- Speaker #0
Il m'est arrivé lorsque je faisais des rencontres avec des jeunes, de dire voilà j'aimerais que tous ceux dont tous les grands-parents sont Genevois se lèvent, et il y en avait que deux ou trois. Moi je rappelle souvent aux gens que je rencontre par rapport aux réfugiés d'aujourd'hui, mais souvenez-vous, la plupart d'entre nous, nous sommes des descendants d'immigrés. Alors des fois pas d'autres continents ou d'autres... pays, mais déjà d'autres cantons, il y a un ou deux siècles, les gens qui venaient du Valais ou du Fribourg, c'était les étrangers à Genève. Et c'était aussi difficile que pour les étrangers d'aujourd'hui, des fois, dans l'accueil qu'ils devaient vivre. Donc, se souvenir que ça bouge, qu'on a des populations qui bougent, je pense que c'est important. Mémoire vive, un podcast de Michel Cocher pour réformer.ch
- Speaker #1
J'ai convié sur ce plateau une personnalité exceptionnelle. Elle est pionnière à plus d'un titre. Pionnière dans le travail social, pionnière dans le travail interreligieux. Il est en même temps diacre, premier modérateur de la compagnie des pasteurs à Genève. Il a travaillé pour améliorer le statut des saisonniers, mais aussi l'intégration des réfugiés à l'aéroport, l'intégration des femmes par des cours de langue française. Une personnalité polyvalente que vous allez découvrir. Bonjour Maurice Gardiol.
- Speaker #0
Bonjour Michel.
- Speaker #1
Merci de nous donner cette heure. À l'enseigne de Mémoire vive, on va explorer un peu l'étonnant parcours qui a été le vôtre, les rencontres, les expériences que vous avez vécues. On va commencer par une période dont vous êtes le témoin encore, mais il y en a de moins en moins si on peut dire, c'est celle de mai 68. Vous avez commencé au cœur de l'action, puisque si je ne faisais erreur, vous faisiez à cette époque-là votre formation à l'Institut d'études sociales.
- Speaker #0
Exactement. C'était même avant les événements de mai 68 en France. Nous sommes arrivés dans cette formation et nous avons trouvé qu'elle avait besoin d'être vraiment dépoussiérée. C'était l'héritage d'une école sociale qui n'avait pas eu l'occasion tellement de s'interroger sur ses méthodes de formation, sur la manière de rendre plus actif aussi. des jeunes adultes que nous étions dans leur formation. Alors nous avons demandé à pouvoir co-gérer cette école, ce qui a posé pas mal de questions à la direction de l'époque. On a eu la chance d'avoir un directeur qui s'appelait Yves de Saussure, qui venait d'arriver aussi, et qui a joué le jeu d'une certaine manière. et qui a été d'accord de tenter l'expérience avec nous.
- Speaker #1
C'était quoi la co-gestion dans votre...
- Speaker #0
Alors la co-gestion c'était la définition des programmes, le choix des enseignants, la manière de faire les évaluations, d'organiser l'ensemble de la formation.
- Speaker #1
C'était tendu avec le corps enseignant ?
- Speaker #0
Avec certains oui, on a demandé que certains renonce à poursuivre leur enseignement dans cette école, donc évidemment c'était pas toujours évident. Parmi les gens qui étaient avec nous, qui étaient un enseignant dans l'équipe, il y avait Bernard Creta, qui était bien sûr aussi très actif dans toute cette réflexion. Mais ça a été très formateur, je dirais que c'est peut-être celle qui était le plus formateur dans cette formation, cette expérience de co-gestion. qui nous a amenés ensuite, dans nos lieux de nos premiers engagements aussi, à vivre des choses assez fortes dans cette dynamique-là. J'ai été engagé en 1971 au Centre social protestant à Genève avec d'autres jeunes assistants sociaux qui avaient vécu un peu ce moment. Et on est arrivé dans une période où on remettait en question la gestion des baraquements des saisonniers. par le centre social protestant.
- Speaker #1
Juste encore sur la formation, vous aviez l'impression de faire la révolution, vraiment d'être des acteurs d'un monde fondamentalement nouveau ?
- Speaker #0
Je ne sais pas sur le moment, c'était très impliquant, très engageant, quand on faisait le travail de réflexion sur les programmes, sur le contenu de la formation, etc. On s'impliquait vraiment à fond, on travaillait presque jour et nuit, week-end compris, dans des atmosphères très enfumées à l'époque, en plus. Donc oui, il y avait un élan, il y avait une dynamique, il y avait un enthousiasme. Mais qu'est-ce qu'on pensait faire vraiment, je ne sais pas. Après, il y a eu les mouvements en France, etc. Alors j'étais en même temps très engagé à ce moment-là dans les groupes publics universitaires. où on essayait aussi de réfléchir à notre manière d'être témoin. de notre foi dans ce contexte-là, c'était donc passionnant.
- Speaker #1
Alors vous avez mentionné le CSP, vous avez été actif au CSP des années, et comme employé, puis ensuite plus tard dans les instances dirigeantes.
- Speaker #0
Oui, alors au CSP, je suis arrivé dans l'élan de ce que j'avais vécu à l'école sociale, aussi après un voyage de quelques mois en Angola avec un ami du GBU. C'était avant la révolution des Oillets, donc c'était encore l'occupation portugaise. Avant la révolution des Oillets, c'était des terres occupées, on était dans la brousse, dans des hôpitaux missionnaires. C'était assez passionnant, mais aussi assez interpellant. Et c'est là que j'avais reçu un appel de quelqu'un qui travaillait au CSP en disant on a une place. qui se libère, est-ce que ça t'intéresserait ? C'était quelqu'un qui était engagé dans le comité des GBU, qui savait que j'étais en recherche d'emploi, alors j'ai dit oui, pourquoi pas. Et quand je suis arrivé, comme je l'ai dit, on s'est assez vite trouvé dans une situation un peu conflictuelle avec une partie du comité du CSP. J'y avais fait un stage auparavant, encore avec le pasteur Renald Martin, qui en a été le fondateur. Mais là, c'était le pasteur Jean-Marc Droin qui venait d'arriver comme nouveau directeur. Et voilà, on était très questionnés par la problématique du statut des saisonniers et le fait que le CSP, à l'époque, avait des baraquements qu'il gérait pour le logement de ces personnes dont on interdisait le séjour des familles, etc. Donc on estimait que c'était une manière d'être un peu cautionné. politique qui nous déplaisait fortement.
- Speaker #1
Le CSP, à l'époque, comment vous pourriez le définir ? C'était une institution qui avait pignon sur rue, qui avait des moyens ?
- Speaker #0
Oui, c'était quelque chose qui avait été quand même un service social privé, qui était assez réactif, qui avait pris beaucoup d'initiatives dans différents domaines, qui avait développé des présences dans différents lieux. Sur ce plan-là, c'était quelque chose d'assez dynamique. Mais sur le plan politique, je dirais qu'il avait un comité assez conservateur. Donc il ne voyait pas forcément ces questions avec celles qu'on amenait. En plus, on est arrivé avec nos revendications de co-gestion et de salaire unique. Et ça a suscité beaucoup de remous dans l'institution, ce qui a amené à une sorte de cabale à un moment donné, qui a amené des changements au sein du comité, qui a fait que le CSP a renoncé à continuer cette gestion des bâtiments, ce qui a suscité là aussi un débat au niveau politique dans la République. Je dirais que ça a été un peu précurseur. Ensuite, le CSP s'est engagé, ce qu'on appelait l'ouverture de la petite école, c'est-à-dire pour créer des lieux scolaires pour les enfants clandestins, la création du centre de contact chez ces immigrés, d'autres lieux par la suite, qui a permis d'accueillir ces populations et de les accompagner d'une manière différente. Donc là aussi, ça a été des années très dynamiques. et très stimulante pour essayer de trouver des manières d'être dans l'action sociale d'une manière renouvelée.
- Speaker #1
Vous avez été actif dans le secteur des réfugiés. Vous avez créé ce secteur au sein du CSP.
- Speaker #0
Oui, quand je suis arrivé, le CSP s'occupait déjà d'accompagner des réfugiés. Ils avaient été assez actifs dans l'accompagnement de l'accueil des réfugiés de Hongrie, de Tchécoslovaquie auparavant. Mais ce n'était pas forcément évident parce qu'ils étaient une sorte d'intermédiaire indirect entre des services qui géraient cet accompagnement des réfugiés à Zurich et à Berne. Et ils m'ont demandé un petit peu de réfléchir à une autre manière de pouvoir organiser ce service, entre autres avec l'entraide protestante suisse et avec d'autres services mandatés par la Confédération. pour s'occuper des réfugiés, mais qui n'avait aucun bureau direct en Suisse romande. Et c'est comme ça qu'on a mis en place ce secteur des réfugiés qui a pu... être connu comme interlocuteur direct de ce qui s'appelait la division fédérale de police à l'époque, au niveau de la Confédération, qui suivait l'accompagnement social des réfugiés pendant leur phase d'intégration. Et ça m'a amené à connaître ces populations, à faire le lien avec l'histoire et ma propre histoire. de descendants de vaudois du Piémont qui avaient vécu de nombreux exils. C'est pourquoi j'ai amené cette magnifique Bible de famille, cette Bible d'Olivetan, qui est donc la première Bible traduite en français en 1535 par le cousin de Calvin qui s'appelait Robert Olivetan, à la demande des vaudois du Piémont. dans ces vallées entre Turin et la Drôme, où étaient réfugiés les disciples de Valdo, un pré-réformateur du XIIe siècle. Ils avaient eu l'occasion de rencontrer Farel, qui était venu les visiter, et ils avaient demandé à Farel d'avoir une traduction de la Bible, qui a été faite par cette Olivetande. C'est la première Bible traduite en français d'après les textes originaux en hébreu et en grec.
- Speaker #1
Alors Farel, on en a parlé dans le noir-vivre avec Olivier Labarthe,
- Speaker #0
qui est un spécialiste que vous connaissez évidemment.
- Speaker #1
On est un peu impressionné devant cette Bible d'imaginer que c'est le XVIe siècle. Enfin,
- Speaker #0
ce papier a tenu un demi-millénaire. Exactement.
- Speaker #1
C'est absolument incroyable.
- Speaker #0
Je ne crois pas que nos livres actuels seraient dans un tel état. dans quelques siècles, mais voilà, celui-là, il tient bien.
- Speaker #1
Est-ce que ça vous arrive de le regarder, de le feuilleter encore, ou bien on n'ose pas trop le toucher ?
- Speaker #0
Non, non, moi je l'ai volontairement gardé dans la famille pour qu'on puisse de temps en temps l'ouvrir, regarder, lire aussi les quelques notes qui sont à l'intérieur. Il y a des témoignages assez touchants parce qu'à l'époque, les vaudois du Piémont dans les Valais, ils étaient bannis de l'état civil. Donc tout l'état civil était tenu par les paroisses et était noté dans les bibles de famille. Donc les mariages, les naissances, les décès, on les notait dans la bible de famille. Donc c'est un livre vraiment qui porte le témoignage de beaucoup de choses. Oui,
- Speaker #1
c'est le livre de l'Alliance,
- Speaker #0
de cette façon,
- Speaker #1
carrément socialement.
- Speaker #0
Oui, oui, tout à fait. Et donc cette bible, elle était sur une bibliothèque chez mon grand-père, et quand j'étais enfant, j'étais impressionné par ça. ce vieux livre et c'est ce qui m'a amené ensuite à m'intéresser à retrouver ses origines, à retrouver des liens avec encore des descendants qui se trouvent dans les vallées, d'autres gens de la famille qui sont en Suisse. C'est toujours assez intéressant de faire ce travail généalogique.
- Speaker #1
Vous vous sentez comme un émigré encore aujourd'hui, alors que vous êtes quand même à Genève plus qu'inséré, on peut dire.
- Speaker #0
Oui, c'est mon arrière-grand-père qui est arrivé en Suisse, donc ce n'est pas si vieux.
- Speaker #1
Ce n'est pas si vieux, oui.
- Speaker #0
Et moi je rappelle souvent aux gens que je rencontre par rapport aux réfugiés d'aujourd'hui, mais souvenez-vous, la plupart d'entre nous, nous sommes des descendants d'immigrés. Alors des fois pas d'autres continents ou d'autres pays, mais déjà d'autres cantons. Il y a un ou deux siècles, les gens qui venaient du Valais ou du Fribourg, c'était les étrangers à Genève. C'était aussi difficile que pour les étrangers d'aujourd'hui des fois, dans l'accueil qu'ils devaient vivre. Donc ce souvenir de cela m'est arrivé lorsque je faisais des rencontres avec des jeunes, de dire voilà j'aimerais que tous ceux dont tous les grands-parents sont Genevois se lèvent, et il y en avait que deux ou trois. Donc ce souvenir que ça bouge. On a des populations qui bougent, je pense que c'est important.
- Speaker #1
Sur cette thématique des réfugiés, un mot peut-être sur l'Agora à Genève, dont vous avez été avec d'autres, un des acteurs ?
- Speaker #0
Oui, alors ça c'est un peu plus tard, mais effectivement, entre le CSP et l'engagement, la création de l'Agora, j'ai fait une formation diaconale à la demande de l'église de Genève, d'une paroisse qui m'avait invité à venir. accompagner leur travail parmi les jeunes et les adultes en tant que diacre, Et puis très vite, dans cette paroisse, on s'est intéressé aussi à la question des réfugiés. Ça a été l'époque des Boat People qui venaient du Vietnam. Et dans la commune où je travaillais, à Bernay-Confignon, il y a quelques familles qui étaient accueillies. Donc on avait constitué un groupe d'accueil en lien avec le CSP du reste. Et j'étais à ce moment-là toujours au comité du CSP. Et on m'a dit, mais bon, il y a un problème qu'il faudrait reprendre, c'est la question de ces réfugiés qui arrivent. Il nous semble que l'Église n'est pas assez impliquée dans cet accueil, alors qu'elle est la seule à pouvoir être dans certains lieux un peu clés, en particulier dans la zone de transit de l'aéroport. Ça a donné lieu à une réflexion œcuménique du reste, j'ai associé le centre... le centre de l'église catholique qui s'occupait de ces problématiques. Et puis on a dit, bon, il faudrait constituer une aumônerie qui puisse travailler dans ce lieu qu'est l'aumônerie de l'aéroport et développer quelque chose pour les réfugiés. C'est comme ça qu'a été créé l'Agora et qu'on m'a demandé de prendre... la responsabilité avec un autre collègue qui était le pasteur Jackie Cortet de ce travail d'aumônerie à l'aéroport et auprès des réfugiés.
- Speaker #1
C'était bien vu ce travail, par exemple du côté des autorités fédérales ?
- Speaker #0
Alors, les autorités cantonales, on a eu un certain appui. Parce que pour eux, c'était bien d'avoir une antenne de gens qui pouvaient les alerter, qui pouvaient être en dialogue avec eux. Ils avaient même accepté la constitution à cette époque-là d'une délégation des églises aux réfugiés qui rencontraient régulièrement une délégation du conseil d'État pour faire le point de la situation. Et on pouvait apporter là les différentes problématiques qu'on constatait. On avait été associés avec le CSP et avec d'autres organismes à créer des lieux d'accueil provisoires pour héberger des gens quand on ne savait pas. où ils pouvaient être accueillis lorsqu'il n'y avait pas de place dans le centre fédéral qui avait été ouvert à Genève. Par contre, notre présence, entre autres dans le centre fédéral d'accueil, de premier accueil à l'aéroport, n'était pas toujours bien vue des autorités fédérales et ils ont tenté de nous interdire l'accès.
- Speaker #1
Pourquoi ?
- Speaker #0
En estimant que ce n'était pas notre rôle, que... Il y avait déjà à ce moment-là la Croix-Rouge qui assurait une présence, etc. Et puis, on a résisté. Puis on a dit, mais une aumônerie, ce n'est pas la Croix-Rouge. C'est un espace de parole libre. Les autres représentants d'œuvres dentaires, ils sont là avec un mandat de la Confédération pour assister à des auditions. Nous, on rencontre les gens librement, on leur laisse une liberté de parole. On peut les rencontrer comme on veut et ils ont la liberté de nous dire ce qu'ils veulent, sans témoin et confidentiellement. Et on a eu là l'appui du canton et finalement les représentants des œuvres d'entraide, eux, n'ont plus pu y aller, mais il n'y avait plus que les aumôniers. Donc avec les différents appuis qu'on a eu à Genève. Au point qu'on a même pu, au niveau suisse, faire admettre cette présence des aumôneries dans tous les centres d'enregistrement de la Confédération.
- Speaker #1
Là, ça a commencé à Genève.
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Donc voilà, c'était une manière de sommer quelque chose et de prendre des initiatives, et puis de tenir ferme aussi par rapport à peut-être des volontés. de laisser les églises de côté sous un prétexte ou un autre, et de ne pas aussi prendre en compte la dimension, la réalité spirituelle de la vie de ces réfugiés ou de ces requérants d'asile.
- Speaker #1
À cette époque-là, est-ce qu'on peut dire que les églises avaient encore, plus qu'aujourd'hui peut-être, une véritable autorité spirituelle ou en tout cas une légitimité, disons, même à Genève, ou quand on est plutôt laïque d'esprit ?
- Speaker #0
Oui. Mais je crois qu'elles prenaient leur responsabilité au sérieux et je crois qu'aujourd'hui encore, elles peuvent l'avoir, cette autorité. Il ne faut pas craindre de se positionner et d'interpeller parce que, je pense, de la part de certaines autorités, il y a une volonté quand même d'entendre ou d'écouter ce que les églises ont à dire.
- Speaker #1
Parmi les choses que vous avez faites, on reste un peu dans le domaine d'action sociale et politique. Vous avez créé une association qui s'appelle Camarada. Je n'ai pas retrouvé l'année de création, vous en souvenez peut-être.
- Speaker #0
Alors c'est 92, ça fait heure.
- Speaker #1
Dites-nous un peu plus sur l'objectif.
- Speaker #0
Alors ça aussi, c'était avec les... J'étais encore au comité du sens social protestant. et j'étais en particulier la p... Personne relaie avec les collaborateurs et collaboratrices du service des réfugiés. Et là, on constatait que par rapport à l'accueil des requérants d'asile, c'était nécessaire de trouver des lieux d'accompagnement de formation plus communautaire que le suivi individuel. Il y avait bien des possibilités, par exemple, de leur financer quelques cours de français ou des choses comme ça. mais souvent dans des cours ou dans des lieux qui n'étaient pas vraiment appropriés, avec des méthodes qui ne convenaient pas pour cet apprentissage. Donc on a proposé de concevoir tout d'abord des cours adaptés pour cette population de formation. Et ça a assez bien marché. On a fonctionné pendant 2-3 ans avec une première association qu'on avait créée. qui s'appelait l'Association Genevoise d'Entraide aux Réfugiés et qui avait engagé des personnes pour donner des cours de français selon une méthode qui était inspirée d'un pédagogue qui s'appelle Caleb Gattegno, qui permettait d'enseigner à des gens de différentes langues, d'origine, avec le support des couleurs, de manière orale, et c'était vraiment une méthode qui fonctionnait bien. Ça a tellement bien marché que les structures du canton qui s'occupaient de l'accueil des requérants d'asile ont dit « Bon, nous on va reprendre ces cours à l'intérieur de nos structures, on vous demande simplement de former notre personnel pour cela. »
- Speaker #1
C'est une belle reconnaissance.
- Speaker #0
Voilà, c'était une belle reconnaissance. Simplement, après, le constat qu'on avait fait, c'est que dans nos cours, on avait surtout des hommes et quasiment pas de femmes. Et là, on a essayé d'évaluer quelle était la raison. Et ce qui a donné lieu à tout un travail d'études dans les familles, qui a montré qu'il y avait besoin d'un lieu un peu protégé et réservé pour les femmes, qui avaient des enfants en âge préscolaire, qui ne pouvaient pas aller dans les crèches pour différentes raisons, parce qu'ils n'avaient pas de place, parce qu'ils n'avaient pas les moyens, etc. Pas de papier ou que ce soit là. Donc on a essayé d'imaginer un lieu pour les femmes, qui accueillait aussi les enfants, en parallèle, dans le même local. Et puis voilà, on a démarré ça, et ça a eu tellement de succès qu'il a fallu très vite trouver des moyens de s'agrandir. Et puis peu à peu, c'est les femmes qui ont appelé ce lieu Camarada, et ça a pris le nom. On a changé le nom de l'association, et c'est devenu l'association Camarada. Le privilège de pouvoir présider cette association pendant plus de 35 ans, qui est maintenant une association qui reste très dynamique et très impliquée, qui a développé des tas de formations et d'activités pour les femmes et les enfants.
- Speaker #1
La liste est longue, on va le voir dans cet échange avec vous, Maurice Gardiol. Vous avez été, chronologiquement c'est un peu après, mais ça fait partie d'un engagement aussi de nature sociale et politique, membre de l'Assemblée Constituante. Vous avez postulé en tant que quoi ? En tant que diacre, en tant que fils d'émigré, en tant qu'acteur du champ social, en tant qu'activiste politique aussi ? Vous avez une couleur politique ?
- Speaker #0
Oui, alors pendant que j'ai mon diaconat et pendant mon engagement à l'Église, je n'avais pas d'engagement politique. J'étais intéressé, j'étais sympathisant. Je soutenais certaines actions. C'est au moment où j'ai pris une retraite un petit peu anticipée et que j'ai démissionné du reste formellement de la compagnie des pasteurs et des diacres en disant « moi je redeviens un simple paroissien, un simplement de l'Église » . Elle est venue me chercher en disant « Bon, il y a cette assemblée constituante qui est en train de se créer, on trouverait bien, vu tes engagements que tu as eus, etc., que tu en fasses partie. » J'ai pu faire partie d'un des groupes politiques qui avait ouvert à des gens de la société civile sa liste. C'était le Parti socialiste. J'ai fait partie de cette liste comme non-membre du Parti socialiste pour l'élection à l'Assemblée constituante. J'ai été assez étonné d'être élu parce que je n'avais eu aucun engagement. dans ce domaine-là auparavant.
- Speaker #1
Comment ça s'est passé ? Quels souvenirs, Sayon, vous gardez de ces années ? Parce que ça a duré des années.
- Speaker #0
C'était quatre ans. Quatre ans que l'Assemblée a travaillé. J'ai été dans un premier temps élu membre de président de la commission, une qui était la commission chargée des dispositions générales, des droits fondamentaux. C'était la commission qui devait traiter en particulier toute la question de la laïcité. Oui,
- Speaker #1
justement.
- Speaker #0
Sur la laïcité, on a pu débattre, on a pu avoir, je crois, une formulation de l'article sur la laïcité, qui n'était pas non plus dans la constitution précédente, qui affirmait quelque chose, effectivement, qui était issu de l'histoire de Genève, mais qui laissait une certaine ouverture, puisqu'elle donnait la possibilité d'un dialogue. entre les communautés religieuses et les autorités politiques.
- Speaker #1
On a parlé des gardioles qui viennent des vallées d'Odors du Piémont, alors on en a parlé aussi sous l'an qu'ils viennent avec la Bible sous le bras. Donc j'aimerais qu'on s'arrête un peu sur votre parcours religieux, spirituel. Si je devais résumer un élément historiquement saillant, vous avez été, Maurice Gardiol, le premier modérateur de la compagnie des pasteurs et diacre, donc le premier diacre. modérateur. Alors ça c'est l'aboutissement de tout un parcours. Vous veniez d'un milieu intellectuel et spirituel relativement étroit, on peut dire ça comme ça ? Oui,
- Speaker #0
tout à fait.
- Speaker #1
Comment vous en êtes arrivé à occuper la place la plus prestigieuse dans l'église protestante de Genève ?
- Speaker #0
Je ne sais pas si elle est si prestigieuse, mais elle a son importance. Mais effectivement, j'ai vécu au moment de l'adolescence et de 68 aussi, une rupture avec un milieu. assez fondamentaliste et je me suis trouvé un peu avec d'autres amis dans une situation d'entre-deux qui nous a permis d'expérimenter d'autres choses au niveau spirituel. On n'a pas tout de suite retrouvé une insertion ecclésiale, donc on a vécu, on a essayé d'imaginer des formules de ce qu'on a appelé des églises de maison, qu'on a expérimenté. et qu'on a repris par la suite dans les lieux où on s'est retrouvé plus inséré dans une église. Et puis c'est le fait effectivement d'avoir rencontré un certain nombre de personnes de l'église protestante de Genève, d'avoir connu aussi tout ce qui se faisait au centre protestant d'études à l'époque, avec Marc Fexler, Eric Fuchs, et tous les personnages qui gravitaient là autour. quand on s'est rapproché un peu de l'église protestante. Et puis, quand j'ai été appelé par une paroisse pour venir comme assistant d'un ami pasteur, ce n'était pas encore comme diacre, mais j'ai appris à connaître cette paroisse. Et peu à peu, je me suis dit, bon, effectivement, je vais rejoindre cette communauté. Une fois, il y avait des ressources intéressantes. Et dans cette paroisse, avec le pasteur René-Marc Janin, à l'époque, qui s'était connu au GBU, on a organisé toute la paroisse en église de maison.
- Speaker #1
C'était Bernay,
- Speaker #0
Bernay-Confinion. Bernay-Confinion, oui. J'ai vécu cette formation diaconale après dans ce cadre-là. Création de l'Agora, je suis allé à l'aumônerie. Et là, à un moment donné, j'ai commencé à participer aux séances de la compagnie des pasteurs et des diacres, juste au moment où il y avait le débat dans la compagnie pour savoir si on allait admettre les diacres comme membres de la compagnie �� part entière. Et j'avais fait tout un travail dans ma formation diaconale avec quelques autres collègues sur la question de la diversité des ministères chez Calvin et dans l'ecclésiologie réformée. Évidemment, ça m'a beaucoup intéressé. J'ai participé et j'ai trouvé important que les diacres puissent prendre leur place. Il faut dire qu'à Genève, contrairement à d'autres églises romandes, non seulement les diacres ont été reconnus comme faisant partie de cette digne compagnie honorable, mais ont aussi toujours bénéficié de la même base salariale que les pasteurs.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Vous aviez le même salaire que vos collègues pasteurs.
- Speaker #0
Exactement. Donc, il y avait la même reconnaissance et peu à peu, on a été admis comme des interlocuteurs reconnus au sein de la compagnie. Ce qui fait que lorsqu'il y a eu l'élection d'un nouveau conseil de la compagnie, certains collègues se sont approchés de moi et m'ont demandé d'être candidat. Voilà, donc j'ai été candidat. Et vous avez été élu alors ? J'ai d'abord été élu vice-président. Comme d'habitude, et puis ensuite... Et là, j'ai pris quelques initiatives comme vice-président, entre autres pour réactiver ou relancer les retraites spirituelles, la compagnie. Et là, ça nous a permis de retrouver des liens avec des communautés monastiques comme Thésée, comme Basie, comme Bosée. Et on organisait chaque année une retraite dans ces différents lieux. Et c'était vraiment un moment fort. Et ce qui fait que trois ans plus tard, j'ai été élu effectivement modérateur.
- Speaker #1
Vous vous souvenez de quelle année ?
- Speaker #0
Alors c'était en 98. J'ai fait la modérature en 98 et 2001. Passage du siècle. Et m'a succédé la première femme modératrice.
- Speaker #1
Ça, ça... Ça vous a donné une reconnaissance ou ça a valorisé la fonction de diacre par rapport à une église qui, au fond, valorisait surtout les pasteurs, qui étaient la figure ecclésiale par excellence ?
- Speaker #0
Oui, je crois que c'était un moyen, en tout cas, de donner une visibilité au diaconat et de faire comprendre. Le débat a continué sur la spécificité du ministère diaconal dans nos églises.
- Speaker #1
C'est un débat sans fin.
- Speaker #0
Voilà, donc moi j'avais mon approche. en disant que le problème se pose différemment si on reconnaît vraiment la valeur de la diversité des ministères et qu'on ne cherche pas à définir d'abord des spécificités, mais plutôt la complémentarité. Et après, ça s'entremêle. J'entends comme beaucoup de choses dans la ville, mais ce n'est pas important. C'est ce qu'apporte chaque ministère et à l'intérieur de ces ministères, chaque personne. dans sa diversité. Et c'est ces richesses-là qu'il faut tenter d'exploiter, d'utiliser pour élargir les compétences, les contacts, les réseaux, etc. Donc c'est ce qui me semblait vraiment créatif, une église avec l'importance du diakona qui était vraiment centré sur le travail en réseau, en équipe. C'est ça qui était important pour moi.
- Speaker #1
Alors, travail en réseau, en équipe et dimension religieuse, j'aimerais qu'on évoque un autre domaine dans lequel vous avez été très actif, c'est la plateforme interreligieuse. Racontez-nous.
- Speaker #0
Alors oui, c'est une plateforme qui a un peu plus de 30 ans maintenant à Genève, qui a été créée aussi dans le réseau du Centre protestant d'études de l'époque, qui a été dirigé par Jean-Claude Basset, qui a été un des grands porteurs de cette idée. au sein de notre église en tout cas, et qui travaillait déjà à du dialogue avec des gens de différentes communautés religieuses de Genève. Et ça a donné lieu à la naissance de cette plateforme.
- Speaker #1
Vous avez été là dès le début ?
- Speaker #0
Alors j'ai été comme membre dès le début, mais je ne m'étais pas impliqué beaucoup plus. C'est à partir du... de 2012 qu'on est venu me chercher pour être trésorier de cette plateforme. Et puis, en devenant trésorier, j'ai dit « oui, mais je ne veux pas être simplement trésorier, j'ai envie d'être acteur dans ce projet qui me tient à cœur, parce que je trouve qu'à Genève, autant Genève a joué un rôle important dans le développement de l'œcuménisme, il faut qu'on profite de ce qu'on peut vivre à Genève pour développer aussi ce dialogue interreligieux. » J'ai pu trouver là des possibilités de dialogue aussi justement avec le travail de la Constituante, avec les autorités, avec d'autres partenaires pour leur faire comprendre l'importance de cette présence de la plateforme et du dialogue interreligieux. assurer un respect des différentes communautés, développer une meilleure connaissance de ces parcours et de ces réalités différentes au sein de la cité. Ça a été utile dans un certain nombre de situations et ça a été reconnu. Je sais par exemple on a pu dans la commune où j'habite et dès l'implantation d'une mosquée. et que les autorités de la commune ont été très reconnaissantes du travail qu'on a pu faire avec la plateforme pour préparer cette arrivée sans problème.
- Speaker #1
Ça veut dire que vous fréquentiez des croyants de tradition musulmane et que vous aviez un réseau d'amitié et de confiance mutuelle qui permettait de réagir ?
- Speaker #0
La communauté en question avait demandé à devenir membre de la plateforme, on avait pu travailler avec eux comme on pouvait. se présenter, quelles étaient les démarches préalables à faire, et puis alors avec la commune, avec leur service de l'action sociale, le service de la communication, voir comment on pouvait préparer ça. On avait organisé un rallye interreligieux entre toutes les communautés qui existaient déjà sur la commune, donc c'était aussi sensibiliser les autres paroisses qui étaient déjà là. et faire connaissance, amener à la reconnaissance, et puis vivre ça de manière la plus harmonieuse possible.
- Speaker #1
Il y a une telle liste avec Maurice Gardiol qu'on ne sait pas ce qu'on peut laisser de côté, mais je ne peux pas laisser de côté un autre de vos engagements, c'est le soutien spirituel en cas de catastrophe. Je ne sais pas si c'est une initiative qui fut d'abord vaudoise et ensuite genevoise, mais en tout cas dans votre cas, c'est le côté genevois qui a été mis en avant.
- Speaker #0
Oui, ça a été lié à mon engagement dans l'aumônerie à l'aéroport. À l'aéroport. Parce qu'en tant qu'aumônier d'aéroport, on avait un lien avec le réseau des aumôniers au niveau européen et mondial. Et on avait chaque année des formations qui étaient organisées par l'association internationale des aumôniers d'aéroport. et il se trouvait que j'ai eu l'occasion d'aller... à Chicago pour une de ses semaines de formation avec des aumôniers sur ce thème de l'intervention des aumôniers en cas de catastrophe. Avec des gens qui avaient vécu des accidents d'avion, de différentes circonstances, et j'avais trouvé intéressant de voir qu'est-ce qui existait ailleurs et qu'est-ce qu'on mettait en place à Genève ou à Zurich. dans ce domaine-là. Et c'est ça qui a amené à la constitution d'un groupe de soutien spirituel d'urgence qui a été assez vite reconnu par l'association des psychologues qui organisait la cellule d'accueil en cas de catastrophe sur l'aéroport pour des accidents, je dirais, macro, comme on les appelait, dont on a fait partie. tout juste avant ce dramatique accident du 6R111. Le 6R111. Vous étiez dans... Et donc, on a été appelés à ce moment-là. J'ai souhaité dire,
- Speaker #1
pour être moi-même à la télévision à cette époque-là, que vous aviez été de ceux qui étaient sur le terrain.
- Speaker #0
Oui, oui. Alors, on était intervenus avec notre groupe. Et puis, on était intervenus aussi pour trouver des relais pour la cérémonie qui avait été interreligieuse, qui avait été... organisé dont Dominique Roulin avait été l'une des intervenantes, pour pouvoir effectivement aussi vivre un accompagnement spirituel par rapport non seulement aux gens qui avaient été directement victimes, mais aussi à tout le choc qu'ils avaient causé de manière collective. Donc c'est des choses qui seront vécues plusieurs fois, de différentes manières, et ce groupe continue à travailler. à se former, à exister.
- Speaker #1
Alors Maurice Gardiol, on a parlé de la Bible ici, mais il y a d'autres objets, vous en avez beaucoup, puisqu'il y en a quatre là. Est-ce qu'il y en a un ou l'autre ? Peut-être celui-ci sur ces photos ? Est-ce qu'on est dans Camarada ?
- Speaker #0
On est dans Camarada, oui. Ce sont des photos que le grand photographe Jean Maure est venu faire pour les 25 ans de Camarada, parmi ses femmes. Je trouve que son regard, le regard qu'il a porté là, est vraiment assez extraordinaire. C'est un livre qui s'appelle Planète Femme. Et on voit là justement un de ses cours de français avec une enseignante et puis les autres rencontres qui ont lieu dans ce lieu avec des populations très diverses, des parcours extraordinaires de ces femmes. J'ai amené un vieux disque gospel. Quand j'étais ado, j'allais souvent dans une... dans un magasin de disques qui se trouvait près de la gare Cornavin à Genève et qui apportait des... c'était un des premiers magasins de disques qui apportait des disques de chorale gospel américaine. Et c'est là que j'ai découvert un peu le gospel. C'était les premiers spectacles aussi que montaient en Suisse les Compagnons du Jourdain à l'époque. J'ai été vraiment fasciné par cette musique et par l'histoire qu'il y a derrière ces gospels qui rejoignent toutes ces problématiques de l'exil. Et de voir aussi toute la force de ces chants inspirés de l'évangile ou de l'histoire du peuple hébreu qui parlait à des gens qui recherchaient la liberté. et de sortir de leurs esclavages au travers de toutes les métaphores que représentaient ces chants. J'ai trouvé ça extraordinaire. Ce qui fait que j'ai été aussi pendant une quinzaine d'années membre d'un chœur gospel et que j'ai beaucoup apprécié aussi cette aventure-là.
- Speaker #1
Puis il y a encore un dernier chapitre qu'on doit ouvrir. Est-ce qu'il faut l'introduire par cette magnifique gravure de Pernoud ? C'est le Maurice Gardiole et le livre. Alors, il y a le livre que vous avez ramené sous le bras des Valais vaudoises, mais il y a tous les livres auxquels vous avez contribué en étant auteur, on en dira un mot, très modestement, mais aussi éditeur.
- Speaker #0
Oui, c'est intéressant parce que c'est un peu transversal par rapport à mon histoire. Mon premier contact avec des éditeurs, c'était quand j'étais responsable des groupes bibliques universitaires et que j'avais repris la responsabilité avec une petite équipe de l'édition du journal Chantier, qui était la revue des groupes bibliques universitaires. Et on a cherché avec qui on allait pouvoir faire imprimer ce journal ici, et c'est là que je suis tombé. en contact avec Jean-Samuel Grand qui venait d'ouvrir une petite imprimerie artisanale. Lui-même étant aussi sorti du milieu social, il était assistant social avec son frère. Ils avaient décidé de... ils s'étaient formés aussi comme imprimeurs. Et donc on a imprimé ce journal chez eux. Et suite à ça, on a créé une petite maison d'édition. toujours avec les groupes bibliques universitaires, qui s'appelait les presses bibliques universitaires. Et donc on a continué avec lui comme imprimeur. Et lui-même a créé, a fondé une maison d'édition qui s'appelle Ouverture et un journal, la revue itinéraire. Et donc on a commencé à cheminer ensemble. Il m'a proposé de collaborer avec lui. Je suis devenu membre de son conseil d'administration. son imprimerie. Et donc j'ai suivi toute l'évolution des éditions, etc. Il est décédé il y a 5-6 ans, assez brusquement, et j'étais encore membre du conseil d'administration de l'imprimerie. Et on s'est dit, comment est-ce qu'on continue cette vision, ce travail ? C'était assez lourd, mais on a essayé d'essayer de continuer un peu le travail d'édition. en renonçant à l'imprimerie. Et donc j'ai reconstitué une petite équipe pour continuer ce travail et continuer à publier un certain nombre d'auteurs. Alors Jacques Pernoud, c'était une des personnes qui a pas mal collaboré aussi avec Jean Samuel, qui a illustré plusieurs livres.
- Speaker #1
Oui, ça fait partie en tout cas de la...
- Speaker #0
Il était graveur, oui, et il aimait bien illustrer ses ouvrages. J'aimais bien cette vision de livre. où il n'y avait pas seulement du texte, où il y a aussi la participation d'artistes un certain nombre de fois. Et on a continué ça pour un certain nombre de livres qu'on publie. Cette gravure-là m'avait été offerte, c'est le lavement des pieds, illustré par Jacques Pernoud, qui m'a été offert par l'équipe de l'Agora lorsque j'ai quitté le ministère dans cette aumônerie. Donc voilà, ça fait un peu le lien, ce travail d'éditeur que je poursuis de manière bénévole, mais qui est toujours assez stimulante et qui nous donne l'occasion de rencontrer des auteurs, des histoires de vie. des choses assez diverses.
- Speaker #1
Alors, vous écrivez aussi, j'en ai deux, là sous les yeux, un qui s'appelle, vous allez nous dire, « Le roi qui ne trouvait plus sa couronne » et puis « Le voyage de Madame Lune » . Alors là, vous essayez pour un autre public.
- Speaker #0
J'ai pas mal travaillé avec les enfants quand j'étais diacre à Bernay-Confinion. Et puis... J'ai imaginé des histoires pour mes petits-enfants et j'en ai gardé deux que j'ai illustrées avec une amie graphiste qui faisait nos affiches pour une autre activité que j'ai développée qui s'appelle le Temple aux Arts et qui m'a dit « j'aimerais bien illustrer des histoires » . Je lui ai dit « tiens, j'ai deux histoires, fais-moi un projet » . C'est comme ça qu'on a fait ces deux petits contes pour les enfants.
- Speaker #1
Alors vous avez mentionné le Temple aux Arts, c'est encore un chapitre qu'on peut ouvrir brièvement, c'est votre engagement pour la culture en général ou pour une culture chrétienne dans un contexte laïque ?
- Speaker #0
Je dirais pour ouvrir les paroisses sur la cité, tout en ne perdant pas leur âme, mais en voyant qu'il y a bien sûr le message évangélique qu'on apporte par leur... par les groupes bibliques, par les groupes de prière, mais qu'il y a d'autres manières de véhiculer le message, l'interpellation, la quête, le sens dont on peut être porteur. Et ça, c'était intéressant parce que c'était un moment où on a dû rénover le temple, on a dû trouver des soutiens financiers pour le travail de rénovation de ce temple, et on s'est retourné entre autres vers la commune. J'ai dit à la paroisse que si ils voulaient avoir quelque chose de la commune, il faut leur proposer des activités non-culturelles, dans le culturel, mais qui fassent aussi sens pour la paroisse. Donc cette idée d'imaginer quelque chose, et la création d'une association qui s'appelait le Temple aux Arts, pour solliciter, créer des activités culturelles, des pièces de théâtre. invités, des chorales, mais surtout des arts vivants, d'autres arts vivants, parce qu'il y a beaucoup de choses au niveau musical déjà dans nos paroisses, mais qui puissent trouver sa place dans ce lieu-là.
- Speaker #1
Ça s'est fait facilement ou bien on a rencontré des résistances ?
- Speaker #0
Non, on a eu vraiment le soutien d'une majorité des gens, autant de la paroisse que de la commune, pour créer cette association et pour continuer la collaboration. Ce qui fait que maintenant, même la commune demande de temps en temps de pouvoir venir jouer quelque chose dans le cadre d'un festival qu'ils ont, la Cour des Comptes à Plans-les-Ouattes, qui est assez connue, pour faire un des spectacles au Temple aux Arts.
- Speaker #1
Au fond, c'est rendre aussi à l'Église sa place au milieu du village ou qu'elle offre ses moyens et ses compétences. Alors, on finira par mentionner deux livres. Un que vous avez co-écrit,
- Speaker #0
ou même pas. Non, je n'ai même pas à quoi écrire.
- Speaker #1
Vous n'avez pas à quoi écrire, mais ça recoupe une bonne partie de vos engagements du côté de l'accueil des réfugiés. Ça s'appelle « Chronique d'un accueil controversé à Genève » . C'est signé Michel Barbarelle et Jean-Pierre Thurne. Et puis c'est l'Agora qui est dite. Oui,
- Speaker #0
c'est ça.
- Speaker #1
Voilà, c'est ça le lien avec vous.
- Speaker #0
Jean-Pierre Thurne est un des aumôniers qui a repris le relais à l'Agora. Et Michel Barbarelle a été un des fidèles du conseil de l'Agora, président et autres.
- Speaker #1
un protestant alcatolique.
- Speaker #0
Exactement. C'est une des choses aussi originales, c'est qu'on avait créé une homonerie œcuménique, dès le départ. Quelque chose qu'on n'est pas arrivé à faire, même actuellement dans les prisons ou dans les hôpitaux à Genève. Il y a des collaborations, mais on n'a pas réussi à maintenir cette vision d'avoir vraiment une homonerie œcuménique. Je suis content qu'au niveau de l'Agora, ça a été maintenu. C'est possible.
- Speaker #1
S'il faut faire un petit bilan de votre vie, il est probablement en partie ici, dans cet ouvrage que vous signez, qui s'appelle « La boussole et le baluchon, questions au carrefour de ma vie » . Ça c'est tout récent. C'était quoi l'idée ?
- Speaker #0
L'idée c'était de, non pas de faire une biographie, mais de retraverser certaines réflexions que j'ai pu avoir dans différents lieux, à différents moments de ma vie, de les retravailler, de trouver des textes de liaison aussi, et puis de proposer quelque chose qui stimule la réflexion. C'est pour ça que je suis parti plutôt sur les questions que sur les réponses.
- Speaker #1
Merci Maurice Gardiol, c'est partagé.
- Speaker #0
Merci Michel.
- Speaker #1
Il y a bien des étapes de votre parcours dans cette heure d'entretien. Je rappelle donc ce livre, Boussole et le Baluchon, c'est édité aux éditions OPEC et Ouverture. Et je vous souhaite, Maurice Gardiol, le meilleur pour les étapes, que vous serez encore nombreuses à venir.
- Speaker #0
Merci, et à toi aussi. Bonne suite. Merci Michel.
- Speaker #1
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