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Rire pour Guérir : Les Confessions Scéniques de Brigitte Rosset #6 cover
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Réformés.ch

Rire pour Guérir : Les Confessions Scéniques de Brigitte Rosset #6

Rire pour Guérir : Les Confessions Scéniques de Brigitte Rosset #6

20min |17/06/2024
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Description

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Dans cet épisode de “De Vive Voix”, découvrez l’univers de Brigitte Rosset, comédienne et chroniqueuse romande, reconnue pour son talent à transformer ses expériences personnelles en art scénique captivant. Elle nous partage les coulisses de ses spectacles,  où l’humour côtoie souvent la mélancolie, offrant une perspective rare sur la façon dont le rire peut servir de catharsis et de moyen de résilience.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est terrible de ne pas être entendue, de ne pas pouvoir s'exprimer, soit parce que le pays l'impose, interdit le fait de s'exprimer, soit parce que l'entourage interdit de s'exprimer, soit parce qu'on est soi-même son propre prisonnier et qu'on n'a pas osé dire que ce soit un drame, que ce soit une petite chose.

  • Speaker #1

    De vive voix.

  • Speaker #2

    Le monde a besoin de votre parole.

  • Speaker #1

    Dire, s'exprimer.

  • Speaker #3

    Prendre la parole, c'est extrêmement important.

  • Speaker #1

    Je parle en jeu.

  • Speaker #3

    Je me suis dit, ok, je peux aussi parler.

  • Speaker #0

    On a la voix du mécontentement, on a la voix de la colère.

  • Speaker #1

    De vive voix. On a plein de voix. Un podcast de Gabriel de Sarzan.

  • Speaker #2

    Brigitte Rosset est une comédienne, chroniqueuse et auteure remonde qui incarne avec humour son propre personnage, comme dans son troisième solo intitulé Smarties, Kleenex et Canada Drive. Mais qu'est-ce que la voix, thème de ce podcast, est avant tout pour elle ?

  • Speaker #0

    C'est ce à travers quoi s'exprime ce que j'ai envie de dire ou ce que j'ai envie de faire ou les émotions que j'ai envie de partager.

  • Speaker #3

    Et les émotions que vous aimeriez partager, c'est lesquelles ?

  • Speaker #0

    Ça dépend. Ça dépend des périodes, ça dépend de ce que j'ai à dire, ça dépend si je suis moi-même auteur de mes textes, si je choisis de parler de ma vie ou si je suis le vecteur d'une autre voix de quelqu'un d'autre qui se sert de la mienne pour exprimer quelque chose.

  • Speaker #3

    Mais prendre la parole sur scène, c'est dire parfois des choses qu'on a vécues, qui ont été douloureuses. Est-ce que ça fonctionne comme une catharsis, comme une libération, parfois ?

  • Speaker #0

    Ah oui, absolument. Moi, en fait, je suis comédienne et surtout là où je peux exprimer la voix dont on parle, c'est dans mes seules enceintes, où je me raconte et je raconte... Dans l'idée de faire rire aussi, parce qu'on ne peut pas faire rire avec le bonheur, je crois, on ne rit que du drame. Et donc il y a un spectacle que j'ai fait il y a quelques années maintenant, où je raconte que j'ai fait une dépression suite à une rupture sentimentale. Et là effectivement, j'ai joué ce spectacle je crois 150 fois pendant 5-6 ans, et ça a permis évidemment de prendre une distance folle. Mais déjà au moment où je l'ai écrit, parce qu'on ne peut pas écrire si on n'a pas un peu de distance par rapport à ce qu'on fait. Et puis ensuite, ça m'a permis évidemment d'évacuer cette histoire-là et en même temps de la perdurer et puis de la partager avec d'autres qui ont pu vivre le même type d'aventure.

  • Speaker #2

    Si ce que vous entendez vous intéresse, sachez que nous avons préparé dans la description une fiche qui résume les moments forts de cet entretien ainsi que les liens utiles en rapport avec le sujet.

  • Speaker #4

    Mais ça,

  • Speaker #0

    mais alors,

  • Speaker #4

    le public lausannois, quelle spontanéité ! Vous êtes top ! Vous allez bien ? Parce que moi, je vais très très très bien. Si jamais ça vous intéresse, je vais très très très bien. Là, maintenant, je vais très très bien. Non, parce que ça n'a pas toujours été le cas. Non, parce qu'en mars 2009, j'ai un plomb ici, mais vraiment un plomb, qui a fait vlouf, comme ça. Et alors, on m'a amenée dans une jolie maison toute blanche, où on prend bien soin de vous, qu'on appellera ce soir la Clinique des Lucioles. La Clinique des Lucioles, une lueur d'esprit. L'espoir pour ceux qui ont pété un plomb.

  • Speaker #0

    Mais il faut que je vous dise,

  • Speaker #4

    en fait quand il y a des portes vitrées dans les magasins, généralement, vous voyez, moi je les prends en pleine figure, toujours, et alors ça fait mal. Et puis en plus on est un peu ridicule, donc n'importe qui de censé se cache. Moi pas du tout, je ne me cache pas parce que je me réjouis que d'une chose, c'est d'aller le raconter aux copains pour leur dire à quel point j'étais ridicule, pour les faire rire. Donc si je vous raconte ça, c'est parce que je me suis pris une grosse, grosse claque sentimentale. Et je me réjouis de vous raconter.

  • Speaker #3

    Et là, vous étiez en phase vraiment avec votre public. Comment est-ce que vous expliquez que cette pièce, en l'occurrence, elle ait eu un tel succès ?

  • Speaker #0

    Ben, je ne sais pas très bien en fait. C'est plutôt triste de savoir qu'elle a eu du succès. C'est-à-dire que s'il y a autant de gens qui ont vibré avec cette histoire-là, c'est qu'il y a quand même plein de gens qui ont été très malheureux. Donc, ce n'était pas forcément se réjouir de ce succès. Après, je pense qu'il y a eu un témoignage qui était sincère et qui était en même temps drôle. Donc, je pense qu'il y a des gens qui se reconnaissaient, qui étaient en... En osmose avec ce que je vivais, mais il y a aussi beaucoup de gens qui peut-être simplement reconnaissaient leurs copines, leurs voisins, leurs mères. Puis ça leur faisait du bien aussi de pouvoir rire avec moi d'une situation à travers laquelle eux étaient ce qu'on appelle proches aidants ou qui étaient touchés par une situation de ce type. Et de pouvoir rire, ça permet d'évacuer beaucoup de choses.

  • Speaker #3

    Vous parlez d'ailleurs souvent sur scène en tant que femme, en tant qu'épouse, en tant que mère. Il y a chaque fois un peu de qui vous êtes.

  • Speaker #0

    Ben oui, c'est-à-dire que dans mon travail de seule en scène, je n'arrive pas à parler d'autre chose que de ce que j'ai vécu. Parce que quand on veut faire de l'humour, il faut comprendre très bien son projet. Et puis, comme je disais tout à l'heure, prendre de la distance par rapport à ce qu'on fait. Et si on ne maîtrise pas le sujet, on ne peut pas prendre cette distance. Donc moi, je n'arrive pas à avoir la petite distance, la petite analyse qui fait que ça en devient drôle. Donc ce n'est pas pour faire un culte de ma personne. C'est juste que c'est là où je trouve matière à raconter des choses qui finalement parlent aux autres, parce que j'ai une vie exactement... Enfin, plus ou moins pareil, à plein d'égards, à plein de gens. Donc, ma vie n'est pas extraordinaire. Ce n'est pas pour ça que j'en parle. C'est justement parce qu'elle est plutôt banale.

  • Speaker #4

    Je suis tombée amoureuse. Puis alors, je suis tombée de haut. De très, très, très, très haut. Évidemment, plus on tombe de haut, plus ça fait mal. Mais moi, ça a fait vraiment... Ah, mais de raide dingue amoureuse. J'étais plus que dingue, ça. Et je n'ai rien vu venir, rien. Mais quand j'ai enfin ouvert les yeux, vraiment, ça a fait vraiment... On va aller à l'hélicoptère. Bon, je vous raconte pour qu'on revienne un peu en arrière. Je vous raconte. Non, parce que vous dites, non, je suis embêtée. Donc, quand on s'est rencontrés, mon canard et moi... Oui, je l'ai appelé mon canard. J'avais 36 ans, trois enfants, un mari depuis plus de 10 ans. J'étais légèrement éteinte. Non mais j'avais l'impression d'être passée aux yeux de mon ex-mari de sac à bébé. C'est comme ça qu'il m'appelait, sac à bébé. Bon, c'est mignon. Ça avait au moins une fonction. À carrément transparente. Et canard, mon canard a débarqué dans ma vie à ce moment-là. Et il m'a regardée. Et moi je me suis dit Waouh ! Je suis encore une femme ! Il disait canard que j'étais la plus belle femme du monde. Mais moi je le croyais Il avait perdu trop de temps à me trouver Que j'étais sa pièce de puzzle Qui voulait m'épouser tout de suite J'ai dit oui, oui, enfin, faut juste que je divorce Mais oui, oui Me faire encore des enfants, j'en avais trois J'ai dit oui, oui, oui Qu'on habite ensemble tout de suite Oui, oui, oui, j'ai dit oui à tout Je suis tombée amoureuse Il restait un prince charmant Et c'est moi qui l'avais

  • Speaker #3

    Quand vous montez sur scène, vous dites ce que vous croyez profondément, parfois ?

  • Speaker #0

    Si on parle du seul en scène, oui. C'est-à-dire que je ne mens pas, je suis là et je suis moi-même très en phase avec ce que je raconte. Il y a une autre partie du métier qu'elle interprète. Et l'interprète, ce n'est pas rien ce mot. On est interprète. Donc forcément, ça passe par une transformation qui n'est pas soi, quoi qu'il y ait une voix possible.

  • Speaker #3

    Maintenant, Brigitte Rosset, vous dites volontiers avoir été élevée dans un milieu genevois, calviniste. Est-ce que vous vous appuyez sur des valeurs que vous avez reçues dans ce bagage-là ?

  • Speaker #0

    Oui, alors, celle du partage, je dirais, même si on riait toujours en disant que chez les protestants, au dessert, on disait vous prenez une pomme ou rien du tout, et que si on est invité chez des protestants, ce qui n'arrivera jamais, en fait, parce qu'il n'y a plus de vrais protestants. Je ne vois là, je parle, c'est encore avec humour, on dit qu'il faut aller manger avant, parce qu'on n'aura rien à manger. Donc, ces valeurs-là du protestantisme dont on se moque et on rigole sur la radinerie du protestant, qui est plutôt étriqué, ces valeurs-là, alors on les a vraiment en famille ? On en a beaucoup ri et maintenant je fais toujours aussi beaucoup trop à manger, j'invite trop de monde, il n'y a pas une pomme ou rien du tout, il y a huit desserts, enfin voilà, c'est plutôt dans l'opulence. C'est un peu un pied de nez, mais c'est grâce à cette éducation ou en tout cas à ce bagage protestant. Mais à part ça, sur les valeurs du christianisme, sur le fait de respecter son prochain, d'être dans l'aide, dans l'entraide, de faire du bénévolat, je ne sais pas si elles sont inscrites dans le protestantisme, mais en tout cas le souci d'autrui. C'est une chose avec laquelle j'ai été éduquée, où on me disait, si tu vois une dame ou un monsieur qui a de la peine à porter ses courses en sortant du magasin, il faut que tu le raccompagnes. On nous disait, on était petites, et on disait, il faut que tu les raccompagnes chez eux. Avec les sacs de commission, on ne nous disait pas, méfiez-vous de ces gens, enfin méfiez-vous du monde. C'est plutôt, dès que tu vois quelqu'un qui aurait besoin d'aide, il faut aller au-devant de ça et aller chercher, aller demander si on peut aider. Et en fait, ça m'est resté pas mal, ça me met des fois dans des situations... où je tiens à raccompagner quelqu'un, à m'intéresser à la vie d'autrui, mais ce qui me nourrit aussi pour mes spectacles. Et on sait que le bénévolat, on le fait pour aider, évidemment, mais on se sent tellement valorisé. C'est comme quand on fait un cadeau, c'est que c'est jamais complètement généreux et altruiste. C'est aussi pour se faire du bien et c'est pour trouver du sens. Aussi, j'étais marraine d'une association qui s'appelle l'AGIS, c'est l'Association Jeune Voix d'Intégration Sociale, qui met en relation des bénévoles et des personnes en situation de handicap. Et dans les bénévoles, il y avait aussi pas mal de gens qui avaient des vies professionnelles très chargées. qui gagnaient plutôt très bien leur vie, mais qui avaient besoin de faire du bénévolat pour trouver du sens. Parce qu'ils ne trouvaient pas de sens dans le travail qu'ils faisaient, dans gérer de l'argent ou faire des choses qui, pour eux, n'avaient plus de sens. Et puis du coup, en aidant son prochain, on trouve du sens pas mal. D'autant plus aujourd'hui.

  • Speaker #3

    Est-ce que l'affirmation de soi Peut-être qu'on pratique quand on est comédien sur scène. Est-ce que cette affirmation de soi fait partie pour vous de ce bagage judéo-chrétien ?

  • Speaker #0

    Alors, la confiance en soi, je pense effectivement, si on parle de cet aspect-là, le connais-toi toi-même. Oui, oui, c'est se connaître soi-même pour être plus en phase et en adéquation avec les autres.

  • Speaker #3

    Et faire valoir sa parole.

  • Speaker #0

    Et faire valoir sa parole, mais ce n'est pas au détriment de l'autre. Et j'ai l'impression que quand on est sur scène, en fait, on prend une forme de pouvoir. qu'il y ait une affirmation de soi, mais c'est une parole qui peut faire du bien. C'est comme le pasteur qui va prêcher. Alors, je ne dis pas que je vais prêcher une bonne parole, mais c'est quand même une prise de pouvoir, clairement. Mais en tant qu'individu, alors je pense qu'effectivement, si on trouve sa voix, si avec l'aide d'entités supérieures ou pas, si on l'a trouvée grâce à son éducation, grâce à ses croyances religieuses, peu importe comment, mais si effectivement on est bien avec soi-même, qu'on a trouvé sa voix. VOX, on sera peut-être un meilleur citoyen vis-à-vis des autres. Mais tout ça, ce qui est compliqué, c'est de le faire, de trouver sa voie. C'est de le faire et c'est, je pense, le plus difficile à comprendre. Ce n'est pas au détriment d'autrui. C'est qu'on a tous la possibilité de trouver sa voie sans écraser l'autre. Et dans mon métier, ça, c'est un truc qui est peut-être plus compliqué à comprendre à long terme. La concurrence est rude, comme on dit, mais on peut très bien trouver sa voie sans écraser l'autre. justement, trouver sa voie en trouvant sa propre particularité, de s'inscrire dans un tout en disant mais je n'ai pas besoin de prendre la place de quelqu'un d'autre, j'ai ma place à moi et après, les gens choisiront de venir me voir ou pas.

  • Speaker #3

    Est-ce que vous avez le sentiment de vouloir transmettre quelque chose quand vous êtes sur scène ?

  • Speaker #0

    Alors, des émotions très clairement. Moi, je n'ai pas de message à transmettre ou de valeur profonde, en tout cas pas consciemment, pas volontairement. Par contre, de transmettre des émotions dans le partage. Ma préoccupation, c'est l'heure et quart ou l'heure et demie qu'on va passer ensemble. Et après, ce qui reste chez les gens plus tard, ça ne me concerne plus tellement. Mais en tout cas, ma mission... J'ai l'impression, si j'en ai une, c'est de faire en sorte que les gens qui ont pris leur billet, qui sont venus me voir, qui se sont déplacés, qui ont réservé, qu'on soit dans un partage pendant une heure et demie, et que j'ai pu les rendre un peu plus heureux, un peu plus gais, un peu plus léger, pendant cette heure et demie-là. Et puis si, après coup, il en reste quelque chose, et que ce bonheur-là perdure pendant quelques jours, ou voire quelques mois, parce qu'ils se souviennent d'un moment qui les fait encore rire après. ou qui les émeut, alors là, je me dis que j'ai tout gagné.

  • Speaker #3

    Brigitte Rosset, pour en revenir peut-être à cette éducation judéo-chrétienne qui a été la vôtre, est-ce qu'il y a des figures de foi qui vous inspirent, vous font du bien, aujourd'hui encore ?

  • Speaker #0

    Moi, les gens qui me font du bien, c'est monsieur, madame, tout le monde, en fait. Oui, je trouve qu'il y a des trajectoires. On parle de l'abbé Pierre, du Dalai Lama. Enfin voilà, c'est loin. C'est des belles figures et puis je pense qu'ils font du bien. Et on peut être émerveillé par rapport à ce genre de parcours. Mais moi, c'est vraiment... Ouais, il y a des gens avec qui j'ai discuté où tout d'un coup, je vois un témoignage. Mais en passant sur les réseaux sociaux, c'est aussi le bon côté quand même de choses. Tout d'un coup, je vois une dame qui a sauvé un animal et puis moi, ça m'émeut et je trouve ça super. Ou une dame qui témoigne. J'entendais l'autre jour un photographe, j'ai oublié son nom, un photographe de guerre qui était incroyable, qui fait des conférences à Puy en ce moment, qui a été dans toutes les guerres du monde. J'écoutais ses témoignages, ça m'a fait beaucoup de bien. Je me disais mais quel courage ce type qui va sur les lieux pour documenter et pas pour faire de l'horreur, mais pour dire, pour que ça, on n'oublie pas de prendre une image. Il parlait de son métier, ça m'a fait beaucoup de bien de l'entendre. Il dit qu'il cherche l'humanité dans ce qu'il fait, enfin bref. Et je ne sais pas en quoi je crois. Je crois en l'humanité, j'ai encore beaucoup d'espoir. Je crois qu'il y a peu de gens vraiment mauvais et méchants, mais je n'ai pas de grandes images de foi comme ça qui me font du bien. Et peut-être que dans des moments de tristesse, où ça allait moins bien, je me disais, c'est dommage, je n'ai pas justement ces grandes images, peut-être qu'il faudrait que je relise. Mais c'est quand même compliqué à lire, le Nouveau Testament. Après, ce qui est bien, c'est comme il y a plein d'images, ça donne l'opportunité pour une comédienne comme moi d'interpréter un peu ce qu'on veut dans les textes.

  • Speaker #3

    Et avoir la foi, aujourd'hui être croyant, pour vous, ça signifie quoi ? Ça pourrait signifier quoi ?

  • Speaker #0

    Pouvoir se reposer sur autre chose que soi, sur quelqu'un d'autre, de plus grand que soi. Donc ça veut dire peut-être se sentir moins responsable. de ce qui nous arrive et de ce qui nous attend. Aujourd'hui, il y a les psys qui ont pris une place énorme. Avant, je pense qu'on allait voir le pasteur pour lui raconter ses soucis, je pense, dans les villages ou dans les villes, j'imagine. Puis qu'aujourd'hui, on va voir le psy. Donc, tant mieux pour les psys qui ont du boulot. Trop, d'ailleurs, il y a des listes d'attente. Et puis, il y a des super psys et puis il y a des charlatans, mais comme partout, comme dans tous les métiers, enfin charlatans. Enfin voilà, des gens qui nous correspondent moins que d'autres. Et puis c'est un métier passionnant. Mais avoir la foi, je pense que ça peut être un soulagement. de s'en remettre à quelqu'un d'autre, de plus grand ou d'autre que soi. Et puis les églises, c'est quand même des bâtiments sublimes, où on entend de la musique, on peut se recueillir. Moi, je ne suis pas très croyante, mais je vais tout le temps voir les églises partout là où je suis, parce que ça reste assez magique quand même. J'aime les vitraux, même les temples protestants, tellement stricts et austères dans la construction. Et puis, il y a quand même chaque fois... quelque chose qui se passe quand on franchit la porte d'une église. Donc je me dis qu'il doit quand même y avoir quelque chose pour qu'on ait construit tous ces trucs là partout dans le monde, peu importe la religion, c'est qu'il y a quand même quelque chose à aller chercher d'un peu mystérieux, donc ça m'attire plutôt.

  • Speaker #3

    Brigitte Rosset, qu'est-ce que vous pensez de cette idée de podcast, de faire valoir la voix de différentes personnes qui peuvent s'exprimer, dire qui elles sont, ce qu'elles ont vécu, et de faire valoir peut-être leur mot, leur mise en mot ?

  • Speaker #0

    C'est tellement important. Moi, j'ai la chance d'être payée pour le faire. Non, mais c'est vrai, c'est là que moi, je monte sur scène et je raconte des choses. Faire entendre ma voix dans mon métier, pour moi c'est plus évident, plus facile, mais il y a tellement de gens qui ont des choses à dire et qui n'ont pas la possibilité de se faire entendre, donc qu'on puisse, à travers la radio ou en média, aller à la rencontre de gens qui ont des choses à dire, qui ont besoin de libérer une parole, de dire les choses. Il y a le dire dans un cercle intime, il y a le dire à sa voisine, il y a le dire à un psychologue, il y a le dire à un pasteur, mais il y a le dire tout haut avec un micro qu'on vous... pour être entendu et pour être peut-être rassuré dans sa parole. Avoir l'impression d'être entendu, on le sait, dans les procès, souvent on a besoin d'aller jusqu'au bout du procès, peu importe le verdict, juste pour être entendu. C'est terrible de ne pas être entendu, de ne pas pouvoir s'exprimer, soit parce que le pays l'impose, interdit le fait de s'exprimer, soit parce que l'entourage interdit de s'exprimer, soit parce qu'on est soi-même son propre prisonnier et qu'on n'a pas osé dire que ce soit un drame ou que ce soit une petite chose. Et ça, c'est vraiment en fonction de chacun. Je pense que oui, c'est primordial de pouvoir donner la parole, et pas toujours au même.

  • Speaker #2

    Vous pouvez retrouver cet épisode comme les cinq précédents de ce podcast sur reformer.ch ou alors sur les différentes plateformes d'écoute Spotify, Apple Podcasts ou Deezer. Et si cet épisode vous a touché ou apporté quelque chose de spécial, vous pouvez nous montrer votre soutien en nous attribuant 5 étoiles. Thierry Châtel était à la réalisation et Maxi G à la production.

  • Speaker #1

    De vive voix, un podcast de Gabriel Desarzan pour réformer.ch

Chapters

  • INTRODUCTION

    00:00

  • Le POUVOIR du RIRE

    04:34

  • Le VÉCU derrière l’HUMORISTE

    08:24

  • AVOIR la FOI

    16:37

  • Faire ENTENDRE sa VOIX

    18:35

Description

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Dans cet épisode de “De Vive Voix”, découvrez l’univers de Brigitte Rosset, comédienne et chroniqueuse romande, reconnue pour son talent à transformer ses expériences personnelles en art scénique captivant. Elle nous partage les coulisses de ses spectacles,  où l’humour côtoie souvent la mélancolie, offrant une perspective rare sur la façon dont le rire peut servir de catharsis et de moyen de résilience.


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Transcription

  • Speaker #0

    C'est terrible de ne pas être entendue, de ne pas pouvoir s'exprimer, soit parce que le pays l'impose, interdit le fait de s'exprimer, soit parce que l'entourage interdit de s'exprimer, soit parce qu'on est soi-même son propre prisonnier et qu'on n'a pas osé dire que ce soit un drame, que ce soit une petite chose.

  • Speaker #1

    De vive voix.

  • Speaker #2

    Le monde a besoin de votre parole.

  • Speaker #1

    Dire, s'exprimer.

  • Speaker #3

    Prendre la parole, c'est extrêmement important.

  • Speaker #1

    Je parle en jeu.

  • Speaker #3

    Je me suis dit, ok, je peux aussi parler.

  • Speaker #0

    On a la voix du mécontentement, on a la voix de la colère.

  • Speaker #1

    De vive voix. On a plein de voix. Un podcast de Gabriel de Sarzan.

  • Speaker #2

    Brigitte Rosset est une comédienne, chroniqueuse et auteure remonde qui incarne avec humour son propre personnage, comme dans son troisième solo intitulé Smarties, Kleenex et Canada Drive. Mais qu'est-ce que la voix, thème de ce podcast, est avant tout pour elle ?

  • Speaker #0

    C'est ce à travers quoi s'exprime ce que j'ai envie de dire ou ce que j'ai envie de faire ou les émotions que j'ai envie de partager.

  • Speaker #3

    Et les émotions que vous aimeriez partager, c'est lesquelles ?

  • Speaker #0

    Ça dépend. Ça dépend des périodes, ça dépend de ce que j'ai à dire, ça dépend si je suis moi-même auteur de mes textes, si je choisis de parler de ma vie ou si je suis le vecteur d'une autre voix de quelqu'un d'autre qui se sert de la mienne pour exprimer quelque chose.

  • Speaker #3

    Mais prendre la parole sur scène, c'est dire parfois des choses qu'on a vécues, qui ont été douloureuses. Est-ce que ça fonctionne comme une catharsis, comme une libération, parfois ?

  • Speaker #0

    Ah oui, absolument. Moi, en fait, je suis comédienne et surtout là où je peux exprimer la voix dont on parle, c'est dans mes seules enceintes, où je me raconte et je raconte... Dans l'idée de faire rire aussi, parce qu'on ne peut pas faire rire avec le bonheur, je crois, on ne rit que du drame. Et donc il y a un spectacle que j'ai fait il y a quelques années maintenant, où je raconte que j'ai fait une dépression suite à une rupture sentimentale. Et là effectivement, j'ai joué ce spectacle je crois 150 fois pendant 5-6 ans, et ça a permis évidemment de prendre une distance folle. Mais déjà au moment où je l'ai écrit, parce qu'on ne peut pas écrire si on n'a pas un peu de distance par rapport à ce qu'on fait. Et puis ensuite, ça m'a permis évidemment d'évacuer cette histoire-là et en même temps de la perdurer et puis de la partager avec d'autres qui ont pu vivre le même type d'aventure.

  • Speaker #2

    Si ce que vous entendez vous intéresse, sachez que nous avons préparé dans la description une fiche qui résume les moments forts de cet entretien ainsi que les liens utiles en rapport avec le sujet.

  • Speaker #4

    Mais ça,

  • Speaker #0

    mais alors,

  • Speaker #4

    le public lausannois, quelle spontanéité ! Vous êtes top ! Vous allez bien ? Parce que moi, je vais très très très bien. Si jamais ça vous intéresse, je vais très très très bien. Là, maintenant, je vais très très bien. Non, parce que ça n'a pas toujours été le cas. Non, parce qu'en mars 2009, j'ai un plomb ici, mais vraiment un plomb, qui a fait vlouf, comme ça. Et alors, on m'a amenée dans une jolie maison toute blanche, où on prend bien soin de vous, qu'on appellera ce soir la Clinique des Lucioles. La Clinique des Lucioles, une lueur d'esprit. L'espoir pour ceux qui ont pété un plomb.

  • Speaker #0

    Mais il faut que je vous dise,

  • Speaker #4

    en fait quand il y a des portes vitrées dans les magasins, généralement, vous voyez, moi je les prends en pleine figure, toujours, et alors ça fait mal. Et puis en plus on est un peu ridicule, donc n'importe qui de censé se cache. Moi pas du tout, je ne me cache pas parce que je me réjouis que d'une chose, c'est d'aller le raconter aux copains pour leur dire à quel point j'étais ridicule, pour les faire rire. Donc si je vous raconte ça, c'est parce que je me suis pris une grosse, grosse claque sentimentale. Et je me réjouis de vous raconter.

  • Speaker #3

    Et là, vous étiez en phase vraiment avec votre public. Comment est-ce que vous expliquez que cette pièce, en l'occurrence, elle ait eu un tel succès ?

  • Speaker #0

    Ben, je ne sais pas très bien en fait. C'est plutôt triste de savoir qu'elle a eu du succès. C'est-à-dire que s'il y a autant de gens qui ont vibré avec cette histoire-là, c'est qu'il y a quand même plein de gens qui ont été très malheureux. Donc, ce n'était pas forcément se réjouir de ce succès. Après, je pense qu'il y a eu un témoignage qui était sincère et qui était en même temps drôle. Donc, je pense qu'il y a des gens qui se reconnaissaient, qui étaient en... En osmose avec ce que je vivais, mais il y a aussi beaucoup de gens qui peut-être simplement reconnaissaient leurs copines, leurs voisins, leurs mères. Puis ça leur faisait du bien aussi de pouvoir rire avec moi d'une situation à travers laquelle eux étaient ce qu'on appelle proches aidants ou qui étaient touchés par une situation de ce type. Et de pouvoir rire, ça permet d'évacuer beaucoup de choses.

  • Speaker #3

    Vous parlez d'ailleurs souvent sur scène en tant que femme, en tant qu'épouse, en tant que mère. Il y a chaque fois un peu de qui vous êtes.

  • Speaker #0

    Ben oui, c'est-à-dire que dans mon travail de seule en scène, je n'arrive pas à parler d'autre chose que de ce que j'ai vécu. Parce que quand on veut faire de l'humour, il faut comprendre très bien son projet. Et puis, comme je disais tout à l'heure, prendre de la distance par rapport à ce qu'on fait. Et si on ne maîtrise pas le sujet, on ne peut pas prendre cette distance. Donc moi, je n'arrive pas à avoir la petite distance, la petite analyse qui fait que ça en devient drôle. Donc ce n'est pas pour faire un culte de ma personne. C'est juste que c'est là où je trouve matière à raconter des choses qui finalement parlent aux autres, parce que j'ai une vie exactement... Enfin, plus ou moins pareil, à plein d'égards, à plein de gens. Donc, ma vie n'est pas extraordinaire. Ce n'est pas pour ça que j'en parle. C'est justement parce qu'elle est plutôt banale.

  • Speaker #4

    Je suis tombée amoureuse. Puis alors, je suis tombée de haut. De très, très, très, très haut. Évidemment, plus on tombe de haut, plus ça fait mal. Mais moi, ça a fait vraiment... Ah, mais de raide dingue amoureuse. J'étais plus que dingue, ça. Et je n'ai rien vu venir, rien. Mais quand j'ai enfin ouvert les yeux, vraiment, ça a fait vraiment... On va aller à l'hélicoptère. Bon, je vous raconte pour qu'on revienne un peu en arrière. Je vous raconte. Non, parce que vous dites, non, je suis embêtée. Donc, quand on s'est rencontrés, mon canard et moi... Oui, je l'ai appelé mon canard. J'avais 36 ans, trois enfants, un mari depuis plus de 10 ans. J'étais légèrement éteinte. Non mais j'avais l'impression d'être passée aux yeux de mon ex-mari de sac à bébé. C'est comme ça qu'il m'appelait, sac à bébé. Bon, c'est mignon. Ça avait au moins une fonction. À carrément transparente. Et canard, mon canard a débarqué dans ma vie à ce moment-là. Et il m'a regardée. Et moi je me suis dit Waouh ! Je suis encore une femme ! Il disait canard que j'étais la plus belle femme du monde. Mais moi je le croyais Il avait perdu trop de temps à me trouver Que j'étais sa pièce de puzzle Qui voulait m'épouser tout de suite J'ai dit oui, oui, enfin, faut juste que je divorce Mais oui, oui Me faire encore des enfants, j'en avais trois J'ai dit oui, oui, oui Qu'on habite ensemble tout de suite Oui, oui, oui, j'ai dit oui à tout Je suis tombée amoureuse Il restait un prince charmant Et c'est moi qui l'avais

  • Speaker #3

    Quand vous montez sur scène, vous dites ce que vous croyez profondément, parfois ?

  • Speaker #0

    Si on parle du seul en scène, oui. C'est-à-dire que je ne mens pas, je suis là et je suis moi-même très en phase avec ce que je raconte. Il y a une autre partie du métier qu'elle interprète. Et l'interprète, ce n'est pas rien ce mot. On est interprète. Donc forcément, ça passe par une transformation qui n'est pas soi, quoi qu'il y ait une voix possible.

  • Speaker #3

    Maintenant, Brigitte Rosset, vous dites volontiers avoir été élevée dans un milieu genevois, calviniste. Est-ce que vous vous appuyez sur des valeurs que vous avez reçues dans ce bagage-là ?

  • Speaker #0

    Oui, alors, celle du partage, je dirais, même si on riait toujours en disant que chez les protestants, au dessert, on disait vous prenez une pomme ou rien du tout, et que si on est invité chez des protestants, ce qui n'arrivera jamais, en fait, parce qu'il n'y a plus de vrais protestants. Je ne vois là, je parle, c'est encore avec humour, on dit qu'il faut aller manger avant, parce qu'on n'aura rien à manger. Donc, ces valeurs-là du protestantisme dont on se moque et on rigole sur la radinerie du protestant, qui est plutôt étriqué, ces valeurs-là, alors on les a vraiment en famille ? On en a beaucoup ri et maintenant je fais toujours aussi beaucoup trop à manger, j'invite trop de monde, il n'y a pas une pomme ou rien du tout, il y a huit desserts, enfin voilà, c'est plutôt dans l'opulence. C'est un peu un pied de nez, mais c'est grâce à cette éducation ou en tout cas à ce bagage protestant. Mais à part ça, sur les valeurs du christianisme, sur le fait de respecter son prochain, d'être dans l'aide, dans l'entraide, de faire du bénévolat, je ne sais pas si elles sont inscrites dans le protestantisme, mais en tout cas le souci d'autrui. C'est une chose avec laquelle j'ai été éduquée, où on me disait, si tu vois une dame ou un monsieur qui a de la peine à porter ses courses en sortant du magasin, il faut que tu le raccompagnes. On nous disait, on était petites, et on disait, il faut que tu les raccompagnes chez eux. Avec les sacs de commission, on ne nous disait pas, méfiez-vous de ces gens, enfin méfiez-vous du monde. C'est plutôt, dès que tu vois quelqu'un qui aurait besoin d'aide, il faut aller au-devant de ça et aller chercher, aller demander si on peut aider. Et en fait, ça m'est resté pas mal, ça me met des fois dans des situations... où je tiens à raccompagner quelqu'un, à m'intéresser à la vie d'autrui, mais ce qui me nourrit aussi pour mes spectacles. Et on sait que le bénévolat, on le fait pour aider, évidemment, mais on se sent tellement valorisé. C'est comme quand on fait un cadeau, c'est que c'est jamais complètement généreux et altruiste. C'est aussi pour se faire du bien et c'est pour trouver du sens. Aussi, j'étais marraine d'une association qui s'appelle l'AGIS, c'est l'Association Jeune Voix d'Intégration Sociale, qui met en relation des bénévoles et des personnes en situation de handicap. Et dans les bénévoles, il y avait aussi pas mal de gens qui avaient des vies professionnelles très chargées. qui gagnaient plutôt très bien leur vie, mais qui avaient besoin de faire du bénévolat pour trouver du sens. Parce qu'ils ne trouvaient pas de sens dans le travail qu'ils faisaient, dans gérer de l'argent ou faire des choses qui, pour eux, n'avaient plus de sens. Et puis du coup, en aidant son prochain, on trouve du sens pas mal. D'autant plus aujourd'hui.

  • Speaker #3

    Est-ce que l'affirmation de soi Peut-être qu'on pratique quand on est comédien sur scène. Est-ce que cette affirmation de soi fait partie pour vous de ce bagage judéo-chrétien ?

  • Speaker #0

    Alors, la confiance en soi, je pense effectivement, si on parle de cet aspect-là, le connais-toi toi-même. Oui, oui, c'est se connaître soi-même pour être plus en phase et en adéquation avec les autres.

  • Speaker #3

    Et faire valoir sa parole.

  • Speaker #0

    Et faire valoir sa parole, mais ce n'est pas au détriment de l'autre. Et j'ai l'impression que quand on est sur scène, en fait, on prend une forme de pouvoir. qu'il y ait une affirmation de soi, mais c'est une parole qui peut faire du bien. C'est comme le pasteur qui va prêcher. Alors, je ne dis pas que je vais prêcher une bonne parole, mais c'est quand même une prise de pouvoir, clairement. Mais en tant qu'individu, alors je pense qu'effectivement, si on trouve sa voix, si avec l'aide d'entités supérieures ou pas, si on l'a trouvée grâce à son éducation, grâce à ses croyances religieuses, peu importe comment, mais si effectivement on est bien avec soi-même, qu'on a trouvé sa voix. VOX, on sera peut-être un meilleur citoyen vis-à-vis des autres. Mais tout ça, ce qui est compliqué, c'est de le faire, de trouver sa voie. C'est de le faire et c'est, je pense, le plus difficile à comprendre. Ce n'est pas au détriment d'autrui. C'est qu'on a tous la possibilité de trouver sa voie sans écraser l'autre. Et dans mon métier, ça, c'est un truc qui est peut-être plus compliqué à comprendre à long terme. La concurrence est rude, comme on dit, mais on peut très bien trouver sa voie sans écraser l'autre. justement, trouver sa voie en trouvant sa propre particularité, de s'inscrire dans un tout en disant mais je n'ai pas besoin de prendre la place de quelqu'un d'autre, j'ai ma place à moi et après, les gens choisiront de venir me voir ou pas.

  • Speaker #3

    Est-ce que vous avez le sentiment de vouloir transmettre quelque chose quand vous êtes sur scène ?

  • Speaker #0

    Alors, des émotions très clairement. Moi, je n'ai pas de message à transmettre ou de valeur profonde, en tout cas pas consciemment, pas volontairement. Par contre, de transmettre des émotions dans le partage. Ma préoccupation, c'est l'heure et quart ou l'heure et demie qu'on va passer ensemble. Et après, ce qui reste chez les gens plus tard, ça ne me concerne plus tellement. Mais en tout cas, ma mission... J'ai l'impression, si j'en ai une, c'est de faire en sorte que les gens qui ont pris leur billet, qui sont venus me voir, qui se sont déplacés, qui ont réservé, qu'on soit dans un partage pendant une heure et demie, et que j'ai pu les rendre un peu plus heureux, un peu plus gais, un peu plus léger, pendant cette heure et demie-là. Et puis si, après coup, il en reste quelque chose, et que ce bonheur-là perdure pendant quelques jours, ou voire quelques mois, parce qu'ils se souviennent d'un moment qui les fait encore rire après. ou qui les émeut, alors là, je me dis que j'ai tout gagné.

  • Speaker #3

    Brigitte Rosset, pour en revenir peut-être à cette éducation judéo-chrétienne qui a été la vôtre, est-ce qu'il y a des figures de foi qui vous inspirent, vous font du bien, aujourd'hui encore ?

  • Speaker #0

    Moi, les gens qui me font du bien, c'est monsieur, madame, tout le monde, en fait. Oui, je trouve qu'il y a des trajectoires. On parle de l'abbé Pierre, du Dalai Lama. Enfin voilà, c'est loin. C'est des belles figures et puis je pense qu'ils font du bien. Et on peut être émerveillé par rapport à ce genre de parcours. Mais moi, c'est vraiment... Ouais, il y a des gens avec qui j'ai discuté où tout d'un coup, je vois un témoignage. Mais en passant sur les réseaux sociaux, c'est aussi le bon côté quand même de choses. Tout d'un coup, je vois une dame qui a sauvé un animal et puis moi, ça m'émeut et je trouve ça super. Ou une dame qui témoigne. J'entendais l'autre jour un photographe, j'ai oublié son nom, un photographe de guerre qui était incroyable, qui fait des conférences à Puy en ce moment, qui a été dans toutes les guerres du monde. J'écoutais ses témoignages, ça m'a fait beaucoup de bien. Je me disais mais quel courage ce type qui va sur les lieux pour documenter et pas pour faire de l'horreur, mais pour dire, pour que ça, on n'oublie pas de prendre une image. Il parlait de son métier, ça m'a fait beaucoup de bien de l'entendre. Il dit qu'il cherche l'humanité dans ce qu'il fait, enfin bref. Et je ne sais pas en quoi je crois. Je crois en l'humanité, j'ai encore beaucoup d'espoir. Je crois qu'il y a peu de gens vraiment mauvais et méchants, mais je n'ai pas de grandes images de foi comme ça qui me font du bien. Et peut-être que dans des moments de tristesse, où ça allait moins bien, je me disais, c'est dommage, je n'ai pas justement ces grandes images, peut-être qu'il faudrait que je relise. Mais c'est quand même compliqué à lire, le Nouveau Testament. Après, ce qui est bien, c'est comme il y a plein d'images, ça donne l'opportunité pour une comédienne comme moi d'interpréter un peu ce qu'on veut dans les textes.

  • Speaker #3

    Et avoir la foi, aujourd'hui être croyant, pour vous, ça signifie quoi ? Ça pourrait signifier quoi ?

  • Speaker #0

    Pouvoir se reposer sur autre chose que soi, sur quelqu'un d'autre, de plus grand que soi. Donc ça veut dire peut-être se sentir moins responsable. de ce qui nous arrive et de ce qui nous attend. Aujourd'hui, il y a les psys qui ont pris une place énorme. Avant, je pense qu'on allait voir le pasteur pour lui raconter ses soucis, je pense, dans les villages ou dans les villes, j'imagine. Puis qu'aujourd'hui, on va voir le psy. Donc, tant mieux pour les psys qui ont du boulot. Trop, d'ailleurs, il y a des listes d'attente. Et puis, il y a des super psys et puis il y a des charlatans, mais comme partout, comme dans tous les métiers, enfin charlatans. Enfin voilà, des gens qui nous correspondent moins que d'autres. Et puis c'est un métier passionnant. Mais avoir la foi, je pense que ça peut être un soulagement. de s'en remettre à quelqu'un d'autre, de plus grand ou d'autre que soi. Et puis les églises, c'est quand même des bâtiments sublimes, où on entend de la musique, on peut se recueillir. Moi, je ne suis pas très croyante, mais je vais tout le temps voir les églises partout là où je suis, parce que ça reste assez magique quand même. J'aime les vitraux, même les temples protestants, tellement stricts et austères dans la construction. Et puis, il y a quand même chaque fois... quelque chose qui se passe quand on franchit la porte d'une église. Donc je me dis qu'il doit quand même y avoir quelque chose pour qu'on ait construit tous ces trucs là partout dans le monde, peu importe la religion, c'est qu'il y a quand même quelque chose à aller chercher d'un peu mystérieux, donc ça m'attire plutôt.

  • Speaker #3

    Brigitte Rosset, qu'est-ce que vous pensez de cette idée de podcast, de faire valoir la voix de différentes personnes qui peuvent s'exprimer, dire qui elles sont, ce qu'elles ont vécu, et de faire valoir peut-être leur mot, leur mise en mot ?

  • Speaker #0

    C'est tellement important. Moi, j'ai la chance d'être payée pour le faire. Non, mais c'est vrai, c'est là que moi, je monte sur scène et je raconte des choses. Faire entendre ma voix dans mon métier, pour moi c'est plus évident, plus facile, mais il y a tellement de gens qui ont des choses à dire et qui n'ont pas la possibilité de se faire entendre, donc qu'on puisse, à travers la radio ou en média, aller à la rencontre de gens qui ont des choses à dire, qui ont besoin de libérer une parole, de dire les choses. Il y a le dire dans un cercle intime, il y a le dire à sa voisine, il y a le dire à un psychologue, il y a le dire à un pasteur, mais il y a le dire tout haut avec un micro qu'on vous... pour être entendu et pour être peut-être rassuré dans sa parole. Avoir l'impression d'être entendu, on le sait, dans les procès, souvent on a besoin d'aller jusqu'au bout du procès, peu importe le verdict, juste pour être entendu. C'est terrible de ne pas être entendu, de ne pas pouvoir s'exprimer, soit parce que le pays l'impose, interdit le fait de s'exprimer, soit parce que l'entourage interdit de s'exprimer, soit parce qu'on est soi-même son propre prisonnier et qu'on n'a pas osé dire que ce soit un drame ou que ce soit une petite chose. Et ça, c'est vraiment en fonction de chacun. Je pense que oui, c'est primordial de pouvoir donner la parole, et pas toujours au même.

  • Speaker #2

    Vous pouvez retrouver cet épisode comme les cinq précédents de ce podcast sur reformer.ch ou alors sur les différentes plateformes d'écoute Spotify, Apple Podcasts ou Deezer. Et si cet épisode vous a touché ou apporté quelque chose de spécial, vous pouvez nous montrer votre soutien en nous attribuant 5 étoiles. Thierry Châtel était à la réalisation et Maxi G à la production.

  • Speaker #1

    De vive voix, un podcast de Gabriel Desarzan pour réformer.ch

Chapters

  • INTRODUCTION

    00:00

  • Le POUVOIR du RIRE

    04:34

  • Le VÉCU derrière l’HUMORISTE

    08:24

  • AVOIR la FOI

    16:37

  • Faire ENTENDRE sa VOIX

    18:35

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Description

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Dans cet épisode de “De Vive Voix”, découvrez l’univers de Brigitte Rosset, comédienne et chroniqueuse romande, reconnue pour son talent à transformer ses expériences personnelles en art scénique captivant. Elle nous partage les coulisses de ses spectacles,  où l’humour côtoie souvent la mélancolie, offrant une perspective rare sur la façon dont le rire peut servir de catharsis et de moyen de résilience.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est terrible de ne pas être entendue, de ne pas pouvoir s'exprimer, soit parce que le pays l'impose, interdit le fait de s'exprimer, soit parce que l'entourage interdit de s'exprimer, soit parce qu'on est soi-même son propre prisonnier et qu'on n'a pas osé dire que ce soit un drame, que ce soit une petite chose.

  • Speaker #1

    De vive voix.

  • Speaker #2

    Le monde a besoin de votre parole.

  • Speaker #1

    Dire, s'exprimer.

  • Speaker #3

    Prendre la parole, c'est extrêmement important.

  • Speaker #1

    Je parle en jeu.

  • Speaker #3

    Je me suis dit, ok, je peux aussi parler.

  • Speaker #0

    On a la voix du mécontentement, on a la voix de la colère.

  • Speaker #1

    De vive voix. On a plein de voix. Un podcast de Gabriel de Sarzan.

  • Speaker #2

    Brigitte Rosset est une comédienne, chroniqueuse et auteure remonde qui incarne avec humour son propre personnage, comme dans son troisième solo intitulé Smarties, Kleenex et Canada Drive. Mais qu'est-ce que la voix, thème de ce podcast, est avant tout pour elle ?

  • Speaker #0

    C'est ce à travers quoi s'exprime ce que j'ai envie de dire ou ce que j'ai envie de faire ou les émotions que j'ai envie de partager.

  • Speaker #3

    Et les émotions que vous aimeriez partager, c'est lesquelles ?

  • Speaker #0

    Ça dépend. Ça dépend des périodes, ça dépend de ce que j'ai à dire, ça dépend si je suis moi-même auteur de mes textes, si je choisis de parler de ma vie ou si je suis le vecteur d'une autre voix de quelqu'un d'autre qui se sert de la mienne pour exprimer quelque chose.

  • Speaker #3

    Mais prendre la parole sur scène, c'est dire parfois des choses qu'on a vécues, qui ont été douloureuses. Est-ce que ça fonctionne comme une catharsis, comme une libération, parfois ?

  • Speaker #0

    Ah oui, absolument. Moi, en fait, je suis comédienne et surtout là où je peux exprimer la voix dont on parle, c'est dans mes seules enceintes, où je me raconte et je raconte... Dans l'idée de faire rire aussi, parce qu'on ne peut pas faire rire avec le bonheur, je crois, on ne rit que du drame. Et donc il y a un spectacle que j'ai fait il y a quelques années maintenant, où je raconte que j'ai fait une dépression suite à une rupture sentimentale. Et là effectivement, j'ai joué ce spectacle je crois 150 fois pendant 5-6 ans, et ça a permis évidemment de prendre une distance folle. Mais déjà au moment où je l'ai écrit, parce qu'on ne peut pas écrire si on n'a pas un peu de distance par rapport à ce qu'on fait. Et puis ensuite, ça m'a permis évidemment d'évacuer cette histoire-là et en même temps de la perdurer et puis de la partager avec d'autres qui ont pu vivre le même type d'aventure.

  • Speaker #2

    Si ce que vous entendez vous intéresse, sachez que nous avons préparé dans la description une fiche qui résume les moments forts de cet entretien ainsi que les liens utiles en rapport avec le sujet.

  • Speaker #4

    Mais ça,

  • Speaker #0

    mais alors,

  • Speaker #4

    le public lausannois, quelle spontanéité ! Vous êtes top ! Vous allez bien ? Parce que moi, je vais très très très bien. Si jamais ça vous intéresse, je vais très très très bien. Là, maintenant, je vais très très bien. Non, parce que ça n'a pas toujours été le cas. Non, parce qu'en mars 2009, j'ai un plomb ici, mais vraiment un plomb, qui a fait vlouf, comme ça. Et alors, on m'a amenée dans une jolie maison toute blanche, où on prend bien soin de vous, qu'on appellera ce soir la Clinique des Lucioles. La Clinique des Lucioles, une lueur d'esprit. L'espoir pour ceux qui ont pété un plomb.

  • Speaker #0

    Mais il faut que je vous dise,

  • Speaker #4

    en fait quand il y a des portes vitrées dans les magasins, généralement, vous voyez, moi je les prends en pleine figure, toujours, et alors ça fait mal. Et puis en plus on est un peu ridicule, donc n'importe qui de censé se cache. Moi pas du tout, je ne me cache pas parce que je me réjouis que d'une chose, c'est d'aller le raconter aux copains pour leur dire à quel point j'étais ridicule, pour les faire rire. Donc si je vous raconte ça, c'est parce que je me suis pris une grosse, grosse claque sentimentale. Et je me réjouis de vous raconter.

  • Speaker #3

    Et là, vous étiez en phase vraiment avec votre public. Comment est-ce que vous expliquez que cette pièce, en l'occurrence, elle ait eu un tel succès ?

  • Speaker #0

    Ben, je ne sais pas très bien en fait. C'est plutôt triste de savoir qu'elle a eu du succès. C'est-à-dire que s'il y a autant de gens qui ont vibré avec cette histoire-là, c'est qu'il y a quand même plein de gens qui ont été très malheureux. Donc, ce n'était pas forcément se réjouir de ce succès. Après, je pense qu'il y a eu un témoignage qui était sincère et qui était en même temps drôle. Donc, je pense qu'il y a des gens qui se reconnaissaient, qui étaient en... En osmose avec ce que je vivais, mais il y a aussi beaucoup de gens qui peut-être simplement reconnaissaient leurs copines, leurs voisins, leurs mères. Puis ça leur faisait du bien aussi de pouvoir rire avec moi d'une situation à travers laquelle eux étaient ce qu'on appelle proches aidants ou qui étaient touchés par une situation de ce type. Et de pouvoir rire, ça permet d'évacuer beaucoup de choses.

  • Speaker #3

    Vous parlez d'ailleurs souvent sur scène en tant que femme, en tant qu'épouse, en tant que mère. Il y a chaque fois un peu de qui vous êtes.

  • Speaker #0

    Ben oui, c'est-à-dire que dans mon travail de seule en scène, je n'arrive pas à parler d'autre chose que de ce que j'ai vécu. Parce que quand on veut faire de l'humour, il faut comprendre très bien son projet. Et puis, comme je disais tout à l'heure, prendre de la distance par rapport à ce qu'on fait. Et si on ne maîtrise pas le sujet, on ne peut pas prendre cette distance. Donc moi, je n'arrive pas à avoir la petite distance, la petite analyse qui fait que ça en devient drôle. Donc ce n'est pas pour faire un culte de ma personne. C'est juste que c'est là où je trouve matière à raconter des choses qui finalement parlent aux autres, parce que j'ai une vie exactement... Enfin, plus ou moins pareil, à plein d'égards, à plein de gens. Donc, ma vie n'est pas extraordinaire. Ce n'est pas pour ça que j'en parle. C'est justement parce qu'elle est plutôt banale.

  • Speaker #4

    Je suis tombée amoureuse. Puis alors, je suis tombée de haut. De très, très, très, très haut. Évidemment, plus on tombe de haut, plus ça fait mal. Mais moi, ça a fait vraiment... Ah, mais de raide dingue amoureuse. J'étais plus que dingue, ça. Et je n'ai rien vu venir, rien. Mais quand j'ai enfin ouvert les yeux, vraiment, ça a fait vraiment... On va aller à l'hélicoptère. Bon, je vous raconte pour qu'on revienne un peu en arrière. Je vous raconte. Non, parce que vous dites, non, je suis embêtée. Donc, quand on s'est rencontrés, mon canard et moi... Oui, je l'ai appelé mon canard. J'avais 36 ans, trois enfants, un mari depuis plus de 10 ans. J'étais légèrement éteinte. Non mais j'avais l'impression d'être passée aux yeux de mon ex-mari de sac à bébé. C'est comme ça qu'il m'appelait, sac à bébé. Bon, c'est mignon. Ça avait au moins une fonction. À carrément transparente. Et canard, mon canard a débarqué dans ma vie à ce moment-là. Et il m'a regardée. Et moi je me suis dit Waouh ! Je suis encore une femme ! Il disait canard que j'étais la plus belle femme du monde. Mais moi je le croyais Il avait perdu trop de temps à me trouver Que j'étais sa pièce de puzzle Qui voulait m'épouser tout de suite J'ai dit oui, oui, enfin, faut juste que je divorce Mais oui, oui Me faire encore des enfants, j'en avais trois J'ai dit oui, oui, oui Qu'on habite ensemble tout de suite Oui, oui, oui, j'ai dit oui à tout Je suis tombée amoureuse Il restait un prince charmant Et c'est moi qui l'avais

  • Speaker #3

    Quand vous montez sur scène, vous dites ce que vous croyez profondément, parfois ?

  • Speaker #0

    Si on parle du seul en scène, oui. C'est-à-dire que je ne mens pas, je suis là et je suis moi-même très en phase avec ce que je raconte. Il y a une autre partie du métier qu'elle interprète. Et l'interprète, ce n'est pas rien ce mot. On est interprète. Donc forcément, ça passe par une transformation qui n'est pas soi, quoi qu'il y ait une voix possible.

  • Speaker #3

    Maintenant, Brigitte Rosset, vous dites volontiers avoir été élevée dans un milieu genevois, calviniste. Est-ce que vous vous appuyez sur des valeurs que vous avez reçues dans ce bagage-là ?

  • Speaker #0

    Oui, alors, celle du partage, je dirais, même si on riait toujours en disant que chez les protestants, au dessert, on disait vous prenez une pomme ou rien du tout, et que si on est invité chez des protestants, ce qui n'arrivera jamais, en fait, parce qu'il n'y a plus de vrais protestants. Je ne vois là, je parle, c'est encore avec humour, on dit qu'il faut aller manger avant, parce qu'on n'aura rien à manger. Donc, ces valeurs-là du protestantisme dont on se moque et on rigole sur la radinerie du protestant, qui est plutôt étriqué, ces valeurs-là, alors on les a vraiment en famille ? On en a beaucoup ri et maintenant je fais toujours aussi beaucoup trop à manger, j'invite trop de monde, il n'y a pas une pomme ou rien du tout, il y a huit desserts, enfin voilà, c'est plutôt dans l'opulence. C'est un peu un pied de nez, mais c'est grâce à cette éducation ou en tout cas à ce bagage protestant. Mais à part ça, sur les valeurs du christianisme, sur le fait de respecter son prochain, d'être dans l'aide, dans l'entraide, de faire du bénévolat, je ne sais pas si elles sont inscrites dans le protestantisme, mais en tout cas le souci d'autrui. C'est une chose avec laquelle j'ai été éduquée, où on me disait, si tu vois une dame ou un monsieur qui a de la peine à porter ses courses en sortant du magasin, il faut que tu le raccompagnes. On nous disait, on était petites, et on disait, il faut que tu les raccompagnes chez eux. Avec les sacs de commission, on ne nous disait pas, méfiez-vous de ces gens, enfin méfiez-vous du monde. C'est plutôt, dès que tu vois quelqu'un qui aurait besoin d'aide, il faut aller au-devant de ça et aller chercher, aller demander si on peut aider. Et en fait, ça m'est resté pas mal, ça me met des fois dans des situations... où je tiens à raccompagner quelqu'un, à m'intéresser à la vie d'autrui, mais ce qui me nourrit aussi pour mes spectacles. Et on sait que le bénévolat, on le fait pour aider, évidemment, mais on se sent tellement valorisé. C'est comme quand on fait un cadeau, c'est que c'est jamais complètement généreux et altruiste. C'est aussi pour se faire du bien et c'est pour trouver du sens. Aussi, j'étais marraine d'une association qui s'appelle l'AGIS, c'est l'Association Jeune Voix d'Intégration Sociale, qui met en relation des bénévoles et des personnes en situation de handicap. Et dans les bénévoles, il y avait aussi pas mal de gens qui avaient des vies professionnelles très chargées. qui gagnaient plutôt très bien leur vie, mais qui avaient besoin de faire du bénévolat pour trouver du sens. Parce qu'ils ne trouvaient pas de sens dans le travail qu'ils faisaient, dans gérer de l'argent ou faire des choses qui, pour eux, n'avaient plus de sens. Et puis du coup, en aidant son prochain, on trouve du sens pas mal. D'autant plus aujourd'hui.

  • Speaker #3

    Est-ce que l'affirmation de soi Peut-être qu'on pratique quand on est comédien sur scène. Est-ce que cette affirmation de soi fait partie pour vous de ce bagage judéo-chrétien ?

  • Speaker #0

    Alors, la confiance en soi, je pense effectivement, si on parle de cet aspect-là, le connais-toi toi-même. Oui, oui, c'est se connaître soi-même pour être plus en phase et en adéquation avec les autres.

  • Speaker #3

    Et faire valoir sa parole.

  • Speaker #0

    Et faire valoir sa parole, mais ce n'est pas au détriment de l'autre. Et j'ai l'impression que quand on est sur scène, en fait, on prend une forme de pouvoir. qu'il y ait une affirmation de soi, mais c'est une parole qui peut faire du bien. C'est comme le pasteur qui va prêcher. Alors, je ne dis pas que je vais prêcher une bonne parole, mais c'est quand même une prise de pouvoir, clairement. Mais en tant qu'individu, alors je pense qu'effectivement, si on trouve sa voix, si avec l'aide d'entités supérieures ou pas, si on l'a trouvée grâce à son éducation, grâce à ses croyances religieuses, peu importe comment, mais si effectivement on est bien avec soi-même, qu'on a trouvé sa voix. VOX, on sera peut-être un meilleur citoyen vis-à-vis des autres. Mais tout ça, ce qui est compliqué, c'est de le faire, de trouver sa voie. C'est de le faire et c'est, je pense, le plus difficile à comprendre. Ce n'est pas au détriment d'autrui. C'est qu'on a tous la possibilité de trouver sa voie sans écraser l'autre. Et dans mon métier, ça, c'est un truc qui est peut-être plus compliqué à comprendre à long terme. La concurrence est rude, comme on dit, mais on peut très bien trouver sa voie sans écraser l'autre. justement, trouver sa voie en trouvant sa propre particularité, de s'inscrire dans un tout en disant mais je n'ai pas besoin de prendre la place de quelqu'un d'autre, j'ai ma place à moi et après, les gens choisiront de venir me voir ou pas.

  • Speaker #3

    Est-ce que vous avez le sentiment de vouloir transmettre quelque chose quand vous êtes sur scène ?

  • Speaker #0

    Alors, des émotions très clairement. Moi, je n'ai pas de message à transmettre ou de valeur profonde, en tout cas pas consciemment, pas volontairement. Par contre, de transmettre des émotions dans le partage. Ma préoccupation, c'est l'heure et quart ou l'heure et demie qu'on va passer ensemble. Et après, ce qui reste chez les gens plus tard, ça ne me concerne plus tellement. Mais en tout cas, ma mission... J'ai l'impression, si j'en ai une, c'est de faire en sorte que les gens qui ont pris leur billet, qui sont venus me voir, qui se sont déplacés, qui ont réservé, qu'on soit dans un partage pendant une heure et demie, et que j'ai pu les rendre un peu plus heureux, un peu plus gais, un peu plus léger, pendant cette heure et demie-là. Et puis si, après coup, il en reste quelque chose, et que ce bonheur-là perdure pendant quelques jours, ou voire quelques mois, parce qu'ils se souviennent d'un moment qui les fait encore rire après. ou qui les émeut, alors là, je me dis que j'ai tout gagné.

  • Speaker #3

    Brigitte Rosset, pour en revenir peut-être à cette éducation judéo-chrétienne qui a été la vôtre, est-ce qu'il y a des figures de foi qui vous inspirent, vous font du bien, aujourd'hui encore ?

  • Speaker #0

    Moi, les gens qui me font du bien, c'est monsieur, madame, tout le monde, en fait. Oui, je trouve qu'il y a des trajectoires. On parle de l'abbé Pierre, du Dalai Lama. Enfin voilà, c'est loin. C'est des belles figures et puis je pense qu'ils font du bien. Et on peut être émerveillé par rapport à ce genre de parcours. Mais moi, c'est vraiment... Ouais, il y a des gens avec qui j'ai discuté où tout d'un coup, je vois un témoignage. Mais en passant sur les réseaux sociaux, c'est aussi le bon côté quand même de choses. Tout d'un coup, je vois une dame qui a sauvé un animal et puis moi, ça m'émeut et je trouve ça super. Ou une dame qui témoigne. J'entendais l'autre jour un photographe, j'ai oublié son nom, un photographe de guerre qui était incroyable, qui fait des conférences à Puy en ce moment, qui a été dans toutes les guerres du monde. J'écoutais ses témoignages, ça m'a fait beaucoup de bien. Je me disais mais quel courage ce type qui va sur les lieux pour documenter et pas pour faire de l'horreur, mais pour dire, pour que ça, on n'oublie pas de prendre une image. Il parlait de son métier, ça m'a fait beaucoup de bien de l'entendre. Il dit qu'il cherche l'humanité dans ce qu'il fait, enfin bref. Et je ne sais pas en quoi je crois. Je crois en l'humanité, j'ai encore beaucoup d'espoir. Je crois qu'il y a peu de gens vraiment mauvais et méchants, mais je n'ai pas de grandes images de foi comme ça qui me font du bien. Et peut-être que dans des moments de tristesse, où ça allait moins bien, je me disais, c'est dommage, je n'ai pas justement ces grandes images, peut-être qu'il faudrait que je relise. Mais c'est quand même compliqué à lire, le Nouveau Testament. Après, ce qui est bien, c'est comme il y a plein d'images, ça donne l'opportunité pour une comédienne comme moi d'interpréter un peu ce qu'on veut dans les textes.

  • Speaker #3

    Et avoir la foi, aujourd'hui être croyant, pour vous, ça signifie quoi ? Ça pourrait signifier quoi ?

  • Speaker #0

    Pouvoir se reposer sur autre chose que soi, sur quelqu'un d'autre, de plus grand que soi. Donc ça veut dire peut-être se sentir moins responsable. de ce qui nous arrive et de ce qui nous attend. Aujourd'hui, il y a les psys qui ont pris une place énorme. Avant, je pense qu'on allait voir le pasteur pour lui raconter ses soucis, je pense, dans les villages ou dans les villes, j'imagine. Puis qu'aujourd'hui, on va voir le psy. Donc, tant mieux pour les psys qui ont du boulot. Trop, d'ailleurs, il y a des listes d'attente. Et puis, il y a des super psys et puis il y a des charlatans, mais comme partout, comme dans tous les métiers, enfin charlatans. Enfin voilà, des gens qui nous correspondent moins que d'autres. Et puis c'est un métier passionnant. Mais avoir la foi, je pense que ça peut être un soulagement. de s'en remettre à quelqu'un d'autre, de plus grand ou d'autre que soi. Et puis les églises, c'est quand même des bâtiments sublimes, où on entend de la musique, on peut se recueillir. Moi, je ne suis pas très croyante, mais je vais tout le temps voir les églises partout là où je suis, parce que ça reste assez magique quand même. J'aime les vitraux, même les temples protestants, tellement stricts et austères dans la construction. Et puis, il y a quand même chaque fois... quelque chose qui se passe quand on franchit la porte d'une église. Donc je me dis qu'il doit quand même y avoir quelque chose pour qu'on ait construit tous ces trucs là partout dans le monde, peu importe la religion, c'est qu'il y a quand même quelque chose à aller chercher d'un peu mystérieux, donc ça m'attire plutôt.

  • Speaker #3

    Brigitte Rosset, qu'est-ce que vous pensez de cette idée de podcast, de faire valoir la voix de différentes personnes qui peuvent s'exprimer, dire qui elles sont, ce qu'elles ont vécu, et de faire valoir peut-être leur mot, leur mise en mot ?

  • Speaker #0

    C'est tellement important. Moi, j'ai la chance d'être payée pour le faire. Non, mais c'est vrai, c'est là que moi, je monte sur scène et je raconte des choses. Faire entendre ma voix dans mon métier, pour moi c'est plus évident, plus facile, mais il y a tellement de gens qui ont des choses à dire et qui n'ont pas la possibilité de se faire entendre, donc qu'on puisse, à travers la radio ou en média, aller à la rencontre de gens qui ont des choses à dire, qui ont besoin de libérer une parole, de dire les choses. Il y a le dire dans un cercle intime, il y a le dire à sa voisine, il y a le dire à un psychologue, il y a le dire à un pasteur, mais il y a le dire tout haut avec un micro qu'on vous... pour être entendu et pour être peut-être rassuré dans sa parole. Avoir l'impression d'être entendu, on le sait, dans les procès, souvent on a besoin d'aller jusqu'au bout du procès, peu importe le verdict, juste pour être entendu. C'est terrible de ne pas être entendu, de ne pas pouvoir s'exprimer, soit parce que le pays l'impose, interdit le fait de s'exprimer, soit parce que l'entourage interdit de s'exprimer, soit parce qu'on est soi-même son propre prisonnier et qu'on n'a pas osé dire que ce soit un drame ou que ce soit une petite chose. Et ça, c'est vraiment en fonction de chacun. Je pense que oui, c'est primordial de pouvoir donner la parole, et pas toujours au même.

  • Speaker #2

    Vous pouvez retrouver cet épisode comme les cinq précédents de ce podcast sur reformer.ch ou alors sur les différentes plateformes d'écoute Spotify, Apple Podcasts ou Deezer. Et si cet épisode vous a touché ou apporté quelque chose de spécial, vous pouvez nous montrer votre soutien en nous attribuant 5 étoiles. Thierry Châtel était à la réalisation et Maxi G à la production.

  • Speaker #1

    De vive voix, un podcast de Gabriel Desarzan pour réformer.ch

Chapters

  • INTRODUCTION

    00:00

  • Le POUVOIR du RIRE

    04:34

  • Le VÉCU derrière l’HUMORISTE

    08:24

  • AVOIR la FOI

    16:37

  • Faire ENTENDRE sa VOIX

    18:35

Description

👉 Cliquez ici pour télécharger la fiche!

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Dans cet épisode de “De Vive Voix”, découvrez l’univers de Brigitte Rosset, comédienne et chroniqueuse romande, reconnue pour son talent à transformer ses expériences personnelles en art scénique captivant. Elle nous partage les coulisses de ses spectacles,  où l’humour côtoie souvent la mélancolie, offrant une perspective rare sur la façon dont le rire peut servir de catharsis et de moyen de résilience.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est terrible de ne pas être entendue, de ne pas pouvoir s'exprimer, soit parce que le pays l'impose, interdit le fait de s'exprimer, soit parce que l'entourage interdit de s'exprimer, soit parce qu'on est soi-même son propre prisonnier et qu'on n'a pas osé dire que ce soit un drame, que ce soit une petite chose.

  • Speaker #1

    De vive voix.

  • Speaker #2

    Le monde a besoin de votre parole.

  • Speaker #1

    Dire, s'exprimer.

  • Speaker #3

    Prendre la parole, c'est extrêmement important.

  • Speaker #1

    Je parle en jeu.

  • Speaker #3

    Je me suis dit, ok, je peux aussi parler.

  • Speaker #0

    On a la voix du mécontentement, on a la voix de la colère.

  • Speaker #1

    De vive voix. On a plein de voix. Un podcast de Gabriel de Sarzan.

  • Speaker #2

    Brigitte Rosset est une comédienne, chroniqueuse et auteure remonde qui incarne avec humour son propre personnage, comme dans son troisième solo intitulé Smarties, Kleenex et Canada Drive. Mais qu'est-ce que la voix, thème de ce podcast, est avant tout pour elle ?

  • Speaker #0

    C'est ce à travers quoi s'exprime ce que j'ai envie de dire ou ce que j'ai envie de faire ou les émotions que j'ai envie de partager.

  • Speaker #3

    Et les émotions que vous aimeriez partager, c'est lesquelles ?

  • Speaker #0

    Ça dépend. Ça dépend des périodes, ça dépend de ce que j'ai à dire, ça dépend si je suis moi-même auteur de mes textes, si je choisis de parler de ma vie ou si je suis le vecteur d'une autre voix de quelqu'un d'autre qui se sert de la mienne pour exprimer quelque chose.

  • Speaker #3

    Mais prendre la parole sur scène, c'est dire parfois des choses qu'on a vécues, qui ont été douloureuses. Est-ce que ça fonctionne comme une catharsis, comme une libération, parfois ?

  • Speaker #0

    Ah oui, absolument. Moi, en fait, je suis comédienne et surtout là où je peux exprimer la voix dont on parle, c'est dans mes seules enceintes, où je me raconte et je raconte... Dans l'idée de faire rire aussi, parce qu'on ne peut pas faire rire avec le bonheur, je crois, on ne rit que du drame. Et donc il y a un spectacle que j'ai fait il y a quelques années maintenant, où je raconte que j'ai fait une dépression suite à une rupture sentimentale. Et là effectivement, j'ai joué ce spectacle je crois 150 fois pendant 5-6 ans, et ça a permis évidemment de prendre une distance folle. Mais déjà au moment où je l'ai écrit, parce qu'on ne peut pas écrire si on n'a pas un peu de distance par rapport à ce qu'on fait. Et puis ensuite, ça m'a permis évidemment d'évacuer cette histoire-là et en même temps de la perdurer et puis de la partager avec d'autres qui ont pu vivre le même type d'aventure.

  • Speaker #2

    Si ce que vous entendez vous intéresse, sachez que nous avons préparé dans la description une fiche qui résume les moments forts de cet entretien ainsi que les liens utiles en rapport avec le sujet.

  • Speaker #4

    Mais ça,

  • Speaker #0

    mais alors,

  • Speaker #4

    le public lausannois, quelle spontanéité ! Vous êtes top ! Vous allez bien ? Parce que moi, je vais très très très bien. Si jamais ça vous intéresse, je vais très très très bien. Là, maintenant, je vais très très bien. Non, parce que ça n'a pas toujours été le cas. Non, parce qu'en mars 2009, j'ai un plomb ici, mais vraiment un plomb, qui a fait vlouf, comme ça. Et alors, on m'a amenée dans une jolie maison toute blanche, où on prend bien soin de vous, qu'on appellera ce soir la Clinique des Lucioles. La Clinique des Lucioles, une lueur d'esprit. L'espoir pour ceux qui ont pété un plomb.

  • Speaker #0

    Mais il faut que je vous dise,

  • Speaker #4

    en fait quand il y a des portes vitrées dans les magasins, généralement, vous voyez, moi je les prends en pleine figure, toujours, et alors ça fait mal. Et puis en plus on est un peu ridicule, donc n'importe qui de censé se cache. Moi pas du tout, je ne me cache pas parce que je me réjouis que d'une chose, c'est d'aller le raconter aux copains pour leur dire à quel point j'étais ridicule, pour les faire rire. Donc si je vous raconte ça, c'est parce que je me suis pris une grosse, grosse claque sentimentale. Et je me réjouis de vous raconter.

  • Speaker #3

    Et là, vous étiez en phase vraiment avec votre public. Comment est-ce que vous expliquez que cette pièce, en l'occurrence, elle ait eu un tel succès ?

  • Speaker #0

    Ben, je ne sais pas très bien en fait. C'est plutôt triste de savoir qu'elle a eu du succès. C'est-à-dire que s'il y a autant de gens qui ont vibré avec cette histoire-là, c'est qu'il y a quand même plein de gens qui ont été très malheureux. Donc, ce n'était pas forcément se réjouir de ce succès. Après, je pense qu'il y a eu un témoignage qui était sincère et qui était en même temps drôle. Donc, je pense qu'il y a des gens qui se reconnaissaient, qui étaient en... En osmose avec ce que je vivais, mais il y a aussi beaucoup de gens qui peut-être simplement reconnaissaient leurs copines, leurs voisins, leurs mères. Puis ça leur faisait du bien aussi de pouvoir rire avec moi d'une situation à travers laquelle eux étaient ce qu'on appelle proches aidants ou qui étaient touchés par une situation de ce type. Et de pouvoir rire, ça permet d'évacuer beaucoup de choses.

  • Speaker #3

    Vous parlez d'ailleurs souvent sur scène en tant que femme, en tant qu'épouse, en tant que mère. Il y a chaque fois un peu de qui vous êtes.

  • Speaker #0

    Ben oui, c'est-à-dire que dans mon travail de seule en scène, je n'arrive pas à parler d'autre chose que de ce que j'ai vécu. Parce que quand on veut faire de l'humour, il faut comprendre très bien son projet. Et puis, comme je disais tout à l'heure, prendre de la distance par rapport à ce qu'on fait. Et si on ne maîtrise pas le sujet, on ne peut pas prendre cette distance. Donc moi, je n'arrive pas à avoir la petite distance, la petite analyse qui fait que ça en devient drôle. Donc ce n'est pas pour faire un culte de ma personne. C'est juste que c'est là où je trouve matière à raconter des choses qui finalement parlent aux autres, parce que j'ai une vie exactement... Enfin, plus ou moins pareil, à plein d'égards, à plein de gens. Donc, ma vie n'est pas extraordinaire. Ce n'est pas pour ça que j'en parle. C'est justement parce qu'elle est plutôt banale.

  • Speaker #4

    Je suis tombée amoureuse. Puis alors, je suis tombée de haut. De très, très, très, très haut. Évidemment, plus on tombe de haut, plus ça fait mal. Mais moi, ça a fait vraiment... Ah, mais de raide dingue amoureuse. J'étais plus que dingue, ça. Et je n'ai rien vu venir, rien. Mais quand j'ai enfin ouvert les yeux, vraiment, ça a fait vraiment... On va aller à l'hélicoptère. Bon, je vous raconte pour qu'on revienne un peu en arrière. Je vous raconte. Non, parce que vous dites, non, je suis embêtée. Donc, quand on s'est rencontrés, mon canard et moi... Oui, je l'ai appelé mon canard. J'avais 36 ans, trois enfants, un mari depuis plus de 10 ans. J'étais légèrement éteinte. Non mais j'avais l'impression d'être passée aux yeux de mon ex-mari de sac à bébé. C'est comme ça qu'il m'appelait, sac à bébé. Bon, c'est mignon. Ça avait au moins une fonction. À carrément transparente. Et canard, mon canard a débarqué dans ma vie à ce moment-là. Et il m'a regardée. Et moi je me suis dit Waouh ! Je suis encore une femme ! Il disait canard que j'étais la plus belle femme du monde. Mais moi je le croyais Il avait perdu trop de temps à me trouver Que j'étais sa pièce de puzzle Qui voulait m'épouser tout de suite J'ai dit oui, oui, enfin, faut juste que je divorce Mais oui, oui Me faire encore des enfants, j'en avais trois J'ai dit oui, oui, oui Qu'on habite ensemble tout de suite Oui, oui, oui, j'ai dit oui à tout Je suis tombée amoureuse Il restait un prince charmant Et c'est moi qui l'avais

  • Speaker #3

    Quand vous montez sur scène, vous dites ce que vous croyez profondément, parfois ?

  • Speaker #0

    Si on parle du seul en scène, oui. C'est-à-dire que je ne mens pas, je suis là et je suis moi-même très en phase avec ce que je raconte. Il y a une autre partie du métier qu'elle interprète. Et l'interprète, ce n'est pas rien ce mot. On est interprète. Donc forcément, ça passe par une transformation qui n'est pas soi, quoi qu'il y ait une voix possible.

  • Speaker #3

    Maintenant, Brigitte Rosset, vous dites volontiers avoir été élevée dans un milieu genevois, calviniste. Est-ce que vous vous appuyez sur des valeurs que vous avez reçues dans ce bagage-là ?

  • Speaker #0

    Oui, alors, celle du partage, je dirais, même si on riait toujours en disant que chez les protestants, au dessert, on disait vous prenez une pomme ou rien du tout, et que si on est invité chez des protestants, ce qui n'arrivera jamais, en fait, parce qu'il n'y a plus de vrais protestants. Je ne vois là, je parle, c'est encore avec humour, on dit qu'il faut aller manger avant, parce qu'on n'aura rien à manger. Donc, ces valeurs-là du protestantisme dont on se moque et on rigole sur la radinerie du protestant, qui est plutôt étriqué, ces valeurs-là, alors on les a vraiment en famille ? On en a beaucoup ri et maintenant je fais toujours aussi beaucoup trop à manger, j'invite trop de monde, il n'y a pas une pomme ou rien du tout, il y a huit desserts, enfin voilà, c'est plutôt dans l'opulence. C'est un peu un pied de nez, mais c'est grâce à cette éducation ou en tout cas à ce bagage protestant. Mais à part ça, sur les valeurs du christianisme, sur le fait de respecter son prochain, d'être dans l'aide, dans l'entraide, de faire du bénévolat, je ne sais pas si elles sont inscrites dans le protestantisme, mais en tout cas le souci d'autrui. C'est une chose avec laquelle j'ai été éduquée, où on me disait, si tu vois une dame ou un monsieur qui a de la peine à porter ses courses en sortant du magasin, il faut que tu le raccompagnes. On nous disait, on était petites, et on disait, il faut que tu les raccompagnes chez eux. Avec les sacs de commission, on ne nous disait pas, méfiez-vous de ces gens, enfin méfiez-vous du monde. C'est plutôt, dès que tu vois quelqu'un qui aurait besoin d'aide, il faut aller au-devant de ça et aller chercher, aller demander si on peut aider. Et en fait, ça m'est resté pas mal, ça me met des fois dans des situations... où je tiens à raccompagner quelqu'un, à m'intéresser à la vie d'autrui, mais ce qui me nourrit aussi pour mes spectacles. Et on sait que le bénévolat, on le fait pour aider, évidemment, mais on se sent tellement valorisé. C'est comme quand on fait un cadeau, c'est que c'est jamais complètement généreux et altruiste. C'est aussi pour se faire du bien et c'est pour trouver du sens. Aussi, j'étais marraine d'une association qui s'appelle l'AGIS, c'est l'Association Jeune Voix d'Intégration Sociale, qui met en relation des bénévoles et des personnes en situation de handicap. Et dans les bénévoles, il y avait aussi pas mal de gens qui avaient des vies professionnelles très chargées. qui gagnaient plutôt très bien leur vie, mais qui avaient besoin de faire du bénévolat pour trouver du sens. Parce qu'ils ne trouvaient pas de sens dans le travail qu'ils faisaient, dans gérer de l'argent ou faire des choses qui, pour eux, n'avaient plus de sens. Et puis du coup, en aidant son prochain, on trouve du sens pas mal. D'autant plus aujourd'hui.

  • Speaker #3

    Est-ce que l'affirmation de soi Peut-être qu'on pratique quand on est comédien sur scène. Est-ce que cette affirmation de soi fait partie pour vous de ce bagage judéo-chrétien ?

  • Speaker #0

    Alors, la confiance en soi, je pense effectivement, si on parle de cet aspect-là, le connais-toi toi-même. Oui, oui, c'est se connaître soi-même pour être plus en phase et en adéquation avec les autres.

  • Speaker #3

    Et faire valoir sa parole.

  • Speaker #0

    Et faire valoir sa parole, mais ce n'est pas au détriment de l'autre. Et j'ai l'impression que quand on est sur scène, en fait, on prend une forme de pouvoir. qu'il y ait une affirmation de soi, mais c'est une parole qui peut faire du bien. C'est comme le pasteur qui va prêcher. Alors, je ne dis pas que je vais prêcher une bonne parole, mais c'est quand même une prise de pouvoir, clairement. Mais en tant qu'individu, alors je pense qu'effectivement, si on trouve sa voix, si avec l'aide d'entités supérieures ou pas, si on l'a trouvée grâce à son éducation, grâce à ses croyances religieuses, peu importe comment, mais si effectivement on est bien avec soi-même, qu'on a trouvé sa voix. VOX, on sera peut-être un meilleur citoyen vis-à-vis des autres. Mais tout ça, ce qui est compliqué, c'est de le faire, de trouver sa voie. C'est de le faire et c'est, je pense, le plus difficile à comprendre. Ce n'est pas au détriment d'autrui. C'est qu'on a tous la possibilité de trouver sa voie sans écraser l'autre. Et dans mon métier, ça, c'est un truc qui est peut-être plus compliqué à comprendre à long terme. La concurrence est rude, comme on dit, mais on peut très bien trouver sa voie sans écraser l'autre. justement, trouver sa voie en trouvant sa propre particularité, de s'inscrire dans un tout en disant mais je n'ai pas besoin de prendre la place de quelqu'un d'autre, j'ai ma place à moi et après, les gens choisiront de venir me voir ou pas.

  • Speaker #3

    Est-ce que vous avez le sentiment de vouloir transmettre quelque chose quand vous êtes sur scène ?

  • Speaker #0

    Alors, des émotions très clairement. Moi, je n'ai pas de message à transmettre ou de valeur profonde, en tout cas pas consciemment, pas volontairement. Par contre, de transmettre des émotions dans le partage. Ma préoccupation, c'est l'heure et quart ou l'heure et demie qu'on va passer ensemble. Et après, ce qui reste chez les gens plus tard, ça ne me concerne plus tellement. Mais en tout cas, ma mission... J'ai l'impression, si j'en ai une, c'est de faire en sorte que les gens qui ont pris leur billet, qui sont venus me voir, qui se sont déplacés, qui ont réservé, qu'on soit dans un partage pendant une heure et demie, et que j'ai pu les rendre un peu plus heureux, un peu plus gais, un peu plus léger, pendant cette heure et demie-là. Et puis si, après coup, il en reste quelque chose, et que ce bonheur-là perdure pendant quelques jours, ou voire quelques mois, parce qu'ils se souviennent d'un moment qui les fait encore rire après. ou qui les émeut, alors là, je me dis que j'ai tout gagné.

  • Speaker #3

    Brigitte Rosset, pour en revenir peut-être à cette éducation judéo-chrétienne qui a été la vôtre, est-ce qu'il y a des figures de foi qui vous inspirent, vous font du bien, aujourd'hui encore ?

  • Speaker #0

    Moi, les gens qui me font du bien, c'est monsieur, madame, tout le monde, en fait. Oui, je trouve qu'il y a des trajectoires. On parle de l'abbé Pierre, du Dalai Lama. Enfin voilà, c'est loin. C'est des belles figures et puis je pense qu'ils font du bien. Et on peut être émerveillé par rapport à ce genre de parcours. Mais moi, c'est vraiment... Ouais, il y a des gens avec qui j'ai discuté où tout d'un coup, je vois un témoignage. Mais en passant sur les réseaux sociaux, c'est aussi le bon côté quand même de choses. Tout d'un coup, je vois une dame qui a sauvé un animal et puis moi, ça m'émeut et je trouve ça super. Ou une dame qui témoigne. J'entendais l'autre jour un photographe, j'ai oublié son nom, un photographe de guerre qui était incroyable, qui fait des conférences à Puy en ce moment, qui a été dans toutes les guerres du monde. J'écoutais ses témoignages, ça m'a fait beaucoup de bien. Je me disais mais quel courage ce type qui va sur les lieux pour documenter et pas pour faire de l'horreur, mais pour dire, pour que ça, on n'oublie pas de prendre une image. Il parlait de son métier, ça m'a fait beaucoup de bien de l'entendre. Il dit qu'il cherche l'humanité dans ce qu'il fait, enfin bref. Et je ne sais pas en quoi je crois. Je crois en l'humanité, j'ai encore beaucoup d'espoir. Je crois qu'il y a peu de gens vraiment mauvais et méchants, mais je n'ai pas de grandes images de foi comme ça qui me font du bien. Et peut-être que dans des moments de tristesse, où ça allait moins bien, je me disais, c'est dommage, je n'ai pas justement ces grandes images, peut-être qu'il faudrait que je relise. Mais c'est quand même compliqué à lire, le Nouveau Testament. Après, ce qui est bien, c'est comme il y a plein d'images, ça donne l'opportunité pour une comédienne comme moi d'interpréter un peu ce qu'on veut dans les textes.

  • Speaker #3

    Et avoir la foi, aujourd'hui être croyant, pour vous, ça signifie quoi ? Ça pourrait signifier quoi ?

  • Speaker #0

    Pouvoir se reposer sur autre chose que soi, sur quelqu'un d'autre, de plus grand que soi. Donc ça veut dire peut-être se sentir moins responsable. de ce qui nous arrive et de ce qui nous attend. Aujourd'hui, il y a les psys qui ont pris une place énorme. Avant, je pense qu'on allait voir le pasteur pour lui raconter ses soucis, je pense, dans les villages ou dans les villes, j'imagine. Puis qu'aujourd'hui, on va voir le psy. Donc, tant mieux pour les psys qui ont du boulot. Trop, d'ailleurs, il y a des listes d'attente. Et puis, il y a des super psys et puis il y a des charlatans, mais comme partout, comme dans tous les métiers, enfin charlatans. Enfin voilà, des gens qui nous correspondent moins que d'autres. Et puis c'est un métier passionnant. Mais avoir la foi, je pense que ça peut être un soulagement. de s'en remettre à quelqu'un d'autre, de plus grand ou d'autre que soi. Et puis les églises, c'est quand même des bâtiments sublimes, où on entend de la musique, on peut se recueillir. Moi, je ne suis pas très croyante, mais je vais tout le temps voir les églises partout là où je suis, parce que ça reste assez magique quand même. J'aime les vitraux, même les temples protestants, tellement stricts et austères dans la construction. Et puis, il y a quand même chaque fois... quelque chose qui se passe quand on franchit la porte d'une église. Donc je me dis qu'il doit quand même y avoir quelque chose pour qu'on ait construit tous ces trucs là partout dans le monde, peu importe la religion, c'est qu'il y a quand même quelque chose à aller chercher d'un peu mystérieux, donc ça m'attire plutôt.

  • Speaker #3

    Brigitte Rosset, qu'est-ce que vous pensez de cette idée de podcast, de faire valoir la voix de différentes personnes qui peuvent s'exprimer, dire qui elles sont, ce qu'elles ont vécu, et de faire valoir peut-être leur mot, leur mise en mot ?

  • Speaker #0

    C'est tellement important. Moi, j'ai la chance d'être payée pour le faire. Non, mais c'est vrai, c'est là que moi, je monte sur scène et je raconte des choses. Faire entendre ma voix dans mon métier, pour moi c'est plus évident, plus facile, mais il y a tellement de gens qui ont des choses à dire et qui n'ont pas la possibilité de se faire entendre, donc qu'on puisse, à travers la radio ou en média, aller à la rencontre de gens qui ont des choses à dire, qui ont besoin de libérer une parole, de dire les choses. Il y a le dire dans un cercle intime, il y a le dire à sa voisine, il y a le dire à un psychologue, il y a le dire à un pasteur, mais il y a le dire tout haut avec un micro qu'on vous... pour être entendu et pour être peut-être rassuré dans sa parole. Avoir l'impression d'être entendu, on le sait, dans les procès, souvent on a besoin d'aller jusqu'au bout du procès, peu importe le verdict, juste pour être entendu. C'est terrible de ne pas être entendu, de ne pas pouvoir s'exprimer, soit parce que le pays l'impose, interdit le fait de s'exprimer, soit parce que l'entourage interdit de s'exprimer, soit parce qu'on est soi-même son propre prisonnier et qu'on n'a pas osé dire que ce soit un drame ou que ce soit une petite chose. Et ça, c'est vraiment en fonction de chacun. Je pense que oui, c'est primordial de pouvoir donner la parole, et pas toujours au même.

  • Speaker #2

    Vous pouvez retrouver cet épisode comme les cinq précédents de ce podcast sur reformer.ch ou alors sur les différentes plateformes d'écoute Spotify, Apple Podcasts ou Deezer. Et si cet épisode vous a touché ou apporté quelque chose de spécial, vous pouvez nous montrer votre soutien en nous attribuant 5 étoiles. Thierry Châtel était à la réalisation et Maxi G à la production.

  • Speaker #1

    De vive voix, un podcast de Gabriel Desarzan pour réformer.ch

Chapters

  • INTRODUCTION

    00:00

  • Le POUVOIR du RIRE

    04:34

  • Le VÉCU derrière l’HUMORISTE

    08:24

  • AVOIR la FOI

    16:37

  • Faire ENTENDRE sa VOIX

    18:35

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