Speaker #0Bonjour à tous, dans ce troisième épisode, on va s'attarder sur les troubles qui peuvent être associés au HPI. Alors, parlons d'abord du trouble autistique. Il faut savoir que le spectre de l'autisme est très large et qu'il regroupe une pluralité de profils ainsi qu'une diversité de troubles. Il existe différents types d'autisme, mais celui qui sera associé à un HPI est l'autisme dit de haut niveau, nommé TSA-SDI dans les classifications. Alors, même s'il implique des difficultés dans les interactions sociales ou des comportements répétitifs, l'autisme de haut niveau est un autisme qualifié de léger. Une personne HPI qui souffre également d'un trouble du spectre de l'autisme présentera des caractéristiques particulières. Son intelligence forte et atypique ira de pair avec des intérêts spécifiques. Elle pourra se passionner sur certains sujets au point d'en devenir expert. La capacité mémorielle est excellente, d'une part liée à une mémoire de travail supérieure à la moyenne grâce au HPI, mais également grâce à une parfaite mémoire éidétique, souvent liée à l'autisme de haut niveau. En réalité, la principale difficulté d'un profil HPI-TSA réside dans la complexité des interactions sociales. Je vais prendre l'exemple d'un simple appel téléphonique qui peut prendre des proportions incommensurables. L'anticipation permanente des situations de stress donne lieu à une surcompensation qui place la personne en alerte constante. Dans l'exemple de l'appel téléphonique, cela va se traduire par exemple par la préparation méticuleuse de toutes les questions éventuelles auxquelles la personne pourra être confrontée. Cette stratégie vise tout simplement à se rassurer afin d'appréhender au mieux l'interaction. Évidemment, cela retire toute forme de spontanéité, mais ça place la personne dans une position active et surtout contrôlante. En pratique, le plus souvent, la personne préférera ne pas répondre si un appel survient alors qu'elle n'a pas pu se préparer auparavant. Cet exemple est sensiblement identique à toutes les interactions sociales au sens large, que ce soit un rendez-vous physique ou n'importe quelle fête ou orale d'examen. En adoptant cette stratégie usante, la personne peut subir plus tard une décompensation avec un effondrement émotionnel, psychique et parfois même physique. L'entourage ne prend pas conscience de la difficulté au quotidien et de l'aspect anxiogène de cet exercice d'équilibriste perpétuel. Il serait, je pense, judicieux de tenter de comprendre le pourquoi de certains comportements sociaux plutôt que de stigmatiser. Le cumul de deux particularités cognitives est un challenge, bien sûr, mais il est également le témoin d'une double exceptionnalité dont il faut être fier. Ce sont principalement les réactions extérieures qui posent problème. Par exemple, un profil HPI-TSA pourra souffrir de ces particularités principalement si elles sont niées ou mal interprétées. Alors par niées j'entends, pour le HPI, lorsqu'un élève sera réprimandé pour avoir posé des questions hors programme ou pire encore, pour avoir contredit ou corrigé un professeur. Par mal interprété j'entends justement la réaction d'un professeur à ce qu'il prendrait pour un affront alors qu'il s'agit seulement d'un souci de véracité. En fait, le côté hiérarchique prof-élève n'a pas de réelle signification pour un élève à HPI. Pour lui, si une personne fait une erreur, il la corrige, peu importe la différenciation adulte-enfant ou prof-élève. Il en va de même pour un autiste de haut niveau. Ensuite, par nier, j'entends pour l'autisme de haut niveau cette fois-ci, la propension à rejeter toute forme de comportement différent de la norme. Les codes sociaux ne sont pas une priorité pour un autiste de haut niveau, qui sera focalisé sur des aspects plus importants pour lui. Il sera plus épanoui dans une forme d'intériorité qui lui suffit amplement. Ensuite, par mal interprété, j'entends les réflexions récurrentes menant à des conclusions hâtives et erronées. L'autisme de haut niveau s'accompagne souvent d'un côté sans filtre qui dérange, voire même qui déstabilise. Tout comme le fait de discourir sur ses intérêts spécifiques peut parfois être pris à tort pour de l'arrogance ou de la supériorité, or il n'en est rien. Il y a une incompréhension mutuelle qui contribue à créer un fossé entre les neuroatypiques et les neurotypiques. Un second profil, peut se révéler complexe, il s'agit du HPI couplé à un TDA/H. Alors le TDA/H est un trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité. Il se traduit par un niveau élevé d'inattention couplé à des activités et des comportements impulsifs. Il se présente sous trois formes : la forme mixte qui comprend les critères d'inattention et d'impulsivité, la forme inattentive où les symptômes d'inattention prédominent et la forme hyperactive-impulsive, où les symptômes d'hyperactivité et d'impulsivité sont prépondérants. Le TDA/H est souvent associé à d'autres troubles, comme par exemple des difficultés d'apprentissage, principalement lecture-écriture, ou une dysgraphie. Concrètement, lorsqu'un HPI est couplé à un TDA/H, une frustration peut être présente, car les capacités intellectuelles sont à leur paroxysme, tandis que le TDA/H vient perturber les réalisations. Par exemple, un enfant HPI verra son appétence pour le savoir partiellement freinée par ses difficultés de concentration. La lecture pourra se révéler être une souffrance, principalement si le texte est monobloque et pas assez aéré. L'enfant ou l'adolescent pourra rapidement laisser tomber la lecture parce qu'elle lui fera perdre confiance en lui, alors qu'en réalité, il est tout à fait normal qu'il rencontre cette difficulté. Il suffira d'adapter le texte, de scinder en paragraphes courts et espacés pour débloquer la situation et lui redonner confiance. Le côté impulsif du TDA/H, lorsqu'il est couplé à un HPI, vient renforcer les conflits. Un HPI à profil complexe doublé d'un TDA/H pourra avoir des troubles du comportement, il s'emportera facilement, pourra avoir des conduites dangereuses et sera souvent en conflit avec les gens qui l'entourent, parfois même jusqu'à atteindre des troubles oppositionnels. Les troubles du sommeil seront également au rendez-vous, ce qui amplifiera le côté désorganisé et distrait, puisque les cycles circadiens seront complètement chamboulés. Les difficultés d'endormissement sont deux fois plus grandes pour une personne HPI-TDA/H du fait de l'agitation constante liée au TDA/H, mais également de l'hyperactivité cérébrale liée au HPI. À noter que de nombreux élèves HPI-TDA/H ne sont pas repérés à l'école, tout simplement car leur aptitude cognitive élevée parvient à compenser le trouble. D'ailleurs, chez la personne HPI-TDA/H, le déficit d'attention aura tendance à être sélectif. Je veux dire par là qu'elle pourra facilement se concentrer pendant des heures sur un sujet qui la passionne, alors qu'elle s'impatientera dans n'importe quelle autre situation quotidienne si son intérêt n'est pas stimulé. Tout comme avec l'autisme de haut niveau, la conjugaison d'un TDA/H avec un HPI implique un décalage considérable avec les autres du fait du cumul des deux exceptions. Enfin, un troisième trouble accompagne souvent le HPI, il s'agit du trouble anxieux généralisé. En réalité, ce trouble est également associé à l'autisme de haut niveau ainsi qu'au TDA/H. Autant vous dire que lorsque vous cumulez un HPI et un TSA, tout comme lorsque vous cumulez un HPI et un TDA/H, vous êtes doublement en proie aux troubles anxieux. Une personne à haut potentiel intellectuel a un rapport à l'existence différent des autres. Son traitement de l'information est plus rapide, sa lucidité est plus accrue, tout comme son intuition et son empathie. Un HPI à profil complexe sera plus enclin à développer des troubles anxieux. Il y a un épisode dédié aux profils complexes et laminaires qui s'intitule "le HPI en long, en large et en travers", j e vous invite à l'écouter si vous voulez cerner les différences entre les deux profils. Le trouble anxieux est présent chez la personne HPI tout simplement car sa capacité à tout analyser et anticiper la place dans un contexte anxiogène en permanence. De plus, sa conscience exacerbée de la condition humaine la pousse à se questionner sur le sens de la vie, la finitude et le non-sens de son existence. Les réflexions se muent en rumination, puis en souffrance et enfin en troubles anxieux. Le TDA/H et l'autisme de haut niveau sont également souvent corrélés à un trouble anxieux généralisé du fait des défis permanents que sous-tendent leurs conditions. On peut citer les difficultés d'interaction sociale, le rejet, l'incompréhension, la compensation puis la décompensation, le retard dans l'exécution de certaines tâches, etc. Toutes ces caractéristiques sont autant de facteurs de stress permanents et donc à terme de troubles anxieux. Il est également courant de voir des troubles obsessionnels compulsifs chez les personnes qui cumulent HPI et autisme de haut niveau ou TDA/H, car il s'agit d'un outil de gestion de leur anxiété. Un trouble anxieux généralisé est très difficile à vivre, car il est extrêmement envahissant. L'inquiétude est permanente et concerne tous les domaines. La nervosité est constante et il n'y a pas de moment de répit. Il se traite par des stratégies adaptatives en thérapie. Il est nécessaire de travailler sur la gestion du stress et de mettre des mots sur ses angoisses. La relaxation et la méditation peuvent aussi aider à lâcher prise sur les angoisses et à maintenir un niveau de stress, je dirais, gérable. Pour finir, j'aimerais faire un point sur les identifications et les diagnostics. Le haut potentiel intellectuel est une caractéristique cognitive, il ne s'agit donc pas d'un diagnostic, mais de l'identification de capacités cognitives supérieures à la moyenne via un test de QI. L'autisme de haut niveau et le TDA/H sont eux des troubles neurodéveloppementaux et sont donc diagnostiqués via le DSM-5 ou la classification internationale des maladies et par des évaluations. Voilà, j'arrive au bout de mes explications. J'espère que cet épisode vous aura plu et surtout qu'il vous aura permis d'en savoir un peu plus sur le HPI et ses principaux troubles associés.