- Stephen
Le statut de la micro-entreprise couplé au statut de fonctionnaire laisse beaucoup de latitude puisque en étant fonctionnaire, il y a une vraie stabilité, une sécurité. Vous avez un salaire qui est fixe avec, et pardon de mettre un pavé dans la mare, mais quand même un peu de temps pour faire autre chose. Quand on est prof, c'est le cas, c'est comme ça.
- Romaric
Bonjour à tous et à toutes, c'est Romaric. Bienvenue sur le podcast Auto-Entrepreneur. On continue notre série sur le cumul de situations. avec la micro-entreprise. Je vous amène à la rencontre d'un personnage haut en couleur. Stéphane est animateur sur le Tour de France, mais le reste de l'année, il est fonctionnaire, et plus exactement, il est enseignant pour des collégiens et des lycéens. Peut-on vraiment être... Micro-entrepreneurs et fonctionnaires, quelles sont les conditions à respecter et surtout comment gérer le cumul de situations au quotidien ? Restez avec nous, on vous répond à toutes ces questions dans cet épisode. Bonjour Stéphane, bienvenue sur le podcast auto-entrepreneur. Je t'ai appelé parce que je te connais en tant qu'animateur, en tant que micro-entrepreneur. On va aussi découvrir des nouvelles facettes de toi, enfin en tout cas une nouvelle facette de toi pour moi, celle de fonctionnaire. tu es aussi enseignant nous on s'est rencontré sur le Tour de France il y a Il y a déjà plusieurs années, on a même été dans la même équipe. Et je crois que le Tour de France, c'est un événement clé. Peux-tu nous raconter comment tu t'es lancé en micro-entreprise ?
- Stephen
C'est effectivement l'événement clé, puisque c'est ce qui m'a fait devenir auto-entrepreneur par le conseil de mes employeurs de l'époque. Moi, j'ai commencé à être animateur sur le Tour en 2011. J'ai fait 2011-2012 en tant que salarié classique. Et en fait, en 2013, c'est les patrons qui m'ont dit « Écoute, tu sais que là, on te paye… » On peut donner des chiffres.
- Romaric
Oui, bien sûr.
- Stephen
On te paye 1700-1800 euros pour faire le mois de juillet. Si tu passes auto-entrepreneur, nous on n'a pas de charge, et donc on peut te payer, te faire une facture de 3500. Et toi tu déduis 23%, c'est eux qui m'ont tout expliqué, moi je ne connaissais rien. Et du coup ils m'ont dit, tu prends 3500, t'enlèves 23% de charge. Et tu auras ce qui te reste à la fin. Effectivement, 35, enfin 3500 moins les charges, c'était beaucoup plus intéressant que 1800. Et donc, j'ai commencé effectivement comme ça. J'ai créé mon auto-entreprise en 2014. Et du coup, au début, je n'avais que le Tour de France. J'avais mon activité et j'avais trois trimestres à zéro euro de revenu et le Tour de France au milieu, 3500. J'avais que ça et puis après, c'était implémenté.
- Romaric
C'était une facture par an au début ?
- Stephen
Exactement, c'était une facture et après, paf, salariat.
- Romaric
Ok, et justement, on va se pencher sur cette partie salariat, parce que ton métier au quotidien, c'est enseignant. Tu es enseignant depuis quand et de quelle matière ou pour quel type d'élève ?
- Stephen
Alors moi, j'ai commencé à être enseignant en 2016, avant j'étais journaliste. Et du coup, j'ai toujours eu ce côté non stable de l'emploi. Je ne sais pas si ça m'attirait, mais en tout cas, ça a toujours été une constante. J'étais constant dans la non-stabilité. Parce que, en tant que journaliste, je travaillais à la journée, donc c'était des piges. Et ensuite, je suis passé contractuel pour l'éducation nationale. Donc ça, en 2016, où j'ai commencé à être prof d'anglais pour des collégiens. Et après, en fait, c'est des contrats qui, moi, j'ai eu de la chance, ont duré souvent les années scolaires complètes. Mais alors, ce n'est pas vraiment une science exacte. Et en fait, du coup, j'ai fait du lycée, j'ai fait du lycée pro. Et là, ça fait quelques années que maintenant, je bosse en BTS pour une école privée. Et donc, je suis un petit peu moins dans le système éducation nationale. J'y étais encore l'année dernière où je travaillais aussi en post-bac. pour des licences, mais voilà, je navigue un petit peu là-dedans, dans l'enseignement depuis 9 ans maintenant.
- Romaric
D'accord, depuis 9 ans, et tu disais avoir été journaliste, tu l'as très bien dit, la stabilité c'était pas ton truc, ça l'est toujours pas, a priori, mais pourquoi ne pas avoir continué en tant que journaliste, ça te plaisait plus, ou c'était pas assez stable justement ?
- Stephen
Bah, c'était pas une question de stabilité, c'était vraiment, j'ai un peu suivi le sens du vent, c'est-à-dire que... que je travaillais pour une émission de télé qui n'a pas reconduit la chronique pour laquelle j'officiais. Ce qui fait que j'avais trouvé une sorte de stabilité puisque étant à l'antenne tous les jours, en fait, je n'avais pas tellement à me préoccuper de mon planning puisque j'étais là de fait. Et en fait, quand ça s'est arrêté, du coup, c'était vraiment un vrai pas en arrière parce que du coup, il fallait retrouver, quand on est journaliste, il faut contacter différents employeurs, dire quand est-ce qu'on est dispo la semaine prochaine, la fin suivante. donc C'est beaucoup d'atermoiement et d'organisation pour organiser ces mois. Et du coup, ça m'a quand même mis un petit choc mental. Et moi, ça faisait longtemps que j'avais envie d'être prof. Alors entre-temps, je suis devenu monteur vidéo pendant six mois pour le remake d'une émission que les collégiens et surtout les gens de notre âge connaissent qui s'appelle C'est pas sorcier.
- Romaric
Ah oui ?
- Stephen
Voilà. Exactement. Là, il n'y avait plus que Fred. C'était une émission sur le web. C'était une belle expérience, j'étais monteur vidéo pour eux pendant quelques mois, avant de descendre à Toulouse, j'habitais en région parisienne depuis le début de ma vie, pour devenir prof, parce que j'avais aussi des intérêts pour venir habiter là-bas, et j'avais vraiment le sentiment que c'était la suite de l'aventure.
- Romaric
T'as dû reprendre les études pour devenir prof, ou t'avais déjà les diplômes nécessaires ?
- Stephen
Non, parce qu'en fait, on peut devenir contractuel avec un Master 2. Ce qui a changé d'ailleurs depuis, je crois que maintenant on peut l'être en étant en licence. C'est vrai. Ménurie de prof. Alarmante peut-être d'enseignant. Donc maintenant la licence suffit. Moi j'avais deux Master 2 à l'époque. Donc ça suffisait. On m'a fait un test d'anglais succinct, on peut le dire. Je suis allé au rectorat, on m'a fait... Attention,
- Romaric
c'était toi le prof en même temps.
- Stephen
Non, là, c'était le rectorat, donc j'y suis allé quand même avec la pression en me disant j'espère que je vais faire l'affaire. Effectivement, vu l'entretien, j'ai fait l'affaire. Ce n'était pas très compliqué. Et puis après, comme plein de métiers finalement qu'on peut apprendre à l'école, c'est surtout sur place qu'on les expérimente. Et donc, je suis devenu prof en étant prof. Après quelques semaines un peu d'improvisation, pas mal de boulot pour se fondre dans le moule. Mais voilà, je suis devenu prof. Un peu au chausse-pied, quoi.
- Romaric
D'accord. Donc prof, et après, tu es devenu fonctionnaire quelques années après.
- Stephen
En fait, c'est un statut de fonctionnaire qui est... C'est un peu flou, c'est-à-dire que contractuel, c'est un peu un vide juridique. C'est-à-dire qu'au niveau de la banque, effectivement, par exemple, j'ai eu un pré-IMO parce que le banquier trouvait ma situation stable et donc a dû me considérer comme un fonctionnaire. J'ai pu m'inscrire à la CASDEN, qui est un organisme uniquement... pour les fonctionnaires, mais je n'avais pas de CDI. Je pouvais m'inscrire à un syndicat de profs, par exemple. Mais c'est-à-dire que j'étais fonctionnaire sans vraiment l'être non plus. C'était des contrats qui s'arrêtaient un peu du jour au lendemain. Je n'avais aucune sécurité du fonctionnaire. C'est un peu un entre-deux.
- Romaric
Tu étais tout de même à temps plein en tant que prof ? Oui,
- Stephen
ça dépendait des fois. J'ai la chance, en étant prof d'anglais, euh euh Les profs de langue sont souvent des femmes, et donc j'ai beaucoup remplacé pour des congés parentaux ou des congés maternités, et qui sont souvent longs, donc j'ai pu faire des années scolaires entières, vraiment la grande majorité du temps, et du coup c'était des temps pleins, oui, franchement je crois que j'ai quasiment eu que des temps pleins, et j'ai eu surtout la chance de ne pas avoir cette espèce de... de galère du double établissement quoi. T'as 9h à tel endroit, 9h dans un autre.
- Romaric
T'as toujours été dans une seule école.
- Stephen
Ouais, pendant l'année scolaire j'ai eu ça. Alors des fois j'ai eu des contrats qui duraient peut-être septembre à décembre, puis dans un autre bahut de janvier à juin. Mais bon, j'étais quand même installé. Parce que ça c'est aussi, c'est une instabilité qui est difficile parce que t'es partout sans être nulle part. Ouais. tu connais aucun collègue, les élèves, tu les vois comme ça, tu n'as qu'une classe, c'est tout sauf pratique. Donc c'est vrai que moi, j'ai eu la chance d'être au moins dans un endroit fixe pendant une année, ce qui est déjà pas mal.
- Romaric
Il y a quand même des similitudes entre ces deux activités. En tout cas, moi, je trouve, entre être prof et animateur, c'est que tu es un homme de parole, tu es un ambianceur, tu es quelqu'un qui aime parler en public. Et justement, que ce soit devant une salle de classe ou devant un public comme celui du Tour. où désormais lors de ta nouvelle activité en tant que speaker pour Montauban, tu as cette aisance à parler en public. Est-ce que justement c'est volontaire ce lien entre les deux ? Naturel en tout cas ?
- Stephen
Alors je crois, si on peut rentrer dans un aspect un peu psychologique, que justement c'était la chose la moins naturelle du monde pour moi, de parler en public jusqu'à très tard. Mais ne serait-ce que parler aux gens, ça a été très dur, et je crois que justement... J'ai voulu faire cette activité en me disant c'est la chose la plus dure que tu peux faire pour toi, donc si tu y arrives, tu sauras faire plein de choses. Je crois que c'était ça ma motivation de départ. Moi, je suis d'une timidité... maladive mais c'est pas une expression j'ai un mot du médecin pour difficulté un peu sociale à discuter sauf que j'ai vite compris que que ce soit un frein c'est une chose, maintenant qu'est-ce qu'on en fait et donc j'ai choisi le pire truc pour moi, c'est à dire que tu vas faire des choses où tu vas te mettre en avant et en faire ton métier pour apprendre à ce que ce soit plus facile pour toi dans la vie privée ce qui fait que Dans la vie privée maintenant déjà c'est plus facile parce que le personnage devient un peu ta personnalité quand tu grandis etc c'est pas du tout quelque chose où je me force c'est même quelque chose maintenant où je prends plaisir mais c'est c'est effectivement quelque chose qui me plaît parce que j'ai l'impression d'avoir vaincu quelque chose et ça à chaque fois on parle de du track des artistes qui disent à chaque fois que je monte sur scène pourtant je l'ai fait mille fois effectivement c'est un peu ça moi chaque fois que je avant que je commence c'est toujours affreux par contre après j'adore Donc il y a toujours un petit passage de ça. Là où tu as raison, et pour revenir à ta question, c'est qu'effectivement, les deux activités se rejoignent sur ce point commun. Et de la même manière, je suis devenu prof parce que j'avais en partie des choses à expier de mon collège, qui a été une période absolument terrifiante pour moi. Et du coup, je me retrouvais de l'autre côté. Voilà, j'y retourne, je règle un peu l'histoire. Et donc, il y avait ce côté un peu... Trouver une posture qui fasse qu'on puisse faire plaisir à des gens qui en ont envie, parce que les élèves en ont envie, tout comme un public d'un match de sport ou d'un public d'un événement sportif en général. Eux, ils ont envie de recevoir quelque chose qui leur plaît. Moi, quand j'étais spectateur de sport, c'est ça que j'adorais. Moi-même, au collège, j'adorais les cours. J'aimais bien qu'on m'apprenne des trucs. Donc, il y a un côté un peu rétribution, quitte à ce que ça nécessite une espèce de dépassement de soi. pour arriver à cet endroit-là. Il y a un peu les deux de dire, on fait plaisir à des gens, en prof, ça se discute, mais au moins on est là pour leur apporter quelque chose, tout en moi me disant, c'est bien ce que tu fais, parce que c'est difficile pour toi et pourtant tu y arrives.
- Romaric
D'accord. Et justement, si tu parlais de ton collège, de ses souvenirs, est-ce qu'il y aurait un prof qui t'aurait inspiré ?
- Stephen
Alors au collège, non. Au lycée, peut-être un peu plus, parce que je me suis rendu compte... Enfin, déjà, je m'en rappelle plus, parce que c'est vrai que le collège, c'était vraiment une période délicate, et je me disais justement récemment que j'aimerais bien... Alors, c'est impossible, parce que du coup, maintenant, ils ont quand même 25 ans de plus, quoi. Mais j'aimerais bien revoir ces gens, ces profs, maintenant que je le suis, parce que je me rappelle pas tellement de comment ils étaient, quoi. J'aimerais bien les voir vraiment pour... Savoir si le peu de souvenirs que j'ai d'eux est vraiment correspondant aux gens qu'ils étaient. Au lycée, c'est un peu plus clair. Et surtout en prépa. Après, j'ai fait une prépa commerce parce qu'à la base, j'ai fait une école de commerce. Et là, j'ai eu des profs qui, effectivement, étaient passionnés, passionnants et qui, surtout, apportaient des choses de plein de manières. C'est-à-dire qu'il y a des profs... On dit souvent ça, on se rappelle de nos profs sévères. Et pour autant, ce n'est pas leur sévérité qui nous plaît. Moi, je conteste ce côté masochiste de « moi, j'adore S-Prof, il était super sévère » . Ce n'est pas la sévérité qu'on aimait, c'était le côté qu'il soit juste et que du coup, c'était carré et qu'on apprenait des choses. Et pour le coup, on se rappelle des anecdotes parce qu'on s'est pris un gros shoot un jour où il a shooté ton pote.
- Romaric
Je t'ai la créé.
- Stephen
Ouais, par exemple, j'ai pris des coups de kitesk à l'époque. On a des coups de kitesk sur la tête, mais... Ça, c'est plus l'anecdote, c'est pas ça qui m'a fait aimer la personne. Enfin, je le crois, sinon c'est plus problématique que je le crois à l'être humain. Mais je crois que c'est effectivement ces profs qui sont contents d'être là, et justement parce qu'ils sont sévères, ils arrivent à créer quelque chose qui nous permet de nous sentir libres dedans. On ne peut pas trop s'en écarter, et puis une fois que ça va bien, du coup c'est des discussions sympas avec ces profs-là qui font qu'il y a vraiment des... choses qui restent en tête pour le restant de nos jours. C'est plus ça qui m'a inspiré.
- Romaric
Justement, tu te sens proche de tes élèves aujourd'hui ?
- Stephen
Ouais.
- Romaric
Parce que je t'ai vu en tant qu'animateur, je sais que ton public, tu partages vraiment tes émotions et ton énergie. Est-ce que avec les enfants, c'est pareil ?
- Stephen
Alors, ouais. Je crois sincèrement que les gens qui m'ont vu en tant qu'animateur seraient un peu déçus de me voir en prof parce que... nécessairement ils ont l'impression que on fait des saltoirs hier en cours et que il ya des holà longueur de journée c'est pas le cas c'est pas le cas mais néanmoins face à un truc beaucoup de gens quoi tous les gens qui me voient animateur se disent mais attend ce gars en prof ça colle pas Ou alors ça doit être un vrai faux. Ouais, alors que pas vraiment. Néanmoins, je crois que j'arrive à transposer un peu ça, notamment si on fait pas mal de jeux, on fait beaucoup d'oral, d'improvisation. Moi, justement, venant d'une enfance où tout a été très dur au niveau de la parole et au niveau des liens sociaux, moi, je veux vraiment qu'ils soient forts et prêts à communiquer, surtout en langue vivante, ça, c'est intéressant. Donc, on crée effectivement ce lien-là, et je crois... que je m'inspire des profs dont je parlais un petit peu plus tôt, qui étaient justement les plus sévères, mais au final les plus sympas. Parce qu'effectivement, je crois que les élèves diraient ça de moi. Il est très casse-pieds, surtout au début. Mais pour autant, après, c'est là où on se marre le plus, effectivement. Parce que c'est justement parce que tout est carré, c'est comme ça que je vois le truc. Après, pour vraiment préciser au terme d'élèves, effectivement, les élèves... Il y a une différence franchement entre les collégiens, et là j'ai des BTS en post-bac, eux ils sont plus en mode consommation, ils viennent, ils cassent pas les pieds, au pire ils dorment, il y a moins de liens effectivement forts, néanmoins, il y a beaucoup d'élèves qui... parce qu'en plus d'être prof, on est un peu un modèle de ce qu'ils vont être plus tard, c'est-à-dire des adultes, et ça c'est hyper important pour eux, et aussi pour moi de dire, regardez qu'à 35 ans... Le fait d'être adulte, ce n'est pas forcément hyper pénible ou hyper sérieux. C'est quelque chose qui me plaît. Pour ces jeunes adultes qu'ils sont, ils se disent « notre prof a 35 ans, il est toujours « cool » , il fait toujours plein de trucs, il bouge, il voyage, il fait des événements, il a plusieurs activités. Il y a beaucoup de choses que je trouve qui sont des bons exemples pour eux. Et pour les collégiens, c'est différent. Effectivement, il y a un côté plus... Oui,
- Romaric
ils se projettent pas si loin.
- Stephen
Oui, mais c'est-à-dire qu'effectivement, eux, me trouvent plus fun et plus... Je suis effectivement proche et j'aime bien aussi être le prof à qui ils aiment bien raconter leurs vacances. Mais bon, ça, il y en a plein. Ils adorent ça, les collégiens, raconter leur vie. Donc, moi, j'aime bien être cette oreille-là. Donc, oui, je pense que je suis plus proche que d'autres parce que je crois que je sais bien faire la part des choses et reconnaître ce dont ils ont besoin. Je crois, attention, modestement.
- Romaric
Ok. La part des choses, on va y revenir un peu plus tard. Justement, comment tu fais la part des choses entre tes deux activités. Mais avant ça, j'ai une petite question à te poser, un petit quiz sur justement les fonctionnaires. Ils n'étaient pas autorisés à accumuler plusieurs activités jusqu'à il n'y a pas si longtemps. Il y avait une interdiction de principe qui ne permettait pas aux fonctionnaires d'avoir une activité professionnelle à côté. de la réactivité d'enseignants, par exemple, pour ton exemple. Sais-tu en quelle année cette interdiction de principe a été levée ?
- Stephen
Alors là, je n'en ai bien aucune idée. Je me rappelle encore une fois d'un papier qui existait d'autorisation de cumul d'activité, mais très sincèrement, je ne sais même pas s'il avait une vraie valeur. Je ne sais même pas si, moi, on m'a autorisé. J'ai jamais eu de problème, mais je sais pas si c'est parce que j'étais juste contractuel, je sais pas si c'est parce que mon autre activité était pas non plus une activité à plein temps, ni rien. C'est-à-dire que je n'ai jamais été confronté, je pense que c'est une vraie info quand même, à ce problème ou à cette interdiction. Donc effectivement, je n'ai aucune idée de quand elle a dû être levée.
- Romaric
Alors, la réponse est en 2007. C'est assez récent. Jusqu'à 2007, les fonctionnaires étaient très limités dans la possibilité d'exercer une autre activité professionnelle. Aujourd'hui, il y a plein de possibilités différentes. Sur les personnes qui sont à temps plein, il y a plusieurs dérogations qui permettent d'être auto-entrepreneurs. Toi, pour ton activité, par exemple, vu que ça fait partie d'une liste d'activités, que tu as juste besoin de demander à ta hiérarchie si tu peux l'exercer. Et puis après, ça passe devant une commission et puis tu as la réponse, en général, la réponse. C'est, oui, il n'y a pas de surprise, mais c'est que depuis 2007. Et puis après, ça tombe bien parce que la micro-entreprise, elle est née en 2009, ce qui a permis à plein de fonctionnaires, ensuite, justement, d'avoir des activités annexes de leur statut de fonctionnaire.
- Stephen
Ok.
- Romaric
Donc là, tu viens de l'expliquer, toi, avec ta hiérarchie, ça a été super simple, il n'y a pas eu grand-chose à faire. Est-ce qu'il y a quand même des points qui ont pu être un peu bloquants dans ce cumul ? ou ça a toujours été super simple ?
- Stephen
Alors, oui, mais là, on entre dans l'aspect planning. En fait, bloquant, si je prends l'exemple du Tour de France, qui commence à des dates toujours un peu identiques, c'est-à-dire début juillet. Parfois, ça se chevauche, même la plupart du temps, ça se chevauche entre la fin de l'année scolaire, qui finit maintenant entre le 4 et le 7 juillet, et le Tour de France, pour lequel il faut être dispo le 30 juin. En gros, ça dépend des années, mais voilà. Effectivement, parfois, étant contractuel, moi, 9 fois sur 10, je ne suis pas là la rentrée d'après. Donc, si le contractuel n'est pas là à la première semaine de juillet, dont les activités des profs consistent principalement soit à occuper les élèves, soit à préparer la rentrée suivante. Moi, souvent, mes chefs d'établissement m'ont dit « Aucun problème, de toute façon, que tu ne sois pas là pour préparer une rentrée dans laquelle tu ne seras pas toi-même, ce n'est pas très grave. » Une fois, ça a posé problème entre guillemets, parce que la personne, enfin la chef d'établissement, ne voulait pas me laisser partir. Je suis d'accord, mais là, forcément, on entre dans une espèce de négociation gré à gré en disant « Vous m'employez encore trois jours et après, je n'ai plus de salaire. Eux, c'est des gens qui m'emploient en juillet, c'est mon métier en juillet. Vous ne pouvez pas me proposer de métier en juillet parce que vous êtes fermé, ce n'est pas votre faute. » Mais voilà. Donc, il y a une fois où effectivement, il y a une principale d'établissement qui a un peu grincé des dents, mais ça, ça va. Et maintenant, c'est plus pour les événements. J'essaye, et j'ai réussi par exemple cette année, de concentrer mes cours loin des week-ends pour pouvoir avoir de la marge sur d'éventuels événements qui seraient loin, qui nécessiteraient du transport et tout. Et maintenant, c'est effectivement encore une fois du gré à gré sur des négo, entre guillemets, si je dois enlever un mardi matin. C'est l'avantage des écoles post-bac privées, c'est que c'est beaucoup plus facile de dire, bon, je ne sais pas, ce mardi, je ne suis pas là le matin parce que je reviens d'un tel endroit. Est-ce que c'est possible qu'on place nos cours à l'école ? Voilà.
- Romaric
Ça, ça marche. Ça,
- Stephen
ça marche. Tu ne peux pas dire que ça marche pour tout le monde. Moi, je suis dans un établissement où on y arrive parce que je me rends aussi dispo, justement. Je n'arrive pas sans rien. J'arrive en disant, moi, j'ai regardé ces cours-là, je peux les mettre à cet endroit-là. J'arrive avec des propositions de remplacement. Et je crois que ma fiabilité, encore une fois, modestement, mais dans mon travail en général, me permet d'avoir de bonnes relations avec mes chefs d'établissement qui me disent « Oh, Effectivement, lui, il est tout le temps là, il n'y a pas de retard, il y a tous les aspects humains qui sont là et qui font que si le boulot est fait par ailleurs, on arrive à faire ça plus facilement.
- Romaric
Ça se monnaie en goodies un peu avec les chefs d'établissement ?
- Stephen
Alors, je me plais à croire, moi je me suis toujours dit quand on arrive dans un endroit, il faut bien s'entendre avec deux personnes, c'est-à-dire le chef d'établissement et les gens de la cantine. C'est les deux personnes toujours où tu vas quelque part, il faut être toujours sympa avec les gens qui te rendent service. Que ce soit les gens qui te nourrissent ou même les gens qui nettoient ta salle, toujours avec eux, il faut être toujours le mieux. Alors effectivement, plutôt en préventif, je reviens toujours avec un petit sac pour dire, regardez, voilà, je ne le rappelle pas, mais c'est de l'inception. quand ils y repensent quand même mon petit ma casquette, je l'ai, j'y pense. Donc, je pense qu'ils sont plus enclins à me rendre service grâce à ça, oui.
- Romaric
Ah, super. C'est bien que ça fonctionne, mais c'est pas étonnant non plus. Donc là, au niveau de l'emploi du temps, tu parlais de ton job d'été, donc sur le Tour de France. Désormais, t'as aussi d'autres activités avec ta micro-entreprise ?
- Stephen
Ouais.
- Romaric
Tu es speaker à Montauban pour le top 14. Est-ce que tu as d'autres activités ? En plus de celle-ci.
- Stephen
Alors ouais, en fait, le côté... Moi, quand je suis arrivé à Toulouse, j'ai été prof pendant longtemps, plus Tour de France. Donc j'avais toujours une seule facture par an, jusqu'en 2020 ou 2021. Où là, j'ai été approché pour remplacer justement un speaker, c'était pour du volet à l'époque, qui avait deux événements en même temps, et qui du coup avait besoin de se faire remplacer. J'ai commencé à rentrer là-dedans, et après, bouche à oreille, ça va assez vite. Et du coup, j'ai fait plusieurs événements sportifs en tant que speaker, donc on se les compose, on ambiance le stade. Je me suis retrouvé pareil à Montauban, toujours en remplaçant de cette personne-là, parce que effectivement, même moi d'ailleurs, je me retrouve dans des situations où parfois j'ai deux événements qui se chevauchent. Et de remplacement en remplacement, j'ai un emploi du temps bien rempli, donc je suis toujours remplaçant, en gros, souvent de gens. Mais là, par exemple, je travaille sur l'animation au départ. de course dans la boue qui s'appelle des Mud Girls c'est une tournée en France et aux Etats-Unis au Canada moi je m'occupe que de la France pour l'instant et là en ce moment par exemple là septembre octobre c'est toute la tournée donc je suis allé à Aix ensuite près de la Rochelle à Lille à Lyon Donc ça, c'est des week-ends qui partent comme ça. Je bosse avec le stade toulousain Handisport, où on fait beaucoup de sensibilisation à handicap. Donc des tournois inter-entreprise, et c'est pareil, ça en bouge un peu. Ou alors c'est des dates qui sont dans l'année, de manière quand même plutôt régulière. Les matchs de rugby à Montauban. Et là-dedans, on met tout ça dans la marmite et on espère que tout colle au niveau du planning. Pour l'instant, ça va à peu près, mais c'est sûr que...
- Romaric
Ça fait beaucoup,
- Stephen
ouais. En fait, c'est beaucoup sans être beaucoup, parce que c'est des choses qui, pareil, sont très... Le problème de l'animation, comme dans plein de choses, dans l'entrepreneuriat, c'est-à-dire qu'on a très peur de dire non, on a très peur d'être indispos une fois, et que du coup, on nous dise, si t'es pas là... Ce qui fait que des fois, forcément, il y a des compromis, parce qu'on rate, oui, des anniversaires, mais parce qu'on se dit... Parfois, moi, je me dis, j'ai eu l'anniversaire de gens très proches, où je me dis bon allez quand bien même ça me coûte aller 400 euros de facture de cet événement là c'est pas très grave je préfère la livre de mon pote sincèrement simplement si ces 400 euros me font manquer les 3000 de la tournée suivante etc parce que du coup je perds ma place c'est là que c'est difficile mais pour l'instant c'est ok parce que l'animation est aussi assez quelque chose d'assez saisonnier. Donc à part Montauban... et le stade toulousain où là c'est quand même des dates mais quand même ça reste ponctuel est-ce que c'est tous les week-ends ? alors en ce moment c'est un peu tous les week-ends mais Montauban par exemple si c'est les matchs à domicile c'est toutes les deux semaines et encore encore une fois je suis remplaçant donc là je fais pas mal de matchs mais c'est pas moi le résident stade toulousain je dois avoir allez en moyenne une deux dates par mois peut-être donc voilà c'est pas quelque chose moi je me suis lancé dans l'animation Avec pour l'instant ce confort de ne jamais avoir à chercher le boulot. C'est-à-dire qu'on m'en a toujours proposé, et en fait, mon métier principal, ou pas d'ailleurs, mon métier d'enseignant me permet d'avoir un socle, un plancher de revenus, qui me suffit, et tout le reste est un peu du bonus. Donc, c'est-à-dire que j'ai une charge mentale très faible en termes d'animation, car je n'ai pas du tout à me vendre, ce que je fais d'ailleurs extrêmement mal, ça revient un peu à ce côté... Une fois que j'y suis, c'est OK, mais avant, c'est un peu l'enfer. Je n'ai pas besoin de montrer ce que je fais. Bonjour, je fais ci. Bonjour, vous avez besoin de moi. Je ne fais pas trop de post-insta. Salut, vous avez besoin de donner vie à vos événements. Ça, je ne me le sentirais pas du tout. À tort peut-être, d'ailleurs, parce que, encore une fois, ça fait partie du taf. Il y a des gens qui le font très bien et c'est cool. Moi, je n'ai pas à le faire et pour l'instant, je m'en sors très bien.
- Romaric
Est-ce que tu as déjà pensé de complètement switcher ? devenir animateur à temps plein, de quitter ton métier d'enseignant.
- Stephen
Oui, j'y ai pensé, mais jamais très sérieusement, pour les raisons que je viens de t'évoquer. C'est-à-dire que je chéris ce côté « on m'appelle, salut Stéphane, t'es dispo à cet endroit-là, à tel moment, oui, non, trop cool » . En plus, pour l'instant, très honnêtement, je suis dans un moment et un niveau d'activité qui me permet souvent de dire oui. J'ai eu très peu de chevauchement. Déjà, j'adore être prof. Aussi, j'aime bien ça. C'est à 9 minutes de chez moi. J'y vais à vélo. Ça me donne vraiment un lien fort. J'ai du temps pour moi dans la semaine grâce à ça. Et encore une fois, le côté un peu incertain de « il faut chercher du boulot » . Je pourrais croire, effectivement, là j'en trouve du taf, on m'en propose beaucoup, etc. Mais le fait que ça devienne une obligation serait un poids que je ne suis pas sûr d'apprécier en fait. Là pour l'instant... très honnêtement, je vais dire un truc un peu bateau, mais oui, c'est du taf et oui, c'est fatigant. C'est fun quand même. Je veux dire, je suis animateur dans des stades. J'ai vraiment l'impression que c'est... Moi, quand je suis en bord terrain dans le stade à Montauban, je me dis, mais je bosse. C'est très étrange. Je suis au premier rang pour voir un match de rugby. Je vois des gens, ils sont là. C'est fabuleux. Donc non, je n'y ai pas pour l'instant pensé parce que un, je n'en ai pas besoin et en plus, ça nécessiterait beaucoup. peut-être beaucoup plus de déplacements, après pour la vie de famille, c'est compliqué. Donc c'est pas quelque chose qui pour l'instant m'a tenté plus que ça.
- Romaric
D'accord. Là tu viens déjà d'expliquer justement que le démarchage c'était peut-être une des parties qui te plaisait le moins dans la micro-entreprise, que c'était peut-être même aussi une des raisons pour lesquelles tu ne changeais pas. Est-ce qu'il y a d'autres choses dans la micro-entreprise qui sont un peu des défis, par exemple l'administratif ? Au niveau du calendrier, tu en as déjà bien parlé, donc ça a l'air de bien se ficeler. Mais au niveau de la fatigue ou de l'administratif, est-ce qu'il y a des choses qui te gênent
- Stephen
Alors non, je vois plutôt des opportunités. Grâce à ça, ça m'a permis de développer un autre métier un peu naturellement. C'est-à-dire que du coup, il y a ce côté prof, c'est la semaine, animateur, c'est le week-end. J'ai réduit mon nombre d'heures de cours parce que je faisais beaucoup trop après de double journée. Des fois, j'avais des événements le soir, donc là, c'était encore une fois une question de planning. Moi, en termes d'administratif, je n'ai jamais été ni stressé ni nonchalant. C'est-à-dire que moi, je suis très carré dans mes factures, mes déclarations, c'est facile. Après, justement, on en parlait sur le formulaire de non-cumul d'activité de fonctionnaire. En fait, je ne m'en préoccupe pas tant que ça. J'ai l'impression que je fais ma part, c'est-à-dire carré niveau facture, déclaration, URSAF, etc. Je ne trouve pas que le côté administratif soit si pénible. Mais encore une fois, parce que ce n'est pas mon métier. principale et donc j'ai eu peu à... j'ai eu peu de freins à ce niveau-là. Et en plus, j'aime bien ça. Moi, j'aime bien avoir des factures, des dossiers bien rangés. Je sais qu'il y a des gens pour qui c'est une vraie galère, une angoisse, ils savent pas faire, ils ont du mal, ils ont du mal à se dire « je fais ça aujourd'hui » , etc. Moi, j'y arrive très bien. Vraiment, du peu que j'ai à faire, c'est quelque chose que je fais bien, donc ça, c'est pas un ennui. Ouais. Et...
- Romaric
On en parlait un petit peu en off. Tu as peut-être justement une autre déclaration en plus qui pourrait arriver pour toi avec ton nouveau statut. C'est justement, maintenant tu travailles aussi en tant qu'enseignant avec ta micro-entreprise. Ouais, j'ai enchanté. C'est quelque chose de nouveau.
- Stephen
C'est pareil, j'ai eu exactement la même chose que pour le Tour de France. Quand je suis arrivé dans cette école privée il y a 4 ans, ils m'ont dit au départ, écoute, on peut te payer en facture. Alors c'est pareil, je ne sais même pas trop, en tant que contractuel prof, on doit gagner... peut-être en net une vingtaine d'euros par heure de cours. Et là, c'est pareil, on m'a dit ce sera 50 en facture. 50 moins 23%, c'est mieux que 20. Sauf qu'au début, cette école privée se lançait. Donc, j'avais une heure et demie de cours par semaine pour eux. Donc, j'étais beaucoup plus prof pour le rectorat pur que pour cette école-là. Sauf que petit à petit, année après année, l'activité s'est développée. Jusqu'à encore l'année dernière, j'avais encore les deux. Et là, je suis vraiment en full activité chez eux de prof. Qui effectivement me font gagner plus de sous parce que je suis en facture. Mais là effectivement arrive le plafond de revenus annuels qui va encore me lancer dans une nouvelle réflexion. Car voilà, les 37 750, 37 500.
- Romaric
C'est exactement 37 500 pour le moment, ouais.
- Stephen
là cette année je vais être un petit peu au dessus de ça et donc se pose la question de savoir parce que mon activité d'enseignant payant en facture augmente mon activité d'animateur augmente année après année qu'est-ce
- Romaric
que je fais est-ce que j'ai envie de passer dans cet autre statut qui justement nécessite de nouvelles choses après 37 500 tu pourrais rester en micro-entreprise mais tu devrais appliquer la TVA la différence serait là mais par contre tu pourrais rester en micro-entreprise Et c'est peut-être une gestion en plus d'avoir la TVA, surtout avec...
- Stephen
Surtout que j'ai des employeurs qui... Alors, j'en ai parlé à certains, justement, quand il y a eu, c'était en mars, je crois qu'il y a eu cette annonce que ça allait passer à 25 000, où là, j'étais là, je suis bon, j'explose le plafond. Sauf que, effectivement, j'avais des employeurs qui me disaient, mais c'est pas grave, tu rajoutes 20%, nous, on peut la défalquer, enfin, nous, c'est pas grave. Donc sur ton tarif, toi au final, tu t'en sors, c'est pareil. Mais moi justement, mon école dans laquelle je bosse, dans mon contrat, c'est marqué « Si vous êtes assujetti à la TVA, c'est pour votre pomme, quoi. » En gros. Donc, c'est-à-dire que je perds 20%. Parce que je ne pourrai pas augmenter ma facture. Et donc du coup, c'est la TVA que je paye plein pot. Donc effectivement, c'est quelque chose qui, pour le coup, là il y a un vrai sujet. Et un peu une crainte, parce que... Si c'est un aspect administratif en plus d'un calcul, tu rajoutes 20%, ton temps enlève 20, c'est pas exactement ça, et ça te change rien à tes revenus, très bien. Mais au final, ce ne sera pas tellement ça dans mon cas, parce qu'il y a plusieurs parties où ce ne sera pas possible. Oui,
- Romaric
c'est aussi la source d'inquiétude de beaucoup de micro-entrepreneurs aujourd'hui, qui seraient dans la même situation que toi, et que ces 20%, ça serait à eux de les prendre et de les encaisser, à leur dépend.
- Stephen
Si c'est une perte de revenu de 20% du jour au lendemain, bon, c'est pas fun. Ah non,
- Romaric
non, non. Justement, le fait que tu passes prof avec ta micro-entreprise, qu'est-ce que ça dit un peu du visage de l'éducation aujourd'hui ? Est-ce que tu sens, toi, avec ton expérience, qu'il y a un virage qui est en train d'être pris ?
- Stephen
Un virage, ça fait longtemps. C'est-à-dire que déjà, on a commencé à... à banaliser le côté contractuel. C'est-à-dire que moi, j'étais toujours très heureux d'être contractuel parce que ça me filait du boulot et je n'avais pas de diplôme de prof. Donc, ça m'a permis de faire quelque chose pour lequel je n'étais pas formé à la base. Le fait qu'il y en ait de plus en plus, c'est un peu inquiétant, effectivement. Parce que je me disais, moi, parfois, je dis, c'est quand même... Enfin, encore une fois, moi, je fais partie des gens, peut-être des contractuels qui, au moins, sont sérieux, qui sont là tout le temps, qui prennent les choses très à cœur, qui se soucient... sont au moins formés un peu sur le tas, mais qui se sont formés. Et je sais qu'il y a d'autres contractuels qui arrivent là, il reste 15 jours, ils se rendent compte que c'est trop difficile, parce que c'est un métier qui est dur, qui est sollicitant. Et du coup, il y a un peu un bazar dans l'éducation qui est déjà un peu existant. J'aurais quand même envie de dire, même si moi ça m'a rendu service, que dans l'idéal, ce serait soit bien qu'on en ait le moins possible, Ou en tout cas, que ce serait bien d'en avoir le plus possible, qu'il soit plus formé, qu'il soit plus stable, qu'il soit mieux rémunéré, parce que du coup, quand on est contractuel, on n'est dans aucune grille d'avancée salariale. C'est-à-dire qu'on est contractuel, on gagne tant l'année 1, on fait ça 30 ans, on gagne pareil que l'année 1. Donc nécessairement, ça c'est aussi un problème, ce qui fait que peut-être que les contractuels qui se lancent, ce n'est pas fort. Si on sait que notre salaire ne va jamais augmenter, j'aurais envie de dire que les gens qui seraient les meilleurs profs possibles ne vont pas forcément se lancer là-dedans, même en tant que contractuels. Parce qu'on dit, d'accord, mais eux aussi, ils ont des objectifs, eux, ils vont faire autre chose. Donc oui, il y a un virage qui est fait en termes de budget, en termes de beaucoup de choses. Et moi, que je puisse être payé en facture là, c'est un peu différent parce que c'est un peu encore une niche. Je suis dans une école privée post-bac, il n'y a aucune chance de me faire payer en facture. dans un collège en France. Ça n'existe pas, on est en contrat mais effectivement c'est hyper précaire. Moi j'ai eu des contrats par exemple où c'était un arrêt maladie qui se prolongeait d'une enseignante et on m'arrêtait les contrats avant les vacances, on me les reprenait après quoi. C'est pour éviter de me payer les deux semaines entre les deux. Là je me rends compte que c'est hyper incorrect quoi. C'est à dire qu'en gros toi tu taffes en plus pendant les vacances. C'est à dire que tu fais pas rien, tu sais que t'as cours le lundi voilà. tu as du suivi à faire, sauf que ton contrat il s'arrête le 14, il reprend le 30 et donc, hop, tu as perdu deux semaines de salaire. C'est pareil, ce n'est pas une norme, attention, je ne veux pas dire à l'éducation nationale, ça s'est vraiment plutôt bien passé en termes de paye, je n'ai pas tellement eu de galère. Voilà, il y a quelques ennuis administratifs, mais dans le privé aussi, j'ai vécu les mêmes choses partout. Donc oui, ce virage-là, il est inquiétant. Mais il est plus profond que ce côté juste auto-entrepreneuriat dans une école privée.
- Romaric
Ouais, c'est des enfants qui ont peut-être moins de cours que ce qui est prévu sur l'emploi du temps.
- Stephen
Ouais, ça fait longtemps, attention, c'est un virage, encore une fois c'est une courbe. C'est dur parce qu'encore une fois je suis persuadé que tout le monde est de bonne volonté. Moi j'ai toujours eu affaire à des gens qui étaient eux-mêmes dépassés par ce qu'ils devaient faire. Moi j'ai eu par exemple des choses, si on parle de l'organisation, sans tomber dans le pamphlet, mais du rectorat où parfois tout était compliqué, tout était lent. En fait c'est pas les gens qui sont lents, c'est les gens qui sont peu face à une masse de travail qui est complètement aberrante en fait. Donc effectivement c'est là qu'est compliqué, où on a un risque de se retourner les uns contre les autres, c'est-à-dire qu'on se retrouve nous à « toi tu veux bosser ? » Moi je me suis retrouvé dans des situations où il y avait un collège qui voulait que je sois prof pour eux. Il manquait un prof, le rectorat pouvait pas donner de prof, moi j'étais dispo, tout le monde prévenait le rectorat, ils arrivaient pas à nous mettre en relation. Tout était calé, j'avais déjà fait une année là-bas, la directrice avait dit qu'on voudrait que ce soit lui qui revienne, moi j'avais dit, moi je veux revenir, et le rectorat répondait pas, ils y arrivaient pas. C'est-à-dire que pour nous on se disait, c'est un problème en moins pour eux, au moins c'est un prof de place et on passe à la suite. Mais non, parce qu'il y a d'autres enjeux, il y a effectivement des... prof titulaire qu'il faut placer en priorité mais on n'est pas assez,
- Romaric
enfin voilà il y a beaucoup de choses qui effectivement sont faites tout est compliqué mais malgré tout je crois que tout le monde fait un peu de son mieux donc de ton mieux c'est ce que tu fais depuis plusieurs années avec ce cumul euh...
- Stephen
ouais ouais bah on essaye,
- Romaric
je sais pas si j'ai vu que en plus de ta micro-entreprise en plus d'animateur, en plus de professeur tu avais aussi écrit un livre ouais
- Stephen
Je m'ennuie rarement, c'est vrai.
- Romaric
Est-ce que c'est aussi avec ta micro-entreprise que tu as publié ce livre ou tu as un autre statut ?
- Stephen
Alors non, voilà, c'est même un statut, c'est de l'auto-édition, via une grande entreprise multinationale, avec un joli petit sourire, qui fait de l'auto-édition. Et en fait, ça c'est un truc, c'est pareil, c'est un autre rêve d'enfant que je voulais réaliser, et que j'ai réalisé il y a 10 ans, j'ai écrit le tome 1, et alors là c'est... En fait c'est mon... c'est un loisir de nerd un peu, c'est-à-dire que moi dans mon temps libre, j'écris, j'ai des trucs plus... cool à côté mais bon ça ça m'a j'adore écrire comme ça ce livre là je les proposais des maisons d'édition qui paraît ils ne l'ont refusé un peut-être parce qu'il était pas assez bon et deux parce qu'il faut avoir un réseau c'est hyper compliqué en plus le livre on en vend beaucoup moins donc voilà faut tomber au bon moment etc donc j'ai pas eu cette chance là et donc amazon propose de l'auto édition qui m'a permis dans un premier temps d'avoir cet objectif réalisé d'avoir un livre physique que tu as écrit toi dans ta bibliothèque. C'est ça le truc. C'est-à-dire que tu es là et tu dis, purée, c'est moi qui ai fait ça. Pour tout te dire, il n'y a même pas tellement de questions d'objectifs de revenus, parce qu'en gros, Amazon, tu donnes ton manuscrit, donc ton fichier PDF, ils te disent combien ça leur coûte de le produire, et du coup, c'est toi qui fixes ton prix. Et en gros, moi, c'est-à-dire que sur un livre où ils me disent, ça, nous, à le produire, à l'imprimer, ça nous coûte 9,50, moi, si je veux, je peux le mettre à 60 balles. Je vais gagner 50 balles par livre. Je ne le revendrai pas beaucoup, mais à chaque fois que j'envoie là. Mais moi, je le mets à 10 balles. Je ne fais pas ça pour gagner des sous. Je fais ça pour espérer qu'à un moment, effectivement, le truc, une communauté qui se crée, c'est un peu le rêve. Mais c'est plus une côté, bon, lisez-le, moi, ça me fera plaisir. et qu'on se voit que y'a... Il y a quelques centaines quand même de personnes qui ont lu ce bouquin. Bon, ça suffit. Je n'ai pas gagné grand-chose.
- Romaric
Ce n'était pas l'objectif.
- Stephen
Non.
- Romaric
OK. Très bien. Merci, Stéphane. On va arriver vers la fin de cette interview. J'ai encore deux questions pour toi. La première, c'est quel conseil tu donnerais à un fonctionnaire qui, comme toi, a envie de se lancer dans la micro-entreprise, mais qui hésite ?
- Stephen
Euh... Déjà, il faut que l'occasion effectivement se présente. Je crois que c'est un peu bateau pareil. Personne ne se lance dans la micro-entreprise pour dire « Allez, je suis micro-entrepreneur » . Forcément qu'il y a un projet derrière. Qu'évidemment, ce projet soit suffisamment solide. Au départ, j'ai envie de dire qu'ils ont beaucoup de chance parce que le statut de la micro-entreprise couplé au statut de fonctionnaire laisse beaucoup de latitude puisque, en étant fonctionnaire, il y a une vraie stabilité, une sécurité. qui permet d'aller explorer et de savoir. Et moi, c'est ce qui s'est un peu passé. Au début, j'en ai fait un petit peu parce que j'avais le temps, puis plus en plus, et du coup, j'ai pu réduire mes heures de cours, etc. Donc, le conseil, c'est justement d'y aller en étant conscient de la chance qu'ils ont. C'est-à-dire que vous avez un salaire qui est fixe avec, et pardon de mettre un pavé dans la mare, mais quand même un peu de temps pour faire autre chose. Quand on est prof, c'est le cas, c'est comme ça. Ça prend plus de temps que les gens le pensent généralement d'être prof, mais il nous en reste quand même à la fin. Donc, vous avez cette possibilité-là de faire ce que vous aimez dans une activité en ayant tout un confort derrière, un vrai filet de sécurité. Donc, ça, c'est vraiment quelque chose à explorer. Et puis, pourquoi pas, plus tard, quoi que vous fassiez, si ça perce, vous pouvez toujours arrêter d'être prof. Il y a même des aménagements qui sont assez sympas. On peut prendre une pause d'un an, par exemple, dans le fonctionnariat et puis revenir après. On peut demander une disponibilité pour si vous avez envie de lancer une boutique, etc. Donc, vous êtes dans un moment de votre vie où c'est cool. Vraiment, vous ne lancez pas votre entreprise avec le fond de vos économies, en ayant vendu votre maison et puis vous espérez que ça marche. Là, vraiment, il y a un confort.
- Romaric
Voilà justement la disponibilité. Vous pouvez retrouver tout ça dans un autre épisode où on détaille tout sur le cumul entre la micro-entreprise et être fonctionnaire. Stéphane ? 14 tours de France, le 15ème à l'horizon, comment tu vois le futur de ta micro-entreprise ?
- Stephen
Le futur, ce sera justement de savoir si on décide de passer en mode TVA ou pas. C'est un peu à court terme parce qu'effectivement, j'arrive à fin 2025 et je me dis qu'il va falloir se poser cette question. Soit réduire la voie à l'ur côté enseignement pour repasser un peu en contrat, gagner un peu moins de sous, mais avoir toujours ce côté, c'est cool, on ne se prend pas la tête, on est sous le plafond. Après, j'avoue qu'encore une fois, je suis très chanceux. C'est terrible de dire ça parce qu'il y a plein de gens qui ne doivent pas être dans le même cas que moi. Moi, je constate qu'il y a de plus en plus d'activités. sans que j'ai à en demander. Mais parce qu'encore une fois, c'est parce que je fais du bon boulot, je ne suis pas béni des dieux ou quoi. Mais du coup, je crois que cette liberté de choix me permet d'arriver très à l'aise à chaque événement, de faire du travail correct, et d'avoir d'autres événements plus tard, parce que les gens se disent « lui, il est hyper fiable » . Et en plus, comme je n'en fais pas assez pour me lasser, j'adore tout, j'y vais, et j'aime le côté hyper diversifié. Parfois il y a de la manutention, il faut monter des stands, il faut déplacer des trucs. Sur le Tour de France, il y a des goodies, il faut nettoyer les véhicules, conduire. C'est vraiment des choses où on se dit que c'est trop cool de faire ça. C'est ça qui est vraiment un moteur, c'est la diversification et le côté avoir tout prévu sauf l'imprévu. Qui est un peu le sel de l'événementiel. Tu pars le matin, tu te dis qu'on verra bien comment ça se passe. Moi, je vois que ça avance de plus en plus avec cette question un peu administrative du plafond. Mais à part ça, je vois un avenir très tranquille. Et pour l'instant, tant que j'ai la pêche, parce que c'est aussi, il faut être en bonne santé pour être entrepreneur, surtout quand tu es animateur, qu'il faut bouger. Si un jour, je déclare une longue maladie, ça va s'arrêter assez vite. Donc, c'est pour ça aussi qu'il faut être quand même prudent et profiter du moment où on peut le faire à 100%.
- Romaric
Très bien. En tout cas, plein d'animations à venir. ça j'en doute pas j'ai pu te fréquenter et puis ton énergie ça m'étonne pas que tu trouves des contrats très simplement et que tu aies de la demande dernière petite question bientôt le derby Montauban-Toulouse top 14 ouais tu seras au stade ?
- Stephen
j'y serai normalement alors là on m'a mis une petite option c'est le 21 ou 22 novembre et on m'a dit que normalement c'était moi mais encore une fois je suis remplaçant donc j'en sais rien Si j'y suis, c'est cool quand même. Là, j'avoue, c'est un peu milestone. Être là dans un stade et annoncer les joueurs. De Montauban, évidemment, j'ai plus d'affect maintenant pour eux parce que je les côtoie. Mais voilà, annoncer moi-même au micro des gars qui ont été champions d'Europe de rugby, c'est fou en fait. C'est là où il faut aussi... Moi, je garde vachement les pieds sur terre là-dessus. Je veux dire, il va y avoir des gars, ils sont dans l'équipe de France. Ils vont passer à côté de moi, je vais dire leur nom au micro. Vraiment, c'est dingue.
- Romaric
c'est grand Et justement, pour terminer, un petit pronostic. Toi, le Toulousain qui travaille pour Montauban.
- Stephen
C'est dur. C'est-à-dire qu'en fait, j'ai envie d'une victoire de Montauban pour la bonne et simple raison que j'ai l'impression que ce n'est pas ça qui empêchera Toulouse d'atteindre leurs objectifs. Quand on est au stade Toulousain, ils ont déjà perdu cette année, mais j'ai envie de leur dire, éclatez tout le monde. Prenez une petite pile par Montauban. Ils font la fête sur place. c'est le match de la décennie Ils sont trop contents. Et vous, vous êtes champion à la fin. Montant bon se maintient. Et hop, c'est du win-win. Voilà, tout le monde est content.
- Romaric
Tout le monde est content. Ça marche. Merci beaucoup, Stéphane, d'être passé au micro du podcast Toto Entrepreneur et d'avoir partagé ton expérience entre ta micro-entreprise et ton activité d'enseignant. Je te dis à bientôt. Et puis, pour ceux qui veulent te voir, c'est soit en classe ou sinon au stade ou sur les routes du Tour de France.
- Stephen
C'est partout, il faut faire attention parce que je peux apparaître de droite à gauche, on sait pas quoi. Route du Tour, en classe, bon en classe c'est difficile de me voir par hasard.
- Romaric
Ça va être compliqué.
- Stephen
Il y a peu de gens qui rentrent comme ça. Par contre sur le Tour des fois, effectivement les gens sont surpris, j'ai des élèves qui m'ont vu sur le Tour, c'était pas trop prévenu quoi. Là c'est mon prof d'anglais qui est là-haut, là effectivement c'est plus surprenant. Mais oui, voilà, bah écoute, merci à toi, c'était super.
- Romaric
Avec plaisir, à bientôt. Salut Stéphane. Quel parcours inspirant. avec Stéphane. Il a trouvé l'équilibre entre son métier d'enseignant et sa micro-entreprise en tant qu'animateur sur le Tour de France et au rugby et il a l'air très heureux ainsi. Pour tout comprendre sur le cumul fonctionnaire micro-entreprise, en complément de cette interview, vous pouvez réécouter l'épisode dédié où l'on explique toutes les conditions à respecter et notamment les démarches à effectuer. Si vous avez aimé cette interview, Abonnez-vous pour ceux qui sont en version audio sur Deezer, Spotify, Apple Podcasts ou encore n'importe quelle autre plateforme d'écoute. Et ceux qui nous suivent en vidéo, vous pouvez vous abonner sur YouTube et puis mettre un petit pouce vers le haut. On se retrouve très bientôt pour un nouvel épisode sur le cumul de situations avec la micro-entreprise. Mais d'ici là, prenez soin de vous et de votre entreprise.