- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur Retro Ciné, votre rendez-vous cinéma qui vous transporte dans les films de patrimoine du cinéma mondial, avec des offres disponibles gratuitement ou presque, sur internet, dans les festivals, dans vos médiathèques et cinémathèques près de chez vous. Aujourd'hui nous nous retrouvons pour un épisode hors séance. où j'ai le plaisir d'être reçu dans les locaux de l'association Ciné-Cinéma, basée à Périgueux, et je suis en compagnie de M. Elio. M. Elio, bonjour. Merci d'avoir répondu positivement à ma demande d'interview, car je suis très content d'aborder pour cet épisode l'aspect associatif autour du cinéma et de mettre en lumière ceux qui transmettent cette passion cinéphile. Tout d'abord, pour commencer en douceur, je vous propose de vous présenter.
- Speaker #1
Bonjour à toutes et à tous, on est ravis de vous accueillir, d'avoir été identifiés, et d'abord... pu monter, organiser ce rendez-vous. Alors pour me présenter, c'est assez simple, je m'appelle Jean-Michel Elio, je suis le responsable de la programmation ARSC de l'association Ciné-Cinéma à Périlleux. J'ai en charge le développement des projets d'éducation artistique aux images, donc j'insiste sur le terme artistique. J'encadre également l'élaboration des appels à projets qui sont nombreux. qui sont une composante essentielle de notre activité et de notre budget. Pour rentrer un peu plus dans le côté personnel, je suis docteur en études cinématographiques et audiovisuelles. Par le passé, j'ai longtemps enseigné à l'université de Caen. Je m'occupais essentiellement des enseignements d'études scénaristiques, théoriques et pratiques, et je m'occupais également de... des unités de valeurs axées sur l'étude de l'image fixe et la mise en scène. J'ai soutenu une thèse de doctorat sur l'esthétique baroque, ses relations et ses échanges entre les films et la peinture baroque du XVIIe siècle. J'ai établi une grille d'analyse pour essayer d'évaluer comment le mouvement en peinture et en cinéma pouvait s'échanger d'un médium à l'autre à travers des filmographies pré-sélectionnées et des peintres identifiés. Et puis par ailleurs, j'ai soutenu un débat d'esthétique et de sens de l'art aussi, également à la Sorbonne. Je travaille ici maintenant depuis bientôt 20 ans.
- Speaker #0
Vous avez un exemple de quel film vis-à-vis de quelle peinture afin que l'on puisse imager ?
- Speaker #1
Par exemple... On pourrait établir des échanges entre l'univers de Brian De Palma. Brian De Palma est un artiste composite qui développe une esthétique baroque, mais aussi maniériste. On pourrait faire des rapprochements entre certaines œuvres, certaines toiles. du XVIIe siècle vénitien par exemple, et puis des plans tournés par De Palma. Et si on y regarde un peu plus près, on pourrait voir que chez les peintres vénitiens, comme dans les plans, les scènes des films de Marie De Palma, il y a une volonté d'atomiser l'espace, de le redimensionner, de casser la lecture frontale, la perspective linéaire, pour donner à voir des espaces augmentés, démultipliés.
- Speaker #0
Est-ce que vous pourriez retracer brièvement l'histoire de Ciné-Cinéma, donc de sa création, si je ne me trompe pas, en 1988 à aujourd'hui ?
- Speaker #1
Donc oui, comme vous l'avez précisé, l'acte de naissance, c'est l'année 1988. C'est une association de cinéphiles à la base, qui travaillait déjà en partenariat régulier avec une salle de cinéma. A l'époque, c'était déjà le groupe CGR, mais il était implanté ailleurs que là où il est actuellement. C'était sur le cours Fais de l'eau à Périgueux, qui aujourd'hui abrite la librairie Marbeau-Leclerc. C'était un cinéma de quatre salles, je crois, et l'association avait un accès encadré à des séances. La vocation principale de l'asso, c'était plutôt de travailler sur l'axe pédagogique et d'offrir un éventail aux enseignants de propositions de films. à des fins d'études en classe. L'assaut avait à l'époque déjà, parce que ça a toujours été une actualité, un fil conducteur de son identité, l'assaut à l'époque avait déjà à l'esprit de... Conquérir son indépendance et d'avoir un cinéma indépendant, RSC à Périgueux. Une chose, ce sont des longtemps inscrits dans cette trajectoire. Et puis est advenu le projet du Multiplex à Périgueux, avec un groupe qui s'appelait, j'utilise le passé parce qu'il a été vendu à CGR, un groupe qui s'appelait Cap Cinéma. Le PDG du groupe avait... avait développé une idée plutôt astucieuse à l'époque, qui consistait en fait à ouvrir des multiplexes dans des moyennes villes qui étaient ignorées par les grands circuits CGR, Patagoumont, IGC, exemple PNG, Agin, Montauban. Donc c'était plutôt pertinent comme approche. C'était à l'époque où les multiplexes, avec le vent en poupe, pouvaient correspondre dans la formulation de leur offre, répondre à une demande. Donc là, à l'époque, l'ASSO avait envisagé d'être définitivement indépendante de par le transfert d'un modèle à quatre salles vers un multiplex en centre-ville. Le groupe CGR n'était pas intéressé pour s'implanter à l'époque à Péreville. Donc c'est Cap Cinéma qui a réussi à l'occasion d'un tour de table avec la mairie et puis la société Vinci, parce qu'il était important pour l'acteur Cap Cinéma d'avoir un parking. Donc là, il y a eu un tour de table, mairie, Vinci, Cap Cinéma, qui se sont entendus pour ouvrir le multiplex en centre-ville, puisque d'ordinaire, ce type de bâtiment a plutôt vocation à migrer vers l'extérieur. Et puis, il y avait un projet de récupérer les anciens locaux, abandonnés par CGR, pour y installer et implanter l'activité RAC. Donc l'idée, c'était d'avoir deux bâtiments distincts. pour des raisons diverses et variées, ça ne s'est pas fait. On s'est retrouvé, l'ASSO s'est retrouvé avec l'obligation pratiquement de travailler à ce moment-là, en tout cas avec le seul acteur, le seul exploitant à cette année, c'est-à-dire le Cap-Cinéma en centre-ville. Donc l'ASSO a changé dans l'orientation, elle a progressivement abandonné l'idée de l'indépendance, pour travailler en... à concevoir et à élaborer une convention avec le CREF Cinéma. Et à l'époque, la SAU n'avait pas de salariés. Donc les premières années ont été très compliquées. Il est important de noter qu'on était sur un modèle de fonctionnement au sein de la SAU Cinéma, un conseil d'administration qui avait été complètement renouvelé, puisqu'on peut comprendre que ceux qui avaient porté le projet d'un cinéma dépendant n'étaient pas intéressés pour aller travailler sur un autre modèle. Donc l'activité a été difficile à maintenir les premières années. Les échanges entre les uns et les autres étaient assez tendus. Et donc c'est pour justement fluidifier et harmoniser les choses que l'ASSO a engagé un premier salarié. Moi je suis arrivé il y a bientôt 20 ans. On a travaillé pendant plusieurs années à consolider différents volets de la convention pour les faire impliquer. Le renouvellement des équipes au sein du groupe Capcinema... il y aura aussi contribué beaucoup à l'époque. Donc la convention, au bout de 3-4 ans, a commencé à évoluer favorablement. On a consolidé des acquis. Il a fallu quand même 4-5 ans pour consolider les acquis. Et c'est qu'à partir de ce premier terme, qu'on a réussi ensuite à progresser, à développer énormément l'activité, au point qu'on a rencontré le besoin de... de recruter un deuxième salarié. C'était il y a 12 ans, c'est ma collègue, Julia Caro, qui s'occupe plus particulièrement des activités et d'encadrement des publics jeunes, ou publics et publics jeunes. Et elle est arrivée ici il y a 12 ans en qualité de service civique. Ensuite, on l'a gardée l'année suivante en contrat aidé. Et puis le contrat aidé s'est concrétisé en CDI. à temps complet. Aujourd'hui, sous la forme salariée, l'association compte deux personnes qui sont essentielles à l'activité quotidienne de Ciné-Cinéma. Il est à noter que le groupe Cap Cinéma, avec lequel on avait développé une convention très à notre avantage, puisqu'on était associé à la billetterie, on percevait un pourcentage d'une rétrocession, a été vendu il y a un peu plus de 4 ans au groupe CGA. Ce groupe CGR a pris les rênes de l'activité de l'exploitation locale, forcément, mais a aussi récupéré tous les autres établissements qui appartenaient au groupe Capcinema, donc au total CGR. C'est enrichi de 23 salles de cinéma avec le rachat du groupe Capcinéma. Aujourd'hui c'est 73 établissements implantés en France, c'est le premier circuit en nombre d'établissements, peut-être pas en nombre de fauteuils. Et depuis maintenant un peu plus de 3 ans, on a une nouvelle convention qui a été redimensionnée à la demande du groupe CGR. On a perdu le bénéfice de la rétrocession sur les entrées, c'est quand même une perte de 10 000 euros. on a conservé Néanmoins, l'avantage du reversement intégral de la prime ARES est annuel. Et pour la première fois, la convention présente la particularité d'être signée aussi par la mairie de Périglou. C'est une convention tripartite qui s'applique depuis trois ans. Et c'est la première fois depuis 1988 qu'on a le soutien ferme de notre principal partenaire, qui est NEDO. qui n'est autre que la mairie du Périnée.
- Speaker #0
Je vais juste revenir sur la composition de l'association. Si je comprends bien, deux salariés. Et vous avez combien de bénévoles ? Et un petit peu, quels sont les rôles de chacun ?
- Speaker #1
Donc, on est deux salariés. Je ne reviens pas sur les caractéristiques de nos postes, respectifs à Julia et à moi. Mais néanmoins, on a un conseil d'administration composé de 12 membres et un bureau composé de 6 membres qui peut être renouvelé chaque année à l'occasion de l'Assemblée générale. Ce sont des mandats pour trois ans. Il est évident que les six personnes qui composent le bureau ont une activité régulière et centrale, particulièrement le président Marc Becquerel, qui est président de Ciné-Cinéma depuis trois ans. Il a succédé à Roger Roche, aujourd'hui vice-président, qui a été lui président pendant un peu plus de dix ans. Donc Marc Becquerel, qui a une activité très importante au sein de Ciné-Cinéma. pratiquement quotidienne. Je dirais également qu'il y a un rôle central qui est entre les mains de la trésorière, c'est Joël Andrieux. Ce sont les deux personnes qui vont certainement, au titre de l'activité bénévole, faire responsabilité des plus chronophages. Bien évidemment, les choses sont très crantées. Le conseil d'administration a toute l'attitude de légitimité pour... organiser le développement, les pensées, les orientations stratégiques de ciné-cinéma. D'ailleurs, tout récemment, pour vous donner un exemple, on a organisé une assemblée générale extraordinaire en début d'année 2025 sous la roulette du conseil d'administration pour rendre publique les conclusions d'une étude de marché, de faisabilité d'un éventuel établissement cinématographique indépendant. C'est une étude qui a été cofinancée par la mairie de Périlleux et Ciné-Cinéma et ces conclusions ont été rendues publiques au début de l'année. Elles sont plutôt favorables. Aujourd'hui la question est, est-ce que ce projet sortira de terre ? On est loin d'avoir une réponse, quelle qu'elle soit. La situation aujourd'hui à l'échelle du pays, sur le plan budgétaire, la situation est extrêmement tendue, y compris pour des acteurs. Ce serait les premiers concernés par la construction d'un établissement qui nécessiterait de recruter des salariés, d'augmenter considérablement la masse salariale, d'avoir aussi un budget de fonctionnement adapté aux besoins, de faire fonctionner quotidiennement un établissement avec trois écrans. Il n'y a pas de décision dans un sens ou dans l'autre clairement prise aujourd'hui. Ça reste encore à l'état, le dernier examen approfondi, mais il est vrai que l'étude donne à voir des marges de manœuvre qui vont dans le sens d'une activité qui peut être tout à fait livrée pour que chacun puisse contribuer en pensant des besoins. Et puis, il y a aussi une vingtaine de bénévoles qui interviennent sur des activités spécifiques. La vente de cartes, puisqu'on fonctionne sur le principe de l'adhésion, même si chacun et chacune peut se rendre librement pour aller voir les filles, il n'en demeure pas moins que nous sommes une association avec un fonctionnement basique, classique, sur un modèle d'adhésion. Alors ces bénévoles interviennent sur les volets tels que, je veux préciser la vente de cartes, la distribution des cartes, chez les partenaires relais, les libraires. la distribution des programmes, des soutiens ponctuels sur des aspects techniques. opérationnelle, activité salariée qui est très centrale dans l'activité de Ciné-Cinéma parce qu'elle implique une connaissance très aiguë des réalités de l'exploitation cinématographique, de la distribution des films. La particularité aussi de Ciné-Cinéma, c'est de penser sa programmation mensuelle comme une saison. C'est-à-dire que nous, quand on démarre l'année en septembre, on a à peu près déjà 50 à 60 euros. de temps fort qui sont identifiés pour l'année à venir, on pourrait presque publier un document à l'instar d'un théâtre ou d'une salle de concert avec un agenda très nourri, très détaillé des actions à venir. Ce qui fait qu'on a des marges de manœuvre qui sont très réduites quand il s'agit après, au fil des semaines, des mois, de répondre à des besoins plus spécifiques sur le terrain. Parce qu'on est engagé par des partenariats annuels, trimestriels, reconduits, et ce à l'échelle du Grand Périgueux. Donc on a énormément d'actualité. On fait rayonner l'actualité cinématographique vers l'extérieur, hors les murs, et en retour on accueille les publics qui nous sont amenés par les partenaires. C'est un fonctionnement réflexif.
- Speaker #0
On va revenir un petit peu justement sur comment fonctionne l'association. Vous parliez de l'adhésion, justement. Combien de personnes vous avez aujourd'hui qui adhèrent justement à cette association ? J'ai trouvé des chiffres qui datent de 2022, environ 800 adhérents, pour 40 000 spectateurs, dont les scolaires. Qu'est-ce qui fait le succès d'une association, et comment est-ce qu'on va chercher ces adhérents ?
- Speaker #1
Alors, vos chiffres sont exacts, mais si on les actualise, on est à 870 adhérents, et on est à 45 000 entrées, ce qui représente un pourcentage élevé en proportion du... du volume global des entrées du multiplex. Alors, la difficulté qu'on rencontre, nous, elle est partagée avec d'autres acteurs associatifs, c'est-à-dire qu'il est délicat pour les difficiles aujourd'hui de s'assurer de manière presque automatique que tous nos adhérents, parce qu'ils auraient pris une fois une année, une carte, vont la reprendre spontanément. Et on voit bien que depuis quelques années, bien qu'on ait augmenté le nombre d'adhérents, les profils d'adhérents qui ont pu prendre une carte ces dernières années sont très éloignés des profils qu'on pouvait rencontrer il y a encore 5-10 ans. Parce que vous comprenez bien que par l'ancienneté de Ciné-Cinéma, son ancrage territorial depuis... Depuis 35 ans, il est évident que ceux qui sont les signifient de la première heure, ou du moins ceux qui se sont implantés et installés depuis, ont largement compris l'intérêt qu'il y avait à être adhérents. Ils n'ont pas eu besoin qu'on les force, qu'on cherche à les convaincre. La difficulté c'est d'arriver à toucher de nouveaux publics qui ne sont pas... immédiatement des signes et signes dans une attente très marquée, qui peuvent avoir un intérêt pour toute ou partie de notre programmation, mais encore faut-il une fois que la carte a été vendue une première année, pouvoir s'assurer qu'ils la reprennent. Or on est loin d'avoir cette spontanéité dans la reconduction, on a toujours un nombre d'adhérents assez élevé qui chaque année ne reprennent pas leur carte. C'est rééquilibré par ce travail de communication qui présente différents volets pour aller toucher des publics supplémentaires, communication hors les murs mais aussi communication dans la salle, par le biais de cartons numériques qui sont diffusés dans la salle, avant le lancement du film. La grande difficulté aujourd'hui c'est d'arriver à s'assurer que derrière l'adhésion vous avez des personnes qui ont une compréhension de la raison profonde pour laquelle ils s'engagent. qui ne devrait pas être uniquement la seule motivation du volet, de l'aspect financier, le tarif. Parce que voyez-vous, on a la carte d'adhérent, une fois qu'elle est achetée, elle octroie à son bénéficiaire un tarif à 6,20€ la séance. Bon, c'est beaucoup moins que le plein tarif qui dépasse les 10€, mais c'est encore plus cher que certains tarifs, notamment ceux qui sont appliqués, dont beaucoup bénéficient notamment les comités d'entreprise, les CE. ou d'autres publics qui bénéficient par exemple de l'UTL, l'Université du Tour libre, qui est une association qui a plus de 1000 adhérents. Tous ceux qui souscrivent à une adhésion UTL annuelle, leur adhésion annuelle leur permet également, sur présentation de leur carte, d'avoir un tarif intéressant aussi. Et donc si vous voulez, on a beaucoup de gens. qui sont des spectateurs réguliers de notre programmation, qui viennent voir les films qui sont programmés par l'assaut. Je parle bien des films programmés, mais pas que les films soutenus, parce qu'on en parlera. Il y a une distinction entre films programmés et films soutenus. Je parle bien des films qui sont programmés, pour lesquels on choisit aussi les créneaux horaires. Donc ce sont des personnes qui connaissent l'assaut, qui choisissent les films en tout cas. de connaissance de cause qui retiennent le créneau correspondant et qui ne sont pas adhérents pour autant. Sur les chiffres de 2024, on a fait une étude, on s'est rendu compte que plus de la moitié de nos spectateurs qui se rendaient sur les séances des films programmés n'étaient pas adhérents à l'association. Ils payent un autre tarif que 6,20. Donc s'ils payent un autre tarif, c'est qu'ils n'ont pas la carte. Donc on estime à 10 000 à 12 000 entrées. 12 000, 13 000 entrées annuelles correspondant à des tickets autres que 6,20 euros. Et pourtant, ce sont des spectateurs de nos séances. Donc il y a un nombre très élevé de spectateurs réguliers qui bénéficient soit de tarifs plus avantageux, soit qui ont à ce point une totale méconnaissance de l'assaut au point de venir régulièrement et de ne pas avoir compris qu'il y avait un principe d'adhésion. J'ai du mal à le croire. Je pense plutôt que ce sont pour beaucoup d'entre eux des publics qui ont des tarifs très avantageux et qui ne voient pas l'intérêt de soutenir l'assaut. Et c'est problématique parce que certes, le tarif c'est une chose, mais pour en bénéficier encore faut-il avoir un film intéressant à aller voir. Si vous n'avez pas de film qui vous intéresse, vous ne fichez pas mal d'avoir un tarif. Le tarif est consubstantiel à une offre. Et c'est ça le travail sur lequel on se penche, c'est comment toucher ces publics. pour leur faire comprendre que le tarif n'a de sens que s'il y a un film à la fiche.
- Speaker #0
Justement, on va rentrer un peu plus dans le détail de la programmation. C'est vraiment le cœur de l'association. Si j'ai bien compris, vous programmez jusqu'à 5 films par jour, 35 séances par semaine, et jusqu'à 70 séances quand il y a les films soutenus qui sont ajoutés. Comment est-ce que vous co-écrivez cette programmation avec le CGR ? Et du coup, quelle est la distinction entre les films soutenus et les films programmés ?
- Speaker #1
Vous avez raison de détailler la nature de l'offre, parce qu'elle est très particulière. Nous, on a une totale liberté de proposition. On choisit, chaque mois, on élabore une maquette en identifiant les films qui vont être programmés par l'association, sur la base de 35 séances par semaine. Par le passé, avec des conventions plus avantageuses sur ce point, on était monté à 45 séances par semaine. On avait davantage de séances avec les conventions. des conventions qui avaient été successivement signées avec Capcinema. Là on est sur un modèle A35, 11h, 14h, 16h, 18h, 20h. Donc j'élabore une grille de programmation qui repose sur le respect d'un certain nombre de... le respect d'un cahier des charges, mais aussi de critères qui sont propres en fonctionnement de l'association. On y reviendra, nous on a une offre qui est très très échantillonnée. très très diversifié. Pourquoi ? Parce qu'on fait basculer dans la programmation mensuelle énormément d'activités qui reposent sur des projets de terrain, qui sont développés avec les acteurs associatifs, culturels, le monde de l'éducation. Ce qui fait qu'on a dans une programmation mensuelle à peu près un quart de l'offre qui est nourrie par des impératifs. qui ne sont pas uniquement ceux d'une salle classique qui met à l'affiche des films et qui propose des créneaux horaires en face. On a une activité extérieure qui repose sur la mise en œuvre de pilotages d'appels à projets, des boucles de programmation très spécifiques avec les scolaires, notamment sur le hors-temps scolaire, et cela nourrit un nombre de films, un nombre de séances en rapport. qui sont hébergés, qui trouvent un point de chute, qui sont hébergés chaque mois dans la programmation ordinaire qui est proposée à tous les publics. Encore une fois, tous ces films sont proposés librement, visibles par tous, mais un certain nombre de titres sont retenus pour des besoins spécifiques à nos activités périphériques. Et il se trouve qu'il y a un point d'entrée dans la programmation, parce que l'intérêt, c'est d'amener les publics, notamment sur le hors-temps scolaire ou des publics éloignés. Ils ne sont pas captifs via le relais, les leviers des partenaires, amener ces publics dans la salle, le soir en particulier ou l'après-midi. sur des horaires dédiés. Donc, on élabore cette programmation en fonction de l'actualité des sorties et en fonction de notre propre actualité, comme vous allez me dire, qui est nourrie par les besoins propres à l'assaut et à son activité. Et puis, on identifie les films qui vont être soutenus de l'ordre de 3-4 par mois, soutenus au sens où l'assaut qu'à ceux qui auront été identifiés. permettront aux adhérents de bénéficier du même tarif que pour les films programmés. Alors ils sont soutenus, mais on n'a pas la maîtrise du choix des créneaux horaires. Pourquoi ? Parce que ce sont des films qui vont sortir en national. En règle générale, un film en national, le distributeur au moins en première semaine fixe 21 à 28 séances, et que nous on ne peut pas consacrer 21 voire 28 de nos 35 séances pour un seul film. Ça ne va aucun sens. Donc on garde la maîtrise de l'offre principale des 35 séances qui sont dédiées à des films programmés par le soin qui ne sortent pas en national, qu'on récupère en troisième, quatrième semaine en sortie décalée. Et puis CGR, qui a les moyens puisqu'ils ont neuf salles, CGR a vocation à soutenir en national des films arrêtés un peu plus grand public, toutes les semaines. en règle générale, entre octobre et avril, mai, c'est toutes les semaines. Et nous, à l'intérieur de ce cadre, on sélectionne les nationales qui nous intéressent. Et on intègre ces nationales à notre maquette globale. Chaque mois, cette maquette est adressée au service de programmation du groupe CGR, qui est implanté à la Rochelle. Ils ont plein de connaissances. Ils nous alertent sur les possibilités qu'ils ont de programmer ou pas tel ou tel. nationale parce que c'est pas à nous d'imposer au groupe CGR de sortir en nationale s'il n'y voit pas d'intérêt.
- Speaker #0
Par contre, il peut arriver parfois qu'ils nous signalent que tel film qu'on avait identifié en troisième semaine pour les besoins de notre programmation principale, finalement ce film sortira en national. Donc ça nécessite d'apporter des corrections à la maquette. Mais en règle générale, la maquette telle qu'elle est fixée par nous, au moment où elle est transmise au service programmation, on peut dire qu'à 90% elle est fixée. C'est des ajustements, simplement en termes de temporalité, sur un ou deux titres qui peuvent être soit laissés à l'avantage de Ciné-Cinéma, parce que le groupe n'a pas de place pour sortir ce film en national à la REC, soit à l'inverse, avec le distributeur, le groupe peut estimer avoir un intérêt plus important à le sortir, plutôt que de nous le laisser en troisième semaine. parce que il y a La relation entre l'asso et le groupe CGR, qui est l'exploitant, mais le groupe CGR, en tant qu'exploitant, a des échanges avec les distributeurs. Et certains distributeurs peuvent aussi avoir des exigences, des souhaits. Ça dépend aussi de la nature de leur relation. Et le groupe peut très bien aussi, parce qu'il a un intérêt à accompagner un film, en particulier en sortie nationale, à le prendre à Périgueux. On n'est pas maître de ça, parce que ce n'est pas notre rôle. Mais on n'est pas maître des échanges, des relations qui lient l'exploitant avec l'ensemble des partenaires de la chaîne de la distribution. Nous, on intervient après. On nous fixe un cadre sur les nationales. Par contre, nous, sur le volet principal de la programmation, c'est qu'à 90%, l'offre est stabilisée dès le départ.
- Speaker #1
Une question plus simple. Comment est-ce que vous déterminez quel film vous voulez justement présenter dans votre programme ? J'ai vu également que vous aviez des labels, labels recherche, découverte, patrimoine et jeunes publics. Comment est-ce que vous déterminez tout ça ?
- Speaker #0
C'est assez simple, parce qu'en fait, chaque distributeur a des particularismes, des spécificités dans les films qu'il va distribuer. Vous avez des distributeurs qui vont être plus axés sur... des films RSC grand public, d'autres qui vont être plus axés sur des niches, d'autres encore qui vont travailler davantage sur des sujets de société, quand d'autres travailleront plus sur des documentaires de création ou sur des approches qui consistent à valoriser des esthétiques davantage que des narratifs. Donc déjà, si vous voulez, vous avez une quinzaine de distributeurs qui partagent le marché de l'art RSC. et chacun occupe un segment. Et donc déjà ça vous permet de connaître les équilibres, les complémentarités. Ensuite effectivement nous on a vocation à couvrir tous les champs de l'offre. Donc on équilibre entre fiction et documentaire, on équilibre entre les labels, parce que c'est important, et les labels ça nous permet de répondre aux cahiers des charges du Sensei. Ce sont des éléments qui sont pris en compte dans le calcul annuel de la prime. On équilibre également entre les formes, les publics. On équilibre en fonction des zones, des cultures, des continents. Quand on a un maillage territorial aussi nourri que le nôtre, on sait à peu près, on arrive à définir aujourd'hui les intents. Moi j'arrive à peu près, j'arrive à connaître, à dresser le profil de l'adhérent type. Je vois à peu près ce qui va fonctionner ou pas. Ce n'est pas parce que ça ne va pas fonctionner que ça ne sera pas programmé. Mais si c'est programmé, il faudra trouver un autre angle pour séduire le public. Il faudra travailler à inscrire cette offre, à construire une actualité autour de cette offre qui n'est pas uniquement l'actualité de la sortie. Parce que vous avez beaucoup de films qui ne sont pas ou pas assez accompagnés par les médias, qui souffrent d'être totalement ignorés. Et quand ils sortent, ce n'est pas parce que vous l'avez à l'affiche. Les gens vont se ruer en salle. Je ne vois pas par quel mystère ça pourrait se concrétiser. Donc tous ces films fragiles, qui sont combien importants, qui doivent être montrés, nous on s'emploie autant que possible à construire une autre actualité que celle de la salle, de la sortie immédiate. Parfois ça peut être une sortie décalée d'un mois, de deux mois, de trois mois, parce qu'on attend le moment où on va pouvoir inscrire ce film dans un projet. Alors quand je dis projet, ce n'est pas simplement un partenaire qui se manifeste, qui a une envie de programmer ça, il faut qu'il y ait des articulations derrière, qu'il y ait des moyens qui soient engagés. Alors ça peut être une valorisation par un intervenant de qualité, par un invité, un technicien, un réalisateur. On peut inscrire aussi l'actualité de ce film à travers des projets portés par des acteurs culturels, en croisant les esthétiques, en travaillant sur des programmations en miroir entre la saison de l'un et l'actualité du film qu'on aura réussi à redonner de l'autre. On peut s'inscrire dans l'actualité des festivals, ce qui nous permet d'avoir des entrées pertinentes et puis de bénéficier de... communication augmentée, élargie, puisque le festival aura ses propres moyens de communication. Et donc ce n'est pas très important d'attendre jusqu'à un an pour programmer ce film. Dès lors qu'on a su accompagner, modéliser et trouver les bonnes articulations pour que le moment venu, en salle, nous y aille du monde, nous régulièrement, très régulièrement, dans la majorité des cas je dirais, on a une fréquentation le jour J, le moment venu. qui est largement supérieur à celle qu'on aurait eu si on avait sorti le film très rapidement, sans l'accompagner, simplement en le mettant à l'affiche. Donc c'est un travail de ciblage très très pointu, parce que la particularité de notre programmation, ça permettra aussi de faire une synthèse des propos qui ont été tenus, c'est qu'en fait elle est composée à la fois de l'actualité des sorties, de l'actualité des partenariats qui sont... trimestrielles, annuelles, qui prennent la forme de saisons culturelles, de festivals et autres. Et de l'apport de toutes les boucles de programmation avec les scolaires, de la maternelle jusqu'aux étudiants post-bac, et de l'apport des appels à projets, dont j'ai parlé en début d'interview, et qui peuvent, qui régulièrement, trouver un point d'entrée dans la programmation. Alors parfois, ça peut être très décalé dans le temps. comme je le disais précédemment, mais il n'en demeure pas moins que ce sont des films qui vont avoir un point d'entrée dans la programmation qui peut paraître inattendu, mais qui correspond au trajet des partenariats que j'ai précisé par l'instant et qui nous assure de la présence de public, du moment venu, dans la salle. Donc ça, c'est quelque chose de particulier, l'apport. parce que c'est un travail clandestin. Les boucles de programmation, les boucles spécifiques nourries par les appels à projets, sont des choses qui se cristallisent dans la programmation et qu'on ne retrouve pas forcément dans une programmation classique dans la plupart des salles de cinéma, ou du moins de manière peut-être plus modeste. Une salle de cinéma en général, elle se nourrit, elle se compose, elle va élaborer sa programmation. à partir de l'actualité, et puis des partenariats qu'elle bâtissait. Nous, si vous voulez, ça va beaucoup plus loin. Et c'est là où le volet éducation aux images prend toute sa pleine mesure. C'est qu'on arrive chaque mois à impulser, justement, à faire en sorte de faire infuser toute l'actualité hors les murs, éducation aux images en particulier, dans la réalité du montage de la maquette mensuelle.
- Speaker #1
Vous proposez également des événements, environ 70 tout au long de l'année, comme vous expliquez. Il y a des ciné-goûters, il y a des ciné-conférences. Quels sont un peu les retombées de ce genre d'événements ? Et je n'entends pas forcément économiques.
- Speaker #0
Oui, c'est vrai que cette actualité autour des temps forts, maintenant on peut l'estimer à 80 rendez-vous. Alors on a les pastilles, ce qu'on appelle les séances pastilles, qui sont des propositions de films. en miroir d'une programmation culturelle portée par un acteur. L'idée c'est plutôt d'avoir un effet miroir, puis d'établir des échanges, de créer un effet de surprise, ou de susciter un... Mais les séances pastilles ont plutôt vocation à apporter un habillage à une programmation qui est portée par un acteur, en essayant d'être pertinent sur la nature du choix. On a les séances passerelles... Passerelle parce qu'elles ont vocation à transmettre quelque chose. Donc passerelle au sens où on va organiser la rencontre avec un intervenant, un conférencier, un technicien, un réalisateur. Et puis on a les séances passeport, parce qu'en fait l'idée c'est qu'elles sont avant tout, même si ce n'est pas... Exhaustif, elles sont avant tout dédiées au public moins de 25 ans, soit le jeune public jusqu'à 3 à 15 ans, et le public jeune de 15 à 25 ans. Donc là, il y a l'idée du passeport, parce qu'elles font tout l'objet d'une médiation, et qu'elles s'inscrivent dans une démarche pédagogique, avec des enjeux éducatifs qui sont très identifiés, très ciblés, et c'est là où tous nos appels à projets, pour l'essentiel, se concentrent. passeport de la programmation. Les retombées, elles sont importantes parce que les publics accueillis, en fait, dans leur très grande majorité, je parle des séances passeport, la venue est bien souvent financée par Ciné-Cinéma, par le biais de mécanismes financiers qui reposent, comme je le disais, sur la capacité de répondre à des appels à projets. Donc on définit un cahier des chars. Une méthodologie à calendrier et le moment venu, quand l'année scolaire est engagée, on a un séquençage très précis pour faire converger tous ces publics vers la salle et on a le moment venu, la cristallisation des projets qui se réalisent là, dans la salle de cinéma, avec la rencontre entre le public, l'intervenant et l'œuvre, l'œuvre étant le film. Après, sur les deux autres axes, pastilles, passerelles, les retombées sont très importantes aussi, parce que nous, ça nous permet, si vous voulez, de faire connaître l'association par d'autres canaux de communication auprès d'autres publics, qui ne sont pas forcément des publics signifiles ou des réguliers de la salle.
- Speaker #1
Justement, pour revenir sur le public, vous travaillez notamment, on en parle depuis le début, un peu en filigrane, de l'éducation aux images. Vous travaillez avec des écoles jusqu'au poste de bac, vous avez dit. Vous avez école et cinéma, collège de cinéma. Comment est-ce que ça s'organise concrètement, que ce soit le choix des films, la coordination peut-être avec le CGR, et les échanges aussi avec les enseignants ?
- Speaker #0
C'est assez dense comme activité, de part aussi la nature et la variété des activités qui s'y rattachent. Alors, c'est ça. ça repose sur une approche méthodologique qui a fait ses preuves. Donc on pilote à notre échelle Périglure, et aussi quelques communes environnantes, on copilote les dispositifs d'éducation aux images officiels, donc école de cinéma, collège de cinéma, lycéen et apprenti de cinéma. L'opérateur culturel à l'échelle du département, celui qui a toute légitimité, c'est Cinepassion. Cinepassion, c'est le référent, le seul unique référent auprès des services de l'éducation nationale. Mais il se trouve que nous, à Péregue, on touche un très grand nombre d'écoles, on accueille aussi beaucoup d'écoles des communes avoisiment. Donc on est associé à ce pilotage. Ensuite, vous avez un deuxième niveau d'intervention qui repose sur les appels à projets dont j'ai parlé, politiques de la ville, grands périgus, les appels à projets spécifiques à l'adresse du public scolaire qui sont mis en ligne annuellement et qui émanent de la préfecture, des services de l'État. Donc vous avez par exemple le fonds interministériel de la prévention de la délinquance, la DILCRA. l'abus de campes de racisme, l'antisémitisme, le FIPD, la BIDECA, la prévention des addictions, CapSciences Bordeaux, ils sont très nombreux, on en pilote une dizaine par an, parce qu'il se trouve que nos projets sont perçus très positivement et qu'on arrive chaque année à renouveler, à... à repenser nos propositions, à les renouveler, et les enveloppes sont globalement reconduites. Et puis le troisième niveau, ce sont les séances spécifiques. Donc là, ça repose soit sur des demandes qui émanent du corps enseignant, mais de plus en plus, je dirais que ces séances spécifiques, elles sont de plus en plus identifiées en amont. Comment ? Pourquoi ? Parce que tout simplement, nous on met en oeuvre des Des boucles de programmation avec des propositions qui sont le fruit de concertations. On rencontre les enseignants, notamment des lycéens en particulier. Collège et lycée, on les rencontre au mois de juin pour essayer de définir avec eux un cadre d'intervention, à la fois de projection, de médiation. Quand je parle de médiation, à la différence des propositions de médiation sur les appels à projets, qui sont conduites par des intervenants extérieurs, les médiations dans le cadre des boucles de programmation spécifiques, c'est essentiellement moi qui intervient en classe. Donc j'encadre un certain nombre de projets avec les lycées, avec les classes post-bac, la boucle FFF, Frixion Frisson, chaque année avec l'IUT de Périgueux, Ville et Territoire Durable, à raison d'une séance chaque mois entre novembre et avril. Ce sont des séances qui vont lieu le soir. présenté par un groupe d'étudiants à leur paire, bien qu'il y ait d'autres publics, il n'y a pas que les étudiants ce soir-là. Et ensuite, ce groupe et moi, nous nous encadrons, nous essayons d'encadrer des échanges avec la salle. On fait de même avec l'Institut de droit et économie. On a une boucle de programmation, cette fois-ci trimestrielle, depuis l'année dernière. Depuis l'année dernière également, on met en œuvre en février... En copartenariat avec la mairie, la médiathèque et le relais des libraires, on met en œuvre le festival L'Émicéliale, qui est un festival de SF, qui a pris son envol l'an dernier et qui a connu d'excellents résultats pour sa première édition. Et on met en œuvre le pass lycéen une fois par mois, le mercredi après-midi. Là, c'est ma collègue qui intervient sur ce projet, qui avait été mis en œuvre, qui avait connu une première actualité il y a une dizaine d'années. progressivement abandonnée pour différentes raisons. Il a repris, il s'est de nouveau enraciné, il a retrouvé une actualité il y a maintenant deux ans. Donc c'est important de préciser la nature de ces opérations parce qu'elles sont organisées hors temps scolaire, le mercredi après-midi ou le soir. Et puis vous avez l'autre volet de ces boucles de programmation sur le temps scolaire qui fonctionne sous le principe d'une projection en salle suivie soit d'une intervention assurée par moi également en salle, soit décalée dans le temps, dans la classe. Et là, on est sur des boucles de programmation qui sont très précises, qui correspondent aussi à des choix concertés de part et d'autre, parce que ma mission première n'est pas de passer des journées dans les salles de classe à faire cours, à faire de l'analyse de film. Je ne peux pas me démultiplier sur toutes les demandes qui me seraient faites. Donc, d'un commun accord, on travaille... Chaque année, je travaille sur un volet de 40, 50, 60 films, 60 films sur lesquels je peux intervenir, et c'est à l'intérieur de cette présélection de titres que les enseignants font leur choix. Parfois, je peux accepter un titre ou deux supplémentaires, parce qu'au final, ça correspond à peu près, entre octobre et avril, ça correspond à 15 et 16 interventions en salle ou en classe de deux heures, donc c'est du boulot. Voilà comment s'articule ce travail très étroit avec les enseignants. Il y a aussi des actions qui pourraient apparaître comme semblables à des dispositifs. Je parle là, j'évoque ici l'école du petit spectateur, à ceci près que n'en est rien. Ce n'est pas un dispositif, c'est un projet que ma collègue a développé il y a 7-8 ans, qui a vocation en fait à... à toucher les tout petits, notamment ceux qui découvrent la salle de cinéma pour la première fois, et à proposer une médiation qu'elle assure, Julia, adaptée et spécifique à cet âge-là. Donc on a des modalités d'accompagnement, des méthodes d'intervention, que je ne vais pas détailler, mais qui donnent... pourrait donner l'impression qu'il s'agit d'un dispositif, ça s'appelle EPS, École du Petit Spectateur, qui n'a rien à voir avec École du Cinéma, mais qui est totalement complémentaire à celui-ci. Pour résumer, on a une offre qui va de l'École du Petit Spectateur jusqu'au groupe de programmation FFF, l'émissariat destiné au public étudiant, et découper selon trois rubriques, trois postes, les dispositifs. les appels à projets, les accents spécifiques de programmation.
- Speaker #1
On va rentrer dans le dernier axe, on va dire, de notre entretien, les dernières questions qui sont un petit peu plus light. Si vous aviez un souvenir marquant de l'association, ce serait lequel ? Une séance particulière ou un invité ? Quelque chose qui vous a passé un bon moment dans l'association et qui vous a marqué ?
- Speaker #0
C'est difficile d'en distinguer un en particulier. Disons que ça peut être plusieurs. Moi, je me souviens d'une époque qui aujourd'hui a disparu. Parce qu'on voit bien qu'il y a une métamorphose. Enfin, pas une métamorphose, c'est une mutation. Une mutation de la manière dont... avec laquelle le public s'approprie l'offre scématographique. En fait, aujourd'hui, vous êtes à un croisement, à un carrefour, depuis maintenant, depuis le monde. Les plateformes sont aujourd'hui très répandues, le cinéma d'appartement s'est installé dans les esprits. La salle de cinéma n'est pas ignorée, mais si vous voulez, la salle de cinéma a perdu l'exclusivité de l'offre. Vous avez sur les plateformes des films de cinéma tournés par des grands cinéastes, qui ne sont jamais... qui ne seront jamais visibles en salle de cinéma. Vous pensez à Scorsese, Jean Campion, Paolo, San Antino, qui ont travaillé avec Netflix. Ils ont eu des moyens colossaux, parfois supérieurs à ce que les sociétés de production ordinaire leur proposent. Ils ont pu librement mener à bien des projets qui n'étaient pas financés par ailleurs. Donc quand ils se lancent dans ce travail-là, ils ne vont pas faire les choses... Ils ne vont pas sous-estimer, modifier leur exigence qu'ils ont pour le cinéma. Il suffit pas mal de savoir que c'est produit par Warner pour une salle du cinéma, ou par Netflix pour la plateforme. Ça reste un film de cinéma pensé pour le cinéma. Malheureusement, il ne sera pas vu au cinéma. Et donc là, on est arrivé dans un moment où... La salle de cinéma a perdu l'actualité de la sortie, pour les raisons que j'ai précisées, puisque vous avez des films de cinéma qui sortent sur les plafonds, et vous avez le modèle du film, qui lui est concurrencé par le modèle, sur le plan de l'écriture, le modèle des séries. Donc si vous voulez, c'est générationnel, c'est massif, on ne pourra pas revenir en arrière, et quand vous consommez pendant... 10, 15, 20, 30 heures par semaine chez vous du cinéma de plateforme ou de la série, est-ce que vous avez encore du temps, est-ce que vous avez encore envie d'aller au cinéma, de vous retrouver encore devant un écran ? Pas forcément. Donc de toute façon, le modèle de la salle de cinéma va perdurer, mais je pense très sincèrement que le fait d'avoir perdu l'exclusivité de l'offre rend le cinéma possible, mais pas nécessaire. Alors on me dira oui mais il y a toujours eu, autrefois on était concurrencés par la cassette vidéo, les vidéoclubs, enfin il faut se rendre compte de quoi parle-t-on. Moi je suis de cette génération-là, il fallait aller chercher la cassette, traverser la ville, payer, retourner chez soi, regarder le film, ramener la cassette. Enfin ça n'a rien à voir avec la spontanéité, l'immédiateté de l'échange avec une plateforme. Ça n'a rien à voir. Netflix propose des abonnements avec publicité à 8 euros par mois, c'est le prix d'un ticket de cinéma. Jouer une cassée vidéo, ça coûtait cher. Pour en revenir, je vais répondre à votre question, mais je voulais poser ça comme préambule. Et donc, ça implique cette évolution de la relation entre le spectateur et la salle de cinéma, qui pour moi reste le lieu symbolique, mais qui n'est peut-être pas perçu comme symbolique par les nouvelles générations. Il y a quelque chose qui se perd, presque de l'ordre de l'affectif. Il y a quelque chose qui se perd, la salle ne fait plus forcément sens, et on peut l'entendre. Mais pour autant, il n'est pas impossible de ramener les publics vers la salle. Mais si vous voulez, ça demande un travail de terrain, d'accompagnement, de pilotage, méthodologique, éducatif, qui est sans commune mesure avec ce qui se faisait avant. Et nous, c'est ce sur quoi nous, ici, on travaille au quotidiennement. C'est vraiment l'axe principal de notre réflexion, c'est comment ce que nous proposons, les leviers que nous actionnons, les financements que l'on va chercher, comment tout ça est mis en forme pour au final s'assurer d'amener du monde dans la salle. Ce n'est pas autre chose. Et donc c'est un travail de médiation qui est très, très, très, très négatif parce que nous, entre septembre et juin, on a huit à neuf propositions par an, y compris les mois avec des périodes de vacances scolaires. Là par exemple, on a terminé la programmation du mois de septembre, on est à 9 rendez-vous sur 15 jours. Et autant en octobre sur 15 jours, puisque les vacances à partir du 16 octobre. Donc c'est colossal le travail qui est accompli justement pour valoriser les séances, les films par un accompagnement ad hoc. Donc pour en revenir à votre question, moi ce que j'ai retenu, ce qui me vient à l'esprit, c'est à plusieurs reprises avant le Covid, à la fin des années, c'était dans les années 2017-2018, à plusieurs reprises on a remporté. On a organisé des soirées et on a rempli la salle une. Il y avait 450 personnes. Depuis la reprise post-Covid, on n'a jamais revu ça. Et je vous assure, on avait fait venir Noémie Merland, l'actrice de Nurelisatrice depuis. Elle était venue présenter son film. Elle était au début de sa carrière. C'est un film avec Sandrine Bonner, qui jouait le rôle de sa mère. Et Noémie Merland jouait le rôle d'une... Jeune fille en brigadier tentée par le voyage chez Daech. Elle était époustouflée par cette salle remplie à 450 fauteuils à périlleux. C'était un résultat digne d'un blockbuster de Star Wars. On a connu ces résultats à plusieurs reprises. De la salle 2 à 330 fauteuils régulièrement. Il n'y a pas eu une année où on ne l'a pas remplie, parfois deux fois, trois fois. On n'a jamais plus revu ses résultats. Il s'est passé, il s'est produit quelque chose. Il s'est produit quelque chose. Ce qui me revient à l'esprit également, c'est à l'occasion des boucles de programmation, quand on a programmé par exemple le film de Scott Cooper au style de très très beau western avec Christian Bale, quand on a programmé Drive de Nicolas Windingham, à la fin du film, ce qui me revient à l'esprit, c'est les applaudissements. Ça c'est quelque chose d'assez fantastique. Quand vous avez un public, et là pour le coup il s'agit de public étudiant, lycéen. Quand vous avez ce déclenchement, à la fin, au moment où la lumière s'allume, vous avez les applaudissements nourris, ça dit quelque chose de ce qui s'est passé. De la manière, là vous avez l'assurance qu'il y a eu une rencontre entre le public et l'œuvre. Là vous avez fait bon. C'est d'autant plus remarquable que ça s'est reproduit alors que c'est quelque chose qui, par définition, est plutôt exceptionnel. Mais ici, à Périgueux, ça s'est répété plusieurs fois avec des publics différents à différentes années. Donc ça, vous voyez, ça peut être le côté massif de la mobilisation. Par différents canaux, leviers de publics qui ont tous convergé, qu'on a fait converger, parce que quand je vous disais qu'on avait rempli la salle à 450 fauteuils, la moitié du public correspondait à des actions qui avaient été engagées par l'assaut pour aller chercher, mobiliser les publics, trouver les financements, actionner les leviers, coordonner les opérations sur le terrain, pour au moins la moitié du public. Donc au moins 200, plus des scolaires. qui s'étaient additionnées. Donc il y avait un alignement des planètes. Et puis à l'opposé, vous pouvez vous retrouver simplement sur un temps plus modeste, mais tout aussi qualitatif. Vous avez une salle à 100 personnes, avec 70 étudiants, et puis vous entendez les gens applaudir en générique de fin à l'appareil. Ça, c'est quelque chose qui marque.
- Speaker #1
Une dernière question et peut-être une petite question bonus. Quels sont les futurs projets pour l'association ? Qu'est-ce qui est prévu pour vous dans les mois à venir ou jusqu'à la fin d'année ?
- Speaker #0
Dans les mois à venir, nous, on va partir en vacances. On a la grille de 2025-2026, comme je vous l'ai dit précédemment, elle est remplie aux deux tiers jusqu'en juin. C'est le résultat du travail de maillage, d'ancrage. territoriales au long cours. On a beaucoup de choses qui se reconduisent. Non pas parce que c'est facile, mais parce que ça fonctionne. Mais pour autant, on reste très ouvert à des actualités naissantes. Et c'est d'autant plus compliqué qu'on manque de place, qu'on n'a qu'une seule salle. Même si on a une deuxième salle à travers le modèle des films soutenus, il n'en demeure pas moins qu'on n'a qu'une salle. Pour faire émerger nos offres, nos soirées. Nos événements, on n'en a qu'une salle, on n'en a pas deux. Cette maquette conçue comme une saison 2025-2026, elle est... Elle est prête, il y a une ligne éditoriale, ça c'est clair, c'est un sujet qui est important. Il y a les parties-prix, les choix, les nécessités qui apparaissent à travers cette ligne éditoriale. D'abord, je dirais, c'est l'universalisme, la diversité et l'exigence. Après, on a préparé la maquette de sept ans, le programme est prêt, on a neuf rendez-vous. On va accueillir les festivals Play It Again avec la DRC. Un organisme parisien qui travaille beaucoup avec nous à Périeux. Je crois que c'est un des rares exemples dans le groupe CGR à travailler avec la DRC. On va travailler sur le volet cinéma du Festival Horizon qui a eu lieu. Nous, notre offre cinémale est volontairement décalée par rapport à l'actualité du Festival Horizon, qui vient de se terminer, qui est un festival qui associe le Maghreb, les cultures du Maghreb, du Proche-Orient, à travers une approche pluridisciplinaire. Donc autrefois on était associé à ce temps fort du mois de mai. Mais on s'est rendu compte avec le temps qu'on avait moins d'offres. Les films, par définition, au mois de mai vous avez le festival de Cannes. Les distributeurs bloquent les sorties pour montrer leurs films à Cannes. Ce qui fait qu'avril, mai, juin, c'est la période où les distributeurs sortent peu de films. Et par contre il y a un rebond dès le mois de septembre. Et donc on s'est rendu compte avec les années que c'était délicat d'arriver à offrir une actualité. Et paradoxalement, vous avez moins de monde aussi en salle. Les spectateurs s'intéressent davantage à des sorties extérieures, apprécier qu'il fasse beau, ont des activités de loisirs autres que d'aller au cinéma. Tout concourt à ce qu'il y ait moins de monde. Moins de spectateurs, moins de films. Tout concourt à ce que l'actualité soit reportée à la rentrée. Et donc nous, on a décalé notre volet cinéma. corrélée au Festival Horizon à la rentrée à l'automne. Donc on aura une belle actualité cette rentrée avec le Festival Horizon volet cinéma. On travaille aussi à la deuxième édition du Festival Hémisthéliade de Science Fiction qui aura lieu fin janvier début février 2026. Et puis après l'association travaille aussi à redéfinir son projet associatif. Elle a mis en œuvre un volet de formation ouvert à... Ouvert à tous, mais bon, les places sont limitées, mais en tout cas les bénévoles les plus actifs y participent. Un rendez-vous mensuel une fois par mois pour redéfinir le projet associatif. Puis après l'assaut, je ne fais que reprendre ce qui a été publié dans la presse. Aller sur deux axes aujourd'hui de réflexion, soit poursuivre à l'appui des résultats de l'étude de marché et de faisabilité, poursuivre la réflexion pour... Aller vers l'indépendance et ouvrir un cinéma à RLC, à Périgny, dans un contexte très tendu, puisque là, les budgets sont aujourd'hui rabotés, alors qu'il y a ma place. Mais ça, c'est le résultat du travail qu'on a mené nous à Sceaux, parce qu'on a réussi, si vous voulez, à construire une identité alors qu'on n'a pas de lieu. On est à l'intérieur du multiplex. Donc les gens quand ils pensent cinéma, ils pensent multiplexe, ils ne pensent pas cinéma. Les gens pensent le lieu en fonction du bâtiment où l'offre se déploie. Et nous on a nos bureaux ici, là aussi à l'intérieur d'un bâtiment, maison des assos. On n'a pas une vitrine qui donne sur la rue, on n'a pas de lieu propre. On partage notre temps entre deux lieux. le lieu technique et le lieu administratif, et à chaque fois on est à l'intérieur d'un autre bâtiment qui a sa propre identité. Donc c'est très compliqué ça. Et donc on a malgré tout réussi, par ce travail de projection hors les murs, à construire une identité. Aujourd'hui, moi j'en suis assuré, j'en ai la certitude, à l'échelle du Grand Périlleux, je ne vois pas qui ne peut, parmi les acteurs associatifs, institutionnels, culturels, et même le public au sens large, Je ne vois pas qui pourrait ne pas savoir qui est derrière ces missiles, à part des gens, des primo-arrivants, des gens qui se sont réveillés tardivement, mais si vous voulez, par la nature, la manière dont on a conçu notre travail, notre rayonnement. Quand je suis arrivé ici, tout de suite j'ai pensé qu'il fallait sortir des murs du multiplex, sinon c'était perdu. Si vous restez à l'intérieur du bâtiment et que vous pensez que votre communication est enfermée, c'est fini. Il fallait sortir et pour sortir il fallait pas simplement faire de la com, de venir voir ce qu'on faisait, il fallait créer du lien. Créer des partenariats et créer par des montages financiers, techniques, et on s'est employé à développer ce volet-là à travers une douzaine d'appels à projets qui régulièrement sont développés, mis en œuvre par l'ASSO chaque année. Et on a fait de même avec les établissements scolaires, tous les établissements scolaires, maternels, primaires, second degré, enseignement supérieur. Tous ces publics viennent, c'est eux qui viennent vers nous maintenant. C'est ce travail de construire une identité hors les murs. Donc là, soit le choix d'aller plus loin dans la réflexion, vers un établissement indépendant, ou alors, comme c'est encore aussi l'actualité, avec le soutien de la mairie. S'installer à côté du multiplex dans une des cellules commerciales qui est à vendre, à louer plutôt. Alors l'idéal, ce serait de s'installer dans la cellule la plus proche, pour être vraiment en contact avec le multiplex, le bâtiment du multiplex. Et donc de bénéficier d'un espace propre, d'évoluer à nos activités, y transférer nos bureaux, avoir un espace d'accueil pour nos publics, y adjoindre une cafétéria qui serait... Dans le fonctionnement, la gestion serait confiée à des bénévoles actifs. Ça existe dans beaucoup d'endroits, il n'y a pas de raison que ça n'existe pas périlleux. Mais il faut du monde, il faut des dizaines et des dizaines de bénévoles actifs, engagés, militants, convaincus, responsables du lieu. Et puis l'avantage de s'installer dans cet espace de 300 m² pour lequel il faudra engager des travaux, des aménagements, pour le mettre en ordre. L'avantage c'est d'avoir enfin un lieu de pouvoir communiquer vers l'extérieur avec une signalétique adaptive, tout en étant visuellement en contact immédiat avec le multiplex. Quitte à faire des travaux, des aménagements, pour qu'à l'intérieur du hall il y ait une ouverture vers le bâtiment de ciné-cinéma. En tout cas, ça peut être aussi une option, ça, qui est sur la table. Mais ça demande aussi des financements. Mais il est vrai que c'est des financements qui ne sont pas du tout comparables à ceux qu'il faut mobiliser pour construire un cinéma indépendant et pour le faire fonctionner tous les ans. Parce que si vous partez sur un projet de cinéma indépendant, il faut recruter des salariés. Ma collègue et moi, même avec quelques bénévoles actifs, ça ne suffit pas. Il faut des salariés, il faut avoir un fonctionnement professionnel. Voilà, c'est les deux options qui sont sur la table. elles étaient déjà sur la table l'année dernière. Nous, par le passé, à chaque mandature, à chaque changement de maire, on a pensé à développer des projets. Il y a quelques années, quand Roger Roche, l'ancien président, était aux manettes, avant même que la médiathèque n'engage des travaux d'aménagement, de réhabilitation, on avait pensé à déposer un projet auprès du maire. pour lui faire valoir l'intérêt qu'il y avait à nous associer, à nous installer dans la médiathèque, puisque la médiathèque de Périgueux possède un équipement, du moins à côté de la médiathèque, mais en fait on pourrait croire que c'est dans la médiathèque, mais attenant à la médiathèque, vous avez un auditorium, Jean Moulin. Et donc l'idée c'était de nous installer dans les locaux. de profiter des travaux, d'avoir des réaménagements pour nous installer dans ces lieux, de travailler toujours en lien avec le cinéma, mais d'avoir aussi un espace propre, en travaillant avec les outils tels que l'Auditorium et puis nous appuyer sur les collections vidéo, DVD et autres. Et bon, ça c'est pas fini. pourrais aussi aborder d'autres idées, d'autres projets qui ont été portés par l'ASSO, peut-être pas toujours développés comme celui de nous associer à la médiathèque, mais on n'a pas chômé. Ça fait depuis 15-20 ans, on a toujours été prompt à proposer, à formuler, à mettre sur la table des options. Mais aujourd'hui, c'est clair, on s'approche d'une solution. On aurait arbitré pour l'une ou pour l'autre, ou alors ce sera statu quo, mais pour nous le statu quo impliquera d'être lui aussi réévalué. En fonction des choix et des besoins, parce qu'on est, comme toutes les structures, impacté par les baisses de crédits, d'enveloppes, de soutien, on ne peut pas démultiplier des activités d'un projet. On est arrivé à un niveau d'activité. Au-delà, on ne peut plus piloter. Et puis, ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'on est sur un secteur qui est hautement concurrentiel. Alors certes, le cinéma, nous, à la Chambre, on ne peut pas avoir de concurrent direct. CGR est un acteur privé, il n'a pas vocation à mettre en œuvre des politiques publiques, ou d'être le relais des politiques publiques. Donc nous, à l'échelle de Périgueux, on n'a pas de concurrents. Alors ça, c'est un bon point. Par contre, on a d'autres concurrents, on donne discipline. Les arts plastiques, la musique, la danse, le théâtre. Et depuis dix ans, j'ai vu fleurir le nombre d'acteurs. qui postulent, qui sont candidats, qui répondent aux appels à projets, aux mêmes appels à projets que nous. Et là, c'est devenu un marché hautement concurrenciel. Donc, on est arrivé, nous, à mettre en œuvre, à piloter, avec Julien, jusqu'à une dizaine, une douzaine d'appels à projets tous les ans. C'est énorme. Et on touche tous les publics. Voilà, c'est là le point où je voulais... aboutir, c'est qu'en fait, à travers nos appels à projets, nos boucles de programmation, on touche tous les publics scolaires. Il n'y a pas une école avec laquelle on travaille. Donc, si vous voulez, à un moment donné, vous ne pouvez pas demander à un enseignant de faire plus de sorties. Si tant est que vous en ayez déjà 4, 5 qui sont d'accord pour travailler avec vous, qui retiennent le cinéma comme un outil pour travailler avec vous, qui sont déjà disponibles une fois par trimestre, vous ne pouvez pas leur demander plus. Nous, on couvre, on a... réussi, me semble-t-il, à couvrir à travers nos propositions, à couvrir l'ensemble, à toucher l'ensemble des publics scolaires. Je vais vous citer l'exemple des étudiants. Les classes prépa de B2B, on les touche. L'IDE, l'UT, les BTS, à travers des bouts de programmation spécifiques, l'orgaté, clavec, on les touche tous. Ils sont tous touchés. Donc on ne pourra pas aller au-delà de ce qu'on a déjà en magasin et en capacité, ou alors il faudrait doubler les moyens, mais aussi doubler les postes, il faudrait recruter, mais la SAU n'a pas les moyens de recruter quelqu'un. Si vous recrutez quelqu'un, vous disposez de 35 heures et 2 maillères multipliées par 47, donc vous pouvez vous dire, voilà quelqu'un qui va répondre à... à des appels à projets supplémentaires. Mais non, ça ne fonctionne pas comme ça. Parce que quand bien même réussirait-il à le faire, est-ce qu'il aura les publics, les enseignants, les partenaires, les publics, pour mettre en œuvre son produit ? Moi, je vous le dis, non. Parce qu'on est au maximum de ce que les partenaires peuvent apporter en termes de disponibilité.
- Speaker #1
Pour terminer, une question bonus avec... Deux choses en une. Si vous aviez un conseil à donner à un groupe de cinéphiles qui souhaite créer sa propre association cinéma, ce serait lequel ? Vu que je suis dans vos locaux, je vois que vous avez de belles affiches. Il y avait Razorhead,
- Speaker #0
Lynch,
- Speaker #1
Fargo, Des Frères Cohen. Léoné, il était une fois dans l'Ouest. Quel était votre dernier coup de cœur cinéma ? Ou alors, est-ce que vous avez une recommandation de film pour nos auditeurs ? Un film qui vous a marqué ou que vous avez envie de partager ?
- Speaker #0
Alors le conseil à une asso de cinéphiles, c'est compliqué, hein ? Ah oui, mais je vais vous répondre, le terme va vous paraître peut-être étrange. À mon échelle, la lecture que je fais de ces années écoulées, et du positionnement de l'association, c'est l'indépendance. Et l'indépendance implique... d'être souvent, pas toujours, mais très régulièrement intransigeant. Il faut être intransigeant pour rester indépendant, et indépendant pour être pleinement intransigeant. Le terme est fort, mais il faut garder son cap, et ça implique un travail, une discipline. Ça demande une discipline, parce que les résultats, vous ne les avez pas tout de suite. Et après, quand vous commencez à les avoir... Il faut être solide pour ne pas se laisser soit rattraper par le désir des autres, soit par des facilités qui vous éloignent du bien fondé qui vous a conduit à atteindre votre objectif. Le plus difficile, ce n'est pas d'atteindre l'objectif, c'est de le maintenir. Ça c'est très compliqué parce qu'après quand vous êtes le désir de l'autre, c'est comme quand on monte des partenariats. N'imaginez pas la difficulté qu'il y a à construire un partenariat. C'est très compliqué de s'assurer que l'autre vous accomplit vos besoins propres. Donc ça c'est ça, pour moi c'est l'essentiel, c'est l'indépendance, parce que c'est toujours payant ça. Moi j'ai mon génésis politique, mais je n'ai jamais fait état dans mon travail. Par contre j'ai une ligne éditoriale, ça c'est certain. L'assaut à une ligne éditoriale, c'est le résultat du travail et de l'évolution de son activité. La dépendance, oui. C'est d'autant plus vrai que nous, on a une convention tripartite avec CGR et l'Amérique périlleuse. Donc à l'intérieur du groupe CGR France, c'est la seule de cette nature aussi précise et aussi nourrie. CGR a d'autres modèles, d'autres conventions, mais tripartite avec l'Université de Paris, avec l'Université de Paris et avec Scal. Qu'on prend comme point au bénéfice de l'association, je pense qu'il n'y en a pas d'autres exemptes en France. Et ça, c'est quelque chose qui n'est pas suffisamment connu du grand public. Je pense que les gens ne savent pas, pour différentes raisons, qu'il y a cette convention, qui est spécifique à la ville, qui est très particulière à l'échelle de la région. Il n'y a pas d'autres exemptes dans la région, puisque c'est avec un multiplex. et qu'en plus... Elle est à l'échelle du groupe Cégère, ce qui la rend encore plus singulière, puisqu'elle n'a pas d'équivalent ailleurs, dans d'autres salles du groupe Cégère, du moins pas avec les mêmes avantages. Et ça, si on a réussi à atteindre, à avoir ce type de résultat, c'est le fruit du travail nourri, engagé pendant 30 ans, y compris par les gens qui étaient là avant moi, avant Julien. Vous voyez, il travaille de fond. La somme, elle maintenit son indépendance. Et s'il faut être un transgélant, pour être indépendant, il faut l'être. Donc il faut être... Ça, c'est primordial. Et puis après, un film, vous parliez d'un film ? Moi, je donnais un film français et puis un film étranger. Le film français, c'est De Bruyne et de Fureur, de Jean-Claude Brissot. C'est un des plus grands films d'un film français. qui a été récompensé en 1986 à Cannes, qui a eu le prix de la jeunesse. Et paradoxalement, il est interdit encore aujourd'hui au moins de 16 ans. C'est vous dire un peu l'imbéciabilité de la station. Il est interdit au moins de 16 ans, non pas parce qu'il y a de la violence gratuite, non pas parce que le film serait malaisant, mais parce que le film peut choquer, sans doute pour ça, parce qu'il donne à voir une société qui est un peu le reflet de la nôtre aujourd'hui, mais c'était en 1986 que Jean-Claude Brissot tournait le bon dessus. C'est un film... Une noirceur terrible, il n'y a pas d'espoir, il n'y a pas d'échappatoire, il n'y a pas d'espoir. Le film se referme comme une porte de prison, c'est quelque chose de très très... Je pense que c'est sa noirceur, son côté nihiliste qui l'aura interdit au moins de 7 ans. C'est bien dommage, parce que c'est un très grand film sur la jeunesse, c'est un film visionnaire sur ce que sont devenus les banlieues, et que tous les mots de la société qui sont aujourd'hui décrits, un grand renfort de médias, quel que soit le canal... Tout était déjà dit dans ce film, qui reste en plus un film de leçon de cinéma à tout point de vue, avec une mise en scène extraordinaire, une direction d'acteur au corbeau. C'est âpre, vous le connaissez ce film ? De bruit et de fureur. Je suis de la génération de la fureur. Ça vient de Shakespeare, le bruit et la fureur. Donc c'est un film de noirceur incroyable, et en même temps, il se dégage de ce film une poésie, une vérité. C'est un film sur la jeunesse, c'est un des plus beaux films sur la connaissance. C'est un film extraordinaire. On suit le parcours d'un jeune garçon qui vivait chez sa grand-mère et sa grand-mère est morte. Il débarque, il est récupéré par sa mère qui travaille. On ne voit jamais parce qu'elle est tout le temps partie. Elle lui laisse des messages, des post-it, des messages, elle lui explique ce qu'il doit faire. Et en fait, il vit seul. Il va rencontrer les caïds du quartier. Et là, vous avez une descente au enfer. C'est un très très grand film. Voilà, et puis après, comme film étranger, je vous dirais, pour moi, un des plus beaux films, on avait commencé avec Marianne de Palma, on peut finir sur Marianne de Palma, c'est Blowout avec John Travolta. Alors Blowout, c'est l'histoire d'un ingénieur du son qui est en quête du cri parfait parce qu'il travaille sur des films de séries N et il doit doubler à une scène où une femme est tuée, assassinée, comme dans Psychose, Hitchcock, sous la douche. Donc c'est un pâle remake, un remake assez grossier de Psychose. Et donc ils n'arrivent pas à trouver le bon cri. Tous les essais de doublage avec les filles sont calamiteux. Et puis une nuit, alors qu'il est toujours à la recherche de son crime, il essaie d'attraper des cris de chouette, de hibou. Il est témoin d'un accident de voiture. Et en fait, il va se rendre compte très vite que c'est un attentat. Mais il n'arrive pas à faire admettre aux autres qu'il détient la vérité. Donc il va devoir petit à petit s'employer à reconstituer la scène du crime. Au départ, il n'en a un enregistrement que sonore. Je ne vous raconte pas comment il va s'employer à reconstruire tout le côté audiovisuel de la chose. Ce qui est intéressant dans le film, c'est qu'en fait, ce type, c'est plus beau rôle de Travolta. En fait, c'est un personnage qui a une fêlure parce que par le passé, c'est un geek. Par le passé, il travaillait pour la police et il avait équipé un de ses collègues d'un micro parce que son collègue était en train d'infiltrer le milieu gangster. Il lui avait fixé comme ça un... On est en 80, 81, donc c'était quand même du matériel, c'est assez important. Mais il avait oublié le facteur humain, c'est qu'en fait il ne s'était pas rendu compte que sous l'effet de la transpiration, les piles allaient progressivement, au contact de la peau, brûler le flic. Et donc malheureusement pour lui, les mafieux vont se rendre compte que c'est une taupe, ils vont le tuer. Donc indirectement, il a été le responsable de la mort d'un homme. Mais il n'en a pas vraiment tiré toutes les leçons. Ça reste un geek qui est convaincu qu'il peut apporter la preuve du complot grâce à la technique. Et donc il va à nouveau commettre l'erreur de s'appuyer sur l'aide d'une femme qui est vraiment amoureuse. Et malheureusement pour lui, ça conduira à la mort de cette femme. Donc c'est un film extraordinaire, c'est un blow-out. C'est un film qui referme la parenthèse du nouvel Hollywood et qui est arrivé trop tard. parce que c'est un film d'une grande noirceur qui interroge la question du complot les années 70 ont été marquées par un cinéma qui était vraiment obsédé par la question du est-ce que l'image nous ment ? qui est-il derrière l'image ? est-ce que la vérité est dans l'image ? ou est-ce que l'image ment ? où est-elle la vérité ? c'est tout le sujet du film mais dans les années 60-70 vous avez eu Merci. c'est une génération de cinéastes celle de Brian De Palma qui a été marquée par l'assassinat de Kennedy l'assassinat de Martin Luther King le scandale du Watergate qui a coûté à Richard Nixon son poste donc si vous voulez l'idée que elle n'est pas anodine l'idée qu'il y a des complots ça ne veut pas dire que tout est complot sinon vous vous versez dans le complotisme mais dire qu'il n'y a pas de complot c'est l'histoire des... L'histoire du monde montre bien qu'il y a quand même des montages, des manipulations. Et ça, De Palma fait partie de cette génération qui a été vraiment marquée par le traitement médiatique de ces assassinats. Et lui, son cinéma, c'est un cinéma qui consiste à débusquer la vérité des images. Et l'idée, quand il a commencé à tourner Blowout, c'était de considérer que... On était arrivé à un moment d'histoire où on n'arrivait plus à apporter la preuve par l'image et Blowout pose la question, si on ne peut plus apporter la preuve par l'image, est-ce qu'on peut apporter la preuve par le son ? D'où Blowout, exactement. Parce que c'est un remake d'un film qui s'appelle Blowup, qui a été Palme d'Or, où là en fait c'était l'histoire d'un photographe qui en développant ses clichés se rend compte en faisant des agrandissements, Blowup, petit à petit il voit qu'il y a une arme. une arme à feu dans un buisson et il comprend que cet homme qu'il a vu s'écrouler a été assassiné. C'est le début de l'enquête. Donc là on passe du canal vidéo au canal audio avec le rock. C'est vraiment un très très grand film sur la fin d'une parenthèse enchantée qu'on a appelée le Nouvel Hollywood, qui traverse aussi un autre grand segment de l'histoire du cinéma qu'on appelle le cinéma de la paranoïa. Et donc là, le film est à la convergence de tous ces éléments-là. C'est un des plus grands films de Brian De Palma, y compris sur un plan formel. Il est secondé à la caméra par un des plus grands chefs opérateurs du cinéma américain. Quelqu'un a dit à propos du travail du chef opérateur que... Compte tenu que beaucoup de scènes sont tournées la nuit, un critique a dit que le travail du chef opérateur c'était comme des propositions de couleurs harmonieusement répandues sur du velours noir. Voilà.
- Speaker #1
Monsieur Ayot, il ne me reste plus qu'à vous remercier pour les deux suggestions de films. Vous remerciez aussi de m'avoir accueilli dans les locaux. Pour le temps que vous avez consacré à cet entretien, et de vous souhaiter le meilleur à vous et l'association Ciné-Cinéma de Périgueux. Je vous laisse le micro pour le mot de la fin.
- Speaker #0
Je vous remercie de nous avoir identifiés, de nous avoir proposé de nous associer à votre actualité, à vos activités qui sont très intéressantes pour nous parce qu'on n'a pas si peu l'occasion d'être sollicités de la sorte. Donc c'est vrai que je ne m'attendais pas à une telle durée. Il y avait matière à préciser l'activité de notre asso. Voilà, je vous souhaite le meilleur pour la suite de vos actes. activités. Au revoir.
- Speaker #1
Et voilà, c'est fini pour cette nouvelle séance. Comme d'habitude, je vous invite à nous rejoindre sur nos réseaux sociaux, que ce soit notre compte Instagram, X, ou également notre chaîne YouTube pour retrouver les épisodes, si c'est plus simple pour vous de nous écouter sur cette chaîne. Partagez également les épisodes de podcast, et si le cœur vous en dit, laissez-nous des étoiles sur Apple Podcasts. On vous en remerciera jamais assez, c'est ce qui nous permet justement de continuer de faire ces épisodes en ayant une communauté de plus en plus active, et on vous en remercie. Si vous souhaitez connaître les derniers épisodes, je vous invite également à nous rejoindre sur notre newsletter, que vous trouverez directement sur notre site web lié à Ausha. En attendant, merci pour votre écoute, je vous dis à très très bientôt pour une nouvelle séance de rétro-ciné ! Musique de générique