- Speaker #0
Ça diminue le niveau de stress, ça permet vraiment de traiter le patient dans son propre environnement et il y a beaucoup d'études qui montrent que ça a un impact très positif.
- Speaker #1
On a vraiment vu des évolutions significatives en fait chez certains patients.
- Speaker #2
L'hospitalisation à domicile permet aux patients d'éviter une hospitalisation ou de la raccourcir, tout en bénéficiant du confort d'être chez lui. Depuis 2018, le CHwapi fait partie du projet de développement de cette prise en charge hors des murs de l'hôpital. Pour en parler, nous recevons aujourd'hui Kathaline Gillis, consultante au pôle de santé intégré du CHwapi. et Grégoire Cnudde, infirmier coordinateur de l'hospitalisation à domicile. Grégoire, pour commencer, l'hospitalisation hors des murs, c'est un projet précurseur au CHwapi. Comment est-ce que ça s'est mis en place ?
- Speaker #1
Alors on avait le choix entre l'antibiotérapie et ou l'oncologie. Nous, on a choisi vraiment de se focaliser sur l'antibiotérapie.
- Speaker #2
Et comment ça fonctionne ?
- Speaker #1
Alors, à la base du projet, on avait une infectiologue et un infirmier coordinateur. Et donc, c'était de, en tout cas, faire sortir les patients qui pouvaient bénéficier d'une antibiotérapie intraveineuse à domicile, de pouvoir les faire sortir plus tôt qu'à l'habitude.
- Speaker #2
Et quels sont les profils de patients qui sont sujets à l'antibiotérapie ?
- Speaker #1
Tous les types de patients possibles, en fonction de l'infection, bien sûr, ou de l'antibiotique qui est mis en place. Tous les patients, bien sûr, ne sont pas éligibles. Donc, il y a beaucoup de critères d'inclusion qui sont mis dans la balance. Et donc c'est ça qui va faire jouer, en tout cas pour faire sortir le patient.
- Speaker #2
Ça, ça a été mis en place en 2018 et l'idée c'était vraiment d'évoluer vers autre chose finalement. Quels sont les avantages de ce système ?
- Speaker #1
Dans le passé, le patient avait 15 jours d'antibiotiques à avoir et 15 jours où il devait rester à l'hôpital. Et parfois c'est des patients qui sont tout à fait stables, qui n'ont pas forcément besoin d'autres soins. Et donc voilà, il y a des questions qui se sont posées là-dessus. Est-ce que c'est vraiment pertinent de garder le patient dans l'hôpital où on va dire qu'il y a des risques infectieux aussi importants. Et est-ce qu'on ne pourrait pas réfléchir sur quelque chose qui pourrait faire rentrer le patient beaucoup plus tôt chez lui ?
- Speaker #2
Donc il y a vraiment une notion de confort dans cette mise en place.
- Speaker #0
Oui, ça permet vraiment une amélioration de la qualité des soins parce que le fait que le patient rentre chez lui, ça diminue le niveau de stress, ça permet vraiment de traiter le patient dans son propre environnement. Il y a beaucoup d'études qui montrent que ça a un impact très positif sur la sortie et même le rétablissement parfois plus rapide du patient que s'il reste à l'hôpital. Ça représente aussi un énorme coût pour la société de garder des gens à l'hôpital. Parce qu'on utilise beaucoup de lits et du coup beaucoup de personnel pour être autour du patient, échanger les lits et s'occuper vraiment de toute l'infrastructure. Alors qu'à la maison, c'est aussi quelque chose de plus avantageux, même pour la société dans son ensemble, la famille, les proches, etc. Donc c'est vrai que c'est une initiative qui a été... qui a très vite accéléré. Quand vous avez démarré, petit à petit, on a vu que beaucoup de patients pouvaient être, certainement pour l'antibiotérapie, qui est un traitement qui est très fort maîtrisé et qui n'a pas beaucoup de variabilité. Et donc ça, ça peut être vraiment fait à domicile plus facilement.
- Speaker #1
Et on remarque aussi surtout les patients âgés, par exemple, qui sont en maison de repos. Donc on fait aussi les maisons de repos. Vraiment, on voit des évolutions très positives où même certains patients étaient inquiets pour eux. On les faisait quand même sortir parce que leur place n'était plus à l'hôpital. Et finalement, on a vu que vraiment, le fait de rentrer dans ses murs, on a vraiment vu des évolutions significatives chez certains patients. Et voilà, on fait des patients centenaires parfois, et on voit que leur évolution est très positive.
- Speaker #2
Ça fait 7 ans maintenant que ce projet est mis en place, est-ce que vous avez aussi des retours concrets de ces patients ?
- Speaker #1
Oui, on a même des patients qui ne sont plus traités par antibiotiques et qui nous donnent encore des nouvelles chaque année. Et donc ils nous passent des petits coups de fil comme ça, pour prendre de nos nouvelles des fois. Et parfois, même eux, pour dire « j'en suis là » , il y a des retours très positifs. On fait des enquêtes de satisfaction à chaque fin de prise en charge. Depuis le début de l'HAD, on va dire en 2018, on est à plus de 95% de taux de satisfaction. Ça veut dire que derrière, les patients sont prêts à réitérer la prise en charge s'il faut. Et voilà, on était très contents du cheminement et de leur prise en charge.
- Speaker #2
Ça montre aussi qu'à travers ces enquêtes de satisfaction, vous prenez vraiment en compte l'avis des patients sur leur expérience.
- Speaker #0
Oui, ça démontre aussi que... Le lien entre le patient et l'hôpital n'est pas cassé non plus. Donc il y a une équipe vraiment, Grégoire et l'équipe HAD, HAD hospitalisation à domicile, est vraiment en contact avec le patient. Et il y a vraiment un lien qui se crée. Il y a des patients maintenant parfois qui sont suivis sur du plus long terme dans le cadre d'autres traitements à domicile. Et j'entends parler de « Ah oui, ça c'est une ancienne patiente et elle est toujours en traitement » . Et quand elle vient à l'hôpital, on sait que le lien n'a pas été cassé entre les deux visites à l'hôpital. C'est-à-dire que l'équipe HAD est vraiment en contact avec eux. Ils ne sont pas lâchés dans la nature non plus. Il y a un fil invisible qui est créé. Et donc, c'est pour ça que les gens, quand ils continuent à se sentir entourés, mais qu'ils sont dans leur domicile, ça contribue vraiment beaucoup à la satisfaction. Le lien avec la communication permanente et clair et structuré avec le patient est très important.
- Speaker #2
Ça aussi, j'imagine qu'en mettant en place ce projet, il a fallu l'optimiser et réfléchir à comment gérer ses effectifs et tous les acteurs qui tournent autour.
- Speaker #1
Tout à fait. Donc, c'est vrai qu'au moment de faire sortir les premiers patients, on s'est posé beaucoup la question, comment est-ce qu'on allait faire pour former toutes ces équipes ? Parce que c'était quand même des techniques qui étaient assez nouvelles. notamment on va parler un peu plus techniquement, mais on faisait sortir des patients avec des picc-line et des midline. Donc c'est des cathéters qui sont insérés juste au niveau du biceps, braquial, où on a passé beaucoup de temps sur la route pendant 3-4 ans, quasiment jusqu'à la période de Covid. Beaucoup sur la route où on est allé former sur le terrain quasiment toutes les infirmières, où au moins à chaque fois qu'on avait une prise en charge du domicile, on est allé former toutes ces équipes au domicile de chaque patient. Ça a été une première étape pendant 3-4 ans où on a vraiment formé un énorme panel et un nombre d'infirmières assez incalculable. Après, on a aussi des partenaires type ASD CSD, selon la mutualité, chrétienne ou Solidaris, où on forme régulièrement tous les 2-3 ans leur équipe d'infirmiers. Ça a été un énorme travail.
- Speaker #0
C'est vrai, on sort certains gestes qui étaient parfois, avant, qui étaient faits à l'hôpital. Et ce sont des gestes maintenant qui sont faits à domicile. Et donc, ce sont effectivement des gestes qui n'étaient pas nécessairement dans les us et coutumes des équipes de soins à domicile. Et donc, il faut effectivement aussi bien collaborer avec tous ces acteurs et les former pour que tout se passe bien au domicile. Ce ne sont pas les équipes de l'hôpital qui vont à domicile. Ce sont vraiment les acteurs du domicile qui doivent faire tous ces gestes qu'ils ne faisaient pas avant.
- Speaker #1
Et encore aujourd'hui, si les équipes ont besoin d'un renouvellement, peut-être de formation ou de reformation, il n'y a aucun problème. On peut tout à fait encore se déplacer aujourd'hui pour faire une petite mise à jour sur les nouvelles techniques.
- Speaker #2
C'est ce qui est rassurant pour les patients finalement, c'est qu'il y a vraiment cette formation continue qui permet vraiment de continuer à évoluer. On a beaucoup parlé des infirmiers et infirmières, mais il y a aussi tout un tas d'autres métiers qui tournent autour.
- Speaker #1
Oui, alors après, c'est vrai qu'on a le monde médical, la base, l'hôpital, on a du coup les médecins spécialistes. On a aussi les médecins traitants qui sont appelés. On les appelle juste avant la sortie du patient pour les prévenir. D'office, ils ne font pas de visite chez le patient. Mais comme ça, au moins, ils savent que le traitement est en route. Le type de cathéter qui est mis en place, ils sont au courant. Et puis après, tout ce qui est kiné, ergothérapeute, on les voit un peu moins. Ils peuvent être au courant du traitement qui est mis en route chez le patient. Parce que quand le patient sort, le patient a un petit carnet de liaison. Où dedans, il y a le numéro de contact. où on met le motif d'antibiotérapie, le cathéter, enfin bref voilà il y a tout ce qu'il faut pour savoir ce que le patient a comme traitement mais voilà on interagit un peu moins avec la deuxième ligne on va dire.
- Speaker #2
C'est ça mais au moins ça permet aux patients de savoir aussi qu'il y a vraiment un accompagnement de A à Z et pluridisciplinaire. Est-ce qu'il y a d'autres craintes de la part de ces patients qui sont venus jusqu'à vous ?
- Speaker #1
Alors c'est surtout à la base de la prise en charge donc c'est surtout quand ils sont encore à l'hôpital ou là où en général ils ont quand même beaucoup de questions. Et donc on essaye un petit peu de déstresser aussi et d'informer au maximum le patient. On essaye de le détendre au maximum en lui disant que voilà, en tout cas tout va bien se passer, que les infirmiers du domicile sont formés, que voilà, s'il y a un problème, on est disponible sur les jours ouvrables bien sûr de 8h à 16h. Donc voilà, là-dessus ils ont toujours un numéro de contact, on a une messagerie, on a une adresse mail commune avec tous mes collègues. Et après, ils savent aussi s'il y a le moindre problème, des effets secondaires suite au traitement. Ça peut être des allergies, de la température ou un problème lié directement au cathéter. Ils savent ce qu'ils doivent faire. Donc c'est se rendre aux urgences.
- Speaker #0
Je pense que le suivi est vraiment très important dans les premiers jours, voire les premières semaines. C'est vraiment un suivi plus intense. Donc vraiment, il faut garder le lien encore plus intense avec le patient pour le rassurer. Parce qu'il y a des gens que ça rassure finalement de rester à l'hôpital. Il faut aussi très fort démontrer qu'on communique bien avec tous ces acteurs du domicile. Le carnet de liaison est un élément super important dans lequel il y a beaucoup d'informations. Il y a aussi, par exemple, lorsque le personnel à domicile vient et fait le traitement, il doit répondre à un certain nombre de questions. Et donc, quand le patient revient à l'hôpital, il ramène son petit carnet de liaison. Et donc, le spécialiste qui suit va pouvoir voir comment se sont déroulés les soins. Donc, il faut vraiment démontrer aux patients. que nous parlons avec tous les acteurs. Et puis on parlait de la multidisciplinarité, on y reviendra peut-être tout à l'heure dans les élusions. Mais c'est vrai qu'on parle de plus en plus de cette multidisciplinarité et de sortir de l'aspect purement médical. Et donc tous les acteurs qui se rendent au domicile du patient, finalement l'idéal c'est qu'ils soient tous au courant de ce qui est en place et comme ça tout le monde peut avoir un œil averti et supporter le patient s'il a une question dans quelque chose. Donc si tout ça fonctionne bien, que l'huile dans les rouages est bien mise et que la communication entre tous les acteurs se passe bien, le patient va vraiment se sentir entouré comme s'il était dans un hôpital finalement.
- Speaker #2
Tout ça permet vraiment de créer une vraie relation de confiance.
- Speaker #1
Bien sûr. Le but aussi de l'HAD, un des objectifs en tout cas, c'est de rendre le... plus possible autonome le patient et aussi le conscientiser sur son état de santé. Et ça c'est hyper important parce que c'est vrai qu'anciennement, le patient se laissait un peu aller, faisait à 300% confiance à son médecin et se laissait vraiment aller. Et en fait aujourd'hui, on remarque que le patient est de plus en plus curieux de sa maladie ou de son problème. Et donc les patients sont de plus en plus conscientisés et sont de plus en plus autonomes là-dessus. et donc un des objectifs qu'on commence à... vraiment à bien bien remplir, c'est celui-là.
- Speaker #2
Oui, ça, ça me fait penser à ce que Kathaline disait, c'est que certains patients, en fait, avec la notion d'hôpital, il y a une notion de sécurité à l'hôpital aussi. On se dit, moi, je serais bien à l'hôpital, pourquoi retourner chez moi ? Et c'est là où cette sensibilisation prend toute son importance.
- Speaker #1
Oui, tout à fait. C'est vrai que, alors, c'est vrai que, au plus on avance dans le temps, et au moins on remarque, alors c'est vrai que c'est un certain pourcentage de patients, parfois on a des patients qui habitent seuls, donc pour eux, être à l'hôpital, c'est vrai que c'est très rassurant, comme on a dit, il n'y a peut-être pas forcément toujours de visite ou ils n'ont pas d'enfant. Et c'est vrai que ça peut être rassurant pour eux de rester à l'hôpital, mais c'est vrai que pour moi, c'est un très faible pourcentage des patients.
- Speaker #2
À titre d'exemple, sur une année, 120 patients en antibiotérapie sont pris en charge à domicile par le CHwapi, ce qui représente près de 2000 jours de soins pour le personnel médical, et cela sans compter les autres types de traitements. Une prise en charge qui demande une organisation pluridisciplinaire en constante évolution.
- Speaker #1
On a une infectiologue, le Dr Delvallée, qui fait le tour de nos trois sites du CHwapi pour recruter nos patients. Donc elle, en général, elle nous appelle pour démarrer une prise en charge. Voilà, on peut avoir plusieurs types de pathologies. Donc on peut avoir de l'infection de prothèse de hanche, l'infection de prothèse de genou, on peut avoir jusqu'à l'infection urinaire. Ou ça peut être aussi des infections type prothèse aortique, par exemple, tout ce qui est vasculaire, donc qui est beaucoup plus sensible. Donc on a vraiment un panel de pathologies assez énorme. Donc une fois que le patient est susceptible de pouvoir sortir, nous l'HAD, on va auprès de lui et on fait une première anamnèse, donc voir si le patient est éligible à une sortie. Donc voilà, on a pas mal de critères quand même à respecter, notamment celui qui est le plus important pour nous, c'est déjà d'avoir une équipe en place ou non. Et d'avoir surtout un logement salubre. Ça aussi pour nous c'est très important parce que si le logement n'est pas adapté, en général ça risque d'être un peu compliqué parce qu'il y a beaucoup de principes à respecter type asepsie, l'hygiène est très importante. Et donc voilà, on a vraiment beaucoup de critères à respecter. À ce moment-là, ensuite au niveau de la prise en charge, si le patient a déjà une infirmière, très bien, nous on la contactera. Et à ce moment là, on continuera une prise en charge classique. Si elle a besoin d'une formation, cette infirmière, aucun problème, on peut se déplacer à domicile. Si pas, on retourne auprès du patient et on lui donne, on lui délivre déjà tous les médicaments dont il aura besoin pendant sa prise en charge, tout ce qui est prescription, prise de sang, futur rendez-vous aussi, on lui donne vraiment tout ce qu'il faut pour sa prise en charge. Et donc à ce moment-là, une fois que le patient est susceptible de sortir, il sort à domicile et après l'HAD est là en soutien si besoin.
- Speaker #2
C'est ça, donc tout est pris en compte, c'est vraiment du cas par cas pour chaque patient. Et à travers tout ça, est-ce qu'il y a encore des perspectives d'avenir dans ce domaine ?
- Speaker #0
Oui, donc là, on a vraiment, depuis l'année dernière, on parlait effectivement de plus ou moins de 1000 jours de prise en charge par an, mais c'est vraiment une activité qu'on veut faire grandir. Et aussi, même le gouvernement, le SPF Santé Publique, espère aussi que ça va pouvoir se faire pour d'autres domaines thérapeutiques, pas uniquement pour l'antibiothérapie ou pour l'alimentation parentérale, mais aussi pour d'autres domaines. Et donc, on a reçu une mission, on fait un projet pilote depuis l'année dernière, qui s'appelle Patient at Home. Et on a reçu du financement pour réaliser ce projet. On est dix hôpitaux en consortium et on travaille ensemble à dessiner vraiment des trajets de soins pour d'autres domaines thérapeutiques, pour faire vraiment le suivi du patient à domicile. Et dans les 10 hôpitaux, on a des hôpitaux de Liège, des hôpitaux de Bruxelles, on a des hôpitaux qui ne sont pas loin de chez nous, comme CH Moucron et EpiCURA. On a aussi deux hôpitaux psychiatriques de la région. Parce que l'idée, c'est vraiment de voir pour un différent type de patient, dans différentes régions en Wallonie, comment on peut ensemble avoir des échanges de bonnes pratiques pour mieux suivre le patient à domicile, avec une solution digitale. Parce qu'on parlait de l'importance de cette communication et de ce lien entre les acteurs à domicile. On parlait aussi... du suivi du patient. Et donc, quand on parle du suivi du patient à domicile, on parle aussi des paramètres comme la tension, la saturation, des paramètres vraiment médicaux à prendre sur le patient. Et c'est vrai que de plus en plus, la technologie évolue. Et au lieu de demander à une infirmière de passer à domicile pour prendre tous ces paramètres, on a de plus en plus sur le marché des outils connectés que le patient peut utiliser lui-même. Et donc, on est vraiment en train de faire un projet qui permet de tester tous ces outils. Donc on demande vraiment, on est encore dans la phase de développement et on a commencé à avoir nos premiers patients entre guillemets connectés, je dirais. Et on le fait d'abord sur les domaines évidemment sur lesquels on a déjà beaucoup d'expérience, comme l'antibiothérapie ou l'alimentation parentérale. Et là, le principe, c'est vraiment lorsque le patient va sortir de l'hôpital, en plus du carnet de liaison, et donc à terme, même peut-être, il se peut que le carnet de liaison ne soit plus nécessaire, parce qu'il va recevoir non seulement des outils connectés comme un tensiomètre, un saturomètre, un thermomètre connecté, etc. Et on va l'aider à installer une application sur son téléphone. Et lorsqu'il va prendre ses paramètres, ça va apparaître automatiquement sur son application et aussi sur une plateforme que l'équipe de Grégoire, l'équipe HAD, a à l'hôpital. Et donc, on va pouvoir vraiment, en plus du lien, du contact téléphonique et de vraiment la communication qu'on gardera, bien sûr, avec le patient, Parce qu'on parle toujours aussi de si on digitalise, est-ce qu'on ne va pas déshumaniser les soins ? Il n'est pas question de déshumaniser. C'est vraiment quelque chose qui va venir en plus. C'est un outil digital qui va permettre de rentrer quelques données. Et le patient va repartir à la maison avec ses outils connectés et avec son application digitale. Et grâce à ça, il va encoder ses paramètres, il va prendre ses paramètres qui vont être encodés automatiquement, mais il va aussi recevoir de temps en temps un petit questionnaire auquel on va demander de répondre, où on lui pose vraiment des questions très précises. Donc il y a des questionnaires plus globaux de satisfaction et d'expérience en disant est-ce que tout se passe bien, est-ce que vous avez bien reçu le matériel et les informations, mais il y a aussi des questionnaires un peu plus cliniques où on demande de donner par exemple un score sur... la douleur, de demander s'ils ont pris certains médicaments, etc. Et donc, tout ça va être vraiment repris sur une plateforme centralisée. Et donc là, j'ai dit que l'équipe de l'hôpital a accès, mais l'objectif, c'est aussi que les acteurs autour du patient, les acteurs du domicile aient accès à cette même plateforme et puissent aussi y rentrer certaines informations. Et donc, l'idée, c'est vraiment de pouvoir faire communiquer tous les acteurs autour du patient....
- Speaker #2
C'est ça qui est intéressant et c'est qu'en plus avec cette technologie, ça ne déshumanise pas, ça rend même le patient encore plus acteur de ses propres soins.
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Et dans, alors ça sera plus à moyen terme je pense, où on va pouvoir aussi avoir un module de téléconsultation. On aura ce bénéfice là aussi. Donc ça veut dire que si même le patient ne peut pas, parce que voilà, peut-être qu'il est contagieux ou peut-être il ne peut pas se déplacer vers l'hôpital, tous les spécialistes de l'hôpital pourront faire une téléconsultation via le patient. Alors parce qu'aujourd'hui c'est vrai qu'on a beaucoup de patients qui peuvent pas se déplacer et donc qu'ils annulent leur rendez-vous et finalement ils ne sont pas vus et ils ratent leur rendez-vous et on sait qu'aujourd'hui les spécialistes sont très très très demandés et parfois c'est des rendez-vous qui sont décalés à 3, des fois peut-être 6 mois et donc voilà, ça pourrait pour moi être une solution peut-être...
- Speaker #0
En fait concrètement le patient quand il repart de l'hôpital, il a une sorte d'agenda électronique avec tous ses rendez-vous les heures et les jours où il doit prendre ses paramètres les... les jours où il doit répondre à un questionnaire. Et donc tout ça est programmé dans son agenda. Et c'est un agenda auquel tous les personnels de soins ont accès. Et évidemment, l'idéal, et c'est ce sur quoi on travaille, et c'est pour ça que ce sont des projets qui prennent du temps, c'est d'éviter aussi que le personnel doive encoder deux fois les choses. Donc ça, c'est vraiment un gros point d'attention dans tous les projets de digitalisation qu'on doit faire. C'est que le but, c'est que, par exemple, le système ici qu'on met en place parle avec les différents systèmes. par exemple des infirmiers à domicile et de l'hôpital, parce qu'il n'est pas question de commencer à encoder deux fois les informations sur le patient. Donc la solution maintenant avec laquelle on travaille, en fait il y en a plusieurs sur le marché, nous on a décidé de travailler avec une société qui s'appelle Masana, et donc cette société-là, elle a déjà tout fait pour déjà avoir un premier niveau de connexion, c'est-à-dire qu'elle est connectée au réseau santé Wallon. Donc ça c'est vraiment... Les données, quand on va sur Internet, on tape « ma santé » , les données sont reprises sur ce site-là. Et c'est une plateforme vraiment au niveau de la Wallonie, auquel les médecins généralistes ont accès aussi. Et on regarde aussi pour d'autres domaines thérapeutiques, est-ce qu'on peut aider le patient à moins venir à l'hôpital ou à sortir plus rapidement de l'hôpital ? Par exemple, après une chirurgie, on reste X nuits à l'hôpital, est-ce qu'on pourrait un tout petit peu écourter ce séjour et terminer son hospitalisation à domicile en étant connecté avec ces outils-là ? Donc ça, c'est un exemple où en oncologie, est-ce qu'il y a certains traitements qui pourraient être faits à la maison ou est-ce que certaines informations pourraient être suivies à la maison entre deux visites à l'hôpital. Donc vraiment, le fait de sortir des murs de l'hôpital, c'est une tendance qu'on va pousser et que ça se constate dans tous les pays du monde. On essaye vraiment de ne pas trop garder les gens dans un hôpital. Mais pour ça, il faut vraiment connecter toute cette communauté scientifique et médicale autour du patient.
- Speaker #2
Nous l'avons entendu, les perspectives d'avenir pour l'hospitalisation à domicile sont nombreuses et les avancées technologiques deviennent de précieux atouts. Mais nous allons voir que plusieurs freins existent toujours et ralentissent encore le développement de ces soins.
- Speaker #0
En fait, l'hôpital travaille sur un projet qui va contre son financement parce que l'hôpital est très fort financé pour remplir ses lits, mais pas pour vider ses lits. Donc si on fait quitter le patient de l'hôpital, on perd de l'argent à l'hôpital. Et en plus, le personnel à domicile ne reçoit pas nécessairement de financement. Il n'a pas de remboursement inami pour pouvoir aller au domicile du patient pour pouvoir administrer certains traitements. Il est surtout remboursé pour l'antibiothérapie ou pour l'oncologie dans certains domaines, mais pas pour le reste. Et donc, le frein au développement au jour d'aujourd'hui, c'est vraiment la structure de financement en Belgique. On n'a pas de système de financement qui va pousser vers le domicile. Mais on espère que tout ceci va évoluer. Donc, on a pour preuve que début de cette année, il y a une nouvelle convention avec l'INAMI qui a démarré pour notamment le suivi des patients souffrant d'insuffisance cardiaque. Donc, ces patients-là, ils peuvent être monitorés à domicile, donc recevoir ces fameux appareils dont j'ai parlé tout à l'heure, des outils connectés pour suivre leurs paramètres. Et pour ce type de suivi, on va recevoir des remboursements. Donc là, le personnel qui va suivre le patient au domicile, va être remboursé pour suivre le patient en insuffisance cardiaque. Et ça, c'est très important parce que ce sont des patients qui, pendant plusieurs mois, doivent très régulièrement prendre leurs tensions artérielles, leurs différents paramètres. Et donc, tout ça, on doit suivre évidemment parce que prendre des paramètres, ça signifie suivre si ça ne dépasse pas un certain seuil et pouvoir réagir lorsque ça dépasse un certain seuil. Tout ça demande des humains qui travaillent et donc s'il n'y a pas de remboursement Inami, ça n'avance pas. Donc les évolutions, elles sont en cours. Pour l'insuffisance cardiaque, il y a quelque chose qui a été mis en place au début de cette année, une convention vraiment très claire avec l'Inami. Et on sait que par exemple, pour les tests du sommeil ou le suivi des troubles du sommeil, où on sait que beaucoup de personnes doivent encore passer des nuits à l'hôpital pour venir faire des tests, etc. On sait que la tendance va être aussi de plus en plus à essayer d'organiser ces tests à domicile. C'est bénéfique pour le patient, c'est bénéfique pour tout le monde, mais c'est vrai qu'aujourd'hui, on ne le fait pas parce qu'on n'a pas de remboursement pour ce type de suivi et de diagnostic. Mais dans le futur, ça va évoluer. Donc, si on peut parler des freins, moi, je dirais, c'est d'abord, effectivement, cet aspect un peu financier, enfin, cet aspect financier. Et l'autre aspect, c'est quand même aussi le sujet dont on parle beaucoup pour l'instant, mais qui a un réel souci, c'est la pénurie de personnel. Et la pénurie du personnel infirmier est une grosse difficulté parce que quand on parle de suivi à domicile, ça implique aussi beaucoup de personnel infirmier. Donc clairement, ça va être vraiment un défi pour les prochaines années parce que la multidisciplinarité, elle doit se faire. On a des médecins, on a des infirmiers, on a peut-être d'autres rôles auxquels il faut penser pour pouvoir répartir au mieux les tâches.
- Speaker #2
C'est ça. Donc il y a ces freins qui commencent à être tout doucement levés. Il y a aussi d'autres difficultés comme la pénurie de personnels. Et malgré tout, est-ce que dans les années à venir ou en tout cas à long terme, on peut imaginer qu'on soit tous soignés à domicile ?
- Speaker #1
C'est une bonne question.
- Speaker #0
Il y a quand même un doute.
- Speaker #1
Je pense qu'il y a quand même certaines pathologies qui doivent être gardées à l'hôpital. Je pense qu'il y a des suivis où des patients sont en phase aiguë, doivent être gardés. C'est vrai que maintenant, on commence à avoir de plus en plus de pathologies et de soins qui peuvent être faits à domicile.
- Speaker #0
On reste quand même sur des traitements classiques qui n'ont comme, je disais, c'est la variabilité qui compte. Donc si on remarque qu'un traitement est assez stable, n'éveille pas, plein d'effets secondaires, etc. Donc on peut imaginer faire sortir le patient de l'hôpital. Mais l'hôpital restera toujours nécessaire pour plein de types de pathologies plus sévères. On a aussi pas mal de personnes qui ont... plusieurs pathologies et donc il faut gérer les interférences entre les pathologies. Donc clairement, tous à domicile, non, jamais à mon avis. Mais en tout cas, on peut imaginer finaliser le traitement ou le suivi pour de plus en plus de patients au domicile, ça je pense.
- Speaker #1
En tout cas, réduire le nombre de jours.
- Speaker #0
Le nombre de jours passés à l'hôpital.
- Speaker #1
Je pense que oui, ça, ça sera, ça pourrait être faisable après, voilà.
- Speaker #0
On parle beaucoup du concept de durée moyenne de séjour. Et donc ça c'est vraiment un chiffre qui est fort suivi dans tous les pays du monde. En Belgique, on n'est pas dans les premiers. Donc on a encore du potentiel pour diminuer la durée moyenne de séjour à l'hôpital. Et aussi, il y aura de plus en plus d'interventions qui se feront en ce qu'on appelle en hôpital de jour, donc sans passer une nuit à l'hôpital. C'est un chiffre qui a déjà fortement augmenté les quelques dernières années, et ça va encore augmenter. Et donc toutes ces personnes qui ne passent plus de nuit à l'hôpital, si on pouvait les connecter beaucoup mieux au domicile et organiser cette multidisciplinarité autour du patient à domicile encore mieux qu'aujourd'hui, je pense que ça va vraiment permettre un meilleur suivi. C'est vraiment pour la qualité des soins autour du patient.
- Speaker #1
On a des pathologies type hernie discale lombaire ou hernie discale cervicale, donc tout ce qui concerne la neurochirurgie. On prend en charge un peu ce type de patient, donc avant son opération, pendant son opération et après son opération. Donc ça veut dire que le patient aujourd'hui devait passer peut-être 3, 4, voire des fois parfois une semaine pour ce type de pathologie, ou en tout cas ce type d'opération. Aujourd'hui il passe seulement une nuit. Donc voilà, là on est sur un nombre de jours extrêmement réduit, mais par contre, après son opération, le patient est toujours en contact avec nous. Donc on passe plusieurs appels, donc 2 jours, 7 jours et 21 jours après l'opération, et le patient peut nous appeler quand il veut aussi, au moindre problème. Et donc ça, c'est une première expérience qu'on est en train de se faire, en tout cas sur cette pathologie-là. Et je pense que pour le futur, à mon avis, on va se baser là-dessus pour d'autres disciplines.
- Speaker #2
Ça me paraît être une bonne conclusion pour montrer toute l'importance et l'énergie que vous mettez à faire le lien entre l'hôpital et les soins à domicile. On va s'arrêter là-dessus. Merci à tous les deux.
- Speaker #0
Merci beaucoup.
- Speaker #2
Et merci à vous aussi de nous avoir suivis. On se retrouve tout bientôt pour un prochain podcast.