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Rétines & pupilles

#11- La neuro-ophtalmologie avec Dr Meyniel

#11- La neuro-ophtalmologie avec Dr Meyniel

18min |28/03/2025
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#11- La neuro-ophtalmologie avec Dr Meyniel

#11- La neuro-ophtalmologie avec Dr Meyniel

18min |28/03/2025
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Description

Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’ophtalmologie !

Dans ce nouvel épisode, nous abordons le domaine très pointu et très spécifique de la neuro-ophtalmologie. La neuro-ophtalmologie, c’est une spécialité qui explore les liens entre les yeux et le cerveau, afin de diagnostiquer les troubles visuels d’origine neurologique.

Pour explorer ce sujet, nous avons la chance de recevoir le Dr Meyniel, qui est neuro-ophtalmologiste au sein du réseau Ophtalliance dans l’ouest de la France. Qui est également patricien-hospitalier à la Pitié-Salpêtrière à Paris. Et Présidente du Club de neuro-ophtalmologie

francophone.

Dans cet épisode, le DR Meyniel nous explique la complexité de la neuro-ophtalmologie. Elle nous parle également des types de patients qu’elle reçoit, de la manière dont se déroulent les consultations, et de la façon dont le travail s’organise au sein de l’équipe de neuro-ophtalmogie afin de pouvoir les urgences, qui sont parfois vitales.

Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr Meyniel. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l’ophtalmologie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Dans ce nouvel épisode, nous abordons le domaine très pointu et très spécifique de la neuro-ophtalmologie. La neuro-ophtalmologie, c'est une spécialité qui explore les liens entre les yeux et le cerveau afin de diagnostiquer les troubles visuels d'origine neurologique. Pour explorer ce sujet, nous avons la chance de recevoir le Dr Claire Méniel. qui est neuro-ophtalmologiste au sein du réseau Ophtalianz dans l'ouest de la France. Elle est également praticienne hospitalière à la Pitié-Salpêtrière à Paris et présidente du club de neuro-ophtalmologie francophone. Dans cet épisode, le Dr Meyniel nous explique la complexité de sa spécialité. Elle nous parle également des types de patients qu'elle reçoit, de la manière dont se déroulent les consultations et de la façon dont le travail s'organise au sein de l'équipe de neuro-ophtalmologie afin de pouvoir gérer les urgences. qui sont parfois vitales. Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr Meyniel. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie. Bonjour Dr Ménielle et merci d'avoir accepté notre invitation pour participer à ce nouvel épisode de Rétines et Pupilles consacré aux pathologies neurologiques. Vous êtes neuro-ophtalmologiste et vous faites aujourd'hui partie d'Ophtalians, qui est un réseau de médecins et de chirurgiens ophtalmologistes implantés dans l'ouest de la France, dans la région de Nantes. Vous êtes également membre du conseil d'administration de l'association francophone des professionnels de basse vision. Avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que vous pourriez vous présenter ?

  • Speaker #1

    Bonjour, Claire Meyniel, neuro-ophtalmologiste, comme vous l'avez dit. Et effectivement, je travaille également plus d'ophtalmologie à la Petite-Salle Pétrière, où je suis praticienne hospitalière en neuro-ophtalmologie, et donc mon activité en clinique à l'ophtalmologie. Parallèlement, je suis aussi présidente, là pendant deux ans, du club de neuro-ophtalmologie français, qui regroupe tous les professionnels francophones qui s'intéressent à la neuro-ophtalmologie.

  • Speaker #0

    Alors c'est une question que nous avons l'habitude de poser à chacun de nos invités. Pourquoi ? Avez-vous choisi de devenir ophtalmologiste ? Est-ce que c'était une vocation ou un choix de raison ?

  • Speaker #1

    Alors, c'était vraiment une vocation. Enfin, c'est une vocation que j'ai créée. Pendant mes études, j'étais passionnée par la neurologie, par le côté intellectuel, raisonnement logique, examen clinique, et en même temps par l'ophtalmologie, par la beauté du fond d'œil. C'est absolument merveilleux de regarder un fond d'œil avec toutes les techniques qui, en plus, ont évolué de plus en plus avec des images de qualité extraordinaires maintenant. Et je voulais vraiment faire un mix entre les deux. Et un jour, j'ai appris que la neuro-ophtalmologie existait. J'étais en dernière année de médecine et en dernière année d'externat. Et je suis allée voir une neuro-ophtalmologiste à Tonon où j'étais en stage. Et là, je suis tombée complètement amoureuse de cette spécialité. Et pour ça, du coup, j'ai commencé par faire de l'ophtalmologie, un internat d'ophtalmologie, puis switcher pour la neurologie afin de faire vraiment que de la neuro-ophtalmologie. Tout mon internat, clinica et l'ensemble de ma formation.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, qu'est-ce qui vous fait vous lever chaque matin ?

  • Speaker #1

    Mon métier, enfin pas que, bien sûr il y a la famille aussi, mais vraiment c'est mon métier et c'est juste extraordinaire. Chaque patient est différent, chaque pathologie est différente. Mon activité est à la fois clinique avec des diagnostics, il y a aussi tout ce qui est motivation par rapport à l'équipe. J'ai monté des équipes et puis il y a toute une ambiance, une interaction avec les collègues. Et il y a aussi tout un côté scientifique, d'essayer de continuer de communication dans les congrès, bien sûr, énormément de communication dans les congrès d'ophtalmologie, de neurologie, et puis d'essayer de continuer de publier avec une activité de recherche. Donc c'est une activité extrêmement variée. Je ne fais jamais deux fois la même chose dans la même journée, ce qui est assez magique et ce qui n'est pas donné à tout le monde. Et j'en suis vraiment très contente. En tout cas, ça me convient très bien. Après, quelquefois, c'est un peu fatigant. Des fois, elle ne fait jamais faire deux fois la même chose, remet tout en question, mais en pratique, c'est vraiment ce qui a de plus motivant et c'est ce qui me fait me lever chaque matin avec grand plaisir pour aller travailler.

  • Speaker #0

    Alors justement, pourriez-vous nous expliquer ce qu'est la neuro-ophtalmologie et en quoi consiste votre métier ?

  • Speaker #1

    Alors, la neuro-ophtalmologie, c'est très vaste. C'est tout ce qui est entre l'ophtalmologie et la neurologie. Alors, c'est-à-dire tout ce qui est entre le cerveau et l'œil. Sachant que la partie postérieure de l'œil, enfin dès qu'on sort de l'œil, on a le début du nerf optique, on est déjà dans le cerveau, ça fait déjà partie intégrante du cerveau. Donc on a énormément de pathologies communes entre l'œil et le cerveau, avec des structures qui sont très proches pour certaines. La neuro-ophtalmologie, c'est finalement de diagnostiquer tout ce qui n'a pas été diagnostiqué ni par les neurologues ni par les ophtalmologistes, ou tout ce qui est à l'intermédiaire ou chevauchant les deux types de pathologies. Par exemple, c'est une baisse d'acuité visuelle inexpliquée, sans qu'il y ait d'évidence à l'examen ophtalmologique pour expliquer ça. C'est une pathologie inflammatoire du système nerveux central et de savoir s'il y a eu un retentissement sur le plan de la vision, de la fonction visuelle. C'est également toute une partie d'un champ sur la basse vision. Quelle est la cause de la basse vision ? Mais aussi comment aider les patients qui ont une basse vision pour être pris en charge en rééducation ? En tout cas, dont l'objectif est d'augmenter leur autonomie ou de maintenir leur autonomie. Et puis, il y a aussi toute une partie, le dernier champ, c'est plus des examens complémentaires qui peuvent être assez spécifiques, comme par exemple l'électrophysiologie visuelle, qui est un outil qui permet de mesurer la fonction. des différents organes au niveau visuel. Donc ça permet vraiment de mesurer la fonction de l'ensemble des voies visuelles, de l'entrée de l'œil jusqu'au cerveau, en passant par la rétine et différentes parties de la rétine. Donc c'est extrêmement large, ça comprend un nombre de pathologies importantes et variées, qui à la fois peuvent être neurologiques et ou ophtalmologiques.

  • Speaker #0

    Et à quel moment les patients viennent-ils vous voir ?

  • Speaker #1

    Alors, les patients, ils ne viennent jamais tout seuls. Je veux dire, ce n'est pas un patient qui dit « aujourd'hui, j'ai envie de voir un neuro-ophtalmologiste, je me suis levé ce matin, je ne vois pas bien, je veux voir un neuro-ophtalmologiste » . Pas du tout, en fait. Les patients, ils viennent parce qu'ils sont adressés. Ils sont adressés soit par leur ophtalmologiste, c'est le plus souvent, parce qu'il y a quelque chose d'anormal à l'examen, comme par exemple le nerf optique qui a un aspect atrophique, c'est-à-dire qui est diminué de taille, l'épaisseur des fibres qui constituent le nerf optique, qui sont les fibres qui, après, vont aller jusqu'au cerveau. sont diminuées d'épaisseur, ou à l'inverse, il y a un œdème de cette tête du nerf optique qui est anormal et qui peut signer dans certains cas une pathologie à l'arrière du nerf optique, c'est-à-dire au niveau du cerveau. Ça peut être également une vision double retrouvée par l'ophtalmologiste ou une plainte de patient ou une anomalie du champ visuel par exemple. Également, il y a des patients qui sont adressés par leur neurologue et là, on est plus sur des bilans de pathologies inflammatoires du système nerveux central. qui peuvent atteindre soit le système nerveux central, soit les bilans pathologiques inflammatoires de l'ensemble du corps, et qui peuvent avoir un retentissement visuel. On nous demande de voir s'il y a un retentissement, et si oui, qu'est-ce qu'il en est. Dans certains cas, le fait qu'il y ait une atteinte visuelle peut aider les neurologues à faire le diagnostic de certaines pathologies. C'est une des pierres. Depuis très récemment, les critères de certaines pathologies ont évolué, et incluent le nerf optique, donc ça renforce encore plus la relation avec les neurologues. sur l'importance de l'atteinte neuro-ophtalmologique dans certaines pathologies inflammatoires du système nerveux central.

  • Speaker #0

    Très bien. Alors, vous l'expliquez, les cas sont très variés. Il y a une grande diversité de pathologies, de symptômes et de raisons pour lesquelles on peut vous adresser des patients. Comment travaillez-vous sur chaque cas patient et quel est le processus qui permet d'identifier une pathologie à partir d'un symptôme d'entrée ?

  • Speaker #1

    Le premier... Le point le plus important, c'est l'interrogatoire, c'est de prendre le temps de discuter avec le patient, de l'écouter, d'écouter sa plainte fonctionnelle, qu'est-ce qui le gêne vraiment. Et ça, c'est un temps extrêmement long et majeur, ainsi que tous ses antécédents et tous ses traitements, beaucoup plus que dans l'examen ophtalmologique classique. C'est une grosse partie de la prise en charge des patients. Après, il y a tout un bilan beaucoup plus approfondi qui est fait par l'équipe. par toute mon équipe incroyable qui va faire les examens et qui s'est anticipée en fonction des symptômes des patients, des demandes des patients, les examens qu'il faut faire. Et l'idée, c'est à la fin de la matinée, donc les patients restent longtemps, ils restent entre une heure et trois heures en consultation pour avoir plusieurs examens. Et dans une majorité des cas, à la fin de la consultation, on arrive à avoir une idée du fonctionnement au niveau de l'œil, au niveau de l'ensemble des voies visuelles. de savoir est-ce qu'il y a quelque chose qui dysfonctionne ou est-ce que tout fonctionne normalement ? Et puis après, est-ce qu'il faut faire des examens pour savoir dans ce qui dysfonctionne, de localiser plus précisément et d'en trouver l'éthiologie ? Ou est-ce qu'on arrive à l'avoir directement ? C'est une prise en charge qui est vraiment globale, qui est prise en charge d'équipes pluridisciplinaires dans le cadre de la clinique et pareil à la Pitié-Saint-Pétrier. La neuro-ophtalmologie ne se fait pas seule dans un cabinet isolé. C'est vraiment une prise en charge importante qui demande à la fois des machines et des outils multiples et puis surtout une compétence importante d'équipe pour faire des diagnostics.

  • Speaker #0

    Alors vous parliez tout juste de votre équipe. Aujourd'hui, vous faites partie des neuro-ophtalmologistes qui exercent cette spécialité de façon exclusive en France et vous n'êtes pas si nombreux. Comment justement cette équipe vous permet-elle de bien gérer les patients et aussi de bien gérer les délais d'attente ? Parce que je pense que ces délais pour l'obtention d'un rendez-vous sont parfois très longs. Donc voilà, pour poser la question un peu différemment, c'est comment vous vous organisez à la fois pour prioriser les patients et pour pouvoir gérer et réussir à traiter les urgences ?

  • Speaker #1

    Alors l'équipe commence par les secrétaires assistantes qui vont gérer. toute l'entrée des dossiers, les trier et à soumettre les dossiers qui sont plus urgents, puisque le problème de la neuro-ophtalmologie, c'est qu'il y a des urgences, et il y a des vraies urgences, des urgences vitales et quelquefois vitales à quelques heures. Alors c'est exceptionnel, mais il y en a. C'est rare, mais ça n'est pas exceptionnel en neuro-ophtalmologie et donc il y a absolument hors de question que tous les dossiers qui soient adressés aillent dans la file d'attente classique, c'est-à-dire avec des délais de 9 mois à 1 an de consultation. Ça n'est pas possible. Il y a beaucoup de patients qui sont vus en urgence ou s'ils ne peuvent pas être vus en urgence, adressés dans certains cas, même directement dans l'endroit où ils doivent être pris en charge. Donc il y a vraiment tout un travail d'équipe de tri des dossiers, après de travail médical, de second tri, on va dire, d'orientation, et puis de l'ensemble de l'équipe orthoptique, notamment derrière, pour commencer les examens et puis faire avancer le diagnostic. Après, une synthèse qui est faite par le neuro-ophtalmologiste. Après, je sais que le neuro-ophtalmologiste a sa façon de faire, mais le fait de travailler en équipe fait gagner énormément de temps et permet de voir beaucoup plus de patients. On n'est pas dans une consultation d'ophtalmologie. Les ophtalmologistes voient énormément de patients. En neuro-ophtalmologie, vous avez compris, c'est long. Il y a tout un temps d'interrogatoire, il y a un temps d'examen qui est assez long. Et puis surtout, il y a des examens complémentaires qui prennent beaucoup de temps. Et c'est là où l'équipe a aussi une importance majeure. Après, le dernier point, c'est la fin de la consultation. Les patients doivent repartir avec un compte rendu. C'est très important puisqu'il s'agit d'un avis pour après être réadressé à d'autres professionnels, soit de proximité, soit les professionnels qui suivaient avant le patient, soit une hospitalisation ou une prise en charge dans des examens complémentaires ou en rééducation. Donc, il faut absolument que le patient sorte avec son compte rendu pour pouvoir être pris en charge immédiatement dans certains cas. Et ça, c'est à nouveau toujours le travail de l'équipe qui est en direct. va corriger les comptes rendus, les imprimer, imprimer tous les examens pour que le patient ait son dossier et puisse être pris en charge par la suite s'il y a besoin et notamment, urgemment, si c'est le cas.

  • Speaker #0

    Et en combien de temps êtes-vous capable de faire un bilan et de faire cette synthèse pour une éventuelle prise en charge ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est très variable, ça dépend des pathologies. L'idée, c'est vraiment d'avancer sur le premier rendez-vous. Le patient vient, on fait toute une série de bilans et on voit si c'est urgent ou si ce n'est pas urgent. Et si c'est urgent, il y a une orientation qui est faite tout de suite. Si ce n'est pas urgent, on voit si c'est quelque chose qui peut être possiblement séculaire ou qui est évolutif. Et en fonction, on fait un deuxième rendez-vous ou pas. C'est extrêmement variable selon la pathologie, mais l'idée est vraiment d'avancer au mieux au premier rendez-vous. Et c'est grâce à l'ensemble de l'équipe qui est organisée de façon à pouvoir rajouter des examens en fonction de la première discussion qu'il y a avec le patient et de pouvoir rajouter les examens dont il y a besoin. Après, dans la neuro-ophtalmologie, il y a très peu de suivis, puisque ce serait totalement impossible, à part quelques pathologies spécifiques qui ne peuvent pas être suivies ailleurs, mais qui sont très limitées. La majorité des patients sont adressés par leur ophtalmologie sous leur neurologue pour un avis et ne sont revus que s'il y a un changement ou une modification.

  • Speaker #0

    Très bien, merci beaucoup docteur Méniel. Donc on a déjà un bon aperçu de cette spécialité qu'est la neuro-ophtalmologie. Comme nous avons l'habitude de le faire dans ce podcast, Je souhaiterais effectuer une petite synthèse de notre échange. Donc, la neuro-ophtalmologie, c'est une spécialité qui explore les liens entre les yeux et le cerveau en diagnostiquant les troubles visuels d'origine neurologique. Vous l'avez expliqué, les patients ne prennent jamais directement rendez-vous auprès d'un neuro-ophtalmologiste. Ils sont adressés par un ophtalmologiste ou par un neurologue lorsqu'ils présentent un signe visuel ou une anomalie à l'examen clinique. pour laquelle le médecin ne parvient pas à déterminer la pathologie ou l'origine. Les symptômes d'entrée peuvent être assez variés. On peut avoir une vision double, une perte brutale d'acuité visuelle, un oedème papillaire. Chaque cas est, vous l'avez dit, très différent. Donc il est nécessaire de mener des explorations poussées pour déterminer quelle est la pathologie. L'arbre décisionnel est souvent complexe et cela nécessite donc d'être entouré d'une équipe. d'adopter des processus assez spécifiques et également de mener des examens qui le sont également. Le but étant d'identifier la pathologie et d'émettre un avis d'expertise. Le neuro-ophtalmologiste n'effectue pas de suivi de patients et ne délivre normalement pas de prescriptions médicales. Est-ce que vous auriez des choses à ajouter par rapport à cette synthèse ?

  • Speaker #1

    Après, je pense qu'effectivement, vous l'avez très bien dit, le maître mot, c'est que c'est une sur-spécialité de recours, c'est-à-dire que c'est vraiment après un examen ophtalmologique et après un examen neurologique, quand il n'y a pas de solution évidente ou pas de diagnostic évident, ou au contraire, quand il y a un diagnostic évident, mais il y a besoin d'une évaluation précise. Pour synthétiser, c'est effectivement une spécialité. qui est extrêmement riche. Je ne vais pas donner d'exemple. Je ne sais pas si vous voulez quelques exemples. Par exemple, sur la prise en charge des neuropathies optiques, on nous adresse souvent une atrophie optique. Et puis, il faut savoir si c'est plutôt inflammatoire, si c'est plutôt une compression par une tumeur, si c'est plutôt lié à des prises de toxiques, des carences vitaminiques. Tout ça, c'est des choses qui s'explorent par les examens qu'on a. Alors, on n'a pas toujours de solution. Des fois, c'est des séquelles d'événements qui sont... soit en thé natal, soit dans la petite enfance. On essaye de cibler au mieux. Et puis surtout, on essaye de voir ce qui est évolutif pour pouvoir le traiter. Juste, vous avez dit qu'il n'y avait pas d'ordonnance. Alors, il y en a de temps en temps quand même. On fait une première ordonnance de carence. Par exemple, quand il y a des carences vitaminiques, on va faire une supplémentation. On peut mettre en place des traitements symptomatiques, mais qui sont très ponctuels et qui sont à renouveler par le médecin traitant, si le médecin traitant le souhaite. Enfin, c'est un conseil. Après, c'est une orientation par rapport... à la prise en charge du médecin traitant des patients et de l'ophtalmologiste traitant et du neurologue traitant. Et le point que je tiens à souligner en dernier sur cette question de médecin traitant, c'est qu'on a de plus en plus de patients actuellement qui n'ont pas de médecin traitant. Et c'est extrêmement compliqué dans des sur-spécialités où on donne juste un avis et il y a besoin derrière d'un suivi, d'une prise en charge. Par exemple, dans certains cas, c'est des patients qui ont des neuropathies optiques toxiques liées à l'excès d'alcool sur des addictions. éthylique chronique. Et en fait, quand il n'y a pas de médecin traitant, d'ailleurs, pour nous, c'est extrêmement compliqué de faire la prise en charge. C'est une question qui va se poser dans les années à venir et qui va être un problème de santé publique. Cette restriction du nombre de médecins traitants et qui pose vraiment problème, y compris en neuro-ophtalmologie, justement dans cette sur-spécialité d'avis de recours.

  • Speaker #0

    Très bien, merci beaucoup d'avoir complété avec ces éléments qui me semblent effectivement essentiels, à la fois pour comprendre votre spécialité, mais aussi eux. du côté des patients pour comprendre ce qui doit être mis en place pour être correctement pris en charge. Donc, merci beaucoup, Dr Méniel, pour ces compléments d'informations et surtout, merci pour cet échange qui était très riche. Je vous souhaite une bonne journée et je vous dis à bientôt.

  • Speaker #1

    Merci à vous pour votre invitation. Bonne journée.

  • Speaker #0

    D'abord, un grand merci au Dr Meyniel pour son partage d'expertise. Nous espérons que cet épisode vous a permis de mieux comprendre le rôle du neuro-ophtalmologiste, la manière dont il collabore avec les autres médecins et les différents cas dans lesquels un patient est amené à le consulter. Pour ne pas manquer le prochain épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétines et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Téo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, Retrouvez-nous sur www.téo-med.fr Il a été conçu et réalisé par Fleur Chrétien avec l'agence Aum à la post-production.

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Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’ophtalmologie !

Dans ce nouvel épisode, nous abordons le domaine très pointu et très spécifique de la neuro-ophtalmologie. La neuro-ophtalmologie, c’est une spécialité qui explore les liens entre les yeux et le cerveau, afin de diagnostiquer les troubles visuels d’origine neurologique.

Pour explorer ce sujet, nous avons la chance de recevoir le Dr Meyniel, qui est neuro-ophtalmologiste au sein du réseau Ophtalliance dans l’ouest de la France. Qui est également patricien-hospitalier à la Pitié-Salpêtrière à Paris. Et Présidente du Club de neuro-ophtalmologie

francophone.

Dans cet épisode, le DR Meyniel nous explique la complexité de la neuro-ophtalmologie. Elle nous parle également des types de patients qu’elle reçoit, de la manière dont se déroulent les consultations, et de la façon dont le travail s’organise au sein de l’équipe de neuro-ophtalmogie afin de pouvoir les urgences, qui sont parfois vitales.

Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr Meyniel. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l’ophtalmologie.


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  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Dans ce nouvel épisode, nous abordons le domaine très pointu et très spécifique de la neuro-ophtalmologie. La neuro-ophtalmologie, c'est une spécialité qui explore les liens entre les yeux et le cerveau afin de diagnostiquer les troubles visuels d'origine neurologique. Pour explorer ce sujet, nous avons la chance de recevoir le Dr Claire Méniel. qui est neuro-ophtalmologiste au sein du réseau Ophtalianz dans l'ouest de la France. Elle est également praticienne hospitalière à la Pitié-Salpêtrière à Paris et présidente du club de neuro-ophtalmologie francophone. Dans cet épisode, le Dr Meyniel nous explique la complexité de sa spécialité. Elle nous parle également des types de patients qu'elle reçoit, de la manière dont se déroulent les consultations et de la façon dont le travail s'organise au sein de l'équipe de neuro-ophtalmologie afin de pouvoir gérer les urgences. qui sont parfois vitales. Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr Meyniel. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie. Bonjour Dr Ménielle et merci d'avoir accepté notre invitation pour participer à ce nouvel épisode de Rétines et Pupilles consacré aux pathologies neurologiques. Vous êtes neuro-ophtalmologiste et vous faites aujourd'hui partie d'Ophtalians, qui est un réseau de médecins et de chirurgiens ophtalmologistes implantés dans l'ouest de la France, dans la région de Nantes. Vous êtes également membre du conseil d'administration de l'association francophone des professionnels de basse vision. Avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que vous pourriez vous présenter ?

  • Speaker #1

    Bonjour, Claire Meyniel, neuro-ophtalmologiste, comme vous l'avez dit. Et effectivement, je travaille également plus d'ophtalmologie à la Petite-Salle Pétrière, où je suis praticienne hospitalière en neuro-ophtalmologie, et donc mon activité en clinique à l'ophtalmologie. Parallèlement, je suis aussi présidente, là pendant deux ans, du club de neuro-ophtalmologie français, qui regroupe tous les professionnels francophones qui s'intéressent à la neuro-ophtalmologie.

  • Speaker #0

    Alors c'est une question que nous avons l'habitude de poser à chacun de nos invités. Pourquoi ? Avez-vous choisi de devenir ophtalmologiste ? Est-ce que c'était une vocation ou un choix de raison ?

  • Speaker #1

    Alors, c'était vraiment une vocation. Enfin, c'est une vocation que j'ai créée. Pendant mes études, j'étais passionnée par la neurologie, par le côté intellectuel, raisonnement logique, examen clinique, et en même temps par l'ophtalmologie, par la beauté du fond d'œil. C'est absolument merveilleux de regarder un fond d'œil avec toutes les techniques qui, en plus, ont évolué de plus en plus avec des images de qualité extraordinaires maintenant. Et je voulais vraiment faire un mix entre les deux. Et un jour, j'ai appris que la neuro-ophtalmologie existait. J'étais en dernière année de médecine et en dernière année d'externat. Et je suis allée voir une neuro-ophtalmologiste à Tonon où j'étais en stage. Et là, je suis tombée complètement amoureuse de cette spécialité. Et pour ça, du coup, j'ai commencé par faire de l'ophtalmologie, un internat d'ophtalmologie, puis switcher pour la neurologie afin de faire vraiment que de la neuro-ophtalmologie. Tout mon internat, clinica et l'ensemble de ma formation.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, qu'est-ce qui vous fait vous lever chaque matin ?

  • Speaker #1

    Mon métier, enfin pas que, bien sûr il y a la famille aussi, mais vraiment c'est mon métier et c'est juste extraordinaire. Chaque patient est différent, chaque pathologie est différente. Mon activité est à la fois clinique avec des diagnostics, il y a aussi tout ce qui est motivation par rapport à l'équipe. J'ai monté des équipes et puis il y a toute une ambiance, une interaction avec les collègues. Et il y a aussi tout un côté scientifique, d'essayer de continuer de communication dans les congrès, bien sûr, énormément de communication dans les congrès d'ophtalmologie, de neurologie, et puis d'essayer de continuer de publier avec une activité de recherche. Donc c'est une activité extrêmement variée. Je ne fais jamais deux fois la même chose dans la même journée, ce qui est assez magique et ce qui n'est pas donné à tout le monde. Et j'en suis vraiment très contente. En tout cas, ça me convient très bien. Après, quelquefois, c'est un peu fatigant. Des fois, elle ne fait jamais faire deux fois la même chose, remet tout en question, mais en pratique, c'est vraiment ce qui a de plus motivant et c'est ce qui me fait me lever chaque matin avec grand plaisir pour aller travailler.

  • Speaker #0

    Alors justement, pourriez-vous nous expliquer ce qu'est la neuro-ophtalmologie et en quoi consiste votre métier ?

  • Speaker #1

    Alors, la neuro-ophtalmologie, c'est très vaste. C'est tout ce qui est entre l'ophtalmologie et la neurologie. Alors, c'est-à-dire tout ce qui est entre le cerveau et l'œil. Sachant que la partie postérieure de l'œil, enfin dès qu'on sort de l'œil, on a le début du nerf optique, on est déjà dans le cerveau, ça fait déjà partie intégrante du cerveau. Donc on a énormément de pathologies communes entre l'œil et le cerveau, avec des structures qui sont très proches pour certaines. La neuro-ophtalmologie, c'est finalement de diagnostiquer tout ce qui n'a pas été diagnostiqué ni par les neurologues ni par les ophtalmologistes, ou tout ce qui est à l'intermédiaire ou chevauchant les deux types de pathologies. Par exemple, c'est une baisse d'acuité visuelle inexpliquée, sans qu'il y ait d'évidence à l'examen ophtalmologique pour expliquer ça. C'est une pathologie inflammatoire du système nerveux central et de savoir s'il y a eu un retentissement sur le plan de la vision, de la fonction visuelle. C'est également toute une partie d'un champ sur la basse vision. Quelle est la cause de la basse vision ? Mais aussi comment aider les patients qui ont une basse vision pour être pris en charge en rééducation ? En tout cas, dont l'objectif est d'augmenter leur autonomie ou de maintenir leur autonomie. Et puis, il y a aussi toute une partie, le dernier champ, c'est plus des examens complémentaires qui peuvent être assez spécifiques, comme par exemple l'électrophysiologie visuelle, qui est un outil qui permet de mesurer la fonction. des différents organes au niveau visuel. Donc ça permet vraiment de mesurer la fonction de l'ensemble des voies visuelles, de l'entrée de l'œil jusqu'au cerveau, en passant par la rétine et différentes parties de la rétine. Donc c'est extrêmement large, ça comprend un nombre de pathologies importantes et variées, qui à la fois peuvent être neurologiques et ou ophtalmologiques.

  • Speaker #0

    Et à quel moment les patients viennent-ils vous voir ?

  • Speaker #1

    Alors, les patients, ils ne viennent jamais tout seuls. Je veux dire, ce n'est pas un patient qui dit « aujourd'hui, j'ai envie de voir un neuro-ophtalmologiste, je me suis levé ce matin, je ne vois pas bien, je veux voir un neuro-ophtalmologiste » . Pas du tout, en fait. Les patients, ils viennent parce qu'ils sont adressés. Ils sont adressés soit par leur ophtalmologiste, c'est le plus souvent, parce qu'il y a quelque chose d'anormal à l'examen, comme par exemple le nerf optique qui a un aspect atrophique, c'est-à-dire qui est diminué de taille, l'épaisseur des fibres qui constituent le nerf optique, qui sont les fibres qui, après, vont aller jusqu'au cerveau. sont diminuées d'épaisseur, ou à l'inverse, il y a un œdème de cette tête du nerf optique qui est anormal et qui peut signer dans certains cas une pathologie à l'arrière du nerf optique, c'est-à-dire au niveau du cerveau. Ça peut être également une vision double retrouvée par l'ophtalmologiste ou une plainte de patient ou une anomalie du champ visuel par exemple. Également, il y a des patients qui sont adressés par leur neurologue et là, on est plus sur des bilans de pathologies inflammatoires du système nerveux central. qui peuvent atteindre soit le système nerveux central, soit les bilans pathologiques inflammatoires de l'ensemble du corps, et qui peuvent avoir un retentissement visuel. On nous demande de voir s'il y a un retentissement, et si oui, qu'est-ce qu'il en est. Dans certains cas, le fait qu'il y ait une atteinte visuelle peut aider les neurologues à faire le diagnostic de certaines pathologies. C'est une des pierres. Depuis très récemment, les critères de certaines pathologies ont évolué, et incluent le nerf optique, donc ça renforce encore plus la relation avec les neurologues. sur l'importance de l'atteinte neuro-ophtalmologique dans certaines pathologies inflammatoires du système nerveux central.

  • Speaker #0

    Très bien. Alors, vous l'expliquez, les cas sont très variés. Il y a une grande diversité de pathologies, de symptômes et de raisons pour lesquelles on peut vous adresser des patients. Comment travaillez-vous sur chaque cas patient et quel est le processus qui permet d'identifier une pathologie à partir d'un symptôme d'entrée ?

  • Speaker #1

    Le premier... Le point le plus important, c'est l'interrogatoire, c'est de prendre le temps de discuter avec le patient, de l'écouter, d'écouter sa plainte fonctionnelle, qu'est-ce qui le gêne vraiment. Et ça, c'est un temps extrêmement long et majeur, ainsi que tous ses antécédents et tous ses traitements, beaucoup plus que dans l'examen ophtalmologique classique. C'est une grosse partie de la prise en charge des patients. Après, il y a tout un bilan beaucoup plus approfondi qui est fait par l'équipe. par toute mon équipe incroyable qui va faire les examens et qui s'est anticipée en fonction des symptômes des patients, des demandes des patients, les examens qu'il faut faire. Et l'idée, c'est à la fin de la matinée, donc les patients restent longtemps, ils restent entre une heure et trois heures en consultation pour avoir plusieurs examens. Et dans une majorité des cas, à la fin de la consultation, on arrive à avoir une idée du fonctionnement au niveau de l'œil, au niveau de l'ensemble des voies visuelles. de savoir est-ce qu'il y a quelque chose qui dysfonctionne ou est-ce que tout fonctionne normalement ? Et puis après, est-ce qu'il faut faire des examens pour savoir dans ce qui dysfonctionne, de localiser plus précisément et d'en trouver l'éthiologie ? Ou est-ce qu'on arrive à l'avoir directement ? C'est une prise en charge qui est vraiment globale, qui est prise en charge d'équipes pluridisciplinaires dans le cadre de la clinique et pareil à la Pitié-Saint-Pétrier. La neuro-ophtalmologie ne se fait pas seule dans un cabinet isolé. C'est vraiment une prise en charge importante qui demande à la fois des machines et des outils multiples et puis surtout une compétence importante d'équipe pour faire des diagnostics.

  • Speaker #0

    Alors vous parliez tout juste de votre équipe. Aujourd'hui, vous faites partie des neuro-ophtalmologistes qui exercent cette spécialité de façon exclusive en France et vous n'êtes pas si nombreux. Comment justement cette équipe vous permet-elle de bien gérer les patients et aussi de bien gérer les délais d'attente ? Parce que je pense que ces délais pour l'obtention d'un rendez-vous sont parfois très longs. Donc voilà, pour poser la question un peu différemment, c'est comment vous vous organisez à la fois pour prioriser les patients et pour pouvoir gérer et réussir à traiter les urgences ?

  • Speaker #1

    Alors l'équipe commence par les secrétaires assistantes qui vont gérer. toute l'entrée des dossiers, les trier et à soumettre les dossiers qui sont plus urgents, puisque le problème de la neuro-ophtalmologie, c'est qu'il y a des urgences, et il y a des vraies urgences, des urgences vitales et quelquefois vitales à quelques heures. Alors c'est exceptionnel, mais il y en a. C'est rare, mais ça n'est pas exceptionnel en neuro-ophtalmologie et donc il y a absolument hors de question que tous les dossiers qui soient adressés aillent dans la file d'attente classique, c'est-à-dire avec des délais de 9 mois à 1 an de consultation. Ça n'est pas possible. Il y a beaucoup de patients qui sont vus en urgence ou s'ils ne peuvent pas être vus en urgence, adressés dans certains cas, même directement dans l'endroit où ils doivent être pris en charge. Donc il y a vraiment tout un travail d'équipe de tri des dossiers, après de travail médical, de second tri, on va dire, d'orientation, et puis de l'ensemble de l'équipe orthoptique, notamment derrière, pour commencer les examens et puis faire avancer le diagnostic. Après, une synthèse qui est faite par le neuro-ophtalmologiste. Après, je sais que le neuro-ophtalmologiste a sa façon de faire, mais le fait de travailler en équipe fait gagner énormément de temps et permet de voir beaucoup plus de patients. On n'est pas dans une consultation d'ophtalmologie. Les ophtalmologistes voient énormément de patients. En neuro-ophtalmologie, vous avez compris, c'est long. Il y a tout un temps d'interrogatoire, il y a un temps d'examen qui est assez long. Et puis surtout, il y a des examens complémentaires qui prennent beaucoup de temps. Et c'est là où l'équipe a aussi une importance majeure. Après, le dernier point, c'est la fin de la consultation. Les patients doivent repartir avec un compte rendu. C'est très important puisqu'il s'agit d'un avis pour après être réadressé à d'autres professionnels, soit de proximité, soit les professionnels qui suivaient avant le patient, soit une hospitalisation ou une prise en charge dans des examens complémentaires ou en rééducation. Donc, il faut absolument que le patient sorte avec son compte rendu pour pouvoir être pris en charge immédiatement dans certains cas. Et ça, c'est à nouveau toujours le travail de l'équipe qui est en direct. va corriger les comptes rendus, les imprimer, imprimer tous les examens pour que le patient ait son dossier et puisse être pris en charge par la suite s'il y a besoin et notamment, urgemment, si c'est le cas.

  • Speaker #0

    Et en combien de temps êtes-vous capable de faire un bilan et de faire cette synthèse pour une éventuelle prise en charge ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est très variable, ça dépend des pathologies. L'idée, c'est vraiment d'avancer sur le premier rendez-vous. Le patient vient, on fait toute une série de bilans et on voit si c'est urgent ou si ce n'est pas urgent. Et si c'est urgent, il y a une orientation qui est faite tout de suite. Si ce n'est pas urgent, on voit si c'est quelque chose qui peut être possiblement séculaire ou qui est évolutif. Et en fonction, on fait un deuxième rendez-vous ou pas. C'est extrêmement variable selon la pathologie, mais l'idée est vraiment d'avancer au mieux au premier rendez-vous. Et c'est grâce à l'ensemble de l'équipe qui est organisée de façon à pouvoir rajouter des examens en fonction de la première discussion qu'il y a avec le patient et de pouvoir rajouter les examens dont il y a besoin. Après, dans la neuro-ophtalmologie, il y a très peu de suivis, puisque ce serait totalement impossible, à part quelques pathologies spécifiques qui ne peuvent pas être suivies ailleurs, mais qui sont très limitées. La majorité des patients sont adressés par leur ophtalmologie sous leur neurologue pour un avis et ne sont revus que s'il y a un changement ou une modification.

  • Speaker #0

    Très bien, merci beaucoup docteur Méniel. Donc on a déjà un bon aperçu de cette spécialité qu'est la neuro-ophtalmologie. Comme nous avons l'habitude de le faire dans ce podcast, Je souhaiterais effectuer une petite synthèse de notre échange. Donc, la neuro-ophtalmologie, c'est une spécialité qui explore les liens entre les yeux et le cerveau en diagnostiquant les troubles visuels d'origine neurologique. Vous l'avez expliqué, les patients ne prennent jamais directement rendez-vous auprès d'un neuro-ophtalmologiste. Ils sont adressés par un ophtalmologiste ou par un neurologue lorsqu'ils présentent un signe visuel ou une anomalie à l'examen clinique. pour laquelle le médecin ne parvient pas à déterminer la pathologie ou l'origine. Les symptômes d'entrée peuvent être assez variés. On peut avoir une vision double, une perte brutale d'acuité visuelle, un oedème papillaire. Chaque cas est, vous l'avez dit, très différent. Donc il est nécessaire de mener des explorations poussées pour déterminer quelle est la pathologie. L'arbre décisionnel est souvent complexe et cela nécessite donc d'être entouré d'une équipe. d'adopter des processus assez spécifiques et également de mener des examens qui le sont également. Le but étant d'identifier la pathologie et d'émettre un avis d'expertise. Le neuro-ophtalmologiste n'effectue pas de suivi de patients et ne délivre normalement pas de prescriptions médicales. Est-ce que vous auriez des choses à ajouter par rapport à cette synthèse ?

  • Speaker #1

    Après, je pense qu'effectivement, vous l'avez très bien dit, le maître mot, c'est que c'est une sur-spécialité de recours, c'est-à-dire que c'est vraiment après un examen ophtalmologique et après un examen neurologique, quand il n'y a pas de solution évidente ou pas de diagnostic évident, ou au contraire, quand il y a un diagnostic évident, mais il y a besoin d'une évaluation précise. Pour synthétiser, c'est effectivement une spécialité. qui est extrêmement riche. Je ne vais pas donner d'exemple. Je ne sais pas si vous voulez quelques exemples. Par exemple, sur la prise en charge des neuropathies optiques, on nous adresse souvent une atrophie optique. Et puis, il faut savoir si c'est plutôt inflammatoire, si c'est plutôt une compression par une tumeur, si c'est plutôt lié à des prises de toxiques, des carences vitaminiques. Tout ça, c'est des choses qui s'explorent par les examens qu'on a. Alors, on n'a pas toujours de solution. Des fois, c'est des séquelles d'événements qui sont... soit en thé natal, soit dans la petite enfance. On essaye de cibler au mieux. Et puis surtout, on essaye de voir ce qui est évolutif pour pouvoir le traiter. Juste, vous avez dit qu'il n'y avait pas d'ordonnance. Alors, il y en a de temps en temps quand même. On fait une première ordonnance de carence. Par exemple, quand il y a des carences vitaminiques, on va faire une supplémentation. On peut mettre en place des traitements symptomatiques, mais qui sont très ponctuels et qui sont à renouveler par le médecin traitant, si le médecin traitant le souhaite. Enfin, c'est un conseil. Après, c'est une orientation par rapport... à la prise en charge du médecin traitant des patients et de l'ophtalmologiste traitant et du neurologue traitant. Et le point que je tiens à souligner en dernier sur cette question de médecin traitant, c'est qu'on a de plus en plus de patients actuellement qui n'ont pas de médecin traitant. Et c'est extrêmement compliqué dans des sur-spécialités où on donne juste un avis et il y a besoin derrière d'un suivi, d'une prise en charge. Par exemple, dans certains cas, c'est des patients qui ont des neuropathies optiques toxiques liées à l'excès d'alcool sur des addictions. éthylique chronique. Et en fait, quand il n'y a pas de médecin traitant, d'ailleurs, pour nous, c'est extrêmement compliqué de faire la prise en charge. C'est une question qui va se poser dans les années à venir et qui va être un problème de santé publique. Cette restriction du nombre de médecins traitants et qui pose vraiment problème, y compris en neuro-ophtalmologie, justement dans cette sur-spécialité d'avis de recours.

  • Speaker #0

    Très bien, merci beaucoup d'avoir complété avec ces éléments qui me semblent effectivement essentiels, à la fois pour comprendre votre spécialité, mais aussi eux. du côté des patients pour comprendre ce qui doit être mis en place pour être correctement pris en charge. Donc, merci beaucoup, Dr Méniel, pour ces compléments d'informations et surtout, merci pour cet échange qui était très riche. Je vous souhaite une bonne journée et je vous dis à bientôt.

  • Speaker #1

    Merci à vous pour votre invitation. Bonne journée.

  • Speaker #0

    D'abord, un grand merci au Dr Meyniel pour son partage d'expertise. Nous espérons que cet épisode vous a permis de mieux comprendre le rôle du neuro-ophtalmologiste, la manière dont il collabore avec les autres médecins et les différents cas dans lesquels un patient est amené à le consulter. Pour ne pas manquer le prochain épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétines et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Téo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, Retrouvez-nous sur www.téo-med.fr Il a été conçu et réalisé par Fleur Chrétien avec l'agence Aum à la post-production.

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Description

Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’ophtalmologie !

Dans ce nouvel épisode, nous abordons le domaine très pointu et très spécifique de la neuro-ophtalmologie. La neuro-ophtalmologie, c’est une spécialité qui explore les liens entre les yeux et le cerveau, afin de diagnostiquer les troubles visuels d’origine neurologique.

Pour explorer ce sujet, nous avons la chance de recevoir le Dr Meyniel, qui est neuro-ophtalmologiste au sein du réseau Ophtalliance dans l’ouest de la France. Qui est également patricien-hospitalier à la Pitié-Salpêtrière à Paris. Et Présidente du Club de neuro-ophtalmologie

francophone.

Dans cet épisode, le DR Meyniel nous explique la complexité de la neuro-ophtalmologie. Elle nous parle également des types de patients qu’elle reçoit, de la manière dont se déroulent les consultations, et de la façon dont le travail s’organise au sein de l’équipe de neuro-ophtalmogie afin de pouvoir les urgences, qui sont parfois vitales.

Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr Meyniel. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l’ophtalmologie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Dans ce nouvel épisode, nous abordons le domaine très pointu et très spécifique de la neuro-ophtalmologie. La neuro-ophtalmologie, c'est une spécialité qui explore les liens entre les yeux et le cerveau afin de diagnostiquer les troubles visuels d'origine neurologique. Pour explorer ce sujet, nous avons la chance de recevoir le Dr Claire Méniel. qui est neuro-ophtalmologiste au sein du réseau Ophtalianz dans l'ouest de la France. Elle est également praticienne hospitalière à la Pitié-Salpêtrière à Paris et présidente du club de neuro-ophtalmologie francophone. Dans cet épisode, le Dr Meyniel nous explique la complexité de sa spécialité. Elle nous parle également des types de patients qu'elle reçoit, de la manière dont se déroulent les consultations et de la façon dont le travail s'organise au sein de l'équipe de neuro-ophtalmologie afin de pouvoir gérer les urgences. qui sont parfois vitales. Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr Meyniel. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie. Bonjour Dr Ménielle et merci d'avoir accepté notre invitation pour participer à ce nouvel épisode de Rétines et Pupilles consacré aux pathologies neurologiques. Vous êtes neuro-ophtalmologiste et vous faites aujourd'hui partie d'Ophtalians, qui est un réseau de médecins et de chirurgiens ophtalmologistes implantés dans l'ouest de la France, dans la région de Nantes. Vous êtes également membre du conseil d'administration de l'association francophone des professionnels de basse vision. Avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que vous pourriez vous présenter ?

  • Speaker #1

    Bonjour, Claire Meyniel, neuro-ophtalmologiste, comme vous l'avez dit. Et effectivement, je travaille également plus d'ophtalmologie à la Petite-Salle Pétrière, où je suis praticienne hospitalière en neuro-ophtalmologie, et donc mon activité en clinique à l'ophtalmologie. Parallèlement, je suis aussi présidente, là pendant deux ans, du club de neuro-ophtalmologie français, qui regroupe tous les professionnels francophones qui s'intéressent à la neuro-ophtalmologie.

  • Speaker #0

    Alors c'est une question que nous avons l'habitude de poser à chacun de nos invités. Pourquoi ? Avez-vous choisi de devenir ophtalmologiste ? Est-ce que c'était une vocation ou un choix de raison ?

  • Speaker #1

    Alors, c'était vraiment une vocation. Enfin, c'est une vocation que j'ai créée. Pendant mes études, j'étais passionnée par la neurologie, par le côté intellectuel, raisonnement logique, examen clinique, et en même temps par l'ophtalmologie, par la beauté du fond d'œil. C'est absolument merveilleux de regarder un fond d'œil avec toutes les techniques qui, en plus, ont évolué de plus en plus avec des images de qualité extraordinaires maintenant. Et je voulais vraiment faire un mix entre les deux. Et un jour, j'ai appris que la neuro-ophtalmologie existait. J'étais en dernière année de médecine et en dernière année d'externat. Et je suis allée voir une neuro-ophtalmologiste à Tonon où j'étais en stage. Et là, je suis tombée complètement amoureuse de cette spécialité. Et pour ça, du coup, j'ai commencé par faire de l'ophtalmologie, un internat d'ophtalmologie, puis switcher pour la neurologie afin de faire vraiment que de la neuro-ophtalmologie. Tout mon internat, clinica et l'ensemble de ma formation.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, qu'est-ce qui vous fait vous lever chaque matin ?

  • Speaker #1

    Mon métier, enfin pas que, bien sûr il y a la famille aussi, mais vraiment c'est mon métier et c'est juste extraordinaire. Chaque patient est différent, chaque pathologie est différente. Mon activité est à la fois clinique avec des diagnostics, il y a aussi tout ce qui est motivation par rapport à l'équipe. J'ai monté des équipes et puis il y a toute une ambiance, une interaction avec les collègues. Et il y a aussi tout un côté scientifique, d'essayer de continuer de communication dans les congrès, bien sûr, énormément de communication dans les congrès d'ophtalmologie, de neurologie, et puis d'essayer de continuer de publier avec une activité de recherche. Donc c'est une activité extrêmement variée. Je ne fais jamais deux fois la même chose dans la même journée, ce qui est assez magique et ce qui n'est pas donné à tout le monde. Et j'en suis vraiment très contente. En tout cas, ça me convient très bien. Après, quelquefois, c'est un peu fatigant. Des fois, elle ne fait jamais faire deux fois la même chose, remet tout en question, mais en pratique, c'est vraiment ce qui a de plus motivant et c'est ce qui me fait me lever chaque matin avec grand plaisir pour aller travailler.

  • Speaker #0

    Alors justement, pourriez-vous nous expliquer ce qu'est la neuro-ophtalmologie et en quoi consiste votre métier ?

  • Speaker #1

    Alors, la neuro-ophtalmologie, c'est très vaste. C'est tout ce qui est entre l'ophtalmologie et la neurologie. Alors, c'est-à-dire tout ce qui est entre le cerveau et l'œil. Sachant que la partie postérieure de l'œil, enfin dès qu'on sort de l'œil, on a le début du nerf optique, on est déjà dans le cerveau, ça fait déjà partie intégrante du cerveau. Donc on a énormément de pathologies communes entre l'œil et le cerveau, avec des structures qui sont très proches pour certaines. La neuro-ophtalmologie, c'est finalement de diagnostiquer tout ce qui n'a pas été diagnostiqué ni par les neurologues ni par les ophtalmologistes, ou tout ce qui est à l'intermédiaire ou chevauchant les deux types de pathologies. Par exemple, c'est une baisse d'acuité visuelle inexpliquée, sans qu'il y ait d'évidence à l'examen ophtalmologique pour expliquer ça. C'est une pathologie inflammatoire du système nerveux central et de savoir s'il y a eu un retentissement sur le plan de la vision, de la fonction visuelle. C'est également toute une partie d'un champ sur la basse vision. Quelle est la cause de la basse vision ? Mais aussi comment aider les patients qui ont une basse vision pour être pris en charge en rééducation ? En tout cas, dont l'objectif est d'augmenter leur autonomie ou de maintenir leur autonomie. Et puis, il y a aussi toute une partie, le dernier champ, c'est plus des examens complémentaires qui peuvent être assez spécifiques, comme par exemple l'électrophysiologie visuelle, qui est un outil qui permet de mesurer la fonction. des différents organes au niveau visuel. Donc ça permet vraiment de mesurer la fonction de l'ensemble des voies visuelles, de l'entrée de l'œil jusqu'au cerveau, en passant par la rétine et différentes parties de la rétine. Donc c'est extrêmement large, ça comprend un nombre de pathologies importantes et variées, qui à la fois peuvent être neurologiques et ou ophtalmologiques.

  • Speaker #0

    Et à quel moment les patients viennent-ils vous voir ?

  • Speaker #1

    Alors, les patients, ils ne viennent jamais tout seuls. Je veux dire, ce n'est pas un patient qui dit « aujourd'hui, j'ai envie de voir un neuro-ophtalmologiste, je me suis levé ce matin, je ne vois pas bien, je veux voir un neuro-ophtalmologiste » . Pas du tout, en fait. Les patients, ils viennent parce qu'ils sont adressés. Ils sont adressés soit par leur ophtalmologiste, c'est le plus souvent, parce qu'il y a quelque chose d'anormal à l'examen, comme par exemple le nerf optique qui a un aspect atrophique, c'est-à-dire qui est diminué de taille, l'épaisseur des fibres qui constituent le nerf optique, qui sont les fibres qui, après, vont aller jusqu'au cerveau. sont diminuées d'épaisseur, ou à l'inverse, il y a un œdème de cette tête du nerf optique qui est anormal et qui peut signer dans certains cas une pathologie à l'arrière du nerf optique, c'est-à-dire au niveau du cerveau. Ça peut être également une vision double retrouvée par l'ophtalmologiste ou une plainte de patient ou une anomalie du champ visuel par exemple. Également, il y a des patients qui sont adressés par leur neurologue et là, on est plus sur des bilans de pathologies inflammatoires du système nerveux central. qui peuvent atteindre soit le système nerveux central, soit les bilans pathologiques inflammatoires de l'ensemble du corps, et qui peuvent avoir un retentissement visuel. On nous demande de voir s'il y a un retentissement, et si oui, qu'est-ce qu'il en est. Dans certains cas, le fait qu'il y ait une atteinte visuelle peut aider les neurologues à faire le diagnostic de certaines pathologies. C'est une des pierres. Depuis très récemment, les critères de certaines pathologies ont évolué, et incluent le nerf optique, donc ça renforce encore plus la relation avec les neurologues. sur l'importance de l'atteinte neuro-ophtalmologique dans certaines pathologies inflammatoires du système nerveux central.

  • Speaker #0

    Très bien. Alors, vous l'expliquez, les cas sont très variés. Il y a une grande diversité de pathologies, de symptômes et de raisons pour lesquelles on peut vous adresser des patients. Comment travaillez-vous sur chaque cas patient et quel est le processus qui permet d'identifier une pathologie à partir d'un symptôme d'entrée ?

  • Speaker #1

    Le premier... Le point le plus important, c'est l'interrogatoire, c'est de prendre le temps de discuter avec le patient, de l'écouter, d'écouter sa plainte fonctionnelle, qu'est-ce qui le gêne vraiment. Et ça, c'est un temps extrêmement long et majeur, ainsi que tous ses antécédents et tous ses traitements, beaucoup plus que dans l'examen ophtalmologique classique. C'est une grosse partie de la prise en charge des patients. Après, il y a tout un bilan beaucoup plus approfondi qui est fait par l'équipe. par toute mon équipe incroyable qui va faire les examens et qui s'est anticipée en fonction des symptômes des patients, des demandes des patients, les examens qu'il faut faire. Et l'idée, c'est à la fin de la matinée, donc les patients restent longtemps, ils restent entre une heure et trois heures en consultation pour avoir plusieurs examens. Et dans une majorité des cas, à la fin de la consultation, on arrive à avoir une idée du fonctionnement au niveau de l'œil, au niveau de l'ensemble des voies visuelles. de savoir est-ce qu'il y a quelque chose qui dysfonctionne ou est-ce que tout fonctionne normalement ? Et puis après, est-ce qu'il faut faire des examens pour savoir dans ce qui dysfonctionne, de localiser plus précisément et d'en trouver l'éthiologie ? Ou est-ce qu'on arrive à l'avoir directement ? C'est une prise en charge qui est vraiment globale, qui est prise en charge d'équipes pluridisciplinaires dans le cadre de la clinique et pareil à la Pitié-Saint-Pétrier. La neuro-ophtalmologie ne se fait pas seule dans un cabinet isolé. C'est vraiment une prise en charge importante qui demande à la fois des machines et des outils multiples et puis surtout une compétence importante d'équipe pour faire des diagnostics.

  • Speaker #0

    Alors vous parliez tout juste de votre équipe. Aujourd'hui, vous faites partie des neuro-ophtalmologistes qui exercent cette spécialité de façon exclusive en France et vous n'êtes pas si nombreux. Comment justement cette équipe vous permet-elle de bien gérer les patients et aussi de bien gérer les délais d'attente ? Parce que je pense que ces délais pour l'obtention d'un rendez-vous sont parfois très longs. Donc voilà, pour poser la question un peu différemment, c'est comment vous vous organisez à la fois pour prioriser les patients et pour pouvoir gérer et réussir à traiter les urgences ?

  • Speaker #1

    Alors l'équipe commence par les secrétaires assistantes qui vont gérer. toute l'entrée des dossiers, les trier et à soumettre les dossiers qui sont plus urgents, puisque le problème de la neuro-ophtalmologie, c'est qu'il y a des urgences, et il y a des vraies urgences, des urgences vitales et quelquefois vitales à quelques heures. Alors c'est exceptionnel, mais il y en a. C'est rare, mais ça n'est pas exceptionnel en neuro-ophtalmologie et donc il y a absolument hors de question que tous les dossiers qui soient adressés aillent dans la file d'attente classique, c'est-à-dire avec des délais de 9 mois à 1 an de consultation. Ça n'est pas possible. Il y a beaucoup de patients qui sont vus en urgence ou s'ils ne peuvent pas être vus en urgence, adressés dans certains cas, même directement dans l'endroit où ils doivent être pris en charge. Donc il y a vraiment tout un travail d'équipe de tri des dossiers, après de travail médical, de second tri, on va dire, d'orientation, et puis de l'ensemble de l'équipe orthoptique, notamment derrière, pour commencer les examens et puis faire avancer le diagnostic. Après, une synthèse qui est faite par le neuro-ophtalmologiste. Après, je sais que le neuro-ophtalmologiste a sa façon de faire, mais le fait de travailler en équipe fait gagner énormément de temps et permet de voir beaucoup plus de patients. On n'est pas dans une consultation d'ophtalmologie. Les ophtalmologistes voient énormément de patients. En neuro-ophtalmologie, vous avez compris, c'est long. Il y a tout un temps d'interrogatoire, il y a un temps d'examen qui est assez long. Et puis surtout, il y a des examens complémentaires qui prennent beaucoup de temps. Et c'est là où l'équipe a aussi une importance majeure. Après, le dernier point, c'est la fin de la consultation. Les patients doivent repartir avec un compte rendu. C'est très important puisqu'il s'agit d'un avis pour après être réadressé à d'autres professionnels, soit de proximité, soit les professionnels qui suivaient avant le patient, soit une hospitalisation ou une prise en charge dans des examens complémentaires ou en rééducation. Donc, il faut absolument que le patient sorte avec son compte rendu pour pouvoir être pris en charge immédiatement dans certains cas. Et ça, c'est à nouveau toujours le travail de l'équipe qui est en direct. va corriger les comptes rendus, les imprimer, imprimer tous les examens pour que le patient ait son dossier et puisse être pris en charge par la suite s'il y a besoin et notamment, urgemment, si c'est le cas.

  • Speaker #0

    Et en combien de temps êtes-vous capable de faire un bilan et de faire cette synthèse pour une éventuelle prise en charge ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est très variable, ça dépend des pathologies. L'idée, c'est vraiment d'avancer sur le premier rendez-vous. Le patient vient, on fait toute une série de bilans et on voit si c'est urgent ou si ce n'est pas urgent. Et si c'est urgent, il y a une orientation qui est faite tout de suite. Si ce n'est pas urgent, on voit si c'est quelque chose qui peut être possiblement séculaire ou qui est évolutif. Et en fonction, on fait un deuxième rendez-vous ou pas. C'est extrêmement variable selon la pathologie, mais l'idée est vraiment d'avancer au mieux au premier rendez-vous. Et c'est grâce à l'ensemble de l'équipe qui est organisée de façon à pouvoir rajouter des examens en fonction de la première discussion qu'il y a avec le patient et de pouvoir rajouter les examens dont il y a besoin. Après, dans la neuro-ophtalmologie, il y a très peu de suivis, puisque ce serait totalement impossible, à part quelques pathologies spécifiques qui ne peuvent pas être suivies ailleurs, mais qui sont très limitées. La majorité des patients sont adressés par leur ophtalmologie sous leur neurologue pour un avis et ne sont revus que s'il y a un changement ou une modification.

  • Speaker #0

    Très bien, merci beaucoup docteur Méniel. Donc on a déjà un bon aperçu de cette spécialité qu'est la neuro-ophtalmologie. Comme nous avons l'habitude de le faire dans ce podcast, Je souhaiterais effectuer une petite synthèse de notre échange. Donc, la neuro-ophtalmologie, c'est une spécialité qui explore les liens entre les yeux et le cerveau en diagnostiquant les troubles visuels d'origine neurologique. Vous l'avez expliqué, les patients ne prennent jamais directement rendez-vous auprès d'un neuro-ophtalmologiste. Ils sont adressés par un ophtalmologiste ou par un neurologue lorsqu'ils présentent un signe visuel ou une anomalie à l'examen clinique. pour laquelle le médecin ne parvient pas à déterminer la pathologie ou l'origine. Les symptômes d'entrée peuvent être assez variés. On peut avoir une vision double, une perte brutale d'acuité visuelle, un oedème papillaire. Chaque cas est, vous l'avez dit, très différent. Donc il est nécessaire de mener des explorations poussées pour déterminer quelle est la pathologie. L'arbre décisionnel est souvent complexe et cela nécessite donc d'être entouré d'une équipe. d'adopter des processus assez spécifiques et également de mener des examens qui le sont également. Le but étant d'identifier la pathologie et d'émettre un avis d'expertise. Le neuro-ophtalmologiste n'effectue pas de suivi de patients et ne délivre normalement pas de prescriptions médicales. Est-ce que vous auriez des choses à ajouter par rapport à cette synthèse ?

  • Speaker #1

    Après, je pense qu'effectivement, vous l'avez très bien dit, le maître mot, c'est que c'est une sur-spécialité de recours, c'est-à-dire que c'est vraiment après un examen ophtalmologique et après un examen neurologique, quand il n'y a pas de solution évidente ou pas de diagnostic évident, ou au contraire, quand il y a un diagnostic évident, mais il y a besoin d'une évaluation précise. Pour synthétiser, c'est effectivement une spécialité. qui est extrêmement riche. Je ne vais pas donner d'exemple. Je ne sais pas si vous voulez quelques exemples. Par exemple, sur la prise en charge des neuropathies optiques, on nous adresse souvent une atrophie optique. Et puis, il faut savoir si c'est plutôt inflammatoire, si c'est plutôt une compression par une tumeur, si c'est plutôt lié à des prises de toxiques, des carences vitaminiques. Tout ça, c'est des choses qui s'explorent par les examens qu'on a. Alors, on n'a pas toujours de solution. Des fois, c'est des séquelles d'événements qui sont... soit en thé natal, soit dans la petite enfance. On essaye de cibler au mieux. Et puis surtout, on essaye de voir ce qui est évolutif pour pouvoir le traiter. Juste, vous avez dit qu'il n'y avait pas d'ordonnance. Alors, il y en a de temps en temps quand même. On fait une première ordonnance de carence. Par exemple, quand il y a des carences vitaminiques, on va faire une supplémentation. On peut mettre en place des traitements symptomatiques, mais qui sont très ponctuels et qui sont à renouveler par le médecin traitant, si le médecin traitant le souhaite. Enfin, c'est un conseil. Après, c'est une orientation par rapport... à la prise en charge du médecin traitant des patients et de l'ophtalmologiste traitant et du neurologue traitant. Et le point que je tiens à souligner en dernier sur cette question de médecin traitant, c'est qu'on a de plus en plus de patients actuellement qui n'ont pas de médecin traitant. Et c'est extrêmement compliqué dans des sur-spécialités où on donne juste un avis et il y a besoin derrière d'un suivi, d'une prise en charge. Par exemple, dans certains cas, c'est des patients qui ont des neuropathies optiques toxiques liées à l'excès d'alcool sur des addictions. éthylique chronique. Et en fait, quand il n'y a pas de médecin traitant, d'ailleurs, pour nous, c'est extrêmement compliqué de faire la prise en charge. C'est une question qui va se poser dans les années à venir et qui va être un problème de santé publique. Cette restriction du nombre de médecins traitants et qui pose vraiment problème, y compris en neuro-ophtalmologie, justement dans cette sur-spécialité d'avis de recours.

  • Speaker #0

    Très bien, merci beaucoup d'avoir complété avec ces éléments qui me semblent effectivement essentiels, à la fois pour comprendre votre spécialité, mais aussi eux. du côté des patients pour comprendre ce qui doit être mis en place pour être correctement pris en charge. Donc, merci beaucoup, Dr Méniel, pour ces compléments d'informations et surtout, merci pour cet échange qui était très riche. Je vous souhaite une bonne journée et je vous dis à bientôt.

  • Speaker #1

    Merci à vous pour votre invitation. Bonne journée.

  • Speaker #0

    D'abord, un grand merci au Dr Meyniel pour son partage d'expertise. Nous espérons que cet épisode vous a permis de mieux comprendre le rôle du neuro-ophtalmologiste, la manière dont il collabore avec les autres médecins et les différents cas dans lesquels un patient est amené à le consulter. Pour ne pas manquer le prochain épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétines et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Téo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, Retrouvez-nous sur www.téo-med.fr Il a été conçu et réalisé par Fleur Chrétien avec l'agence Aum à la post-production.

Description

Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’ophtalmologie !

Dans ce nouvel épisode, nous abordons le domaine très pointu et très spécifique de la neuro-ophtalmologie. La neuro-ophtalmologie, c’est une spécialité qui explore les liens entre les yeux et le cerveau, afin de diagnostiquer les troubles visuels d’origine neurologique.

Pour explorer ce sujet, nous avons la chance de recevoir le Dr Meyniel, qui est neuro-ophtalmologiste au sein du réseau Ophtalliance dans l’ouest de la France. Qui est également patricien-hospitalier à la Pitié-Salpêtrière à Paris. Et Présidente du Club de neuro-ophtalmologie

francophone.

Dans cet épisode, le DR Meyniel nous explique la complexité de la neuro-ophtalmologie. Elle nous parle également des types de patients qu’elle reçoit, de la manière dont se déroulent les consultations, et de la façon dont le travail s’organise au sein de l’équipe de neuro-ophtalmogie afin de pouvoir les urgences, qui sont parfois vitales.

Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr Meyniel. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l’ophtalmologie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Dans ce nouvel épisode, nous abordons le domaine très pointu et très spécifique de la neuro-ophtalmologie. La neuro-ophtalmologie, c'est une spécialité qui explore les liens entre les yeux et le cerveau afin de diagnostiquer les troubles visuels d'origine neurologique. Pour explorer ce sujet, nous avons la chance de recevoir le Dr Claire Méniel. qui est neuro-ophtalmologiste au sein du réseau Ophtalianz dans l'ouest de la France. Elle est également praticienne hospitalière à la Pitié-Salpêtrière à Paris et présidente du club de neuro-ophtalmologie francophone. Dans cet épisode, le Dr Meyniel nous explique la complexité de sa spécialité. Elle nous parle également des types de patients qu'elle reçoit, de la manière dont se déroulent les consultations et de la façon dont le travail s'organise au sein de l'équipe de neuro-ophtalmologie afin de pouvoir gérer les urgences. qui sont parfois vitales. Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr Meyniel. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie. Bonjour Dr Ménielle et merci d'avoir accepté notre invitation pour participer à ce nouvel épisode de Rétines et Pupilles consacré aux pathologies neurologiques. Vous êtes neuro-ophtalmologiste et vous faites aujourd'hui partie d'Ophtalians, qui est un réseau de médecins et de chirurgiens ophtalmologistes implantés dans l'ouest de la France, dans la région de Nantes. Vous êtes également membre du conseil d'administration de l'association francophone des professionnels de basse vision. Avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que vous pourriez vous présenter ?

  • Speaker #1

    Bonjour, Claire Meyniel, neuro-ophtalmologiste, comme vous l'avez dit. Et effectivement, je travaille également plus d'ophtalmologie à la Petite-Salle Pétrière, où je suis praticienne hospitalière en neuro-ophtalmologie, et donc mon activité en clinique à l'ophtalmologie. Parallèlement, je suis aussi présidente, là pendant deux ans, du club de neuro-ophtalmologie français, qui regroupe tous les professionnels francophones qui s'intéressent à la neuro-ophtalmologie.

  • Speaker #0

    Alors c'est une question que nous avons l'habitude de poser à chacun de nos invités. Pourquoi ? Avez-vous choisi de devenir ophtalmologiste ? Est-ce que c'était une vocation ou un choix de raison ?

  • Speaker #1

    Alors, c'était vraiment une vocation. Enfin, c'est une vocation que j'ai créée. Pendant mes études, j'étais passionnée par la neurologie, par le côté intellectuel, raisonnement logique, examen clinique, et en même temps par l'ophtalmologie, par la beauté du fond d'œil. C'est absolument merveilleux de regarder un fond d'œil avec toutes les techniques qui, en plus, ont évolué de plus en plus avec des images de qualité extraordinaires maintenant. Et je voulais vraiment faire un mix entre les deux. Et un jour, j'ai appris que la neuro-ophtalmologie existait. J'étais en dernière année de médecine et en dernière année d'externat. Et je suis allée voir une neuro-ophtalmologiste à Tonon où j'étais en stage. Et là, je suis tombée complètement amoureuse de cette spécialité. Et pour ça, du coup, j'ai commencé par faire de l'ophtalmologie, un internat d'ophtalmologie, puis switcher pour la neurologie afin de faire vraiment que de la neuro-ophtalmologie. Tout mon internat, clinica et l'ensemble de ma formation.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, qu'est-ce qui vous fait vous lever chaque matin ?

  • Speaker #1

    Mon métier, enfin pas que, bien sûr il y a la famille aussi, mais vraiment c'est mon métier et c'est juste extraordinaire. Chaque patient est différent, chaque pathologie est différente. Mon activité est à la fois clinique avec des diagnostics, il y a aussi tout ce qui est motivation par rapport à l'équipe. J'ai monté des équipes et puis il y a toute une ambiance, une interaction avec les collègues. Et il y a aussi tout un côté scientifique, d'essayer de continuer de communication dans les congrès, bien sûr, énormément de communication dans les congrès d'ophtalmologie, de neurologie, et puis d'essayer de continuer de publier avec une activité de recherche. Donc c'est une activité extrêmement variée. Je ne fais jamais deux fois la même chose dans la même journée, ce qui est assez magique et ce qui n'est pas donné à tout le monde. Et j'en suis vraiment très contente. En tout cas, ça me convient très bien. Après, quelquefois, c'est un peu fatigant. Des fois, elle ne fait jamais faire deux fois la même chose, remet tout en question, mais en pratique, c'est vraiment ce qui a de plus motivant et c'est ce qui me fait me lever chaque matin avec grand plaisir pour aller travailler.

  • Speaker #0

    Alors justement, pourriez-vous nous expliquer ce qu'est la neuro-ophtalmologie et en quoi consiste votre métier ?

  • Speaker #1

    Alors, la neuro-ophtalmologie, c'est très vaste. C'est tout ce qui est entre l'ophtalmologie et la neurologie. Alors, c'est-à-dire tout ce qui est entre le cerveau et l'œil. Sachant que la partie postérieure de l'œil, enfin dès qu'on sort de l'œil, on a le début du nerf optique, on est déjà dans le cerveau, ça fait déjà partie intégrante du cerveau. Donc on a énormément de pathologies communes entre l'œil et le cerveau, avec des structures qui sont très proches pour certaines. La neuro-ophtalmologie, c'est finalement de diagnostiquer tout ce qui n'a pas été diagnostiqué ni par les neurologues ni par les ophtalmologistes, ou tout ce qui est à l'intermédiaire ou chevauchant les deux types de pathologies. Par exemple, c'est une baisse d'acuité visuelle inexpliquée, sans qu'il y ait d'évidence à l'examen ophtalmologique pour expliquer ça. C'est une pathologie inflammatoire du système nerveux central et de savoir s'il y a eu un retentissement sur le plan de la vision, de la fonction visuelle. C'est également toute une partie d'un champ sur la basse vision. Quelle est la cause de la basse vision ? Mais aussi comment aider les patients qui ont une basse vision pour être pris en charge en rééducation ? En tout cas, dont l'objectif est d'augmenter leur autonomie ou de maintenir leur autonomie. Et puis, il y a aussi toute une partie, le dernier champ, c'est plus des examens complémentaires qui peuvent être assez spécifiques, comme par exemple l'électrophysiologie visuelle, qui est un outil qui permet de mesurer la fonction. des différents organes au niveau visuel. Donc ça permet vraiment de mesurer la fonction de l'ensemble des voies visuelles, de l'entrée de l'œil jusqu'au cerveau, en passant par la rétine et différentes parties de la rétine. Donc c'est extrêmement large, ça comprend un nombre de pathologies importantes et variées, qui à la fois peuvent être neurologiques et ou ophtalmologiques.

  • Speaker #0

    Et à quel moment les patients viennent-ils vous voir ?

  • Speaker #1

    Alors, les patients, ils ne viennent jamais tout seuls. Je veux dire, ce n'est pas un patient qui dit « aujourd'hui, j'ai envie de voir un neuro-ophtalmologiste, je me suis levé ce matin, je ne vois pas bien, je veux voir un neuro-ophtalmologiste » . Pas du tout, en fait. Les patients, ils viennent parce qu'ils sont adressés. Ils sont adressés soit par leur ophtalmologiste, c'est le plus souvent, parce qu'il y a quelque chose d'anormal à l'examen, comme par exemple le nerf optique qui a un aspect atrophique, c'est-à-dire qui est diminué de taille, l'épaisseur des fibres qui constituent le nerf optique, qui sont les fibres qui, après, vont aller jusqu'au cerveau. sont diminuées d'épaisseur, ou à l'inverse, il y a un œdème de cette tête du nerf optique qui est anormal et qui peut signer dans certains cas une pathologie à l'arrière du nerf optique, c'est-à-dire au niveau du cerveau. Ça peut être également une vision double retrouvée par l'ophtalmologiste ou une plainte de patient ou une anomalie du champ visuel par exemple. Également, il y a des patients qui sont adressés par leur neurologue et là, on est plus sur des bilans de pathologies inflammatoires du système nerveux central. qui peuvent atteindre soit le système nerveux central, soit les bilans pathologiques inflammatoires de l'ensemble du corps, et qui peuvent avoir un retentissement visuel. On nous demande de voir s'il y a un retentissement, et si oui, qu'est-ce qu'il en est. Dans certains cas, le fait qu'il y ait une atteinte visuelle peut aider les neurologues à faire le diagnostic de certaines pathologies. C'est une des pierres. Depuis très récemment, les critères de certaines pathologies ont évolué, et incluent le nerf optique, donc ça renforce encore plus la relation avec les neurologues. sur l'importance de l'atteinte neuro-ophtalmologique dans certaines pathologies inflammatoires du système nerveux central.

  • Speaker #0

    Très bien. Alors, vous l'expliquez, les cas sont très variés. Il y a une grande diversité de pathologies, de symptômes et de raisons pour lesquelles on peut vous adresser des patients. Comment travaillez-vous sur chaque cas patient et quel est le processus qui permet d'identifier une pathologie à partir d'un symptôme d'entrée ?

  • Speaker #1

    Le premier... Le point le plus important, c'est l'interrogatoire, c'est de prendre le temps de discuter avec le patient, de l'écouter, d'écouter sa plainte fonctionnelle, qu'est-ce qui le gêne vraiment. Et ça, c'est un temps extrêmement long et majeur, ainsi que tous ses antécédents et tous ses traitements, beaucoup plus que dans l'examen ophtalmologique classique. C'est une grosse partie de la prise en charge des patients. Après, il y a tout un bilan beaucoup plus approfondi qui est fait par l'équipe. par toute mon équipe incroyable qui va faire les examens et qui s'est anticipée en fonction des symptômes des patients, des demandes des patients, les examens qu'il faut faire. Et l'idée, c'est à la fin de la matinée, donc les patients restent longtemps, ils restent entre une heure et trois heures en consultation pour avoir plusieurs examens. Et dans une majorité des cas, à la fin de la consultation, on arrive à avoir une idée du fonctionnement au niveau de l'œil, au niveau de l'ensemble des voies visuelles. de savoir est-ce qu'il y a quelque chose qui dysfonctionne ou est-ce que tout fonctionne normalement ? Et puis après, est-ce qu'il faut faire des examens pour savoir dans ce qui dysfonctionne, de localiser plus précisément et d'en trouver l'éthiologie ? Ou est-ce qu'on arrive à l'avoir directement ? C'est une prise en charge qui est vraiment globale, qui est prise en charge d'équipes pluridisciplinaires dans le cadre de la clinique et pareil à la Pitié-Saint-Pétrier. La neuro-ophtalmologie ne se fait pas seule dans un cabinet isolé. C'est vraiment une prise en charge importante qui demande à la fois des machines et des outils multiples et puis surtout une compétence importante d'équipe pour faire des diagnostics.

  • Speaker #0

    Alors vous parliez tout juste de votre équipe. Aujourd'hui, vous faites partie des neuro-ophtalmologistes qui exercent cette spécialité de façon exclusive en France et vous n'êtes pas si nombreux. Comment justement cette équipe vous permet-elle de bien gérer les patients et aussi de bien gérer les délais d'attente ? Parce que je pense que ces délais pour l'obtention d'un rendez-vous sont parfois très longs. Donc voilà, pour poser la question un peu différemment, c'est comment vous vous organisez à la fois pour prioriser les patients et pour pouvoir gérer et réussir à traiter les urgences ?

  • Speaker #1

    Alors l'équipe commence par les secrétaires assistantes qui vont gérer. toute l'entrée des dossiers, les trier et à soumettre les dossiers qui sont plus urgents, puisque le problème de la neuro-ophtalmologie, c'est qu'il y a des urgences, et il y a des vraies urgences, des urgences vitales et quelquefois vitales à quelques heures. Alors c'est exceptionnel, mais il y en a. C'est rare, mais ça n'est pas exceptionnel en neuro-ophtalmologie et donc il y a absolument hors de question que tous les dossiers qui soient adressés aillent dans la file d'attente classique, c'est-à-dire avec des délais de 9 mois à 1 an de consultation. Ça n'est pas possible. Il y a beaucoup de patients qui sont vus en urgence ou s'ils ne peuvent pas être vus en urgence, adressés dans certains cas, même directement dans l'endroit où ils doivent être pris en charge. Donc il y a vraiment tout un travail d'équipe de tri des dossiers, après de travail médical, de second tri, on va dire, d'orientation, et puis de l'ensemble de l'équipe orthoptique, notamment derrière, pour commencer les examens et puis faire avancer le diagnostic. Après, une synthèse qui est faite par le neuro-ophtalmologiste. Après, je sais que le neuro-ophtalmologiste a sa façon de faire, mais le fait de travailler en équipe fait gagner énormément de temps et permet de voir beaucoup plus de patients. On n'est pas dans une consultation d'ophtalmologie. Les ophtalmologistes voient énormément de patients. En neuro-ophtalmologie, vous avez compris, c'est long. Il y a tout un temps d'interrogatoire, il y a un temps d'examen qui est assez long. Et puis surtout, il y a des examens complémentaires qui prennent beaucoup de temps. Et c'est là où l'équipe a aussi une importance majeure. Après, le dernier point, c'est la fin de la consultation. Les patients doivent repartir avec un compte rendu. C'est très important puisqu'il s'agit d'un avis pour après être réadressé à d'autres professionnels, soit de proximité, soit les professionnels qui suivaient avant le patient, soit une hospitalisation ou une prise en charge dans des examens complémentaires ou en rééducation. Donc, il faut absolument que le patient sorte avec son compte rendu pour pouvoir être pris en charge immédiatement dans certains cas. Et ça, c'est à nouveau toujours le travail de l'équipe qui est en direct. va corriger les comptes rendus, les imprimer, imprimer tous les examens pour que le patient ait son dossier et puisse être pris en charge par la suite s'il y a besoin et notamment, urgemment, si c'est le cas.

  • Speaker #0

    Et en combien de temps êtes-vous capable de faire un bilan et de faire cette synthèse pour une éventuelle prise en charge ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est très variable, ça dépend des pathologies. L'idée, c'est vraiment d'avancer sur le premier rendez-vous. Le patient vient, on fait toute une série de bilans et on voit si c'est urgent ou si ce n'est pas urgent. Et si c'est urgent, il y a une orientation qui est faite tout de suite. Si ce n'est pas urgent, on voit si c'est quelque chose qui peut être possiblement séculaire ou qui est évolutif. Et en fonction, on fait un deuxième rendez-vous ou pas. C'est extrêmement variable selon la pathologie, mais l'idée est vraiment d'avancer au mieux au premier rendez-vous. Et c'est grâce à l'ensemble de l'équipe qui est organisée de façon à pouvoir rajouter des examens en fonction de la première discussion qu'il y a avec le patient et de pouvoir rajouter les examens dont il y a besoin. Après, dans la neuro-ophtalmologie, il y a très peu de suivis, puisque ce serait totalement impossible, à part quelques pathologies spécifiques qui ne peuvent pas être suivies ailleurs, mais qui sont très limitées. La majorité des patients sont adressés par leur ophtalmologie sous leur neurologue pour un avis et ne sont revus que s'il y a un changement ou une modification.

  • Speaker #0

    Très bien, merci beaucoup docteur Méniel. Donc on a déjà un bon aperçu de cette spécialité qu'est la neuro-ophtalmologie. Comme nous avons l'habitude de le faire dans ce podcast, Je souhaiterais effectuer une petite synthèse de notre échange. Donc, la neuro-ophtalmologie, c'est une spécialité qui explore les liens entre les yeux et le cerveau en diagnostiquant les troubles visuels d'origine neurologique. Vous l'avez expliqué, les patients ne prennent jamais directement rendez-vous auprès d'un neuro-ophtalmologiste. Ils sont adressés par un ophtalmologiste ou par un neurologue lorsqu'ils présentent un signe visuel ou une anomalie à l'examen clinique. pour laquelle le médecin ne parvient pas à déterminer la pathologie ou l'origine. Les symptômes d'entrée peuvent être assez variés. On peut avoir une vision double, une perte brutale d'acuité visuelle, un oedème papillaire. Chaque cas est, vous l'avez dit, très différent. Donc il est nécessaire de mener des explorations poussées pour déterminer quelle est la pathologie. L'arbre décisionnel est souvent complexe et cela nécessite donc d'être entouré d'une équipe. d'adopter des processus assez spécifiques et également de mener des examens qui le sont également. Le but étant d'identifier la pathologie et d'émettre un avis d'expertise. Le neuro-ophtalmologiste n'effectue pas de suivi de patients et ne délivre normalement pas de prescriptions médicales. Est-ce que vous auriez des choses à ajouter par rapport à cette synthèse ?

  • Speaker #1

    Après, je pense qu'effectivement, vous l'avez très bien dit, le maître mot, c'est que c'est une sur-spécialité de recours, c'est-à-dire que c'est vraiment après un examen ophtalmologique et après un examen neurologique, quand il n'y a pas de solution évidente ou pas de diagnostic évident, ou au contraire, quand il y a un diagnostic évident, mais il y a besoin d'une évaluation précise. Pour synthétiser, c'est effectivement une spécialité. qui est extrêmement riche. Je ne vais pas donner d'exemple. Je ne sais pas si vous voulez quelques exemples. Par exemple, sur la prise en charge des neuropathies optiques, on nous adresse souvent une atrophie optique. Et puis, il faut savoir si c'est plutôt inflammatoire, si c'est plutôt une compression par une tumeur, si c'est plutôt lié à des prises de toxiques, des carences vitaminiques. Tout ça, c'est des choses qui s'explorent par les examens qu'on a. Alors, on n'a pas toujours de solution. Des fois, c'est des séquelles d'événements qui sont... soit en thé natal, soit dans la petite enfance. On essaye de cibler au mieux. Et puis surtout, on essaye de voir ce qui est évolutif pour pouvoir le traiter. Juste, vous avez dit qu'il n'y avait pas d'ordonnance. Alors, il y en a de temps en temps quand même. On fait une première ordonnance de carence. Par exemple, quand il y a des carences vitaminiques, on va faire une supplémentation. On peut mettre en place des traitements symptomatiques, mais qui sont très ponctuels et qui sont à renouveler par le médecin traitant, si le médecin traitant le souhaite. Enfin, c'est un conseil. Après, c'est une orientation par rapport... à la prise en charge du médecin traitant des patients et de l'ophtalmologiste traitant et du neurologue traitant. Et le point que je tiens à souligner en dernier sur cette question de médecin traitant, c'est qu'on a de plus en plus de patients actuellement qui n'ont pas de médecin traitant. Et c'est extrêmement compliqué dans des sur-spécialités où on donne juste un avis et il y a besoin derrière d'un suivi, d'une prise en charge. Par exemple, dans certains cas, c'est des patients qui ont des neuropathies optiques toxiques liées à l'excès d'alcool sur des addictions. éthylique chronique. Et en fait, quand il n'y a pas de médecin traitant, d'ailleurs, pour nous, c'est extrêmement compliqué de faire la prise en charge. C'est une question qui va se poser dans les années à venir et qui va être un problème de santé publique. Cette restriction du nombre de médecins traitants et qui pose vraiment problème, y compris en neuro-ophtalmologie, justement dans cette sur-spécialité d'avis de recours.

  • Speaker #0

    Très bien, merci beaucoup d'avoir complété avec ces éléments qui me semblent effectivement essentiels, à la fois pour comprendre votre spécialité, mais aussi eux. du côté des patients pour comprendre ce qui doit être mis en place pour être correctement pris en charge. Donc, merci beaucoup, Dr Méniel, pour ces compléments d'informations et surtout, merci pour cet échange qui était très riche. Je vous souhaite une bonne journée et je vous dis à bientôt.

  • Speaker #1

    Merci à vous pour votre invitation. Bonne journée.

  • Speaker #0

    D'abord, un grand merci au Dr Meyniel pour son partage d'expertise. Nous espérons que cet épisode vous a permis de mieux comprendre le rôle du neuro-ophtalmologiste, la manière dont il collabore avec les autres médecins et les différents cas dans lesquels un patient est amené à le consulter. Pour ne pas manquer le prochain épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétines et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Téo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, Retrouvez-nous sur www.téo-med.fr Il a été conçu et réalisé par Fleur Chrétien avec l'agence Aum à la post-production.

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