- Speaker #0
Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Après avoir exploré le sujet des amétropies et de la chirurgie réfractive laser avec le Dr Albou-Ganem, nous abordons aujourd'hui la question de la cataracte. Pour ce nouvel épisode, nous sommes allés interviewer le Dr Constantini, spécialisé en chirurgie de la cataracte et en chirurgie intraoculaire. Pendant une quinzaine de minutes, le Dr Constantini nous explique ce qu'est la cataracte, comment elle s'opère et quels sont les bénéfices de cette opération chirurgicale qui est l'une des plus pratiquées en France. Sans plus tarder, je laisse la parole au Dr Constantini. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie. Bonjour docteur Constantini.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Merci d'avoir accepté notre invitation pour participer à ce nouvel épisode de Rétine et Pupilles consacré à la cataracte. Vous êtes spécialisant en chirurgie de la cataracte et en chirurgie intraoculaire et vous êtes aussi l'inventeur de Glasspop. Alors avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que vous pourriez vous présenter ?
- Speaker #1
Bien sûr, écoutez vous avez fait déjà une bonne partie de la présentation, donc je suis ophtalmologiste effectivement entre Paris et Ajaccio. et spécialisé vraiment en chirurgie réfractive, photoablative, donc au laser, et chirurgie de la cataracte. Et j'ai effectivement, comme vous le disiez, une activité parallèle, mais avec un lien organique avec mon métier, puisque je développe des logiciels en ophtalmologie.
- Speaker #0
Pourquoi avez-vous choisi justement de devenir ophtalmologiste ? Est-ce que c'était une vocation ou plutôt un choix de raison ?
- Speaker #1
Alors, je ne sais pas si c'est l'un ou l'autre. Je vais vous dire ce que c'est, vous vous trancherez vous-même. Mais en fait, j'étais un bon élève, on peut dire ça au lycée, et j'avais devant moi un échantillon de possibilités assez restreint parce que j'avais toujours en tête la volonté de rentrer en Corse. Et donc, je trouvais que la médecine, c'était une bonne solution pour ça. J'avais un profil plutôt mathématique, donc j'ai choisi la médecine. Et... Pour l'ophtalmologie, finalement, qu'est-ce qui s'est passé ? J'ai toujours adoré les nouvelles technologies, l'informatique, etc. Quand je suis arrivé externe en ophtalmologie dans les premiers services, j'ai vu le nombre de machines, le nombre de lasers, etc. Je suis tout de suite tombé amoureux de ça, et donc je me suis retrouvé en ophtalmologie comme ça.
- Speaker #0
Et aujourd'hui, qu'est-ce qui vous fait vous lever chaque matin ?
- Speaker #1
Ça, c'est une bonne question. J'essaye de répondre quelque chose d'intelligent, et vous voyez que ça me prend un peu de temps. Non, je pense que c'est l'envie de changer les choses à grande échelle, c'est-à-dire essayer de me dire, pour ma profession, qu'est-ce qui serait en mon pouvoir, qu'est-ce que j'arriverais à faire pour essayer de laisser une trace et changer les choses et participer un petit peu à l'évolution de ma profession. C'est un peu ça l'enjeu.
- Speaker #0
Nous allons maintenant rentrer un petit peu dans le vif du sujet et aborder plus précisément votre expertise. Lors du dernier épisode de Dr Al-Bouganem, nous a parlé des amétropies et de la manière dont on pouvait les corriger avec la chirurgie réfractive laser. Aujourd'hui, nous allons aborder une autre cause d'altération de la vision qui est la cataracte. Pourriez-vous nous expliquer ce qu'est la cataracte ?
- Speaker #1
Alors très simplement, la cataracte est par définition l'opacification du cristallin. Qu'est-ce que c'est ? On a une petite lentille au milieu de l'œil, qui est d'ailleurs de la taille d'une lentille, qui permet en fait à l'œil de faire le focus. sur différentes distances, vision de loin, vision de près. Au-dessus de 40 ans, on commence à sentir que cette petite lentille marche un peu moins bien. On appelle ça la presbytie. Elle a du mal à faire la mise au point sur la vision de près. Et puis un peu plus tard, cette petite lentille s'oxyde et devient de moins en moins transparente. Et c'est ce phénomène d'opacification du cristallin qu'on appelle la cataracte.
- Speaker #0
Alors comment va se dérouler justement une opération de la cataracte ?
- Speaker #1
Alors, l'opération de la cataracte, qui est l'opération la plus pratiquée en France aujourd'hui, on est aux alentours de 1 million à peu près de chirurgie par an, se passe de manière assez bien codée. Vous avez une chirurgie qui est une chirurgie ambulatoire, c'est-à-dire que le patient ne reste pas hospitalisé. C'est dans un bloc opératoire, bien évidemment, avec un niveau de stérilité et donc de pression positive important. C'est une chirurgie intraoculaire. On va avoir une incision cornéenne d'à peu près 2 mm. Et souvent, les gens disent laser, mais ce n'est pas un laser. Dans la plupart des cas, c'est un appareil qui déploie des ultrasons à l'intérieur de l'œil, qui va fragmenter le cristallin, l'aspirer en petits morceaux. afin de le retirer. On va mettre à la fin de l'intervention une lentille en lieu et place de ce cristallin. Cette lentille, c'est ce qu'on appelle un implant intraoculaire. Il y en a vraiment de différentes sortes. Ça va corriger les anomalies visuelles du patient, redonner une bonne vision au patient. On finit par suturer la cornée, suturer la petite incision qu'on a réalisée, avec un procédé qui est assez... Je suis toujours fan de ça et de l'inventivité de nos aïeux. C'est d'injecter de l'eau dans la plaie, dans la petite incision qu'on a créée. On appelle ça l'hydro-suture. On va pouvoir fermer la cornée simplement par l'affrontement des deux berges et le fait que la pression de l'eau va permettre aux deux berges de s'apposer l'une contre l'autre et donc d'être complètement étanches. Tout ça prend une dizaine de minutes et vous sortez de là avec une coque transparente. que vous enlevez en général le lendemain matin et vous commencez les collières le lendemain matin. La vision remonte à peu près en une semaine complètement. C'est une moyenne. Il y a des gens qui cicatrisent plus vite, d'autres moins vite. Une semaine, c'est une bonne moyenne.
- Speaker #0
Et est-ce qu'il y a des précautions particulières à prendre justement sur la phase post-opératoire ?
- Speaker #1
Alors, de moins en moins. J'ai l'impression que ça se simplifie de plus en plus. On est de plus en plus rapide, on est de moins en moins invasif. Aujourd'hui, c'est simplement du bon sens. c'est-à-dire de ne pas crapahuter, chahuter trop, de rester un petit peu au repos, mais vous pouvez avoir une activité professionnelle dès le lendemain de la chirurgie de la cataracte. Et c'est surtout éviter de mettre la tête sous l'eau pour les 48 premières heures, le temps qu'on soit certain de l'étanchéité, afin d'éviter le risque infectieux. Mais au-delà de ça, ça reste du bon sens et vous pouvez reprendre très vite une activité normale.
- Speaker #0
Vous l'avez évoqué, vous avez dit, nos aïeux ont bien fait les choses. Ce qui signifie que ce type d'opération existe depuis un certain temps. Est-ce que vous pourriez nous redire depuis quand on opère de la cataracte et de quelle façon justement cette opération a évolué ces dernières années ?
- Speaker #1
Alors ça a beaucoup évolué, figurez-vous qu'on s'est rendu compte que sous l'Égypte ancienne, on opérait de la cataracte. Donc ça fait quand même un petit bout de temps, on a eu le temps de l'améliorer, mais je crois que le grand boom aujourd'hui, qui a permis la grande innovation, qui a permis de simplifier cette chirurgie et de la sécuriser, c'est quand même l'invention de la phacomulsification, c'est-à-dire la machine dont je vous parlais tout à l'heure, d'ultrasons qui permet de fragmenter le noyau en petits morceaux, et non plus, comme auparavant, d'ouvrir la cornée pour sortir le noyau intact. Et de fait, la phacomulsification a permis de faire des toutes petites incisions pour rentrer cet appareil, et ça, grosso modo, ça fait maintenant, je pense, depuis des années, allez, on va dire 70 en France, que c'est bien développé, 70-80, donc ça fait quand même un petit bout de temps. C'est ce qui a permis aujourd'hui d'opérer de plus en plus tôt, d'aller de plus en plus loin dans la précision et de corriger de plus en plus de choses en opérant de la cataracte.
- Speaker #0
Et quel est le bon moment pour faire cette opération de la cataracte ?
- Speaker #1
Alors, très bonne question. Le bon moment, c'est quand le patient est gêné. Il y a, en dehors de rares pathologies vraiment qui nous imposent une chirurgie, on va dire en urgence de la cataracte, très rare, l'immense majorité des cas, c'est la gêne du patient qui va guider le geste. En France, la moyenne d'âge de la chirurgie de la cataracte est aux alentours de 71 ans. On vit dans un environnement où le canal numéro 1 de l'information, c'est l'œil. Beaucoup d'informations passent par l'œil, nos téléphones, nos ordinateurs, etc. Et donc nos exigences visuelles sont plus importantes. Et donc souvent, l'opacification cristallienne au-delà de 70 ans impose le geste et le patient vient nous voir et nous dit bon Ça y est, vous me l'aviez dit il y a déjà deux ans, j'avais une petite cataracte débutante il y a trois ans, il y a quatre ans. Et maintenant, là, ça y est, dans mon quotidien, je suis gêné et j'ai vraiment envie de me faire opérer.
- Speaker #0
Est-ce qu'il faut porter des lunettes, justement, une fois qu'on a été opéré ? Y a-t-il nécessité, justement, de porter des lunettes ?
- Speaker #1
Alors, ça dépend de l'implant qui est sélectionné. Si vous voulez, il y a, pour simplifier, deux grands types d'implants. Il y a des implants qu'on appelle standards, qui permettent... d'avoir une très bonne vision de loin après la chirurgie de la cataracte. Mais de près, comme on a retiré votre cristallin, vous perdez complètement vos capacités de lecture, par près j'entends en ophtalmologie, tout ce qui est à moins de 80 cm, 70 cm, tout ce qui est au-delà et de la vision de loin. Et donc avec ces implants-là, vous pourrez vous passer de vos lunettes pour la vision de loin, mais vous serez obligé pour le travail, pour la vision de près, d'avoir une petite paire de lunettes en appoint. En revanche, il existe, comme je le disais, une deuxième catégorie d'implants, qui sont des implants dits préliums et qui prévoient, eux, une correction, en plus du loin, de la vision de près. Alors attention, il n'y a pas de repas gratuit, comme on dit toujours. Ça se fait au prix d'une petite baisse. de la qualité de vision de loin. Alors, le grand enjeu des laboratoires et de l'innovation aujourd'hui en ophtalmologie, c'est d'être le moins pénalisant sur cette vision de loin, et ils y arrivent de plus en plus, mais ce n'est quand même pas complètement gratuit, il y a toujours une petite négociation à avoir sur la vision.
- Speaker #0
Alors, cette chirurgie, justement, qui consiste à remplacer le cristallin par un implant premium, comme vous l'avez dit, ça permet d'éviter de porter des lunettes, est-ce qu'elle peut être pratiquée dans d'autres cas ? Ou est-ce que c'est vraiment réservé aux patients qui sont atteints de cataractes ?
- Speaker #1
C'est une très bonne question. Il y a deux catégories de chirurgie du cristallin. La première, et dans l'immense majorité des cas, c'est celle que vous décrivez très bien, c'est-à-dire la cataracte dite sénile. Le cristallin est opacifié, donc on vient le retirer parce que vous avez une baisse d'acuité visuelle. En revanche, et ça rejoint le point dont on parlait tout à l'heure, l'innovation a fait que cette chirurgie est de plus en plus précise et de plus en plus prédictive. Et donc... On va proposer aussi à certains patients, à partir de 55 ans par exemple, cette chirurgie du cristallin avant qu'une cataracte soit arrivée, en mettant un implant premium et pour corriger un défaut de vision. C'est-à-dire que quelqu'un qui n'a absolument pas de cataracte peut être opéré par cette chirurgie qui est dite une chirurgie à cristallin clair. Et on va retirer le cristallin, mettre un implant et vous permettre de ne plus avoir de lunettes. En revanche, il faut noter que cette chirurgie n'est donc pas prise en charge par la Sécurité sociale. Et donc le patient, naturellement, devra faire l'avance des frais de l'intégralité de la chirurgie.
- Speaker #0
Très bien, merci beaucoup. Alors, ça nous semble très clair. Comme nous avons l'habitude de le faire dans ce podcast pour conclure, moi, j'aimerais effectuer un petit résumé de notre échange. Donc, vous l'avez dit, la cataracte, c'est une opacification du cristallin qui est liée au vieillissement et qui est particulièrement courante chez les personnes qui ont environ 70 ans. Lorsque le cristallin devient trop opaque, et impacte les activités quotidiennes. La solution, c'est donc d'avoir recours à une intervention chirurgicale. Et la chirurgie de la cataracte, vous l'avez précisé, c'est une intervention qui est à la fois courte et sûre. Et cette chirurgie consiste à remplacer le cristallin par une lentille artificielle. Quand un patient est opéré de la cataracte, il peut aussi faire le choix d'implants premium. Et ces implants premium permettront de corriger à la fois la cataracte, mais aussi les amétropies. Après l'opération, le patient n'aura donc plus besoin de porter des lunettes. Ces implants premium peuvent également s'adresser à des patients qui ne sont pas atteints de cataractes, c'est-à-dire qui ont un cristallin clair. Cette chirurgie qu'on appelle la chirurgie réfractive intraoculaire s'adresse à des patients qui sont en général un peu plus jeunes, mais qui souhaitent corriger une amétropie et ne plus porter de lunettes. Est-ce que j'ai bien résumé cet échange ?
- Speaker #1
C'est absolument parfait !
- Speaker #0
Très bien ! Merci beaucoup, Dr Constantini, et je vous dis à bientôt. Au revoir.
- Speaker #1
Merci beaucoup. Au revoir. À bientôt, Fleur.
- Speaker #0
Tout d'abord, un grand merci au Dr Constantini pour son partage d'expertise. Nous espérons que cet épisode vous a permis de mieux comprendre le déroulé de l'opération de la cataracte et de connaître les différentes options en termes d'implants. Le mois prochain, le professeur Pierre-Jean Pizella du CHU de Tours nous parlera de pathologie cornéenne. Pour ne pas manquer le prochain épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétines et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Théo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, retrouvez-nous sur theo-med.fr. Il a été conçu par Fleur Chrétien et réalisé par l'agence Aum.