undefined cover
undefined cover
Cot cot, il est où le poulet ? cover
Cot cot, il est où le poulet ? cover
Plus ou moins n'importe quoi !

Cot cot, il est où le poulet ?

Cot cot, il est où le poulet ?

08min |07/05/2025
Play
undefined cover
undefined cover
Cot cot, il est où le poulet ? cover
Cot cot, il est où le poulet ? cover
Plus ou moins n'importe quoi !

Cot cot, il est où le poulet ?

Cot cot, il est où le poulet ?

08min |07/05/2025
Play

Transcription

  • Speaker #0

    Dictionnaire des idées confuses par François Herdé. Épisode suivant. Coucou les lettrés, cuicui les sachants, et bienvenue à tous les autres. Avez-vous déjà vu un poulet ? Je ne vous parle pas du machin que vous sortez de votre four avant de le découper. Non, je vous parle de la petite bête... qui était vivante juste quelques jours avant de faire son entrée dans votre four et d'en ressortir cuite à point, toute prête pour vos talents de découpeur de poulet. Vous en avez déjà vu ? Vous vous posez la question parce que cette petite bête-là, elle a été un oeuf. Un oeuf pondu par une maman, après avoir été fécondé par un papa. Bon, c'est un poil léthocentrique ce que je vous raconte là, parce que, bon, on n'a quand même pas oublié que sa maman, la maman du pauvre poussin, elle aura pondu environ 1200 oeufs dans sa vie. Et que le papa, il aura fait compter à peu près autant de fois. Bon, ceci dit, le poussin, quand il naît, il n'a pas de père. Ça, ça arrive. Mais le plus souvent, il n'y a pas de mère non plus. Puisqu'avant même d'éclore, hop, on envoie vers d'autres cieux. Et alors, ni père, ni mère, voilà un début dans la vie qui est au urmal de la suite. Son enfance. Qu'en dire ? insouciante, comme toutes les enfances, les enfances sont insouciantes, mais brèves, très très brèves, car son enfance passe vite, beaucoup trop vite. Ils ont 15 jours les petits poulets, ils ont 15 jours, et à 15 jours ils commencent à comprendre qu'ils sont nombreux et que c'est un peu le bordel. Alors forcément, Il y en a un qui, un quart d'heure avant les autres, il y en a un qui va vouloir faire le coq. Et il va se prendre pour le roi de la basse-cour. Il va trouver que ses congénères sont quand même un peu palichons, un peu phallos. Ils ont besoin d'un chef. Il va leur montrer ce que c'est qu'un chef. Il n'a pas de moustache, mais il a eu un début de crête. Et la crête, le sommet, vous avez compris la métaphore. Bref, ils ont un mois, et ils sont des petits adultes à présent. Et donc, il est temps qu'ils prennent leur destin, se disent-ils. Avec un leader, il pourrait aller loin, très loin, très très loin. Jusqu'où ? Ça, personne ne le sait. Mais... le moins con des poulets, il se dit, il n'y a pas de raison qu'il soit plus con que ceux qui sont dehors et qui ont l'air de décider de tout ce qui se passe à l'intérieur de la cage. Puis ils ont maintenant 40 jours. 40 jours. Très adultes. Et Benito, il a pris les choses en main. Et justement, pile au moment où il leur dit en avant, avant N'Ti, après qu'ils se sont mis en rang par deux. Eh bien, la porte, elle s'ouvre sur un tunnel. Ça alors, ils n'ont jamais vu une porte qui s'ouvre. Et là-dessus, il y a Benito qui leur dit, « Vous voyez, vous l'avez bien dit. Grâce à moi, nous allons être libres. Allez, suivez le chef. » Et Benito, il y va. Lui devant et eux derrière. Ils y vont. Avanti. Et puis tout d'un coup, Benito disparaît. Et puis Laurent qui vient juste derrière, disparaît. Et puis Laurent d'après. Et tout doucement se fait l'idée que disparaître comme Benito et tous ceux qui étaient devant... Ce n'est peut-être finalement pas une si bonne idée. Sauf que derrière, il y a ceux qui poussent, parce qu'ils pensent que c'est Benito qui les a sortis de la cage, et donc il faut y aller. Mais Benito, ça fait déjà quelques minutes qu'il n'a plus sa tête. Il s'éplume d'ailleurs. Benito, il a une ficelle qui lui lie les pattes. Elles sont toutes clabres, ses pattes d'ailleurs. Et il a une gousse d'ail et quelques feuilles de thym, là où il y avait des poumons et un estomac. Bref, Benito. il est déjà en route pour l'étale de votre boucher. Et surtout, si, comme nous l'avons vu dans un épisode précédent, vous êtes le boucher du 220 rue de Vosgirard, dans le 15ème à Paris. Car alors, bande de vénards, vous pourrez vous offrir Benito. Mais dépêchez-vous, il n'y en aura pas pour tout le monde, il n'y en a qu'un. Et je le sais parce que je suis dans la queue juste derrière vous. Benito, il aurait aimé qu'on lui fête son anniversaire, la bonne année, tout ça. Le problème, c'est que Benito, il n'a jamais atteint le 1er janvier. Il n'a jamais atteint son anniversaire non plus, d'ailleurs. Et pourtant, Benito, il aurait aimé avoir une famille. Lui qui n'a connu ni père ni mère, il aurait aimé élever ses enfants. Pardon. ses poussins, leur raconter des histoires, comme l'histoire du loup que Benito aurait tué, d'un seul coup d'aile en plus, il l'aurait tué, un peu genre Bruce Lee. Et puis il aurait aimé les voir grandir, il aurait aimé les voir choisir son chacun ou sa chacune, et fonder une famille. Le métier de grand-père était fait pour Benito, le métier de grand-père. qui aura adoré ça, recevoir ses 1200 enfants, vous imaginez ? Ses 1200 enfants. Et puis son million 440 000 petits-enfants, c'est-à-dire les 1200 enfants qu'aurait eu chacun de ces 1200 enfants. Imaginez les embrassades pour du sapin, les échanges de cadeaux de Noël, et Benito, avec sa vieille crête un peu décrépie. Je dis que les fêtes dans une grande famille, ça vaut quand même mieux que tous les discours, toutes les guerres, toutes les velléités de prendre le pouvoir, qui n'ont en réalité aucun sens. Et je peux vous dire qu'il en aurait profité pleinement de sa vie de grand-père Benito, pleinement. Et à sa dernière heure de grand-père, il leur aura livré la synthèse de ce que la vie lui avait appris. La quintessence de la sagesse, pour un poulet rempli d'années, cette pensée que les descendants de ses descendants se répéteront de génération en génération. Ces dernières paroles, il les avait préparées, il avait senti le moment approché, donc il avait préparé le coup. Et ces dernières paroles, les voici, chers auditeurs, écoutez bien. Les dernières paroles de Benito. Cote, cote. Alors soyez gentil. Rendez-lui hommage, à lui et à ses frères et soeurs. Faites-lui un clin d'œil, complice, lorsque vous le mangerez, et finissez votre assiette. C'est tout pour aujourd'hui. Prenez-en de la graine, en de cultiver.

Transcription

  • Speaker #0

    Dictionnaire des idées confuses par François Herdé. Épisode suivant. Coucou les lettrés, cuicui les sachants, et bienvenue à tous les autres. Avez-vous déjà vu un poulet ? Je ne vous parle pas du machin que vous sortez de votre four avant de le découper. Non, je vous parle de la petite bête... qui était vivante juste quelques jours avant de faire son entrée dans votre four et d'en ressortir cuite à point, toute prête pour vos talents de découpeur de poulet. Vous en avez déjà vu ? Vous vous posez la question parce que cette petite bête-là, elle a été un oeuf. Un oeuf pondu par une maman, après avoir été fécondé par un papa. Bon, c'est un poil léthocentrique ce que je vous raconte là, parce que, bon, on n'a quand même pas oublié que sa maman, la maman du pauvre poussin, elle aura pondu environ 1200 oeufs dans sa vie. Et que le papa, il aura fait compter à peu près autant de fois. Bon, ceci dit, le poussin, quand il naît, il n'a pas de père. Ça, ça arrive. Mais le plus souvent, il n'y a pas de mère non plus. Puisqu'avant même d'éclore, hop, on envoie vers d'autres cieux. Et alors, ni père, ni mère, voilà un début dans la vie qui est au urmal de la suite. Son enfance. Qu'en dire ? insouciante, comme toutes les enfances, les enfances sont insouciantes, mais brèves, très très brèves, car son enfance passe vite, beaucoup trop vite. Ils ont 15 jours les petits poulets, ils ont 15 jours, et à 15 jours ils commencent à comprendre qu'ils sont nombreux et que c'est un peu le bordel. Alors forcément, Il y en a un qui, un quart d'heure avant les autres, il y en a un qui va vouloir faire le coq. Et il va se prendre pour le roi de la basse-cour. Il va trouver que ses congénères sont quand même un peu palichons, un peu phallos. Ils ont besoin d'un chef. Il va leur montrer ce que c'est qu'un chef. Il n'a pas de moustache, mais il a eu un début de crête. Et la crête, le sommet, vous avez compris la métaphore. Bref, ils ont un mois, et ils sont des petits adultes à présent. Et donc, il est temps qu'ils prennent leur destin, se disent-ils. Avec un leader, il pourrait aller loin, très loin, très très loin. Jusqu'où ? Ça, personne ne le sait. Mais... le moins con des poulets, il se dit, il n'y a pas de raison qu'il soit plus con que ceux qui sont dehors et qui ont l'air de décider de tout ce qui se passe à l'intérieur de la cage. Puis ils ont maintenant 40 jours. 40 jours. Très adultes. Et Benito, il a pris les choses en main. Et justement, pile au moment où il leur dit en avant, avant N'Ti, après qu'ils se sont mis en rang par deux. Eh bien, la porte, elle s'ouvre sur un tunnel. Ça alors, ils n'ont jamais vu une porte qui s'ouvre. Et là-dessus, il y a Benito qui leur dit, « Vous voyez, vous l'avez bien dit. Grâce à moi, nous allons être libres. Allez, suivez le chef. » Et Benito, il y va. Lui devant et eux derrière. Ils y vont. Avanti. Et puis tout d'un coup, Benito disparaît. Et puis Laurent qui vient juste derrière, disparaît. Et puis Laurent d'après. Et tout doucement se fait l'idée que disparaître comme Benito et tous ceux qui étaient devant... Ce n'est peut-être finalement pas une si bonne idée. Sauf que derrière, il y a ceux qui poussent, parce qu'ils pensent que c'est Benito qui les a sortis de la cage, et donc il faut y aller. Mais Benito, ça fait déjà quelques minutes qu'il n'a plus sa tête. Il s'éplume d'ailleurs. Benito, il a une ficelle qui lui lie les pattes. Elles sont toutes clabres, ses pattes d'ailleurs. Et il a une gousse d'ail et quelques feuilles de thym, là où il y avait des poumons et un estomac. Bref, Benito. il est déjà en route pour l'étale de votre boucher. Et surtout, si, comme nous l'avons vu dans un épisode précédent, vous êtes le boucher du 220 rue de Vosgirard, dans le 15ème à Paris. Car alors, bande de vénards, vous pourrez vous offrir Benito. Mais dépêchez-vous, il n'y en aura pas pour tout le monde, il n'y en a qu'un. Et je le sais parce que je suis dans la queue juste derrière vous. Benito, il aurait aimé qu'on lui fête son anniversaire, la bonne année, tout ça. Le problème, c'est que Benito, il n'a jamais atteint le 1er janvier. Il n'a jamais atteint son anniversaire non plus, d'ailleurs. Et pourtant, Benito, il aurait aimé avoir une famille. Lui qui n'a connu ni père ni mère, il aurait aimé élever ses enfants. Pardon. ses poussins, leur raconter des histoires, comme l'histoire du loup que Benito aurait tué, d'un seul coup d'aile en plus, il l'aurait tué, un peu genre Bruce Lee. Et puis il aurait aimé les voir grandir, il aurait aimé les voir choisir son chacun ou sa chacune, et fonder une famille. Le métier de grand-père était fait pour Benito, le métier de grand-père. qui aura adoré ça, recevoir ses 1200 enfants, vous imaginez ? Ses 1200 enfants. Et puis son million 440 000 petits-enfants, c'est-à-dire les 1200 enfants qu'aurait eu chacun de ces 1200 enfants. Imaginez les embrassades pour du sapin, les échanges de cadeaux de Noël, et Benito, avec sa vieille crête un peu décrépie. Je dis que les fêtes dans une grande famille, ça vaut quand même mieux que tous les discours, toutes les guerres, toutes les velléités de prendre le pouvoir, qui n'ont en réalité aucun sens. Et je peux vous dire qu'il en aurait profité pleinement de sa vie de grand-père Benito, pleinement. Et à sa dernière heure de grand-père, il leur aura livré la synthèse de ce que la vie lui avait appris. La quintessence de la sagesse, pour un poulet rempli d'années, cette pensée que les descendants de ses descendants se répéteront de génération en génération. Ces dernières paroles, il les avait préparées, il avait senti le moment approché, donc il avait préparé le coup. Et ces dernières paroles, les voici, chers auditeurs, écoutez bien. Les dernières paroles de Benito. Cote, cote. Alors soyez gentil. Rendez-lui hommage, à lui et à ses frères et soeurs. Faites-lui un clin d'œil, complice, lorsque vous le mangerez, et finissez votre assiette. C'est tout pour aujourd'hui. Prenez-en de la graine, en de cultiver.

Share

Embed

You may also like

Transcription

  • Speaker #0

    Dictionnaire des idées confuses par François Herdé. Épisode suivant. Coucou les lettrés, cuicui les sachants, et bienvenue à tous les autres. Avez-vous déjà vu un poulet ? Je ne vous parle pas du machin que vous sortez de votre four avant de le découper. Non, je vous parle de la petite bête... qui était vivante juste quelques jours avant de faire son entrée dans votre four et d'en ressortir cuite à point, toute prête pour vos talents de découpeur de poulet. Vous en avez déjà vu ? Vous vous posez la question parce que cette petite bête-là, elle a été un oeuf. Un oeuf pondu par une maman, après avoir été fécondé par un papa. Bon, c'est un poil léthocentrique ce que je vous raconte là, parce que, bon, on n'a quand même pas oublié que sa maman, la maman du pauvre poussin, elle aura pondu environ 1200 oeufs dans sa vie. Et que le papa, il aura fait compter à peu près autant de fois. Bon, ceci dit, le poussin, quand il naît, il n'a pas de père. Ça, ça arrive. Mais le plus souvent, il n'y a pas de mère non plus. Puisqu'avant même d'éclore, hop, on envoie vers d'autres cieux. Et alors, ni père, ni mère, voilà un début dans la vie qui est au urmal de la suite. Son enfance. Qu'en dire ? insouciante, comme toutes les enfances, les enfances sont insouciantes, mais brèves, très très brèves, car son enfance passe vite, beaucoup trop vite. Ils ont 15 jours les petits poulets, ils ont 15 jours, et à 15 jours ils commencent à comprendre qu'ils sont nombreux et que c'est un peu le bordel. Alors forcément, Il y en a un qui, un quart d'heure avant les autres, il y en a un qui va vouloir faire le coq. Et il va se prendre pour le roi de la basse-cour. Il va trouver que ses congénères sont quand même un peu palichons, un peu phallos. Ils ont besoin d'un chef. Il va leur montrer ce que c'est qu'un chef. Il n'a pas de moustache, mais il a eu un début de crête. Et la crête, le sommet, vous avez compris la métaphore. Bref, ils ont un mois, et ils sont des petits adultes à présent. Et donc, il est temps qu'ils prennent leur destin, se disent-ils. Avec un leader, il pourrait aller loin, très loin, très très loin. Jusqu'où ? Ça, personne ne le sait. Mais... le moins con des poulets, il se dit, il n'y a pas de raison qu'il soit plus con que ceux qui sont dehors et qui ont l'air de décider de tout ce qui se passe à l'intérieur de la cage. Puis ils ont maintenant 40 jours. 40 jours. Très adultes. Et Benito, il a pris les choses en main. Et justement, pile au moment où il leur dit en avant, avant N'Ti, après qu'ils se sont mis en rang par deux. Eh bien, la porte, elle s'ouvre sur un tunnel. Ça alors, ils n'ont jamais vu une porte qui s'ouvre. Et là-dessus, il y a Benito qui leur dit, « Vous voyez, vous l'avez bien dit. Grâce à moi, nous allons être libres. Allez, suivez le chef. » Et Benito, il y va. Lui devant et eux derrière. Ils y vont. Avanti. Et puis tout d'un coup, Benito disparaît. Et puis Laurent qui vient juste derrière, disparaît. Et puis Laurent d'après. Et tout doucement se fait l'idée que disparaître comme Benito et tous ceux qui étaient devant... Ce n'est peut-être finalement pas une si bonne idée. Sauf que derrière, il y a ceux qui poussent, parce qu'ils pensent que c'est Benito qui les a sortis de la cage, et donc il faut y aller. Mais Benito, ça fait déjà quelques minutes qu'il n'a plus sa tête. Il s'éplume d'ailleurs. Benito, il a une ficelle qui lui lie les pattes. Elles sont toutes clabres, ses pattes d'ailleurs. Et il a une gousse d'ail et quelques feuilles de thym, là où il y avait des poumons et un estomac. Bref, Benito. il est déjà en route pour l'étale de votre boucher. Et surtout, si, comme nous l'avons vu dans un épisode précédent, vous êtes le boucher du 220 rue de Vosgirard, dans le 15ème à Paris. Car alors, bande de vénards, vous pourrez vous offrir Benito. Mais dépêchez-vous, il n'y en aura pas pour tout le monde, il n'y en a qu'un. Et je le sais parce que je suis dans la queue juste derrière vous. Benito, il aurait aimé qu'on lui fête son anniversaire, la bonne année, tout ça. Le problème, c'est que Benito, il n'a jamais atteint le 1er janvier. Il n'a jamais atteint son anniversaire non plus, d'ailleurs. Et pourtant, Benito, il aurait aimé avoir une famille. Lui qui n'a connu ni père ni mère, il aurait aimé élever ses enfants. Pardon. ses poussins, leur raconter des histoires, comme l'histoire du loup que Benito aurait tué, d'un seul coup d'aile en plus, il l'aurait tué, un peu genre Bruce Lee. Et puis il aurait aimé les voir grandir, il aurait aimé les voir choisir son chacun ou sa chacune, et fonder une famille. Le métier de grand-père était fait pour Benito, le métier de grand-père. qui aura adoré ça, recevoir ses 1200 enfants, vous imaginez ? Ses 1200 enfants. Et puis son million 440 000 petits-enfants, c'est-à-dire les 1200 enfants qu'aurait eu chacun de ces 1200 enfants. Imaginez les embrassades pour du sapin, les échanges de cadeaux de Noël, et Benito, avec sa vieille crête un peu décrépie. Je dis que les fêtes dans une grande famille, ça vaut quand même mieux que tous les discours, toutes les guerres, toutes les velléités de prendre le pouvoir, qui n'ont en réalité aucun sens. Et je peux vous dire qu'il en aurait profité pleinement de sa vie de grand-père Benito, pleinement. Et à sa dernière heure de grand-père, il leur aura livré la synthèse de ce que la vie lui avait appris. La quintessence de la sagesse, pour un poulet rempli d'années, cette pensée que les descendants de ses descendants se répéteront de génération en génération. Ces dernières paroles, il les avait préparées, il avait senti le moment approché, donc il avait préparé le coup. Et ces dernières paroles, les voici, chers auditeurs, écoutez bien. Les dernières paroles de Benito. Cote, cote. Alors soyez gentil. Rendez-lui hommage, à lui et à ses frères et soeurs. Faites-lui un clin d'œil, complice, lorsque vous le mangerez, et finissez votre assiette. C'est tout pour aujourd'hui. Prenez-en de la graine, en de cultiver.

Transcription

  • Speaker #0

    Dictionnaire des idées confuses par François Herdé. Épisode suivant. Coucou les lettrés, cuicui les sachants, et bienvenue à tous les autres. Avez-vous déjà vu un poulet ? Je ne vous parle pas du machin que vous sortez de votre four avant de le découper. Non, je vous parle de la petite bête... qui était vivante juste quelques jours avant de faire son entrée dans votre four et d'en ressortir cuite à point, toute prête pour vos talents de découpeur de poulet. Vous en avez déjà vu ? Vous vous posez la question parce que cette petite bête-là, elle a été un oeuf. Un oeuf pondu par une maman, après avoir été fécondé par un papa. Bon, c'est un poil léthocentrique ce que je vous raconte là, parce que, bon, on n'a quand même pas oublié que sa maman, la maman du pauvre poussin, elle aura pondu environ 1200 oeufs dans sa vie. Et que le papa, il aura fait compter à peu près autant de fois. Bon, ceci dit, le poussin, quand il naît, il n'a pas de père. Ça, ça arrive. Mais le plus souvent, il n'y a pas de mère non plus. Puisqu'avant même d'éclore, hop, on envoie vers d'autres cieux. Et alors, ni père, ni mère, voilà un début dans la vie qui est au urmal de la suite. Son enfance. Qu'en dire ? insouciante, comme toutes les enfances, les enfances sont insouciantes, mais brèves, très très brèves, car son enfance passe vite, beaucoup trop vite. Ils ont 15 jours les petits poulets, ils ont 15 jours, et à 15 jours ils commencent à comprendre qu'ils sont nombreux et que c'est un peu le bordel. Alors forcément, Il y en a un qui, un quart d'heure avant les autres, il y en a un qui va vouloir faire le coq. Et il va se prendre pour le roi de la basse-cour. Il va trouver que ses congénères sont quand même un peu palichons, un peu phallos. Ils ont besoin d'un chef. Il va leur montrer ce que c'est qu'un chef. Il n'a pas de moustache, mais il a eu un début de crête. Et la crête, le sommet, vous avez compris la métaphore. Bref, ils ont un mois, et ils sont des petits adultes à présent. Et donc, il est temps qu'ils prennent leur destin, se disent-ils. Avec un leader, il pourrait aller loin, très loin, très très loin. Jusqu'où ? Ça, personne ne le sait. Mais... le moins con des poulets, il se dit, il n'y a pas de raison qu'il soit plus con que ceux qui sont dehors et qui ont l'air de décider de tout ce qui se passe à l'intérieur de la cage. Puis ils ont maintenant 40 jours. 40 jours. Très adultes. Et Benito, il a pris les choses en main. Et justement, pile au moment où il leur dit en avant, avant N'Ti, après qu'ils se sont mis en rang par deux. Eh bien, la porte, elle s'ouvre sur un tunnel. Ça alors, ils n'ont jamais vu une porte qui s'ouvre. Et là-dessus, il y a Benito qui leur dit, « Vous voyez, vous l'avez bien dit. Grâce à moi, nous allons être libres. Allez, suivez le chef. » Et Benito, il y va. Lui devant et eux derrière. Ils y vont. Avanti. Et puis tout d'un coup, Benito disparaît. Et puis Laurent qui vient juste derrière, disparaît. Et puis Laurent d'après. Et tout doucement se fait l'idée que disparaître comme Benito et tous ceux qui étaient devant... Ce n'est peut-être finalement pas une si bonne idée. Sauf que derrière, il y a ceux qui poussent, parce qu'ils pensent que c'est Benito qui les a sortis de la cage, et donc il faut y aller. Mais Benito, ça fait déjà quelques minutes qu'il n'a plus sa tête. Il s'éplume d'ailleurs. Benito, il a une ficelle qui lui lie les pattes. Elles sont toutes clabres, ses pattes d'ailleurs. Et il a une gousse d'ail et quelques feuilles de thym, là où il y avait des poumons et un estomac. Bref, Benito. il est déjà en route pour l'étale de votre boucher. Et surtout, si, comme nous l'avons vu dans un épisode précédent, vous êtes le boucher du 220 rue de Vosgirard, dans le 15ème à Paris. Car alors, bande de vénards, vous pourrez vous offrir Benito. Mais dépêchez-vous, il n'y en aura pas pour tout le monde, il n'y en a qu'un. Et je le sais parce que je suis dans la queue juste derrière vous. Benito, il aurait aimé qu'on lui fête son anniversaire, la bonne année, tout ça. Le problème, c'est que Benito, il n'a jamais atteint le 1er janvier. Il n'a jamais atteint son anniversaire non plus, d'ailleurs. Et pourtant, Benito, il aurait aimé avoir une famille. Lui qui n'a connu ni père ni mère, il aurait aimé élever ses enfants. Pardon. ses poussins, leur raconter des histoires, comme l'histoire du loup que Benito aurait tué, d'un seul coup d'aile en plus, il l'aurait tué, un peu genre Bruce Lee. Et puis il aurait aimé les voir grandir, il aurait aimé les voir choisir son chacun ou sa chacune, et fonder une famille. Le métier de grand-père était fait pour Benito, le métier de grand-père. qui aura adoré ça, recevoir ses 1200 enfants, vous imaginez ? Ses 1200 enfants. Et puis son million 440 000 petits-enfants, c'est-à-dire les 1200 enfants qu'aurait eu chacun de ces 1200 enfants. Imaginez les embrassades pour du sapin, les échanges de cadeaux de Noël, et Benito, avec sa vieille crête un peu décrépie. Je dis que les fêtes dans une grande famille, ça vaut quand même mieux que tous les discours, toutes les guerres, toutes les velléités de prendre le pouvoir, qui n'ont en réalité aucun sens. Et je peux vous dire qu'il en aurait profité pleinement de sa vie de grand-père Benito, pleinement. Et à sa dernière heure de grand-père, il leur aura livré la synthèse de ce que la vie lui avait appris. La quintessence de la sagesse, pour un poulet rempli d'années, cette pensée que les descendants de ses descendants se répéteront de génération en génération. Ces dernières paroles, il les avait préparées, il avait senti le moment approché, donc il avait préparé le coup. Et ces dernières paroles, les voici, chers auditeurs, écoutez bien. Les dernières paroles de Benito. Cote, cote. Alors soyez gentil. Rendez-lui hommage, à lui et à ses frères et soeurs. Faites-lui un clin d'œil, complice, lorsque vous le mangerez, et finissez votre assiette. C'est tout pour aujourd'hui. Prenez-en de la graine, en de cultiver.

Share

Embed

You may also like