mon équipe, je dirais, j'organisais le travail vraiment comme un chef d'orchestre et ça m'a permis de prendre de la hauteur, d'être davantage dans la vision stratégique plutôt que dans le pur opérationnel. Et finalement, c'est pour ça que ça m'a rendu service, c'est que j'ai été obligée de me positionner vraiment à une certaine hauteur et à un niveau des plus dans l'opérationnel, dans la tambouille. mais dans la vision stratégique. Et je me suis dit que finalement, ça correspondait bien plus, sans doute, à ce que l'entreprise attendait de moi. Et ça, c'est un mode que j'ai adopté. Alors, j'ai mis du temps, parce que tout ça a duré longtemps. Mais je pense que j'ai vraiment réussi à le faire les deux dernières années, les deux, trois dernières années où mon père était vivant. Je me suis toujours dit que sans ça, peut-être que je n'aurais pas réussi à faire ce switch où... effectivement, il faut un peu lâcher prise à un moment donné. Il faut te dire, voilà, peut-être qu'il y a un petit truc qui va sortir qui ne sera pas parfait, ce ne sera pas la fin du monde. Ce qui compte, c'est la vision stratégique, c'est où on va, et c'est finalement de prioriser et de savoir ce que tu dois valider pour réussir ta trajectoire. Voilà, je pense que j'ai vraiment réussi à faire ça à un moment donné, mais parce que j'étais au pied du mur en termes de temps, ce n'était pas tenable de toute façon de tout faire tenir dans une journée.
- Sigrid JAUD
Et est-ce que dans ton équipe, il y avait des personnes qui étaient au courant ? Comment tu gérais la discrétion ? Est-ce que tu étais très claire sur ce qui se passait, factuel ? Est-ce que tu as eu dans les détails ? Comment tu as abordé ça avec ton équipe ?
- Claire Perset
Avec mon équipe en dessous, parce qu'il y a l'équipe en dessous, puis il y a l'équipe au-dessus. L'équipe au-dessus, en fait, c'est quand on m'a proposé ce poste de direction, qui était une direction des affaires politiques et de la RSE d'une grande entreprise. En fait, au début, je me suis dit que je ne pouvais pas prendre ce poste du fait justement de cette situation. Je me suis dit... Je ne vais pas réussir à faire les deux. Et donc, quand on m'a proposé le poste, j'ai parlé de cette situation dont je n'avais jamais parlé avant. Et j'ai dit, en fait, voilà, moi, je m'occupe de mon père. enfin beaucoup au quotidien, ça fait partie de mon quotidien, et je ne vais pas réussir à prendre un gros poste, une grosse équipe, je n'arriverai pas à concilier les deux. Et mon chef de l'époque m'a dit, ah ben non mais ça, tu ne peux pas refuser ce poste pour cette raison, et je dois dire que j'ai eu un ségré. Il m'a dit, on se débrouillera toujours, ce qui compte c'est que tu sois bonne dans ton job, le reste on s'en arrangera. et alors du coup ça m'a libérée je crois quelque part qu'il me dise ça je me suis dit si il me dit qu'on se débrouillera c'est qu'on se débrouillera et donc j'ai accepté le fait est qu'on s'est toujours débrouillé malgré parfois les urgences parfois les absences mais après c'est une question de flexibilité aussi je sais que s'il fallait que je m'absente dans l'après-midi je retravaillais le soir enfin mon travail a toujours été fait donc effectivement j'avais mon chef qui était informé et puis dans mon équipe, tout le monde ne l'était pas, mais on va dire que les plus proches, mes N-1, forcément l'ont su à un moment donné, alors sans doute pas du tout au début, mais comme j'avais souvent des situations d'urgence, ce que tu disais au départ, on se retrouve avec des urgences à traiter. Et donc il y a un moment où en fait, je leur ai dit progressivement, et où c'était quelque chose d'intégré, chez moi comme chez eux. dans notre fonctionnement. Donc, ça a été d'ailleurs plus simple de le dire. Pendant longtemps, je ne l'ai pas dit. Et je trouve ça finalement beaucoup plus simple de dire les choses parce qu'en fait, déjà, on est assez nombreux à être dans cette situation. C'est juste qu'on ne se le dit pas, donc on ne s'en rend pas forcément compte. Et puis, les gens sont quand même très... Enfin, là, on est là pour se soutenir. Donc, c'est vrai que moi, les fois où je leur disais Bon, ben là... il va falloir faire tourner la boutique demain parce que je ne pourrais pas être là. Je savais que je pouvais compter complètement sur eux. Donc, le fait de dire, je trouve que ça a été, en tout cas pour moi, dans mon expérience personnelle, quelque chose de très positif au-dessus comme en dessous, en fait. Il faut sortir un peu du tabou parce que parfois, on préfère que ça ne se sache pas. En fait, ça fait partie des choses de la vie. Je pense sans doute un peu comme quand on a un enfant handicapé. Des choses, parfois, on n'ose pas trop le... le dire parce qu'on se dit que ça nous met en situation de faiblesse et en fait je crois pas je crois même que ça nous met en situation de force finalement d'être capable de tout concilier comme ça donc d'ailleurs faut essayer de faire en sorte que ce soit perçu comme ça.
- Sigrid JAUD
J'adore ce message t'as complètement raison, c'est ce que je porte aussi au quotidien comme message après c'est ce que tu disais, il faut avoir confiance dans ton équipe et dans ton N plus 1 Pour ça, si tu n'as pas la confiance, s'il n'y a pas de dialogue qui est créé entre tout le collectif de travail, ça ne peut pas fonctionner. Et alors maintenant, c'est toi qui es chef d'entreprise. comment tu te comportes, comment tu fais avec ton équipe si quelqu'un a justement une situation de vulnérabilité ? Comment ça s'arrange ?
- Claire Perset
C'est un vrai sujet, d'autant plus que c'est une petite entreprise. Donc, ce n'est pas pareil que quand c'est une grosse boîte, mais on est vraiment dans la flexibilité. Chacun a ses contraintes personnelles. Et effectivement, il y a des personnes qui en ont plus que d'autres au sein de l'équipe, mais on adapte. on adapte, et d'ailleurs je me suis rendue compte qu'une petite structure pouvait aussi s'adapter du moment que les personnes, alors c'est ce que tu disais, il y a la confiance et que les personnes sont de bonne volonté. Moi, je pense qu'on arrive toujours à trouver des arrangements, surtout aujourd'hui où le télétravail est possible. Le travail est quand même beaucoup plus souple qu'avant. Donc, tu peux adapter le rythme, tu peux travailler à des horaires décalés, tu peux travailler plus de chez toi. Du moment que la confiance est là, Je pense que la flexibilité, c'est quelque chose qui fait du bien à tout le monde. Bien sûr, il faut avoir des moments ensemble, mais je pense que la flexibilité permet de vivre mieux et justement d'absorber les contraintes, qu'elles soient familiales, qu'elles soient de santé. Enfin voilà, on a tous finalement dans notre vie, à un moment ou à un autre, des sujets comme ça. Donc nous, la flexibilité est clairement au rendez-vous. et on est organisé comme ça et c'est plus c'est pas un sujet c'est bien c'est fluide ouais c'est fluide absolument alors si tu es d'accord
- Sigrid JAUD
Claire moi je voudrais partager ton mantra qui je suis sûre va parler à beaucoup des auditeurs c'est la vie qui reste doit être une fête J'avais beaucoup aimé quand tu m'avais dit ça. Est-ce que tu peux nous raconter dans quel cadre tu t'es rendue compte de ça et comment tu l'as appliqué ?
- Claire Perset
Oui, alors c'est vrai qu'il y a un jour où j'ai eu un déclic. Je ne saurais pas bien te dire pourquoi, mais je pense que c'est un jour où j'ai compris que, en fait, cette situation, peut-être qu'elle allait être longue, finalement. Au début, je pense que les premières années... parce que les médecins en plus nous ont beaucoup dit il reste trois mois il reste trois mois en fait quand ça fait deux ans qu'on te dit ça au bout d'un moment tu te dis mais en fait il faut que j'arrête d'écouter ce qu'on me dit et peut-être qu'en fait il y en a pour plusieurs années et je crois que c'est vraiment le déclic que je me revois chez mon père ce jour-là pour me dire tout ça va peut-être durer beaucoup plus longtemps que ce qu'on me dit et je me suis dit du coup je ne peux pas Comment dire ? Je ne peux pas vivre les choses perpétuellement de manière triste ou dramatique parce que c'est la fin. Je me suis dit, même si ce n'est pas ça pour personne, pour lui, pour moi, pour ma mère, pour ma sœur qui était en province à l'époque, mais c'est vrai qu'on était tout le temps dans l'attente en disant que c'était les derniers jours et un jour je me suis dit non. Là, on va tout reprendre à zéro. En fait, on va se mettre dans une position où ça peut durer longtemps. Et s'il reste deux ans, trois ans, quatre ans, il faut que ce soit des bonnes années pour tout le monde, pour nous, et puis pour lui aussi. Même s'il est en fauteuil roulant et qu'il ne peut pas sortir de sa pièce. Mais je me suis dit, on va faire de la vie une fête. Une fête au quotidien. Et donc, je lui faisais, par exemple, c'est des petits exemples, mais des choses qu'il aimait beaucoup, je lui faisais. livrer un bouquet de fleurs une semaine sur deux. C'est quelque chose qui lui plaisait beaucoup parce que je pense que ça mettait de la vie dans une pièce dont il n'est pas sorti pendant de nombreuses années. On venait beaucoup chez lui. Mon fils était petit à l'époque. J'avais pas mal de gens qui me disaient Ah, mais c'est peut-être pas bien. de l'emmener chez ton père qui est en fin de vie. Je lui oui, enfin, ça fait des années qu'il est en fin de vie. en fait, il y a un moment où il faut juste vivre. La fin de vie, c'est la vie aussi. Et donc, en fait, on allait chez lui, on passait tous les week-ends. S'il y avait des fêtes familiales, plutôt que de les faire chez nous, on les faisait chez lui parce qu'il était difficilement transportable. Et voilà, on faisait en sorte qu'il ne soit pas à côté de la vie, mais vraiment... finalement, dedans, au centre, qui est du passage chez lui. Et que tous les jours, ce soit vraiment une journée de vie et pas une journée de fin de vie. Voilà. Je crois que je ne me l'étais jamais formulée comme ça. Tu vois, voilà, je te le dis là comme ça. Je pense que je ne m'étais jamais formulée comme ça, mais je pense que c'est exactement ça. Et je pense qu'on a pas mal réussi parce qu'il a accepté vraiment les toutes dernières semaines. Il a... finalement eu plein de moments de bonheur. Il a connu ses petits-enfants. Voilà, il arrivait à profiter. On lui racontait la vie extérieure. Et je pense que, oui, oui, vraiment, il a eu finalement des bonnes années. Ça peut sembler paradoxal de dire ça, mais je pense qu'il a eu des bonnes années.
- Sigrid JAUD
et puis à partir du moment où ça a switché je pense que toi aussi ton fils et puis ta famille aussi ça a dû switcher pour tout le monde l'état d'esprit plus positif et d'être au chaud tous ensemble oui oui exactement et c'est pour ça que je pense que parfois il faut un peu se détacher de ce que peut dire
- Claire Perset
le corps médical parce que voilà moi je sais que je dirais que les deux premières années où il était malade hum en fait le fait qu'on me dise tout le temps il reste pas moi, bah là c'est la fin bah non mais là en fait ça me mettait tout le temps dans une situation de me dire ah bah là c'est les derniers instants alors que cette situation m'a duré de 2015 à 2021 donc en fait ça a été très long, je l'aurais pas pris comme ça au départ si on m'avait on ne dit pas ça. C'est vrai que je pense que l'état d'esprit est hyper important et ce n'est pas facile d'en changer quand on est dans un état d'esprit au début, mais qu'il faut réussir aussi à se poser et de se dire que la fin de vie, ça reste de la vie. Évidemment, ça dépend. S'il y a une grande souffrance physique, moi, ce n'était pas le cas. C'était surtout qu'il ne pouvait plus bouger. Il n'avait pas toujours toute sa tête. parfois il avait des gros pépins il allait aux urgences il en ressortait mais sinon il n'y avait pas de souffrance au quotidien ce qui fait qu'on pouvait discuter, profiter et profiter encore de plein de choses ça c'est une chance aussi c'est ça parce que je pense que la gestion de la souffrance physique c'est encore c'est encore différent j'ai une dernière question pour toi Claire aujourd'hui
- Sigrid JAUD
tu es la fondatrice de l'agence CAN Agency qui propose un accompagnement des démarches RSE des entreprises alors évidemment Je suis très intéressée par le S de sociétal de RSE, parce que tu te doutes que moi aussi, quand je vais dans les entreprises pour faire en sorte que les employeurs accompagnent mieux leurs collaborateurs aidants, je pose toujours cette pierre sur la table qui est de dire ce serait bien que vous vous occupiez de vos collaborateurs aidants parce que ça joue aussi dans la politique RSE de votre entreprise. Ça, c'est ce que je dis, mais toi, concrètement ? Qu'est-ce que tu en penses ? Qu'est-ce que tu vois aujourd'hui dans les entreprises ? Est-ce qu'elles commencent à prendre en considération leurs collaborateurs aidants ?
- Claire Perset
Alors, moi, c'est un message que je porte aussi, tout comme toi, et notamment auprès de mes clients. Après, je constate que ce sont vraiment les grandes entreprises qui ont mis en place des mesures. Dans les grandes boîtes, il y a vraiment des mesures qui existent, des congés spécifiques, des dispositifs. Dans les petites... On est beaucoup plus loin de tout ça, que ce soit d'ailleurs pour les aidants ou par rapport aux enfants, les journées enfants malades, etc. Il y en a pour lesquels on est encore vraiment très loin de prendre en compte, on va dire, la vie personnelle des collaborateurs. Après, moi, j'ai quand même l'espoir que les choses changent d'une part parce que les aidants, c'est quand même un sujet dont on parle beaucoup parce qu'on est nombreux à être dans cette situation-là. Et nombreux aussi, d'ailleurs, ce phénomène de la génération sandwich, mais où on est pris. entre des parents qu'il faut aider et des enfants en bas âge et ça je pense qu'on est quand même enfin on en parle de plus en plus en tous les cas je pense que la parole se libère autour de ça et je pense qu'en fait il va y avoir tout simplement des dirigeants alors des dirigeants d'entreprise et puis peut-être le niveau en dessous mais des cadres dirigeants qui étant dans cette situation vont faire avancer le sujet et vont réussir à porter à l'intérieur des entreprises même si ce ne sont pas des grandes entreprises parce que finalement n'importe quelle entreprise, même une petite boîte, peut mettre des choses en place pour prendre ça en compte. En fait, il faut juste qu'il y ait la conscience du problème et si c'est un problème que tu n'as pas rencontré et que personne ne rencontre dans ton entourage, la conscience des choses est plus compliquée. Mais je pense que... voilà on est vraiment nombreux on est nombreux dans cette situation je pense qu'il faut en parler c'est pour ça que je te félicite pour ton podcast parce que c'est bien de pouvoir prendre la parole de prendre la parole là-dessus en fait ça reste encore je trouve un peu un peu un peu tabou et donc voilà plus on en parlera et plus les dirigeants prendront ce sujet à cœur je suis d'accord avec toi et je rebondis sur ce que tu disais tout à l'heure aussi par rapport au sujet de la flexibilité
- Sigrid JAUD
Je crois aussi que quelle que soit la taille de l'entreprise, qu'elle ce soit un grand groupe ou une petite entreprise, il y a des moyens à trouver pour faire en sorte que les personnes... les aidants puissent mieux concilier leur temps de vie, vie pro, vie perso. Et donc, effectivement, les stats disent que ce dont ont le plus besoin les aidants, c'est de flexibilité, flexibilité au travail. Et donc, moi, parfois sur le terrain, quand je vais en usine ou dans des structures beaucoup plus petites, la réaction que j'ai, c'est que la flexibilité, ce n'est pas possible dans notre métier. OK, la flexibilité, ce n'est pas possible, parce qu'effectivement, la flexibilité, c'est peut-être plus envisageable quand tu travailles en mode projet. parce que finalement, toi comme moi, on travaille en mode projet. Je comprends qu'en usine, ce soit plus compliqué ou si le bus ne part pas à telle heure, ça va être un problème. Ce que je conçois aussi, c'est que chaque entreprise devrait trouver des solutions qui soient le plus adaptées possible. Si ce n'est pas la flexibilité, peut-être qu'on peut trouver des binômes à former pour que la personne qui n'est pas là à un moment donné soit remplacée par une autre. Je pense qu'en fait, tout ça, c'est une histoire de co-construction de solutions, c'est-à-dire que ce qui est valable… nous, pour nous, entreprise en mode projet ne sera pas forcément valable pour d'autres, mais ce n'est pas grave, en fait. L'objectif, c'est de s'asseoir autour de la table et puis d'essayer de co-construire une solution qui soit vraiment adaptée.
- Claire Perset
Oui, oui. Moi, je pense aussi qu'il y a toujours... des solutions c'est ce que je te disais tout à l'heure du moment qu'il y a de la bonne volonté en fait que tu sais que le salarié a envie de bien faire son travail et que de l'autre côté le patron ou la patronne a conscience de la difficulté que ça peut représenter je pense qu'à partir de là on trouve toujours des solutions exactement et donc j'aimerais bien qu'on finisse cet épisode en rappelant ton mantra
- Sigrid JAUD
on va faire de la vie une fête et ça c'est valable aussi dans la conciliation des temps de vie vie pro,
- Claire Perset
vie perso complètement ça c'est sûr, c'est valable je pense pour tout le monde finalement
- Sigrid JAUD
Merci Claire d'avoir participé au podcast Plan Aidant à bientôt
- Claire Perset
Merci beaucoup à toi pour l'invitation Sigrid et à bientôt!
- Sigrid JAUD
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