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VISION #60 — REMI BESSE cover
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VISION #60 — REMI BESSE

VISION #60 — REMI BESSE

42min |15/04/2024
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VISION #60 — REMI BESSE

VISION #60 — REMI BESSE

42min |15/04/2024
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Description

J’ai rendez-vous dans un studio photo du 18ème arrondissement, situé sur les hauteurs de Montmartre. Grand, cheveux bruns presque rasés, Remi Besse m’accueille avec un grand sourire. D’une voix calme, il me propose d’enregistrer le podcast dans l’une des pièces situées au fond du studio. Son regard reste paradoxalement alerte et les yeux sont rivés en permanence sur son téléphone portable. Il semble toujours attendre un appel, un message, un projet… Remi me donne l’impression d’un passionné et d’un vrai boulimique de travail.


Réalisateur et photographe basé à Paris, l’artiste signe depuis plusieurs années des images pour l’industrie de la mode et plusieurs figures majeures du champ musical. C’est d’ailleurs en regardant un clip pour IDK et Kaytranada — dans lequel des livreurs en vélo survolent les routes et les toits de Paris — que je redécouvre récemment son travail. Sa photographie est souvent mélangée à la peinture, qu’il découvre d’ailleurs très tôt lors de sa formation aux Arts Décoratifs de Paris.


Dans ce podcast, nous parcourons le fil conducteur de son travail, ses premières influences (d’une fameuse pochette des Strokes aux clips de Jonathan Glazer) et nous parlons de l’importance du collectif. Remi nous décrit certaines photographies et rencontres importantes et évoque également sans tabou la « concurrence » dans son milieu.


🤝 Partenaire


MPB, la plus grande plateforme en ligne au monde pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d’occasion.


🎙 Crédits


Un podcast réalisé et produit par Aliocha Boi/ Noyau.studio, monté et mixé par Virgile Loiseau et mis en musique par Charlie Janiaut.


✨ Liens  


Instagram - Vision(s)  

Site - Vision(s)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #0

    Une production Noyaux Studios Vous écoutez Vidyon, un podcast sur la photographie contemporaine. Pour cette cinquième saison de Vision, j'ai le plaisir de vous annoncer que nous sommes toujours en partenariat avec MPB, qui est la plus grande plateforme en ligne au monde pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d'occasion. Il y a un lien vers le site de MPB dans la description de ce podcast et sur notre propre site vision.photo. Je vous souhaite une très bonne écoute. C'est une photo qui représente un petit garçon seul au milieu d'un hall, un hall d'entrée d'immeuble. Autour de lui, la végétation est en train de reprendre le dessus. Et c'était un peu une sorte de réflexion sur le temps qui passe et les priorités de nos sociétés modernes où en fait on construit... énormément de choses, on se met énormément d'impératifs dans nos sociétés et en même temps à la fin, la nature reprend un peu le dessus quoi qu'il arrive et le réchauffement climatique, c'est la phase ultime de ça. On a beau construire tous les gratte-ciels du monde et tous les stades et en fait, si nos villes deviennent invivables, on ne sera plus là. C'est une image qui a été faite dans le cadre d'une série photo. Ça a permis de récolter des fonds pour une ONG. Elle a été vendue. Je l'ai exposée dans le cadre d'un événement. À ce moment-là, il y a eu différentes personnes qui sont venues, qui ont acheté des tirages. des achats en ligne. Et ça faisait partie de toute une série sur justement comment représenter cette idée de monde un peu en train de brûler, mais avec une certaine distance et par la métaphore, sans avoir des pancartes qui disent la planète est en danger. C'était assez agréable à faire parce que j'avais décidé qu'on ferait tout pour de vrai. J'avais pas envie de travailler avec des ajouts artificiels en 3D, etc. Donc, dans le cadre de cette photo, par exemple, on a vraiment... On cherchait un hall, on a mis du temps à le trouver parce qu'il fallait que ça fasse vrai. En même temps, moi, je n'avais pas envie de déranger des gens qui vivaient dans un immeuble. Et finalement, on a été dans un vrai hall d'entrée avec cette petite boîte aux lettres et on a mis de la végétation partout. Il y avait même des petits escargots, je me souviens, qui se baladaient. Et voilà, cette image, elle est un peu restée parmi toute cette série. Je suis Rémi Besse, je suis réalisateur et photographe. Je fabrique des images pour le plus de support possible. Ça va de pochettes de disques à la campagne de mode. Je vis et je travaille et je suis né à Paris. Et c'est une source d'inspiration, forcément, parce que c'est ce que j'observe depuis que je suis là. Depuis très jeune, je suis attiré par toute forme d'image, que ce soit une publicité sous un abribus. Peuchette d'album dans la bibliothèque, bande dessinée, une peinture. Et donc je pense que je suis venu à l'image par juste mon attrait pour la peinture, pour l'image dessinée. Ce qui m'a conduit du coup, après le lycée, à me dire que j'avais envie de faire ça. Et donc j'étais dans une école d'art, les arts déco, et petit à petit, j'ai beaucoup fait d'images, beaucoup pris des pinceaux ou des feutres à ce moment-là. Et à la fois, j'étais attiré aussi par la mise en scène. Je voyais passer des clips incroyables depuis mon adolescence, ma préadolescence. C'était un champ qui m'intéressait vraiment. Et donc, je suis venu petit à petit avoir envie de photographier, filmer ce que je voyais, en plus de les peindre ou de les dessiner. Après ça, du coup, j'ai fait des choses de mon côté. J'ai filmé des amis dans des situations variées. J'ai commencé à monter, à éditer, à expérimenter. Et ça m'a conduit à... Il y a des images qui restent et en fait, tu n'as aucune explication rationnelle. Pourquoi une image te touche plus qu'une autre ? Et je pense d'ailleurs que c'est assez sain de ne pas vouloir toujours tout expliciter. Mais en gros, moi, quand j'étais pré-adolescent, adolescent, il y avait vraiment une émulation du clip vidéo en France. Je pense à des... Fleur et Manu, Megaforce, Romain Gabras, toutes les deux semaines, il y avait un petit bijou qui sortait. Et du coup, moi, à cette époque, je suis jeune, et je vois ça et je me dis qu'il y a des Français qui fabriquent des images folles. Ça m'a mis un peu dans cette... dynamique de me dire que c'était possible, que ce n'était pas que des gens très loin ou dans d'autres continents qui avaient les manettes, mais aussi des petits trentenaires qui habitaient pas loin. Donc ça, ça a été important. J'ai un souvenir aussi d'une image, et je pense que par rapport à ce que je fais, ça a quand même un peu de sens, c'est dans le métro ou dans la rue, quand j'étais enfant. Il y avait les photographies de Jean-Paul Goud pour les Galeries Lafayette. C'était un peu bizarre. Il y avait ce truc d'étrangeté qui était un peu singulier et qui me restait en tête. Et à la fois, c'était un objet publicitaire. Je pense aussi à des pochettes de disques qui m'ont un peu saisi. Là, je ne sais pas pourquoi, mais il y a une pochette des Strokes qui est incroyable. Avec du cuir, une partie du corps, ça c'est une image qui m'est restée. Je ne l'ai pas vue depuis des années. Elle est complètement clinique, c'est froid, c'est bizarre. Et en même temps, je pense que la bonne pochette de disque, elle doit avoir ce côté un peu fou, intemporel, inexplicable. Quand moi je travaille avec un artiste et que ses références sont très terre à terre, Sur, bah oui, j'ai envie que ce soit un profil de trois quarts, il faut que je sois dans l'incarnation, tout ça. C'est vrai que c'est un terrain de dialogue qui est moins stimulant. Mais du coup, cette image de ce gant de cuir sur ce corps tout blanc, il y a quelque chose d'assez fascinant. Ouais, je me souviens de cette image. J'étais vraiment pas bien vieux quand je l'ai découverte. Mais du coup, c'est pour ça que probablement ça m'est resté. Après, il y a ce que Mondino avait fait pour Prince, où il est nu. Au milieu des fleurs, pareil je ne suis pas sûr de bien la décrire, il faudrait que je me la rematte, mais il y a quelque chose de très beau là-dedans, pour moi c'est une bonne pochette. Et je pense que d'ailleurs, c'est exactement ça que n'importe quel réel doit aller chercher. C'est comment faire un objet qui reste pertinent et cool à regarder des années plus tard. Et en fait, là... 99% de ce qui sort n'est plus juste trois ans après et c'est dramatique. Mais après, c'est plus facile à dire qu'à faire. Mais du coup, un bon clip, c'est celui qui est cool et qui est pertinent des années, voire des décennies après. C'est le cas de Spike Jonze, ce qu'il a fait dans les années 90-2000. C'est le cas des clips de Jonathan Glazer. qui vient de sortir un film époustouflant mais qui avant de faire des longs métrages faisait beaucoup de clips et il a fait des clips à 25 ans qui sont encore des petits bijoux d'invention et une bonne idée elle reste même avec une exécution un peu parfois perfectible le clip de Mehdi il y a des choix de mise en scène qui sont pas parfaits selon les propres dires du réal mais on s'en fout parce qu'en fait ce qui s'en dégage le... Enfin voilà, c'est ce qu'il y a de plus important. Et après voilà aussi, c'est pas simple de trouver un artiste qui accepte d'aller sur ce terrain, de te laisser les clés qui te permettent de faire quelque chose qui reste et qui perdure au fil des années. Une grande partie de mon temps est consacrée à trouver des interlocuteurs, que ce soit des marques ou des labels ou des artistes qui me disent Ok, on te laisse les clés et tu vas avoir le droit de vraiment avoir un champ d'expression. Et souvent, tout le monde a peur de tout le monde. Et du coup, ça se mord un peu la queue et voilà. Souvent, je pars de... d'une tentative de créer des morceaux pour les archéologues du futur. Et ça m'intéresse en fait l'observation de ce qu'il y a autour de moi. qu'est-ce que je peux en faire ? Quelle est l'iconographie de ce qui m'entoure ? En gros, notamment au début, quand j'ai commencé, j'avais des réflexes de me dire ça peut être cool de shooter ça, de filmer ça, de photographier ça. Et souvent, c'était un peu éloigné de ce que je connaissais vraiment ou de ce que je voyais. Et du coup, là, finalement, j'ai fait le chemin inverse de partir de thèmes simples qui font le... Le monde dans lequel on est. Par exemple, tu me parlais des livreurs. Je trouve que c'est intéressant parce que, bon, déjà, ils n'étaient pas là il y a dix ans. Et maintenant, il y en a dans toutes les villes du monde, des livreurs à vélo. Et c'est vrai que ça a été un peu une obsession parce que je trouvais que personne s'emparait du sujet pour en faire autre chose que soit une photo documentaire qui n'est pas du tout mon champ. et qui est totalement respectable, et il en faut. Et je voyais des images pour illustrer des articles, mais du coup, c'est un travail journalistique. Mais en fait, s'emparer de ce sujet pour en faire justement, installer un peu un narratif sur ce que c'est le monde en 2020 ou en 2025, c'est ça qui m'intéresse, et souvent, je pars de ça. pour fabriquer de l'image. Et le petit enfant, dans son hall, il y a ce truc où c'est devenu un sujet sur toutes les bouches, la crise écologique, etc. Et en même temps, il y a ce contraste dans la vie de tous les jours, c'est quoi en fait ce sujet-là ? Et jouer sur ça, je crois que ça m'intéresse, je crois que ça me rassure aussi parce qu'au moins, je sais de quoi je parle. Et à la fois, je n'ai pas envie non plus de retranscrire juste ce que je vois. Il y a toujours un peu une distance et l'envie de fabriquer une image différente. Et ça aussi, c'est un des fils conducteurs. C'est comment créer une image qui n'existe pas encore. Je pense que ça résume ce que j'essaye de faire, que ce soit sur un médium photographique ou vidéo, c'est fabriquer des images qui ne sont pas encore dans l'imaginaire collectif. Et en fait, ça me désole justement quand je vois passer des trucs qui sont du pompage d'un autre truc qui lui-même a été repompé. Et après, c'est normal, c'est une sorte de digestion de tout ce qu'on voit, mais du coup, essayer de faire ce... Ce cheminement inverse de ce qui n'a pas été fabriqué m'intéresse. Quoi qu'il arrive, que ce soit commissionné ou plus personnel, il y a un truc d'accumulation, même de boulimie d'images. Pour être sûr de composer un truc un peu hétéroclite, qui n'est pas juste un recrachat de quelque chose qui existe déjà. Il y a une grosse phase de préparatoire, d'archives, d'aller chercher à droite à gauche comment faire cette image, que ce soit un clip ou... ou une photo. Comme j'ai ce rapport au dessin, souvent je me rassure en faisant beaucoup de croquis préparatoires et les images dont on se parle, souvent je les ai dessinées avant. Comme ça, je peux la montrer à l'équipe qui travaille avec moi, que ce soit quand je suis assisté en lumière, quand je travaille avec des set designers, accessoiristes. Et moi, ça me permet de me référer à quelque chose. Et ça, je continue à le faire. quasi tout le temps, ça me permet d'avoir ça en plus. Et à la fois, c'est toujours différent à la fin quand je finis par shooter, mais c'est plein de petits trucs qui font l'historique de l'image. Ça ne m'arrive jamais, je crois, de me retrouver à sortir un boîtier, choper un truc et puis l'image reste telle qu'elle comme ça. En fait, comme tu l'as dit avant, souvent j'arrive sur un plateau et il y a 30 personnes ou 40 personnes qui sont là pour fabriquer le film ou la photo. Donc en fait, tu es un peu obligé d'avoir bossé avant, sinon tu es un peu une fraude. Et d'autant plus quand le travail est commissionné, où en fait là, carrément, tu dois dire à une marque ou un label, voilà comment je vois les choses. Donc ce travail préparatoire, en fait, ce n'est pas juste pour me rassurer moi, c'est aussi parce que ça permet d'emmener tout le monde. Finalement, pour résumer, je n'ai pas une pratique solitaire de l'image. Moi, je me sens légitime en travaillant comme ça. Et j'ai toujours du mal à dire que je suis photographe. Parce que la réalité, c'est que c'est un peu plus compliqué que ça. Il y a plusieurs couches. Mais comme j'ai ce truc avec ce rapport à la texture. Un truc quasi plastique par rapport à la matière d'une image. La phase après avoir appuyé sur l'objectif est tout aussi importante pour moi. Et parfois d'ailleurs, je n'aime pas une image et j'en fais quelque chose que j'apprécie et que je suis content de revendiquer. Et au contraire, parfois j'adore ce que j'ai shooté et en fait, le résultat à la fin, je n'arrive pas à trouver mon curseur dessus. Non mais après, c'est quand j'ai ce truc où j'ai besoin de passer du temps à jouer sur les teintes, la texture, à abîmer, à transformer. Et parce que ça me permet d'aller chercher un peu le trick visuel qui fait que du coup, à la fin, pour moi, il y a une singularité. Il y a cette image qu'on peut prendre en exemple qui est typiquement représentative de ce que je te disais sur ce truc d'archéologie du futur. J'étais en studio et je voulais capturer plein de silhouettes qu'on voit passer dans la ville. Et il y avait ce truc que je trouvais toujours touchant, des binômes en trottinette qui raillent de la ville. Parfois c'est des petits couples, parfois c'est juste deux amis. Et puis en gros cette image c'est une accumulation de silhouettes, des gens de dos, des gens de face, des gens sur une trottinette. Et j'ai travaillé ça comme si c'était shooté sur du... presque sur du papier calque en fait. Et je testais, je voyais ce qui fonctionnait. Et puis, au fur et à mesure des couches successives, ça commence à boire un peu, la texture évolue. Je commence à venir peindre par-dessus une couche de vert que je viens appliquer par-dessus mon image. Donc, il y a un truc de l'ordre de la peinture et c'est pour ça que c'était un des premiers. Le truc dont je t'ai parlé, c'est que ce qui me rassure dans mon rapport à l'image et à la fabrication de l'image, c'est ce truc assez plastique et peinturé. Comme je fonctionne avec des associations d'idées, j'étais assez obsessionnel sur les livreurs parce que je trouvais que c'était très révélateur de comment fonctionnent nos sociétés et les couches hiérarchiques que ça implique. Et en fait, ce clip pour Quai de Granada, c'est arrivé d'une envie de... de créer un narratif un peu fantasmé sur ces livreurs. Et du coup, dans ce film, ils se mettent à s'envoler au-dessus de la ville. Et du coup, on sort du réel et ça m'intéressait d'être dans ce contraste là, de filmer quelque chose de très dur et d'en faire presque une sorte de petit conte, petite poésie contemporaine. C'est un clip que j'avais envie de faire depuis vraiment longtemps. Et d'ailleurs, c'est un peu une escroquerie quand les réals disent ouais, l'idée m'est apparue tout de suite Souvent, un clip, en fait, tu le développes pendant des semaines, des mois. Ça peut rester des années dans ta tête avant que ça aboutisse, parce qu'il y a plein de conditions à réunir pour que ça marche. Et du coup je suis assez pour que les réalisateurs se mettent à assumer qu'ils développent des idées pour un artiste et puis que finalement ça aboutisse pour un autre. Et en fait c'est pas grave si le clip est bien. Et là dans ce contexte, ouais en fait c'est... On a mis du temps à trouver un morceau qui fonctionnerait, un label qui est chaud, des artistes qui suivent, tout ça, ça a été un process long. Mais moi, c'était quelque chose que j'ai développé pendant longtemps, avec beaucoup d'accumulation d'images, d'écriture de séquences, tout ça. Et ça s'est fait comme ça. En fait, généralement, tu fais une note d'intention de 5 pages ou de 50 pages. En fait, ça dépend de comment tu travailles. Moi, j'ai tendance à penser que plus c'est concis, mieux c'est, parce que du coup, ton idée, elle est compréhensible vite. Donc, tu bosses un traitement et là, ça partait de zéro. C'est-à-dire que l'idée venait de moi et de la boîte de production avec qui je travaille, qui m'accompagnait dessus. Iconoclast et on l'a présenté mais c'est une note d'intention qui décrit le film Ils reçoivent ça et ils accrochent ou non. Mais parfois, c'est le schéma inverse. Parfois, tu as un label pour une pochette d'album ou pour un clip qui te dit Nous, on pense à ça, donne-moi ton interprétation. Et souvent, d'ailleurs, ils interrogent plusieurs photographes ou plusieurs réels pour voir quelle vision se rapproche la plus de la leur. Du coup, tu te fais souvent baser sur ce qu'on appelle des compètes pour avoir un clip. Au bout d'un moment, tu te mets à parler quand tu sens que tout le monde accroche, tu fais des calls. Premier clip que j'ai fait, j'étais vingtenaire, c'était pour IBI, un duo de chanteuses franco-cubaines. Tu amorces des discussions, tu essayes de coller au maximum aussi à leur sensibilité. Il faut que tout le monde s'y retrouve, il faut aussi avoir en tête que tu ne travailles pas pour toi. et donc que tu dois aussi être pertinent dans ta proposition. Au début, quand j'ai démarré, je pense que j'étais un peu tête cramée à vouloir imposer des idées en disant mais c'est sûr qu'il faut faire cette pochette ou cette série de photos de cette manière, mais si tu t'écoutes que toi-même, tu es tout seul. Je pense que c'est bien d'intégrer que tu as tout intérêt à prendre en compte les remarques ou les idées d'un artiste. Après, parfois, elles peuvent être mauvaises. Et dans ce cas-là, il suffit d'échanger, d'être sûr de soi. Il y a un moment où tu te rends vite compte, quand tu es en train de faire des images, que tu es assez seul dans ton couloir en tant que réal, que photographe. Moi, ça me faisait un peu flipper d'avancer comme ça, de manière solitaire. sachant qu'il y avait plein de gens autour de moi que j'estimais, qui étaient talentueux, qui sont talentueux, qui font des trucs géniaux. Et du coup, la motivation d'ouvrir ce studio, là où on se trouve pour enregistrer, c'est né de ça, c'est né d'avoir un peu un lieu où moi je peux travailler, où d'autres peuvent travailler, fabriquer de l'image, que ce soit un lieu d'échange. Et ça, et donc ce lieu, ce studio photo est à... Paru après avoir développé différents projets, justement un peu à plein. J'avais commencé il y a quelques années à d'abord faire des expos collectives où j'invitais quelques potes proches qui fassent de la peinture, de la photographie. à montrer ce qu'il faisait. Après ça, ça s'est transformé en une sorte de revue slash fanzine qui a duré quelques numéros, qui était sous la forme d'un feuillet saisonnier qui était distribué gratos dans plein d'endroits culturels. Et finalement... L'étape d'après, ça a été ce lieu, ce studio où en gros, ça devient un lieu de passage où une photographe, un photographe viennent prendre un café, on discute, ils viennent shooter, des magazines viennent shooter, des interlocuteurs variés. Et moi, c'est un truc qui me... à la fois qui me rassure parce que du coup j'ai plus l'impression d'être tout seul dans ce que je fais à la fois il y a un truc assez bête je suis pas bien vieux et j'ai pas encore une expérience folle mais en gros tu te rends compte quand même qu'il y a une sorte de concurrence qui s'auto-alimente et qui existe pas vraiment quand tu te mets à parler avec les gens qui font pareil que toi, de ta génération et du coup que tu peux au contraire créer des super liens faire des... Des super dîners plutôt que de faire semblant que c'est Biggie et Tupac. Et dans ce cadre-là, récemment, il y a eu quoi ? Il y a eu le club DDA qui m'avait sollicité en me disant Tu ne veux pas inviter une trentaine d'artistes autour de toi à exposer sur les murs de la Philharmonie ? Ce que j'ai fait du coup, et c'est cool parce qu'à la fois j'appelle des proches et à la fois j'appelle des gens que je connais moins personnellement mais que j'aime bien. Et du coup, on se rencontre, tout ça. Et après, ils viennent à mon studio, ils viennent shooter. C'est assez vertueux. Il y a eu aussi, du coup, il y a les rencontres d'Arles. Tant d'années que tu connais bien. Et là, l'an dernier, on a investi une mini-galerie qu'on a retapissée de photos. Je ne sais pas, il devait y avoir 700 tirages qu'on avait imprimés sous la forme de cartes postales. Et du coup, les gens venaient, pouvaient récupérer une carte postale gratuitement et l'envoyer. On avait installé une petite boîte aux lettres au milieu. Il y a ce truc de créer des initiatives un peu collectives. C'est un peu une hantise d'être le réel metteur en scène, photographe, artiste, que sais-je, qui est seul sur sa tour. Et c'est quand même plus marrant quand il y a du monde autour. Je trouve ça sain en fait que la concurrence dans le sens où quand je vois quelqu'un de fort devant moi, ça me donne envie moi de faire des choses bien. Et enfin voilà, je pense que ça c'est cool. Mais en fait, il y a une différence entre ça et un truc un peu conflictuel de je bombe le torse et je parle à personne qui me semble... pas très moderne, surtout à l'heure où, en fait, avec ton téléphone, tu te crées ton propre monde avec tes comptes Instagram et consorts. Donc, tu es assez en contrôle de ce que tu montres, de ce que tu défends, tout ça. Il n'y a pas 18 personnes autour de toi qui te valident ou qui font l'interface. En tout cas, je parle d'une jeune génération. Et du coup, d'autant plus, ce truc de collectif, je trouve, est d'autant plus légitime parce que chacun avance un peu de manière indépendante. Voilà, t'es quand même plus fort quand t'es entouré de... Enfin voilà, moi en tout cas, au-delà d'être plus fort ou quoi, il y avait un truc où juste j'avais pas envie de faire mes trucs seul dans mon coin. D'ailleurs, c'est pour ça que je n'ai jamais voulu être peintre, parce qu'en fait, t'es seul face à ta toile dans un atelier, alors que sur un plateau de tournage, il y a plein de gens talentueux, qui font des trucs avec toi. Et dans ce truc de studio, de lieu, on a la chance quand même que Paris soit riche de plein de gens qui font plein de choses. Et du coup, c'est une porte d'entrée à des rencontres, à des discussions, à des projets. Moi aussi, il y a un truc, je me suis pas mal fait banane par différents studios à Paris où on me file, je sais pas, 4000 ou 5000 euros pour faire une pochette et en fait, je mets trois quarts dans la location d'un studio avec deux projecteurs et au moment où j'ouvre ce studio, je me dis, on va faire différemment. On va pouvoir accueillir des projets quand il n'y a pas de blé et pas les matraquer, comme ça a pu m'arriver. J'ai été dans des studios où carrément à la fin, ils nous faisaient payer le nombre de dosettes de café qu'on utilisait. Et c'est des pratiques qu'il y a encore. Du coup, ici, c'est différent. Je crois que ce dont tu parles, c'est quelque chose d'assez important. Si il y a une grande différenciation entre ton travail commissionné et ce que tu fais plus pour toi, pour ton plaisir, c'est qu'il y a un problème. De un, évidemment que ça doit se nourrir, mais surtout, l'idée, c'est quand même qu'il y ait une cohérence. En tout cas, moi, c'est ce que j'essaye de faire. Et donc, évidemment, ça arrive à tout le monde. Tu te fais parfois un peu malmené. Mais l'idée, c'est de construire un truc cohérent avec des thèmes, des manières de faire, stylistiques, etc., qui aient une unité dans ce que je propose. En tout cas, je procède de la même manière quand une marque de mode qui me commande une série d'images ou que c'est un truc purement par envie personnelle ou que c'est un magazine. En fait, de un, ça se nourrit dans ton rapport avec les gens qui... qui travaillent avec toi et qui t'aident à la fabrication parce que d'un coup c'est un truc plus perso, d'un coup c'est un job avec plus de moyens mais je pense que ce truc d'unité est assez important en fait en tant que réel tu travailles avec un agent à l'intérieur d'une boîte de production qui eux te représentent auprès de eux clients qui vont à la fois défendre ta vision, à la fois t'aider en fait à fabriquer ce que t'as en tête donc c'est bien parce que du coup t'es pas seulement dans un truc d'agent, de représentation, de deal, de prendre des sous t'es aussi dans si on fait ce projet, comment on le met en oeuvre. Ça fait quelques années maintenant avec Iconoclast et c'est un peu le Le Real Madrid de la prod, t'es entouré de gens extrêmement talentueux, donc c'est stimulant, et ça te pousse à te creuser un peu la tête pour te sentir légitime à ta place là-dedans. Et là, on travaille sur un format plus court-métrage, donc c'est un autre territoire, et donc c'est intéressant aussi. Je vais tourner dans quelques semaines. J'aime la balance entre avoir le temps et être dans une sollicitation un peu immédiate. Et je trouve que si tu t'habitues qu'à un des deux, ça peut être problématique. Par exemple, il y a quelque temps... Je trouvais que j'enchaînais que les trucs, les sollicitations extérieures, sans développer des choses plus sur le long cours, justement. Et du coup, j'ai ralenti un peu en refusant des trucs pour pouvoir me concentrer justement sur des choses qui me tenaient à cœur, pour lesquelles j'avais besoin. de temps pour les processer. Et donc, je pense que ça se nourrit. En fait, c'est... Enfin, je ne sais pas, c'est comme... C'est con, mais... Tu t'entraînes à... à faire des natations, et puis le jour du coup de... quand tu dois aller choper la médaille, t'es efficace. Voilà, c'est pareil. Je pense que tu... t'es rouillé si tu t'attends juste qu'on t'appelle et que tu sautes sur la proposition et puis après tu stoppes tout donc je pense qu'il faut se nourrir des deux et après moi mon rapport au temps pendant au début j'étais un peu dans une frustration je me disais putain j'ai jamais le temps de faire ça, de faire ça, de faire ça j'étais un peu toujours dans un truc euh... Ouais, une sorte de tunnel. Enfin voilà, à mon échelle, tu vois. Et en fait, c'est vrai que je pense qu'avec tout ce qu'il y a eu, les histoires de Covid, tu prends un peu plus de recul, tu prends le temps. Et après, il y a des moments que j'aime bien, d'aller au cinéma très régulièrement et de regarder un film. et de couper pendant deux heures. Je ne fais pas une douche froide à 5h du mat pour ensuite être efficace dans mon... En fait, je suis obsessionnel. Si un sujet m'intéresse, un projet me passionne ou quoi, je vais faire des nuits blanches dessus sans me questionner et être un peu obsessionnel. Et à la fois, je pense que j'arrive à stopper... et à kiffer, à aller boire des verres c'est une balance je trouve que c'est agréable d'être dans les milieux dans lesquels on est et dans lesquels les gens qui t'écoutent sont c'est qu'en fait c'est une course vers rien, c'est à dire si on cherche c'est à produire des sentiments des émotions S'il te faut trois ans pour sortir la meilleure image, eh ben, c'est pas grave. Il n'y a pas de course vers... C'est pas une immédiateté, comme, je sais pas, des gens qui sont financiers, qui veulent absolument tout de suite faire un gros chiffre d'affaires pour tel trimestre, ou des gens qui ont une carrière, qui doivent gravir les échanges. En vrai, voilà, il n'y a pas de recette. Et il y a des chefs-d'oeuvre faits par des mecs de 20 ans, comme de 70. Et voilà, donc chacun à son rythme. Il y a un truc intéressant, c'est quand même que la culture visuelle, Des jeunes générations a été décuplée par les réseaux sociaux, internet, le téléphone, enfin voilà, je parle comme si j'étais un dinosaure, mais j'en sais rien. Moi, je parle à des gens qui sont même pas majeurs et en fait, qui ont des références grâce à, justement, Instagram, etc., qui sont assez pointues. Après, le... L'écueil, c'est que du coup, et ça, on ne le dit pas assez, je pense, mais si tu passes ta vie à juste ta brevée d'images par un seul canal, que ce soit Pinterest ou Instagram, du coup, c'est très limitant. Mais du coup, le futur, je pense qu'il y a eu un truc amorcé depuis bien des années, c'est la démocratisation. Il n'y a pas besoin d'avoir... Un équipement exceptionnel pour shooter une image, et ça je pense que c'était déjà le cas quand moi j'ai eu envie d'en faire, et c'est encore plus le cas maintenant, c'est que tout le monde est confronté d'une manière ou d'une autre à la confection d'une image avec nos téléphones, où maintenant il y a un appareil dedans, et donc je pense que ça va amener... Des choses intéressantes et qu'il y a des chefs-d'oeuvre qui vont être faits avec un mini boîtier par une jeune de 17 ans dans sa campagne, je ne sais pas sur quel continent. Voilà, les trucs d'intelligence artificielle dans l'image, je m'en cogne un peu parce que j'ai jamais été bouleversé, c'est sûr, mais ne serait-ce qu'un tout petit peu sensible à un truc fabriqué complètement artificiellement. Je pense que c'est déjà une aide intéressante pour faire des tests, tout ça. Voilà, on parlait du temps, en fait, le futur, c'est de se donner le luxe du temps, de passer trois piges, quatre piges, à écrire quelque chose, à aller au bout de ça. Ce que tu t'autorises moins quand tu démarres, parce que tu as envie de prouver. Après, j'ai encore envie de prouver. Mais ouais, j'ai des envies de format plus long, plus écrit, plus fiction. Et puis surtout, je me considère à une étape de ce que je fais où j'ai encore vraiment envie de faire des petites pépites qui restent un peu. Je ne sais pas si j'ai fait des choses qui me satisfont suffisamment. D'ailleurs, je ne sais pas si c'est vaste comme sujet. Est-ce que je suis satisfait à un moment ? Mais ouais, en vrai, je suis fasciné par... Un truc, c'est qu'une image ou un film, si c'est bien, c'est toujours bien dans 20 ans. Et je revois des films d'il y a 20, 30, 40 ans qui sont des petits bijoux. Et finalement, tu tends à fabriquer un truc qui reste, qui te reste un peu, c'est-à-dire au-delà de ce que tu fais après ou quoi. Il y avait une phrase de Kassovitz qui m'avait marqué, où il disait, il parlait de la haine, qui est un film dont le succès a complètement dépassé, et il a dit voilà, ça c'est pour les livres d'histoire. Et ça absolument engloutit sa filmographie par la suite. Et je pense qu'il en est un peu conscient. Mais en même temps, il fait un film pour la postérité. Je pense que c'est ce que chacun peut tendre à ça. C'est ambitieux. Le futur de l'image, pour moi, c'est que ce n'est plus du tout destiné à un truc d'élite. Il y a plus de trucs hiérarchiques. Et ça, ça fait déjà bien un moment. Mais du coup, je pense que les bouleversements arriveront, sont déjà là et vont s'amplifier. C'est-à-dire vraiment confier une campagne. à quelqu'un qui n'a jamais rien fait avant, mais juste qui est absolument... dont l'œil, la vision est juste à un moment donné.

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    Merci d'avoir écouté ce podcast. Vous pouvez retrouver tous les épisodes de Vision sur les plateformes de podcast, de Spotify en passant par Deezer, Apple Podcast, et nos actualités sur notre site vision.photo, sur notre Instagram, at podcastvision. Si vous avez quelques secondes pour noter et laisser votre avis, ça nous aide aussi beaucoup. A très vite pour parler de photographie.

Description

J’ai rendez-vous dans un studio photo du 18ème arrondissement, situé sur les hauteurs de Montmartre. Grand, cheveux bruns presque rasés, Remi Besse m’accueille avec un grand sourire. D’une voix calme, il me propose d’enregistrer le podcast dans l’une des pièces situées au fond du studio. Son regard reste paradoxalement alerte et les yeux sont rivés en permanence sur son téléphone portable. Il semble toujours attendre un appel, un message, un projet… Remi me donne l’impression d’un passionné et d’un vrai boulimique de travail.


Réalisateur et photographe basé à Paris, l’artiste signe depuis plusieurs années des images pour l’industrie de la mode et plusieurs figures majeures du champ musical. C’est d’ailleurs en regardant un clip pour IDK et Kaytranada — dans lequel des livreurs en vélo survolent les routes et les toits de Paris — que je redécouvre récemment son travail. Sa photographie est souvent mélangée à la peinture, qu’il découvre d’ailleurs très tôt lors de sa formation aux Arts Décoratifs de Paris.


Dans ce podcast, nous parcourons le fil conducteur de son travail, ses premières influences (d’une fameuse pochette des Strokes aux clips de Jonathan Glazer) et nous parlons de l’importance du collectif. Remi nous décrit certaines photographies et rencontres importantes et évoque également sans tabou la « concurrence » dans son milieu.


🤝 Partenaire


MPB, la plus grande plateforme en ligne au monde pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d’occasion.


🎙 Crédits


Un podcast réalisé et produit par Aliocha Boi/ Noyau.studio, monté et mixé par Virgile Loiseau et mis en musique par Charlie Janiaut.


✨ Liens  


Instagram - Vision(s)  

Site - Vision(s)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

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    Une production Noyaux Studios Vous écoutez Vidyon, un podcast sur la photographie contemporaine. Pour cette cinquième saison de Vision, j'ai le plaisir de vous annoncer que nous sommes toujours en partenariat avec MPB, qui est la plus grande plateforme en ligne au monde pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d'occasion. Il y a un lien vers le site de MPB dans la description de ce podcast et sur notre propre site vision.photo. Je vous souhaite une très bonne écoute. C'est une photo qui représente un petit garçon seul au milieu d'un hall, un hall d'entrée d'immeuble. Autour de lui, la végétation est en train de reprendre le dessus. Et c'était un peu une sorte de réflexion sur le temps qui passe et les priorités de nos sociétés modernes où en fait on construit... énormément de choses, on se met énormément d'impératifs dans nos sociétés et en même temps à la fin, la nature reprend un peu le dessus quoi qu'il arrive et le réchauffement climatique, c'est la phase ultime de ça. On a beau construire tous les gratte-ciels du monde et tous les stades et en fait, si nos villes deviennent invivables, on ne sera plus là. C'est une image qui a été faite dans le cadre d'une série photo. Ça a permis de récolter des fonds pour une ONG. Elle a été vendue. Je l'ai exposée dans le cadre d'un événement. À ce moment-là, il y a eu différentes personnes qui sont venues, qui ont acheté des tirages. des achats en ligne. Et ça faisait partie de toute une série sur justement comment représenter cette idée de monde un peu en train de brûler, mais avec une certaine distance et par la métaphore, sans avoir des pancartes qui disent la planète est en danger. C'était assez agréable à faire parce que j'avais décidé qu'on ferait tout pour de vrai. J'avais pas envie de travailler avec des ajouts artificiels en 3D, etc. Donc, dans le cadre de cette photo, par exemple, on a vraiment... On cherchait un hall, on a mis du temps à le trouver parce qu'il fallait que ça fasse vrai. En même temps, moi, je n'avais pas envie de déranger des gens qui vivaient dans un immeuble. Et finalement, on a été dans un vrai hall d'entrée avec cette petite boîte aux lettres et on a mis de la végétation partout. Il y avait même des petits escargots, je me souviens, qui se baladaient. Et voilà, cette image, elle est un peu restée parmi toute cette série. Je suis Rémi Besse, je suis réalisateur et photographe. Je fabrique des images pour le plus de support possible. Ça va de pochettes de disques à la campagne de mode. Je vis et je travaille et je suis né à Paris. Et c'est une source d'inspiration, forcément, parce que c'est ce que j'observe depuis que je suis là. Depuis très jeune, je suis attiré par toute forme d'image, que ce soit une publicité sous un abribus. Peuchette d'album dans la bibliothèque, bande dessinée, une peinture. Et donc je pense que je suis venu à l'image par juste mon attrait pour la peinture, pour l'image dessinée. Ce qui m'a conduit du coup, après le lycée, à me dire que j'avais envie de faire ça. Et donc j'étais dans une école d'art, les arts déco, et petit à petit, j'ai beaucoup fait d'images, beaucoup pris des pinceaux ou des feutres à ce moment-là. Et à la fois, j'étais attiré aussi par la mise en scène. Je voyais passer des clips incroyables depuis mon adolescence, ma préadolescence. C'était un champ qui m'intéressait vraiment. Et donc, je suis venu petit à petit avoir envie de photographier, filmer ce que je voyais, en plus de les peindre ou de les dessiner. Après ça, du coup, j'ai fait des choses de mon côté. J'ai filmé des amis dans des situations variées. J'ai commencé à monter, à éditer, à expérimenter. Et ça m'a conduit à... Il y a des images qui restent et en fait, tu n'as aucune explication rationnelle. Pourquoi une image te touche plus qu'une autre ? Et je pense d'ailleurs que c'est assez sain de ne pas vouloir toujours tout expliciter. Mais en gros, moi, quand j'étais pré-adolescent, adolescent, il y avait vraiment une émulation du clip vidéo en France. Je pense à des... Fleur et Manu, Megaforce, Romain Gabras, toutes les deux semaines, il y avait un petit bijou qui sortait. Et du coup, moi, à cette époque, je suis jeune, et je vois ça et je me dis qu'il y a des Français qui fabriquent des images folles. Ça m'a mis un peu dans cette... dynamique de me dire que c'était possible, que ce n'était pas que des gens très loin ou dans d'autres continents qui avaient les manettes, mais aussi des petits trentenaires qui habitaient pas loin. Donc ça, ça a été important. J'ai un souvenir aussi d'une image, et je pense que par rapport à ce que je fais, ça a quand même un peu de sens, c'est dans le métro ou dans la rue, quand j'étais enfant. Il y avait les photographies de Jean-Paul Goud pour les Galeries Lafayette. C'était un peu bizarre. Il y avait ce truc d'étrangeté qui était un peu singulier et qui me restait en tête. Et à la fois, c'était un objet publicitaire. Je pense aussi à des pochettes de disques qui m'ont un peu saisi. Là, je ne sais pas pourquoi, mais il y a une pochette des Strokes qui est incroyable. Avec du cuir, une partie du corps, ça c'est une image qui m'est restée. Je ne l'ai pas vue depuis des années. Elle est complètement clinique, c'est froid, c'est bizarre. Et en même temps, je pense que la bonne pochette de disque, elle doit avoir ce côté un peu fou, intemporel, inexplicable. Quand moi je travaille avec un artiste et que ses références sont très terre à terre, Sur, bah oui, j'ai envie que ce soit un profil de trois quarts, il faut que je sois dans l'incarnation, tout ça. C'est vrai que c'est un terrain de dialogue qui est moins stimulant. Mais du coup, cette image de ce gant de cuir sur ce corps tout blanc, il y a quelque chose d'assez fascinant. Ouais, je me souviens de cette image. J'étais vraiment pas bien vieux quand je l'ai découverte. Mais du coup, c'est pour ça que probablement ça m'est resté. Après, il y a ce que Mondino avait fait pour Prince, où il est nu. Au milieu des fleurs, pareil je ne suis pas sûr de bien la décrire, il faudrait que je me la rematte, mais il y a quelque chose de très beau là-dedans, pour moi c'est une bonne pochette. Et je pense que d'ailleurs, c'est exactement ça que n'importe quel réel doit aller chercher. C'est comment faire un objet qui reste pertinent et cool à regarder des années plus tard. Et en fait, là... 99% de ce qui sort n'est plus juste trois ans après et c'est dramatique. Mais après, c'est plus facile à dire qu'à faire. Mais du coup, un bon clip, c'est celui qui est cool et qui est pertinent des années, voire des décennies après. C'est le cas de Spike Jonze, ce qu'il a fait dans les années 90-2000. C'est le cas des clips de Jonathan Glazer. qui vient de sortir un film époustouflant mais qui avant de faire des longs métrages faisait beaucoup de clips et il a fait des clips à 25 ans qui sont encore des petits bijoux d'invention et une bonne idée elle reste même avec une exécution un peu parfois perfectible le clip de Mehdi il y a des choix de mise en scène qui sont pas parfaits selon les propres dires du réal mais on s'en fout parce qu'en fait ce qui s'en dégage le... Enfin voilà, c'est ce qu'il y a de plus important. Et après voilà aussi, c'est pas simple de trouver un artiste qui accepte d'aller sur ce terrain, de te laisser les clés qui te permettent de faire quelque chose qui reste et qui perdure au fil des années. Une grande partie de mon temps est consacrée à trouver des interlocuteurs, que ce soit des marques ou des labels ou des artistes qui me disent Ok, on te laisse les clés et tu vas avoir le droit de vraiment avoir un champ d'expression. Et souvent, tout le monde a peur de tout le monde. Et du coup, ça se mord un peu la queue et voilà. Souvent, je pars de... d'une tentative de créer des morceaux pour les archéologues du futur. Et ça m'intéresse en fait l'observation de ce qu'il y a autour de moi. qu'est-ce que je peux en faire ? Quelle est l'iconographie de ce qui m'entoure ? En gros, notamment au début, quand j'ai commencé, j'avais des réflexes de me dire ça peut être cool de shooter ça, de filmer ça, de photographier ça. Et souvent, c'était un peu éloigné de ce que je connaissais vraiment ou de ce que je voyais. Et du coup, là, finalement, j'ai fait le chemin inverse de partir de thèmes simples qui font le... Le monde dans lequel on est. Par exemple, tu me parlais des livreurs. Je trouve que c'est intéressant parce que, bon, déjà, ils n'étaient pas là il y a dix ans. Et maintenant, il y en a dans toutes les villes du monde, des livreurs à vélo. Et c'est vrai que ça a été un peu une obsession parce que je trouvais que personne s'emparait du sujet pour en faire autre chose que soit une photo documentaire qui n'est pas du tout mon champ. et qui est totalement respectable, et il en faut. Et je voyais des images pour illustrer des articles, mais du coup, c'est un travail journalistique. Mais en fait, s'emparer de ce sujet pour en faire justement, installer un peu un narratif sur ce que c'est le monde en 2020 ou en 2025, c'est ça qui m'intéresse, et souvent, je pars de ça. pour fabriquer de l'image. Et le petit enfant, dans son hall, il y a ce truc où c'est devenu un sujet sur toutes les bouches, la crise écologique, etc. Et en même temps, il y a ce contraste dans la vie de tous les jours, c'est quoi en fait ce sujet-là ? Et jouer sur ça, je crois que ça m'intéresse, je crois que ça me rassure aussi parce qu'au moins, je sais de quoi je parle. Et à la fois, je n'ai pas envie non plus de retranscrire juste ce que je vois. Il y a toujours un peu une distance et l'envie de fabriquer une image différente. Et ça aussi, c'est un des fils conducteurs. C'est comment créer une image qui n'existe pas encore. Je pense que ça résume ce que j'essaye de faire, que ce soit sur un médium photographique ou vidéo, c'est fabriquer des images qui ne sont pas encore dans l'imaginaire collectif. Et en fait, ça me désole justement quand je vois passer des trucs qui sont du pompage d'un autre truc qui lui-même a été repompé. Et après, c'est normal, c'est une sorte de digestion de tout ce qu'on voit, mais du coup, essayer de faire ce... Ce cheminement inverse de ce qui n'a pas été fabriqué m'intéresse. Quoi qu'il arrive, que ce soit commissionné ou plus personnel, il y a un truc d'accumulation, même de boulimie d'images. Pour être sûr de composer un truc un peu hétéroclite, qui n'est pas juste un recrachat de quelque chose qui existe déjà. Il y a une grosse phase de préparatoire, d'archives, d'aller chercher à droite à gauche comment faire cette image, que ce soit un clip ou... ou une photo. Comme j'ai ce rapport au dessin, souvent je me rassure en faisant beaucoup de croquis préparatoires et les images dont on se parle, souvent je les ai dessinées avant. Comme ça, je peux la montrer à l'équipe qui travaille avec moi, que ce soit quand je suis assisté en lumière, quand je travaille avec des set designers, accessoiristes. Et moi, ça me permet de me référer à quelque chose. Et ça, je continue à le faire. quasi tout le temps, ça me permet d'avoir ça en plus. Et à la fois, c'est toujours différent à la fin quand je finis par shooter, mais c'est plein de petits trucs qui font l'historique de l'image. Ça ne m'arrive jamais, je crois, de me retrouver à sortir un boîtier, choper un truc et puis l'image reste telle qu'elle comme ça. En fait, comme tu l'as dit avant, souvent j'arrive sur un plateau et il y a 30 personnes ou 40 personnes qui sont là pour fabriquer le film ou la photo. Donc en fait, tu es un peu obligé d'avoir bossé avant, sinon tu es un peu une fraude. Et d'autant plus quand le travail est commissionné, où en fait là, carrément, tu dois dire à une marque ou un label, voilà comment je vois les choses. Donc ce travail préparatoire, en fait, ce n'est pas juste pour me rassurer moi, c'est aussi parce que ça permet d'emmener tout le monde. Finalement, pour résumer, je n'ai pas une pratique solitaire de l'image. Moi, je me sens légitime en travaillant comme ça. Et j'ai toujours du mal à dire que je suis photographe. Parce que la réalité, c'est que c'est un peu plus compliqué que ça. Il y a plusieurs couches. Mais comme j'ai ce truc avec ce rapport à la texture. Un truc quasi plastique par rapport à la matière d'une image. La phase après avoir appuyé sur l'objectif est tout aussi importante pour moi. Et parfois d'ailleurs, je n'aime pas une image et j'en fais quelque chose que j'apprécie et que je suis content de revendiquer. Et au contraire, parfois j'adore ce que j'ai shooté et en fait, le résultat à la fin, je n'arrive pas à trouver mon curseur dessus. Non mais après, c'est quand j'ai ce truc où j'ai besoin de passer du temps à jouer sur les teintes, la texture, à abîmer, à transformer. Et parce que ça me permet d'aller chercher un peu le trick visuel qui fait que du coup, à la fin, pour moi, il y a une singularité. Il y a cette image qu'on peut prendre en exemple qui est typiquement représentative de ce que je te disais sur ce truc d'archéologie du futur. J'étais en studio et je voulais capturer plein de silhouettes qu'on voit passer dans la ville. Et il y avait ce truc que je trouvais toujours touchant, des binômes en trottinette qui raillent de la ville. Parfois c'est des petits couples, parfois c'est juste deux amis. Et puis en gros cette image c'est une accumulation de silhouettes, des gens de dos, des gens de face, des gens sur une trottinette. Et j'ai travaillé ça comme si c'était shooté sur du... presque sur du papier calque en fait. Et je testais, je voyais ce qui fonctionnait. Et puis, au fur et à mesure des couches successives, ça commence à boire un peu, la texture évolue. Je commence à venir peindre par-dessus une couche de vert que je viens appliquer par-dessus mon image. Donc, il y a un truc de l'ordre de la peinture et c'est pour ça que c'était un des premiers. Le truc dont je t'ai parlé, c'est que ce qui me rassure dans mon rapport à l'image et à la fabrication de l'image, c'est ce truc assez plastique et peinturé. Comme je fonctionne avec des associations d'idées, j'étais assez obsessionnel sur les livreurs parce que je trouvais que c'était très révélateur de comment fonctionnent nos sociétés et les couches hiérarchiques que ça implique. Et en fait, ce clip pour Quai de Granada, c'est arrivé d'une envie de... de créer un narratif un peu fantasmé sur ces livreurs. Et du coup, dans ce film, ils se mettent à s'envoler au-dessus de la ville. Et du coup, on sort du réel et ça m'intéressait d'être dans ce contraste là, de filmer quelque chose de très dur et d'en faire presque une sorte de petit conte, petite poésie contemporaine. C'est un clip que j'avais envie de faire depuis vraiment longtemps. Et d'ailleurs, c'est un peu une escroquerie quand les réals disent ouais, l'idée m'est apparue tout de suite Souvent, un clip, en fait, tu le développes pendant des semaines, des mois. Ça peut rester des années dans ta tête avant que ça aboutisse, parce qu'il y a plein de conditions à réunir pour que ça marche. Et du coup je suis assez pour que les réalisateurs se mettent à assumer qu'ils développent des idées pour un artiste et puis que finalement ça aboutisse pour un autre. Et en fait c'est pas grave si le clip est bien. Et là dans ce contexte, ouais en fait c'est... On a mis du temps à trouver un morceau qui fonctionnerait, un label qui est chaud, des artistes qui suivent, tout ça, ça a été un process long. Mais moi, c'était quelque chose que j'ai développé pendant longtemps, avec beaucoup d'accumulation d'images, d'écriture de séquences, tout ça. Et ça s'est fait comme ça. En fait, généralement, tu fais une note d'intention de 5 pages ou de 50 pages. En fait, ça dépend de comment tu travailles. Moi, j'ai tendance à penser que plus c'est concis, mieux c'est, parce que du coup, ton idée, elle est compréhensible vite. Donc, tu bosses un traitement et là, ça partait de zéro. C'est-à-dire que l'idée venait de moi et de la boîte de production avec qui je travaille, qui m'accompagnait dessus. Iconoclast et on l'a présenté mais c'est une note d'intention qui décrit le film Ils reçoivent ça et ils accrochent ou non. Mais parfois, c'est le schéma inverse. Parfois, tu as un label pour une pochette d'album ou pour un clip qui te dit Nous, on pense à ça, donne-moi ton interprétation. Et souvent, d'ailleurs, ils interrogent plusieurs photographes ou plusieurs réels pour voir quelle vision se rapproche la plus de la leur. Du coup, tu te fais souvent baser sur ce qu'on appelle des compètes pour avoir un clip. Au bout d'un moment, tu te mets à parler quand tu sens que tout le monde accroche, tu fais des calls. Premier clip que j'ai fait, j'étais vingtenaire, c'était pour IBI, un duo de chanteuses franco-cubaines. Tu amorces des discussions, tu essayes de coller au maximum aussi à leur sensibilité. Il faut que tout le monde s'y retrouve, il faut aussi avoir en tête que tu ne travailles pas pour toi. et donc que tu dois aussi être pertinent dans ta proposition. Au début, quand j'ai démarré, je pense que j'étais un peu tête cramée à vouloir imposer des idées en disant mais c'est sûr qu'il faut faire cette pochette ou cette série de photos de cette manière, mais si tu t'écoutes que toi-même, tu es tout seul. Je pense que c'est bien d'intégrer que tu as tout intérêt à prendre en compte les remarques ou les idées d'un artiste. Après, parfois, elles peuvent être mauvaises. Et dans ce cas-là, il suffit d'échanger, d'être sûr de soi. Il y a un moment où tu te rends vite compte, quand tu es en train de faire des images, que tu es assez seul dans ton couloir en tant que réal, que photographe. Moi, ça me faisait un peu flipper d'avancer comme ça, de manière solitaire. sachant qu'il y avait plein de gens autour de moi que j'estimais, qui étaient talentueux, qui sont talentueux, qui font des trucs géniaux. Et du coup, la motivation d'ouvrir ce studio, là où on se trouve pour enregistrer, c'est né de ça, c'est né d'avoir un peu un lieu où moi je peux travailler, où d'autres peuvent travailler, fabriquer de l'image, que ce soit un lieu d'échange. Et ça, et donc ce lieu, ce studio photo est à... Paru après avoir développé différents projets, justement un peu à plein. J'avais commencé il y a quelques années à d'abord faire des expos collectives où j'invitais quelques potes proches qui fassent de la peinture, de la photographie. à montrer ce qu'il faisait. Après ça, ça s'est transformé en une sorte de revue slash fanzine qui a duré quelques numéros, qui était sous la forme d'un feuillet saisonnier qui était distribué gratos dans plein d'endroits culturels. Et finalement... L'étape d'après, ça a été ce lieu, ce studio où en gros, ça devient un lieu de passage où une photographe, un photographe viennent prendre un café, on discute, ils viennent shooter, des magazines viennent shooter, des interlocuteurs variés. Et moi, c'est un truc qui me... à la fois qui me rassure parce que du coup j'ai plus l'impression d'être tout seul dans ce que je fais à la fois il y a un truc assez bête je suis pas bien vieux et j'ai pas encore une expérience folle mais en gros tu te rends compte quand même qu'il y a une sorte de concurrence qui s'auto-alimente et qui existe pas vraiment quand tu te mets à parler avec les gens qui font pareil que toi, de ta génération et du coup que tu peux au contraire créer des super liens faire des... Des super dîners plutôt que de faire semblant que c'est Biggie et Tupac. Et dans ce cadre-là, récemment, il y a eu quoi ? Il y a eu le club DDA qui m'avait sollicité en me disant Tu ne veux pas inviter une trentaine d'artistes autour de toi à exposer sur les murs de la Philharmonie ? Ce que j'ai fait du coup, et c'est cool parce qu'à la fois j'appelle des proches et à la fois j'appelle des gens que je connais moins personnellement mais que j'aime bien. Et du coup, on se rencontre, tout ça. Et après, ils viennent à mon studio, ils viennent shooter. C'est assez vertueux. Il y a eu aussi, du coup, il y a les rencontres d'Arles. Tant d'années que tu connais bien. Et là, l'an dernier, on a investi une mini-galerie qu'on a retapissée de photos. Je ne sais pas, il devait y avoir 700 tirages qu'on avait imprimés sous la forme de cartes postales. Et du coup, les gens venaient, pouvaient récupérer une carte postale gratuitement et l'envoyer. On avait installé une petite boîte aux lettres au milieu. Il y a ce truc de créer des initiatives un peu collectives. C'est un peu une hantise d'être le réel metteur en scène, photographe, artiste, que sais-je, qui est seul sur sa tour. Et c'est quand même plus marrant quand il y a du monde autour. Je trouve ça sain en fait que la concurrence dans le sens où quand je vois quelqu'un de fort devant moi, ça me donne envie moi de faire des choses bien. Et enfin voilà, je pense que ça c'est cool. Mais en fait, il y a une différence entre ça et un truc un peu conflictuel de je bombe le torse et je parle à personne qui me semble... pas très moderne, surtout à l'heure où, en fait, avec ton téléphone, tu te crées ton propre monde avec tes comptes Instagram et consorts. Donc, tu es assez en contrôle de ce que tu montres, de ce que tu défends, tout ça. Il n'y a pas 18 personnes autour de toi qui te valident ou qui font l'interface. En tout cas, je parle d'une jeune génération. Et du coup, d'autant plus, ce truc de collectif, je trouve, est d'autant plus légitime parce que chacun avance un peu de manière indépendante. Voilà, t'es quand même plus fort quand t'es entouré de... Enfin voilà, moi en tout cas, au-delà d'être plus fort ou quoi, il y avait un truc où juste j'avais pas envie de faire mes trucs seul dans mon coin. D'ailleurs, c'est pour ça que je n'ai jamais voulu être peintre, parce qu'en fait, t'es seul face à ta toile dans un atelier, alors que sur un plateau de tournage, il y a plein de gens talentueux, qui font des trucs avec toi. Et dans ce truc de studio, de lieu, on a la chance quand même que Paris soit riche de plein de gens qui font plein de choses. Et du coup, c'est une porte d'entrée à des rencontres, à des discussions, à des projets. Moi aussi, il y a un truc, je me suis pas mal fait banane par différents studios à Paris où on me file, je sais pas, 4000 ou 5000 euros pour faire une pochette et en fait, je mets trois quarts dans la location d'un studio avec deux projecteurs et au moment où j'ouvre ce studio, je me dis, on va faire différemment. On va pouvoir accueillir des projets quand il n'y a pas de blé et pas les matraquer, comme ça a pu m'arriver. J'ai été dans des studios où carrément à la fin, ils nous faisaient payer le nombre de dosettes de café qu'on utilisait. Et c'est des pratiques qu'il y a encore. Du coup, ici, c'est différent. Je crois que ce dont tu parles, c'est quelque chose d'assez important. Si il y a une grande différenciation entre ton travail commissionné et ce que tu fais plus pour toi, pour ton plaisir, c'est qu'il y a un problème. De un, évidemment que ça doit se nourrir, mais surtout, l'idée, c'est quand même qu'il y ait une cohérence. En tout cas, moi, c'est ce que j'essaye de faire. Et donc, évidemment, ça arrive à tout le monde. Tu te fais parfois un peu malmené. Mais l'idée, c'est de construire un truc cohérent avec des thèmes, des manières de faire, stylistiques, etc., qui aient une unité dans ce que je propose. En tout cas, je procède de la même manière quand une marque de mode qui me commande une série d'images ou que c'est un truc purement par envie personnelle ou que c'est un magazine. En fait, de un, ça se nourrit dans ton rapport avec les gens qui... qui travaillent avec toi et qui t'aident à la fabrication parce que d'un coup c'est un truc plus perso, d'un coup c'est un job avec plus de moyens mais je pense que ce truc d'unité est assez important en fait en tant que réel tu travailles avec un agent à l'intérieur d'une boîte de production qui eux te représentent auprès de eux clients qui vont à la fois défendre ta vision, à la fois t'aider en fait à fabriquer ce que t'as en tête donc c'est bien parce que du coup t'es pas seulement dans un truc d'agent, de représentation, de deal, de prendre des sous t'es aussi dans si on fait ce projet, comment on le met en oeuvre. Ça fait quelques années maintenant avec Iconoclast et c'est un peu le Le Real Madrid de la prod, t'es entouré de gens extrêmement talentueux, donc c'est stimulant, et ça te pousse à te creuser un peu la tête pour te sentir légitime à ta place là-dedans. Et là, on travaille sur un format plus court-métrage, donc c'est un autre territoire, et donc c'est intéressant aussi. Je vais tourner dans quelques semaines. J'aime la balance entre avoir le temps et être dans une sollicitation un peu immédiate. Et je trouve que si tu t'habitues qu'à un des deux, ça peut être problématique. Par exemple, il y a quelque temps... Je trouvais que j'enchaînais que les trucs, les sollicitations extérieures, sans développer des choses plus sur le long cours, justement. Et du coup, j'ai ralenti un peu en refusant des trucs pour pouvoir me concentrer justement sur des choses qui me tenaient à cœur, pour lesquelles j'avais besoin. de temps pour les processer. Et donc, je pense que ça se nourrit. En fait, c'est... Enfin, je ne sais pas, c'est comme... C'est con, mais... Tu t'entraînes à... à faire des natations, et puis le jour du coup de... quand tu dois aller choper la médaille, t'es efficace. Voilà, c'est pareil. Je pense que tu... t'es rouillé si tu t'attends juste qu'on t'appelle et que tu sautes sur la proposition et puis après tu stoppes tout donc je pense qu'il faut se nourrir des deux et après moi mon rapport au temps pendant au début j'étais un peu dans une frustration je me disais putain j'ai jamais le temps de faire ça, de faire ça, de faire ça j'étais un peu toujours dans un truc euh... Ouais, une sorte de tunnel. Enfin voilà, à mon échelle, tu vois. Et en fait, c'est vrai que je pense qu'avec tout ce qu'il y a eu, les histoires de Covid, tu prends un peu plus de recul, tu prends le temps. Et après, il y a des moments que j'aime bien, d'aller au cinéma très régulièrement et de regarder un film. et de couper pendant deux heures. Je ne fais pas une douche froide à 5h du mat pour ensuite être efficace dans mon... En fait, je suis obsessionnel. Si un sujet m'intéresse, un projet me passionne ou quoi, je vais faire des nuits blanches dessus sans me questionner et être un peu obsessionnel. Et à la fois, je pense que j'arrive à stopper... et à kiffer, à aller boire des verres c'est une balance je trouve que c'est agréable d'être dans les milieux dans lesquels on est et dans lesquels les gens qui t'écoutent sont c'est qu'en fait c'est une course vers rien, c'est à dire si on cherche c'est à produire des sentiments des émotions S'il te faut trois ans pour sortir la meilleure image, eh ben, c'est pas grave. Il n'y a pas de course vers... C'est pas une immédiateté, comme, je sais pas, des gens qui sont financiers, qui veulent absolument tout de suite faire un gros chiffre d'affaires pour tel trimestre, ou des gens qui ont une carrière, qui doivent gravir les échanges. En vrai, voilà, il n'y a pas de recette. Et il y a des chefs-d'oeuvre faits par des mecs de 20 ans, comme de 70. Et voilà, donc chacun à son rythme. Il y a un truc intéressant, c'est quand même que la culture visuelle, Des jeunes générations a été décuplée par les réseaux sociaux, internet, le téléphone, enfin voilà, je parle comme si j'étais un dinosaure, mais j'en sais rien. Moi, je parle à des gens qui sont même pas majeurs et en fait, qui ont des références grâce à, justement, Instagram, etc., qui sont assez pointues. Après, le... L'écueil, c'est que du coup, et ça, on ne le dit pas assez, je pense, mais si tu passes ta vie à juste ta brevée d'images par un seul canal, que ce soit Pinterest ou Instagram, du coup, c'est très limitant. Mais du coup, le futur, je pense qu'il y a eu un truc amorcé depuis bien des années, c'est la démocratisation. Il n'y a pas besoin d'avoir... Un équipement exceptionnel pour shooter une image, et ça je pense que c'était déjà le cas quand moi j'ai eu envie d'en faire, et c'est encore plus le cas maintenant, c'est que tout le monde est confronté d'une manière ou d'une autre à la confection d'une image avec nos téléphones, où maintenant il y a un appareil dedans, et donc je pense que ça va amener... Des choses intéressantes et qu'il y a des chefs-d'oeuvre qui vont être faits avec un mini boîtier par une jeune de 17 ans dans sa campagne, je ne sais pas sur quel continent. Voilà, les trucs d'intelligence artificielle dans l'image, je m'en cogne un peu parce que j'ai jamais été bouleversé, c'est sûr, mais ne serait-ce qu'un tout petit peu sensible à un truc fabriqué complètement artificiellement. Je pense que c'est déjà une aide intéressante pour faire des tests, tout ça. Voilà, on parlait du temps, en fait, le futur, c'est de se donner le luxe du temps, de passer trois piges, quatre piges, à écrire quelque chose, à aller au bout de ça. Ce que tu t'autorises moins quand tu démarres, parce que tu as envie de prouver. Après, j'ai encore envie de prouver. Mais ouais, j'ai des envies de format plus long, plus écrit, plus fiction. Et puis surtout, je me considère à une étape de ce que je fais où j'ai encore vraiment envie de faire des petites pépites qui restent un peu. Je ne sais pas si j'ai fait des choses qui me satisfont suffisamment. D'ailleurs, je ne sais pas si c'est vaste comme sujet. Est-ce que je suis satisfait à un moment ? Mais ouais, en vrai, je suis fasciné par... Un truc, c'est qu'une image ou un film, si c'est bien, c'est toujours bien dans 20 ans. Et je revois des films d'il y a 20, 30, 40 ans qui sont des petits bijoux. Et finalement, tu tends à fabriquer un truc qui reste, qui te reste un peu, c'est-à-dire au-delà de ce que tu fais après ou quoi. Il y avait une phrase de Kassovitz qui m'avait marqué, où il disait, il parlait de la haine, qui est un film dont le succès a complètement dépassé, et il a dit voilà, ça c'est pour les livres d'histoire. Et ça absolument engloutit sa filmographie par la suite. Et je pense qu'il en est un peu conscient. Mais en même temps, il fait un film pour la postérité. Je pense que c'est ce que chacun peut tendre à ça. C'est ambitieux. Le futur de l'image, pour moi, c'est que ce n'est plus du tout destiné à un truc d'élite. Il y a plus de trucs hiérarchiques. Et ça, ça fait déjà bien un moment. Mais du coup, je pense que les bouleversements arriveront, sont déjà là et vont s'amplifier. C'est-à-dire vraiment confier une campagne. à quelqu'un qui n'a jamais rien fait avant, mais juste qui est absolument... dont l'œil, la vision est juste à un moment donné.

  • #1

    Merci d'avoir écouté ce podcast. Vous pouvez retrouver tous les épisodes de Vision sur les plateformes de podcast, de Spotify en passant par Deezer, Apple Podcast, et nos actualités sur notre site vision.photo, sur notre Instagram, at podcastvision. Si vous avez quelques secondes pour noter et laisser votre avis, ça nous aide aussi beaucoup. A très vite pour parler de photographie.

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Description

J’ai rendez-vous dans un studio photo du 18ème arrondissement, situé sur les hauteurs de Montmartre. Grand, cheveux bruns presque rasés, Remi Besse m’accueille avec un grand sourire. D’une voix calme, il me propose d’enregistrer le podcast dans l’une des pièces situées au fond du studio. Son regard reste paradoxalement alerte et les yeux sont rivés en permanence sur son téléphone portable. Il semble toujours attendre un appel, un message, un projet… Remi me donne l’impression d’un passionné et d’un vrai boulimique de travail.


Réalisateur et photographe basé à Paris, l’artiste signe depuis plusieurs années des images pour l’industrie de la mode et plusieurs figures majeures du champ musical. C’est d’ailleurs en regardant un clip pour IDK et Kaytranada — dans lequel des livreurs en vélo survolent les routes et les toits de Paris — que je redécouvre récemment son travail. Sa photographie est souvent mélangée à la peinture, qu’il découvre d’ailleurs très tôt lors de sa formation aux Arts Décoratifs de Paris.


Dans ce podcast, nous parcourons le fil conducteur de son travail, ses premières influences (d’une fameuse pochette des Strokes aux clips de Jonathan Glazer) et nous parlons de l’importance du collectif. Remi nous décrit certaines photographies et rencontres importantes et évoque également sans tabou la « concurrence » dans son milieu.


🤝 Partenaire


MPB, la plus grande plateforme en ligne au monde pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d’occasion.


🎙 Crédits


Un podcast réalisé et produit par Aliocha Boi/ Noyau.studio, monté et mixé par Virgile Loiseau et mis en musique par Charlie Janiaut.


✨ Liens  


Instagram - Vision(s)  

Site - Vision(s)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #0

    Une production Noyaux Studios Vous écoutez Vidyon, un podcast sur la photographie contemporaine. Pour cette cinquième saison de Vision, j'ai le plaisir de vous annoncer que nous sommes toujours en partenariat avec MPB, qui est la plus grande plateforme en ligne au monde pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d'occasion. Il y a un lien vers le site de MPB dans la description de ce podcast et sur notre propre site vision.photo. Je vous souhaite une très bonne écoute. C'est une photo qui représente un petit garçon seul au milieu d'un hall, un hall d'entrée d'immeuble. Autour de lui, la végétation est en train de reprendre le dessus. Et c'était un peu une sorte de réflexion sur le temps qui passe et les priorités de nos sociétés modernes où en fait on construit... énormément de choses, on se met énormément d'impératifs dans nos sociétés et en même temps à la fin, la nature reprend un peu le dessus quoi qu'il arrive et le réchauffement climatique, c'est la phase ultime de ça. On a beau construire tous les gratte-ciels du monde et tous les stades et en fait, si nos villes deviennent invivables, on ne sera plus là. C'est une image qui a été faite dans le cadre d'une série photo. Ça a permis de récolter des fonds pour une ONG. Elle a été vendue. Je l'ai exposée dans le cadre d'un événement. À ce moment-là, il y a eu différentes personnes qui sont venues, qui ont acheté des tirages. des achats en ligne. Et ça faisait partie de toute une série sur justement comment représenter cette idée de monde un peu en train de brûler, mais avec une certaine distance et par la métaphore, sans avoir des pancartes qui disent la planète est en danger. C'était assez agréable à faire parce que j'avais décidé qu'on ferait tout pour de vrai. J'avais pas envie de travailler avec des ajouts artificiels en 3D, etc. Donc, dans le cadre de cette photo, par exemple, on a vraiment... On cherchait un hall, on a mis du temps à le trouver parce qu'il fallait que ça fasse vrai. En même temps, moi, je n'avais pas envie de déranger des gens qui vivaient dans un immeuble. Et finalement, on a été dans un vrai hall d'entrée avec cette petite boîte aux lettres et on a mis de la végétation partout. Il y avait même des petits escargots, je me souviens, qui se baladaient. Et voilà, cette image, elle est un peu restée parmi toute cette série. Je suis Rémi Besse, je suis réalisateur et photographe. Je fabrique des images pour le plus de support possible. Ça va de pochettes de disques à la campagne de mode. Je vis et je travaille et je suis né à Paris. Et c'est une source d'inspiration, forcément, parce que c'est ce que j'observe depuis que je suis là. Depuis très jeune, je suis attiré par toute forme d'image, que ce soit une publicité sous un abribus. Peuchette d'album dans la bibliothèque, bande dessinée, une peinture. Et donc je pense que je suis venu à l'image par juste mon attrait pour la peinture, pour l'image dessinée. Ce qui m'a conduit du coup, après le lycée, à me dire que j'avais envie de faire ça. Et donc j'étais dans une école d'art, les arts déco, et petit à petit, j'ai beaucoup fait d'images, beaucoup pris des pinceaux ou des feutres à ce moment-là. Et à la fois, j'étais attiré aussi par la mise en scène. Je voyais passer des clips incroyables depuis mon adolescence, ma préadolescence. C'était un champ qui m'intéressait vraiment. Et donc, je suis venu petit à petit avoir envie de photographier, filmer ce que je voyais, en plus de les peindre ou de les dessiner. Après ça, du coup, j'ai fait des choses de mon côté. J'ai filmé des amis dans des situations variées. J'ai commencé à monter, à éditer, à expérimenter. Et ça m'a conduit à... Il y a des images qui restent et en fait, tu n'as aucune explication rationnelle. Pourquoi une image te touche plus qu'une autre ? Et je pense d'ailleurs que c'est assez sain de ne pas vouloir toujours tout expliciter. Mais en gros, moi, quand j'étais pré-adolescent, adolescent, il y avait vraiment une émulation du clip vidéo en France. Je pense à des... Fleur et Manu, Megaforce, Romain Gabras, toutes les deux semaines, il y avait un petit bijou qui sortait. Et du coup, moi, à cette époque, je suis jeune, et je vois ça et je me dis qu'il y a des Français qui fabriquent des images folles. Ça m'a mis un peu dans cette... dynamique de me dire que c'était possible, que ce n'était pas que des gens très loin ou dans d'autres continents qui avaient les manettes, mais aussi des petits trentenaires qui habitaient pas loin. Donc ça, ça a été important. J'ai un souvenir aussi d'une image, et je pense que par rapport à ce que je fais, ça a quand même un peu de sens, c'est dans le métro ou dans la rue, quand j'étais enfant. Il y avait les photographies de Jean-Paul Goud pour les Galeries Lafayette. C'était un peu bizarre. Il y avait ce truc d'étrangeté qui était un peu singulier et qui me restait en tête. Et à la fois, c'était un objet publicitaire. Je pense aussi à des pochettes de disques qui m'ont un peu saisi. Là, je ne sais pas pourquoi, mais il y a une pochette des Strokes qui est incroyable. Avec du cuir, une partie du corps, ça c'est une image qui m'est restée. Je ne l'ai pas vue depuis des années. Elle est complètement clinique, c'est froid, c'est bizarre. Et en même temps, je pense que la bonne pochette de disque, elle doit avoir ce côté un peu fou, intemporel, inexplicable. Quand moi je travaille avec un artiste et que ses références sont très terre à terre, Sur, bah oui, j'ai envie que ce soit un profil de trois quarts, il faut que je sois dans l'incarnation, tout ça. C'est vrai que c'est un terrain de dialogue qui est moins stimulant. Mais du coup, cette image de ce gant de cuir sur ce corps tout blanc, il y a quelque chose d'assez fascinant. Ouais, je me souviens de cette image. J'étais vraiment pas bien vieux quand je l'ai découverte. Mais du coup, c'est pour ça que probablement ça m'est resté. Après, il y a ce que Mondino avait fait pour Prince, où il est nu. Au milieu des fleurs, pareil je ne suis pas sûr de bien la décrire, il faudrait que je me la rematte, mais il y a quelque chose de très beau là-dedans, pour moi c'est une bonne pochette. Et je pense que d'ailleurs, c'est exactement ça que n'importe quel réel doit aller chercher. C'est comment faire un objet qui reste pertinent et cool à regarder des années plus tard. Et en fait, là... 99% de ce qui sort n'est plus juste trois ans après et c'est dramatique. Mais après, c'est plus facile à dire qu'à faire. Mais du coup, un bon clip, c'est celui qui est cool et qui est pertinent des années, voire des décennies après. C'est le cas de Spike Jonze, ce qu'il a fait dans les années 90-2000. C'est le cas des clips de Jonathan Glazer. qui vient de sortir un film époustouflant mais qui avant de faire des longs métrages faisait beaucoup de clips et il a fait des clips à 25 ans qui sont encore des petits bijoux d'invention et une bonne idée elle reste même avec une exécution un peu parfois perfectible le clip de Mehdi il y a des choix de mise en scène qui sont pas parfaits selon les propres dires du réal mais on s'en fout parce qu'en fait ce qui s'en dégage le... Enfin voilà, c'est ce qu'il y a de plus important. Et après voilà aussi, c'est pas simple de trouver un artiste qui accepte d'aller sur ce terrain, de te laisser les clés qui te permettent de faire quelque chose qui reste et qui perdure au fil des années. Une grande partie de mon temps est consacrée à trouver des interlocuteurs, que ce soit des marques ou des labels ou des artistes qui me disent Ok, on te laisse les clés et tu vas avoir le droit de vraiment avoir un champ d'expression. Et souvent, tout le monde a peur de tout le monde. Et du coup, ça se mord un peu la queue et voilà. Souvent, je pars de... d'une tentative de créer des morceaux pour les archéologues du futur. Et ça m'intéresse en fait l'observation de ce qu'il y a autour de moi. qu'est-ce que je peux en faire ? Quelle est l'iconographie de ce qui m'entoure ? En gros, notamment au début, quand j'ai commencé, j'avais des réflexes de me dire ça peut être cool de shooter ça, de filmer ça, de photographier ça. Et souvent, c'était un peu éloigné de ce que je connaissais vraiment ou de ce que je voyais. Et du coup, là, finalement, j'ai fait le chemin inverse de partir de thèmes simples qui font le... Le monde dans lequel on est. Par exemple, tu me parlais des livreurs. Je trouve que c'est intéressant parce que, bon, déjà, ils n'étaient pas là il y a dix ans. Et maintenant, il y en a dans toutes les villes du monde, des livreurs à vélo. Et c'est vrai que ça a été un peu une obsession parce que je trouvais que personne s'emparait du sujet pour en faire autre chose que soit une photo documentaire qui n'est pas du tout mon champ. et qui est totalement respectable, et il en faut. Et je voyais des images pour illustrer des articles, mais du coup, c'est un travail journalistique. Mais en fait, s'emparer de ce sujet pour en faire justement, installer un peu un narratif sur ce que c'est le monde en 2020 ou en 2025, c'est ça qui m'intéresse, et souvent, je pars de ça. pour fabriquer de l'image. Et le petit enfant, dans son hall, il y a ce truc où c'est devenu un sujet sur toutes les bouches, la crise écologique, etc. Et en même temps, il y a ce contraste dans la vie de tous les jours, c'est quoi en fait ce sujet-là ? Et jouer sur ça, je crois que ça m'intéresse, je crois que ça me rassure aussi parce qu'au moins, je sais de quoi je parle. Et à la fois, je n'ai pas envie non plus de retranscrire juste ce que je vois. Il y a toujours un peu une distance et l'envie de fabriquer une image différente. Et ça aussi, c'est un des fils conducteurs. C'est comment créer une image qui n'existe pas encore. Je pense que ça résume ce que j'essaye de faire, que ce soit sur un médium photographique ou vidéo, c'est fabriquer des images qui ne sont pas encore dans l'imaginaire collectif. Et en fait, ça me désole justement quand je vois passer des trucs qui sont du pompage d'un autre truc qui lui-même a été repompé. Et après, c'est normal, c'est une sorte de digestion de tout ce qu'on voit, mais du coup, essayer de faire ce... Ce cheminement inverse de ce qui n'a pas été fabriqué m'intéresse. Quoi qu'il arrive, que ce soit commissionné ou plus personnel, il y a un truc d'accumulation, même de boulimie d'images. Pour être sûr de composer un truc un peu hétéroclite, qui n'est pas juste un recrachat de quelque chose qui existe déjà. Il y a une grosse phase de préparatoire, d'archives, d'aller chercher à droite à gauche comment faire cette image, que ce soit un clip ou... ou une photo. Comme j'ai ce rapport au dessin, souvent je me rassure en faisant beaucoup de croquis préparatoires et les images dont on se parle, souvent je les ai dessinées avant. Comme ça, je peux la montrer à l'équipe qui travaille avec moi, que ce soit quand je suis assisté en lumière, quand je travaille avec des set designers, accessoiristes. Et moi, ça me permet de me référer à quelque chose. Et ça, je continue à le faire. quasi tout le temps, ça me permet d'avoir ça en plus. Et à la fois, c'est toujours différent à la fin quand je finis par shooter, mais c'est plein de petits trucs qui font l'historique de l'image. Ça ne m'arrive jamais, je crois, de me retrouver à sortir un boîtier, choper un truc et puis l'image reste telle qu'elle comme ça. En fait, comme tu l'as dit avant, souvent j'arrive sur un plateau et il y a 30 personnes ou 40 personnes qui sont là pour fabriquer le film ou la photo. Donc en fait, tu es un peu obligé d'avoir bossé avant, sinon tu es un peu une fraude. Et d'autant plus quand le travail est commissionné, où en fait là, carrément, tu dois dire à une marque ou un label, voilà comment je vois les choses. Donc ce travail préparatoire, en fait, ce n'est pas juste pour me rassurer moi, c'est aussi parce que ça permet d'emmener tout le monde. Finalement, pour résumer, je n'ai pas une pratique solitaire de l'image. Moi, je me sens légitime en travaillant comme ça. Et j'ai toujours du mal à dire que je suis photographe. Parce que la réalité, c'est que c'est un peu plus compliqué que ça. Il y a plusieurs couches. Mais comme j'ai ce truc avec ce rapport à la texture. Un truc quasi plastique par rapport à la matière d'une image. La phase après avoir appuyé sur l'objectif est tout aussi importante pour moi. Et parfois d'ailleurs, je n'aime pas une image et j'en fais quelque chose que j'apprécie et que je suis content de revendiquer. Et au contraire, parfois j'adore ce que j'ai shooté et en fait, le résultat à la fin, je n'arrive pas à trouver mon curseur dessus. Non mais après, c'est quand j'ai ce truc où j'ai besoin de passer du temps à jouer sur les teintes, la texture, à abîmer, à transformer. Et parce que ça me permet d'aller chercher un peu le trick visuel qui fait que du coup, à la fin, pour moi, il y a une singularité. Il y a cette image qu'on peut prendre en exemple qui est typiquement représentative de ce que je te disais sur ce truc d'archéologie du futur. J'étais en studio et je voulais capturer plein de silhouettes qu'on voit passer dans la ville. Et il y avait ce truc que je trouvais toujours touchant, des binômes en trottinette qui raillent de la ville. Parfois c'est des petits couples, parfois c'est juste deux amis. Et puis en gros cette image c'est une accumulation de silhouettes, des gens de dos, des gens de face, des gens sur une trottinette. Et j'ai travaillé ça comme si c'était shooté sur du... presque sur du papier calque en fait. Et je testais, je voyais ce qui fonctionnait. Et puis, au fur et à mesure des couches successives, ça commence à boire un peu, la texture évolue. Je commence à venir peindre par-dessus une couche de vert que je viens appliquer par-dessus mon image. Donc, il y a un truc de l'ordre de la peinture et c'est pour ça que c'était un des premiers. Le truc dont je t'ai parlé, c'est que ce qui me rassure dans mon rapport à l'image et à la fabrication de l'image, c'est ce truc assez plastique et peinturé. Comme je fonctionne avec des associations d'idées, j'étais assez obsessionnel sur les livreurs parce que je trouvais que c'était très révélateur de comment fonctionnent nos sociétés et les couches hiérarchiques que ça implique. Et en fait, ce clip pour Quai de Granada, c'est arrivé d'une envie de... de créer un narratif un peu fantasmé sur ces livreurs. Et du coup, dans ce film, ils se mettent à s'envoler au-dessus de la ville. Et du coup, on sort du réel et ça m'intéressait d'être dans ce contraste là, de filmer quelque chose de très dur et d'en faire presque une sorte de petit conte, petite poésie contemporaine. C'est un clip que j'avais envie de faire depuis vraiment longtemps. Et d'ailleurs, c'est un peu une escroquerie quand les réals disent ouais, l'idée m'est apparue tout de suite Souvent, un clip, en fait, tu le développes pendant des semaines, des mois. Ça peut rester des années dans ta tête avant que ça aboutisse, parce qu'il y a plein de conditions à réunir pour que ça marche. Et du coup je suis assez pour que les réalisateurs se mettent à assumer qu'ils développent des idées pour un artiste et puis que finalement ça aboutisse pour un autre. Et en fait c'est pas grave si le clip est bien. Et là dans ce contexte, ouais en fait c'est... On a mis du temps à trouver un morceau qui fonctionnerait, un label qui est chaud, des artistes qui suivent, tout ça, ça a été un process long. Mais moi, c'était quelque chose que j'ai développé pendant longtemps, avec beaucoup d'accumulation d'images, d'écriture de séquences, tout ça. Et ça s'est fait comme ça. En fait, généralement, tu fais une note d'intention de 5 pages ou de 50 pages. En fait, ça dépend de comment tu travailles. Moi, j'ai tendance à penser que plus c'est concis, mieux c'est, parce que du coup, ton idée, elle est compréhensible vite. Donc, tu bosses un traitement et là, ça partait de zéro. C'est-à-dire que l'idée venait de moi et de la boîte de production avec qui je travaille, qui m'accompagnait dessus. Iconoclast et on l'a présenté mais c'est une note d'intention qui décrit le film Ils reçoivent ça et ils accrochent ou non. Mais parfois, c'est le schéma inverse. Parfois, tu as un label pour une pochette d'album ou pour un clip qui te dit Nous, on pense à ça, donne-moi ton interprétation. Et souvent, d'ailleurs, ils interrogent plusieurs photographes ou plusieurs réels pour voir quelle vision se rapproche la plus de la leur. Du coup, tu te fais souvent baser sur ce qu'on appelle des compètes pour avoir un clip. Au bout d'un moment, tu te mets à parler quand tu sens que tout le monde accroche, tu fais des calls. Premier clip que j'ai fait, j'étais vingtenaire, c'était pour IBI, un duo de chanteuses franco-cubaines. Tu amorces des discussions, tu essayes de coller au maximum aussi à leur sensibilité. Il faut que tout le monde s'y retrouve, il faut aussi avoir en tête que tu ne travailles pas pour toi. et donc que tu dois aussi être pertinent dans ta proposition. Au début, quand j'ai démarré, je pense que j'étais un peu tête cramée à vouloir imposer des idées en disant mais c'est sûr qu'il faut faire cette pochette ou cette série de photos de cette manière, mais si tu t'écoutes que toi-même, tu es tout seul. Je pense que c'est bien d'intégrer que tu as tout intérêt à prendre en compte les remarques ou les idées d'un artiste. Après, parfois, elles peuvent être mauvaises. Et dans ce cas-là, il suffit d'échanger, d'être sûr de soi. Il y a un moment où tu te rends vite compte, quand tu es en train de faire des images, que tu es assez seul dans ton couloir en tant que réal, que photographe. Moi, ça me faisait un peu flipper d'avancer comme ça, de manière solitaire. sachant qu'il y avait plein de gens autour de moi que j'estimais, qui étaient talentueux, qui sont talentueux, qui font des trucs géniaux. Et du coup, la motivation d'ouvrir ce studio, là où on se trouve pour enregistrer, c'est né de ça, c'est né d'avoir un peu un lieu où moi je peux travailler, où d'autres peuvent travailler, fabriquer de l'image, que ce soit un lieu d'échange. Et ça, et donc ce lieu, ce studio photo est à... Paru après avoir développé différents projets, justement un peu à plein. J'avais commencé il y a quelques années à d'abord faire des expos collectives où j'invitais quelques potes proches qui fassent de la peinture, de la photographie. à montrer ce qu'il faisait. Après ça, ça s'est transformé en une sorte de revue slash fanzine qui a duré quelques numéros, qui était sous la forme d'un feuillet saisonnier qui était distribué gratos dans plein d'endroits culturels. Et finalement... L'étape d'après, ça a été ce lieu, ce studio où en gros, ça devient un lieu de passage où une photographe, un photographe viennent prendre un café, on discute, ils viennent shooter, des magazines viennent shooter, des interlocuteurs variés. Et moi, c'est un truc qui me... à la fois qui me rassure parce que du coup j'ai plus l'impression d'être tout seul dans ce que je fais à la fois il y a un truc assez bête je suis pas bien vieux et j'ai pas encore une expérience folle mais en gros tu te rends compte quand même qu'il y a une sorte de concurrence qui s'auto-alimente et qui existe pas vraiment quand tu te mets à parler avec les gens qui font pareil que toi, de ta génération et du coup que tu peux au contraire créer des super liens faire des... Des super dîners plutôt que de faire semblant que c'est Biggie et Tupac. Et dans ce cadre-là, récemment, il y a eu quoi ? Il y a eu le club DDA qui m'avait sollicité en me disant Tu ne veux pas inviter une trentaine d'artistes autour de toi à exposer sur les murs de la Philharmonie ? Ce que j'ai fait du coup, et c'est cool parce qu'à la fois j'appelle des proches et à la fois j'appelle des gens que je connais moins personnellement mais que j'aime bien. Et du coup, on se rencontre, tout ça. Et après, ils viennent à mon studio, ils viennent shooter. C'est assez vertueux. Il y a eu aussi, du coup, il y a les rencontres d'Arles. Tant d'années que tu connais bien. Et là, l'an dernier, on a investi une mini-galerie qu'on a retapissée de photos. Je ne sais pas, il devait y avoir 700 tirages qu'on avait imprimés sous la forme de cartes postales. Et du coup, les gens venaient, pouvaient récupérer une carte postale gratuitement et l'envoyer. On avait installé une petite boîte aux lettres au milieu. Il y a ce truc de créer des initiatives un peu collectives. C'est un peu une hantise d'être le réel metteur en scène, photographe, artiste, que sais-je, qui est seul sur sa tour. Et c'est quand même plus marrant quand il y a du monde autour. Je trouve ça sain en fait que la concurrence dans le sens où quand je vois quelqu'un de fort devant moi, ça me donne envie moi de faire des choses bien. Et enfin voilà, je pense que ça c'est cool. Mais en fait, il y a une différence entre ça et un truc un peu conflictuel de je bombe le torse et je parle à personne qui me semble... pas très moderne, surtout à l'heure où, en fait, avec ton téléphone, tu te crées ton propre monde avec tes comptes Instagram et consorts. Donc, tu es assez en contrôle de ce que tu montres, de ce que tu défends, tout ça. Il n'y a pas 18 personnes autour de toi qui te valident ou qui font l'interface. En tout cas, je parle d'une jeune génération. Et du coup, d'autant plus, ce truc de collectif, je trouve, est d'autant plus légitime parce que chacun avance un peu de manière indépendante. Voilà, t'es quand même plus fort quand t'es entouré de... Enfin voilà, moi en tout cas, au-delà d'être plus fort ou quoi, il y avait un truc où juste j'avais pas envie de faire mes trucs seul dans mon coin. D'ailleurs, c'est pour ça que je n'ai jamais voulu être peintre, parce qu'en fait, t'es seul face à ta toile dans un atelier, alors que sur un plateau de tournage, il y a plein de gens talentueux, qui font des trucs avec toi. Et dans ce truc de studio, de lieu, on a la chance quand même que Paris soit riche de plein de gens qui font plein de choses. Et du coup, c'est une porte d'entrée à des rencontres, à des discussions, à des projets. Moi aussi, il y a un truc, je me suis pas mal fait banane par différents studios à Paris où on me file, je sais pas, 4000 ou 5000 euros pour faire une pochette et en fait, je mets trois quarts dans la location d'un studio avec deux projecteurs et au moment où j'ouvre ce studio, je me dis, on va faire différemment. On va pouvoir accueillir des projets quand il n'y a pas de blé et pas les matraquer, comme ça a pu m'arriver. J'ai été dans des studios où carrément à la fin, ils nous faisaient payer le nombre de dosettes de café qu'on utilisait. Et c'est des pratiques qu'il y a encore. Du coup, ici, c'est différent. Je crois que ce dont tu parles, c'est quelque chose d'assez important. Si il y a une grande différenciation entre ton travail commissionné et ce que tu fais plus pour toi, pour ton plaisir, c'est qu'il y a un problème. De un, évidemment que ça doit se nourrir, mais surtout, l'idée, c'est quand même qu'il y ait une cohérence. En tout cas, moi, c'est ce que j'essaye de faire. Et donc, évidemment, ça arrive à tout le monde. Tu te fais parfois un peu malmené. Mais l'idée, c'est de construire un truc cohérent avec des thèmes, des manières de faire, stylistiques, etc., qui aient une unité dans ce que je propose. En tout cas, je procède de la même manière quand une marque de mode qui me commande une série d'images ou que c'est un truc purement par envie personnelle ou que c'est un magazine. En fait, de un, ça se nourrit dans ton rapport avec les gens qui... qui travaillent avec toi et qui t'aident à la fabrication parce que d'un coup c'est un truc plus perso, d'un coup c'est un job avec plus de moyens mais je pense que ce truc d'unité est assez important en fait en tant que réel tu travailles avec un agent à l'intérieur d'une boîte de production qui eux te représentent auprès de eux clients qui vont à la fois défendre ta vision, à la fois t'aider en fait à fabriquer ce que t'as en tête donc c'est bien parce que du coup t'es pas seulement dans un truc d'agent, de représentation, de deal, de prendre des sous t'es aussi dans si on fait ce projet, comment on le met en oeuvre. Ça fait quelques années maintenant avec Iconoclast et c'est un peu le Le Real Madrid de la prod, t'es entouré de gens extrêmement talentueux, donc c'est stimulant, et ça te pousse à te creuser un peu la tête pour te sentir légitime à ta place là-dedans. Et là, on travaille sur un format plus court-métrage, donc c'est un autre territoire, et donc c'est intéressant aussi. Je vais tourner dans quelques semaines. J'aime la balance entre avoir le temps et être dans une sollicitation un peu immédiate. Et je trouve que si tu t'habitues qu'à un des deux, ça peut être problématique. Par exemple, il y a quelque temps... Je trouvais que j'enchaînais que les trucs, les sollicitations extérieures, sans développer des choses plus sur le long cours, justement. Et du coup, j'ai ralenti un peu en refusant des trucs pour pouvoir me concentrer justement sur des choses qui me tenaient à cœur, pour lesquelles j'avais besoin. de temps pour les processer. Et donc, je pense que ça se nourrit. En fait, c'est... Enfin, je ne sais pas, c'est comme... C'est con, mais... Tu t'entraînes à... à faire des natations, et puis le jour du coup de... quand tu dois aller choper la médaille, t'es efficace. Voilà, c'est pareil. Je pense que tu... t'es rouillé si tu t'attends juste qu'on t'appelle et que tu sautes sur la proposition et puis après tu stoppes tout donc je pense qu'il faut se nourrir des deux et après moi mon rapport au temps pendant au début j'étais un peu dans une frustration je me disais putain j'ai jamais le temps de faire ça, de faire ça, de faire ça j'étais un peu toujours dans un truc euh... Ouais, une sorte de tunnel. Enfin voilà, à mon échelle, tu vois. Et en fait, c'est vrai que je pense qu'avec tout ce qu'il y a eu, les histoires de Covid, tu prends un peu plus de recul, tu prends le temps. Et après, il y a des moments que j'aime bien, d'aller au cinéma très régulièrement et de regarder un film. et de couper pendant deux heures. Je ne fais pas une douche froide à 5h du mat pour ensuite être efficace dans mon... En fait, je suis obsessionnel. Si un sujet m'intéresse, un projet me passionne ou quoi, je vais faire des nuits blanches dessus sans me questionner et être un peu obsessionnel. Et à la fois, je pense que j'arrive à stopper... et à kiffer, à aller boire des verres c'est une balance je trouve que c'est agréable d'être dans les milieux dans lesquels on est et dans lesquels les gens qui t'écoutent sont c'est qu'en fait c'est une course vers rien, c'est à dire si on cherche c'est à produire des sentiments des émotions S'il te faut trois ans pour sortir la meilleure image, eh ben, c'est pas grave. Il n'y a pas de course vers... C'est pas une immédiateté, comme, je sais pas, des gens qui sont financiers, qui veulent absolument tout de suite faire un gros chiffre d'affaires pour tel trimestre, ou des gens qui ont une carrière, qui doivent gravir les échanges. En vrai, voilà, il n'y a pas de recette. Et il y a des chefs-d'oeuvre faits par des mecs de 20 ans, comme de 70. Et voilà, donc chacun à son rythme. Il y a un truc intéressant, c'est quand même que la culture visuelle, Des jeunes générations a été décuplée par les réseaux sociaux, internet, le téléphone, enfin voilà, je parle comme si j'étais un dinosaure, mais j'en sais rien. Moi, je parle à des gens qui sont même pas majeurs et en fait, qui ont des références grâce à, justement, Instagram, etc., qui sont assez pointues. Après, le... L'écueil, c'est que du coup, et ça, on ne le dit pas assez, je pense, mais si tu passes ta vie à juste ta brevée d'images par un seul canal, que ce soit Pinterest ou Instagram, du coup, c'est très limitant. Mais du coup, le futur, je pense qu'il y a eu un truc amorcé depuis bien des années, c'est la démocratisation. Il n'y a pas besoin d'avoir... Un équipement exceptionnel pour shooter une image, et ça je pense que c'était déjà le cas quand moi j'ai eu envie d'en faire, et c'est encore plus le cas maintenant, c'est que tout le monde est confronté d'une manière ou d'une autre à la confection d'une image avec nos téléphones, où maintenant il y a un appareil dedans, et donc je pense que ça va amener... Des choses intéressantes et qu'il y a des chefs-d'oeuvre qui vont être faits avec un mini boîtier par une jeune de 17 ans dans sa campagne, je ne sais pas sur quel continent. Voilà, les trucs d'intelligence artificielle dans l'image, je m'en cogne un peu parce que j'ai jamais été bouleversé, c'est sûr, mais ne serait-ce qu'un tout petit peu sensible à un truc fabriqué complètement artificiellement. Je pense que c'est déjà une aide intéressante pour faire des tests, tout ça. Voilà, on parlait du temps, en fait, le futur, c'est de se donner le luxe du temps, de passer trois piges, quatre piges, à écrire quelque chose, à aller au bout de ça. Ce que tu t'autorises moins quand tu démarres, parce que tu as envie de prouver. Après, j'ai encore envie de prouver. Mais ouais, j'ai des envies de format plus long, plus écrit, plus fiction. Et puis surtout, je me considère à une étape de ce que je fais où j'ai encore vraiment envie de faire des petites pépites qui restent un peu. Je ne sais pas si j'ai fait des choses qui me satisfont suffisamment. D'ailleurs, je ne sais pas si c'est vaste comme sujet. Est-ce que je suis satisfait à un moment ? Mais ouais, en vrai, je suis fasciné par... Un truc, c'est qu'une image ou un film, si c'est bien, c'est toujours bien dans 20 ans. Et je revois des films d'il y a 20, 30, 40 ans qui sont des petits bijoux. Et finalement, tu tends à fabriquer un truc qui reste, qui te reste un peu, c'est-à-dire au-delà de ce que tu fais après ou quoi. Il y avait une phrase de Kassovitz qui m'avait marqué, où il disait, il parlait de la haine, qui est un film dont le succès a complètement dépassé, et il a dit voilà, ça c'est pour les livres d'histoire. Et ça absolument engloutit sa filmographie par la suite. Et je pense qu'il en est un peu conscient. Mais en même temps, il fait un film pour la postérité. Je pense que c'est ce que chacun peut tendre à ça. C'est ambitieux. Le futur de l'image, pour moi, c'est que ce n'est plus du tout destiné à un truc d'élite. Il y a plus de trucs hiérarchiques. Et ça, ça fait déjà bien un moment. Mais du coup, je pense que les bouleversements arriveront, sont déjà là et vont s'amplifier. C'est-à-dire vraiment confier une campagne. à quelqu'un qui n'a jamais rien fait avant, mais juste qui est absolument... dont l'œil, la vision est juste à un moment donné.

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    Merci d'avoir écouté ce podcast. Vous pouvez retrouver tous les épisodes de Vision sur les plateformes de podcast, de Spotify en passant par Deezer, Apple Podcast, et nos actualités sur notre site vision.photo, sur notre Instagram, at podcastvision. Si vous avez quelques secondes pour noter et laisser votre avis, ça nous aide aussi beaucoup. A très vite pour parler de photographie.

Description

J’ai rendez-vous dans un studio photo du 18ème arrondissement, situé sur les hauteurs de Montmartre. Grand, cheveux bruns presque rasés, Remi Besse m’accueille avec un grand sourire. D’une voix calme, il me propose d’enregistrer le podcast dans l’une des pièces situées au fond du studio. Son regard reste paradoxalement alerte et les yeux sont rivés en permanence sur son téléphone portable. Il semble toujours attendre un appel, un message, un projet… Remi me donne l’impression d’un passionné et d’un vrai boulimique de travail.


Réalisateur et photographe basé à Paris, l’artiste signe depuis plusieurs années des images pour l’industrie de la mode et plusieurs figures majeures du champ musical. C’est d’ailleurs en regardant un clip pour IDK et Kaytranada — dans lequel des livreurs en vélo survolent les routes et les toits de Paris — que je redécouvre récemment son travail. Sa photographie est souvent mélangée à la peinture, qu’il découvre d’ailleurs très tôt lors de sa formation aux Arts Décoratifs de Paris.


Dans ce podcast, nous parcourons le fil conducteur de son travail, ses premières influences (d’une fameuse pochette des Strokes aux clips de Jonathan Glazer) et nous parlons de l’importance du collectif. Remi nous décrit certaines photographies et rencontres importantes et évoque également sans tabou la « concurrence » dans son milieu.


🤝 Partenaire


MPB, la plus grande plateforme en ligne au monde pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d’occasion.


🎙 Crédits


Un podcast réalisé et produit par Aliocha Boi/ Noyau.studio, monté et mixé par Virgile Loiseau et mis en musique par Charlie Janiaut.


✨ Liens  


Instagram - Vision(s)  

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

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    Une production Noyaux Studios Vous écoutez Vidyon, un podcast sur la photographie contemporaine. Pour cette cinquième saison de Vision, j'ai le plaisir de vous annoncer que nous sommes toujours en partenariat avec MPB, qui est la plus grande plateforme en ligne au monde pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d'occasion. Il y a un lien vers le site de MPB dans la description de ce podcast et sur notre propre site vision.photo. Je vous souhaite une très bonne écoute. C'est une photo qui représente un petit garçon seul au milieu d'un hall, un hall d'entrée d'immeuble. Autour de lui, la végétation est en train de reprendre le dessus. Et c'était un peu une sorte de réflexion sur le temps qui passe et les priorités de nos sociétés modernes où en fait on construit... énormément de choses, on se met énormément d'impératifs dans nos sociétés et en même temps à la fin, la nature reprend un peu le dessus quoi qu'il arrive et le réchauffement climatique, c'est la phase ultime de ça. On a beau construire tous les gratte-ciels du monde et tous les stades et en fait, si nos villes deviennent invivables, on ne sera plus là. C'est une image qui a été faite dans le cadre d'une série photo. Ça a permis de récolter des fonds pour une ONG. Elle a été vendue. Je l'ai exposée dans le cadre d'un événement. À ce moment-là, il y a eu différentes personnes qui sont venues, qui ont acheté des tirages. des achats en ligne. Et ça faisait partie de toute une série sur justement comment représenter cette idée de monde un peu en train de brûler, mais avec une certaine distance et par la métaphore, sans avoir des pancartes qui disent la planète est en danger. C'était assez agréable à faire parce que j'avais décidé qu'on ferait tout pour de vrai. J'avais pas envie de travailler avec des ajouts artificiels en 3D, etc. Donc, dans le cadre de cette photo, par exemple, on a vraiment... On cherchait un hall, on a mis du temps à le trouver parce qu'il fallait que ça fasse vrai. En même temps, moi, je n'avais pas envie de déranger des gens qui vivaient dans un immeuble. Et finalement, on a été dans un vrai hall d'entrée avec cette petite boîte aux lettres et on a mis de la végétation partout. Il y avait même des petits escargots, je me souviens, qui se baladaient. Et voilà, cette image, elle est un peu restée parmi toute cette série. Je suis Rémi Besse, je suis réalisateur et photographe. Je fabrique des images pour le plus de support possible. Ça va de pochettes de disques à la campagne de mode. Je vis et je travaille et je suis né à Paris. Et c'est une source d'inspiration, forcément, parce que c'est ce que j'observe depuis que je suis là. Depuis très jeune, je suis attiré par toute forme d'image, que ce soit une publicité sous un abribus. Peuchette d'album dans la bibliothèque, bande dessinée, une peinture. Et donc je pense que je suis venu à l'image par juste mon attrait pour la peinture, pour l'image dessinée. Ce qui m'a conduit du coup, après le lycée, à me dire que j'avais envie de faire ça. Et donc j'étais dans une école d'art, les arts déco, et petit à petit, j'ai beaucoup fait d'images, beaucoup pris des pinceaux ou des feutres à ce moment-là. Et à la fois, j'étais attiré aussi par la mise en scène. Je voyais passer des clips incroyables depuis mon adolescence, ma préadolescence. C'était un champ qui m'intéressait vraiment. Et donc, je suis venu petit à petit avoir envie de photographier, filmer ce que je voyais, en plus de les peindre ou de les dessiner. Après ça, du coup, j'ai fait des choses de mon côté. J'ai filmé des amis dans des situations variées. J'ai commencé à monter, à éditer, à expérimenter. Et ça m'a conduit à... Il y a des images qui restent et en fait, tu n'as aucune explication rationnelle. Pourquoi une image te touche plus qu'une autre ? Et je pense d'ailleurs que c'est assez sain de ne pas vouloir toujours tout expliciter. Mais en gros, moi, quand j'étais pré-adolescent, adolescent, il y avait vraiment une émulation du clip vidéo en France. Je pense à des... Fleur et Manu, Megaforce, Romain Gabras, toutes les deux semaines, il y avait un petit bijou qui sortait. Et du coup, moi, à cette époque, je suis jeune, et je vois ça et je me dis qu'il y a des Français qui fabriquent des images folles. Ça m'a mis un peu dans cette... dynamique de me dire que c'était possible, que ce n'était pas que des gens très loin ou dans d'autres continents qui avaient les manettes, mais aussi des petits trentenaires qui habitaient pas loin. Donc ça, ça a été important. J'ai un souvenir aussi d'une image, et je pense que par rapport à ce que je fais, ça a quand même un peu de sens, c'est dans le métro ou dans la rue, quand j'étais enfant. Il y avait les photographies de Jean-Paul Goud pour les Galeries Lafayette. C'était un peu bizarre. Il y avait ce truc d'étrangeté qui était un peu singulier et qui me restait en tête. Et à la fois, c'était un objet publicitaire. Je pense aussi à des pochettes de disques qui m'ont un peu saisi. Là, je ne sais pas pourquoi, mais il y a une pochette des Strokes qui est incroyable. Avec du cuir, une partie du corps, ça c'est une image qui m'est restée. Je ne l'ai pas vue depuis des années. Elle est complètement clinique, c'est froid, c'est bizarre. Et en même temps, je pense que la bonne pochette de disque, elle doit avoir ce côté un peu fou, intemporel, inexplicable. Quand moi je travaille avec un artiste et que ses références sont très terre à terre, Sur, bah oui, j'ai envie que ce soit un profil de trois quarts, il faut que je sois dans l'incarnation, tout ça. C'est vrai que c'est un terrain de dialogue qui est moins stimulant. Mais du coup, cette image de ce gant de cuir sur ce corps tout blanc, il y a quelque chose d'assez fascinant. Ouais, je me souviens de cette image. J'étais vraiment pas bien vieux quand je l'ai découverte. Mais du coup, c'est pour ça que probablement ça m'est resté. Après, il y a ce que Mondino avait fait pour Prince, où il est nu. Au milieu des fleurs, pareil je ne suis pas sûr de bien la décrire, il faudrait que je me la rematte, mais il y a quelque chose de très beau là-dedans, pour moi c'est une bonne pochette. Et je pense que d'ailleurs, c'est exactement ça que n'importe quel réel doit aller chercher. C'est comment faire un objet qui reste pertinent et cool à regarder des années plus tard. Et en fait, là... 99% de ce qui sort n'est plus juste trois ans après et c'est dramatique. Mais après, c'est plus facile à dire qu'à faire. Mais du coup, un bon clip, c'est celui qui est cool et qui est pertinent des années, voire des décennies après. C'est le cas de Spike Jonze, ce qu'il a fait dans les années 90-2000. C'est le cas des clips de Jonathan Glazer. qui vient de sortir un film époustouflant mais qui avant de faire des longs métrages faisait beaucoup de clips et il a fait des clips à 25 ans qui sont encore des petits bijoux d'invention et une bonne idée elle reste même avec une exécution un peu parfois perfectible le clip de Mehdi il y a des choix de mise en scène qui sont pas parfaits selon les propres dires du réal mais on s'en fout parce qu'en fait ce qui s'en dégage le... Enfin voilà, c'est ce qu'il y a de plus important. Et après voilà aussi, c'est pas simple de trouver un artiste qui accepte d'aller sur ce terrain, de te laisser les clés qui te permettent de faire quelque chose qui reste et qui perdure au fil des années. Une grande partie de mon temps est consacrée à trouver des interlocuteurs, que ce soit des marques ou des labels ou des artistes qui me disent Ok, on te laisse les clés et tu vas avoir le droit de vraiment avoir un champ d'expression. Et souvent, tout le monde a peur de tout le monde. Et du coup, ça se mord un peu la queue et voilà. Souvent, je pars de... d'une tentative de créer des morceaux pour les archéologues du futur. Et ça m'intéresse en fait l'observation de ce qu'il y a autour de moi. qu'est-ce que je peux en faire ? Quelle est l'iconographie de ce qui m'entoure ? En gros, notamment au début, quand j'ai commencé, j'avais des réflexes de me dire ça peut être cool de shooter ça, de filmer ça, de photographier ça. Et souvent, c'était un peu éloigné de ce que je connaissais vraiment ou de ce que je voyais. Et du coup, là, finalement, j'ai fait le chemin inverse de partir de thèmes simples qui font le... Le monde dans lequel on est. Par exemple, tu me parlais des livreurs. Je trouve que c'est intéressant parce que, bon, déjà, ils n'étaient pas là il y a dix ans. Et maintenant, il y en a dans toutes les villes du monde, des livreurs à vélo. Et c'est vrai que ça a été un peu une obsession parce que je trouvais que personne s'emparait du sujet pour en faire autre chose que soit une photo documentaire qui n'est pas du tout mon champ. et qui est totalement respectable, et il en faut. Et je voyais des images pour illustrer des articles, mais du coup, c'est un travail journalistique. Mais en fait, s'emparer de ce sujet pour en faire justement, installer un peu un narratif sur ce que c'est le monde en 2020 ou en 2025, c'est ça qui m'intéresse, et souvent, je pars de ça. pour fabriquer de l'image. Et le petit enfant, dans son hall, il y a ce truc où c'est devenu un sujet sur toutes les bouches, la crise écologique, etc. Et en même temps, il y a ce contraste dans la vie de tous les jours, c'est quoi en fait ce sujet-là ? Et jouer sur ça, je crois que ça m'intéresse, je crois que ça me rassure aussi parce qu'au moins, je sais de quoi je parle. Et à la fois, je n'ai pas envie non plus de retranscrire juste ce que je vois. Il y a toujours un peu une distance et l'envie de fabriquer une image différente. Et ça aussi, c'est un des fils conducteurs. C'est comment créer une image qui n'existe pas encore. Je pense que ça résume ce que j'essaye de faire, que ce soit sur un médium photographique ou vidéo, c'est fabriquer des images qui ne sont pas encore dans l'imaginaire collectif. Et en fait, ça me désole justement quand je vois passer des trucs qui sont du pompage d'un autre truc qui lui-même a été repompé. Et après, c'est normal, c'est une sorte de digestion de tout ce qu'on voit, mais du coup, essayer de faire ce... Ce cheminement inverse de ce qui n'a pas été fabriqué m'intéresse. Quoi qu'il arrive, que ce soit commissionné ou plus personnel, il y a un truc d'accumulation, même de boulimie d'images. Pour être sûr de composer un truc un peu hétéroclite, qui n'est pas juste un recrachat de quelque chose qui existe déjà. Il y a une grosse phase de préparatoire, d'archives, d'aller chercher à droite à gauche comment faire cette image, que ce soit un clip ou... ou une photo. Comme j'ai ce rapport au dessin, souvent je me rassure en faisant beaucoup de croquis préparatoires et les images dont on se parle, souvent je les ai dessinées avant. Comme ça, je peux la montrer à l'équipe qui travaille avec moi, que ce soit quand je suis assisté en lumière, quand je travaille avec des set designers, accessoiristes. Et moi, ça me permet de me référer à quelque chose. Et ça, je continue à le faire. quasi tout le temps, ça me permet d'avoir ça en plus. Et à la fois, c'est toujours différent à la fin quand je finis par shooter, mais c'est plein de petits trucs qui font l'historique de l'image. Ça ne m'arrive jamais, je crois, de me retrouver à sortir un boîtier, choper un truc et puis l'image reste telle qu'elle comme ça. En fait, comme tu l'as dit avant, souvent j'arrive sur un plateau et il y a 30 personnes ou 40 personnes qui sont là pour fabriquer le film ou la photo. Donc en fait, tu es un peu obligé d'avoir bossé avant, sinon tu es un peu une fraude. Et d'autant plus quand le travail est commissionné, où en fait là, carrément, tu dois dire à une marque ou un label, voilà comment je vois les choses. Donc ce travail préparatoire, en fait, ce n'est pas juste pour me rassurer moi, c'est aussi parce que ça permet d'emmener tout le monde. Finalement, pour résumer, je n'ai pas une pratique solitaire de l'image. Moi, je me sens légitime en travaillant comme ça. Et j'ai toujours du mal à dire que je suis photographe. Parce que la réalité, c'est que c'est un peu plus compliqué que ça. Il y a plusieurs couches. Mais comme j'ai ce truc avec ce rapport à la texture. Un truc quasi plastique par rapport à la matière d'une image. La phase après avoir appuyé sur l'objectif est tout aussi importante pour moi. Et parfois d'ailleurs, je n'aime pas une image et j'en fais quelque chose que j'apprécie et que je suis content de revendiquer. Et au contraire, parfois j'adore ce que j'ai shooté et en fait, le résultat à la fin, je n'arrive pas à trouver mon curseur dessus. Non mais après, c'est quand j'ai ce truc où j'ai besoin de passer du temps à jouer sur les teintes, la texture, à abîmer, à transformer. Et parce que ça me permet d'aller chercher un peu le trick visuel qui fait que du coup, à la fin, pour moi, il y a une singularité. Il y a cette image qu'on peut prendre en exemple qui est typiquement représentative de ce que je te disais sur ce truc d'archéologie du futur. J'étais en studio et je voulais capturer plein de silhouettes qu'on voit passer dans la ville. Et il y avait ce truc que je trouvais toujours touchant, des binômes en trottinette qui raillent de la ville. Parfois c'est des petits couples, parfois c'est juste deux amis. Et puis en gros cette image c'est une accumulation de silhouettes, des gens de dos, des gens de face, des gens sur une trottinette. Et j'ai travaillé ça comme si c'était shooté sur du... presque sur du papier calque en fait. Et je testais, je voyais ce qui fonctionnait. Et puis, au fur et à mesure des couches successives, ça commence à boire un peu, la texture évolue. Je commence à venir peindre par-dessus une couche de vert que je viens appliquer par-dessus mon image. Donc, il y a un truc de l'ordre de la peinture et c'est pour ça que c'était un des premiers. Le truc dont je t'ai parlé, c'est que ce qui me rassure dans mon rapport à l'image et à la fabrication de l'image, c'est ce truc assez plastique et peinturé. Comme je fonctionne avec des associations d'idées, j'étais assez obsessionnel sur les livreurs parce que je trouvais que c'était très révélateur de comment fonctionnent nos sociétés et les couches hiérarchiques que ça implique. Et en fait, ce clip pour Quai de Granada, c'est arrivé d'une envie de... de créer un narratif un peu fantasmé sur ces livreurs. Et du coup, dans ce film, ils se mettent à s'envoler au-dessus de la ville. Et du coup, on sort du réel et ça m'intéressait d'être dans ce contraste là, de filmer quelque chose de très dur et d'en faire presque une sorte de petit conte, petite poésie contemporaine. C'est un clip que j'avais envie de faire depuis vraiment longtemps. Et d'ailleurs, c'est un peu une escroquerie quand les réals disent ouais, l'idée m'est apparue tout de suite Souvent, un clip, en fait, tu le développes pendant des semaines, des mois. Ça peut rester des années dans ta tête avant que ça aboutisse, parce qu'il y a plein de conditions à réunir pour que ça marche. Et du coup je suis assez pour que les réalisateurs se mettent à assumer qu'ils développent des idées pour un artiste et puis que finalement ça aboutisse pour un autre. Et en fait c'est pas grave si le clip est bien. Et là dans ce contexte, ouais en fait c'est... On a mis du temps à trouver un morceau qui fonctionnerait, un label qui est chaud, des artistes qui suivent, tout ça, ça a été un process long. Mais moi, c'était quelque chose que j'ai développé pendant longtemps, avec beaucoup d'accumulation d'images, d'écriture de séquences, tout ça. Et ça s'est fait comme ça. En fait, généralement, tu fais une note d'intention de 5 pages ou de 50 pages. En fait, ça dépend de comment tu travailles. Moi, j'ai tendance à penser que plus c'est concis, mieux c'est, parce que du coup, ton idée, elle est compréhensible vite. Donc, tu bosses un traitement et là, ça partait de zéro. C'est-à-dire que l'idée venait de moi et de la boîte de production avec qui je travaille, qui m'accompagnait dessus. Iconoclast et on l'a présenté mais c'est une note d'intention qui décrit le film Ils reçoivent ça et ils accrochent ou non. Mais parfois, c'est le schéma inverse. Parfois, tu as un label pour une pochette d'album ou pour un clip qui te dit Nous, on pense à ça, donne-moi ton interprétation. Et souvent, d'ailleurs, ils interrogent plusieurs photographes ou plusieurs réels pour voir quelle vision se rapproche la plus de la leur. Du coup, tu te fais souvent baser sur ce qu'on appelle des compètes pour avoir un clip. Au bout d'un moment, tu te mets à parler quand tu sens que tout le monde accroche, tu fais des calls. Premier clip que j'ai fait, j'étais vingtenaire, c'était pour IBI, un duo de chanteuses franco-cubaines. Tu amorces des discussions, tu essayes de coller au maximum aussi à leur sensibilité. Il faut que tout le monde s'y retrouve, il faut aussi avoir en tête que tu ne travailles pas pour toi. et donc que tu dois aussi être pertinent dans ta proposition. Au début, quand j'ai démarré, je pense que j'étais un peu tête cramée à vouloir imposer des idées en disant mais c'est sûr qu'il faut faire cette pochette ou cette série de photos de cette manière, mais si tu t'écoutes que toi-même, tu es tout seul. Je pense que c'est bien d'intégrer que tu as tout intérêt à prendre en compte les remarques ou les idées d'un artiste. Après, parfois, elles peuvent être mauvaises. Et dans ce cas-là, il suffit d'échanger, d'être sûr de soi. Il y a un moment où tu te rends vite compte, quand tu es en train de faire des images, que tu es assez seul dans ton couloir en tant que réal, que photographe. Moi, ça me faisait un peu flipper d'avancer comme ça, de manière solitaire. sachant qu'il y avait plein de gens autour de moi que j'estimais, qui étaient talentueux, qui sont talentueux, qui font des trucs géniaux. Et du coup, la motivation d'ouvrir ce studio, là où on se trouve pour enregistrer, c'est né de ça, c'est né d'avoir un peu un lieu où moi je peux travailler, où d'autres peuvent travailler, fabriquer de l'image, que ce soit un lieu d'échange. Et ça, et donc ce lieu, ce studio photo est à... Paru après avoir développé différents projets, justement un peu à plein. J'avais commencé il y a quelques années à d'abord faire des expos collectives où j'invitais quelques potes proches qui fassent de la peinture, de la photographie. à montrer ce qu'il faisait. Après ça, ça s'est transformé en une sorte de revue slash fanzine qui a duré quelques numéros, qui était sous la forme d'un feuillet saisonnier qui était distribué gratos dans plein d'endroits culturels. Et finalement... L'étape d'après, ça a été ce lieu, ce studio où en gros, ça devient un lieu de passage où une photographe, un photographe viennent prendre un café, on discute, ils viennent shooter, des magazines viennent shooter, des interlocuteurs variés. Et moi, c'est un truc qui me... à la fois qui me rassure parce que du coup j'ai plus l'impression d'être tout seul dans ce que je fais à la fois il y a un truc assez bête je suis pas bien vieux et j'ai pas encore une expérience folle mais en gros tu te rends compte quand même qu'il y a une sorte de concurrence qui s'auto-alimente et qui existe pas vraiment quand tu te mets à parler avec les gens qui font pareil que toi, de ta génération et du coup que tu peux au contraire créer des super liens faire des... Des super dîners plutôt que de faire semblant que c'est Biggie et Tupac. Et dans ce cadre-là, récemment, il y a eu quoi ? Il y a eu le club DDA qui m'avait sollicité en me disant Tu ne veux pas inviter une trentaine d'artistes autour de toi à exposer sur les murs de la Philharmonie ? Ce que j'ai fait du coup, et c'est cool parce qu'à la fois j'appelle des proches et à la fois j'appelle des gens que je connais moins personnellement mais que j'aime bien. Et du coup, on se rencontre, tout ça. Et après, ils viennent à mon studio, ils viennent shooter. C'est assez vertueux. Il y a eu aussi, du coup, il y a les rencontres d'Arles. Tant d'années que tu connais bien. Et là, l'an dernier, on a investi une mini-galerie qu'on a retapissée de photos. Je ne sais pas, il devait y avoir 700 tirages qu'on avait imprimés sous la forme de cartes postales. Et du coup, les gens venaient, pouvaient récupérer une carte postale gratuitement et l'envoyer. On avait installé une petite boîte aux lettres au milieu. Il y a ce truc de créer des initiatives un peu collectives. C'est un peu une hantise d'être le réel metteur en scène, photographe, artiste, que sais-je, qui est seul sur sa tour. Et c'est quand même plus marrant quand il y a du monde autour. Je trouve ça sain en fait que la concurrence dans le sens où quand je vois quelqu'un de fort devant moi, ça me donne envie moi de faire des choses bien. Et enfin voilà, je pense que ça c'est cool. Mais en fait, il y a une différence entre ça et un truc un peu conflictuel de je bombe le torse et je parle à personne qui me semble... pas très moderne, surtout à l'heure où, en fait, avec ton téléphone, tu te crées ton propre monde avec tes comptes Instagram et consorts. Donc, tu es assez en contrôle de ce que tu montres, de ce que tu défends, tout ça. Il n'y a pas 18 personnes autour de toi qui te valident ou qui font l'interface. En tout cas, je parle d'une jeune génération. Et du coup, d'autant plus, ce truc de collectif, je trouve, est d'autant plus légitime parce que chacun avance un peu de manière indépendante. Voilà, t'es quand même plus fort quand t'es entouré de... Enfin voilà, moi en tout cas, au-delà d'être plus fort ou quoi, il y avait un truc où juste j'avais pas envie de faire mes trucs seul dans mon coin. D'ailleurs, c'est pour ça que je n'ai jamais voulu être peintre, parce qu'en fait, t'es seul face à ta toile dans un atelier, alors que sur un plateau de tournage, il y a plein de gens talentueux, qui font des trucs avec toi. Et dans ce truc de studio, de lieu, on a la chance quand même que Paris soit riche de plein de gens qui font plein de choses. Et du coup, c'est une porte d'entrée à des rencontres, à des discussions, à des projets. Moi aussi, il y a un truc, je me suis pas mal fait banane par différents studios à Paris où on me file, je sais pas, 4000 ou 5000 euros pour faire une pochette et en fait, je mets trois quarts dans la location d'un studio avec deux projecteurs et au moment où j'ouvre ce studio, je me dis, on va faire différemment. On va pouvoir accueillir des projets quand il n'y a pas de blé et pas les matraquer, comme ça a pu m'arriver. J'ai été dans des studios où carrément à la fin, ils nous faisaient payer le nombre de dosettes de café qu'on utilisait. Et c'est des pratiques qu'il y a encore. Du coup, ici, c'est différent. Je crois que ce dont tu parles, c'est quelque chose d'assez important. Si il y a une grande différenciation entre ton travail commissionné et ce que tu fais plus pour toi, pour ton plaisir, c'est qu'il y a un problème. De un, évidemment que ça doit se nourrir, mais surtout, l'idée, c'est quand même qu'il y ait une cohérence. En tout cas, moi, c'est ce que j'essaye de faire. Et donc, évidemment, ça arrive à tout le monde. Tu te fais parfois un peu malmené. Mais l'idée, c'est de construire un truc cohérent avec des thèmes, des manières de faire, stylistiques, etc., qui aient une unité dans ce que je propose. En tout cas, je procède de la même manière quand une marque de mode qui me commande une série d'images ou que c'est un truc purement par envie personnelle ou que c'est un magazine. En fait, de un, ça se nourrit dans ton rapport avec les gens qui... qui travaillent avec toi et qui t'aident à la fabrication parce que d'un coup c'est un truc plus perso, d'un coup c'est un job avec plus de moyens mais je pense que ce truc d'unité est assez important en fait en tant que réel tu travailles avec un agent à l'intérieur d'une boîte de production qui eux te représentent auprès de eux clients qui vont à la fois défendre ta vision, à la fois t'aider en fait à fabriquer ce que t'as en tête donc c'est bien parce que du coup t'es pas seulement dans un truc d'agent, de représentation, de deal, de prendre des sous t'es aussi dans si on fait ce projet, comment on le met en oeuvre. Ça fait quelques années maintenant avec Iconoclast et c'est un peu le Le Real Madrid de la prod, t'es entouré de gens extrêmement talentueux, donc c'est stimulant, et ça te pousse à te creuser un peu la tête pour te sentir légitime à ta place là-dedans. Et là, on travaille sur un format plus court-métrage, donc c'est un autre territoire, et donc c'est intéressant aussi. Je vais tourner dans quelques semaines. J'aime la balance entre avoir le temps et être dans une sollicitation un peu immédiate. Et je trouve que si tu t'habitues qu'à un des deux, ça peut être problématique. Par exemple, il y a quelque temps... Je trouvais que j'enchaînais que les trucs, les sollicitations extérieures, sans développer des choses plus sur le long cours, justement. Et du coup, j'ai ralenti un peu en refusant des trucs pour pouvoir me concentrer justement sur des choses qui me tenaient à cœur, pour lesquelles j'avais besoin. de temps pour les processer. Et donc, je pense que ça se nourrit. En fait, c'est... Enfin, je ne sais pas, c'est comme... C'est con, mais... Tu t'entraînes à... à faire des natations, et puis le jour du coup de... quand tu dois aller choper la médaille, t'es efficace. Voilà, c'est pareil. Je pense que tu... t'es rouillé si tu t'attends juste qu'on t'appelle et que tu sautes sur la proposition et puis après tu stoppes tout donc je pense qu'il faut se nourrir des deux et après moi mon rapport au temps pendant au début j'étais un peu dans une frustration je me disais putain j'ai jamais le temps de faire ça, de faire ça, de faire ça j'étais un peu toujours dans un truc euh... Ouais, une sorte de tunnel. Enfin voilà, à mon échelle, tu vois. Et en fait, c'est vrai que je pense qu'avec tout ce qu'il y a eu, les histoires de Covid, tu prends un peu plus de recul, tu prends le temps. Et après, il y a des moments que j'aime bien, d'aller au cinéma très régulièrement et de regarder un film. et de couper pendant deux heures. Je ne fais pas une douche froide à 5h du mat pour ensuite être efficace dans mon... En fait, je suis obsessionnel. Si un sujet m'intéresse, un projet me passionne ou quoi, je vais faire des nuits blanches dessus sans me questionner et être un peu obsessionnel. Et à la fois, je pense que j'arrive à stopper... et à kiffer, à aller boire des verres c'est une balance je trouve que c'est agréable d'être dans les milieux dans lesquels on est et dans lesquels les gens qui t'écoutent sont c'est qu'en fait c'est une course vers rien, c'est à dire si on cherche c'est à produire des sentiments des émotions S'il te faut trois ans pour sortir la meilleure image, eh ben, c'est pas grave. Il n'y a pas de course vers... C'est pas une immédiateté, comme, je sais pas, des gens qui sont financiers, qui veulent absolument tout de suite faire un gros chiffre d'affaires pour tel trimestre, ou des gens qui ont une carrière, qui doivent gravir les échanges. En vrai, voilà, il n'y a pas de recette. Et il y a des chefs-d'oeuvre faits par des mecs de 20 ans, comme de 70. Et voilà, donc chacun à son rythme. Il y a un truc intéressant, c'est quand même que la culture visuelle, Des jeunes générations a été décuplée par les réseaux sociaux, internet, le téléphone, enfin voilà, je parle comme si j'étais un dinosaure, mais j'en sais rien. Moi, je parle à des gens qui sont même pas majeurs et en fait, qui ont des références grâce à, justement, Instagram, etc., qui sont assez pointues. Après, le... L'écueil, c'est que du coup, et ça, on ne le dit pas assez, je pense, mais si tu passes ta vie à juste ta brevée d'images par un seul canal, que ce soit Pinterest ou Instagram, du coup, c'est très limitant. Mais du coup, le futur, je pense qu'il y a eu un truc amorcé depuis bien des années, c'est la démocratisation. Il n'y a pas besoin d'avoir... Un équipement exceptionnel pour shooter une image, et ça je pense que c'était déjà le cas quand moi j'ai eu envie d'en faire, et c'est encore plus le cas maintenant, c'est que tout le monde est confronté d'une manière ou d'une autre à la confection d'une image avec nos téléphones, où maintenant il y a un appareil dedans, et donc je pense que ça va amener... Des choses intéressantes et qu'il y a des chefs-d'oeuvre qui vont être faits avec un mini boîtier par une jeune de 17 ans dans sa campagne, je ne sais pas sur quel continent. Voilà, les trucs d'intelligence artificielle dans l'image, je m'en cogne un peu parce que j'ai jamais été bouleversé, c'est sûr, mais ne serait-ce qu'un tout petit peu sensible à un truc fabriqué complètement artificiellement. Je pense que c'est déjà une aide intéressante pour faire des tests, tout ça. Voilà, on parlait du temps, en fait, le futur, c'est de se donner le luxe du temps, de passer trois piges, quatre piges, à écrire quelque chose, à aller au bout de ça. Ce que tu t'autorises moins quand tu démarres, parce que tu as envie de prouver. Après, j'ai encore envie de prouver. Mais ouais, j'ai des envies de format plus long, plus écrit, plus fiction. Et puis surtout, je me considère à une étape de ce que je fais où j'ai encore vraiment envie de faire des petites pépites qui restent un peu. Je ne sais pas si j'ai fait des choses qui me satisfont suffisamment. D'ailleurs, je ne sais pas si c'est vaste comme sujet. Est-ce que je suis satisfait à un moment ? Mais ouais, en vrai, je suis fasciné par... Un truc, c'est qu'une image ou un film, si c'est bien, c'est toujours bien dans 20 ans. Et je revois des films d'il y a 20, 30, 40 ans qui sont des petits bijoux. Et finalement, tu tends à fabriquer un truc qui reste, qui te reste un peu, c'est-à-dire au-delà de ce que tu fais après ou quoi. Il y avait une phrase de Kassovitz qui m'avait marqué, où il disait, il parlait de la haine, qui est un film dont le succès a complètement dépassé, et il a dit voilà, ça c'est pour les livres d'histoire. Et ça absolument engloutit sa filmographie par la suite. Et je pense qu'il en est un peu conscient. Mais en même temps, il fait un film pour la postérité. Je pense que c'est ce que chacun peut tendre à ça. C'est ambitieux. Le futur de l'image, pour moi, c'est que ce n'est plus du tout destiné à un truc d'élite. Il y a plus de trucs hiérarchiques. Et ça, ça fait déjà bien un moment. Mais du coup, je pense que les bouleversements arriveront, sont déjà là et vont s'amplifier. C'est-à-dire vraiment confier une campagne. à quelqu'un qui n'a jamais rien fait avant, mais juste qui est absolument... dont l'œil, la vision est juste à un moment donné.

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    Merci d'avoir écouté ce podcast. Vous pouvez retrouver tous les épisodes de Vision sur les plateformes de podcast, de Spotify en passant par Deezer, Apple Podcast, et nos actualités sur notre site vision.photo, sur notre Instagram, at podcastvision. Si vous avez quelques secondes pour noter et laisser votre avis, ça nous aide aussi beaucoup. A très vite pour parler de photographie.

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