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Rétines & pupilles

#7- La cornée et les pathologies cornéennes avec Pr Pisella

#7- La cornée et les pathologies cornéennes avec Pr Pisella

22min |26/11/2024
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#7- La cornée et les pathologies cornéennes avec Pr Pisella

#7- La cornée et les pathologies cornéennes avec Pr Pisella

22min |26/11/2024
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Description

Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’ophtalmologie !

 

Après avoir évoqué la cataracte avec le Dr Costantini, nous abordons aujourd’hui le sujet de la cornée. Considérée comme la première lentille transparente de l’œil, la cornée joue un rôle essentiel pour la transmission de la lumière. Elle occupe également une fonction de barrière entre l’environnement extérieur et l’intérieur de l’œil.

Pour expliquer l’anatomie et le fonctionnement de la cornée, nous recevons le Professeur Pisella, pratricien hospitalier, professeur des Universités et chef du service d'ophtalmologie au CHU de Tours.

 

Sans tarder, je laisse donc la parole au Pr Pisella. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l’ophtalmologie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Après avoir évoqué la cataracte avec le Dr Costantini, nous abordons aujourd'hui le sujet de la cornée. Considérée comme la première lentille transparente de l'œil, la cornée joue un rôle essentiel sur la transmission de la lumière. Elle occupe également une fonction de barrière entre l'environnement extérieur et l'intérieur de l'œil. Pour expliquer l'anatomie et le fonctionnement de la cornée, nous recevons le professeur Pisella. praticien hospitalier, professeur des universités et chef du service d'ophtalmologie du CHU de Tours. Sans tarder, je laisse donc la parole au professeur Pisella. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie. Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de Rétines et Pupilles. Nous allons aujourd'hui nous intéresser à la cornée. Pour évoquer ce sujet, nous recevons le professeur Pisella. qui est professeur des universités, praticien hospitalier et chef de service d'ophtalmologie au CHU de Tours. Il est également ancien président de la Société française d'ophtalmologie. Bonjour professeur Pisella.

  • Speaker #1

    Bonjour Fleur, bonjour à tous, merci de m'inviter.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le podcast Rétines et Pupilles. Alors avant de rentrer dans le vif du sujet, je vais vous poser la question commune à tous nos invités. Est-ce que vous pourriez vous présenter ?

  • Speaker #1

    Eh bien, oui, bien sûr, vous l'avez déjà fait, mais je suis ophtalmologiste et j'exerce en effet au CHRU de Tours et j'enseigne effectivement à la faculté de médecine de ce même hôpital. Ma spécialité dans l'ophtalmologie est plutôt centrée sur les pathologies du segment antérieur et de la cornée, même plus exactement de la surface oculaire, qui est aussi l'activité que j'exerce sur le plan chirurgical et sur le plan également de la recherche. Voilà ce qu'on pourra dire sur l'activité professionnelle.

  • Speaker #0

    Pourquoi vous avez choisi de devenir ophtalmologiste ? Est-ce que c'était une vocation ou plutôt un choix de raison ?

  • Speaker #1

    C'est plutôt une passion et c'est une passion qui est très claire dans ma tête, qui est née de la confrontation d'une myopie survenue dans la tendre adolescence qui m'a bien handicapé et que j'ai trouvé très pénible à vivre, et dont je me souviens encore, et de la magie que j'ai trouvée quand l'ophtalmologiste qui m'a vu à l'époque m'a bien sûr corrigé et puis surtout m'a mis des lentilles de contact. et a été capable de me rendre cet espèce de miracle que de voir net sans lunettes. Et j'ai trouvé que c'était quelque chose de fabuleux. Dès lors, j'avais envie de faire une carrière médicale, mais la vision et tout ce qui s'y rapproche, ou l'image en général, était quelque chose qui m'ont attiré. Et je n'ai eu de cesse que d'essayer de joindre les deux. Et l'ophtalmologie me paraît être toujours, 40 ans après, ce qui est la combinaison de tout cela.

  • Speaker #0

    Alors justement, qu'est-ce qui vous fait vous lever chaque matin ?

  • Speaker #1

    Cette même passion qui m'anime toujours. Et je dois dire que même si les prouesses chirurgicales ou les patients qu'on opère au quotidien vous renvoient toujours le plus souvent des choses positives, en vous remerciant et en étant si émerveilleux de ce que vous pouvez leur apporter, je dirais que la simple paire de lunettes chez un jeune, chez un adolescent, chez qui vous voyez dans son regard, c'est pas dans ses yeux, mais dans son regard, une joie qui s'illumine quand il a de nouveau la capacité de voir net, eh bien ça me donne toujours envie de me lever le matin parce que je trouve ça fabuleux. Je trouve qu'on a beaucoup de chance de faire ce métier.

  • Speaker #0

    Alors nous allons maintenant venir au sujet de cet épisode, à savoir la cornée. Nous l'avions évoqué avec le docteur Al-Bouganem dans l'épisode sur l'anatomie de l'œil, mais peut-être qu'un petit rappel serait le bienvenu pour nos auditeurs. Est-ce que vous pourriez nous réexpliquer ce qu'est la cornée et comment elle fonctionne ?

  • Speaker #1

    Absolument. Alors la cornée, c'est, je dirais pour commencer, un organe assez... Enfin, la partie de l'œil que je trouve assez merveilleuse. D'abord parce qu'on ne peut pas ne pas dire le premier mot qui la concerne, elle est transparente. C'est la seule partie de l'organisme humain qui est transparent, parfaitement transparent. Et à ce titre, elle assure un pouvoir de transmission de la lumière et un pouvoir d'amplification. C'est le premier dioptre de l'œil, c'est-à-dire que si on assimile l'œil humain à un système optique, ce système optique comporte deux lentilles principales, que sont la cornée et le cristallin. La cornée, c'est la plus puissante des deux. Elle vaut environ 40 dioptries contre 20 pour le cristal, ce qui fait une soixantaine de dioptries pour un œil humain. C'est déjà le point important. Je n'en voudrais pas, j'ai commencé par dire à quoi elle servait avant d'écrire peut-être l'anatomie, mais je crois que c'était important de s'en souvenir. C'est assez miraculeux, ce côté transparent. Et puis, il ne faut pas oublier que la cornée, elle est transparente et c'est un tissu qui est en contact avec le milieu extérieur, c'est-à-dire avec les agressions. tout au long de la vie, ce qui est quand même assez extraordinaire. Et vous comprenez déjà qu'il va falloir, pour elle, garantir cette transparence tout en se protégeant de toutes ces agressions qui sont multiples, qui sont environnementales, qui sont physiques, qui sont chimiques, qui sont infectieuses, on en parlera peut-être tout à l'heure. Et tout ça en ayant finalement des défenses personnelles assez modestes, parce que si vous avez des défenses en matière d'organisme, ça veut dire des cellules, et si vous avez des cellules, ça veut dire aussi des vaisseaux sanguins, et tout ça concourt un peu à faire perdre de la transparence. Donc la cornée, c'est un empilement de couches, cinq couches, classique de l'écrire comme ça, qui sont de l'extérieur à l'intérieur. L'épithélium, c'est véritablement la barrière avec le milieu extérieur, recouverte par le film lacrymal, c'est très important. Et puis à l'intérieur, vous avez la grande lamelle centrale qui est du collagène, qu'on appelle le stroma. Entre les deux, il y a une petite membrane qu'on appelle la membrane de Desmé. Mais on ne va pas trop s'attacher à la décrire, disons que c'est une couche intermédiaire. Et puis de l'autre côté, vers l'intérieur de l'œil, il y a aussi une membrane étanche qu'on appelle l'endothélium, puisque c'est l'intérieur. Et là aussi, entre le stroma et l'endothélium, on a aussi une membrane qui assure un peu la rigidité de la cornée et qui s'appelle... La membrane de Desmet. Alors, il faut corriger, pardon, j'ai fait une erreur sur la deuxième couche. C'est la membrane de Baumann et non pas la membrane de Desmet qui est l'avant-dernière. Veuillez m'excuser. Voilà, donc l'anatomie de la cornée sur ces cinq couches. Sa caractéristique optique, sa transmission de lumière. Et puis, un mot de son fonctionnement. Son fonctionnement, c'est à la fois, encore une fois, la barrière avec le milieu extérieur, on l'a dit. Cette cornée a aussi besoin d'avoir un rôle de barrière du côté de l'intérieur de l'œil. Qu'est-ce qu'on trouve en contact avec cet endothélium, c'est-à-dire l'intérieur de la cornée ? Eh bien, l'humeur aqueuse, le liquide qui est contenu dans l'œil. On va dire que c'est de l'eau pour simplifier, même si ce n'est pas tout à fait vrai, c'est évidemment une filtration sanguine. Et il est très important que cette cornée reste étanche vis-à-vis de ce milieu aqueux, parce que si jamais vous avez une... perte d'étanchéité de cet endothélium, dans ce cas-là, l'eau, c'est-à-dire l'humeur aqueuse, va pénétrer les couches de la cornée, va pénétrer le stroma cornea. Celui-ci va se mettre à gonfler, à épaissir, et ainsi perdre sa transparence. C'est le fameux œdème de cornée. Je pense qu'on sera amené à en parler tout à l'heure en pathologie. Vous voyez que c'est quand même un fonctionnement compliqué entre l'extérieur, la réponse aux agressions, la lubrification par le phynacrymal, et en même temps, l'intérieur et cette importance du maintien de l'étanchéité.

  • Speaker #0

    Alors justement, quels sont les signes évocateurs d'une pathologie cornéenne ?

  • Speaker #1

    Alors, ils sont un peu multiples, mais il faut retenir ce qui amène les gens à consulter, bien sûr. Et il y a deux symptômes phares que sont la douleur, d'une part, qui peut être seule, ou associée à la baisse ou la perte d'acuité visuelle. Alors, on va commencer par parler de la douleur pour se souvenir que la cornée est un des organes les plus... plus nervé de l'organisme. C'est-à-dire que, sans faire de comparaison, c'est plusieurs centaines de fois plus énervé d'un point de vue sensitif, c'est-à-dire éventuellement douloureux, que la peau, par exemple. Et donc, on peut imaginer cette fameuse douleur, c'est la fameuse douleur de la kératite. La kératite, au sens strict du terme, c'est l'inflammation de la cornée, c'est l'atteinte du tissu cornéen au sens large. Et donc, quand vous avez une atteinte superficielle de la cornée, ça fait mal. C'est souvent associé à une rougeur de l'œil. Non pas de la cornée, qui encore une fois est un tissu transparent, mais du tissu qui l'accompagne en permanence, qui est sa fidèle sentinelle et qui s'appelle la conjonctive, qui est répartie tout autour de cette fameuse cornée, et dont le rôle principal est évidemment d'assurer une protection du globe oculaire, mais aussi un rôle de défense vis-à-vis de cette cornée pour l'aider à maintenir et à garantir sa transparence. Donc la douleur, point important. Et puis évidemment, comme c'est par là que l'image se forme dans l'œil, il vient tout... altération de sa transparence ou de son intégrité va entraîner une dégradation de la vision, que ce soit du flou, que ce soit de la baisse de vision si c'est par exemple un EDM, des déformations également. La déformation de la régularité de la cornée va engendrer ce qu'on appelle l'astigmatisme. Beaucoup de gens le connaissent. Il y a des astigmatismes qu'on a tous, plus ou moins physiologiquement, au niveau de notre vision et qui nécessitent une correction. Dans l'essentiel des cas, l'astigmatisme est... est lié à un défaut de rayon de courbure de la cornée. Donc vous voyez que c'est quand même important. Pour l'essentiel, on peut citer la photophobie, qui est aussi un signe important d'atteinte de la cornée. Quand il y a une sensibilité accrue à la lumière, c'est qu'en général, qui s'accompagne de douleurs, c'est en général une atteinte de la cornée.

  • Speaker #0

    Et quelles sont les principales pathologies de la cornée ?

  • Speaker #1

    Alors, la cornée, on l'a dit, elle est un peu au carrefour de toutes les agressions possibles, ce qui veut donc dire qu'en termes de pathologie, peut subir des agressions extérieures. Et il faut citer en premier les infections. La cornée peut être le siège d'infections qui, malheureusement, vont souvent être graves si elles atteignent les couches profondes de la cornée, en particulier le stroma. Parce que même si on arrive à guérir cette infection, je pense à une infection bactérienne par exemple, dont la plus connue, hélas, du grand public, est l'abcès de cornet secondaire à un port de lentilles, non pas le port en soi, mais ce qu'on appelle le mésusage, c'est-à-dire la mauvaise utilisation des lentilles de contact, et bien cet abcès, on peut imaginer le guérir d'un point de vue infectieux, c'est-à-dire qu'on va gagner sur l'infection, mais malheureusement, on risque d'avoir comme séquelle ce qu'on appelle une taie cornéenne, une tache blanche. En fait, la cornée, quand elle cicatrise, malheureusement, souvent perd sa transparence. Et vous imaginez que si ça se situe en plein milieu de l'axe visuel au niveau de la cornée, ça va engendrer, bien sûr, une baisse importante de l'acuité visuelle qui va avec. Donc l'infection, on a cité les bactéries, bien sûr les virus, dont le plus connu est l'herpès, qui est assez récurrent au niveau de la cornée et qui peut donner ces fameuses kératites qui reviennent. Les gens qui souffrent de ça sont des gens qui vont être embêtés. pratiquement tout au long de leur vie, de façon récurrente. Et puis, les infections au sens large, après la cornée, comme tout tissu, peut avoir des malformations de ce tissu, on appelle ça des dystrophies, c'est-à-dire que le tissu va involuer ou évoluer d'une mauvaise façon, et donc là encore avec un risque de perte de transparence, c'est toujours un peu l'obsession dans ce tissu. Et puis, citons quand même une pathologie importante dans le registre des pathologies cornéennes, qui est un peu particulière, qui est aussi une dystrophie qui s'appelle le kératocone. En fait, il va y avoir une modification, d'une certaine manière, de la rigidité de la cornée, de façon un peu schématique. La cornée va un peu se ramollir sur elle-même, et du coup va perdre un petit peu son architecture, avec le risque de se modifier en termes optiques, et d'engendrer un astigmatisme évolutif qu'il faudra essayer de stopper. et de corriger, bien sûr, en fonction de l'évolution de ce keratocone. Ça touche souvent les adultes jeunes, il faut bien le dire. On en parlera peut-être tout à l'heure. Voilà pour les principales pathologies. Et puis, bien sûr, il faut citer le traumatisme. Le traumatisme, quel qu'il soit, physique, chimique, peut engendrer des pathologies de corneille très importantes. Et il faut se protéger de ça. Je crois qu'on a fait à peu près le tour. On va citer les inflammations aussi, bien sûr, diverses et variées de la surface de l'œil qui peuvent toucher la corneille.

  • Speaker #0

    Vous venez de l'évoquer, donc il y a un grand nombre de pathologies qui peuvent affecter la cornée. Comment, justement, en fonction de la pathologie, on va traiter, on va guérir le problème de cornée ?

  • Speaker #1

    Alors, la question est très bonne, mais la réponse le sera moins. Et il faut en effet, je pense, faire le distinguo entre traiter et puis guérir. Traiter, on va le faire. On va le faire quasi systématiquement. Dans le domaine de l'infection, on va traiter l'infection. Si c'est un virus avec des antiviraux, si c'est une bactérie avec des antibiotiques, Et reconnaissons qu'on a, heureusement, le plus souvent la victoire sur l'agent pathogène. Mais en termes de guérison, je le disais tout à l'heure, alors là, en revanche, malheureusement, ce n'est pas toujours le cas. Et on peut avoir cette fameuse séquelle, j'y reviendrai pas, mais cette perte de transparence, ou même s'il n'y a pas une perte de transparence complète, en tout cas une perte de régularité de la cornée. La cornée, c'est vraiment une surface lisse et parfaitement... C'est un objet optique magnifiquement adapté. Et dès qu'elle est perturbée, Elle peut cicatriser, mais elle risque de cicatriser de façon irrégulière et engendrer ainsi une diminution de sa vision. Alors ça, c'est pour le chapitre un peu des infections. Il peut y avoir bien sûr une nécessité d'utiliser des gouttes diverses et variées d'anti-inflammatoires quand elle est enflammée, ça c'est également possible et on obtiendra souvent un traitement. Et puis, il y a la prise en charge de cette fameuse pathologie qui est le keratocone, qui est un peu spécifique. Là, ce qu'il faut essayer de faire, c'est premièrement stopper ce ramollissement cornea, cette déformation. Je ne suis pas tout à fait complet quand je disais ramollissement. Il y a non seulement un ramollissement, mais il y a aussi un amincissement. Autrement dit, il y a une fragilisation du tissu qui va un petit peu se modifier et engendrer ainsi une modification de la vision avec un astigmatisme évolutif. Il faut le stopper. Il y a divers moyens pour cela, y compris des moyens chimiques, ce qu'on appelle... cross-linking, qui consiste à faire une sorte de tannage, comme le tannage de la peau, qui va un peu rigidifier la cornée, et puis corriger cet astigmatisme. Alors on peut utiliser bien sûr des lentilles de contact, des lentilles rigides qui vont compenser la déformation de la cornée. On peut utiliser aussi des segments de plastique, qu'on appelle des anneaux intracornéens, qu'on va placer dans l'épaisseur de la cornée pour compenser la déformation cornéenne du keratocone. On peut combiner tout ça. On peut bien sûr utiliser les fameux lasers, qui sont connus du grand public, parce que c'est ceux qui concourent. à traiter les anomalies de la vision, la myopie, l'astigmatisme, l'hypermétropie sur la cornée, mais ils peuvent être utilisés, ces lasers aussi, à des fins thérapeutiques, afin de traiter ces fameuses cornées pathologiques. Voilà, tout ça est évidemment un arsenal thérapeutique. Et puis un mot de la chirurgie quand même, même si on ne va pas tout détailler, il arrive parfois que tout ça ne suffise pas, que malgré tout ça, on ait une perte de transparence presque quasi définitive ou presque totale de la cornée. On peut penser par exemple à une séquelle d'un accident chimique, une brûlure chimique de la cornée, ou une séquelle infectieuse sévère, ou une déformation extrême d'un kératocone qui n'aurait pu être traité à temps. Dans ces cas-là, il va falloir changer le tissu. Vous comprenez par là le mot qui va arriver, qui est le mot greffe. Dans la cornée, on greffe la cornée, soit de manière totale, et on le fait de moins en moins, soit de manière tissulaire, c'est-à-dire qu'on va... changer la couche du tissu corneal qui est malade afin d'être le plus spécifique possible. Je vous donne juste un seul exemple. Je vous disais tout à l'heure en introduction, quand il y a une perte d'étanchéité de l'intérieur de la cornée de l'endothélium, il y a de l'œdème corneal, une baisse de vision. On peut changer, on peut faire une greffe de l'endothélium corneal seul qui va redonner de l'étanchéité à cette cornée. C'est quelque chose d'assez fréquent parce qu'il y a des dystrophies de cet endothélium. ou parfois au décours d'une chirurgie de la cataracte qui a été parfois compliquée. Bref, il est parfois nécessaire de changer ce tissu, parce que la caractéristique, c'est d'avoir un taux de renouvellement de cellules très bas, ou quasi nul, et donc si vous perdez les cellules ou si elles sont malades, elles ne se renouvellent pas, la seule solution, c'est de les changer. Et donc, c'est ce qu'on appelle la grève de cornet, c'est quelque chose qu'on pratique, il y a 7000 grèves de cornet par an en France, et sans rentrer dans tous les détails, ça permet de restaurer la vision. Voilà. La greffe de corne n'est pas un emploi tranquille, mais c'est quand même une chirurgie qui est de plus en plus assortie à des taux de succès visuels importants, à des réhabilitations visuelles rapides. Bien sûr, il ne faut pas négliger le fait qu'il puisse y avoir des rejets, ils sont bien plus rares que dans d'autres organes, et des différentes spécificités chirurgicales, mais c'est quand même une prise en charge thérapeutique importante de la corne.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Je pense qu'on a fait un peu le tour. à la fois des pathologies et de la façon dont on pouvait les traiter, non forcément les guérir, mais les traiter. Peut-être que vous auriez des conseils à donner, simplement de bonnes pratiques pour prendre soin de sa cornée quand elle n'est pas malade, quand elle est saine ?

  • Speaker #1

    Ou avant qu'elle le soit. Eh bien, oui, tout à fait, vous avez raison, c'est très important. Pensez un peu à cette question tout à l'heure, quand je vous parlais du kératocone. Alors, des précautions à prendre simples, c'est effectivement très important. de le rappeler. La première des choses à dire, c'est d'éviter de se frotter les yeux. Le frottement mécanique des yeux, en particulier chez l'enfant ou l'adolescent, peut conduire à cette fameuse pathologie dont on parlait tout à l'heure, cette déformation mécanique de la cornée qu'on appelle le kératocone. On a démontré, de nombreuses études ont montré que la majorité des kératocones qui surviennent d'ailleurs dans la période de l'adolescence ou de la post-adolescence, surviennent chez des gens qui ont des allergies chroniques et qui se frottent énormément les yeux. Donc ça, c'est très important de le dire, ne pas se frotter les yeux, et ou consulter si le symptôme est persistant, et parfois l'ophtalmologiste pourra faire en sorte de diminuer ce prurite et de permettre aux gens de moins se frotter les yeux. Ça, c'est vraiment un point important. Deuxièmement, je pense aux porteurs de lentilles de contact, qui représentent des millions de personnes dans notre pays et puis ailleurs, et qui bénéficient de lentilles de contact comme une merveilleuse méthode de correction des anomalies de la vision. de plus en plus performante, mais qui là encore justifie d'un certain nombre de précautions simples. Avoir une bonne hygiène des mains quand on les manipule, privilégier un corps diurne, éviter de dormir avec, privilégier aussi des lentilles soit quotidiennes, soit renouvellement fréquentes, de telle sorte que le matériel utilisé est le plus propre possible, éviter toute contamination avec de l'eau au niveau des lentilles, ne jamais conserver les lentilles dans un étui avec de l'eau. éviter de se baigner avec les lentilles ou de se doucher les yeux ouverts avec. Bref, un certain nombre de précautions. Et puis après, en termes de conseils, si jamais malgré tout ça, apparaissent des douleurs surtout, des rougeurs, un œil rouge, douloureux, ne parlons pas d'une baisse de vision, eh bien sans tarder, d'aller consulter son ophtalmologiste ou des urgences ophtalmologiques si on n'est pas près de son domicile, de son cabinet habituel.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, professeur Pisella, pour cet éclairage et pour votre partage d'expertise. Comme nous avons l'habitude de le faire, pour conclure chaque épisode de ce podcast, j'aimerais effectuer un petit résumé de notre échange sur la cornée. La cornée, c'est un tissu transparent qui est situé à l'avant de l'œil, qui est constitué de cinq couches, qui assurent une fonction à la fois de protection par rapport à l'extérieur et une fonction de lentille. Elle peut être affectée, vous l'avez dit, par différentes pathologies. Ces pathologies peuvent provoquer des douleurs, une sensibilité accrue à la lumière. des sécrétions oculaires, voire même une baisse de la vision. Et ces pathologies cornéennes peuvent avoir des origines multiples. C'est-à-dire que, vous l'avez évoqué, il peut s'agir d'origines traumatiques, inflammatoires, virales, bactériennes. Et de ce fait, leur prise en charge va vraiment dépendre de l'origine de la pathologie. La prise en charge peut même aller jusqu'à la grève de la cornée dans des cas très particuliers, vous l'avez expliqué. Et pour finir... Nous avons évoqué les conditions pour garder une cornée saine et pour éviter l'apparition de ces pathologies. La première des recommandations, c'est de ne pas se frotter les yeux, avec également la nécessité de ne jamais introduire de substances étrangères ou potentiellement nocives au niveau des yeux. En cas de symptômes, vous l'avez rappelé, il est effectivement nécessaire de consulter très rapidement un ophtalmologiste. Est-ce qu'il y aurait quelque chose à ajouter ?

  • Speaker #1

    Écoutez, bravo pour cette synthèse, parce que je crois, j'ai essayé de suivre avec attention, il me semble que vous n'avez rien oublié de tout ce que l'on a pu dire. Je crois qu'avec tout ça, nos auditeurs vont prendre soin de leur santé et aussi avoir le bénéfice des traitements si jamais ils en ont besoin.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, professeur Pisella.

  • Speaker #1

    Au revoir et merci beaucoup à vous.

  • Speaker #0

    Au revoir. Tout d'abord, un grand merci au professeur Pisella pour son partage d'expertise. Nous espérons que cet épisode vous a permis de mieux comprendre le fonctionnement de la cornée, d'identifier les potentielles pathologies et traitements, mais surtout de connaître les bonnes pratiques pour prendre soin de sa cornée. Pour ne pas manquer le prochain épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétine et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Téo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, retrouvez-nous sur teo-med.fr. Il a été conçu par Fleur Chrétien et réalisé par l'agence Aum.

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Pour expliquer l’anatomie et le fonctionnement de la cornée, nous recevons le Professeur Pisella, pratricien hospitalier, professeur des Universités et chef du service d'ophtalmologie au CHU de Tours.

 

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  • Speaker #0

    Pourquoi vous avez choisi de devenir ophtalmologiste ? Est-ce que c'était une vocation ou plutôt un choix de raison ?

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    C'est plutôt une passion et c'est une passion qui est très claire dans ma tête, qui est née de la confrontation d'une myopie survenue dans la tendre adolescence qui m'a bien handicapé et que j'ai trouvé très pénible à vivre, et dont je me souviens encore, et de la magie que j'ai trouvée quand l'ophtalmologiste qui m'a vu à l'époque m'a bien sûr corrigé et puis surtout m'a mis des lentilles de contact. et a été capable de me rendre cet espèce de miracle que de voir net sans lunettes. Et j'ai trouvé que c'était quelque chose de fabuleux. Dès lors, j'avais envie de faire une carrière médicale, mais la vision et tout ce qui s'y rapproche, ou l'image en général, était quelque chose qui m'ont attiré. Et je n'ai eu de cesse que d'essayer de joindre les deux. Et l'ophtalmologie me paraît être toujours, 40 ans après, ce qui est la combinaison de tout cela.

  • Speaker #0

    Alors justement, qu'est-ce qui vous fait vous lever chaque matin ?

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    Cette même passion qui m'anime toujours. Et je dois dire que même si les prouesses chirurgicales ou les patients qu'on opère au quotidien vous renvoient toujours le plus souvent des choses positives, en vous remerciant et en étant si émerveilleux de ce que vous pouvez leur apporter, je dirais que la simple paire de lunettes chez un jeune, chez un adolescent, chez qui vous voyez dans son regard, c'est pas dans ses yeux, mais dans son regard, une joie qui s'illumine quand il a de nouveau la capacité de voir net, eh bien ça me donne toujours envie de me lever le matin parce que je trouve ça fabuleux. Je trouve qu'on a beaucoup de chance de faire ce métier.

  • Speaker #0

    Alors nous allons maintenant venir au sujet de cet épisode, à savoir la cornée. Nous l'avions évoqué avec le docteur Al-Bouganem dans l'épisode sur l'anatomie de l'œil, mais peut-être qu'un petit rappel serait le bienvenu pour nos auditeurs. Est-ce que vous pourriez nous réexpliquer ce qu'est la cornée et comment elle fonctionne ?

  • Speaker #1

    Absolument. Alors la cornée, c'est, je dirais pour commencer, un organe assez... Enfin, la partie de l'œil que je trouve assez merveilleuse. D'abord parce qu'on ne peut pas ne pas dire le premier mot qui la concerne, elle est transparente. C'est la seule partie de l'organisme humain qui est transparent, parfaitement transparent. Et à ce titre, elle assure un pouvoir de transmission de la lumière et un pouvoir d'amplification. C'est le premier dioptre de l'œil, c'est-à-dire que si on assimile l'œil humain à un système optique, ce système optique comporte deux lentilles principales, que sont la cornée et le cristallin. La cornée, c'est la plus puissante des deux. Elle vaut environ 40 dioptries contre 20 pour le cristal, ce qui fait une soixantaine de dioptries pour un œil humain. C'est déjà le point important. Je n'en voudrais pas, j'ai commencé par dire à quoi elle servait avant d'écrire peut-être l'anatomie, mais je crois que c'était important de s'en souvenir. C'est assez miraculeux, ce côté transparent. Et puis, il ne faut pas oublier que la cornée, elle est transparente et c'est un tissu qui est en contact avec le milieu extérieur, c'est-à-dire avec les agressions. tout au long de la vie, ce qui est quand même assez extraordinaire. Et vous comprenez déjà qu'il va falloir, pour elle, garantir cette transparence tout en se protégeant de toutes ces agressions qui sont multiples, qui sont environnementales, qui sont physiques, qui sont chimiques, qui sont infectieuses, on en parlera peut-être tout à l'heure. Et tout ça en ayant finalement des défenses personnelles assez modestes, parce que si vous avez des défenses en matière d'organisme, ça veut dire des cellules, et si vous avez des cellules, ça veut dire aussi des vaisseaux sanguins, et tout ça concourt un peu à faire perdre de la transparence. Donc la cornée, c'est un empilement de couches, cinq couches, classique de l'écrire comme ça, qui sont de l'extérieur à l'intérieur. L'épithélium, c'est véritablement la barrière avec le milieu extérieur, recouverte par le film lacrymal, c'est très important. Et puis à l'intérieur, vous avez la grande lamelle centrale qui est du collagène, qu'on appelle le stroma. Entre les deux, il y a une petite membrane qu'on appelle la membrane de Desmé. Mais on ne va pas trop s'attacher à la décrire, disons que c'est une couche intermédiaire. Et puis de l'autre côté, vers l'intérieur de l'œil, il y a aussi une membrane étanche qu'on appelle l'endothélium, puisque c'est l'intérieur. Et là aussi, entre le stroma et l'endothélium, on a aussi une membrane qui assure un peu la rigidité de la cornée et qui s'appelle... La membrane de Desmet. Alors, il faut corriger, pardon, j'ai fait une erreur sur la deuxième couche. C'est la membrane de Baumann et non pas la membrane de Desmet qui est l'avant-dernière. Veuillez m'excuser. Voilà, donc l'anatomie de la cornée sur ces cinq couches. Sa caractéristique optique, sa transmission de lumière. Et puis, un mot de son fonctionnement. Son fonctionnement, c'est à la fois, encore une fois, la barrière avec le milieu extérieur, on l'a dit. Cette cornée a aussi besoin d'avoir un rôle de barrière du côté de l'intérieur de l'œil. Qu'est-ce qu'on trouve en contact avec cet endothélium, c'est-à-dire l'intérieur de la cornée ? Eh bien, l'humeur aqueuse, le liquide qui est contenu dans l'œil. On va dire que c'est de l'eau pour simplifier, même si ce n'est pas tout à fait vrai, c'est évidemment une filtration sanguine. Et il est très important que cette cornée reste étanche vis-à-vis de ce milieu aqueux, parce que si jamais vous avez une... perte d'étanchéité de cet endothélium, dans ce cas-là, l'eau, c'est-à-dire l'humeur aqueuse, va pénétrer les couches de la cornée, va pénétrer le stroma cornea. Celui-ci va se mettre à gonfler, à épaissir, et ainsi perdre sa transparence. C'est le fameux œdème de cornée. Je pense qu'on sera amené à en parler tout à l'heure en pathologie. Vous voyez que c'est quand même un fonctionnement compliqué entre l'extérieur, la réponse aux agressions, la lubrification par le phynacrymal, et en même temps, l'intérieur et cette importance du maintien de l'étanchéité.

  • Speaker #0

    Alors justement, quels sont les signes évocateurs d'une pathologie cornéenne ?

  • Speaker #1

    Alors, ils sont un peu multiples, mais il faut retenir ce qui amène les gens à consulter, bien sûr. Et il y a deux symptômes phares que sont la douleur, d'une part, qui peut être seule, ou associée à la baisse ou la perte d'acuité visuelle. Alors, on va commencer par parler de la douleur pour se souvenir que la cornée est un des organes les plus... plus nervé de l'organisme. C'est-à-dire que, sans faire de comparaison, c'est plusieurs centaines de fois plus énervé d'un point de vue sensitif, c'est-à-dire éventuellement douloureux, que la peau, par exemple. Et donc, on peut imaginer cette fameuse douleur, c'est la fameuse douleur de la kératite. La kératite, au sens strict du terme, c'est l'inflammation de la cornée, c'est l'atteinte du tissu cornéen au sens large. Et donc, quand vous avez une atteinte superficielle de la cornée, ça fait mal. C'est souvent associé à une rougeur de l'œil. Non pas de la cornée, qui encore une fois est un tissu transparent, mais du tissu qui l'accompagne en permanence, qui est sa fidèle sentinelle et qui s'appelle la conjonctive, qui est répartie tout autour de cette fameuse cornée, et dont le rôle principal est évidemment d'assurer une protection du globe oculaire, mais aussi un rôle de défense vis-à-vis de cette cornée pour l'aider à maintenir et à garantir sa transparence. Donc la douleur, point important. Et puis évidemment, comme c'est par là que l'image se forme dans l'œil, il vient tout... altération de sa transparence ou de son intégrité va entraîner une dégradation de la vision, que ce soit du flou, que ce soit de la baisse de vision si c'est par exemple un EDM, des déformations également. La déformation de la régularité de la cornée va engendrer ce qu'on appelle l'astigmatisme. Beaucoup de gens le connaissent. Il y a des astigmatismes qu'on a tous, plus ou moins physiologiquement, au niveau de notre vision et qui nécessitent une correction. Dans l'essentiel des cas, l'astigmatisme est... est lié à un défaut de rayon de courbure de la cornée. Donc vous voyez que c'est quand même important. Pour l'essentiel, on peut citer la photophobie, qui est aussi un signe important d'atteinte de la cornée. Quand il y a une sensibilité accrue à la lumière, c'est qu'en général, qui s'accompagne de douleurs, c'est en général une atteinte de la cornée.

  • Speaker #0

    Et quelles sont les principales pathologies de la cornée ?

  • Speaker #1

    Alors, la cornée, on l'a dit, elle est un peu au carrefour de toutes les agressions possibles, ce qui veut donc dire qu'en termes de pathologie, peut subir des agressions extérieures. Et il faut citer en premier les infections. La cornée peut être le siège d'infections qui, malheureusement, vont souvent être graves si elles atteignent les couches profondes de la cornée, en particulier le stroma. Parce que même si on arrive à guérir cette infection, je pense à une infection bactérienne par exemple, dont la plus connue, hélas, du grand public, est l'abcès de cornet secondaire à un port de lentilles, non pas le port en soi, mais ce qu'on appelle le mésusage, c'est-à-dire la mauvaise utilisation des lentilles de contact, et bien cet abcès, on peut imaginer le guérir d'un point de vue infectieux, c'est-à-dire qu'on va gagner sur l'infection, mais malheureusement, on risque d'avoir comme séquelle ce qu'on appelle une taie cornéenne, une tache blanche. En fait, la cornée, quand elle cicatrise, malheureusement, souvent perd sa transparence. Et vous imaginez que si ça se situe en plein milieu de l'axe visuel au niveau de la cornée, ça va engendrer, bien sûr, une baisse importante de l'acuité visuelle qui va avec. Donc l'infection, on a cité les bactéries, bien sûr les virus, dont le plus connu est l'herpès, qui est assez récurrent au niveau de la cornée et qui peut donner ces fameuses kératites qui reviennent. Les gens qui souffrent de ça sont des gens qui vont être embêtés. pratiquement tout au long de leur vie, de façon récurrente. Et puis, les infections au sens large, après la cornée, comme tout tissu, peut avoir des malformations de ce tissu, on appelle ça des dystrophies, c'est-à-dire que le tissu va involuer ou évoluer d'une mauvaise façon, et donc là encore avec un risque de perte de transparence, c'est toujours un peu l'obsession dans ce tissu. Et puis, citons quand même une pathologie importante dans le registre des pathologies cornéennes, qui est un peu particulière, qui est aussi une dystrophie qui s'appelle le kératocone. En fait, il va y avoir une modification, d'une certaine manière, de la rigidité de la cornée, de façon un peu schématique. La cornée va un peu se ramollir sur elle-même, et du coup va perdre un petit peu son architecture, avec le risque de se modifier en termes optiques, et d'engendrer un astigmatisme évolutif qu'il faudra essayer de stopper. et de corriger, bien sûr, en fonction de l'évolution de ce keratocone. Ça touche souvent les adultes jeunes, il faut bien le dire. On en parlera peut-être tout à l'heure. Voilà pour les principales pathologies. Et puis, bien sûr, il faut citer le traumatisme. Le traumatisme, quel qu'il soit, physique, chimique, peut engendrer des pathologies de corneille très importantes. Et il faut se protéger de ça. Je crois qu'on a fait à peu près le tour. On va citer les inflammations aussi, bien sûr, diverses et variées de la surface de l'œil qui peuvent toucher la corneille.

  • Speaker #0

    Vous venez de l'évoquer, donc il y a un grand nombre de pathologies qui peuvent affecter la cornée. Comment, justement, en fonction de la pathologie, on va traiter, on va guérir le problème de cornée ?

  • Speaker #1

    Alors, la question est très bonne, mais la réponse le sera moins. Et il faut en effet, je pense, faire le distinguo entre traiter et puis guérir. Traiter, on va le faire. On va le faire quasi systématiquement. Dans le domaine de l'infection, on va traiter l'infection. Si c'est un virus avec des antiviraux, si c'est une bactérie avec des antibiotiques, Et reconnaissons qu'on a, heureusement, le plus souvent la victoire sur l'agent pathogène. Mais en termes de guérison, je le disais tout à l'heure, alors là, en revanche, malheureusement, ce n'est pas toujours le cas. Et on peut avoir cette fameuse séquelle, j'y reviendrai pas, mais cette perte de transparence, ou même s'il n'y a pas une perte de transparence complète, en tout cas une perte de régularité de la cornée. La cornée, c'est vraiment une surface lisse et parfaitement... C'est un objet optique magnifiquement adapté. Et dès qu'elle est perturbée, Elle peut cicatriser, mais elle risque de cicatriser de façon irrégulière et engendrer ainsi une diminution de sa vision. Alors ça, c'est pour le chapitre un peu des infections. Il peut y avoir bien sûr une nécessité d'utiliser des gouttes diverses et variées d'anti-inflammatoires quand elle est enflammée, ça c'est également possible et on obtiendra souvent un traitement. Et puis, il y a la prise en charge de cette fameuse pathologie qui est le keratocone, qui est un peu spécifique. Là, ce qu'il faut essayer de faire, c'est premièrement stopper ce ramollissement cornea, cette déformation. Je ne suis pas tout à fait complet quand je disais ramollissement. Il y a non seulement un ramollissement, mais il y a aussi un amincissement. Autrement dit, il y a une fragilisation du tissu qui va un petit peu se modifier et engendrer ainsi une modification de la vision avec un astigmatisme évolutif. Il faut le stopper. Il y a divers moyens pour cela, y compris des moyens chimiques, ce qu'on appelle... cross-linking, qui consiste à faire une sorte de tannage, comme le tannage de la peau, qui va un peu rigidifier la cornée, et puis corriger cet astigmatisme. Alors on peut utiliser bien sûr des lentilles de contact, des lentilles rigides qui vont compenser la déformation de la cornée. On peut utiliser aussi des segments de plastique, qu'on appelle des anneaux intracornéens, qu'on va placer dans l'épaisseur de la cornée pour compenser la déformation cornéenne du keratocone. On peut combiner tout ça. On peut bien sûr utiliser les fameux lasers, qui sont connus du grand public, parce que c'est ceux qui concourent. à traiter les anomalies de la vision, la myopie, l'astigmatisme, l'hypermétropie sur la cornée, mais ils peuvent être utilisés, ces lasers aussi, à des fins thérapeutiques, afin de traiter ces fameuses cornées pathologiques. Voilà, tout ça est évidemment un arsenal thérapeutique. Et puis un mot de la chirurgie quand même, même si on ne va pas tout détailler, il arrive parfois que tout ça ne suffise pas, que malgré tout ça, on ait une perte de transparence presque quasi définitive ou presque totale de la cornée. On peut penser par exemple à une séquelle d'un accident chimique, une brûlure chimique de la cornée, ou une séquelle infectieuse sévère, ou une déformation extrême d'un kératocone qui n'aurait pu être traité à temps. Dans ces cas-là, il va falloir changer le tissu. Vous comprenez par là le mot qui va arriver, qui est le mot greffe. Dans la cornée, on greffe la cornée, soit de manière totale, et on le fait de moins en moins, soit de manière tissulaire, c'est-à-dire qu'on va... changer la couche du tissu corneal qui est malade afin d'être le plus spécifique possible. Je vous donne juste un seul exemple. Je vous disais tout à l'heure en introduction, quand il y a une perte d'étanchéité de l'intérieur de la cornée de l'endothélium, il y a de l'œdème corneal, une baisse de vision. On peut changer, on peut faire une greffe de l'endothélium corneal seul qui va redonner de l'étanchéité à cette cornée. C'est quelque chose d'assez fréquent parce qu'il y a des dystrophies de cet endothélium. ou parfois au décours d'une chirurgie de la cataracte qui a été parfois compliquée. Bref, il est parfois nécessaire de changer ce tissu, parce que la caractéristique, c'est d'avoir un taux de renouvellement de cellules très bas, ou quasi nul, et donc si vous perdez les cellules ou si elles sont malades, elles ne se renouvellent pas, la seule solution, c'est de les changer. Et donc, c'est ce qu'on appelle la grève de cornet, c'est quelque chose qu'on pratique, il y a 7000 grèves de cornet par an en France, et sans rentrer dans tous les détails, ça permet de restaurer la vision. Voilà. La greffe de corne n'est pas un emploi tranquille, mais c'est quand même une chirurgie qui est de plus en plus assortie à des taux de succès visuels importants, à des réhabilitations visuelles rapides. Bien sûr, il ne faut pas négliger le fait qu'il puisse y avoir des rejets, ils sont bien plus rares que dans d'autres organes, et des différentes spécificités chirurgicales, mais c'est quand même une prise en charge thérapeutique importante de la corne.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Je pense qu'on a fait un peu le tour. à la fois des pathologies et de la façon dont on pouvait les traiter, non forcément les guérir, mais les traiter. Peut-être que vous auriez des conseils à donner, simplement de bonnes pratiques pour prendre soin de sa cornée quand elle n'est pas malade, quand elle est saine ?

  • Speaker #1

    Ou avant qu'elle le soit. Eh bien, oui, tout à fait, vous avez raison, c'est très important. Pensez un peu à cette question tout à l'heure, quand je vous parlais du kératocone. Alors, des précautions à prendre simples, c'est effectivement très important. de le rappeler. La première des choses à dire, c'est d'éviter de se frotter les yeux. Le frottement mécanique des yeux, en particulier chez l'enfant ou l'adolescent, peut conduire à cette fameuse pathologie dont on parlait tout à l'heure, cette déformation mécanique de la cornée qu'on appelle le kératocone. On a démontré, de nombreuses études ont montré que la majorité des kératocones qui surviennent d'ailleurs dans la période de l'adolescence ou de la post-adolescence, surviennent chez des gens qui ont des allergies chroniques et qui se frottent énormément les yeux. Donc ça, c'est très important de le dire, ne pas se frotter les yeux, et ou consulter si le symptôme est persistant, et parfois l'ophtalmologiste pourra faire en sorte de diminuer ce prurite et de permettre aux gens de moins se frotter les yeux. Ça, c'est vraiment un point important. Deuxièmement, je pense aux porteurs de lentilles de contact, qui représentent des millions de personnes dans notre pays et puis ailleurs, et qui bénéficient de lentilles de contact comme une merveilleuse méthode de correction des anomalies de la vision. de plus en plus performante, mais qui là encore justifie d'un certain nombre de précautions simples. Avoir une bonne hygiène des mains quand on les manipule, privilégier un corps diurne, éviter de dormir avec, privilégier aussi des lentilles soit quotidiennes, soit renouvellement fréquentes, de telle sorte que le matériel utilisé est le plus propre possible, éviter toute contamination avec de l'eau au niveau des lentilles, ne jamais conserver les lentilles dans un étui avec de l'eau. éviter de se baigner avec les lentilles ou de se doucher les yeux ouverts avec. Bref, un certain nombre de précautions. Et puis après, en termes de conseils, si jamais malgré tout ça, apparaissent des douleurs surtout, des rougeurs, un œil rouge, douloureux, ne parlons pas d'une baisse de vision, eh bien sans tarder, d'aller consulter son ophtalmologiste ou des urgences ophtalmologiques si on n'est pas près de son domicile, de son cabinet habituel.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, professeur Pisella, pour cet éclairage et pour votre partage d'expertise. Comme nous avons l'habitude de le faire, pour conclure chaque épisode de ce podcast, j'aimerais effectuer un petit résumé de notre échange sur la cornée. La cornée, c'est un tissu transparent qui est situé à l'avant de l'œil, qui est constitué de cinq couches, qui assurent une fonction à la fois de protection par rapport à l'extérieur et une fonction de lentille. Elle peut être affectée, vous l'avez dit, par différentes pathologies. Ces pathologies peuvent provoquer des douleurs, une sensibilité accrue à la lumière. des sécrétions oculaires, voire même une baisse de la vision. Et ces pathologies cornéennes peuvent avoir des origines multiples. C'est-à-dire que, vous l'avez évoqué, il peut s'agir d'origines traumatiques, inflammatoires, virales, bactériennes. Et de ce fait, leur prise en charge va vraiment dépendre de l'origine de la pathologie. La prise en charge peut même aller jusqu'à la grève de la cornée dans des cas très particuliers, vous l'avez expliqué. Et pour finir... Nous avons évoqué les conditions pour garder une cornée saine et pour éviter l'apparition de ces pathologies. La première des recommandations, c'est de ne pas se frotter les yeux, avec également la nécessité de ne jamais introduire de substances étrangères ou potentiellement nocives au niveau des yeux. En cas de symptômes, vous l'avez rappelé, il est effectivement nécessaire de consulter très rapidement un ophtalmologiste. Est-ce qu'il y aurait quelque chose à ajouter ?

  • Speaker #1

    Écoutez, bravo pour cette synthèse, parce que je crois, j'ai essayé de suivre avec attention, il me semble que vous n'avez rien oublié de tout ce que l'on a pu dire. Je crois qu'avec tout ça, nos auditeurs vont prendre soin de leur santé et aussi avoir le bénéfice des traitements si jamais ils en ont besoin.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, professeur Pisella.

  • Speaker #1

    Au revoir et merci beaucoup à vous.

  • Speaker #0

    Au revoir. Tout d'abord, un grand merci au professeur Pisella pour son partage d'expertise. Nous espérons que cet épisode vous a permis de mieux comprendre le fonctionnement de la cornée, d'identifier les potentielles pathologies et traitements, mais surtout de connaître les bonnes pratiques pour prendre soin de sa cornée. Pour ne pas manquer le prochain épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétine et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Téo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, retrouvez-nous sur teo-med.fr. Il a été conçu par Fleur Chrétien et réalisé par l'agence Aum.

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Description

Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’ophtalmologie !

 

Après avoir évoqué la cataracte avec le Dr Costantini, nous abordons aujourd’hui le sujet de la cornée. Considérée comme la première lentille transparente de l’œil, la cornée joue un rôle essentiel pour la transmission de la lumière. Elle occupe également une fonction de barrière entre l’environnement extérieur et l’intérieur de l’œil.

Pour expliquer l’anatomie et le fonctionnement de la cornée, nous recevons le Professeur Pisella, pratricien hospitalier, professeur des Universités et chef du service d'ophtalmologie au CHU de Tours.

 

Sans tarder, je laisse donc la parole au Pr Pisella. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l’ophtalmologie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Après avoir évoqué la cataracte avec le Dr Costantini, nous abordons aujourd'hui le sujet de la cornée. Considérée comme la première lentille transparente de l'œil, la cornée joue un rôle essentiel sur la transmission de la lumière. Elle occupe également une fonction de barrière entre l'environnement extérieur et l'intérieur de l'œil. Pour expliquer l'anatomie et le fonctionnement de la cornée, nous recevons le professeur Pisella. praticien hospitalier, professeur des universités et chef du service d'ophtalmologie du CHU de Tours. Sans tarder, je laisse donc la parole au professeur Pisella. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie. Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de Rétines et Pupilles. Nous allons aujourd'hui nous intéresser à la cornée. Pour évoquer ce sujet, nous recevons le professeur Pisella. qui est professeur des universités, praticien hospitalier et chef de service d'ophtalmologie au CHU de Tours. Il est également ancien président de la Société française d'ophtalmologie. Bonjour professeur Pisella.

  • Speaker #1

    Bonjour Fleur, bonjour à tous, merci de m'inviter.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le podcast Rétines et Pupilles. Alors avant de rentrer dans le vif du sujet, je vais vous poser la question commune à tous nos invités. Est-ce que vous pourriez vous présenter ?

  • Speaker #1

    Eh bien, oui, bien sûr, vous l'avez déjà fait, mais je suis ophtalmologiste et j'exerce en effet au CHRU de Tours et j'enseigne effectivement à la faculté de médecine de ce même hôpital. Ma spécialité dans l'ophtalmologie est plutôt centrée sur les pathologies du segment antérieur et de la cornée, même plus exactement de la surface oculaire, qui est aussi l'activité que j'exerce sur le plan chirurgical et sur le plan également de la recherche. Voilà ce qu'on pourra dire sur l'activité professionnelle.

  • Speaker #0

    Pourquoi vous avez choisi de devenir ophtalmologiste ? Est-ce que c'était une vocation ou plutôt un choix de raison ?

  • Speaker #1

    C'est plutôt une passion et c'est une passion qui est très claire dans ma tête, qui est née de la confrontation d'une myopie survenue dans la tendre adolescence qui m'a bien handicapé et que j'ai trouvé très pénible à vivre, et dont je me souviens encore, et de la magie que j'ai trouvée quand l'ophtalmologiste qui m'a vu à l'époque m'a bien sûr corrigé et puis surtout m'a mis des lentilles de contact. et a été capable de me rendre cet espèce de miracle que de voir net sans lunettes. Et j'ai trouvé que c'était quelque chose de fabuleux. Dès lors, j'avais envie de faire une carrière médicale, mais la vision et tout ce qui s'y rapproche, ou l'image en général, était quelque chose qui m'ont attiré. Et je n'ai eu de cesse que d'essayer de joindre les deux. Et l'ophtalmologie me paraît être toujours, 40 ans après, ce qui est la combinaison de tout cela.

  • Speaker #0

    Alors justement, qu'est-ce qui vous fait vous lever chaque matin ?

  • Speaker #1

    Cette même passion qui m'anime toujours. Et je dois dire que même si les prouesses chirurgicales ou les patients qu'on opère au quotidien vous renvoient toujours le plus souvent des choses positives, en vous remerciant et en étant si émerveilleux de ce que vous pouvez leur apporter, je dirais que la simple paire de lunettes chez un jeune, chez un adolescent, chez qui vous voyez dans son regard, c'est pas dans ses yeux, mais dans son regard, une joie qui s'illumine quand il a de nouveau la capacité de voir net, eh bien ça me donne toujours envie de me lever le matin parce que je trouve ça fabuleux. Je trouve qu'on a beaucoup de chance de faire ce métier.

  • Speaker #0

    Alors nous allons maintenant venir au sujet de cet épisode, à savoir la cornée. Nous l'avions évoqué avec le docteur Al-Bouganem dans l'épisode sur l'anatomie de l'œil, mais peut-être qu'un petit rappel serait le bienvenu pour nos auditeurs. Est-ce que vous pourriez nous réexpliquer ce qu'est la cornée et comment elle fonctionne ?

  • Speaker #1

    Absolument. Alors la cornée, c'est, je dirais pour commencer, un organe assez... Enfin, la partie de l'œil que je trouve assez merveilleuse. D'abord parce qu'on ne peut pas ne pas dire le premier mot qui la concerne, elle est transparente. C'est la seule partie de l'organisme humain qui est transparent, parfaitement transparent. Et à ce titre, elle assure un pouvoir de transmission de la lumière et un pouvoir d'amplification. C'est le premier dioptre de l'œil, c'est-à-dire que si on assimile l'œil humain à un système optique, ce système optique comporte deux lentilles principales, que sont la cornée et le cristallin. La cornée, c'est la plus puissante des deux. Elle vaut environ 40 dioptries contre 20 pour le cristal, ce qui fait une soixantaine de dioptries pour un œil humain. C'est déjà le point important. Je n'en voudrais pas, j'ai commencé par dire à quoi elle servait avant d'écrire peut-être l'anatomie, mais je crois que c'était important de s'en souvenir. C'est assez miraculeux, ce côté transparent. Et puis, il ne faut pas oublier que la cornée, elle est transparente et c'est un tissu qui est en contact avec le milieu extérieur, c'est-à-dire avec les agressions. tout au long de la vie, ce qui est quand même assez extraordinaire. Et vous comprenez déjà qu'il va falloir, pour elle, garantir cette transparence tout en se protégeant de toutes ces agressions qui sont multiples, qui sont environnementales, qui sont physiques, qui sont chimiques, qui sont infectieuses, on en parlera peut-être tout à l'heure. Et tout ça en ayant finalement des défenses personnelles assez modestes, parce que si vous avez des défenses en matière d'organisme, ça veut dire des cellules, et si vous avez des cellules, ça veut dire aussi des vaisseaux sanguins, et tout ça concourt un peu à faire perdre de la transparence. Donc la cornée, c'est un empilement de couches, cinq couches, classique de l'écrire comme ça, qui sont de l'extérieur à l'intérieur. L'épithélium, c'est véritablement la barrière avec le milieu extérieur, recouverte par le film lacrymal, c'est très important. Et puis à l'intérieur, vous avez la grande lamelle centrale qui est du collagène, qu'on appelle le stroma. Entre les deux, il y a une petite membrane qu'on appelle la membrane de Desmé. Mais on ne va pas trop s'attacher à la décrire, disons que c'est une couche intermédiaire. Et puis de l'autre côté, vers l'intérieur de l'œil, il y a aussi une membrane étanche qu'on appelle l'endothélium, puisque c'est l'intérieur. Et là aussi, entre le stroma et l'endothélium, on a aussi une membrane qui assure un peu la rigidité de la cornée et qui s'appelle... La membrane de Desmet. Alors, il faut corriger, pardon, j'ai fait une erreur sur la deuxième couche. C'est la membrane de Baumann et non pas la membrane de Desmet qui est l'avant-dernière. Veuillez m'excuser. Voilà, donc l'anatomie de la cornée sur ces cinq couches. Sa caractéristique optique, sa transmission de lumière. Et puis, un mot de son fonctionnement. Son fonctionnement, c'est à la fois, encore une fois, la barrière avec le milieu extérieur, on l'a dit. Cette cornée a aussi besoin d'avoir un rôle de barrière du côté de l'intérieur de l'œil. Qu'est-ce qu'on trouve en contact avec cet endothélium, c'est-à-dire l'intérieur de la cornée ? Eh bien, l'humeur aqueuse, le liquide qui est contenu dans l'œil. On va dire que c'est de l'eau pour simplifier, même si ce n'est pas tout à fait vrai, c'est évidemment une filtration sanguine. Et il est très important que cette cornée reste étanche vis-à-vis de ce milieu aqueux, parce que si jamais vous avez une... perte d'étanchéité de cet endothélium, dans ce cas-là, l'eau, c'est-à-dire l'humeur aqueuse, va pénétrer les couches de la cornée, va pénétrer le stroma cornea. Celui-ci va se mettre à gonfler, à épaissir, et ainsi perdre sa transparence. C'est le fameux œdème de cornée. Je pense qu'on sera amené à en parler tout à l'heure en pathologie. Vous voyez que c'est quand même un fonctionnement compliqué entre l'extérieur, la réponse aux agressions, la lubrification par le phynacrymal, et en même temps, l'intérieur et cette importance du maintien de l'étanchéité.

  • Speaker #0

    Alors justement, quels sont les signes évocateurs d'une pathologie cornéenne ?

  • Speaker #1

    Alors, ils sont un peu multiples, mais il faut retenir ce qui amène les gens à consulter, bien sûr. Et il y a deux symptômes phares que sont la douleur, d'une part, qui peut être seule, ou associée à la baisse ou la perte d'acuité visuelle. Alors, on va commencer par parler de la douleur pour se souvenir que la cornée est un des organes les plus... plus nervé de l'organisme. C'est-à-dire que, sans faire de comparaison, c'est plusieurs centaines de fois plus énervé d'un point de vue sensitif, c'est-à-dire éventuellement douloureux, que la peau, par exemple. Et donc, on peut imaginer cette fameuse douleur, c'est la fameuse douleur de la kératite. La kératite, au sens strict du terme, c'est l'inflammation de la cornée, c'est l'atteinte du tissu cornéen au sens large. Et donc, quand vous avez une atteinte superficielle de la cornée, ça fait mal. C'est souvent associé à une rougeur de l'œil. Non pas de la cornée, qui encore une fois est un tissu transparent, mais du tissu qui l'accompagne en permanence, qui est sa fidèle sentinelle et qui s'appelle la conjonctive, qui est répartie tout autour de cette fameuse cornée, et dont le rôle principal est évidemment d'assurer une protection du globe oculaire, mais aussi un rôle de défense vis-à-vis de cette cornée pour l'aider à maintenir et à garantir sa transparence. Donc la douleur, point important. Et puis évidemment, comme c'est par là que l'image se forme dans l'œil, il vient tout... altération de sa transparence ou de son intégrité va entraîner une dégradation de la vision, que ce soit du flou, que ce soit de la baisse de vision si c'est par exemple un EDM, des déformations également. La déformation de la régularité de la cornée va engendrer ce qu'on appelle l'astigmatisme. Beaucoup de gens le connaissent. Il y a des astigmatismes qu'on a tous, plus ou moins physiologiquement, au niveau de notre vision et qui nécessitent une correction. Dans l'essentiel des cas, l'astigmatisme est... est lié à un défaut de rayon de courbure de la cornée. Donc vous voyez que c'est quand même important. Pour l'essentiel, on peut citer la photophobie, qui est aussi un signe important d'atteinte de la cornée. Quand il y a une sensibilité accrue à la lumière, c'est qu'en général, qui s'accompagne de douleurs, c'est en général une atteinte de la cornée.

  • Speaker #0

    Et quelles sont les principales pathologies de la cornée ?

  • Speaker #1

    Alors, la cornée, on l'a dit, elle est un peu au carrefour de toutes les agressions possibles, ce qui veut donc dire qu'en termes de pathologie, peut subir des agressions extérieures. Et il faut citer en premier les infections. La cornée peut être le siège d'infections qui, malheureusement, vont souvent être graves si elles atteignent les couches profondes de la cornée, en particulier le stroma. Parce que même si on arrive à guérir cette infection, je pense à une infection bactérienne par exemple, dont la plus connue, hélas, du grand public, est l'abcès de cornet secondaire à un port de lentilles, non pas le port en soi, mais ce qu'on appelle le mésusage, c'est-à-dire la mauvaise utilisation des lentilles de contact, et bien cet abcès, on peut imaginer le guérir d'un point de vue infectieux, c'est-à-dire qu'on va gagner sur l'infection, mais malheureusement, on risque d'avoir comme séquelle ce qu'on appelle une taie cornéenne, une tache blanche. En fait, la cornée, quand elle cicatrise, malheureusement, souvent perd sa transparence. Et vous imaginez que si ça se situe en plein milieu de l'axe visuel au niveau de la cornée, ça va engendrer, bien sûr, une baisse importante de l'acuité visuelle qui va avec. Donc l'infection, on a cité les bactéries, bien sûr les virus, dont le plus connu est l'herpès, qui est assez récurrent au niveau de la cornée et qui peut donner ces fameuses kératites qui reviennent. Les gens qui souffrent de ça sont des gens qui vont être embêtés. pratiquement tout au long de leur vie, de façon récurrente. Et puis, les infections au sens large, après la cornée, comme tout tissu, peut avoir des malformations de ce tissu, on appelle ça des dystrophies, c'est-à-dire que le tissu va involuer ou évoluer d'une mauvaise façon, et donc là encore avec un risque de perte de transparence, c'est toujours un peu l'obsession dans ce tissu. Et puis, citons quand même une pathologie importante dans le registre des pathologies cornéennes, qui est un peu particulière, qui est aussi une dystrophie qui s'appelle le kératocone. En fait, il va y avoir une modification, d'une certaine manière, de la rigidité de la cornée, de façon un peu schématique. La cornée va un peu se ramollir sur elle-même, et du coup va perdre un petit peu son architecture, avec le risque de se modifier en termes optiques, et d'engendrer un astigmatisme évolutif qu'il faudra essayer de stopper. et de corriger, bien sûr, en fonction de l'évolution de ce keratocone. Ça touche souvent les adultes jeunes, il faut bien le dire. On en parlera peut-être tout à l'heure. Voilà pour les principales pathologies. Et puis, bien sûr, il faut citer le traumatisme. Le traumatisme, quel qu'il soit, physique, chimique, peut engendrer des pathologies de corneille très importantes. Et il faut se protéger de ça. Je crois qu'on a fait à peu près le tour. On va citer les inflammations aussi, bien sûr, diverses et variées de la surface de l'œil qui peuvent toucher la corneille.

  • Speaker #0

    Vous venez de l'évoquer, donc il y a un grand nombre de pathologies qui peuvent affecter la cornée. Comment, justement, en fonction de la pathologie, on va traiter, on va guérir le problème de cornée ?

  • Speaker #1

    Alors, la question est très bonne, mais la réponse le sera moins. Et il faut en effet, je pense, faire le distinguo entre traiter et puis guérir. Traiter, on va le faire. On va le faire quasi systématiquement. Dans le domaine de l'infection, on va traiter l'infection. Si c'est un virus avec des antiviraux, si c'est une bactérie avec des antibiotiques, Et reconnaissons qu'on a, heureusement, le plus souvent la victoire sur l'agent pathogène. Mais en termes de guérison, je le disais tout à l'heure, alors là, en revanche, malheureusement, ce n'est pas toujours le cas. Et on peut avoir cette fameuse séquelle, j'y reviendrai pas, mais cette perte de transparence, ou même s'il n'y a pas une perte de transparence complète, en tout cas une perte de régularité de la cornée. La cornée, c'est vraiment une surface lisse et parfaitement... C'est un objet optique magnifiquement adapté. Et dès qu'elle est perturbée, Elle peut cicatriser, mais elle risque de cicatriser de façon irrégulière et engendrer ainsi une diminution de sa vision. Alors ça, c'est pour le chapitre un peu des infections. Il peut y avoir bien sûr une nécessité d'utiliser des gouttes diverses et variées d'anti-inflammatoires quand elle est enflammée, ça c'est également possible et on obtiendra souvent un traitement. Et puis, il y a la prise en charge de cette fameuse pathologie qui est le keratocone, qui est un peu spécifique. Là, ce qu'il faut essayer de faire, c'est premièrement stopper ce ramollissement cornea, cette déformation. Je ne suis pas tout à fait complet quand je disais ramollissement. Il y a non seulement un ramollissement, mais il y a aussi un amincissement. Autrement dit, il y a une fragilisation du tissu qui va un petit peu se modifier et engendrer ainsi une modification de la vision avec un astigmatisme évolutif. Il faut le stopper. Il y a divers moyens pour cela, y compris des moyens chimiques, ce qu'on appelle... cross-linking, qui consiste à faire une sorte de tannage, comme le tannage de la peau, qui va un peu rigidifier la cornée, et puis corriger cet astigmatisme. Alors on peut utiliser bien sûr des lentilles de contact, des lentilles rigides qui vont compenser la déformation de la cornée. On peut utiliser aussi des segments de plastique, qu'on appelle des anneaux intracornéens, qu'on va placer dans l'épaisseur de la cornée pour compenser la déformation cornéenne du keratocone. On peut combiner tout ça. On peut bien sûr utiliser les fameux lasers, qui sont connus du grand public, parce que c'est ceux qui concourent. à traiter les anomalies de la vision, la myopie, l'astigmatisme, l'hypermétropie sur la cornée, mais ils peuvent être utilisés, ces lasers aussi, à des fins thérapeutiques, afin de traiter ces fameuses cornées pathologiques. Voilà, tout ça est évidemment un arsenal thérapeutique. Et puis un mot de la chirurgie quand même, même si on ne va pas tout détailler, il arrive parfois que tout ça ne suffise pas, que malgré tout ça, on ait une perte de transparence presque quasi définitive ou presque totale de la cornée. On peut penser par exemple à une séquelle d'un accident chimique, une brûlure chimique de la cornée, ou une séquelle infectieuse sévère, ou une déformation extrême d'un kératocone qui n'aurait pu être traité à temps. Dans ces cas-là, il va falloir changer le tissu. Vous comprenez par là le mot qui va arriver, qui est le mot greffe. Dans la cornée, on greffe la cornée, soit de manière totale, et on le fait de moins en moins, soit de manière tissulaire, c'est-à-dire qu'on va... changer la couche du tissu corneal qui est malade afin d'être le plus spécifique possible. Je vous donne juste un seul exemple. Je vous disais tout à l'heure en introduction, quand il y a une perte d'étanchéité de l'intérieur de la cornée de l'endothélium, il y a de l'œdème corneal, une baisse de vision. On peut changer, on peut faire une greffe de l'endothélium corneal seul qui va redonner de l'étanchéité à cette cornée. C'est quelque chose d'assez fréquent parce qu'il y a des dystrophies de cet endothélium. ou parfois au décours d'une chirurgie de la cataracte qui a été parfois compliquée. Bref, il est parfois nécessaire de changer ce tissu, parce que la caractéristique, c'est d'avoir un taux de renouvellement de cellules très bas, ou quasi nul, et donc si vous perdez les cellules ou si elles sont malades, elles ne se renouvellent pas, la seule solution, c'est de les changer. Et donc, c'est ce qu'on appelle la grève de cornet, c'est quelque chose qu'on pratique, il y a 7000 grèves de cornet par an en France, et sans rentrer dans tous les détails, ça permet de restaurer la vision. Voilà. La greffe de corne n'est pas un emploi tranquille, mais c'est quand même une chirurgie qui est de plus en plus assortie à des taux de succès visuels importants, à des réhabilitations visuelles rapides. Bien sûr, il ne faut pas négliger le fait qu'il puisse y avoir des rejets, ils sont bien plus rares que dans d'autres organes, et des différentes spécificités chirurgicales, mais c'est quand même une prise en charge thérapeutique importante de la corne.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Je pense qu'on a fait un peu le tour. à la fois des pathologies et de la façon dont on pouvait les traiter, non forcément les guérir, mais les traiter. Peut-être que vous auriez des conseils à donner, simplement de bonnes pratiques pour prendre soin de sa cornée quand elle n'est pas malade, quand elle est saine ?

  • Speaker #1

    Ou avant qu'elle le soit. Eh bien, oui, tout à fait, vous avez raison, c'est très important. Pensez un peu à cette question tout à l'heure, quand je vous parlais du kératocone. Alors, des précautions à prendre simples, c'est effectivement très important. de le rappeler. La première des choses à dire, c'est d'éviter de se frotter les yeux. Le frottement mécanique des yeux, en particulier chez l'enfant ou l'adolescent, peut conduire à cette fameuse pathologie dont on parlait tout à l'heure, cette déformation mécanique de la cornée qu'on appelle le kératocone. On a démontré, de nombreuses études ont montré que la majorité des kératocones qui surviennent d'ailleurs dans la période de l'adolescence ou de la post-adolescence, surviennent chez des gens qui ont des allergies chroniques et qui se frottent énormément les yeux. Donc ça, c'est très important de le dire, ne pas se frotter les yeux, et ou consulter si le symptôme est persistant, et parfois l'ophtalmologiste pourra faire en sorte de diminuer ce prurite et de permettre aux gens de moins se frotter les yeux. Ça, c'est vraiment un point important. Deuxièmement, je pense aux porteurs de lentilles de contact, qui représentent des millions de personnes dans notre pays et puis ailleurs, et qui bénéficient de lentilles de contact comme une merveilleuse méthode de correction des anomalies de la vision. de plus en plus performante, mais qui là encore justifie d'un certain nombre de précautions simples. Avoir une bonne hygiène des mains quand on les manipule, privilégier un corps diurne, éviter de dormir avec, privilégier aussi des lentilles soit quotidiennes, soit renouvellement fréquentes, de telle sorte que le matériel utilisé est le plus propre possible, éviter toute contamination avec de l'eau au niveau des lentilles, ne jamais conserver les lentilles dans un étui avec de l'eau. éviter de se baigner avec les lentilles ou de se doucher les yeux ouverts avec. Bref, un certain nombre de précautions. Et puis après, en termes de conseils, si jamais malgré tout ça, apparaissent des douleurs surtout, des rougeurs, un œil rouge, douloureux, ne parlons pas d'une baisse de vision, eh bien sans tarder, d'aller consulter son ophtalmologiste ou des urgences ophtalmologiques si on n'est pas près de son domicile, de son cabinet habituel.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, professeur Pisella, pour cet éclairage et pour votre partage d'expertise. Comme nous avons l'habitude de le faire, pour conclure chaque épisode de ce podcast, j'aimerais effectuer un petit résumé de notre échange sur la cornée. La cornée, c'est un tissu transparent qui est situé à l'avant de l'œil, qui est constitué de cinq couches, qui assurent une fonction à la fois de protection par rapport à l'extérieur et une fonction de lentille. Elle peut être affectée, vous l'avez dit, par différentes pathologies. Ces pathologies peuvent provoquer des douleurs, une sensibilité accrue à la lumière. des sécrétions oculaires, voire même une baisse de la vision. Et ces pathologies cornéennes peuvent avoir des origines multiples. C'est-à-dire que, vous l'avez évoqué, il peut s'agir d'origines traumatiques, inflammatoires, virales, bactériennes. Et de ce fait, leur prise en charge va vraiment dépendre de l'origine de la pathologie. La prise en charge peut même aller jusqu'à la grève de la cornée dans des cas très particuliers, vous l'avez expliqué. Et pour finir... Nous avons évoqué les conditions pour garder une cornée saine et pour éviter l'apparition de ces pathologies. La première des recommandations, c'est de ne pas se frotter les yeux, avec également la nécessité de ne jamais introduire de substances étrangères ou potentiellement nocives au niveau des yeux. En cas de symptômes, vous l'avez rappelé, il est effectivement nécessaire de consulter très rapidement un ophtalmologiste. Est-ce qu'il y aurait quelque chose à ajouter ?

  • Speaker #1

    Écoutez, bravo pour cette synthèse, parce que je crois, j'ai essayé de suivre avec attention, il me semble que vous n'avez rien oublié de tout ce que l'on a pu dire. Je crois qu'avec tout ça, nos auditeurs vont prendre soin de leur santé et aussi avoir le bénéfice des traitements si jamais ils en ont besoin.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, professeur Pisella.

  • Speaker #1

    Au revoir et merci beaucoup à vous.

  • Speaker #0

    Au revoir. Tout d'abord, un grand merci au professeur Pisella pour son partage d'expertise. Nous espérons que cet épisode vous a permis de mieux comprendre le fonctionnement de la cornée, d'identifier les potentielles pathologies et traitements, mais surtout de connaître les bonnes pratiques pour prendre soin de sa cornée. Pour ne pas manquer le prochain épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétine et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Téo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, retrouvez-nous sur teo-med.fr. Il a été conçu par Fleur Chrétien et réalisé par l'agence Aum.

Description

Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’ophtalmologie !

 

Après avoir évoqué la cataracte avec le Dr Costantini, nous abordons aujourd’hui le sujet de la cornée. Considérée comme la première lentille transparente de l’œil, la cornée joue un rôle essentiel pour la transmission de la lumière. Elle occupe également une fonction de barrière entre l’environnement extérieur et l’intérieur de l’œil.

Pour expliquer l’anatomie et le fonctionnement de la cornée, nous recevons le Professeur Pisella, pratricien hospitalier, professeur des Universités et chef du service d'ophtalmologie au CHU de Tours.

 

Sans tarder, je laisse donc la parole au Pr Pisella. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l’ophtalmologie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Après avoir évoqué la cataracte avec le Dr Costantini, nous abordons aujourd'hui le sujet de la cornée. Considérée comme la première lentille transparente de l'œil, la cornée joue un rôle essentiel sur la transmission de la lumière. Elle occupe également une fonction de barrière entre l'environnement extérieur et l'intérieur de l'œil. Pour expliquer l'anatomie et le fonctionnement de la cornée, nous recevons le professeur Pisella. praticien hospitalier, professeur des universités et chef du service d'ophtalmologie du CHU de Tours. Sans tarder, je laisse donc la parole au professeur Pisella. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie. Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de Rétines et Pupilles. Nous allons aujourd'hui nous intéresser à la cornée. Pour évoquer ce sujet, nous recevons le professeur Pisella. qui est professeur des universités, praticien hospitalier et chef de service d'ophtalmologie au CHU de Tours. Il est également ancien président de la Société française d'ophtalmologie. Bonjour professeur Pisella.

  • Speaker #1

    Bonjour Fleur, bonjour à tous, merci de m'inviter.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le podcast Rétines et Pupilles. Alors avant de rentrer dans le vif du sujet, je vais vous poser la question commune à tous nos invités. Est-ce que vous pourriez vous présenter ?

  • Speaker #1

    Eh bien, oui, bien sûr, vous l'avez déjà fait, mais je suis ophtalmologiste et j'exerce en effet au CHRU de Tours et j'enseigne effectivement à la faculté de médecine de ce même hôpital. Ma spécialité dans l'ophtalmologie est plutôt centrée sur les pathologies du segment antérieur et de la cornée, même plus exactement de la surface oculaire, qui est aussi l'activité que j'exerce sur le plan chirurgical et sur le plan également de la recherche. Voilà ce qu'on pourra dire sur l'activité professionnelle.

  • Speaker #0

    Pourquoi vous avez choisi de devenir ophtalmologiste ? Est-ce que c'était une vocation ou plutôt un choix de raison ?

  • Speaker #1

    C'est plutôt une passion et c'est une passion qui est très claire dans ma tête, qui est née de la confrontation d'une myopie survenue dans la tendre adolescence qui m'a bien handicapé et que j'ai trouvé très pénible à vivre, et dont je me souviens encore, et de la magie que j'ai trouvée quand l'ophtalmologiste qui m'a vu à l'époque m'a bien sûr corrigé et puis surtout m'a mis des lentilles de contact. et a été capable de me rendre cet espèce de miracle que de voir net sans lunettes. Et j'ai trouvé que c'était quelque chose de fabuleux. Dès lors, j'avais envie de faire une carrière médicale, mais la vision et tout ce qui s'y rapproche, ou l'image en général, était quelque chose qui m'ont attiré. Et je n'ai eu de cesse que d'essayer de joindre les deux. Et l'ophtalmologie me paraît être toujours, 40 ans après, ce qui est la combinaison de tout cela.

  • Speaker #0

    Alors justement, qu'est-ce qui vous fait vous lever chaque matin ?

  • Speaker #1

    Cette même passion qui m'anime toujours. Et je dois dire que même si les prouesses chirurgicales ou les patients qu'on opère au quotidien vous renvoient toujours le plus souvent des choses positives, en vous remerciant et en étant si émerveilleux de ce que vous pouvez leur apporter, je dirais que la simple paire de lunettes chez un jeune, chez un adolescent, chez qui vous voyez dans son regard, c'est pas dans ses yeux, mais dans son regard, une joie qui s'illumine quand il a de nouveau la capacité de voir net, eh bien ça me donne toujours envie de me lever le matin parce que je trouve ça fabuleux. Je trouve qu'on a beaucoup de chance de faire ce métier.

  • Speaker #0

    Alors nous allons maintenant venir au sujet de cet épisode, à savoir la cornée. Nous l'avions évoqué avec le docteur Al-Bouganem dans l'épisode sur l'anatomie de l'œil, mais peut-être qu'un petit rappel serait le bienvenu pour nos auditeurs. Est-ce que vous pourriez nous réexpliquer ce qu'est la cornée et comment elle fonctionne ?

  • Speaker #1

    Absolument. Alors la cornée, c'est, je dirais pour commencer, un organe assez... Enfin, la partie de l'œil que je trouve assez merveilleuse. D'abord parce qu'on ne peut pas ne pas dire le premier mot qui la concerne, elle est transparente. C'est la seule partie de l'organisme humain qui est transparent, parfaitement transparent. Et à ce titre, elle assure un pouvoir de transmission de la lumière et un pouvoir d'amplification. C'est le premier dioptre de l'œil, c'est-à-dire que si on assimile l'œil humain à un système optique, ce système optique comporte deux lentilles principales, que sont la cornée et le cristallin. La cornée, c'est la plus puissante des deux. Elle vaut environ 40 dioptries contre 20 pour le cristal, ce qui fait une soixantaine de dioptries pour un œil humain. C'est déjà le point important. Je n'en voudrais pas, j'ai commencé par dire à quoi elle servait avant d'écrire peut-être l'anatomie, mais je crois que c'était important de s'en souvenir. C'est assez miraculeux, ce côté transparent. Et puis, il ne faut pas oublier que la cornée, elle est transparente et c'est un tissu qui est en contact avec le milieu extérieur, c'est-à-dire avec les agressions. tout au long de la vie, ce qui est quand même assez extraordinaire. Et vous comprenez déjà qu'il va falloir, pour elle, garantir cette transparence tout en se protégeant de toutes ces agressions qui sont multiples, qui sont environnementales, qui sont physiques, qui sont chimiques, qui sont infectieuses, on en parlera peut-être tout à l'heure. Et tout ça en ayant finalement des défenses personnelles assez modestes, parce que si vous avez des défenses en matière d'organisme, ça veut dire des cellules, et si vous avez des cellules, ça veut dire aussi des vaisseaux sanguins, et tout ça concourt un peu à faire perdre de la transparence. Donc la cornée, c'est un empilement de couches, cinq couches, classique de l'écrire comme ça, qui sont de l'extérieur à l'intérieur. L'épithélium, c'est véritablement la barrière avec le milieu extérieur, recouverte par le film lacrymal, c'est très important. Et puis à l'intérieur, vous avez la grande lamelle centrale qui est du collagène, qu'on appelle le stroma. Entre les deux, il y a une petite membrane qu'on appelle la membrane de Desmé. Mais on ne va pas trop s'attacher à la décrire, disons que c'est une couche intermédiaire. Et puis de l'autre côté, vers l'intérieur de l'œil, il y a aussi une membrane étanche qu'on appelle l'endothélium, puisque c'est l'intérieur. Et là aussi, entre le stroma et l'endothélium, on a aussi une membrane qui assure un peu la rigidité de la cornée et qui s'appelle... La membrane de Desmet. Alors, il faut corriger, pardon, j'ai fait une erreur sur la deuxième couche. C'est la membrane de Baumann et non pas la membrane de Desmet qui est l'avant-dernière. Veuillez m'excuser. Voilà, donc l'anatomie de la cornée sur ces cinq couches. Sa caractéristique optique, sa transmission de lumière. Et puis, un mot de son fonctionnement. Son fonctionnement, c'est à la fois, encore une fois, la barrière avec le milieu extérieur, on l'a dit. Cette cornée a aussi besoin d'avoir un rôle de barrière du côté de l'intérieur de l'œil. Qu'est-ce qu'on trouve en contact avec cet endothélium, c'est-à-dire l'intérieur de la cornée ? Eh bien, l'humeur aqueuse, le liquide qui est contenu dans l'œil. On va dire que c'est de l'eau pour simplifier, même si ce n'est pas tout à fait vrai, c'est évidemment une filtration sanguine. Et il est très important que cette cornée reste étanche vis-à-vis de ce milieu aqueux, parce que si jamais vous avez une... perte d'étanchéité de cet endothélium, dans ce cas-là, l'eau, c'est-à-dire l'humeur aqueuse, va pénétrer les couches de la cornée, va pénétrer le stroma cornea. Celui-ci va se mettre à gonfler, à épaissir, et ainsi perdre sa transparence. C'est le fameux œdème de cornée. Je pense qu'on sera amené à en parler tout à l'heure en pathologie. Vous voyez que c'est quand même un fonctionnement compliqué entre l'extérieur, la réponse aux agressions, la lubrification par le phynacrymal, et en même temps, l'intérieur et cette importance du maintien de l'étanchéité.

  • Speaker #0

    Alors justement, quels sont les signes évocateurs d'une pathologie cornéenne ?

  • Speaker #1

    Alors, ils sont un peu multiples, mais il faut retenir ce qui amène les gens à consulter, bien sûr. Et il y a deux symptômes phares que sont la douleur, d'une part, qui peut être seule, ou associée à la baisse ou la perte d'acuité visuelle. Alors, on va commencer par parler de la douleur pour se souvenir que la cornée est un des organes les plus... plus nervé de l'organisme. C'est-à-dire que, sans faire de comparaison, c'est plusieurs centaines de fois plus énervé d'un point de vue sensitif, c'est-à-dire éventuellement douloureux, que la peau, par exemple. Et donc, on peut imaginer cette fameuse douleur, c'est la fameuse douleur de la kératite. La kératite, au sens strict du terme, c'est l'inflammation de la cornée, c'est l'atteinte du tissu cornéen au sens large. Et donc, quand vous avez une atteinte superficielle de la cornée, ça fait mal. C'est souvent associé à une rougeur de l'œil. Non pas de la cornée, qui encore une fois est un tissu transparent, mais du tissu qui l'accompagne en permanence, qui est sa fidèle sentinelle et qui s'appelle la conjonctive, qui est répartie tout autour de cette fameuse cornée, et dont le rôle principal est évidemment d'assurer une protection du globe oculaire, mais aussi un rôle de défense vis-à-vis de cette cornée pour l'aider à maintenir et à garantir sa transparence. Donc la douleur, point important. Et puis évidemment, comme c'est par là que l'image se forme dans l'œil, il vient tout... altération de sa transparence ou de son intégrité va entraîner une dégradation de la vision, que ce soit du flou, que ce soit de la baisse de vision si c'est par exemple un EDM, des déformations également. La déformation de la régularité de la cornée va engendrer ce qu'on appelle l'astigmatisme. Beaucoup de gens le connaissent. Il y a des astigmatismes qu'on a tous, plus ou moins physiologiquement, au niveau de notre vision et qui nécessitent une correction. Dans l'essentiel des cas, l'astigmatisme est... est lié à un défaut de rayon de courbure de la cornée. Donc vous voyez que c'est quand même important. Pour l'essentiel, on peut citer la photophobie, qui est aussi un signe important d'atteinte de la cornée. Quand il y a une sensibilité accrue à la lumière, c'est qu'en général, qui s'accompagne de douleurs, c'est en général une atteinte de la cornée.

  • Speaker #0

    Et quelles sont les principales pathologies de la cornée ?

  • Speaker #1

    Alors, la cornée, on l'a dit, elle est un peu au carrefour de toutes les agressions possibles, ce qui veut donc dire qu'en termes de pathologie, peut subir des agressions extérieures. Et il faut citer en premier les infections. La cornée peut être le siège d'infections qui, malheureusement, vont souvent être graves si elles atteignent les couches profondes de la cornée, en particulier le stroma. Parce que même si on arrive à guérir cette infection, je pense à une infection bactérienne par exemple, dont la plus connue, hélas, du grand public, est l'abcès de cornet secondaire à un port de lentilles, non pas le port en soi, mais ce qu'on appelle le mésusage, c'est-à-dire la mauvaise utilisation des lentilles de contact, et bien cet abcès, on peut imaginer le guérir d'un point de vue infectieux, c'est-à-dire qu'on va gagner sur l'infection, mais malheureusement, on risque d'avoir comme séquelle ce qu'on appelle une taie cornéenne, une tache blanche. En fait, la cornée, quand elle cicatrise, malheureusement, souvent perd sa transparence. Et vous imaginez que si ça se situe en plein milieu de l'axe visuel au niveau de la cornée, ça va engendrer, bien sûr, une baisse importante de l'acuité visuelle qui va avec. Donc l'infection, on a cité les bactéries, bien sûr les virus, dont le plus connu est l'herpès, qui est assez récurrent au niveau de la cornée et qui peut donner ces fameuses kératites qui reviennent. Les gens qui souffrent de ça sont des gens qui vont être embêtés. pratiquement tout au long de leur vie, de façon récurrente. Et puis, les infections au sens large, après la cornée, comme tout tissu, peut avoir des malformations de ce tissu, on appelle ça des dystrophies, c'est-à-dire que le tissu va involuer ou évoluer d'une mauvaise façon, et donc là encore avec un risque de perte de transparence, c'est toujours un peu l'obsession dans ce tissu. Et puis, citons quand même une pathologie importante dans le registre des pathologies cornéennes, qui est un peu particulière, qui est aussi une dystrophie qui s'appelle le kératocone. En fait, il va y avoir une modification, d'une certaine manière, de la rigidité de la cornée, de façon un peu schématique. La cornée va un peu se ramollir sur elle-même, et du coup va perdre un petit peu son architecture, avec le risque de se modifier en termes optiques, et d'engendrer un astigmatisme évolutif qu'il faudra essayer de stopper. et de corriger, bien sûr, en fonction de l'évolution de ce keratocone. Ça touche souvent les adultes jeunes, il faut bien le dire. On en parlera peut-être tout à l'heure. Voilà pour les principales pathologies. Et puis, bien sûr, il faut citer le traumatisme. Le traumatisme, quel qu'il soit, physique, chimique, peut engendrer des pathologies de corneille très importantes. Et il faut se protéger de ça. Je crois qu'on a fait à peu près le tour. On va citer les inflammations aussi, bien sûr, diverses et variées de la surface de l'œil qui peuvent toucher la corneille.

  • Speaker #0

    Vous venez de l'évoquer, donc il y a un grand nombre de pathologies qui peuvent affecter la cornée. Comment, justement, en fonction de la pathologie, on va traiter, on va guérir le problème de cornée ?

  • Speaker #1

    Alors, la question est très bonne, mais la réponse le sera moins. Et il faut en effet, je pense, faire le distinguo entre traiter et puis guérir. Traiter, on va le faire. On va le faire quasi systématiquement. Dans le domaine de l'infection, on va traiter l'infection. Si c'est un virus avec des antiviraux, si c'est une bactérie avec des antibiotiques, Et reconnaissons qu'on a, heureusement, le plus souvent la victoire sur l'agent pathogène. Mais en termes de guérison, je le disais tout à l'heure, alors là, en revanche, malheureusement, ce n'est pas toujours le cas. Et on peut avoir cette fameuse séquelle, j'y reviendrai pas, mais cette perte de transparence, ou même s'il n'y a pas une perte de transparence complète, en tout cas une perte de régularité de la cornée. La cornée, c'est vraiment une surface lisse et parfaitement... C'est un objet optique magnifiquement adapté. Et dès qu'elle est perturbée, Elle peut cicatriser, mais elle risque de cicatriser de façon irrégulière et engendrer ainsi une diminution de sa vision. Alors ça, c'est pour le chapitre un peu des infections. Il peut y avoir bien sûr une nécessité d'utiliser des gouttes diverses et variées d'anti-inflammatoires quand elle est enflammée, ça c'est également possible et on obtiendra souvent un traitement. Et puis, il y a la prise en charge de cette fameuse pathologie qui est le keratocone, qui est un peu spécifique. Là, ce qu'il faut essayer de faire, c'est premièrement stopper ce ramollissement cornea, cette déformation. Je ne suis pas tout à fait complet quand je disais ramollissement. Il y a non seulement un ramollissement, mais il y a aussi un amincissement. Autrement dit, il y a une fragilisation du tissu qui va un petit peu se modifier et engendrer ainsi une modification de la vision avec un astigmatisme évolutif. Il faut le stopper. Il y a divers moyens pour cela, y compris des moyens chimiques, ce qu'on appelle... cross-linking, qui consiste à faire une sorte de tannage, comme le tannage de la peau, qui va un peu rigidifier la cornée, et puis corriger cet astigmatisme. Alors on peut utiliser bien sûr des lentilles de contact, des lentilles rigides qui vont compenser la déformation de la cornée. On peut utiliser aussi des segments de plastique, qu'on appelle des anneaux intracornéens, qu'on va placer dans l'épaisseur de la cornée pour compenser la déformation cornéenne du keratocone. On peut combiner tout ça. On peut bien sûr utiliser les fameux lasers, qui sont connus du grand public, parce que c'est ceux qui concourent. à traiter les anomalies de la vision, la myopie, l'astigmatisme, l'hypermétropie sur la cornée, mais ils peuvent être utilisés, ces lasers aussi, à des fins thérapeutiques, afin de traiter ces fameuses cornées pathologiques. Voilà, tout ça est évidemment un arsenal thérapeutique. Et puis un mot de la chirurgie quand même, même si on ne va pas tout détailler, il arrive parfois que tout ça ne suffise pas, que malgré tout ça, on ait une perte de transparence presque quasi définitive ou presque totale de la cornée. On peut penser par exemple à une séquelle d'un accident chimique, une brûlure chimique de la cornée, ou une séquelle infectieuse sévère, ou une déformation extrême d'un kératocone qui n'aurait pu être traité à temps. Dans ces cas-là, il va falloir changer le tissu. Vous comprenez par là le mot qui va arriver, qui est le mot greffe. Dans la cornée, on greffe la cornée, soit de manière totale, et on le fait de moins en moins, soit de manière tissulaire, c'est-à-dire qu'on va... changer la couche du tissu corneal qui est malade afin d'être le plus spécifique possible. Je vous donne juste un seul exemple. Je vous disais tout à l'heure en introduction, quand il y a une perte d'étanchéité de l'intérieur de la cornée de l'endothélium, il y a de l'œdème corneal, une baisse de vision. On peut changer, on peut faire une greffe de l'endothélium corneal seul qui va redonner de l'étanchéité à cette cornée. C'est quelque chose d'assez fréquent parce qu'il y a des dystrophies de cet endothélium. ou parfois au décours d'une chirurgie de la cataracte qui a été parfois compliquée. Bref, il est parfois nécessaire de changer ce tissu, parce que la caractéristique, c'est d'avoir un taux de renouvellement de cellules très bas, ou quasi nul, et donc si vous perdez les cellules ou si elles sont malades, elles ne se renouvellent pas, la seule solution, c'est de les changer. Et donc, c'est ce qu'on appelle la grève de cornet, c'est quelque chose qu'on pratique, il y a 7000 grèves de cornet par an en France, et sans rentrer dans tous les détails, ça permet de restaurer la vision. Voilà. La greffe de corne n'est pas un emploi tranquille, mais c'est quand même une chirurgie qui est de plus en plus assortie à des taux de succès visuels importants, à des réhabilitations visuelles rapides. Bien sûr, il ne faut pas négliger le fait qu'il puisse y avoir des rejets, ils sont bien plus rares que dans d'autres organes, et des différentes spécificités chirurgicales, mais c'est quand même une prise en charge thérapeutique importante de la corne.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Je pense qu'on a fait un peu le tour. à la fois des pathologies et de la façon dont on pouvait les traiter, non forcément les guérir, mais les traiter. Peut-être que vous auriez des conseils à donner, simplement de bonnes pratiques pour prendre soin de sa cornée quand elle n'est pas malade, quand elle est saine ?

  • Speaker #1

    Ou avant qu'elle le soit. Eh bien, oui, tout à fait, vous avez raison, c'est très important. Pensez un peu à cette question tout à l'heure, quand je vous parlais du kératocone. Alors, des précautions à prendre simples, c'est effectivement très important. de le rappeler. La première des choses à dire, c'est d'éviter de se frotter les yeux. Le frottement mécanique des yeux, en particulier chez l'enfant ou l'adolescent, peut conduire à cette fameuse pathologie dont on parlait tout à l'heure, cette déformation mécanique de la cornée qu'on appelle le kératocone. On a démontré, de nombreuses études ont montré que la majorité des kératocones qui surviennent d'ailleurs dans la période de l'adolescence ou de la post-adolescence, surviennent chez des gens qui ont des allergies chroniques et qui se frottent énormément les yeux. Donc ça, c'est très important de le dire, ne pas se frotter les yeux, et ou consulter si le symptôme est persistant, et parfois l'ophtalmologiste pourra faire en sorte de diminuer ce prurite et de permettre aux gens de moins se frotter les yeux. Ça, c'est vraiment un point important. Deuxièmement, je pense aux porteurs de lentilles de contact, qui représentent des millions de personnes dans notre pays et puis ailleurs, et qui bénéficient de lentilles de contact comme une merveilleuse méthode de correction des anomalies de la vision. de plus en plus performante, mais qui là encore justifie d'un certain nombre de précautions simples. Avoir une bonne hygiène des mains quand on les manipule, privilégier un corps diurne, éviter de dormir avec, privilégier aussi des lentilles soit quotidiennes, soit renouvellement fréquentes, de telle sorte que le matériel utilisé est le plus propre possible, éviter toute contamination avec de l'eau au niveau des lentilles, ne jamais conserver les lentilles dans un étui avec de l'eau. éviter de se baigner avec les lentilles ou de se doucher les yeux ouverts avec. Bref, un certain nombre de précautions. Et puis après, en termes de conseils, si jamais malgré tout ça, apparaissent des douleurs surtout, des rougeurs, un œil rouge, douloureux, ne parlons pas d'une baisse de vision, eh bien sans tarder, d'aller consulter son ophtalmologiste ou des urgences ophtalmologiques si on n'est pas près de son domicile, de son cabinet habituel.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, professeur Pisella, pour cet éclairage et pour votre partage d'expertise. Comme nous avons l'habitude de le faire, pour conclure chaque épisode de ce podcast, j'aimerais effectuer un petit résumé de notre échange sur la cornée. La cornée, c'est un tissu transparent qui est situé à l'avant de l'œil, qui est constitué de cinq couches, qui assurent une fonction à la fois de protection par rapport à l'extérieur et une fonction de lentille. Elle peut être affectée, vous l'avez dit, par différentes pathologies. Ces pathologies peuvent provoquer des douleurs, une sensibilité accrue à la lumière. des sécrétions oculaires, voire même une baisse de la vision. Et ces pathologies cornéennes peuvent avoir des origines multiples. C'est-à-dire que, vous l'avez évoqué, il peut s'agir d'origines traumatiques, inflammatoires, virales, bactériennes. Et de ce fait, leur prise en charge va vraiment dépendre de l'origine de la pathologie. La prise en charge peut même aller jusqu'à la grève de la cornée dans des cas très particuliers, vous l'avez expliqué. Et pour finir... Nous avons évoqué les conditions pour garder une cornée saine et pour éviter l'apparition de ces pathologies. La première des recommandations, c'est de ne pas se frotter les yeux, avec également la nécessité de ne jamais introduire de substances étrangères ou potentiellement nocives au niveau des yeux. En cas de symptômes, vous l'avez rappelé, il est effectivement nécessaire de consulter très rapidement un ophtalmologiste. Est-ce qu'il y aurait quelque chose à ajouter ?

  • Speaker #1

    Écoutez, bravo pour cette synthèse, parce que je crois, j'ai essayé de suivre avec attention, il me semble que vous n'avez rien oublié de tout ce que l'on a pu dire. Je crois qu'avec tout ça, nos auditeurs vont prendre soin de leur santé et aussi avoir le bénéfice des traitements si jamais ils en ont besoin.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, professeur Pisella.

  • Speaker #1

    Au revoir et merci beaucoup à vous.

  • Speaker #0

    Au revoir. Tout d'abord, un grand merci au professeur Pisella pour son partage d'expertise. Nous espérons que cet épisode vous a permis de mieux comprendre le fonctionnement de la cornée, d'identifier les potentielles pathologies et traitements, mais surtout de connaître les bonnes pratiques pour prendre soin de sa cornée. Pour ne pas manquer le prochain épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétine et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Téo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, retrouvez-nous sur teo-med.fr. Il a été conçu par Fleur Chrétien et réalisé par l'agence Aum.

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