- #Enora Teyssendier
Bienvenue sur Psycho-Sexo, le podcast de l'Eipsho. Je suis Enora Teyssendier, psychopraticienne spécialisée en sexologie et psychotrauma et fondatrice de l'Eipsho, l'école internationale de psychosexologie holistique. Dans ce podcast, je vous partage des ressources, des témoignages et des approches concrètes en psychosexologie pour approfondir vos compétences et enrichir votre pratique. Bonjour, avant de commencer cet épisode... Je tiens à préciser que le son n'est pas très bon dans les 10 premières minutes et on a fait un arrangement, ce qui a permis que le son soit bien meilleur après. Donc si jamais tu hésites à poursuivre l'épisode parce que tu ne le trouves pas agréable à écouter, tiens au moins jusqu'à 10, 11, 12 minutes. Je ne sais pas encore exactement quand ce sera, mais tu verras, le son sera bien meilleur. Merci pour ta compréhension et bonne écoute. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode. Aujourd'hui, j'ai la joie d'accueillir Emma Puech-Hélin pour parler de troubles vulvaires. Bonjour Emma.
- #Emma Puech Hélin
Bonjour Enora.
- #Enora Teyssendier
Donc, comme à mon habitude, je vais te présenter un petit peu, puis bien évidemment, tu pourras rajouter des choses, modifier si je fais erreur sur certains points.
- #Emma Puech Hélin
Ok.
- #Enora Teyssendier
Donc Emma, à la base, tu es docteur en pharmacie et... tu as fait ta thèse sur la prise en charge des douleurs vulvaires et puis tu t'es formée à la psychosexologie dans différentes formations et universités tu es formée aussi à la pratique du yoga pour être prof de yoga et puis tu as vraiment une spécialité dans les douleurs vulvaires tu consultes à Paris en visio et en présentiel exactement Merci. Et tu as participé à l'écriture d'un livre, Woum, c'est ça ?
- #Emma Puech Hélin
Woum, exactement. Il s'appelle Le guide du bien-être intime féminin. C'est un sacré bouquin assez épais et qui retrace un petit peu toutes les problématiques qu'on peut rencontrer lorsqu'on a une vulve, un vagin, un utérus et du coup, comment adapter son mode de vie, quels petits conseils on peut mettre en place pour mieux vivre ces aléas du quotidien auxquels on est malheureusement très habitués.
- #Enora Teyssendier
Oui, et puis ce livre, tu l'as montré pour ceux qui nous écoutent, mais en fait, on ne le verra pas. Donc, ça s'écrit W-O-U-M. Exactement. Parce que je l'ai rechargé sur Internet, mais je n'écrivais pas correctement.
- #Emma Puech Hélin
Oui, il faut mettre le nom entier. Donc, Boom, le guide, il va être un signe féminin pour maximiser les chances de tomber là-dessus. Et puis sinon, on peut m'écrire sur Insta. Et moi, j'envoie le lien de commande directe puisque c'est une petite édition qu'on a co-écrite. avec différentes personnes dans la santé des femmes et des personnes adultes. Et du coup, c'est un peu du fait maison, mais c'est extrêmement calme. Et c'est vraiment l'idée d'avoir un livre qui recense un peu tout ce qu'on peut traverser comme symptômes et les conseils, soit en tant qu'où aller consulter, soit que mettre en place dans sa vie au quotidien pour commencer à agir sur le bien-être en général.
- #Enora Teyssendier
Oui, et puis il y a même des recettes de ce que j'ai vu.
- #Emma Puech Hélin
Oui, exactement. Il y a des recettes dites anti-inflammatoires et qui sont aussi gourmandes et sans frustration, ce qui se retrouve très souvent dans les régimes anti-inflammatoires qu'on recommence beaucoup lorsqu'on a une endométriose, un CPK ou tout autre type de maladie qui déclenche soit de l'inflammation, soit des douleurs chroniques.
- #Enora Teyssendier
Merci pour toutes ces précisions. Et puis, tu es aussi la cofondatrice de... Vulvae Fondation Santé, c'est ça ? C'est une association pour la recherche et la promotion des soins pour douleurs vulvaires. Je te laisse en dire plus.
- #Emma Puech Hélin
Oui, c'est une association qui est dédiée à toute la santé vulvaire. On a plusieurs adhérents et adhérentes surtout. On a plusieurs outils pédagogiques, tels que le guide d'une pathologie vulvaire qui est disponible en chargement gratuit sur notre site ou bien à la commande de ce format papier. Si on nous écrit un mail, on a la fameuse vulvette, une peluche pédagogique qui a énormément de succès et qui permet d'expliquer à la fois, je peux la montrer même si vous ne me voyez pas, qui permet à la fois de montrer l'anatomie, mais aussi d'expliquer certains soins pour prendre en charge la douleur vulvaire. Et on a des contenus de simulation, de vulgarisation scientifique, que ce soit sur notre site. Donc on a un blog. Sinon, on a aussi un Instagram assez actif. On a quasiment 10 000 abonnés. On est assez présente sur les réseaux sociaux. On organise beaucoup à Paris pour le moment, mais on espère s'expatrier un peu ailleurs en France, des événements de santé vulvaire, des conférences, des cercles de parole, des ateliers sexuels, histoire de se rencontrer et de parler de ces douleurs qui ont longtemps été dans le silence parce que le tabou, parce que la méconnaissance. Et on a aussi des formations pour les pros de santé, pour améliorer. ses connaissances et ses pratiques dans ce domaine-là.
- #Enora Teyssendier
Merci pour toutes ces précisions et c'est chouette. Enfin, tout ce que vous mettez en place, c'est vraiment chouette.
- #Emma Puech Hélin
Merci beaucoup, ça nous tient beaucoup à cœur. Ça nous prend beaucoup de temps et c'est du travail plutôt bénévole. Donc voilà, c'est assez chargé, mais c'est hyper important de le faire et on est de plus en plus convaincus que ça a une utilité, surtout lorsqu'on a des retours des patients ou des prochains temps.
- #Enora Teyssendier
Ben oui. C'est super important qu'il y ait des assos comme vous qui existent. Et je sais que le milieu associatif, c'est du temps bénévole. Donc, c'est pour ça que je tiens aussi à...
- #Emma Puech Hélin
Oui, c'est une lutte, ça c'est sûr. C'est la lutte de chaque jour d'avoir des financements, de se faire connaître, d'avoir un peu de reconnaissance, ce qui est en fait le cas. On est vraiment assez connus dans le milieu des sages-femmes, des kinés et des personnes qui sont atteintes de douleurs chroniques. au niveau de la bulle. Donc, on a fait notre place et maintenant, il faut la maintenir et poursuivre notre expansion en développant toujours plus d'occasions de se rencontrer et d'outils thérapeutiques et pédagogiques.
- #Enora Teyssendier
Est-ce qu'il y a d'autres choses que tu souhaites préciser concernant qui tu es ou ton parcours ou ce que tu proposes ?
- #Emma Puech Hélin
Non, je suis impressionnée que tu trouvais le titre de ma thèse. On ne parle pas souvent. Mais en effet, j'ai exercé un très court temps en tant que gel de projet dans l'industrie pharmaceutique où j'ai pu travailler dans des initiatives qui abordaient la santé pour les patients atteints de douleurs chroniques. Et c'est là qu'a commencé l'UBAE dans ce moment de ma vie. Et c'est après l'UBAE que j'ai décidé de me former. en psychosexo à l'école de Paris et en suivant votre cursus de master, etc. Et donc, c'est comme ça, un peu que c'est mis en place. Et désormais, oui, je suis à Paris, dans le 20e arrondissement, dans un cabinet queer féministe. Je tiens particulièrement que je pratique une thérapie dite située et en vidéo le reste du temps, quand je ne suis pas au club.
- #Enora Teyssendier
Une thérapie située, c'est quoi ?
- #Emma Puech Hélin
C'est une thérapie engagée qui... prend en considération les éventuels biais et les éventuelles discriminations et systèmes d'oppression dans lesquels nous évoluons toutes et tous. C'est de la thérapie féministe intersectionnelle. Je pratique plutôt une approche dite systémique. Et donc l'idée, c'est d'essayer de nier le moins possible, parce que de ne pas nier en tant que femme, personne blanche plutôt privilégiée à Paris, il est un peu difficile de ne pas avoir de biais. mais l'important, c'est surtout de questionner les privilèges et de questionner d'où on parle et d'à qui réorienter si besoin aussi. Je pense que c'est quand même important de dire que la thérapie peut être neutre, mais doit être tout de même consciente des différentes discriminations et systèmes d'oppression auxquels on évolue.
- #Enora Teyssendier
Ok, merci pour ta précision. Je ne connaissais pas le terme.
- #Emma Puech Hélin
Oui, c'est... C'est un mot pour un peu condenser tout ce que je viens de dire. Mais peut-être que d'autres personnes pourraient mieux t'en parler que moi. C'est vrai que là, je n'ai pas préparé ce speech. Oui,
- #Enora Teyssendier
mais en tout cas, c'est ta pratique à toi.
- #Emma Puech Hélin
Ce sont des valeurs qui me tiennent absolument à cœur et qui viennent s'intégrer dans mes approches.
- #Enora Teyssendier
Donc, du coup, si ça te va, on va commencer.
- #Emma Puech Hélin
On va carrément.
- #Enora Teyssendier
Enfin, on va poursuivre, du moins. Donc, la première question, c'est... Qu'est-ce qu'on retrouve comme troubles vulvaires ?
- #Emma Puech Hélin
Il y a plein de troubles vulvaires qu'on peut retrouver, qui s'installent de plus ou moins de façon chronique. Avec Vivae, on s'est beaucoup focalisé sur les douleurs qui s'installent et qui persistent sur une durée de plus de trois mois et qui sont définies comme chroniques. On peut retrouver les syndromes douloureux comme la vulvodynie, ce sont les douleurs de la vulve en général. On peut retrouver au sein de la vulvodynie des endroits plus précis. de douleur, ça peut être le vestibule, donc la partie qui est entre les lèvres internes et qui entoure les orifices vaginaux, urétrales et qui va jusqu'au gland du clitoris. Donc là, on parle de vestibule odinique. Et lorsque la douleur est ciblée autour du capuchon et ou du gland du clitoris, on parle de clitoridodinique. Ça, c'est un peu les douleurs vulvaires qui ne s'expliquent pas par des causes physiques. Il n'y a pas de lésions, il n'y a pas... d'infection, il n'y a pas d'agent bactérien ni viral qui explique la douleur. Et donc ces douleurs ont des prises en charge bien particulières. Ce qui est important à souligner, c'est qu'il y a des solutions, il y a des prises en charge, on pourra en discuter ensuite. Dans les douleurs vulvaires, il y a aussi les mycoses, les vaginoses et les cystites à répétition. J'insiste un petit peu sur le « à répétition » parce que s'il n'y a pas de récidive, on va un petit peu peut-être banaliser ça et on va se dire que ça peut traverser la vie d'une femme ou d'une personne à vulve. Là où ça devient important de vraiment s'en occuper et de mettre en place les bons réflexes et de s'adresser aux bons pros de santé. C'est lorsque ces mycoses vont revenir, ces vaginites, mais je ne dis pas mycoses en exemple, elles vont revenir, elles vont récidiver, et on va avoir plusieurs épidopes par an de ces inconforts, je mets des gros guillemets parce que c'est carrément embêtant, et ça peut vraiment venir gâcher la discotité. Dans les douleurs vulvaires, il y a aussi ce qu'on appelle les vaginismes, c'est les douleurs ou les difficultés de pénétration, peu importe le diamètre et peu importe la situation. et après on va retrouver tout plein d'autres pathologies comme le lichen sclérot qui est une pathologie de la peau qui se manifeste par des plaques blancs en acré qui évoluent, donc là il y a une prise en charge médicamenteuse qui est nécessaire
- #Enora Teyssendier
Ouais, pour l'apartheid il y a un épisode du coup entier sur ce sujet que je pourrais mettre dans la description.
- #Emma Puech Hélin
Ah super, c'est trop bien parce qu'on en parle pas du tout assez pourtant ça... Ça concerne 1% des femmes, donc ça fait beaucoup de personnes finalement. Dans les autres troubles vulvaires, typiquement, on peut retrouver de l'eczéma, on peut retrouver du psoriasis qui déclenche des douleurs et qui sont un peu plus difficiles à vivre parce que ça touche une zone intime. On peut retrouver d'autres pathologies qui dépendent d'agents infectieux comme l'herpès vulvaire, parfois aussi le HPV, le papillomavirus. Tout ce qui va déclencher des symptômes au niveau de la vulve et qui vont être embêtants plus sur du long terme, c'est ce qu'on va mettre dans le lot pathologie et troubles de la vulve.
- #Enora Teyssendier
Et par rapport à toutes ces pathologies-là, est-ce que tu pourrais nous dire ce qui relève du médical ou ce qui relève du sexothérapeute, du psychosexologue ?
- #Emma Puech Hélin
Ça, c'est une vaste question qui doit être un peu adaptée, tu vois, déjà en type de pathologie ou de trouble de la vulve, et puis par rapport à chaque personne pour créer un parcours de soins un peu sur mesure. Ce que j'aime bien rappeler, c'est qu'on a besoin de travailler en pluridisciplinaire lorsqu'on aborde des pathologies vulvaires. Parce que même si, évidemment, on a besoin d'un parcours un peu médicalisé, avec typiquement des gynécologues qui vont poser des diagnostics, parfois des dermatos qui prennent le relais aussi en termes de diagnostic et de prise en charge, des kinés, des sages-femmes, ça va être important de ne pas négliger le côté psycho-émotionnel parce que ça peut être autant des causes que des conséquences des troubles vulvaires. D'ailleurs, les sociétés savantes des douleurs vulvaires recommandent un parcours en trois piliers. Le pilier physique, donc une approche que de kiné, parfois de massage, parfois d'application de soins, une approche psycho-émotionnelle, donc psychologue ou sexologue par exemple, et une approche de bien-être et de prendre en considération l'hygiène de vie en général de la personne, qui peut adapter son quotidien, reprendre soin d'elle en fonction des besoins qu'elle a et qu'elle a peut-être ignoré jusqu'à présent. Typiquement, si on prend la question de la vulvodynie, L'approche doit mettre en place des soins kinés pour apprendre à prendre soin de son périnée. Donc c'est important d'avoir des séances un petit peu régulières. Alors kinés ou sages-femmes, parce que les sages-femmes aussi sont formées à la rééducation périnéale cette fois-ci, plutôt de relâchement, on parle beaucoup de la rééducation périnéale post-partum qui est souvent celle d'apprendre à recontracter, remobiliser son périnée de façon consciente. Là, on est dans un peu l'inverse du travail, on vient plutôt apprendre à relâcher consciemment. Ce périnée qui, soit à cause d'émotions négatives, soit à cause de douleurs, vient se contracter et mettre en place ce fameux cercle vicieux de la douleur. Ce que j'aime bien aussi rajouter, c'est que c'est important de voir ces kinés ou ces sages-femmes, mais aussi de maintenir ce soin entre les séances, en autonomie. Et souvent, les kinés et les sages-femmes forment les patientes, et patientes du coup, si c'est des personnes de transition, à s'approprier leur corps. et prendre soin de ce périnée en solo à la maison un peu quotidiennement. Et à côté de ça, il va y avoir l'importance de retravailler sur certains aspects de sa sexualité, de son rapport au corps, de ce qui a peut-être pu déclencher certaines douleurs, mais côté émotionnel. Et ça, ça se passe beaucoup avec des psychos ou des sexologues. les causes psychologiques peuvent venir déclencher des douleurs comme être la conséquence de douleurs. Donc c'est toujours important de venir aborder ces émotions négatives, de repenser les scripts sexuels, repenser un petit peu ce qui a construit le rapport à son coin et à la sexualité, et reprendre sur des bases, j'allais dire saines, mais surtout des bases en respect avec ses propres limites et ses envies, parce que souvent on se rend compte qu'on a beaucoup négligé certaines limites. On a mis à distance certaines sensations corporelles ou certaines émotions, ce qui peut participer à la mise en place de douleurs chroniques. Là, j'ai pris l'exemple de la vulvodynie. C'est des parcours assez similaires pour typiquement les vaginismes. En fait, se réapproprier son corps avec les kinés, c'est très complémentaire avec se réapproprier son corps et sa sexualité avec des sexologues pour envisager la sexualité différemment, repenser les scripts, apaiser un rapport plus difficile. à son identité sexuelle, de genre. Ça va faire partie du parcours. Et à côté de ça, il n'y a rien d'interdit. J'allais dire que si faire du yoga, aller voir une hypnothérapeute, aller voir une sophrologue, ça vous fait du bien. Une naturopathe, ça fait du bien. Tout peut être intégré à partir du moment où on sent qu'il y a un bénéfice pour soi.
- #Enora Teyssendier
Là, tu as parlé de plein de... de pathologies vulvaires différentes. Et il y en a où j'ai l'impression qu'il y a besoin d'autant plus de médicales que d'autres quand même. Même si bien évidemment pour tout on pourrait consulter un thérapeute pour le côté émotionnel. Mais j'ai l'impression qu'il y en a où le travail va se faire d'autant plus avec un sexothérapeute, sexologue. Et d'autres où il y a vraiment ce besoin médical. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus par rapport à tout ça ?
- #Emma Puech Hélin
Oui, super. Ça me fait vraiment plaisir qu'on insiste là-dessus parce que je crois évidemment à la sexothérapie, à la thérapie en général. J'en ai fait mon métier et j'en suis passionnée. Mais je pense qu'on ne peut pas avancer toujours quand on est seul dans le parcours de soins. Et qu'il faut intégrer du médical et ne pas en avoir peur parce que ça vient vraiment jouer le rôle de béquille. pour relancer un petit peu le bien-être et la santé. Typiquement, là où ça va être non négligeable d'avoir une approche médicale, ça va être les pathologies dermatologiques dont on a parlé. Le lichen sclérot, ça va être... Moi, je vais me positionner assez clairement, c'est impossible de stabiliser un lichen sclérot sans mettre en place une médicamentation adaptée. Ça va être souvent les dermocorticoïdes qui vont être appliqués de façon régulière et à vie. On parle d'une pathologie chronique. qui peut être stabilisé, mais qui ne peut pas être guéri, malheureusement, aujourd'hui. Évidemment, la recherche est en cours, on espère trouver des solutions. Mais on peut très bien vivre avec un lichen sclérot stabilisé qui ne prend pas de charge mentale une fois qu'on a mis en place une routine de soins qui est adaptée à ses besoins. Donc, lichen sclérot, typiquement, c'est l'exemple un peu classique que je donne. On ne peut pas s'en sortir sans mettre en place le bon traitement médical. À côté de ça, on a aussi tout ce qui va être mycose, vaginose, cystite. Alors, mycose, c'est la présence d'un champignon. On ne peut pas soigner un champignon uniquement par la thérapie conversationnelle. J'aimerais beaucoup, mais aujourd'hui, il faut des antifongiques. Et c'est un peu difficile à faire accepter à des patientes qui sont peut-être à leur dixième fois où elles font des traitements, leur dire, OK, on remet en place quand même un traitement, mais à côté de ça, on va faire... plein de modifications pour que ce traitement n'en ait plus jamais besoin, ou alors de façon vraiment anecdotique, peut-être dans 10 ans, dans 5 ans, voilà. Pareil pour les vaginoses, là on est sur un traitement antibactérien, donc antibiotique, vu que c'est une bactérie qui déclenche les vaginoses. Cystite, souvent c'est bactérie, donc pareil, un antibiotique. Et là, c'est important de faire effectuer des prélèvements vaginaux ou des analyses urinaires, donc un ECBU. pour être sûr de mettre en place la bonne stratégie médicale et ensuite prendre le relais avec un peu le paramédical et le bien-être.
- #Enora Teyssendier
Ça, c'est pour l'assistite ou pour tous ceux que tu viens de citer ?
- #Emma Puech Hélin
Alors, mycose vaginose, c'est prélèvement vaginal. Et pour l'assistite, c'est une analyse urinaire. C'est un ECBU. C'est uriner dans un pot et à déposer au laboratoire.
- #Enora Teyssendier
Mais du coup, en fonction de ça, le médecin va adapter le traitement ?
- #Emma Puech Hélin
Bien sûr, en fonction des résultats, non seulement on va savoir si c'est un champignon ou une bactérie, typiquement tu as des démangeaisons vulvovaginales, tu as quelques sécrétions mais ce n'est pas très net pour toi, c'est important d'aller faire ce prélèvement pour être sûr d'utiliser le bon traitement parce que si on utilise le mauvais traitement, non seulement c'est inefficace et donc les démangeaisons vont poursuivre, mais en plus de ça, ça peut créer des déséquilibres de la flore intime, des irritations. et mettre en place un peu ce système de la douleur qui va se chroniciser, c'est-à-dire persister dans le temps. Plus vite on agit avec le bon traitement, mieux c'est. Et donc ensuite, les pros de santé vont adapter quel type d'antifongique, quel type d'antibiotique à mettre en place. Souvent sur des périodes assez courtes, on est sur des traitements de 3-4 jours, moins d'une semaine. Parfois, quand c'est vraiment récurrent, on peut le mettre sur du long terme. Ça, c'est incontournable. Et parfois, je me bats un peu là-dessus parce qu'il y a déjà pas mal de mésusages, donc une mauvaise utilisation des médicaments qu'on va trouver parfois sans ordonnance à la pharmacie. Et parfois, il y a pas mal d'appréhension à utiliser encore des produits, encore des choses chimiques. J'entends beaucoup, j'en ai marre de mettre du chimique. J'entends, je comprends très bien. Mais tant qu'il y aura une souche, bactériennes ou fongiques, donc des mycoses, on ne pourra pas avancer sur le confort.
- #Enora Teyssendier
Mais tu sais que ça me fait penser le fait d'avoir accès aux médicaments. Donc moi, j'habitais à l'étranger. Là, tu as accès à tout, presque.
- #Emma Puech Hélin
Oui.
- #Enora Teyssendier
Et en fait, j'ai eu une mycose. Et je me demande si je n'étais pas même partie avec mon tube, parce que c'est quand même quelque chose qui peut revenir régulièrement dans ma vie. Et là j'ai été à la pharmacie, je me suis retrouvée avec une crème qui m'a brûlée mais c'était horrible ! Et ça, ça ne m'était jamais arrivé pour une mycose et en fait c'est que depuis toute ma vie je prends le même, je sais que... Enfin, avec la même composante. Et donc après j'ai vraiment galéré, j'ai repris. en France, qu'est-ce que j'utilise ? Qu'est-ce qu'il y a dedans ? J'étais dans les pharmacies, j'ai galéré pour leur dire, en fait, moi, j'ai besoin de ce composé-là, enfin, je ne sais pas comment on dit, excuse-moi.
- #Emma Puech Hélin
C'est un excipient, c'est en fait tout ce qui va composer le médicament, mais qui n'est pas la substance qui traite. En fait, tu as la substance qui vient éliminer ta bactérie, ou ton, là, le champignon en question, et ensuite, tu as tout ce qui va se mélanger pour créer un produit plutôt agréable à utiliser, justement, tu vois. Alors, souvent, ça va être un petit peu apaisant, un petit peu un petit peu hydratant. Ce que j'aime bien dire aussi, c'est que si on utilise des crèmes antifongiques, c'est intéressant de venir ensuite apaiser la vulve avec des crèmes strictement apaisantes ou des huiles végétales sans huile essentielle, juste bio et neutre pour venir un peu lutter contre d'éventuelles sécheresses, d'éventuelles irritations qui se seraient mises en place à cause des traitements qui sont très efficaces, mais parfois un peu agressifs. Et ça, quand je dis agressif, ça fait un peu peur à certaines personnes, mais rien n'est irrécupérable. Et une fois qu'on a traité la souche, on peut basculer ensuite sur prendre soin, hydrater, renforcer la flore, etc.
- #Enora Teyssendier
Et alors pour l'hydratation ou les huiles végétales, tu recommanderais quoi toi ?
- #Emma Puech Hélin
Moi, je recommande essentiellement l'huile d'onagre, l'huile de jojoba et l'huile d'amande douce, Ausha. Ma préf, ça serait l'huile d'onagre. Mais certaines personnes n'aiment pas l'odeur. Donc, la menthe douce, elle est très neutre en termes d'odeur et elle va très bien. L'idée, c'est vraiment de venir retrouver un peu de lubrification pour que les muqueuses soient souples, avec une barrière lipidique, donc vraiment une composition des muqueuses forte et résistante, et que ça puisse coulisser, en fait, les lèvres entre elles, coulisser assez confortablement, sans que ça semble un petit peu sec, et donc que ça soit irritant. donc à partir du moment où c'est un peu huileux et que le geste est doux évidemment avec une main propre pour appliquer et le fait de venir aussi mettre un peu d'intention et de conscience quand on vient masser cette zone qui a été un peu malmenée par des irritations et des douleurs en fait ça va être très positif sur le long terme sur la santé vulvaire donc moi je conseille essentiellement ça il y a aussi, alors je ne sais pas si on peut faire de la pub ici mais moi je recommande le produit Wumanology qui est une huile qui est une huile avec plusieurs types d'huiles mélangées qui a été développée par des sages-femmes. Et donc, c'est parfait pour la vulve. Et sinon, j'ai envie de dire, si vous avez un produit, même si ce n'est pas complètement naturel, même si ce n'est pas tip-top au niveau de la composition, mais pour vous, ça marche, pour vous, c'est confort. Continuez avec ça. Il n'y a pas de contre-indication majeure à partir du moment où, vous, ça vous fait du bien.
- #Enora Teyssendier
Et puis après, refaire la flore vaginale, tu en penses quoi ?
- #Emma Puech Hélin
Après, des antibiotiques et des antifongiques, ça va être hyper important. Hyper important parce que la flore intime est composée de différentes bactéries qui sont naturellement présentes dans le vagin et au niveau de la vulve et qui ont un rôle très protecteur contre les agents pathogènes, donc les mauvaises bactéries ou les mauvais virus, les mauvais champignons. donc elles vont vraiment avoir ce rôle de barrière et c'est pour ça que lorsque on fout un antifongique ou un antibiotique parfois ces bonnes bactéries là qu'on aimerait préserver sont aussi affaiblies parce qu'elles sont aussi endommagées par ces traitements et ça va être important de réensemencer et renforcer la flore ensuite pour qu'elle puisse jouer son rôle d'équilibre pour protéger
- #Enora Teyssendier
Merci pour tes explications et tes précisions. Après, tu as parlé de tout ce qui est papillomavirus, herpès. Donc là aussi, on est d'accord, la partie médicale est primordiale.
- #Emma Puech Hélin
Oui. Alors, papillomavirus, pas systématiquement, c'est-à-dire pas s'il n'y a pas de symptômes et que c'est découvert lors d'un frottis. Souvent, on attend un an pour voir si le virus est éliminé naturellement par le corps. Je crois. Je vais te citer un peu un chiffre à la louche, mais il me semble de mémoire que c'est 70% des cas où le corps va éliminer assez naturellement le virus. Sinon, il faut en effet mettre en place des traitements. Donc, ça peut être des biopsies, des colposcopies. Alors là, c'est venir au niveau du col avec des gestes un peu chirurgicals, des gestes chirurgicaux, pardon. Et sinon, s'il y a des condylomes. Donc, les condylomes, c'est... Je crois que... C'est le condylome qu'on dit, je ne sais plus. Oui,
- #Enora Teyssendier
c'est comme ça qu'on dit, mais avant d'aller sur le condylome, tu veux bien dire un peu plus ce que c'est la colposcopie ?
- #Emma Puech Hélin
La colposcopie, c'est une biopsie, donc c'est le prélèvement d'une partie du...
- #Enora Teyssendier
Mais du col.
- #Emma Puech Hélin
Oui, du col, du col de l'utérus, pour voir de plus près les cellules et quelles qu'elles ont pour pouvoir, si jamais il y a besoin, intervenir. Voilà. Et si jamais il y a des symptômes qui se manifestent, du coup... par des condylomes. Là, il va y avoir un autre type de traitement qui sera mis en place par les gynécologues essentiellement ou les dermatologues. Et à peu près identiquement pour les herpèses. Alors, la première infection d'herpèses peut être particulièrement douloureuse et traumatisante avec des manifestations au niveau vulvaire. Et on appelle ça des, comment dire, des irruptions, des irruptions cutanées. quand on est touché la première fois essentiellement. Et ça aussi, ça peut se gérer par des antiviraux locaux ou en voie orale, de façon plutôt générale. Et c'est prescrit par des gynécologues ou des dermatologues.
- #Enora Teyssendier
Et tout ce qui est vulvodynie, qui finit en « innie » ?
- #Emma Puech Hélin
Oui, vulvodynie, vestibulodynie, clitoridozynie, c'est les trois syndromes douloureux qui peuvent toucher la vulve.
- #Enora Teyssendier
La... est-ce que le boulot est surtout du côté on va dire sexothérapeute ou même si on peut c'est bien de travailler en réseau avec d'autres professionnels mais est-ce que la partie médicale est super importante à ce niveau là ou pas ?
- #Emma Puech Hélin
Alors ça dépend ce que tu identifies comme médical par exemple moi j'ai des patientes qui identifient la kiné comme presque quelque chose de médical
- #Enora Teyssendier
Oui alors non moi je mets pas la kiné dans le côté médical effectivement je le mets plutôt côté sexo Rires
- #Emma Puech Hélin
Ok. Alors du coup, j'aurais tendance à dire la vulvodynie, enfin tout ce qui va, comme tu dis, dynie, ça va être un peu 50-50, main dans la main avec les cliniques, les sages-femmes. On travaille vachement à deux. Enfin, à trois, évidemment, avec la patiente ou le patient, qui fait la majeure partie du taf, d'ailleurs. Et ensuite, évidemment, il est possible de mettre en place des approches thérapeutiques. qui peuvent un petit peu questionner les patientes. Je pense à déjà ce qui peut se faire de façon un peu première ligne, première intention, les douleurs se font ressentir, les soins kinés sont douloureux, je n'arrive pas à faire mes soins parce que c'est inconfortable. Là, on n'hésite pas à utiliser une crème anesthésiante qui peut être prescrite par la sage-femme. Cette crème anesthésiante, elle permet... d'insensibiliser temporairement la zone, donc la zone qui va être douloureuse. Typiquement, si c'est le vestibule, on va le mettre au niveau du vestibule. Si c'est au niveau du gland du clitoris, on le met là. L'idée, c'est vraiment de cibler, d'identifier avec les pros de santé et avec la sexo, la zone qui est problématique. Et ensuite, on vient appliquer et ça met une dizaine de minutes à faire effet, peut-être parfois un peu moins, pour pouvoir faire les gestes, que ce soit nos propres gestes. ou que ce soit les gestes de la kiné ou de la sage-femme. Si les douleurs sont spontanées, c'est-à-dire se manifestent.
- #Enora Teyssendier
Nos propres gestes, tu entends par là ceux de la personne qui a la problématique ?
- #Emma Puech Hélin
Oui, exactement. La patiente va venir faire des massages, appliquer un petit peu des gestes de rééducation périnéale ou d'étirement un peu mécanique du périnée. Et ça, parfois, ça peut être douloureux. Même si c'est inconfortable, c'est intéressant de mettre de la crème anesthésiante pour ne pas créer une appréhension à la douleur, pour ne pas créer des émotions négatives par rapport à sa vulve, et y aller toujours en confort. À partir du moment où il y a un inconfort, on arrête d'insister, et soit on met une crème, soit on met sur pause pour le moment le geste qui est inconfortable. Ça, c'est dans le cas des douleurs provoquées par un contact physique. Par exemple, la rééducation du périnéal, donc les soins kinés. ou les rapports sexuels, par exemple. Peut-être que je ferais une aparté rapports sexuels et crème anesthésiante ensuite. Là, je vais parler des douleurs spontanées. Les douleurs spontanées, elles se manifestent de façon, comme on le dit, spontanée dans la journée sans déclencheur identifié. On a mal, on se lève le matin, on a mal, ou bien dans la journée, progressivement, la douleur s'installe, on ne sait pas trop pourquoi. Ça, c'est important aussi de soulager pour ne pas renforcer la mémoire du corps. corps qui mémorise très très bien la douleur et l'associe très bien à la vie. Du coup, l'idée, c'est de mettre de la crème anesthésiante un peu tous les jours, en fonction des pros de santé, ça va être une fois, deux fois, trois fois par jour, par rapport aux besoins de la personne et le moment où ça se déclenche dans la journée, pour couper ce système de la douleur et commencer à inverser ce cercle vicieux qui se met en place. Et puis aussi, pouvoir vivre une vie confortable sans se priver des activités qui nous font plaisir. J'ai des patientes qui se refusent de prendre le vélo parce qu'elles ont des douleurs, qui ne tiennent pas très bien sur leur chaise de bureau parce que progressivement la douleur s'installe. En fait, tout ça, par l'application d'une crème anesthésiante, ça peut être en partie soulagé. Ce n'est pas la seule solution, ce n'est pas la solution. Il faut, à côté de ça, mettre en place un vrai parcours aussi de rééducation pérenniale et de sexo ou de psycho. pour pouvoir se passer progressivement de cette crème anesthésiante. Puisque l'idée, c'est qu'aujourd'hui, on en a besoin, et dans quelques semaines, mois, on s'en distance un petit peu et qu'on ne l'utilise qu'en cas d'urgence, voire plus du tout. Voilà un peu le topo sur crème anesthésiante et rapport sexuel. Ça, c'est un truc qui revient vachement en consultation parce qu'elles ont ces crèmes anesthésiantes, on leur dit de mettre lorsque ça fait mal. Mais du coup, est-ce qu'on doit le mettre pendant la sexualité ? Est-ce qu'on doit le mettre pendant la pénétration ? Je ne suis pas exactement pour. Évidemment, si ça tient particulièrement à cœur à la patiente, on en discute et on voit comment adapter. Mais pourquoi je ne suis pas exactement pour ? Parce que la crème anesthésiante anesthésie essentiellement la douleur, mais peut aussi en partie insensibiliser les sensations positives. Donc, quel est l'intérêt de se tourner vers un moment de sexualité partagée, si c'est pour ne ressentir que d'elle en termes de sensation ? Aussi, ça serait un peu dommage de tomber dans l'écueil, d'utiliser cette crème anesthésiante pour avoir recours à la pénétration, non pas pour soi, mais pour le ou la partenaire. Et donc, de ne pas faire de la sexualité pour soi, mais pour l'autre. Donc ça, c'est un peu le côté ne pas venir. pour créer cette distanciation corporelle, pour pouvoir se distancier de la douleur, mais aussi des sensations positives, pour subir, je mets des gros guillemets à subir, mais c'est un peu si je grossit le trait, ce qui pourrait être compris, pour subir un rapport sexuel, pour faire plaisir à l'autre. Toujours un peu dans ce système aussi, qu'il ne faut pas nier, patriarcal, qui met beaucoup le désir des partenaires masculins au centre de la sexualité, et qui nous fait beaucoup croire que sans pénétration ou sans un certain rythme de sexualité, alors il va partir ou être infidèle ou être frustré. Et donc, il faudrait s'occuper de cette frustration et répondre à des attentes. La crème molestésiante n'est pas faite pour ça.
- #Enora Teyssendier
On est d'accord. Mince, mais du coup, j'avais une question qui est partie. Non, si. Tu as parlé du coup de la crème anesthésiante pour un certain nombre de problématiques. Je m'interroge sur un point. Une personne qui a déjà commencé le processus de je mets une crème anesthésiante pour les massages, on va dire. Est-ce... Est-ce que c'est facile de leur faire comprendre qu'avec d'autres méthodes, on peut faire en sorte qu'il n'y ait plus du tout besoin de cette crème à un moment donné ? Ou est-ce que du coup, il n'y a pas des personnes qui vont être réticentes, qui vont se dire non, mais je ne vois pas comment c'est possible autrement en fait ?
- #Emma Puech Hélin
Alors, la dépendance psychologique à la crème anesthésiante, je l'ai vraiment rarement retrouvée en consultation. Je ne dis pas que ça ne peut pas arriver de se dire, oui, mais moi ça me sécurise, ça me fait du bien. Avec ça, je peux toucher ma vulve au sang. sans douleur, donc je garde. Globalement, quand même, les patients et patientes ont très envie de se distancer de ça, de ne plus aller chercher leur crème à la pharmacie, de ne plus avoir besoin de ça. C'est aussi un indicateur pour L.E. qu'elles avancent dans leur parcours de soins. Donc, souvent, il y a quand même une très grande envie de se débarrasser, et plutôt cette urgence à s'en débarrasser. Et moi, des fois, j'ai plutôt ce rôle de temporiser, de dire, bon, pour le moment, on en a un peu besoin. on la garde, progressivement, on va s'en distancer. Lorsque j'identifie avec la personne que c'est très confortable lorsqu'on met la crème anesthésiante, qu'il n'y a pas d'appréhension, qu'on a bien avancé dans ce parcours de soins, en fait, on propose de rétro-pédaler un petit peu dans le type de soins physiques exécutés. Typiquement, si on utilise des dilatateurs, peut-être revenir à un dilatateur avec un diamètre inférieur. ou bien carrément rester en externe, et de tester, en enlevant cette crème, comment c'est. Avec la consigne numéro 1, s'il y a un inconfort, on s'arrête. Et donc, de reprendre confiance en sa propre capacité à respecter ses limites, ça permet de progressivement arrêter d'utiliser cette crème anesthésiante. Parce qu'on se dit, dans tous les cas, je suis en sécurité, si je décide d'arrêter, En fait, j'arrête. Si je sens que c'est inconfortable ou que j'ai une émotion négative qui se met en place ou que je vois une limite un peu se mettre en place, je m'arrête. Ce n'est pas très grave. Je rétropédale et je fais autre chose que de me faire du bien. Je respire, je me mets en sécurité un peu avec des phrases qui me font du bien. Et avancer comme ça tout le temps en respect de ses limites permet de reprendre confiance en sa capacité à distinguer ses limites, à ne pas aller trop loin et à faire confiance un peu à son intuition et sa boussole interne. Donc c'est un peu ce côté step by step, s'il y a une appréhension, à arrêter la crème anesthésiante.
- #Enora Teyssendier
Et ces personnes, elles ont commencé la crème anesthésiante avec toi, ou en parallèle, elles étaient déjà accompagnées par toi, ou elles sont arrivées, elles l'avaient déjà ?
- #Emma Puech Hélin
Celles qui ont des appréhensions ?
- #Enora Teyssendier
Non, en général. Oui, en général.
- #Emma Puech Hélin
Vraiment, tous les types de scénarios sont possibles. Il y a des personnes qui sont adressées à moi par des kinés. Et donc, souvent, il y a déjà un parcours de soins avec la crème anesthésiante qui est mis en place. Soit elles arrivent sur leur première interlocutrice, même avant un gynécologue. Donc là, on essaie de faire un petit bilan gynéco avec des gynéco de confiance vers qui je les oriente, kiné ou sage-femme, pareil, pour faire un petit bilan pérennial et mettre en place, si besoin, des soins et pourquoi pas la crème anesthésiante. Je commence à leur parler de tout ça en consultation pour leur présenter les différentes options. en leur disant aussi que rien n'est obligatoire, mais voilà, un peu dans l'idéal, ce qu'on pourrait utiliser. Et puis là, à ce moment-là, on reconstruit ensemble leur parcours.
- #Enora Teyssendier
Oui, en fait, ces questions, c'est un peu parce qu'on en a parlé en aparté. Tu avais dit qu'en fait, pour un formation avec Emma, on a fait une des formations là en commun. Donc, la formatrice parlait bien des crèmes anesthésiantes, je l'ai bien appris, mais moi, je l'oublie. je pense que Au début de mes consultes, oui, mais maintenant, je n'y pense plus. Et il y a deux ans maintenant, une personne qui est venue pour une vulvodinie et qui a commencé tout ce processus dans la manière que j'accompagne moi, c'est la sage-femme qui l'avait orientée sur moi. J'ai proposé des massages et tout ça avec des huiles mais sans anesthésien. Et il y avait déjà, du coup, en quelques mois, il y avait beaucoup moins de douleurs. Avec le côté, on a travaillé beaucoup sur le niveau des traumas, des choses comme ça en fait. Et puis là, ça ne se forme pas entre temps. Et donc, elles ont repris le côté avec elle sur certains points. Et notamment, elle lui prescrivait de la crème anesthésiante 4 fois par jour.
- #Emma Puech Hélin
S'il n'y a pas de douleurs spontanées, 4 fois par jour, pourquoi ?
- #Enora Teyssendier
Les douleurs spontanées, à ce moment-là, il n'y en avait plus beaucoup. Avant, il y en avait. Et là, il y en avait... quasiment plus en fait. C'est pour ça que moi j'étais surprise effectivement qu'elle soit mise tous les jours alors qu'il y avait quasiment plus de douleurs spontanées. Elle venait, la douleur spontanée, on va dire une fois tous les quatre jours à peu près, à cette période-là. Mais donc en tout cas elle l'a fait, elle a suivi tout ce qu'a dit la sage-femme aussi et comme tu disais, les personnes concernées, patientes, patients, sont... ils sont très présents dans tout ça et elle, elle avait beaucoup de choses à mettre en place du coup qu'elle a mis en place et ça a eu des conséquences positives, ces effets mais oui c'est vrai que du coup moi ça a été la seule fois où et ça m'a un peu remis le rappel pense à cette crème quand même qui peut aussi être intéressante oui surtout si il y a de la douleur spontanée,
- #Emma Puech Hélin
alors je n'avais pas compris dans votre patiente, elle avait des douleurs spontanées Merci. Mais s'il y a des douleurs spontanées, c'est hyper important de ne pas rester avec une douleur chronique qui s'installe parce que ça atteint vraiment la santé mentale de souffrir en permanence, surtout dans une zone aussi intime qui est quand même chargée de symboles et qui définit beaucoup, malheureusement encore en termes d'identité. Il y a beaucoup de personnes qui se sentent atteintes directement dans leur identité de genre, dans leur identité érotique, parce qu'il y a des douleurs à cet endroit-là. Et donc ça peut vraiment peser sur le moral.
- #Enora Teyssendier
Cette personne, elle a eu 7 ans. d'errance médicale avec ses douleurs spontanées très régulières. Au début, c'était tous les jours, avant que cette sage-femme lui parle de moi.
- #Emma Puech Hélin
De vulvodynie.
- #Enora Teyssendier
De vulvodynie et de venir me voir.
- #Emma Puech Hélin
C'est l'errance thérapeutique, l'errance de diagnostic et l'errance de prise en charge. C'est 7 ans en effet en moyenne chez les personnes qui souffrent. Donc on peut progresser carrément, il y a de la marge. C'est pour ça qu'il faut des épisodes de podcast comme ça.
- #Enora Teyssendier
Oui. Et des assos comme la vôtre.
- #Emma Puech Hélin
Oui, j'allais en coller une pour Vulvae, parce que c'est aussi un de nos enjeux, c'est de faire connaître la pathologie, améliorer les formations, parce qu'en fait, on se rend compte que les formations sont incomplètes dans les formations des pros de santé, et que parfois, la vulvodynie, c'est une page rapidement calée, même pas sur une heure de cours, alors qu'en fait, il y a beaucoup de personnes qui sont concernées. Si on mélange un peu tous les types de douleurs vulvaires qu'on peut retrouver, on a quasiment 20% des personnes qui ont traversé un épisode de douleurs chroniques au cours de leur vie. Donc c'est énorme. Pourquoi ça reste aussi peu connu ? Tout ça pour dire qu'en effet, la crème anesthésiante, c'est une béquille. J'aime bien vraiment visualiser ce terme « béquille » parce que ça nous permet d'avancer et de soulager la douleur. Et après, progressivement, on laisse la béquille de côté. et on se rend compte qu'on peut prendre soin de soi et continuer sa vie confortablement.
- #Enora Teyssendier
Est-ce qu'il y a d'autres choses que tu souhaites aborder avant d'aller sur la fin de l'épisode ?
- #Emma Puech Hélin
Oui, si on parle de béquilles, et si on va encore plus loin dans le médical, et là, je pense que j'ai des consœurs sexos qui ne seraient pas forcément d'accord. Je pense qu'il y a plusieurs types d'approches dans la sexologie. Et moi, je remarque quand même qu'il y a beaucoup de personnes qui se positionnent plutôt anti-médicaments. évidemment si on peut les éviter, je trouve que c'est intéressant de faire différemment, mais pour faire gagner non pas du temps, mais surtout de l'énergie à des patients qui sont fragilisés dans leur santé mentale. Moi j'aime bien quand même parler de deux autres bêtises lorsqu'il y a de la douleur spontanée qui se met en place et qui résiste aussi à la crème anesthésiante par exemple. Il existe des thérapies médicamenteuses, les antidépresseurs. Pardon, je reprends. antidépresseurs tricycliques à bas dosage, qui n'ont donc plus une fonction antidépressive, mais une fonction antidouleur, surtout pour les douleurs neuropathiques. Parce que ce qu'on n'a pas aussi dit lorsqu'on parlait de vulvodynie, c'est que ce sont des douleurs qui se mettent en place alors qu'il n'y a pas de déclencheur identifié. Il n'y a pas de lésions sur la peau, il n'y a pas de bactéries, il n'y a pas de mycoses, il n'y a pas de vaginoses. une dérégulation du système nerveux de la douleur. Et donc, pour commencer à enrayer un petit peu cette dérégulation et revenir sur un système qui marche un peu mieux, il existe les antidépresseurs tricycliques à bas dosage ou les antidépresseurs épileptiques à bas dosage aussi. Ça, ce sont deux options qui peuvent faire peur. Et évidemment, quand on parle de ça au bout de quelques séances en thérapie, moi, je ne le donne pas du tout en première intention ou en termes d'options. Je commence à en parler quand je vois qu'il y a... Une fatigue qui se met en place, une résignation, le désespoir, parfois même des risques d'abandon de parcours, avec parfois même un peu la perte de plaisir partout dans la vie, vraiment des choses qui se mettent en place un peu à caractère anxio-dépressive. Là, je mets un peu le dessus sur le tapis. Ce n'est pas toujours hyper bien accepté par les patients qui se disent « Ah ouais, non, non, en fait, j'ai carrément un problème, je suis vraiment malade, il me faut carrément des antidépresseurs » , et qui viennent diaboliser. un peu ces molécules-là, mais qui ont vraiment un rôle d'antidouleur. Et je leur rappelle, en fait, si vous aviez mal au genou, on vous donnerait tout ça déjà. Mais là, c'est parce que ça touche une douleur intime qu'on a plus de mal à aller vers ça. Et quand même, certaines qui acceptent de prendre ça, je vois que ça vient les soutenir dans leur parcours et progressivement aussi, elles diminuent les doses et elles arrêtent. Parce qu'en plus de ça, il n'y a pas la même... tolérance et dépendance qu'avec d'autres molécules pharmaceutiques. Il faut bien rassurer aussi les patients par rapport à ça. Et ça les aide à passer un petit peu ce déclic, de continuer le parcours de soins, de prendre soin d'eux et d'elles vraiment de façon un peu plus intensive et continue, parce que le moral va mieux, parce que les douleurs sont moins intenses. Et je pense que c'est une option à ne pas négliger. Moi, évidemment, je ne vais pas prescrire ça. Je leur parle de cette option. Je leur dis de s'adresser à leur pro de santé et d'évoquer cette option-là. Et en effet, ça peut avoir des bénéfices. Ce n'est pas du tout systématique. Et ce n'est pas que pour les cas désespérés, parce qu'il y a un peu cette notion-là quand je parle de ces options. Elles me disent « je suis vraiment au cas désespéré, il faut que j'arrive jusque-là » . Non, mais la douleur, elle est difficile à soutenir sur le long terme. Donc, autorisons-nous à prendre ces béquilles, à continuer le parcours. et ensuite se distancier de ses vêtements.
- #Enora Teyssendier
La douleur, ça épuise.
- #Emma Puech Hélin
Bien sûr.
- #Enora Teyssendier
Ça épuise sur tous les niveaux. Oui,
- #Emma Puech Hélin
ça peut se manifester la nuit, ça peut se manifester quand on est en train de boire un verre avec des amis et donc nous empêcher de profiter de tous les moments un peu de recharge qui nous font du bien. Ça nous prive parfois de sexualité parce que le moindre contact est trop douloureux. Ça pèse sur les relations parfois, ça vient aussi... peser sur nos hobbies, typiquement le sport, l'équitation de la moto. Si on aime ça, on n'est pas très chanceux avec cette douleur. Donc ça vient vraiment sur plusieurs aspects de la vie et ça peut créer vraiment cette détresse qui est importante à adresser.
- #Enora Teyssendier
Merci de le préciser aussi, de le partager aussi.
- #Emma Puech Hélin
C'est des options. Ce n'est pas du tout obligatoire. Si je devais faire un pourcentage, vraiment, je le propose dans 5% des cas. Mais c'est important d'avoir les options disponibles.
- #Enora Teyssendier
Est-ce qu'il y a une dernière chose que tu souhaites ajouter ?
- #Emma Puech Hélin
Non, peut-être faire un petit peu de pub pour mon Instagram. Oui, alors ça, ça allait être fait effectivement à la fin. Donc, si on continue là-dessus, où est-ce qu'on te retrouve ? Sur Insta, tu peux nous redire le nom, s'il te plaît ?
- #Enora Teyssendier
Ouais, c'est sexcare.emma. De toute façon,
- #Emma Puech Hélin
ce sera dans la description, le lien.
- #Enora Teyssendier
Super. Super. Et en fait, je vous propose Insta parce que c'est justement pour dire, on se retrouve sur Instagram parce que je parle pas mal de ça, sur le compte Hello Vulvae aussi. Et vous pouvez du coup m'envoyer des messages privés si vous avez des questions sur ce qu'on vient de dire. S'il y a quelque chose qui n'est pas clair, s'il y a quelque chose qui est un peu trop technique, parce que parfois on va vite. On veut dire beaucoup d'infos et on donne des termes un peu techniques. Je réponds à toutes les questions avec très grand plaisir. Oui, et puis du coup, vu que le podcast est plus à destination des professionnels, rappelez que vous avez des formations dédiées aux professionnels pour tous ces sujets-là avec la formation.
- #Emma Puech Hélin
Oui, carrément. Et puis beaucoup de contenu déjà gratuit. sur notre site et sur notre Instagram. Je mettrai donc le lien aussi du site.
- #Enora Teyssendier
Très bien.
- #Emma Puech Hélin
Il y a autre chose comme lieu ?
- #Enora Teyssendier
Non, je pense que c'est assez complet.
- #Emma Puech Hélin
Top. Merci beaucoup pour tout ce que tu nous as partagé. Et merci pour ce que tu partages aussi gratuitement sur les réseaux et avec l'assaut.
- #Enora Teyssendier
Merci infiniment à toi pour l'invitation. C'est toujours un plaisir de diffuser un maximum d'infos partout, dès qu'on nous donne un endroit pour venir. parler, que ce soit avec Villevaille ou dans ma pratique perso, on saisit l'occasion et c'est hyper précieux, donc merci.
- #Emma Puech Hélin
Eh bien, c'est la fin de l'épisode, donc je souhaite une bonne fin de journée, bonne soirée ou bonne nuit en fonction de quand vous nous écoutez, et puis à bientôt pour un prochain épisode. Sous