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INTERVIEW - La vie dans les milieux extrêmes est-elle possible ? | Sébastien Duperron cover
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Quae Vox : paroles de sciences

INTERVIEW - La vie dans les milieux extrêmes est-elle possible ? | Sébastien Duperron

INTERVIEW - La vie dans les milieux extrêmes est-elle possible ? | Sébastien Duperron

05min |20/05/2025
Play
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Description

Au fur et à mesure des découvertes scientifiques, des milieux extrêmes insoupçonnés se révèlent sur nos côtes, dans nos campagnes, nos villes, nos maisons et jusque dans notre corps. La vie dans ces milieux extrêmes est-elle possible ? Comment s'invitent-ils dans notre quotidien ? Que nous enseignent-ils ? Dans cet épisode, Sébastien Duperron, professeur au Muséum national d’Histoire naturelle, explore les modalités de la vie dans les milieux extrêmes.


Quae Vox : paroles de sciences, un podcast des éditions Quae.

👉 Retrouvez nos ouvrages sur quae.com et quae-open.com, et suivez nos actualités sur Instagram, Facebook et LinkedIn.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Présentatrice

    Au fur et à mesure des découvertes scientifiques, des milieux extrêmes insoupçonnés se révèlent sur nos côtes, dans nos campagnes, nos villes, nos maisons et jusque dans nos corps. La vie dans ces milieux extrêmes est-elle possible ? Comment ces milieux s'invitent-ils dans notre quotidien ? Que nous enseignent-ils ? Dans cet épisode, Sébastien Duperron, professeur au Muséum national d'histoire naturelle, explore les modalités de la vie dans les milieux extrêmes.

  • Sébastien Duperron

    L'étude des milieux extrêmes a beaucoup fait évoluer notre compréhension de l'apparition de la vie et de l'évolution de la vie sur notre planète. Notamment les études qui ont été menées sur les sources chaudes, que ce soit des sources chaudes sous-marines ou des sources chaudes sur les continents, où on sait que ce sont des types d'environnements qui existent depuis qu'il y a de l'eau liquide à la surface de notre planète. Beaucoup de chercheurs pensent que c'est dans ce type d'environnement que la vie aurait pu apparaître. Donc en fait, en étudiant les organismes qui peuplent ces environnements, finalement, on apprend des choses sur la manière dont la vie a pu apparaître sur notre planète et puis sur la manière dont elle a évolué tout au cours des 4 milliards d'années écoulées. [Musique] Un environnement est extrême, quand on a des caractéristiques qui s'approchent des limites de ce qui est tolérable pour la vie, alors ça peut être une température très basse, très élevée, ça peut être un pH très acide, ça peut être des irradiations très fortes. Et donc, dans ces conditions-là, on s'approche des limites de ce que le vivant peut endurer. Et avec cette grille de lecture-là, finalement, il y a beaucoup de milieux qui ne sont pas spectaculaires, mais qui sont extrêmes. Si on pense, par exemple, à la zone de balancement des marées sur un estrand, quand la mer se retire... on a plein d'organismes qui se retrouvent piégés dans des petites mares. Et dans ces petites mares, l'oxygène va très rapidement être consommé. Donc on va avoir un environnement qui va être difficile pour les animaux. On peut aussi avoir de l'eau qui va chauffer très vite avec le soleil, donc des températures qui peuvent monter de plusieurs dizaines de degrés. Et les organismes qui vont être piégés dans ces mares. Il va falloir qu'ils attendent pendant plusieurs heures le retour de la mer. Et ce sont des conditions qui vont être extrêmement stressantes. C'est un milieu qui ne nous paraîtrait pas extrême, mais qui, sur le plan purement biologique, est un milieu extrême. Il y a plein de milieux extrêmes comme ça autour de nous. Notre espèce, elle est aussi productrice de milieux extrêmes. Depuis très longtemps, l'espèce humaine préserve ses aliments, et parmi les méthodes de préservation, il y a le salage. Par exemple, on peut saler une viande pour la conserver. Et finalement, quand on fait ça, on crée des conditions qui sont des conditions extrêmes. C'est d'ailleurs grâce à ça que les aliments vont se conserver, ils ne vont pas être dégradés par les micro-organismes. Quand on sale une viande, par exemple, on crée un environnement qui va être très appauvri en eau. Donc finalement, il y a très peu d'organismes qui vont pouvoir se développer. Les milieux extrêmes sont tout autour de nous. Et quand on se penche dessus avec l'œil d'un scientifique, ils sont presque plus la norme que l'exception sur notre planète. [Musique] Alors l'étude des milieux extrêmes, elle a beaucoup fait évoluer notre compréhension de l'apparition de la vie et de l'évolution de la vie sur notre planète. Notamment les études qui ont été menées sur les sources chaudes, alors que ce soient des sources chaudes sous-marines ou des sources chaudes sur les continents. Ce sont des types d'environnement qui existent depuis qu'il y a de l'eau liquide à la surface de notre planète et beaucoup de chercheurs pensent que c'est dans ce type d'environnement que la vie aurait pu apparaître. Donc en fait, en étudiant les organismes qui peuplent ces environnements, finalement on apprend des choses sur la manière dont la vie a pu apparaître sur notre planète et puis sur la manière dont elle a évolué tout au cours des 4 milliards d'années écoulées. Les milieux extrêmes, c'est aussi une source d'innovation pour nous. Il y a beaucoup d'applications qui dérivent d'organismes issus du milieu extrême. Une qu'on connaît tous ces dernières années, c'est la PCR, les tests PCR. Cette technologie de la PCR, en fait, elle repose sur une enzyme qui a été isolée à partir d'organismes, de micro-organismes, en l'occurrence des bactéries, qui peuplent des sources chaudes. Et cette enzyme-là, il fallait qu'elle ait cette propriété de stabilité à haute température pour qu'on puisse l'utiliser pour mettre au point cette technologie. Donc c'est vraiment une source d'inspiration. Et puis il y a un troisième domaine dans lequel aussi les milieux extrêmes nous inspirent, c'est dans la culture en fait. Quand on pense au livre de Jules Verne, quand on pense à Vingt mille lieues sous les mers, il y a une fascination sur les milieux extrêmes qui a été aussi un moteur pour l'humanité, pour se dépasser, pour découvrir des moyens de les explorer par exemple, construire ces sous-marins dont rêvaient les auteurs anciens. Et puis, même on peut aller plus loin, il y a certains organismes de milieux extrêmes qui sont un peu devenus des stars. On peut penser au tardigrade, cet organisme qui à la fois est très mignon à regarder et en même temps résiste à peu près à tout, et à tel point que c'est devenu une icône de la culture populaire puisqu'on le retrouve dans des séries télévisuelles, on le retrouve dans le cinéma, dans certains films. On voit que le milieu extrême, ça stimule beaucoup de choses dans l'espèce humaine.

  • Présentatrice

    Vous venez d'écouter une interview de Sébastien Duperron. Pour en apprendre plus, découvrez son ouvrage "La vie en milieu extrême", paru aux éditions Quae en 2022.

Description

Au fur et à mesure des découvertes scientifiques, des milieux extrêmes insoupçonnés se révèlent sur nos côtes, dans nos campagnes, nos villes, nos maisons et jusque dans notre corps. La vie dans ces milieux extrêmes est-elle possible ? Comment s'invitent-ils dans notre quotidien ? Que nous enseignent-ils ? Dans cet épisode, Sébastien Duperron, professeur au Muséum national d’Histoire naturelle, explore les modalités de la vie dans les milieux extrêmes.


Quae Vox : paroles de sciences, un podcast des éditions Quae.

👉 Retrouvez nos ouvrages sur quae.com et quae-open.com, et suivez nos actualités sur Instagram, Facebook et LinkedIn.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Présentatrice

    Au fur et à mesure des découvertes scientifiques, des milieux extrêmes insoupçonnés se révèlent sur nos côtes, dans nos campagnes, nos villes, nos maisons et jusque dans nos corps. La vie dans ces milieux extrêmes est-elle possible ? Comment ces milieux s'invitent-ils dans notre quotidien ? Que nous enseignent-ils ? Dans cet épisode, Sébastien Duperron, professeur au Muséum national d'histoire naturelle, explore les modalités de la vie dans les milieux extrêmes.

  • Sébastien Duperron

    L'étude des milieux extrêmes a beaucoup fait évoluer notre compréhension de l'apparition de la vie et de l'évolution de la vie sur notre planète. Notamment les études qui ont été menées sur les sources chaudes, que ce soit des sources chaudes sous-marines ou des sources chaudes sur les continents, où on sait que ce sont des types d'environnements qui existent depuis qu'il y a de l'eau liquide à la surface de notre planète. Beaucoup de chercheurs pensent que c'est dans ce type d'environnement que la vie aurait pu apparaître. Donc en fait, en étudiant les organismes qui peuplent ces environnements, finalement, on apprend des choses sur la manière dont la vie a pu apparaître sur notre planète et puis sur la manière dont elle a évolué tout au cours des 4 milliards d'années écoulées. [Musique] Un environnement est extrême, quand on a des caractéristiques qui s'approchent des limites de ce qui est tolérable pour la vie, alors ça peut être une température très basse, très élevée, ça peut être un pH très acide, ça peut être des irradiations très fortes. Et donc, dans ces conditions-là, on s'approche des limites de ce que le vivant peut endurer. Et avec cette grille de lecture-là, finalement, il y a beaucoup de milieux qui ne sont pas spectaculaires, mais qui sont extrêmes. Si on pense, par exemple, à la zone de balancement des marées sur un estrand, quand la mer se retire... on a plein d'organismes qui se retrouvent piégés dans des petites mares. Et dans ces petites mares, l'oxygène va très rapidement être consommé. Donc on va avoir un environnement qui va être difficile pour les animaux. On peut aussi avoir de l'eau qui va chauffer très vite avec le soleil, donc des températures qui peuvent monter de plusieurs dizaines de degrés. Et les organismes qui vont être piégés dans ces mares. Il va falloir qu'ils attendent pendant plusieurs heures le retour de la mer. Et ce sont des conditions qui vont être extrêmement stressantes. C'est un milieu qui ne nous paraîtrait pas extrême, mais qui, sur le plan purement biologique, est un milieu extrême. Il y a plein de milieux extrêmes comme ça autour de nous. Notre espèce, elle est aussi productrice de milieux extrêmes. Depuis très longtemps, l'espèce humaine préserve ses aliments, et parmi les méthodes de préservation, il y a le salage. Par exemple, on peut saler une viande pour la conserver. Et finalement, quand on fait ça, on crée des conditions qui sont des conditions extrêmes. C'est d'ailleurs grâce à ça que les aliments vont se conserver, ils ne vont pas être dégradés par les micro-organismes. Quand on sale une viande, par exemple, on crée un environnement qui va être très appauvri en eau. Donc finalement, il y a très peu d'organismes qui vont pouvoir se développer. Les milieux extrêmes sont tout autour de nous. Et quand on se penche dessus avec l'œil d'un scientifique, ils sont presque plus la norme que l'exception sur notre planète. [Musique] Alors l'étude des milieux extrêmes, elle a beaucoup fait évoluer notre compréhension de l'apparition de la vie et de l'évolution de la vie sur notre planète. Notamment les études qui ont été menées sur les sources chaudes, alors que ce soient des sources chaudes sous-marines ou des sources chaudes sur les continents. Ce sont des types d'environnement qui existent depuis qu'il y a de l'eau liquide à la surface de notre planète et beaucoup de chercheurs pensent que c'est dans ce type d'environnement que la vie aurait pu apparaître. Donc en fait, en étudiant les organismes qui peuplent ces environnements, finalement on apprend des choses sur la manière dont la vie a pu apparaître sur notre planète et puis sur la manière dont elle a évolué tout au cours des 4 milliards d'années écoulées. Les milieux extrêmes, c'est aussi une source d'innovation pour nous. Il y a beaucoup d'applications qui dérivent d'organismes issus du milieu extrême. Une qu'on connaît tous ces dernières années, c'est la PCR, les tests PCR. Cette technologie de la PCR, en fait, elle repose sur une enzyme qui a été isolée à partir d'organismes, de micro-organismes, en l'occurrence des bactéries, qui peuplent des sources chaudes. Et cette enzyme-là, il fallait qu'elle ait cette propriété de stabilité à haute température pour qu'on puisse l'utiliser pour mettre au point cette technologie. Donc c'est vraiment une source d'inspiration. Et puis il y a un troisième domaine dans lequel aussi les milieux extrêmes nous inspirent, c'est dans la culture en fait. Quand on pense au livre de Jules Verne, quand on pense à Vingt mille lieues sous les mers, il y a une fascination sur les milieux extrêmes qui a été aussi un moteur pour l'humanité, pour se dépasser, pour découvrir des moyens de les explorer par exemple, construire ces sous-marins dont rêvaient les auteurs anciens. Et puis, même on peut aller plus loin, il y a certains organismes de milieux extrêmes qui sont un peu devenus des stars. On peut penser au tardigrade, cet organisme qui à la fois est très mignon à regarder et en même temps résiste à peu près à tout, et à tel point que c'est devenu une icône de la culture populaire puisqu'on le retrouve dans des séries télévisuelles, on le retrouve dans le cinéma, dans certains films. On voit que le milieu extrême, ça stimule beaucoup de choses dans l'espèce humaine.

  • Présentatrice

    Vous venez d'écouter une interview de Sébastien Duperron. Pour en apprendre plus, découvrez son ouvrage "La vie en milieu extrême", paru aux éditions Quae en 2022.

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Au fur et à mesure des découvertes scientifiques, des milieux extrêmes insoupçonnés se révèlent sur nos côtes, dans nos campagnes, nos villes, nos maisons et jusque dans notre corps. La vie dans ces milieux extrêmes est-elle possible ? Comment s'invitent-ils dans notre quotidien ? Que nous enseignent-ils ? Dans cet épisode, Sébastien Duperron, professeur au Muséum national d’Histoire naturelle, explore les modalités de la vie dans les milieux extrêmes.


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  • Présentatrice

    Au fur et à mesure des découvertes scientifiques, des milieux extrêmes insoupçonnés se révèlent sur nos côtes, dans nos campagnes, nos villes, nos maisons et jusque dans nos corps. La vie dans ces milieux extrêmes est-elle possible ? Comment ces milieux s'invitent-ils dans notre quotidien ? Que nous enseignent-ils ? Dans cet épisode, Sébastien Duperron, professeur au Muséum national d'histoire naturelle, explore les modalités de la vie dans les milieux extrêmes.

  • Sébastien Duperron

    L'étude des milieux extrêmes a beaucoup fait évoluer notre compréhension de l'apparition de la vie et de l'évolution de la vie sur notre planète. Notamment les études qui ont été menées sur les sources chaudes, que ce soit des sources chaudes sous-marines ou des sources chaudes sur les continents, où on sait que ce sont des types d'environnements qui existent depuis qu'il y a de l'eau liquide à la surface de notre planète. Beaucoup de chercheurs pensent que c'est dans ce type d'environnement que la vie aurait pu apparaître. Donc en fait, en étudiant les organismes qui peuplent ces environnements, finalement, on apprend des choses sur la manière dont la vie a pu apparaître sur notre planète et puis sur la manière dont elle a évolué tout au cours des 4 milliards d'années écoulées. [Musique] Un environnement est extrême, quand on a des caractéristiques qui s'approchent des limites de ce qui est tolérable pour la vie, alors ça peut être une température très basse, très élevée, ça peut être un pH très acide, ça peut être des irradiations très fortes. Et donc, dans ces conditions-là, on s'approche des limites de ce que le vivant peut endurer. Et avec cette grille de lecture-là, finalement, il y a beaucoup de milieux qui ne sont pas spectaculaires, mais qui sont extrêmes. Si on pense, par exemple, à la zone de balancement des marées sur un estrand, quand la mer se retire... on a plein d'organismes qui se retrouvent piégés dans des petites mares. Et dans ces petites mares, l'oxygène va très rapidement être consommé. Donc on va avoir un environnement qui va être difficile pour les animaux. On peut aussi avoir de l'eau qui va chauffer très vite avec le soleil, donc des températures qui peuvent monter de plusieurs dizaines de degrés. Et les organismes qui vont être piégés dans ces mares. Il va falloir qu'ils attendent pendant plusieurs heures le retour de la mer. Et ce sont des conditions qui vont être extrêmement stressantes. C'est un milieu qui ne nous paraîtrait pas extrême, mais qui, sur le plan purement biologique, est un milieu extrême. Il y a plein de milieux extrêmes comme ça autour de nous. Notre espèce, elle est aussi productrice de milieux extrêmes. Depuis très longtemps, l'espèce humaine préserve ses aliments, et parmi les méthodes de préservation, il y a le salage. Par exemple, on peut saler une viande pour la conserver. Et finalement, quand on fait ça, on crée des conditions qui sont des conditions extrêmes. C'est d'ailleurs grâce à ça que les aliments vont se conserver, ils ne vont pas être dégradés par les micro-organismes. Quand on sale une viande, par exemple, on crée un environnement qui va être très appauvri en eau. Donc finalement, il y a très peu d'organismes qui vont pouvoir se développer. Les milieux extrêmes sont tout autour de nous. Et quand on se penche dessus avec l'œil d'un scientifique, ils sont presque plus la norme que l'exception sur notre planète. [Musique] Alors l'étude des milieux extrêmes, elle a beaucoup fait évoluer notre compréhension de l'apparition de la vie et de l'évolution de la vie sur notre planète. Notamment les études qui ont été menées sur les sources chaudes, alors que ce soient des sources chaudes sous-marines ou des sources chaudes sur les continents. Ce sont des types d'environnement qui existent depuis qu'il y a de l'eau liquide à la surface de notre planète et beaucoup de chercheurs pensent que c'est dans ce type d'environnement que la vie aurait pu apparaître. Donc en fait, en étudiant les organismes qui peuplent ces environnements, finalement on apprend des choses sur la manière dont la vie a pu apparaître sur notre planète et puis sur la manière dont elle a évolué tout au cours des 4 milliards d'années écoulées. Les milieux extrêmes, c'est aussi une source d'innovation pour nous. Il y a beaucoup d'applications qui dérivent d'organismes issus du milieu extrême. Une qu'on connaît tous ces dernières années, c'est la PCR, les tests PCR. Cette technologie de la PCR, en fait, elle repose sur une enzyme qui a été isolée à partir d'organismes, de micro-organismes, en l'occurrence des bactéries, qui peuplent des sources chaudes. Et cette enzyme-là, il fallait qu'elle ait cette propriété de stabilité à haute température pour qu'on puisse l'utiliser pour mettre au point cette technologie. Donc c'est vraiment une source d'inspiration. Et puis il y a un troisième domaine dans lequel aussi les milieux extrêmes nous inspirent, c'est dans la culture en fait. Quand on pense au livre de Jules Verne, quand on pense à Vingt mille lieues sous les mers, il y a une fascination sur les milieux extrêmes qui a été aussi un moteur pour l'humanité, pour se dépasser, pour découvrir des moyens de les explorer par exemple, construire ces sous-marins dont rêvaient les auteurs anciens. Et puis, même on peut aller plus loin, il y a certains organismes de milieux extrêmes qui sont un peu devenus des stars. On peut penser au tardigrade, cet organisme qui à la fois est très mignon à regarder et en même temps résiste à peu près à tout, et à tel point que c'est devenu une icône de la culture populaire puisqu'on le retrouve dans des séries télévisuelles, on le retrouve dans le cinéma, dans certains films. On voit que le milieu extrême, ça stimule beaucoup de choses dans l'espèce humaine.

  • Présentatrice

    Vous venez d'écouter une interview de Sébastien Duperron. Pour en apprendre plus, découvrez son ouvrage "La vie en milieu extrême", paru aux éditions Quae en 2022.

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Au fur et à mesure des découvertes scientifiques, des milieux extrêmes insoupçonnés se révèlent sur nos côtes, dans nos campagnes, nos villes, nos maisons et jusque dans notre corps. La vie dans ces milieux extrêmes est-elle possible ? Comment s'invitent-ils dans notre quotidien ? Que nous enseignent-ils ? Dans cet épisode, Sébastien Duperron, professeur au Muséum national d’Histoire naturelle, explore les modalités de la vie dans les milieux extrêmes.


Quae Vox : paroles de sciences, un podcast des éditions Quae.

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Présentatrice

    Au fur et à mesure des découvertes scientifiques, des milieux extrêmes insoupçonnés se révèlent sur nos côtes, dans nos campagnes, nos villes, nos maisons et jusque dans nos corps. La vie dans ces milieux extrêmes est-elle possible ? Comment ces milieux s'invitent-ils dans notre quotidien ? Que nous enseignent-ils ? Dans cet épisode, Sébastien Duperron, professeur au Muséum national d'histoire naturelle, explore les modalités de la vie dans les milieux extrêmes.

  • Sébastien Duperron

    L'étude des milieux extrêmes a beaucoup fait évoluer notre compréhension de l'apparition de la vie et de l'évolution de la vie sur notre planète. Notamment les études qui ont été menées sur les sources chaudes, que ce soit des sources chaudes sous-marines ou des sources chaudes sur les continents, où on sait que ce sont des types d'environnements qui existent depuis qu'il y a de l'eau liquide à la surface de notre planète. Beaucoup de chercheurs pensent que c'est dans ce type d'environnement que la vie aurait pu apparaître. Donc en fait, en étudiant les organismes qui peuplent ces environnements, finalement, on apprend des choses sur la manière dont la vie a pu apparaître sur notre planète et puis sur la manière dont elle a évolué tout au cours des 4 milliards d'années écoulées. [Musique] Un environnement est extrême, quand on a des caractéristiques qui s'approchent des limites de ce qui est tolérable pour la vie, alors ça peut être une température très basse, très élevée, ça peut être un pH très acide, ça peut être des irradiations très fortes. Et donc, dans ces conditions-là, on s'approche des limites de ce que le vivant peut endurer. Et avec cette grille de lecture-là, finalement, il y a beaucoup de milieux qui ne sont pas spectaculaires, mais qui sont extrêmes. Si on pense, par exemple, à la zone de balancement des marées sur un estrand, quand la mer se retire... on a plein d'organismes qui se retrouvent piégés dans des petites mares. Et dans ces petites mares, l'oxygène va très rapidement être consommé. Donc on va avoir un environnement qui va être difficile pour les animaux. On peut aussi avoir de l'eau qui va chauffer très vite avec le soleil, donc des températures qui peuvent monter de plusieurs dizaines de degrés. Et les organismes qui vont être piégés dans ces mares. Il va falloir qu'ils attendent pendant plusieurs heures le retour de la mer. Et ce sont des conditions qui vont être extrêmement stressantes. C'est un milieu qui ne nous paraîtrait pas extrême, mais qui, sur le plan purement biologique, est un milieu extrême. Il y a plein de milieux extrêmes comme ça autour de nous. Notre espèce, elle est aussi productrice de milieux extrêmes. Depuis très longtemps, l'espèce humaine préserve ses aliments, et parmi les méthodes de préservation, il y a le salage. Par exemple, on peut saler une viande pour la conserver. Et finalement, quand on fait ça, on crée des conditions qui sont des conditions extrêmes. C'est d'ailleurs grâce à ça que les aliments vont se conserver, ils ne vont pas être dégradés par les micro-organismes. Quand on sale une viande, par exemple, on crée un environnement qui va être très appauvri en eau. Donc finalement, il y a très peu d'organismes qui vont pouvoir se développer. Les milieux extrêmes sont tout autour de nous. Et quand on se penche dessus avec l'œil d'un scientifique, ils sont presque plus la norme que l'exception sur notre planète. [Musique] Alors l'étude des milieux extrêmes, elle a beaucoup fait évoluer notre compréhension de l'apparition de la vie et de l'évolution de la vie sur notre planète. Notamment les études qui ont été menées sur les sources chaudes, alors que ce soient des sources chaudes sous-marines ou des sources chaudes sur les continents. Ce sont des types d'environnement qui existent depuis qu'il y a de l'eau liquide à la surface de notre planète et beaucoup de chercheurs pensent que c'est dans ce type d'environnement que la vie aurait pu apparaître. Donc en fait, en étudiant les organismes qui peuplent ces environnements, finalement on apprend des choses sur la manière dont la vie a pu apparaître sur notre planète et puis sur la manière dont elle a évolué tout au cours des 4 milliards d'années écoulées. Les milieux extrêmes, c'est aussi une source d'innovation pour nous. Il y a beaucoup d'applications qui dérivent d'organismes issus du milieu extrême. Une qu'on connaît tous ces dernières années, c'est la PCR, les tests PCR. Cette technologie de la PCR, en fait, elle repose sur une enzyme qui a été isolée à partir d'organismes, de micro-organismes, en l'occurrence des bactéries, qui peuplent des sources chaudes. Et cette enzyme-là, il fallait qu'elle ait cette propriété de stabilité à haute température pour qu'on puisse l'utiliser pour mettre au point cette technologie. Donc c'est vraiment une source d'inspiration. Et puis il y a un troisième domaine dans lequel aussi les milieux extrêmes nous inspirent, c'est dans la culture en fait. Quand on pense au livre de Jules Verne, quand on pense à Vingt mille lieues sous les mers, il y a une fascination sur les milieux extrêmes qui a été aussi un moteur pour l'humanité, pour se dépasser, pour découvrir des moyens de les explorer par exemple, construire ces sous-marins dont rêvaient les auteurs anciens. Et puis, même on peut aller plus loin, il y a certains organismes de milieux extrêmes qui sont un peu devenus des stars. On peut penser au tardigrade, cet organisme qui à la fois est très mignon à regarder et en même temps résiste à peu près à tout, et à tel point que c'est devenu une icône de la culture populaire puisqu'on le retrouve dans des séries télévisuelles, on le retrouve dans le cinéma, dans certains films. On voit que le milieu extrême, ça stimule beaucoup de choses dans l'espèce humaine.

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    Vous venez d'écouter une interview de Sébastien Duperron. Pour en apprendre plus, découvrez son ouvrage "La vie en milieu extrême", paru aux éditions Quae en 2022.

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