- Speaker #0
Je me rappelle j'étais dans un boulot et ça commençait vraiment, je me disais j'ai vraiment mal, où là ça commençait à être vraiment compliqué, genre j'allais au boulot et je me retrouvais avec plein de sang partout et je me suis dit c'est pas possible je viens de sortir de chez moi, c'est pas normal et là j'avais déjà été consulter une première fois en me disant c'est vraiment de plus en plus plus en plus abondant, il y a un truc qui va pas et là elle m'avait fait la première fois d'IRM, une IRM et il n'y avait que dalle. Elle m'a dit, revenez, si vraiment c'est continuel. Donc là, j'ai vraiment accepté de me dire, c'est normal, c'est normal. Et j'y suis retrouvée trois ans plus tard en me disant, non ça recommence, c'est un carnage. Et là, ils ont vu que c'était une endométriose profonde.
- Speaker #1
Ce témoignage, c'est celui de Pauline. Si les douleurs étaient bien présentes depuis ses premières menstruations, ce n'est qu'à 30 ans qu'elle a appris qu'elle souffrait en fait d'endométriose, Une maladie gynécologique chronique et complexe qui touche les femmes au cœur de leur féminité. Pour en parler, nous recevons aujourd'hui le docteur Céline Petit, coordinatrice de la clinique de l'endométriose du CHwapi.
- Speaker #2
Alors Céline, pour commencer, on sait qu'une femme sur dix est atteinte par cette maladie, l'endométriose, mais en quelques mots, est-ce que vous pouvez nous expliquer ce que c'est ?
- Speaker #3
Alors l'endométriose est la présence de cellules endométriales semblables à l'endomètre qui est la couche à l'intérieur de l'utérus, à l'extérieur de la cavité utérine, dans la cavité abdominopelvienne.
- Speaker #2
C'est vraiment une maladie à prendre en compte, comme on a dit, ça touche une femme sur dix, et pourtant on a l'impression que ça manque un peu de reconnaissance cette maladie aujourd'hui.
- Speaker #3
À l'heure actuelle, c'est une pathologie qui est complexe, qui nécessite pas mal de professionnels de santé, une approche pluridisciplinaire. Elle est sous- et surdiagnostiquée à l'heure actuelle, parce qu'on entend souvent, c'est un phénomène de société, comme certaines Instagrammeuses en parlent, on a l'impression qu'on a tous de l'endométriose parce qu'on a tous eu à un moment donné des douleurs de règles, mais elle est sous-diagnostiquée dans le sens que celles qui possiblement en ont sont aussi catégorisées et on ne les écoute pas forcément en consultation.
- Speaker #2
Et on l'a dit, les patientes qui en souffrent, ce sont des vraies douleurs. Est-ce qu'on peut préciser un peu les symptômes que ça contient cette maladie ?
- Speaker #3
Alors oui, le symptôme premier, c'est des douleurs pelviennes qui peuvent être aigües, cycliques, lors des règles mais qui peuvent devenir chroniques au fil du temps et en fonction des localisations on a aussi d'autres symptômes comme par exemple des douleurs pendant les rapports des douleurs en allant à selle pendant les règles mais aussi des symptômes urinaires qui sont aussi dans un premier temps qui peuvent être cycliques parfois des dames si elles ont de l'endométriose par exemple au niveau du diaphragme donc c'est le muscle qui sépare la cavité thoraciques et la cavité abdominale, peuvent avoir des douleurs à l'épaule de manière cyclique. Qu'on juge parfois dans un premier temps bizarre, on dit qu'elle a des douleurs comme ça, c'est bizarre. Mais en fait, elle a possiblement un nodule à cet endroit-là. Mais le maître mot, c'est la douleur au début qui est cyclique, vraiment à chaque fois qu'elle est réglée.
- Speaker #2
Vous l'avez dit, c'est cyclique, mais ce qu'il faut savoir aussi, c'est que l'endométriose, c'est une maladie chronique.
- Speaker #3
Oui, ces patientes qui ont de l'endométriose, on sait qu'en leur donnant un traitement hormonales qui leur conviennent peuvent récupérer un confort de vie parfois dans certains cas on les opère mais c'est effectivement une maladie qui est chronique parce qu'on sait que dans par exemple 30% des cas c'est une maladie qui a une origine génétique et donc c'est vrai que si dans la famille on a potentiellement la maman qui a eu de l'endométriose on se dit peut-être qu'elle a aussi Donc... la jeune fille ou la dame en âge de procréer en a potentiellement également. Parce que ces patientes viennent parce qu'elles ont des douleurs, mais elles peuvent venir aussi dans le cadre d'un désir de grossesse qui dure depuis un certain nombre de temps. Et on sait que l'endométriose est une cause d'infertilité.
- Speaker #2
Ça aussi, c'est peut-être un point sur lequel insister, c'est que les femmes qui souffrent d'endométriose peuvent aussi avoir des enfants.
- Speaker #3
Oui, elles peuvent avoir des enfants et même elles peuvent en avoir spontanément, c'est-à-dire sans aide médicale, en fonction du degré. Donc en fonction de leur bilan, on les laissera par exemple 6 mois à 1 an spontanés, donc elles essayent à la maison. Et puis en fonction, on pourra leur proposer par exemple des inséminations ou de la fécondation in vitro, mais d'office on ne passera plus à l'heure actuelle à la fécondation in vitro. sauf cas particuliers bien évidemment, en fonction de leurs dossiers médicaux.
- Speaker #2
Chaque personne qui en souffre a ses propres symptômes, est-ce qu'il y en a qui sont plus graves que d'autres ?
- Speaker #3
Alors oui, il y en a qui sont plus graves que d'autres, il y en a qui ont un seul symptôme, il y en a qui ont plusieurs symptômes, et c'est ça qui est vraiment particulier, parce qu'en consultation, une patiente n'est pas l'autre, il faut l'écouter, et c'est une pathologie complexe parce que certaines patientes peuvent avoir beaucoup de lésions quand on les voit dans leur pelvis et ne pas avoir beaucoup de symptômes et d'autres peuvent avoir quelques lésions et par contre ont vraiment une symptomatologie qui est importante.
- Speaker #2
Tout l'importance d'avoir créé cette clinique de l'endométriose qui a un peu plus d'un an, c'est bien ça ?
- Speaker #3
Oui,c'est ça. On l'a mise en place justement pour offrir à nos patientes une prise en charge multidisciplinaire. Et pour en fait réduire le délai de diagnostic en essayant qu'elle ne erre pas dans la nature pendant quelques années. Parce que le diagnostic moyen encore à l'heure actuelle est plus ou moins 7 ans. Parce que les douleurs de règles, ça peut être normal, parce qu'on ne les écoute pas forcément, parce qu'elles n'osent pas forcément en parler non plus.
- Speaker #2
Donc quand vous dites le diagnostic moyen c'est 7 ans, c'est 7 ans après que la maladie se soit vraiment déclenchée ?
- Speaker #3
Oui, ou bien à partir du moment où elle commence à dire j'ai des douleurs de règles, ça met plus ou moins 7 ans.
- Speaker #2
Donc il y a des patientes qui souffrent d'endométriose de manière génétique. Est-ce qu'il y a d'autres profils plus répandus ?
- Speaker #3
Oui et non. On sait par contre que l'endométriose est associée à d'autres pathologies, comme par exemple la fibromyalgie, les pathologies inflammatoires intestinales également. Parce qu'on sait que ce sont des pathologies qui jouent avec le seuil de la douleur et on sait que dans l'endométriose à l'heure actuelle, ces patientes ont... une réponse à la douleur qui n'est pas correcte en fait. Donc c'est pour ça que certaines sont plus sensibles à développer de la douleur que d'autres.
- Speaker #2
Et sur base de tout ça, à partir de quand faut-il vraiment consulter un spécialiste alors ?
- Speaker #3
Je pense qu'on peut d'abord en parler à son médecin traitant, voir un peu ce qu'il en pense et puis référer si nécessaire. Maintenant, nos patientes viennent régulièrement à la consultation gynécologique pour leur visite de routine. Elles peuvent en discuter à ce moment-là, mais souvent, elles n'osent pas, ou comme ça dure depuis des années, elles trouvent que c'est normal. Ici, nous, on a mis en place un questionnaire pour essayer, pas de trier ces patientes, mais de les prendre en charge dans un délai raisonnable, parce qu'on a peur, à un moment donné, que la consultation soit remplie de patientes qui pensent avoir, mais qui n'en ont pas forcément, alors qu'un bon questionnaire de base, l'anamnèse reste quand même la base de toute consultation, ce n'est pas seulement l'examen clinique ou les examens complémentaires, il faut écouter nos patientes, mais ça passe aussi par le médecin généraliste ou une bonne information aux patientes. C'est pour ça que l'année dernière, quand on avait mis en place la clinique de l'endométrie, on avait fait une soirée et on avait invité les médecins généralistes pour qu'ils soient avertis de tel ou tel symptôme. Maintenant, comme c'est une pathologie qui est complexe et vraiment avec une présentation qui est diverse, c'est parfois compliqué de les diagnostiquer dans un délai correct.
- Speaker #2
Il y a encore une forme de méconnaissance de la part du personnel médical sur cette maladie ?
- Speaker #3
Oui, parce que c'est des patientes qui ont longtemps été stigmatisées, parce que c'est des patientes qui se plaignent de douleurs. Et à l'heure actuelle, dans la population générale, on peut forcément prendre d'antidouleurs, alors que ça reste quand même un des premiers traitements à prendre. Théoriquement si on a vraiment mal on va prendre un antidouleur, il ne faut pas se laisser avoir mal. L'autre traitement qu'on préconise dans un premier temps c'est un traitement hormonal bien conduit. Et donc le but de ce traitement c'est parfois d'amener à une aménorée, donc une absence de règles, pas de règles, pas de douleurs. Maintenant à l'heure actuelle où on est dans le bio-bobo, les traitements hormonaux pendant des années, ils ont été vraiment malmenés. C'est pas bon, c'est pas bon. Mais nos patientes ne savent pas vraiment pourquoi c'est pas bon. Et quand vous posez la question à la consultation, elles vous disent c'est pas bon, mais elles ne savent pas forcément pourquoi. Donc il faut rappeler que oui, le traitement hormonal, c'est pas bon, mais au début de chaque consultation, on fait une bonne anamnèse. Et c'est vrai que si elles avaient une contre-indication, on ne leur proposerait par exemple pas. Mais on n'a pas de solution miracle. Ça passe par la prise d'antidouleurs et la prise d'un traitement hormonal. On peut parfois aller à la chirurgie, ça va les soulager pendant un certain temps. Il y a des dames qui vont être soulagées, ça ne va plus revenir. Par contre, il y a des dames, on va leur proposer de reprendre un traitement hormonal parce que comme une des théories de l'endométriose, c'est le reflux. Donc les cellules de l'endomètre, quand vous êtes réglée, vont passer par les trompes et va s'accrocher dans votre cavité abdominale. Le but, c'est de ne plus avoir ce phénomène pour éviter un maximum que ça ne revienne. Voilà, parfois en consultation, je pense qu'on n'a pas toujours le temps, on ne l'explique pas toujours comme ça. Le fait d'expliquer aux patientes, je reste persuadée qu'une patiente qui a compris pourquoi on lui donne un traitement va l'accepter et va le prendre plus facilement qu'une patiente qui dit « prenez ça et c'est tout ». Parce que si vous ne comprenez pas, vous n'allez pas le faire et vous allez être moins compliant.
- Speaker #1
Nous l'avons entendu, l'écoute des patientes qui souffrent d'endométriose est au centre des préoccupations du CHwapi. Lors de leur prise en charge, toute une équipe se met en marche pour les accompagner et les conseiller dans les meilleures conditions. On y retrouve notamment les diététiciens dont Aurélie Vandevoorde fait partie.
- Speaker #4
Les patientes sont envoyées à la consultation par le Dr Petit et c'est vrai qu'il est important d'expliquer aux patientes que c'est une prise en charge multidisciplinaire, de tenter d'améliorer des choses à plusieurs niveaux dans leur vie, notamment l'alimentation. Donc on va conseiller aux patientes de se tourner vers une alimentation déjà de base équilibrée et surtout de type méditerranéenne, qui aura des propriétés plutôt anti-inflammatoires, avec une consommation, de certains aliments... plus appropriés que d'autres. On va aussi s'attarder sur l'hygiène de vie de manière générale. Donc là, c'est vrai que lors de la première consultation, je pose diverses questions et j'amène les patientes aussi à s'observer au quotidien, tant d'un point de vue du sommeil, la gestion du stress au quotidien, l'activité physique qui est aussi importante, et bien évidemment, du coup, tout ce qui concerne l'hydratation et l'alimentation. D'un point de vue alimentation, cette fameuse alimentation méditerranéenne recommande d'augmenter la consommation d'oméga-3, notamment d'antioxydants, de vitamines, minéraux, donc une alimentation qui sera plus riche en végétaux, plus pauvre en graisse animale sauf le poisson, donc pour les oméga-3. Et donc c'est vrai que les graisses animales et les produits animaux de base, o n tend à les réduire un petit peu, mais sans les supprimer, puisque c'est vrai qu'on entend pas mal sur les réseaux sociaux, notamment que les protéines de lait peuvent être pro-inflammatoires. Le gluten aussi, on entend parfois des patientes qui arrivent en consultation en disant « on m'a dit que je devais faire une alimentation sans gluten ». Or c'est faux, d'un point de vue des études scientifiques, rien n'est prouvé à ce niveau-là. La seule recommandation serait vraiment une alimentation équilibrée, variée, qui va se tourner vers une alimentation riche en végétaux, en oméga-3, mais sans supprimer quoi que ce soit radicalement dans l'alimentation pour aussi pouvoir avoir une certaine qualité de vie en termes de plaisir de manger qui est aussi important.
- Speaker #2
C'est ça. Et à travers tous ces bienfaits d'une bonne alimentation, est-ce qu'on peut voir des effets concrets sur les symptômes, notamment de l'endométriose ?
- Speaker #4
C'est compliqué, surtout si elles viennent au départ dans la prise en charge. Si plusieurs choses sont mises en place, on ne sait pas dire si c'est l'alimentation qui va avoir un impact bénéfique. En tout cas, on peut espérer une amélioration des symptômes avec une réduction des douleurs. Notamment, on ne peut pas en tout cas dire que ça supprimera les symptômes, ça non. Mais comme je l'ai dit, ne changer que l'alimentation, très probablement que ça ne changera pas grand chose. Il faut évidemment, comme je disais, améliorer le sommeil s'il est de mauvaise qualité, améliorer la gestion du stress, si c'est compliqué pour certaines patientes. D ans mes consultations, c'est vrai que j'ai eu une patiente qui après ce mois d'observation qu'on fait au départ a pu remarquer qu'en fait c'était vraiment le stress qui accentuait les symptômes et son alimentation de base était déjà bien équilibrée. Donc ça lui a permis justement d'avoir ce recul et savoir quoi mettre en place pour la suite.
- Speaker #2
Ce qui est encourageant et je me demandais, est-ce qu'il y a aussi une relation de confiance qui s'installe avec les patientes que vous rencontrez en consultation ?
- Speaker #4
Bien sûr, c'est important cette relation de confiance. Je pense qu'elles ont besoin de se sentir écoutées. Pas juger, ça c'est hyper important, mais ça c'est pour n'importe quel patient de toute manière. Elles doivent se sentir comprises. Mais je pense que ce qui est important aussi, c'est de leur montrer qu'elles sont capables d'elles-mêmes mettre des choses en place. Et donc ce travail d'observation, d'auto-observation que je recommande chez beaucoup de patients, pas seulement les patients atteints d'endométriose, c'est très important parce que c'est directement leur donner les clés en main pour savoir quoi faire pour la suite. et pouvoir adapter tout au long de leur vie si c'est nécessaire.
- Speaker #2
Et ça c'est important, l'écoute comme vous le dites. Je sais que vous organisez aussi parfois des rencontres entre ces patientes, notamment à travers la pratique du yoga.
- Speaker #4
L'année passée, on a organisé une soirée, justement je pense la journée mondiale de l'endométriose, où on avait organisé une soirée avec au départ un atelier yoga, justement pour pouvoir pour amener les patientes à découvrir la pratique du yoga si elles ne connaissaient pas. Et ensuite, un atelier plus sur l'alimentation. Mais je pense que ce qui était aussi important, ce qui a été fort apprécié, c'est qu'elles aient pu se rencontrer, suite à cette soirée-là, elles ne se sentaient plus seules, elles savaient qu'il y avait d'autres personnes qui vivaient la même chose, elles ont pu parler ensemble, elles ont vraiment adoré ce moment partagé tout ensemble. Et c'est quelque chose que j'espère qu'on... On commencera les années suivantes.
- Speaker #1
Tout est mis en place pour offrir un espace de partage et de confiance à celles dont le diagnostic a déjà été posé. Mais l'endométriose reste parfois encore un sujet tabou, qui nécessite de faire de la prévention pour celles qui pourraient en souffrir, mais aussi pour leur entourage.
- Speaker #3
Je pense que même dans l'esprit de tout un chacun, une patiente qui a des règles douloureuses, une dame ou une femme, ça reste normal pour beaucoup. Le nombre de mamans que vous voyez en consultation avec leur jeune fille qui disent « oui, elle a mal pendant les règles, mais elle prend un antidouleur et elle va aller à l'école ». Puis quand vous écoutez la jeune fille, elle est pliée en deux, elle ne sait pas se lever, même avec l'antidouleur. C'est vrai qu'on n'ose pas encore trop en parler, j'ai l'impression, parce que ça reste tabou. Une femme qui a ses règles, elle ne va pas forcément le dire quand elle doit aller à la piscine. Comme si c'était encore vraiment quelque chose de tabou, qui n'est pas normal, et qu'on a honte de montrer, alors que c'est quelque chose qui est tout à fait naturel. Et maintenant, quand vous les mettez en confiance, vous parlez de la relation de confiance en consultation, après les langues se délient et elles parlent, elles parlent, elles parlent, et ça permet de leur dire aussi ce qui est normal ou pas, parce qu'il ne faut pas juste... parfois nous voir parce qu'il y a une pathologie. Comme on l'a dit, parfois sur les réseaux sociaux, on n'a pas la bonne information. Il ne faut pas hésiter à en parler à son médecin traitant, qui va nous référer ou non la patiente, ou prendre rendez-vous à la consultation pour poser des questions pour ne pas avoir ces retards de diagnostic, et puis pour ne pas avoir la mauvaise information et laisser parfois traîner des situations beaucoup trop longtemps, quitte à ne parfois pas venir nous voir tout de suite parce qu'elles jugent que c'est trop complexe et qu'on ne pourra pas les aider forcément ou que leur cas est désespéré. Parfois, il y en a qui arrivent, vous ne pourrez rien pour moi, j'ai déjà tout essayé. Alors, à voir en fonction de son dossier, mais parfois, on peut lancer des petits conseils comme aller voir Aurélie ou un diététicien. Maintenant, comme la diététicienne, souvent, elle ne veut pas y aller parce qu'elles ont l'impression qu'on va leur donner un régime drastique. Or, allez voir la diététicienne, ce n'est pas toujours un régime pour maigrir et on ne leur demande pas de perdre 20 kilos parce que ce n'est pas le profil de patiente qu'on a en consultation et ce n'est pas ce qu'on leur demande, mais c'est récupérer vraiment un confort de vie au quotidien. Aurélie parlait du stress de la fatigue, c'est vrai que ça joue plus on est fatigué, moins on tolère les choses et plus toutes les sensations seront décuplées je pense mais ça c'est pas seulement dans l'endométriose, c'est dans toute s autres pathologies qu'on peut potentiellement voir, et pas seulement en gynécologie, dans d'autres spécialités, c'est à nous de les accompagner au mieux, et de leur donner les cartes en main pour se prendre en charge. Maintenant, on peut leur parler de différentes choses, maintenant, après, c'est à elles aussi de faire le premier pas. On ne peut pas faire les choses à leur place, à l'heure actuelle, mais j'ai l'impression que parfois, elles ont peur de... passer le cap de peur d'être jugé, d'être jugé par leur entourage. Parfois, nous, on leur conseille pas seulement d'aller voir la diététicienne, mais parfois l'ostéopathe, le kiné, qui va pouvoir leur apporter des petites choses, parce qu'à force d'avoir mal, parfois, il y a des petites tensions qui s'installent, et quand on se met mal, après, on tolère moins. Aurélie parlait d'une activité sportive, on sait que le yoga peut être bénéfique, avec des exercices sur la respiration. De la respiration notamment au niveau du pelvis. Mais voilà, il faut qu'on les écoute et qu'on ne les juge pas. Maintenant, voilà, ce n'est pas pour ça que toutes les patientes ont de l'endométriose non plus. Mais juste les écouter, je pense que ça, c'est déjà une grande partie. Si vous faites ça en consultation, elles seront déjà très contentes. Même si finalement, vous leur dites à la fin, vous n'en avez potentiellement pas, madame. Mais comme elles ont été écoutées pendant 10, 15 minutes, 20, parfois 30, Elles se sont senties écoutées, on leur a expliqué oui, non, pourquoi potentiellement elle en a, pourquoi potentiellement elle n'en a pas, et c'est tout. Mais il ne faut pas être un non catégorique, non vous n'en avez pas, oui vous en avez. Je pense que ça ce n'est pas la bonne prise en charge avec ces patientes-là et avec aucune autre patiente ou patient.
- Speaker #2
Vous avez cité quelques métiers qui sont liés à cette prise en charge et à la clinique de l'endométriose, mais est-ce qu'il y en a d'autres aussi ?
- Speaker #3
Alors oui, il y a... les ostéopathes, les kinésithérapeutes, les diététiciennes comme on a déjà cité. Il y a bien sûr le gynécologue, le gynécologue chirurgien, puis les autres chirurgiens en fonction des localisations à qui on va demander de l'aide, le chirurgien urologue, le chirurgien digestif. Mais il ne faut pas oublier également la prise en charge qui est psychologique par nos psychologues, parce que parfois c'est un parcours long et compliqué. Et alors aussi comme ça touche au niveau du pelvis féminin et de l'intimité, parfois un... être prise en charge par un sexologue parce que comme ça peut donner également des douleurs pendant les rapports, il y a un cercle vicieux parfois qui s'installe, une perte de confiance en soi, une perte d'image. Et donc ce sont des professionnels qui vont permettre de les accompagner au mieux pour, pas redorer leur image, mais reprendre confiance peu à peu dans leur vie au quotidien et dans leur vie de femme.
- Speaker #2
C'est ça, donc tout est pris en compte, on optimise vraiment les différents services et ça montre bien aussi que chaque patiente est prise au cas par cas.
- Speaker #3
Oui, tout à fait. Au cas par cas, c'est pour ça qu'une patiente n'est pas l'autre et vous avez souvent en consultation une patiente qui va vous dire « oui mais ma voisine » , mais la voisine ce n'est pas elle et donc on ne connaît pas son dossier médical, on ne connaît pas exactement ce qu'elle a vécu. Donc vraiment au cas par cas et chaque situation est vraiment détaillée en fonction de ce que la patiente nous décrit. et ce que la patiente veut aussi.
- Speaker #1
Lors de cette prise en charge, tout est donc pris en compte, tant à travers les symptômes que le vécu de la patiente. En fonction de chacun des cas, différents traitements pourront alors être proposés.
- Speaker #3
Le traitement, c'est tout d'abord la prise d'antidouleurs bien conduit. Il y a aussi les traitements hormonaux. C'est vrai qu'ici sur le marché, il y a quelques molécules qui sont sorties, autres pour pouvoir améliorer le confort de ces patientes. Et au niveau du traitement, il y a toujours le traitement chirurgical dans certains cas. Avant, on disait qu'il fallait, pour être sûr qu'une patiente ait de l'endométriose, d'office l'opérer, ce qui n'est plus le cas à l'heure actuelle. On fait parfois un test sous pillule, c'est vrai que si ces symptômes diminuent ou si elle n'en a plus sous traitement hormonal bien conduit, pourquoi in fine aller l'opérer dans un premier temps ? C'est vrai qu'on opère une patiente en fonction de ses douleurs, en fonction de la localisation parfois ou de l'extension de la lésion, et parfois on les opère dans le cadre de l'infertilité. Maintenant, ce n'est plus la chirurgie première. Alors que pendant des années et des années, on disait, madame, pour être sûre que vous en ayez, il faut aller voir dans votre ventre. Mais in fine, si c'est pour après leur préconiser un traitement hormonal, pourquoi les opérer en première intention ? Ça reste une chirurgie avec une anesthésie qui est générale. Il faut juste leur rendre un confort de vie. Mais il n'y a pas forcément une nouvelle molécule miracle qui est encore sortie ces dernières années. Il y a plus plusieurs outils diagnostiques qui sortent de plus en plus. Avant, on disait qu'il fallait faire la chirurgie, puis il y a eu l'IRM pelvienne. Maintenant, on se spécialise de plus en plus dans l'échographie endovaginale, qui est à la portée en consultation. Donc, il ne faut plus attendre parfois 3-4 mois pour avoir son IRM, pour avoir son diagnostic, parce qu'on sait que l'IRM ne verrait pas tout non plus. Ça reste un diagnostic qui est clinique, radiologique et en fonction du désir de la patiente. C'est-à-dire, est-ce qu'elle vient pour ses douleurs, est-ce qu'elle vient pour infertilité ? Ça, c'est vraiment important. Opérer pour dire d'opérer, ça n'est plus la bonne prise en charge à l'heure actuelle, et il y a certaines lésions qu'on traite par traitement hormonal seul. Et on sait que ça fonctionne très très bien. Mais à l'heure actuelle, il faut qu'elle accepte le traitement hormonal. Comme on l'a dit précédemment, parfois, à l'heure actuelle, le traitement hormonal n'est pas... pas du tout bien pris en compte, pas bien considérés par les images qu'on a véhiculées ces dernières années avec certaines pillules. Mais voilà, on y arrive de temps en temps et les patients qui comprennent pourquoi le prennent, le prennent finalement et sont vraiment très contentes.
- Speaker #2
C'est ça, et on voit à travers ça l'évolution aussi qui est assez récente finalement du traitement de cette maladie. Est-ce qu'il y a quand même encore d'autres pistes de recherche prochainement ?
- Speaker #3
Alors ici, au niveau piste de recherche, il y a l'endotest, le test salivaire pour détecter l'endométriose, qui aurait vraiment une fiabilité à 95%. Ici, ça avait été mis en place dans certains pays, notamment en Suisse. C'est un test qui a un coût, je pense qu'il coûte entre 800 et 900 euros, qui n'est pas remboursé à l'heure actuelle. Il n'y a pas de réelle étude qui avait vraiment... vraiment statué sur le bénéfice ou non de ce test. Donc ici en France, depuis février 2025, ils l'ont mis en place et mis à disposition dans le cadre toujours d'une étude pour voir la faisabilité et la fiabilité du test. Donc certaines patientes en France vont bénéficier de ce test, je pense, gratuitement. Ici en Belgique, ce n'est pas encore le cas. Ici en Belgique, on est plutôt vraiment dans l'organisation du système de santé autour de l'endométriose, avec la création des cliniques de l'endométriose, mais aussi des cliniques plutôt en périphérique qui vont référer à des centres plus experts, parce qu'on ne fait bien que ce qu'on fait souvent et donc des cas particuliers d'endométriose, certaines lésions d'endométriose, on n'en a pas souvent, donc on les réfère à ceux qui sont plus habitués et experts. Donc c'est vraiment une collaboration ici qu'on met en place pour prendre en charge ces patientes correctement et le plus rapidement possible.
- Speaker #2
Et ça c'est assez récent, ça ne fait que deux ans finalement. Est-ce que vous sentez quand même que ça porte ses fruits cette organisation ?
- Speaker #3
Ça porte ses fruits et on met en place une belle collaboration avec les centres experts. On essaye, on dialogue directement avec eux, directement avec le service. Comme ça, la patiente ne doit pas téléphoner et avoir un rendez-vous dans six mois, en fonction du degré de gravité. Tout ne nécessite pas forcément une prise, enfin un avis chirurgical dans les centres experts. Mais on met de plus en plus en place pour le bien-être des patientes et pour une prise en charge plus rapide. En collaboration avec nos chirurgiens du CHwapi, avec d'autres collègues gynécologues, avec le service de procréation médicalement assistée et tous ces services au sein des centres experts à Bruxelles ou autres à Liège. Donc même en France, ils développent parfois certaines techniques qui sont bien pour nos patientes et on les réfère à l'hôpital qui peut le mieux la prendre en charge.
- Speaker #2
Et à travers ce genre d'exemple, on voit bien que finalement l'endométriose n'est pas une fatalité, qu'il y a une prise en charge qui est optimisée et avec beaucoup d'énergie de la part des différents acteurs de la santé. Et justement, si on devait finir sur un dernier point, ce serait peut-être d'insister aussi sur le fait que les patientes sont elles-mêmes actrices de leur prise en charge.
- Speaker #4
Exactement, que la clinique de l'endométriose et toute l'équipe qui entoure ces patientes-là sont là pour les aider dans cette démarche, mais qu'avant tout, ce sont à elles d'être actrices de leur prise en charge. Elles doivent venir vers nous et nous demander de l'aide en cas de besoin. Et nous, on va pouvoir les aider à essayer d'améliorer leur qualité de vie en leur apportant des conseils dans ce but-là.
- Speaker #2
C'est ça, et avancer les mains dans la main. On va s'arrêter tout doucement. Merci à toutes les deux. Et merci aussi à vous de nous avoir suivis. On se dit à tout bientôt pour un prochain podcast.