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VISION #65 — JONATHAN BERTIN | Le parcours d’un passionné, d’internet au livre photo cover
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VISION #65 — JONATHAN BERTIN | Le parcours d’un passionné, d’internet au livre photo

VISION #65 — JONATHAN BERTIN | Le parcours d’un passionné, d’internet au livre photo

49min |26/06/2024
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Description

Il y a un mot qui me vient immédiatement pour décrire Jonathan Bertin : passionné. De ses premiers pas en photographie, au téléphone, où il capture de manière compulsive des scènes du quotidien, il en vient aujourd’hui, avec son dernier livre sorti chez Four Eyes Editions, à se consacrer pendant plus d’un an de manière viscérale à un courant artistique bien connu : l'impressionnisme. Quand on s’intéresse à la photographie et à la culture photographique, on peut difficilement passer à côté du travail de Jonathan, que cela soit sur ses différents réseaux (Instagram, Youtube, Twitch) ou désormais en librairie et dans les salles d’exposition. Oui, Jonathan est un photographe qui vient de l’univers Instagram et oui, l’influence a eu et a encore une grande place dans son quotidien. Il l’assume : il faut savoir raconter ses images. Quand on regarde de plus près, comme je l’ai fait ces dernières années, on ne peut pas le résumer à cela. Jonathan est un obsessionnel et un rêveur, deux qualités souvent présentes chez un artiste.


Dans ce podcast, Jonathan nous emmène dans son univers, soulignant l'importance des couleurs dans sa pratique. Ayant grandi en Normandie, il a rapidement été influencé par son environnement familial riche en créativité, sans pour autant avoir reçu une éducation centrée sur la culture ou l’histoire de l’art. Il partage également son expérience des voyages, soulignant évoquant combien explorer de nouveaux environnements nourrit son inspiration et enrichit sa vision artistique. La Covid-19 a été une période marquante pour lui, le forçant à redécouvrir la beauté de son quotidien et à ajuster sa méthode de création et d'inspiration.


Le podcast aborde également l'impact des réseaux sociaux sur sa carrière son parcours, un outil qui a façonné ses débuts et lui a permis de partager sa passion avec une large audience. Jonathan évoque ses influences, notamment le photographe Ernst Haas ou plus récemment Jack Davison, et explique comment ces inspirations ont enrichi sa pratique. Il décrit son projet récent Impressionism, qui vise à capturer de manière innovante en photographie le mouvement, la lumière et les couleurs. Jonathan termine en partageant ses réflexions sur l'importance de rester curieux, d'expérimenter sans cesse et de voir le monde avec un regard toujours renouvelé. Un podcast passionnant.


🤝 Partenaire


MPB, la plus grande plateforme en ligne au monde pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d’occasion.


🎙 Crédits


Un podcast réalisé et écrit par Aliocha Boi, produit par Noyau.studio, monté et mixé par Virgile Loiseau et mis en musique par Charlie Janiaut.


✨ Liens  


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Une production en noyau studio. Ce podcast a été réalisé en partenariat avec MPB, la plus grande plateforme en ligne au monde, pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d'occasion. Cette image, elle est ultra symbolique pour moi parce qu'elle arrive à un moment de transition entre beaucoup de projets différents. C'était l'été dernier 2023 à Séoul et je revenais. Une grosse session de travail sur la Normandie, notamment le mouvement, l'impressionnisme, etc. Et là, j'étais un peu dans un environnement nouveau. C'est quelque chose qui m'attire beaucoup, d'aller vers des environnements que je ne connais pas. Et justement, de faire un peu la balance aussi avec les environnements que j'ai l'habitude de côtoyer, dans le sens où je m'inspire ailleurs et j'essaie de trouver l'inspiration que j'ai en voyage et de la retranscrire après dans mon quotidien. et c'est avoir l'œil en éveil et cette photo-là, elle représente vraiment tous les aspects que j'apprécie de la photographie dans le sens où il y a énormément de couleurs et ça c'est un des éléments qui est vraiment indissociable. Dans ma pratique, je vois en couleur, je photographie en couleur. C'est vraiment très, très, très rare que j'aborde le noir et blanc. Je ne dis pas que ça ne viendra pas, mais cette image-là, elle a tout ce que j'aime dans une photographie. Le mouvement, cette espèce de jeu de perception où on a un espèce d'aspect de peinture. Elle est assez difficile à comprendre dans le sens où on se pose des questions sur la technique, mais c'est tout simplement un reflet sur une espèce de bâche qui était à l'ombre et l'autre côté de la rue était éclairée. Donc ça joue aussi sur la sensibilité à ce qui se passe dans l'environnement autour de moi. Il y a un côté un peu street qui a été une grosse partie de mon travail à un moment donné. Il y a ce côté couleur, il y a ce côté mouvement. Ça réunit vraiment beaucoup de choses. Et en plus, pour moi personnellement, ça se situe à un moment où j'étais un peu perdu au milieu de plein d'inspirations. Donc je trouve qu'elle les regroupe toutes. C'est pour ça qu'elle a énormément de sens pour moi. Sous-titrage Société Je m'appelle Jonathan Bertin, je suis photographe, ça fait à peu près dix ans que je pratique à titre personnel et ça doit faire sept années que je suis vraiment un photographe dans le sens où je vis de mon travail et de ma passion. Ça a commencé pour moi la photographie de façon un peu spontanée, dans le sens où je suis parti en voyage avec mes parents. J'avais que mon téléphone à cette époque-là et je suis revenu et j'avais tellement apprécié de découvrir des nouvelles choses que j'avais fait peut-être 3000 photos. Du coup, il y a un peu un déclic qui s'est fait dans ma tête où je me suis dit mais il y a quelque chose, on ne peut pas partir juste en vacances et faire 3000 photos. comme ça, donc de fil en aiguille je réfléchis à m'acheter un appareil j'achète mon premier appareil et ça devient un peu le coup de foudre à ce moment là j'avais 18 ans donc ouais vraiment encore c'est pas arrivé tardivement, je sais pas comment me positionner par rapport à ces trucs là, je trouve ça toujours intéressant de voir comment les gens perçoivent l'âge auquel tu commences la photographie qu'est-ce qui est jeune, qu'est-ce qui est moins jeune mais c'est pas un truc qui est venu depuis tout petit Par contre, il y a des choses qui m'ont beaucoup influencé. J'ai grandi dans un environnement très coloré, avec une maman qui pratique énormément de loisirs créatifs, de la poterie, de la mosaïque, des émeaux. Il y a vraiment une multitude de choses par lesquelles elle est passée, et même encore aujourd'hui, elle me fascine, parce qu'elle a 12 000 passions. À ce moment, elle fait de la couture. Elle me fait des vêtements, je trouve ça incroyable d'avoir une diversité créative comme ça. Mais ce n'est pas pour autant qu'on m'a apporté un bagage culturel et artistique. Je dirais plus que c'était un peu dans comment voir des êtres aussi inspirés et créatifs essayer autant de choses. Je pense que forcément, ça laisse un terrain fertile pareil. Mon père, c'était quelqu'un de super débrouillard, qui se trouvait toujours des solutions pour faire des choses. Et oui, ça a forcément laissé... Une porte ouverte à voir le monde d'une autre façon. Moi, c'est vraiment, je pense, l'aspect couleur, où ça a laissé une trace sur chez moi, indélébile. Et aujourd'hui, je vois le monde en couleur. Chez moi, il y a plein de couleurs. Je m'habille en couleur, je fais des photos en couleur. Couleur Je me suis un peu forgé par la suite indépendamment, dans le sens où j'ai quand même fait une formation photo, qui est un BTS photographie, mais c'est une formation qui reste très très très technique, et c'est pas forcément là où on va apprendre à se trouver. De toute façon, est-ce qu'on peut vraiment apprendre à se trouver ? Je pense que c'est quelque chose qui peut pas s'apprendre, ça vient assez naturellement ou instinctivement. Et après ça, du coup, je termine mes études, et je commence à me lancer, à faire des petits taffs à droite à gauche, mais... Il y a eu un élément déclencheur qui a été mon premier voyage en tant que photographe, où je suis parti avec mes amis, on avait fait un petit projet, on était allés en Espagne, et ça, ça a été une révélation dans le sens où voir des environnements nouveaux et comment ton regard interagit avec ces derniers, et ça, je trouve qu'il y a une espèce de magie dans ces moments-là, et moi, ça m'a marqué. d'une puissance incroyable. Et après ce premier voyage, je n'avais plus qu'une envie, c'était de faire d'autres voyages et de voir d'autres choses. Avec du recul aujourd'hui, je me dis qu'il y a peut-être un côté un peu consommateur du voyage. Mon rapport, il a totalement évolué. Mais là, ça a été une révélation et j'avais envie de découvrir des nouveaux environnements. Je cherchais des spots en mode, où est-ce que je vais pouvoir trouver quelque chose que personne n'a photographié ? Je cherchais un peu des choses qui étaient déjà belles et exceptionnelles à photographier pour y ajouter ma patte. Et après, il y a eu toute cette période où j'ai cherché énormément à savoir pourquoi je fais tout ça, qu'est-ce que ça donne, à quoi ça rime de partir, d'aller chercher des images à droite, à gauche, parce qu'en fait, j'ai besoin de ça pour créer. Et après ça, il y a eu un événement qui, je pense, a remis en question beaucoup de gens, beaucoup d'artistes, c'est le Covid, de vivre confiné. Pendant plusieurs mois, on est obligé de revoir différemment notre méthode de création, d'inspiration, et d'avoir quelque chose de peut-être plus simple, de plus naturel, et d'essayer de trouver un maximum d'endroits, ce qui peut nous plaire, nous toucher, qu'on peut capturer. Et moi ça, ça a été un élément révélateur, dans le sens où... Je me suis retrouvé à photographier ma ville et c'est peut-être là où j'ai un peu réalisé que tout ce que j'allais chercher ailleurs, en fait je pouvais l'avoir pas en bas de chez moi, c'est pas forcément la même forme, mais je peux trouver un terrain de création là où j'ai envie de le voir en fait. Et ça, ça m'a beaucoup beaucoup appris de me dire qu'en fait on peut créer à partir de tout, c'est juste une question de regard, une question de perception. Et de fil en aiguille, ça a évolué et je me suis beaucoup plus concentré sur mon environnement à moi. Après, j'ai déménagé à Paris. Paris, c'est aussi un terrain de création qui est incroyable. Ça m'a ouvert en fait vers la photo de rue, mais plus la photo de son quotidien aussi, de tout ce qui nous entoure. Et pour moi... C'est un des plus beaux cadeaux de pouvoir s'émerveiller de tout ce qui t'entoure et de pouvoir t'inspirer de ce qu'il y a littéralement à côté de chez toi parce que ça veut dire que tu peux trouver du plaisir à voir le monde déjà et surtout à créer sans... sans devoir aller à l'autre bout du monde. Et tu peux transmettre ça aux gens aussi. Et ça qui est beau, c'est de réussir à mettre le doigt sur quelque chose qui entoure les gens et d'attirer le regard et de se dire Regardez, c'est trop beau ! Je pense que ce qui est atypique dans mon parcours, c'est que très rapidement, je suis tombé dans les réseaux sociaux et ça a littéralement conditionné les débuts de ma photographie. Ça a eu des inconvénients comme des avantages dans le sens où déjà... Construire une audience, avoir une audience et vivre de ça de par les ventes de print, de par les collaborations, ça implique une certaine rigueur en termes de production, de communication et évidemment ça façonne mon processus artistique. Il y a une période où j'envoyais une photo par jour. Aujourd'hui, ce n'est plus possible. J'existais photographiquement par le prisme de ça et ça m'a beaucoup frustré comme ça m'a beaucoup aidé parce qu'aujourd'hui je partage ma passion avec des tas de passionnés. Et ça, c'est vraiment un des plus beaux cadeaux de pouvoir être dans l'amour de cette passion et d'avoir des gens qui la reçoivent et pas forcément juste ma photographie, aussi celle des autres, que ce soit sur YouTube, sur Instagram, etc. Et ça m'a aussi apporté beaucoup de faculté à être à l'aise. Je pense que de base, je suis quelqu'un d'assez... Je ne vais pas forcément vers les autres. Et là, peut-être que l'écran, ça m'a un peu aidé à partager comme j'avais envie, comme j'imaginais. et à créer du lien. Et franchement, ça a été un super élan dans mon parcours. Je pense que c'est ça aussi qui m'a poussé à beaucoup voyager. C'est que j'avais envie de créer pour partager. et limite, je pense que je peux le dire à cette période là, je sais pas si j'avais vraiment cette notion de créer pour moi, j'avais ce plaisir de créer comme j'avais le plaisir de partager et du coup évidemment ça conditionne mon rapport à la photographie, je pense qu'au début j'ai eu une grosse période très très Instagram Friendly, où c'était que des paysages avec des petites silhouettes, des grands espaces, des choses qui font un peu le côté wow, c'est grand, c'est beau, c'est coloré Et l'idée c'était ça, j'avais envie d'aller chercher des choses comme ça. Et de fil en aiguille, j'ai commencé à creuser de plus en plus la passion, à ouvrir mes inspirations, et c'est là où ça a commencé vraiment à prendre son indépendance artistique, je pense. C'est quand je me suis ouvert à la culture photographique, aux grands auteurs, à ce qui se fait. Je pense qu'avant, j'avais un regard là-dessus, je me disais, ouais, est-ce que vraiment, c'est pas un peu du vent, etc. Parce que moi, j'étais dans ma bulle d'Internet, je me disais, ouais, je sais pas. Et en fait, si, j'ai découvert qu'il y avait tellement de façons de voir différentes, tellement de photographes qui s'intéressent à des choses auxquelles j'aurais jamais soupçonné. Et je trouve que c'est ça aussi la force d'un photographe, c'est d'attirer le regard sur quelque chose qu'on ne soupçonne pas et de nous arrêter. qu'on réalise que même ce bouton de sonnette, cette lumière, ce mur, il y a des choses partout. C'est là où ça a été un déclic pour moi et où j'ai commencé à me plonger dans l'inspiration. Et après, ça a ouvert beaucoup de portes. Je crois que la grosse grosse révélation en termes d'inspiration pour moi ça a été Ernst Haas. Parce que tellement de complexité visuelle dans son travail, il y a tellement de choses différentes, de procédés différents. Ernst Haas, c'est vraiment des couleurs fortes déjà. Et ensuite, je pense qu'il y a vraiment le fait de jouer avec son appareil et toutes les composantes possibles. Il y a du flou de mouvements, il y a du flou de profondeur de champ, il y a des textures. Il a eu tout un travail sur les paysages avec des détails incroyables. Il a fait aussi des backstage de cinéma où les compositions sont magnifiques. Vraiment, il a abordé tout. tellement d'aspects je recommande vraiment aux gens de se plonger il y a deux livres qui sont sortis je crois que c'est chez Prestel celui sur New York en fait c'est une palette créative c'est ça en fait c'est une palette créative où il utilise un maximum d'outils et toi t'es là tu feuillettes les pages et à chaque page t'apprends quelque chose tu découvres un procédé nouveau visuellement et ça je trouve que c'est super fort Surtout à son époque, j'arrive toujours pas à comprendre comment il a pu débloquer son cerveau pour aller aussi loin. Les autres inspirations, je dirais que c'est plus récent, plus frais, ça change, ça vient et ça part. en fonction des humeurs, des attitudes que je peux avoir. En ce moment, je crois que mon dernier gros gros coup de cœur, c'est The Creek de Jim Mangan. En termes d'objet, d'édition déjà, le livre est incroyable, il m'a mis une grosse claque. Et la sélection des images, comment on est dans une espèce de frontière entre le documentaire et une espèce d'histoire de roman, on croirait avec ces images, on croirait que c'est issu d'un film. J'ai eu une période où j'étais beaucoup inspiré par ce côté cinématique de l'image. Et je trouve que ce projet-là, il a beaucoup de force. Et en ce moment, je suis très sensible à l'objet. Donc je dirais que j'accorde beaucoup d'importance à comment l'image... et est habillé, est entouré. Et je trouve que ce livre-là, il a vraiment une singularité assez forte et ce côté expérience dans l'objet, dans comment il prend forme, ça c'est quelque chose qui me touche énormément. Après c'est sûr, Jack Davison, c'est super inspirant. Je trouve que ça rejoint un peu le côté... Qu'a Ernst Haas dans la diversité créative qu'il propose ? Il y a quelque chose de rapport d'échelle, de couleurs, de formes, de graphiques. En fait, je crois que c'est ça qui me fascine le plus. C'est les photographes qui arrivent à utiliser un maximum de choses différentes pour les faire résonner dans un seul et même regard, vision. Et ça, je trouve que c'est une des plus belles choses. Et au final, c'est marrant parce que c'est pas forcément dans la narration ou dans l'histoire. C'est plus visuel que vraiment documentaire, contrairement à Jim Magan où il y a vraiment un côté documentaire. Et je pense que ça va être un peu le prochain step pour moi de réussir à raconter une histoire tout en utilisant un maximum de codes visuels. C'est quelque chose qui me ferait vibrer. Je me dis, est-ce que si Ernst Haas avait abordé un sujet documentaire en ayant une totale liberté, en utilisant toutes les... les composantes qu'il utilise pour sa photographie, qu'est-ce que ça aurait donné ? Pour ma démarche, il y a quelqu'un qui m'a souligné il n'y a pas très longtemps que j'avais une photographie additive, dans le sens où, en général, la photographie, on la conçoit plus comme soustractive, et on va restreindre de l'environnement pour ne garder qu'une partie. Et moi, j'ai vraiment tendance à partir d'un élément central. et de jouer après avec justement toutes ces composantes qu'on a parlé, que ce soit le mouvement, que ce soit les couleurs, que ce soit le cadrage, la composition, et venir voir comment cet élément je peux construire autour. Je n'ai pas cette perception de restreindre l'environnement à un cadre, mais plus d'avoir mon élément et de venir autour ajouter. Et c'est pour ça aussi que je pense en termes de composition, je suis très très sensible à ça. Il y a toujours cet élément fort et comment je le fais exister en fait, comment je le sublime. Et je crois que c'est marrant parce que c'est un truc que j'ai toujours eu dans ma photographie, de me dire, je me rappelle dans des vieilles vidéos YouTube où je donne des conseils quand je devais avoir peut-être 20 ans, quelque chose comme ça, je disais il faut toujours... voir ce qui a retenu ton attention et te dire pourquoi et comment je fais en sorte que l'essence de cette chose qui m'a attiré qui m'a touché, je peux la faire exister de la plus belle des façons du coup tu tournes autour, tu regardes les angles tu regardes ce qu'il y a derrière, ce qu'il y a devant pour essayer de mettre cet élément de le faire résonner à travers ton regard Mon rapport au médium, il est très, très libre, dans le sens où je n'ai pas l'impression d'être restreint ou très, très attaché à un outil en particulier, ou à un objectif en particulier. Et du coup, je me retrouve à créer avec ce que j'ai sous la main. Je ne vais pas faire la phrase un peu bateau de dire le meilleur appareil, c'est celui que tu as sur toi, mais presque. Ouais j'essaie de pas trop être sensible forcément à l'outil et des fois ça me fait tout drôle parce que je me retrouve face à d'autres photographes qui me disent Ah ouais mais non mais telle marque t'as tel rendu de couleur tel truc et tout moi je suis en mode hop Franchement même des gens qui voient mes photos ils me disent ah c'est cool t'as fait l'argentique et tout Non Ah c'est cool, t'as utilisé moyen format pour ça ? Bah non, en fait je sais pas, j'ai l'impression que la post-production c'est très important pour moi dans le sens où c'est l'interprétation ou la vision que je vais avoir de la réalité ou des couleurs et j'aime bien du coup souvent les dynamiser ou leur donner la perspective qui me touche et je considère que ça fait partie du travail. d'un auteur, d'ajouter sa petite patte en couleurs. Donc moi, je suis très sensible à ça. J'aime bien aller loin dans ces couleurs, dans les perceptions de ce que ça peut donner. On a aussi ce côté où, tu vois, quand tu joues avec les flous, quand tu joues avec la profondeur de champ et que tu commences à partir vers des images qui sont un petit peu plus abstraites, autant en profiter si tu t'éloignes de la réalité et pousser à fond cette énergie-là et... et donner une autre forme aux couleurs. J'essaie toujours d'avoir un rapport à la réalité. J'ai envie qu'on ait ce contact du premier regard, qu'on ait une espèce d'accessibilité visuelle où on n'a pas forcément besoin au premier regard d'avoir l'histoire de la photo, d'avoir le contexte, d'avoir la série complète, et qu'il y ait toujours ce côté un peu candide. Mon premier livre, il est venu un petit peu après coup, dans le sens où je ne suis pas parti pour faire un livre. Mais par contre, ce qui était vraiment très important et touchant pour moi, c'était que c'était mon retour à un environnement nouveau. J'étais déjà allé à New York, mais je n'avais pas eu toute cette période de Covid. Tu es dans l'introspection ou tu te recherches. Et là, j'avais l'impression qu'en fait, j'allais un peu essayer de voir qu'est-ce qui avait évolué après toute cette période et comment j'allais interagir. Parce que le Covid, ça a été aussi une grosse période d'inspiration. Donc, j'arrive dans cette ville, j'ai 12 000 images en tête. Je n'ai pas voyagé depuis 2-3 ans. C'est un mélange de plein d'émotions fortes et variées et où moi aussi je pense que j'ai quelque chose à me prouver et où je dois me... Mentalement, je me dis, bon, c'est un peu comme si je remettais les crampons et que je retournais sur le terrain. Et c'était intense. Je suis parti dix jours et tous les jours, huit heures, vingt heures sur le terrain à faire des photos, à essayer, à essayer de voir ce que je ne voyais pas avant ou ce que je voyais dans mon environnement. J'étais à Rouen à ce moment-là et essayer de prendre tous les outils créatifs que j'ai construits pendant ces deux années et de les mettre en pratique. dans cette destination-là, qui est vraiment incroyable. Je pense que New York, c'est comme Paris, c'est une source inépuisable d'inspiration et de création. Et donc, je suis rentré de ce voyage avec une série assez conséquente qui poussait vraiment dans des aspects... très varié, du reflet, des scènes un peu plus street, des détails, des choses plus contemplatives, un peu comme ce que je faisais avant sur Instagram. Il y a vraiment eu un mélange de toutes ces inspirations et j'ai eu l'impression de me retrouver. à ce moment-là, c'était un peu un accomplissement, dans le sens où j'avais peur de remettre mon regard face à autant de choses. Et je crois que quand j'ai réalisé que j'étais content et touché de ce que j'avais réussi à créer, avec toutes ces heures passées à bouquiner, à voir des livres, c'est sûr, ça me trottait dans un coin de la tête. Et je me suis dit, pourquoi pas essayer de faire un premier livre. et c'était cette période où je pensais que j'allais faire ça, ce genre de rapport à des environnements nouveaux, toute ma vie. Je me disais, en fait, je vais faire quête 1, je vais faire quête 2, je vais faire quête 3, je vais aller jusqu'au bout du truc. Et en fait, pas du tout. Je ne dis pas que je ne vais pas faire de quête 2. Je ferai un quête 2 quand j'aurai quelque chose de nouveau à apporter à ce regard sur l'environnement, je pense, qui m'entoure, que je ne connais pas. et j'aime bien, je pense que je vais suivre ce projet dans le sens où c'est quelque chose qui va accompagner toute ma carrière, et où ça sera un peu des checkpoints, où j'aurai quelque chose de nouveau à proposer, et où ça sera important pour moi de le mettre sur le papier, et ouais je pense que mettre sa vision sur un objet c'est quelque chose qui me touche énormément. Ça a peut-être été un peu précipité pour celui-là. Avec du recul, je me dis, j'aurais peut-être pu prendre plus de temps, ou y retourner, ou aborder la chose de façon différente. mais il ne faut pas penser comme ça parce que si on pense comme ça on se dit que mes premières photos elles n'étaient pas ouf, j'aurais pu les faire mieux on peut toujours faire mieux et un projet il prend fin à partir du moment où on décide qu'il existe et qu'on ne va pas creuser plus loin et c'est important de réussir à fixer une espèce de temporalité parce que sinon il y a des projets on les emportera dans nos tombes. C'est important de ne pas trop cogiter. Je pense qu'on est dans un environnement où la photographie, il faut se poser beaucoup de questions et on a tendance à trop vouloir prendre le temps pour que tout soit parfait. Et justement, je pense qu'avec du recul, ce livre aussi, je l'adore parce que je vois une partie de moi qui est peut-être plus innocente, qui a envie, qui se donne à fond. Je me donne toujours à fond aujourd'hui, mais je ne sais pas, je trouve qu'il y a plus d'insouciance. et peut-être un peu moins de contrôle. Alors qu'aujourd'hui, il y a deux ans, mais en deux ans, il s'est passé tellement de choses, mon regard a tellement évolué. Je me sens tellement plus complet dans ma pratique et dans mon regard. Et du coup, je trouve ça touchant de l'avoir fait. Et je trouve que c'est un premier livre très... Je ne sais pas comment dire. Il a quelque chose qui me touche énormément. Justement, quête, ça rejoint un peu ce dont je parlais tout à l'heure de savoir ce qui nous anime et ce qu'on a envie d'exprimer d'un moment, d'une aventure et de réussir à mettre des images sur les émotions, sur un projet précis. Là, en l'occurrence, c'est un voyage de 10 jours à New York. Mais je pense que ce projet, au-delà de l'aspect destination, voyage, etc., c'est plus une quête personnelle. et visuel de savoir qu'est-ce qui m'anime aujourd'hui, cette année, sur ce projet à cet instant T, comment je vois le monde et qu'est-ce qui m'attire et qu'est-ce qui m'émeut dans notre environnement et comment j'utilise les choses pour retranscrire ce qui me touche et ce que j'ai envie de transmettre en fait. Et c'est ça où je trouve le projet est beau. Et je me dis quand j'aurai, je ne sais pas moi, peut-être 60 ans, je ne sais pas combien de quêtes il y aura. Mais en fait, d'avoir un espèce de, un peu comme un, c'est un peu un journal intime en fait. Un journal intime mais visuel de cette année-là. C'est quoi mon regard ? Comment je vois le monde ? Et comment le monde est aussi ? Il est un peu dans l'exercice de style en fait, ce livre, je trouve. Et en général, les premiers livres, c'est un peu comme ça. Et c'est pour ça que je... je ne m'en veux pas trop de l'avoir fait parce que ça m'a apporté tellement de billes ça m'a tellement fait comprendre plein de choses et ça a été un vrai apprentissage de concrétiser son regard sur le papier Moi, je suis persuadé que ce rapport aux couleurs et cette passion pour toutes ces choses, ça reste garder un peu une âme d'enfant et une curiosité constante de toutes les choses. Essayer un peu de déconstruire notre environnement et regarder toutes les choses comme si on les voyait pour la première fois. On est trop dans la routine de notre vie. et on ne conscientise plus forcément tout ce qui nous entoure ou même qui on est, genre j'ai une main, je tourne ma main, et juste avoir conscience de tout ça. et appliquer ça à tout ce qu'il y a autour de nous, je pense que c'est vraiment important, et de ne pas voir toutes les choses et tout notre environnement comme acquis ou comme stable, et essayer de tout voir de façon différente. Oui, il y a des couleurs qui m'interpellent beaucoup plus que d'autres. Les associations de couleurs dans mon travail, c'est quelque chose qui revient énormément. En général, quand je vois une photo avec du rouge, du jaune, du bleu, du vert, et... un peu de noir et blanc pour faire ressortir encore plus ces couleurs là en général ça c'est des photos, vous me montrez une photo comme ça vous pouvez être quasi sûr que je vais être... voilà, vous avez mon secret pour me toucher Ce projet sur l'impressionnisme, il est arrivé un peu spontanément. C'est ma région qui m'a contacté, donc la Normandie, pour aller sur les traces des peintres impressionnistes et photographier les lieux qui les ont inspirés. À la base, c'était ça. Je devais sortir, je crois que c'était une série de dix images pour faire une petite exposition. Et en général, quand on me laisse un peu... carte blanche sur des sujets comme ça où il n'y a pas vraiment de cadre très rigoureux. J'ai envie d'embrasser le sujet et en fait, je commence à arriver sur... Sur le terrain, on avait tout un planning pour aller voir plein d'endroits. On avait des rencontres avec des connaisseurs, des guides, pour vraiment nous transmettre un peu ce qu'est l'impressionnisme. Je commençais à me dire qu'en fait, je ne vais pas juste photographier les endroits qui les ont inspirés, mais je vais essayer de retranscrire, moi, ma vision de l'impressionnisme et comment je peux essayer d'aborder une photographie impressionniste, en fait. Au bout de quelques jours, j'étais parti et c'était que du mouvement, que du flou. Il y a eu beaucoup de doutes quand même parce qu'on se retrouve à avoir une semaine de voyage où on est quand même censé sortir une série. où il y a quand même la Normandie derrière. Et je ne sais pas, je suis un peu tombé dans cette pratique. Et c'est très marrant parce qu'en fait, je pense que je l'abordais déjà un petit peu. Il y a quelques images du projet qui datent d'avant ça. Mais là, vraiment de se dire que tu as un temps pour travailler cette approche. Tout va tourner autour de ça, ça devient un peu obsessionnel et tu commences à ne photographier que comme ça. Et c'est ça qui est marrant, c'est que le début du projet commence début 2023. Je crois que c'était juin ou mai, quelque chose comme ça. Et entre deux, je fais mon été, je pars à Séoul, je suis allé à Florence aussi, je suis allé en Sicile, et je me retrouve à littéralement faire des photos avec cette approche, alors que je suis censé avoir pas terminé, mais j'ai rendu mes images, j'ai fait ma commande, et ça reste là, en fait, et c'est encore là. Du coup, je commence à me dire qu'en fait, il y a quelque chose qui prend trop de place et qu'il va falloir que j'aille au bout des choses, en fait. Au début, je n'ai pas trop réalisé sur le début du projet que ça m'avait affecté autant. Et en fait, après, quand tu vois que tu commences à en mettre partout, à voir du flou partout, et c'est vraiment une conception du monde où, encore une fois, on revient à ce truc d'essayer de voir différemment. Je pense que notre regard, nous, il est conditionné à voir, je ne sais plus si c'est 24, 25 images par seconde, et essayer de se dire, et si mes yeux voyaient à, je ne sais pas moi, une image par seconde ? Ou peut-être une image par une demi-seconde. Et en fait, c'est ça ce projet, c'est un peu chambouler notre perception du temps et comment... La lumière peut interagir avec les choses, comment le quotidien peut être inspirant. Il y a un rapport au quotidien énorme. Il y a beaucoup de photographies que j'ai faites qui sont aussi au marché de Rouen. Le marché de Rouen, c'est quelque chose que j'ai côtoyé pendant toute cette période Covid. Revenir sur ce chemin-là et le voir d'une façon différente, ça a été un choc pour moi de revenir dans des environnements qui m'ont accompagné tout au long de mon parcours. Mes études, je les ai faites au Havre. Donc autant dire que les falaises de Normandie, je les connais par cœur et c'est quelque chose qui m'a limite lassé. Franchement, j'ai dû y aller au moins 20 fois, faire des photos. Et là, j'avoue, quand je suis retourné, je me suis dit, mais qu'est-ce que je vais faire ? Et après, je me suis dit, bah non, en fait, j'ai un nouveau process qui me permet de voir différemment, de créer différemment. Et ça a chamboulé ma vision. L'impressionnisme, c'est un peu aussi un exercice de maîtrise du flou et du mouvement. Et c'est comme si, en réalisant ce projet, j'avais un peu coché une case dans ma trousse créative. J'ai souvent cette vision de la photographie où, comme si chaque inspiration, chaque façon de créer, c'était une nouvelle couleur pour peindre ou un nouveau crayon de couleur pour densifier. le global de ce qu'on peut photographier, ce qu'on peut créer. Et j'aime bien ce côté où peut-être que quête, c'est plus un exercice de regard global sur un environnement et d'utiliser tout ce que je peux pour le montrer d'une façon qui me ressemble. Et peut-être qu'impressionnisme, lui, c'est plus... Réussir à s'inspirer de l'environnement dans lequel on a vécu, dans lequel on a grandi, et un regard sur le monde avec une temporalité différente. et cette notion de flou et de mouvement et je crois que c'est quelque chose qui va m'accompagner tout au long de mon parcours parce qu'au début quand j'ai sorti Quête je me disais que j'allais faire que ça que j'allais faire tout le temps mon regard sur un environnement mon regard sur un environnement bon ça reste un peu ça pour tous les photographes c'est souvent un regard sur un environnement mais là ça a pris une tournure où je suis passé d'un stade où je me disais Ça va être tout le temps mon regard sur un espace. Ah, en fait, est-ce que chaque projet ne peut pas être... un nouvel essai visuel sur quelque chose. Et comme si je grandissais au fur et à mesure de tous ces essais, et qu'à la fin... ou pas à la fin, mais qu'en fait, au bout d'un moment, je vais pouvoir un peu concilier tout ce que j'ai appris pour les mettre au service d'un sujet. Et je pense que c'est ça. J'avais une vision très linéaire de l'apprentissage, de ma découverte photographique et de comment j'allais évoluer, et quelque chose de très constant. Et en fait, je me rends compte qu'il y a tellement de chemins à prendre et à essayer, et je pense qu'on a souvent tendance à vouloir se limiter et à devenir... un peu un maître ou à masteriser quelque chose. Sauf qu'en fait, je pense que ce qui a toujours surpris et ce qui a toujours ouvert des portes, c'est des gens qui ont réussi à mélanger des choses qui n'avaient jamais été mélangées et qui ont débloqué visuellement ou créativement une nouvelle chose. Et moi, j'ai envie d'explorer et d'aller dans toutes les choses possibles et imaginables pour peut-être un jour réussir à mélanger deux choses et à proposer quelque chose de... d'innovant et je vais pas faire de la photo pour faire la même photo toute ma vie et essayer d'être le meilleur dans cette photo j'ai envie de profiter et d'explorer un maximum le champ des possibles et je pense que je m'endormirai jamais dans une façon de pratiquer et il y a quelque chose qui m'a beaucoup touché c'était l'exposition de Viviane Sassen à la MEP où on voit toute la rétrospective de son travail et comment elle a abordé un nombre de choses incroyables et je trouve ça trop intéressant je trouve ça trop intéressant parce que je pense qu'au bout d'un moment sinon si tu n'explores pas tu dois t'ennuyer quoi Il y a la première image que j'ai faite de ce projet qui a une saveur toute particulière parce que c'est le premier regard en fait, c'est la première image. Il y a beaucoup d'innocence et beaucoup d'incertitude parce que j'arrive, je crois que j'étais à table, il y a eu un rayon de soleil qui est passé, il y avait une silhouette seule face à la mer, au Havre. On est là où Monet a peint Impression Soleil Levant. Moi j'arrive, j'ai l'impression d'être un petit rigolo, je ne sais pas trop ce que je fais, et j'y vais, je cours, et j'essaie d'avoir un peu ce mouvement, cette texture avec les galets, cette lumière bleue. Et au final, à ce moment-là, il n'y avait aucune conscience, aucune attente, j'étais vraiment dans juste un essai. et je ne mettais pas de pression, c'était vraiment le tout début de cette rencontre avec l'impressionnisme, et au final je crois que c'est une des images les plus fortes du projet, est-ce que c'était parce que c'était à ce moment-là où je n'avais pas encore conscience de tout ce qui allait arriver, est-ce que c'était sa spontanéité, est-ce que c'est sa lumière, je ne sais pas, je trouve qu'elle englobe beaucoup de choses, même si elle est très simple, elle est très douce, et ouais c'est... On clôture le livre avec celle-là. C'est marrant parce que c'est celle qui... C'est la première du projet et c'est celle qui clôture le livre. Mais je trouve qu'elle a un espèce de souffle, un espèce d'apaisement qui fonctionne et qui, moi, me touche en tout cas. Impressionnisme, c'est vraiment un projet atypique. Déjà en termes de sujet, j'ai beaucoup grandi et j'avais vraiment envie d'apporter du fond aux images. Et là, le fait que ce soit ma région... La couverture du livre, c'est mon chien, il y a mon amoureuse dedans, il y a vraiment des photos très intimes d'environnement que j'ai côtoyé tout au long de mon processus créatif et de ma carrière, même quand je ne faisais pas encore de photos. Donc c'est vraiment singulier pour moi. Et il y a ces 150 ans de l'impressionnisme qui est un mouvement, je ne pensais pas un jour me retrouver à être scotché devant des documentaires, même après avoir fait les images mais encore aujourd'hui je suis fan de la démarche parce que c'est eux qui ont ouvert la porte à tellement de choses, avant il fallait respecter des codes, il fallait rentrer dans les salons Et oui, ils ont fait Non, en fait, on s'en fout et on ouvre le champ des possibles. Et c'est grâce à eux qu'aujourd'hui, on en est là. Donc, il y a un peu quand même une pression sur le sujet. Et pour moi, c'était important de faire un livre parce qu'il y avait cette envie de concrétiser ce projet qui m'a obsédé. Et dans son processus, il a été assez recherché. Dans le sens où j'ai tellement... travailler mon rapport au livre que j'avais vraiment envie, qui propose une expérience. Cet objet, c'est pour ça qu'on a choisi des matériaux, la couverture est en velours, on a un sens de lecture atypique, qui est un peu comme un carnet de notes, mais horizontal, où on va le lire de haut en bas. Ça apporte quelque chose de différent, parce que t'es obligé de le prendre d'une autre façon, et de le bouquiner pas comme les autres bouquins. Déjà, ça fait deux éléments qui contribuent à tout ça. Le papier, On a trouvé un papier très très beau et on a demandé à notre imprimeur pour essayer d'aller au bout du process, d'ajouter une espèce de vernis pour que les images ressortent encore plus. On est parti sur un papier très bleu pour qu'on ressente ces couleurs fortes. Il y a vraiment eu plein plein plein de petits choix et il y a tout ce qui gravite autour de ce projet aussi. Dans ma culture du livre, j'aime que ce soit immersif et qu'en fait... les images transpirent à travers l'objet. Et que déjà, en l'ayant dans nos mains, on est un peu une idée, où on ressente déjà ce qui nous attend à l'intérieur. Et c'est pour ça que le livre, il n'y a pas que ça. On a fait appel à un compositeur qui s'appelle Astre, qui a conçu une bande originale inspirée par le livre. Il y a une version piano très simple, et il y a une version avec toutes les ambiances. Donc en gros, si on feuillette le livre à un rythme moyen, On a toutes les ambiances sonores qui font écho aux images et le must du must ça a été de faire un parfum qui accompagne le projet qui s'appelle Jardin en bord de mer qui a été conçu par les ateliers Flair à Paris. L'idée c'était d'avoir une note odorante de ce projet là, du coup c'est un parfum qui est au premier abord très floral. très doux, très léger, très naturel, et après les notes qui restent sont plus minérales pour faire écho aux falaises, aux roches, à la texture. de tout ça, donc ouais c'était un beau challenge et je trouve ça trop intéressant que la photographie soit au centre de tout ça qu'il y ait plein d'art qui gravite autour mais c'est un peu comme si on lui remettait on la remettait à une place que je trouve elle a pas assez aujourd'hui parce qu'on est inondé d'images on est inondé de photographies et je pense que la photographie ça doit être par rapport au grand public ça doit être un des arts qu'on... consomme le plus, mais qui est le moins connu, ou tu demandes à des gens de citer dix photographes, je ne pense pas qu'il y en ait énormément qui arrivent à t'en sortir dix. Et je trouve ça important de donner à la photographie ce côté précieux et de faire graviter d'autres choses autour qui viennent lui servir et lui donner de la force. Et au final, on arrive presque à un projet qui colle avec l'art total. Il manque juste le goût. Il faudrait qu'on fasse un bonbon impressionnisme ou quelque chose comme ça. Mais tu as le toucher avec le velours, tu as le visuel avec les images, tu as l'ouïe avec la musique et enfin, tu as l'odeur avec le parfum. Et de pouvoir pousser comme ça, ce côté expérience, je trouve ça vraiment trop intéressant. autant dans le livre que dans les images que dans comment on le communique et comment on le fait exister moi c'est quelque chose qui m'obsède j'avais un de mes profs de BTS qui disait toujours vous aurez beau faire les meilleures images du monde si vous savez pas les raconter ou les vendre ça changera pas grand chose Et je pense que c'est là où Instagram m'a un peu conditionné, c'est que je prends plaisir à partager tout ça, et je réfléchis à comment partager tout ça, que tout soit justifié, que tout ait du sens. Et du coup, autant je suis obsédé dans la création de l'objet, autant je suis obsédé dans les images, autant je suis obsédé dans comment on va le présenter aux gens, et comment il va exister ce livre. Et ça, au quotidien... Il y a des moments où c'est super plaisant et il y a des moments où c'est très très pesant. Parce que là, franchement, on n'est pas une équipe énorme pour avoir fait tout ça. On a fait un docu, un livre et une grosse exposition. Et nous, le cœur du projet, c'est moi et Auriane, mon bras droit, ma manager, qui m'accompagne. Et du coup, je me suis un peu mis une claque quand même sur tout ça, parce que là, c'est arrivé à un stade où je n'arrive plus à suivre ma vie, parce qu'il y a trop de choses à gérer, ça me prend beaucoup trop de temps. Et en même temps, je suis à fond dedans, j'ai la tête dans le guidon et je ne me vois pas arrêter là. C'est aussi se donner les moyens d'aller ailleurs. Je pense que dans ce projet-là, c'est aussi sortir d'Internet. Parce que mon premier livre, il a existé que par le prisme de mon audience. Et je pense que malgré tout ça, ce parcours... il m'a laissé un peu des traces où j'ai envie de trouver une espèce de légitimité vis-à-vis du milieu de la photographie parce que j'ai grandi sur Internet et du coup, je pense que c'est pour ça aussi que ça m'obsède, c'est que j'ai envie de montrer qu'on n'est pas obligé d'être dans les codes parce que mon parcours, il est super atypique. et je pense qu'il y a ça aussi il y a un peu ce côté partir de pas grand chose et montrer qu'on peut ouvrir des portes et j'ai l'impression que le milieu de la photographie il est quand même assez codifié ou il y a vraiment des steps qui sont assez précis et je sais pas je pense qu'il y a ça aussi qui m'obsède de me dire que on peut faire différemment C'est important pour moi d'être entouré parce que déjà il y a beaucoup d'incertitudes, déjà juste dans le travail photographique de pouvoir avoir des regards à tous mes amis qui sont passionnés comme moi, qui sont aussi photographes, c'est important d'avoir leurs avis pour moi. Il y a mes éditeurs aussi qui ont des regards affûtés, qui m'ont beaucoup aidé. Il y a évidemment Elio de la Vallée qui a fait le documentaire. Je suis ultra reconnaissant d'avoir des gens de confiance qui ont cette sensibilité. Je pense aussi à Charlie, qui nous a aidés à réaliser tous ces petits contenus verticaux pour plonger dans l'univers du livre. C'est trop important. de réussir à raconter ça, je pense qu'il y a vraiment autant dans le côté collectif c'est quand même un milieu assez individuel la photographie moi j'en ai beaucoup souffert parce que je pense que si je suis parti vers ce côté vulgarisateur de la photographie raconter en vidéo ce que je traverse, ce que j'aime, ce qui m'inspire ça part du constat que quand j'ai commencé il y avait beaucoup de photos qui me touchaient mais je ne savais absolument pas comment, pourquoi et en fait je trouve ça fou c'est pas qu'on raconte pas nos images mais en fait d'expliquer aux gens et de transmettre la passion et c'est là où je trouve que la photographie elle est un peu Elle peut parfois faire un peu peur dans ce côté solitude, c'est qu'on voit beaucoup d'images, mais on ne sait pas ce qui se passe derrière. Et je pense que ce côté collectif, partager les uns les autres, créer des choses qui fédèrent la photographie, pas forcément des images, mais des moments, des talks, des expositions. Moi, je me suis mis sur Twitch aussi, c'est trop bien, on regarde des portfolios. On regarde des livres qui nous ont touchés, les gens partagent leurs inspirations. Et je pense que c'est important parce qu'on est tous un peu dans nos bulles. Et moi, ce qui m'a beaucoup aidé, c'est d'ouvrir mes inspirations. Et si je peux les partager aux gens... C'est ça en fait, moi j'essaie d'apporter ce que j'ai pas eu quand j'ai commencé. Et ça c'est trop important pour moi d'être dans le partage et de pouvoir transmettre, surtout avec tous les outils qu'on a aujourd'hui. La photographie on n'a jamais pu autant l'échanger, la diffuser, donc il faut en profiter. Et j'aurais rêvé de voir une vidéo YouTube de Ernst Haas. qui fait un vlog dans New York et qui nous explique ce qu'il va shooter, ce qu'il a kiffé et tout. Je trouve ça incroyable. Je pense que c'est ça aussi la photographie de demain. Elle est dans le partage en fait. Et tout comme ce podcast qu'on adore tous, je pense que ceux qui écoutent, c'est ça qu'on veut. C'est fédérer et partager.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce podcast. Vous pouvez retrouver tous les épisodes de Vision sur les plateformes de podcast, de Spotify en passant par Deezer, Apple Podcast, et nos actualités sur notre site vision.photo, sur notre Instagram, at podcastvision. Si vous avez quelques secondes pour noter et laisser votre avis, ça nous aide aussi beaucoup. A très vite pour parler de photographie.

Description

Il y a un mot qui me vient immédiatement pour décrire Jonathan Bertin : passionné. De ses premiers pas en photographie, au téléphone, où il capture de manière compulsive des scènes du quotidien, il en vient aujourd’hui, avec son dernier livre sorti chez Four Eyes Editions, à se consacrer pendant plus d’un an de manière viscérale à un courant artistique bien connu : l'impressionnisme. Quand on s’intéresse à la photographie et à la culture photographique, on peut difficilement passer à côté du travail de Jonathan, que cela soit sur ses différents réseaux (Instagram, Youtube, Twitch) ou désormais en librairie et dans les salles d’exposition. Oui, Jonathan est un photographe qui vient de l’univers Instagram et oui, l’influence a eu et a encore une grande place dans son quotidien. Il l’assume : il faut savoir raconter ses images. Quand on regarde de plus près, comme je l’ai fait ces dernières années, on ne peut pas le résumer à cela. Jonathan est un obsessionnel et un rêveur, deux qualités souvent présentes chez un artiste.


Dans ce podcast, Jonathan nous emmène dans son univers, soulignant l'importance des couleurs dans sa pratique. Ayant grandi en Normandie, il a rapidement été influencé par son environnement familial riche en créativité, sans pour autant avoir reçu une éducation centrée sur la culture ou l’histoire de l’art. Il partage également son expérience des voyages, soulignant évoquant combien explorer de nouveaux environnements nourrit son inspiration et enrichit sa vision artistique. La Covid-19 a été une période marquante pour lui, le forçant à redécouvrir la beauté de son quotidien et à ajuster sa méthode de création et d'inspiration.


Le podcast aborde également l'impact des réseaux sociaux sur sa carrière son parcours, un outil qui a façonné ses débuts et lui a permis de partager sa passion avec une large audience. Jonathan évoque ses influences, notamment le photographe Ernst Haas ou plus récemment Jack Davison, et explique comment ces inspirations ont enrichi sa pratique. Il décrit son projet récent Impressionism, qui vise à capturer de manière innovante en photographie le mouvement, la lumière et les couleurs. Jonathan termine en partageant ses réflexions sur l'importance de rester curieux, d'expérimenter sans cesse et de voir le monde avec un regard toujours renouvelé. Un podcast passionnant.


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MPB, la plus grande plateforme en ligne au monde pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d’occasion.


🎙 Crédits


Un podcast réalisé et écrit par Aliocha Boi, produit par Noyau.studio, monté et mixé par Virgile Loiseau et mis en musique par Charlie Janiaut.


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Transcription

  • Speaker #0

    Une production en noyau studio. Ce podcast a été réalisé en partenariat avec MPB, la plus grande plateforme en ligne au monde, pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d'occasion. Cette image, elle est ultra symbolique pour moi parce qu'elle arrive à un moment de transition entre beaucoup de projets différents. C'était l'été dernier 2023 à Séoul et je revenais. Une grosse session de travail sur la Normandie, notamment le mouvement, l'impressionnisme, etc. Et là, j'étais un peu dans un environnement nouveau. C'est quelque chose qui m'attire beaucoup, d'aller vers des environnements que je ne connais pas. Et justement, de faire un peu la balance aussi avec les environnements que j'ai l'habitude de côtoyer, dans le sens où je m'inspire ailleurs et j'essaie de trouver l'inspiration que j'ai en voyage et de la retranscrire après dans mon quotidien. et c'est avoir l'œil en éveil et cette photo-là, elle représente vraiment tous les aspects que j'apprécie de la photographie dans le sens où il y a énormément de couleurs et ça c'est un des éléments qui est vraiment indissociable. Dans ma pratique, je vois en couleur, je photographie en couleur. C'est vraiment très, très, très rare que j'aborde le noir et blanc. Je ne dis pas que ça ne viendra pas, mais cette image-là, elle a tout ce que j'aime dans une photographie. Le mouvement, cette espèce de jeu de perception où on a un espèce d'aspect de peinture. Elle est assez difficile à comprendre dans le sens où on se pose des questions sur la technique, mais c'est tout simplement un reflet sur une espèce de bâche qui était à l'ombre et l'autre côté de la rue était éclairée. Donc ça joue aussi sur la sensibilité à ce qui se passe dans l'environnement autour de moi. Il y a un côté un peu street qui a été une grosse partie de mon travail à un moment donné. Il y a ce côté couleur, il y a ce côté mouvement. Ça réunit vraiment beaucoup de choses. Et en plus, pour moi personnellement, ça se situe à un moment où j'étais un peu perdu au milieu de plein d'inspirations. Donc je trouve qu'elle les regroupe toutes. C'est pour ça qu'elle a énormément de sens pour moi. Sous-titrage Société Je m'appelle Jonathan Bertin, je suis photographe, ça fait à peu près dix ans que je pratique à titre personnel et ça doit faire sept années que je suis vraiment un photographe dans le sens où je vis de mon travail et de ma passion. Ça a commencé pour moi la photographie de façon un peu spontanée, dans le sens où je suis parti en voyage avec mes parents. J'avais que mon téléphone à cette époque-là et je suis revenu et j'avais tellement apprécié de découvrir des nouvelles choses que j'avais fait peut-être 3000 photos. Du coup, il y a un peu un déclic qui s'est fait dans ma tête où je me suis dit mais il y a quelque chose, on ne peut pas partir juste en vacances et faire 3000 photos. comme ça, donc de fil en aiguille je réfléchis à m'acheter un appareil j'achète mon premier appareil et ça devient un peu le coup de foudre à ce moment là j'avais 18 ans donc ouais vraiment encore c'est pas arrivé tardivement, je sais pas comment me positionner par rapport à ces trucs là, je trouve ça toujours intéressant de voir comment les gens perçoivent l'âge auquel tu commences la photographie qu'est-ce qui est jeune, qu'est-ce qui est moins jeune mais c'est pas un truc qui est venu depuis tout petit Par contre, il y a des choses qui m'ont beaucoup influencé. J'ai grandi dans un environnement très coloré, avec une maman qui pratique énormément de loisirs créatifs, de la poterie, de la mosaïque, des émeaux. Il y a vraiment une multitude de choses par lesquelles elle est passée, et même encore aujourd'hui, elle me fascine, parce qu'elle a 12 000 passions. À ce moment, elle fait de la couture. Elle me fait des vêtements, je trouve ça incroyable d'avoir une diversité créative comme ça. Mais ce n'est pas pour autant qu'on m'a apporté un bagage culturel et artistique. Je dirais plus que c'était un peu dans comment voir des êtres aussi inspirés et créatifs essayer autant de choses. Je pense que forcément, ça laisse un terrain fertile pareil. Mon père, c'était quelqu'un de super débrouillard, qui se trouvait toujours des solutions pour faire des choses. Et oui, ça a forcément laissé... Une porte ouverte à voir le monde d'une autre façon. Moi, c'est vraiment, je pense, l'aspect couleur, où ça a laissé une trace sur chez moi, indélébile. Et aujourd'hui, je vois le monde en couleur. Chez moi, il y a plein de couleurs. Je m'habille en couleur, je fais des photos en couleur. Couleur Je me suis un peu forgé par la suite indépendamment, dans le sens où j'ai quand même fait une formation photo, qui est un BTS photographie, mais c'est une formation qui reste très très très technique, et c'est pas forcément là où on va apprendre à se trouver. De toute façon, est-ce qu'on peut vraiment apprendre à se trouver ? Je pense que c'est quelque chose qui peut pas s'apprendre, ça vient assez naturellement ou instinctivement. Et après ça, du coup, je termine mes études, et je commence à me lancer, à faire des petits taffs à droite à gauche, mais... Il y a eu un élément déclencheur qui a été mon premier voyage en tant que photographe, où je suis parti avec mes amis, on avait fait un petit projet, on était allés en Espagne, et ça, ça a été une révélation dans le sens où voir des environnements nouveaux et comment ton regard interagit avec ces derniers, et ça, je trouve qu'il y a une espèce de magie dans ces moments-là, et moi, ça m'a marqué. d'une puissance incroyable. Et après ce premier voyage, je n'avais plus qu'une envie, c'était de faire d'autres voyages et de voir d'autres choses. Avec du recul aujourd'hui, je me dis qu'il y a peut-être un côté un peu consommateur du voyage. Mon rapport, il a totalement évolué. Mais là, ça a été une révélation et j'avais envie de découvrir des nouveaux environnements. Je cherchais des spots en mode, où est-ce que je vais pouvoir trouver quelque chose que personne n'a photographié ? Je cherchais un peu des choses qui étaient déjà belles et exceptionnelles à photographier pour y ajouter ma patte. Et après, il y a eu toute cette période où j'ai cherché énormément à savoir pourquoi je fais tout ça, qu'est-ce que ça donne, à quoi ça rime de partir, d'aller chercher des images à droite, à gauche, parce qu'en fait, j'ai besoin de ça pour créer. Et après ça, il y a eu un événement qui, je pense, a remis en question beaucoup de gens, beaucoup d'artistes, c'est le Covid, de vivre confiné. Pendant plusieurs mois, on est obligé de revoir différemment notre méthode de création, d'inspiration, et d'avoir quelque chose de peut-être plus simple, de plus naturel, et d'essayer de trouver un maximum d'endroits, ce qui peut nous plaire, nous toucher, qu'on peut capturer. Et moi ça, ça a été un élément révélateur, dans le sens où... Je me suis retrouvé à photographier ma ville et c'est peut-être là où j'ai un peu réalisé que tout ce que j'allais chercher ailleurs, en fait je pouvais l'avoir pas en bas de chez moi, c'est pas forcément la même forme, mais je peux trouver un terrain de création là où j'ai envie de le voir en fait. Et ça, ça m'a beaucoup beaucoup appris de me dire qu'en fait on peut créer à partir de tout, c'est juste une question de regard, une question de perception. Et de fil en aiguille, ça a évolué et je me suis beaucoup plus concentré sur mon environnement à moi. Après, j'ai déménagé à Paris. Paris, c'est aussi un terrain de création qui est incroyable. Ça m'a ouvert en fait vers la photo de rue, mais plus la photo de son quotidien aussi, de tout ce qui nous entoure. Et pour moi... C'est un des plus beaux cadeaux de pouvoir s'émerveiller de tout ce qui t'entoure et de pouvoir t'inspirer de ce qu'il y a littéralement à côté de chez toi parce que ça veut dire que tu peux trouver du plaisir à voir le monde déjà et surtout à créer sans... sans devoir aller à l'autre bout du monde. Et tu peux transmettre ça aux gens aussi. Et ça qui est beau, c'est de réussir à mettre le doigt sur quelque chose qui entoure les gens et d'attirer le regard et de se dire Regardez, c'est trop beau ! Je pense que ce qui est atypique dans mon parcours, c'est que très rapidement, je suis tombé dans les réseaux sociaux et ça a littéralement conditionné les débuts de ma photographie. Ça a eu des inconvénients comme des avantages dans le sens où déjà... Construire une audience, avoir une audience et vivre de ça de par les ventes de print, de par les collaborations, ça implique une certaine rigueur en termes de production, de communication et évidemment ça façonne mon processus artistique. Il y a une période où j'envoyais une photo par jour. Aujourd'hui, ce n'est plus possible. J'existais photographiquement par le prisme de ça et ça m'a beaucoup frustré comme ça m'a beaucoup aidé parce qu'aujourd'hui je partage ma passion avec des tas de passionnés. Et ça, c'est vraiment un des plus beaux cadeaux de pouvoir être dans l'amour de cette passion et d'avoir des gens qui la reçoivent et pas forcément juste ma photographie, aussi celle des autres, que ce soit sur YouTube, sur Instagram, etc. Et ça m'a aussi apporté beaucoup de faculté à être à l'aise. Je pense que de base, je suis quelqu'un d'assez... Je ne vais pas forcément vers les autres. Et là, peut-être que l'écran, ça m'a un peu aidé à partager comme j'avais envie, comme j'imaginais. et à créer du lien. Et franchement, ça a été un super élan dans mon parcours. Je pense que c'est ça aussi qui m'a poussé à beaucoup voyager. C'est que j'avais envie de créer pour partager. et limite, je pense que je peux le dire à cette période là, je sais pas si j'avais vraiment cette notion de créer pour moi, j'avais ce plaisir de créer comme j'avais le plaisir de partager et du coup évidemment ça conditionne mon rapport à la photographie, je pense qu'au début j'ai eu une grosse période très très Instagram Friendly, où c'était que des paysages avec des petites silhouettes, des grands espaces, des choses qui font un peu le côté wow, c'est grand, c'est beau, c'est coloré Et l'idée c'était ça, j'avais envie d'aller chercher des choses comme ça. Et de fil en aiguille, j'ai commencé à creuser de plus en plus la passion, à ouvrir mes inspirations, et c'est là où ça a commencé vraiment à prendre son indépendance artistique, je pense. C'est quand je me suis ouvert à la culture photographique, aux grands auteurs, à ce qui se fait. Je pense qu'avant, j'avais un regard là-dessus, je me disais, ouais, est-ce que vraiment, c'est pas un peu du vent, etc. Parce que moi, j'étais dans ma bulle d'Internet, je me disais, ouais, je sais pas. Et en fait, si, j'ai découvert qu'il y avait tellement de façons de voir différentes, tellement de photographes qui s'intéressent à des choses auxquelles j'aurais jamais soupçonné. Et je trouve que c'est ça aussi la force d'un photographe, c'est d'attirer le regard sur quelque chose qu'on ne soupçonne pas et de nous arrêter. qu'on réalise que même ce bouton de sonnette, cette lumière, ce mur, il y a des choses partout. C'est là où ça a été un déclic pour moi et où j'ai commencé à me plonger dans l'inspiration. Et après, ça a ouvert beaucoup de portes. Je crois que la grosse grosse révélation en termes d'inspiration pour moi ça a été Ernst Haas. Parce que tellement de complexité visuelle dans son travail, il y a tellement de choses différentes, de procédés différents. Ernst Haas, c'est vraiment des couleurs fortes déjà. Et ensuite, je pense qu'il y a vraiment le fait de jouer avec son appareil et toutes les composantes possibles. Il y a du flou de mouvements, il y a du flou de profondeur de champ, il y a des textures. Il a eu tout un travail sur les paysages avec des détails incroyables. Il a fait aussi des backstage de cinéma où les compositions sont magnifiques. Vraiment, il a abordé tout. tellement d'aspects je recommande vraiment aux gens de se plonger il y a deux livres qui sont sortis je crois que c'est chez Prestel celui sur New York en fait c'est une palette créative c'est ça en fait c'est une palette créative où il utilise un maximum d'outils et toi t'es là tu feuillettes les pages et à chaque page t'apprends quelque chose tu découvres un procédé nouveau visuellement et ça je trouve que c'est super fort Surtout à son époque, j'arrive toujours pas à comprendre comment il a pu débloquer son cerveau pour aller aussi loin. Les autres inspirations, je dirais que c'est plus récent, plus frais, ça change, ça vient et ça part. en fonction des humeurs, des attitudes que je peux avoir. En ce moment, je crois que mon dernier gros gros coup de cœur, c'est The Creek de Jim Mangan. En termes d'objet, d'édition déjà, le livre est incroyable, il m'a mis une grosse claque. Et la sélection des images, comment on est dans une espèce de frontière entre le documentaire et une espèce d'histoire de roman, on croirait avec ces images, on croirait que c'est issu d'un film. J'ai eu une période où j'étais beaucoup inspiré par ce côté cinématique de l'image. Et je trouve que ce projet-là, il a beaucoup de force. Et en ce moment, je suis très sensible à l'objet. Donc je dirais que j'accorde beaucoup d'importance à comment l'image... et est habillé, est entouré. Et je trouve que ce livre-là, il a vraiment une singularité assez forte et ce côté expérience dans l'objet, dans comment il prend forme, ça c'est quelque chose qui me touche énormément. Après c'est sûr, Jack Davison, c'est super inspirant. Je trouve que ça rejoint un peu le côté... Qu'a Ernst Haas dans la diversité créative qu'il propose ? Il y a quelque chose de rapport d'échelle, de couleurs, de formes, de graphiques. En fait, je crois que c'est ça qui me fascine le plus. C'est les photographes qui arrivent à utiliser un maximum de choses différentes pour les faire résonner dans un seul et même regard, vision. Et ça, je trouve que c'est une des plus belles choses. Et au final, c'est marrant parce que c'est pas forcément dans la narration ou dans l'histoire. C'est plus visuel que vraiment documentaire, contrairement à Jim Magan où il y a vraiment un côté documentaire. Et je pense que ça va être un peu le prochain step pour moi de réussir à raconter une histoire tout en utilisant un maximum de codes visuels. C'est quelque chose qui me ferait vibrer. Je me dis, est-ce que si Ernst Haas avait abordé un sujet documentaire en ayant une totale liberté, en utilisant toutes les... les composantes qu'il utilise pour sa photographie, qu'est-ce que ça aurait donné ? Pour ma démarche, il y a quelqu'un qui m'a souligné il n'y a pas très longtemps que j'avais une photographie additive, dans le sens où, en général, la photographie, on la conçoit plus comme soustractive, et on va restreindre de l'environnement pour ne garder qu'une partie. Et moi, j'ai vraiment tendance à partir d'un élément central. et de jouer après avec justement toutes ces composantes qu'on a parlé, que ce soit le mouvement, que ce soit les couleurs, que ce soit le cadrage, la composition, et venir voir comment cet élément je peux construire autour. Je n'ai pas cette perception de restreindre l'environnement à un cadre, mais plus d'avoir mon élément et de venir autour ajouter. Et c'est pour ça aussi que je pense en termes de composition, je suis très très sensible à ça. Il y a toujours cet élément fort et comment je le fais exister en fait, comment je le sublime. Et je crois que c'est marrant parce que c'est un truc que j'ai toujours eu dans ma photographie, de me dire, je me rappelle dans des vieilles vidéos YouTube où je donne des conseils quand je devais avoir peut-être 20 ans, quelque chose comme ça, je disais il faut toujours... voir ce qui a retenu ton attention et te dire pourquoi et comment je fais en sorte que l'essence de cette chose qui m'a attiré qui m'a touché, je peux la faire exister de la plus belle des façons du coup tu tournes autour, tu regardes les angles tu regardes ce qu'il y a derrière, ce qu'il y a devant pour essayer de mettre cet élément de le faire résonner à travers ton regard Mon rapport au médium, il est très, très libre, dans le sens où je n'ai pas l'impression d'être restreint ou très, très attaché à un outil en particulier, ou à un objectif en particulier. Et du coup, je me retrouve à créer avec ce que j'ai sous la main. Je ne vais pas faire la phrase un peu bateau de dire le meilleur appareil, c'est celui que tu as sur toi, mais presque. Ouais j'essaie de pas trop être sensible forcément à l'outil et des fois ça me fait tout drôle parce que je me retrouve face à d'autres photographes qui me disent Ah ouais mais non mais telle marque t'as tel rendu de couleur tel truc et tout moi je suis en mode hop Franchement même des gens qui voient mes photos ils me disent ah c'est cool t'as fait l'argentique et tout Non Ah c'est cool, t'as utilisé moyen format pour ça ? Bah non, en fait je sais pas, j'ai l'impression que la post-production c'est très important pour moi dans le sens où c'est l'interprétation ou la vision que je vais avoir de la réalité ou des couleurs et j'aime bien du coup souvent les dynamiser ou leur donner la perspective qui me touche et je considère que ça fait partie du travail. d'un auteur, d'ajouter sa petite patte en couleurs. Donc moi, je suis très sensible à ça. J'aime bien aller loin dans ces couleurs, dans les perceptions de ce que ça peut donner. On a aussi ce côté où, tu vois, quand tu joues avec les flous, quand tu joues avec la profondeur de champ et que tu commences à partir vers des images qui sont un petit peu plus abstraites, autant en profiter si tu t'éloignes de la réalité et pousser à fond cette énergie-là et... et donner une autre forme aux couleurs. J'essaie toujours d'avoir un rapport à la réalité. J'ai envie qu'on ait ce contact du premier regard, qu'on ait une espèce d'accessibilité visuelle où on n'a pas forcément besoin au premier regard d'avoir l'histoire de la photo, d'avoir le contexte, d'avoir la série complète, et qu'il y ait toujours ce côté un peu candide. Mon premier livre, il est venu un petit peu après coup, dans le sens où je ne suis pas parti pour faire un livre. Mais par contre, ce qui était vraiment très important et touchant pour moi, c'était que c'était mon retour à un environnement nouveau. J'étais déjà allé à New York, mais je n'avais pas eu toute cette période de Covid. Tu es dans l'introspection ou tu te recherches. Et là, j'avais l'impression qu'en fait, j'allais un peu essayer de voir qu'est-ce qui avait évolué après toute cette période et comment j'allais interagir. Parce que le Covid, ça a été aussi une grosse période d'inspiration. Donc, j'arrive dans cette ville, j'ai 12 000 images en tête. Je n'ai pas voyagé depuis 2-3 ans. C'est un mélange de plein d'émotions fortes et variées et où moi aussi je pense que j'ai quelque chose à me prouver et où je dois me... Mentalement, je me dis, bon, c'est un peu comme si je remettais les crampons et que je retournais sur le terrain. Et c'était intense. Je suis parti dix jours et tous les jours, huit heures, vingt heures sur le terrain à faire des photos, à essayer, à essayer de voir ce que je ne voyais pas avant ou ce que je voyais dans mon environnement. J'étais à Rouen à ce moment-là et essayer de prendre tous les outils créatifs que j'ai construits pendant ces deux années et de les mettre en pratique. dans cette destination-là, qui est vraiment incroyable. Je pense que New York, c'est comme Paris, c'est une source inépuisable d'inspiration et de création. Et donc, je suis rentré de ce voyage avec une série assez conséquente qui poussait vraiment dans des aspects... très varié, du reflet, des scènes un peu plus street, des détails, des choses plus contemplatives, un peu comme ce que je faisais avant sur Instagram. Il y a vraiment eu un mélange de toutes ces inspirations et j'ai eu l'impression de me retrouver. à ce moment-là, c'était un peu un accomplissement, dans le sens où j'avais peur de remettre mon regard face à autant de choses. Et je crois que quand j'ai réalisé que j'étais content et touché de ce que j'avais réussi à créer, avec toutes ces heures passées à bouquiner, à voir des livres, c'est sûr, ça me trottait dans un coin de la tête. Et je me suis dit, pourquoi pas essayer de faire un premier livre. et c'était cette période où je pensais que j'allais faire ça, ce genre de rapport à des environnements nouveaux, toute ma vie. Je me disais, en fait, je vais faire quête 1, je vais faire quête 2, je vais faire quête 3, je vais aller jusqu'au bout du truc. Et en fait, pas du tout. Je ne dis pas que je ne vais pas faire de quête 2. Je ferai un quête 2 quand j'aurai quelque chose de nouveau à apporter à ce regard sur l'environnement, je pense, qui m'entoure, que je ne connais pas. et j'aime bien, je pense que je vais suivre ce projet dans le sens où c'est quelque chose qui va accompagner toute ma carrière, et où ça sera un peu des checkpoints, où j'aurai quelque chose de nouveau à proposer, et où ça sera important pour moi de le mettre sur le papier, et ouais je pense que mettre sa vision sur un objet c'est quelque chose qui me touche énormément. Ça a peut-être été un peu précipité pour celui-là. Avec du recul, je me dis, j'aurais peut-être pu prendre plus de temps, ou y retourner, ou aborder la chose de façon différente. mais il ne faut pas penser comme ça parce que si on pense comme ça on se dit que mes premières photos elles n'étaient pas ouf, j'aurais pu les faire mieux on peut toujours faire mieux et un projet il prend fin à partir du moment où on décide qu'il existe et qu'on ne va pas creuser plus loin et c'est important de réussir à fixer une espèce de temporalité parce que sinon il y a des projets on les emportera dans nos tombes. C'est important de ne pas trop cogiter. Je pense qu'on est dans un environnement où la photographie, il faut se poser beaucoup de questions et on a tendance à trop vouloir prendre le temps pour que tout soit parfait. Et justement, je pense qu'avec du recul, ce livre aussi, je l'adore parce que je vois une partie de moi qui est peut-être plus innocente, qui a envie, qui se donne à fond. Je me donne toujours à fond aujourd'hui, mais je ne sais pas, je trouve qu'il y a plus d'insouciance. et peut-être un peu moins de contrôle. Alors qu'aujourd'hui, il y a deux ans, mais en deux ans, il s'est passé tellement de choses, mon regard a tellement évolué. Je me sens tellement plus complet dans ma pratique et dans mon regard. Et du coup, je trouve ça touchant de l'avoir fait. Et je trouve que c'est un premier livre très... Je ne sais pas comment dire. Il a quelque chose qui me touche énormément. Justement, quête, ça rejoint un peu ce dont je parlais tout à l'heure de savoir ce qui nous anime et ce qu'on a envie d'exprimer d'un moment, d'une aventure et de réussir à mettre des images sur les émotions, sur un projet précis. Là, en l'occurrence, c'est un voyage de 10 jours à New York. Mais je pense que ce projet, au-delà de l'aspect destination, voyage, etc., c'est plus une quête personnelle. et visuel de savoir qu'est-ce qui m'anime aujourd'hui, cette année, sur ce projet à cet instant T, comment je vois le monde et qu'est-ce qui m'attire et qu'est-ce qui m'émeut dans notre environnement et comment j'utilise les choses pour retranscrire ce qui me touche et ce que j'ai envie de transmettre en fait. Et c'est ça où je trouve le projet est beau. Et je me dis quand j'aurai, je ne sais pas moi, peut-être 60 ans, je ne sais pas combien de quêtes il y aura. Mais en fait, d'avoir un espèce de, un peu comme un, c'est un peu un journal intime en fait. Un journal intime mais visuel de cette année-là. C'est quoi mon regard ? Comment je vois le monde ? Et comment le monde est aussi ? Il est un peu dans l'exercice de style en fait, ce livre, je trouve. Et en général, les premiers livres, c'est un peu comme ça. Et c'est pour ça que je... je ne m'en veux pas trop de l'avoir fait parce que ça m'a apporté tellement de billes ça m'a tellement fait comprendre plein de choses et ça a été un vrai apprentissage de concrétiser son regard sur le papier Moi, je suis persuadé que ce rapport aux couleurs et cette passion pour toutes ces choses, ça reste garder un peu une âme d'enfant et une curiosité constante de toutes les choses. Essayer un peu de déconstruire notre environnement et regarder toutes les choses comme si on les voyait pour la première fois. On est trop dans la routine de notre vie. et on ne conscientise plus forcément tout ce qui nous entoure ou même qui on est, genre j'ai une main, je tourne ma main, et juste avoir conscience de tout ça. et appliquer ça à tout ce qu'il y a autour de nous, je pense que c'est vraiment important, et de ne pas voir toutes les choses et tout notre environnement comme acquis ou comme stable, et essayer de tout voir de façon différente. Oui, il y a des couleurs qui m'interpellent beaucoup plus que d'autres. Les associations de couleurs dans mon travail, c'est quelque chose qui revient énormément. En général, quand je vois une photo avec du rouge, du jaune, du bleu, du vert, et... un peu de noir et blanc pour faire ressortir encore plus ces couleurs là en général ça c'est des photos, vous me montrez une photo comme ça vous pouvez être quasi sûr que je vais être... voilà, vous avez mon secret pour me toucher Ce projet sur l'impressionnisme, il est arrivé un peu spontanément. C'est ma région qui m'a contacté, donc la Normandie, pour aller sur les traces des peintres impressionnistes et photographier les lieux qui les ont inspirés. À la base, c'était ça. Je devais sortir, je crois que c'était une série de dix images pour faire une petite exposition. Et en général, quand on me laisse un peu... carte blanche sur des sujets comme ça où il n'y a pas vraiment de cadre très rigoureux. J'ai envie d'embrasser le sujet et en fait, je commence à arriver sur... Sur le terrain, on avait tout un planning pour aller voir plein d'endroits. On avait des rencontres avec des connaisseurs, des guides, pour vraiment nous transmettre un peu ce qu'est l'impressionnisme. Je commençais à me dire qu'en fait, je ne vais pas juste photographier les endroits qui les ont inspirés, mais je vais essayer de retranscrire, moi, ma vision de l'impressionnisme et comment je peux essayer d'aborder une photographie impressionniste, en fait. Au bout de quelques jours, j'étais parti et c'était que du mouvement, que du flou. Il y a eu beaucoup de doutes quand même parce qu'on se retrouve à avoir une semaine de voyage où on est quand même censé sortir une série. où il y a quand même la Normandie derrière. Et je ne sais pas, je suis un peu tombé dans cette pratique. Et c'est très marrant parce qu'en fait, je pense que je l'abordais déjà un petit peu. Il y a quelques images du projet qui datent d'avant ça. Mais là, vraiment de se dire que tu as un temps pour travailler cette approche. Tout va tourner autour de ça, ça devient un peu obsessionnel et tu commences à ne photographier que comme ça. Et c'est ça qui est marrant, c'est que le début du projet commence début 2023. Je crois que c'était juin ou mai, quelque chose comme ça. Et entre deux, je fais mon été, je pars à Séoul, je suis allé à Florence aussi, je suis allé en Sicile, et je me retrouve à littéralement faire des photos avec cette approche, alors que je suis censé avoir pas terminé, mais j'ai rendu mes images, j'ai fait ma commande, et ça reste là, en fait, et c'est encore là. Du coup, je commence à me dire qu'en fait, il y a quelque chose qui prend trop de place et qu'il va falloir que j'aille au bout des choses, en fait. Au début, je n'ai pas trop réalisé sur le début du projet que ça m'avait affecté autant. Et en fait, après, quand tu vois que tu commences à en mettre partout, à voir du flou partout, et c'est vraiment une conception du monde où, encore une fois, on revient à ce truc d'essayer de voir différemment. Je pense que notre regard, nous, il est conditionné à voir, je ne sais plus si c'est 24, 25 images par seconde, et essayer de se dire, et si mes yeux voyaient à, je ne sais pas moi, une image par seconde ? Ou peut-être une image par une demi-seconde. Et en fait, c'est ça ce projet, c'est un peu chambouler notre perception du temps et comment... La lumière peut interagir avec les choses, comment le quotidien peut être inspirant. Il y a un rapport au quotidien énorme. Il y a beaucoup de photographies que j'ai faites qui sont aussi au marché de Rouen. Le marché de Rouen, c'est quelque chose que j'ai côtoyé pendant toute cette période Covid. Revenir sur ce chemin-là et le voir d'une façon différente, ça a été un choc pour moi de revenir dans des environnements qui m'ont accompagné tout au long de mon parcours. Mes études, je les ai faites au Havre. Donc autant dire que les falaises de Normandie, je les connais par cœur et c'est quelque chose qui m'a limite lassé. Franchement, j'ai dû y aller au moins 20 fois, faire des photos. Et là, j'avoue, quand je suis retourné, je me suis dit, mais qu'est-ce que je vais faire ? Et après, je me suis dit, bah non, en fait, j'ai un nouveau process qui me permet de voir différemment, de créer différemment. Et ça a chamboulé ma vision. L'impressionnisme, c'est un peu aussi un exercice de maîtrise du flou et du mouvement. Et c'est comme si, en réalisant ce projet, j'avais un peu coché une case dans ma trousse créative. J'ai souvent cette vision de la photographie où, comme si chaque inspiration, chaque façon de créer, c'était une nouvelle couleur pour peindre ou un nouveau crayon de couleur pour densifier. le global de ce qu'on peut photographier, ce qu'on peut créer. Et j'aime bien ce côté où peut-être que quête, c'est plus un exercice de regard global sur un environnement et d'utiliser tout ce que je peux pour le montrer d'une façon qui me ressemble. Et peut-être qu'impressionnisme, lui, c'est plus... Réussir à s'inspirer de l'environnement dans lequel on a vécu, dans lequel on a grandi, et un regard sur le monde avec une temporalité différente. et cette notion de flou et de mouvement et je crois que c'est quelque chose qui va m'accompagner tout au long de mon parcours parce qu'au début quand j'ai sorti Quête je me disais que j'allais faire que ça que j'allais faire tout le temps mon regard sur un environnement mon regard sur un environnement bon ça reste un peu ça pour tous les photographes c'est souvent un regard sur un environnement mais là ça a pris une tournure où je suis passé d'un stade où je me disais Ça va être tout le temps mon regard sur un espace. Ah, en fait, est-ce que chaque projet ne peut pas être... un nouvel essai visuel sur quelque chose. Et comme si je grandissais au fur et à mesure de tous ces essais, et qu'à la fin... ou pas à la fin, mais qu'en fait, au bout d'un moment, je vais pouvoir un peu concilier tout ce que j'ai appris pour les mettre au service d'un sujet. Et je pense que c'est ça. J'avais une vision très linéaire de l'apprentissage, de ma découverte photographique et de comment j'allais évoluer, et quelque chose de très constant. Et en fait, je me rends compte qu'il y a tellement de chemins à prendre et à essayer, et je pense qu'on a souvent tendance à vouloir se limiter et à devenir... un peu un maître ou à masteriser quelque chose. Sauf qu'en fait, je pense que ce qui a toujours surpris et ce qui a toujours ouvert des portes, c'est des gens qui ont réussi à mélanger des choses qui n'avaient jamais été mélangées et qui ont débloqué visuellement ou créativement une nouvelle chose. Et moi, j'ai envie d'explorer et d'aller dans toutes les choses possibles et imaginables pour peut-être un jour réussir à mélanger deux choses et à proposer quelque chose de... d'innovant et je vais pas faire de la photo pour faire la même photo toute ma vie et essayer d'être le meilleur dans cette photo j'ai envie de profiter et d'explorer un maximum le champ des possibles et je pense que je m'endormirai jamais dans une façon de pratiquer et il y a quelque chose qui m'a beaucoup touché c'était l'exposition de Viviane Sassen à la MEP où on voit toute la rétrospective de son travail et comment elle a abordé un nombre de choses incroyables et je trouve ça trop intéressant je trouve ça trop intéressant parce que je pense qu'au bout d'un moment sinon si tu n'explores pas tu dois t'ennuyer quoi Il y a la première image que j'ai faite de ce projet qui a une saveur toute particulière parce que c'est le premier regard en fait, c'est la première image. Il y a beaucoup d'innocence et beaucoup d'incertitude parce que j'arrive, je crois que j'étais à table, il y a eu un rayon de soleil qui est passé, il y avait une silhouette seule face à la mer, au Havre. On est là où Monet a peint Impression Soleil Levant. Moi j'arrive, j'ai l'impression d'être un petit rigolo, je ne sais pas trop ce que je fais, et j'y vais, je cours, et j'essaie d'avoir un peu ce mouvement, cette texture avec les galets, cette lumière bleue. Et au final, à ce moment-là, il n'y avait aucune conscience, aucune attente, j'étais vraiment dans juste un essai. et je ne mettais pas de pression, c'était vraiment le tout début de cette rencontre avec l'impressionnisme, et au final je crois que c'est une des images les plus fortes du projet, est-ce que c'était parce que c'était à ce moment-là où je n'avais pas encore conscience de tout ce qui allait arriver, est-ce que c'était sa spontanéité, est-ce que c'est sa lumière, je ne sais pas, je trouve qu'elle englobe beaucoup de choses, même si elle est très simple, elle est très douce, et ouais c'est... On clôture le livre avec celle-là. C'est marrant parce que c'est celle qui... C'est la première du projet et c'est celle qui clôture le livre. Mais je trouve qu'elle a un espèce de souffle, un espèce d'apaisement qui fonctionne et qui, moi, me touche en tout cas. Impressionnisme, c'est vraiment un projet atypique. Déjà en termes de sujet, j'ai beaucoup grandi et j'avais vraiment envie d'apporter du fond aux images. Et là, le fait que ce soit ma région... La couverture du livre, c'est mon chien, il y a mon amoureuse dedans, il y a vraiment des photos très intimes d'environnement que j'ai côtoyé tout au long de mon processus créatif et de ma carrière, même quand je ne faisais pas encore de photos. Donc c'est vraiment singulier pour moi. Et il y a ces 150 ans de l'impressionnisme qui est un mouvement, je ne pensais pas un jour me retrouver à être scotché devant des documentaires, même après avoir fait les images mais encore aujourd'hui je suis fan de la démarche parce que c'est eux qui ont ouvert la porte à tellement de choses, avant il fallait respecter des codes, il fallait rentrer dans les salons Et oui, ils ont fait Non, en fait, on s'en fout et on ouvre le champ des possibles. Et c'est grâce à eux qu'aujourd'hui, on en est là. Donc, il y a un peu quand même une pression sur le sujet. Et pour moi, c'était important de faire un livre parce qu'il y avait cette envie de concrétiser ce projet qui m'a obsédé. Et dans son processus, il a été assez recherché. Dans le sens où j'ai tellement... travailler mon rapport au livre que j'avais vraiment envie, qui propose une expérience. Cet objet, c'est pour ça qu'on a choisi des matériaux, la couverture est en velours, on a un sens de lecture atypique, qui est un peu comme un carnet de notes, mais horizontal, où on va le lire de haut en bas. Ça apporte quelque chose de différent, parce que t'es obligé de le prendre d'une autre façon, et de le bouquiner pas comme les autres bouquins. Déjà, ça fait deux éléments qui contribuent à tout ça. Le papier, On a trouvé un papier très très beau et on a demandé à notre imprimeur pour essayer d'aller au bout du process, d'ajouter une espèce de vernis pour que les images ressortent encore plus. On est parti sur un papier très bleu pour qu'on ressente ces couleurs fortes. Il y a vraiment eu plein plein plein de petits choix et il y a tout ce qui gravite autour de ce projet aussi. Dans ma culture du livre, j'aime que ce soit immersif et qu'en fait... les images transpirent à travers l'objet. Et que déjà, en l'ayant dans nos mains, on est un peu une idée, où on ressente déjà ce qui nous attend à l'intérieur. Et c'est pour ça que le livre, il n'y a pas que ça. On a fait appel à un compositeur qui s'appelle Astre, qui a conçu une bande originale inspirée par le livre. Il y a une version piano très simple, et il y a une version avec toutes les ambiances. Donc en gros, si on feuillette le livre à un rythme moyen, On a toutes les ambiances sonores qui font écho aux images et le must du must ça a été de faire un parfum qui accompagne le projet qui s'appelle Jardin en bord de mer qui a été conçu par les ateliers Flair à Paris. L'idée c'était d'avoir une note odorante de ce projet là, du coup c'est un parfum qui est au premier abord très floral. très doux, très léger, très naturel, et après les notes qui restent sont plus minérales pour faire écho aux falaises, aux roches, à la texture. de tout ça, donc ouais c'était un beau challenge et je trouve ça trop intéressant que la photographie soit au centre de tout ça qu'il y ait plein d'art qui gravite autour mais c'est un peu comme si on lui remettait on la remettait à une place que je trouve elle a pas assez aujourd'hui parce qu'on est inondé d'images on est inondé de photographies et je pense que la photographie ça doit être par rapport au grand public ça doit être un des arts qu'on... consomme le plus, mais qui est le moins connu, ou tu demandes à des gens de citer dix photographes, je ne pense pas qu'il y en ait énormément qui arrivent à t'en sortir dix. Et je trouve ça important de donner à la photographie ce côté précieux et de faire graviter d'autres choses autour qui viennent lui servir et lui donner de la force. Et au final, on arrive presque à un projet qui colle avec l'art total. Il manque juste le goût. Il faudrait qu'on fasse un bonbon impressionnisme ou quelque chose comme ça. Mais tu as le toucher avec le velours, tu as le visuel avec les images, tu as l'ouïe avec la musique et enfin, tu as l'odeur avec le parfum. Et de pouvoir pousser comme ça, ce côté expérience, je trouve ça vraiment trop intéressant. autant dans le livre que dans les images que dans comment on le communique et comment on le fait exister moi c'est quelque chose qui m'obsède j'avais un de mes profs de BTS qui disait toujours vous aurez beau faire les meilleures images du monde si vous savez pas les raconter ou les vendre ça changera pas grand chose Et je pense que c'est là où Instagram m'a un peu conditionné, c'est que je prends plaisir à partager tout ça, et je réfléchis à comment partager tout ça, que tout soit justifié, que tout ait du sens. Et du coup, autant je suis obsédé dans la création de l'objet, autant je suis obsédé dans les images, autant je suis obsédé dans comment on va le présenter aux gens, et comment il va exister ce livre. Et ça, au quotidien... Il y a des moments où c'est super plaisant et il y a des moments où c'est très très pesant. Parce que là, franchement, on n'est pas une équipe énorme pour avoir fait tout ça. On a fait un docu, un livre et une grosse exposition. Et nous, le cœur du projet, c'est moi et Auriane, mon bras droit, ma manager, qui m'accompagne. Et du coup, je me suis un peu mis une claque quand même sur tout ça, parce que là, c'est arrivé à un stade où je n'arrive plus à suivre ma vie, parce qu'il y a trop de choses à gérer, ça me prend beaucoup trop de temps. Et en même temps, je suis à fond dedans, j'ai la tête dans le guidon et je ne me vois pas arrêter là. C'est aussi se donner les moyens d'aller ailleurs. Je pense que dans ce projet-là, c'est aussi sortir d'Internet. Parce que mon premier livre, il a existé que par le prisme de mon audience. Et je pense que malgré tout ça, ce parcours... il m'a laissé un peu des traces où j'ai envie de trouver une espèce de légitimité vis-à-vis du milieu de la photographie parce que j'ai grandi sur Internet et du coup, je pense que c'est pour ça aussi que ça m'obsède, c'est que j'ai envie de montrer qu'on n'est pas obligé d'être dans les codes parce que mon parcours, il est super atypique. et je pense qu'il y a ça aussi il y a un peu ce côté partir de pas grand chose et montrer qu'on peut ouvrir des portes et j'ai l'impression que le milieu de la photographie il est quand même assez codifié ou il y a vraiment des steps qui sont assez précis et je sais pas je pense qu'il y a ça aussi qui m'obsède de me dire que on peut faire différemment C'est important pour moi d'être entouré parce que déjà il y a beaucoup d'incertitudes, déjà juste dans le travail photographique de pouvoir avoir des regards à tous mes amis qui sont passionnés comme moi, qui sont aussi photographes, c'est important d'avoir leurs avis pour moi. Il y a mes éditeurs aussi qui ont des regards affûtés, qui m'ont beaucoup aidé. Il y a évidemment Elio de la Vallée qui a fait le documentaire. Je suis ultra reconnaissant d'avoir des gens de confiance qui ont cette sensibilité. Je pense aussi à Charlie, qui nous a aidés à réaliser tous ces petits contenus verticaux pour plonger dans l'univers du livre. C'est trop important. de réussir à raconter ça, je pense qu'il y a vraiment autant dans le côté collectif c'est quand même un milieu assez individuel la photographie moi j'en ai beaucoup souffert parce que je pense que si je suis parti vers ce côté vulgarisateur de la photographie raconter en vidéo ce que je traverse, ce que j'aime, ce qui m'inspire ça part du constat que quand j'ai commencé il y avait beaucoup de photos qui me touchaient mais je ne savais absolument pas comment, pourquoi et en fait je trouve ça fou c'est pas qu'on raconte pas nos images mais en fait d'expliquer aux gens et de transmettre la passion et c'est là où je trouve que la photographie elle est un peu Elle peut parfois faire un peu peur dans ce côté solitude, c'est qu'on voit beaucoup d'images, mais on ne sait pas ce qui se passe derrière. Et je pense que ce côté collectif, partager les uns les autres, créer des choses qui fédèrent la photographie, pas forcément des images, mais des moments, des talks, des expositions. Moi, je me suis mis sur Twitch aussi, c'est trop bien, on regarde des portfolios. On regarde des livres qui nous ont touchés, les gens partagent leurs inspirations. Et je pense que c'est important parce qu'on est tous un peu dans nos bulles. Et moi, ce qui m'a beaucoup aidé, c'est d'ouvrir mes inspirations. Et si je peux les partager aux gens... C'est ça en fait, moi j'essaie d'apporter ce que j'ai pas eu quand j'ai commencé. Et ça c'est trop important pour moi d'être dans le partage et de pouvoir transmettre, surtout avec tous les outils qu'on a aujourd'hui. La photographie on n'a jamais pu autant l'échanger, la diffuser, donc il faut en profiter. Et j'aurais rêvé de voir une vidéo YouTube de Ernst Haas. qui fait un vlog dans New York et qui nous explique ce qu'il va shooter, ce qu'il a kiffé et tout. Je trouve ça incroyable. Je pense que c'est ça aussi la photographie de demain. Elle est dans le partage en fait. Et tout comme ce podcast qu'on adore tous, je pense que ceux qui écoutent, c'est ça qu'on veut. C'est fédérer et partager.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce podcast. Vous pouvez retrouver tous les épisodes de Vision sur les plateformes de podcast, de Spotify en passant par Deezer, Apple Podcast, et nos actualités sur notre site vision.photo, sur notre Instagram, at podcastvision. Si vous avez quelques secondes pour noter et laisser votre avis, ça nous aide aussi beaucoup. A très vite pour parler de photographie.

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Description

Il y a un mot qui me vient immédiatement pour décrire Jonathan Bertin : passionné. De ses premiers pas en photographie, au téléphone, où il capture de manière compulsive des scènes du quotidien, il en vient aujourd’hui, avec son dernier livre sorti chez Four Eyes Editions, à se consacrer pendant plus d’un an de manière viscérale à un courant artistique bien connu : l'impressionnisme. Quand on s’intéresse à la photographie et à la culture photographique, on peut difficilement passer à côté du travail de Jonathan, que cela soit sur ses différents réseaux (Instagram, Youtube, Twitch) ou désormais en librairie et dans les salles d’exposition. Oui, Jonathan est un photographe qui vient de l’univers Instagram et oui, l’influence a eu et a encore une grande place dans son quotidien. Il l’assume : il faut savoir raconter ses images. Quand on regarde de plus près, comme je l’ai fait ces dernières années, on ne peut pas le résumer à cela. Jonathan est un obsessionnel et un rêveur, deux qualités souvent présentes chez un artiste.


Dans ce podcast, Jonathan nous emmène dans son univers, soulignant l'importance des couleurs dans sa pratique. Ayant grandi en Normandie, il a rapidement été influencé par son environnement familial riche en créativité, sans pour autant avoir reçu une éducation centrée sur la culture ou l’histoire de l’art. Il partage également son expérience des voyages, soulignant évoquant combien explorer de nouveaux environnements nourrit son inspiration et enrichit sa vision artistique. La Covid-19 a été une période marquante pour lui, le forçant à redécouvrir la beauté de son quotidien et à ajuster sa méthode de création et d'inspiration.


Le podcast aborde également l'impact des réseaux sociaux sur sa carrière son parcours, un outil qui a façonné ses débuts et lui a permis de partager sa passion avec une large audience. Jonathan évoque ses influences, notamment le photographe Ernst Haas ou plus récemment Jack Davison, et explique comment ces inspirations ont enrichi sa pratique. Il décrit son projet récent Impressionism, qui vise à capturer de manière innovante en photographie le mouvement, la lumière et les couleurs. Jonathan termine en partageant ses réflexions sur l'importance de rester curieux, d'expérimenter sans cesse et de voir le monde avec un regard toujours renouvelé. Un podcast passionnant.


🤝 Partenaire


MPB, la plus grande plateforme en ligne au monde pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d’occasion.


🎙 Crédits


Un podcast réalisé et écrit par Aliocha Boi, produit par Noyau.studio, monté et mixé par Virgile Loiseau et mis en musique par Charlie Janiaut.


✨ Liens  


Instagram - Vision(s)  

Site - Vision(s)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Une production en noyau studio. Ce podcast a été réalisé en partenariat avec MPB, la plus grande plateforme en ligne au monde, pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d'occasion. Cette image, elle est ultra symbolique pour moi parce qu'elle arrive à un moment de transition entre beaucoup de projets différents. C'était l'été dernier 2023 à Séoul et je revenais. Une grosse session de travail sur la Normandie, notamment le mouvement, l'impressionnisme, etc. Et là, j'étais un peu dans un environnement nouveau. C'est quelque chose qui m'attire beaucoup, d'aller vers des environnements que je ne connais pas. Et justement, de faire un peu la balance aussi avec les environnements que j'ai l'habitude de côtoyer, dans le sens où je m'inspire ailleurs et j'essaie de trouver l'inspiration que j'ai en voyage et de la retranscrire après dans mon quotidien. et c'est avoir l'œil en éveil et cette photo-là, elle représente vraiment tous les aspects que j'apprécie de la photographie dans le sens où il y a énormément de couleurs et ça c'est un des éléments qui est vraiment indissociable. Dans ma pratique, je vois en couleur, je photographie en couleur. C'est vraiment très, très, très rare que j'aborde le noir et blanc. Je ne dis pas que ça ne viendra pas, mais cette image-là, elle a tout ce que j'aime dans une photographie. Le mouvement, cette espèce de jeu de perception où on a un espèce d'aspect de peinture. Elle est assez difficile à comprendre dans le sens où on se pose des questions sur la technique, mais c'est tout simplement un reflet sur une espèce de bâche qui était à l'ombre et l'autre côté de la rue était éclairée. Donc ça joue aussi sur la sensibilité à ce qui se passe dans l'environnement autour de moi. Il y a un côté un peu street qui a été une grosse partie de mon travail à un moment donné. Il y a ce côté couleur, il y a ce côté mouvement. Ça réunit vraiment beaucoup de choses. Et en plus, pour moi personnellement, ça se situe à un moment où j'étais un peu perdu au milieu de plein d'inspirations. Donc je trouve qu'elle les regroupe toutes. C'est pour ça qu'elle a énormément de sens pour moi. Sous-titrage Société Je m'appelle Jonathan Bertin, je suis photographe, ça fait à peu près dix ans que je pratique à titre personnel et ça doit faire sept années que je suis vraiment un photographe dans le sens où je vis de mon travail et de ma passion. Ça a commencé pour moi la photographie de façon un peu spontanée, dans le sens où je suis parti en voyage avec mes parents. J'avais que mon téléphone à cette époque-là et je suis revenu et j'avais tellement apprécié de découvrir des nouvelles choses que j'avais fait peut-être 3000 photos. Du coup, il y a un peu un déclic qui s'est fait dans ma tête où je me suis dit mais il y a quelque chose, on ne peut pas partir juste en vacances et faire 3000 photos. comme ça, donc de fil en aiguille je réfléchis à m'acheter un appareil j'achète mon premier appareil et ça devient un peu le coup de foudre à ce moment là j'avais 18 ans donc ouais vraiment encore c'est pas arrivé tardivement, je sais pas comment me positionner par rapport à ces trucs là, je trouve ça toujours intéressant de voir comment les gens perçoivent l'âge auquel tu commences la photographie qu'est-ce qui est jeune, qu'est-ce qui est moins jeune mais c'est pas un truc qui est venu depuis tout petit Par contre, il y a des choses qui m'ont beaucoup influencé. J'ai grandi dans un environnement très coloré, avec une maman qui pratique énormément de loisirs créatifs, de la poterie, de la mosaïque, des émeaux. Il y a vraiment une multitude de choses par lesquelles elle est passée, et même encore aujourd'hui, elle me fascine, parce qu'elle a 12 000 passions. À ce moment, elle fait de la couture. Elle me fait des vêtements, je trouve ça incroyable d'avoir une diversité créative comme ça. Mais ce n'est pas pour autant qu'on m'a apporté un bagage culturel et artistique. Je dirais plus que c'était un peu dans comment voir des êtres aussi inspirés et créatifs essayer autant de choses. Je pense que forcément, ça laisse un terrain fertile pareil. Mon père, c'était quelqu'un de super débrouillard, qui se trouvait toujours des solutions pour faire des choses. Et oui, ça a forcément laissé... Une porte ouverte à voir le monde d'une autre façon. Moi, c'est vraiment, je pense, l'aspect couleur, où ça a laissé une trace sur chez moi, indélébile. Et aujourd'hui, je vois le monde en couleur. Chez moi, il y a plein de couleurs. Je m'habille en couleur, je fais des photos en couleur. Couleur Je me suis un peu forgé par la suite indépendamment, dans le sens où j'ai quand même fait une formation photo, qui est un BTS photographie, mais c'est une formation qui reste très très très technique, et c'est pas forcément là où on va apprendre à se trouver. De toute façon, est-ce qu'on peut vraiment apprendre à se trouver ? Je pense que c'est quelque chose qui peut pas s'apprendre, ça vient assez naturellement ou instinctivement. Et après ça, du coup, je termine mes études, et je commence à me lancer, à faire des petits taffs à droite à gauche, mais... Il y a eu un élément déclencheur qui a été mon premier voyage en tant que photographe, où je suis parti avec mes amis, on avait fait un petit projet, on était allés en Espagne, et ça, ça a été une révélation dans le sens où voir des environnements nouveaux et comment ton regard interagit avec ces derniers, et ça, je trouve qu'il y a une espèce de magie dans ces moments-là, et moi, ça m'a marqué. d'une puissance incroyable. Et après ce premier voyage, je n'avais plus qu'une envie, c'était de faire d'autres voyages et de voir d'autres choses. Avec du recul aujourd'hui, je me dis qu'il y a peut-être un côté un peu consommateur du voyage. Mon rapport, il a totalement évolué. Mais là, ça a été une révélation et j'avais envie de découvrir des nouveaux environnements. Je cherchais des spots en mode, où est-ce que je vais pouvoir trouver quelque chose que personne n'a photographié ? Je cherchais un peu des choses qui étaient déjà belles et exceptionnelles à photographier pour y ajouter ma patte. Et après, il y a eu toute cette période où j'ai cherché énormément à savoir pourquoi je fais tout ça, qu'est-ce que ça donne, à quoi ça rime de partir, d'aller chercher des images à droite, à gauche, parce qu'en fait, j'ai besoin de ça pour créer. Et après ça, il y a eu un événement qui, je pense, a remis en question beaucoup de gens, beaucoup d'artistes, c'est le Covid, de vivre confiné. Pendant plusieurs mois, on est obligé de revoir différemment notre méthode de création, d'inspiration, et d'avoir quelque chose de peut-être plus simple, de plus naturel, et d'essayer de trouver un maximum d'endroits, ce qui peut nous plaire, nous toucher, qu'on peut capturer. Et moi ça, ça a été un élément révélateur, dans le sens où... Je me suis retrouvé à photographier ma ville et c'est peut-être là où j'ai un peu réalisé que tout ce que j'allais chercher ailleurs, en fait je pouvais l'avoir pas en bas de chez moi, c'est pas forcément la même forme, mais je peux trouver un terrain de création là où j'ai envie de le voir en fait. Et ça, ça m'a beaucoup beaucoup appris de me dire qu'en fait on peut créer à partir de tout, c'est juste une question de regard, une question de perception. Et de fil en aiguille, ça a évolué et je me suis beaucoup plus concentré sur mon environnement à moi. Après, j'ai déménagé à Paris. Paris, c'est aussi un terrain de création qui est incroyable. Ça m'a ouvert en fait vers la photo de rue, mais plus la photo de son quotidien aussi, de tout ce qui nous entoure. Et pour moi... C'est un des plus beaux cadeaux de pouvoir s'émerveiller de tout ce qui t'entoure et de pouvoir t'inspirer de ce qu'il y a littéralement à côté de chez toi parce que ça veut dire que tu peux trouver du plaisir à voir le monde déjà et surtout à créer sans... sans devoir aller à l'autre bout du monde. Et tu peux transmettre ça aux gens aussi. Et ça qui est beau, c'est de réussir à mettre le doigt sur quelque chose qui entoure les gens et d'attirer le regard et de se dire Regardez, c'est trop beau ! Je pense que ce qui est atypique dans mon parcours, c'est que très rapidement, je suis tombé dans les réseaux sociaux et ça a littéralement conditionné les débuts de ma photographie. Ça a eu des inconvénients comme des avantages dans le sens où déjà... Construire une audience, avoir une audience et vivre de ça de par les ventes de print, de par les collaborations, ça implique une certaine rigueur en termes de production, de communication et évidemment ça façonne mon processus artistique. Il y a une période où j'envoyais une photo par jour. Aujourd'hui, ce n'est plus possible. J'existais photographiquement par le prisme de ça et ça m'a beaucoup frustré comme ça m'a beaucoup aidé parce qu'aujourd'hui je partage ma passion avec des tas de passionnés. Et ça, c'est vraiment un des plus beaux cadeaux de pouvoir être dans l'amour de cette passion et d'avoir des gens qui la reçoivent et pas forcément juste ma photographie, aussi celle des autres, que ce soit sur YouTube, sur Instagram, etc. Et ça m'a aussi apporté beaucoup de faculté à être à l'aise. Je pense que de base, je suis quelqu'un d'assez... Je ne vais pas forcément vers les autres. Et là, peut-être que l'écran, ça m'a un peu aidé à partager comme j'avais envie, comme j'imaginais. et à créer du lien. Et franchement, ça a été un super élan dans mon parcours. Je pense que c'est ça aussi qui m'a poussé à beaucoup voyager. C'est que j'avais envie de créer pour partager. et limite, je pense que je peux le dire à cette période là, je sais pas si j'avais vraiment cette notion de créer pour moi, j'avais ce plaisir de créer comme j'avais le plaisir de partager et du coup évidemment ça conditionne mon rapport à la photographie, je pense qu'au début j'ai eu une grosse période très très Instagram Friendly, où c'était que des paysages avec des petites silhouettes, des grands espaces, des choses qui font un peu le côté wow, c'est grand, c'est beau, c'est coloré Et l'idée c'était ça, j'avais envie d'aller chercher des choses comme ça. Et de fil en aiguille, j'ai commencé à creuser de plus en plus la passion, à ouvrir mes inspirations, et c'est là où ça a commencé vraiment à prendre son indépendance artistique, je pense. C'est quand je me suis ouvert à la culture photographique, aux grands auteurs, à ce qui se fait. Je pense qu'avant, j'avais un regard là-dessus, je me disais, ouais, est-ce que vraiment, c'est pas un peu du vent, etc. Parce que moi, j'étais dans ma bulle d'Internet, je me disais, ouais, je sais pas. Et en fait, si, j'ai découvert qu'il y avait tellement de façons de voir différentes, tellement de photographes qui s'intéressent à des choses auxquelles j'aurais jamais soupçonné. Et je trouve que c'est ça aussi la force d'un photographe, c'est d'attirer le regard sur quelque chose qu'on ne soupçonne pas et de nous arrêter. qu'on réalise que même ce bouton de sonnette, cette lumière, ce mur, il y a des choses partout. C'est là où ça a été un déclic pour moi et où j'ai commencé à me plonger dans l'inspiration. Et après, ça a ouvert beaucoup de portes. Je crois que la grosse grosse révélation en termes d'inspiration pour moi ça a été Ernst Haas. Parce que tellement de complexité visuelle dans son travail, il y a tellement de choses différentes, de procédés différents. Ernst Haas, c'est vraiment des couleurs fortes déjà. Et ensuite, je pense qu'il y a vraiment le fait de jouer avec son appareil et toutes les composantes possibles. Il y a du flou de mouvements, il y a du flou de profondeur de champ, il y a des textures. Il a eu tout un travail sur les paysages avec des détails incroyables. Il a fait aussi des backstage de cinéma où les compositions sont magnifiques. Vraiment, il a abordé tout. tellement d'aspects je recommande vraiment aux gens de se plonger il y a deux livres qui sont sortis je crois que c'est chez Prestel celui sur New York en fait c'est une palette créative c'est ça en fait c'est une palette créative où il utilise un maximum d'outils et toi t'es là tu feuillettes les pages et à chaque page t'apprends quelque chose tu découvres un procédé nouveau visuellement et ça je trouve que c'est super fort Surtout à son époque, j'arrive toujours pas à comprendre comment il a pu débloquer son cerveau pour aller aussi loin. Les autres inspirations, je dirais que c'est plus récent, plus frais, ça change, ça vient et ça part. en fonction des humeurs, des attitudes que je peux avoir. En ce moment, je crois que mon dernier gros gros coup de cœur, c'est The Creek de Jim Mangan. En termes d'objet, d'édition déjà, le livre est incroyable, il m'a mis une grosse claque. Et la sélection des images, comment on est dans une espèce de frontière entre le documentaire et une espèce d'histoire de roman, on croirait avec ces images, on croirait que c'est issu d'un film. J'ai eu une période où j'étais beaucoup inspiré par ce côté cinématique de l'image. Et je trouve que ce projet-là, il a beaucoup de force. Et en ce moment, je suis très sensible à l'objet. Donc je dirais que j'accorde beaucoup d'importance à comment l'image... et est habillé, est entouré. Et je trouve que ce livre-là, il a vraiment une singularité assez forte et ce côté expérience dans l'objet, dans comment il prend forme, ça c'est quelque chose qui me touche énormément. Après c'est sûr, Jack Davison, c'est super inspirant. Je trouve que ça rejoint un peu le côté... Qu'a Ernst Haas dans la diversité créative qu'il propose ? Il y a quelque chose de rapport d'échelle, de couleurs, de formes, de graphiques. En fait, je crois que c'est ça qui me fascine le plus. C'est les photographes qui arrivent à utiliser un maximum de choses différentes pour les faire résonner dans un seul et même regard, vision. Et ça, je trouve que c'est une des plus belles choses. Et au final, c'est marrant parce que c'est pas forcément dans la narration ou dans l'histoire. C'est plus visuel que vraiment documentaire, contrairement à Jim Magan où il y a vraiment un côté documentaire. Et je pense que ça va être un peu le prochain step pour moi de réussir à raconter une histoire tout en utilisant un maximum de codes visuels. C'est quelque chose qui me ferait vibrer. Je me dis, est-ce que si Ernst Haas avait abordé un sujet documentaire en ayant une totale liberté, en utilisant toutes les... les composantes qu'il utilise pour sa photographie, qu'est-ce que ça aurait donné ? Pour ma démarche, il y a quelqu'un qui m'a souligné il n'y a pas très longtemps que j'avais une photographie additive, dans le sens où, en général, la photographie, on la conçoit plus comme soustractive, et on va restreindre de l'environnement pour ne garder qu'une partie. Et moi, j'ai vraiment tendance à partir d'un élément central. et de jouer après avec justement toutes ces composantes qu'on a parlé, que ce soit le mouvement, que ce soit les couleurs, que ce soit le cadrage, la composition, et venir voir comment cet élément je peux construire autour. Je n'ai pas cette perception de restreindre l'environnement à un cadre, mais plus d'avoir mon élément et de venir autour ajouter. Et c'est pour ça aussi que je pense en termes de composition, je suis très très sensible à ça. Il y a toujours cet élément fort et comment je le fais exister en fait, comment je le sublime. Et je crois que c'est marrant parce que c'est un truc que j'ai toujours eu dans ma photographie, de me dire, je me rappelle dans des vieilles vidéos YouTube où je donne des conseils quand je devais avoir peut-être 20 ans, quelque chose comme ça, je disais il faut toujours... voir ce qui a retenu ton attention et te dire pourquoi et comment je fais en sorte que l'essence de cette chose qui m'a attiré qui m'a touché, je peux la faire exister de la plus belle des façons du coup tu tournes autour, tu regardes les angles tu regardes ce qu'il y a derrière, ce qu'il y a devant pour essayer de mettre cet élément de le faire résonner à travers ton regard Mon rapport au médium, il est très, très libre, dans le sens où je n'ai pas l'impression d'être restreint ou très, très attaché à un outil en particulier, ou à un objectif en particulier. Et du coup, je me retrouve à créer avec ce que j'ai sous la main. Je ne vais pas faire la phrase un peu bateau de dire le meilleur appareil, c'est celui que tu as sur toi, mais presque. Ouais j'essaie de pas trop être sensible forcément à l'outil et des fois ça me fait tout drôle parce que je me retrouve face à d'autres photographes qui me disent Ah ouais mais non mais telle marque t'as tel rendu de couleur tel truc et tout moi je suis en mode hop Franchement même des gens qui voient mes photos ils me disent ah c'est cool t'as fait l'argentique et tout Non Ah c'est cool, t'as utilisé moyen format pour ça ? Bah non, en fait je sais pas, j'ai l'impression que la post-production c'est très important pour moi dans le sens où c'est l'interprétation ou la vision que je vais avoir de la réalité ou des couleurs et j'aime bien du coup souvent les dynamiser ou leur donner la perspective qui me touche et je considère que ça fait partie du travail. d'un auteur, d'ajouter sa petite patte en couleurs. Donc moi, je suis très sensible à ça. J'aime bien aller loin dans ces couleurs, dans les perceptions de ce que ça peut donner. On a aussi ce côté où, tu vois, quand tu joues avec les flous, quand tu joues avec la profondeur de champ et que tu commences à partir vers des images qui sont un petit peu plus abstraites, autant en profiter si tu t'éloignes de la réalité et pousser à fond cette énergie-là et... et donner une autre forme aux couleurs. J'essaie toujours d'avoir un rapport à la réalité. J'ai envie qu'on ait ce contact du premier regard, qu'on ait une espèce d'accessibilité visuelle où on n'a pas forcément besoin au premier regard d'avoir l'histoire de la photo, d'avoir le contexte, d'avoir la série complète, et qu'il y ait toujours ce côté un peu candide. Mon premier livre, il est venu un petit peu après coup, dans le sens où je ne suis pas parti pour faire un livre. Mais par contre, ce qui était vraiment très important et touchant pour moi, c'était que c'était mon retour à un environnement nouveau. J'étais déjà allé à New York, mais je n'avais pas eu toute cette période de Covid. Tu es dans l'introspection ou tu te recherches. Et là, j'avais l'impression qu'en fait, j'allais un peu essayer de voir qu'est-ce qui avait évolué après toute cette période et comment j'allais interagir. Parce que le Covid, ça a été aussi une grosse période d'inspiration. Donc, j'arrive dans cette ville, j'ai 12 000 images en tête. Je n'ai pas voyagé depuis 2-3 ans. C'est un mélange de plein d'émotions fortes et variées et où moi aussi je pense que j'ai quelque chose à me prouver et où je dois me... Mentalement, je me dis, bon, c'est un peu comme si je remettais les crampons et que je retournais sur le terrain. Et c'était intense. Je suis parti dix jours et tous les jours, huit heures, vingt heures sur le terrain à faire des photos, à essayer, à essayer de voir ce que je ne voyais pas avant ou ce que je voyais dans mon environnement. J'étais à Rouen à ce moment-là et essayer de prendre tous les outils créatifs que j'ai construits pendant ces deux années et de les mettre en pratique. dans cette destination-là, qui est vraiment incroyable. Je pense que New York, c'est comme Paris, c'est une source inépuisable d'inspiration et de création. Et donc, je suis rentré de ce voyage avec une série assez conséquente qui poussait vraiment dans des aspects... très varié, du reflet, des scènes un peu plus street, des détails, des choses plus contemplatives, un peu comme ce que je faisais avant sur Instagram. Il y a vraiment eu un mélange de toutes ces inspirations et j'ai eu l'impression de me retrouver. à ce moment-là, c'était un peu un accomplissement, dans le sens où j'avais peur de remettre mon regard face à autant de choses. Et je crois que quand j'ai réalisé que j'étais content et touché de ce que j'avais réussi à créer, avec toutes ces heures passées à bouquiner, à voir des livres, c'est sûr, ça me trottait dans un coin de la tête. Et je me suis dit, pourquoi pas essayer de faire un premier livre. et c'était cette période où je pensais que j'allais faire ça, ce genre de rapport à des environnements nouveaux, toute ma vie. Je me disais, en fait, je vais faire quête 1, je vais faire quête 2, je vais faire quête 3, je vais aller jusqu'au bout du truc. Et en fait, pas du tout. Je ne dis pas que je ne vais pas faire de quête 2. Je ferai un quête 2 quand j'aurai quelque chose de nouveau à apporter à ce regard sur l'environnement, je pense, qui m'entoure, que je ne connais pas. et j'aime bien, je pense que je vais suivre ce projet dans le sens où c'est quelque chose qui va accompagner toute ma carrière, et où ça sera un peu des checkpoints, où j'aurai quelque chose de nouveau à proposer, et où ça sera important pour moi de le mettre sur le papier, et ouais je pense que mettre sa vision sur un objet c'est quelque chose qui me touche énormément. Ça a peut-être été un peu précipité pour celui-là. Avec du recul, je me dis, j'aurais peut-être pu prendre plus de temps, ou y retourner, ou aborder la chose de façon différente. mais il ne faut pas penser comme ça parce que si on pense comme ça on se dit que mes premières photos elles n'étaient pas ouf, j'aurais pu les faire mieux on peut toujours faire mieux et un projet il prend fin à partir du moment où on décide qu'il existe et qu'on ne va pas creuser plus loin et c'est important de réussir à fixer une espèce de temporalité parce que sinon il y a des projets on les emportera dans nos tombes. C'est important de ne pas trop cogiter. Je pense qu'on est dans un environnement où la photographie, il faut se poser beaucoup de questions et on a tendance à trop vouloir prendre le temps pour que tout soit parfait. Et justement, je pense qu'avec du recul, ce livre aussi, je l'adore parce que je vois une partie de moi qui est peut-être plus innocente, qui a envie, qui se donne à fond. Je me donne toujours à fond aujourd'hui, mais je ne sais pas, je trouve qu'il y a plus d'insouciance. et peut-être un peu moins de contrôle. Alors qu'aujourd'hui, il y a deux ans, mais en deux ans, il s'est passé tellement de choses, mon regard a tellement évolué. Je me sens tellement plus complet dans ma pratique et dans mon regard. Et du coup, je trouve ça touchant de l'avoir fait. Et je trouve que c'est un premier livre très... Je ne sais pas comment dire. Il a quelque chose qui me touche énormément. Justement, quête, ça rejoint un peu ce dont je parlais tout à l'heure de savoir ce qui nous anime et ce qu'on a envie d'exprimer d'un moment, d'une aventure et de réussir à mettre des images sur les émotions, sur un projet précis. Là, en l'occurrence, c'est un voyage de 10 jours à New York. Mais je pense que ce projet, au-delà de l'aspect destination, voyage, etc., c'est plus une quête personnelle. et visuel de savoir qu'est-ce qui m'anime aujourd'hui, cette année, sur ce projet à cet instant T, comment je vois le monde et qu'est-ce qui m'attire et qu'est-ce qui m'émeut dans notre environnement et comment j'utilise les choses pour retranscrire ce qui me touche et ce que j'ai envie de transmettre en fait. Et c'est ça où je trouve le projet est beau. Et je me dis quand j'aurai, je ne sais pas moi, peut-être 60 ans, je ne sais pas combien de quêtes il y aura. Mais en fait, d'avoir un espèce de, un peu comme un, c'est un peu un journal intime en fait. Un journal intime mais visuel de cette année-là. C'est quoi mon regard ? Comment je vois le monde ? Et comment le monde est aussi ? Il est un peu dans l'exercice de style en fait, ce livre, je trouve. Et en général, les premiers livres, c'est un peu comme ça. Et c'est pour ça que je... je ne m'en veux pas trop de l'avoir fait parce que ça m'a apporté tellement de billes ça m'a tellement fait comprendre plein de choses et ça a été un vrai apprentissage de concrétiser son regard sur le papier Moi, je suis persuadé que ce rapport aux couleurs et cette passion pour toutes ces choses, ça reste garder un peu une âme d'enfant et une curiosité constante de toutes les choses. Essayer un peu de déconstruire notre environnement et regarder toutes les choses comme si on les voyait pour la première fois. On est trop dans la routine de notre vie. et on ne conscientise plus forcément tout ce qui nous entoure ou même qui on est, genre j'ai une main, je tourne ma main, et juste avoir conscience de tout ça. et appliquer ça à tout ce qu'il y a autour de nous, je pense que c'est vraiment important, et de ne pas voir toutes les choses et tout notre environnement comme acquis ou comme stable, et essayer de tout voir de façon différente. Oui, il y a des couleurs qui m'interpellent beaucoup plus que d'autres. Les associations de couleurs dans mon travail, c'est quelque chose qui revient énormément. En général, quand je vois une photo avec du rouge, du jaune, du bleu, du vert, et... un peu de noir et blanc pour faire ressortir encore plus ces couleurs là en général ça c'est des photos, vous me montrez une photo comme ça vous pouvez être quasi sûr que je vais être... voilà, vous avez mon secret pour me toucher Ce projet sur l'impressionnisme, il est arrivé un peu spontanément. C'est ma région qui m'a contacté, donc la Normandie, pour aller sur les traces des peintres impressionnistes et photographier les lieux qui les ont inspirés. À la base, c'était ça. Je devais sortir, je crois que c'était une série de dix images pour faire une petite exposition. Et en général, quand on me laisse un peu... carte blanche sur des sujets comme ça où il n'y a pas vraiment de cadre très rigoureux. J'ai envie d'embrasser le sujet et en fait, je commence à arriver sur... Sur le terrain, on avait tout un planning pour aller voir plein d'endroits. On avait des rencontres avec des connaisseurs, des guides, pour vraiment nous transmettre un peu ce qu'est l'impressionnisme. Je commençais à me dire qu'en fait, je ne vais pas juste photographier les endroits qui les ont inspirés, mais je vais essayer de retranscrire, moi, ma vision de l'impressionnisme et comment je peux essayer d'aborder une photographie impressionniste, en fait. Au bout de quelques jours, j'étais parti et c'était que du mouvement, que du flou. Il y a eu beaucoup de doutes quand même parce qu'on se retrouve à avoir une semaine de voyage où on est quand même censé sortir une série. où il y a quand même la Normandie derrière. Et je ne sais pas, je suis un peu tombé dans cette pratique. Et c'est très marrant parce qu'en fait, je pense que je l'abordais déjà un petit peu. Il y a quelques images du projet qui datent d'avant ça. Mais là, vraiment de se dire que tu as un temps pour travailler cette approche. Tout va tourner autour de ça, ça devient un peu obsessionnel et tu commences à ne photographier que comme ça. Et c'est ça qui est marrant, c'est que le début du projet commence début 2023. Je crois que c'était juin ou mai, quelque chose comme ça. Et entre deux, je fais mon été, je pars à Séoul, je suis allé à Florence aussi, je suis allé en Sicile, et je me retrouve à littéralement faire des photos avec cette approche, alors que je suis censé avoir pas terminé, mais j'ai rendu mes images, j'ai fait ma commande, et ça reste là, en fait, et c'est encore là. Du coup, je commence à me dire qu'en fait, il y a quelque chose qui prend trop de place et qu'il va falloir que j'aille au bout des choses, en fait. Au début, je n'ai pas trop réalisé sur le début du projet que ça m'avait affecté autant. Et en fait, après, quand tu vois que tu commences à en mettre partout, à voir du flou partout, et c'est vraiment une conception du monde où, encore une fois, on revient à ce truc d'essayer de voir différemment. Je pense que notre regard, nous, il est conditionné à voir, je ne sais plus si c'est 24, 25 images par seconde, et essayer de se dire, et si mes yeux voyaient à, je ne sais pas moi, une image par seconde ? Ou peut-être une image par une demi-seconde. Et en fait, c'est ça ce projet, c'est un peu chambouler notre perception du temps et comment... La lumière peut interagir avec les choses, comment le quotidien peut être inspirant. Il y a un rapport au quotidien énorme. Il y a beaucoup de photographies que j'ai faites qui sont aussi au marché de Rouen. Le marché de Rouen, c'est quelque chose que j'ai côtoyé pendant toute cette période Covid. Revenir sur ce chemin-là et le voir d'une façon différente, ça a été un choc pour moi de revenir dans des environnements qui m'ont accompagné tout au long de mon parcours. Mes études, je les ai faites au Havre. Donc autant dire que les falaises de Normandie, je les connais par cœur et c'est quelque chose qui m'a limite lassé. Franchement, j'ai dû y aller au moins 20 fois, faire des photos. Et là, j'avoue, quand je suis retourné, je me suis dit, mais qu'est-ce que je vais faire ? Et après, je me suis dit, bah non, en fait, j'ai un nouveau process qui me permet de voir différemment, de créer différemment. Et ça a chamboulé ma vision. L'impressionnisme, c'est un peu aussi un exercice de maîtrise du flou et du mouvement. Et c'est comme si, en réalisant ce projet, j'avais un peu coché une case dans ma trousse créative. J'ai souvent cette vision de la photographie où, comme si chaque inspiration, chaque façon de créer, c'était une nouvelle couleur pour peindre ou un nouveau crayon de couleur pour densifier. le global de ce qu'on peut photographier, ce qu'on peut créer. Et j'aime bien ce côté où peut-être que quête, c'est plus un exercice de regard global sur un environnement et d'utiliser tout ce que je peux pour le montrer d'une façon qui me ressemble. Et peut-être qu'impressionnisme, lui, c'est plus... Réussir à s'inspirer de l'environnement dans lequel on a vécu, dans lequel on a grandi, et un regard sur le monde avec une temporalité différente. et cette notion de flou et de mouvement et je crois que c'est quelque chose qui va m'accompagner tout au long de mon parcours parce qu'au début quand j'ai sorti Quête je me disais que j'allais faire que ça que j'allais faire tout le temps mon regard sur un environnement mon regard sur un environnement bon ça reste un peu ça pour tous les photographes c'est souvent un regard sur un environnement mais là ça a pris une tournure où je suis passé d'un stade où je me disais Ça va être tout le temps mon regard sur un espace. Ah, en fait, est-ce que chaque projet ne peut pas être... un nouvel essai visuel sur quelque chose. Et comme si je grandissais au fur et à mesure de tous ces essais, et qu'à la fin... ou pas à la fin, mais qu'en fait, au bout d'un moment, je vais pouvoir un peu concilier tout ce que j'ai appris pour les mettre au service d'un sujet. Et je pense que c'est ça. J'avais une vision très linéaire de l'apprentissage, de ma découverte photographique et de comment j'allais évoluer, et quelque chose de très constant. Et en fait, je me rends compte qu'il y a tellement de chemins à prendre et à essayer, et je pense qu'on a souvent tendance à vouloir se limiter et à devenir... un peu un maître ou à masteriser quelque chose. Sauf qu'en fait, je pense que ce qui a toujours surpris et ce qui a toujours ouvert des portes, c'est des gens qui ont réussi à mélanger des choses qui n'avaient jamais été mélangées et qui ont débloqué visuellement ou créativement une nouvelle chose. Et moi, j'ai envie d'explorer et d'aller dans toutes les choses possibles et imaginables pour peut-être un jour réussir à mélanger deux choses et à proposer quelque chose de... d'innovant et je vais pas faire de la photo pour faire la même photo toute ma vie et essayer d'être le meilleur dans cette photo j'ai envie de profiter et d'explorer un maximum le champ des possibles et je pense que je m'endormirai jamais dans une façon de pratiquer et il y a quelque chose qui m'a beaucoup touché c'était l'exposition de Viviane Sassen à la MEP où on voit toute la rétrospective de son travail et comment elle a abordé un nombre de choses incroyables et je trouve ça trop intéressant je trouve ça trop intéressant parce que je pense qu'au bout d'un moment sinon si tu n'explores pas tu dois t'ennuyer quoi Il y a la première image que j'ai faite de ce projet qui a une saveur toute particulière parce que c'est le premier regard en fait, c'est la première image. Il y a beaucoup d'innocence et beaucoup d'incertitude parce que j'arrive, je crois que j'étais à table, il y a eu un rayon de soleil qui est passé, il y avait une silhouette seule face à la mer, au Havre. On est là où Monet a peint Impression Soleil Levant. Moi j'arrive, j'ai l'impression d'être un petit rigolo, je ne sais pas trop ce que je fais, et j'y vais, je cours, et j'essaie d'avoir un peu ce mouvement, cette texture avec les galets, cette lumière bleue. Et au final, à ce moment-là, il n'y avait aucune conscience, aucune attente, j'étais vraiment dans juste un essai. et je ne mettais pas de pression, c'était vraiment le tout début de cette rencontre avec l'impressionnisme, et au final je crois que c'est une des images les plus fortes du projet, est-ce que c'était parce que c'était à ce moment-là où je n'avais pas encore conscience de tout ce qui allait arriver, est-ce que c'était sa spontanéité, est-ce que c'est sa lumière, je ne sais pas, je trouve qu'elle englobe beaucoup de choses, même si elle est très simple, elle est très douce, et ouais c'est... On clôture le livre avec celle-là. C'est marrant parce que c'est celle qui... C'est la première du projet et c'est celle qui clôture le livre. Mais je trouve qu'elle a un espèce de souffle, un espèce d'apaisement qui fonctionne et qui, moi, me touche en tout cas. Impressionnisme, c'est vraiment un projet atypique. Déjà en termes de sujet, j'ai beaucoup grandi et j'avais vraiment envie d'apporter du fond aux images. Et là, le fait que ce soit ma région... La couverture du livre, c'est mon chien, il y a mon amoureuse dedans, il y a vraiment des photos très intimes d'environnement que j'ai côtoyé tout au long de mon processus créatif et de ma carrière, même quand je ne faisais pas encore de photos. Donc c'est vraiment singulier pour moi. Et il y a ces 150 ans de l'impressionnisme qui est un mouvement, je ne pensais pas un jour me retrouver à être scotché devant des documentaires, même après avoir fait les images mais encore aujourd'hui je suis fan de la démarche parce que c'est eux qui ont ouvert la porte à tellement de choses, avant il fallait respecter des codes, il fallait rentrer dans les salons Et oui, ils ont fait Non, en fait, on s'en fout et on ouvre le champ des possibles. Et c'est grâce à eux qu'aujourd'hui, on en est là. Donc, il y a un peu quand même une pression sur le sujet. Et pour moi, c'était important de faire un livre parce qu'il y avait cette envie de concrétiser ce projet qui m'a obsédé. Et dans son processus, il a été assez recherché. Dans le sens où j'ai tellement... travailler mon rapport au livre que j'avais vraiment envie, qui propose une expérience. Cet objet, c'est pour ça qu'on a choisi des matériaux, la couverture est en velours, on a un sens de lecture atypique, qui est un peu comme un carnet de notes, mais horizontal, où on va le lire de haut en bas. Ça apporte quelque chose de différent, parce que t'es obligé de le prendre d'une autre façon, et de le bouquiner pas comme les autres bouquins. Déjà, ça fait deux éléments qui contribuent à tout ça. Le papier, On a trouvé un papier très très beau et on a demandé à notre imprimeur pour essayer d'aller au bout du process, d'ajouter une espèce de vernis pour que les images ressortent encore plus. On est parti sur un papier très bleu pour qu'on ressente ces couleurs fortes. Il y a vraiment eu plein plein plein de petits choix et il y a tout ce qui gravite autour de ce projet aussi. Dans ma culture du livre, j'aime que ce soit immersif et qu'en fait... les images transpirent à travers l'objet. Et que déjà, en l'ayant dans nos mains, on est un peu une idée, où on ressente déjà ce qui nous attend à l'intérieur. Et c'est pour ça que le livre, il n'y a pas que ça. On a fait appel à un compositeur qui s'appelle Astre, qui a conçu une bande originale inspirée par le livre. Il y a une version piano très simple, et il y a une version avec toutes les ambiances. Donc en gros, si on feuillette le livre à un rythme moyen, On a toutes les ambiances sonores qui font écho aux images et le must du must ça a été de faire un parfum qui accompagne le projet qui s'appelle Jardin en bord de mer qui a été conçu par les ateliers Flair à Paris. L'idée c'était d'avoir une note odorante de ce projet là, du coup c'est un parfum qui est au premier abord très floral. très doux, très léger, très naturel, et après les notes qui restent sont plus minérales pour faire écho aux falaises, aux roches, à la texture. de tout ça, donc ouais c'était un beau challenge et je trouve ça trop intéressant que la photographie soit au centre de tout ça qu'il y ait plein d'art qui gravite autour mais c'est un peu comme si on lui remettait on la remettait à une place que je trouve elle a pas assez aujourd'hui parce qu'on est inondé d'images on est inondé de photographies et je pense que la photographie ça doit être par rapport au grand public ça doit être un des arts qu'on... consomme le plus, mais qui est le moins connu, ou tu demandes à des gens de citer dix photographes, je ne pense pas qu'il y en ait énormément qui arrivent à t'en sortir dix. Et je trouve ça important de donner à la photographie ce côté précieux et de faire graviter d'autres choses autour qui viennent lui servir et lui donner de la force. Et au final, on arrive presque à un projet qui colle avec l'art total. Il manque juste le goût. Il faudrait qu'on fasse un bonbon impressionnisme ou quelque chose comme ça. Mais tu as le toucher avec le velours, tu as le visuel avec les images, tu as l'ouïe avec la musique et enfin, tu as l'odeur avec le parfum. Et de pouvoir pousser comme ça, ce côté expérience, je trouve ça vraiment trop intéressant. autant dans le livre que dans les images que dans comment on le communique et comment on le fait exister moi c'est quelque chose qui m'obsède j'avais un de mes profs de BTS qui disait toujours vous aurez beau faire les meilleures images du monde si vous savez pas les raconter ou les vendre ça changera pas grand chose Et je pense que c'est là où Instagram m'a un peu conditionné, c'est que je prends plaisir à partager tout ça, et je réfléchis à comment partager tout ça, que tout soit justifié, que tout ait du sens. Et du coup, autant je suis obsédé dans la création de l'objet, autant je suis obsédé dans les images, autant je suis obsédé dans comment on va le présenter aux gens, et comment il va exister ce livre. Et ça, au quotidien... Il y a des moments où c'est super plaisant et il y a des moments où c'est très très pesant. Parce que là, franchement, on n'est pas une équipe énorme pour avoir fait tout ça. On a fait un docu, un livre et une grosse exposition. Et nous, le cœur du projet, c'est moi et Auriane, mon bras droit, ma manager, qui m'accompagne. Et du coup, je me suis un peu mis une claque quand même sur tout ça, parce que là, c'est arrivé à un stade où je n'arrive plus à suivre ma vie, parce qu'il y a trop de choses à gérer, ça me prend beaucoup trop de temps. Et en même temps, je suis à fond dedans, j'ai la tête dans le guidon et je ne me vois pas arrêter là. C'est aussi se donner les moyens d'aller ailleurs. Je pense que dans ce projet-là, c'est aussi sortir d'Internet. Parce que mon premier livre, il a existé que par le prisme de mon audience. Et je pense que malgré tout ça, ce parcours... il m'a laissé un peu des traces où j'ai envie de trouver une espèce de légitimité vis-à-vis du milieu de la photographie parce que j'ai grandi sur Internet et du coup, je pense que c'est pour ça aussi que ça m'obsède, c'est que j'ai envie de montrer qu'on n'est pas obligé d'être dans les codes parce que mon parcours, il est super atypique. et je pense qu'il y a ça aussi il y a un peu ce côté partir de pas grand chose et montrer qu'on peut ouvrir des portes et j'ai l'impression que le milieu de la photographie il est quand même assez codifié ou il y a vraiment des steps qui sont assez précis et je sais pas je pense qu'il y a ça aussi qui m'obsède de me dire que on peut faire différemment C'est important pour moi d'être entouré parce que déjà il y a beaucoup d'incertitudes, déjà juste dans le travail photographique de pouvoir avoir des regards à tous mes amis qui sont passionnés comme moi, qui sont aussi photographes, c'est important d'avoir leurs avis pour moi. Il y a mes éditeurs aussi qui ont des regards affûtés, qui m'ont beaucoup aidé. Il y a évidemment Elio de la Vallée qui a fait le documentaire. Je suis ultra reconnaissant d'avoir des gens de confiance qui ont cette sensibilité. Je pense aussi à Charlie, qui nous a aidés à réaliser tous ces petits contenus verticaux pour plonger dans l'univers du livre. C'est trop important. de réussir à raconter ça, je pense qu'il y a vraiment autant dans le côté collectif c'est quand même un milieu assez individuel la photographie moi j'en ai beaucoup souffert parce que je pense que si je suis parti vers ce côté vulgarisateur de la photographie raconter en vidéo ce que je traverse, ce que j'aime, ce qui m'inspire ça part du constat que quand j'ai commencé il y avait beaucoup de photos qui me touchaient mais je ne savais absolument pas comment, pourquoi et en fait je trouve ça fou c'est pas qu'on raconte pas nos images mais en fait d'expliquer aux gens et de transmettre la passion et c'est là où je trouve que la photographie elle est un peu Elle peut parfois faire un peu peur dans ce côté solitude, c'est qu'on voit beaucoup d'images, mais on ne sait pas ce qui se passe derrière. Et je pense que ce côté collectif, partager les uns les autres, créer des choses qui fédèrent la photographie, pas forcément des images, mais des moments, des talks, des expositions. Moi, je me suis mis sur Twitch aussi, c'est trop bien, on regarde des portfolios. On regarde des livres qui nous ont touchés, les gens partagent leurs inspirations. Et je pense que c'est important parce qu'on est tous un peu dans nos bulles. Et moi, ce qui m'a beaucoup aidé, c'est d'ouvrir mes inspirations. Et si je peux les partager aux gens... C'est ça en fait, moi j'essaie d'apporter ce que j'ai pas eu quand j'ai commencé. Et ça c'est trop important pour moi d'être dans le partage et de pouvoir transmettre, surtout avec tous les outils qu'on a aujourd'hui. La photographie on n'a jamais pu autant l'échanger, la diffuser, donc il faut en profiter. Et j'aurais rêvé de voir une vidéo YouTube de Ernst Haas. qui fait un vlog dans New York et qui nous explique ce qu'il va shooter, ce qu'il a kiffé et tout. Je trouve ça incroyable. Je pense que c'est ça aussi la photographie de demain. Elle est dans le partage en fait. Et tout comme ce podcast qu'on adore tous, je pense que ceux qui écoutent, c'est ça qu'on veut. C'est fédérer et partager.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce podcast. Vous pouvez retrouver tous les épisodes de Vision sur les plateformes de podcast, de Spotify en passant par Deezer, Apple Podcast, et nos actualités sur notre site vision.photo, sur notre Instagram, at podcastvision. Si vous avez quelques secondes pour noter et laisser votre avis, ça nous aide aussi beaucoup. A très vite pour parler de photographie.

Description

Il y a un mot qui me vient immédiatement pour décrire Jonathan Bertin : passionné. De ses premiers pas en photographie, au téléphone, où il capture de manière compulsive des scènes du quotidien, il en vient aujourd’hui, avec son dernier livre sorti chez Four Eyes Editions, à se consacrer pendant plus d’un an de manière viscérale à un courant artistique bien connu : l'impressionnisme. Quand on s’intéresse à la photographie et à la culture photographique, on peut difficilement passer à côté du travail de Jonathan, que cela soit sur ses différents réseaux (Instagram, Youtube, Twitch) ou désormais en librairie et dans les salles d’exposition. Oui, Jonathan est un photographe qui vient de l’univers Instagram et oui, l’influence a eu et a encore une grande place dans son quotidien. Il l’assume : il faut savoir raconter ses images. Quand on regarde de plus près, comme je l’ai fait ces dernières années, on ne peut pas le résumer à cela. Jonathan est un obsessionnel et un rêveur, deux qualités souvent présentes chez un artiste.


Dans ce podcast, Jonathan nous emmène dans son univers, soulignant l'importance des couleurs dans sa pratique. Ayant grandi en Normandie, il a rapidement été influencé par son environnement familial riche en créativité, sans pour autant avoir reçu une éducation centrée sur la culture ou l’histoire de l’art. Il partage également son expérience des voyages, soulignant évoquant combien explorer de nouveaux environnements nourrit son inspiration et enrichit sa vision artistique. La Covid-19 a été une période marquante pour lui, le forçant à redécouvrir la beauté de son quotidien et à ajuster sa méthode de création et d'inspiration.


Le podcast aborde également l'impact des réseaux sociaux sur sa carrière son parcours, un outil qui a façonné ses débuts et lui a permis de partager sa passion avec une large audience. Jonathan évoque ses influences, notamment le photographe Ernst Haas ou plus récemment Jack Davison, et explique comment ces inspirations ont enrichi sa pratique. Il décrit son projet récent Impressionism, qui vise à capturer de manière innovante en photographie le mouvement, la lumière et les couleurs. Jonathan termine en partageant ses réflexions sur l'importance de rester curieux, d'expérimenter sans cesse et de voir le monde avec un regard toujours renouvelé. Un podcast passionnant.


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MPB, la plus grande plateforme en ligne au monde pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d’occasion.


🎙 Crédits


Un podcast réalisé et écrit par Aliocha Boi, produit par Noyau.studio, monté et mixé par Virgile Loiseau et mis en musique par Charlie Janiaut.


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Transcription

  • Speaker #0

    Une production en noyau studio. Ce podcast a été réalisé en partenariat avec MPB, la plus grande plateforme en ligne au monde, pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d'occasion. Cette image, elle est ultra symbolique pour moi parce qu'elle arrive à un moment de transition entre beaucoup de projets différents. C'était l'été dernier 2023 à Séoul et je revenais. Une grosse session de travail sur la Normandie, notamment le mouvement, l'impressionnisme, etc. Et là, j'étais un peu dans un environnement nouveau. C'est quelque chose qui m'attire beaucoup, d'aller vers des environnements que je ne connais pas. Et justement, de faire un peu la balance aussi avec les environnements que j'ai l'habitude de côtoyer, dans le sens où je m'inspire ailleurs et j'essaie de trouver l'inspiration que j'ai en voyage et de la retranscrire après dans mon quotidien. et c'est avoir l'œil en éveil et cette photo-là, elle représente vraiment tous les aspects que j'apprécie de la photographie dans le sens où il y a énormément de couleurs et ça c'est un des éléments qui est vraiment indissociable. Dans ma pratique, je vois en couleur, je photographie en couleur. C'est vraiment très, très, très rare que j'aborde le noir et blanc. Je ne dis pas que ça ne viendra pas, mais cette image-là, elle a tout ce que j'aime dans une photographie. Le mouvement, cette espèce de jeu de perception où on a un espèce d'aspect de peinture. Elle est assez difficile à comprendre dans le sens où on se pose des questions sur la technique, mais c'est tout simplement un reflet sur une espèce de bâche qui était à l'ombre et l'autre côté de la rue était éclairée. Donc ça joue aussi sur la sensibilité à ce qui se passe dans l'environnement autour de moi. Il y a un côté un peu street qui a été une grosse partie de mon travail à un moment donné. Il y a ce côté couleur, il y a ce côté mouvement. Ça réunit vraiment beaucoup de choses. Et en plus, pour moi personnellement, ça se situe à un moment où j'étais un peu perdu au milieu de plein d'inspirations. Donc je trouve qu'elle les regroupe toutes. C'est pour ça qu'elle a énormément de sens pour moi. Sous-titrage Société Je m'appelle Jonathan Bertin, je suis photographe, ça fait à peu près dix ans que je pratique à titre personnel et ça doit faire sept années que je suis vraiment un photographe dans le sens où je vis de mon travail et de ma passion. Ça a commencé pour moi la photographie de façon un peu spontanée, dans le sens où je suis parti en voyage avec mes parents. J'avais que mon téléphone à cette époque-là et je suis revenu et j'avais tellement apprécié de découvrir des nouvelles choses que j'avais fait peut-être 3000 photos. Du coup, il y a un peu un déclic qui s'est fait dans ma tête où je me suis dit mais il y a quelque chose, on ne peut pas partir juste en vacances et faire 3000 photos. comme ça, donc de fil en aiguille je réfléchis à m'acheter un appareil j'achète mon premier appareil et ça devient un peu le coup de foudre à ce moment là j'avais 18 ans donc ouais vraiment encore c'est pas arrivé tardivement, je sais pas comment me positionner par rapport à ces trucs là, je trouve ça toujours intéressant de voir comment les gens perçoivent l'âge auquel tu commences la photographie qu'est-ce qui est jeune, qu'est-ce qui est moins jeune mais c'est pas un truc qui est venu depuis tout petit Par contre, il y a des choses qui m'ont beaucoup influencé. J'ai grandi dans un environnement très coloré, avec une maman qui pratique énormément de loisirs créatifs, de la poterie, de la mosaïque, des émeaux. Il y a vraiment une multitude de choses par lesquelles elle est passée, et même encore aujourd'hui, elle me fascine, parce qu'elle a 12 000 passions. À ce moment, elle fait de la couture. Elle me fait des vêtements, je trouve ça incroyable d'avoir une diversité créative comme ça. Mais ce n'est pas pour autant qu'on m'a apporté un bagage culturel et artistique. Je dirais plus que c'était un peu dans comment voir des êtres aussi inspirés et créatifs essayer autant de choses. Je pense que forcément, ça laisse un terrain fertile pareil. Mon père, c'était quelqu'un de super débrouillard, qui se trouvait toujours des solutions pour faire des choses. Et oui, ça a forcément laissé... Une porte ouverte à voir le monde d'une autre façon. Moi, c'est vraiment, je pense, l'aspect couleur, où ça a laissé une trace sur chez moi, indélébile. Et aujourd'hui, je vois le monde en couleur. Chez moi, il y a plein de couleurs. Je m'habille en couleur, je fais des photos en couleur. Couleur Je me suis un peu forgé par la suite indépendamment, dans le sens où j'ai quand même fait une formation photo, qui est un BTS photographie, mais c'est une formation qui reste très très très technique, et c'est pas forcément là où on va apprendre à se trouver. De toute façon, est-ce qu'on peut vraiment apprendre à se trouver ? Je pense que c'est quelque chose qui peut pas s'apprendre, ça vient assez naturellement ou instinctivement. Et après ça, du coup, je termine mes études, et je commence à me lancer, à faire des petits taffs à droite à gauche, mais... Il y a eu un élément déclencheur qui a été mon premier voyage en tant que photographe, où je suis parti avec mes amis, on avait fait un petit projet, on était allés en Espagne, et ça, ça a été une révélation dans le sens où voir des environnements nouveaux et comment ton regard interagit avec ces derniers, et ça, je trouve qu'il y a une espèce de magie dans ces moments-là, et moi, ça m'a marqué. d'une puissance incroyable. Et après ce premier voyage, je n'avais plus qu'une envie, c'était de faire d'autres voyages et de voir d'autres choses. Avec du recul aujourd'hui, je me dis qu'il y a peut-être un côté un peu consommateur du voyage. Mon rapport, il a totalement évolué. Mais là, ça a été une révélation et j'avais envie de découvrir des nouveaux environnements. Je cherchais des spots en mode, où est-ce que je vais pouvoir trouver quelque chose que personne n'a photographié ? Je cherchais un peu des choses qui étaient déjà belles et exceptionnelles à photographier pour y ajouter ma patte. Et après, il y a eu toute cette période où j'ai cherché énormément à savoir pourquoi je fais tout ça, qu'est-ce que ça donne, à quoi ça rime de partir, d'aller chercher des images à droite, à gauche, parce qu'en fait, j'ai besoin de ça pour créer. Et après ça, il y a eu un événement qui, je pense, a remis en question beaucoup de gens, beaucoup d'artistes, c'est le Covid, de vivre confiné. Pendant plusieurs mois, on est obligé de revoir différemment notre méthode de création, d'inspiration, et d'avoir quelque chose de peut-être plus simple, de plus naturel, et d'essayer de trouver un maximum d'endroits, ce qui peut nous plaire, nous toucher, qu'on peut capturer. Et moi ça, ça a été un élément révélateur, dans le sens où... Je me suis retrouvé à photographier ma ville et c'est peut-être là où j'ai un peu réalisé que tout ce que j'allais chercher ailleurs, en fait je pouvais l'avoir pas en bas de chez moi, c'est pas forcément la même forme, mais je peux trouver un terrain de création là où j'ai envie de le voir en fait. Et ça, ça m'a beaucoup beaucoup appris de me dire qu'en fait on peut créer à partir de tout, c'est juste une question de regard, une question de perception. Et de fil en aiguille, ça a évolué et je me suis beaucoup plus concentré sur mon environnement à moi. Après, j'ai déménagé à Paris. Paris, c'est aussi un terrain de création qui est incroyable. Ça m'a ouvert en fait vers la photo de rue, mais plus la photo de son quotidien aussi, de tout ce qui nous entoure. Et pour moi... C'est un des plus beaux cadeaux de pouvoir s'émerveiller de tout ce qui t'entoure et de pouvoir t'inspirer de ce qu'il y a littéralement à côté de chez toi parce que ça veut dire que tu peux trouver du plaisir à voir le monde déjà et surtout à créer sans... sans devoir aller à l'autre bout du monde. Et tu peux transmettre ça aux gens aussi. Et ça qui est beau, c'est de réussir à mettre le doigt sur quelque chose qui entoure les gens et d'attirer le regard et de se dire Regardez, c'est trop beau ! Je pense que ce qui est atypique dans mon parcours, c'est que très rapidement, je suis tombé dans les réseaux sociaux et ça a littéralement conditionné les débuts de ma photographie. Ça a eu des inconvénients comme des avantages dans le sens où déjà... Construire une audience, avoir une audience et vivre de ça de par les ventes de print, de par les collaborations, ça implique une certaine rigueur en termes de production, de communication et évidemment ça façonne mon processus artistique. Il y a une période où j'envoyais une photo par jour. Aujourd'hui, ce n'est plus possible. J'existais photographiquement par le prisme de ça et ça m'a beaucoup frustré comme ça m'a beaucoup aidé parce qu'aujourd'hui je partage ma passion avec des tas de passionnés. Et ça, c'est vraiment un des plus beaux cadeaux de pouvoir être dans l'amour de cette passion et d'avoir des gens qui la reçoivent et pas forcément juste ma photographie, aussi celle des autres, que ce soit sur YouTube, sur Instagram, etc. Et ça m'a aussi apporté beaucoup de faculté à être à l'aise. Je pense que de base, je suis quelqu'un d'assez... Je ne vais pas forcément vers les autres. Et là, peut-être que l'écran, ça m'a un peu aidé à partager comme j'avais envie, comme j'imaginais. et à créer du lien. Et franchement, ça a été un super élan dans mon parcours. Je pense que c'est ça aussi qui m'a poussé à beaucoup voyager. C'est que j'avais envie de créer pour partager. et limite, je pense que je peux le dire à cette période là, je sais pas si j'avais vraiment cette notion de créer pour moi, j'avais ce plaisir de créer comme j'avais le plaisir de partager et du coup évidemment ça conditionne mon rapport à la photographie, je pense qu'au début j'ai eu une grosse période très très Instagram Friendly, où c'était que des paysages avec des petites silhouettes, des grands espaces, des choses qui font un peu le côté wow, c'est grand, c'est beau, c'est coloré Et l'idée c'était ça, j'avais envie d'aller chercher des choses comme ça. Et de fil en aiguille, j'ai commencé à creuser de plus en plus la passion, à ouvrir mes inspirations, et c'est là où ça a commencé vraiment à prendre son indépendance artistique, je pense. C'est quand je me suis ouvert à la culture photographique, aux grands auteurs, à ce qui se fait. Je pense qu'avant, j'avais un regard là-dessus, je me disais, ouais, est-ce que vraiment, c'est pas un peu du vent, etc. Parce que moi, j'étais dans ma bulle d'Internet, je me disais, ouais, je sais pas. Et en fait, si, j'ai découvert qu'il y avait tellement de façons de voir différentes, tellement de photographes qui s'intéressent à des choses auxquelles j'aurais jamais soupçonné. Et je trouve que c'est ça aussi la force d'un photographe, c'est d'attirer le regard sur quelque chose qu'on ne soupçonne pas et de nous arrêter. qu'on réalise que même ce bouton de sonnette, cette lumière, ce mur, il y a des choses partout. C'est là où ça a été un déclic pour moi et où j'ai commencé à me plonger dans l'inspiration. Et après, ça a ouvert beaucoup de portes. Je crois que la grosse grosse révélation en termes d'inspiration pour moi ça a été Ernst Haas. Parce que tellement de complexité visuelle dans son travail, il y a tellement de choses différentes, de procédés différents. Ernst Haas, c'est vraiment des couleurs fortes déjà. Et ensuite, je pense qu'il y a vraiment le fait de jouer avec son appareil et toutes les composantes possibles. Il y a du flou de mouvements, il y a du flou de profondeur de champ, il y a des textures. Il a eu tout un travail sur les paysages avec des détails incroyables. Il a fait aussi des backstage de cinéma où les compositions sont magnifiques. Vraiment, il a abordé tout. tellement d'aspects je recommande vraiment aux gens de se plonger il y a deux livres qui sont sortis je crois que c'est chez Prestel celui sur New York en fait c'est une palette créative c'est ça en fait c'est une palette créative où il utilise un maximum d'outils et toi t'es là tu feuillettes les pages et à chaque page t'apprends quelque chose tu découvres un procédé nouveau visuellement et ça je trouve que c'est super fort Surtout à son époque, j'arrive toujours pas à comprendre comment il a pu débloquer son cerveau pour aller aussi loin. Les autres inspirations, je dirais que c'est plus récent, plus frais, ça change, ça vient et ça part. en fonction des humeurs, des attitudes que je peux avoir. En ce moment, je crois que mon dernier gros gros coup de cœur, c'est The Creek de Jim Mangan. En termes d'objet, d'édition déjà, le livre est incroyable, il m'a mis une grosse claque. Et la sélection des images, comment on est dans une espèce de frontière entre le documentaire et une espèce d'histoire de roman, on croirait avec ces images, on croirait que c'est issu d'un film. J'ai eu une période où j'étais beaucoup inspiré par ce côté cinématique de l'image. Et je trouve que ce projet-là, il a beaucoup de force. Et en ce moment, je suis très sensible à l'objet. Donc je dirais que j'accorde beaucoup d'importance à comment l'image... et est habillé, est entouré. Et je trouve que ce livre-là, il a vraiment une singularité assez forte et ce côté expérience dans l'objet, dans comment il prend forme, ça c'est quelque chose qui me touche énormément. Après c'est sûr, Jack Davison, c'est super inspirant. Je trouve que ça rejoint un peu le côté... Qu'a Ernst Haas dans la diversité créative qu'il propose ? Il y a quelque chose de rapport d'échelle, de couleurs, de formes, de graphiques. En fait, je crois que c'est ça qui me fascine le plus. C'est les photographes qui arrivent à utiliser un maximum de choses différentes pour les faire résonner dans un seul et même regard, vision. Et ça, je trouve que c'est une des plus belles choses. Et au final, c'est marrant parce que c'est pas forcément dans la narration ou dans l'histoire. C'est plus visuel que vraiment documentaire, contrairement à Jim Magan où il y a vraiment un côté documentaire. Et je pense que ça va être un peu le prochain step pour moi de réussir à raconter une histoire tout en utilisant un maximum de codes visuels. C'est quelque chose qui me ferait vibrer. Je me dis, est-ce que si Ernst Haas avait abordé un sujet documentaire en ayant une totale liberté, en utilisant toutes les... les composantes qu'il utilise pour sa photographie, qu'est-ce que ça aurait donné ? Pour ma démarche, il y a quelqu'un qui m'a souligné il n'y a pas très longtemps que j'avais une photographie additive, dans le sens où, en général, la photographie, on la conçoit plus comme soustractive, et on va restreindre de l'environnement pour ne garder qu'une partie. Et moi, j'ai vraiment tendance à partir d'un élément central. et de jouer après avec justement toutes ces composantes qu'on a parlé, que ce soit le mouvement, que ce soit les couleurs, que ce soit le cadrage, la composition, et venir voir comment cet élément je peux construire autour. Je n'ai pas cette perception de restreindre l'environnement à un cadre, mais plus d'avoir mon élément et de venir autour ajouter. Et c'est pour ça aussi que je pense en termes de composition, je suis très très sensible à ça. Il y a toujours cet élément fort et comment je le fais exister en fait, comment je le sublime. Et je crois que c'est marrant parce que c'est un truc que j'ai toujours eu dans ma photographie, de me dire, je me rappelle dans des vieilles vidéos YouTube où je donne des conseils quand je devais avoir peut-être 20 ans, quelque chose comme ça, je disais il faut toujours... voir ce qui a retenu ton attention et te dire pourquoi et comment je fais en sorte que l'essence de cette chose qui m'a attiré qui m'a touché, je peux la faire exister de la plus belle des façons du coup tu tournes autour, tu regardes les angles tu regardes ce qu'il y a derrière, ce qu'il y a devant pour essayer de mettre cet élément de le faire résonner à travers ton regard Mon rapport au médium, il est très, très libre, dans le sens où je n'ai pas l'impression d'être restreint ou très, très attaché à un outil en particulier, ou à un objectif en particulier. Et du coup, je me retrouve à créer avec ce que j'ai sous la main. Je ne vais pas faire la phrase un peu bateau de dire le meilleur appareil, c'est celui que tu as sur toi, mais presque. Ouais j'essaie de pas trop être sensible forcément à l'outil et des fois ça me fait tout drôle parce que je me retrouve face à d'autres photographes qui me disent Ah ouais mais non mais telle marque t'as tel rendu de couleur tel truc et tout moi je suis en mode hop Franchement même des gens qui voient mes photos ils me disent ah c'est cool t'as fait l'argentique et tout Non Ah c'est cool, t'as utilisé moyen format pour ça ? Bah non, en fait je sais pas, j'ai l'impression que la post-production c'est très important pour moi dans le sens où c'est l'interprétation ou la vision que je vais avoir de la réalité ou des couleurs et j'aime bien du coup souvent les dynamiser ou leur donner la perspective qui me touche et je considère que ça fait partie du travail. d'un auteur, d'ajouter sa petite patte en couleurs. Donc moi, je suis très sensible à ça. J'aime bien aller loin dans ces couleurs, dans les perceptions de ce que ça peut donner. On a aussi ce côté où, tu vois, quand tu joues avec les flous, quand tu joues avec la profondeur de champ et que tu commences à partir vers des images qui sont un petit peu plus abstraites, autant en profiter si tu t'éloignes de la réalité et pousser à fond cette énergie-là et... et donner une autre forme aux couleurs. J'essaie toujours d'avoir un rapport à la réalité. J'ai envie qu'on ait ce contact du premier regard, qu'on ait une espèce d'accessibilité visuelle où on n'a pas forcément besoin au premier regard d'avoir l'histoire de la photo, d'avoir le contexte, d'avoir la série complète, et qu'il y ait toujours ce côté un peu candide. Mon premier livre, il est venu un petit peu après coup, dans le sens où je ne suis pas parti pour faire un livre. Mais par contre, ce qui était vraiment très important et touchant pour moi, c'était que c'était mon retour à un environnement nouveau. J'étais déjà allé à New York, mais je n'avais pas eu toute cette période de Covid. Tu es dans l'introspection ou tu te recherches. Et là, j'avais l'impression qu'en fait, j'allais un peu essayer de voir qu'est-ce qui avait évolué après toute cette période et comment j'allais interagir. Parce que le Covid, ça a été aussi une grosse période d'inspiration. Donc, j'arrive dans cette ville, j'ai 12 000 images en tête. Je n'ai pas voyagé depuis 2-3 ans. C'est un mélange de plein d'émotions fortes et variées et où moi aussi je pense que j'ai quelque chose à me prouver et où je dois me... Mentalement, je me dis, bon, c'est un peu comme si je remettais les crampons et que je retournais sur le terrain. Et c'était intense. Je suis parti dix jours et tous les jours, huit heures, vingt heures sur le terrain à faire des photos, à essayer, à essayer de voir ce que je ne voyais pas avant ou ce que je voyais dans mon environnement. J'étais à Rouen à ce moment-là et essayer de prendre tous les outils créatifs que j'ai construits pendant ces deux années et de les mettre en pratique. dans cette destination-là, qui est vraiment incroyable. Je pense que New York, c'est comme Paris, c'est une source inépuisable d'inspiration et de création. Et donc, je suis rentré de ce voyage avec une série assez conséquente qui poussait vraiment dans des aspects... très varié, du reflet, des scènes un peu plus street, des détails, des choses plus contemplatives, un peu comme ce que je faisais avant sur Instagram. Il y a vraiment eu un mélange de toutes ces inspirations et j'ai eu l'impression de me retrouver. à ce moment-là, c'était un peu un accomplissement, dans le sens où j'avais peur de remettre mon regard face à autant de choses. Et je crois que quand j'ai réalisé que j'étais content et touché de ce que j'avais réussi à créer, avec toutes ces heures passées à bouquiner, à voir des livres, c'est sûr, ça me trottait dans un coin de la tête. Et je me suis dit, pourquoi pas essayer de faire un premier livre. et c'était cette période où je pensais que j'allais faire ça, ce genre de rapport à des environnements nouveaux, toute ma vie. Je me disais, en fait, je vais faire quête 1, je vais faire quête 2, je vais faire quête 3, je vais aller jusqu'au bout du truc. Et en fait, pas du tout. Je ne dis pas que je ne vais pas faire de quête 2. Je ferai un quête 2 quand j'aurai quelque chose de nouveau à apporter à ce regard sur l'environnement, je pense, qui m'entoure, que je ne connais pas. et j'aime bien, je pense que je vais suivre ce projet dans le sens où c'est quelque chose qui va accompagner toute ma carrière, et où ça sera un peu des checkpoints, où j'aurai quelque chose de nouveau à proposer, et où ça sera important pour moi de le mettre sur le papier, et ouais je pense que mettre sa vision sur un objet c'est quelque chose qui me touche énormément. Ça a peut-être été un peu précipité pour celui-là. Avec du recul, je me dis, j'aurais peut-être pu prendre plus de temps, ou y retourner, ou aborder la chose de façon différente. mais il ne faut pas penser comme ça parce que si on pense comme ça on se dit que mes premières photos elles n'étaient pas ouf, j'aurais pu les faire mieux on peut toujours faire mieux et un projet il prend fin à partir du moment où on décide qu'il existe et qu'on ne va pas creuser plus loin et c'est important de réussir à fixer une espèce de temporalité parce que sinon il y a des projets on les emportera dans nos tombes. C'est important de ne pas trop cogiter. Je pense qu'on est dans un environnement où la photographie, il faut se poser beaucoup de questions et on a tendance à trop vouloir prendre le temps pour que tout soit parfait. Et justement, je pense qu'avec du recul, ce livre aussi, je l'adore parce que je vois une partie de moi qui est peut-être plus innocente, qui a envie, qui se donne à fond. Je me donne toujours à fond aujourd'hui, mais je ne sais pas, je trouve qu'il y a plus d'insouciance. et peut-être un peu moins de contrôle. Alors qu'aujourd'hui, il y a deux ans, mais en deux ans, il s'est passé tellement de choses, mon regard a tellement évolué. Je me sens tellement plus complet dans ma pratique et dans mon regard. Et du coup, je trouve ça touchant de l'avoir fait. Et je trouve que c'est un premier livre très... Je ne sais pas comment dire. Il a quelque chose qui me touche énormément. Justement, quête, ça rejoint un peu ce dont je parlais tout à l'heure de savoir ce qui nous anime et ce qu'on a envie d'exprimer d'un moment, d'une aventure et de réussir à mettre des images sur les émotions, sur un projet précis. Là, en l'occurrence, c'est un voyage de 10 jours à New York. Mais je pense que ce projet, au-delà de l'aspect destination, voyage, etc., c'est plus une quête personnelle. et visuel de savoir qu'est-ce qui m'anime aujourd'hui, cette année, sur ce projet à cet instant T, comment je vois le monde et qu'est-ce qui m'attire et qu'est-ce qui m'émeut dans notre environnement et comment j'utilise les choses pour retranscrire ce qui me touche et ce que j'ai envie de transmettre en fait. Et c'est ça où je trouve le projet est beau. Et je me dis quand j'aurai, je ne sais pas moi, peut-être 60 ans, je ne sais pas combien de quêtes il y aura. Mais en fait, d'avoir un espèce de, un peu comme un, c'est un peu un journal intime en fait. Un journal intime mais visuel de cette année-là. C'est quoi mon regard ? Comment je vois le monde ? Et comment le monde est aussi ? Il est un peu dans l'exercice de style en fait, ce livre, je trouve. Et en général, les premiers livres, c'est un peu comme ça. Et c'est pour ça que je... je ne m'en veux pas trop de l'avoir fait parce que ça m'a apporté tellement de billes ça m'a tellement fait comprendre plein de choses et ça a été un vrai apprentissage de concrétiser son regard sur le papier Moi, je suis persuadé que ce rapport aux couleurs et cette passion pour toutes ces choses, ça reste garder un peu une âme d'enfant et une curiosité constante de toutes les choses. Essayer un peu de déconstruire notre environnement et regarder toutes les choses comme si on les voyait pour la première fois. On est trop dans la routine de notre vie. et on ne conscientise plus forcément tout ce qui nous entoure ou même qui on est, genre j'ai une main, je tourne ma main, et juste avoir conscience de tout ça. et appliquer ça à tout ce qu'il y a autour de nous, je pense que c'est vraiment important, et de ne pas voir toutes les choses et tout notre environnement comme acquis ou comme stable, et essayer de tout voir de façon différente. Oui, il y a des couleurs qui m'interpellent beaucoup plus que d'autres. Les associations de couleurs dans mon travail, c'est quelque chose qui revient énormément. En général, quand je vois une photo avec du rouge, du jaune, du bleu, du vert, et... un peu de noir et blanc pour faire ressortir encore plus ces couleurs là en général ça c'est des photos, vous me montrez une photo comme ça vous pouvez être quasi sûr que je vais être... voilà, vous avez mon secret pour me toucher Ce projet sur l'impressionnisme, il est arrivé un peu spontanément. C'est ma région qui m'a contacté, donc la Normandie, pour aller sur les traces des peintres impressionnistes et photographier les lieux qui les ont inspirés. À la base, c'était ça. Je devais sortir, je crois que c'était une série de dix images pour faire une petite exposition. Et en général, quand on me laisse un peu... carte blanche sur des sujets comme ça où il n'y a pas vraiment de cadre très rigoureux. J'ai envie d'embrasser le sujet et en fait, je commence à arriver sur... Sur le terrain, on avait tout un planning pour aller voir plein d'endroits. On avait des rencontres avec des connaisseurs, des guides, pour vraiment nous transmettre un peu ce qu'est l'impressionnisme. Je commençais à me dire qu'en fait, je ne vais pas juste photographier les endroits qui les ont inspirés, mais je vais essayer de retranscrire, moi, ma vision de l'impressionnisme et comment je peux essayer d'aborder une photographie impressionniste, en fait. Au bout de quelques jours, j'étais parti et c'était que du mouvement, que du flou. Il y a eu beaucoup de doutes quand même parce qu'on se retrouve à avoir une semaine de voyage où on est quand même censé sortir une série. où il y a quand même la Normandie derrière. Et je ne sais pas, je suis un peu tombé dans cette pratique. Et c'est très marrant parce qu'en fait, je pense que je l'abordais déjà un petit peu. Il y a quelques images du projet qui datent d'avant ça. Mais là, vraiment de se dire que tu as un temps pour travailler cette approche. Tout va tourner autour de ça, ça devient un peu obsessionnel et tu commences à ne photographier que comme ça. Et c'est ça qui est marrant, c'est que le début du projet commence début 2023. Je crois que c'était juin ou mai, quelque chose comme ça. Et entre deux, je fais mon été, je pars à Séoul, je suis allé à Florence aussi, je suis allé en Sicile, et je me retrouve à littéralement faire des photos avec cette approche, alors que je suis censé avoir pas terminé, mais j'ai rendu mes images, j'ai fait ma commande, et ça reste là, en fait, et c'est encore là. Du coup, je commence à me dire qu'en fait, il y a quelque chose qui prend trop de place et qu'il va falloir que j'aille au bout des choses, en fait. Au début, je n'ai pas trop réalisé sur le début du projet que ça m'avait affecté autant. Et en fait, après, quand tu vois que tu commences à en mettre partout, à voir du flou partout, et c'est vraiment une conception du monde où, encore une fois, on revient à ce truc d'essayer de voir différemment. Je pense que notre regard, nous, il est conditionné à voir, je ne sais plus si c'est 24, 25 images par seconde, et essayer de se dire, et si mes yeux voyaient à, je ne sais pas moi, une image par seconde ? Ou peut-être une image par une demi-seconde. Et en fait, c'est ça ce projet, c'est un peu chambouler notre perception du temps et comment... La lumière peut interagir avec les choses, comment le quotidien peut être inspirant. Il y a un rapport au quotidien énorme. Il y a beaucoup de photographies que j'ai faites qui sont aussi au marché de Rouen. Le marché de Rouen, c'est quelque chose que j'ai côtoyé pendant toute cette période Covid. Revenir sur ce chemin-là et le voir d'une façon différente, ça a été un choc pour moi de revenir dans des environnements qui m'ont accompagné tout au long de mon parcours. Mes études, je les ai faites au Havre. Donc autant dire que les falaises de Normandie, je les connais par cœur et c'est quelque chose qui m'a limite lassé. Franchement, j'ai dû y aller au moins 20 fois, faire des photos. Et là, j'avoue, quand je suis retourné, je me suis dit, mais qu'est-ce que je vais faire ? Et après, je me suis dit, bah non, en fait, j'ai un nouveau process qui me permet de voir différemment, de créer différemment. Et ça a chamboulé ma vision. L'impressionnisme, c'est un peu aussi un exercice de maîtrise du flou et du mouvement. Et c'est comme si, en réalisant ce projet, j'avais un peu coché une case dans ma trousse créative. J'ai souvent cette vision de la photographie où, comme si chaque inspiration, chaque façon de créer, c'était une nouvelle couleur pour peindre ou un nouveau crayon de couleur pour densifier. le global de ce qu'on peut photographier, ce qu'on peut créer. Et j'aime bien ce côté où peut-être que quête, c'est plus un exercice de regard global sur un environnement et d'utiliser tout ce que je peux pour le montrer d'une façon qui me ressemble. Et peut-être qu'impressionnisme, lui, c'est plus... Réussir à s'inspirer de l'environnement dans lequel on a vécu, dans lequel on a grandi, et un regard sur le monde avec une temporalité différente. et cette notion de flou et de mouvement et je crois que c'est quelque chose qui va m'accompagner tout au long de mon parcours parce qu'au début quand j'ai sorti Quête je me disais que j'allais faire que ça que j'allais faire tout le temps mon regard sur un environnement mon regard sur un environnement bon ça reste un peu ça pour tous les photographes c'est souvent un regard sur un environnement mais là ça a pris une tournure où je suis passé d'un stade où je me disais Ça va être tout le temps mon regard sur un espace. Ah, en fait, est-ce que chaque projet ne peut pas être... un nouvel essai visuel sur quelque chose. Et comme si je grandissais au fur et à mesure de tous ces essais, et qu'à la fin... ou pas à la fin, mais qu'en fait, au bout d'un moment, je vais pouvoir un peu concilier tout ce que j'ai appris pour les mettre au service d'un sujet. Et je pense que c'est ça. J'avais une vision très linéaire de l'apprentissage, de ma découverte photographique et de comment j'allais évoluer, et quelque chose de très constant. Et en fait, je me rends compte qu'il y a tellement de chemins à prendre et à essayer, et je pense qu'on a souvent tendance à vouloir se limiter et à devenir... un peu un maître ou à masteriser quelque chose. Sauf qu'en fait, je pense que ce qui a toujours surpris et ce qui a toujours ouvert des portes, c'est des gens qui ont réussi à mélanger des choses qui n'avaient jamais été mélangées et qui ont débloqué visuellement ou créativement une nouvelle chose. Et moi, j'ai envie d'explorer et d'aller dans toutes les choses possibles et imaginables pour peut-être un jour réussir à mélanger deux choses et à proposer quelque chose de... d'innovant et je vais pas faire de la photo pour faire la même photo toute ma vie et essayer d'être le meilleur dans cette photo j'ai envie de profiter et d'explorer un maximum le champ des possibles et je pense que je m'endormirai jamais dans une façon de pratiquer et il y a quelque chose qui m'a beaucoup touché c'était l'exposition de Viviane Sassen à la MEP où on voit toute la rétrospective de son travail et comment elle a abordé un nombre de choses incroyables et je trouve ça trop intéressant je trouve ça trop intéressant parce que je pense qu'au bout d'un moment sinon si tu n'explores pas tu dois t'ennuyer quoi Il y a la première image que j'ai faite de ce projet qui a une saveur toute particulière parce que c'est le premier regard en fait, c'est la première image. Il y a beaucoup d'innocence et beaucoup d'incertitude parce que j'arrive, je crois que j'étais à table, il y a eu un rayon de soleil qui est passé, il y avait une silhouette seule face à la mer, au Havre. On est là où Monet a peint Impression Soleil Levant. Moi j'arrive, j'ai l'impression d'être un petit rigolo, je ne sais pas trop ce que je fais, et j'y vais, je cours, et j'essaie d'avoir un peu ce mouvement, cette texture avec les galets, cette lumière bleue. Et au final, à ce moment-là, il n'y avait aucune conscience, aucune attente, j'étais vraiment dans juste un essai. et je ne mettais pas de pression, c'était vraiment le tout début de cette rencontre avec l'impressionnisme, et au final je crois que c'est une des images les plus fortes du projet, est-ce que c'était parce que c'était à ce moment-là où je n'avais pas encore conscience de tout ce qui allait arriver, est-ce que c'était sa spontanéité, est-ce que c'est sa lumière, je ne sais pas, je trouve qu'elle englobe beaucoup de choses, même si elle est très simple, elle est très douce, et ouais c'est... On clôture le livre avec celle-là. C'est marrant parce que c'est celle qui... C'est la première du projet et c'est celle qui clôture le livre. Mais je trouve qu'elle a un espèce de souffle, un espèce d'apaisement qui fonctionne et qui, moi, me touche en tout cas. Impressionnisme, c'est vraiment un projet atypique. Déjà en termes de sujet, j'ai beaucoup grandi et j'avais vraiment envie d'apporter du fond aux images. Et là, le fait que ce soit ma région... La couverture du livre, c'est mon chien, il y a mon amoureuse dedans, il y a vraiment des photos très intimes d'environnement que j'ai côtoyé tout au long de mon processus créatif et de ma carrière, même quand je ne faisais pas encore de photos. Donc c'est vraiment singulier pour moi. Et il y a ces 150 ans de l'impressionnisme qui est un mouvement, je ne pensais pas un jour me retrouver à être scotché devant des documentaires, même après avoir fait les images mais encore aujourd'hui je suis fan de la démarche parce que c'est eux qui ont ouvert la porte à tellement de choses, avant il fallait respecter des codes, il fallait rentrer dans les salons Et oui, ils ont fait Non, en fait, on s'en fout et on ouvre le champ des possibles. Et c'est grâce à eux qu'aujourd'hui, on en est là. Donc, il y a un peu quand même une pression sur le sujet. Et pour moi, c'était important de faire un livre parce qu'il y avait cette envie de concrétiser ce projet qui m'a obsédé. Et dans son processus, il a été assez recherché. Dans le sens où j'ai tellement... travailler mon rapport au livre que j'avais vraiment envie, qui propose une expérience. Cet objet, c'est pour ça qu'on a choisi des matériaux, la couverture est en velours, on a un sens de lecture atypique, qui est un peu comme un carnet de notes, mais horizontal, où on va le lire de haut en bas. Ça apporte quelque chose de différent, parce que t'es obligé de le prendre d'une autre façon, et de le bouquiner pas comme les autres bouquins. Déjà, ça fait deux éléments qui contribuent à tout ça. Le papier, On a trouvé un papier très très beau et on a demandé à notre imprimeur pour essayer d'aller au bout du process, d'ajouter une espèce de vernis pour que les images ressortent encore plus. On est parti sur un papier très bleu pour qu'on ressente ces couleurs fortes. Il y a vraiment eu plein plein plein de petits choix et il y a tout ce qui gravite autour de ce projet aussi. Dans ma culture du livre, j'aime que ce soit immersif et qu'en fait... les images transpirent à travers l'objet. Et que déjà, en l'ayant dans nos mains, on est un peu une idée, où on ressente déjà ce qui nous attend à l'intérieur. Et c'est pour ça que le livre, il n'y a pas que ça. On a fait appel à un compositeur qui s'appelle Astre, qui a conçu une bande originale inspirée par le livre. Il y a une version piano très simple, et il y a une version avec toutes les ambiances. Donc en gros, si on feuillette le livre à un rythme moyen, On a toutes les ambiances sonores qui font écho aux images et le must du must ça a été de faire un parfum qui accompagne le projet qui s'appelle Jardin en bord de mer qui a été conçu par les ateliers Flair à Paris. L'idée c'était d'avoir une note odorante de ce projet là, du coup c'est un parfum qui est au premier abord très floral. très doux, très léger, très naturel, et après les notes qui restent sont plus minérales pour faire écho aux falaises, aux roches, à la texture. de tout ça, donc ouais c'était un beau challenge et je trouve ça trop intéressant que la photographie soit au centre de tout ça qu'il y ait plein d'art qui gravite autour mais c'est un peu comme si on lui remettait on la remettait à une place que je trouve elle a pas assez aujourd'hui parce qu'on est inondé d'images on est inondé de photographies et je pense que la photographie ça doit être par rapport au grand public ça doit être un des arts qu'on... consomme le plus, mais qui est le moins connu, ou tu demandes à des gens de citer dix photographes, je ne pense pas qu'il y en ait énormément qui arrivent à t'en sortir dix. Et je trouve ça important de donner à la photographie ce côté précieux et de faire graviter d'autres choses autour qui viennent lui servir et lui donner de la force. Et au final, on arrive presque à un projet qui colle avec l'art total. Il manque juste le goût. Il faudrait qu'on fasse un bonbon impressionnisme ou quelque chose comme ça. Mais tu as le toucher avec le velours, tu as le visuel avec les images, tu as l'ouïe avec la musique et enfin, tu as l'odeur avec le parfum. Et de pouvoir pousser comme ça, ce côté expérience, je trouve ça vraiment trop intéressant. autant dans le livre que dans les images que dans comment on le communique et comment on le fait exister moi c'est quelque chose qui m'obsède j'avais un de mes profs de BTS qui disait toujours vous aurez beau faire les meilleures images du monde si vous savez pas les raconter ou les vendre ça changera pas grand chose Et je pense que c'est là où Instagram m'a un peu conditionné, c'est que je prends plaisir à partager tout ça, et je réfléchis à comment partager tout ça, que tout soit justifié, que tout ait du sens. Et du coup, autant je suis obsédé dans la création de l'objet, autant je suis obsédé dans les images, autant je suis obsédé dans comment on va le présenter aux gens, et comment il va exister ce livre. Et ça, au quotidien... Il y a des moments où c'est super plaisant et il y a des moments où c'est très très pesant. Parce que là, franchement, on n'est pas une équipe énorme pour avoir fait tout ça. On a fait un docu, un livre et une grosse exposition. Et nous, le cœur du projet, c'est moi et Auriane, mon bras droit, ma manager, qui m'accompagne. Et du coup, je me suis un peu mis une claque quand même sur tout ça, parce que là, c'est arrivé à un stade où je n'arrive plus à suivre ma vie, parce qu'il y a trop de choses à gérer, ça me prend beaucoup trop de temps. Et en même temps, je suis à fond dedans, j'ai la tête dans le guidon et je ne me vois pas arrêter là. C'est aussi se donner les moyens d'aller ailleurs. Je pense que dans ce projet-là, c'est aussi sortir d'Internet. Parce que mon premier livre, il a existé que par le prisme de mon audience. Et je pense que malgré tout ça, ce parcours... il m'a laissé un peu des traces où j'ai envie de trouver une espèce de légitimité vis-à-vis du milieu de la photographie parce que j'ai grandi sur Internet et du coup, je pense que c'est pour ça aussi que ça m'obsède, c'est que j'ai envie de montrer qu'on n'est pas obligé d'être dans les codes parce que mon parcours, il est super atypique. et je pense qu'il y a ça aussi il y a un peu ce côté partir de pas grand chose et montrer qu'on peut ouvrir des portes et j'ai l'impression que le milieu de la photographie il est quand même assez codifié ou il y a vraiment des steps qui sont assez précis et je sais pas je pense qu'il y a ça aussi qui m'obsède de me dire que on peut faire différemment C'est important pour moi d'être entouré parce que déjà il y a beaucoup d'incertitudes, déjà juste dans le travail photographique de pouvoir avoir des regards à tous mes amis qui sont passionnés comme moi, qui sont aussi photographes, c'est important d'avoir leurs avis pour moi. Il y a mes éditeurs aussi qui ont des regards affûtés, qui m'ont beaucoup aidé. Il y a évidemment Elio de la Vallée qui a fait le documentaire. Je suis ultra reconnaissant d'avoir des gens de confiance qui ont cette sensibilité. Je pense aussi à Charlie, qui nous a aidés à réaliser tous ces petits contenus verticaux pour plonger dans l'univers du livre. C'est trop important. de réussir à raconter ça, je pense qu'il y a vraiment autant dans le côté collectif c'est quand même un milieu assez individuel la photographie moi j'en ai beaucoup souffert parce que je pense que si je suis parti vers ce côté vulgarisateur de la photographie raconter en vidéo ce que je traverse, ce que j'aime, ce qui m'inspire ça part du constat que quand j'ai commencé il y avait beaucoup de photos qui me touchaient mais je ne savais absolument pas comment, pourquoi et en fait je trouve ça fou c'est pas qu'on raconte pas nos images mais en fait d'expliquer aux gens et de transmettre la passion et c'est là où je trouve que la photographie elle est un peu Elle peut parfois faire un peu peur dans ce côté solitude, c'est qu'on voit beaucoup d'images, mais on ne sait pas ce qui se passe derrière. Et je pense que ce côté collectif, partager les uns les autres, créer des choses qui fédèrent la photographie, pas forcément des images, mais des moments, des talks, des expositions. Moi, je me suis mis sur Twitch aussi, c'est trop bien, on regarde des portfolios. On regarde des livres qui nous ont touchés, les gens partagent leurs inspirations. Et je pense que c'est important parce qu'on est tous un peu dans nos bulles. Et moi, ce qui m'a beaucoup aidé, c'est d'ouvrir mes inspirations. Et si je peux les partager aux gens... C'est ça en fait, moi j'essaie d'apporter ce que j'ai pas eu quand j'ai commencé. Et ça c'est trop important pour moi d'être dans le partage et de pouvoir transmettre, surtout avec tous les outils qu'on a aujourd'hui. La photographie on n'a jamais pu autant l'échanger, la diffuser, donc il faut en profiter. Et j'aurais rêvé de voir une vidéo YouTube de Ernst Haas. qui fait un vlog dans New York et qui nous explique ce qu'il va shooter, ce qu'il a kiffé et tout. Je trouve ça incroyable. Je pense que c'est ça aussi la photographie de demain. Elle est dans le partage en fait. Et tout comme ce podcast qu'on adore tous, je pense que ceux qui écoutent, c'est ça qu'on veut. C'est fédérer et partager.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce podcast. Vous pouvez retrouver tous les épisodes de Vision sur les plateformes de podcast, de Spotify en passant par Deezer, Apple Podcast, et nos actualités sur notre site vision.photo, sur notre Instagram, at podcastvision. Si vous avez quelques secondes pour noter et laisser votre avis, ça nous aide aussi beaucoup. A très vite pour parler de photographie.

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