Speaker #0Bienvenue chez Reset Your Mind, vous écoutez le 77e épisode. Cet épisode est un peu particulier, il ouvre une mini-série consacrée à l'argent. Alors pourquoi parler argent ? Eh bien parce que c'est un sujet inconfortable. Et qui dit inconfort dit qu'il y a quelque chose à aller chercher au-delà. Il remonte si souvent dans les coachings que ça m'a semblé indispensable. Et puis parce qu'aussi, je me suis rendu compte que je n'avais encore jamais vraiment parlé d'argent dans ce podcast. C'est quand même dingue. Alors, c'est vrai qu'on préfère toujours, ou souvent, dire que l'on travaille par passion, plutôt que de dire que l'on veut être reconnu, justement, à hauteur de cette passion, plutôt que par un montant ou un chiffre. Alors c'est vrai, c'est plus noble, c'est plus glorieux de travailler par passion, par quoi ? Et parce qu'aussi, les entretiens annuels approchent, je me suis dit que c'était un peu le bon moment pour parler d'argent. Et puis, je vois bien trop de leaders, trop de talents me dire « je ne sais pas combien je vaux » . « Je ne sais pas comment demander une augmentation. » « Il va falloir, mais je ne sais pas trop par quel bout m'y prendre. » « Non, je ne veux pas parler d'argent, je ne veux pas être arrogant. » Ou arrogante. Alors, j'ai voulu en parler. Pas dans un seul épisode, parce que ce serait trop simple et trop court, mais vraiment donc dans une série. de trois épisodes avec trois thématiques distinctes. Dans ce premier épisode, celui que tu écoutes aujourd'hui, nous allons parler de ce que l'argent réveille émotionnellement, ce qu'il dit de notre rapport à l'argent, de notre rapport à la valeur qui est censée évaluer cet argent. Dans le deuxième, celui de la semaine prochaine, nous parlerons de l'abondance et ses croyances, de ce qui se joue derrière. Ce chiffre, cette peur de manquer, cette peur de ne jamais avoir assez. Et dans le troisième, nous parlons plutôt de négociation, de comment négocier de reconnaissance et de comment trouver un juste équilibre et comment demander cette augmentation, ce prix, ce salaire, ce prix de prestation sans s'excuser. Parce que oui, l'argent n'est pas le problème à la base. Il est juste le révélateur de quelque chose d'un peu plus haut. L'argent, c'est rarement une question d'argent. C'est une question de valeur la plupart du temps. De la valeur que l'on s'accorde, de la valeur que l'on ose reconnaître et de celle que l'on se refuse encore. Je ne sais pas si je vous l'ai déjà partagé dans ces épisodes, mais je suis issue d'un milieu plutôt modeste, voire même très modeste. Pas pauvre, j'ai toujours eu à manger à ma faim. Mais les fins de mois n'étaient pas forcément toujours faciles lorsque j'étais enfant, ou même dans ma vie de jeune active, quand j'ai commencé à travailler tout en continuant à être étudiante. Je peux vous assurer que payer son loyer, la fac, tout le nécessaire pour vivre, pas toujours était très très simple. Alors depuis toujours, l'argent n'a jamais vraiment été pour moi un sujet de fierté. Fins de mois parfois serrés, ok, des vacances dans mon enfance pas forcément automatiques, dans ma vie de jeune active vraiment pas automatiques du tout, plusieurs années sans vacances. Et j'ai grandi avec ces phrases « l'argent ça se mérite » , « l'argent ça ne pousse pas sur les arbres » . Et surtout, cette petite phrase un peu suspicieuse, un peu sous-entendue et pas prononcée très haut de « ceux qui en ont trop sont pas forcément des gens très honnêtes » . Alors longtemps, j'ai cru que c'était la norme. Qu'être discrète, c'était élégant. Qu'être reconnaissante, c'était suffisant. Et que parler d'argent, c'était presque vulgaire. Oui, oui, il y a vraiment... toute cette ambiance, tous ces non-dits qui viennent se greffer autour de l'argent lorsque l'on parle, lorsque l'on évoque ce concept. D'ailleurs, si tu veux prendre quelques instants, si je te dis juste le mot argent, quels sont les premiers mots qui te viennent à l'esprit ? Tu sais, ceux qui popent là, alors même qu'il n'y a pas de réflexion, alors même qu'il n'y a pas de précision du contexte. Je serais curieuse de les connaître. Il y a une phrase que Brooke Castillo dit très régulièrement dans ses différents contenus, podcasts ou formations, c'est « on ne reçoit pas à la hauteur de ce que l'on mérite, mais à la hauteur de ce que l'on s'autorise » . Cette phrase, j'avoue que je l'ai entendue assez tardivement et elle m'a fait l'effet d'une gifle. Parce que oui, je me suis rendue compte à ce moment-là que je m'étais autorisée très peu, très peu. Et c'est vrai que l'argent en France, il gêne, il divise. Il questionne. Si John gagne trop, c'est suspect. Tu n'en gagnes pas assez, c'est que tu as raté quelque chose. L'argent, il ne dit pas seulement ce que tu gagnes. Il dit aussi quelque part derrière qui tu es. Et souvent, même, où est-ce que tu te situes par rapport à ton voisin ou dans ta famille. L'argent est devenu, avec les siècles, les années, un miroir social, en plus d'être juste une monnaie d'échange. C'est un miroir social, un espèce de thermomètre, il en suit. personne ne te demande jamais, en tout cas en France, combien tu gagnes. C'est beaucoup plus facile. C'est une question qui arrive très vite sur le tapis lorsque vous êtes dans les pays anglo-saxons. Mais en France, non, surtout pas. En revanche, on te demandera, est-ce que tu travailles toujours dans la même société ? Ou est-ce que tu pars en vacances éventuellement cette année ? Ou est-ce que tu t'es acheté une nouvelle voiture ? Parce qu'ici, la réussite, elle doit se deviner. Il ne faut pas trop la montrer. Ça ne se dit pas. Ce n'est pas... noble, ce n'est pas propre, ce n'est pas bien élevé. Et dans beaucoup de familles, parler d'argent, c'est presque intime. On peut parler d'énormément de choses, de santé, de politique, d'amour ou autre, mais pas de ce que l'on gagne. Est-ce que tu sais combien gagne ton beau-frère, ta cousine ou tes meilleurs amis ? C'est fou, non ? Cette gêne collective, elle n'est pas anodine, le poids, l'héritage de notre éducation. Mais cette gêne collective, elle façonne aussi notre rapport à la reconnaissance, à la comparaison et à la légitimité. Parce que l'argent est le nerf de la guerre, l'argent est cet étalon d'évaluation commun à toutes. Et puis je t'avoue qu'un jour, moi j'ai eu un déclic. Il y a eu ce moment où je co-dirigeais un département avec un homme. J'avais donc à côté de moi un collègue masculin. Et au hasard de discussions, de partages, j'ai appris que son salaire était le double d'humain. Le double. Là, j'avoue que je suis tombée un peu dans l'assidération. Puis, je suis aussi tombée dans la colère. Puis, il y a eu un autre effet revers de médaille qui a été plus intérieur, plus silencieux, celui-là, qui a été... Et oui, encore une fois. Parce que oui, ce n'était pas la première fois. Tu le sais maintenant, j'ai évolué. la plus grande partie de ma carrière dans le milieu du digital, de la tech sans pour autant être tech moi-même, donc très masculin. Et donc, ce n'était pas la première fois que je faisais autant, voire plus, ou qu'en tout cas à poste équivalent et à niveau hiérarchique équivalent, je gagnais moins. Ce chiffre dans l'absolu, ça ne reste qu'un chiffre. Le problème, c'est qu'il ne disait pas seulement « tu gagnes moins » , il disait quelque part, en tout cas dans mon interprétation, « tu vaux moins » . Et le pire ? C'est que sur le moment, je n'ai pas été en révolte. Sur le moment, j'ai douté. Peut-être qu'il ne mérite plus. Peut-être que je n'ai pas assez demandé. Et ça, souvent, chez nous, mesdames, face à une inégalité, notre premier réflexe n'est pas la rébellion. Contrairement à vous, messieurs, qui peuvent beaucoup plus facilement passer en mode action et mode rébellion, je dirais. Chez nous, ça va plutôt être tout de suite la remise en question. On va chercher ce que l'on a mal fait. On va chercher ce que l'on n'a pas encore assez. Pas assez d'expertise, pas assez d'expérience dans ce poste, pas assez d'ancienneté, ce genre de choses. Et cette idée que le travail finit toujours par payer, que les résultats parleront d'eux-mêmes, on le porte à bout de bras depuis toujours. Et c'est tellement ancré en nous, c'est tellement présent qu'on ne s'en rend même plus compte. En revanche, ça amène, ça génère des fonctionnements pas. automatisme, des fonctionnements et des réflexions par automatisme comme cela. Et ça, ce jour-là, j'ai vraiment compris à quel point ces automatismes m'enfermaient. Parce que pendant que je passais mon temps à prouver, je ne demandais pas, forcément. Et pendant que je faisais mes preuves, d'autres négociaient. Et c'est tout à leur honneur. Ce collègue, je n'y en voulais absolument pas. Je n'étais pas en colère contre lui, je n'étais pas revendicatrice vis-à-vis de lui, mais plutôt par rapport au système. Et pendant que... parce que pendant que je m'appliquais moi à bien faire, eh bien d'autres se positionnaient et ça semblait tellement plus facile pour eux qu'il y avait ensuite cette notion de justice ou d'injustice, de valeur qui pouvait bien évidemment venir envenimer la situation. Il y a une phrase que je me répète depuis et que je répète souvent à mes coachés quand ces thématiques d'argent viennent sur la table des sessions de coaching, c'est « l'argent n'est qu'un amplificateur, il ne change pas qui tu es, il le rend juste visible. Parce qu'au fond, l'argent ne transforme pas, il révèle le positif comme le négatif. Il rend visible. ce que l'on croit mériter. Et c'est là que l'on va tomber dans des mécanismes un petit peu archaïques. Notre cerveau, lui, il est dans l'inconfort dès qu'on parle d'argent. Et c'est pour ça que c'est aussi délicat pour la plupart d'entre nous de parler d'argent. Notre cerveau, il n'est pas programmé pour la reconnaissance. Il est programmé pour la sécurité. Donc dès qu'on parle d'argent, il y a deux circuits qui vont s'activer fortement. Celui de la sécurité et celui de la récompense. Et face à l'argent, le premier qui s'active, c'est la peur de perdre. Bien avant. la joie de recevoir. Parce que demander, c'est s'exposer. Gagner plus, c'est risquer d'être jugé. Alors lui, le cerveau, qu'est-ce qu'il fait ? Et puis il choisit la modestie. Il choisit de la sécurité, donc de ne pas trop se mettre en avant, de ne pas trop s'exposer. Parce qu'à ses yeux, la survie vaut mieux que la liberté. Et ça, ce sont des mécanismes, des réflexes, qui ne viennent pas d'un manque d'ambition. Ces réflexes viennent d'un excès de... de formatage, d'ancrage dans votre cerveau. La loyauté envers ce que l'on a appris à être sage, appliqué, reconnaissant, loyau, et puis peut-être un petit peu au-dessus de la moyenne, en ne parlant pas d'argent, c'est que nous, ça ne nous intéresse pas, soyons nets. L'argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue quand même sacrément. Donc c'est vrai qu'à force de loyauté envers un employeur, envers un code d'honneur, envers... Vos parents aussi, peut-être, qui sont issus d'un milieu modeste, tout comme moi, et gagner plus, pour qui est-ce que l'on se prend ? Avoir des ambitions supérieures, après tout, pour qui es-tu ? Comment oses-tu ? Alors on attend, et on se dit qu'on n'est pas légitime à demander, que c'est déjà pas si mal que ça. Alors moi j'ai trois questions pour toi aujourd'hui. Quelle phrase sur l'argent ? As-tu le plus entendu dans ton enfance ? Tu peux faire pause, mais quelle phrase sur l'argent as-tu le plus entendu dans ton enfance ? Que disent-elles encore de toi aujourd'hui ? Comment est-ce qu'elles conditionnent encore ton rapport à l'argent à ton avis ? Deuxième question, dans quelle situation récente t'es-tu minimisé, sans t'en rendre compte, par un confort ou justement par un biais ? par ces phrases, ces fameuses phrases que tu as entendues depuis toujours. Et ma troisième question serait, est-ce qu'il revendiquait cette somme d'argent, quelle qu'elle soit ? C'était aussi un acte de loyauté, après tout, et cette fois-ci envers toi. Je t'avoue qu'il m'a fallu quelques années, quand même, pour détendre un peu ma relation à l'argent, et certainement que j'ai encore du chemin à faire. Mais j'ai compris tout cela plus tard. justement en me faisant coacher, tu t'en doutes. Surtout avec une approche américaine qui est très directe, très assumée, où dire j'aime l'argent n'est pas tabou, mais plutôt un signe de clarté et d'alignement. Je ne te cache pas qu'au début, ça m'a un peu heurtée. Et puis, parce que cette question de combien tu fais d'argent arrive très très vite quand tu rencontres des gens que tu ne connais ni d'aide ni d'adam, ils arrivent très très vite avec cette notion-là, c'est pas tabou, on en parle comme de la pluie du côté. Bon. J'ai compris que le problème n'était pas leur rapport à l'argent, que je trouvais au début un peu too much, mais plutôt le mien. C'était pas uniquement le choc culturel, c'était aussi un choc intérieur. Le moment où j'ai compris que l'argent n'est qu'un langage, n'est qu'un outil, il y a pas mal de choses qui se sont débloquées à ce moment-là. Quand j'ai compris qu'il n'avait aucun rapport, mais vraiment compris, intégré, parce qu'on sait se dire des choses, mais c'est pas pour autant qu'à l'intérieur ça réagit. de manière alignée avec ce qu'on se dit, ce que l'on pense. Mais à partir du moment où j'ai vraiment intégré que l'argent, c'est un outil, c'est un amplificateur, et que c'est un langage, un moyen d'échange, un moyen de communication, dont je n'avais pas les codes forcément jusqu'à présent, il y a pas mal de choses qui se sont débloquées. Alors aujourd'hui, j'aimerais que tu réfléchisses à deux ou trois choses, ou que tu emportes avec toi certaines choses. L'argent ne dit rien de ta valeur. Il dit seulement ce que tu laisses reconnaître. Il dit seulement ce que tu autorises les autres à te donner comme valeur. Et tant que tu crois qu'il faut prouver à tout prix pour mériter, tu restes coincé dans le mérite, donc dans l'attente. Et dans l'attente qu'une hypothétique personne extérieure, qui a ses propres occupations, ses propres biais, sa propre relation à l'argent, t'autorise à t'évaluer différemment. L'argent, il n'est ni propre. ni sale. Il révèle simplement ce que tu crois mériter. Alors j'aimerais vraiment que tu prennes le temps de réfléchir à ça cette semaine. Qu'est-ce que tu crois vraiment mériter ? Quel serait le chiffre dans lequel tu serais à l'aise, confortable ? Et pourquoi est-ce que tu t'interdis encore de le recevoir ? Ça sera tout pour cette semaine, en tout cas pour ce premier épisode. J'ai hâte que tu écoutes le second, où nous parlerons cette fois-ci de manque et d'abondance. Avec cette sensation de manque qui nous habite même lorsque tout va bien. De cette peur de perdre et du plafond que l'on s'impose aussi afin de minimiser les risques et encore une fois de se sécuriser. Et de la liberté qu'il y a pour redéfinir ce que veut vraiment dire avoir. Donc, je te dis à la semaine prochaine pour la suite de ce débat, de ces réflexions autour de l'argent. J'espère que cet épisode t'aura offert ce pas de côté dont on a tous besoin régulièrement. Si c'est le cas, je t'invite à le noter, à commenter ou à le partager. C'est ainsi que ces sujets de lucidité, de responsabilité, trouvent leur chemin jusqu'à celles et ceux qui ont besoin de l'entendre, ces petits rappels. À la semaine prochaine !