- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur Psyboulot, le podcast qui éclaire les coulisses du boulot. Je suis Marie-Claire Valentini, dirigeante et DRH. Je partage avec vous et mes invités mes interrogations et réflexions sur le monde professionnel. C'est après avoir étudié la psycho que j'ai eu envie de créer Psyboulot, un podcast qui décrypte les comportements humains. et les dynamiques en entreprise. Ici, pas de pensée magique, pas de recette unique. Je vous donne rendez-vous à chaque épisode pour un nouveau défi du monde du travail. Bonjour à tous. Nous sommes en octobre, la rentrée est loin derrière, les plannings sont lancés à pleine vitesse et les journées filent à un rythme bien connu. Chargé, soutenu, parfois étouffant. Alors pour cet épisode de Psy Boulot, j'avais envie de faire un pas de côté. Pas pour fuir, pour réfléchir. J'ai tendu le micro à Laura Lange, philosophe praticienne, conférencière, intervenante en entreprise, et désormais aussi artiste de scène. Depuis le 16 septembre, elle joue son spectacle « Philosophons avec La Fontaine » tous les mardis soirs à Paris. Une manière joyeuse et sensible de remettre la pensée au cœur de nos vies. Avec Laura, on parle de philosophie, bien sûr, mais surtout de ce qu'elle peut changer dans nos façons de travailler, de décider, de tenir debout. de la pensée comme refuge, comme résistance ou comme point d'appui. Et puis, sur son site web, il y a cette phrase écrite en grand. « Je n'ai qu'une philosophie, celle d'en avoir plusieurs. » Bonjour Laura.
- Speaker #1
Bonjour Marie-Claire.
- Speaker #0
Alors Laura, est-ce que tu peux, pour commencer, nous faire ta petite fiche Wikipédia ?
- Speaker #1
Écoute, en quelques mots, ce serait conférencière, philosophe, du moins essai peut-être, amoureuse des mots, on pourrait dire ça, non ? Et auteure, autrice ?
- Speaker #0
Oui, on va en reparler. Et quand on te demande ce que tu fais dans la vie concrètement, qu'est-ce que tu réponds ?
- Speaker #1
Je dis que je prends la vie et la philosophie.
- Speaker #0
Ah, j'adore. Et d'ailleurs, sur ton site, on voit cette phrase « je n'ai qu'une philosophie » , c'est d'en avoir plusieurs. Est-ce que tu peux nous dire ce que ça veut dire ? Ou alors,
- Speaker #1
c'est d'être acceptée comme je suis. Ah,
- Speaker #0
alors, tu vas nous dire ce que ça veut dire. Si je chante,
- Speaker #1
tu vas déchanter, donc ce n'est pas l'idée.
- Speaker #0
Ah, j'adore. Ça commence bien. est-ce que tu peux nous dire ce que ça veut dire pour toi et qu'est-ce que ça raconte de ta façon de faire de la philo ?
- Speaker #1
Prendre les choses avec philosophie, c'est une formule que j'aime beaucoup déjà parce que, c'est ce que j'explique régulièrement quand j'interviens, mais c'est typiquement le genre de formule que je trouve hyper intéressante parce que très souvent, elle nous dédouane d'avoir à expliquer ce que ça veut dire. On n'a pas besoin de l'expliquer, c'est comme c'est évident. Écoute, prends les choses avec philosophie. Alors c'est vrai que prendre les choses avec philosophie, ça ne veut tout et rien dire en fait. Ça peut vouloir dire détache-toi, relativise, ne t'inquiète pas. Il y a plein de choses aussi, prendre la hauteur, ce que tu veux. Et j'aime beaucoup ça parce que l'idée qui colle à la peau de prendre les choses avec philosophie, ce serait ne pas se faire de soucis. Et pour moi, dans la vie, prendre la vie avec philosophie, c'est tout l'inverse. C'est se faire de soucis. C'est faire face à ce qui nous travaille, sans se voler la face, regarder les choses en face. C'est cette lucidité, c'est ça que j'adore. Et donc prendre les choses avec philosophie, c'est comme ça que je le vis. Et je dis souvent, c'est pas ne pas se faire de soucis, ou mettre de côté les choses qui finalement nous en causent, mais c'est apprendre à les prendre du bon côté. Voilà, c'est comme ça que je pense la philosophie, qui me pense aussi.
- Speaker #0
Tu nous invites souvent à faire un saut de la pensée, donc à sortir du cadre, à s'étonner, à veiller sur un esprit critique, à prendre de la hauteur. Tu proposes même de se manager en se ménageant. Est-ce que tu peux nous expliquer concrètement comment ça se passe quand tu interviens dans des entreprises ? Voilà, comment tu déploies toutes ces pensées ?
- Speaker #1
Écoute, en entreprise, on va dire que ça part beaucoup soit d'un mot ou de plusieurs. Souvent j'en demande un, c'est-à-dire qu'on va me demander une conférence sur un grand thème, aller voir le sens, la curiosité, le collectif, l'optimisme. Et moi ce que je demande c'est que les mots peuvent créer des mots, mais si on les rend vivants, ils deviennent assurément motivants. Donc l'idée c'est de vous parler d'un mot en entreprise qui revient, parce que je ne sais pas, on parle d'engagement, on s'en désole de l'absence de l'engagement, on parle de talent. Et donc je me saisis de ce mot qui peut en créer. J'explique dans quelle mesure ce mot apparaît dans un environnement, un bocal, de la substance à ce mot. Et je montre ce qu'il dit, pourquoi on le pousse aujourd'hui. Ce n'est pas rien d'utiliser certains mots plutôt que d'autres. Et je montre comment en entreprise, on pourrait le rendre vivant pour le rendre motivant. Si on parle de collectif, qu'est-ce qu'on peut faire pour allumer la flamme de ce collectif et lutter contre la flemme ?
- Speaker #0
Justement, quand tu arrives dans les entreprises, quels sont tes premiers constats souvent ?
- Speaker #1
Alors c'est vrai que ma posture c'est quand même celle d'arriver et de faire des conférences. Je suis moins aujourd'hui à l'intérieur des structures comme j'ai pu l'être avant.
- Speaker #0
Mais on te parle, il y a quand même des directions qui te commandent, des choses.
- Speaker #1
Tout le temps, si tu veux, il y a évidemment plein de rendez-vous, on te raconte l'intérieur de la structure, ce qu'on vit, le climat, ce qu'on souhaite. Alors c'est vrai que quand on fait appel à moi, logiquement on souhaite à peu près la même chose. Ce sont des entreprises qui ont envie d'un peu de peps, de philosophie mais de côté décalé, de l'importance de l'esprit critique, du jeu de forme aussi beaucoup. Aujourd'hui, on ne contacte pas. que pour le fond, on me contacte aussi pour le style et la forme, des philosophes, il y en a plein, mais qui jouent avec les mots pas tant que ça, et donc chacun va avoir vraiment son univers, donc c'est aussi pour tout ça qu'on me sollicite.
- Speaker #0
Et quels sont les constats que font quand même les entreprises quand elles te partagent des choses, qu'elles te font intervenir, elles te disent finalement qu'est-ce qu'elles... C'est lourd, quoi.
- Speaker #1
Tu vois, le climat, la lourdeur, je dirais plutôt ça, il y a un peu le... Déjà, c'est lourd, c'est houleux, assez mouvementé La question du sens, les gens s'interrogent, ils se posent la question des transitions, je reste, je reste pas, je suis à ma place, je suis pas à ma place. Donc je pense qu'il y a tout ça. Et donc l'esprit critique, le fait de prendre de la hauteur, de respirer. Moi je suis clairement un cadeau en entreprise. Alors que je suis pas un cadeau dans la vie. Mais ça me fait rire à chaque fois, je suis souvent un moment où ça va être l'inscrit là, ça va être le petit truc qu'on fait, pas de côté. Donc c'est souvent ça, le temps de respiration, le pas de côté, la prise de hauteur. Voilà, c'est ce qu'on me demande de faire. Donc je m'inscris dans un univers qui souvent est quand même plutôt lourd.
- Speaker #0
D'accord. Est-ce que tu crois que ça fait peur aujourd'hui de penser dans les organisations ?
- Speaker #1
Je pense que... Alors, peur, je ne sais pas. En tout cas, je crois que c'est un défi et que les entreprises sont quand même globalement au fait. Il faut penser et ne pas s'en dispenser. Qui plus est, quand l'IA nous offre aujourd'hui la possibilité de pouvoir effectivement se dispenser un peu de réfléchir, ou de laisser la machine, etc. Il y a plein de réflexions passionnantes autour de ça. Je pense que l'entreprise sait qu'il faut réfléchir et penser aux problématiques qu'il y a aujourd'hui. Parce qu'il y a plein de questions qui se posent et qui s'imposent. Et la philosophie, c'est aussi l'art du questionnement. Mais pas que, c'est se poser les bonnes questions pour trouver les bonnes réponses.
- Speaker #0
Et c'est quoi justement, c'est quoi penser aujourd'hui ? Et pourquoi ça compte ?
- Speaker #1
De réfléchir ? Moi je pense que plus tu traverses des crises, plus l'esprit critique est appelé sur le devant de la scène. Puisqu'une crise, ça renvoie à crisis, le discernement, qu'elle soit conjugale, personnelle, professionnelle, sociale. Une crise, ça met en crise. Et donc toute crise provoque du changement, ce qui est évidemment troublant, et nécessite pour y faire face du jugement. Donc l'esprit critique, il est appelé sur le devant de la scène parce qu'on traverse des crises majeures, des changements majeurs. numérique, environnement, etc., démographique, il y a plein de choses. Et tout ça, évidemment, ça secoue le monde du travail. Et cet impact-là, en tout cas, ça fait que le travail, justement, nous travaille particulièrement et nous interroge. Donc je fais un lien étroit entre l'esprit critique et les crises nombreuses que nous traversons.
- Speaker #0
Et tout à l'heure, tu m'as dit, je suis philosophe, mais tu es aussi entrepreneur, autrice. artiste de scène en ce moment, on enregistre au Théâtre des Marionniers à Lyon.
- Speaker #1
Je ne l'ai pas dit artiste, peut-être que dans quelques années, j'assumerai plus.
- Speaker #0
En tout cas, nous sommes en direct du Théâtre des Marionniers à Lyon. Qu'est-ce qui relie tout ça et qu'est-ce qui t'amène ce soir à jouer ? Parce que je viens de te voir tout à l'heure, j'ai le plaisir, avant que tu puisses enchaîner à Paris. Qu'est-ce qui relie tout ça et comment tu te retrouves là, devant nous ?
- Speaker #1
Je crois que c'est déjà la passion de la transmission. C'est quelque chose que j'adore, la prise de parole, le fait de partager les énergies. Je crois que c'est vraiment quelque chose qui me porte, que je fais me passionne. J'adore ça et j'adore en parler. Donc forcément, tout était lié. Donc les conférences, ce format, prendre la parole devant les autres, jouer de la voix pour la donner, la voix. Il y a quelque chose que je trouve assez cohérent au final. Forme, fond, tout ça est étroitement lié. Et la présence au théâtre, je pense que ça vient avec l'âge aussi. C'est-à-dire que j'ai commencé élève très studieuse. Petit à petit, doctorat, enseignement, des conférences très carrées, très droites, pupitres, écrits. J'ai adoré, il n'y a pas de débat. Mais je pense qu'au fur et à mesure du temps, j'ai appris à me sentir libre sur scène. Ça prend des années en fait. Moi en tout cas, ça me prend des années. C'est-à-dire de m'autoriser à être drôle et pour autant ne pas perdre le fond. Et c'est ça que j'aime bien en fait. Je crois que j'ai toujours été un peu, il y a une image de ce qu'est la philosophie. Moi j'ai toujours été un peu le vilain petit canard. Ou pas dans l'image, pas dans l'image de ce qu'on s'en fait. Et aujourd'hui, je l'assume. Je l'assume parce que je sais que j'aurais pu être, je pense, une bonne philosophe spécialiste d'auteur. Et j'ai plutôt l'invitation d'en prendre. Voilà, c'est le grand sujet.
- Speaker #0
Et là, d'ailleurs, c'est quoi la philosophie pratique ?
- Speaker #1
Pratique ?
- Speaker #0
Appliquée, en tout cas. Clairement,
- Speaker #1
je pourrais me détendre et dire doctorat de philosophie. Mais littéralement, j'ai un doctorat de philosophie pratique. Mais oui, c'est quoi ça alors ? Moi, je pense que c'est un peu moins bien que de la philosophie, parce que c'est pratique. Alors qu'en fait, c'est un synonyme. enfin la philosophie Pour moi, elle est essentielle de pratique. C'est juste que c'est une façon de dire, c'est un doctorat de philosophie mené sur un sujet qui concerne l'activité des hommes, un sujet de société. Je n'ai pas fait une thèse sur Heidegger. J'aurais pu faire une thèse sur Heidegger et j'adorerais Heidegger en plus. Mais j'ai choisi un thème de société. J'ai choisi la maternité qui d'ailleurs est parfois même plus périlleux parce que c'est prendre de la hauteur. Il n'y a pas toujours des auteurs pour nous aider. Beaucoup.
- Speaker #0
Oui, tu as écrit un ouvrage sur le sujet. Est-ce que tu sens un appétit dans les entreprises pour ces sujets de la philo ? pour ces questions-là, ou plutôt une méfiance, parce qu'on te fait venir, mais moi j'ai toujours un peu effrayée par les questions, enfin les choses qui peuvent être des fois des chevaux de trois, ou des alibis, ou des distractions.
- Speaker #1
Ouais c'est ça, mais c'est pour ça que la question de la forme est hyper importante, c'est-à-dire comment tu viens, et si c'est là pour passer la pilule, c'est juste terrible. C'est pour ça que moi j'adore quand t'arrives, je vais vous faire une conférence sur l'optimisme, mais c'est quoi l'optimisme ? Franchement, arriver de la posture extérieure, je suis pas dans la boîte, je vis pas ce que vous vivez, et vous dire tiens l'optimisme Ça veut dire quoi ? Donc moi je décortique les mots, je ne suis pas là pour leur dire vous devez être optimiste, je n'ai rien à dire. Je partage juste le regard que moi je porte sur la vie et ce qui m'aide en fait. Et dans quelle mesure la philosophie m'apaise, m'aide. Et Dieu sait que je suis plutôt angoissée, d'ailleurs j'ai fait mon master sur le thème de l'angoisse. Donc c'est pareil. Mais l'angoisse ne renvoyant qu'à la liberté, tu es angoissée parce que tu es conscient de ta liberté. Il y a des choses extrêmement intéressantes. Donc moi aujourd'hui, je n'ai jamais eu ce retour après une intervention. Tu vois qu'il y a pu avoir peut-être en arrivant sur scène, Des gens qui se disent, je pense que ma tonalité, on voit tout de suite que ce n'est pas ça. Et je n'ai jamais eu une prise de commande où on me dit ce que je dois dire. C'est juste hors de question.
- Speaker #0
Alors, pourquoi tu dis que ça t'apaise la philo ?
- Speaker #1
Ça m'apaise parce que pour moi, ça éclaire la voix. Alors déjà, je te donne une image. Je suis très image. Je t'épargne mon poisson. Mon poisson, c'est vrai que je le donne tout le temps. Allez, je tire encore quelques années avec. Il est dans le spectacle, je changerai peut-être. Mais franchement, l'image, elle me parle. J'en ai une autre ces derniers temps. Pour moi, la philo, c'est chouette. C'est vraiment l'image, tu vois. C'est chouette, comme j'aime les mots. Chouette, ça renvoie à la sagesse. C'est Miner, Vatena, etc. Caractérisé plutôt par l'immobilité et le silence. Alors moi, je parle beaucoup et je bouge énormément, donc ce n'est pas gagné. Mais j'adore la chouette, pourquoi ? Parce que je trouve qu'elle illustre des choses qui me mettent en appétit. La capacité à prendre de la hauteur. Je nous souhaite à tous d'avoir cette capacité-là. Élargir son champ de vision, 270 degrés. Franchement, déjà si tu traverses la vie comme ça, c'est déjà pas mal. Et autre chose, elle est capable d'éclairer, de voir dans le noir, d'éclairer la voix. Et c'est exactement la définition que je me fais de la philo. Prendre de la hauteur, élargir le champ de vision et éclairer la voix. Et on est dans un monde où on n'y voit pas très clair, c'est très obscur, à venir incertain. Et moi, la philosophie, ça me permet d'y voir plus clair.
- Speaker #0
Et c'est quoi concrètement prendre de la hauteur ?
- Speaker #1
Prendre de la hauteur, pour le coup avec mon image, mais tu veux vraiment que je l'utilise, c'est ça ? Pour moi, c'est être capable de s'extraire de son environnement, le temps d'un saut. Il ne s'agit pas évidemment d'être perché, de partir, s'extraire totalement, d'aller vivre reclus ailleurs. Ce n'est pas celle-là, on replie. C'est être capable de s'en extraire pour mieux y revenir. Tu vois, c'est lui qui s'est saillé pour sortir, pour revenir. J'aime ces dégâts, si je le prends, c'est prendre de la hauteur. pour se rendre davantage auteur. Parce que je m'extrais, déjà je me vois moi-même, je vois les autres, je vois l'environnement. Et cette perception-là fait que j'élargis le champ de vision, je suis plus au clair en fait. J'ai une petite image que j'utilise, je dis plus t'es au clair sur les contenants dans lesquels tu évolues, pro, conjugaux, familiaux, historiques, ce que tu veux, plus t'es au clair sur les contenants, moins t'es contenu ou tenu con dedans. Voilà.
- Speaker #0
J'adore.
- Speaker #1
Donc tu traverses la vie comme ça, c'est ça prendre la vie avec philosophie, tu vois.
- Speaker #0
Et donne-nous un exemple d'une situation où ça t'a apaisé récemment.
- Speaker #1
J'ai l'impression de faire ça de manière, moi je le vois de manière très agile, comme tirer au sport, j'ai l'impression de le pratiquer. Après, je me dis que c'est quelqu'un, je ne sais pas, tu es face à une situation, souvent c'est face à une problématique, donc à quelque chose qui te travaille, soit parce que tu n'as plus d'autre choix, tu dois y faire face, c'est quelqu'un qui te contraint de te dire, si tu n'arrêtes pas, je quitte la boîte. Si tu n'arrêtes pas, je te quitte. C'est quelqu'un qui te dit que tu n'as plus le choix, donc tu vas faire face à toi. C'est ce moment-là. Ou alors, tu peux sortir du truc, regarder ton environnement, prendre le temps parce que tu es contraint par les décisions de l'autre, mais tu peux le faire de toi-même aussi. Tu peux le faire parce qu'à un certain moment dans ta vie, tu te dis que tu ne dézoomeras pas tout ça. C'est périlleux. Penser, c'est périller. C'est prendre le risque de voir les choses autrement et de ne pas vouloir revenir. C'est aussi risqué. Et la période du Covid a marqué un temps où il y a des gens qui ont été contraints d'observer leur vie. J'ai juste à regarder qui t'entoure à table chez toi si tu avais des gens qui étaient là. Quelle est ta vie, ton métier ? La philosophie, c'est ça, c'est faire face à soi. C'est vivre en lucidité quand même.
- Speaker #0
Mais du coup, les entreprises, est-ce qu'elles ont vraiment intérêt à ce qu'on dézoome ? Parce que le risque, c'est que des fois, effectivement, les gens ne reviennent pas. Enfin, quand je dis ne reviennent pas... Là, si tu veux survenir à une intervention, à part s'ils ont des cliquets fous... Mais globalement, quand on dézoome, il y a quand même un vrai risque derrière.
- Speaker #1
à trouver le truc complètement absurde en fait t'as un vrai risque mais c'est peut-être aussi le vrai levier de l'engagement c'est à dire que pour avoir des gens engagés il faut aussi des gens conscients et le grand défi moi je le commence toute année par un mot, le mot de cette année c'est le mot d'engagement en entreprise il y a deux mots fondamentaux aujourd'hui c'est l'engagement et la liberté je pense pourquoi ? parce que j'ai pu intervenir sur le thème du talent et tout ça et en fait je me rends compte que c'est pas les grands thèmes parce qu'en fait tu peux recruter des talents demain mais si le talent tu l'engages pas ça sert à rien tu vois Et ma relecture des fables engagées, tu le verras aussi, mais c'est ça, c'est qu'en fait, on veut tous des lièvres. Mais franchement, il vaut mieux avoir des tortues. Si t'as une tortue investie, c'est vraiment... Parce que le risque dans la vie, c'est d'avoir des lièvres qui n'ont pas de carottes, qui n'ont pas envie d'être là, mais qui sont bien sur le papier. C'est hyper important d'être conscient de ses forces, de ses faiblesses, d'être au clair sur ça. Donc il y a vraiment, je trouve, un enjeu intéressant, et la notion d'engagement, elle est dingue, et t'engages des gens conscients. C'est là que tu t'engages. Tu as le levier de l'engagement, c'est quand tu te sens auteur de quelque chose. Et pour te sentir auteur, il faut prendre de la hauteur.
- Speaker #0
Et tu parlais de la liberté aussi.
- Speaker #1
Et bien la liberté, parce que la liberté aujourd'hui c'est un sujet incroyable. On voit des gens qui justement te disent, je ne veux plus être asservie, alors c'est bon j'arrête le salariat, je vais me mettre à mon compte, et on ne peut pas tous devenir indépendants. Et si tu veux c'est intéressant, et ce n'est pas l'indépendance, le mot il est indépendant, mais il faut l'être indépendant, parce que peut-être qu'à la fin, tu payes leur SAF, tu fais tout. Tu as plein de contraintes que ta femme Étienne, bref. Et je trouve hyper intéressant, qu'est-ce que c'est la liberté ? En fait, ne plus faire d'enfant, ce serait être plus libre. Ne plus se marier, ce serait être libre. Ne pas signer de contrat, c'est être libre. En fait, se désengager de certaines charges. Alors que moi, j'ai plutôt une lecture inverse. Je crois que, déjà, on est condamné à être libre. Je suis très existentialiste sur ça.
- Speaker #0
Ça veut dire quoi, ça ?
- Speaker #1
C'est Sartre qui disait ça. C'est qu'en gros, ta liberté... Alors, je ne peux pas te faire flamper en panier, mais... C'est l'air dans la tête, ta liberté de penser. la liberté elle part de toi, c'est d'abord un regard sur le monde. Aujourd'hui c'est très intéressant, la liberté c'est un concept qu'on va demander aux autres, et dont on s'inquiète qu'ils nous l'avolent. Tu vois c'est, bah oui mais alors moi je veux de la liberté, je veux pas qu'un patron me l'apprenne, que l'autre, la liberté en philo, enfin moi le concept que je m'en fais c'est d'abord la liberté intérieure quoi. C'est la liberté intérieure, t'es condamné à être libre dans ta tête, tu l'es déjà, si tu travailles ça, personne pourra, et tu traverses la vie différemment. C'est juste, de quoi on parle quand on parle de liberté, parce que sinon on ne pourra plus cohabiter en fait moi j'ai 4 enfants je me sens libre, pourtant j'en ai 4 J'ai mis la raison de te dire que Et je ne le suis pas, à plein d'endroits, mais je me sens libre. Enfin, tu vois, il y a une espèce de truc. La liberté, c'est d'abord une sensation.
- Speaker #0
Et c'est très relatif,
- Speaker #1
tu vois. Tu peux être mariée et te sentir libre. Et d'ailleurs, excuse-moi, tu peux être mariée et être libre. Parce que tu as une bague, tu n'es pas libre. Et avoir quatre enfants. Et avoir un CDI et être libre de partir. On est toujours libre de partir. Tu vois, l'angoisse, c'est ça.
- Speaker #0
Moi,
- Speaker #1
j'ai adoré le thème de l'angoisse. Parce que la différence entre la peur et l'angoisse, C'est que là, s'il y a un lion qui rentre dans la pièce, toi et moi, on va avoir peur. Évidemment, il y a un autre qui rentre. Et on a peur de ce qui est autre que soi. qui vient sur nous, t'as peur. L'angoisse, c'est soi, ça vient de soi. L'angoisse, elle est là, elle est quand t'es sur l'autoroute et que t'as peur de toi, t'as peur de faire un coup de volant. L'angoisse, c'est ta propre liberté. T'as peur à table de dire connard au mec d'en face, tu sais pas pourquoi ça sortirait. T'as peur de ta liberté, t'as peur de péter un câble. Et je pense que tu pètes d'autant moins un câble que tu sors du cadre. Toi-même, avec l'aération du poisson volant qui sort de son environnement, que je propose très souvent. C'est ça l'idée, tu vois ?
- Speaker #0
Je vois. Tu proposes des conférences sur des sujets très concrets. Est-ce que déjà, tu peux nous donner quelques exemples ? On en a eu quelques-uns dans les entreprises. Et du coup, qu'est-ce que cette approche philo, elle apporte de spécifique sur des sujets comme ça ? Tu l'as un peu dit, mais...
- Speaker #1
Oui, je pense que tu vois, les thèmes, il y en a plein. C'est comment manager le collectif en ces temps inédits. Je ne sais pas, ce matin, j'avais l'entreprise de demain, quelle place pour l'humain, sur l'intelligence artificielle. Après, moi, je pense que c'est le fait de décortiquer les mots, d'y donner de la substance, de proposer un regard sur l'environnement. qu'on traverse, de se dire que cette problématique, elle est de ce bocal, et que justement, si on se la pose aujourd'hui, ou qu'elle nous est imposée parce que les gens ont envie de travailler différemment, ou portent un regard, et que la question du sens, on est obligé, c'est pas une patate chaude, quand il y a un moment donné, il faut bien traiter le problème, ou la problématique, c'est là que la philosophie devient intéressante. Parce que, encore une fois, moi j'ai un exercice qui va quand même être plutôt court, le but c'est qu'il en dise long, tu vois.
- Speaker #0
Combien de temps ça dure une conf ?
- Speaker #1
En moyenne, c'est 45 minutes à une heure, tu vois. Après, tu as un temps de questions-réponses si c'est souhaité. L'idée, je ne vois mon métier que comme un pied mis potentiellement à l'étrier. Ou un briquet qui rallume la flemme. Et qui éteint un peu la flemme. Un petit truc comme ça. Pas beaucoup plus, mais c'est déjà génial. Alors oui, j'ai délaissé fac, j'ai délaissé certaines choses. Après, j'écris, mais je vis les choses avec beaucoup plus de philosophie et légèreté. J'admire ceux qui vont être sur d'autres terrains. Je pense déjà qu'il y a de la place pour tout le monde et qu'il faut faire face à soi. Et que si je suis honnête avec moi-même, j'ai un appel du pied de la scène et de certains exercices que je ne peux pas délaisser.
- Speaker #0
Pourquoi tu penses que les entreprises aujourd'hui se préoccupent tant de ces histoires de sens ? On n'arrête pas de parler de sens, on parle de génération. Est-ce qu'il y a un sujet vraiment là-dessus ?
- Speaker #1
Je pense que oui, il y a plusieurs sujets. C'est que déjà la crise a réactivé tout ça. Je pense que le sens a été reconvoqué. D'ailleurs, le mot essentiel était vraiment sur le devant de la scène. Donc forcément, déjà la crise sanitaire, si on a un pépin de santé à l'échelle individuelle, c'est un bon moment pour se poser des questions. Quand c'est en plus à l'échelle internationale, autant te dire qu'on a eu un boulevard pour s'interroger sur le sens des priorités, en sens des certains métiers, enfin bref, s'interroger sur ce qui est une priorité pour nous, ce qui est essentiel. Donc je pense que là déjà ça a réactivé des choses. Et aussi je crois beaucoup, pas parce qu'on est dans un monde où il n'y a pas de sens, On peut se désoler de l'absence d'autorité qui viennent du haut, qui viennent plutôt du bas, d'où des bas, donc tu as une espèce de cacophonie. Je crois que pour moi, on est surtout dans un monde où il y a plein de sens. Et c'est ça la difficulté contemporaine. Je prends toujours avec tendresse l'exemple d'une génération plus âgée qui pourrait nous dire « avant il y avait quand même plus de sens » . Je ne suis même pas convaincue. Alors peut-être que si tu vois la différence, c'est qu'avant quand tu faisais un choix, bon, tu choisis quelque chose, donc tu as deux options, là vous ne me voyez pas les faire, tu en prends une, tu manques de l'autre. Aujourd'hui, tu fais exactement la même chose, tu choisis quelque chose, sauf qu'au moment où tu choisis, tu manques plus d'une option, tu manques de 30 en fait. Et en fait, la multiplication des voies et des choix possibles que nous offre le monde dans lequel nous vivons, ça fait effectivement qu'il y a plein de sens et que ça nécessite que toi et moi, on y mette du sens. Et ça, c'est crevant.
- Speaker #0
C'est crevant, oui, c'est ça.
- Speaker #1
C'est ça qu'on veut crever.
- Speaker #0
Tu dis souvent qu'entreprendre avec philo, c'est oser la curiosité. Qu'est-ce que ça change dans l'action finalement, la curiosité ?
- Speaker #1
La curiosité, c'est l'art de sortir. des sentiers appris. J'adore essayer de me le dire comme ça. En fait, on sait des choses. On a appris des choses. On croit savoir des choses sur ce qu'est l'amour, la vie, le travail, etc. Et la philosophie, c'est cet effort de pensée qui t'invite, parce que tu as une certaine humilité, à imaginer que ça puisse être autrement. Donc c'est interroger aussi le familier. Tu vois, c'est pas interroger que l'inconnu. C'est aussi interroger ce que tu as devant toi et que tu n'interroges pas, du coup, parce que tu l'as devant toi. Mais parfois, le fait de l'interroger, ça te met toujours en... Tu vois, il y a une forme de conscience, en fait. Tu réinterroges ta relation de couple. Donc, t'es dans le présent. Tu vois, t'es pas en train de... Enfin, moi, tu vois, quand je te disais très existentialiste, pour moi, c'est traverser la vie en étant très vivant, très humain. Et donc, en pensant. Et pas de manière machinique, automatique, routinière, tu vois. Moi, je suis shoot de vitalité, en fait. Mais pour moi-même, tu vois, je mets des shoots de vie. C'est un peu ça. Et je pense que dans mes interventions, c'est aussi un peu ça. Et dans un monde d'ailleurs où tout ça est peut-être encore plus mis en péril, on ne le voit même pas, mais mis en péril parce que c'est vrai que plus la machine... devient humaine ou rivalise avec des aptitudes proprement humaines, la pensée, la capacité à réfléchir ou à formuler des réflexions, etc., plus l'humain risque de s'enfermer dans des comportements machiniques et de défendre de la machine pour le faire. Donc ça veut dire que ce qu'on a en propre, la capacité de réfléchir et de penser, on pourrait finir par s'en dispenser, il faut imaginer quand même. Donc on va au-devant d'un monde où on pourrait traverser l'existence de manière de plus en plus automatique en ayant un comportement grégaire, comme on l'a avec Waze en montant dans une voiture, mais avec Chad GPT qui deviendrait ton meilleur ami. tu as l'idée quoi ?
- Speaker #0
Je vois Justement, tu dis souvent qu'on peut faire le ménage dans ses pensées. Tu proposes quoi concrètement pour s'y mettre ?
- Speaker #1
C'est ça, cliner le ménage. Je joue beaucoup avec les mots, c'est se creuser les méninges. Mais se creuser les méninges, c'est déjà faire le ménage dans ses pensées.
- Speaker #0
C'est beau.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
J'adore.
- Speaker #1
Il y a cette idée, c'est aménager d'autres possibilités. D'ailleurs, quand tu parlais de manager, c'est un mot qui s'enrichit, le terreau du mot manager, il prend ses racines entre ménage et manège. C'est quand même beau quand tu penses, c'est vrai.
- Speaker #0
C'est vrai.
- Speaker #1
Tu vois, ménage et manège. Et pourquoi manège ? Manège, c'était la référence, tu sais, aux chevaux qui tournent. Oui, oui, tout à fait. Tu vois bien d'ailleurs ce manager qui peut te faire tourner en bourrique ou pas ? Oui, bien sûr. Lui, il est peut-être plus dans l'héritage de manège plutôt que de ménage. Tu vois, c'est un peu ça. Et d'ailleurs, je pense que manager, c'est aménager, manège et ménage. C'est les deux, tu vois, c'est un peu des deux. Donc, pas pour faire tourner les gens en bourrique, mais il faut aussi un peu d'autorité et de fermeté, mais l'autorité c'est hyper noble.
- Speaker #0
Mais comment on fait pour le faire concrètement ce ménage ?
- Speaker #1
Dans ses pensées ? Oui. Je te dis, c'est déjà l'autoréflexion. Parfois, tu vois, c'est une problématique, je prends l'exemple dans mon bocal, quand tu prends l'image du poisson volant qui s'extrait, si tu sors de ton environnement, la première chose que tu vois, c'est quoi ? C'est toi. Moi, quand je le projette, tu as une image, tu as le reflet. Ça veut dire que ça, c'est l'illustration du mot réfléchir. Quand tu réfléchis, tu réfléchis. à ta situation de vie, au boulot que tu vas choisir, si le meuble va rentrer dans la voiture en sortant de chez Ikea, bref ce que tu veux. C'est toi que t'interroges, c'est pas ton voisin, c'est toi. La réflexion c'est de l'autoréflexion. Donc la philosophie c'est d'abord un dialogue avec soi. Tu ne peux parler avec les autres que si t'es aussi en capacité de dialoguer avec toi-même. Donc la philosophie c'est ça, c'est déjà ce travail de dialogue, c'est d'essayer déjà d'y voir un peu plus clair avec soi. aujourd'hui on a aussi la chance d'avoir la possibilité d'avoir le pied mis à l'étrier par des... des contenus philosophiques qui sont plus accessibles, que ce soit sur les réseaux, des podcasts, franchement il y a un vivier incroyable, il n'y a jamais eu autant de téléchargements sur les émissions qui touchent à la philo et pas que. Donc c'est passionnant, on est carrément armés, je pense qu'on est d'ailleurs, il faut faire le pari de l'intelligence, il y a quand même plein de gens qui sont extrêmement éclairés, fins, sensibles, et qui ont envie d'apprendre des choses sur eux-mêmes et pour traverser la vie de manière plus apaisée. On dit parfois les gens aujourd'hui avec des émissions, des contenus, mais il n'y a jamais eu aussi, en contraste, autant de téléchargements de gens qui... se mettre en réflexion sur eux-mêmes. Alors, il faut trouver évidemment un équilibre. Je ne te dis pas de creuser pour se connaître que soi-même. Ça, c'est le risque aussi. Sartre disait « L'enfer, c'est les autres » . J'ai tendance à dire « L'enfer, c'est d'autant plus les autres que le paradis, c'est devenu soi » . Donc, l'idée, ce serait ça. Il ne faut pas trop creuser non plus. Mais il faut se connaître, il faut trouver un équilibre. En tout cas, il faut être en marche, en route. Enfin, quoi qu'en marche, c'est mal vu.
- Speaker #0
Dialoguer avec soi, c'est quoi concrètement ? Comment on entre en dialogue avec soi-même ?
- Speaker #1
Tu vois, quand je te faisais la réflexion, je ne sais pas si tu te poses une question sur ton travail ou sur l'amour, à partir du moment où tu t'interroges toi-même, si tu as une situation, imaginons que tu es au boulot, tu n'en peux plus de ton travail, tu te poses une question sur le sens, ou le sens de ton métier, ou une autre voie possible, ou en amour, tu te poses des questions sur ta relation, sur ton envie de traverser la vie, sur la fidélité. Voilà, je suis engagée depuis 20 ans, je vois les choses un peu autrement, j'en fais quoi ? Tu as deux choix, ces soucis tu les mets de côté, c'est ce que je disais tout à l'heure. Tu ne t'en soucies pas, mais ils reviendront. C'est pas possible, ça. À part à vivre en autruche. Mais c'est pas ça. Tu fais face, t'acceptes, tu dialogues avec toi. C'est de comprendre ce que tu deviens, ce que t'es, là, tout de suite. Cet homme ou cette femme en devenir, on n'est jamais arrêté. C'est pas parce que tu as été cette personne que tu le seras toujours. L'existentialisme, c'est ça. Il n'y a pas d'essence. L'existence précède l'essence. Je suis Marie-Claire, mais ça veut dire quoi ? Je suis Laura, mais... On verra qui je vais devenir. Et ça, j'en suis aussi responsable. Si t'es pas responsable de la tête que t'as, t'es responsable de celle que tu fais. C'est ça l'idée. Donc il y a un peu de ça. Donc la réflexion, c'est ça concrètement. C'est se saisir de la problématique qui te travaille et tâcher d'y faire face. Voilà. D'y faire face, donc te poser des questions, parler avec tes amis, lire des choses sur ça, creuser, c'est quoi aimer, c'est quoi être fidèle, grandir, te grandir pour prendre une décision. Tu vois ?
- Speaker #0
Ça me rappelle mes cours de philo.
- Speaker #1
Ah ben voilà, j'espère qu'elle était chouette
- Speaker #0
Super C'était une super preuve.
- Speaker #1
Parce que parfois, on est traumatisé, donc je ne sais pas comment le prendre. Non, moi,
- Speaker #0
c'est inverse. J'avais une super preuve de chilo. Est-ce qu'on peut entraîner son esprit critique ? Tu l'as dit un peu tout à l'heure, mais comment on le fait ?
- Speaker #1
C'est sûr, c'est l'aération du couvercle. Tu sais, le lève-la-tête du guidon, on peut prendre d'autres métaphores. Si tu ne lèves pas la tête, tu vas droit dans le mur, c'est sûr. En fait, plus tu le fais, moins tu pètes un câble. C'est évident. Les gens qui se réveillent, parfois, dans des situations, on dit il a tout lâché, il est parti. Mais souvent, c'est parce qu'il n'y a pas eu ça. Et qu'en fait, on ne se rend pas compte de la plus grande des vulnérabilités. C'est de manquer de lucidité. Moi, les gens qui m'inquiètent le plus dans la vie, c'est pas les gens extrêmement lucides qui vont dire « Non, c'est ceux qui pensent que c'est écrit » . J'adore Cabrel, mais tu vois ? Non, c'est pas écrit, quoi. Je suis désolée, non. Moi, je suis pas du tout fataliste. Parce que si t'as cette lecture dans la vie, tu pars du principe que non, t'as plus rien à faire.
- Speaker #0
Et que ça te précède.
- Speaker #1
Or, pour moi, l'existence ne précède pas. C'est l'existence qui précède l'essence. L'homme ou la femme est à faire. Et ça, c'est une belle philosophie dans les « à faire » .
- Speaker #0
Parfait. C'est quoi justement tes routines, tes rituels de pensée là que tu pourrais nous partager ? Là tu viens de nous en faire quelques-uns, mais ceci dit, dans ta vie aujourd'hui ?
- Speaker #1
Au quotidien ?
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Moi c'est plus qu'au quotidien, j'ai l'impression de passer le balai tout le temps. Ah non mais c'est terrible, vraiment j'ai pas de questions qui me travaillent vraiment.
- Speaker #0
Mais tu te lèves le matin, tu penses philo ?
- Speaker #1
Non mais c'est-à-dire que je vis comme ça, si j'ai une question je la traite quoi.
- Speaker #0
Mais ok.
- Speaker #1
Tu vois je la traite, évidemment il faut que j'ai quand même un peu le temps, mais je... En fait, si, ça fait partie, mais parce que je suis biberonnée à ça, tu vois, intérieurement. Je pense que c'est ce qui m'a amenée à la philo. Le jour où je l'ai rencontrée, je me suis dit, mais attends, en fait, c'est un coup de foudre. Mais en fait, c'est pas parce que j'ai rencontré la philo, c'est que je me suis rencontrée à ce moment-là, parce qu'en fait, ça faisait partie de ce que j'étais. J'ai toujours été quelqu'un d'assez en paix. En même temps, je suis très travaillée intérieurement, je suis extrêmement angoissée. mais dès que j'ai une problématique j'y fais face c'est un peu insupportable je suis vraiment la personne si il y a un souci c'est métaphorique évidemment je te le ferai pas Mais tu vois je te prends par les épaules et je te dis mais viens on en parle ! Tu vois c'est le dialogue quoi, je pense que oui, je pense que mon mari serait là, il te confirmerait ça.
- Speaker #0
Et qu'est-ce qu'il dirait ton mari ?
- Speaker #1
C'est pas qu'il n'y a pas de soucis, c'est pas ça, mais c'est qu'avec moi effectivement on y fait face quoi. Donc si il y en a un on en parle, je ne peux pas être fuyante en fait, je ne sais pas faire. Parce qu'être fuyante ça me paniquerait en fait, donc je communique, je suis vraiment dans la communication.
- Speaker #0
Quand on revient sur la question des équipes, dans une dimension collective, ça donne quoi une équipe qui pense dans une entreprise ? Ça pourrait être quoi ?
- Speaker #1
Pour moi, il y a une cohérence. Il va y avoir, c'est-à-dire réussir, tu le vois vite de toute façon, je te donne un exemple assez simple. Pour qu'un collectif fonctionne bien, il faut qu'il y ait une histoire.
- Speaker #0
Ok. Et alors, c'est un jeu de forme, mais pas que. Quand t'es dans un environnement, tu vois, parce que quand t'es dans un environnement où t'as des histoires internes, des histoires, au sens, tu sais, ça fait des histoires, c'est qu'il manque une histoire, un récit commun. Plus t'es dans un environnement où il y a des histoires, ça veut dire que les gens sont spectateurs, ils savent pas trop. Une histoire, ça nécessite de prendre de la hauteur pour se rendre tous auteurs de ce récit commun. Donc souvent, quand je dis, quand t'es dans un environnement où il y a plein d'histoires, c'est qu'il n'y a pas d'histoire collective. c'est comme pour un couple si t'as plein d'histoires en interne C'est que le récit commun, il n'est peut-être pas bon ou on ne le vise plus. C'est quelle est l'histoire à laquelle on participe en fait ? Quels sont nos rôles ? Le grand problème, c'est ça en fait, c'est qu'on ne sait pas notre rôle parfois. Et je pense qu'on a besoin de voir non pas la vie en rose, mais en rôle. Savoir à quoi on sert, sinon on est en souffrance potentiellement.
- Speaker #1
Très joli ça. Par la vie en rôle. Alors justement, tu viens un peu de le dire, mais comment est-ce qu'on, dans les entreprises où il y a... conflits, où il y a des choses qui sont des situations sensibles,
- Speaker #0
comment est-ce qu'on remet de la pensée dans une entreprise sans plomber l'ambiance et que ce soit accessible pour tout le monde c'est hyper intéressant ce que tu viens de dire je pense que tu vois on dépasse les individus on en revient au collectif donc déjà on se dit pourquoi on est là, tu vois quelle est la raison d'être c'est un thème qui cartonne, quelle est la raison d'être et c'est là qu'on en revient j'aime les mots, quitte à être un peu lourde mais l'inverse raison d'être ça donne être de raison tu contrains les gens à réfléchir C'est ça tout le débat sur la raison d'être. Si on se met à table, on raisonne. Être de raison, on raisonne. Pourquoi on fait ça ? Qu'est-ce qui fait autorité pour nous ? Pourquoi on est là ? Tu vois, la phrase qui m'accompagne souvent c'est de dire sans raison d'être, nulle raison d'en être. Et c'est ça en entreprise. Si tu n'as pas de raison d'être, tu n'as aucune raison d'en être. Donc effectivement, le récit, la cacophonie, les liens, c'est souvent parce que justement... Il y a des problématiques de communication, il n'y a pas d'histoire, il n'y a pas de raison d'être, il n'y a pas tout ça. Donc tu n'as pas de raison d'en être, tu n'as pas de raison de devenir, tu n'as pas de raison d'y rester. C'est un pari gagnant que de la trouver. Donc on en revient à l'être de raison. Tu vois, ça part de ça. Et donc si ça ne va pas dans un collectif, c'est qu'il faut poser carte sur table. On réfléchira à tout ça, tu vois.
- Speaker #1
Magnifique. Ton spectacle à Philosophon avec La Fontaine va donc démarrer mardi à Paris. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ? Puisque tu dis de Jean de La Fontaine que c'est un auteur affable et que ses textes sont des prétextes pour philosopher, qu'est-ce que tu pourrais nous dire ?
- Speaker #0
Pour filer une petite inversion de ce que je t'ai dit là, si prendre la vie avec philosophie, c'est prendre de la hauteur pour se rendre davantage auteur, Jean de La Fontaine est un très bel auteur qui nous donne l'envie d'en prendre. Et c'est pour ça que c'est merveilleux de le lire. C'est qu'en fait, c'est un terreau incroyable pour prendre les choses avec philosophie. Parce qu'il fait partie des auteurs, tous ne sont pas comme ça. Tu as des auteurs que tu lis et tu te sens petit, tu vois, très spectateur. Tu observes et tu es « Ah, c'est grandiose ! » Et c'est génial, il y en a et ça fait du bien. Il y a des gens qui adorent ça et moi j'adore lire des grands. Ce que j'aime beaucoup avec Jean de La Fontaine, c'est que tu as le sentiment aussi qu'il te laisse de la place pour que tu en prennes. Les textes deviennent des prétextes pour réfléchir, ce sont des fables. Une fable, ça réveille l'esprit critique en deux secondes. Tu le mets sur la table, tu n'as rien à dire, je peux dire que tu as quelque chose à dire. C'est direct. C'est ça que j'adore. En plus, c'est hyper adapté à notre société. On n'a tous pas le temps, mais qui n'a pas le temps de lire une fable. Oui, c'est vrai. C'est un beau prétexte dans un monde où on cherche aussi à se divertir. Si j'avais appelé le spectacle Philosophon, je pense que ça aurait été un peu moins attrayant. Alors que Philosophon, avec La Fontaine, c'est un peu plus attractif.
- Speaker #1
C'est chouette.
- Speaker #0
Et ça fait sens. Tu vois, c'est chouette, tu l'as dit en plus. Oui, j'adore. Tu vois que la philo c'est chouette.
- Speaker #1
Au fond, ce que tu proposes finalement, c'est de ne jamais cesser de penser dans un monde qui court. On arrive à la fin de l'épisode. Je suis sûre que tout le monde s'est régalé à t'écouter.
- Speaker #0
J'espère que ça a été. Pas de mal de tête.
- Speaker #1
On verra dans les commentaires. Du coup, la promesse de ce podcast, c'est de repenser l'entreprise. Petit jeu de mots. Certainement dit, mais tu as fait une faute, non ? Très bien. Ah, la thèse du E.
- Speaker #0
Très bien, très bien.
- Speaker #1
Alors pour toi, prendre les choses avec philosophie, concrètement, ça veut dire quoi ? Rapidement, en une phrase. Ou si on devait passer vraiment de la parole aux actes, comment on ferait ?
- Speaker #0
Faire face à ce qui nous cause souci. Pour moi, c'est ça, prendre la vie avec philosophie. C'est vivre en lucidité. Mieux se connaître, faire face à soi et dialoguer avec soi pour mieux dialoguer avec les autres. Parce qu'il n'y a de dialogue de sourds que de monologues de sceaux. Tu le verras dans le spectacle, mon invitation à faire un sceau pour l'être moi.
- Speaker #1
Parfait, un grand merci Laura et à ce soir, j'ai hâte.
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #1
C'est la fin de cet épisode. Merci de nous avoir écoutés. Si vous souhaitez nous soutenir, pensez à vous abonner et à nous mettre 5 étoiles. Avant de vous quitter, je vous donne rendez-vous sur ma page LinkedIn ou sur le compte Instagram de Psyboulot. Si vous souhaitez échanger, me suggérer des invités et même venir témoigner à mon micro. A très vite sur Psyboulot.