- Speaker #0
Ça donne des symptômes qui sont parfois assez violents, les éternuements en salve, le nez qui coule constamment, on doit tout le temps se balader avec une boîte de mouchoirs, c'est quand même pas très pratique.
- Speaker #1
On sous-estime vraiment l'impact socio-économique et social de ces gens.
- Speaker #2
Lorsqu'on a un rhume, il arrive souvent que notre nez soit encombré, qu'il nous démange et nous fasse même parfois mal. Alors imaginez maintenant que certaines personnes souffrent de ces maux tout au long de l'année. Cette maladie chronique, c'est ce qu'on appelle la rhinite. Pour en parler, nous recevons les docteurs Gwenaëlle Brui et Younes Steffens, qui sont respectivement médecins allergologues et médecins ORL au CHwapi. Alors pour bien commencer et se familiariser avec ce terme, qu'est-ce que la rhinite ?
- Speaker #0
Alors la rhinite, tout simplement, c'est l'inflammation de la fosse nasale. Donc au niveau du nez, il y a plusieurs parties. Il y a notamment les fosses nasales, il y a les sinus et aussi les os propres du nez. Et ici, on parle uniquement d'une inflammation de la muqueuse de la fosse nasale. A contrario des sinusites notamment.
- Speaker #2
Donc là ça se passe au niveau du nez et on voit que ça peut se caractériser par toute une série de symptômes.
- Speaker #1
Oui, alors quand on a une inflammation de la muqueuse nasale, on peut avoir des éternuements en salve, notamment dans la rhinite allergique. On peut avoir le nez qui chatouille, on peut avoir le nez qui coule, on peut avoir une congestion, avoir l'impression d'avoir toujours le nez qui est encombré. Et comme Younes nous a dit ici, on peut avoir différentes parties au niveau du nez. C'est pour ça que c'est important de savoir où ça se passe parce que notre diagnostic différentiel est super important dans la prise en charge de ces patients.
- Speaker #2
Ce qui est d'autant plus important que ça touche quand même beaucoup de monde dans la population belge.
- Speaker #1
Oui, alors la rhinite allergique, c'est la pathologie chronique la plus fréquente. On compte entre 20 et 40% des gens qui présentent une rhinite chronique. D'un point de vue allergologique, je dirais que parmi ces gens, il y a 15% qui ont une allergie aux graminés, 5-10% une allergie aux arbres et puis 8-9% une allergie aux acariens. Donc c'est quand même très très très fréquent. Et c'est vrai que moi ma batterie est un peu plus complète que celle des ORL, c'est normal. Mais donc j'ai testé tout ce qui est acariens, chats/chiens, les graminées, les arbres, les moisissures, les herbacées. Et le latex qui est aussi repris dans ma batterie standard. Donc parfois c'est corroboré avec une prise de sang complémentaire où on va tester ce qu'on a les RASTS, c'est des IGE spécifiques par rapport aux acariens ou par rapport aux graminées ou d'autres allergènes qu'on suspecte mais je dirais que la partie la plus importante dans ma consultation c'est vraiment la partie où on discute avec la personne et je peux me faire vraiment une idée avec une discussion avec le patient s'il me parle d'une symptomatologie nasale au mois de mai, juin, juillet, ok, bingo, c'est très certainement les graminées. Et après... Je prouve avec mes tests cutanés plus ou moins ma prise de sang.
- Speaker #2
Comme vous l'avez dit, on voit que les allergènes, ça peut être tout et n'importe quoi finalement.
- Speaker #1
On peut être allergique à différentes choses tout au long de l'année. Parfois, on me dit que la période des graminées est terminée. Oui, mais on va enchaîner avec les herbacées, puis il y aura les acariens, puis il y aura les arbres. Et donc, tout au long de l'année, on a des personnes allergiques.
- Speaker #2
On voit aussi que dans le cadre de la rhinite allergique, Ça peut vraiment impacter le mode de vie quotidien des patients.
- Speaker #0
Tout à fait, oui. Comme l'a dit Gwenaëlle, ça donne des symptômes qui sont parfois assez violents. Les éternuements en salve, le nez qui coule constamment, on doit tout le temps se balader avec une boîte de mouchoirs. C'est quand même pas très pratique et en particulier si on vient faire du sport et qu'on est allergique aux pollens de graminées, on peut vraiment être limité dans notre... capacité sportive et de notre capacité respiratoire à cause de cette réaction inflammatoire au niveau du nez. Donc oui c'est parfois très très invalidant sur le plan de la qualité de vie des patients.
- Speaker #1
On sous-estime vraiment l'impact de un socio économique et social de ces gens. Clairement il y en a certains qui ne savent plus aller travailler, il y en a pour conduire quand on est en train d'éternuer, parce qu'on parle de la rhinite allergique, mais souvent dans le contexte de l'allergie, on a d'autres symptômes. On a les yeux, on peut être asthmatique, on peut avoir de l'eczéma, etc. Et donc, notamment en plus avec l'association des traitements, dont on doit faire parfois attention, parce qu'on a des effets secondaires, notamment de somnolence. Donc tout ça implique que pour le patient au quotidien, ce n'est pas toujours facile.
- Speaker #0
Il y a des plateformes, notamment Sciensano, qui informent sur les pics polliniques, donc si on est fortement allergique notamment au par exemple aux pollens de graminées, ça vaut la peine de se renseigner en période à risque, s'il y a des gros pics polliniques, parce qu'on peut se retrouver fortement invalidé, surtout si c'est le jour où on n'a pas pris son traitement par exemple. Donc ça c'est des conseils qu'on peut donner aux patients, pour éviter de se retrouver dans des situations très inconfortables.
- Speaker #2
Et est-ce qu'à travers toutes ces difficultés qu'ils peuvent rencontrer au quotidien, est-ce qu'il y a un danger aussi d'isolement ?
- Speaker #1
Je pense, à certaines périodes, oui. Alors, Younes parlait des différents sites accessibles pour voir dans quel pic pollinique on se trouve. Et puis, voilà, j'ai des patients qui s'isolent. Oh oui, on est dans le plus gros pic de l'année des graminées. On s'enferme dans nos maisons, on ferme les fenêtres. On est avec sa boîte de mouchoirs dans son divan. Et puis, on n'ose pas aller faire son jogging. On arrête le sport. On ne sort pas dehors. Et donc, c'est tout des... Des choses auxquelles nos patients doivent s'habituer et ça génère en fait leur vie. Donc clairement, à certaines périodes de gros pics polliniques, ça peut vraiment imputer la vie sociale des patients.
- Speaker #0
Mais donc effectivement, pour rebondir sur ce que Gwenaëlle disait, en plus de l'isolement, ça peut avoir des répercussions professionnelles importantes, la rhinite. Et notamment, en fonction du type de travail, on peut avoir une accentuation des symptômes, sous l'effet de l'environnement qu'on a au travail. Donc si on travaille dans la pollution, ou qu'on travaille dans des endroits où il y a des moisissures notamment, eh bien on peut avoir une accentuation de ces symptômes, sans forcément être allergique, soit à la pollution, ou alors aux moisissures. Mais ces phénomènes irritatifs au niveau du nez peuvent accentuer les symptômes préexistants des patients, et parfois aller jusqu'à la réorientation professionnelle. Donc oui ça a une... parfois des très gros impacts.
- Speaker #2
Et à travers tout ça, un des dangers, c'est aussi d'être tenté de s'auto-médicamenter.
- Speaker #0
Tout à fait, mais c'est le cas de nombreux de nos patients. Et alors, la chose un petit peu incroyable, c'est qu'on peut avoir en pharmacie des sprays de vasoconstricteurs sans prescription médicale. Et donc, les patients peuvent s'auto-médiquer, s'ils ont le nez bouché, via des sprays avec des vasoconstricteurs, ce qui est très nocif en fait, parce qu'il y a une habituation de la muqueuse nasale aux vasoconstricteurs qui se crée lorsque les vasoconstricteurs sont pris pendant plus de 7 jours et on peut arriver à une addiction vraiment aux vasoconstricteurs qu'on appelle nous rhinites médicamenteuses. Donc c'est les patients qui ne savent plus vivre sans vasoconstricteurs nasaux. Et donc c'est un peu une aberrance parce qu'on peut s'auto-médiquer sans prescription médicale avec des vasoconstricteurs, mais on ne peut pas aller en pharmacie avoir un spray anti-allergique sans une prescription médicale. Donc c'est un petit problème ici. qu'on rencontre et à cause de cela, on a beaucoup de patients qui sont addicts aux sprays nasaux. Ça nécessite de faire un sevrage de ces sprays nasaux avec des traitements particuliers avant de réintroduire un traitement anti-allergique parce que si on fait le switch directement vers des sprays anti-allergiques, les patients ne vont pas être contents et ne vont pas avoir une résolution directe de leurs symptômes.
- Speaker #1
Je rajouterais quand même au niveau des préventions dans les allergies, les différents allergènes. C'est par exemple la prise en charge de l'allergie aux acariens. Donc on recommande quand même d'aérer les maisons. Et en général, il y a beaucoup de gens qui pensent que laisser la maison ouverte toute la journée, ça sera mieux. Mais non, on recommande quoi ? Deux fois 15 minutes par jour, c'est suffisant. On doit mettre en place des housses anti-acariens. Ça, c'est vraiment super important. Alors, c'est pas tapis. pas de moquettes, nettoyer les maisons. Alors en même temps, on parle de plus en plus de l'hygiène de nos maisons, mais en même temps, on pense que c'est peut-être une théorie par laquelle on devient allergique. Donc tout ça, c'est à faire attention. Je dirais qu'il faut un juste milieu dans nos habitats. On parle beaucoup de la pollution extérieure, mais on a la pollution intérieure aussi. Pour les graminées ou bien pour les arbres, oui, c'est par exemple bien se nettoyer les cheveux tous les soirs, mais ne pas ramener nos habits dans les chambres. Aérer, par exemple, après une période de pluie, après un orage, les pollens sont par terre, en fait. Donc c'est tous des petits gestes qui peuvent quand même aider au quotidien et qui peuvent essayer de diminuer un petit peu le ressenti de la symptomatologie clinique des patients.
- Speaker #2
C'est ça, donc des petits gestes qui demandent presque une attention constante, d'autant plus qu'on n'en guérit pas de cette maladie.
- Speaker #0
Non, tout à fait, c'est une maladie qui est dans notre sang, donc il y a des prédispositions génétiques, donc l'atopie, c'est une prédisposition génétique. Je vais peut-être revenir sur ce qu'est l'atopie. L'atopie, c'est le fait d'avoir en fait une prédisposition génétique à développer une allergie. Et ça, c'est quelque chose qu'on a dans notre sang. Quand on va développer une allergie, cette allergie, elle peut être variable au fur et à mesure de la vie. On peut être parfois très fortement symptomatique pendant toute une partie de notre vie et puis avoir une diminution de nos symptômes. Mais par contre, l'allergie restera toujours en nous. Et donc, notamment, on peut avoir une diminution de nos symptômes sous l'effet de pics hormonaux, par exemple dans le cadre d'une grossesse, mais par contre les symptômes peuvent réapparaître par après. Et ces symptômes peuvent être tantôt fortement invalidants et tantôt nettement moins invalidants, mais ça reste toujours la même pathologie qui reste dans le sang des patients.
- Speaker #2
Donc à travers cette atopie, cette maladie peut se déclencher à n'importe quel âge, il n'y a pas d'âge pour l'attraper ?
- Speaker #1
Dès nouveau né, on peut présenter des allergies, notamment l'allergie aux protéines de lait de vache, donc ça, ça peut vraiment se développer très très très rapidement. Après, on sait que la rhinite allergique est de plus en plus fréquente depuis les années 60, alors pourquoi nous sommes plus allergiques que nos grands-parents ou arrière-grands-parents ? Il y a une prédisposition génétique, ça c'est clair et certain, on sait que si on a un de nos deux parents qui est allergique, on a 25% de risque d'être allergique, si les deux sont allergiques on a 50% de risque. S'associent à ça, les phénomènes de pollution, la théorie hygiéniste qui favorise les facteurs environnementaux donc on ne connait pas tout qui peuvent vraiment augmenter ce pourcentage et qui fait que on est plus allergique,
- Speaker #0
nos enfants seront plus allergiques et nos petits-enfants aussi. J'ai envie de rebondir juste sur ce que tu dis et quelque chose qui est pas très connu non plus, c'est que si jamais on est né par, enfin c'est la théorie hygiéniste que tu as expliqué, mais si on est né par césarienne, on a aussi plus de risques de développer une allergie par rapport à quelqu'un qui est né par voix basse, et donc ça aussi ça joue énormément, et c'est quelque chose qui peut nous mettre la puce à l'oreille quand on examine notamment des petits enfants, chez qui les tests d'allergie sont parfois peu fiables ou moins fiables, donc c'est difficile de faire un diagnostic à cet âge-là, mais ils peuvent quand même avoir des répercussions cliniques, le fait justement d'interroger convenablement les parents permet de nous mettre la puce à l'oreille quant à une éventuelle rhinite allergique débutante et nous permet d'introduire alors éventuellement des traitements sur cette supposition clinique.
- Speaker #2
Vous venez de nous évoquer un peu tous ces cas, on voit vraiment que c'est important de sensibiliser ce que vous sentez que le public est assez averti par rapport à ces pathologies.
- Speaker #1
Oui et non, je dirais moi. En fait, oui, parce qu'on a de plus en plus comme des sites, Sciensano , AirAllergy, qui permet vraiment de déterminer quels sont les pics polliniques, les gens s'intéressent plus qu'avant. Maintenant, je pense que les gens ne sont pas toujours au courant des traitements disponibles. Et ils se disent, on fait avec et puis on ne vient pas voir le spécialiste, même si je pense que les médecins traitants sont en première ligne et qu'ils font déjà beaucoup de choses. Mais je pense qu'on ne peut pas laisser ces gens. avec une symptomatologie parfois aussi invalidante. Et il faut vraiment vérifier qu'on n'évolue pas vers un asthme, qu'on n'évolue pas sur un mode alimentaire, parce qu'on a aussi des réactions croisées alimentaires qui peuvent arriver par la suite, et ne pas les retrouver dix ans après en disant « ben oui, voilà, j'ai fait avec » . Et ça c'est dommage, je trouve.
- Speaker #2
Nous l'avons entendu, la rhinite peut se présenter sous plusieurs facettes et à travers différents vecteurs. Elle influe énormément sur le quotidien des patients qui en souffrent et nécessite donc des traitements adaptés. Nous allons voir que pour y remédier, le CHwapi propose une prise en charge multidisciplinaire et sur mesure. Et cela de la première consultation aux années qui suivront.
- Speaker #0
Quand je reçois les patients en consultation, ma consultation type... c'est aussi évidemment de m'axer sur la discussion avec le patient pour exclure une autre cause, donc un diagnostic différentiel qui sera ensuite confirmé ou non via un test très simple qui est la fibroscopie, la nasofibroscopie, qui est un test qu'on réalise via une caméra très fine qu'on introduit au niveau de la fosse nasale des patients. Et donc cet examen est vraiment essentiel à la prise en charge des patients parce qu'il nous permet d'exclure un diagnostic différentiel, notamment le fait que les patients puissent avoir des polypes, puissent avoir une lésion autre que des polypes au niveau des sinus, une rhinosinusite chronique ou encore un autre type de rhinite. Notamment, il existe des rhinites non allergiques, qu'on appelle des rhinites narez, pour rhinites non allergiques liées aux éosinophiles. Les éosinophiles, c'est des globules blancs, un certain type de globules blancs qui sont liés aux allergies, et qui peuvent être en lien avec des symptômes similaires à la rhinite allergique, mais qui ne nécessitent pas les mêmes traitements. Aussi, on peut également avoir des rhinites vasomotrices, qui sont des rhinites dues à un mauvais relargage de liquide au niveau de la muqueuse des fosses nasales. Ces rhinites aussi doivent être prises en charge d'une manière différente que les rhinites allergiques, et nécessitent une prise en charge à part entière tout à fait différente.
- Speaker #2
Ça montre bien l'importance de cette prise en charge, de ces consultations. J'imagine qu'il y a une forme d'appréhension aussi de la part des patients lorsqu'ils passent en consultation.
- Speaker #0
Tout à fait, effectivement. Quand on voit un médecin pour la première fois et que le médecin vous dit « je vais vous introduire un tuyau dans le nez » , c'est jamais très rassurant pour les patients. Donc la première chose qu'on fait, c'est les rassurer. Moi, je leur explique effectivement qu'on va faire ce petit examen, qui n'est absolument pas douloureux, donc c'est nettement moins gênant. et douloureux qu'un test pour le Covid-19. Donc c'est le seul point positif, je vais dire, de la pandémie, c'est qu'on a un bon point de comparaison maintenant en consultation. C'est toujours un examen qui se passe très bien, mais c'est vrai, comme tu l'as dit, c'est très souvent lié à une appréhension par les patients parce qu'ils attribuent ça à d'autres examens, notamment une gastroscopie, par exemple, qui est nettement plus désagréable et qui se fait souvent sous anesthésie, soit générale, soit locale. Ici, ce n'est pas du tout le cas. Ce sont des calibres de caméras qui sont dix fois plus petits. Et donc, à part faire pleurer les yeux des patients, éventuellement les faire éternuer, ça ne fait rien d'autre comme gêne.
- Speaker #2
Voilà de quoi rassurer les patients concernant leurs examens. Et puis, ce qui est rassurant aussi, c'est qu'il existe toute une série de traitements pour lutter contre ces maladies.
- Speaker #1
Oui, et maintenant, on a quand même beaucoup plus de traitements. Donc, je pense aux antihistaminiques. On a eu des antihistaminiques de première génération qui donnait quand même Pas mal d'effets de somnolence, maintenant on est à une deuxième génération où là c'est quand même souvent très très bien supporté. Il peut être associé des corticoïdes nasaux pour un petit peu essayer de traiter la congestion, l'encombrement au niveau du nez. On a parfois recours à d'autres types de molécules comme des antileukotriennes qui lèvent un peu l'inflammation au niveau du nez aussi. Donc on a des associations de traitements qui permettent de passer à travers les périodes polliniques. On a même un nouveau spray qui est disponible qui associe les antihistaminiques et les corticoïdes, qui donne aussi de bons résultats. Le prix n'est pas encore ça, c'est ça le problème, c'est ça un peu la pierre d'achoppement. Mais bon, pour montrer que voilà, on évolue, l'industrie pharmaceutique évolue, on peut proposer d'autres choses aux patients. Et par la suite, si vraiment, malgré notre traitement qui reste là des traitements symptomatiques, on a une rhinite, on propose un traitement, on peut envisager alors des désensibilisations. La désensibilisation, elle existe pour les acariens, les graminées, les pollens d'arbres notamment. On essaie de modifier l'immunité du patient pour que le patient tolère l'allergène incriminée. Ce sont des traitements qui prennent beaucoup plus de temps. On est parti pour une période de trois ans, soit certains mois de l'année, soit tout au long de l'année. On peut maintenant déterminer via les prises de sang si le patient est un bon candidat. Ce sont des traitements qui ne sont pas remboursés ou très peu par les mutuelles. Il faut compter environ 70 euros par mois, donc c'est quand même un budget conséquent. Mais si on est un bon candidat, ça peut donner vraiment de très bons résultats, avec un effet pendant plusieurs années après l'arrêt du traitement.
- Speaker #2
Ça fait ses preuves. Est-ce qu'il existe malgré tout des solutions non médicamenteuses aussi ?
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Il existe certains traitements chirurgicaux qui peuvent aider les patients. Une fois qu'on arrive au bout de l'efficacité des traitements médicaux, ... et que les patients ne sont pas éligibles par exemple pour une désensibilisation ou ne désirent pas une désensibilisation, on peut leur proposer des traitements chirurgicaux en fonction des symptômes les plus importants qu'ils ont. Alors souvent c'est quand même l'encombrement nasal qui revient comme étant le principal symptôme dérangeant pour les patients. Alors comme traitement chirurgical, on peut proposer aux patients de faire une turbinoplastie, donc une turbinoplastie, qu'est-ce que ça signifie ? Ça signifie d'introduire sous anesthésie générale une sonde sous la muqueuse des fosses nasales du patient, plus précisément la muqueuse des cornets inférieurs qui sont en fait la partie la plus inférieure au niveau des fosses nasales, qui sont souvent très congestionnées dans le cadre d'une rhinite allergique. Cette sonde envoie de l'électricité qui permet de diminuer le volume de la muqueuse et diminue aussi la réactivité de la muqueuse. C'est un geste chirurgical qui n'est pas douloureux, c'est juste dérangeant parce qu'après, on a des croûtes qui se forment dans le nez pendant quand même plusieurs semaines, mais c'est un traitement chez des patients bien sélectionnés qui donne une très bonne efficacité. Alors, on peut également proposer d'autres traitements chirurgicaux en addition, je vais dire, aux traitements médicaux. Ça, c'est toujours quelque chose que je rappelle aux patients, c'est que ce n'est pas parce qu'on les opère d'une turbinoplastie, par exemple, ... ou d'une septoplastie de remettre la cloison droite, qu'ils vont pouvoir se passer toute leur vie des traitements médicamenteux. Ça c'est quelque chose vraiment à insister auprès des patients, parce que comme on l'a dit au préalable, l'allergie c'est quelque chose qui reste dans le sang des patients. Mais par contre, il peut y avoir des fois des problèmes anatomiques qui empêchent une bonne respiration nasale malgré les traitements. Et donc si en plus de la rhinite allergique, les patients ont une déviation de leur cloison nasale qui rend la fosse nasale obstructive, le fait de remettre droit à la cloison nasale et de reprendre après les traitements médicamenteux permet de contrôler les symptômes des patients. Et donc ça aussi, c'est un autre traitement qu'on peut faire et proposer aux patients.
- Speaker #2
C'est ça, donc il y a vraiment toute une gamme de services qui sont proposés. Après, comme vous l'avez dit, ça les accompagnera toute la vie. Est-ce que vous proposez justement un accompagnement dans la durée à travers vos services ?
- Speaker #1
Moi, en général, je préconise de revoir les patients une fois par an pour voir un petit peu. Alors après, s'il a vraiment la maladie et bien stabilisé, le suivi peut être assuré en médecine générale. Et je leur dis toujours, vous connaissez vos symptômes. Si vous avez l'impression que ça s'aggrave pendant la période pollinique ou ça se rallonge, avant ou après, alors là ça veut dire que ça évolue et qu'il faut revenir me voir. Si vous avez d'autres symptômes, oculaires, respiratoires, alimentaires, ça veut dire que l'allergie évolue aussi et donc il faut venir me voir.
- Speaker #2
Il y a tout un travail de prévention continue finalement.
- Speaker #0
Tout à fait, oui. Je pense que la principale chose qu'on doit faire, c'est d'informer convenablement les patients. Et comme l'a dit Gwenaëlle, leur dire qu'il faut apprendre à connaître leurs symptômes et à reconnaître une fois qu'ils échappent un petit peu à leur traitement médical. Et c'est lorsqu'ils échappent à leur traitement médical qu'à ce moment-là, on peut avoir la nécessité de les revoir. Moi, je fais à peu près la même chose, c'est-à-dire que je revois les patients une fois par an, sauf si vraiment leurs symptômes sont contrôlés, que ça peut être reçu par le médecin traitant. Et je les informe sur quand est-ce qu'ils doivent revenir me voir via leurs symptômes.
- Speaker #2
Vous avez des retours de la part des patients sur ces prises en charge ?
- Speaker #1
Je dis qu'ils reviennent, c'est qu'ils sont contents.
- Speaker #0
Oui, après, c'est vrai qu'on a quand même une activité clinique très fournie. Et donc, c'est vrai que souvent, on attend. Enfin, moi, c'est une tendance que j'ai à faire avec mes patients. C'est de leur dire, vous revenez si ça ne va pas. Donc, c'est plutôt quand on les revoit que ça ne va pas. Et donc, c'est un peu des fois déprimant parce qu'on revoit que les patients qui ne vont pas bien. Mais voilà, on sait que... moi personnellement ça reste quand même une petite proportion des patients parce que si l'explication est bien donnée, si on a donné aussi différents petits tips éventuellement qu'on a contacté les médecins traitants pour les mettre au courant, en règle générale ça se passe très très bien et les patients sont très satisfaits et s'ils reviennent c'est parce qu'ils ont une raison de revenir qu'ils sont inquiets et à ce moment là on les réexamine on réévalue la situation, éventuellement on leur réexplique si jamais ils ont oublié de prendre leur traitement ou qu'ils ont cru que, comme on l'avait expliqué, que leurs allergies étaient parties suite à une chirurgie, on réexplique les choses et après, ça se passe très bien.
- Speaker #1
Moi, je dirais qu'il faut continuer la formation. Parce qu'en fait, quand j'ai fait mes études aux Clinique Universitaire Saint-Luc, il n'y avait pas de cours d'allergologie. C'était un cours à option. Donc, j'ai été me former à Lille. Il y a dix ans, je m'étais encore renseignée, c'était toujours un cours à option. Donc, on a 30% de la population qui présente une rhinite allergique et on sort des médecins qui ne sont pas... pas formés en allergologie. Et donc, il y a vraiment un grand biais par rapport à cette prise en charge des patients parce que comprendre cette pathologie et faire de la prévention, et ça, les pays nordiques sont très au courant de tout ça, en fait. Donc, ils investissent beaucoup dans la prévention et ça leur permet vraiment d'entraîner vraiment une amélioration de la prise en charge. Et donc, nous, en Belgique, on est un peu trop... Quand on est confronté au problème, on trouve une solution. Mais c'est un peu trop tard, en fait. Donc, on est un des seuls pays en Europe à ne pas avoir le remboursement, enfin, pas un remboursement complet de la désensibilisation. Il faut être asthmatique pour avoir un remboursement d'une désensibilisation.
- Speaker #0
Et encore sur certains allergènes.
- Speaker #1
Sur certains allergènes. Mais quand on voit qu'on a des familles d'allergiques, et donc, on doit choisir entre quoi ? Le fils, la fille, le père, la mère, ça devient problématique en fait. Donc tout le monde n'est pas...
- Speaker #2
On banalise un peu trop les allergies en Belgique.
- Speaker #0
Moi je suis allergique aussi, donc je sais à quel point ça peut être dérangeant. Je sais que des fois ça peut être difficile aussi de prendre ces traitements, mais on voit quand même que les gens sont de plus en plus sensibilisés et ils sont satisfaits de ce type de prise en charge. Et aussi, il y a certains médecins... certaines spécialisations qui banalisent des fois ces symptômes, parce qu'on se dit, c'est juste un nid qui coule, mais ça peut avoir une grosse répercussion sur la vie quotidienne, sur le travail, et donc qu'on les prenne au sérieux, je trouve que ça fait tout déjà pour les patients. Donc non, je pense qu'ils sont satisfaits.
- Speaker #2
C'est ça, donc il y a encore des choses à mettre en place, mais on voit que vos efforts paient aussi et que les retours sont positifs.
- Speaker #1
Oui, franchement, je trouve que par rapport à il y a 10 ans, en tout cas au niveau biologique, je trouve qu'on a beaucoup évolué. On essaye vraiment de mieux comprendre les mécanismes allergiques sous-jacents. Et puis, de ce côté-là, les firmes travaillent quand même. Donc, non, non, non, je pense qu'on a quand même bien évolué en allergologie. L'allergologie est une spécialité qui est quand même très jeune, elle a 40 ans. Donc voilà, en 40 ans, on a quand même fait pas mal de découvertes.
- Speaker #0
Et il y en a encore à faire.
- Speaker #2
Je propose qu'on s'arrête tout doucement là-dessus. Merci à tous les deux.
- Speaker #0
Merci. Merci.
- Speaker #2
Et merci à vous aussi de nous avoir suivis. On se retrouve tout bientôt pour un prochain podcast.