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Rétines & pupilles

#HORS-SERIE 2 - Le dépistage dans les pays en développement avec Océane Soyez

#HORS-SERIE 2 - Le dépistage dans les pays en développement avec Océane Soyez

16min |08/11/2024
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#HORS-SERIE 2 - Le dépistage dans les pays en développement avec Océane Soyez

#HORS-SERIE 2 - Le dépistage dans les pays en développement avec Océane Soyez

16min |08/11/2024
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Description

Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’ophtalmologie !

Pour ce nouvel hors série, nous recevons Océane Soyez ; elle est orthoptiste et engagée dans l’association Eye Need View.

Dans cet épisode, elle nous raconte la mission de dépistage visuel qu’elle a effectuée au Kenya.

Elle nous explique comment les missions se préparent en amont, comment elles se déroulent sur place. Elle nous partage aussi son constat sur la santé visuelle de la population locale, et sur les besoins actuels des pays en développement.

Sans plus tarder, je laisse la parole à Océane. Je vous souhaite une bonne écoute, et une bonne immersion, dans le monde passionnant de l’ophtalmologie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rétines et Pupille,

  • Speaker #1

    le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Pour ce nouvel hors-série, nous recevons Océane Soyez. Elle est orthoptiste et engagée dans l'association Eye Need You. Dans cet épisode, elle nous raconte la mission de dépistage visuel qu'elle a effectuée au Kenya, elle nous explique comment l'émission se prépare en amont, comment elle se déroule sur place, elle nous partage aussi son constat sur la santé visuelle de la population locale et sur les besoins actuels des pays en développement. Sans plus tarder, je laisse la parole à Océane Soyez. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie.

  • Speaker #0

    Bonjour Océane Soyez, bienvenue dans le podcast Rétine et Pupilles. Alors nous vous accueillons aujourd'hui pour un hors-série un peu spécial qui fait suite au hors-série de rentrée consacré au dépistage en milieu scolaire. Aujourd'hui, nous allons parler de dépistage dans les pays en développement. Avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que vous pourriez vous présenter ?

  • Speaker #2

    Bonjour, je suis ravie d'être aujourd'hui avec vous pour ce podcast. Je m'appelle Océane Soyez, je suis orthoptiste depuis environ deux ans et demi. Je travaille actuellement avec un docteur où j'effectue la consultation aidée, des bilans orthoptiques, de la rééducation. J'ai un peu une activité variée, je fais aussi des lentilles, des contacts, des adaptations.

  • Speaker #0

    Alors, en plus de votre métier d'orthoptiste que vous exercez en France, vous faites partie de l'association Eye Need You. Est-ce que vous pourriez nous parler de cette association et aussi des missions que vous réalisez pour elle dans le cadre de votre engagement bénévole ?

  • Speaker #2

    Du coup, Eye Need You, c'est une association qui permet de faire des dépistages, notamment au Kenya. C'est une association qui est à but non lucratif. C'est une association qui va permettre de faire des groupes qui vont pouvoir partir en mission humanitaire au Kenya. Donc, on recrute des orthoptistes qui vont ensuite s'engager pour une mission humanitaire de 15 jours. C'est tout le temps des missions humanitaires courtes pour pouvoir aller ensuite faire des dépistages visuels, apporter du matériel, notamment des lunettes, pour pouvoir équiper les patients qui auront besoin ensuite. de lunettes.

  • Speaker #0

    Et ces missions, c'est organisé régulièrement ? Est-ce que ça se fait tous les ans, tous les deux ans, ou plusieurs fois par an ?

  • Speaker #2

    C'est organisé tous les ans, soit une fois, soit deux fois par an, en fonction de l'organisation. Ça prend beaucoup de temps d'organiser une mission humanitaire, et comme on a tous un peu nos travails respectifs, on est obligés de faire en fonction de tout le monde, sachant qu'en général, il y a une personne du bureau d'I Need You. de l'association qui part avec les bénévoles au Kenya. Ça permet d'encadrer les bénévoles qui ne sont jamais partis.

  • Speaker #0

    Alors comment la mission s'organise avant le départ ? Est-ce qu'il y a des choses à préparer ?

  • Speaker #2

    Oui, alors du coup, il y a tout un travail en amont à faire. Il faut récupérer des lunettes surtout. Les lunettes, on va les récupérer par exemple chez les opticiens. On peut faire des points de collecte dans nos cabinets respectifs où on travaille à l'année en France. Faire des points de collecte en disant qu'on part en mission humanitaire, on aimerait que les patients, qu'on voit s'ils ont des anciennes lunettes, des étuis souples, les ramènent pour qu'on puisse ensuite les emmener au Kenya. Une fois qu'on a récupéré tout ça, que ce soit chez les opticiens ou dans le cabinet respectif, On va mesurer les corrections optiques pour savoir un petit peu la correction de la lunette qu'on a récoltée. On les étiquette, donc sur les lunettes, on va marquer la correction. Ensuite, on va faire vraiment des petites poches avec les lunettes hypermétropes, les lunettes myopes, les lunettes progressives, les petites corrections, les grosses corrections. Enfin, on fait des petits sachets pour vraiment gagner du temps une fois sur place. Une fois qu'on a examiné le patient... On va chercher dans nos petites poches la lunette la plus adaptée à son défaut visuel.

  • Speaker #0

    Et au-delà des lunettes, quel est le matériel que vous emportez, vous, pour pouvoir faire votre travail d'orthoptiste sur place ?

  • Speaker #2

    On part avec une petite liste de choses. Donc, les lunettes qu'on a récoltées en France au préalable, la mallette de verre d'essai pour pouvoir faire une réfraction et ensuite pouvoir donner... les lunettes qu'on a récoltées, avec la correction approximativement la même. La réfraction, actuellement en France, c'est très moderne, ça va super vite. Mais là, du coup, on doit s'adapter au fait qu'on ne dépistera pas forcément dans des endroits où il y aura de l'électricité. Du coup, on est obligé de partir avec des boîtes de verres d'essai. Ces verres d'essai, on va ensuite faire une réfraction manuelle. À la différence d'aujourd'hui où on fait des réfractions automatiques, là c'est vraiment, on pose une monture d'essai sur le nez du patient et on vient mettre des verres jusqu'à trouver la correction idéale pour lui. Ensuite, on part aussi avec un petit peu de matériel orthoptique, donc pour vérifier qu'il n'y a pas de strabisme. On part avec une lampe crayon, un cover test, des mires de fixation, un test de vision stéréoscopique. Et je crois que c'est à peu près tout. On part avec le minimum, mais ça suffit à faire un bilan complet.

  • Speaker #0

    Alors ça, c'est sur la phase préparatoire. Ensuite, il y a effectivement le voyage. Concrètement, vous prenez l'avion, vous atterrissez à Nairobi. Et comment ça se passe ensuite ?

  • Speaker #2

    Du coup, on prend l'avion. Une fois arrivé à l'aéroport à Nairobi, on va être confronté à la douane, puisqu'on emporte beaucoup, beaucoup de lunettes. donc là après c'est toute une histoire de négociation avec la douane pour pouvoir enfin récupérer nos colis ensuite on est attendu par un représentant de l'association Eye Need You mais au Kenya qui va nous suivre un petit peu tout au long de la mission donc une fois qu'on est à Nairobi on part avec lui qui nous attend du coup à la sortie de l'aéroport on va prendre le train pour aller jusqu'à un petit village à Téhita. C'est un petit village qui a plusieurs heures de train. Et ensuite, on sera amené par la personne représentante d'Ainit View au Kenya, qui va nous dispatcher après, qui va nous faire le chauffeur pour nous amener dans les lieux où on va faire les dépistages qui sont déjà prévus à l'avance, les lieux. Nous, en tant que bénévoles, on ne sait pas où on dépiste avant d'y arriver, mais eux, ils sont très organisés, ils savent où on va. Donc, on peut aller dans des dispensaires, donc à l'hôpital là-bas. On a dépisté aussi dans des églises, donc c'était un peu improvisé, c'est-à-dire qu'on est sur l'église, on organise, on met notre matériel, on se met bien, on se met nos petites chaises et puis on s'organise comme ça de nous-mêmes. Et voilà.

  • Speaker #0

    Dans le hors-série précédent, on avait abordé justement cette question du dépistage et notamment du dépistage en milieu scolaire. On a essentiellement parlé des enfants. Est-ce que vous, vous êtes... essentiellement sur ce type de dépistage, c'est-à-dire le dépistage de problèmes chez les enfants, ou est-ce que vous adressez aussi à d'autres profils, et il y a d'autres profils qui viennent consulter ?

  • Speaker #2

    Alors, on dépiste tous les profils. Ça dépend, en fait. Soit il y a des moments où on fait du dépistage scolaire, aussi dans les écoles comme en France. Et il y a aussi des moments, comme les dépistages qu'on fait dans les églises, dans les dispensaires. Là, c'est vraiment ouvert à tous. Donc, il va y avoir des enfants, il va y avoir des personnes âgées, il va y avoir des adultes. Mais ce n'est vraiment pas essentiellement que des enfants. Justement, j'ai trouvé que quand on est partis, c'était surtout des personnes âgées qui venaient quand ils avaient la presbytie, donc plutôt entre 45 et plus. C'est à partir de ce moment-là où la vision de près diminue. Et du coup, comme c'est un pays qui est très croyant, ils ont besoin de voir leur Bible. Et les plantes... qu'on a beaucoup récolté, c'est j'arrive pas à lire ma Bible, il me faut des lunettes pour voir de près

  • Speaker #0

    Alors comment, justement, que ce soit dans les églises, dans les écoles ou dans les dispensaires, comment ça se déroule une journée de consultation ?

  • Speaker #2

    Alors on arrive, on s'installe, c'est-à-dire qu'on décharge nos lunettes qu'on a récoltées, qui sont dans des valises bien rangées, dans des sachets étiquetés. On organise nos mallettes, on organise des postes de travail. En fait, on récupère des chaises qui sont sur place. On en met une pour le patient et une pour nous en face du patient. On a une petite table à côté de nous où on met nos mallettes de verre et tout le matériel nécessaire, lampes, crayons, couvertesses, etc. Et on organise des postes comme ça, deux par deux. Donc, le patient arrive, il s'installe et ensuite, nous, on commence l'examen. Donc, on lui demande pourquoi il vient. Qu'est-ce qui ne va pas au niveau de ses yeux ? Et du coup, en fonction de la plainte, on commence à faire l'examen. Donc, l'acuité visuelle, sans correction, voir ce qui, tout simplement, lui chiffre une acuité visuelle pour se rendre compte du défaut plus ou moins visuel qu'il a. Et en fonction, après, là, on va venir faire une rétraction avec les verres à laisser pour essayer d'améliorer sa vision au maximum.

  • Speaker #0

    Alors, chez les adultes, vous l'avez dit, il y a souvent des problèmes de presbytie. Est-ce que chez les enfants, vous détectez, vous dépistez beaucoup de problèmes visuels ?

  • Speaker #2

    Sur la mission humanitaire que j'ai faite, je ne sais pas si c'est pareil pour toutes les missions, il y avait peu de défauts visuels chez les enfants. Mais justement, ce qui était très drôle, c'est que... Ils mentaient un peu, les enfants. C'est-à-dire qu'on les voyait, ils voyaient tous rien. Et au final, après l'examen, après la réfraction, on se rendait compte que le défaut visuel était proche de zéro, voire il n'y avait pas de défaut visuel. Et en fait, on s'est rendu compte que c'est tout simplement parce que les lunettes, c'est quelque chose de précieux dans leur pays. Ils n'ont pas grand-chose et du coup, la moindre chose qu'on peut leur apporter ou leur donner, c'est vraiment un cadeau. Du coup, ils voulaient un peu tous des lunettes. C'était assez rigolo. Au final, on finissait par leur dire t'as besoin de lunettes, tout va bien Ou alors, on leur donnait une petite paire de lunettes de repos quand il y avait un petit défaut visuel. Ils étaient tous trop contents.

  • Speaker #0

    Alors justement, par rapport au défaut visuel, quel constat vous pouvez faire après cette première mission humanitaire ? Le constat global que vous faites sur la santé visuelle au Kenya, est-ce que les problématiques sont les mêmes qu'en France ou est-ce que l'état de santé visuelle est différent ?

  • Speaker #2

    Non, le constat n'est vraiment pas pareil. En France, il y a beaucoup de personnes myopes, de plus en plus, et au Kenya, il y en a très peu. C'est surtout, je pense, une question d'environnement. Nous, on est énormément en vision de près, énormément sur les écrans. Eux, ils stimulent surtout leur vision de loin. Du coup, l'œil grandit de façon normale, en gros. Et du coup, on se retrouve avec des tout petits défauts visuels ou juste de la presbytie, c'est-à-dire un défaut visuel qui arrive à tout le monde à partir d'un certain âge et qui, du coup... impacte la vision de près essentiellement. Il y a beaucoup moins de gros défauts visuels, il y en a, mais c'est plus rare.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a des défauts visuels qui peuvent être dus justement au soleil et aux conditions de vie là-bas ?

  • Speaker #2

    Ce ne sont pas des défauts visuels, ça va plus être des cataractes. Il y a beaucoup de cataractes dues au soleil, il y a énormément de cataractes. D'ailleurs, c'est une des premières causes de cécité en Afrique. Il y a beaucoup de conjonctivites vernales, donc ça c'est vraiment dû au soleil. et c'est vraiment très impressionnant. On en voit peu en France et là-bas, c'est vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup. Donc là, du coup, nous, en tant que bénévoles de la mission humanitaire et en tant qu'orthoptistes, on ne peut pas faire grand-chose à part les réadresser vers un ophtalmologiste. Quand je suis partie en mission humanitaire, la semaine qui suivait, on a eu la chance d'avoir, qui ne faisait pas du tout partie de I Need You, mais des ophtalmos qui venaient également en mission. pour consulter les personnes. Et donc, on les renvoyait la semaine suivante, donc toutes les cataractes pour qu'ils soient opérés. Pareil, les conjonctes suédois et les choses très impressionnantes qu'on voyait, on les redirigeait vers ces ophtalmo qui venaient la semaine suivante.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'il vous arrivait, pendant ces missions humanitaires, de détecter des problèmes de santé qui sortaient un peu du champ de compétences ou en tout cas de ce que vous pouviez apporter et traiter en étant sur place ?

  • Speaker #2

    Oui, je me souviens d'un petit garçon justement qui vient parce qu'il ne voit pas bien. Effectivement, on lui fait une acuité visuelle et on se rend compte qu'il voit très mal. On essaye de lui mettre des verres de lunettes et ça ne change rien. On voit également sur lui qu'il a les yeux qui sortent des orbites. Et du coup, on se pose la question d'une pathologie sous-jacente, de frêmes de thyroïde par exemple, ou d'autres pathologies qui peuvent causer cet exosthalmie. Et là, du coup, on se retrouve un peu dans une impasse parce que nous, on n'a pas les compétences pour faire ça. On est orthoptiste, on vient faire du dépistage visuel, apporter des lunettes et des solutions aux défauts de vision. Mais là, on se retrouve dans une impasse où on ne peut pas venir en aide, malheureusement, à ce petit garçon. Il fallait qu'il voit un médecin. Et du coup, on l'a envoyé à l'hôpital faire des examens plus poussés.

  • Speaker #0

    Donc, il y a quand même la vertu de pouvoir, en tout cas, détecter non seulement des problèmes visuels, mais des problèmes aussi d'un autre ordre. Est-ce que... En 15 jours, vous pourriez estimer le nombre de personnes que vous avez vues ?

  • Speaker #2

    On en a vu beaucoup. Combien ? Je dirais environ une petite centaine par jour.

  • Speaker #0

    Donc une petite centaine par jour pendant 15 jours, puisque vous travaillez, de ce que j'ai compris, non-stop pendant 15 jours, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Oui, sauf les week-ends.

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous voudriez ajouter un petit mot pour finir cette interview, peut-être ?

  • Speaker #2

    J'aimerais ajouter qu'il y a des organismes qui s'occupent de trier de mesurer les lunettes, comme ce que nous, on peut faire avant de partir en mission humanitaire. On récolte, on trie et on mesure les lunettes. Là, il y a un organisme qui s'appelle Lunettes sans frontières qui s'occupe de faire tout ce travail en amont et ensuite nous envoie des lunettes déjà triées. Donc, c'est un gain de temps incroyable. Et donc, du coup, c'est très bien de déposer ces anciennes lunettes chez son opticien, ces anciennes lunettes au point de collègue de lunettes. pour qu'ils puissent ensuite être envoyés à des organismes comme Lunettes sans frontières et qu'on puisse ensuite pouvoir faire bénéficier des personnes dans le besoin de ces lunettes.

  • Speaker #0

    Un grand merci pour ce partage d'expérience qui nous éclaire en tout cas sur les problématiques des pays en développement, aussi sur les pathologies de vision qui sont les plus répandues, qui sont différentes de celles qui sont des pathologies françaises, et aussi sur la façon dont chacun peut, à son niveau, aider ses pays et contribuer à améliorer la santé visuelle des personnes qui y vivent. Merci beaucoup, Madame Soyer. À bientôt.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Au revoir.

  • Speaker #2

    Au revoir.

  • Speaker #1

    Tout d'abord, un grand merci à Océane Soyez pour son partage d'expérience. Nous espérons que ce hors-série vous offre un nouveau regard sur les problématiques de santé visuelle des pays en développement. Notre prochain rendez-vous Rétine et Pupilles aura lieu en novembre et c'est le professeur Pisella, professeur au CHU de Tours, qui viendra nous parler de pathologie cornéenne. Pour ne pas manquer l'épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétines et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Téo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, retrouvez-nous sur teo-med.fr. Il a été conçu par Fleur Chrétien et réalisé par l'agence Aum.

Description

Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’ophtalmologie !

Pour ce nouvel hors série, nous recevons Océane Soyez ; elle est orthoptiste et engagée dans l’association Eye Need View.

Dans cet épisode, elle nous raconte la mission de dépistage visuel qu’elle a effectuée au Kenya.

Elle nous explique comment les missions se préparent en amont, comment elles se déroulent sur place. Elle nous partage aussi son constat sur la santé visuelle de la population locale, et sur les besoins actuels des pays en développement.

Sans plus tarder, je laisse la parole à Océane. Je vous souhaite une bonne écoute, et une bonne immersion, dans le monde passionnant de l’ophtalmologie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rétines et Pupille,

  • Speaker #1

    le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Pour ce nouvel hors-série, nous recevons Océane Soyez. Elle est orthoptiste et engagée dans l'association Eye Need You. Dans cet épisode, elle nous raconte la mission de dépistage visuel qu'elle a effectuée au Kenya, elle nous explique comment l'émission se prépare en amont, comment elle se déroule sur place, elle nous partage aussi son constat sur la santé visuelle de la population locale et sur les besoins actuels des pays en développement. Sans plus tarder, je laisse la parole à Océane Soyez. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie.

  • Speaker #0

    Bonjour Océane Soyez, bienvenue dans le podcast Rétine et Pupilles. Alors nous vous accueillons aujourd'hui pour un hors-série un peu spécial qui fait suite au hors-série de rentrée consacré au dépistage en milieu scolaire. Aujourd'hui, nous allons parler de dépistage dans les pays en développement. Avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que vous pourriez vous présenter ?

  • Speaker #2

    Bonjour, je suis ravie d'être aujourd'hui avec vous pour ce podcast. Je m'appelle Océane Soyez, je suis orthoptiste depuis environ deux ans et demi. Je travaille actuellement avec un docteur où j'effectue la consultation aidée, des bilans orthoptiques, de la rééducation. J'ai un peu une activité variée, je fais aussi des lentilles, des contacts, des adaptations.

  • Speaker #0

    Alors, en plus de votre métier d'orthoptiste que vous exercez en France, vous faites partie de l'association Eye Need You. Est-ce que vous pourriez nous parler de cette association et aussi des missions que vous réalisez pour elle dans le cadre de votre engagement bénévole ?

  • Speaker #2

    Du coup, Eye Need You, c'est une association qui permet de faire des dépistages, notamment au Kenya. C'est une association qui est à but non lucratif. C'est une association qui va permettre de faire des groupes qui vont pouvoir partir en mission humanitaire au Kenya. Donc, on recrute des orthoptistes qui vont ensuite s'engager pour une mission humanitaire de 15 jours. C'est tout le temps des missions humanitaires courtes pour pouvoir aller ensuite faire des dépistages visuels, apporter du matériel, notamment des lunettes, pour pouvoir équiper les patients qui auront besoin ensuite. de lunettes.

  • Speaker #0

    Et ces missions, c'est organisé régulièrement ? Est-ce que ça se fait tous les ans, tous les deux ans, ou plusieurs fois par an ?

  • Speaker #2

    C'est organisé tous les ans, soit une fois, soit deux fois par an, en fonction de l'organisation. Ça prend beaucoup de temps d'organiser une mission humanitaire, et comme on a tous un peu nos travails respectifs, on est obligés de faire en fonction de tout le monde, sachant qu'en général, il y a une personne du bureau d'I Need You. de l'association qui part avec les bénévoles au Kenya. Ça permet d'encadrer les bénévoles qui ne sont jamais partis.

  • Speaker #0

    Alors comment la mission s'organise avant le départ ? Est-ce qu'il y a des choses à préparer ?

  • Speaker #2

    Oui, alors du coup, il y a tout un travail en amont à faire. Il faut récupérer des lunettes surtout. Les lunettes, on va les récupérer par exemple chez les opticiens. On peut faire des points de collecte dans nos cabinets respectifs où on travaille à l'année en France. Faire des points de collecte en disant qu'on part en mission humanitaire, on aimerait que les patients, qu'on voit s'ils ont des anciennes lunettes, des étuis souples, les ramènent pour qu'on puisse ensuite les emmener au Kenya. Une fois qu'on a récupéré tout ça, que ce soit chez les opticiens ou dans le cabinet respectif, On va mesurer les corrections optiques pour savoir un petit peu la correction de la lunette qu'on a récoltée. On les étiquette, donc sur les lunettes, on va marquer la correction. Ensuite, on va faire vraiment des petites poches avec les lunettes hypermétropes, les lunettes myopes, les lunettes progressives, les petites corrections, les grosses corrections. Enfin, on fait des petits sachets pour vraiment gagner du temps une fois sur place. Une fois qu'on a examiné le patient... On va chercher dans nos petites poches la lunette la plus adaptée à son défaut visuel.

  • Speaker #0

    Et au-delà des lunettes, quel est le matériel que vous emportez, vous, pour pouvoir faire votre travail d'orthoptiste sur place ?

  • Speaker #2

    On part avec une petite liste de choses. Donc, les lunettes qu'on a récoltées en France au préalable, la mallette de verre d'essai pour pouvoir faire une réfraction et ensuite pouvoir donner... les lunettes qu'on a récoltées, avec la correction approximativement la même. La réfraction, actuellement en France, c'est très moderne, ça va super vite. Mais là, du coup, on doit s'adapter au fait qu'on ne dépistera pas forcément dans des endroits où il y aura de l'électricité. Du coup, on est obligé de partir avec des boîtes de verres d'essai. Ces verres d'essai, on va ensuite faire une réfraction manuelle. À la différence d'aujourd'hui où on fait des réfractions automatiques, là c'est vraiment, on pose une monture d'essai sur le nez du patient et on vient mettre des verres jusqu'à trouver la correction idéale pour lui. Ensuite, on part aussi avec un petit peu de matériel orthoptique, donc pour vérifier qu'il n'y a pas de strabisme. On part avec une lampe crayon, un cover test, des mires de fixation, un test de vision stéréoscopique. Et je crois que c'est à peu près tout. On part avec le minimum, mais ça suffit à faire un bilan complet.

  • Speaker #0

    Alors ça, c'est sur la phase préparatoire. Ensuite, il y a effectivement le voyage. Concrètement, vous prenez l'avion, vous atterrissez à Nairobi. Et comment ça se passe ensuite ?

  • Speaker #2

    Du coup, on prend l'avion. Une fois arrivé à l'aéroport à Nairobi, on va être confronté à la douane, puisqu'on emporte beaucoup, beaucoup de lunettes. donc là après c'est toute une histoire de négociation avec la douane pour pouvoir enfin récupérer nos colis ensuite on est attendu par un représentant de l'association Eye Need You mais au Kenya qui va nous suivre un petit peu tout au long de la mission donc une fois qu'on est à Nairobi on part avec lui qui nous attend du coup à la sortie de l'aéroport on va prendre le train pour aller jusqu'à un petit village à Téhita. C'est un petit village qui a plusieurs heures de train. Et ensuite, on sera amené par la personne représentante d'Ainit View au Kenya, qui va nous dispatcher après, qui va nous faire le chauffeur pour nous amener dans les lieux où on va faire les dépistages qui sont déjà prévus à l'avance, les lieux. Nous, en tant que bénévoles, on ne sait pas où on dépiste avant d'y arriver, mais eux, ils sont très organisés, ils savent où on va. Donc, on peut aller dans des dispensaires, donc à l'hôpital là-bas. On a dépisté aussi dans des églises, donc c'était un peu improvisé, c'est-à-dire qu'on est sur l'église, on organise, on met notre matériel, on se met bien, on se met nos petites chaises et puis on s'organise comme ça de nous-mêmes. Et voilà.

  • Speaker #0

    Dans le hors-série précédent, on avait abordé justement cette question du dépistage et notamment du dépistage en milieu scolaire. On a essentiellement parlé des enfants. Est-ce que vous, vous êtes... essentiellement sur ce type de dépistage, c'est-à-dire le dépistage de problèmes chez les enfants, ou est-ce que vous adressez aussi à d'autres profils, et il y a d'autres profils qui viennent consulter ?

  • Speaker #2

    Alors, on dépiste tous les profils. Ça dépend, en fait. Soit il y a des moments où on fait du dépistage scolaire, aussi dans les écoles comme en France. Et il y a aussi des moments, comme les dépistages qu'on fait dans les églises, dans les dispensaires. Là, c'est vraiment ouvert à tous. Donc, il va y avoir des enfants, il va y avoir des personnes âgées, il va y avoir des adultes. Mais ce n'est vraiment pas essentiellement que des enfants. Justement, j'ai trouvé que quand on est partis, c'était surtout des personnes âgées qui venaient quand ils avaient la presbytie, donc plutôt entre 45 et plus. C'est à partir de ce moment-là où la vision de près diminue. Et du coup, comme c'est un pays qui est très croyant, ils ont besoin de voir leur Bible. Et les plantes... qu'on a beaucoup récolté, c'est j'arrive pas à lire ma Bible, il me faut des lunettes pour voir de près

  • Speaker #0

    Alors comment, justement, que ce soit dans les églises, dans les écoles ou dans les dispensaires, comment ça se déroule une journée de consultation ?

  • Speaker #2

    Alors on arrive, on s'installe, c'est-à-dire qu'on décharge nos lunettes qu'on a récoltées, qui sont dans des valises bien rangées, dans des sachets étiquetés. On organise nos mallettes, on organise des postes de travail. En fait, on récupère des chaises qui sont sur place. On en met une pour le patient et une pour nous en face du patient. On a une petite table à côté de nous où on met nos mallettes de verre et tout le matériel nécessaire, lampes, crayons, couvertesses, etc. Et on organise des postes comme ça, deux par deux. Donc, le patient arrive, il s'installe et ensuite, nous, on commence l'examen. Donc, on lui demande pourquoi il vient. Qu'est-ce qui ne va pas au niveau de ses yeux ? Et du coup, en fonction de la plainte, on commence à faire l'examen. Donc, l'acuité visuelle, sans correction, voir ce qui, tout simplement, lui chiffre une acuité visuelle pour se rendre compte du défaut plus ou moins visuel qu'il a. Et en fonction, après, là, on va venir faire une rétraction avec les verres à laisser pour essayer d'améliorer sa vision au maximum.

  • Speaker #0

    Alors, chez les adultes, vous l'avez dit, il y a souvent des problèmes de presbytie. Est-ce que chez les enfants, vous détectez, vous dépistez beaucoup de problèmes visuels ?

  • Speaker #2

    Sur la mission humanitaire que j'ai faite, je ne sais pas si c'est pareil pour toutes les missions, il y avait peu de défauts visuels chez les enfants. Mais justement, ce qui était très drôle, c'est que... Ils mentaient un peu, les enfants. C'est-à-dire qu'on les voyait, ils voyaient tous rien. Et au final, après l'examen, après la réfraction, on se rendait compte que le défaut visuel était proche de zéro, voire il n'y avait pas de défaut visuel. Et en fait, on s'est rendu compte que c'est tout simplement parce que les lunettes, c'est quelque chose de précieux dans leur pays. Ils n'ont pas grand-chose et du coup, la moindre chose qu'on peut leur apporter ou leur donner, c'est vraiment un cadeau. Du coup, ils voulaient un peu tous des lunettes. C'était assez rigolo. Au final, on finissait par leur dire t'as besoin de lunettes, tout va bien Ou alors, on leur donnait une petite paire de lunettes de repos quand il y avait un petit défaut visuel. Ils étaient tous trop contents.

  • Speaker #0

    Alors justement, par rapport au défaut visuel, quel constat vous pouvez faire après cette première mission humanitaire ? Le constat global que vous faites sur la santé visuelle au Kenya, est-ce que les problématiques sont les mêmes qu'en France ou est-ce que l'état de santé visuelle est différent ?

  • Speaker #2

    Non, le constat n'est vraiment pas pareil. En France, il y a beaucoup de personnes myopes, de plus en plus, et au Kenya, il y en a très peu. C'est surtout, je pense, une question d'environnement. Nous, on est énormément en vision de près, énormément sur les écrans. Eux, ils stimulent surtout leur vision de loin. Du coup, l'œil grandit de façon normale, en gros. Et du coup, on se retrouve avec des tout petits défauts visuels ou juste de la presbytie, c'est-à-dire un défaut visuel qui arrive à tout le monde à partir d'un certain âge et qui, du coup... impacte la vision de près essentiellement. Il y a beaucoup moins de gros défauts visuels, il y en a, mais c'est plus rare.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a des défauts visuels qui peuvent être dus justement au soleil et aux conditions de vie là-bas ?

  • Speaker #2

    Ce ne sont pas des défauts visuels, ça va plus être des cataractes. Il y a beaucoup de cataractes dues au soleil, il y a énormément de cataractes. D'ailleurs, c'est une des premières causes de cécité en Afrique. Il y a beaucoup de conjonctivites vernales, donc ça c'est vraiment dû au soleil. et c'est vraiment très impressionnant. On en voit peu en France et là-bas, c'est vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup. Donc là, du coup, nous, en tant que bénévoles de la mission humanitaire et en tant qu'orthoptistes, on ne peut pas faire grand-chose à part les réadresser vers un ophtalmologiste. Quand je suis partie en mission humanitaire, la semaine qui suivait, on a eu la chance d'avoir, qui ne faisait pas du tout partie de I Need You, mais des ophtalmos qui venaient également en mission. pour consulter les personnes. Et donc, on les renvoyait la semaine suivante, donc toutes les cataractes pour qu'ils soient opérés. Pareil, les conjonctes suédois et les choses très impressionnantes qu'on voyait, on les redirigeait vers ces ophtalmo qui venaient la semaine suivante.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'il vous arrivait, pendant ces missions humanitaires, de détecter des problèmes de santé qui sortaient un peu du champ de compétences ou en tout cas de ce que vous pouviez apporter et traiter en étant sur place ?

  • Speaker #2

    Oui, je me souviens d'un petit garçon justement qui vient parce qu'il ne voit pas bien. Effectivement, on lui fait une acuité visuelle et on se rend compte qu'il voit très mal. On essaye de lui mettre des verres de lunettes et ça ne change rien. On voit également sur lui qu'il a les yeux qui sortent des orbites. Et du coup, on se pose la question d'une pathologie sous-jacente, de frêmes de thyroïde par exemple, ou d'autres pathologies qui peuvent causer cet exosthalmie. Et là, du coup, on se retrouve un peu dans une impasse parce que nous, on n'a pas les compétences pour faire ça. On est orthoptiste, on vient faire du dépistage visuel, apporter des lunettes et des solutions aux défauts de vision. Mais là, on se retrouve dans une impasse où on ne peut pas venir en aide, malheureusement, à ce petit garçon. Il fallait qu'il voit un médecin. Et du coup, on l'a envoyé à l'hôpital faire des examens plus poussés.

  • Speaker #0

    Donc, il y a quand même la vertu de pouvoir, en tout cas, détecter non seulement des problèmes visuels, mais des problèmes aussi d'un autre ordre. Est-ce que... En 15 jours, vous pourriez estimer le nombre de personnes que vous avez vues ?

  • Speaker #2

    On en a vu beaucoup. Combien ? Je dirais environ une petite centaine par jour.

  • Speaker #0

    Donc une petite centaine par jour pendant 15 jours, puisque vous travaillez, de ce que j'ai compris, non-stop pendant 15 jours, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Oui, sauf les week-ends.

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous voudriez ajouter un petit mot pour finir cette interview, peut-être ?

  • Speaker #2

    J'aimerais ajouter qu'il y a des organismes qui s'occupent de trier de mesurer les lunettes, comme ce que nous, on peut faire avant de partir en mission humanitaire. On récolte, on trie et on mesure les lunettes. Là, il y a un organisme qui s'appelle Lunettes sans frontières qui s'occupe de faire tout ce travail en amont et ensuite nous envoie des lunettes déjà triées. Donc, c'est un gain de temps incroyable. Et donc, du coup, c'est très bien de déposer ces anciennes lunettes chez son opticien, ces anciennes lunettes au point de collègue de lunettes. pour qu'ils puissent ensuite être envoyés à des organismes comme Lunettes sans frontières et qu'on puisse ensuite pouvoir faire bénéficier des personnes dans le besoin de ces lunettes.

  • Speaker #0

    Un grand merci pour ce partage d'expérience qui nous éclaire en tout cas sur les problématiques des pays en développement, aussi sur les pathologies de vision qui sont les plus répandues, qui sont différentes de celles qui sont des pathologies françaises, et aussi sur la façon dont chacun peut, à son niveau, aider ses pays et contribuer à améliorer la santé visuelle des personnes qui y vivent. Merci beaucoup, Madame Soyer. À bientôt.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Au revoir.

  • Speaker #2

    Au revoir.

  • Speaker #1

    Tout d'abord, un grand merci à Océane Soyez pour son partage d'expérience. Nous espérons que ce hors-série vous offre un nouveau regard sur les problématiques de santé visuelle des pays en développement. Notre prochain rendez-vous Rétine et Pupilles aura lieu en novembre et c'est le professeur Pisella, professeur au CHU de Tours, qui viendra nous parler de pathologie cornéenne. Pour ne pas manquer l'épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétines et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Téo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, retrouvez-nous sur teo-med.fr. Il a été conçu par Fleur Chrétien et réalisé par l'agence Aum.

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Description

Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’ophtalmologie !

Pour ce nouvel hors série, nous recevons Océane Soyez ; elle est orthoptiste et engagée dans l’association Eye Need View.

Dans cet épisode, elle nous raconte la mission de dépistage visuel qu’elle a effectuée au Kenya.

Elle nous explique comment les missions se préparent en amont, comment elles se déroulent sur place. Elle nous partage aussi son constat sur la santé visuelle de la population locale, et sur les besoins actuels des pays en développement.

Sans plus tarder, je laisse la parole à Océane. Je vous souhaite une bonne écoute, et une bonne immersion, dans le monde passionnant de l’ophtalmologie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rétines et Pupille,

  • Speaker #1

    le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Pour ce nouvel hors-série, nous recevons Océane Soyez. Elle est orthoptiste et engagée dans l'association Eye Need You. Dans cet épisode, elle nous raconte la mission de dépistage visuel qu'elle a effectuée au Kenya, elle nous explique comment l'émission se prépare en amont, comment elle se déroule sur place, elle nous partage aussi son constat sur la santé visuelle de la population locale et sur les besoins actuels des pays en développement. Sans plus tarder, je laisse la parole à Océane Soyez. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie.

  • Speaker #0

    Bonjour Océane Soyez, bienvenue dans le podcast Rétine et Pupilles. Alors nous vous accueillons aujourd'hui pour un hors-série un peu spécial qui fait suite au hors-série de rentrée consacré au dépistage en milieu scolaire. Aujourd'hui, nous allons parler de dépistage dans les pays en développement. Avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que vous pourriez vous présenter ?

  • Speaker #2

    Bonjour, je suis ravie d'être aujourd'hui avec vous pour ce podcast. Je m'appelle Océane Soyez, je suis orthoptiste depuis environ deux ans et demi. Je travaille actuellement avec un docteur où j'effectue la consultation aidée, des bilans orthoptiques, de la rééducation. J'ai un peu une activité variée, je fais aussi des lentilles, des contacts, des adaptations.

  • Speaker #0

    Alors, en plus de votre métier d'orthoptiste que vous exercez en France, vous faites partie de l'association Eye Need You. Est-ce que vous pourriez nous parler de cette association et aussi des missions que vous réalisez pour elle dans le cadre de votre engagement bénévole ?

  • Speaker #2

    Du coup, Eye Need You, c'est une association qui permet de faire des dépistages, notamment au Kenya. C'est une association qui est à but non lucratif. C'est une association qui va permettre de faire des groupes qui vont pouvoir partir en mission humanitaire au Kenya. Donc, on recrute des orthoptistes qui vont ensuite s'engager pour une mission humanitaire de 15 jours. C'est tout le temps des missions humanitaires courtes pour pouvoir aller ensuite faire des dépistages visuels, apporter du matériel, notamment des lunettes, pour pouvoir équiper les patients qui auront besoin ensuite. de lunettes.

  • Speaker #0

    Et ces missions, c'est organisé régulièrement ? Est-ce que ça se fait tous les ans, tous les deux ans, ou plusieurs fois par an ?

  • Speaker #2

    C'est organisé tous les ans, soit une fois, soit deux fois par an, en fonction de l'organisation. Ça prend beaucoup de temps d'organiser une mission humanitaire, et comme on a tous un peu nos travails respectifs, on est obligés de faire en fonction de tout le monde, sachant qu'en général, il y a une personne du bureau d'I Need You. de l'association qui part avec les bénévoles au Kenya. Ça permet d'encadrer les bénévoles qui ne sont jamais partis.

  • Speaker #0

    Alors comment la mission s'organise avant le départ ? Est-ce qu'il y a des choses à préparer ?

  • Speaker #2

    Oui, alors du coup, il y a tout un travail en amont à faire. Il faut récupérer des lunettes surtout. Les lunettes, on va les récupérer par exemple chez les opticiens. On peut faire des points de collecte dans nos cabinets respectifs où on travaille à l'année en France. Faire des points de collecte en disant qu'on part en mission humanitaire, on aimerait que les patients, qu'on voit s'ils ont des anciennes lunettes, des étuis souples, les ramènent pour qu'on puisse ensuite les emmener au Kenya. Une fois qu'on a récupéré tout ça, que ce soit chez les opticiens ou dans le cabinet respectif, On va mesurer les corrections optiques pour savoir un petit peu la correction de la lunette qu'on a récoltée. On les étiquette, donc sur les lunettes, on va marquer la correction. Ensuite, on va faire vraiment des petites poches avec les lunettes hypermétropes, les lunettes myopes, les lunettes progressives, les petites corrections, les grosses corrections. Enfin, on fait des petits sachets pour vraiment gagner du temps une fois sur place. Une fois qu'on a examiné le patient... On va chercher dans nos petites poches la lunette la plus adaptée à son défaut visuel.

  • Speaker #0

    Et au-delà des lunettes, quel est le matériel que vous emportez, vous, pour pouvoir faire votre travail d'orthoptiste sur place ?

  • Speaker #2

    On part avec une petite liste de choses. Donc, les lunettes qu'on a récoltées en France au préalable, la mallette de verre d'essai pour pouvoir faire une réfraction et ensuite pouvoir donner... les lunettes qu'on a récoltées, avec la correction approximativement la même. La réfraction, actuellement en France, c'est très moderne, ça va super vite. Mais là, du coup, on doit s'adapter au fait qu'on ne dépistera pas forcément dans des endroits où il y aura de l'électricité. Du coup, on est obligé de partir avec des boîtes de verres d'essai. Ces verres d'essai, on va ensuite faire une réfraction manuelle. À la différence d'aujourd'hui où on fait des réfractions automatiques, là c'est vraiment, on pose une monture d'essai sur le nez du patient et on vient mettre des verres jusqu'à trouver la correction idéale pour lui. Ensuite, on part aussi avec un petit peu de matériel orthoptique, donc pour vérifier qu'il n'y a pas de strabisme. On part avec une lampe crayon, un cover test, des mires de fixation, un test de vision stéréoscopique. Et je crois que c'est à peu près tout. On part avec le minimum, mais ça suffit à faire un bilan complet.

  • Speaker #0

    Alors ça, c'est sur la phase préparatoire. Ensuite, il y a effectivement le voyage. Concrètement, vous prenez l'avion, vous atterrissez à Nairobi. Et comment ça se passe ensuite ?

  • Speaker #2

    Du coup, on prend l'avion. Une fois arrivé à l'aéroport à Nairobi, on va être confronté à la douane, puisqu'on emporte beaucoup, beaucoup de lunettes. donc là après c'est toute une histoire de négociation avec la douane pour pouvoir enfin récupérer nos colis ensuite on est attendu par un représentant de l'association Eye Need You mais au Kenya qui va nous suivre un petit peu tout au long de la mission donc une fois qu'on est à Nairobi on part avec lui qui nous attend du coup à la sortie de l'aéroport on va prendre le train pour aller jusqu'à un petit village à Téhita. C'est un petit village qui a plusieurs heures de train. Et ensuite, on sera amené par la personne représentante d'Ainit View au Kenya, qui va nous dispatcher après, qui va nous faire le chauffeur pour nous amener dans les lieux où on va faire les dépistages qui sont déjà prévus à l'avance, les lieux. Nous, en tant que bénévoles, on ne sait pas où on dépiste avant d'y arriver, mais eux, ils sont très organisés, ils savent où on va. Donc, on peut aller dans des dispensaires, donc à l'hôpital là-bas. On a dépisté aussi dans des églises, donc c'était un peu improvisé, c'est-à-dire qu'on est sur l'église, on organise, on met notre matériel, on se met bien, on se met nos petites chaises et puis on s'organise comme ça de nous-mêmes. Et voilà.

  • Speaker #0

    Dans le hors-série précédent, on avait abordé justement cette question du dépistage et notamment du dépistage en milieu scolaire. On a essentiellement parlé des enfants. Est-ce que vous, vous êtes... essentiellement sur ce type de dépistage, c'est-à-dire le dépistage de problèmes chez les enfants, ou est-ce que vous adressez aussi à d'autres profils, et il y a d'autres profils qui viennent consulter ?

  • Speaker #2

    Alors, on dépiste tous les profils. Ça dépend, en fait. Soit il y a des moments où on fait du dépistage scolaire, aussi dans les écoles comme en France. Et il y a aussi des moments, comme les dépistages qu'on fait dans les églises, dans les dispensaires. Là, c'est vraiment ouvert à tous. Donc, il va y avoir des enfants, il va y avoir des personnes âgées, il va y avoir des adultes. Mais ce n'est vraiment pas essentiellement que des enfants. Justement, j'ai trouvé que quand on est partis, c'était surtout des personnes âgées qui venaient quand ils avaient la presbytie, donc plutôt entre 45 et plus. C'est à partir de ce moment-là où la vision de près diminue. Et du coup, comme c'est un pays qui est très croyant, ils ont besoin de voir leur Bible. Et les plantes... qu'on a beaucoup récolté, c'est j'arrive pas à lire ma Bible, il me faut des lunettes pour voir de près

  • Speaker #0

    Alors comment, justement, que ce soit dans les églises, dans les écoles ou dans les dispensaires, comment ça se déroule une journée de consultation ?

  • Speaker #2

    Alors on arrive, on s'installe, c'est-à-dire qu'on décharge nos lunettes qu'on a récoltées, qui sont dans des valises bien rangées, dans des sachets étiquetés. On organise nos mallettes, on organise des postes de travail. En fait, on récupère des chaises qui sont sur place. On en met une pour le patient et une pour nous en face du patient. On a une petite table à côté de nous où on met nos mallettes de verre et tout le matériel nécessaire, lampes, crayons, couvertesses, etc. Et on organise des postes comme ça, deux par deux. Donc, le patient arrive, il s'installe et ensuite, nous, on commence l'examen. Donc, on lui demande pourquoi il vient. Qu'est-ce qui ne va pas au niveau de ses yeux ? Et du coup, en fonction de la plainte, on commence à faire l'examen. Donc, l'acuité visuelle, sans correction, voir ce qui, tout simplement, lui chiffre une acuité visuelle pour se rendre compte du défaut plus ou moins visuel qu'il a. Et en fonction, après, là, on va venir faire une rétraction avec les verres à laisser pour essayer d'améliorer sa vision au maximum.

  • Speaker #0

    Alors, chez les adultes, vous l'avez dit, il y a souvent des problèmes de presbytie. Est-ce que chez les enfants, vous détectez, vous dépistez beaucoup de problèmes visuels ?

  • Speaker #2

    Sur la mission humanitaire que j'ai faite, je ne sais pas si c'est pareil pour toutes les missions, il y avait peu de défauts visuels chez les enfants. Mais justement, ce qui était très drôle, c'est que... Ils mentaient un peu, les enfants. C'est-à-dire qu'on les voyait, ils voyaient tous rien. Et au final, après l'examen, après la réfraction, on se rendait compte que le défaut visuel était proche de zéro, voire il n'y avait pas de défaut visuel. Et en fait, on s'est rendu compte que c'est tout simplement parce que les lunettes, c'est quelque chose de précieux dans leur pays. Ils n'ont pas grand-chose et du coup, la moindre chose qu'on peut leur apporter ou leur donner, c'est vraiment un cadeau. Du coup, ils voulaient un peu tous des lunettes. C'était assez rigolo. Au final, on finissait par leur dire t'as besoin de lunettes, tout va bien Ou alors, on leur donnait une petite paire de lunettes de repos quand il y avait un petit défaut visuel. Ils étaient tous trop contents.

  • Speaker #0

    Alors justement, par rapport au défaut visuel, quel constat vous pouvez faire après cette première mission humanitaire ? Le constat global que vous faites sur la santé visuelle au Kenya, est-ce que les problématiques sont les mêmes qu'en France ou est-ce que l'état de santé visuelle est différent ?

  • Speaker #2

    Non, le constat n'est vraiment pas pareil. En France, il y a beaucoup de personnes myopes, de plus en plus, et au Kenya, il y en a très peu. C'est surtout, je pense, une question d'environnement. Nous, on est énormément en vision de près, énormément sur les écrans. Eux, ils stimulent surtout leur vision de loin. Du coup, l'œil grandit de façon normale, en gros. Et du coup, on se retrouve avec des tout petits défauts visuels ou juste de la presbytie, c'est-à-dire un défaut visuel qui arrive à tout le monde à partir d'un certain âge et qui, du coup... impacte la vision de près essentiellement. Il y a beaucoup moins de gros défauts visuels, il y en a, mais c'est plus rare.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a des défauts visuels qui peuvent être dus justement au soleil et aux conditions de vie là-bas ?

  • Speaker #2

    Ce ne sont pas des défauts visuels, ça va plus être des cataractes. Il y a beaucoup de cataractes dues au soleil, il y a énormément de cataractes. D'ailleurs, c'est une des premières causes de cécité en Afrique. Il y a beaucoup de conjonctivites vernales, donc ça c'est vraiment dû au soleil. et c'est vraiment très impressionnant. On en voit peu en France et là-bas, c'est vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup. Donc là, du coup, nous, en tant que bénévoles de la mission humanitaire et en tant qu'orthoptistes, on ne peut pas faire grand-chose à part les réadresser vers un ophtalmologiste. Quand je suis partie en mission humanitaire, la semaine qui suivait, on a eu la chance d'avoir, qui ne faisait pas du tout partie de I Need You, mais des ophtalmos qui venaient également en mission. pour consulter les personnes. Et donc, on les renvoyait la semaine suivante, donc toutes les cataractes pour qu'ils soient opérés. Pareil, les conjonctes suédois et les choses très impressionnantes qu'on voyait, on les redirigeait vers ces ophtalmo qui venaient la semaine suivante.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'il vous arrivait, pendant ces missions humanitaires, de détecter des problèmes de santé qui sortaient un peu du champ de compétences ou en tout cas de ce que vous pouviez apporter et traiter en étant sur place ?

  • Speaker #2

    Oui, je me souviens d'un petit garçon justement qui vient parce qu'il ne voit pas bien. Effectivement, on lui fait une acuité visuelle et on se rend compte qu'il voit très mal. On essaye de lui mettre des verres de lunettes et ça ne change rien. On voit également sur lui qu'il a les yeux qui sortent des orbites. Et du coup, on se pose la question d'une pathologie sous-jacente, de frêmes de thyroïde par exemple, ou d'autres pathologies qui peuvent causer cet exosthalmie. Et là, du coup, on se retrouve un peu dans une impasse parce que nous, on n'a pas les compétences pour faire ça. On est orthoptiste, on vient faire du dépistage visuel, apporter des lunettes et des solutions aux défauts de vision. Mais là, on se retrouve dans une impasse où on ne peut pas venir en aide, malheureusement, à ce petit garçon. Il fallait qu'il voit un médecin. Et du coup, on l'a envoyé à l'hôpital faire des examens plus poussés.

  • Speaker #0

    Donc, il y a quand même la vertu de pouvoir, en tout cas, détecter non seulement des problèmes visuels, mais des problèmes aussi d'un autre ordre. Est-ce que... En 15 jours, vous pourriez estimer le nombre de personnes que vous avez vues ?

  • Speaker #2

    On en a vu beaucoup. Combien ? Je dirais environ une petite centaine par jour.

  • Speaker #0

    Donc une petite centaine par jour pendant 15 jours, puisque vous travaillez, de ce que j'ai compris, non-stop pendant 15 jours, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Oui, sauf les week-ends.

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous voudriez ajouter un petit mot pour finir cette interview, peut-être ?

  • Speaker #2

    J'aimerais ajouter qu'il y a des organismes qui s'occupent de trier de mesurer les lunettes, comme ce que nous, on peut faire avant de partir en mission humanitaire. On récolte, on trie et on mesure les lunettes. Là, il y a un organisme qui s'appelle Lunettes sans frontières qui s'occupe de faire tout ce travail en amont et ensuite nous envoie des lunettes déjà triées. Donc, c'est un gain de temps incroyable. Et donc, du coup, c'est très bien de déposer ces anciennes lunettes chez son opticien, ces anciennes lunettes au point de collègue de lunettes. pour qu'ils puissent ensuite être envoyés à des organismes comme Lunettes sans frontières et qu'on puisse ensuite pouvoir faire bénéficier des personnes dans le besoin de ces lunettes.

  • Speaker #0

    Un grand merci pour ce partage d'expérience qui nous éclaire en tout cas sur les problématiques des pays en développement, aussi sur les pathologies de vision qui sont les plus répandues, qui sont différentes de celles qui sont des pathologies françaises, et aussi sur la façon dont chacun peut, à son niveau, aider ses pays et contribuer à améliorer la santé visuelle des personnes qui y vivent. Merci beaucoup, Madame Soyer. À bientôt.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Au revoir.

  • Speaker #2

    Au revoir.

  • Speaker #1

    Tout d'abord, un grand merci à Océane Soyez pour son partage d'expérience. Nous espérons que ce hors-série vous offre un nouveau regard sur les problématiques de santé visuelle des pays en développement. Notre prochain rendez-vous Rétine et Pupilles aura lieu en novembre et c'est le professeur Pisella, professeur au CHU de Tours, qui viendra nous parler de pathologie cornéenne. Pour ne pas manquer l'épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétines et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Téo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, retrouvez-nous sur teo-med.fr. Il a été conçu par Fleur Chrétien et réalisé par l'agence Aum.

Description

Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’ophtalmologie !

Pour ce nouvel hors série, nous recevons Océane Soyez ; elle est orthoptiste et engagée dans l’association Eye Need View.

Dans cet épisode, elle nous raconte la mission de dépistage visuel qu’elle a effectuée au Kenya.

Elle nous explique comment les missions se préparent en amont, comment elles se déroulent sur place. Elle nous partage aussi son constat sur la santé visuelle de la population locale, et sur les besoins actuels des pays en développement.

Sans plus tarder, je laisse la parole à Océane. Je vous souhaite une bonne écoute, et une bonne immersion, dans le monde passionnant de l’ophtalmologie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rétines et Pupille,

  • Speaker #1

    le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Pour ce nouvel hors-série, nous recevons Océane Soyez. Elle est orthoptiste et engagée dans l'association Eye Need You. Dans cet épisode, elle nous raconte la mission de dépistage visuel qu'elle a effectuée au Kenya, elle nous explique comment l'émission se prépare en amont, comment elle se déroule sur place, elle nous partage aussi son constat sur la santé visuelle de la population locale et sur les besoins actuels des pays en développement. Sans plus tarder, je laisse la parole à Océane Soyez. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie.

  • Speaker #0

    Bonjour Océane Soyez, bienvenue dans le podcast Rétine et Pupilles. Alors nous vous accueillons aujourd'hui pour un hors-série un peu spécial qui fait suite au hors-série de rentrée consacré au dépistage en milieu scolaire. Aujourd'hui, nous allons parler de dépistage dans les pays en développement. Avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que vous pourriez vous présenter ?

  • Speaker #2

    Bonjour, je suis ravie d'être aujourd'hui avec vous pour ce podcast. Je m'appelle Océane Soyez, je suis orthoptiste depuis environ deux ans et demi. Je travaille actuellement avec un docteur où j'effectue la consultation aidée, des bilans orthoptiques, de la rééducation. J'ai un peu une activité variée, je fais aussi des lentilles, des contacts, des adaptations.

  • Speaker #0

    Alors, en plus de votre métier d'orthoptiste que vous exercez en France, vous faites partie de l'association Eye Need You. Est-ce que vous pourriez nous parler de cette association et aussi des missions que vous réalisez pour elle dans le cadre de votre engagement bénévole ?

  • Speaker #2

    Du coup, Eye Need You, c'est une association qui permet de faire des dépistages, notamment au Kenya. C'est une association qui est à but non lucratif. C'est une association qui va permettre de faire des groupes qui vont pouvoir partir en mission humanitaire au Kenya. Donc, on recrute des orthoptistes qui vont ensuite s'engager pour une mission humanitaire de 15 jours. C'est tout le temps des missions humanitaires courtes pour pouvoir aller ensuite faire des dépistages visuels, apporter du matériel, notamment des lunettes, pour pouvoir équiper les patients qui auront besoin ensuite. de lunettes.

  • Speaker #0

    Et ces missions, c'est organisé régulièrement ? Est-ce que ça se fait tous les ans, tous les deux ans, ou plusieurs fois par an ?

  • Speaker #2

    C'est organisé tous les ans, soit une fois, soit deux fois par an, en fonction de l'organisation. Ça prend beaucoup de temps d'organiser une mission humanitaire, et comme on a tous un peu nos travails respectifs, on est obligés de faire en fonction de tout le monde, sachant qu'en général, il y a une personne du bureau d'I Need You. de l'association qui part avec les bénévoles au Kenya. Ça permet d'encadrer les bénévoles qui ne sont jamais partis.

  • Speaker #0

    Alors comment la mission s'organise avant le départ ? Est-ce qu'il y a des choses à préparer ?

  • Speaker #2

    Oui, alors du coup, il y a tout un travail en amont à faire. Il faut récupérer des lunettes surtout. Les lunettes, on va les récupérer par exemple chez les opticiens. On peut faire des points de collecte dans nos cabinets respectifs où on travaille à l'année en France. Faire des points de collecte en disant qu'on part en mission humanitaire, on aimerait que les patients, qu'on voit s'ils ont des anciennes lunettes, des étuis souples, les ramènent pour qu'on puisse ensuite les emmener au Kenya. Une fois qu'on a récupéré tout ça, que ce soit chez les opticiens ou dans le cabinet respectif, On va mesurer les corrections optiques pour savoir un petit peu la correction de la lunette qu'on a récoltée. On les étiquette, donc sur les lunettes, on va marquer la correction. Ensuite, on va faire vraiment des petites poches avec les lunettes hypermétropes, les lunettes myopes, les lunettes progressives, les petites corrections, les grosses corrections. Enfin, on fait des petits sachets pour vraiment gagner du temps une fois sur place. Une fois qu'on a examiné le patient... On va chercher dans nos petites poches la lunette la plus adaptée à son défaut visuel.

  • Speaker #0

    Et au-delà des lunettes, quel est le matériel que vous emportez, vous, pour pouvoir faire votre travail d'orthoptiste sur place ?

  • Speaker #2

    On part avec une petite liste de choses. Donc, les lunettes qu'on a récoltées en France au préalable, la mallette de verre d'essai pour pouvoir faire une réfraction et ensuite pouvoir donner... les lunettes qu'on a récoltées, avec la correction approximativement la même. La réfraction, actuellement en France, c'est très moderne, ça va super vite. Mais là, du coup, on doit s'adapter au fait qu'on ne dépistera pas forcément dans des endroits où il y aura de l'électricité. Du coup, on est obligé de partir avec des boîtes de verres d'essai. Ces verres d'essai, on va ensuite faire une réfraction manuelle. À la différence d'aujourd'hui où on fait des réfractions automatiques, là c'est vraiment, on pose une monture d'essai sur le nez du patient et on vient mettre des verres jusqu'à trouver la correction idéale pour lui. Ensuite, on part aussi avec un petit peu de matériel orthoptique, donc pour vérifier qu'il n'y a pas de strabisme. On part avec une lampe crayon, un cover test, des mires de fixation, un test de vision stéréoscopique. Et je crois que c'est à peu près tout. On part avec le minimum, mais ça suffit à faire un bilan complet.

  • Speaker #0

    Alors ça, c'est sur la phase préparatoire. Ensuite, il y a effectivement le voyage. Concrètement, vous prenez l'avion, vous atterrissez à Nairobi. Et comment ça se passe ensuite ?

  • Speaker #2

    Du coup, on prend l'avion. Une fois arrivé à l'aéroport à Nairobi, on va être confronté à la douane, puisqu'on emporte beaucoup, beaucoup de lunettes. donc là après c'est toute une histoire de négociation avec la douane pour pouvoir enfin récupérer nos colis ensuite on est attendu par un représentant de l'association Eye Need You mais au Kenya qui va nous suivre un petit peu tout au long de la mission donc une fois qu'on est à Nairobi on part avec lui qui nous attend du coup à la sortie de l'aéroport on va prendre le train pour aller jusqu'à un petit village à Téhita. C'est un petit village qui a plusieurs heures de train. Et ensuite, on sera amené par la personne représentante d'Ainit View au Kenya, qui va nous dispatcher après, qui va nous faire le chauffeur pour nous amener dans les lieux où on va faire les dépistages qui sont déjà prévus à l'avance, les lieux. Nous, en tant que bénévoles, on ne sait pas où on dépiste avant d'y arriver, mais eux, ils sont très organisés, ils savent où on va. Donc, on peut aller dans des dispensaires, donc à l'hôpital là-bas. On a dépisté aussi dans des églises, donc c'était un peu improvisé, c'est-à-dire qu'on est sur l'église, on organise, on met notre matériel, on se met bien, on se met nos petites chaises et puis on s'organise comme ça de nous-mêmes. Et voilà.

  • Speaker #0

    Dans le hors-série précédent, on avait abordé justement cette question du dépistage et notamment du dépistage en milieu scolaire. On a essentiellement parlé des enfants. Est-ce que vous, vous êtes... essentiellement sur ce type de dépistage, c'est-à-dire le dépistage de problèmes chez les enfants, ou est-ce que vous adressez aussi à d'autres profils, et il y a d'autres profils qui viennent consulter ?

  • Speaker #2

    Alors, on dépiste tous les profils. Ça dépend, en fait. Soit il y a des moments où on fait du dépistage scolaire, aussi dans les écoles comme en France. Et il y a aussi des moments, comme les dépistages qu'on fait dans les églises, dans les dispensaires. Là, c'est vraiment ouvert à tous. Donc, il va y avoir des enfants, il va y avoir des personnes âgées, il va y avoir des adultes. Mais ce n'est vraiment pas essentiellement que des enfants. Justement, j'ai trouvé que quand on est partis, c'était surtout des personnes âgées qui venaient quand ils avaient la presbytie, donc plutôt entre 45 et plus. C'est à partir de ce moment-là où la vision de près diminue. Et du coup, comme c'est un pays qui est très croyant, ils ont besoin de voir leur Bible. Et les plantes... qu'on a beaucoup récolté, c'est j'arrive pas à lire ma Bible, il me faut des lunettes pour voir de près

  • Speaker #0

    Alors comment, justement, que ce soit dans les églises, dans les écoles ou dans les dispensaires, comment ça se déroule une journée de consultation ?

  • Speaker #2

    Alors on arrive, on s'installe, c'est-à-dire qu'on décharge nos lunettes qu'on a récoltées, qui sont dans des valises bien rangées, dans des sachets étiquetés. On organise nos mallettes, on organise des postes de travail. En fait, on récupère des chaises qui sont sur place. On en met une pour le patient et une pour nous en face du patient. On a une petite table à côté de nous où on met nos mallettes de verre et tout le matériel nécessaire, lampes, crayons, couvertesses, etc. Et on organise des postes comme ça, deux par deux. Donc, le patient arrive, il s'installe et ensuite, nous, on commence l'examen. Donc, on lui demande pourquoi il vient. Qu'est-ce qui ne va pas au niveau de ses yeux ? Et du coup, en fonction de la plainte, on commence à faire l'examen. Donc, l'acuité visuelle, sans correction, voir ce qui, tout simplement, lui chiffre une acuité visuelle pour se rendre compte du défaut plus ou moins visuel qu'il a. Et en fonction, après, là, on va venir faire une rétraction avec les verres à laisser pour essayer d'améliorer sa vision au maximum.

  • Speaker #0

    Alors, chez les adultes, vous l'avez dit, il y a souvent des problèmes de presbytie. Est-ce que chez les enfants, vous détectez, vous dépistez beaucoup de problèmes visuels ?

  • Speaker #2

    Sur la mission humanitaire que j'ai faite, je ne sais pas si c'est pareil pour toutes les missions, il y avait peu de défauts visuels chez les enfants. Mais justement, ce qui était très drôle, c'est que... Ils mentaient un peu, les enfants. C'est-à-dire qu'on les voyait, ils voyaient tous rien. Et au final, après l'examen, après la réfraction, on se rendait compte que le défaut visuel était proche de zéro, voire il n'y avait pas de défaut visuel. Et en fait, on s'est rendu compte que c'est tout simplement parce que les lunettes, c'est quelque chose de précieux dans leur pays. Ils n'ont pas grand-chose et du coup, la moindre chose qu'on peut leur apporter ou leur donner, c'est vraiment un cadeau. Du coup, ils voulaient un peu tous des lunettes. C'était assez rigolo. Au final, on finissait par leur dire t'as besoin de lunettes, tout va bien Ou alors, on leur donnait une petite paire de lunettes de repos quand il y avait un petit défaut visuel. Ils étaient tous trop contents.

  • Speaker #0

    Alors justement, par rapport au défaut visuel, quel constat vous pouvez faire après cette première mission humanitaire ? Le constat global que vous faites sur la santé visuelle au Kenya, est-ce que les problématiques sont les mêmes qu'en France ou est-ce que l'état de santé visuelle est différent ?

  • Speaker #2

    Non, le constat n'est vraiment pas pareil. En France, il y a beaucoup de personnes myopes, de plus en plus, et au Kenya, il y en a très peu. C'est surtout, je pense, une question d'environnement. Nous, on est énormément en vision de près, énormément sur les écrans. Eux, ils stimulent surtout leur vision de loin. Du coup, l'œil grandit de façon normale, en gros. Et du coup, on se retrouve avec des tout petits défauts visuels ou juste de la presbytie, c'est-à-dire un défaut visuel qui arrive à tout le monde à partir d'un certain âge et qui, du coup... impacte la vision de près essentiellement. Il y a beaucoup moins de gros défauts visuels, il y en a, mais c'est plus rare.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a des défauts visuels qui peuvent être dus justement au soleil et aux conditions de vie là-bas ?

  • Speaker #2

    Ce ne sont pas des défauts visuels, ça va plus être des cataractes. Il y a beaucoup de cataractes dues au soleil, il y a énormément de cataractes. D'ailleurs, c'est une des premières causes de cécité en Afrique. Il y a beaucoup de conjonctivites vernales, donc ça c'est vraiment dû au soleil. et c'est vraiment très impressionnant. On en voit peu en France et là-bas, c'est vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup. Donc là, du coup, nous, en tant que bénévoles de la mission humanitaire et en tant qu'orthoptistes, on ne peut pas faire grand-chose à part les réadresser vers un ophtalmologiste. Quand je suis partie en mission humanitaire, la semaine qui suivait, on a eu la chance d'avoir, qui ne faisait pas du tout partie de I Need You, mais des ophtalmos qui venaient également en mission. pour consulter les personnes. Et donc, on les renvoyait la semaine suivante, donc toutes les cataractes pour qu'ils soient opérés. Pareil, les conjonctes suédois et les choses très impressionnantes qu'on voyait, on les redirigeait vers ces ophtalmo qui venaient la semaine suivante.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'il vous arrivait, pendant ces missions humanitaires, de détecter des problèmes de santé qui sortaient un peu du champ de compétences ou en tout cas de ce que vous pouviez apporter et traiter en étant sur place ?

  • Speaker #2

    Oui, je me souviens d'un petit garçon justement qui vient parce qu'il ne voit pas bien. Effectivement, on lui fait une acuité visuelle et on se rend compte qu'il voit très mal. On essaye de lui mettre des verres de lunettes et ça ne change rien. On voit également sur lui qu'il a les yeux qui sortent des orbites. Et du coup, on se pose la question d'une pathologie sous-jacente, de frêmes de thyroïde par exemple, ou d'autres pathologies qui peuvent causer cet exosthalmie. Et là, du coup, on se retrouve un peu dans une impasse parce que nous, on n'a pas les compétences pour faire ça. On est orthoptiste, on vient faire du dépistage visuel, apporter des lunettes et des solutions aux défauts de vision. Mais là, on se retrouve dans une impasse où on ne peut pas venir en aide, malheureusement, à ce petit garçon. Il fallait qu'il voit un médecin. Et du coup, on l'a envoyé à l'hôpital faire des examens plus poussés.

  • Speaker #0

    Donc, il y a quand même la vertu de pouvoir, en tout cas, détecter non seulement des problèmes visuels, mais des problèmes aussi d'un autre ordre. Est-ce que... En 15 jours, vous pourriez estimer le nombre de personnes que vous avez vues ?

  • Speaker #2

    On en a vu beaucoup. Combien ? Je dirais environ une petite centaine par jour.

  • Speaker #0

    Donc une petite centaine par jour pendant 15 jours, puisque vous travaillez, de ce que j'ai compris, non-stop pendant 15 jours, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Oui, sauf les week-ends.

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous voudriez ajouter un petit mot pour finir cette interview, peut-être ?

  • Speaker #2

    J'aimerais ajouter qu'il y a des organismes qui s'occupent de trier de mesurer les lunettes, comme ce que nous, on peut faire avant de partir en mission humanitaire. On récolte, on trie et on mesure les lunettes. Là, il y a un organisme qui s'appelle Lunettes sans frontières qui s'occupe de faire tout ce travail en amont et ensuite nous envoie des lunettes déjà triées. Donc, c'est un gain de temps incroyable. Et donc, du coup, c'est très bien de déposer ces anciennes lunettes chez son opticien, ces anciennes lunettes au point de collègue de lunettes. pour qu'ils puissent ensuite être envoyés à des organismes comme Lunettes sans frontières et qu'on puisse ensuite pouvoir faire bénéficier des personnes dans le besoin de ces lunettes.

  • Speaker #0

    Un grand merci pour ce partage d'expérience qui nous éclaire en tout cas sur les problématiques des pays en développement, aussi sur les pathologies de vision qui sont les plus répandues, qui sont différentes de celles qui sont des pathologies françaises, et aussi sur la façon dont chacun peut, à son niveau, aider ses pays et contribuer à améliorer la santé visuelle des personnes qui y vivent. Merci beaucoup, Madame Soyer. À bientôt.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Au revoir.

  • Speaker #2

    Au revoir.

  • Speaker #1

    Tout d'abord, un grand merci à Océane Soyez pour son partage d'expérience. Nous espérons que ce hors-série vous offre un nouveau regard sur les problématiques de santé visuelle des pays en développement. Notre prochain rendez-vous Rétine et Pupilles aura lieu en novembre et c'est le professeur Pisella, professeur au CHU de Tours, qui viendra nous parler de pathologie cornéenne. Pour ne pas manquer l'épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétines et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Téo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, retrouvez-nous sur teo-med.fr. Il a été conçu par Fleur Chrétien et réalisé par l'agence Aum.

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