- Speaker #0
Bienvenue dans Rétine et pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Pour ce tout premier épisode, nous recevons le docteur Albou-Ganem, spécialisée en chirurgie réfractive, qui nous parle aujourd'hui anatomie de l'œil et vision. Pendant une vingtaine de minutes, nous évoquerons le lien entre l'œil et le cerveau, les différentes structures de l'œil et le rôle de la rétine. Le Dr AlBou-Ganem nous expliquera également comment la lumière chemine dans l'œil, comment on mesure la qualité de la vision et comment on décrypte une ordonnance destinée à un opticien. Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'orthalmologie. Bonjour Dr Albou-Ganem.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Alors tout d'abord, merci d'avoir accepté notre invitation pour participer à Rétines et Pupilles. Et surtout, merci d'accepter d'inaugurer ce podcast avec nous, puisqu'il s'agit là donc du premier épisode de la première saison. Alors aujourd'hui, nous allons parler de l'œil, notamment de l'anatomie de l'œil et de la vision. Mais avant de rentrer dans le détail de ce sujet, j'aimerais vous poser quelques questions d'ordre un peu plus général, et notamment, on va déjà vous demander de vous présenter.
- Speaker #1
Bonjour, merci beaucoup pour cette invitation. Je suis le docteur Cati Albou-Ganem, je suis chirurgien ophtalmologiste à Paris. J'ai fait toute ma formation au Centre National d'Ophtalmologie dès 15-20 et j'ai installé mon cabinet il y a plusieurs années. J'ai participé à la fondation de la Clinique de la Vision, qui est le premier centre privé français. consacrée à la chirurgie réfractive, c'est-à-dire la chirurgie des défauts de vision, myopie, astigmatisme, hypermétropie et présbytie, puisque je suis spécialisée en chirurgie réfractive et en cataracte. C'est le choix de l'hyperspécialisation en ophtalmologie que j'ai choisi. J'ai eu la chance... de participer à l'organisation des sociétés savantes, puisque j'ai présidé la SAFIR, qui est la société savante consacrée à la chirurgie réfractive et à la cataracte. J'ai été vice-présidente de la Société française d'ophtalmologie. Et il y a trois ans, nous avons fondé la SOFAM, la Société ophtalmologique féminine française, pour aider les femmes à monter sur les podiums où elles sont largement sous-représentées. comme dans beaucoup de domaines.
- Speaker #0
Pourquoi vous avez choisi de devenir ophtalmologiste ? Est-ce que c'est un choix de raison ou est-ce que c'est plutôt une vocation ?
- Speaker #1
Alors, c'est une vocation. Mon père était ophtalmologiste, chef de service à la Fondation Rothschild. Et à dix ans, après avoir fait un exposé sur l'œil, je lui ai demandé de m'emmener au bloc opératoire. Et dès ce jour, j'ai été fascinée par cette chirurgie, par l'ambiance du bloc opératoire. Et j'ai toujours dit que je serais chirurgien ophtalmologiste. Et malgré tout, il n'y a rien à dévier cette motivation et cette volonté. Et je suis toujours passionnée par l'ophtalmologie.
- Speaker #0
Alors qu'est-ce qui vous fait vous lever chaque matin ? C'est-à-dire qu'est-ce qui vous anime dans cette passion ?
- Speaker #1
En fait, dans mon activité, j'ai deux branches qui sont complètement différentes. La première, c'est évidemment la partie accueil des patients. J'aime beaucoup parler, discuter avec eux. Je trouve que c'est enrichissant, bien évidemment, la communication, le social. J'aime beaucoup mon métier. Donc les aider dans cette chirurgie qui est une chirurgie où on a une récupération rapide. C'est une chirurgie très efficace, donc ça convient bien à mon caractère d'être rapide et efficace. Et puis j'ai une deuxième partie d'activité qui me plaît beaucoup, c'est ma participation et l'organisation des congrès, car pour moi la transmission c'est quelque chose qui est très important. Mon père m'avait transmis sa passion et j'essaye moi aussi de la transmettre. Mes enfants ne sont pas ophtalmologistes, mais j'essaye de la transmettre à mes pères et aux plus jeunes. Donc c'est une partie qui me plaît également beaucoup.
- Speaker #0
Justement, puisque vous parlez de transmission, ici dans ce podcast, dans Rétines et Pupilles, l'idée c'est de mieux comprendre et de mieux faire comprendre l'ophtalmologie. Et donc avant peut-être d'évoquer les pathologies de l'œil et l'ensemble des solutions qui existent pour les traiter, il nous paraît essentiel de comprendre ce qu'est un œil et surtout comment ça fonctionne. De façon plus globale aussi, de comprendre la vision. Est-ce que vous pourriez nous expliquer quels sont les organes qui sont responsables de la vision ?
- Speaker #1
Alors, il y a deux éléments dans la vision. Il y a l'œil, bien évidemment, qui est l'appareil de photo qui va réceptionner l'image. et l'œil va transformer cette image reçue au niveau de la rétine, on va y revenir, en signal électrique. Et la deuxième partie indispensable à la vision, c'est bien évidemment le cerveau, car c'est le cerveau qui voit. Il va réceptionner l'image, l'interpréter, pour reconstituer l'image vue, il va reconstituer sa forme, sa couleur, est-ce que cette image est située loin, est-ce qu'elle bouge, est-ce qu'elle est fixe, on va reconnaître les objets, les visages, etc. Donc on a deux éléments, l'œil qui réceptionne et le cerveau qui interprète.
- Speaker #0
D'accord, donc on comprend bien que l'œil et le cerveau sont intimement liés. On pourrait peut-être même considérer que l'œil, c'est la partie visible du cerveau et aussi celle qui va capter les signaux extérieurs.
- Speaker #1
Tout à fait.
- Speaker #0
Donc l'œil capte notamment les signaux et la lumière. Est-ce que vous pourriez nous décrire le cheminement de la lumière dans l'œil ?
- Speaker #1
J'ai donc expliqué que l'œil était un appareil de photo. Et la lumière va traverser différents milieux qui sont transparents pour arriver sur la rétine qui réceptionne cette image et, comme on l'a vu, le transforme en signal électrique. Donc la lumière va traverser ces différents éléments qui sont transparents. En avant, la cornée, qui est un hublot transparent sur lequel on met les lentilles de contact. Pour ceux qui portent des lentilles, on voit très bien ce que c'est. C'est un hublot transparent qui est très fin puisqu'il mesure un demi-millimètre d'épaisseur, donc environ 500 microns, avec un diamètre d'environ 12 millimètres. Et c'est une lentille qui est très puissante puisque c'est le dioptre le plus puissant de l'œil. La puissance est de 42 dioptries, c'est-à-dire que les rayons lumineux sont déviés dans les différents milieux qu'ils vont traverser. Et c'est la cornée qui va dévier la lumière de manière la plus puissante. La lumière traverse ensuite l'humeur aqueuse. L'humeur aqueuse, c'est un liquide qui est situé entre la cornée et l'iris, qui est la partie colorée. Donc ce liquide, c'est un liquide nourricier, nutritif, qui va nourrir les différents éléments. Et quand on parle de glaucome, justement, c'est ce déséquilibre entre la sécrétion et l'évacuation de l'humeur aqueuse qui peut être en cause de la tension et qui cause le glaucome. Une fois avoir traversé l'humeur aqueuse, la lumière va passer à travers la pupille, qui est un orifice qui perfore l'iris. L'iris, c'est la partie colorée, cette partie colorée que l'on a et qui donne la couleur aux yeux, donc vert, bleu, marron. Et cette iris est perforée de la pupille. C'est un orifice circulaire qui se contracte ou se dilate grâce aux muscles qui sont situés à l'intérieur de l'iris. En fonction de la lumière, on sait très bien que la pupille se dilate. ou se contractent en fonction de la quantité de lumière qui rentre dans l'œil. La lumière va ensuite traverser le cristallin. Le cristallin, c'est une lentille qui est située derrière l'iris. Et cette lentille a la possibilité de varier sa puissance. Et c'est en variant sa puissance que l'on permet d'accommoder et de passer de la vision de loin à la vision proche, même sans l'apercevoir, lorsqu'on est jeune, avant la quarantaine. Et c'est ce qu'on appelle l'accommodation qui permet... grâce à ce cristallin, de passer de la vision de loin à la vision de près, sans aucun effort et sans avoir besoin de mettre de lunettes supplémentaires. Donc la perte de l'accommodation que l'on a à 40 ans, à cause de la rigidification de ce cristallin, provoque la présbicie. Et un petit peu plus tard, lorsque le cristallin perd sa transparence, qu'il devient opalescent puis opaque, c'est la cataracte. et c'est lorsqu'on opère de la cataracte qu'on va retirer ce cristallin qui devient opaque. Ensuite, la lumière va traverser le vitré. Le vitré, c'est un gel transparent qui remplit les deux tiers du globe oculaire derrière l'iris, derrière le cristallin et l'iris, et c'est ce gel transparent qui donne les corps flottants lorsqu'on voit des mouches volantes. C'est le vitré qui transforme un petit peu sa structure. Et enfin... Après avoir traversé tous ces milieux transparents, la lumière est arrêtée sur la rétine. La rétine, c'est la pellicule de photo qui tapisse la totalité de l'intérieur du globe. Et cette rétine, elle va transformer la lumière reçue en signal électrique pour le transmettre via les voies visuelles à l'arrière du cerveau, au cortex visuel qui, lui, va transformer et va traiter les informations reçues. Et donc, le cheminant de la lumière, il part de la cornée, il arrive à la rétine, il traverse, il chemine dans les voies visuelles et il arrive au cortex visuel qui va voir et qui va restituer l'image.
- Speaker #0
Donc, on se rend compte que la rétine est un élément essentiel dans cette structure. Est-ce que vous pourriez nous expliquer de façon plus spécifique comment fonctionne la rétine et surtout, Quelle dimension de la vision la rétine permet de gérer ?
- Speaker #1
Alors, la rétine, en fait, elle est multiple. C'est-à-dire que la partie essentielle qui permet de voir des choses précises s'appelle la macula. La macula, c'est la zone centrale de la rétine. C'est une petite zone d'environ un quart de millimètre de diamètre. Donc, c'est une tête d'épingle. Et c'est cette tête d'épingle qui permet d'avoir l'acuité visuelle. C'est-à-dire que lorsqu'on regarde quelque chose, lorsqu'on veut voir précisément quelque chose, on tourne les yeux. pour que l'image arrive sur la macula, sur cette zone centrale. Alors pourquoi c'est la zone précise ? Parce qu'en fait, les cellules visuelles qui la composent, qui sont des cônes, sont des cellules visuelles particulières, qui sont très précises, qui permettent d'avoir les détails, qui permettent de voir les couleurs. À côté de cette macula, tout le reste, c'est la rétine que l'on appelle la rétine plus périphérique. Cette rétine est très utile également parce qu'elle permet le champ visuel. Lorsque vous fixez quelque chose et que vous mettez vos mains sur les côtés, vous les voyez grâce aux cellules visuelles qui s'appellent les bâtonnets, qui sont situées sur les côtés. Donc la rétine, toutes les cellules qui la composent sont utiles, mais la macula, c'est la zone essentielle qui permet de voir les choses précises. Sans macula, on voit... Sans champ visuel, on voit, mais on a des problèmes que l'on pourra détailler plus tard.
- Speaker #0
Très bien. Alors là, on a bien compris que dans l'œil, toutes ces zones ont des fonctions en quelque sorte spécifiques, ce qui nous prouve bien que la vision, c'est quand même quelque chose d'assez complexe. Est-ce que vous pourriez nous expliquer tous les paramètres qui vont rentrer en ligne de compte justement dans la vision et qui vont faire que l'on voit plus ou moins bien ?
- Speaker #1
Je parlais tout à l'heure du champ visuel, c'est-à-dire que toute la rétine périphérique nous permet d'avoir le champ visuel. Et vous imaginez bien que si vous avez un champ visuel qui est très rétrécisse, comme on a par exemple dans un glaucome évolué, vous pouvez avoir une très bonne vision, mais vous avez un champ visuel qui ne vous permet pas de vous diriger, c'est-à-dire que vous n'allez pas voir sur les côtés, et par exemple, conduire, voir si quelqu'un arrive sur le côté, et vous n'aurez pas la possibilité. de le faire. Donc le champ visuel est un paramètre très important aussi qui concourt à la qualité de vision, à la vision. L'autre paramètre très important, c'est la vision des couleurs. Les couleurs sont très importantes dans le quotidien et on a des pathologies, la plus connue étant le daltonisme, on a des pathologies qui vont altérer la vision des couleurs. C'est-à-dire que les patients voient dans des tonalités de gris, de marron, de bleu, mais un petit peu tout mélanger. Et ces pathologies de la vision des couleurs peuvent être perturbantes et peuvent entraîner aussi la pratique de certaines professions. Et enfin, un élément très important à considérer, c'est la vision binoculaire. On a deux yeux, et ces deux yeux ne transmettent pas au cerveau la même image. Les deux yeux vont donner une image un petit peu différente. Si vous mettez une carte avec un trou et que vous visez quelque chose, vous allez voir que spontanément, à travers l'orifice, vous allez voir l'objet, et puis avec l'autre œil, vous ne verrez plus l'objet. parce que le cerveau va recevoir des deux yeux une image différente pour créer le relief. Et cette vision binoculaire, elle est très importante pour permettre le quotidien. Si vous essayez de verser de l'eau dans un verre en fermant un œil, vous allez verser à côté. Après, ça s'entretient, ça s'éduque, mais c'est un élément aussi qui est très important et qui est formé dans les deux ou trois premières années de la vie. On crée sa vision binoculaire. Donc, on a besoin d'avoir deux yeux qui voient bien, pour avoir une bonne vision binoculaire. Donc, ces trois éléments, le champ visuel, la vision binoculaire, la vision des couleurs, concourent à la bonne qualité de vision.
- Speaker #0
D'accord. Donc, justement, en parlant de qualité de vision, quand on va chez l'ophtalmologiste, on mesure la qualité de notre vision selon un élément de mesure qui est l'acuité visuelle. On nous parle de dixièmes. Est-ce que vous pourriez nous expliquer de quoi il s'agit ?
- Speaker #1
Alors effectivement, lorsqu'on va chez l'ophtalmo, l'un des premiers tests que l'on fait, c'est qu'on se met devant un panneau avec des lettres de tailles différentes et l'ophtalmologiste ou maintenant l'orthoptiste va évaluer l'acuité visuelle. C'est-à-dire qu'on va avoir une note qui est sur 10 en France et puis dans les pays anglo-saxons c'est sur 20, mais peu importe. Ça permet d'avoir un niveau, de chiffrer l'acuité visuelle. Donc une acuité visuelle à 10 sur 10. C'est aujourd'hui la référence en France et dans le monde, 20 sur 20 pour les anglo-saxons, c'est la capacité qu'a la rétine de distinguer deux éléments qui sont séparés d'un angle d'une minute d'art, ça équivaut, à séparer des détails de 1,74 mm à une distance de 5 mètres. Ça veut dire, lorsqu'on vous projette le test avec les lettres habituellement, vous allez pouvoir faire la différence dans des petites lettres, entre le E, le F, le O ou le C, c'est-à-dire avoir un pouvoir de discrimination assez précis. Et en fonction de la taille des lettres que vous allez pouvoir différencier, vous allez avoir une note sur 10. Donc 10 sur 10, c'est la référence. C'est l'acuité visuelle que l'on doit obtenir pour avoir une vision dite normale, standard. Alors, il y a certains patients qui peuvent avoir une acuité visuelle supérieure à 10 dixièmes. Et quand on opère en chirurgie attractive, souvent, ça nous permet effectivement de gagner encore quelques dixièmes. Donc, on peut avoir une acuité visuelle, par exemple, à 12 dixièmes, 15 dixièmes pour les traits performants. Et à contrario, on peut avoir effectivement une baisse de l'acuité visuelle à 5 dixièmes. Ça veut dire qu'on a perdu 50% de sa vision. Et il faut savoir que cette vision, elle évolue dans le temps. À la naissance, un nouveau-né n'a pas 10 sur 10 d'acuité visuelle. On obtient les 10 dixièmes vers 4 ou 5 ans. Donc par contre, s'il n'a pas 10 dixièmes à 4 ou 5 ans, là il faut effectivement faire un bilan un petit peu plus complet. Voilà, donc c'est l'acuité visuelle qui se mesure. sur 10, elle évolue avec le temps, et c'est la performance visuelle que l'on mesure. C'est des dixièmes et c'est les performances visuelles.
- Speaker #0
D'accord, donc 10 dixièmes, on est sur une acuité visuelle normale, une acuité visuelle de référence. Vous évoquiez le fait qu'on peut avoir une acuité visuelle supérieure, on peut aussi avoir une acuité visuelle moins bonne, inférieure, une note inférieure en termes de dixièmes. Est-ce que quelqu'un qui aurait moins de un dixième... d'acuité visuelle et complètement dans le noir ?
- Speaker #1
Alors, pas du tout, justement. On en parlait tout à l'heure. On a vu qu'il y avait deux éléments à prendre en considération dans la rétine. C'est la macula et la périphérie de la rétine. Et lorsqu'on a moins de 1 dixième, c'est qu'on a une pathologie de la macula. Le plus souvent, on a ce qui est le plus connu, c'est ces atteintes de la macula qui entraînent une perte de la vision centrale. Donc, on peut avoir moins de 1 dixième mais on va conserver la vision périphérique, donc on peut faire quand même un bon nombre de choses. On peut se promener, on peut mener une vie qui peut être normale. Bien évidemment, on aura du mal à déchiffrer en lecture, mais maintenant on a des systèmes d'aide, effectivement, pour les patients. Mais voilà, on aura une vision centrale qui est altérée, mais cette vision centrale, je vous rappelle qu'elle est sur un quart de millimètre de diamètre, mais on a toute la périphérique intacte. Donc, bien évidemment, on n'est pas aveugle. Et, à contrario, lorsqu'on a un glaucome, on a un champ visuel qui se rétrécit. Et il peut se rétrécir pour avoir une vision tubulaire, c'est comme si vous regardiez dans un tube, vous pouvez avoir des idiomes, mais vous n'avez plus de champ visuel. Et ne plus avoir de champ visuel, ça peut être également très perturbant. L'autre élément à savoir, c'est que l'acuité visuelle n'est pas linéaire. L'échelle d'acuité visuelle n'est pas linéaire, c'est logarithmique. C'est-à-dire que l'écart de perception de performance entre 1 et 2 dixièmes est la même que celle que l'on a entre 5 et 10 dixièmes. Lorsqu'un patient a 8 sur 10, globalement, sa vision est quasiment normale parce que la perte de vision est très faible. Alors qu'entre 1 et elle est assez importante. Si un patient passe de 2 dixièmes à 1 dixième, c'est une perte assez notable. Alors que quand il passe de 10 dixièmes à 1 dixième, c'est plus faible, parce qu'on n'est pas linéaire. Donc ça, il faut aussi que les patients le sachent.
- Speaker #0
D'accord, donc une visite d'ophtalmologiste, on va évaluer justement cette acuité visuelle, c'est en dixième, donc vous avez bien expliqué le fonctionnement de cette échelle, en quelque sorte de dixième, qui est logarithmique. Pourtant, est-ce que ce qui est écrit quand on a une ordonnance et qu'il nous faut des lunettes, qu'il nous faut une correction, est-ce que ça correspond au dixième et à l'acuité visuelle ou est-ce qu'il y a autre chose qui est inscrit sur l'ordonnance ?
- Speaker #1
Alors effectivement, c'est une très bonne question parce qu'il y a une confusion. L'acuité visuelle, la mesure de l'acuité visuelle, c'est une mesure de performance. C'est-à-dire qu'on va noter votre vision sur le disque. Par contre, ce qui est sur les lunettes, c'est l'équipement, la puissance des verres qui est nécessaire pour vous donner une bonne performance visuelle. Et ça, ça se mesure en dioptrie. Lorsque vous allez chez l'ophtalmo, on vous met devant le test et puis ensuite, on vous met la grosse paire de lunettes devant. Et dans cette paire de lunettes, il y a des verres qui sont mesurés en dioptrie. pour savoir combien de dioptries il vous faut pour obtenir la meilleure performance visuelle. Alors, la dioptrie, c'est une dioptrie, c'est une lentille avec une distance focale de 1 mètre à une puissance de 1 dioptrie. Donc ça, c'est un petit peu technique et c'est pour l'optique, mais je vous donne un exemple de prescription. Les patients qui sont myopes, ils ont besoin de verres divergents. Ils ont un œil trop long, donc il faut faire arriver la lumière sur la rétine, il faut reculer l'image, il faut donc la faire diverger. par convention, le vert est noté moins. On met une sphère négative. Lorsqu'on est hypermétrope, on a un œil qui est trop court, il faut faire converger l'image, et par convention, c'est un vert positif. Donc, sur votre paire de lunettes, vous allez avoir un chiffre qui va être marqué moins. Par exemple, on va prendre une prescription d'un patient myope. Il va être myope, donc devant l'œil droit, vous allez avoir moins 2, par exemple. Ça veut dire qu'il vous faut 2 dioptrites pour avoir 10 sur 10. Ensuite, vous avez souvent une parenthèse. La parenthèse, c'est un cylindre, c'est-à-dire que vous êtes astigmate. Vous avez besoin d'une correction un peu plus importante sur un axe que sur un autre parce que c'est que votre cornet n'est pas ronde, mais ovale. Schématiquement, c'est un petit peu ça. Elle a la forme d'un ballon de rugby au lieu d'un ballon de foot. Et ensuite, vous allez avoir un axe puisqu'il faut bien mettre cette puissance sur un axe. Donc, vous allez avoir une correction moins 2, par exemple, avec entre parenthèses moins 1. fermez la parenthèse, 180 degrés. Donc, ça veut dire que le patient est mieux, qu'il est astigmatique, et donc, on corrige son astigmatisme. S'il est hypermétrope, vous avez ça pour chaque œil. S'il est hypermétrope, vous allez avoir plus 1,50, par exemple, avec entre parenthèses, moins 0,50 s'il est un petit peu astigmatique, et puis un autre à max, donc 170 degrés, par exemple. Et puis, lorsque vous avez les verbes progressifs, c'est-à-dire que vous avez la presbytie qui s'est installée, vous allez avoir marqué sur votre paire de lunettes addition et une puissance duoprique, toujours positive, parce que là, il faut grossir l'image, faire converger l'image. Donc, addition plus 2, par exemple. C'est-à-dire, c'est ce qu'on va rajouter sur votre paire de lunettes en vision de près, quand vous avez perdu, malheureusement, cette accommodation magique, cette addition en vision de près pour voir l'image nette lorsque vous passez de la vision de loin à la vision de près sur vos verres progressifs. Donc, voilà un petit peu. Comment on note ? Les lunettes sont notées en dioptrie et ces dioptries vous permettent d'avoir dix dixièmes d'acuité visuelle au mieux.
- Speaker #0
Très bien, merci beaucoup pour toutes ces explications, Dr Al-Bouganem. Alors, on va peut-être essayer de faire une petite synthèse de cet échange. Donc si j'avais cinq ou six points à retenir, peut-être d'abord le premier, c'est que l'œil et le cerveau ont une origine commune et que l'œil, c'est la partie visible du cerveau qui perçoit la lumière et les signaux extérieurs. La lumière, donc, vous avez expliqué, elle traverse différentes structures. D'abord la cornée, la pupille et le cristallin, avant d'arriver à la rétine. Et cette rétine a, elle, pour fonction de transformer un signal lumineux qui provient de l'extérieur en signal électrique pour qu'il puisse être compris et interprété par le cerveau. C'est bien ça ?
- Speaker #1
Exactement, tout à fait.
- Speaker #0
Ensuite, on a parlé de la vision et donc bien voir, vous l'avez expliqué, ça repose sur différents paramètres. On a parlé de la vision des couleurs, on a parlé du champ visuel. Il y a aussi la faculté de discrimination, il y a la binocularité. Et pour évaluer la qualité de la vision, on utilise une référence de mesure qui est l'acuité visuelle et qui s'exprime en dixièmes. sachant que ça n'est pas comme à l'école, 20 sur 20, ce n'est pas le maximum, 10 dixièmes, c'est une norme, et on peut avoir une acuité visuelle qui est supérieure à cette norme, et aussi avoir une acuité visuelle qui est inférieure à cette norme. Est-ce que j'ai bien compris ?
- Speaker #1
C'est tout à fait exact, et c'est un bon résumé de ce premier podcast.
- Speaker #0
Tout d'abord, un grand merci au Dr Albou-Ganem pour son partage d'expertise au micro de rétine et pupille. Nous espérons que ce premier épisode vous a donné des clés pour mieux comprendre l'œil et la vision. Et nous vous donnons rendez-vous dans un mois avec un autre spécialiste pour un deuxième épisode consacré à l'ophtalmologie. Pour ne pas manquer ce deuxième épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétine et Pupille. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Théo, opérateur de cabinets d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, retrouvez-nous sur theo-med.fr. Il a été conçu par Fleur Chrétien et réalisé par l'agence Homme.