Speaker #0Une production à Noyaux Studios. Salut, c'est Louis. Vous écoutez Vision, le podcast qui donne vie aux images. Cette année, adoptez une approche plus durable pour les fêtes. Avec notre partenaire MPB, vous pouvez offrir ou acheter du matériel photo et vidéo d'occasion qui a été testé et approuvé pour des cadeaux fiables et à bon prix. Un lien pour tester MPB est disponible en description de ce podcast. Mes scènes préférées du film, je pense que c'est celle où Bertrand skate devant Pierre pour la première fois. Il y a un peu tout à ce moment-là, c'est-à-dire il y a la poésie que j'aime, enfin que j'essaie de mettre dans mon cinéma, plein de références à des codes de cinéma un peu différents. Je vais emprunter un peu au genre, je vais emprunter à tout type de cinéma. Et surtout, il y a un petit peu de fantastique que j'aime beaucoup, c'est qu'à la fin, le personnage du mentor de Bertrand disparaît. Et c'est une énorme référence à Mudd, en fait, la première fois que le petit voit Matthew McGonaghy. En fait, il y a un espèce de jeu que fait Jeff Nichols qui est fou. où on le voit, il est en train de pêcher avec une petite canne à pêche. D'ailleurs, c'est marrant. Il joue avec les distances, on ne sait plus trop où il est. Et à un moment donné, il disparaît. Je me rappelle quand je m'étais dit ça, je me disais Putain, ça en fait un personnage très mythologique. Et c'est ce que je voulais créer sur Bertrand. Et pour moi, ce moment, en plus, c'est le moment de féerie. Il y a la musique de Jimmy Woo qui t'englobe et je pense qu'il y a un truc très fort parce que, enfin, en tout cas, je trouve, parce que c'est vraiment leur premier moment de connexion aux deux personnages. Donc voilà, c'est une scène que je trouve assez forte parce qu'il tourne autour de lui, il enchaîne les tricks. Et on voit dans le regard du petit la fascination qui se crée. Et je pense que c'est un truc aussi que moi m'intéresse beaucoup, c'est la fascination pour les marginaux. En tout cas, pour moi, tout est lié à ce moment-là. On se dit, ce mec qui a une espèce de punk à chien, qu'au premier abord, on ne va pas aller approcher ou qu'on va juger. Et bien d'un coup, un gamin de 13 ans va se dire, ok, ce gars-là, je veux que ça soit mon pote, je veux que ça soit mon monteur. Et ça, ça m'intéresse beaucoup. C'est intéressant parce qu'en fait, ce qu'on a fait avec Christelle Fournier, la chef opératrice, je l'avais prise parce qu'en fait, elle avait fait tous les films de Sciamma. avant le portrait de la jeune fille en feu. Et je trouve surtout dans Naissance des pieuvres et dans Bande de filles, elle arrive à poser des cadres assez... Rigides, c'est peut-être un peu péjoratif, mais quand même des cadres très bien sentis avec de l'impro. Et nous, en fait, Christen, celui qui joue Pierre, il faut savoir que c'est un skater avant tout, c'est un acteur amateur, qui joue avec Théo, qui lui est un acteur confirmé, mais qui est dans un vrai rôle de composition. Et donc il y avait aussi une envie de ramener du réel. Et donc on a choisi pour cette scène de jouer la nuit noire. C'était très important pour nous, pour moi et pour Christelle, que ça soit noir. On a créé en fait un réverbère qu'on voit, mais en fait on l'exagère en lumière. Et après vraiment l'idée c'est de le faire disparaître et réapparaître. Et je pense que jouer avec la nuit, pour moi ça évoque beaucoup de choses liées à l'enfance, liées aux cauchemars, mais aussi à la peur, au fantasme. Il y a plein de trucs qui se jouent derrière. Et je pense que cette scène, elle évoque beaucoup ça, parce que comme tu dis, en fait, quand il arrive, de base, ça peut être carrément un thriller qui part dans le mauvais sens. Il y a quand même un pinca-chien qui sort d'un buisson, comme tu dis, et qui lui parle. Il a une canette de bière à la main, il est allumé. Ça peut partir en film de Xavier Legrand en deux secondes chrono, mais ce n'était pas du tout le but. Justement, l'idée, c'est de ramener une véritable fascination. Et je suis très fier de cette scène parce que je pense qu'elle se crée. Plus Bertrand tourne autour de Pierre et plus je pense la féerie, après ça sera au spectateur de juger, mais en tout cas, plus l'émotion se crée. Et je pense que la musique de Jimmy fait beaucoup. C'était génial parce qu'en fait, on l'a travaillé à l'image, ce truc, on montait, on montait, on montait. Puis Jimmy jouait sur les images. Et à un moment donné, je sentais qu'on l'avait. Et on l'a monté plusieurs fois. Je me rappelle, on a cherché beaucoup, d'ailleurs, le bon cut avec Zoé, ma monteuse. Et puis je pense qu'on l'a trouvé à un moment donné. Je pense que c'est ma scène clé. C'est la scène clé du film, je pense que c'est celle qui t'amène ailleurs. Je m'appelle Antoine Besse, je suis réalisateur, je fais ce métier depuis 10 ans en professionnel on va dire et depuis beaucoup plus longtemps en amateur parce qu'en fait j'ai commencé en filmant du skate. On avait acheté une caméra avec un pote quand on était ado, on faisait beaucoup de skate en fait. J'ai une petite ville qui s'appelle Périgueux en Dordogne et en fait on s'est mis à beaucoup filmer et j'ai commencé à prendre beaucoup de plaisir là-dedans, à aimer monter. J'ai découvert plein de vidéos de skate et puis à un moment donné j'ai découvert... le monde de Spike Jonze dans les vidéos de skate et ça m'a vraiment fasciné. En fait, c'était le début du téléchargement sur Internet. J'ai commencé à télécharger des films. Je suis tombé sur Kids de Larry Clark, qui a été un peu une énorme claque. Je suis un peu passé de la passion du skate à la passion du cinéma. Donc voilà, j'ai toujours filmé. Après, j'ai fait partie d'un collectif qui s'appelle Cloudbox à Bordeaux. On faisait plein de courts-métrages pour une asso qui s'appelait Kino Session. Enfin bref, après, je n'ai pas arrêté. Et en 2014, j'ai eu la chance de faire un film, un court-métrage qui s'appelle Le skate moderne que j'ai fait avec mes potes. Mes potes justement avec qui je faisais du skate quand j'étais ado. Et le film a énormément buzzé à l'époque. C'était assez fou d'ailleurs, on a fait plus d'un million de vues en un mois. J'étais relayé par plein de magazines, on a eu Le Monde, on a eu Les Inrocks, des trucs que je ne comprenais pas, Le Petit Journal qui nous a appelés. Ça m'a un peu dépassé, surtout que j'étais jeune, j'avais 23 ans, je ne comprenais pas trop ce qui se passait. Mais par contre, ça m'a permis de me professionnaliser. À partir de là, j'ai signé dans une boîte de pub qui s'appelle Big Production. Grâce à ça... Je faisais beaucoup de pubs, mais vu que j'avais quand même cette vie de... J'aimais beaucoup le surf et le skate, j'ai continué à le faire. Et donc, ce que je faisais, c'est que je faisais une pub ou deux par an. Et le reste du temps, je vivais dans mon camion ménager et je voyageais. Je partais en voyage plusieurs mois. Donc, j'ai eu une petite vie de baroudeur quand même pendant dix ans. Et j'ai adoré ça. Et puis après, on va dire à partir de fin des années 2010, j'ai voulu me professionnaliser. J'ai commencé à écrire un premier film qui ne s'est pas fait. J'ai fait un deuxième cours avec Théo, justement, qui s'appelle 404. J'ai fait plein de pubs à côté, des clips. pour Necfeu, Rathcartier, Kobo, ça m'a permis de voyager. L'idée, c'était d'apprendre la fabrication d'un côté, parce que je ne me sentais pas légitime. Le Skate Moda avait explosé un peu tôt. Et après, l'idée, c'était aussi de gagner un peu d'argent et puis de kiffer. Je voulais voyager, je voulais découvrir le monde, découvrir des gens. Je ne voulais pas me rester enfermé dans le milieu. Je crois, d'abord, j'ai fait une première série qui s'appelle Red Creek, avec Lou Delage, qui avait été sélectionné à Série Mania. C'est un truc qu'on avait fait au Canada, c'était hyper dur, c'était en langue anglaise. Franchement, je ne sais plus. dans un bourbier en vrai mais c'était super cool à faire en fabrication après j'ai été pris du coup en réal seconde équipe sur une série qui s'appelle La Révolution c'est une grosse série Netflix, un gros bousin pareil en fabrication t'apprends énormément je savais pas trop ce que je faisais mais c'était assez génial à faire et après on m'a proposé une série slash qui s'appelle Caronostra, d'ailleurs c'était génial parce qu'il y avait un truc avec Nicolas Derouet le direcast, on a cherché plein de nouvelles têtes, ils ont tous pété entre temps et je suis trop fier de ça, enfin pas pour moi je suis trop fier pour eux, enfin deux d'ailleurs Que ça soit Hila Pellegrini, Sonia Faidi, Abraham Vapler, Isaac Zango, ils ont tous une belle carrière maintenant. Et puis à un moment donné, Oli s'est fait. C'est un peu ça le parcours. Nous on venait vraiment du skate à la campagne, c'est un délire et c'est d'ailleurs une thématique qui m'a habité sur plein de projets après jusqu'à Oli. C'est pas le même skate qu'en ville, on galère. Pourquoi je dis ça ? C'est parce qu'en fait il y a un truc où pour le filmer, il faut le filmer différemment. Tu peux pas faire des grandes lines au Ausha comme ils font en ville où ça roule nickel. Et donc t'es obligé d'adapter un peu ta façon de filmer. Et en fait c'est là où j'ai commencé à m'intéresser vraiment en fait en gros au découpage et au montage. Mais j'en avais pas conscience parce que j'avais quoi ? J'avais 13-14 ans, je viens de la campagne, mes parents ils sont... C'est pas qu'ils sont pas cultivés, je serais méchant avec eux, mais c'est pas... On a une culture populaire à la maison. Genre on avait le Seigneur des Anneaux, Matrix, mais voilà, ils sont pas cinéphiles mes parents. Donc j'avais pas d'accès à ça. Et je me rendais pas compte qu'il y avait un cinéma d'auteur, je me rendais pas compte qu'il y avait des théorisations du cinéma, je me rendais pas compte de tout ça. Et en fait ce qui est intéressant c'est qu'avec les premières vidéos, tu vois, tu commences à monter et tu te dis putain mais là j'ai rien, j'ai un bout de terre avec un mec qui skate, du coup faut arriver à retrouver un langage. Et en fait c'est marrant, il y a un espèce de regard qui se crée différemment sur la campagne. Et je pense, on va dire que c'est peut-être un peu pompeux, mais en vrai je pense que c'est ça le cinéma, c'est un regard qui se crée. Donc je commence à avoir un regard qui se crée sur les choses, sur la manière de les filmer. Du coup ça me fascine, il y a un truc qui m'intéresse avec ça. Et je commence à filmer, à filmer, à filmer, puis je filme tellement, et en même temps je découvre le travail de Spike Jonze en téléchargeant des vidéos sur LimeWire, non mais c'est vrai, je découvre le travail de Larry Clark, et puis je me mets à voir que les mecs ne filment pas que du skate, surtout racontent des histoires, et puis je commence à m'y amener, c'est génial de raconter des histoires, et puis je m'intéresse à un autre type de cinéma. Puis l'avantage des forums et tout à l'époque c'est que je peux diguer, je peux geeker, je peux télécharger des trucs. A l'époque c'est compliqué, je les dégrave sur CD, j'ai des palettes entières de CD avec des noms de films gravés au marqueur. Enfin c'est génération 90 quoi. Et en fait à ce moment là je me dis je vais peut-être faire la fac de Bordeaux de cinéma. Mes parents ils veulent pas du tout. À l'époque, je suis avec une fille, mon premier amour, qui veut faire la fac de théâtre. Je me dis, c'est parfait, c'est l'art du spectacle, c'est lié. Je dis à mes parents, je le fais quand même. Ils me disent, vas-y, de toute façon, en gros, c'est pas grave, tu vas perdre une année, tu verras, tu vas arrêter. Je suis bien content de ne pas avoir arrêté. Et on est partis à Bordeaux ensemble. Et en fait, quand je suis arrivé à Bordeaux, dans ma classe, il y a quelques personnes qui avaient un collectif qui s'appelle Claude Box. Notamment Romain Campé, Emilia Malaret, Nabil Belhassen. et d'autres qui vont nous rejoindre après. Et ils font un truc à l'époque, c'est des kino-sessions. Dans les kino-sessions, il y a d'autres gars de ma classe, il y a Yacine Saadi et Kylian Kéré qui ont d'ailleurs la série Sauce piquante qui cartonne en ce moment sur les réseaux. Et il y a d'autres gens, parce qu'il y a aussi Lola Kivoron qui a fait Rodeo, il y a Jonathan Vinel, les deux ils n'ont pas encore fait La Fémis. En fait, on est tous à Bordeaux, il y a une espèce d'émulsion, Jonathan Vinel il a fait des kino-sessions, enfin on a tous fait ça. Et il y a un espèce de truc, on s'amuse à jouer avec ça, c'est que tous les deux mois, tu dois faire un court-métrage avec un thème et une contrainte. D'ailleurs pour la petite anecdote, les gars qui ont créé ça, ils vont peut-être me dire c'est pas vraiment ça mais bon, il y avait Joanne Vigouroux, Célim Bentounès, et Joanne Acarer qui a monté le Fifi à Bordeaux. C'était nos grands, quoi. Et du coup, on faisait ça tous les deux mois. Et moi, c'était génial parce que je faisais partie d'un collectif, donc d'un coup, j'avais des potes avec qui on faisait des cours. Et puis quand t'as un thème et une contrainte, ah, tu fais de la merde. Mais t'apprends. En vrai, t'apprends, tu vois, t'apprends de fou. C'est génial parce que tu te dis ok, là, on a ça, on va essayer ça comme ça Moi, je collais Romain. qui était pour moi mon mentor total, il avait tout le temps des idées de fou, il savait déjà faire plein de trucs avec sa caméra, il avait première parce qu'il l'avait craqué, faut pas le dire mais en vrai c'était le seul qui avait un vrai logiciel de montage et on vivait dans nos petits apparts étudiants, on faisait que ça. Moi j'étais jeune à l'époque quand je suis arrivé en fac, j'avais 17 ans, ils en avaient 19, on était comme des fous. On a fait ça pendant 2-3 ans, eux ils sont montés à Paris après et moi je me suis séparé de ma copine et il y avait vraiment un truc de ok bah là qu'est ce tu fais ? Est-ce que tu continues à surfer ? Je surfais beaucoup, je skateais encore beaucoup, enfin j'étais un peu en branleur. Mais j'étais animé par ce truc-là où je me dis vas-y, je monte à Paris Et en fait, Yacine et Kylian montent à Paris aussi. Les autres étaient déjà montés. Il y en avait que... Je crois que Jonathan avait déjà eu la Fémis. Lola, elle a eu la Fémis. Enfin voilà, on était nombreux. Et Romain, Pelut, enfin Emilien et tout, ils se disent vas-y, on monte aussi Et eux, ils montent à l'ESRA. Et moi, je me dis vas-y, je vais peut-être tenter la Fémis, mais je me sens pas légitime. J'ai peur, en fait. En vrai, j'ai peur. Parce que ça m'a... Petit à petit j'ai un peu des désirs de réal mais en vrai je me sens pas légitime, je viens pas de ce milieu, j'ai pas la foi qu'ont les autres, j'ai pas leur culture, je me sens un peu à côté. Et en fait je monte, je tente la fémice en image, rien à voir, je sais pas pourquoi je fais ça, mais je crois qu'il y a un truc où je veux pas le faire en vrai en réal. Je me rappelle j'ai une super note au dossier mais à l'analyse de film je me troue total, c'est sur tournée d'Amalric. En plus j'adore le film mais bref je dis n'importe quoi, je suis à l'ouest, je me rappelle j'ai pas dormi de la nuit, j'étais stressé. Du coup je l'ai pas, je suis un peu deg. Et je me dis, peut-être, qu'est-ce que je fais ? Je m'inscris dans une autre école, j'emprunte un peu de thunes, je fais une école qui s'appelle l'ESEC. Sauf qu'en fait, vu que j'avais déjà fait plein de courts-métrages et que je faisais de la régie à côté en me démerdant, en fait, ça ne me plaît pas du tout. Mais genre pas du tout, j'ai l'impression de payer pour rien. Ce n'est pas contre l'école, mais juste ça ne me va pas. J'arrête et je me mets à devenir électro, régisseur, à faire plein de trucs. Et c'est là où je me forme en fait, je commence à comprendre comment marche un plateau, j'avais ma petite formation de court métrage et puis avec mes potes on continue Claude Box à Paris. Puis on a un peu la folie des grandeurs, on se dit c'est bon on est à la capitale, c'est l'Eldorado, on va tout niquer. Bon on a rien niqué du tout mais c'était quand même drôle comme mentalité. Yacine et Kylian ils avancent aussi, en fait tout le monde fait des trucs. Ça met quand même un peu une émulsion, enfin une bonne énergie. Et puis malheureusement l'énergie elle se perd, mes potes ils redescendent à Bordeaux. Enfin eux ils continuent avec une bête d'énergie à Bordeaux, mais ils passent un peu plus dans l'événementiel. Et nous on a essayé de faire un docu en plus, tous ensemble, en vrai 5 réales ça marche pas. Donc ça se pète la gueule, on essayait de monter ça pendant 6 mois. Et là je me dis putain je suis tout seul, qu'est-ce que je fais quoi ? Je me mets à faire des saisons. Et je vais faire des saisons de 4-5 mois à Comtis, puis je rentre bosser à Paris. Et après une saison je me dis allez c'est pas fait pour moi, j'ai 23 ans, ça fait 3 ans que je m'acharne. Et je me dis je vais faire un tour du monde, mais avant je veux me taper un délire, je veux refaire, enfin montrer sous une forme de docu, fiction. Notre vie de skater à la campagne. Un an avant, j'avais découvert la vie moderne de Depardon et la trilogie paysanne. Et ça m'avait grave touché parce que je m'étais dit pour une fois... Il y a aussi un petit truc à préciser, c'est quand tu fais la fac que t'as pas la culture cinéphilique, que t'as pas grandi là-dedans et que t'as pas d'appétence au cinéma d'auteur de base, c'est très dur. Premier cours que je fais à la fac à Bordeaux, Alain Rennet, l'année dernière à Marienbad, que j'ai revu et que j'aime beaucoup pour plein de raisons. Mais à l'époque t'as pas les codes, je me suis dit c'est quoi ce bordel, il y a des travelling géants dans un... Dans un grand manoir, je comprends rien, il y a une voix off, je sais pas ce qu'elle me raconte... Je suis perdu en fait, j'ai pas les codes. Et donc il y a un truc où c'est âpre pour moi. Et surtout à chaque fois c'est quand même du cinéma. On voit beaucoup de trucs de la nouvelle vague, beaucoup de films de la nouvelle vague. Et c'est quand tu as grandi à la campagne dans un milieu qui n'a rien à voir... Quand j'ai un monde très terrien, le cinéma des petits bourgeois parisiens des années 70, il est très bien, mais il est dur à capter. Donc je ne m'y retrouve pas. Et quand je vois la trilogie paysanne, je me dis Wow, ok, là il y a un gars, il fait des travelling de 5 minutes avec de la musique classique, et je suis happé. Et je me dis Ok, là je suis en train de découvrir autre chose. Moi j'ai le cul vraiment entre mille chaises. J'ai grandi à la campagne, dans un milieu assez dur, mais en même temps, mon père, c'est le premier qui a fait des études, il est dentiste. Donc je suis quand même catégorisé fils de bourge à la campagne. Mais en fait, quand j'arrive à Paris, je suis un paysan. Et je me rends compte que mon père, il n'a pas tant de thunes que ça dans cette ville, parce que je vois vraiment des gens qui ont beaucoup d'argent. Donc en fait, moi je suis un peu perdu, j'ai les codes de ma campagne, en même temps, tu vois, avec ma bande de potes, et en plus dans la bande du skate moderne, justement, le court-métrage que je vais faire, il y en a plein qui viennent de plein de milieux sociaux différents. Mais en fait on est de la campagne et je me rends compte qu'en fait à la campagne tu as des codes particuliers, surtout dans le sud-ouest. Et donc il y a ce truc où quand je vois Depardon je me dis mais en fait si lui il le fait, vas-y je vais le faire et je vais reprendre son film. En tout cas je vais lui rendre hommage. Donc je fais le skate moderne, par rapport à la vie moderne, en reprenant Pavan de Gabriel Fauret et... Bon bref, il y a une autre musique classique qu'il y a dedans. Et je décide de refaire Paris mais avec des skaters à la campagne. Et sauf que je me dis bah nous on est discrédités, je vois comment les parisiens... Il nous voit, je vois, surtout que maintenant je suis devenu un parigo, ça fait 15 ans que je suis là. Mais en vrai, au début, quand t'arrives, tu le sens, t'es jugé et tout. Et je me dis, tu sais quoi, on va jouer à ça. Je vais mettre des costumes de mon grand-père et de tous les costumes du début du siècle des agriculteurs. Je le fais d'ailleurs à l'époque avec Nastasia Adjaji qui bossait à Combini, qui vient de Périgueux. En fait, je la connaissais très bien de Périgueux. D'ailleurs, maintenant, c'est une super journaliste. Et elle m'aide. Elle m'aide à faire les costumes D'ailleurs c'est très drôle elle est crédité en costumière Et c'est elle qui a fait l'article de Combini Qui avait d'ailleurs énormément été partagé C'est très drôle Et on fait les costumes et en fait je fais le film Et le film est simple, le film ce que je veux c'est qu'ils me racontent leur vie Et moi je mets du faux dedans Je mets des costumes qui sont faux et de temps en temps je triche Je triche mais je dis pas sur quoi je triche Et je le dirai même pas là Et je fais le truc avec une forme un peu hybride Tu vois mi-docu, mi-fiction avec des moments très clips Mais clips sur du classique Un truc qui est qui n'est pas classique du coup. Et je le mets sur Internet. Je crois, trois jours après, je prends l'avion et je vais faire mon tour du monde. J'ai mes économies, j'ai bossé. Je le fous sur Dailymotion, je me rappelle très bien. On a un pote, Mathieu Stob, qui à l'époque bosse là-bas. J'avais pu faire la post-prod là-bas. On avait un peu un droit pour le mettre sur Dailymotion. Et je le mets. Et je me rappelle, je vais boire un verre dans le quartier avec mon coloc à l'époque. Et je reviens. Il y a 50 000 vues. À l'époque, c'était énorme. En deux heures. Et je vois ma boîte mail Facebook. Je crois que j'avais Instagram, mais bon, c'était le début. que des messages, 20 minutes, un journaliste, journaliste des Inrocks, je sais pas quoi, je me dis mais c'est quoi ce truc, je comprends rien. Je suis avec mon colloque, à l'époque vraiment on vit littéralement dans... J'avais même pas de chambre, je vivais dans le salon, on était galériens quoi, mais c'était génial, c'était des années géniales. Et je lui dis je crois qu'il se passe un truc, il me dit comment ça, il regarde et tout. Et là je vois des messages de producteurs, surtout de pub, et de fiction, et je suis perdu, je me dis mais qu'est-ce que je fais, j'ai mon avion. Et je prends quand même l'avion, Et là, j'arrive en Californie, c'était le début de mon trip, et je me dis, waouh, j'ai peut-être fait une connerie. Je vois mon téléphone, il ne fait que sonner. Je me rappelle, je fais une interview pour l'Effet Papillon à l'époque, qui parle du film, et je me dis, peut-être que je fais une grosse connerie là. Il y a toutes les boîtes de prod qui m'écrivent, et moi je suis dans un endroit obscur à Santa Barbara, je vais surfer la journée, j'essaie d'apprendre l'anglais, et ça me torture en fait. Je me dis, mais là, c'est une porte qui s'ouvre, qui est géante, qu'est-ce que tu fais quoi ? Et je me rappelle, je dis à... Je rappelle un producteur qui me dit Ouais, si tu veux, tu peux rentrer, en gros on veut te signer. Je dis Oh là là, non, je suis pas chaud. Tu vois, c'est peut-être un effet de buzz. Et en même temps, je vois, la vidéo, elle continue à tourner. Elle fait énormément d'articles, de presse. Mais en fait, les gens ne me connaissent pas, donc ils ne savent pas de quoi ils parlent. Donc il y en a plein qui disent Oui, alors les skaters à la campagne, ils skatent comme ça, c'est incroyable. Il y a des gens qui veulent faire des docus sur eux. Moi, je ne réponds pas parce que je n'ai pas envie de casser le truc. C'est ce que disait David Lynch, paix à son âme, mais il ne révèle jamais ses secrets. Et moi je voulais pas le révéler parce que je savais que ça allait casser le truc. Et en fait le film commence à faire des festivals, il y a des festivals qui récupèrent le film. Je me dis mais attends c'est quoi ce bordel, je l'ai même pas inscrit. Bon et je me dis vas-y là faut que je fasse un truc et j'ai un pote à moi, histoire très drôle, qui se fait larguer par sa meuf qui est en dépression, qui est partie vivre au Chili en mode... Il est chez Fop un peu à côté. Donc je me dis bon j'achète une caméra, une Black Magic à Los Angeles, je le rejoins au Chili, de toute façon c'était prévu que j'aille vers le Chili, et comme ça s'il y a un taf qui tombe, je peux dire bon bah on peut tourner un truc là-bas. Au moins un peu à moi-même. Mais tu vois, il y a un peu un truc... Donc je l'ai rejoint dans une cabane au fin fond du Chili, c'était génial. Et en fait, il y a une boîte de prod qui arrête pas de me contacter, c'est Big Production. Et ils me disent, on a un clip à faire. Le clip se fait pas. En vrai, je suis refait. Je passe deux mois à surfer, je rencontre plein de gens. Et après, ils me disent, on a une pub à te proposer. Moi, je sais pas ce que c'est que la pub à l'époque. C'est single beat, grosse pub des quatre pour le mondial. Je me rends pas compte que c'est gros. Et moi, je suis dans ma cabane. Donc imagine, j'ai même pas de zoom à l'époque. J'ai un téléphone de merde et je vois un jour une réunion, il y a dix personnes. En fait en pub faut savoir pour les gens qui savent pas que t'as des ppm des trucs t'as les créatifs les commerciaux les trucs et moi j'ai pas conscience de tout ça et les mecs me disent voilà on aimerait que ça soit toi on aimerait ça on aimerait ça et moi je suis trop con je me rends pas compte de ce que je fais je dis ah ouais mais moi non je vais pas le faire comme ça et je reviendrai pas si vous voulez qu'on la fasse on le tourne au Chili. Le producteur m'appelle après il dit tu sais tu peux pas faire ça je dis bah si sinon je le fais pas quoi mais je suis con en fait j'ai 23 ans je m'en fous tu vois je m'en fous total je me rends pas compte en fait en vrai. Je ne me rends pas compte de ce qui se passe. Et il me dit, OK, je t'envoie un directeur de production de Santiago qui vient. J'ai mon poteau avec sa Black Magic. On est à Curanipé, ça s'appelle. Et on se met à caster des petits pour la pub qui va devenir la pub du mondial de 2014, du coup. Tu vois, de Décathlon. Mais je n'en ai pas conscience de ça non plus. Donc, on cherche des petits. En plus, l'histoire, elle va trop loin. Parce qu'en fait, en gros, je trouve un petit. Il fallait qu'il soit gros. Puis à la RPP, c'est une sorte de CSA de la pub. C'est n'importe quoi leur truc. Et à chaque fois, finalement, ils ont peur des trucs. Genre, les skaters, il faut leur mettre un casque. Et le petit, ils disent qu'il est trop gros. Tu vois ? Un truc un peu ridicule. Donc, je dois trouver un autre petit. Et c'est un petit qui doit être un petit frère, tu vois ? Et le producteur, il me dit, Ouais, mais non, mais ça va être mieux. Je sais très bien qu'il dit ça parce qu'il veut vendre, tu vois, il veut vendre son truc. Et il voit déjà que je fais... En fait, je suis un abruti. Je lui dis, en plus, moi, je veux aller au Maroc après pour rejoindre mes potes de Cloudbox, pour faire la suite. Et il me dit oui, tu vois ? Parce qu'il voit que s'il veut m'avoir, c'est ça. Moi, je ne me rends pas compte. Après c'est hyper drôle quand j'y repense, je fais n'importe quoi. Et en fait ils viennent et là le petit est trop gros, je dois trouver un petit, je trouve un autre petit. Et en fait le petit il est chanmé et à ce moment-là il me dit il faut parler à ma mère, sa mère elle arrive. Je tombe froid moré de sa mère, coup de foudre. Et là je me dis je peux pas aller faire la pub. Mais tu vois c'est ça mon début de carrière, c'est un bordel. Et en fait la meuf elle me dit mais mec j'ai un gamin, c'est mort tu vois. Je dis ok mais je sais pas, je sais que c'est toi. Bon bref, je vais au Maroc, je continue la suite de la pub, je finis en France. avec enfin l'agence qui vient, qui se disent Waouh, c'est quoi ce mec ? On finit quand même de tourner le truc et tu sais, Nati, je lui avais dit Tu verras, je reviendrai dans un mois, jour pour jour pour toi. Je finis la post-prod, j'avais plus de nouvelles. Elle m'a dit Mais mec, tu me dis n'importe quoi, vas-y, je fais n'importe quoi. Et je vois, je finis la post-prod, il reste deux jours et je me prends un billet d'avion et je me rebars là-bas et quand j'arrive là-bas, je loue une caisse et je lui dis Tiens, regarde où je suis, je suis là. Je pète un câble. Il dit non mais t'es vraiment revenu. Et après je vais la chercher et après ça c'est hors sujet. Mais en fait tout ça pour dire que c'est ça que je voulais faire après pendant des années. C'était tu vois des trucs à 2000% et que la pub ou ces trucs là me servent à vivre des aventures. Parce que je pense que pour raconter des histoires il fallait en vivre. Et je me sentais pas légitime de raconter des histoires. Je voulais pas adapter des bouquins. Donc après j'ai fait ça pendant 5-6 ans. Entre temps j'ai fait un docu de surf qui s'appelle Courbe. On est parti vivre pendant un mois dans une grotte à manger que du riz et le poisson qu'on pêchait et on filmait. Après tu vois je suis parti au Cap Vert avec trois potes, on dormait que sur la plage, j'ai fait des aventures de fou aussi, après je revenais pour faire une pub, je repartais. En fait c'était bien parce que mine de rien ça m'a beaucoup servi parce que j'avais une technique de fabrication par les publicités, où j'étais vraiment le petit bobo qui allait dans les petits... tu vois on me mettait dans des hôtels 5 étoiles, des restos de ouf. Et après je partais dans mon van aménagé ou à Vivre ma vie de route et j'adorais parce qu'en fait ça me faisait un contraste tu vois de ouf. Mais en vrai les deux servent parce que quand je partais en voyage je faisais beaucoup de photos, et j'adore la photo tu vois je... j'ai pas la... prétention de dire que je suis photographe professionnel mais je fais beaucoup de photos et ça me permettait de trouver des cadres et des idées et beaucoup de mes films après que j'ai fait ou beaucoup de mes... venaient en fait de ces voyages, je me rends compte, de ces histoires et après à côté la publicité me permettait même si c'est relou la pub et c'est pas fait pour moi parce que je suis un relou et rendre des comptes pour ceux qui savent pas quand tu fais une pub en fait t'es un exécutant, tu diriges des comédiens pour aller demander à l'agence qui est derrière le combo leur dire ouais ça va vous avez aimé et s'ils disent non je l'avais comme ça en fait tu vas juste re-répéter ce qu'on te dit au comédien t'es un vrai exécutant Après tu gagnes très bien ta vie, donc vas-y je le faisais. Mais je voyais que j'allais pas faire ça toute ma vie, ça allait me rendre fou. Mais par contre c'était génial parce que j'apprenais, tu vois, t'as beaucoup de moyens, donc t'apprends à faire des gros trucs. Moi en plus à un moment donné j'ai eu de la chance, j'ai fait des grosses pubs. Et en parallèle, j'allais vivre ma vie où je partais des fois tout seul à l'autre bout du monde et j'adorais ça, tu vois. Et les deux cumulés, je pense que ça m'a vraiment à un moment donné donné une impulsion de légitimité. Et ça je pense que c'est important. Moi j'ai pas fait la fémis, tu vois. J'ai pas fait de grandes écoles, j'ai rien fait. Genre je viens vraiment de... de la fabrication, enfin je suis autodidacte. Je ne suis pas le mec en mode ouais je viens de la rue, pas du tout. Genre je viens de ma campagne, petit fils de bourge de campagne, mais en vrai j'ai tout appris tout seul tu vois, et j'ai passé dix ans à voyager tout seul. Et là j'avais un truc à mon déjeuner, je me suis dit c'est bon vas-y. Là je me sens fort, et j'ai commencé à écrire en premier long en fait. J'ai fait un deuxième cours, mais qui était plus un truc hybride qu'on avait monté avec Arthur Caton, un producteur de chez Big, avec un producteur de musique qui s'appelle Roseboy666, et avec... Enfin voilà, on avait monté le projet ensemble, on avait fait un truc super hybride entre, il y avait un clip qui répondait au court-métrage, le court-métrage répondait à l'album de Roseboy, et puis tu vois, tout se mélangeait. Et c'était trop bien comme projet, je me suis dit, ah j'aime bien les trucs transmédias, mais ça me permettait d'expérimenter en fait, tu vois. Les clips aussi ça me permettait d'expérimenter. Puis à côté j'écrivais un premier long qui s'est pas fait à cause du Covid. Et en fait en 2020, il y a un des grands de la bande du skate moderne, Béranger, qui est décédé. Malheureusement paix à son âme aussi. Et là je me suis dit bon, il y a peut-être une histoire à raconter, il faut peut-être revenir à la base. Le skate moderne ça avait marché, les gens ils ont envie de voir ça. Et moi j'ai envie de le montrer. S'il y en a un qui est décédé à à peine 30 ans, c'est qu'il y a un truc à raconter. sur les oubliés, sur les populations marginales et j'avais envie de revenir un peu chez moi aussi moi je pense que pendant très longtemps j'étais très complexé par le fait de ne pas avoir fait la FEMIS ou une grande école pas forcément Louis Lumière parce que je ne me voyais pas technicien mais il y avait un truc où je fantasmais sur la FEMIS Et je pense que j'ai énormément compensé dans mes voyages et dans mes aventures parce que je me disais, bon, avec sûrement un peu d'égo mal placé, moi, je n'aurais pas fait cette formation, mais moi, j'ai l'école de la vie. Maintenant, j'en reviens un peu. Je suis très content de l'avoir vécu, mais je ne suis plus vieux maintenant, je ne suis plus sage. J'aime encore les aventures, mais un peu moins qu'avant. Mais je pense qu'il y a un truc. En fait, la réalité, c'est que les gens qui font les étudiants de la FEMIS ont des formations assez exceptionnelles et gagnent du temps parce qu'ils ont un réseau. d'office derrière et ils ont un bagage culturel énorme et puis souvent c'est des gens brillants parce que c'est quand même un concours très dur à avoir donc voilà moi je me sentais vraiment vilain petit canard et j'avais l'impression de pas avoir ma place mais je pense qu'au final maintenant j'ai aucun regret je pense que c'était mon parcours à moi puis j'ai jamais été fait trop pour rester sur un banc scolaire j'étais pas bon à l'école enfin si j'étais pas mauvais mais je veux dire je tenais pas en place quoi je suis un peu hyper actif j'ai besoin d'aventure pour ça que j'ai beaucoup aimé le documentaire en début de carrière parce que ça me permettait de partir avec ma caméra tu vois de filmer d'avoir un truc très instinctif et très impulsif Et en fait, je dirais que je pense que c'est un parcours très intéressant pour les institutions. C'est plus facile après d'avoir... Pour financer un film, c'est compliqué, tu vois. Il y a plusieurs aides, mais que ce soit celle du CNC, les régions, tout ça, c'est quand même assez formaté. Il faut savoir bien parler, il faut savoir bien s'exprimer. Et quand tu as le bagage filmiste, c'est un peu comme quand tu es comédien, tu as le bagage conservateur national ou classe libre. C'est vrai que ça aide. Ça ne fait pas tout, mais ça aide. Et du coup, il y a un truc où je pense que même par rapport au gros festival, tu gagnes du temps. Tu arrives avec... un projecteur différent. Moi je pense que ce n'était pas mon cas et du coup, ouais je pense que moi j'ai choisi un parcours très différent, un peu en réaction aussi à ça, mais je pense qu'en vrai avec le recul maintenant je suis très content de mon parcours et je ne regrette pas du tout. Je pense que c'est même quelque chose que j'affirme et que j'assume à 200% et je pense que c'est bien aussi pour les gens qui ne font pas la fémisse, pour les jeunes réalisateurs ou réalisatrices qui arrivent ou qui veulent faire ça, moi j'espère être aussi un... Un exemple de si tu te bats et que j'ai fait dix ans de voyage à faire des petits trucs à droite à gauche, j'ai quand même fait mon premier long. Donc en fait, c'est possible. Et je l'ai fait par des institutions classiques. Je veux dire, j'ai Canal, j'ai les régions, j'ai une petite aide du CNC. Enfin, j'ai un truc classique. C'est pas un truc autoproduit total. Donc voilà, je pense qu'il y a plein de parcours. Et je pense que juste, voilà, c'est intéressant d'avoir des parcours un peu différents. Le mien, il est assez atypique. Et en même temps, je pense qu'il est assez normal au final. Il y a aussi ce truc pendant dix ans, et c'est l'autre truc que je fais beaucoup. Quand je fais le skate moderne, je me sens très illégitime. On me propose du long métrage, on me propose de la série, on me propose des trucs gros, je ne me sens pas du tout légitime. Et je me sens surtout très inculte. Et en fait, mes trois ans à la fac, en vrai, je passe mon temps à faire des courts-métrages et à surfer. Les films, je ne les regarde pas. Alors qu'en fait, en vrai, la formation, elle était géniale. Et là, je rentre dans un espèce de truc d'autiste. Où que je sois à travers le monde, je regarde un film par jour et je lis un bouquin par mois. Je m'impose ça. Et donc je me mets à avoir une... Enfin, je veux un bagage cinéphilique, je veux un bagage culturel, et même je le vois dans ma façon de m'exprimer, et il y a même un truc, c'est que je veux aussi avoir les codes. pour arriver avec ma dégaine de skatos en gros et quand je parle qu'on se dise ah non d'accord ok en fait il sait de quoi il parle etc et c'est très important et en même temps j'allie ça à la technique genre quand je fais de mes clips ou mes pubs j'essaye j'expérimente je regarde comment ça marche j'essaie de bosser avec des chefs up qui m'apprennent des choses avec des techniciens qui m'apprennent des choses et en fait les deux j'avance j'avance d'un côté sur une espèce de pas d'élévation intellectuelle mais en tout cas de culture qui augmente et qui me rend plus à l'aise avec moi même et à côté une technique de fabrication, direction d'acteur choix de cadre, choix d'optique un truc vraiment très technique pour essayer d'allier les deux et d'arriver solide moi je le vois comme un truc de sportif de haut niveau où je suis très sportif de base et il y a vraiment un truc où j'essaye d'allier les deux et j'écoute surtout mon instinct et je pense qu'il y a un truc aussi où des fois je peux avoir des idées complètement farfelues pendant le confinement je fais un projet qui s'appelle BTS qui est une espèce de série de making-of qui part complètement à la dérive sur un shoot caritatif avec que des... Des jeunes starlettes qui en fait se regardent plus le nombril, qui viennent chercher, ramener de l'argent pour la cause. Et en fait c'était génial, mais ça c'était vraiment une impulsion, je me dis putain il y a un truc à faire, j'appelle les gens que je connais, il y a Laura Felpin qui vient, il y a Alexis Mananti, Théo c'est mon pote, il vient avec Chandor qui est aussi un pote, et puis en fait on se retrouve avec une vraie équipe d'acteurs. Et ça c'est des projets où je suis beaucoup mon instinct, je sens qu'il y a un truc à faire, et en plus après le truc qui marche sur internet et tout, je suis content. Mais ça, c'est des trucs qui commencent à arriver avec la légitimité. Je me dis, ah ok, là je me sens apte à faire ça, je me sens apte à diriger ces acteurs-là. Après, si tu me dis là maintenant, en début de trentaine, est-ce que je me sens prêt ou... Non, on n'est jamais prêt. Je pense que je vais apprendre encore toute ma vie et c'est un peu le but. Je pense que quand tu fais du cinéma, tu peux apprendre toute ta vie et c'est ça qui est génial. En tout cas, je me sentais prêt à faire un premier long. C'est ça qui était important. Je ferais de cri qu'en 2016, je pense, ça c'est en 2017, oui c'est aux Sérimanias de 2017, en fait c'est assez fou parce que je rencontre en gros à l'époque une boîte de prod qui s'appelle John Doe, c'était François Lardenois et Aurélien Molas qui me contactent, ils veulent à tout prix qu'on développe un long ensemble. Moi c'est un fameux truc de légitimité à l'époque, je suis trop jeune, j'ai 25 ans, c'est mort, je me sens pas du tout apte. Et en fait ils reviennent vers moi en me disant, écoute, on vient de faire une série au Brésil, on vient d'en vendre une deuxième, c'est un thriller. Je ne suis pas du tout un mec du thriller, moi, à la base. Sur la possession, au Canada, en langue anglaise, ça tourne dans un mois et demi, t'es comment ? Je rentre chez moi, je dis, attends, il faut que je réfléchisse. Et en fait, je me dis, au début, je vais dire non. Après, je ne te mens pas, il y a un truc où je me dis, Antoine, tu vas avoir 26 ans, ta carrière, ça ne va pas être que tu n'es pas surfer pro. Tu ne vas pas passer ta vie à baroudé. C'est peut-être une opportunité à saisir. Le skate moderne, c'est il y a déjà deux ans. Tu vois, t'as... pas saisi certaines opportunités. Là, c'est une opportunité de commande. Tu vois, je ne me risque pas à écrire un scénar, ce n'est pas pour du cinéma. Donc, je dis OK, let's go. Le seul truc que j'impose, c'est que je suis très poté avec Lou Delage et j'appelle Lou, je lui dis Lou, s'il te plaît, fais le rôle principal, sinon je ne vais pas y arriver. Et elle me dit OK. Et là, ça devient une expérience de fou parce que je pars avec Manu Bernard, le chef-op avec qui je bosse beaucoup. On part avec Manu, Lou, on a deux semaines de prépa, ce qui n'est rien pour 90 minutes. C'est un long en fait qu'on fait. Mais je ne le sais pas sur le coup, c'est scindé en petits épisodes, je ne me rends pas compte du truc. Et j'arrive en plus, c'est une année à Montréal, donc on va tourner à Montréal, et dans les alentours de Montréal, où il y a une tempête qu'ils n'ont pas eue depuis 50 ans. Donc on a, mais de la neige, mais tu sors, tu as des murs de neige, parce qu'il passe le chasse-neige, tu as des murs de neige littéralement. Et on a ce truc de, en plus, on tourne en mode, tu sais, c'est à moitié un film d'horreur. Moi, les codes de l'horreur, c'est pas trop mon truc de base. Donc je me dis, bon, il faut que je twiste un peu le truc pour le ramener sur un truc que je connais mieux. En plus, faire un truc un peu plus thriller psychologique. Lou, elle parle pas des masses anglais, donc on assume le truc qu'elle est française qui est arrivée au Canada. Et du coup, pourquoi Montréal ? Parce que je m'étais dit, vu que je suis pas un boss en anglais, je prends des acteurs anglophones, mais qui parlent aussi le français québécois. Donc là, ça devient un délire. Je fais passer mes castings, je fais face à des Québécois. avec leur accent incroyable, ça n'a rien contre les Québécois, mais on connaît. Et après, ils jouent en anglais. Donc quand ils jouent en anglais, je me fie que à la musique. Je me dis là, c'est juste que la musique, ils peuvent dire n'importe quoi. Après, je ne sais pas si c'est vrai ou pas. Et on a un plan de travail hyper serré à l'époque. André, paix à son âme d'ailleurs, il nous a quittés, qui est mon assistant, fait un plan de travail. Mais je te jure, c'est la guerre. Et là, on a 17 jours de tournage pour rentrer 90 minutes en esquivant les tempêtes en anglais. avec Lou qui est crevé au bout du troisième jour et moi pareil, moi je dors plus tellement sous pression avant de partir je dors plus genre j'arrive plus à dormir donc t'sais je suis un cadavre ambulant et on fait la série et là par contre j'apprends énormément Alors là, c'est le baptême de feu. Tu vois, tu fais ça, c'est le baptême de feu. Je suis rentré, j'ai pris 10 ans. Sur ma gueule, je te jure, je suis rentré, j'avais commencé à perdre mes cheveux. J'ai fait ok, bon voilà, ça c'est réglé. Et en plus, je m'étais pris, mais vraiment, la pression de ma vie. Genre en mode, waouh, c'est ça en fait de la fiction. Mais par contre, je te mens pas, d'ailleurs, j'ai grave envie d'en refaire. Et je me dis, là, j'ai envie d'en refaire pour mes projets à moi. Parce que je remets pas autant d'énergie, je finis pas de perdre tous mes veuches pour des projets de commande. Donc ça met un coup de boost en fait. En fait ce qui est génial c'est que je rencontre Philippe Ray, c'est un dire de prod qui a fait tous les films de Paulo Branco pendant 30 ans, qui sait faire des films comme ça, et en fait ça devient un peu comme mon père. Et on est resté très proche d'ailleurs depuis parce qu'en fait il sait faire de la fiction, et sait faire de la fiction fauchée, comme de la fiction avec de la thune. Et on a une affection qui naît dès la prépa, et en fait il m'encadre beaucoup, et il m'aide. Et à des moments, je craque psychologiquement. À midi, j'ai pété un câble. J'ai failli mettre le combo dans la gueule du producteur. Parce que je craque, tu vois. Je craque véritablement. Et tu vois, ils me font en larmes d'énervement. Ils m'amènent au resto. Ils me calment. Et donc, en fait, je suis vraiment tenu par lui. Et puis par mon équipe. Il y a Lou qui me soutient. Il y a Manu. Il y a les producteurs aussi. Ce n'est pas que j'étais en colère contre eux. C'est que c'était trop de pression, tu vois. Et j'apprends énormément. Donc oui, en vrai, je suis entouré. Il n'y a personne de malfaisant. C'est juste qu'en fait, il y a un scénario. beaucoup trop ambitieux par rapport au fait qu'on a qu'un million et 17 jours de tournage. Mais c'est une super école parce que du coup, quand je fais Oli avec 30 jours de tournage et 2 millions quasiment, tu vois, en fait, je suis à l'aise. Surtout qu'avant, je sors de Karo Nostra qui est une série slash à 1 million aussi où là, c'était 5 fois 40 minutes. Mais du coup, quand j'arrive sur Karo Nostra, déjà, je suis solide avec Rétric. En plus, j'ai eu deux mois de prépa avec tous les comédiens. On s'entend tous trop bien. En fait, on n'a pas tant de différence d'âge que ça, tu vois. Parce que moi, quand je fais Caron Nostra, j'ai 29 ans. La moyenne des comédiens, ils ont entre 25 et... La plus jeune, ça doit être Sonia, elle a 20 à l'époque. Mais tu vois, en soi, on n'a pas tant de différence d'âge. Donc ça va. Tu vois, on arrive à... On communique bien. Et du coup, quand j'arrive sur Oli, en fait, en vrai, heureusement que j'ai fait ces trucs-là. Jamais je le tiens, le film, sinon. Jamais. T'imagines, on a des chiens, des gamins, la nuit. Y'a rien qui va, quoi. Alors c'est marrant, après le skate moderne, je voulais pas faire un long tour du skate. Parce que tout le monde me demandait de faire ça, et je voulais pas. Et en fait je suis parti sur une version longue, un peu de 404, le court-métrage que j'avais fait avec Théo. Sauf qu'en fait de manière très crédule et naïve, j'étais persuadé que faire du genre, ou en tout cas essayer de faire de l'anticipation, c'était facile à financer. C'est là où j'ai découvert la réalité du métier, c'est très compliqué. En plus je pense qu'on avait un scénario un peu bancal, que je pensais bien, mais je suis pas scénariste en fait. Du coup j'ai... Voilà, je pense que j'étais trop vert, le scénario ne tenait pas la route. On a eu une partie des financements qu'on a perdus, ça a été un peu compliqué. Et en fait, pendant cette perte-là, en effet, j'ai appris par des potes que Béranger, un des grands du skatepark, alors que moi, ce n'était pas un ami très proche, mais c'était quelqu'un que j'admirais énormément, qui était vraiment un des meilleurs skaters, qui était un peu punk, c'était le plus fort dans tout. C'était celui qui picolait le plus, c'était celui qui sautait le plus haut au-dessus du quarter, c'était celui qui était le plus drôle. Et en fait, j'apprends son décès. des suites d'une vie un peu intense et je me dis wow merde putain ça me choque je me dis quoi il est mort quoi enfin c'est je savais qu'il était sur une pente raide mais surtout en fait je me dis derrière mais attends mais là en fait il y a un truc à raconter parce que je me rends compte que de cette bande là il y en a qui ont des petites vies posées mais il y en a plein où la vie elle n'a pas été simple et de manière plus générale je revois quand je repense aux gens avec qui j'étais au lycée à plein de gens je vois qu'en fait il y en a eu plein de destins tragiques et ce qui m'intéresse derrière ça c'est que c'est des destins qu'on montre jamais Les oubliés de la campagne, moi j'en fais pas partie, j'habite à Paris, je suis exposé, mais je me dis il faut que j'utilise l'exposition que je peux donner sur ces gens-là, parce qu'en fait c'est des gens qui m'ont toujours fasciné. Quand j'étais adolescent, j'étais extrêmement fasciné par les mondes alternatifs, comme le monde des rêves parties, j'y passais beaucoup de temps, le monde des festivals, enfin le monde du skate. Et je me dis il faut que j'en parle en fait, il faut que je trouve un fil autour de ça, une histoire, et en même temps je voulais rendre hommage à Béranger, et du coup je me dis je vais essayer de reprendre un peu un personnage qui ressemble de près ou de loin à Béranger. Mais vraiment, l'idée, c'était pas de faire une biographie et de pas jouer avec sa mort. Je voulais pas m'accaparer le truc, pas du tout. Je voulais juste rendre un hommage. Et moi, par contre, parler des personnages très marginaux d'anciens skaters, il y en a plein, notamment de ce qu'on appelle les punkachins, mais en fait, c'est des gens qui sont souvent très discrédités, alors que c'est juste des gens qui ont choisi de vivre complètement en dehors du système. Et après, je voulais utiliser un gamin parce que ça me rappelait, moi, en fait, j'ai grandi dans les Landes et je suis arrivé au collège à Périgueux. J'avais vraiment ce truc d'admirer les skaters et de ne pas savoir comment les approcher. Du coup, je me suis dit, ça va être mon entrée. Et surtout, je voulais vraiment montrer l'admiration qu'on peut avoir pour des gens peu fréquentables, entre guillemets. Et ça, ça m'intéressait beaucoup. Après, je te mens pas, j'avais un film de rêve pour ça. Non, j'en avais deux. J'avais The Fighter au début et j'avais Mud. Parce que les deux, c'est des relations très fraternelles. Mais Mud m'intéressait plus parce qu'il y avait une relation grand frère-petit frère. Dans The Fighter, c'est aussi grand frère-petit frère, mais ils sont plus âgés. Mais dans Fighter, il y avait un truc bien, c'est que Christian Bale, il incarne un Kame de manière très, très, très juste. Et il est assez bluffant. Et dans Mud, ce que j'adorais, c'était la relation grand frère-petit frère entre Matthew McGonagall et je sais plus comment il s'appelle ce comédien. Je suis parti un peu sur cette idée de calquer ça. Et vu que je ne suis pas scénariste, à la base, j'ai eu un super producteur artistique, Aurélien Molas, qui m'a beaucoup aidé. Puis après, je l'ai fini tout seul, le film. C'était une super expérience, mais je ne le referai pas. Là, tu vois, le prochain film, je le co-écris. C'est important pour moi. Il faut savoir où est sa force et où sa faiblesse. Moi, je pense que ma force, elle est dans les idées. Elle est dans la direction d'un plateau. Elle est surtout dans l'improvisation et dans les petites équipes. Elle n'est pas dans les grosses équipes. Je vois où sont mes forces. Mes faiblesses, elles sont là-dedans. Tu vois, genre Oli, un film que j'aime beaucoup, mais pour moi, sa grande force, ce n'est pas l'écriture. En fait, Oli, je pense que c'est un peu une anomalie. Très belle anomalie, mais une anomalie. Dans le sens où, en fait, je l'écris en me calquant sur du Mudd, sur du Billy Elliot, un peu aussi. Bref, il y a pas mal de références. Mais surtout, je veux faire un film populaire. Et c'est volontaire. En fait, je me dis, ce film, il doit être pour les gens de la campagne. Ils parlent d'eux. Et trop de fois, quand j'étais plus jeune, et puis ça reprend ce que je disais, je pense qu'il y a des codes cinéphiliques que certaines personnes n'ont pas. Il y a plein de films de festivals qui, du coup, se ferment dans certains publics. Et moi, ce public, je veux le toucher. Et en même temps, je n'ai pas envie de faire un film trop populaire. J'aime bien les films populaires, mais c'est vrai que je n'ai pas envie de faire du Toledo Nakache. Ce n'est pas mon truc, je n'ai rien contre ces films-là. Au contraire, je les trouve très réussis. Mais du coup, je me dis, je vais essayer de faire un film de l'entre-deux. Les films de l'entre-deux, il y en a peu. Il faut le savoir. C'est très dur à produire. Et ça coûte un peu d'argent quand même, parce qu'il y a des chiens, il y a des gamins, il y a de la nuit. Et en plus, tous les gamins sont censés être des bons skaters. parce que sinon ça ne marchera pas, la crédibilité du film ne sera pas là. Théo, il se quête un peu, je sais que je peux le doubler, mais c'est le seul. Il faut monter le film et en même temps, le film est écrit de manière populaire, mais de la façon dont je veux le filmer, c'est plus indépendant. C'est un peu compliqué. À cette époque-là, Aurélien a une très bonne idée, c'est qu'il me dit, vas-y, moi je ne vais pas y arriver, je vais passer le... On est allé voir Réseau Distribution pour la Distrib, Réseau aime beaucoup le film et il décide de le prendre en production. Et en même temps, ça nous arrange tous parce qu'ils ont une légitimité, ils ont une crédibilité, surtout dans le milieu. Jean-Michel, il a produit plus de... Il a 30 ans de films derrière lui. Il a commencé avec Bernie, il a fait beaucoup de premiers films. Je me dis, ah, c'est le bon gars, je suis allé à la bonne école. Et en fait, on rebouge un peu le scénar. Je pense qu'il y a un truc de bonne étoile. Moi, en plus, à ce moment-là, ma vie privée, c'est le bordel total. Je me sépare de ma copine, je déménage, enfin... Et en fait, le film se finance très vite. Parce que Canal monte, je passe l'oral du Nord, je l'ai. Je passe l'oral de l'Aquitaine, je l'ai, et en fait on est déjà à plus d'un million d'oeufs, le film peut se faire. Et donc là en fait il faut le faire. Et on le fait. Alors c'est un truc de fou parce que ça va vite, moi je suis dans un état particulier à ce moment-là. Je dois bosser avec des acteurs amateurs à fond. En même temps je prépare avec Théo, et Théo il prépare sa descente de poids parce qu'il va perdre 14 kilos, et il va vraiment se transformer. En même temps on se chie dessus tous les deux parce qu'on se dit, Waouh, la composition en France, tu te fais vite tirer dessus. Donc lui il joue gros, moi je joue gros. Et en fait, petit à petit, on apprend que le budget qui était prévu, on l'a pas. Donc on doit couper des scènes. On doit, tu vois, les... Et en même temps, les petits, il faut tourner 7 étés là parce qu'ils sont scolarisés, une partie. Donc on peut tourner que l'été. Et après, ils vont grandir. Et on va les perdre. Notamment Christiane, qui est super. Christiane Billon, quand je le casse, je sais que c'est lui. Et après, s'il grandit trop, c'est mort, tu vois. En gros, le film, il est estimé à 3 millions. On perd par rapport à ce qui était prévu. On n'a pas plein de financements qu'on était sûr d'avoir. On finit à... à un 9. C'est très bien pour un premier film, mais juste c'était pas ce qui était prévu. Donc ça devient un peu complexe et là heureusement Christelle elle rentre dans la partie, donc Christelle Fournier, la chef opératrice, on s'entend super bien, on prépare le film ensemble, moi ça me rassure d'être avec quelqu'un qui a du bagage comme ça, puis on enchaîne sur la prépa, on fait le film, mais du coup il n'y a pas tout qui rentre, donc moi ce que je fais c'est que tous les week-ends avec Théo et Christelle, on part tourner et j'ai juste ma caméra et je tourne avec eux. Et c'est d'ailleurs tous les plans qu'on voit au milieu du film, tous les trucs un peu poétiques et tout, ça c'est moi qui les ai faits tout seul. Et ça me fait beaucoup de bien en fait. Ça me fait beaucoup de bien parce que j'ai beaucoup de pression et en fait j'adore tourner tout seul, j'adore tourner avec Christelle aussi, mais je me rends compte que j'aime les deux en fait. Et puis c'est là où je vois ma vie en fait. Il y a la partie documentaire de ma vie où je vole les trucs et où j'aime ça et où je mets en scène en direct. Et puis il y a la partie plus de fabrication de toutes ces années où là je fais un film carré, concret, tu vois. Et on fait tout ça et puis en fait on a de la chance, il y a Cédric Kahn qui rentre dans la partie parce qu'il aime le film. C'est un pote à Jean-Michel, il dit oui. Et Emmanuel Berco aussi. Et donc là, c'est bon, le film vraiment se fait. On tourne, c'est génial, c'est deux mois de folie. On est entre Périgueux et Beauvais, on est une équipe. En plus, on est tous assez jeunes. Christelle, c'est une autre génération, mais il y avait un peu son équipe. Puis après, il y avait la nôtre, on avait tous entre 25 et 35 ans. Donc c'était assez génial. Il y avait une énergie de fou. Les petits, c'était tous des ados. On était des grands, mais on n'était pas non plus des vieux. Donc il y avait un truc intéressant, ça matchait bien. Et on fait tout ça. Et par contre, après, ça a été plus compliqué. Le film se fait, on est très content du film, on voit que c'est un film de l'entre-deux. On commence à avoir des warnings de Ah, pour les gros festivals, ça va être compliqué. Et en fait, malheureusement, Réseau Distribution coule pendant la post-prod. Et là, ça devient très compliqué parce qu'en fait, il n'y a aucun distributeur qui veut récupérer le film sur le coup parce qu'ils ne savent pas quoi en faire, parce que c'est un film de l'entre-deux. On rate un peu les gros festivals parce qu'on est dans cette galère-là. Puis moi, je ne lâche pas. Et puis en fait, Jean-Michel ne lâche pas non plus. On se bat. Et en fait, on va en golem. Et en golem, c'est un succès. Genre, on a une standing ovation de 15 minutes, tout le monde parle du film, et en fait, ça me remet un coup de bouche. Je me dis, peut-être que j'ai pas tant raté que ça mon film, parce qu'évidemment, j'y croyais plus. Et à partir de là, il y a Waina Peach qui rentre en distribution, qui est un distributeur assez jeune. C'est eux qui ont fait Vampire Humaniste, Cherche Suicidaire Consentant, La Récréation de Juillet, ils cherchent des jeunes réels, ils cherchent une vibe qui touche les jeunes. Je sais que je n'ai pas fait un chef-d'œuvre, mais j'ai fait ce que je voulais, c'est-à-dire un film sincère et un film qui touche. Et je vois les gens, on ressent de l'émotion. Je me dis que c'est le plus important. Et en fait, après la fermeture de réseau de distribution, surtout, c'est quand on ne trouve pas de distrib. Et quand ils nous disent tous non. Et l'accumulation des non fait que je me dis que je me suis raté. Le film, il est raté. Et en fait, je me suis menti à moi-même, je me suis fait croire à une histoire. En fait, c'est pas vrai. Le film, je me dis vraiment que c'est une merguez, tu vois. J'y crois plus. Il y a tout mon entourage qui l'a vu qui me dit non non c'est bien, moi j'y crois plus. Et en fait quand il est pris en goulet mais que je vois la réaction du public, c'est là où je me dis ah, j'ai peut-être pas raté le film. Et surtout je vois les gens ils sont touchés par Théo, ils sont touchés par sa prestation, ils sont touchés par l'univers, ils sont touchés par Christen, enfin en tout cas par la prestation de Christen. Et je vois surtout énormément de messages que je reçois. parce qu'après on a fait d'autres festivals et tout, de jeunes et notamment de jeunes de la campagne qui me disent putain mais je me retrouve grave dans le film, c'est trop mon histoire, ou des gens qui me disent il y avait un bébert, des mecs même plus vieux, des mecs qui ont ma génération, même de la quarantaine, me disent moi dans mon village il y en avait un, moi aussi j'ai construit mes propres modules et tout. Et du coup là je me mets à y croire et je me dis carrément à l'inverse là, on va peut-être essayer de penser la distrib différemment, on va peut-être essayer d'arriver avec une autre façon de distribuer, de faire un truc à l'échelle du film, c'est-à-dire do it yourself. et voilà c'est ce qu'on est en train d'essayer de préparer avec Wynna Peach là, de sortir un peu des sentiers classiques de la distrib. La preuve, de toute façon, il y en a au cœur qui en a voulu du film. Ils nous ont jamais dit que le film était raté, mais puisqu'ils savaient pas quoi en faire. Et moi quand je vois le succès qu'il a avec le public en festival, on nous rajoute tout le temps des séances pour les scolaires, les jeunes ils aiment le film, je pense qu'il y a un truc à jouer mais c'est juste qu'en fait le cinéma, les jeunes vont pas trop en salle, ils y vont plus. Et je pense qu'il faut retrouver des moyens de communiquer, regarde ce qu'il a fait... Il s'appelle Inakstog avec Kaizen. C'est impressionnant, je trouve ça fort. Après c'est Kaizen, enfin c'est Inokstag, moi je ne suis pas Inokstag, je ne suis pas cette communauté-là. Mais c'est intéressant de voir qu'en fait les gens n'ont pas peur de la durée, son film il fait deux heures et demie. Les gens ils ont juste besoin de montrer qu'on fait un film pour eux, destiné à eux, qu'ils parlent d'eux. Et moi je pense que c'est le cas de mon film. Et même si sur le coup c'était super dur parce que tu n'as pas de distributeur, tu n'as pas de festival, tu te dis tu vas finir dans le mur. En fait Angoulême ça a rebattu toutes les cartes, on a trouvé distributeur, on a eu plein de festivals derrière. On a pris un prix à Namur et c'était le prix du jury jeune. En fait, je l'ai vu comme un signal. Je me suis dit, ah, en fait, là, tu vois, on va au Festival Ciné Junior le mois prochain. Après, on va dans un festival en Allemagne, pareil, un festival de jeunes. Et en fait, je vois, c'est beaucoup de festivals pour la jeunesse qui récupèrent le film. En fait, moi, ça me va très bien. Je l'avais fait pour eux. Et surtout, quand j'ai écrit le film, en fait, j'étais encore jeune. Je ne me considère pas comme vieux, mais je l'ai fait avant mes 30 ans, ce truc. Enfin, tu vois, je pense qu'il y a un truc intéressant là-dessus. En fait, c'est tout le temps les échos qu'on a eus. C'est, on ne sait pas quoi en faire. Ce n'est ni un film de festival, ce n'est ni un film grand public. Et c'est vrai qu'en France, tu as deux circuits. Tu as le circuit AR et SC d'un côté, puis tu as le circuit, on va dire, grosse machine, tu vois. Après, moi, j'ai bon espoir depuis le début. Je pense que le scan moderne en a une bonne preuve que tu peux faire des films de l'entre-deux qui plaisent. Pour la petite anecdote, le scan moderne, c'est assez fou. Donc, ça commence sur Internet, ça buzz sur Internet. Ça commence à être récupéré par des festivals. Le premier, c'est un festival qui s'appelle Urban... J'ai perdu le nom malheureusement, c'est un festival qui est dans le nord de Paris. Je ne sais pas s'il n'a pas changé de nom entre temps. En fait, on gagne en premier prix là-bas. Après, je gagne le grand prix au festival de Grenoble, qui est un festival catégorie A de court-métrage. Là, je me fais un peu repérer. En fait, il est récupéré d'autres... Et en fait, ce qui est fou, c'est que deux ans plus tard, il finit à Clermont. Alors normalement, tu commences toujours par Clermont. Et il finit sélectionné au César. deux ans plus tard. Tu vois, il n'y a rien qui va. Normalement, tu commences par Clermont, tu vas au César la même année. Et en fait, c'est là où je pense que le skate moderne, il a été réapproprié par le public. Et évidemment, toute proportion gardée, je pense qu'Oli a ce potentiel-là et c'est pour ça que je me bats là pour essayer d'en parler et de le ramener auprès des gens comme un film, justement, un peu différent. Sans dire que c'est un chef-d'oeuvre, sans dire que je suis le nouveau cinéaste de demain, ce n'est pas ça. C'est juste... de faire un film, je pense très sincère, et je pense que c'est dans les retours qu'on a, c'est souvent ce qui en ressort, et de montrer un film un peu différent, c'est tout. Et de montrer à des gens dont on parle jamais, qu'ils ont aussi leur place au cinéma. J'apprends plusieurs trucs avec Oli. Après, c'est moi qui apprends. Vraiment, ça ne regarde que moi. Je pense qu'il faut que je travaille avec un ou une scénariste. Ce qui est mon cas là, je travaille avec une super scénariste qui sort de la FEMIX qui s'appelle Marianne Barouillet. Et j'adore ce qu'on fait sur mon prochain film. J'apprends aussi que je n'ai plus envie de faire de tricks de scénario un peu faciles. Je pense que le prochain, j'ai envie de le faire un peu plus profond, un peu plus dans la subtilité. Non pas que Oli ne soit pas subtil, mais il y a des trucs de scénario qui ne le sont pas. Je pense qu'à l'inverse, Oli m'apprend un truc, c'est que je pense que je dirige bien les acteurs et que ça me conforte dans l'idée que j'ai envie de continuer à travailler avec des amateurs. Mon prochain film, c'est ça, il n'y aura que Théo, je pense, dedans. Sinon, ça ne sera que des amateurs. Et j'apprends aussi un truc énorme, c'est qu'en fait, je n'aime pas les grosses équipes. En fait, je suis très à l'aise avec beaucoup de liberté, petites équipes. Et le prochain film, c'est vraiment ce que je veux, c'est avoir un scénario solide, faire un bon casting et après suivre le scénario, mais pas que. Et ce que j'ai appris aussi avec Oli qui est génial, c'est que j'aime pas les dialogues écrits. J'adore dire aux acteurs, on va d'un point à un point B, il doit se passer ça. Mais j'aime bien qu'il y ait leurs propres mots. En fait, je fais pas partie de cette... Je suis pas un finisher. Je suis pas un... Même, je pense, plein d'autres cinéastes français. Je vais pas citer leurs noms parce que j'ai peur que si c'est pas le cas, je vais passer pour un con. Mais il y a plein de cinéastes qui aiment que le cadre soit exactement ce qu'ils avaient prévu en prépa. Ils aiment que le jeu soit exactement ce qu'ils avaient en tête. Et moi, je crois que je suis grave comme ça en prépa. Tu vois, tous mes films, ils sont découpés au millimètre. Je prends toutes les photos et tout. Mais en fait, j'adore derrière ne pas le respecter. Parce que je sais exactement où je vais, je sais où ça va. Et puis en fait, quand je vois qu'en live, ça ne marche pas, vas-y, on fait autre chose. Et donc, ça m'a appris ça. Ça m'a appris à me faire confiance, à laisser plus de place à la liberté. Un ou une bonne scénariste avec toi. Et puis surtout que ça ne sert à rien d'avoir beaucoup d'argent, je pense. Je pense vraiment, enfin, je pense qu'il peut faire des films avec peu d'argent, ils seront tous aussi bien. Je pense que Sean Baker nous l'a prouvé sur les dix dernières années. Moi, c'est un cinéaste que j'adore. Et là, je suis tellement content qu'il ait eu une palme d'or parce que je trouve que c'est tellement mérité. Quand tu vois même des films comme Starlet, avant qu'il soit connu, parce que Tangerine, c'est ce qui le fait péter. Mais en vrai, avant, ces films, ils sont trop intéressants, justement. Et ce que j'aime avec lui, c'est qu'il n'a jamais lâché ses convictions. Il a toujours fait ses films. Et puis, à un moment donné, ça a payé. Mais il est resté fidèle à lui-même. Et ça, je pense que c'est super important. Et moi, ma petite échelle, c'est ce que... Je n'ai pas la prétention de dire que je suis Sean Baker, mais je vais rester fidèle à moi-même. Je vais rester fidèle à mes films. J'aime ça. J'aime ce cinéma entre le cinéma populaire et le cinéma d'auteur. Les portes d'entrée, pour moi, c'est les trucs que je connais. C'est-à-dire le skate, le surf, la campagne. Après, je ne dis pas que je ne ferai pas autre chose, mais en tout cas, sur du cinéma, je vais rester fidèle à moi. Sur de la commande, pas du tout, parce que j'aime bien faire de la commande à côté. Mais voilà. En fait, ce qui est génial avec Théo, l'histoire, elle est assez drôle, c'est que je le rencontre à Comtis. Pendant des années, je vivais la moitié de l'année à Comtis. C'est un petit village sur la côte landaise. Surtout, j'ai toute une bande de potes surfer là-bas. Et en fait, un jour, en été, je vais chez un pote, là, chez Peyo, et il y a Théo. Mais c'était à longtemps, je pense que c'était en 2015, 2016, peut-être, un truc comme ça. Presque dix ans. Et je me dis, ce gars a une gueule de ouf. Et c'est pas une blague, vraiment, je me le dis. C'est pas pour faire de la com'cachée. Vraiment, je me le dis. Et il me dit Ouais, je suis comédien, tout ça et tout. Et je trouve qu'il a vraiment un truc. Et ça tombe pas dans l'oreille d'un sourd. Je lui dis Je suis réel. Mais lui, au tout début, il a même pas fait NTM. Il a fait que des cours. Et moi, j'ai fait le skate moderne et c'est tout. Enfin, en gros, j'ai fait des pubs. Mais on est un peu personne tous les deux. Et en fait, je rentre à Paris. Et j'ai l'idée de faire 404. Parce qu'à la base, c'était un projet pour Rave Skateboard. Et en fait, je me dis Théo, il serait parfait pour ça. Je l'appelle. On se voit autour d'un café. Il m'intéresse toujours autant. Et il fait le film. Quand il fait le film... Je me dis, wow, ok, je suis face à un grand acteur. Je me le dis. Et je me dis, je veux faire mon premier long avec ce mec. Quoi qu'il arrive, ça sera lui. Entre temps, on fait BTS avec Alexis, Laura, Chandor, tout ça. J'aime si, Greg. Et sur BTS, je me dis, il fait un truc d'impro à un moment donné que je trouve formidable. Il pète un câble. Ce n'était pas du tout prévu. Parce qu'en fait, j'ai laissé beaucoup en roue libre. C'était vraiment un truc, tu sais, une sorte de télé-réalité slash docu slash making-of. Tu ne sais pas trop où t'es. Et je me dis, putain, il est vraiment impressionnant. Et je commençais à écrire Oli et je lui fais passer les essais. D'ailleurs, je les ai, ces essais, ils sont fous. Mais c'est trois ans avant Oli, donc il a encore une tête de bébé. Et je lui fais passer des essais. Et je me rappelle, j'étais allé acheter du maquillage pour lui teindre les dents, pour qu'il ait un peu les dents pétées, pour le vendre au producteur en gros. Il fait une interprétation formidable. Et je me dis, wow, putain, il est vraiment fort, quoi. Et là, il fait NTM à ce moment-là. Donc, il commence à... Tu vois, les gens commencent à savoir qui c'est. Il avait fait Garçon Chiffon. Continuent à avancer un peu ensemble. Et en fait, quand je fais Oli, ce qui est génial, c'est qu'il vient direct. Et vu qu'on est potes, il se passe un truc formidable. C'est qu'en fait, on fait une énorme prépension. C'est-à-dire que pendant trois mois, on parle du personnage. Les gens, ça faisait des années qu'on en parlait. Mais là, pendant trois mois, on ne fait que ça. Lui, il perd son poids. Il en descend de poids, il se fait poser des dreads, il devient le perso et on le cherche ensemble. Et en fait, on passe du temps avec des pinca-chiens, avec des marginaux pour trouver une justesse dans l'exagération. Ces gens-là, souvent, les drogués dents, pas tous, mais beaucoup quand même, ils vivent dans un monde assez alternatif et la défonce fait beaucoup partie de leur vie. Et en fait, on cherche à trouver ce personnage marginal, solaire, en même temps un peu inquiétant. J'ai des souvenirs de fou. On est en résidence dans les Landes et puis d'un coup... Il dit, attends, regarde si je rentre un peu mon genou. Moi, je le filme à l'iPhone. Je dis, OK, tu l'as. Là, on a trouvé la démarche. On trouvait tout comme ça. Moi, je pétais un câble parce qu'il a un phrasé très urbain. Je dis, vire-moi tout ça, vire-moi tout ça. Il a réussi à gommer tout son accent urbain. Ce n'est pas si facile. Donc, il y a un vrai rôle de composition qui se met en place et il me fait confiance. Et c'est ça qui est génial. On arrive à mettre un truc en place qui est fou et qui est trop bien parce que je pense qu'on a une collaboration qui est magnifique. Moi, je monte et lui monte aussi. Le prochain film, on le fait ensemble. Et je trouve ça beau parce qu'en fait, on se fait grave confiance. Je te mens pas quand il a vu le film la première fois, ça a été dur. Il a eu peur, je comprends. Bah ouais, parce qu'en fait, c'est tellement pas lui. On lui fait tout le temps jouer un peu le même rôle, tu vois. C'est dans Bari, c'est l'espèce de petite caillera flic, archi bodybuildé. Joey Star, c'est un mec de quartier, tu vois, on connaît tous l'histoire de Joey Star. Et quand il fait Vivre et mourir, là, c'est très différent, mais c'est arrivé plus tard, tu vois. Et plus, il l'a tourné après. Quand il fait Vermine, pareil, c'est un mec de quartier, tu vois. Ce qui est plus paradoxal, c'est que c'est pas du tout un mec de quartier, c'est un petit surfeur martiniquais. Enfin, tu vois, c'est hyper drôle. Et en fait, sur Oli, tu vois, il y a un truc qui est assez génial, c'est qu'on est sûr de nous, mais quand il voit le truc, il déraille. Quand il voit le truc, il me dit Waouh, là, je crois que c'est nul. Et je lui dis Non, t'es bon, mec. Et il avait peur. Ce que je comprends, en fait, c'est que quand tous ses potes ont vu le film, ils l'ont rassuré, surtout sa angoulême. Quand il a vu la réaction, il y a tellement de gens qui sont venus le voir en mode Tu m'as trop touché, machin. Même des grands acteurs qui lui ont dit, en voyant le film... qu'il avait fait une prestation formidable. Et il y a un truc qui me touche trop, moi, c'est que tous mes autres potes comédiens, tu vois, on a toute une bande de potes, ils me disent tout ça et ça me touche. Ils me disent mais ce que tu as offert à Théo, c'est un cadeau. Personne n'offre ça, tu vois, genre... Tu vois ce que je veux dire, un rôle de compo comme ça. Ça a été un fil d'équilibriste pour Théo comme pour moi, parce qu'il fallait que ça soit juste et crédible. Et c'était super dur parce que le personnage, il est quand même très expressif. Et en fait, il compense le petit. Le petit, en fait, le but, c'était qu'il ait un regard d'adulte. et qu'il est quelque chose de très mature, là où Bertrand, le personnage qu'incarne Théo, est un adulte, mais avec un comportement d'enfant. Tu vois ? Et en plus, vu que Pierre, donc incarné par Christelle, est très froid et fait tout passer par peu de choses, il fallait que Théo, il soit un peu exubérant. C'était un jeu d'équilibre, parce que si on s'était trop, ça allait être ridicule, si c'était pas assez, on n'allait pas y croire. Et il y a un truc qui me touche beaucoup, où je pense qu'on a réussi notre coup, c'est qu'énormément de gens de la campagne qui connaissent des gens un peu dans ce type-là, On dit putain, c'est dingue, on connaît tous un Bertrand Et ce qui me fait rire, tu vois, c'est qu'à côté, à Paris, dans un milieu beaucoup plus intellectuel, on a pu me dire ouais, mais il n'est pas crédible, il en fait trop Moi, je ne suis pas d'accord. Après, vas-y, chacun pense ce qu'il veut, tu vois, il n'y a aucun problème avec ça, ça fait partie du jeu, tu vois. Mais moi, je pense que justement, en tout cas, de mon point de vue, il a incarné quelque chose de formidable. Écoute, la suite, je pense que... Là, tu as vu, je suis fauché. Parce qu'un long, ça prend du temps et je n'ai rien fait d'autre à côté. Je n'ai plus fait de pub depuis un moment. Donc la suite, ça va être, je pense, d'essayer de refaire un film de commande ou une série de commandes. Parce qu'en vrai, c'est quand même bien pour apprendre. Et puis je pense que mine de rien, j'ai monté en gamme, tu vois, en tant que réalisateur. Donc je vois les projets qu'on me propose sont plus gros et ça m'intéresserait d'en faire un. Il y a le côté financier, mais il y a aussi le côté fabrication, tu vois. Et l'autre gros projet que j'ai... En fait, j'ai deux autres gros projets. J'ai une série que j'écris avec Adrien Rod, qui s'appelle Saba, qui est une série à laquelle je crois beaucoup. Et à côté, il y a surtout mon deuxième long-métrage qui va se faire avec Théo dans le monde du surf au Caraïbe et dans le monde du surf, et on va dire, des vices de Saint-Martin. Saint-Martin, c'est une île très particulière qui me fascine beaucoup. Je passe beaucoup de temps parce que je trouve qu'elle raconte beaucoup le monde dans lequel on vit. C'est 50 km², scindé en deux entre la France et la Hollande. Avec la partie hollandaise où c'est un Disneyland pour adultes vicieux. Et la partie française où il y a beaucoup de pauvreté malheureusement, en même temps des ultra riches qui vivent. Pour moi c'est un peu un espèce d'échantillonnage de notre monde, filmable de manière très facile. Et puis la porte du surf parce que j'ai rencontré un surfeur là-bas qui a eu une histoire de vie qui m'a énormément touché, où je me suis un peu retrouvé dedans, je ne vais pas te mentir. Et je me suis dit qu'il y avait une histoire à raconter, et puis surtout j'avais envie de quitter la France un peu là. J'ai envie de le faire avec peu d'argent. Je développe avec un super producteur qui s'appelle Antoine Garnier, qui a une boîte qui s'appelle Orphée Films, qui est très fort pour monter des projets avec peu d'argent et c'est ce que je vise. Et Théo, et puis après que du casting sauvage, là j'y ai passé deux mois l'année dernière, j'y repars à la fin du mois, puis voilà, on espère tourner ça l'année prochaine.