Speaker #0Dans cet épisode, Christian Duquennoi nous raconte l'histoire passionnante des déchets. Savons-nous ce que sont réellement les déchets ? La nature fait-elle des déchets ? Nos déchets ont-ils une histoire ? Quelle est la place de l'économie circulaire ? Donc on va parler de déchets ce soir et d'une grande histoire de déchets que vous n'avez peut-être pas l'habitude d'entendre, puisqu'on va essayer de remonter - alors on ne le verra pas tout à fait jusqu'au Big Bang, mais pas loin. Alors je vais structurer ma présentation de ce soir en questions en fait, en commençant par une question un peu fondamentale et conceptuelle, mais ne vous inquiétez pas, je vais vous guider à travers ces concepts. De quoi déchets est-il le nom ? De quoi on parle quand on parle de déchet(s) ? Avec le pluriel, le S du pluriel entre parenthèses et je vous expliquerai aussi pourquoi. Une deuxième question, la nature fait-elle des déchets ? Alors, si on pose la question et si j'y consacre un ouvrage, c'est que la réponse est oui et j'essaierai de vous expliquer aussi pourquoi. Nos déchets ont-ils une histoire ? Et évidemment, oui. Et quelle histoire ? J'essaierai de vous en conter quelques bribes. Et puis, on terminera par une question avec un petit jeu de mots : les déchets tournent-ils bien rond ? Je vous parlerai d'économie circulaire.
Alors, de quoi les déchets sont-ils le nom ? Vous allez me répondre, on sait tous ce que sont les déchets. C'est ça, on les a dans notre poubelle, dans notre cuisine, on l'a en bas de chez nous. Et puis, on se rend compte qu'ils sont là quand il y a une grève des éboueurs par exemple. Là c'est une photo que j'ai prise dans Paris il y a quelques années, quand on a eu une grève d'éboueurs, et là on les voit bien. Mais est-ce que c'est aussi simple que ça, les déchets ? Est-ce que ça se résume à ça ? Alors tout d'abord, comme je vous le disais, il y a déchets au pluriel et déchet au singulier. Les déchets au pluriel, ce sont ce qu'on appelle des entités matérielles, c'est de la matière, des objets, des choses, qu'on peut rencontrer au coin de la rue ... Voilà, des déchets qu'on a l'habitude de voir, qu'on appelle aussi les ordures ménagères, puis des choses qu'on a un peu moins l'habitude de voir, comme sur cette photo, des déchets de démolition, qui sont une matière très différente de ce qu'on a dans nos poubelles. Et donc, on a aussi beaucoup d'autres choses, et on va les rencontrer ce soir au cours de cette conférence, d'autres types de matières, beaucoup plus surprenantes pour certaines d'entre elles, en tant que déchets. Et puis, il y a le déchet. En tant que concept, on entend souvent parler, alors là c'est un diagramme que j'ai extrait de publications scientifiques et institutionnelles sur l'économie circulaire, je reviendrai sur ce diagramme, cette pyramide inversée qui est célèbre dans le monde des déchets et de l'économie circulaire, et on parle parfois de déchet évité - au singulier - voire même de non-déchets. Donc là on est sur quelque chose d'assez conceptuel. C'est un concept, et on le verra, qui se veut unifiant, pour unifier toutes ces entités matérielles diverses et variées, et aussi parler de quelque chose d'un peu conventionnel. Et là aussi, j'essaierai de vous guider dans ces conventions, dans ces définitions des chaînes. Alors, est-ce qu'il est possible d'unifier toutes ces entités matérielles dans un même concept ? Ça, c'est la question qu'on peut se poser scientifiquement quand on s'intéresse à la question déchets pluriels, déchet singulier. Et quand on fait une petite revue de littérature, comme aiment les faire les scientifiques, la littérature scientifique, la littérature institutionnelle, on se rend compte qu'il y a de très nombreuses définitions du terme déchet, selon les disciplines, selon le type de déchet, selon les gens qui en parlent. On peut observer dans ces différentes littératures deux notions principales, deux familles de notions principales. La notion de perte d'utilité, d'inutilité des choses, des matières, voire de leur nocivité, de leur dangerosité. Et puis on a aussi une notion d'élimination, voire d'excrétion, dans le cas de certains types de déchets liés aux vivants. Donc la nécessité de les faire sortir, de les éliminer. Étymologiquement, élimination, ça vient du latin, sortir des limites, des limesses, des frontières. C'est sortir les choses de chez soi. Quand on sort les déchets de chez soi, on les élimine d'une certaine façon. Et c'est très lié dans les définitions à ce concept de déchet. Et curieusement, les définitions qui incluent ces deux notions et en particulier leur relation de causalité, on les élimine pourquoi ? Parce qu'elles sont, ces choses-là, inutiles pour nous, voire dangereuses. Et bien très curieusement, les définitions qui incluent ces deux notions sont rares. Et je vais prendre pour exemple la définition de déchet de l'Union européenne, avec la directive dont je vous passerai le détail de la nomenclature. et qui est une définition qui est reprise aussi dans le droit français, qui définit le déchet comme toute substance ou tout objet dont le détenteur se défait ou dont il a l'intention, voire l'obligation, de se défaire. Donc on voit que la seule notion centrale dans ce texte réglementaire, officiel, c'est lié à ce que j'ai appelé la notion d'élimination, d'excrétion, c'est quelque chose dont il faut se débarrasser, et on ne nous dit rien du tout sur la cause. de ce besoin, voire de cette obligation de s'en débarrasser. Et la définition la plus complète, ça peut sembler paradoxal quand on aborde le sujet, c'est la définition des déchets métaboliques. Alors les déchets métaboliques, c'est défini, alors je me suis inspiré de Wikipédia, mais dans Wikipédia elle n'est pas complète, et quand on cherche, quand on fouille les bouquins de biologie, on ne trouve pas mieux. Donc les déchets métaboliques sont définis en biologie. comme des substances issues du métabolisme. Alors le métabolisme dans un organisme vivant, c'est l'ensemble des réactions biochimiques qui vont permettre à l'organisme de fonctionner. Donc les substances issues de ce fonctionnement de l'organisme vivant, inutiles ou toxiques pour l'organisme, et qui par conséquent, donc on a bien la première notion d'inutilité, voire de nocivité, et la notion de causalité, qui par conséquent doivent être éliminées par excrétion. Et je me suis longuement demandé pourquoi, dans les textes réglementaires officiels, on n'était pas aussi précis qu'en biologie. Je n'ai pas la réponse, mais pour nous permettre d'explorer ce concept de déchet et puis cette grande histoire des déchets, et pas uniquement des déchets que nous on produit en tant qu'êtres vivants ou en tant que société humaine, j'avais envie d'explorer un petit peu plus cette notion de façon plus fondamentale. Et je me suis amusé à proposer une définition plus inclusive, un petit peu plus universelle, pour explorer l'étendue de ce concept. Alors je vous propose cette définition-là pour pouvoir explorer cette grande histoire des déchets. Je vous propose de définir les déchets comme toute matière résultant du fonctionnement d'un système, et je reviendrai avec vous sur ce qu'on appelle un système, et qui n'offre aucun bénéfice au maintien dans le temps de ce système, voire à la reproduction du système, alors là c'est vraiment spécifique et dédié aux organismes vivants, donc c'est-à-dire toute matière qui n'a aucun rôle, aucune fonction, aucune utilité, ni aucune valeur pour le système en question. Donc ma définition, je l'associe vraiment à un système qu'on étudie. Et par système, qu'est-ce qu'on entend en général ? C'est un ensemble d'éléments qui interagissent selon un ensemble de règles et de principes. Donc c'est quelque chose qui est... un peu plus complexe qu'une simple réaction chimique, par exemple. Ça peut aller jusqu'à un organisme vivant, à une société humaine. Et on va voir qu'il y a des systèmes aussi qu'on appelle abiotiques, qui ne sont pas du domaine du vivant, et qui produisent aussi des déchets. Et c'est là qu'on a souvent des surprises, quand on les explore, ces systèmes-là, avec ce type de concept de déchets. Et donc, je vous propose ensemble de faire cette exploration depuis le Big Bang jusqu'à nos jours. voir comment la nature fait des déchets depuis longtemps. Alors, depuis longtemps, mais pas tout à fait depuis le Big Bang, parce que des systèmes ou des composants sont en interaction. Finalement, on les a, il faut attendre, après le Big Bang, les premières étoiles se former, et ça, c'est 100 millions d'années après le Big Bang. Mais pour le titre d'un ouvrage, l'Odyssée des déchets... Depuis 100 millions d'années, après le Big Bang, jusqu'à nos jours, c'était un petit peu complexe. Et donc vous nous pardonnerez la petite approximation de 100 millions d'années. Alors pour rappel, le Big Bang c'était à peu près il y a 14 milliards d'années. Donc plus ou moins 100 millions d'années, on peut faire une première approximation. Les astrophysiciens me maudiraient, mais voilà, je vous propose de faire cette approximation. Donc on va se mettre il y a 100 millions d'années. où on a la formation des premières étoiles et ce qu'on appelle la nucléosynthèse stellaire, c'est-à-dire la formation de premières réactions qui vont donner une grande famille d'atomes à l'intérieur des étoiles. Et vous me direz, quel est le rapport avec les déchets ? Je vais y venir. Donc ces étoiles de première génération, elles sont très massives, beaucoup plus massives que notre Soleil puisqu'elles sont 15 à 30 fois plus massives. Et ce sont des grosses boules d'hydrogène, d'hydrogène chaud, avec un petit peu d'hélium et de lithium. Mais on va, pour simplifier les choses et ne pas prendre trop de temps ce soir, parler de grosses boules d'hydrogène. Et puis, elles sont tellement massives qu'au cœur de l'étoile, les forces de gravitation... vont confiner l'hydrogène jusqu'à lui faire atteindre des températures de plusieurs millions de degrés Kelvin, là et dans des conditions de pression et de température, là où ce qu'on appelle la fusion thermonucléaire est possible. Donc ici, vous voyez les atomes d'hydrogène notés H vont fusionner pour donner naissance à des atomes d'hélium et surtout libérer énormément d'énergie. Cette énergie va avoir un effet, c'est-à-dire qu'elle va compenser les forces de gravitation qui tendent à faire s'effondrer l'étoile sur elle-même. L'énergie produite par la fusion va tendre à faire presque exploser l'étoile, en tout cas à la faire s'étendre. Ce qui va se passer, c'est que dans ces grosses étoiles, comme dans toute étoile, on va avoir ce qu'on appelle un équilibre hydrostatique, c'est-à-dire que les forces centrifugent, pour aller vite, vont compenser et vont égaler les forces centripètes qui vont vers le centre et l'étoile va être en équilibre pendant que tout le fonctionnement, pendant qu'on a ce réacteur de fusion qui fonctionne à la fusion. Alors si on applique la petite définition universelle ou inclusive de déchet à ce système-là, on se rend compte qu'on peut considérer légitimement l'hélium comme un déchet. Puisque une fois qu'il est créé au cœur de l'étoile, une fois qu'il y a eu la fusion, cet hélium n'est plus du tout utile au maintien de cet équilibre hydrostatique qui fait que l'étoile fonctionne, que le système fonctionne. Donc le vrai produit utile, efficace pour l'étoile, c'est l'énergie qui permet de maintenir cet équilibre. Et l'hélium peut être légitimement considéré comme un déchet. Et j'en veux pour preuve que quand on regarde une étoile artificielle comme... le réacteur de fusion ITER, qui est un réacteur expérimental installé en France. Et bien contrairement à l'étoile qui est un système fermé, on ne fait pas rentrer de matière une fois que l'étoile est constituée et il n'y a rien qui peut en sortir à part quelques particules, quelques photons énergétiques et quelques particules de matière. Et bien le système ouvert, lui, fonctionne sans... que les déchets s'accumulent à l'intérieur du système et on est même obligé de les évacuer, technologiquement dans ces systèmes-là. On est obligé d'évacuer l'hélium, ce qu'on appelle le pompage de l'hélium, dans le jargon des ingénieurs de ce type de réacteur. Sans le pompage de l'hélium, le réacteur s'étouffe. Donc ça montre bien que cette production d'hélium, cet hélium à l'intérieur d'un réacteur de fusion, c'est quelque chose qui est inutile, voire qui peut nuire au bon fonctionnement du système. Dans une étoile, l'hélium reste au cœur. Comme je vous le disais, il y a d'autres éléments qu'on peut aussi considérer comme des déchets, puisqu'ils ne participent pas à l'équilibre hydrostatique de l'étoile. C'est le rayonnement électromagnétique à différentes longueurs d'onde, différentes énergies des photons, et puis des protons, des électrons, qui provoquent ce qu'on appelle les vents solaires. Donc ce sont des choses qu'on n'a pas l'habitude de considérer comme des déchets. La lumière du soleil, il n'y a pas beaucoup de gens qui en parlent comme du déchet. Alors dans ces étoiles massives, on ne s'arrête pas à la création d'hélium à partir de la fusion de l'hydrogène. C'est qu'en fait, l'hélium va se former, le noyau d'hélium va gonfler à l'intérieur de l'étoile, et puis on va avoir des températures de plus en plus importantes. Alors je ne vais pas rentrer dans les détails de toutes ces étapes. Ça prendrait trop de temps, mais on voit que la première étape de fusion de l'hydrogène pour créer de l'hélium, c'est 7 millions d'années. Et puis au fur et à mesure, les étapes sont de plus en plus courtes. Et puis on va créer à l'intérieur de cette étoile différents types d'atomes, l'oxygène, le carbone, le néon, etc. Et donc on commence à remplir ce qu'on appelle le tableau des éléments, le tableau de Mendeleïev, au cœur des étoiles. Et donc on a cette structure en pot d'oignon. où on a une structuration des différentes familles d'atomes à l'intérieur de l'étoile. Et si on regarde à nouveau avec la loupe, le déchétoscope, le rudoscope, la façon de regarder les systèmes avec un regard sur les déchets, on se rend compte qu'à l'étoile, à l'intérieur, il y a du recyclage de déchets. Parce que l'hélium qui, dans la première phase de nucléosynthèse, qui était la fusion de l'hydrogène, quand les températures et les conditions sont suffisantes, ce premier type de déchet va être recyclé et va être réutilisé, va reproduire de l'énergie à nouveau puisqu'on va avoir de nouvelles réactions de fusion, et puis va conduire à la création de nouveaux éléments. jusqu'à le noyau de fer. Et là, ça prend un jour à l'intérieur d'une étoile massive. Et qu'est-ce qui se passe ? C'est que là, la fusion du fer réclame beaucoup trop d'énergie que l'étoile ne peut pas fournir avec ses forces de gravitation. Et du coup, les réactions de fusion diminuent, s'arrêtent, et ne peuvent plus compenser les forces de gravitation. Donc on n'a plus cet équilibre électrostatique qui est rompu. Et l'étoile s'effondre sur elle-même. Le cœur devient une étoile à neutrons, les couches extérieures s'effondrent sur le noyau de fer, rebondissent dessus, et l'étoile explose. C'est ce qu'on appelle une supernova. Ce qui se passe est aussi extrêmement intéressant, parce que l'énergie qui est dégagée par cette explosion va permettre de nouvelles réactions de fusion, qu'on appelle la fusion explosive, dans les couches extérieures de la supernova. Et là, on va terminer tous les autres éléments qui n'avaient pas été formés en... en nucléosynthèse stellaire au cœur de l'étoile. Et là, on a tous les atomes qu'on peut trouver dans l'univers qui viennent de ces étoiles massives et de l'explosion supernova. Donc on peut finalement en conclure de cette première exploration, peu de temps après le Big Bang, que non seulement nous sommes tous des poussières d'étoiles, comme le disait Hubert Reeves dans un célèbre ouvrage en 1984, mais on pourrait dire, alors c'est un petit peu moins poétique, que nous sommes tous des déchets d'étoiles, puisque... Nous sommes constitués essentiellement d'oxygène, de carbone, d'hydrogène et d'azote. Et que tout ça, ça a été à un moment le déchet du fonctionnement d'une étoile. Et puis on vit en plus grâce à l'énergie du soleil, qu'on peut aussi considérer comme un déchet, en tout cas du point de vue de l'étoile. Pour nous, ce n'est pas un déchet, mais du point de vue de l'étoile, c'est un déchet. C'est quelque chose même dont elle se débarrasse finalement. Alors, on va continuer notre voyage et on va se placer après la formation de notre Soleil, qui est 9 milliards d'années après le Big Bang. Donc on fait un grand saut. Donc on se retrouve, alors on change un petit peu la façon de compter. Quand on fait de l'astrophysique, on compte les milliards d'années après le Big Bang, et puis quand on va s'intéresser à la biologie, on compte en milliards... centaines de millions et millions d'années avant nous, depuis notre époque. Donc il faut faire une petite gymnastique, mais voilà. Si on fait le compte, 9 milliards d'années plus 4,6, on est à 13,6 milliards d'années après le Big Bang. Aujourd'hui, le compte est bon. Donc on va continuer, on va suivre la formation du Soleil, la formation de la Terre, de l'hydrosphère, l'eau qui se crée sur la Terre. qui est formé sur Terre, qui forme une hydrosphère. Et puis le vivant qui apparaît petit à petit à partir d'une chimie prébiotique. Alors les frontières du vivant à partir du non-vivant sont extrêmement difficiles à établir et c'est vraiment une progression sur pratiquement un milliard d'années jusqu'à ce qu'on appelle le monde ADN et le premier... ancêtres communs à tous les organismes vivants aujourd'hui, qui se situent aux alentours de, il y a 3,6 milliards d'années. Et je vais vous amener dans cet univers là. Alors, qu'est ce qui se passe sur Terre à cette époque là ? On a des conditions de vie pour les premiers organismes qui ne sont pas du tout celles qu'on a l'habitude de rencontrer pour le vivant aujourd'hui. Donc, il fait en surface de la Terre parce que une des hypothèses sur l'apparition du vivant sur Terre, c'est dans les lagunes en surface. Il y fait 70 degrés parce qu'on a un fort effet de serre avec dans l'atmosphère beaucoup de vapeur d'eau, du dioxyde de carbone, du méthane, etc. Des gaz qui pour nous semblent tout à fait hostiles aux vivants. La seconde hypothèse, c'est l'apparition du vivant au fond des océans dans des sources hydrothermales. Alors là, c'est encore pire. On est à une température entre 400 et 90 degrés, à grande profondeur. Par l'effet de la pression, on a de l'eau liquide dans ces grandes profondeurs jusqu'à 400 degrés. Et puis là aussi, un environnement gazeux qui nous paraît hostile avec du méthane, du dioxyde de carbone, de l'hydrogène, du sulfure d'hydrogène, etc. Alors on ne connaît pas évidemment les formes du vivant à cette époque-là. On n'a pas de fossiles, mais on a des modèles actuels vivants, des organismes vivants actuels qu'on appelle les organismes extrémophiles. qui vivent par exemple comme c'est le cas des archées qui ne sont pas tout à fait des bactéries, qui sont une autre branche du vivant, mais qui sont des micro-organismes également. Donc on voit sur l'échelle ici, ce sont des organismes qui font un tout petit peu plus d'un micron. Chaque petite cellule ici, chaque petite saucisse cocktail est une archée méthanogène extrémophile. Donc elles vivent jusqu'à plus de 100 degrés à 2000 mètres de profondeur en absence d'oxygène. L'oxygène leur est absolument toxique et mortel. Et elles vivent en consommant du dioxyde de carbone, CO2, et de l'hydrogène gazeux, H2. et elles produisent du méthane, CH4, et puis également de l'eau. Donc elles produisent des choses qui sont compatibles avec ce qu'était la composition de l'atmosphère il y a très longtemps, il y a 3,6 à 3,5 milliards d'années. Et puis, il y a 3,5 milliards d'années, on a une sorte de révolution dans les métabolismes. On voit l'apparition de micro-organismes. qui vont réaliser le métabolisme de la photosynthèse. Comme les plantes aujourd'hui, mais ce n'est pas vraiment leurs ancêtres, mais les plantes fonctionnent avec le même type de métabolisme. Ce qu'on a appelé les cyanobactéries, qui vont tirer leur énergie de la lumière et qui vont consommer du dioxyde de carbone et produire pour la première fois une molécule un petit peu nouvelle sur Terre, l'oxygène gazeux O2. C'est révolutionnaire mais ça présente un grand danger parce que c'est toxique l'oxygène pour les organismes de cette époque là. Et elles vont tellement réussir ces cyanobactéries parce qu'elles utilisent la phosphosynthèse et ça leur donne un grand avantage compétitif sur les autres micro-organismes, que pendant un milliard d'années l'oxygène va s'accumuler d'abord dans les roches et on en a des témoins dans ce type de roches qu'on appelle des gisements de faire rubaner. On voit des couches ici de fer oxydé qui donnent cette teinte rouge. Et on est capable, les géologues sont capables de dater ces roches. C'est grâce à eux qu'on connaît cette histoire. Et une fois que les roches vont être saturées d'oxygène, ce sont les océans qui vont voir leur concentration d'oxygène augmenter. Et puis une fois que les océans sont saturés, c'est l'atmosphère qui va voir ses concentrations d'oxygène augmenter jusqu'à... on suppose à peu près 10%, sachant qu'aujourd'hui on est aux alentours de 20% d'oxygène dans notre atmosphère actuelle. Alors il y a deux effets principaux, un qui est avéré, qui est un fait scientifique, l'autre qui n'est pour l'instant qu'une hypothèse. Le premier effet c'est la toxicité, comme je vous disais, de l'oxygène, qui quand l'oxygène pénètre dans les organismes, encore aujourd'hui, va... faire se libérer des radicaux libres qui sont fatales. Alors à l'époque, pour les membranes cellulaires de l'époque, nous on vient d'une longue lignée qui a pris à faire avec l'oxygène, on verra pourquoi et comment. Et pour nous, l'oxygène est moins toxique, en tout cas, que pour les organismes de cette époque-là. Et donc l'accumulation d'oxygène dans tous les compartiments des écosystèmes va menacer la vie de tous les organismes, y compris des cyanobactéries elles-mêmes, qui produisent cet oxygène. Le deuxième effet plus hypothétique est la consommation de gaz à effet de serre, à la fois par oxydation du méthane par l'oxygène et puis par piégeage du CO2 dans les océans. Puisque les cyanobactéries sont très gourmandes en oxygène et qu'elles vont être très nombreuses, on va avoir une déplétion des gaz à effet de serre et on va jusqu'à avoir possiblement, alors ce n'est qu'une hypothèse, une glaciation. Certains scientifiques ont émis l'hypothèse que la Terre s'est recouverte de glace et ont donné le nom de glaciation huronienne à cet épisode il y a 2,3 milliards d'années. Alors on peut en tirer des enseignements généraux, et puis vous me direz si ces enseignements font écho à des questions actuelles. Donc un type d'organisme qui colonise toute la planète, comme l'ont fait les cyanobactéries, sans concurrence réelle. ça présente un vrai danger. Produire des déchets toxiques, à la fois pour les autres organismes et pour soi-même, ce n'est pas forcément une très bonne idée. Et puis, accumuler des déchets dans tous les compartiments de la planète semble être aussi une très mauvaise idée. Toute ressemblance avec des faits actuels ne serait pas du tout fortuite. Donc, il y a 2,3 milliards d'années, tout aurait pu s'arrêter. Évidemment, ça ne s'est pas fait, ce n'est pas la fin de la vie. Pourquoi ? On a plusieurs hypothèses. On pense que des poches de vie ont pu persister au fond des océans, et là où la glace ne recouvrait pas les océans, si l'hypothèse de la glaciation huronienne est vraie. On a aussi les volcans, heureusement, qui restent en activité, qui vont continuer à rejeter des gaz à effet de serre. Et puis, l'explication pour laquelle ça a pu reprendre, c'est qu'effectivement, ça pourrait confirmer indirectement cette hypothèse de la glaciation huronienne. c'est que... Ces gaz à effet de serre ne pouvaient plus être piégés par les océans qui étaient recouverts de glace, donc on a à nouveau une reprise des montées en température, et puis la glace aurait fondu, et donc on sait qu'il y a eu une explosion de la vie après cette menace qui a pesé il y a 2,3 milliards d'années sur les micro-organismes. Et là, on voit une nouvelle révolution, un nouveau micro-organisme, alors qu'il n'apparaît pas comme ça par un coup de baguette magique, mais qui est le fruit de longues mutations pendant de longues centaines de millions d'années. Donc, 2,3 milliards d'années, grosse crise du vivant à cause de l'oxygène, ce qu'on appelle là aussi la grande oxydation. 100 millions d'années plus tard, une nouvelle lignée de bactéries apparaît qui va profiter de la présence d'oxygène. et qui va l'utiliser comme ressource, qui va consommer de l'oxygène et qui va produire du dioxyde de carbone. Donc ça, on connaît, c'est notre respiration actuelle. C'est la façon dont nous, on tire de l'énergie à partir de l'oxygène. Alors le premier effet, c'est que l'oxygène, moi je la compare souvent, la molécule d'oxygène O2, de l'oxygène gazeux à une espèce de... de boules de bowling dans un jeu de quilles. Ça peut être très destructeur, c'est ce qui s'est passé avec les premiers organismes pour lesquels cette molécule était toxique, mais c'est aussi très énergétique. Et donc, les métabolismes et les organismes qui, par mutation et sélection naturelle, peuvent se servir de cet oxygène comme source d'énergie vont être très compétitifs et vont... permettre l'émergence de formes de vie nouvelles qui vont être de plus en plus complexes et qui vont mener jusqu'à des choses, à des formes de vie qu'on connaît bien. Donc ça va être d'abord l'apparition des cellules qu'on appelle eucaryotes, des cellules à noyaux. Les organismes précédents, les bactéries, les archées, n'ont pas de noyaux à l'intérieur des cellules, contrairement à nous qui sommes un organisme eucaryote. Les organismes pluricellulaires, donc composés de plusieurs ou de très nombreuses cellules, comme nous. La reproduction sexuée est permise grâce à cet apport d'énergie de la respiration. et de l'utilisation de l'oxygène, évidemment la mobilité. Et puis on va voir apparaître les plantes, les animaux, et qui vont conquérir les terres émergées, et jusqu'aux formes de vivants qu'on connaît aujourd'hui, aux écosystèmes qu'on connaît aujourd'hui. Et cette bactérie, cette petite bactérie qui est à l'origine de tout ça, nous a transmis son mode de respiration en héritage, et on l'a toujours un peu en nous, sous la forme de mitochondries, qui nous permettent ce métabolisme, l'utilisation de l'oxygène comme source d'énergie en nous. Le deuxième effet, alors là on va revenir aux déchets, l'apparition de cette bactérie qui va utiliser l'oxygène, qui va respirer de l'oxygène, va inaugurer ce qu'on appelle les syntrophies, c'est-à-dire qu'on va avoir coopération entre deux micro-organismes, ici deux cyanobactéries et puis des bactéries aérobies, l'un est le récicleur des déchets de l'autre et réciproquement. On va voir que... Les cyanobactéries consomment le dioxyde de carbone, qui est le déchet des bactéries aérobies, et puis elles fournissent de l'oxygène, qui pour elles est un déchet, mais qui pour les bactéries aérobies est une ressource. Donc on a un véritable échange, et puis quelque chose qui ressemble à un cercle, une circularité, et on verra, c'est le début de ce qu'on va nous appeler l'économie circulaire. Ça démontre aussi... Bye. Quelque chose qui est fondamental et donc qu'il faut bien avoir en tête, c'est que la notion de déchet est absolument relative à son producteur, à ce que j'ai appelé un système au départ. Ce qui est le déchet pour un système ne l'est pas forcément pour un autre, et peut même être une ressource pour un autre. Et comme je vous le disais, ça préfigure ce qu'on appelle aujourd'hui l'économie circulaire, mais ne brûlons pas les étapes, on va passer par ce qui se passe dans les écosystèmes complexes. comme par exemple ici une forêt tropicale, donc un écosystème terrestre forestier, qui pour la plupart d'entre eux fonctionne sur ce principe de circularité. Alors comment ça se passe dans ce type d'écosystème ? On a d'abord ce qu'on appelle un premier compartiment, une première famille d'organismes qu'on appelle les producteurs, parfois les producteurs primaires. Dans une forêt de ce type, ce sont les végétaux qui... ont comme ressource l'énergie solaire, puisque c'est essentiellement des organismes photosynthétiques. Donc vont utiliser l'énergie solaire, vont utiliser le dioxyde de carbone et de l'eau, ainsi que les minéraux présents dans le sol, la plupart du temps, et vont produire comme déchets essentiellement de la chaleur, de l'eau et de l'oxygène. L'oxygène, je vous le rappelle, pour nous ce n'est pas un déchet, mais pour les végétaux c'est un état. Et puis il y a un second compartiment qu'on appelle le compartiment des consommateurs, comme leur nom l'indique, d'organismes qui vont consommer des organismes producteurs. Par exemple, dans une forêt, les animaux qui vont se nourrir des végétaux et puis aussi qui vont se nourrir entre eux, les uns des autres, par prédation. Alors eux utilisent... en plus de manger des végétaux qui vont utiliser de l'eau, de l'oxygène, et rejeter comme déchets du dioxyde de carbone et de l'eau. Et puis tout ce petit monde-là produit des déchets, des déchets organiques essentiellement, par exemple des feuilles mortes, du bois mort, des excréments pour les animaux, des animaux morts, etc. Et puis si on s'arrête là, c'est ce qu'on appelle un écosystème linéaire, c'est-à-dire qu'on va de l'un à l'autre. sans retour possible. Et les déchets, dans ce cas-là, ne sont pas transformés en ressources. Contrairement à ce qu'on a longtemps cru, les végétaux ne poussent pas sur de la matière organique. On a longtemps cru que les végétaux se nourrissaient de graisse. D'ailleurs, c'est pour ça qu'on appelle les fertilisants de l'engrais. On a longtemps cru qu'on engraissait les plantes parce que les plantes poussaient sur de la matière organique. On sait aujourd'hui que ce n'est pas vrai du tout. Les plantes se nourrissent de minéraux. Alors qu'est-ce qui manque pour qu'on ait quelque chose de circulaire et que les déchets soient transformés en ressources ? Eh bien, il manque et il faut un troisième compartiment, qu'on appelle le compartiment des recycleurs, pour avoir un écosystème circulaire. Et les recycleurs vont vivre et se nourrir des déchets organiques des deux autres compartiments, des producteurs et des consommateurs, et vont minéraliser, vont transformer en minéraux les déchets organiques. Et là, dans ce type de système-là, on a une circularité qui parfois est presque parfaite. Alors ça dépend de la maturité de l'écosystème, de son type, etc. Mais on peut aller jusqu'à des écosystèmes qui sont quasiment circulaires, c'est-à-dire où pratiquement tous les déchets sont consommés et sont recyclés. Et ça fonctionne grâce à ce que j'aime appeler la loi de la jungle. Alors la loi de la jungle, pour beaucoup, et en particulier pour les gens qui, au XIXe siècle, ... avait mal interprété Darwin, c'était tout le monde en compétition avec tout le monde, et que le meilleur gagne. C'est encore pas mal pour pas mal de gens, c'est encore ça. La loi de la jungle, en réalité, c'est beaucoup de diversité, beaucoup de collaboration, beaucoup de mutualisme, des symbioses, et c'est ça le propre des écosystèmes circulaires. Parce que si on n'a pas de diversité, si on n'a pas de symbiose, de syntrophie, si tout le monde consomme la même chose et produit les mêmes déchets, on a un écosystème linéaire, c'est-à-dire que personne, ne va utiliser les déchets de l'autre comme ressources. Et donc cette grande biodiversité, dans la plupart des écosystèmes, c'est toute une cohorte d'organismes, chez les recycleurs, qui vont des plus petits, les bactéries, jusqu'aux plus gros, la plupart du temps, des insectes. Des insectes xylophages, c'est-à-dire qui se nourrissent de bois, de bois mort. Les insectes coprophages, qui se nourrissent des excréments. et puis les insectes nécrophages qui vont se nourrir des cadavres d'animaux. Et puis la consommation, ce qu'on appelle la chaîne trophique, l'utilisation des aliments, des ressources, des organismes les uns par rapport aux autres, c'est l'inverse. C'est les plus gros qui vont commencer évidemment à broyer, à utiliser les éléments solides, les particules solides les plus grosses et qui vont les passer petit à petit à toute cette cohorte vers le bout. l'infiniment petit qui va effectivement se nourrir sur les particules les plus petites, voire solubles dans l'eau. Et ce troisième compartiment des recycleurs qu'on a longtemps négligé en biologie et en écologie, quand on fait une estimation, on se rend compte que c'est probablement en masse 30% de la biomasse planétaire. C'est comme si tout fonctionnait sur Terre, comme sur un trépied, avec 30% de producteurs primaires, 30% de consommateurs et 30% de recycleurs. Alors, on va en venir à nous. à nos déchets qui ont évidemment une histoire. Je la représente par cette petite frise qui va des premiers. Outre nos déchets organiques qu'on produit comme tout autre être vivant, nos excréments, nos urines, et puis aussi le dioxyde de carbone qu'on rejette dans l'atmosphère quand on respire, on a la particularité d'être un animal technologique. Donc on fabrique des outils depuis très longtemps. Ça fait partie de nos premiers déchets qu'on retrouve sur les sites archéologiques. Ici, c'est une photo de silex taillé par un archéologue expérimental. Ce n'est pas une fouille, c'est quelqu'un qui taille des silex comme au paléolithique. Et puis on retrouve des traces de tas de déchets depuis l'Antiquité, en passant par le XIXe siècle. On voit un chiffonnier, je vous raconterai un petit peu leur histoire très rapidement. Jusqu'à nos jours, là, des déchets, somme toute. un peu innocents et puis des choses beaucoup plus embêtantes comme les matières plastiques qui s'accumulent dans les océans, on le sait maintenant, les déchets électroniques et puis les déchets radioactifs. Donc à chaque époque sont ces déchets et ces difficultés. Donc cette frise historique, elle est là pour illustrer le fait que les déchets sont des témoins fidèles, très fidèles de notre histoire, puisque... toutes les sociétés, aussi diverses soient-elles, construisent ce qui est utile et ce qui est inutile, et donc construisent ce qui va être déchet et ce qui ne l'est pas. Et puis on va voir que ce qui a été considéré comme un déchet à une époque ne l'est pas forcément une autre, et réciproquement, ce qui n'était pas un déchet à une époque peut le devenir à une autre. Les quantités de déchets produits, évidemment, ont une histoire. J'en ferai une illustration très rapide. Et puis là, comme on le voit sur cette frise, les matières qui composent le déchet ont aussi une histoire. Alors, pour illustrer, j'ai choisi un cas assez surprenant de ce qui était considéré comme utile ou pas lors d'une époque de notre longue histoire. On va se projeter, il y a entre 6 000 et 1 000 ans avant notre ère, où on a un changement climatique planétaire où la Terre se réchauffe, et ce qui va permettre à... aux populations souvent nomades de se sédentariser et très souvent de se sédentariser sur le littoral de pratiquement tous les continents. Donc ces populations qui se sédentarisent mais qui continuent à être des chasseurs-cueilleurs vont profiter des ressources du littoral et en particulier des coquillages. Et on retrouve un peu tout autour du monde, alors on voit ici des triangles rouges sur différentes parties du monde. Chaque triangle représente une région. les archéologues mettent à jour ce qu'on appelle des amas coquillés, des gros tas de coquilles qui résultent de la consommation des coquillages par des populations de cette période-là. Et dans chacune de ces régions matérialisées sur la maponde par un triangle rouge, on a des dizaines, des centaines, et dans certaines régions, des milliers de ce type d'amas qui peuvent aller de quelques mètres de diamètre et quelques dizaines de centimètres d'épaisseur jusqu'à... plusieurs centaines de mètres de diamètre et plusieurs dizaines de mètres d'épaisseur. Très longtemps, les archéologues ne se sont pas posé la question et ont considéré ces amas coquillés comme des décharges. C'est là où les gens avaient jeté les coquilles et ça n'avait aucune valeur et donc on imaginait que ça puisse être des décharges. Alors ça, c'est découvert dans les années 50 mais qui a été confirmé par beaucoup d'autres. Donc sur une petite île au large du Morbihan, l'île de Teviec, où les archéologues ont découvert, dans un amas coquillé, une sépulture. Et les gens qui étaient enterrés là n'étaient pas des parias qu'on a jetés dans une décharge, mais des membres de la communauté qu'on a inhumés avec tous les honneurs, des bijoux. On les a recouverts d'or et on a surmonté leur tête de bois de cervidé. Et ça nous montre qu'on ne considérait certainement pas ces amas coquillés comme nous on considère les décharges. Et on a découvert depuis grâce à... de l'archéologie plus fine encore, qu'on pouvait à juste titre considérer que ces amas coquillés étaient pour les gens qui les accumulaient des monuments. Ou en tout cas, les témoins de grands banquets et d'une certaine opulence de la communauté qui était capable d'avoir des ressources abondantes en coquillage, de faire des festins. Alors on pense que c'est aussi lié à l'émergence de ce qu'on appelle des chefferies, des premières sociétés qui vont se hiérarchiser. Et on a parfois compétition entre des villages ou des installations conjointe où c'est à celui qui accumulera le plus de coquilles et fera témoignage du plus grand tas de déchets possible. Si vous connaissez la braderie de Lille, ça doit vous rappeler quelque chose. A la braderie de Lille, on fait des tas de coquilles de moule au moment de la braderie pour montrer qu'on a eu beaucoup de clients et on essaie de battre des records et on essaie de battre le voisin. Donc en économie, c'est ce qu'on appelle une fonction de communication qui donne une valeur, ce qu'on appelle une valeur sociale à ces coquilles, à ce tas de coquilles. Donc, ce n'est pas quelque chose qui n'a pas de valeur. Donc, ce n'est plus vraiment du déchet. Et puis, si on va encore plus loin, mais ça, c'est des choses qu'on pense qu'on ne faisait pas, mais pourquoi pas ? À l'époque des amas coquillés du Mésolithique, il y a plusieurs milliers d'années, toujours à Lille, il y a une petite entreprise, une start-up, qui récupère ces coquilles et qui les valorise, qui en fait des matériaux de construction, ici du carrelage. C'est ce qu'on appelle une fonction utilitaire, c'est la vraie valeur instrumentale économiquement sonnante et trébuchante, classique en économie. Aujourd'hui, ces amas coquillés pour nous ont une certaine valeur également. Je vous parlais des quantités produites qui ont une histoire. Là, on va faire un saut au XXe siècle. Et voilà ce qu'on peut estimer aujourd'hui comme progression des quantités de déchets solides qu'on produit dans le monde. Et je ne parle pas que des déchets ménagers. On verra que les déchets ménagers, notre petite poubelle, c'est souvent pas grand-chose en termes de quantité et de masse. Donc on voit depuis le début du XXe siècle une croissance exponentielle et puis les projections, voilà. GT, c'est gigatonnes, c'est des milliards de tonnes. On en est aujourd'hui, alors ça c'est des chiffres 2014, mais voilà, ça continue d'augmenter parce qu'on est dans un scénario où finalement... on ne freine pas vraiment notre consommation et notre production de déchets. On en est dans les 15 milliards de tonnes par an de produits. Et si on continue comme ça, on va produire 25 milliards de tonnes de déchets en 2050 et 45 milliards de tonnes en 2100. Est-ce que tout ça est vraiment raisonnable ? Je vous laisse le soin d'y réfléchir. Les matières aussi jetées, le type de matière qu'on jette est aussi, comme je vous le disais, caractéristique d'une époque et signature d'une époque. D'ailleurs, les archéologues, c'est souvent ce qu'ils font, ils fouillent les déchets de nos ancêtres. Donc, cette matière qu'on jette, elle a une histoire et leur valorisation aussi a une histoire. Et là, on va faire un petit tour à l'ère des chiffonniers, donc au XIXe siècle, juste après la révolution industrielle. Et cette révolution industrielle, elle est très gourmande en matières premières. Et ce qu'on ne sait pas souvent, c'est que c'est les matières qu'on appelle résiduaires, c'est-à-dire des déchets récupérés, qui vont alimenter cette révolution industrielle très gourmande en matières. Et ça commence par les chiffons, dont on a besoin absolument pour faire du papier. Au début, pendant les deux tiers du XIXe siècle, on ne peut pas faire de papier autrement qu'en récupérant des chiffons. Donc du lin, du chanvre, de la laine, du coton, il faut ça mélanger. Et on a besoin de beaucoup de papier parce qu'on a une explosion de la presse écrite, de la production de livres. Les gens sont très gourmands, en tout cas dans les pays d'Europe, de papier. Et puis on a donc besoin de beaucoup de chiffons, et on a besoin de gens pour aller collecter les chiffons. C'est pour ça qu'on les appelait les chiffonniers. Mais ils ne font pas que ramasser des chiffons, ils ramassent à peu près tout. ce que les gens jettent. Et à cette époque-là, dans les rues des grandes villes d'Europe et aussi des États-Unis, et puis je vais souvent parler de Paris parce que Paris est un peu la vitrine du monde à l'époque et c'est un peu le modèle à l'époque dont tout le monde s'inspire. Donc je vais vous parler des chiffonniers de Paris. On récolte beaucoup de peaux et d'os qui vont servir à faire des tas de choses, depuis la colle jusqu'à la gélatine et puis... les eaux pour la tableterie, mais on fait aussi ce qu'on appelle le noir animal, on fait cuire des eaux, on fait brûler des eaux, ça va donner des pigments noirs, mais aussi de l'engrais. On récupère tous les métaux, le fer, le cuivre, le zinc, on va même jusqu'à gratter la dorure de la vaisselle. On récupère le verre, évidemment, pour en refaire des bouteilles, pour en faire des vitres. On récupère les papiers cartons et on fait des choses en papier mâché. fait beaucoup de choses en papier mâché au 19e siècle y compris des meubles On récupère le tabac des mégots, on récupère le caoutchouc des bretelles et des jartières. Donc voilà, on voit des choses qui n'existent plus aujourd'hui, ou beaucoup moins. Et puis ce qui reste, c'est ce qu'on appelle les bouts. Donc ça va être du mélange de matières fermentées cibles et qui vont servir de fertilisants agricoles. La ville va fournir des fertilisants pour l'agriculture. Et c'est une véritable économie, ce n'est pas du tout quelque chose de marginal, même si... les chiffonniers sont considérés, déconsidérés, sont considérés comme des marginaux. Ils peuvent, dans certains cas, bien gagner leur vie. En tout cas, c'est une véritable économie parce qu'on a recensé, à partir des textes et des archives, qu'en 1870, on avait 15 000 chiffonniers à Paris et 100 000 chiffonniers dans toute la France. Donc, ce n'est pas du tout une activité marginale. Et puis, je reviendrai après sur comment ça s'est terminé et ce qui s'est passé. Et je vais intercaler entre cette histoire et la fin de cette histoire la notion de concept de déchet qui a elle aussi une histoire. Le mot déchet, les plus anciennes traces de ce mot, on les trouve dans des écrits du XIIIe siècle, où on parle de déchier, qui vient du verbe déchoir, quelque chose qui chute, qui tombe. Et c'est défini comme quelque chose qui tombe d'une matière travaillée par la main humaine. Donc c'est un terme technique, le déchier et le déchet au départ. C'est l'équivalent de ce qu'on appelle aujourd'hui une chute, une chute de tissu, de bois, de cuir, de métal, quand on bricole ou quand on fait de l'artisanat. Donc un terme technique très spécialisé, qui n'est pas dédié à l'ensemble des matières qu'on jette. Et ce sens de déchet comme étant un terme technique lié à des métiers se regardait jusqu'à la fin du XIXe siècle. Au XIXe siècle, on parle de chiffon, on parle de tas de choses, mais on ne parle pas de déchets encore. On parle de beaucoup de choses, donc des termes qui sont liés à chaque type de matière, à chaque type d'activité, sans être regroupés dans ce concept unifiant de déchets. On va parler de chute, de sciure, il faut faire attention à ne pas faire l'absurde, de copeaux, de scories, de chiffons, de bouts, d'ordures, des tas de mots. Les ordures, c'est aussi quelque chose qui va être unifiant à un certain moment, et on va le voir. Jusqu'à ce que, et là on va arriver à la fin de notre... histoire des chiffonniers qui va expliquer beaucoup de choses. Dans les années 1870-1880, vers la fin du 19e siècle, le système s'effondre. Je ne vais pas rentrer dans les détails, on pourra en rediscuter après, parce que c'est aussi intéressant et éclairant sur notre économie circulaire aujourd'hui. Le système chiffonnier s'effondre et est repris en main par le service public. La collecte des déchets ne va plus se faire par des chiffonniers, mais par le service public. Et on a les fameuses arrêtés du préfet Eugène Poubelle. Deux arrêtés, un premier en 1883, qui est un projet initial qui nous paraît extraordinairement contemporain. Le préfet avait prévu trois bacs pour y mettre les déchets. Un bac où on allait mettre les putrécibles, les fermentécibles, donc tout ce qui va pourrir très vite et se gâter très vite, les épluchures, les déchets alimentaires. Pas très nombreux à l'époque, les gens gaspillaient moins. Un deuxième bac pour la matière qu'on appelait la matière fibreuse, les papiers, les cartons, les textiles. Et un troisième bac pour ce qu'on appelait la matière minérale. Le verre, la faïence et la céramique, et les coquilles. Et puis ça n'a pas plu du tout, croix-bac, mais on n'y arrivera jamais, c'est n'importe quoi. Ce préfet, il est corrompu par les fabricants de bacs et par les industriels. Quand on lit les débats du Conseil municipal de Paris à l'époque, c'est extraordinaire, c'est exactement la même chose qu'aujourd'hui, c'est les mêmes arguments, c'est le même type de débat. Donc, grosse opposition. d'une partie des élus, des usagers, de certains industriels. Et au final, on va retenir la solution un seul bac. Pauvre préfet Poubelle, il va donner son nom à ce bac. Unique. Ça paraît une anecdote. C'est lourd, très, très, très, très lourd de conséquences pour la suite et pour ce qu'on vit aujourd'hui. Ces matières, elles sont désormais mélangées. On ne les discerne plus, on ne les trie plus. Elles forment un tout. indescriptible. En plus, il y a dedans des matières fermentécibles, putrécibles, qui évidemment, comme leur nom l'indique, commencent à fermenter. Et ce tout où ça commence à se dégrader, à pourrir, à sentir mauvais, ça devient répugnant. En plus, c'est l'époque de l'hygiénisme où on a associé à la saleté des villes, en particulier au mélange des eaux usées et de l'eau potable, et à juste titre, l'origine des épidémies. Donc on pense que vraiment ces déchets, c'est le pire qu'on puisse imaginer. Donc cette matière en mélange, techniquement, les gens comme le préfet Poubelle, comme les hygiénistes vont les appeler les déchets, et puis tout le monde, tout le reste, on va les appeler les ordures, qui vont désigner cette matière en mélange. Ordure, étymologiquement, c'est la même racine que horrible, et que horripilant, c'est quelque chose qui fait dresser le poil, qui est absolument dégoûtant. Alors ça a des conséquences aussi sur l'économie. Parce que les industriels, ce mélange-là, pour le valoriser, en tirer parti, il va falloir trier, il va falloir laver, et ça va coûter très cher, et ça va être très long. Donc les industriels acceptent de moins en moins cette matière-là, et vont motiver et financer des recherches pour se passer de cette matière dont on avait beaucoup besoin, et pour aller chercher dans les ressources naturelles la matière qu'on ne trouve plus dans les déchets. Et puis, en parallèle, les consommateurs acceptent de moins en moins les produits recyclés. Ce sont des choses qui viennent des déchets, qui viennent des ordures. Pas question d'acheter des choses qui viennent des ordures. Pas question d'acheter des produits recyclés. Donc nous voilà arrivés au XXe siècle, avec l'industrie, l'agriculture, qui se passent des matières résiduaires et qui vont aller chercher tous les moyens. Et un des mécanismes aussi qui était à l'origine de cet effondrement du système chiffonnier, c'est qu'on invente la pâte à papier. Donc plus besoin de chiffon pour faire du papier, on va utiliser des fibres de bois. Donc ça a été un peu l'élément déclenchant. Et ce modèle-là d'aller chercher d'autres types de ressources que les matières résiduaires, que les déchets, ça va gagner l'ensemble de l'économie. Donc l'économie des pays industrialisés, en tout cas dans un premier temps industrialisés, Europe, États-Unis, le Japon également, devient linéaire. Alors l'économie linéaire, c'est comme un écosystème linéaire. On prend des ressources naturelles, on les transforme et par des procédés de production, on en fait des biens de consommation. On consomme ces biens et on produit des déchets et on s'arrête là. Donc on transforme très rapidement des ressources naturelles en déchets. Et le déchet est considéré comme le produit final de cette économie. Évidemment, on se retrouve avec des déchets sur les bras dont on ne peut plus rien faire et qu'il faut éliminer, d'où la définition. européennes actuelles, et on les élimine essentiellement en les incinérant et en les stockant. C'est drôle parce qu'on en fait la même chose qu'on fait avec les morts, soit on les incinère, soit on les enterre. Et donc on a aussi à cette époque-là un parallèle dans l'inconscient collectif qui se fait entre les déchets et la mort. D'où l'idée que les déchets peuvent être porteurs de mort également. Et ce qui pour certains d'entre eux est tout à fait vrai. pour les déchets toxiques. Et ce modèle-là, qui est né dans les pays industrialisés, va se globaliser. Donc ça, tout le XXe siècle, va avoir cette globalisation de cette économie linéaire. Alors tout ça pour en arriver aujourd'hui, où on en est. Et on en est aujourd'hui à 342 millions de tonnes par an, produits, alors c'est les chiffres de l'ADEME de 2021, ils devraient être remis au jour prochainement, mais ça n'évolue pas très très vite. 300 et quelques millions de tonnes, on a 70% de déchets du bâtiment et des travaux publics. C'est la majorité, la grande masse des déchets. 18, un petit peu moins de 20% qui proviennent de l'industrie et de l'artisanat. Et puis notre petite poubelle ménagère, petite entre guillemets, on en produit déjà pas mal, ce n'est que, entre guillemets, un peu plus de 10% de cette quantité totale de déchets. Donc c'est un peu la partie émergée de l'iceberg. Ça ne veut pas dire qu'il faut continuer comme ça, mais il n'y a pas que les ménages qui doivent faire des efforts. Et puis en parallèle, on a un type de déchets et de sous-produits qui est comptabilisé différemment, et souvent à juste titre parce qu'ils sont très souvent réutilisés sur les exploitations. C'est les déchets et sous-produits de l'agriculture et de la sylviculture. C'est pratiquement 400 millions de tonnes par an en 2016. On ne les remet plus à jour actuellement. Et puis, on a aussi ce qu'on appelle les déchets invisibles. C'est déjà beaucoup, ce qu'on a vu là, mais c'est ce qu'on produit en France. Les déchets invisibles, on va voir, c'est tout ce qui est produit au stade, non plus de la consommation, mais au stade de l'extraction des ressources naturelles et des processus de production. On produit énormément de déchets à ces stades-là. Par exemple, quand on produit une brosse à dents qui fait, voilà... quinzaine de grammes on va dire, on produit 1,5 kg de déchets liés à l'extraction et au procédé de fabrication. Donc un rapport de 1 à 100 et c'est rien comparé au summum de cette... Imaginez derrière un smartphone, derrière chaque smartphone, un tas de 75 kg de déchets. Donc à chaque fois qu'on achète un smartphone, on produit quelque part dans un pays où on a extrait les ressources naturelles, les matières premières. Et dans les pays où on les a construits, on les a fabriqués, 75 kg de déchets. Et plus nos produits sont complexes, plus la quantité de déchets qu'on produit par gramme de produits consommés est importante. Et ça, on ne les voit pas chez nous, enfin on les voit très peu, parce qu'on n'est pas vraiment un pays où on extrait beaucoup de terres rares et de ressources naturelles, et on n'est pas un pays qui produit beaucoup. Donc tout ça pour en arriver à notre fin. Nos déchets tombent-ils bien ronds ? Y a-t-il des solutions à tout ça ? Alors on présente l'économie circulaire souvent comme la solution au problème. Donc on va l'explorer un petit peu avec vous, en essayant d'être le plus scientifique et le plus neutre possible vis-à-vis de cette hypothèse que l'économie circulaire est la solution. Donc c'est un concept qui est co-inspiré, qui était créé dans les années 1980. Et donc voilà, qui est basé sur l'analogie entre nos systèmes, soit de production linéaire, d'économie linéaire, comme on l'a vu depuis le XXe siècle, et c'est faire cette analogie avec les écosystèmes. Donc écosystèmes linéaires et l'idéal étant des écosystèmes circulaires où on a recyclage, réinjection dans le circuit de matière, les déchets transformés en ressources. Mais l'économie circulaire ne se réduit pas au recyclage. C'est ce que je vais essayer de vous montrer avec ce diagramme qu'on présente souvent, qu'on appelle l'échelle de Lansing. Lansing, c'est le nom d'un professeur d'université aux Pays-Bas, qui a classé tous les types de stratégies qu'on peut appliquer en économie circulaire depuis les plus durables et les plus vertes en haut, vers les moins durables au sens développement durable et soutenabilité, en rouge vers le bas. L'incinération, l'élimination, sans récupérer de l'énergie quand on brûle les déchets, c'est considéré évidemment comme le moins durable. Et puis on monte l'incinération avec récupération d'énergie. Le fait de récupérer de l'énergie quand on incinère des déchets, c'est un petit peu meilleur. Réutiliser et recycler la matière, c'est un petit peu meilleur. Réemployer, c'est-à-dire avoir la même fonction pour un objet. La réutilisation, c'est quand on va, par exemple, déconstruire un objet et le transformer en autre chose, avec une autre fonction. Et le réemploi est du coup considéré comme un petit peu plus vertueux, c'est réemployer, redonner la même fonction à quelque chose, réparer et lui redonner la même fonction. Et puis la prévention des déchets, par exemple, ne pas utiliser d'emballage quand ce n'est pas nécessaire, c'est ce qu'on appelle le déchet évité, voire le zéro déchet. L'économie circulaire n'est pas synonyme de recyclage. Le recyclage est une stratégie parmi d'autres. Et c'est milieu de tableau, voire partie inférieure du tableau. Ce n'est pas ce qu'il y a de mieux. Je ne vais pas m'apesantir sur cette évolution de la production de déchets en France. On pourrait y revenir au moment des questions si vous le souhaitez. Ni m'apesantir sur les objectifs affichés par l'Union européenne qui sont vers l'économie circulaire et pour réduire la production de déchets. Ce concept d'économie circulaire finalement il n'est pas récent, il a une trentaine d'années. Il faut savoir qu'il se met en place très très lentement. Les premiers plans d'action de l'Union européenne c'était il y a dix ans. Et puis les lois en France se mettent en place, la dernière étant la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire en 2020. C'est questionné scientifiquement en termes de robustesse du concept, en termes de pertinence du concept, est-ce que c'est nécessaire ou pas. et en termes de cohérence avec les autres concepts. Par exemple, on parle beaucoup de bioéconomie. Est-ce que la bioéconomie circulaire, ça a un sens ou pas ? L'économie circulaire est actuellement un objet de recherche en soi par les scientifiques. Et je vais en venir à la conclusion parce que j'étais un peu long. Et je vous prie de m'en excuser. Donc, pour vous rappeler que tous les systèmes qui transforment de la matière, comme les étoiles, les organismes vivants, nos activités humaines, tout ça, ça produit des déchets. Que la nature et la quantité de déchets sont la signature, presque l'empreinte digitale, l'ADN, la carte d'identité du système qui les produit, que la notion de déchet, il faut l'avoir bien en tête, est toujours relative, et ce qui est un déchet pour un système ne l'est pas forcément pour un autre, qu'évidemment, comme les déchets sont le reflet de nos activités, les déchets ont comme nous une histoire, que le concept même de déchet a lui aussi une histoire. On n'a pas toujours considéré la matière qu'on jette comme étant quelque chose, comme un concept unifiant. que l'économie circulaire est un concept qui était inspiré par une analogie avec les systèmes naturels, et que ce concept est trentaine d'années, on peut dire que c'est récent, mais parfois on peut dire que c'est ancien aussi et que ça met du temps à se mettre en place, et qui fait l'objet de recherche lui-même, et que, au nom de tous les chercheurs de déchets, quelle que soit leur nature, la nature du déchet ou la nature du chercheur de déchets, je vous remercie de votre attention.