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puls, prescriptions sonores - le podcast du Centre Hospitalier de Wallonie picarde

Bien dormir, mieux vivre : comprendre et traiter les troubles du sommeil

Bien dormir, mieux vivre : comprendre et traiter les troubles du sommeil

19min |13/08/2025|

99

Play
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Bien dormir, mieux vivre : comprendre et traiter les troubles du sommeil

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19min |13/08/2025|

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Description

Saviez-vous que près de 50% des Wallons souffrent de troubles du sommeil ? Dans cet épisode captivant de "puls, prescriptions sonores", le podcast du Centre Hospitalier de Wallonie picarde, nous plongeons au cœur de ce problème de santé publique majeur. Le Dr Georgios Tragas, pneumologue spécialisé dans les troubles du sommeil, et Olivier Delplanque, infirmier coordinateur à la Clinique du Sommeil et de l'Éveil, partagent leurs expertises pour vous aider à mieux comprendre l'importance d'un sommeil de qualité pour votre santé physique et mentale.

Au fil de la discussion, nos intervenants examinent les divers facteurs qui influencent le sommeil, notamment l'environnement, les habitudes de vie et le stress. Ils mettent en lumière l'impact de ces éléments sur votre sommeil et vous offrent des conseils pratiques pour améliorer votre qualité de vie. Découvrez comment la régularité dans les horaires de sommeil, l'activité physique et la réduction des stimulants peuvent transformer vos nuits.


Les troubles du sommeil, tels que l'apnée du sommeil, sont également au centre de cette conversation enrichissante. Le Dr Tragas et Olivier Delplanque décrivent les symptômes associés et les traitements disponibles, y compris l'utilisation de la machine CIPAP. Grâce à leurs conseils éclairés, vous apprendrez à reconnaître les signes de ces troubles et à chercher une prise en charge appropriée.


Ce podcast met en avant l'importance d'une approche multidisciplinaire dans la gestion des troubles du sommeil. L'éducation des patients est essentielle pour améliorer leur qualité de vie. En écoutant cet épisode, vous serez mieux armé pour comprendre et gérer vos propres défis liés au sommeil.


Rejoignez-nous pour une discussion passionnante sur les troubles du sommeil et découvrez comment des experts du domaine peuvent vous guider vers des nuits plus reposantes. Ne laissez pas le manque de sommeil impacter votre quotidien, écoutez "puls, prescriptions sonores" et prenez le contrôle de votre santé !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Georges Tragas

    L'être humain est un animal diurne. On vit la journée, on ne vit pas la nuit.

  • Olivier Delplanque

    On peut passer à côté, et je pense qu'il y a tout un pan de la population effectivement, qui est un peu dans le déni par rapport à ça, par manque de connaissances, ou manque de retour par rapport à leur qualité de sommeil.

  • Thomas

    Le sommeil, souvent négligé, ne représente pas seulement une période pendant laquelle nous ne sommes pas éveillés. Il permet au corps de faire le plein d'énergie, et a des effets bénéfiques tant sur la santé physique que mentale. Au CHwapi, les collaborateurs de la Clinique du Sommeil et de l'Éveil l'ont bien compris et accompagnent quotidiennement leurs patients dans leur quête d'un sommeil régulier et surtout réparateur. Pour en parler, nous recevons aujourd'hui Olivier Delplanque, infirmier coordinateur de cette clinique, et le Dr Georges Tragas, médecin pneumologue spécialiste des troubles du sommeil. Alors docteur, j'aimerais commencer avec un chiffre. On sait que près de 50% des wallons se plaignent d'avoir des troubles du sommeil. Est-ce que cette stat vous étonne ?

  • Georges Tragas

    Effectivement, c'est une étude qui a été publiée par Sciensano en mars 2024 et on a été vraiment surpris de ce chiffre où plus de 40% des Belges âgés de 18 ans et plus signalent ce problème de trouble du sommeil. Mais avant tout, c'est de savoir ce qu'est un bon sommeil. Un bon sommeil, c'est un sommeil réparateur qui vous permet de vous sentir en forme dès le matin et ce pendant toute la journée pour permettre d'accomplir les activités professionnelles et ou sociales. Pour pouvoir bénéficier de ce sommeil de qualité, il faut réunir plusieurs conditions, tant au niveau environnement, c'est d'avoir déjà une chambre qui est calme, assez sombre, avec une bonne literie, et à une température qui n'est ni trop fraîche ni trop froide, aux alentours de 18-20 degrés. Il faut aussi se coucher à des heures régulières et se lever à des heures régulières, tant en semaine que pendant les week-ends. Il faut aussi avoir une activité physique régulière. Limiter la stimulation des yeux par différents écrans et de bombarder ces lumières par smartphone, tablette, écran d'ordinateur, télévision. Éviter de sauter aussi des repas le soir pour éviter les fringales nocturnes, mais privilégier des repas pas trop riches. Et limiter les consommations de stimulants à base de caféine 3 à 4 heures avant d'aller dormir, ainsi que la nicotine 1 heure avant d'aller dormir. Et encore un autre point, c'est de limiter... tant que faire se peut les médicaments hypnotiques et sédatifs.

  • Thomas

    On a abordé les différents modes de vie aussi, et le manque d'hygiène qui pourrait amener à un mauvais sommeil. Est-ce que le stress en fait partie aussi ?

  • Georges Tragas

    Est-ce que le fait d'avoir un mauvais sommeil favorise ça, ou est-ce que c'est l'anxiété, la dépression ? Personne ne peut vraiment répondre à cette question, mais ce qui est sûr, c'est que si on veut aller mieux, et qu'on a un sommeil de mauvaise qualité, on n'ira pas mieux après. Donc il faut agir, et sur les causes de l'anxiété, ou de la dépression, ou de l'état dépressif, et agir sur la qualité de sommeil en même temps pour avoir un cercle vertueux.

  • Thomas

    Parce que finalement pour... bien dormir pour avoir un bon sommeil, est-ce qu'il ne faut pas d'abord bien se connaître ?

  • Georges Tragas

    Le plus important pour avoir un sommeil de qualité, c'est de bien se connaître et de savoir quelle est sa propre physiologie au sommeil. Il y a des petits dormeurs qui, avec 6h30 à 7h, ont suffisamment d'heures de sommeil et se sont reposés. Et puis d'autres personnes qui ont besoin de 9h, ils ne sont pas malades, ils ont juste besoin de 9h. Il faut apprendre à se connaître pour savoir quel est le temps qu'on doit consacrer à son sommeil pour être reposé. Autre point important, c'est que l'être humain est un animal diurne. On vit la journée, on ne vit pas la nuit. C'est pour ça que beaucoup de travailleurs qui ont des travails à horaire décalé ou un travail de nuit signalent dans 30 à 40% des cas avoir un sommeil de mauvaise qualité. Et le plus important c'est que le matin en réveil, il faut stimuler son corps à la lumière du jour, dès le matin, pour pouvoir réguler son horloge biologique. Pour pouvoir dormir du sommeil du juste le soir, vous devez vous réveiller le matin, travailler dans la lumière du jour, faire vos activités quotidiennes, accumuler de la fatigue, et quand la pénombre apparaît le soir, vous avez un relargage hormonal qu'on appelle la mélatonine qui apparaît seulement à la tombée de la nuit, à la tombée du soleil, et couplé avec votre fatigue, vous arrivez à ce moment-là à avoir un endormissement et avoir un sommeil de qualité. Donc il est primordial de bien se connaître, de se fatiguer en journée, d'éviter les siestes si possible en journée. et d'être baigné par la lumière du jour.

  • Thomas

    Avant même de parler du sommeil pathologique, il y a déjà tout un tas de facettes, tout un tas de choses à mettre en place pour éviter d'avoir un mauvais sommeil finalement.

  • Olivier Delplanque

    C'est un peu le rôle de la clinique du sommeil aussi, c'est tout le volet éducation de nos patients, parce qu'une fois qu'on est dans les pathologies, en amont il faut quand même éduquer le patient pour justement qu'il prenne les bonnes habitudes par rapport à tout ce qui a été dit par M. Tragas. Et donc c'est très important ce volet éducation et c'est une des plus-values de la clinique du sommeil.

  • Thomas

    Et à travers cette éducation, ça permet d'avoir un meilleur sommeil, malgré tout, c'est pas... toujours si évident, il y a aussi des troubles du sommeil qui sont parfois inévitables.

  • Georges Tragas

    En effet, dans les troubles du sommeil, il y a plusieurs pathologies qui peuvent intervenir sur ce sommeil de mauvaise qualité. Il faut savoir aussi déjà reconnaître les signes qui pourraient nous faire penser qu'on a un trouble du sommeil. Les patients se plaignent à ce moment-là d'avoir plutôt une augmentation de leur fatigue quotidienne, plus de somnolence en journée avec des envies irrépressibles d'aller faire des siestes. Il peut y avoir aussi des troubles de la vigilance ou de la concentration. Des problèmes d'apprentissage aussi, plus irritables. Tous ces facteurs peuvent aussi favoriser une augmentation d'avoir des risques d'accident de la route ou d'accident de travail. Ça c'est pour le volet au niveau des symptômes diurnes. Maintenant aussi des symptômes nocturnes qui peuvent apparaître chez beaucoup de patients. Ils se plaignent d'avoir des nicturies, ça veut dire des augmentations de mixtions nocturnes et d'aller aux toilettes beaucoup plus souvent. Où normalement on n'est pas censé se lever pour aller uriner. Ces troubles du sommeil peuvent être dus à un problème parfois comportemental, simplement. Mais il y a d'autres examens à réaliser pour être sûr qu'il n'y a pas aussi des problèmes médicaux sous-jacents qui peuvent, à ce moment-là, être soignés de manière différente en fonction du diagnostic. La pathologie la plus fréquente des troubles du sommeil, c'est les troubles ventilatoires du sommeil. Ça représente 80 à 85 % des patients qui consultent, en tout cas au laboratoire du sommeil. Et le diagnostic le plus fréquent, c'est un syndrome d'apnée hypopnée obstructive du sommeil. Il existe aussi des pathologies neurologiques qui donnent parfois de l'hypersomnie et des gens qui ne font que dormir en journée, comme la narcolepsie, où là, c'est plutôt des traitements médicamenteux. Il existe aussi les syndromes des jambes sans repos. Il existe aussi d'autres patients qui se plaignent plutôt d'insomnie, vraiment des difficultés à l'endormissement. Et là, la thérapeutique est aussi différente. Et le dernier pan, c'est généralement, qui sont déjà plus rares, ça représente entre 5 et 10% du laboratoire du sommeil, c'est ce qu'on appelle les parasomnies. Ce sont vraiment des comportements anormaux durant le sommeil. Et le meilleur exemple que tout le monde peut connaître, c'est le somnambulisme ou les terreurs nocturnes.

  • Thomas

    C'est toute une série de troubles qui peuvent être engendrés aussi par soit ces comportements, soit par ces pathologies. Et on l'a entendu, il y a aussi des vrais risques liés à ces troubles. Donc il faut vraiment les prendre en compte.

  • Olivier Delplanque

    Oui, tout à fait. Les plus gros risques, comme signalé, c'est essentiellement tout ce qui est lié aux accidents, accidents de travail, accidents de la route. Et on doit avoir une attitude particulière par rapport à ces gens-là. Entre autres, tout ce qui est chauffeurs, routiers, conducteurs de train qui ont des métiers qui sont tout le temps derrière un volant ou derrière des manettes pour le train. Et donc, il faut être très attentif. Et la loi, en principe, nous obligerait à envoyer ces patients vers le commissariat pour déposer leur permis. Donc, c'est un conseil qui doit être en tout cas... signalé auprès du patient qui n'est pas respecté à ce stade, qui n'a aucune obligation, mais c'est indépendant en tout cas, sur lequel il faut être très attentif.

  • Thomas

    Donc ça peut montrer aussi l'étendue des dégâts que peut engendrer le manque de sommeil. À partir de quel type de symptômes vous conseilleriez-vous d'aller dans un cabinet pour consulter un spécialiste ?

  • Georges Tragas

    Il existe différents signals d'alerte. D'abord, c'est des patients qui se plaignent de somnolence ou de fatigue chronique et qui ne peuvent plus assurer leurs tâches quotidiennes, professionnelles ou sociales, qu'ils consultent spontanément. Parfois aussi, c'est sur l'insistance de l'entourage en disant « tu ronfles beaucoup, tu fais des pauses respiratoires, tu es plus irritable, tu n'arrêtes pas de dormir, tu ne veux plus sortir ou faire des soirées ou des activités » . Et donc souvent, c'est des patients qui viennent sous la contrainte de l'entourage. Parfois, il y a aussi des médecins traitants qui, devant ces symptômes, ont déjà programmé un examen polysomnographique au laboratoire du sommeil. Ou même d'autres spécialistes dans des bilans de facteurs de risque, surtout cardiovasculaires, comme les cardiologues par exemple, devant des patients qui ont des troubles du rythme malin au niveau cardiaque, des infarctus ou un complément de bilan pour des facteurs de risque cardiovasculaires, des patients qui sont déjà hyper tendus, qui ont déjà du diabète, qui ont parfois un excès pondéral. Et donc souvent ces spécialistes-là nous les réfèrent pour faire des bilans complémentaires, pour exclure ou rechercher un éventuel syndrome d'apnée-hypopnée du sommeil. Et parfois aussi des ORL dans les cadres du bilan de ronflement par exemple, tout simplement.

  • Thomas

    Est-ce qu'à travers toutes ces facettes, vous remarquez qu'il y a une sorte de profil type qui se dégage parmi les patients ?

  • Olivier Delplanque

    Le profil le plus à risque, c'est certainement le facteur de l'obésité, mais qui n'est pas omniprésent chez tous nos patients qui sont apnéiques. C'est l'hygiène de vie également. Les patients hyper tendus, qui ne se prennent pas en charge, les patients qui font des bons gueuletons le midi, le soir, ça influence fortement le risque d'apnée, d'hypopnée, du sommeil. C'est l'hygiène de vie en premier lieu qu'il faut être attentif.

  • Thomas

    Tout à fait. Et est-ce que malgré tout ce qui permet de se rendre compte qu'on peut avoir un sommeil de mauvaise qualité, est-ce que certaines personnes ne s'en rendent tout simplement pas compte ?

  • Georges Tragas

    La majorité des patients apnéiques, en tout cas, ont des troubles du sommeil, mais il existe une tranche de patients, ça représente peut-être 10 à 15%, qui ne se rendent même pas compte qu'ils sont apnéiques. Et on leur annonce ça dans le cadre d'un bilan de facteurs de risque cardiovasculaire où après un infarctus ou après un AVC, on tombe sur des apnées du sommeil. Ils n'étaient même pas au courant, ils n'avaient aucune symptomatologie. Et effectivement, c'est souvent ces patients-là qui ne ressentent rien, qui ont le plus de mal à accepter le traitement.

  • Olivier Delplanque

    La fatigue fait partie de notre quotidien actuellement. Et donc, les facteurs, parfois, ces gens-là, qui n'ont pas forcément une porte d'entrée par le cardiologue ou le conjoint ou la partenaire de lit, qui dit incertainement qu'il y a des pauses respiratoires, qu'il y a du ronflement massif, on peut passer à côté. Et je pense qu'il y a tout un pan de la population, effectivement, qui est un peu dans le déni par rapport à ça, par manque de... de connaissances ou manque de retour par rapport à leur qualité de sommeil.

  • Thomas

    Dans le cadre de la prise en charge, il y a forcément aussi la communication qui prime.

  • Olivier Delplanque

    Oui, tout à fait. C'est essentiellement les volets communication et éducation qui sont primordiaux dans ce type d'activité.

  • Speaker #2

    Nous l'avons entendu, l'attention portée aux patients est au cœur des services proposés par le CHwapi dans le cadre des troubles du sommeil. Au sein de la clinique du sommeil et de l'éveil, de nombreux collaborateurs se relaient pour guider au mieux ceux qui en souffrent. Nous allons voir que des traitements efficaces existent et qu'ils s'accompagnent d'une prise en charge multidisciplinaire.

  • Olivier Delplanque

    Donc en fait les patients arrivent chez nous pour les examens du sommeil, il faut qu'ils soient envoyés par un médecin, qu'il soit un médecin généraliste, soit un médecin spécialiste, CHwapi ou hors CHwapi. Donc à partir du moment qu'il y a une demande médicale, on réalise l'examen de polysomnographie en milieu hospitalier. Et donc là, le patient entre fin d'après-midi et passe la nuit chez nous, un enregistrement de minimum de 8 heures, sort le lendemain. En fonction des résultats, si le patient a des apnées du sommeil sévères ou modérées, on peut déjà proposer le traitement dès le matin. Et il sort donc avec sa Cpap, il est déjà traité après sa nuit de diagnostic. S'il le souhaite, sinon c'est une consultation chez le spécialiste, pour discuter des résultats et ensuite entamer le traitement. Dans le cadre du suivi des patients, il faut que ce patient réalise deux nuits chez nous. Donc une nuit diagnostique et une nuit après avec sa machine pour prouver que les index d'apnée et hypopnée sont diminués. Et dans ce cadre-là, après, il rentre en convention.

  • Thomas

    Vous parliez de la CPAP. Est-ce qu'on peut peut-être expliciter un peu comment fonctionne cette CPAP ?

  • Georges Tragas

    C'est un appareil qui fait la taille d'un radio-réveil, qui est extrêmement silencieux. C'est une turbine qui prend de l'air ambiant et qui renvoie cet air via une pression. C'est via un masque qui est posé soit sur le nez, soit qui englobe le nez et la bouche. Il existe différents modèles de masques pour essayer de convenir à toutes les formes de visage et toutes les habitudes que les patients pourraient avoir. Et cet air sous pression aura pour effet de créer une attelle pneumatique au niveau de l'arrière-gorge qui va bloquer la survenue des apnées du sommeil et permettre à ce moment-là que les voies aériennes supérieures restent bien ouvertes pendant le sommeil et bloquer la survenue des apnées du sommeil.

  • Thomas

    Et on voit directement les résultats ?

  • Georges Tragas

    En tout cas... Quelqu'un qui a un syndrome d'apnée du sommeil qui est méconnu et qui consulte, on estime qu'il y a plus ou moins un gap entre les premières apnées et les symptômes, une dizaine d'années où le patient n'est pas au courant de son syndrome parce que ça n'arrive pas du jour au lendemain. Et pendant ces années, il y a une dette de sommeil qui s'est accumulée avec ce sommeil de mauvaise qualité. On estime qu'après un début de traitement par CPAP, au bout de 15 jours, 3 semaines, on peut avoir déjà un effet bénéfique matinal avec une sensation d'avoir... d'avoir un sommeil réparateur, le bénéfice va être court sur la journée. Et plus vous allez l'utiliser, généralement entre 6 et 9 mois d'un traitement efficace, que vous pourrez effacer cette dette de sommeil que vous avez accumulée.

  • Thomas

    On parle beaucoup d'apnée ici. Est-ce qu'il y a un âge aussi pour en souffrir ?

  • Georges Tragas

    Typiquement, les ronflements commencent à apparaître plus ou moins 10 ans avant d'avoir un syndrome d'apnée du sommeil. Chez les hommes, on va faire ce diagnostic entre 40 et 50 ans, pour la plupart, en tout cas en moyenne. Les femmes ont fait le diagnostic un peu plus tardivement, entre 50 et 60 ans. Cette disparité s'explique surtout en tout cas par les hormones féminines. Parce qu'on sait que la progestérone est un puissant dilatateur des muscles du pharynx. C'est au niveau du pharynx qu'apparaissent généralement l'obstruction des voies vénus supérieures qui expliquent les apnées du sommeil. Et donc typiquement, c'est après la ménopause que les femmes commencent à ronfler, pour le même gabarit qu'un homme, et donc les apnées commencent à apparaître un peu plus tardivement.

  • Olivier Delplanque

    On a de plus en plus également d'ados qu'on ne prend pas en charge au CHwapi pour l'instant, mais qui présentent les troubles ventilatoires parce qu'ils sont en surpoids également. Donc l'âge moyen effectivement est autour des 50 ans dans notre centre, mais on a des extrêmes qui commencent autour des 12-13 ans et qui peuvent aller jusqu'à 80 ou 85 ans.

  • Thomas

    Donc il y a vraiment un suivi sur la durée aussi, lorsqu'on passe par la clinique du sommeil et de l'éveil. Est-ce que vous sentez une reconnaissance ou en tout cas une appréciation de la part des patients qui passent par chez vous ?

  • Olivier Delplanque

    Clairement, les patients, en tout cas les gens qui sont conscients qu'ils ont des troubles ventilatoires du sommeil, une fois que le traitement est adapté et efficace, ces patients revivent. Et donc on a vraiment le retour comme quoi leur qualité de vie a été améliorée grâce au traitement.

  • Georges Tragas

    En tout cas, les patients qui sont ravis de leur CPAP, après plusieurs années, ne sentent même plus leur CPAP. Ils sentent toujours un effet bénéfique. se sentent reposés le matin, déclarent en tout cas avoir un sommeil de meilleure qualité pour affronter leur journée et voient déjà aussi les effets délétères si par exemple, pour des raisons x ou y, ils n'arrivent pas à mettre leur CPAP parce qu'ils sont en déplacement ou qu'ils tombent en panne ou que le masque est cassé, peu importe, ils voient directement qu'après une ou deux nuits, les problèmes qu'ils connaissent, qu'ils avaient eu avant, réapparaissent et ils redisparaissent une fois qu'ils ont remis leur CPAP. Et donc ils ont un effet vraiment de on-off à chaque fois qu'ils mettent leur CPAP. ça facilite aussi l'adhérence au traitement.

  • Thomas

    C'est important. Là, on a parlé de la CPAP. Est-ce qu'il y a d'autres solutions aussi qui existent pour d'autres types de troubles ?

  • Georges Tragas

    En ce qui concerne les apnées du sommeil, la CPAP peut venir à bout de la plupart des apnées du sommeil, en tout cas qu'elles soient modérées à sévère. Pour les apnées du sommeil qui sont modérées, on peut envisager dans certains cas une orthèse d'avancée mandibulaire. C'est un propulseur qui est fait sur mesure sur la dentition du patient, qui permet d'avancer légèrement la mâchoire inférieure. Ainsi, en avançant le massif lingual, on peut diminuer la survenue d'apnée du sommeil durant son sommeil. C'est une thérapeutique qui peut fonctionner dans certains cas et pour certains patients. Il existe des examens complémentaires à réaliser dans le cadre du bilan des apnées pour savoir si on peut proposer cette thérapeutique ou pas.

  • Thomas

    Il existe déjà pas mal de solutions. Est-ce qu'on sent aussi de votre côté que les recherches continuent et qu'il y a encore de l'évolution ces dernières années dans ce domaine ?

  • Olivier Delplanque

    Il y a encore des recherches sur le domaine, des recherches continuelles. On a un genre de pacemaker qui est a l'étude, qui a été développé au clinique universitaire Saint-Luc, qui fonctionne dans certaines conditions également pour stimuler les nerfs et donc, une fois de plus, ouvrir les voies respiratoires postérieures. On a des traitements médicamenteux qui sont à l'étude actuellement. Donc voilà, l'avenir des troubles du sommeil est loin d'être terminé. Je pense que c'est une pathologie relativement récente. qui touche quand même un grand nombre de la population, et donc les recherches sont vraiment en cours. Pour l'instant, les seuls traitements efficaces, c'est effectivement la CPAP et l'orthèse d'avancée mandibulaire, mais il y a encore beaucoup de recherches qui peuvent amener à d'autres traitements.

  • Georges Tragas

    Au CHwapi, on a aussi d'autres intervenants, comme des neurologues qui nous épaulent dans ces prises en charge. On a une équipe aussi de paramedicaux avec les diététiciennes, qui nous permettent aussi d'aiguiller les patients quand ces apnées sont plutôt dues à un excès pondéral, pour pouvoir aussi les prendre en charge. On a un service de tabacologie aussi, parce que le tabac augmente le syndrome d'apnée du sommeil, donc le centre d'aide aux fumeurs peut nous aider aussi à les faire décrocher du tabagisme. Donc il existe plusieurs intervenants qui gravitent autour du laboratoire du sommeil pour permettre de proposer des soins globalisés aux patients.

  • Thomas

    Donc il y a vraiment une prise en charge multidisciplinaire.

  • Olivier Delplanque

    Oui, de plus en plus, et c'est l'intérêt, d'où le nom de la clinique également, c'est cette approche multidisciplinaire qui est utile et nécessaire pour pouvoir prendre correctement en charge le patient dans sa globalité.

  • Thomas

    Je parlais tout à l'heure de cet accompagnement à long terme avec les retours que vous aviez. Ce long terme, ça peut être toute une vie ?

  • Olivier Delplanque

    Généralement, les patients apnéiques, malheureusement, mais en tout cas, c'est un traitement quasi à vie. Certains patients qui sont... les troubles ventilatoires sont liés à l'obésité. Effectivement, une diminution du poids peut permettre éventuellement de lever les apnées, mais ce n'est pas garanti. Donc la chirurgie bariatrique ne va pas solutionner éventuellement les troubles ventilatoires nocturnes, même avec une perte de poids importante.

  • Georges Tragas

    Le sommeil représente plus ou moins 30% d'une vie d'un être humain. Il est souvent méconnu de la population. Il est primordial pour la maturation cérébrale, de perpétuer les capacités cognitives, la sécrétion hormonale. Donc, le négliger, c'est une erreur. Et donc, c'est vrai que dans notre pratique, en tant que pneumologues, en tout cas, on est souvent amené, puisque le laboratoire du sommeil ici est surtout tenu par des pneumologues, on forme nos assistants et nos collègues à cette problématique. Et donc, on est probablement peut-être un peu plus sensible à la qualité du sommeil que d'autres spécialités. Et donc, ça devient naturellement.

  • Thomas

    Un dernier conseil qu'on peut donner, ça, c'est le sommeil, c'est 30% de notre vie. Peut-être le respecter aussi, ça aide à vivre bien les 70%. Voilà,

  • Olivier Delplanque

    tout à fait, oui.

  • Thomas

    Super. Merci à tous les deux pour vos retours.

  • Georges Tragas

    Merci. Merci de nous avoir vus.

  • Thomas

    Merci à vous de nous avoir suivis. On se retrouve tout bientôt pour un prochain podcast.

Chapters

  • Introduction au sommeil et à ses enjeux

    00:01

  • Les troubles du sommeil en Wallonie

    00:35

  • Qu'est-ce qu'un bon sommeil ?

    01:10

  • L'impact du stress et de l'anxiété sur le sommeil

    02:26

  • L'importance de la connaissance de soi pour bien dormir

    03:11

  • Éducation des patients sur les troubles du sommeil

    04:24

  • Les pathologies du sommeil et leurs traitements

    06:03

  • Prise en charge des patients à la clinique du sommeil

    11:20

  • Fonctionnement de la machine CPAP

    12:15

  • Autres solutions pour les troubles du sommeil

    15:55

  • Conclusion et importance du sommeil dans la vie quotidienne

    18:11

Description

Saviez-vous que près de 50% des Wallons souffrent de troubles du sommeil ? Dans cet épisode captivant de "puls, prescriptions sonores", le podcast du Centre Hospitalier de Wallonie picarde, nous plongeons au cœur de ce problème de santé publique majeur. Le Dr Georgios Tragas, pneumologue spécialisé dans les troubles du sommeil, et Olivier Delplanque, infirmier coordinateur à la Clinique du Sommeil et de l'Éveil, partagent leurs expertises pour vous aider à mieux comprendre l'importance d'un sommeil de qualité pour votre santé physique et mentale.

Au fil de la discussion, nos intervenants examinent les divers facteurs qui influencent le sommeil, notamment l'environnement, les habitudes de vie et le stress. Ils mettent en lumière l'impact de ces éléments sur votre sommeil et vous offrent des conseils pratiques pour améliorer votre qualité de vie. Découvrez comment la régularité dans les horaires de sommeil, l'activité physique et la réduction des stimulants peuvent transformer vos nuits.


Les troubles du sommeil, tels que l'apnée du sommeil, sont également au centre de cette conversation enrichissante. Le Dr Tragas et Olivier Delplanque décrivent les symptômes associés et les traitements disponibles, y compris l'utilisation de la machine CIPAP. Grâce à leurs conseils éclairés, vous apprendrez à reconnaître les signes de ces troubles et à chercher une prise en charge appropriée.


Ce podcast met en avant l'importance d'une approche multidisciplinaire dans la gestion des troubles du sommeil. L'éducation des patients est essentielle pour améliorer leur qualité de vie. En écoutant cet épisode, vous serez mieux armé pour comprendre et gérer vos propres défis liés au sommeil.


Rejoignez-nous pour une discussion passionnante sur les troubles du sommeil et découvrez comment des experts du domaine peuvent vous guider vers des nuits plus reposantes. Ne laissez pas le manque de sommeil impacter votre quotidien, écoutez "puls, prescriptions sonores" et prenez le contrôle de votre santé !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Georges Tragas

    L'être humain est un animal diurne. On vit la journée, on ne vit pas la nuit.

  • Olivier Delplanque

    On peut passer à côté, et je pense qu'il y a tout un pan de la population effectivement, qui est un peu dans le déni par rapport à ça, par manque de connaissances, ou manque de retour par rapport à leur qualité de sommeil.

  • Thomas

    Le sommeil, souvent négligé, ne représente pas seulement une période pendant laquelle nous ne sommes pas éveillés. Il permet au corps de faire le plein d'énergie, et a des effets bénéfiques tant sur la santé physique que mentale. Au CHwapi, les collaborateurs de la Clinique du Sommeil et de l'Éveil l'ont bien compris et accompagnent quotidiennement leurs patients dans leur quête d'un sommeil régulier et surtout réparateur. Pour en parler, nous recevons aujourd'hui Olivier Delplanque, infirmier coordinateur de cette clinique, et le Dr Georges Tragas, médecin pneumologue spécialiste des troubles du sommeil. Alors docteur, j'aimerais commencer avec un chiffre. On sait que près de 50% des wallons se plaignent d'avoir des troubles du sommeil. Est-ce que cette stat vous étonne ?

  • Georges Tragas

    Effectivement, c'est une étude qui a été publiée par Sciensano en mars 2024 et on a été vraiment surpris de ce chiffre où plus de 40% des Belges âgés de 18 ans et plus signalent ce problème de trouble du sommeil. Mais avant tout, c'est de savoir ce qu'est un bon sommeil. Un bon sommeil, c'est un sommeil réparateur qui vous permet de vous sentir en forme dès le matin et ce pendant toute la journée pour permettre d'accomplir les activités professionnelles et ou sociales. Pour pouvoir bénéficier de ce sommeil de qualité, il faut réunir plusieurs conditions, tant au niveau environnement, c'est d'avoir déjà une chambre qui est calme, assez sombre, avec une bonne literie, et à une température qui n'est ni trop fraîche ni trop froide, aux alentours de 18-20 degrés. Il faut aussi se coucher à des heures régulières et se lever à des heures régulières, tant en semaine que pendant les week-ends. Il faut aussi avoir une activité physique régulière. Limiter la stimulation des yeux par différents écrans et de bombarder ces lumières par smartphone, tablette, écran d'ordinateur, télévision. Éviter de sauter aussi des repas le soir pour éviter les fringales nocturnes, mais privilégier des repas pas trop riches. Et limiter les consommations de stimulants à base de caféine 3 à 4 heures avant d'aller dormir, ainsi que la nicotine 1 heure avant d'aller dormir. Et encore un autre point, c'est de limiter... tant que faire se peut les médicaments hypnotiques et sédatifs.

  • Thomas

    On a abordé les différents modes de vie aussi, et le manque d'hygiène qui pourrait amener à un mauvais sommeil. Est-ce que le stress en fait partie aussi ?

  • Georges Tragas

    Est-ce que le fait d'avoir un mauvais sommeil favorise ça, ou est-ce que c'est l'anxiété, la dépression ? Personne ne peut vraiment répondre à cette question, mais ce qui est sûr, c'est que si on veut aller mieux, et qu'on a un sommeil de mauvaise qualité, on n'ira pas mieux après. Donc il faut agir, et sur les causes de l'anxiété, ou de la dépression, ou de l'état dépressif, et agir sur la qualité de sommeil en même temps pour avoir un cercle vertueux.

  • Thomas

    Parce que finalement pour... bien dormir pour avoir un bon sommeil, est-ce qu'il ne faut pas d'abord bien se connaître ?

  • Georges Tragas

    Le plus important pour avoir un sommeil de qualité, c'est de bien se connaître et de savoir quelle est sa propre physiologie au sommeil. Il y a des petits dormeurs qui, avec 6h30 à 7h, ont suffisamment d'heures de sommeil et se sont reposés. Et puis d'autres personnes qui ont besoin de 9h, ils ne sont pas malades, ils ont juste besoin de 9h. Il faut apprendre à se connaître pour savoir quel est le temps qu'on doit consacrer à son sommeil pour être reposé. Autre point important, c'est que l'être humain est un animal diurne. On vit la journée, on ne vit pas la nuit. C'est pour ça que beaucoup de travailleurs qui ont des travails à horaire décalé ou un travail de nuit signalent dans 30 à 40% des cas avoir un sommeil de mauvaise qualité. Et le plus important c'est que le matin en réveil, il faut stimuler son corps à la lumière du jour, dès le matin, pour pouvoir réguler son horloge biologique. Pour pouvoir dormir du sommeil du juste le soir, vous devez vous réveiller le matin, travailler dans la lumière du jour, faire vos activités quotidiennes, accumuler de la fatigue, et quand la pénombre apparaît le soir, vous avez un relargage hormonal qu'on appelle la mélatonine qui apparaît seulement à la tombée de la nuit, à la tombée du soleil, et couplé avec votre fatigue, vous arrivez à ce moment-là à avoir un endormissement et avoir un sommeil de qualité. Donc il est primordial de bien se connaître, de se fatiguer en journée, d'éviter les siestes si possible en journée. et d'être baigné par la lumière du jour.

  • Thomas

    Avant même de parler du sommeil pathologique, il y a déjà tout un tas de facettes, tout un tas de choses à mettre en place pour éviter d'avoir un mauvais sommeil finalement.

  • Olivier Delplanque

    C'est un peu le rôle de la clinique du sommeil aussi, c'est tout le volet éducation de nos patients, parce qu'une fois qu'on est dans les pathologies, en amont il faut quand même éduquer le patient pour justement qu'il prenne les bonnes habitudes par rapport à tout ce qui a été dit par M. Tragas. Et donc c'est très important ce volet éducation et c'est une des plus-values de la clinique du sommeil.

  • Thomas

    Et à travers cette éducation, ça permet d'avoir un meilleur sommeil, malgré tout, c'est pas... toujours si évident, il y a aussi des troubles du sommeil qui sont parfois inévitables.

  • Georges Tragas

    En effet, dans les troubles du sommeil, il y a plusieurs pathologies qui peuvent intervenir sur ce sommeil de mauvaise qualité. Il faut savoir aussi déjà reconnaître les signes qui pourraient nous faire penser qu'on a un trouble du sommeil. Les patients se plaignent à ce moment-là d'avoir plutôt une augmentation de leur fatigue quotidienne, plus de somnolence en journée avec des envies irrépressibles d'aller faire des siestes. Il peut y avoir aussi des troubles de la vigilance ou de la concentration. Des problèmes d'apprentissage aussi, plus irritables. Tous ces facteurs peuvent aussi favoriser une augmentation d'avoir des risques d'accident de la route ou d'accident de travail. Ça c'est pour le volet au niveau des symptômes diurnes. Maintenant aussi des symptômes nocturnes qui peuvent apparaître chez beaucoup de patients. Ils se plaignent d'avoir des nicturies, ça veut dire des augmentations de mixtions nocturnes et d'aller aux toilettes beaucoup plus souvent. Où normalement on n'est pas censé se lever pour aller uriner. Ces troubles du sommeil peuvent être dus à un problème parfois comportemental, simplement. Mais il y a d'autres examens à réaliser pour être sûr qu'il n'y a pas aussi des problèmes médicaux sous-jacents qui peuvent, à ce moment-là, être soignés de manière différente en fonction du diagnostic. La pathologie la plus fréquente des troubles du sommeil, c'est les troubles ventilatoires du sommeil. Ça représente 80 à 85 % des patients qui consultent, en tout cas au laboratoire du sommeil. Et le diagnostic le plus fréquent, c'est un syndrome d'apnée hypopnée obstructive du sommeil. Il existe aussi des pathologies neurologiques qui donnent parfois de l'hypersomnie et des gens qui ne font que dormir en journée, comme la narcolepsie, où là, c'est plutôt des traitements médicamenteux. Il existe aussi les syndromes des jambes sans repos. Il existe aussi d'autres patients qui se plaignent plutôt d'insomnie, vraiment des difficultés à l'endormissement. Et là, la thérapeutique est aussi différente. Et le dernier pan, c'est généralement, qui sont déjà plus rares, ça représente entre 5 et 10% du laboratoire du sommeil, c'est ce qu'on appelle les parasomnies. Ce sont vraiment des comportements anormaux durant le sommeil. Et le meilleur exemple que tout le monde peut connaître, c'est le somnambulisme ou les terreurs nocturnes.

  • Thomas

    C'est toute une série de troubles qui peuvent être engendrés aussi par soit ces comportements, soit par ces pathologies. Et on l'a entendu, il y a aussi des vrais risques liés à ces troubles. Donc il faut vraiment les prendre en compte.

  • Olivier Delplanque

    Oui, tout à fait. Les plus gros risques, comme signalé, c'est essentiellement tout ce qui est lié aux accidents, accidents de travail, accidents de la route. Et on doit avoir une attitude particulière par rapport à ces gens-là. Entre autres, tout ce qui est chauffeurs, routiers, conducteurs de train qui ont des métiers qui sont tout le temps derrière un volant ou derrière des manettes pour le train. Et donc, il faut être très attentif. Et la loi, en principe, nous obligerait à envoyer ces patients vers le commissariat pour déposer leur permis. Donc, c'est un conseil qui doit être en tout cas... signalé auprès du patient qui n'est pas respecté à ce stade, qui n'a aucune obligation, mais c'est indépendant en tout cas, sur lequel il faut être très attentif.

  • Thomas

    Donc ça peut montrer aussi l'étendue des dégâts que peut engendrer le manque de sommeil. À partir de quel type de symptômes vous conseilleriez-vous d'aller dans un cabinet pour consulter un spécialiste ?

  • Georges Tragas

    Il existe différents signals d'alerte. D'abord, c'est des patients qui se plaignent de somnolence ou de fatigue chronique et qui ne peuvent plus assurer leurs tâches quotidiennes, professionnelles ou sociales, qu'ils consultent spontanément. Parfois aussi, c'est sur l'insistance de l'entourage en disant « tu ronfles beaucoup, tu fais des pauses respiratoires, tu es plus irritable, tu n'arrêtes pas de dormir, tu ne veux plus sortir ou faire des soirées ou des activités » . Et donc souvent, c'est des patients qui viennent sous la contrainte de l'entourage. Parfois, il y a aussi des médecins traitants qui, devant ces symptômes, ont déjà programmé un examen polysomnographique au laboratoire du sommeil. Ou même d'autres spécialistes dans des bilans de facteurs de risque, surtout cardiovasculaires, comme les cardiologues par exemple, devant des patients qui ont des troubles du rythme malin au niveau cardiaque, des infarctus ou un complément de bilan pour des facteurs de risque cardiovasculaires, des patients qui sont déjà hyper tendus, qui ont déjà du diabète, qui ont parfois un excès pondéral. Et donc souvent ces spécialistes-là nous les réfèrent pour faire des bilans complémentaires, pour exclure ou rechercher un éventuel syndrome d'apnée-hypopnée du sommeil. Et parfois aussi des ORL dans les cadres du bilan de ronflement par exemple, tout simplement.

  • Thomas

    Est-ce qu'à travers toutes ces facettes, vous remarquez qu'il y a une sorte de profil type qui se dégage parmi les patients ?

  • Olivier Delplanque

    Le profil le plus à risque, c'est certainement le facteur de l'obésité, mais qui n'est pas omniprésent chez tous nos patients qui sont apnéiques. C'est l'hygiène de vie également. Les patients hyper tendus, qui ne se prennent pas en charge, les patients qui font des bons gueuletons le midi, le soir, ça influence fortement le risque d'apnée, d'hypopnée, du sommeil. C'est l'hygiène de vie en premier lieu qu'il faut être attentif.

  • Thomas

    Tout à fait. Et est-ce que malgré tout ce qui permet de se rendre compte qu'on peut avoir un sommeil de mauvaise qualité, est-ce que certaines personnes ne s'en rendent tout simplement pas compte ?

  • Georges Tragas

    La majorité des patients apnéiques, en tout cas, ont des troubles du sommeil, mais il existe une tranche de patients, ça représente peut-être 10 à 15%, qui ne se rendent même pas compte qu'ils sont apnéiques. Et on leur annonce ça dans le cadre d'un bilan de facteurs de risque cardiovasculaire où après un infarctus ou après un AVC, on tombe sur des apnées du sommeil. Ils n'étaient même pas au courant, ils n'avaient aucune symptomatologie. Et effectivement, c'est souvent ces patients-là qui ne ressentent rien, qui ont le plus de mal à accepter le traitement.

  • Olivier Delplanque

    La fatigue fait partie de notre quotidien actuellement. Et donc, les facteurs, parfois, ces gens-là, qui n'ont pas forcément une porte d'entrée par le cardiologue ou le conjoint ou la partenaire de lit, qui dit incertainement qu'il y a des pauses respiratoires, qu'il y a du ronflement massif, on peut passer à côté. Et je pense qu'il y a tout un pan de la population, effectivement, qui est un peu dans le déni par rapport à ça, par manque de... de connaissances ou manque de retour par rapport à leur qualité de sommeil.

  • Thomas

    Dans le cadre de la prise en charge, il y a forcément aussi la communication qui prime.

  • Olivier Delplanque

    Oui, tout à fait. C'est essentiellement les volets communication et éducation qui sont primordiaux dans ce type d'activité.

  • Speaker #2

    Nous l'avons entendu, l'attention portée aux patients est au cœur des services proposés par le CHwapi dans le cadre des troubles du sommeil. Au sein de la clinique du sommeil et de l'éveil, de nombreux collaborateurs se relaient pour guider au mieux ceux qui en souffrent. Nous allons voir que des traitements efficaces existent et qu'ils s'accompagnent d'une prise en charge multidisciplinaire.

  • Olivier Delplanque

    Donc en fait les patients arrivent chez nous pour les examens du sommeil, il faut qu'ils soient envoyés par un médecin, qu'il soit un médecin généraliste, soit un médecin spécialiste, CHwapi ou hors CHwapi. Donc à partir du moment qu'il y a une demande médicale, on réalise l'examen de polysomnographie en milieu hospitalier. Et donc là, le patient entre fin d'après-midi et passe la nuit chez nous, un enregistrement de minimum de 8 heures, sort le lendemain. En fonction des résultats, si le patient a des apnées du sommeil sévères ou modérées, on peut déjà proposer le traitement dès le matin. Et il sort donc avec sa Cpap, il est déjà traité après sa nuit de diagnostic. S'il le souhaite, sinon c'est une consultation chez le spécialiste, pour discuter des résultats et ensuite entamer le traitement. Dans le cadre du suivi des patients, il faut que ce patient réalise deux nuits chez nous. Donc une nuit diagnostique et une nuit après avec sa machine pour prouver que les index d'apnée et hypopnée sont diminués. Et dans ce cadre-là, après, il rentre en convention.

  • Thomas

    Vous parliez de la CPAP. Est-ce qu'on peut peut-être expliciter un peu comment fonctionne cette CPAP ?

  • Georges Tragas

    C'est un appareil qui fait la taille d'un radio-réveil, qui est extrêmement silencieux. C'est une turbine qui prend de l'air ambiant et qui renvoie cet air via une pression. C'est via un masque qui est posé soit sur le nez, soit qui englobe le nez et la bouche. Il existe différents modèles de masques pour essayer de convenir à toutes les formes de visage et toutes les habitudes que les patients pourraient avoir. Et cet air sous pression aura pour effet de créer une attelle pneumatique au niveau de l'arrière-gorge qui va bloquer la survenue des apnées du sommeil et permettre à ce moment-là que les voies aériennes supérieures restent bien ouvertes pendant le sommeil et bloquer la survenue des apnées du sommeil.

  • Thomas

    Et on voit directement les résultats ?

  • Georges Tragas

    En tout cas... Quelqu'un qui a un syndrome d'apnée du sommeil qui est méconnu et qui consulte, on estime qu'il y a plus ou moins un gap entre les premières apnées et les symptômes, une dizaine d'années où le patient n'est pas au courant de son syndrome parce que ça n'arrive pas du jour au lendemain. Et pendant ces années, il y a une dette de sommeil qui s'est accumulée avec ce sommeil de mauvaise qualité. On estime qu'après un début de traitement par CPAP, au bout de 15 jours, 3 semaines, on peut avoir déjà un effet bénéfique matinal avec une sensation d'avoir... d'avoir un sommeil réparateur, le bénéfice va être court sur la journée. Et plus vous allez l'utiliser, généralement entre 6 et 9 mois d'un traitement efficace, que vous pourrez effacer cette dette de sommeil que vous avez accumulée.

  • Thomas

    On parle beaucoup d'apnée ici. Est-ce qu'il y a un âge aussi pour en souffrir ?

  • Georges Tragas

    Typiquement, les ronflements commencent à apparaître plus ou moins 10 ans avant d'avoir un syndrome d'apnée du sommeil. Chez les hommes, on va faire ce diagnostic entre 40 et 50 ans, pour la plupart, en tout cas en moyenne. Les femmes ont fait le diagnostic un peu plus tardivement, entre 50 et 60 ans. Cette disparité s'explique surtout en tout cas par les hormones féminines. Parce qu'on sait que la progestérone est un puissant dilatateur des muscles du pharynx. C'est au niveau du pharynx qu'apparaissent généralement l'obstruction des voies vénus supérieures qui expliquent les apnées du sommeil. Et donc typiquement, c'est après la ménopause que les femmes commencent à ronfler, pour le même gabarit qu'un homme, et donc les apnées commencent à apparaître un peu plus tardivement.

  • Olivier Delplanque

    On a de plus en plus également d'ados qu'on ne prend pas en charge au CHwapi pour l'instant, mais qui présentent les troubles ventilatoires parce qu'ils sont en surpoids également. Donc l'âge moyen effectivement est autour des 50 ans dans notre centre, mais on a des extrêmes qui commencent autour des 12-13 ans et qui peuvent aller jusqu'à 80 ou 85 ans.

  • Thomas

    Donc il y a vraiment un suivi sur la durée aussi, lorsqu'on passe par la clinique du sommeil et de l'éveil. Est-ce que vous sentez une reconnaissance ou en tout cas une appréciation de la part des patients qui passent par chez vous ?

  • Olivier Delplanque

    Clairement, les patients, en tout cas les gens qui sont conscients qu'ils ont des troubles ventilatoires du sommeil, une fois que le traitement est adapté et efficace, ces patients revivent. Et donc on a vraiment le retour comme quoi leur qualité de vie a été améliorée grâce au traitement.

  • Georges Tragas

    En tout cas, les patients qui sont ravis de leur CPAP, après plusieurs années, ne sentent même plus leur CPAP. Ils sentent toujours un effet bénéfique. se sentent reposés le matin, déclarent en tout cas avoir un sommeil de meilleure qualité pour affronter leur journée et voient déjà aussi les effets délétères si par exemple, pour des raisons x ou y, ils n'arrivent pas à mettre leur CPAP parce qu'ils sont en déplacement ou qu'ils tombent en panne ou que le masque est cassé, peu importe, ils voient directement qu'après une ou deux nuits, les problèmes qu'ils connaissent, qu'ils avaient eu avant, réapparaissent et ils redisparaissent une fois qu'ils ont remis leur CPAP. Et donc ils ont un effet vraiment de on-off à chaque fois qu'ils mettent leur CPAP. ça facilite aussi l'adhérence au traitement.

  • Thomas

    C'est important. Là, on a parlé de la CPAP. Est-ce qu'il y a d'autres solutions aussi qui existent pour d'autres types de troubles ?

  • Georges Tragas

    En ce qui concerne les apnées du sommeil, la CPAP peut venir à bout de la plupart des apnées du sommeil, en tout cas qu'elles soient modérées à sévère. Pour les apnées du sommeil qui sont modérées, on peut envisager dans certains cas une orthèse d'avancée mandibulaire. C'est un propulseur qui est fait sur mesure sur la dentition du patient, qui permet d'avancer légèrement la mâchoire inférieure. Ainsi, en avançant le massif lingual, on peut diminuer la survenue d'apnée du sommeil durant son sommeil. C'est une thérapeutique qui peut fonctionner dans certains cas et pour certains patients. Il existe des examens complémentaires à réaliser dans le cadre du bilan des apnées pour savoir si on peut proposer cette thérapeutique ou pas.

  • Thomas

    Il existe déjà pas mal de solutions. Est-ce qu'on sent aussi de votre côté que les recherches continuent et qu'il y a encore de l'évolution ces dernières années dans ce domaine ?

  • Olivier Delplanque

    Il y a encore des recherches sur le domaine, des recherches continuelles. On a un genre de pacemaker qui est a l'étude, qui a été développé au clinique universitaire Saint-Luc, qui fonctionne dans certaines conditions également pour stimuler les nerfs et donc, une fois de plus, ouvrir les voies respiratoires postérieures. On a des traitements médicamenteux qui sont à l'étude actuellement. Donc voilà, l'avenir des troubles du sommeil est loin d'être terminé. Je pense que c'est une pathologie relativement récente. qui touche quand même un grand nombre de la population, et donc les recherches sont vraiment en cours. Pour l'instant, les seuls traitements efficaces, c'est effectivement la CPAP et l'orthèse d'avancée mandibulaire, mais il y a encore beaucoup de recherches qui peuvent amener à d'autres traitements.

  • Georges Tragas

    Au CHwapi, on a aussi d'autres intervenants, comme des neurologues qui nous épaulent dans ces prises en charge. On a une équipe aussi de paramedicaux avec les diététiciennes, qui nous permettent aussi d'aiguiller les patients quand ces apnées sont plutôt dues à un excès pondéral, pour pouvoir aussi les prendre en charge. On a un service de tabacologie aussi, parce que le tabac augmente le syndrome d'apnée du sommeil, donc le centre d'aide aux fumeurs peut nous aider aussi à les faire décrocher du tabagisme. Donc il existe plusieurs intervenants qui gravitent autour du laboratoire du sommeil pour permettre de proposer des soins globalisés aux patients.

  • Thomas

    Donc il y a vraiment une prise en charge multidisciplinaire.

  • Olivier Delplanque

    Oui, de plus en plus, et c'est l'intérêt, d'où le nom de la clinique également, c'est cette approche multidisciplinaire qui est utile et nécessaire pour pouvoir prendre correctement en charge le patient dans sa globalité.

  • Thomas

    Je parlais tout à l'heure de cet accompagnement à long terme avec les retours que vous aviez. Ce long terme, ça peut être toute une vie ?

  • Olivier Delplanque

    Généralement, les patients apnéiques, malheureusement, mais en tout cas, c'est un traitement quasi à vie. Certains patients qui sont... les troubles ventilatoires sont liés à l'obésité. Effectivement, une diminution du poids peut permettre éventuellement de lever les apnées, mais ce n'est pas garanti. Donc la chirurgie bariatrique ne va pas solutionner éventuellement les troubles ventilatoires nocturnes, même avec une perte de poids importante.

  • Georges Tragas

    Le sommeil représente plus ou moins 30% d'une vie d'un être humain. Il est souvent méconnu de la population. Il est primordial pour la maturation cérébrale, de perpétuer les capacités cognitives, la sécrétion hormonale. Donc, le négliger, c'est une erreur. Et donc, c'est vrai que dans notre pratique, en tant que pneumologues, en tout cas, on est souvent amené, puisque le laboratoire du sommeil ici est surtout tenu par des pneumologues, on forme nos assistants et nos collègues à cette problématique. Et donc, on est probablement peut-être un peu plus sensible à la qualité du sommeil que d'autres spécialités. Et donc, ça devient naturellement.

  • Thomas

    Un dernier conseil qu'on peut donner, ça, c'est le sommeil, c'est 30% de notre vie. Peut-être le respecter aussi, ça aide à vivre bien les 70%. Voilà,

  • Olivier Delplanque

    tout à fait, oui.

  • Thomas

    Super. Merci à tous les deux pour vos retours.

  • Georges Tragas

    Merci. Merci de nous avoir vus.

  • Thomas

    Merci à vous de nous avoir suivis. On se retrouve tout bientôt pour un prochain podcast.

Chapters

  • Introduction au sommeil et à ses enjeux

    00:01

  • Les troubles du sommeil en Wallonie

    00:35

  • Qu'est-ce qu'un bon sommeil ?

    01:10

  • L'impact du stress et de l'anxiété sur le sommeil

    02:26

  • L'importance de la connaissance de soi pour bien dormir

    03:11

  • Éducation des patients sur les troubles du sommeil

    04:24

  • Les pathologies du sommeil et leurs traitements

    06:03

  • Prise en charge des patients à la clinique du sommeil

    11:20

  • Fonctionnement de la machine CPAP

    12:15

  • Autres solutions pour les troubles du sommeil

    15:55

  • Conclusion et importance du sommeil dans la vie quotidienne

    18:11

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Description

Saviez-vous que près de 50% des Wallons souffrent de troubles du sommeil ? Dans cet épisode captivant de "puls, prescriptions sonores", le podcast du Centre Hospitalier de Wallonie picarde, nous plongeons au cœur de ce problème de santé publique majeur. Le Dr Georgios Tragas, pneumologue spécialisé dans les troubles du sommeil, et Olivier Delplanque, infirmier coordinateur à la Clinique du Sommeil et de l'Éveil, partagent leurs expertises pour vous aider à mieux comprendre l'importance d'un sommeil de qualité pour votre santé physique et mentale.

Au fil de la discussion, nos intervenants examinent les divers facteurs qui influencent le sommeil, notamment l'environnement, les habitudes de vie et le stress. Ils mettent en lumière l'impact de ces éléments sur votre sommeil et vous offrent des conseils pratiques pour améliorer votre qualité de vie. Découvrez comment la régularité dans les horaires de sommeil, l'activité physique et la réduction des stimulants peuvent transformer vos nuits.


Les troubles du sommeil, tels que l'apnée du sommeil, sont également au centre de cette conversation enrichissante. Le Dr Tragas et Olivier Delplanque décrivent les symptômes associés et les traitements disponibles, y compris l'utilisation de la machine CIPAP. Grâce à leurs conseils éclairés, vous apprendrez à reconnaître les signes de ces troubles et à chercher une prise en charge appropriée.


Ce podcast met en avant l'importance d'une approche multidisciplinaire dans la gestion des troubles du sommeil. L'éducation des patients est essentielle pour améliorer leur qualité de vie. En écoutant cet épisode, vous serez mieux armé pour comprendre et gérer vos propres défis liés au sommeil.


Rejoignez-nous pour une discussion passionnante sur les troubles du sommeil et découvrez comment des experts du domaine peuvent vous guider vers des nuits plus reposantes. Ne laissez pas le manque de sommeil impacter votre quotidien, écoutez "puls, prescriptions sonores" et prenez le contrôle de votre santé !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Georges Tragas

    L'être humain est un animal diurne. On vit la journée, on ne vit pas la nuit.

  • Olivier Delplanque

    On peut passer à côté, et je pense qu'il y a tout un pan de la population effectivement, qui est un peu dans le déni par rapport à ça, par manque de connaissances, ou manque de retour par rapport à leur qualité de sommeil.

  • Thomas

    Le sommeil, souvent négligé, ne représente pas seulement une période pendant laquelle nous ne sommes pas éveillés. Il permet au corps de faire le plein d'énergie, et a des effets bénéfiques tant sur la santé physique que mentale. Au CHwapi, les collaborateurs de la Clinique du Sommeil et de l'Éveil l'ont bien compris et accompagnent quotidiennement leurs patients dans leur quête d'un sommeil régulier et surtout réparateur. Pour en parler, nous recevons aujourd'hui Olivier Delplanque, infirmier coordinateur de cette clinique, et le Dr Georges Tragas, médecin pneumologue spécialiste des troubles du sommeil. Alors docteur, j'aimerais commencer avec un chiffre. On sait que près de 50% des wallons se plaignent d'avoir des troubles du sommeil. Est-ce que cette stat vous étonne ?

  • Georges Tragas

    Effectivement, c'est une étude qui a été publiée par Sciensano en mars 2024 et on a été vraiment surpris de ce chiffre où plus de 40% des Belges âgés de 18 ans et plus signalent ce problème de trouble du sommeil. Mais avant tout, c'est de savoir ce qu'est un bon sommeil. Un bon sommeil, c'est un sommeil réparateur qui vous permet de vous sentir en forme dès le matin et ce pendant toute la journée pour permettre d'accomplir les activités professionnelles et ou sociales. Pour pouvoir bénéficier de ce sommeil de qualité, il faut réunir plusieurs conditions, tant au niveau environnement, c'est d'avoir déjà une chambre qui est calme, assez sombre, avec une bonne literie, et à une température qui n'est ni trop fraîche ni trop froide, aux alentours de 18-20 degrés. Il faut aussi se coucher à des heures régulières et se lever à des heures régulières, tant en semaine que pendant les week-ends. Il faut aussi avoir une activité physique régulière. Limiter la stimulation des yeux par différents écrans et de bombarder ces lumières par smartphone, tablette, écran d'ordinateur, télévision. Éviter de sauter aussi des repas le soir pour éviter les fringales nocturnes, mais privilégier des repas pas trop riches. Et limiter les consommations de stimulants à base de caféine 3 à 4 heures avant d'aller dormir, ainsi que la nicotine 1 heure avant d'aller dormir. Et encore un autre point, c'est de limiter... tant que faire se peut les médicaments hypnotiques et sédatifs.

  • Thomas

    On a abordé les différents modes de vie aussi, et le manque d'hygiène qui pourrait amener à un mauvais sommeil. Est-ce que le stress en fait partie aussi ?

  • Georges Tragas

    Est-ce que le fait d'avoir un mauvais sommeil favorise ça, ou est-ce que c'est l'anxiété, la dépression ? Personne ne peut vraiment répondre à cette question, mais ce qui est sûr, c'est que si on veut aller mieux, et qu'on a un sommeil de mauvaise qualité, on n'ira pas mieux après. Donc il faut agir, et sur les causes de l'anxiété, ou de la dépression, ou de l'état dépressif, et agir sur la qualité de sommeil en même temps pour avoir un cercle vertueux.

  • Thomas

    Parce que finalement pour... bien dormir pour avoir un bon sommeil, est-ce qu'il ne faut pas d'abord bien se connaître ?

  • Georges Tragas

    Le plus important pour avoir un sommeil de qualité, c'est de bien se connaître et de savoir quelle est sa propre physiologie au sommeil. Il y a des petits dormeurs qui, avec 6h30 à 7h, ont suffisamment d'heures de sommeil et se sont reposés. Et puis d'autres personnes qui ont besoin de 9h, ils ne sont pas malades, ils ont juste besoin de 9h. Il faut apprendre à se connaître pour savoir quel est le temps qu'on doit consacrer à son sommeil pour être reposé. Autre point important, c'est que l'être humain est un animal diurne. On vit la journée, on ne vit pas la nuit. C'est pour ça que beaucoup de travailleurs qui ont des travails à horaire décalé ou un travail de nuit signalent dans 30 à 40% des cas avoir un sommeil de mauvaise qualité. Et le plus important c'est que le matin en réveil, il faut stimuler son corps à la lumière du jour, dès le matin, pour pouvoir réguler son horloge biologique. Pour pouvoir dormir du sommeil du juste le soir, vous devez vous réveiller le matin, travailler dans la lumière du jour, faire vos activités quotidiennes, accumuler de la fatigue, et quand la pénombre apparaît le soir, vous avez un relargage hormonal qu'on appelle la mélatonine qui apparaît seulement à la tombée de la nuit, à la tombée du soleil, et couplé avec votre fatigue, vous arrivez à ce moment-là à avoir un endormissement et avoir un sommeil de qualité. Donc il est primordial de bien se connaître, de se fatiguer en journée, d'éviter les siestes si possible en journée. et d'être baigné par la lumière du jour.

  • Thomas

    Avant même de parler du sommeil pathologique, il y a déjà tout un tas de facettes, tout un tas de choses à mettre en place pour éviter d'avoir un mauvais sommeil finalement.

  • Olivier Delplanque

    C'est un peu le rôle de la clinique du sommeil aussi, c'est tout le volet éducation de nos patients, parce qu'une fois qu'on est dans les pathologies, en amont il faut quand même éduquer le patient pour justement qu'il prenne les bonnes habitudes par rapport à tout ce qui a été dit par M. Tragas. Et donc c'est très important ce volet éducation et c'est une des plus-values de la clinique du sommeil.

  • Thomas

    Et à travers cette éducation, ça permet d'avoir un meilleur sommeil, malgré tout, c'est pas... toujours si évident, il y a aussi des troubles du sommeil qui sont parfois inévitables.

  • Georges Tragas

    En effet, dans les troubles du sommeil, il y a plusieurs pathologies qui peuvent intervenir sur ce sommeil de mauvaise qualité. Il faut savoir aussi déjà reconnaître les signes qui pourraient nous faire penser qu'on a un trouble du sommeil. Les patients se plaignent à ce moment-là d'avoir plutôt une augmentation de leur fatigue quotidienne, plus de somnolence en journée avec des envies irrépressibles d'aller faire des siestes. Il peut y avoir aussi des troubles de la vigilance ou de la concentration. Des problèmes d'apprentissage aussi, plus irritables. Tous ces facteurs peuvent aussi favoriser une augmentation d'avoir des risques d'accident de la route ou d'accident de travail. Ça c'est pour le volet au niveau des symptômes diurnes. Maintenant aussi des symptômes nocturnes qui peuvent apparaître chez beaucoup de patients. Ils se plaignent d'avoir des nicturies, ça veut dire des augmentations de mixtions nocturnes et d'aller aux toilettes beaucoup plus souvent. Où normalement on n'est pas censé se lever pour aller uriner. Ces troubles du sommeil peuvent être dus à un problème parfois comportemental, simplement. Mais il y a d'autres examens à réaliser pour être sûr qu'il n'y a pas aussi des problèmes médicaux sous-jacents qui peuvent, à ce moment-là, être soignés de manière différente en fonction du diagnostic. La pathologie la plus fréquente des troubles du sommeil, c'est les troubles ventilatoires du sommeil. Ça représente 80 à 85 % des patients qui consultent, en tout cas au laboratoire du sommeil. Et le diagnostic le plus fréquent, c'est un syndrome d'apnée hypopnée obstructive du sommeil. Il existe aussi des pathologies neurologiques qui donnent parfois de l'hypersomnie et des gens qui ne font que dormir en journée, comme la narcolepsie, où là, c'est plutôt des traitements médicamenteux. Il existe aussi les syndromes des jambes sans repos. Il existe aussi d'autres patients qui se plaignent plutôt d'insomnie, vraiment des difficultés à l'endormissement. Et là, la thérapeutique est aussi différente. Et le dernier pan, c'est généralement, qui sont déjà plus rares, ça représente entre 5 et 10% du laboratoire du sommeil, c'est ce qu'on appelle les parasomnies. Ce sont vraiment des comportements anormaux durant le sommeil. Et le meilleur exemple que tout le monde peut connaître, c'est le somnambulisme ou les terreurs nocturnes.

  • Thomas

    C'est toute une série de troubles qui peuvent être engendrés aussi par soit ces comportements, soit par ces pathologies. Et on l'a entendu, il y a aussi des vrais risques liés à ces troubles. Donc il faut vraiment les prendre en compte.

  • Olivier Delplanque

    Oui, tout à fait. Les plus gros risques, comme signalé, c'est essentiellement tout ce qui est lié aux accidents, accidents de travail, accidents de la route. Et on doit avoir une attitude particulière par rapport à ces gens-là. Entre autres, tout ce qui est chauffeurs, routiers, conducteurs de train qui ont des métiers qui sont tout le temps derrière un volant ou derrière des manettes pour le train. Et donc, il faut être très attentif. Et la loi, en principe, nous obligerait à envoyer ces patients vers le commissariat pour déposer leur permis. Donc, c'est un conseil qui doit être en tout cas... signalé auprès du patient qui n'est pas respecté à ce stade, qui n'a aucune obligation, mais c'est indépendant en tout cas, sur lequel il faut être très attentif.

  • Thomas

    Donc ça peut montrer aussi l'étendue des dégâts que peut engendrer le manque de sommeil. À partir de quel type de symptômes vous conseilleriez-vous d'aller dans un cabinet pour consulter un spécialiste ?

  • Georges Tragas

    Il existe différents signals d'alerte. D'abord, c'est des patients qui se plaignent de somnolence ou de fatigue chronique et qui ne peuvent plus assurer leurs tâches quotidiennes, professionnelles ou sociales, qu'ils consultent spontanément. Parfois aussi, c'est sur l'insistance de l'entourage en disant « tu ronfles beaucoup, tu fais des pauses respiratoires, tu es plus irritable, tu n'arrêtes pas de dormir, tu ne veux plus sortir ou faire des soirées ou des activités » . Et donc souvent, c'est des patients qui viennent sous la contrainte de l'entourage. Parfois, il y a aussi des médecins traitants qui, devant ces symptômes, ont déjà programmé un examen polysomnographique au laboratoire du sommeil. Ou même d'autres spécialistes dans des bilans de facteurs de risque, surtout cardiovasculaires, comme les cardiologues par exemple, devant des patients qui ont des troubles du rythme malin au niveau cardiaque, des infarctus ou un complément de bilan pour des facteurs de risque cardiovasculaires, des patients qui sont déjà hyper tendus, qui ont déjà du diabète, qui ont parfois un excès pondéral. Et donc souvent ces spécialistes-là nous les réfèrent pour faire des bilans complémentaires, pour exclure ou rechercher un éventuel syndrome d'apnée-hypopnée du sommeil. Et parfois aussi des ORL dans les cadres du bilan de ronflement par exemple, tout simplement.

  • Thomas

    Est-ce qu'à travers toutes ces facettes, vous remarquez qu'il y a une sorte de profil type qui se dégage parmi les patients ?

  • Olivier Delplanque

    Le profil le plus à risque, c'est certainement le facteur de l'obésité, mais qui n'est pas omniprésent chez tous nos patients qui sont apnéiques. C'est l'hygiène de vie également. Les patients hyper tendus, qui ne se prennent pas en charge, les patients qui font des bons gueuletons le midi, le soir, ça influence fortement le risque d'apnée, d'hypopnée, du sommeil. C'est l'hygiène de vie en premier lieu qu'il faut être attentif.

  • Thomas

    Tout à fait. Et est-ce que malgré tout ce qui permet de se rendre compte qu'on peut avoir un sommeil de mauvaise qualité, est-ce que certaines personnes ne s'en rendent tout simplement pas compte ?

  • Georges Tragas

    La majorité des patients apnéiques, en tout cas, ont des troubles du sommeil, mais il existe une tranche de patients, ça représente peut-être 10 à 15%, qui ne se rendent même pas compte qu'ils sont apnéiques. Et on leur annonce ça dans le cadre d'un bilan de facteurs de risque cardiovasculaire où après un infarctus ou après un AVC, on tombe sur des apnées du sommeil. Ils n'étaient même pas au courant, ils n'avaient aucune symptomatologie. Et effectivement, c'est souvent ces patients-là qui ne ressentent rien, qui ont le plus de mal à accepter le traitement.

  • Olivier Delplanque

    La fatigue fait partie de notre quotidien actuellement. Et donc, les facteurs, parfois, ces gens-là, qui n'ont pas forcément une porte d'entrée par le cardiologue ou le conjoint ou la partenaire de lit, qui dit incertainement qu'il y a des pauses respiratoires, qu'il y a du ronflement massif, on peut passer à côté. Et je pense qu'il y a tout un pan de la population, effectivement, qui est un peu dans le déni par rapport à ça, par manque de... de connaissances ou manque de retour par rapport à leur qualité de sommeil.

  • Thomas

    Dans le cadre de la prise en charge, il y a forcément aussi la communication qui prime.

  • Olivier Delplanque

    Oui, tout à fait. C'est essentiellement les volets communication et éducation qui sont primordiaux dans ce type d'activité.

  • Speaker #2

    Nous l'avons entendu, l'attention portée aux patients est au cœur des services proposés par le CHwapi dans le cadre des troubles du sommeil. Au sein de la clinique du sommeil et de l'éveil, de nombreux collaborateurs se relaient pour guider au mieux ceux qui en souffrent. Nous allons voir que des traitements efficaces existent et qu'ils s'accompagnent d'une prise en charge multidisciplinaire.

  • Olivier Delplanque

    Donc en fait les patients arrivent chez nous pour les examens du sommeil, il faut qu'ils soient envoyés par un médecin, qu'il soit un médecin généraliste, soit un médecin spécialiste, CHwapi ou hors CHwapi. Donc à partir du moment qu'il y a une demande médicale, on réalise l'examen de polysomnographie en milieu hospitalier. Et donc là, le patient entre fin d'après-midi et passe la nuit chez nous, un enregistrement de minimum de 8 heures, sort le lendemain. En fonction des résultats, si le patient a des apnées du sommeil sévères ou modérées, on peut déjà proposer le traitement dès le matin. Et il sort donc avec sa Cpap, il est déjà traité après sa nuit de diagnostic. S'il le souhaite, sinon c'est une consultation chez le spécialiste, pour discuter des résultats et ensuite entamer le traitement. Dans le cadre du suivi des patients, il faut que ce patient réalise deux nuits chez nous. Donc une nuit diagnostique et une nuit après avec sa machine pour prouver que les index d'apnée et hypopnée sont diminués. Et dans ce cadre-là, après, il rentre en convention.

  • Thomas

    Vous parliez de la CPAP. Est-ce qu'on peut peut-être expliciter un peu comment fonctionne cette CPAP ?

  • Georges Tragas

    C'est un appareil qui fait la taille d'un radio-réveil, qui est extrêmement silencieux. C'est une turbine qui prend de l'air ambiant et qui renvoie cet air via une pression. C'est via un masque qui est posé soit sur le nez, soit qui englobe le nez et la bouche. Il existe différents modèles de masques pour essayer de convenir à toutes les formes de visage et toutes les habitudes que les patients pourraient avoir. Et cet air sous pression aura pour effet de créer une attelle pneumatique au niveau de l'arrière-gorge qui va bloquer la survenue des apnées du sommeil et permettre à ce moment-là que les voies aériennes supérieures restent bien ouvertes pendant le sommeil et bloquer la survenue des apnées du sommeil.

  • Thomas

    Et on voit directement les résultats ?

  • Georges Tragas

    En tout cas... Quelqu'un qui a un syndrome d'apnée du sommeil qui est méconnu et qui consulte, on estime qu'il y a plus ou moins un gap entre les premières apnées et les symptômes, une dizaine d'années où le patient n'est pas au courant de son syndrome parce que ça n'arrive pas du jour au lendemain. Et pendant ces années, il y a une dette de sommeil qui s'est accumulée avec ce sommeil de mauvaise qualité. On estime qu'après un début de traitement par CPAP, au bout de 15 jours, 3 semaines, on peut avoir déjà un effet bénéfique matinal avec une sensation d'avoir... d'avoir un sommeil réparateur, le bénéfice va être court sur la journée. Et plus vous allez l'utiliser, généralement entre 6 et 9 mois d'un traitement efficace, que vous pourrez effacer cette dette de sommeil que vous avez accumulée.

  • Thomas

    On parle beaucoup d'apnée ici. Est-ce qu'il y a un âge aussi pour en souffrir ?

  • Georges Tragas

    Typiquement, les ronflements commencent à apparaître plus ou moins 10 ans avant d'avoir un syndrome d'apnée du sommeil. Chez les hommes, on va faire ce diagnostic entre 40 et 50 ans, pour la plupart, en tout cas en moyenne. Les femmes ont fait le diagnostic un peu plus tardivement, entre 50 et 60 ans. Cette disparité s'explique surtout en tout cas par les hormones féminines. Parce qu'on sait que la progestérone est un puissant dilatateur des muscles du pharynx. C'est au niveau du pharynx qu'apparaissent généralement l'obstruction des voies vénus supérieures qui expliquent les apnées du sommeil. Et donc typiquement, c'est après la ménopause que les femmes commencent à ronfler, pour le même gabarit qu'un homme, et donc les apnées commencent à apparaître un peu plus tardivement.

  • Olivier Delplanque

    On a de plus en plus également d'ados qu'on ne prend pas en charge au CHwapi pour l'instant, mais qui présentent les troubles ventilatoires parce qu'ils sont en surpoids également. Donc l'âge moyen effectivement est autour des 50 ans dans notre centre, mais on a des extrêmes qui commencent autour des 12-13 ans et qui peuvent aller jusqu'à 80 ou 85 ans.

  • Thomas

    Donc il y a vraiment un suivi sur la durée aussi, lorsqu'on passe par la clinique du sommeil et de l'éveil. Est-ce que vous sentez une reconnaissance ou en tout cas une appréciation de la part des patients qui passent par chez vous ?

  • Olivier Delplanque

    Clairement, les patients, en tout cas les gens qui sont conscients qu'ils ont des troubles ventilatoires du sommeil, une fois que le traitement est adapté et efficace, ces patients revivent. Et donc on a vraiment le retour comme quoi leur qualité de vie a été améliorée grâce au traitement.

  • Georges Tragas

    En tout cas, les patients qui sont ravis de leur CPAP, après plusieurs années, ne sentent même plus leur CPAP. Ils sentent toujours un effet bénéfique. se sentent reposés le matin, déclarent en tout cas avoir un sommeil de meilleure qualité pour affronter leur journée et voient déjà aussi les effets délétères si par exemple, pour des raisons x ou y, ils n'arrivent pas à mettre leur CPAP parce qu'ils sont en déplacement ou qu'ils tombent en panne ou que le masque est cassé, peu importe, ils voient directement qu'après une ou deux nuits, les problèmes qu'ils connaissent, qu'ils avaient eu avant, réapparaissent et ils redisparaissent une fois qu'ils ont remis leur CPAP. Et donc ils ont un effet vraiment de on-off à chaque fois qu'ils mettent leur CPAP. ça facilite aussi l'adhérence au traitement.

  • Thomas

    C'est important. Là, on a parlé de la CPAP. Est-ce qu'il y a d'autres solutions aussi qui existent pour d'autres types de troubles ?

  • Georges Tragas

    En ce qui concerne les apnées du sommeil, la CPAP peut venir à bout de la plupart des apnées du sommeil, en tout cas qu'elles soient modérées à sévère. Pour les apnées du sommeil qui sont modérées, on peut envisager dans certains cas une orthèse d'avancée mandibulaire. C'est un propulseur qui est fait sur mesure sur la dentition du patient, qui permet d'avancer légèrement la mâchoire inférieure. Ainsi, en avançant le massif lingual, on peut diminuer la survenue d'apnée du sommeil durant son sommeil. C'est une thérapeutique qui peut fonctionner dans certains cas et pour certains patients. Il existe des examens complémentaires à réaliser dans le cadre du bilan des apnées pour savoir si on peut proposer cette thérapeutique ou pas.

  • Thomas

    Il existe déjà pas mal de solutions. Est-ce qu'on sent aussi de votre côté que les recherches continuent et qu'il y a encore de l'évolution ces dernières années dans ce domaine ?

  • Olivier Delplanque

    Il y a encore des recherches sur le domaine, des recherches continuelles. On a un genre de pacemaker qui est a l'étude, qui a été développé au clinique universitaire Saint-Luc, qui fonctionne dans certaines conditions également pour stimuler les nerfs et donc, une fois de plus, ouvrir les voies respiratoires postérieures. On a des traitements médicamenteux qui sont à l'étude actuellement. Donc voilà, l'avenir des troubles du sommeil est loin d'être terminé. Je pense que c'est une pathologie relativement récente. qui touche quand même un grand nombre de la population, et donc les recherches sont vraiment en cours. Pour l'instant, les seuls traitements efficaces, c'est effectivement la CPAP et l'orthèse d'avancée mandibulaire, mais il y a encore beaucoup de recherches qui peuvent amener à d'autres traitements.

  • Georges Tragas

    Au CHwapi, on a aussi d'autres intervenants, comme des neurologues qui nous épaulent dans ces prises en charge. On a une équipe aussi de paramedicaux avec les diététiciennes, qui nous permettent aussi d'aiguiller les patients quand ces apnées sont plutôt dues à un excès pondéral, pour pouvoir aussi les prendre en charge. On a un service de tabacologie aussi, parce que le tabac augmente le syndrome d'apnée du sommeil, donc le centre d'aide aux fumeurs peut nous aider aussi à les faire décrocher du tabagisme. Donc il existe plusieurs intervenants qui gravitent autour du laboratoire du sommeil pour permettre de proposer des soins globalisés aux patients.

  • Thomas

    Donc il y a vraiment une prise en charge multidisciplinaire.

  • Olivier Delplanque

    Oui, de plus en plus, et c'est l'intérêt, d'où le nom de la clinique également, c'est cette approche multidisciplinaire qui est utile et nécessaire pour pouvoir prendre correctement en charge le patient dans sa globalité.

  • Thomas

    Je parlais tout à l'heure de cet accompagnement à long terme avec les retours que vous aviez. Ce long terme, ça peut être toute une vie ?

  • Olivier Delplanque

    Généralement, les patients apnéiques, malheureusement, mais en tout cas, c'est un traitement quasi à vie. Certains patients qui sont... les troubles ventilatoires sont liés à l'obésité. Effectivement, une diminution du poids peut permettre éventuellement de lever les apnées, mais ce n'est pas garanti. Donc la chirurgie bariatrique ne va pas solutionner éventuellement les troubles ventilatoires nocturnes, même avec une perte de poids importante.

  • Georges Tragas

    Le sommeil représente plus ou moins 30% d'une vie d'un être humain. Il est souvent méconnu de la population. Il est primordial pour la maturation cérébrale, de perpétuer les capacités cognitives, la sécrétion hormonale. Donc, le négliger, c'est une erreur. Et donc, c'est vrai que dans notre pratique, en tant que pneumologues, en tout cas, on est souvent amené, puisque le laboratoire du sommeil ici est surtout tenu par des pneumologues, on forme nos assistants et nos collègues à cette problématique. Et donc, on est probablement peut-être un peu plus sensible à la qualité du sommeil que d'autres spécialités. Et donc, ça devient naturellement.

  • Thomas

    Un dernier conseil qu'on peut donner, ça, c'est le sommeil, c'est 30% de notre vie. Peut-être le respecter aussi, ça aide à vivre bien les 70%. Voilà,

  • Olivier Delplanque

    tout à fait, oui.

  • Thomas

    Super. Merci à tous les deux pour vos retours.

  • Georges Tragas

    Merci. Merci de nous avoir vus.

  • Thomas

    Merci à vous de nous avoir suivis. On se retrouve tout bientôt pour un prochain podcast.

Chapters

  • Introduction au sommeil et à ses enjeux

    00:01

  • Les troubles du sommeil en Wallonie

    00:35

  • Qu'est-ce qu'un bon sommeil ?

    01:10

  • L'impact du stress et de l'anxiété sur le sommeil

    02:26

  • L'importance de la connaissance de soi pour bien dormir

    03:11

  • Éducation des patients sur les troubles du sommeil

    04:24

  • Les pathologies du sommeil et leurs traitements

    06:03

  • Prise en charge des patients à la clinique du sommeil

    11:20

  • Fonctionnement de la machine CPAP

    12:15

  • Autres solutions pour les troubles du sommeil

    15:55

  • Conclusion et importance du sommeil dans la vie quotidienne

    18:11

Description

Saviez-vous que près de 50% des Wallons souffrent de troubles du sommeil ? Dans cet épisode captivant de "puls, prescriptions sonores", le podcast du Centre Hospitalier de Wallonie picarde, nous plongeons au cœur de ce problème de santé publique majeur. Le Dr Georgios Tragas, pneumologue spécialisé dans les troubles du sommeil, et Olivier Delplanque, infirmier coordinateur à la Clinique du Sommeil et de l'Éveil, partagent leurs expertises pour vous aider à mieux comprendre l'importance d'un sommeil de qualité pour votre santé physique et mentale.

Au fil de la discussion, nos intervenants examinent les divers facteurs qui influencent le sommeil, notamment l'environnement, les habitudes de vie et le stress. Ils mettent en lumière l'impact de ces éléments sur votre sommeil et vous offrent des conseils pratiques pour améliorer votre qualité de vie. Découvrez comment la régularité dans les horaires de sommeil, l'activité physique et la réduction des stimulants peuvent transformer vos nuits.


Les troubles du sommeil, tels que l'apnée du sommeil, sont également au centre de cette conversation enrichissante. Le Dr Tragas et Olivier Delplanque décrivent les symptômes associés et les traitements disponibles, y compris l'utilisation de la machine CIPAP. Grâce à leurs conseils éclairés, vous apprendrez à reconnaître les signes de ces troubles et à chercher une prise en charge appropriée.


Ce podcast met en avant l'importance d'une approche multidisciplinaire dans la gestion des troubles du sommeil. L'éducation des patients est essentielle pour améliorer leur qualité de vie. En écoutant cet épisode, vous serez mieux armé pour comprendre et gérer vos propres défis liés au sommeil.


Rejoignez-nous pour une discussion passionnante sur les troubles du sommeil et découvrez comment des experts du domaine peuvent vous guider vers des nuits plus reposantes. Ne laissez pas le manque de sommeil impacter votre quotidien, écoutez "puls, prescriptions sonores" et prenez le contrôle de votre santé !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Georges Tragas

    L'être humain est un animal diurne. On vit la journée, on ne vit pas la nuit.

  • Olivier Delplanque

    On peut passer à côté, et je pense qu'il y a tout un pan de la population effectivement, qui est un peu dans le déni par rapport à ça, par manque de connaissances, ou manque de retour par rapport à leur qualité de sommeil.

  • Thomas

    Le sommeil, souvent négligé, ne représente pas seulement une période pendant laquelle nous ne sommes pas éveillés. Il permet au corps de faire le plein d'énergie, et a des effets bénéfiques tant sur la santé physique que mentale. Au CHwapi, les collaborateurs de la Clinique du Sommeil et de l'Éveil l'ont bien compris et accompagnent quotidiennement leurs patients dans leur quête d'un sommeil régulier et surtout réparateur. Pour en parler, nous recevons aujourd'hui Olivier Delplanque, infirmier coordinateur de cette clinique, et le Dr Georges Tragas, médecin pneumologue spécialiste des troubles du sommeil. Alors docteur, j'aimerais commencer avec un chiffre. On sait que près de 50% des wallons se plaignent d'avoir des troubles du sommeil. Est-ce que cette stat vous étonne ?

  • Georges Tragas

    Effectivement, c'est une étude qui a été publiée par Sciensano en mars 2024 et on a été vraiment surpris de ce chiffre où plus de 40% des Belges âgés de 18 ans et plus signalent ce problème de trouble du sommeil. Mais avant tout, c'est de savoir ce qu'est un bon sommeil. Un bon sommeil, c'est un sommeil réparateur qui vous permet de vous sentir en forme dès le matin et ce pendant toute la journée pour permettre d'accomplir les activités professionnelles et ou sociales. Pour pouvoir bénéficier de ce sommeil de qualité, il faut réunir plusieurs conditions, tant au niveau environnement, c'est d'avoir déjà une chambre qui est calme, assez sombre, avec une bonne literie, et à une température qui n'est ni trop fraîche ni trop froide, aux alentours de 18-20 degrés. Il faut aussi se coucher à des heures régulières et se lever à des heures régulières, tant en semaine que pendant les week-ends. Il faut aussi avoir une activité physique régulière. Limiter la stimulation des yeux par différents écrans et de bombarder ces lumières par smartphone, tablette, écran d'ordinateur, télévision. Éviter de sauter aussi des repas le soir pour éviter les fringales nocturnes, mais privilégier des repas pas trop riches. Et limiter les consommations de stimulants à base de caféine 3 à 4 heures avant d'aller dormir, ainsi que la nicotine 1 heure avant d'aller dormir. Et encore un autre point, c'est de limiter... tant que faire se peut les médicaments hypnotiques et sédatifs.

  • Thomas

    On a abordé les différents modes de vie aussi, et le manque d'hygiène qui pourrait amener à un mauvais sommeil. Est-ce que le stress en fait partie aussi ?

  • Georges Tragas

    Est-ce que le fait d'avoir un mauvais sommeil favorise ça, ou est-ce que c'est l'anxiété, la dépression ? Personne ne peut vraiment répondre à cette question, mais ce qui est sûr, c'est que si on veut aller mieux, et qu'on a un sommeil de mauvaise qualité, on n'ira pas mieux après. Donc il faut agir, et sur les causes de l'anxiété, ou de la dépression, ou de l'état dépressif, et agir sur la qualité de sommeil en même temps pour avoir un cercle vertueux.

  • Thomas

    Parce que finalement pour... bien dormir pour avoir un bon sommeil, est-ce qu'il ne faut pas d'abord bien se connaître ?

  • Georges Tragas

    Le plus important pour avoir un sommeil de qualité, c'est de bien se connaître et de savoir quelle est sa propre physiologie au sommeil. Il y a des petits dormeurs qui, avec 6h30 à 7h, ont suffisamment d'heures de sommeil et se sont reposés. Et puis d'autres personnes qui ont besoin de 9h, ils ne sont pas malades, ils ont juste besoin de 9h. Il faut apprendre à se connaître pour savoir quel est le temps qu'on doit consacrer à son sommeil pour être reposé. Autre point important, c'est que l'être humain est un animal diurne. On vit la journée, on ne vit pas la nuit. C'est pour ça que beaucoup de travailleurs qui ont des travails à horaire décalé ou un travail de nuit signalent dans 30 à 40% des cas avoir un sommeil de mauvaise qualité. Et le plus important c'est que le matin en réveil, il faut stimuler son corps à la lumière du jour, dès le matin, pour pouvoir réguler son horloge biologique. Pour pouvoir dormir du sommeil du juste le soir, vous devez vous réveiller le matin, travailler dans la lumière du jour, faire vos activités quotidiennes, accumuler de la fatigue, et quand la pénombre apparaît le soir, vous avez un relargage hormonal qu'on appelle la mélatonine qui apparaît seulement à la tombée de la nuit, à la tombée du soleil, et couplé avec votre fatigue, vous arrivez à ce moment-là à avoir un endormissement et avoir un sommeil de qualité. Donc il est primordial de bien se connaître, de se fatiguer en journée, d'éviter les siestes si possible en journée. et d'être baigné par la lumière du jour.

  • Thomas

    Avant même de parler du sommeil pathologique, il y a déjà tout un tas de facettes, tout un tas de choses à mettre en place pour éviter d'avoir un mauvais sommeil finalement.

  • Olivier Delplanque

    C'est un peu le rôle de la clinique du sommeil aussi, c'est tout le volet éducation de nos patients, parce qu'une fois qu'on est dans les pathologies, en amont il faut quand même éduquer le patient pour justement qu'il prenne les bonnes habitudes par rapport à tout ce qui a été dit par M. Tragas. Et donc c'est très important ce volet éducation et c'est une des plus-values de la clinique du sommeil.

  • Thomas

    Et à travers cette éducation, ça permet d'avoir un meilleur sommeil, malgré tout, c'est pas... toujours si évident, il y a aussi des troubles du sommeil qui sont parfois inévitables.

  • Georges Tragas

    En effet, dans les troubles du sommeil, il y a plusieurs pathologies qui peuvent intervenir sur ce sommeil de mauvaise qualité. Il faut savoir aussi déjà reconnaître les signes qui pourraient nous faire penser qu'on a un trouble du sommeil. Les patients se plaignent à ce moment-là d'avoir plutôt une augmentation de leur fatigue quotidienne, plus de somnolence en journée avec des envies irrépressibles d'aller faire des siestes. Il peut y avoir aussi des troubles de la vigilance ou de la concentration. Des problèmes d'apprentissage aussi, plus irritables. Tous ces facteurs peuvent aussi favoriser une augmentation d'avoir des risques d'accident de la route ou d'accident de travail. Ça c'est pour le volet au niveau des symptômes diurnes. Maintenant aussi des symptômes nocturnes qui peuvent apparaître chez beaucoup de patients. Ils se plaignent d'avoir des nicturies, ça veut dire des augmentations de mixtions nocturnes et d'aller aux toilettes beaucoup plus souvent. Où normalement on n'est pas censé se lever pour aller uriner. Ces troubles du sommeil peuvent être dus à un problème parfois comportemental, simplement. Mais il y a d'autres examens à réaliser pour être sûr qu'il n'y a pas aussi des problèmes médicaux sous-jacents qui peuvent, à ce moment-là, être soignés de manière différente en fonction du diagnostic. La pathologie la plus fréquente des troubles du sommeil, c'est les troubles ventilatoires du sommeil. Ça représente 80 à 85 % des patients qui consultent, en tout cas au laboratoire du sommeil. Et le diagnostic le plus fréquent, c'est un syndrome d'apnée hypopnée obstructive du sommeil. Il existe aussi des pathologies neurologiques qui donnent parfois de l'hypersomnie et des gens qui ne font que dormir en journée, comme la narcolepsie, où là, c'est plutôt des traitements médicamenteux. Il existe aussi les syndromes des jambes sans repos. Il existe aussi d'autres patients qui se plaignent plutôt d'insomnie, vraiment des difficultés à l'endormissement. Et là, la thérapeutique est aussi différente. Et le dernier pan, c'est généralement, qui sont déjà plus rares, ça représente entre 5 et 10% du laboratoire du sommeil, c'est ce qu'on appelle les parasomnies. Ce sont vraiment des comportements anormaux durant le sommeil. Et le meilleur exemple que tout le monde peut connaître, c'est le somnambulisme ou les terreurs nocturnes.

  • Thomas

    C'est toute une série de troubles qui peuvent être engendrés aussi par soit ces comportements, soit par ces pathologies. Et on l'a entendu, il y a aussi des vrais risques liés à ces troubles. Donc il faut vraiment les prendre en compte.

  • Olivier Delplanque

    Oui, tout à fait. Les plus gros risques, comme signalé, c'est essentiellement tout ce qui est lié aux accidents, accidents de travail, accidents de la route. Et on doit avoir une attitude particulière par rapport à ces gens-là. Entre autres, tout ce qui est chauffeurs, routiers, conducteurs de train qui ont des métiers qui sont tout le temps derrière un volant ou derrière des manettes pour le train. Et donc, il faut être très attentif. Et la loi, en principe, nous obligerait à envoyer ces patients vers le commissariat pour déposer leur permis. Donc, c'est un conseil qui doit être en tout cas... signalé auprès du patient qui n'est pas respecté à ce stade, qui n'a aucune obligation, mais c'est indépendant en tout cas, sur lequel il faut être très attentif.

  • Thomas

    Donc ça peut montrer aussi l'étendue des dégâts que peut engendrer le manque de sommeil. À partir de quel type de symptômes vous conseilleriez-vous d'aller dans un cabinet pour consulter un spécialiste ?

  • Georges Tragas

    Il existe différents signals d'alerte. D'abord, c'est des patients qui se plaignent de somnolence ou de fatigue chronique et qui ne peuvent plus assurer leurs tâches quotidiennes, professionnelles ou sociales, qu'ils consultent spontanément. Parfois aussi, c'est sur l'insistance de l'entourage en disant « tu ronfles beaucoup, tu fais des pauses respiratoires, tu es plus irritable, tu n'arrêtes pas de dormir, tu ne veux plus sortir ou faire des soirées ou des activités » . Et donc souvent, c'est des patients qui viennent sous la contrainte de l'entourage. Parfois, il y a aussi des médecins traitants qui, devant ces symptômes, ont déjà programmé un examen polysomnographique au laboratoire du sommeil. Ou même d'autres spécialistes dans des bilans de facteurs de risque, surtout cardiovasculaires, comme les cardiologues par exemple, devant des patients qui ont des troubles du rythme malin au niveau cardiaque, des infarctus ou un complément de bilan pour des facteurs de risque cardiovasculaires, des patients qui sont déjà hyper tendus, qui ont déjà du diabète, qui ont parfois un excès pondéral. Et donc souvent ces spécialistes-là nous les réfèrent pour faire des bilans complémentaires, pour exclure ou rechercher un éventuel syndrome d'apnée-hypopnée du sommeil. Et parfois aussi des ORL dans les cadres du bilan de ronflement par exemple, tout simplement.

  • Thomas

    Est-ce qu'à travers toutes ces facettes, vous remarquez qu'il y a une sorte de profil type qui se dégage parmi les patients ?

  • Olivier Delplanque

    Le profil le plus à risque, c'est certainement le facteur de l'obésité, mais qui n'est pas omniprésent chez tous nos patients qui sont apnéiques. C'est l'hygiène de vie également. Les patients hyper tendus, qui ne se prennent pas en charge, les patients qui font des bons gueuletons le midi, le soir, ça influence fortement le risque d'apnée, d'hypopnée, du sommeil. C'est l'hygiène de vie en premier lieu qu'il faut être attentif.

  • Thomas

    Tout à fait. Et est-ce que malgré tout ce qui permet de se rendre compte qu'on peut avoir un sommeil de mauvaise qualité, est-ce que certaines personnes ne s'en rendent tout simplement pas compte ?

  • Georges Tragas

    La majorité des patients apnéiques, en tout cas, ont des troubles du sommeil, mais il existe une tranche de patients, ça représente peut-être 10 à 15%, qui ne se rendent même pas compte qu'ils sont apnéiques. Et on leur annonce ça dans le cadre d'un bilan de facteurs de risque cardiovasculaire où après un infarctus ou après un AVC, on tombe sur des apnées du sommeil. Ils n'étaient même pas au courant, ils n'avaient aucune symptomatologie. Et effectivement, c'est souvent ces patients-là qui ne ressentent rien, qui ont le plus de mal à accepter le traitement.

  • Olivier Delplanque

    La fatigue fait partie de notre quotidien actuellement. Et donc, les facteurs, parfois, ces gens-là, qui n'ont pas forcément une porte d'entrée par le cardiologue ou le conjoint ou la partenaire de lit, qui dit incertainement qu'il y a des pauses respiratoires, qu'il y a du ronflement massif, on peut passer à côté. Et je pense qu'il y a tout un pan de la population, effectivement, qui est un peu dans le déni par rapport à ça, par manque de... de connaissances ou manque de retour par rapport à leur qualité de sommeil.

  • Thomas

    Dans le cadre de la prise en charge, il y a forcément aussi la communication qui prime.

  • Olivier Delplanque

    Oui, tout à fait. C'est essentiellement les volets communication et éducation qui sont primordiaux dans ce type d'activité.

  • Speaker #2

    Nous l'avons entendu, l'attention portée aux patients est au cœur des services proposés par le CHwapi dans le cadre des troubles du sommeil. Au sein de la clinique du sommeil et de l'éveil, de nombreux collaborateurs se relaient pour guider au mieux ceux qui en souffrent. Nous allons voir que des traitements efficaces existent et qu'ils s'accompagnent d'une prise en charge multidisciplinaire.

  • Olivier Delplanque

    Donc en fait les patients arrivent chez nous pour les examens du sommeil, il faut qu'ils soient envoyés par un médecin, qu'il soit un médecin généraliste, soit un médecin spécialiste, CHwapi ou hors CHwapi. Donc à partir du moment qu'il y a une demande médicale, on réalise l'examen de polysomnographie en milieu hospitalier. Et donc là, le patient entre fin d'après-midi et passe la nuit chez nous, un enregistrement de minimum de 8 heures, sort le lendemain. En fonction des résultats, si le patient a des apnées du sommeil sévères ou modérées, on peut déjà proposer le traitement dès le matin. Et il sort donc avec sa Cpap, il est déjà traité après sa nuit de diagnostic. S'il le souhaite, sinon c'est une consultation chez le spécialiste, pour discuter des résultats et ensuite entamer le traitement. Dans le cadre du suivi des patients, il faut que ce patient réalise deux nuits chez nous. Donc une nuit diagnostique et une nuit après avec sa machine pour prouver que les index d'apnée et hypopnée sont diminués. Et dans ce cadre-là, après, il rentre en convention.

  • Thomas

    Vous parliez de la CPAP. Est-ce qu'on peut peut-être expliciter un peu comment fonctionne cette CPAP ?

  • Georges Tragas

    C'est un appareil qui fait la taille d'un radio-réveil, qui est extrêmement silencieux. C'est une turbine qui prend de l'air ambiant et qui renvoie cet air via une pression. C'est via un masque qui est posé soit sur le nez, soit qui englobe le nez et la bouche. Il existe différents modèles de masques pour essayer de convenir à toutes les formes de visage et toutes les habitudes que les patients pourraient avoir. Et cet air sous pression aura pour effet de créer une attelle pneumatique au niveau de l'arrière-gorge qui va bloquer la survenue des apnées du sommeil et permettre à ce moment-là que les voies aériennes supérieures restent bien ouvertes pendant le sommeil et bloquer la survenue des apnées du sommeil.

  • Thomas

    Et on voit directement les résultats ?

  • Georges Tragas

    En tout cas... Quelqu'un qui a un syndrome d'apnée du sommeil qui est méconnu et qui consulte, on estime qu'il y a plus ou moins un gap entre les premières apnées et les symptômes, une dizaine d'années où le patient n'est pas au courant de son syndrome parce que ça n'arrive pas du jour au lendemain. Et pendant ces années, il y a une dette de sommeil qui s'est accumulée avec ce sommeil de mauvaise qualité. On estime qu'après un début de traitement par CPAP, au bout de 15 jours, 3 semaines, on peut avoir déjà un effet bénéfique matinal avec une sensation d'avoir... d'avoir un sommeil réparateur, le bénéfice va être court sur la journée. Et plus vous allez l'utiliser, généralement entre 6 et 9 mois d'un traitement efficace, que vous pourrez effacer cette dette de sommeil que vous avez accumulée.

  • Thomas

    On parle beaucoup d'apnée ici. Est-ce qu'il y a un âge aussi pour en souffrir ?

  • Georges Tragas

    Typiquement, les ronflements commencent à apparaître plus ou moins 10 ans avant d'avoir un syndrome d'apnée du sommeil. Chez les hommes, on va faire ce diagnostic entre 40 et 50 ans, pour la plupart, en tout cas en moyenne. Les femmes ont fait le diagnostic un peu plus tardivement, entre 50 et 60 ans. Cette disparité s'explique surtout en tout cas par les hormones féminines. Parce qu'on sait que la progestérone est un puissant dilatateur des muscles du pharynx. C'est au niveau du pharynx qu'apparaissent généralement l'obstruction des voies vénus supérieures qui expliquent les apnées du sommeil. Et donc typiquement, c'est après la ménopause que les femmes commencent à ronfler, pour le même gabarit qu'un homme, et donc les apnées commencent à apparaître un peu plus tardivement.

  • Olivier Delplanque

    On a de plus en plus également d'ados qu'on ne prend pas en charge au CHwapi pour l'instant, mais qui présentent les troubles ventilatoires parce qu'ils sont en surpoids également. Donc l'âge moyen effectivement est autour des 50 ans dans notre centre, mais on a des extrêmes qui commencent autour des 12-13 ans et qui peuvent aller jusqu'à 80 ou 85 ans.

  • Thomas

    Donc il y a vraiment un suivi sur la durée aussi, lorsqu'on passe par la clinique du sommeil et de l'éveil. Est-ce que vous sentez une reconnaissance ou en tout cas une appréciation de la part des patients qui passent par chez vous ?

  • Olivier Delplanque

    Clairement, les patients, en tout cas les gens qui sont conscients qu'ils ont des troubles ventilatoires du sommeil, une fois que le traitement est adapté et efficace, ces patients revivent. Et donc on a vraiment le retour comme quoi leur qualité de vie a été améliorée grâce au traitement.

  • Georges Tragas

    En tout cas, les patients qui sont ravis de leur CPAP, après plusieurs années, ne sentent même plus leur CPAP. Ils sentent toujours un effet bénéfique. se sentent reposés le matin, déclarent en tout cas avoir un sommeil de meilleure qualité pour affronter leur journée et voient déjà aussi les effets délétères si par exemple, pour des raisons x ou y, ils n'arrivent pas à mettre leur CPAP parce qu'ils sont en déplacement ou qu'ils tombent en panne ou que le masque est cassé, peu importe, ils voient directement qu'après une ou deux nuits, les problèmes qu'ils connaissent, qu'ils avaient eu avant, réapparaissent et ils redisparaissent une fois qu'ils ont remis leur CPAP. Et donc ils ont un effet vraiment de on-off à chaque fois qu'ils mettent leur CPAP. ça facilite aussi l'adhérence au traitement.

  • Thomas

    C'est important. Là, on a parlé de la CPAP. Est-ce qu'il y a d'autres solutions aussi qui existent pour d'autres types de troubles ?

  • Georges Tragas

    En ce qui concerne les apnées du sommeil, la CPAP peut venir à bout de la plupart des apnées du sommeil, en tout cas qu'elles soient modérées à sévère. Pour les apnées du sommeil qui sont modérées, on peut envisager dans certains cas une orthèse d'avancée mandibulaire. C'est un propulseur qui est fait sur mesure sur la dentition du patient, qui permet d'avancer légèrement la mâchoire inférieure. Ainsi, en avançant le massif lingual, on peut diminuer la survenue d'apnée du sommeil durant son sommeil. C'est une thérapeutique qui peut fonctionner dans certains cas et pour certains patients. Il existe des examens complémentaires à réaliser dans le cadre du bilan des apnées pour savoir si on peut proposer cette thérapeutique ou pas.

  • Thomas

    Il existe déjà pas mal de solutions. Est-ce qu'on sent aussi de votre côté que les recherches continuent et qu'il y a encore de l'évolution ces dernières années dans ce domaine ?

  • Olivier Delplanque

    Il y a encore des recherches sur le domaine, des recherches continuelles. On a un genre de pacemaker qui est a l'étude, qui a été développé au clinique universitaire Saint-Luc, qui fonctionne dans certaines conditions également pour stimuler les nerfs et donc, une fois de plus, ouvrir les voies respiratoires postérieures. On a des traitements médicamenteux qui sont à l'étude actuellement. Donc voilà, l'avenir des troubles du sommeil est loin d'être terminé. Je pense que c'est une pathologie relativement récente. qui touche quand même un grand nombre de la population, et donc les recherches sont vraiment en cours. Pour l'instant, les seuls traitements efficaces, c'est effectivement la CPAP et l'orthèse d'avancée mandibulaire, mais il y a encore beaucoup de recherches qui peuvent amener à d'autres traitements.

  • Georges Tragas

    Au CHwapi, on a aussi d'autres intervenants, comme des neurologues qui nous épaulent dans ces prises en charge. On a une équipe aussi de paramedicaux avec les diététiciennes, qui nous permettent aussi d'aiguiller les patients quand ces apnées sont plutôt dues à un excès pondéral, pour pouvoir aussi les prendre en charge. On a un service de tabacologie aussi, parce que le tabac augmente le syndrome d'apnée du sommeil, donc le centre d'aide aux fumeurs peut nous aider aussi à les faire décrocher du tabagisme. Donc il existe plusieurs intervenants qui gravitent autour du laboratoire du sommeil pour permettre de proposer des soins globalisés aux patients.

  • Thomas

    Donc il y a vraiment une prise en charge multidisciplinaire.

  • Olivier Delplanque

    Oui, de plus en plus, et c'est l'intérêt, d'où le nom de la clinique également, c'est cette approche multidisciplinaire qui est utile et nécessaire pour pouvoir prendre correctement en charge le patient dans sa globalité.

  • Thomas

    Je parlais tout à l'heure de cet accompagnement à long terme avec les retours que vous aviez. Ce long terme, ça peut être toute une vie ?

  • Olivier Delplanque

    Généralement, les patients apnéiques, malheureusement, mais en tout cas, c'est un traitement quasi à vie. Certains patients qui sont... les troubles ventilatoires sont liés à l'obésité. Effectivement, une diminution du poids peut permettre éventuellement de lever les apnées, mais ce n'est pas garanti. Donc la chirurgie bariatrique ne va pas solutionner éventuellement les troubles ventilatoires nocturnes, même avec une perte de poids importante.

  • Georges Tragas

    Le sommeil représente plus ou moins 30% d'une vie d'un être humain. Il est souvent méconnu de la population. Il est primordial pour la maturation cérébrale, de perpétuer les capacités cognitives, la sécrétion hormonale. Donc, le négliger, c'est une erreur. Et donc, c'est vrai que dans notre pratique, en tant que pneumologues, en tout cas, on est souvent amené, puisque le laboratoire du sommeil ici est surtout tenu par des pneumologues, on forme nos assistants et nos collègues à cette problématique. Et donc, on est probablement peut-être un peu plus sensible à la qualité du sommeil que d'autres spécialités. Et donc, ça devient naturellement.

  • Thomas

    Un dernier conseil qu'on peut donner, ça, c'est le sommeil, c'est 30% de notre vie. Peut-être le respecter aussi, ça aide à vivre bien les 70%. Voilà,

  • Olivier Delplanque

    tout à fait, oui.

  • Thomas

    Super. Merci à tous les deux pour vos retours.

  • Georges Tragas

    Merci. Merci de nous avoir vus.

  • Thomas

    Merci à vous de nous avoir suivis. On se retrouve tout bientôt pour un prochain podcast.

Chapters

  • Introduction au sommeil et à ses enjeux

    00:01

  • Les troubles du sommeil en Wallonie

    00:35

  • Qu'est-ce qu'un bon sommeil ?

    01:10

  • L'impact du stress et de l'anxiété sur le sommeil

    02:26

  • L'importance de la connaissance de soi pour bien dormir

    03:11

  • Éducation des patients sur les troubles du sommeil

    04:24

  • Les pathologies du sommeil et leurs traitements

    06:03

  • Prise en charge des patients à la clinique du sommeil

    11:20

  • Fonctionnement de la machine CPAP

    12:15

  • Autres solutions pour les troubles du sommeil

    15:55

  • Conclusion et importance du sommeil dans la vie quotidienne

    18:11

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