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Podcast Cette force qui se déploie

Cette force qui se déploie #Swan

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20min |16/05/2025
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20min |16/05/2025
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Description

Swan « le présent est éternel »


Swan est ma professeure de Yoga depuis plus 4 ans. Quand on vient pratiquer, Swan nous accueille. Elle nous prend dans ses bras, nous dit qu’elle est heureuse de nous voir. C’est réciproque. Elle apporte de la paix intérieure et de la joie à travers son enseignement et sa grande sagesse.

Mes copines et moi, nous l’appelons la « déesse », nous ne savons pas quel âge elle a, ni son parcours, ni d’où elle vient mais elle a une présence au monde d’une infinie douceur et d’une grande puissance. Comment est-elle arrivée à se déployer ainsi ? Je suis heureuse de partager sa parole avec vous.


Avec Swan Makward
Interview : Camille Geoffroy
Photo : Marie Monteiro
Montage son : Christophe Rio
Musique : Nolwenn Skolle
Production : cie La vie est ailleurs


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Cette force qui se déploie. Cette force qui se déploie. Cette force qui se déploie. Je m'appelle Camille Geoffroy et j'avais envie de partager avec toi la parole libre et spontanée de personne qui m'inspire. Je suis tellement contente que tu puisses un peu écouter Swan. Swan, c'est ma prof de yoga. Avec les copines, on l'appelle la déesse parce qu'on ne sait pas quel âge elle a, où elle est née, ni même son histoire ou son parcours. Et c'est tellement riche tout ce qu'elle nous apprend toutes les semaines. J'ai l'impression qu'elle m'a tellement aidée à trouver de la paix, de la joie. Et puis l'amour inconditionnel dont elle parle, ben... Tu le sens vraiment en fait avec elle. Et quand on est dans ses cours et dans la manière de te parler, de t'écouter ou de te prendre dans ses bras, je suis ravie que tu puisses l'écouter aujourd'hui.

  • Speaker #1

    L'amour du yoga est arrivé très jeune. En fait, j'ai perdu ma mère jeune, enfant, et je me suis posée des questions. Je devais avoir 5, 6 ans, par là. Je ne me rappelle pas trop, mais c'était dans ces eaux-là. Parce qu'à un moment, j'ai fait vraiment une... J'ai coupé, quoi, avec le temps. Et ça me reste un petit peu, je coupe avec le temps, parce que là aussi, je pose mes priorités sur autre chose, tout ce qui est conventionnel ne me va pas. Et donc là, j'ai commencé à me poser des questions parce que juste après, je communiquais avec elle. Je lui disais comment ça se fait ? Je lui posais des questions et un jour, j'ai fait un voyage hors du corps. Mais quand tu es un enfant, tu ne sais pas ce que ça veut dire. Tu te retrouves loin avec une lumière violente qui t'accueille. Et moi, je pensais que dans ce voyage où je sentais des choses agréables, j'allais vers maman. Et cette lumière, quand tu es enfant, tu as l'habitude d'une maman en chair et en os. Et donc voilà, mes questionnements sont venus de là. Et puis j'ai eu la chance de rencontrer, déjà toute petite, parce que j'étais enfant unique et mon père a voyagé beaucoup, beaucoup. Et donc très jeune, j'ai rencontré des personnes de ma famille qui étaient déjà versées dans la spiritualité. Et donc on a comme... Mon initiation a commencé comme ça en fait, à m'expliquer ce qu'est la vie, ce qu'est la mort, pourquoi ça arrive, pourquoi on a le droit d'être fâché. Parce que j'étais très fâchée après Dieu en fait, j'ai dit tu m'as arraché quelque chose, enfin je dialoguais avec. Et on m'a dit tu as le droit, tu vois on m'a laissé cette possibilité-là. Et après en fait j'ai fait machine arrière au fur et à mesure et finalement j'ai adoré ce qu'on appelle Dieu, qui pour moi n'est qu'amour, parce que ça m'a ouvert les vannes absolues de l'amour. Et toujours enfant, j'avais les postures de yoga qui m'allaient bien. Quand je n'étais pas bien, je faisais la posture de l'enfant, etc. Et puis donc un jour, j'ai débarqué dans un ashram et là, j'ai tout compris en fait. Toutes les petites choses, elles se sont mises, il y a eu un sens, et voilà. Et ensuite, ma vie n'a été que de rencontre, en rencontre comme ça, avec des êtres qui étaient dans la spiritualité. Ça ne veut pas dire que dans, alors là où est le danger, c'est que... Dans la spiritualité, on peut rencontrer des êtres qui font semblant d'être dans la bonté et tout ça. Et j'ai pris de grandes claques comme ça. Mais ça a contribué à ajouter de l'amour à l'amour que j'avais. Parce que j'ai compris qu'en fait, ces personnes qui font semblant, elles sont désespérées. Parce que leur cœur n'est pas ouvert et que c'est très dur pour elles de connecter l'amour. Et qu'il faut encore un petit peu de temps à ces gens-là pour... Pour arriver à leur vérité. Et donc depuis ce temps, je n'ai pas fait tout de suite mon métier de ça. Forcément, j'ai eu des études normales. Je suis allée... À la Sorbonne. J'ai fait la Sorbonne, j'ai adoré la philosophie. Je voulais être prof d'école. J'aime beaucoup les enfants. Et la philosophie, en fait, j'avais un prof extraordinaire et cette philosophie m'a ramenée tout bonnement au yoga, à la philosophie yogique avec les Vedanta, avec les enseignements tibétains. Et voilà comment on fait. Tout a pris sens là aussi et j'ai passé mon diplôme, au lieu de passer le diplôme de professeur des écoles, j'ai arrêté au niveau de la licence comme ça et j'ai bifurqué complètement vers le yoga. Et là quand j'ai passé mes diplômes et tout, j'étais tremblante comme une feuille, je ne voulais absolument pas donner de cours. Je ne me sentais pas du tout le droit d'aller donner des cours à quelque chose qui est vaste, immensément vaste. Et j'ai été l'assistante pendant des années, sans être rémunérée ni rien, de mon enseignant. Longtemps, longtemps. Et voilà, j'ai appris, appris, appris, appris, tout en pratiquant, tout en pratiquant. Et c'est là que j'ai appris aussi à faire des massages, parce qu'il fallait que je paye mes stages, que je me débrouille aussi. J'ai essayé une fois de travailler dans un bureau. Ça ne m'a pas convenu du tout. J'ai l'impression d'être un peu extraterrestre parce que les horaires ne me conviennent pas. Du moment, pour moi, je me dis, du moment que je fais le travail de A jusqu'à Z et que je rends ce qu'on m'a demandé, en plus, vraiment, dans ce que je faisais, tu appelles la société, tu leur dis, écoutez, avant que le contentieux ne vous tombe dessus. J'avais une façon d'être tellement empathique. C'est bon, OK, on paye. Ils avaient fait une réunion et ils ont dit, ah, mais quand même, Swan, tu nous as ramené des sous. C'est drôle. Mais ça ne leur a pas suffi. Il fallait les horaires, c'est-à-dire 9h, 18h. Et puis moi, quand j'avais fini à 17h30, je ne voyais pas pourquoi je faisais comme les autres, à m'asseoir et attendre, comme à l'école. Je dis non, je ne vais pas attendre la cloche, je m'en vais. Tu vois, je ne vais pas attendre qu'on me dise c'est l'heure, tu peux y aller. Et donc, j'avais des regards un peu courroucés. Et j'ai décidé de partir parce que bien qu'il y avait des collègues que j'adorais et tout, j'ai dit non mais ça c'est pas un monde pour moi, ça va pas du tout. J'ai commencé à enseigner d'abord dans des entreprises. J'ai enseigné à des nés, des parfumeurs en région parisienne. J'ai travaillé pour plusieurs sociétés. Parce que je me suis dit dans une boîte, d'abord j'ai vu la souffrance. Tu vois que j'avais expérimenté moi-même en société quand je travaillais. On ne m'a pas dit c'est bien, c'est pas bien. On m'a beaucoup aimée et jusqu'à ce que je vienne ici à La Rochelle, j'avais encore des élèves qui venaient de Paris jusqu'ici pour qu'on ait des week-ends ensemble de pratique et tout ça.

  • Speaker #2

    Ah, j'ai oublié de faire le thé. Mon Dieu. Pardonnez-moi. Je te jure. Oh là là, je voulais faire du thé. J'ai oublié. Je suis tellement dans les ménages. Laurent, je m'en sors. On recommence lundi. Merci. Désolée, c'est pas grave. Merci. L'humain fonctionne beaucoup avec ce qu'il entend, ce qu'il voit, ce qu'il goûte. Et l'invitation dans ce voyage intérieur qu'est le yoga, c'est d'aller au-delà de nos sensations. Venir rencontrer nos sensations, mais ensuite aller au-delà de nous. C'est vraiment une forme de transcendance.

  • Speaker #0

    Parce que ce que tu dis souvent, moi j'aime beaucoup quand tu parles du corps comme un temple sacré.

  • Speaker #2

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et tu dis qu'il nous permet de goûter à tous les plaisirs terrestres.

  • Speaker #2

    Absolument.

  • Speaker #0

    Et au-delà de ça, le fait d'être en détachement aussi.

  • Speaker #2

    C'est vraiment très important, cette idée de goûter à toutes ces joies, parce qu'en fait, c'est un cadeau. La vie est un cadeau. Et on a tendance à l'oublier, justement, à cause de la pensée discursive. On a vraiment tendance à oublier que cette vie est joie, est contentement, est aussi détachement. C'est-à-dire que si aujourd'hui, on vit dans un château et que demain, on va habiter dans une cabane, rien n'empêche de mettre dans cette cabane des fleurs, des choses qu'on aime, en fait, un bout de bois, quelque chose qui est une sculpture pour nous. Et puis, ce cabanon va devenir un château. C'est nous, en fait, qui faisons.

  • Speaker #0

    Et ça, on le sent quand on est chez toi. Là, on vient de passer à travers le jardin, qui est absolument magnifique. On a l'impression que chaque chose est à sa place, qu'il y a un soin. Et tu apportes aussi du soin à l'autre.

  • Speaker #2

    Je trouve que c'est une forme de gratitude que de rendre beau l'univers dans lequel d'abord on vit et l'univers dans lequel aussi on pratique. À chaque fois qu'on rend un endroit beau, c'est vraiment pour moi une offrande. La vie me donne, mais j'adore lui donner. Les élèves me donnent et j'adore leur donner. Encore une fois, on revient dans l'unité. On fait un. Chaque cours, je me rends compte combien on est un. Parce que quand tout le monde entre dans un cours qui est différent, parce qu'il y a un cours le matin, un cours le soir, un cours l'après-midi, quand ces êtres de lumière entrent pour s'illuminer encore davantage à l'intérieur, je sens qu'on est un parce que je les ressens. Je ne sais pas comment expliquer, je n'ai pas de mots pour expliquer combien je ressens. Juste au contact du regard, Je vois, voilà, c'est ce dont a besoin, ce jour-là, juste, cette personne, cet être. Oui, c'est cette spontanéité qui est très importante. Et c'est ça, là aussi, que notre pratique nous amène à redevenir spontanés. La société nous a façonnés, d'une certaine manière. On a besoin de la société, mais en même temps, on a oublié qui on était dans cette société. Et vraiment, le yoga m'a appris, moi, à me retrouver au travers de multiples expériences. J'ai eu des expériences douloureuses. Je pense aussi que ce n'est pas par la douleur forcément qu'on peut arriver à s'éveiller. Ce n'est pas obligatoire qu'il y ait de la douleur. Mais je trouve que la douleur est quelque chose qui nous rend plus humains. Quelqu'un qui a souffert a beaucoup plus de chances de comprendre une autre personne qui a souffert. Si on n'a pas souffert, si on a toujours été dans quelque chose de facile, on ne peut pas entendre, on ne peut pas ressentir la souffrance d'autrui. Alors que si on a traversé un désert, qu'on a eu soif, qu'on a eu faim, qu'on a pleuré toutes les larmes de notre corps, qu'on s'est tapé la tête contre les murs transparents du désert, eh bien je pense qu'on est plus à même. de développer cette compassion. Je pense que vraiment la vie vaut la peine d'être vécue quand on a développé à la fois cette compassion profonde, vraie, quand on ne joue pas. Il y a tellement de couleurs dans une vie, il y a tellement d'expériences. Et si on traverse chacune de nos expériences, qu'elles soient douloureuses, agréables, mais comme une expérience, Vraiment, on sort enrichi. Il faut savoir justement enlever certains débris pour aller au plus juste, à la plus fine de nos poussières. J'aime beaucoup cette idée de balayer. Ça revient à prendre soin. Ça revient, c'est ce qu'on fait quand on respire, quand on fait du pranayama. On balaie aussi nos vieilles énergies. Quand on s'étire dans une posture. Tu sais, pour la plupart des personnes, le ménage est un fardeau. Ils n'aiment pas du tout. Enfin, tu sais, c'est comme une punition. Alors que le ménage est utile. Pendant qu'on fait le ménage, on se auto-nettoie aussi. On fait le ménage intérieur. En fait, c'est ce qui se passe à l'intérieur qui se fait à l'extérieur. Quand on ne prend pas soin de soi. On ne peut pas prendre soin de l'extérieur. C'est impossible. On va le faire de manière très superficielle, encore une fois. Je pense que la discipline intérieure englobe aussi l'idée de ce balayage. En fait, c'est comme, tu sais, par exemple, si on dort et le lendemain on se lève, si on n'a pas coiffé nos cheveux, ils sont tous emmêlés. Donc on balaie là aussi. On balaie la nuit, on balaie les nœuds. C'est quelque chose de... Pour aller trouver justement presque ce grain de beauté qui fait de nous des êtres de lumière. Pour moi, sincèrement, le temps n'existe pas. Il n'existe que dans le continuum de notre pensée. Si nous n'avions pas ce mental, qui est donc un instrument qui est un sens, au même titre que nos regards, que notre ouïe, etc. Le mental, c'est vraiment un outil. C'est cet outil qui nous permet d'aller vers le passé et qui nous permet de nous projeter vers le futur. Quand il est utilisé intelligemment, avec une pointe de sagesse, il peut nous rendre service. Mais la plupart d'entre nous utilisons le mental pour... augmenter le temps. D'ailleurs, le temps n'existe que parce que l'humain a mis des horaires etc. Quand on est en vacances, pourquoi on est si heureux ? Parce que le temps n'existe plus. On se lève à pas d'heure. Comme on dit, c'est une phrase très bateau de dire je me lève à pas d'heure. Mais c'est vrai. Il n'y a rien d'obligatoire quand on est en vacances. On est dans un... On se laisse porter, n'est-ce pas ? Et c'est ça, le temps, en fait. C'est se laisser porter, c'est être... Être dans le flot de la vie. Nos anciens regardaient la nuit et ils allaient se coucher en même temps que la nuit. Ils se levaient avec le coq qui chante ou le jour qui se lève. Il n'y avait pas de notion vraiment de temps. Tant qu'ils avaient de l'énergie, ils vaquaient à leur moment de pause. Enfin, voilà, pour moi, le temps n'existe pas. C'est la société moderne qui compacte le temps, qui fragmente le temps. Tout, j'apprends de tout, sincèrement. Je peux regarder une fleur et elle peut me donner une leçon. Je regarde les poissons, ils me donnent une leçon. J'apprends tout le temps. Moi, je suis une éternelle étudiante de yoga, parce que le yoga me fascine, c'est une discipline qui m'émerveille, de par sa puissance, en même temps que de sa simplicité. Et souvent, on me dit, tu ne te lasses pas ? Impossible !

  • Speaker #0

    Ça fait combien de temps ?

  • Speaker #2

    Ça fait plus de 20 ans que je suis dedans. Et quand j'étais petite, j'étais déjà dedans parce que j'avais de la famille qui était déjà dedans. Et j'aime beaucoup, quand je me réveille, toucher la terre et dire merci, de me porter. Je trouve que c'est important, c'est sacraliser son quotidien parce que nous sommes des êtres sacrés. Et parce que la vie est sacrée aussi. Et parce que chaque être que nous rencontrons dans une journée est un être sacré. Et quand on pose un regard sacré sur un être, quel qu'il soit, ça rend la vie toujours plus belle. Et même quand, par exemple, dans un supermarché, on rencontre quelqu'un qui peut être agressif, parce qu'il traverse peut-être un moment difficile. Ça reste un être sacré qui n'a pas encore vu sa dimension, il ne s'est pas encore déployé. Alors que le secret d'une vie joyeuse, c'est d'ouvrir et de voir que tous ces êtres ne sont que le reflet de soi. C'est une partie de soi. Dès l'instant où on accepte, vraiment, la vie, il s'agit aussi d'acceptation. C'est là qu'on peut se toucher au plus profond de nous. Dans cette ville, il y avait un monsieur qui était un SDF qui me touchait énormément. Parce que moi, les gens timbrés, quand on dit timbrés, fou me fascinent. Parce que je pense qu'ils ont eu tellement de souffrance qu'ils ont voulu s'extirper de ce monde à leur manière. Et quand j'ai appris un jour que ce monsieur était décédé, parce que je ne le voyais plus, ça m'a beaucoup peiné. C'est comme si j'avais perdu quelqu'un de très proche. C'était juste quelqu'un que je ne connaissais pas, que je croisais de temps en temps. Et voilà, pour moi, ça aussi, ça fait partie de la beauté de la vie. Que parfois un étranger, quelqu'un de tout bizarre, soit proche de son cœur. Toutes ces choses sont importantes à voir, à ressentir. Et c'est pour ça qu'au début... Je parlais de ce chemin vers l'humanité. On parle de nous comme des humains, mais certains d'entre nous ne sont pas encore totalement humains. Ils ont un corps humain, mais ils ne sont pas encore totalement humains. Une véritable humanité, c'est cette joie qui se déploie, c'est cette compassion qui se déploie, c'est cette équanimité qui se déploie, c'est-à-dire ce non-jugement. Rencontrer quelqu'un sans jamais le juger, l'accepter tel qu'il est, tel qu'il est totalement. C'est vraiment les bases je trouve d'une vie épanouie.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté ce podcast. Ces entretiens font partie d'un projet global qui s'appelle « Cette force qui se déploie », exposition sonore dont vous pourrez trouver plus d'informations sur notre site www.lavieestailleurs.com

Description

Swan « le présent est éternel »


Swan est ma professeure de Yoga depuis plus 4 ans. Quand on vient pratiquer, Swan nous accueille. Elle nous prend dans ses bras, nous dit qu’elle est heureuse de nous voir. C’est réciproque. Elle apporte de la paix intérieure et de la joie à travers son enseignement et sa grande sagesse.

Mes copines et moi, nous l’appelons la « déesse », nous ne savons pas quel âge elle a, ni son parcours, ni d’où elle vient mais elle a une présence au monde d’une infinie douceur et d’une grande puissance. Comment est-elle arrivée à se déployer ainsi ? Je suis heureuse de partager sa parole avec vous.


Avec Swan Makward
Interview : Camille Geoffroy
Photo : Marie Monteiro
Montage son : Christophe Rio
Musique : Nolwenn Skolle
Production : cie La vie est ailleurs


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Cette force qui se déploie. Cette force qui se déploie. Cette force qui se déploie. Je m'appelle Camille Geoffroy et j'avais envie de partager avec toi la parole libre et spontanée de personne qui m'inspire. Je suis tellement contente que tu puisses un peu écouter Swan. Swan, c'est ma prof de yoga. Avec les copines, on l'appelle la déesse parce qu'on ne sait pas quel âge elle a, où elle est née, ni même son histoire ou son parcours. Et c'est tellement riche tout ce qu'elle nous apprend toutes les semaines. J'ai l'impression qu'elle m'a tellement aidée à trouver de la paix, de la joie. Et puis l'amour inconditionnel dont elle parle, ben... Tu le sens vraiment en fait avec elle. Et quand on est dans ses cours et dans la manière de te parler, de t'écouter ou de te prendre dans ses bras, je suis ravie que tu puisses l'écouter aujourd'hui.

  • Speaker #1

    L'amour du yoga est arrivé très jeune. En fait, j'ai perdu ma mère jeune, enfant, et je me suis posée des questions. Je devais avoir 5, 6 ans, par là. Je ne me rappelle pas trop, mais c'était dans ces eaux-là. Parce qu'à un moment, j'ai fait vraiment une... J'ai coupé, quoi, avec le temps. Et ça me reste un petit peu, je coupe avec le temps, parce que là aussi, je pose mes priorités sur autre chose, tout ce qui est conventionnel ne me va pas. Et donc là, j'ai commencé à me poser des questions parce que juste après, je communiquais avec elle. Je lui disais comment ça se fait ? Je lui posais des questions et un jour, j'ai fait un voyage hors du corps. Mais quand tu es un enfant, tu ne sais pas ce que ça veut dire. Tu te retrouves loin avec une lumière violente qui t'accueille. Et moi, je pensais que dans ce voyage où je sentais des choses agréables, j'allais vers maman. Et cette lumière, quand tu es enfant, tu as l'habitude d'une maman en chair et en os. Et donc voilà, mes questionnements sont venus de là. Et puis j'ai eu la chance de rencontrer, déjà toute petite, parce que j'étais enfant unique et mon père a voyagé beaucoup, beaucoup. Et donc très jeune, j'ai rencontré des personnes de ma famille qui étaient déjà versées dans la spiritualité. Et donc on a comme... Mon initiation a commencé comme ça en fait, à m'expliquer ce qu'est la vie, ce qu'est la mort, pourquoi ça arrive, pourquoi on a le droit d'être fâché. Parce que j'étais très fâchée après Dieu en fait, j'ai dit tu m'as arraché quelque chose, enfin je dialoguais avec. Et on m'a dit tu as le droit, tu vois on m'a laissé cette possibilité-là. Et après en fait j'ai fait machine arrière au fur et à mesure et finalement j'ai adoré ce qu'on appelle Dieu, qui pour moi n'est qu'amour, parce que ça m'a ouvert les vannes absolues de l'amour. Et toujours enfant, j'avais les postures de yoga qui m'allaient bien. Quand je n'étais pas bien, je faisais la posture de l'enfant, etc. Et puis donc un jour, j'ai débarqué dans un ashram et là, j'ai tout compris en fait. Toutes les petites choses, elles se sont mises, il y a eu un sens, et voilà. Et ensuite, ma vie n'a été que de rencontre, en rencontre comme ça, avec des êtres qui étaient dans la spiritualité. Ça ne veut pas dire que dans, alors là où est le danger, c'est que... Dans la spiritualité, on peut rencontrer des êtres qui font semblant d'être dans la bonté et tout ça. Et j'ai pris de grandes claques comme ça. Mais ça a contribué à ajouter de l'amour à l'amour que j'avais. Parce que j'ai compris qu'en fait, ces personnes qui font semblant, elles sont désespérées. Parce que leur cœur n'est pas ouvert et que c'est très dur pour elles de connecter l'amour. Et qu'il faut encore un petit peu de temps à ces gens-là pour... Pour arriver à leur vérité. Et donc depuis ce temps, je n'ai pas fait tout de suite mon métier de ça. Forcément, j'ai eu des études normales. Je suis allée... À la Sorbonne. J'ai fait la Sorbonne, j'ai adoré la philosophie. Je voulais être prof d'école. J'aime beaucoup les enfants. Et la philosophie, en fait, j'avais un prof extraordinaire et cette philosophie m'a ramenée tout bonnement au yoga, à la philosophie yogique avec les Vedanta, avec les enseignements tibétains. Et voilà comment on fait. Tout a pris sens là aussi et j'ai passé mon diplôme, au lieu de passer le diplôme de professeur des écoles, j'ai arrêté au niveau de la licence comme ça et j'ai bifurqué complètement vers le yoga. Et là quand j'ai passé mes diplômes et tout, j'étais tremblante comme une feuille, je ne voulais absolument pas donner de cours. Je ne me sentais pas du tout le droit d'aller donner des cours à quelque chose qui est vaste, immensément vaste. Et j'ai été l'assistante pendant des années, sans être rémunérée ni rien, de mon enseignant. Longtemps, longtemps. Et voilà, j'ai appris, appris, appris, appris, tout en pratiquant, tout en pratiquant. Et c'est là que j'ai appris aussi à faire des massages, parce qu'il fallait que je paye mes stages, que je me débrouille aussi. J'ai essayé une fois de travailler dans un bureau. Ça ne m'a pas convenu du tout. J'ai l'impression d'être un peu extraterrestre parce que les horaires ne me conviennent pas. Du moment, pour moi, je me dis, du moment que je fais le travail de A jusqu'à Z et que je rends ce qu'on m'a demandé, en plus, vraiment, dans ce que je faisais, tu appelles la société, tu leur dis, écoutez, avant que le contentieux ne vous tombe dessus. J'avais une façon d'être tellement empathique. C'est bon, OK, on paye. Ils avaient fait une réunion et ils ont dit, ah, mais quand même, Swan, tu nous as ramené des sous. C'est drôle. Mais ça ne leur a pas suffi. Il fallait les horaires, c'est-à-dire 9h, 18h. Et puis moi, quand j'avais fini à 17h30, je ne voyais pas pourquoi je faisais comme les autres, à m'asseoir et attendre, comme à l'école. Je dis non, je ne vais pas attendre la cloche, je m'en vais. Tu vois, je ne vais pas attendre qu'on me dise c'est l'heure, tu peux y aller. Et donc, j'avais des regards un peu courroucés. Et j'ai décidé de partir parce que bien qu'il y avait des collègues que j'adorais et tout, j'ai dit non mais ça c'est pas un monde pour moi, ça va pas du tout. J'ai commencé à enseigner d'abord dans des entreprises. J'ai enseigné à des nés, des parfumeurs en région parisienne. J'ai travaillé pour plusieurs sociétés. Parce que je me suis dit dans une boîte, d'abord j'ai vu la souffrance. Tu vois que j'avais expérimenté moi-même en société quand je travaillais. On ne m'a pas dit c'est bien, c'est pas bien. On m'a beaucoup aimée et jusqu'à ce que je vienne ici à La Rochelle, j'avais encore des élèves qui venaient de Paris jusqu'ici pour qu'on ait des week-ends ensemble de pratique et tout ça.

  • Speaker #2

    Ah, j'ai oublié de faire le thé. Mon Dieu. Pardonnez-moi. Je te jure. Oh là là, je voulais faire du thé. J'ai oublié. Je suis tellement dans les ménages. Laurent, je m'en sors. On recommence lundi. Merci. Désolée, c'est pas grave. Merci. L'humain fonctionne beaucoup avec ce qu'il entend, ce qu'il voit, ce qu'il goûte. Et l'invitation dans ce voyage intérieur qu'est le yoga, c'est d'aller au-delà de nos sensations. Venir rencontrer nos sensations, mais ensuite aller au-delà de nous. C'est vraiment une forme de transcendance.

  • Speaker #0

    Parce que ce que tu dis souvent, moi j'aime beaucoup quand tu parles du corps comme un temple sacré.

  • Speaker #2

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et tu dis qu'il nous permet de goûter à tous les plaisirs terrestres.

  • Speaker #2

    Absolument.

  • Speaker #0

    Et au-delà de ça, le fait d'être en détachement aussi.

  • Speaker #2

    C'est vraiment très important, cette idée de goûter à toutes ces joies, parce qu'en fait, c'est un cadeau. La vie est un cadeau. Et on a tendance à l'oublier, justement, à cause de la pensée discursive. On a vraiment tendance à oublier que cette vie est joie, est contentement, est aussi détachement. C'est-à-dire que si aujourd'hui, on vit dans un château et que demain, on va habiter dans une cabane, rien n'empêche de mettre dans cette cabane des fleurs, des choses qu'on aime, en fait, un bout de bois, quelque chose qui est une sculpture pour nous. Et puis, ce cabanon va devenir un château. C'est nous, en fait, qui faisons.

  • Speaker #0

    Et ça, on le sent quand on est chez toi. Là, on vient de passer à travers le jardin, qui est absolument magnifique. On a l'impression que chaque chose est à sa place, qu'il y a un soin. Et tu apportes aussi du soin à l'autre.

  • Speaker #2

    Je trouve que c'est une forme de gratitude que de rendre beau l'univers dans lequel d'abord on vit et l'univers dans lequel aussi on pratique. À chaque fois qu'on rend un endroit beau, c'est vraiment pour moi une offrande. La vie me donne, mais j'adore lui donner. Les élèves me donnent et j'adore leur donner. Encore une fois, on revient dans l'unité. On fait un. Chaque cours, je me rends compte combien on est un. Parce que quand tout le monde entre dans un cours qui est différent, parce qu'il y a un cours le matin, un cours le soir, un cours l'après-midi, quand ces êtres de lumière entrent pour s'illuminer encore davantage à l'intérieur, je sens qu'on est un parce que je les ressens. Je ne sais pas comment expliquer, je n'ai pas de mots pour expliquer combien je ressens. Juste au contact du regard, Je vois, voilà, c'est ce dont a besoin, ce jour-là, juste, cette personne, cet être. Oui, c'est cette spontanéité qui est très importante. Et c'est ça, là aussi, que notre pratique nous amène à redevenir spontanés. La société nous a façonnés, d'une certaine manière. On a besoin de la société, mais en même temps, on a oublié qui on était dans cette société. Et vraiment, le yoga m'a appris, moi, à me retrouver au travers de multiples expériences. J'ai eu des expériences douloureuses. Je pense aussi que ce n'est pas par la douleur forcément qu'on peut arriver à s'éveiller. Ce n'est pas obligatoire qu'il y ait de la douleur. Mais je trouve que la douleur est quelque chose qui nous rend plus humains. Quelqu'un qui a souffert a beaucoup plus de chances de comprendre une autre personne qui a souffert. Si on n'a pas souffert, si on a toujours été dans quelque chose de facile, on ne peut pas entendre, on ne peut pas ressentir la souffrance d'autrui. Alors que si on a traversé un désert, qu'on a eu soif, qu'on a eu faim, qu'on a pleuré toutes les larmes de notre corps, qu'on s'est tapé la tête contre les murs transparents du désert, eh bien je pense qu'on est plus à même. de développer cette compassion. Je pense que vraiment la vie vaut la peine d'être vécue quand on a développé à la fois cette compassion profonde, vraie, quand on ne joue pas. Il y a tellement de couleurs dans une vie, il y a tellement d'expériences. Et si on traverse chacune de nos expériences, qu'elles soient douloureuses, agréables, mais comme une expérience, Vraiment, on sort enrichi. Il faut savoir justement enlever certains débris pour aller au plus juste, à la plus fine de nos poussières. J'aime beaucoup cette idée de balayer. Ça revient à prendre soin. Ça revient, c'est ce qu'on fait quand on respire, quand on fait du pranayama. On balaie aussi nos vieilles énergies. Quand on s'étire dans une posture. Tu sais, pour la plupart des personnes, le ménage est un fardeau. Ils n'aiment pas du tout. Enfin, tu sais, c'est comme une punition. Alors que le ménage est utile. Pendant qu'on fait le ménage, on se auto-nettoie aussi. On fait le ménage intérieur. En fait, c'est ce qui se passe à l'intérieur qui se fait à l'extérieur. Quand on ne prend pas soin de soi. On ne peut pas prendre soin de l'extérieur. C'est impossible. On va le faire de manière très superficielle, encore une fois. Je pense que la discipline intérieure englobe aussi l'idée de ce balayage. En fait, c'est comme, tu sais, par exemple, si on dort et le lendemain on se lève, si on n'a pas coiffé nos cheveux, ils sont tous emmêlés. Donc on balaie là aussi. On balaie la nuit, on balaie les nœuds. C'est quelque chose de... Pour aller trouver justement presque ce grain de beauté qui fait de nous des êtres de lumière. Pour moi, sincèrement, le temps n'existe pas. Il n'existe que dans le continuum de notre pensée. Si nous n'avions pas ce mental, qui est donc un instrument qui est un sens, au même titre que nos regards, que notre ouïe, etc. Le mental, c'est vraiment un outil. C'est cet outil qui nous permet d'aller vers le passé et qui nous permet de nous projeter vers le futur. Quand il est utilisé intelligemment, avec une pointe de sagesse, il peut nous rendre service. Mais la plupart d'entre nous utilisons le mental pour... augmenter le temps. D'ailleurs, le temps n'existe que parce que l'humain a mis des horaires etc. Quand on est en vacances, pourquoi on est si heureux ? Parce que le temps n'existe plus. On se lève à pas d'heure. Comme on dit, c'est une phrase très bateau de dire je me lève à pas d'heure. Mais c'est vrai. Il n'y a rien d'obligatoire quand on est en vacances. On est dans un... On se laisse porter, n'est-ce pas ? Et c'est ça, le temps, en fait. C'est se laisser porter, c'est être... Être dans le flot de la vie. Nos anciens regardaient la nuit et ils allaient se coucher en même temps que la nuit. Ils se levaient avec le coq qui chante ou le jour qui se lève. Il n'y avait pas de notion vraiment de temps. Tant qu'ils avaient de l'énergie, ils vaquaient à leur moment de pause. Enfin, voilà, pour moi, le temps n'existe pas. C'est la société moderne qui compacte le temps, qui fragmente le temps. Tout, j'apprends de tout, sincèrement. Je peux regarder une fleur et elle peut me donner une leçon. Je regarde les poissons, ils me donnent une leçon. J'apprends tout le temps. Moi, je suis une éternelle étudiante de yoga, parce que le yoga me fascine, c'est une discipline qui m'émerveille, de par sa puissance, en même temps que de sa simplicité. Et souvent, on me dit, tu ne te lasses pas ? Impossible !

  • Speaker #0

    Ça fait combien de temps ?

  • Speaker #2

    Ça fait plus de 20 ans que je suis dedans. Et quand j'étais petite, j'étais déjà dedans parce que j'avais de la famille qui était déjà dedans. Et j'aime beaucoup, quand je me réveille, toucher la terre et dire merci, de me porter. Je trouve que c'est important, c'est sacraliser son quotidien parce que nous sommes des êtres sacrés. Et parce que la vie est sacrée aussi. Et parce que chaque être que nous rencontrons dans une journée est un être sacré. Et quand on pose un regard sacré sur un être, quel qu'il soit, ça rend la vie toujours plus belle. Et même quand, par exemple, dans un supermarché, on rencontre quelqu'un qui peut être agressif, parce qu'il traverse peut-être un moment difficile. Ça reste un être sacré qui n'a pas encore vu sa dimension, il ne s'est pas encore déployé. Alors que le secret d'une vie joyeuse, c'est d'ouvrir et de voir que tous ces êtres ne sont que le reflet de soi. C'est une partie de soi. Dès l'instant où on accepte, vraiment, la vie, il s'agit aussi d'acceptation. C'est là qu'on peut se toucher au plus profond de nous. Dans cette ville, il y avait un monsieur qui était un SDF qui me touchait énormément. Parce que moi, les gens timbrés, quand on dit timbrés, fou me fascinent. Parce que je pense qu'ils ont eu tellement de souffrance qu'ils ont voulu s'extirper de ce monde à leur manière. Et quand j'ai appris un jour que ce monsieur était décédé, parce que je ne le voyais plus, ça m'a beaucoup peiné. C'est comme si j'avais perdu quelqu'un de très proche. C'était juste quelqu'un que je ne connaissais pas, que je croisais de temps en temps. Et voilà, pour moi, ça aussi, ça fait partie de la beauté de la vie. Que parfois un étranger, quelqu'un de tout bizarre, soit proche de son cœur. Toutes ces choses sont importantes à voir, à ressentir. Et c'est pour ça qu'au début... Je parlais de ce chemin vers l'humanité. On parle de nous comme des humains, mais certains d'entre nous ne sont pas encore totalement humains. Ils ont un corps humain, mais ils ne sont pas encore totalement humains. Une véritable humanité, c'est cette joie qui se déploie, c'est cette compassion qui se déploie, c'est cette équanimité qui se déploie, c'est-à-dire ce non-jugement. Rencontrer quelqu'un sans jamais le juger, l'accepter tel qu'il est, tel qu'il est totalement. C'est vraiment les bases je trouve d'une vie épanouie.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté ce podcast. Ces entretiens font partie d'un projet global qui s'appelle « Cette force qui se déploie », exposition sonore dont vous pourrez trouver plus d'informations sur notre site www.lavieestailleurs.com

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Description

Swan « le présent est éternel »


Swan est ma professeure de Yoga depuis plus 4 ans. Quand on vient pratiquer, Swan nous accueille. Elle nous prend dans ses bras, nous dit qu’elle est heureuse de nous voir. C’est réciproque. Elle apporte de la paix intérieure et de la joie à travers son enseignement et sa grande sagesse.

Mes copines et moi, nous l’appelons la « déesse », nous ne savons pas quel âge elle a, ni son parcours, ni d’où elle vient mais elle a une présence au monde d’une infinie douceur et d’une grande puissance. Comment est-elle arrivée à se déployer ainsi ? Je suis heureuse de partager sa parole avec vous.


Avec Swan Makward
Interview : Camille Geoffroy
Photo : Marie Monteiro
Montage son : Christophe Rio
Musique : Nolwenn Skolle
Production : cie La vie est ailleurs


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Cette force qui se déploie. Cette force qui se déploie. Cette force qui se déploie. Je m'appelle Camille Geoffroy et j'avais envie de partager avec toi la parole libre et spontanée de personne qui m'inspire. Je suis tellement contente que tu puisses un peu écouter Swan. Swan, c'est ma prof de yoga. Avec les copines, on l'appelle la déesse parce qu'on ne sait pas quel âge elle a, où elle est née, ni même son histoire ou son parcours. Et c'est tellement riche tout ce qu'elle nous apprend toutes les semaines. J'ai l'impression qu'elle m'a tellement aidée à trouver de la paix, de la joie. Et puis l'amour inconditionnel dont elle parle, ben... Tu le sens vraiment en fait avec elle. Et quand on est dans ses cours et dans la manière de te parler, de t'écouter ou de te prendre dans ses bras, je suis ravie que tu puisses l'écouter aujourd'hui.

  • Speaker #1

    L'amour du yoga est arrivé très jeune. En fait, j'ai perdu ma mère jeune, enfant, et je me suis posée des questions. Je devais avoir 5, 6 ans, par là. Je ne me rappelle pas trop, mais c'était dans ces eaux-là. Parce qu'à un moment, j'ai fait vraiment une... J'ai coupé, quoi, avec le temps. Et ça me reste un petit peu, je coupe avec le temps, parce que là aussi, je pose mes priorités sur autre chose, tout ce qui est conventionnel ne me va pas. Et donc là, j'ai commencé à me poser des questions parce que juste après, je communiquais avec elle. Je lui disais comment ça se fait ? Je lui posais des questions et un jour, j'ai fait un voyage hors du corps. Mais quand tu es un enfant, tu ne sais pas ce que ça veut dire. Tu te retrouves loin avec une lumière violente qui t'accueille. Et moi, je pensais que dans ce voyage où je sentais des choses agréables, j'allais vers maman. Et cette lumière, quand tu es enfant, tu as l'habitude d'une maman en chair et en os. Et donc voilà, mes questionnements sont venus de là. Et puis j'ai eu la chance de rencontrer, déjà toute petite, parce que j'étais enfant unique et mon père a voyagé beaucoup, beaucoup. Et donc très jeune, j'ai rencontré des personnes de ma famille qui étaient déjà versées dans la spiritualité. Et donc on a comme... Mon initiation a commencé comme ça en fait, à m'expliquer ce qu'est la vie, ce qu'est la mort, pourquoi ça arrive, pourquoi on a le droit d'être fâché. Parce que j'étais très fâchée après Dieu en fait, j'ai dit tu m'as arraché quelque chose, enfin je dialoguais avec. Et on m'a dit tu as le droit, tu vois on m'a laissé cette possibilité-là. Et après en fait j'ai fait machine arrière au fur et à mesure et finalement j'ai adoré ce qu'on appelle Dieu, qui pour moi n'est qu'amour, parce que ça m'a ouvert les vannes absolues de l'amour. Et toujours enfant, j'avais les postures de yoga qui m'allaient bien. Quand je n'étais pas bien, je faisais la posture de l'enfant, etc. Et puis donc un jour, j'ai débarqué dans un ashram et là, j'ai tout compris en fait. Toutes les petites choses, elles se sont mises, il y a eu un sens, et voilà. Et ensuite, ma vie n'a été que de rencontre, en rencontre comme ça, avec des êtres qui étaient dans la spiritualité. Ça ne veut pas dire que dans, alors là où est le danger, c'est que... Dans la spiritualité, on peut rencontrer des êtres qui font semblant d'être dans la bonté et tout ça. Et j'ai pris de grandes claques comme ça. Mais ça a contribué à ajouter de l'amour à l'amour que j'avais. Parce que j'ai compris qu'en fait, ces personnes qui font semblant, elles sont désespérées. Parce que leur cœur n'est pas ouvert et que c'est très dur pour elles de connecter l'amour. Et qu'il faut encore un petit peu de temps à ces gens-là pour... Pour arriver à leur vérité. Et donc depuis ce temps, je n'ai pas fait tout de suite mon métier de ça. Forcément, j'ai eu des études normales. Je suis allée... À la Sorbonne. J'ai fait la Sorbonne, j'ai adoré la philosophie. Je voulais être prof d'école. J'aime beaucoup les enfants. Et la philosophie, en fait, j'avais un prof extraordinaire et cette philosophie m'a ramenée tout bonnement au yoga, à la philosophie yogique avec les Vedanta, avec les enseignements tibétains. Et voilà comment on fait. Tout a pris sens là aussi et j'ai passé mon diplôme, au lieu de passer le diplôme de professeur des écoles, j'ai arrêté au niveau de la licence comme ça et j'ai bifurqué complètement vers le yoga. Et là quand j'ai passé mes diplômes et tout, j'étais tremblante comme une feuille, je ne voulais absolument pas donner de cours. Je ne me sentais pas du tout le droit d'aller donner des cours à quelque chose qui est vaste, immensément vaste. Et j'ai été l'assistante pendant des années, sans être rémunérée ni rien, de mon enseignant. Longtemps, longtemps. Et voilà, j'ai appris, appris, appris, appris, tout en pratiquant, tout en pratiquant. Et c'est là que j'ai appris aussi à faire des massages, parce qu'il fallait que je paye mes stages, que je me débrouille aussi. J'ai essayé une fois de travailler dans un bureau. Ça ne m'a pas convenu du tout. J'ai l'impression d'être un peu extraterrestre parce que les horaires ne me conviennent pas. Du moment, pour moi, je me dis, du moment que je fais le travail de A jusqu'à Z et que je rends ce qu'on m'a demandé, en plus, vraiment, dans ce que je faisais, tu appelles la société, tu leur dis, écoutez, avant que le contentieux ne vous tombe dessus. J'avais une façon d'être tellement empathique. C'est bon, OK, on paye. Ils avaient fait une réunion et ils ont dit, ah, mais quand même, Swan, tu nous as ramené des sous. C'est drôle. Mais ça ne leur a pas suffi. Il fallait les horaires, c'est-à-dire 9h, 18h. Et puis moi, quand j'avais fini à 17h30, je ne voyais pas pourquoi je faisais comme les autres, à m'asseoir et attendre, comme à l'école. Je dis non, je ne vais pas attendre la cloche, je m'en vais. Tu vois, je ne vais pas attendre qu'on me dise c'est l'heure, tu peux y aller. Et donc, j'avais des regards un peu courroucés. Et j'ai décidé de partir parce que bien qu'il y avait des collègues que j'adorais et tout, j'ai dit non mais ça c'est pas un monde pour moi, ça va pas du tout. J'ai commencé à enseigner d'abord dans des entreprises. J'ai enseigné à des nés, des parfumeurs en région parisienne. J'ai travaillé pour plusieurs sociétés. Parce que je me suis dit dans une boîte, d'abord j'ai vu la souffrance. Tu vois que j'avais expérimenté moi-même en société quand je travaillais. On ne m'a pas dit c'est bien, c'est pas bien. On m'a beaucoup aimée et jusqu'à ce que je vienne ici à La Rochelle, j'avais encore des élèves qui venaient de Paris jusqu'ici pour qu'on ait des week-ends ensemble de pratique et tout ça.

  • Speaker #2

    Ah, j'ai oublié de faire le thé. Mon Dieu. Pardonnez-moi. Je te jure. Oh là là, je voulais faire du thé. J'ai oublié. Je suis tellement dans les ménages. Laurent, je m'en sors. On recommence lundi. Merci. Désolée, c'est pas grave. Merci. L'humain fonctionne beaucoup avec ce qu'il entend, ce qu'il voit, ce qu'il goûte. Et l'invitation dans ce voyage intérieur qu'est le yoga, c'est d'aller au-delà de nos sensations. Venir rencontrer nos sensations, mais ensuite aller au-delà de nous. C'est vraiment une forme de transcendance.

  • Speaker #0

    Parce que ce que tu dis souvent, moi j'aime beaucoup quand tu parles du corps comme un temple sacré.

  • Speaker #2

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et tu dis qu'il nous permet de goûter à tous les plaisirs terrestres.

  • Speaker #2

    Absolument.

  • Speaker #0

    Et au-delà de ça, le fait d'être en détachement aussi.

  • Speaker #2

    C'est vraiment très important, cette idée de goûter à toutes ces joies, parce qu'en fait, c'est un cadeau. La vie est un cadeau. Et on a tendance à l'oublier, justement, à cause de la pensée discursive. On a vraiment tendance à oublier que cette vie est joie, est contentement, est aussi détachement. C'est-à-dire que si aujourd'hui, on vit dans un château et que demain, on va habiter dans une cabane, rien n'empêche de mettre dans cette cabane des fleurs, des choses qu'on aime, en fait, un bout de bois, quelque chose qui est une sculpture pour nous. Et puis, ce cabanon va devenir un château. C'est nous, en fait, qui faisons.

  • Speaker #0

    Et ça, on le sent quand on est chez toi. Là, on vient de passer à travers le jardin, qui est absolument magnifique. On a l'impression que chaque chose est à sa place, qu'il y a un soin. Et tu apportes aussi du soin à l'autre.

  • Speaker #2

    Je trouve que c'est une forme de gratitude que de rendre beau l'univers dans lequel d'abord on vit et l'univers dans lequel aussi on pratique. À chaque fois qu'on rend un endroit beau, c'est vraiment pour moi une offrande. La vie me donne, mais j'adore lui donner. Les élèves me donnent et j'adore leur donner. Encore une fois, on revient dans l'unité. On fait un. Chaque cours, je me rends compte combien on est un. Parce que quand tout le monde entre dans un cours qui est différent, parce qu'il y a un cours le matin, un cours le soir, un cours l'après-midi, quand ces êtres de lumière entrent pour s'illuminer encore davantage à l'intérieur, je sens qu'on est un parce que je les ressens. Je ne sais pas comment expliquer, je n'ai pas de mots pour expliquer combien je ressens. Juste au contact du regard, Je vois, voilà, c'est ce dont a besoin, ce jour-là, juste, cette personne, cet être. Oui, c'est cette spontanéité qui est très importante. Et c'est ça, là aussi, que notre pratique nous amène à redevenir spontanés. La société nous a façonnés, d'une certaine manière. On a besoin de la société, mais en même temps, on a oublié qui on était dans cette société. Et vraiment, le yoga m'a appris, moi, à me retrouver au travers de multiples expériences. J'ai eu des expériences douloureuses. Je pense aussi que ce n'est pas par la douleur forcément qu'on peut arriver à s'éveiller. Ce n'est pas obligatoire qu'il y ait de la douleur. Mais je trouve que la douleur est quelque chose qui nous rend plus humains. Quelqu'un qui a souffert a beaucoup plus de chances de comprendre une autre personne qui a souffert. Si on n'a pas souffert, si on a toujours été dans quelque chose de facile, on ne peut pas entendre, on ne peut pas ressentir la souffrance d'autrui. Alors que si on a traversé un désert, qu'on a eu soif, qu'on a eu faim, qu'on a pleuré toutes les larmes de notre corps, qu'on s'est tapé la tête contre les murs transparents du désert, eh bien je pense qu'on est plus à même. de développer cette compassion. Je pense que vraiment la vie vaut la peine d'être vécue quand on a développé à la fois cette compassion profonde, vraie, quand on ne joue pas. Il y a tellement de couleurs dans une vie, il y a tellement d'expériences. Et si on traverse chacune de nos expériences, qu'elles soient douloureuses, agréables, mais comme une expérience, Vraiment, on sort enrichi. Il faut savoir justement enlever certains débris pour aller au plus juste, à la plus fine de nos poussières. J'aime beaucoup cette idée de balayer. Ça revient à prendre soin. Ça revient, c'est ce qu'on fait quand on respire, quand on fait du pranayama. On balaie aussi nos vieilles énergies. Quand on s'étire dans une posture. Tu sais, pour la plupart des personnes, le ménage est un fardeau. Ils n'aiment pas du tout. Enfin, tu sais, c'est comme une punition. Alors que le ménage est utile. Pendant qu'on fait le ménage, on se auto-nettoie aussi. On fait le ménage intérieur. En fait, c'est ce qui se passe à l'intérieur qui se fait à l'extérieur. Quand on ne prend pas soin de soi. On ne peut pas prendre soin de l'extérieur. C'est impossible. On va le faire de manière très superficielle, encore une fois. Je pense que la discipline intérieure englobe aussi l'idée de ce balayage. En fait, c'est comme, tu sais, par exemple, si on dort et le lendemain on se lève, si on n'a pas coiffé nos cheveux, ils sont tous emmêlés. Donc on balaie là aussi. On balaie la nuit, on balaie les nœuds. C'est quelque chose de... Pour aller trouver justement presque ce grain de beauté qui fait de nous des êtres de lumière. Pour moi, sincèrement, le temps n'existe pas. Il n'existe que dans le continuum de notre pensée. Si nous n'avions pas ce mental, qui est donc un instrument qui est un sens, au même titre que nos regards, que notre ouïe, etc. Le mental, c'est vraiment un outil. C'est cet outil qui nous permet d'aller vers le passé et qui nous permet de nous projeter vers le futur. Quand il est utilisé intelligemment, avec une pointe de sagesse, il peut nous rendre service. Mais la plupart d'entre nous utilisons le mental pour... augmenter le temps. D'ailleurs, le temps n'existe que parce que l'humain a mis des horaires etc. Quand on est en vacances, pourquoi on est si heureux ? Parce que le temps n'existe plus. On se lève à pas d'heure. Comme on dit, c'est une phrase très bateau de dire je me lève à pas d'heure. Mais c'est vrai. Il n'y a rien d'obligatoire quand on est en vacances. On est dans un... On se laisse porter, n'est-ce pas ? Et c'est ça, le temps, en fait. C'est se laisser porter, c'est être... Être dans le flot de la vie. Nos anciens regardaient la nuit et ils allaient se coucher en même temps que la nuit. Ils se levaient avec le coq qui chante ou le jour qui se lève. Il n'y avait pas de notion vraiment de temps. Tant qu'ils avaient de l'énergie, ils vaquaient à leur moment de pause. Enfin, voilà, pour moi, le temps n'existe pas. C'est la société moderne qui compacte le temps, qui fragmente le temps. Tout, j'apprends de tout, sincèrement. Je peux regarder une fleur et elle peut me donner une leçon. Je regarde les poissons, ils me donnent une leçon. J'apprends tout le temps. Moi, je suis une éternelle étudiante de yoga, parce que le yoga me fascine, c'est une discipline qui m'émerveille, de par sa puissance, en même temps que de sa simplicité. Et souvent, on me dit, tu ne te lasses pas ? Impossible !

  • Speaker #0

    Ça fait combien de temps ?

  • Speaker #2

    Ça fait plus de 20 ans que je suis dedans. Et quand j'étais petite, j'étais déjà dedans parce que j'avais de la famille qui était déjà dedans. Et j'aime beaucoup, quand je me réveille, toucher la terre et dire merci, de me porter. Je trouve que c'est important, c'est sacraliser son quotidien parce que nous sommes des êtres sacrés. Et parce que la vie est sacrée aussi. Et parce que chaque être que nous rencontrons dans une journée est un être sacré. Et quand on pose un regard sacré sur un être, quel qu'il soit, ça rend la vie toujours plus belle. Et même quand, par exemple, dans un supermarché, on rencontre quelqu'un qui peut être agressif, parce qu'il traverse peut-être un moment difficile. Ça reste un être sacré qui n'a pas encore vu sa dimension, il ne s'est pas encore déployé. Alors que le secret d'une vie joyeuse, c'est d'ouvrir et de voir que tous ces êtres ne sont que le reflet de soi. C'est une partie de soi. Dès l'instant où on accepte, vraiment, la vie, il s'agit aussi d'acceptation. C'est là qu'on peut se toucher au plus profond de nous. Dans cette ville, il y avait un monsieur qui était un SDF qui me touchait énormément. Parce que moi, les gens timbrés, quand on dit timbrés, fou me fascinent. Parce que je pense qu'ils ont eu tellement de souffrance qu'ils ont voulu s'extirper de ce monde à leur manière. Et quand j'ai appris un jour que ce monsieur était décédé, parce que je ne le voyais plus, ça m'a beaucoup peiné. C'est comme si j'avais perdu quelqu'un de très proche. C'était juste quelqu'un que je ne connaissais pas, que je croisais de temps en temps. Et voilà, pour moi, ça aussi, ça fait partie de la beauté de la vie. Que parfois un étranger, quelqu'un de tout bizarre, soit proche de son cœur. Toutes ces choses sont importantes à voir, à ressentir. Et c'est pour ça qu'au début... Je parlais de ce chemin vers l'humanité. On parle de nous comme des humains, mais certains d'entre nous ne sont pas encore totalement humains. Ils ont un corps humain, mais ils ne sont pas encore totalement humains. Une véritable humanité, c'est cette joie qui se déploie, c'est cette compassion qui se déploie, c'est cette équanimité qui se déploie, c'est-à-dire ce non-jugement. Rencontrer quelqu'un sans jamais le juger, l'accepter tel qu'il est, tel qu'il est totalement. C'est vraiment les bases je trouve d'une vie épanouie.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté ce podcast. Ces entretiens font partie d'un projet global qui s'appelle « Cette force qui se déploie », exposition sonore dont vous pourrez trouver plus d'informations sur notre site www.lavieestailleurs.com

Description

Swan « le présent est éternel »


Swan est ma professeure de Yoga depuis plus 4 ans. Quand on vient pratiquer, Swan nous accueille. Elle nous prend dans ses bras, nous dit qu’elle est heureuse de nous voir. C’est réciproque. Elle apporte de la paix intérieure et de la joie à travers son enseignement et sa grande sagesse.

Mes copines et moi, nous l’appelons la « déesse », nous ne savons pas quel âge elle a, ni son parcours, ni d’où elle vient mais elle a une présence au monde d’une infinie douceur et d’une grande puissance. Comment est-elle arrivée à se déployer ainsi ? Je suis heureuse de partager sa parole avec vous.


Avec Swan Makward
Interview : Camille Geoffroy
Photo : Marie Monteiro
Montage son : Christophe Rio
Musique : Nolwenn Skolle
Production : cie La vie est ailleurs


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Cette force qui se déploie. Cette force qui se déploie. Cette force qui se déploie. Je m'appelle Camille Geoffroy et j'avais envie de partager avec toi la parole libre et spontanée de personne qui m'inspire. Je suis tellement contente que tu puisses un peu écouter Swan. Swan, c'est ma prof de yoga. Avec les copines, on l'appelle la déesse parce qu'on ne sait pas quel âge elle a, où elle est née, ni même son histoire ou son parcours. Et c'est tellement riche tout ce qu'elle nous apprend toutes les semaines. J'ai l'impression qu'elle m'a tellement aidée à trouver de la paix, de la joie. Et puis l'amour inconditionnel dont elle parle, ben... Tu le sens vraiment en fait avec elle. Et quand on est dans ses cours et dans la manière de te parler, de t'écouter ou de te prendre dans ses bras, je suis ravie que tu puisses l'écouter aujourd'hui.

  • Speaker #1

    L'amour du yoga est arrivé très jeune. En fait, j'ai perdu ma mère jeune, enfant, et je me suis posée des questions. Je devais avoir 5, 6 ans, par là. Je ne me rappelle pas trop, mais c'était dans ces eaux-là. Parce qu'à un moment, j'ai fait vraiment une... J'ai coupé, quoi, avec le temps. Et ça me reste un petit peu, je coupe avec le temps, parce que là aussi, je pose mes priorités sur autre chose, tout ce qui est conventionnel ne me va pas. Et donc là, j'ai commencé à me poser des questions parce que juste après, je communiquais avec elle. Je lui disais comment ça se fait ? Je lui posais des questions et un jour, j'ai fait un voyage hors du corps. Mais quand tu es un enfant, tu ne sais pas ce que ça veut dire. Tu te retrouves loin avec une lumière violente qui t'accueille. Et moi, je pensais que dans ce voyage où je sentais des choses agréables, j'allais vers maman. Et cette lumière, quand tu es enfant, tu as l'habitude d'une maman en chair et en os. Et donc voilà, mes questionnements sont venus de là. Et puis j'ai eu la chance de rencontrer, déjà toute petite, parce que j'étais enfant unique et mon père a voyagé beaucoup, beaucoup. Et donc très jeune, j'ai rencontré des personnes de ma famille qui étaient déjà versées dans la spiritualité. Et donc on a comme... Mon initiation a commencé comme ça en fait, à m'expliquer ce qu'est la vie, ce qu'est la mort, pourquoi ça arrive, pourquoi on a le droit d'être fâché. Parce que j'étais très fâchée après Dieu en fait, j'ai dit tu m'as arraché quelque chose, enfin je dialoguais avec. Et on m'a dit tu as le droit, tu vois on m'a laissé cette possibilité-là. Et après en fait j'ai fait machine arrière au fur et à mesure et finalement j'ai adoré ce qu'on appelle Dieu, qui pour moi n'est qu'amour, parce que ça m'a ouvert les vannes absolues de l'amour. Et toujours enfant, j'avais les postures de yoga qui m'allaient bien. Quand je n'étais pas bien, je faisais la posture de l'enfant, etc. Et puis donc un jour, j'ai débarqué dans un ashram et là, j'ai tout compris en fait. Toutes les petites choses, elles se sont mises, il y a eu un sens, et voilà. Et ensuite, ma vie n'a été que de rencontre, en rencontre comme ça, avec des êtres qui étaient dans la spiritualité. Ça ne veut pas dire que dans, alors là où est le danger, c'est que... Dans la spiritualité, on peut rencontrer des êtres qui font semblant d'être dans la bonté et tout ça. Et j'ai pris de grandes claques comme ça. Mais ça a contribué à ajouter de l'amour à l'amour que j'avais. Parce que j'ai compris qu'en fait, ces personnes qui font semblant, elles sont désespérées. Parce que leur cœur n'est pas ouvert et que c'est très dur pour elles de connecter l'amour. Et qu'il faut encore un petit peu de temps à ces gens-là pour... Pour arriver à leur vérité. Et donc depuis ce temps, je n'ai pas fait tout de suite mon métier de ça. Forcément, j'ai eu des études normales. Je suis allée... À la Sorbonne. J'ai fait la Sorbonne, j'ai adoré la philosophie. Je voulais être prof d'école. J'aime beaucoup les enfants. Et la philosophie, en fait, j'avais un prof extraordinaire et cette philosophie m'a ramenée tout bonnement au yoga, à la philosophie yogique avec les Vedanta, avec les enseignements tibétains. Et voilà comment on fait. Tout a pris sens là aussi et j'ai passé mon diplôme, au lieu de passer le diplôme de professeur des écoles, j'ai arrêté au niveau de la licence comme ça et j'ai bifurqué complètement vers le yoga. Et là quand j'ai passé mes diplômes et tout, j'étais tremblante comme une feuille, je ne voulais absolument pas donner de cours. Je ne me sentais pas du tout le droit d'aller donner des cours à quelque chose qui est vaste, immensément vaste. Et j'ai été l'assistante pendant des années, sans être rémunérée ni rien, de mon enseignant. Longtemps, longtemps. Et voilà, j'ai appris, appris, appris, appris, tout en pratiquant, tout en pratiquant. Et c'est là que j'ai appris aussi à faire des massages, parce qu'il fallait que je paye mes stages, que je me débrouille aussi. J'ai essayé une fois de travailler dans un bureau. Ça ne m'a pas convenu du tout. J'ai l'impression d'être un peu extraterrestre parce que les horaires ne me conviennent pas. Du moment, pour moi, je me dis, du moment que je fais le travail de A jusqu'à Z et que je rends ce qu'on m'a demandé, en plus, vraiment, dans ce que je faisais, tu appelles la société, tu leur dis, écoutez, avant que le contentieux ne vous tombe dessus. J'avais une façon d'être tellement empathique. C'est bon, OK, on paye. Ils avaient fait une réunion et ils ont dit, ah, mais quand même, Swan, tu nous as ramené des sous. C'est drôle. Mais ça ne leur a pas suffi. Il fallait les horaires, c'est-à-dire 9h, 18h. Et puis moi, quand j'avais fini à 17h30, je ne voyais pas pourquoi je faisais comme les autres, à m'asseoir et attendre, comme à l'école. Je dis non, je ne vais pas attendre la cloche, je m'en vais. Tu vois, je ne vais pas attendre qu'on me dise c'est l'heure, tu peux y aller. Et donc, j'avais des regards un peu courroucés. Et j'ai décidé de partir parce que bien qu'il y avait des collègues que j'adorais et tout, j'ai dit non mais ça c'est pas un monde pour moi, ça va pas du tout. J'ai commencé à enseigner d'abord dans des entreprises. J'ai enseigné à des nés, des parfumeurs en région parisienne. J'ai travaillé pour plusieurs sociétés. Parce que je me suis dit dans une boîte, d'abord j'ai vu la souffrance. Tu vois que j'avais expérimenté moi-même en société quand je travaillais. On ne m'a pas dit c'est bien, c'est pas bien. On m'a beaucoup aimée et jusqu'à ce que je vienne ici à La Rochelle, j'avais encore des élèves qui venaient de Paris jusqu'ici pour qu'on ait des week-ends ensemble de pratique et tout ça.

  • Speaker #2

    Ah, j'ai oublié de faire le thé. Mon Dieu. Pardonnez-moi. Je te jure. Oh là là, je voulais faire du thé. J'ai oublié. Je suis tellement dans les ménages. Laurent, je m'en sors. On recommence lundi. Merci. Désolée, c'est pas grave. Merci. L'humain fonctionne beaucoup avec ce qu'il entend, ce qu'il voit, ce qu'il goûte. Et l'invitation dans ce voyage intérieur qu'est le yoga, c'est d'aller au-delà de nos sensations. Venir rencontrer nos sensations, mais ensuite aller au-delà de nous. C'est vraiment une forme de transcendance.

  • Speaker #0

    Parce que ce que tu dis souvent, moi j'aime beaucoup quand tu parles du corps comme un temple sacré.

  • Speaker #2

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et tu dis qu'il nous permet de goûter à tous les plaisirs terrestres.

  • Speaker #2

    Absolument.

  • Speaker #0

    Et au-delà de ça, le fait d'être en détachement aussi.

  • Speaker #2

    C'est vraiment très important, cette idée de goûter à toutes ces joies, parce qu'en fait, c'est un cadeau. La vie est un cadeau. Et on a tendance à l'oublier, justement, à cause de la pensée discursive. On a vraiment tendance à oublier que cette vie est joie, est contentement, est aussi détachement. C'est-à-dire que si aujourd'hui, on vit dans un château et que demain, on va habiter dans une cabane, rien n'empêche de mettre dans cette cabane des fleurs, des choses qu'on aime, en fait, un bout de bois, quelque chose qui est une sculpture pour nous. Et puis, ce cabanon va devenir un château. C'est nous, en fait, qui faisons.

  • Speaker #0

    Et ça, on le sent quand on est chez toi. Là, on vient de passer à travers le jardin, qui est absolument magnifique. On a l'impression que chaque chose est à sa place, qu'il y a un soin. Et tu apportes aussi du soin à l'autre.

  • Speaker #2

    Je trouve que c'est une forme de gratitude que de rendre beau l'univers dans lequel d'abord on vit et l'univers dans lequel aussi on pratique. À chaque fois qu'on rend un endroit beau, c'est vraiment pour moi une offrande. La vie me donne, mais j'adore lui donner. Les élèves me donnent et j'adore leur donner. Encore une fois, on revient dans l'unité. On fait un. Chaque cours, je me rends compte combien on est un. Parce que quand tout le monde entre dans un cours qui est différent, parce qu'il y a un cours le matin, un cours le soir, un cours l'après-midi, quand ces êtres de lumière entrent pour s'illuminer encore davantage à l'intérieur, je sens qu'on est un parce que je les ressens. Je ne sais pas comment expliquer, je n'ai pas de mots pour expliquer combien je ressens. Juste au contact du regard, Je vois, voilà, c'est ce dont a besoin, ce jour-là, juste, cette personne, cet être. Oui, c'est cette spontanéité qui est très importante. Et c'est ça, là aussi, que notre pratique nous amène à redevenir spontanés. La société nous a façonnés, d'une certaine manière. On a besoin de la société, mais en même temps, on a oublié qui on était dans cette société. Et vraiment, le yoga m'a appris, moi, à me retrouver au travers de multiples expériences. J'ai eu des expériences douloureuses. Je pense aussi que ce n'est pas par la douleur forcément qu'on peut arriver à s'éveiller. Ce n'est pas obligatoire qu'il y ait de la douleur. Mais je trouve que la douleur est quelque chose qui nous rend plus humains. Quelqu'un qui a souffert a beaucoup plus de chances de comprendre une autre personne qui a souffert. Si on n'a pas souffert, si on a toujours été dans quelque chose de facile, on ne peut pas entendre, on ne peut pas ressentir la souffrance d'autrui. Alors que si on a traversé un désert, qu'on a eu soif, qu'on a eu faim, qu'on a pleuré toutes les larmes de notre corps, qu'on s'est tapé la tête contre les murs transparents du désert, eh bien je pense qu'on est plus à même. de développer cette compassion. Je pense que vraiment la vie vaut la peine d'être vécue quand on a développé à la fois cette compassion profonde, vraie, quand on ne joue pas. Il y a tellement de couleurs dans une vie, il y a tellement d'expériences. Et si on traverse chacune de nos expériences, qu'elles soient douloureuses, agréables, mais comme une expérience, Vraiment, on sort enrichi. Il faut savoir justement enlever certains débris pour aller au plus juste, à la plus fine de nos poussières. J'aime beaucoup cette idée de balayer. Ça revient à prendre soin. Ça revient, c'est ce qu'on fait quand on respire, quand on fait du pranayama. On balaie aussi nos vieilles énergies. Quand on s'étire dans une posture. Tu sais, pour la plupart des personnes, le ménage est un fardeau. Ils n'aiment pas du tout. Enfin, tu sais, c'est comme une punition. Alors que le ménage est utile. Pendant qu'on fait le ménage, on se auto-nettoie aussi. On fait le ménage intérieur. En fait, c'est ce qui se passe à l'intérieur qui se fait à l'extérieur. Quand on ne prend pas soin de soi. On ne peut pas prendre soin de l'extérieur. C'est impossible. On va le faire de manière très superficielle, encore une fois. Je pense que la discipline intérieure englobe aussi l'idée de ce balayage. En fait, c'est comme, tu sais, par exemple, si on dort et le lendemain on se lève, si on n'a pas coiffé nos cheveux, ils sont tous emmêlés. Donc on balaie là aussi. On balaie la nuit, on balaie les nœuds. C'est quelque chose de... Pour aller trouver justement presque ce grain de beauté qui fait de nous des êtres de lumière. Pour moi, sincèrement, le temps n'existe pas. Il n'existe que dans le continuum de notre pensée. Si nous n'avions pas ce mental, qui est donc un instrument qui est un sens, au même titre que nos regards, que notre ouïe, etc. Le mental, c'est vraiment un outil. C'est cet outil qui nous permet d'aller vers le passé et qui nous permet de nous projeter vers le futur. Quand il est utilisé intelligemment, avec une pointe de sagesse, il peut nous rendre service. Mais la plupart d'entre nous utilisons le mental pour... augmenter le temps. D'ailleurs, le temps n'existe que parce que l'humain a mis des horaires etc. Quand on est en vacances, pourquoi on est si heureux ? Parce que le temps n'existe plus. On se lève à pas d'heure. Comme on dit, c'est une phrase très bateau de dire je me lève à pas d'heure. Mais c'est vrai. Il n'y a rien d'obligatoire quand on est en vacances. On est dans un... On se laisse porter, n'est-ce pas ? Et c'est ça, le temps, en fait. C'est se laisser porter, c'est être... Être dans le flot de la vie. Nos anciens regardaient la nuit et ils allaient se coucher en même temps que la nuit. Ils se levaient avec le coq qui chante ou le jour qui se lève. Il n'y avait pas de notion vraiment de temps. Tant qu'ils avaient de l'énergie, ils vaquaient à leur moment de pause. Enfin, voilà, pour moi, le temps n'existe pas. C'est la société moderne qui compacte le temps, qui fragmente le temps. Tout, j'apprends de tout, sincèrement. Je peux regarder une fleur et elle peut me donner une leçon. Je regarde les poissons, ils me donnent une leçon. J'apprends tout le temps. Moi, je suis une éternelle étudiante de yoga, parce que le yoga me fascine, c'est une discipline qui m'émerveille, de par sa puissance, en même temps que de sa simplicité. Et souvent, on me dit, tu ne te lasses pas ? Impossible !

  • Speaker #0

    Ça fait combien de temps ?

  • Speaker #2

    Ça fait plus de 20 ans que je suis dedans. Et quand j'étais petite, j'étais déjà dedans parce que j'avais de la famille qui était déjà dedans. Et j'aime beaucoup, quand je me réveille, toucher la terre et dire merci, de me porter. Je trouve que c'est important, c'est sacraliser son quotidien parce que nous sommes des êtres sacrés. Et parce que la vie est sacrée aussi. Et parce que chaque être que nous rencontrons dans une journée est un être sacré. Et quand on pose un regard sacré sur un être, quel qu'il soit, ça rend la vie toujours plus belle. Et même quand, par exemple, dans un supermarché, on rencontre quelqu'un qui peut être agressif, parce qu'il traverse peut-être un moment difficile. Ça reste un être sacré qui n'a pas encore vu sa dimension, il ne s'est pas encore déployé. Alors que le secret d'une vie joyeuse, c'est d'ouvrir et de voir que tous ces êtres ne sont que le reflet de soi. C'est une partie de soi. Dès l'instant où on accepte, vraiment, la vie, il s'agit aussi d'acceptation. C'est là qu'on peut se toucher au plus profond de nous. Dans cette ville, il y avait un monsieur qui était un SDF qui me touchait énormément. Parce que moi, les gens timbrés, quand on dit timbrés, fou me fascinent. Parce que je pense qu'ils ont eu tellement de souffrance qu'ils ont voulu s'extirper de ce monde à leur manière. Et quand j'ai appris un jour que ce monsieur était décédé, parce que je ne le voyais plus, ça m'a beaucoup peiné. C'est comme si j'avais perdu quelqu'un de très proche. C'était juste quelqu'un que je ne connaissais pas, que je croisais de temps en temps. Et voilà, pour moi, ça aussi, ça fait partie de la beauté de la vie. Que parfois un étranger, quelqu'un de tout bizarre, soit proche de son cœur. Toutes ces choses sont importantes à voir, à ressentir. Et c'est pour ça qu'au début... Je parlais de ce chemin vers l'humanité. On parle de nous comme des humains, mais certains d'entre nous ne sont pas encore totalement humains. Ils ont un corps humain, mais ils ne sont pas encore totalement humains. Une véritable humanité, c'est cette joie qui se déploie, c'est cette compassion qui se déploie, c'est cette équanimité qui se déploie, c'est-à-dire ce non-jugement. Rencontrer quelqu'un sans jamais le juger, l'accepter tel qu'il est, tel qu'il est totalement. C'est vraiment les bases je trouve d'une vie épanouie.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté ce podcast. Ces entretiens font partie d'un projet global qui s'appelle « Cette force qui se déploie », exposition sonore dont vous pourrez trouver plus d'informations sur notre site www.lavieestailleurs.com

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