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Safe Spaces

Épisode 2 : Le yoga sensible aux traumatismes, c'est quoi ?

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37min |13/01/2025
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Épisode 2 : Le yoga sensible aux traumatismes, c'est quoi ?

Épisode 2 : Le yoga sensible aux traumatismes, c'est quoi ?

37min |13/01/2025
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Description

On parle (heureusement) beaucoup d'inclusivité dans le yoga aujourd'hui et de cette intention, cette nécessité de célébrer tous les corps quels qu'ils soient et d'honorer plus de diversité corporelle. On parle cependant encore peu d'adapter le yoga pour respecter les différents états de santé mentale.


Un yoga qui respecte le parcours personnel et les expériences passées de chacun·e, notamment les expériences traumatiques, pourtant, ça existe. Le yoga sensible au traumatisme est une approche basée sur la compréhension de l'impact psychologique et physiologique de traumatisme et sur l'autonomisation des pratiquant·es. Il vise à leur redonner du pouvoir en offrant au maximum un environnement sécurisé et non-invasif où l'élève est maître de sa propre pratique.

Louise Cutler, fondatrice du studio The Space à Paris, prône depuis longtemps cette méthode qu'elle transmet dans ses formations professorales. Notre conversation met en lumière les défis auxquels sont parfois confrontées les personnes traumatisées dans les studios de yoga mainstream. Trop souvent, les espaces et les professeur·es ne répondent pas aux besoins spécifiques de ces individus, ce qui peut entraîner des sentiments d'exclusion, d'inconfort, voire déclencher des souvenirs traumatiques.


Cet épisode aborde également des éléments fondamentaux de cette méthode, comme l'importance cruciale du consentement et d'une communication qui encourage toujours au choix de décider de ce qui est bon pour soi. Il est une invitation pour les professeur·es à cultiver une approche plus empathique et consciente dans leur enseignement, afin de créer des espaces qui favorisent une expérience positive pour tous·tes.


Bonne écoute !


Retrouvez plus d'information sur la formation de Louise, Formation Trauma-informed Yoga, Mindfulness & Somatics, Module 1: Yoga & Trauma (en anglais), sur son site.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    leur donner un peu de pouvoir.

  • Speaker #1

    Nous, en tant que professeurs, ça nous permet de leur donner la permission entre guillemets de reprendre contrôle sur leur corps.

  • Speaker #0

    Les personnes qui ont vécu traumatique ou pas, ils doivent avoir le choix.

  • Speaker #1

    Il faut avoir en tête une notion de consentement.

  • Speaker #0

    On ne sait pas qui est ce qui est dans notre poids.

  • Speaker #1

    Redonner un espace. Les personnes vont réapprendre à prendre des décisions sur ce qui est leur pratique de yoga, sur ce qui est leur bien-être finalement. Bienvenue, vous écoutez Safe Spaces, le podcast qui ouvre le dialogue sur le trauma et la santé mentale dans le milieu du yoga.

  • Speaker #2

    Dans cet épisode, je m'entretiens avec Louise Cutler. Elle est fondatrice du studio The Space à Paris et formatrice en teacher training. Louise est l'une des rares pionnières en France à intégrer une approche inclusive au traumatisme dans ses formations professorales. Elle enseigne notamment un cursus qui s'appelle Trauma-Informed Yoga, ou en français Yoga sensible au traumatisme. J'ai voulu en savoir plus sur sa vision et sur ses techniques d'enseignement. Mais avant de vous partager notre conversation, j'aimerais vous donner une définition de ce qu'est le Yoga sensible au traumatisme, auquel je me suis moi-même formée il y a quelques années. Je trouve d'ailleurs que l'appellation en anglais trauma informed est plus juste que le terme français sensible puisque ces méthodes d'enseignement sont basées sur et informées par une compréhension intensive de ce qu'est le traumatisme et son impact sur notre cerveau et notre système nerveux. Ce n'est donc pas un style de yoga à part, ni un courant, mais bien juste une méthodologie pour adapter son enseignement afin de répondre à un besoin thérapeutique particulier. Le terme yoga sensible au traumatisme a été inventé en 2002 par David Emerson, directeur des services de yoga au Centre pour le trauma du Justice Resource Institute aux Etats-Unis. Il définit la méthode comme étant un traitement d'appoint fondé sur des preuves et basé sur des décennies de recherches scientifiques sur le traumatisme complexe et le stress post-traumatique. C'est une approche qui est avant tout basée sur le corps, autour du mouvement et de la respiration. La pratique reprend en fait les principes du Hatha Yoga, mais elle les adapte pour maximiser l'autorégulation des élèves et pour cultiver une relation plus positive avec son corps. Pour autant, l'accent n'est pas mis sur l'expression des postures, ni d'ailleurs sur leur apparence extérieure, ni non plus sur la validation par une autorité externe. Au contraire, l'accent est mis sur l'expérience interne des pratiquants et pratiquantes. En d'autres termes, il n'y a pas de notion de bien faire ou de mal faire. Les professeurs agissent en tant que guides, on va d'ailleurs plutôt les appeler facilitateurs, facilitatrices, mais ce sont seuls les pratiquants et pratiquantes eux-mêmes qui décident de ce qui est bien pour ils ou elles, ou pas en fonction de leur ressenti. Enseigner un yoga sensible au traumatisme, c'est donc être équipé pour créer un espace sécurisant, que ce soit physiquement ou émotionnellement, un safe space. C'est savoir proposer un yoga qui est non-invasif et qui respecte les potentiels déclencheurs de chacun et chacune. C'est un yoga qui encourage les pratiquants ou pratiquantes à être maîtres de leur propre pratique en leur donnant constamment la permission de s'écouter et de faire ou de ne pas faire. C'est supprimer également la dynamique de pouvoir et la hiérarchie qui peut exister entre professeurs et élèves et se placer comme un guide plutôt qu'un expert ou une experte. Je vous invite maintenant à plonger dans ma conversation avec Louise, dans laquelle nous discutons plus en détail des éléments fondamentaux du yoga sensible au traumatisme. Bonne écoute.

  • Speaker #1

    Bonjour Louise.

  • Speaker #0

    Bonjour Alice.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'être à présent, je suis hyper contente de m'entretenir avec toi aujourd'hui.

  • Speaker #0

    De même.

  • Speaker #1

    Louise, tu es propriétaire de The Space, qui est un studio de yoga dans le 12e arrondissement de Paris. Tu es aussi professeure de yoga depuis longtemps, depuis...

  • Speaker #0

    Depuis 2013, ouais.

  • Speaker #1

    Voilà, donc ça fait plus de dix ans.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Et toi et moi, on travaille ensemble depuis deux ans. Et moi, j'adore ce space parce que c'est un studio dans lequel on se sent à l'aise d'être qui on est. Donc c'est un studio sans prétention, un espace de non-jugement, de bienveillance et un endroit où on ne se sent pas complexé de débuter le yoga et où les professeurs sont finalement des gens normaux comme tous les autres. Et c'est aussi un des seuls endroits de Paris, un des seuls studios de Paris qui propose une formation de yoga sensible au traumatisme, donc en anglais Trauma Informed Yoga, dont j'ai hâte que tu nous parles dans cet épisode du podcast. Louise, pourquoi c'est important pour toi de proposer cette offre spécifiquement pour former les professeurs à ce style de yoga et comment ça s'inscrit en fait dans la vision de ton studio ?

  • Speaker #0

    Quand on a ouvert le studio, on voulait que ce soit... un endroit où tout le monde pouvait venir pratiquer, comme tu l'as dit. Je trouve qu'il y a beaucoup de studios où on ne se sent pas forcément à l'aise. si on n'a pas le bon leggings ou si on n'arrive pas à faire le grand écart. Et donc, on voulait que le studio soit un endroit où tout le monde pouvait venir, peu importe s'ils étaient en pyjama ou en leggings Lululemon. Du coup, pour revenir à ta question, le studio, on voulait que tout le monde soit à l'aise et pour le faire, il fallait qu'on crée un endroit qui est simple pour tout le monde, un safe space, où tout le monde se sent à l'aise de, éventuellement, de fermer les yeux, de respirer, de ne pas faire une posture s'ils n'ont pas envie. Un endroit où les profs sont accueillants, ils le sont dans tous les studios, mais c'est important pour nous qu'il y ait une sorte d'atmosphère de proximité, où les gens connaissent les prénoms, pas juste du prof, mais aussi éventuellement des autres élèves. Si tu as pratiqué du yoga dans le passé ou tu veux commencer aujourd'hui, on peut venir ici. Si tu as honte de pratiquer, si tu as un passé avec, par exemple, beaucoup de stress. ou du trauma. J'espère en tout cas qu'ici, les profs sont capables de proposer quelque chose qui t'invite à essayer. Ok. C'est... Je me rappelle de mon premier cours de yoga. J'avais peur. Je me suis cachée au fond de la salle. Je voulais pas qu'on me regarde. Et c'est ce que... C'est ce qui est important pour moi dans le studio. Qu'on ait envie d'être vue au premier rang ou de se cacher. Que les profs le voient et l'acceptent aussi. D'accord.

  • Speaker #1

    on n'essaie pas de forcer les élèves il n'y a pas de hiérarchie entre les différents élèves non plus au sein des cours dans ton studio,

  • Speaker #0

    enfin en tout cas c'est l'intention exactement et on ne fait pas de cours on a des cours débutants mais on ne fait pas de vignasse à 1, vignasse à 2, vignasse à 3 tout le monde vient comme il est sur un tapis et fait ce qu'il est capable de faire aujourd'hui et ça va changer tous les jours c'est marrant que tu parles de ton expérience à toi parce que moi quand j'ai commencé à faire du yoga

  • Speaker #1

    Moi, on m'a conseillé de faire du yoga quand je souffrais de syndrome de stress post-traumatique. Sauf que j'ai eu du mal à trouver dans l'offre qui était disponible au moment où j'ai commencé, des cours où je me sentais parfaitement à l'aise. J'ai trouvé qu'il y avait toujours quelque chose qui me faisait me sentir moins bien ou qui me faisait me sentir pas à l'aise.

  • Speaker #0

    Comme quoi, par exemple ?

  • Speaker #1

    Ça pouvait être l'ambiance générale, comme tu disais, il peut y avoir ce sentiment que parfois tu arrives dans un studio et tout le monde se connaît déjà, il y a un petit peu des élèves préférés entre guillemets, et du coup c'est difficile toi d'intégrer cette communauté qui est déjà existante. Et ça l'est encore plus quand tu viens avec un passif de trauma et où potentiellement ta confiance en toi elle est plus bactère. La première fois potentiellement que tu te lances dans quelque chose de nouveau. que tu ne connais pas, que tu ne maîtrises pas avec des personnes que tu n'as jamais vues. Il y a un peu d'appréhension. En tout cas, moi, personnellement, c'est comme ça que je l'ai vécu. Donc, je te rejoins sur cette vision un peu d'espace de bienveillance qui devrait être finalement quelque chose qu'on retrouve partout dans le yoga. En tout cas, moi, c'est quelque chose en lequel je crois en tant que prof de yoga. Et c'est pour ça que j'aime travailler avec toi parce que je sais qu'on se compte là-dessus. Et voilà, après, c'était des expériences différentes que j'ai pu vivre avec différents professeurs en fonction de leur approche, la manière dont ils parlaient, leurs comportements, qui ont pu me faire sentir plus ou moins à l'aise ou plus ou moins mal à l'aise. Et on en reviendra à expliquer pourquoi certains comportements peuvent déclencher, en fait, des personnes traumatisées. Et par le mot déclencher, en fait, un déclencheur, j'entends, pour les personnes qui ne sont pas forcément familières avec ce terme, que ça peut être un stimuli comme un... Un comportement, des mots, une odeur, un bruit, qui va raviver un souvenir de l'expérience traumatique et qui va créer une réaction émotionnelle chez la personne. Donc ça peut être de la peur, de la honte, de la tristesse, mais ça peut aussi être une réaction physique comme une crise d'angoisse. Donc par le mot déclencher, j'entends ça. Pour rebondir directement sur la question suivante, comment le yoga peut déclencher... une personne traumatisée. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus sur ton expérience à toi en tant que professeur, des choses que tu as pu voir peut-être dans ton long parcours d'enseignante, mais aussi des choses que tu as peut-être vécues, des choses que tu sais de par tes échanges avec les professeurs qui travaillent pour toi, de choses qui typiquement vont être potentiellement retraumatisantes pour des élèves dans un cours de yoga ?

  • Speaker #0

    La première chose qui me vient en tête, c'est le fait d'être touchée par un professeur. ou la professeure.

  • Speaker #1

    Donc tout ce qui est ajustement manuel.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. Il y a beaucoup, ici en tout cas au studio, il y a beaucoup d'élèves qui en ont envie que les professeurs les corrigent, les aident à aller un petit peu plus loin ou s'améliorer. Moi dans ma pratique personnelle et en tant que prof, c'est pas du tout mon objectif de faire progresser des élèves. Pour moi c'est important qu'ils ressentent leur corps de l'intérieur. On oublie que le guéris de ne ressent pas parfaitement un guéris de style Instagram, c'est important que la personne le ressente à l'intérieur. Quand quelqu'un vient m'ajuster, je peux comprendre, ça dépend des personnes, mais je peux comprendre, je fais mal cette posture. Une personne qui n'est pas prête à être touchée par quelqu'un qu'elle ne connaît pas ou simplement aujourd'hui il a eu une mauvaise journée, peu importe son passé, on n'a pas toujours envie d'être touché par des personnes qu'on ne connaît pas forcément. Et on ne sait jamais à quel point le ou la professeur va nous pousser. Est-ce que c'est pour justement nous aider un petit peu à relâcher les épaules ? Ça, ça peut être différent, mais ça peut être vécu. comme une agression pour quelqu'un qui ne s'y attend pas ou qui n'est pas prêt. Quand on touche quelqu'un, quand on les assiste, on rentre vraiment dans leur intimité. C'est quelque chose qui peut déranger sur plein de niveaux, pas juste physique, mais aussi sur la respiration, sur les émotions et sur le mental. Et c'est pas seulement pour les personnes qui ont vécu un traumatisme, ça peut être quelqu'un qui est blessé ou qui a eu une ancienne blessure ou quelqu'un qui aujourd'hui ne veut pas. Juste simplement qu'on ne le dérange pas, qu'il soit dans son corps et qu'on le laisse faire et qu'on le laisse vivre sa pratique. Donc ça c'est vraiment la première chose pour moi. On peut demander en début de cours, est-ce qu'il y a quelqu'un qui n'a pas envie d'être touché aujourd'hui ? La personne ne va pas lever la main pour dire oui aujourd'hui, moi j'ai pas envie devant tout le monde. ça met l'attention sur cette personne ici au studio on utilise les petites cartes qu'on peut mettre sur le tapis des élèves un côté vert ça veut dire ok c'est bon on peut me toucher aujourd'hui côté rouge ça veut dire non ne me touchez pas ça marche jusqu'à un point mais si on décide que dans cette posture je n'ai pas envie de toucher Il faudrait ensuite qu'on retourne la carte et ça peut casser un petit peu le flow ou même sortir quelqu'un de leur pratique. Un autre point qui peut déclencher, c'est le fait d'utiliser les prénoms devant d'autres personnes. Donc, c'est bien Margot, tu fais bien cette posture. Ou Antonin, lève ton pied un petit peu plus haut. Ça, c'est mettre l'attention sur une personne qui danse encore dans sa pratique. Et je trouve que ça ne crée pas cet espace de bienveillance où tout le monde peut se perdre dans la pratique.

  • Speaker #1

    Oui, à nouveau, ça crée cette hiérarchie de peut-être que la personne qui va être félicitée pendant le cours fait mieux que les autres, donc les autres peuvent se sentir un peu moins considérés. C'est ça. Ou à l'inverse, si tu les interpelles pour les corriger, ils peuvent peut-être développer un sentiment de gêne.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et de regarder le tapis de l'autre personne, le corps de l'autre personne, elle est toute différente et on passe beaucoup de temps à se comparer aux autres. Et sur le tapis, ce n'est pas l'endroit pour le faire, à mon avis. C'est aussi pour ça qu'on a pas les miroirs dans le studio.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Autre chose qui peut déclencher, c'est l'ambiance en général. Ça peut être les lumières fluorescentes qui brillent, un peu comme on a au studio. C'est pour ça qu'on est un tour, on a juste les petites bougies et les petites guirlandes.

  • Speaker #1

    En plus, c'est cosy.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. Donc, l'ambiance avec la lumière, avec le bruit autour, ça ne peut pas toujours gérer si le studio donne sur la rue. On n'a pas forcément le contrôle là-dessus, mais d'essayer de faire une ambiance à l'intérieur de la salle et du studio, où les gens ne vont pas sursauter ou avoir peur d'entendre quelque chose au bout d'un moment, et rester dans un état d'hypervigilance. La respiration, le pranayama, c'est un point où il faut être vigilant. Il y a des exercices qu'il ne faut pas faire, où il faut les adapter. Quand on est dans un état de traumatisme, le système nerveux n'est pas calme, il n'est pas capable de se détendre, s'exciter, se redétendre, etc. On a besoin d'être vraiment présent dans son corps. Il se passe tellement de choses d'un niveau hormonal, d'un niveau neurologique. et beaucoup de pensée, beaucoup d'agitation pour la plupart des personnes. Et du coup, quand on fait du pranayama, c'est important de penser à revenir en contact avec le corps.

  • Speaker #1

    Pranayama, du coup, c'est des techniques de respiration utilisées dans le yoga.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Différents types, différentes intensités, différents buts aussi de techniques de respiration qu'on utilise à différents moments dans les cours.

  • Speaker #0

    C'est ça,

  • Speaker #1

    ouais. Il faut s'élaborer sur le sujet, mais... c'est ce que c'est le pranayama.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Après, ça peut être tout simplement revenir à sa respiration, à l'observer. On n'est pas obligé d'ajouter des différentes techniques, ça peut être tout simplement le fait d'écouter, de ressentir où commence l'inspiration, où se termine l'expiration. Pour quelqu'un qui a un vécu chromatique, ou même quelqu'un qui souffre de burn-out, de stress chronique, comme j'ai envie de dire 50% au moins de la population. Au moins. Et ça peut faire peur de se confronter à ses respirations, de ne pas ressentir ses respirations et de se sentir isolée, seule, de ne pas comprendre son propre corps. Donc on va utiliser des choses très simples où on est toujours en contact avec nous-mêmes. Donc ça peut être par exemple se faire un petit câlin pendant qu'on fait certains exercices. Le mieux, moi je le trouve toujours et je l'enseigne dans certains cours, c'est une main sous l'aisselle. Par exemple, main gauche sous l'aisselle droite et main droite sur l'épaule gauche. Juste de se tenir comme ça, ça nous ancre dans le corps physique. Donc je sens ma main, je sens la chaleur et les professeurs peuvent utiliser ce genre de technique pour justement ancrer l'esprit dans le corps.

  • Speaker #1

    Oui, et aider à revenir aux sensations de la respiration. C'est ça. Pour moi, c'est un peu ça le yoga sensible au traumatisme. C'est un yoga qui est basé sur le ressenti, sur la conscience des sensations. permet en fait un peu de restaurer ce rapport qu'on a avec soi et avec son corps mais aussi son souffle et sa tête. Quand on a vécu un traumatisme, on est dans ce qu'on appelle une dissociation, donc cet état dans lequel le corps est comme figé dans l'expérience qu'on a vécue et du coup les sensations sont moins ressenties, il y a un peu comme une déconnexion entre le corps et la personne. Tu parlais de certaines techniques qu'il faut faire ou ne pas faire. Est-ce qu'il y a des choses qu'il faut enseigner en particulier quand on guide un cours de yoga sensible au traumatisme ? Est-ce qu'il y a des choses qu'il faut à l'inverse éviter complètement ?

  • Speaker #0

    Tout va dépendre du public. Si par exemple on va travailler avec un vétéran de guerre, s'allonger sur le ventre en position par exemple du sphinx, on va éviter. C'est une posture qui peut rappeler justement les expériences vécues en combat. Une posture comme Happy Baby par exemple, on va l'éviter. pour certaines femmes qui ont vécu des attouchements. Donc, ça va varier par personne et par expérience aussi. Ce qu'on veut plutôt faire, c'est garder les corps en mouvement la plupart du temps, des petits moments de pause, avec des séquences qui sont fluides, mais aussi simples. Ça peut être les ladder flow, donc on a une bonne répétition, on commence avec deux ou trois postures, ensuite on ajoute une quatrième et une cinquième, pour qu'ils savent ce qui va venir. On peut augmenter, ajouter des petites variations si on en a envie, mais vraiment de rester dans la simplicité, ce qui va changer le cours pour les personnes, ce qui va leur donner un peu de pouvoir sur leur corps et leur cours, c'est le langage qu'on va utiliser. On ne va pas dire, vous allez mettre votre pied ici, vous allez faire du... le chien tête en bas. On veut toujours que ce soit une invitation. Et ça devrait être le cas dans tous les cours. Et ça l'est de plus en plus. Je sais que dans beaucoup de formations maintenant, on parle plus du langage qu'on va utiliser. Les personnes qui ont vécu traumatique ou pas, ils doivent avoir le choix. Ils viennent en cours de yoga. S'ils n'ont pas envie de faire une posture, qu'ils ne le fassent pas. S'ils ont envie de rester une petite respiration, plus dans une posture, qu'on les laisse. Ce n'est pas toujours évident à gérer en tant que prof. C'est pour ça que dans les cours du yoga sensible au trauma, on va garder des groupes assez petits pour justement laisser un petit peu plus de temps et de place à chacun. Mais que chaque chose qu'on dit, ce soit une invitation, une proposition, on laisse le choix. Quand vous êtes prêts, si vous en avez envie, si votre corps ne le souhaite pas aujourd'hui, et ensuite leur guider dans la direction dans laquelle nous on veut aller, mais aussi leur proposer autre chose s'ils ne veulent pas y aller. Un petit peu de méditation à la fin d'un cours, c'est... Un petit moment de pause, c'est pas 15 minutes, c'est peut-être une ou deux minutes, et ça suffit pour beaucoup de personnes. Encore plus si c'est un système nerveux qui est, on va dire, pas très stable dans ce cours ou dans la vie de tous les jours, et de proposer donc autre chose s'ils en ont pas envie.

  • Speaker #1

    Pour moi vraiment, cette notion de choix, elle est tellement importante parce que quand on vit un traumatisme, ça nous est imposé. C'est ça. perd en fait le contrôle sur la situation et également sur ce qu'on ressent et ça vient un peu en effet boule de neige chambouler chaque aspect de notre vie. Donc on n'est plus en situation de contrôle et vraiment redonner un espace où les personnes vont réapprendre à prendre des décisions sur ce qui est leur pratique de yoga, sur ce qui est leur bien-être finalement. Pour moi, c'est vraiment hyper important. Nous, en tant que professeurs, ça nous permet de leur donner un peu plus de temps à donner la permission entre guillemets de reprendre contrôle sur leur corps et sur leur pratique. Faciliter en fait le choix de faire ou de ne pas faire une posture mais aussi de faire une posture et de l'adapter en fonction de nos sensations, de la manière dont on sent que c'est plus confortable par exemple en ajoutant une brique ou en ajoutant une sangle, la permission aussi de peut-être pas faire les exercices de respiration ou de les faire d'une manière qui nous convient, qui va pas nous générer un stress ou une anxiété pour moi c'est vraiment Quelque chose qui est important. Et comme tu dis, le langage qui est utilisé pour donner cette permission tout au long d'un cours, c'est vraiment un langage qui est loin de l'injonction, où on n'utilise jamais les mots tu dois ressentir tu dois faire Plutôt, voilà, tu peux je t'invite

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Donc ouais, c'est vraiment important, je pense, que cette notion de choix, moi je la mets presque limite en haut de la pyramide des choses qu'il faut faire, en tout cas pour... Créer cet espace safe, comme tu disais.

  • Speaker #0

    Oui, et comme tu disais, tu dois ressentir ça. Tout le monde est différent. Même s'il n'y a pas un passé traumatique, je ne vais pas ressentir la même chose que toi. Moi, j'ai les ischios jambiers qui font à peu près 5 cm. Donc une fois que je dois me toucher les pieds et ressentir ça ici, peut-être que je vais plus le sentir dans le dos, dans les mollets. Donc, inviter plutôt... Une observation de ce que l'on ressent réellement. Qu'est-ce que tu ressens ? Si tu ne ressens rien, c'est OK de leur inviter à commencer à prendre conscience de ce qui se passe dans leur corps, mais aussi à l'accepter s'ils ne ressentent rien ou s'ils ressentent quelque chose qui n'est pas agréable. D'aider chaque personne, chaque élève à vraiment être en relation avec son propre corps. dans l'instant présent. Et le rappeler demain, ça peut être différent.

  • Speaker #1

    Tu parlais des publics auxquels s'adresse le yoga sensible au traumatisme. Donc c'est vrai qu'on a un peu cette image d'un yoga, d'ailleurs c'est le cas, d'un yoga qui est thérapeutique et qui va être utilisé dans des cadres un petit peu spécifiques, soit en accompagnement d'une psychothérapie, soit avec des publics dont on sait qu'ils sont sujets à des traumatismes sévères. Donc ça peut être des personnes qui sont malades, ça peut être des personnes victimes de violences, ça peut être des personnes en situation d'exil ou des personnes, comme tu disais, vétérans de guerre, etc. Mais moi je suis convaincue que chaque cours de yoga peut reprendre certains principes du yoga sensible au traumatisme pour s'assurer qu'on crée un peu cette inclusivité, même dans un cours en studio ou dans un cours en entreprise, parce que finalement le traumatisme... Il touche quand même énormément de gens. Il va forcément toucher une grande partie de la population, que les gens en soient conscients ou pas d'ailleurs. Et voilà, moi je sais qu'en tout cas, en tant que personne concernée, j'ai mis du temps avant de trouver une offre qui me correspondait. Et j'ai appris moi-même, je me suis formée, etc. Donc maintenant je sais où il faut que j'aille, où il faut que j'aille pas. Mais j'ai vraiment ressenti un besoin qui manquait, en tout cas quand j'ai commencé ma pratique de yoga. Toi, qu'est-ce que tu en penses ? pense que c'est quelque chose que n'importe quel professeur devrait avoir dans sa boîte à outils de ressources pour pouvoir s'assurer que chaque personne se sent inclue, incluse dans son... Oui, cours.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Je pense que tous les professeurs devraient, pendant leur formation, être invités à réfléchir un petit peu aux personnes qu'on peut avoir dans notre cours. Certes, quelqu'un qui vient nous dire j'ai mal au genou ok, d'accord, on va faire attention, mais il y a souvent des personnes qui ne nous disent pas qu'ils ont une blessure. On ne sait pas qui est-ce qui est dans notre cours. Même si cette personne vient depuis des années chez nous, il y a des choses qu'on ne dit pas aux personnes qu'on ne connaît pas, si on se sent d'abord pas en sécurité ou simplement parce qu'on n'a pas envie de partager notre vie avec le monde entier. Donc nous, en tant que profs, si on ne sait pas qui est-ce qui est là dans notre cours, il faut qu'on fasse attention autant qu'on peut. On n'est pas parfait et on n'est pas à l'abri de toucher quelqu'un parce qu'on a mis... Une musique, par exemple, qui leur rappelle quelque chose, que ce soit positive ou négative, on ne sait jamais. Donc, faire attention au langage, faire attention avec les ajustements manuels. Il y a des élèves qui adorent, il y a des gens qui n'aiment pas, il y a des profs qui adorent en faire et il y en a d'autres qui ne préfèrent pas. Mais juste quand on se met sur le tapis en tant que prof, se dire ok, aujourd'hui c'est ma responsabilité de… D'accueillir ces personnes, c'est pas juste de les guider pour faire un flow et avoir un 5 sur 5 sur passe-passe, ok ? C'est pour qu'ils puissent rentrer en connexion avec eux-mêmes et passer un moment avec eux-mêmes. Et pour le faire, il faut que nous, on sort de leur vie, on sort de leur tapis. On est là pour donner une direction, ils le suivent ou pas, et que notre système nerveux soit calme, posé. Et qu'on n'ait pas envie de sauver tout le monde, de faire parfaitement pour tout le monde, parce que ça va nous mettre au stress, et on ne peut pas le faire. Donc de faire ce qu'on peut, déjà de se mettre à la place de quelqu'un qui est mal à l'aise dans un nouveau cours, tout simplement, sans rentrer dans d'autres détails. On commence, on arrive chez quelqu'un, on a envie de les mettre à l'aise, donc de faire cet effort-là et de se dire, ok, je ne sais pas ce qui se passe dans la tête des siennes. personne comment je peux faire pour les accueillir le mieux possible.

  • Speaker #1

    On ne sait pas ce qui se passe dans la tête des gens et on ne saura certainement jamais puisque effectivement les gens au début du cours souvent nous partagent leurs blessures physiques et souvent ce qu'on apprend en formation de professeur de yoga c'est comment adapter pour les blessures ou les troubles qui touchent à l'anatomie, à l'aspect physique de la personne mais beaucoup moins à la partie mentale. C'est d'avoir en fait peut-être quelques techniques à mettre en place dans chaque cours pour s'assurer que du mieux qu'on peut, que ça soit un espace safe, donc dans le langage, dans le choix qu'on va apporter aux élèves, mais aussi avoir en tête une notion de consentement, si on veut ajuster, moi je pense que chaque prof est libre d'ajuster, puisqu'effectivement il y a des personnes qui aiment bien, mais il faut s'assurer de le faire d'une manière qui ne va pas être intrusive dans la vie de la personne. et la faire ressortir du cours complètement stressée et angoissée. Donc ça, c'est important. Et je pense qu'il y a aussi un rôle du professeur de yoga, c'est de savoir un petit peu lire le langage corporel des gens qui sont dans son cours. Ce n'est pas toujours simple parce qu'effectivement, parfois on a 20, 30 personnes dans un cours et c'est évidemment impossible de pouvoir faire du cas par cas. Être capable de reconnaître des petits signes d'une personne qui va montrer que cette personne n'est pas forcément à l'aise ou qu'elle est très angoissée, c'est assez finalement facile à remarquer. Ça se voit dans la posture d'une personne quand elle entre dans la salle. Ça se voit dans la manière dont elle s'assoit sur le tapis avant que le cours commence. Est-ce qu'elle va être en train de gigoter, de bouger beaucoup ? Ou est-ce qu'au contraire, elle va être très posée ? Ça se voit en Shavasana, est-ce qu'elle a les yeux ouverts ? Est-ce qu'elle bouge beaucoup ? Ou est-ce qu'elle arrive à se relâcher ? Est-ce qu'elle a une respiration qui est très prononcée ? Il y a des petites choses comme ça, je pense, qui devraient être incluses, en tout cas dans les formations professorales, qui permettent un petit peu de lire et de ressentir ce qui se passe chez la personne. Et du coup, de peut-être nous mettre une certaine barrière. Si on a envie d'aller ajuster physiquement cette personne, peut-être qu'on va se dire Ah, aujourd'hui, je pense que ce n'est pas la personne que je vais ajuster parce que je vois qu'il y a des choses qui… qui m'envoient tous les signaux de ne pas y aller. Ce n'est pas simple, j'en suis bien consciente, mais je pense que si on a une certaine sensibilité à ça, on commence déjà à dégager quelque chose d'autre dans nos cours, quelque chose de peut-être un petit peu plus inclusif, un petit peu plus sécurisant pour les personnes qui viennent en tout cas.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr. De savoir lire quelqu'un et de savoir aussi proposer autre chose. Par exemple, Shavasana, c'est une posture qui est compliquée pour la plupart des débutants. Des personnes qui sont stressées, qui sont malades aussi, c'est une posture qui, à la base pour le yogi, n'est pas simple. Donc d'oser dire aux gens et de leur donner permission de s'allonger sur le côté, s'allonger sur le ventre, prendre un posture, prendre une couverture, quelque chose qui les permet de se protéger. Peu importe les postures dans un cours, par exemple de hyène ou restauratif, on a plus de temps. où on peut leur donner ce genre de propositions. C'est moins évident dans un cours de Vinyasa ou de Hatha. Mais de leur donner l'occasion de prendre soin d'eux-mêmes. Parce que nous, on ne peut pas forcément le faire. Si on voit quelqu'un qui a du mal aujourd'hui, proposer... D'arrêter.

  • Speaker #1

    Une alternative.

  • Speaker #0

    Proposer une alternative. Proposer également juste de revenir dans son corps. On les voit en triangle, ça souffle fort, ça tremble. Et qu'il y avait une énergie dès le début qui était un peu agitée. On peut remonter, on peut ressortir de la posture. Qu'est-ce qui se passe si je relâche mes épaules ? Qu'est-ce qui se passe si je détends mes doigts ? Juste les petites choses où je ressens la connexion avec le sol, mes pieds. Est-ce que je suis dans mon... mon talon, mes orteils, ce genre de choses qui permettent aux gens de revenir dans le corps et de sortir de la tête. On peut également donner, en tout début du cours, c'est l'une des premières choses dont je me souviens d'une formation que j'ai faite sur le trauma, c'était de prendre un moment, tout le monde au début, pour respirer ensemble. Ça peut être on inspire tous ensemble et on expire tous ensemble. Ça peut être une seule fois, deux, trois fois. Ça donne un peu plus d'amplitude au bienfait. Mais quand un groupe respire ensemble, surtout si c'est guidé par quelqu'un qui est considéré professeur ou le guide du groupe, les systèmes nerveux de chaque personne dans la pièce vont commencer à s'équilibrer et revenir un peu plus en neutre. Ça ne veut pas dire que c'est bon, tout le monde est détendu, c'est parce que moi je le suis en tant que professeur, mais ça permet de commencer à fusionner, si tu veux, les systèmes nerveux pour qu'il y ait un espace plus... qu'il y ait une ambiance... Exotique. En fait, entre les élèves, sans qu'ils se disent bonjour et qu'ils se font la bise, c'est d'un point de vue vraiment du système nerveux. Ok.

  • Speaker #1

    Oui, c'est qu'on absorbe, c'est vrai, l'énergie d'une pièce et des personnes autour de nous. Donc si déjà le professeur n'est pas très posé dans sa manière d'enseigner ou dans sa manière de parler, ça va être difficile de toi l'être en tant qu'élève. Après, j'aimerais quand même finir sur un point. Il faut aussi déculpabiliser les professeurs. Et tu l'as dit tout à l'heure, tu as utilisé le mot on ne peut pas sauver Il y a un syndrome du sauveur qu'il ne faut pas avoir dans le sens où on ne pourra jamais être 100% inclusif ou inclusive dans un cours et on ne pourra jamais éviter qu'il se passe des choses dans notre cours de yoga, que les gens sortent stressés ou mécontents ou angoissés. Malheureusement, ça arrivera toujours. Et je pense que tant qu'on arrive à enseigner avec une certaine empathie et qu'on... on essaye de mettre tout en œuvre pour créer vraiment cet espace qui va permettre aux gens de vivre une expérience positive, c'est déjà bien, mais qu'il ne faut vraiment pas essayer non plus de micro-manager, micro-conspander chaque personne, parce que ce n'est pas possible. Donc ça, je pense que c'est important de le dire. J'ai une autre question pour toi, et ce sera ma dernière question. Tu es anglaise, ça s'entend partout. Oui, j'ai l'habitude d'être absente. Moi, j'ai vécu longtemps à Londres, donc j'ai commencé à pratiquer le yoga à Londres. J'ai trouvé qu'à Londres, il y avait... Plus de sensibilité sur les sujets de santé mentale dans l'offre de yoga. Et c'est d'ailleurs là que j'ai découvert le yoga sensible au traumatisme. Et moi, je me suis formée avec une professeure anglaise qui s'appelle Eleanor Grace. Je voulais te demander si tu penses que la France, le marché du yoga en France, est un peu en retard sur ces questions-là. Parce que je l'ai dit au début du... du podcast, mais tu es la seule à proposer cette, en tout cas je crois d'après mes recherches, que tu es la seule à proposer cette formation de yoga sensible au traumatisme. Et pourquoi ? Je me demande pourquoi on n'en parle pas autant qu'en Angleterre, pourquoi est-ce que c'est un sujet qui n'est pas présent finalement tant que ça dans les formations de profs de yoga, mais aussi dans ce qui se passe en studio. Je trouve en tout cas très axé sur... d'autres choses. J'aimerais avoir ton avis sur ça et peut-être nous donner un certain espoir qu'un jour ça arrive plus bien nous et que ça traverse la Manche.

  • Speaker #0

    Je pense que oui. Déjà, oui, j'ai l'impression qu'il y a un peu de retard par rapport à l'Angleterre et par rapport à l'Australie, aux États-Unis, aux pays anglophones de manière générale. Mais souvent, les tendances anglophones finissent par arriver avec 5-6 ans de retard. C'est l'impression que j'ai sur plein de petites choses ayant vécu plus de 20 ans déjà en France. Par exemple, quand j'ai commencé à enseigner le yin, il n'y en avait pas à Paris. Et maintenant, c'est devenu à la mode. Donc ça prend un petit peu de temps, mais ça va arriver. On commence déjà à en parler de plus en plus. Déjà, je le vois dans la formation que je propose l'année prochaine, en 2025. La formation, elle est complète.

  • Speaker #2

    Trop bien,

  • Speaker #0

    merci. Donc, les professeurs s'intéressent. Et j'ai de plus en plus de questions par rapport à l'inclusivité dans les formations que je donne, les formations de 100 heures pour commencer à être prof. Même si moi, avant que je ne puisse pas... aborder ce sujet, les questions commencent déjà. Donc, c'est un espoir.

  • Speaker #1

    Trop bien. On en parle et on en parle dans ce podcast. Donc, je te remercie beaucoup pour ton apport à cette conversation, à cet échange qu'on a eu. Je ne peux que recommander aux personnes qui nous écoutent de se renseigner sur tes formations si c'est quelque chose qui les intéresse. Je pense qu'on peut trouver toutes les informations sur ton site.

  • Speaker #0

    Sur le site.

  • Speaker #1

    spaceparis.com c'est ça voilà,

  • Speaker #2

    merci Louise merci à bientôt merci d'avoir écouté cet épisode le plus important pour moi c'est de sensibiliser et d'aider les personnes qui luttent ou ont lutté avec le stress post-traumatique si tu penses à quelqu'un qui a besoin d'écouter ce podcast n'hésite pas à le partager et si tu veux soutenir mon travail abonne-toi au podcast et n'hésite pas pas à me laisser un commentaire pour me dire ce que tu en as pensé

Description

On parle (heureusement) beaucoup d'inclusivité dans le yoga aujourd'hui et de cette intention, cette nécessité de célébrer tous les corps quels qu'ils soient et d'honorer plus de diversité corporelle. On parle cependant encore peu d'adapter le yoga pour respecter les différents états de santé mentale.


Un yoga qui respecte le parcours personnel et les expériences passées de chacun·e, notamment les expériences traumatiques, pourtant, ça existe. Le yoga sensible au traumatisme est une approche basée sur la compréhension de l'impact psychologique et physiologique de traumatisme et sur l'autonomisation des pratiquant·es. Il vise à leur redonner du pouvoir en offrant au maximum un environnement sécurisé et non-invasif où l'élève est maître de sa propre pratique.

Louise Cutler, fondatrice du studio The Space à Paris, prône depuis longtemps cette méthode qu'elle transmet dans ses formations professorales. Notre conversation met en lumière les défis auxquels sont parfois confrontées les personnes traumatisées dans les studios de yoga mainstream. Trop souvent, les espaces et les professeur·es ne répondent pas aux besoins spécifiques de ces individus, ce qui peut entraîner des sentiments d'exclusion, d'inconfort, voire déclencher des souvenirs traumatiques.


Cet épisode aborde également des éléments fondamentaux de cette méthode, comme l'importance cruciale du consentement et d'une communication qui encourage toujours au choix de décider de ce qui est bon pour soi. Il est une invitation pour les professeur·es à cultiver une approche plus empathique et consciente dans leur enseignement, afin de créer des espaces qui favorisent une expérience positive pour tous·tes.


Bonne écoute !


Retrouvez plus d'information sur la formation de Louise, Formation Trauma-informed Yoga, Mindfulness & Somatics, Module 1: Yoga & Trauma (en anglais), sur son site.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    leur donner un peu de pouvoir.

  • Speaker #1

    Nous, en tant que professeurs, ça nous permet de leur donner la permission entre guillemets de reprendre contrôle sur leur corps.

  • Speaker #0

    Les personnes qui ont vécu traumatique ou pas, ils doivent avoir le choix.

  • Speaker #1

    Il faut avoir en tête une notion de consentement.

  • Speaker #0

    On ne sait pas qui est ce qui est dans notre poids.

  • Speaker #1

    Redonner un espace. Les personnes vont réapprendre à prendre des décisions sur ce qui est leur pratique de yoga, sur ce qui est leur bien-être finalement. Bienvenue, vous écoutez Safe Spaces, le podcast qui ouvre le dialogue sur le trauma et la santé mentale dans le milieu du yoga.

  • Speaker #2

    Dans cet épisode, je m'entretiens avec Louise Cutler. Elle est fondatrice du studio The Space à Paris et formatrice en teacher training. Louise est l'une des rares pionnières en France à intégrer une approche inclusive au traumatisme dans ses formations professorales. Elle enseigne notamment un cursus qui s'appelle Trauma-Informed Yoga, ou en français Yoga sensible au traumatisme. J'ai voulu en savoir plus sur sa vision et sur ses techniques d'enseignement. Mais avant de vous partager notre conversation, j'aimerais vous donner une définition de ce qu'est le Yoga sensible au traumatisme, auquel je me suis moi-même formée il y a quelques années. Je trouve d'ailleurs que l'appellation en anglais trauma informed est plus juste que le terme français sensible puisque ces méthodes d'enseignement sont basées sur et informées par une compréhension intensive de ce qu'est le traumatisme et son impact sur notre cerveau et notre système nerveux. Ce n'est donc pas un style de yoga à part, ni un courant, mais bien juste une méthodologie pour adapter son enseignement afin de répondre à un besoin thérapeutique particulier. Le terme yoga sensible au traumatisme a été inventé en 2002 par David Emerson, directeur des services de yoga au Centre pour le trauma du Justice Resource Institute aux Etats-Unis. Il définit la méthode comme étant un traitement d'appoint fondé sur des preuves et basé sur des décennies de recherches scientifiques sur le traumatisme complexe et le stress post-traumatique. C'est une approche qui est avant tout basée sur le corps, autour du mouvement et de la respiration. La pratique reprend en fait les principes du Hatha Yoga, mais elle les adapte pour maximiser l'autorégulation des élèves et pour cultiver une relation plus positive avec son corps. Pour autant, l'accent n'est pas mis sur l'expression des postures, ni d'ailleurs sur leur apparence extérieure, ni non plus sur la validation par une autorité externe. Au contraire, l'accent est mis sur l'expérience interne des pratiquants et pratiquantes. En d'autres termes, il n'y a pas de notion de bien faire ou de mal faire. Les professeurs agissent en tant que guides, on va d'ailleurs plutôt les appeler facilitateurs, facilitatrices, mais ce sont seuls les pratiquants et pratiquantes eux-mêmes qui décident de ce qui est bien pour ils ou elles, ou pas en fonction de leur ressenti. Enseigner un yoga sensible au traumatisme, c'est donc être équipé pour créer un espace sécurisant, que ce soit physiquement ou émotionnellement, un safe space. C'est savoir proposer un yoga qui est non-invasif et qui respecte les potentiels déclencheurs de chacun et chacune. C'est un yoga qui encourage les pratiquants ou pratiquantes à être maîtres de leur propre pratique en leur donnant constamment la permission de s'écouter et de faire ou de ne pas faire. C'est supprimer également la dynamique de pouvoir et la hiérarchie qui peut exister entre professeurs et élèves et se placer comme un guide plutôt qu'un expert ou une experte. Je vous invite maintenant à plonger dans ma conversation avec Louise, dans laquelle nous discutons plus en détail des éléments fondamentaux du yoga sensible au traumatisme. Bonne écoute.

  • Speaker #1

    Bonjour Louise.

  • Speaker #0

    Bonjour Alice.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'être à présent, je suis hyper contente de m'entretenir avec toi aujourd'hui.

  • Speaker #0

    De même.

  • Speaker #1

    Louise, tu es propriétaire de The Space, qui est un studio de yoga dans le 12e arrondissement de Paris. Tu es aussi professeure de yoga depuis longtemps, depuis...

  • Speaker #0

    Depuis 2013, ouais.

  • Speaker #1

    Voilà, donc ça fait plus de dix ans.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Et toi et moi, on travaille ensemble depuis deux ans. Et moi, j'adore ce space parce que c'est un studio dans lequel on se sent à l'aise d'être qui on est. Donc c'est un studio sans prétention, un espace de non-jugement, de bienveillance et un endroit où on ne se sent pas complexé de débuter le yoga et où les professeurs sont finalement des gens normaux comme tous les autres. Et c'est aussi un des seuls endroits de Paris, un des seuls studios de Paris qui propose une formation de yoga sensible au traumatisme, donc en anglais Trauma Informed Yoga, dont j'ai hâte que tu nous parles dans cet épisode du podcast. Louise, pourquoi c'est important pour toi de proposer cette offre spécifiquement pour former les professeurs à ce style de yoga et comment ça s'inscrit en fait dans la vision de ton studio ?

  • Speaker #0

    Quand on a ouvert le studio, on voulait que ce soit... un endroit où tout le monde pouvait venir pratiquer, comme tu l'as dit. Je trouve qu'il y a beaucoup de studios où on ne se sent pas forcément à l'aise. si on n'a pas le bon leggings ou si on n'arrive pas à faire le grand écart. Et donc, on voulait que le studio soit un endroit où tout le monde pouvait venir, peu importe s'ils étaient en pyjama ou en leggings Lululemon. Du coup, pour revenir à ta question, le studio, on voulait que tout le monde soit à l'aise et pour le faire, il fallait qu'on crée un endroit qui est simple pour tout le monde, un safe space, où tout le monde se sent à l'aise de, éventuellement, de fermer les yeux, de respirer, de ne pas faire une posture s'ils n'ont pas envie. Un endroit où les profs sont accueillants, ils le sont dans tous les studios, mais c'est important pour nous qu'il y ait une sorte d'atmosphère de proximité, où les gens connaissent les prénoms, pas juste du prof, mais aussi éventuellement des autres élèves. Si tu as pratiqué du yoga dans le passé ou tu veux commencer aujourd'hui, on peut venir ici. Si tu as honte de pratiquer, si tu as un passé avec, par exemple, beaucoup de stress. ou du trauma. J'espère en tout cas qu'ici, les profs sont capables de proposer quelque chose qui t'invite à essayer. Ok. C'est... Je me rappelle de mon premier cours de yoga. J'avais peur. Je me suis cachée au fond de la salle. Je voulais pas qu'on me regarde. Et c'est ce que... C'est ce qui est important pour moi dans le studio. Qu'on ait envie d'être vue au premier rang ou de se cacher. Que les profs le voient et l'acceptent aussi. D'accord.

  • Speaker #1

    on n'essaie pas de forcer les élèves il n'y a pas de hiérarchie entre les différents élèves non plus au sein des cours dans ton studio,

  • Speaker #0

    enfin en tout cas c'est l'intention exactement et on ne fait pas de cours on a des cours débutants mais on ne fait pas de vignasse à 1, vignasse à 2, vignasse à 3 tout le monde vient comme il est sur un tapis et fait ce qu'il est capable de faire aujourd'hui et ça va changer tous les jours c'est marrant que tu parles de ton expérience à toi parce que moi quand j'ai commencé à faire du yoga

  • Speaker #1

    Moi, on m'a conseillé de faire du yoga quand je souffrais de syndrome de stress post-traumatique. Sauf que j'ai eu du mal à trouver dans l'offre qui était disponible au moment où j'ai commencé, des cours où je me sentais parfaitement à l'aise. J'ai trouvé qu'il y avait toujours quelque chose qui me faisait me sentir moins bien ou qui me faisait me sentir pas à l'aise.

  • Speaker #0

    Comme quoi, par exemple ?

  • Speaker #1

    Ça pouvait être l'ambiance générale, comme tu disais, il peut y avoir ce sentiment que parfois tu arrives dans un studio et tout le monde se connaît déjà, il y a un petit peu des élèves préférés entre guillemets, et du coup c'est difficile toi d'intégrer cette communauté qui est déjà existante. Et ça l'est encore plus quand tu viens avec un passif de trauma et où potentiellement ta confiance en toi elle est plus bactère. La première fois potentiellement que tu te lances dans quelque chose de nouveau. que tu ne connais pas, que tu ne maîtrises pas avec des personnes que tu n'as jamais vues. Il y a un peu d'appréhension. En tout cas, moi, personnellement, c'est comme ça que je l'ai vécu. Donc, je te rejoins sur cette vision un peu d'espace de bienveillance qui devrait être finalement quelque chose qu'on retrouve partout dans le yoga. En tout cas, moi, c'est quelque chose en lequel je crois en tant que prof de yoga. Et c'est pour ça que j'aime travailler avec toi parce que je sais qu'on se compte là-dessus. Et voilà, après, c'était des expériences différentes que j'ai pu vivre avec différents professeurs en fonction de leur approche, la manière dont ils parlaient, leurs comportements, qui ont pu me faire sentir plus ou moins à l'aise ou plus ou moins mal à l'aise. Et on en reviendra à expliquer pourquoi certains comportements peuvent déclencher, en fait, des personnes traumatisées. Et par le mot déclencher, en fait, un déclencheur, j'entends, pour les personnes qui ne sont pas forcément familières avec ce terme, que ça peut être un stimuli comme un... Un comportement, des mots, une odeur, un bruit, qui va raviver un souvenir de l'expérience traumatique et qui va créer une réaction émotionnelle chez la personne. Donc ça peut être de la peur, de la honte, de la tristesse, mais ça peut aussi être une réaction physique comme une crise d'angoisse. Donc par le mot déclencher, j'entends ça. Pour rebondir directement sur la question suivante, comment le yoga peut déclencher... une personne traumatisée. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus sur ton expérience à toi en tant que professeur, des choses que tu as pu voir peut-être dans ton long parcours d'enseignante, mais aussi des choses que tu as peut-être vécues, des choses que tu sais de par tes échanges avec les professeurs qui travaillent pour toi, de choses qui typiquement vont être potentiellement retraumatisantes pour des élèves dans un cours de yoga ?

  • Speaker #0

    La première chose qui me vient en tête, c'est le fait d'être touchée par un professeur. ou la professeure.

  • Speaker #1

    Donc tout ce qui est ajustement manuel.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. Il y a beaucoup, ici en tout cas au studio, il y a beaucoup d'élèves qui en ont envie que les professeurs les corrigent, les aident à aller un petit peu plus loin ou s'améliorer. Moi dans ma pratique personnelle et en tant que prof, c'est pas du tout mon objectif de faire progresser des élèves. Pour moi c'est important qu'ils ressentent leur corps de l'intérieur. On oublie que le guéris de ne ressent pas parfaitement un guéris de style Instagram, c'est important que la personne le ressente à l'intérieur. Quand quelqu'un vient m'ajuster, je peux comprendre, ça dépend des personnes, mais je peux comprendre, je fais mal cette posture. Une personne qui n'est pas prête à être touchée par quelqu'un qu'elle ne connaît pas ou simplement aujourd'hui il a eu une mauvaise journée, peu importe son passé, on n'a pas toujours envie d'être touché par des personnes qu'on ne connaît pas forcément. Et on ne sait jamais à quel point le ou la professeur va nous pousser. Est-ce que c'est pour justement nous aider un petit peu à relâcher les épaules ? Ça, ça peut être différent, mais ça peut être vécu. comme une agression pour quelqu'un qui ne s'y attend pas ou qui n'est pas prêt. Quand on touche quelqu'un, quand on les assiste, on rentre vraiment dans leur intimité. C'est quelque chose qui peut déranger sur plein de niveaux, pas juste physique, mais aussi sur la respiration, sur les émotions et sur le mental. Et c'est pas seulement pour les personnes qui ont vécu un traumatisme, ça peut être quelqu'un qui est blessé ou qui a eu une ancienne blessure ou quelqu'un qui aujourd'hui ne veut pas. Juste simplement qu'on ne le dérange pas, qu'il soit dans son corps et qu'on le laisse faire et qu'on le laisse vivre sa pratique. Donc ça c'est vraiment la première chose pour moi. On peut demander en début de cours, est-ce qu'il y a quelqu'un qui n'a pas envie d'être touché aujourd'hui ? La personne ne va pas lever la main pour dire oui aujourd'hui, moi j'ai pas envie devant tout le monde. ça met l'attention sur cette personne ici au studio on utilise les petites cartes qu'on peut mettre sur le tapis des élèves un côté vert ça veut dire ok c'est bon on peut me toucher aujourd'hui côté rouge ça veut dire non ne me touchez pas ça marche jusqu'à un point mais si on décide que dans cette posture je n'ai pas envie de toucher Il faudrait ensuite qu'on retourne la carte et ça peut casser un petit peu le flow ou même sortir quelqu'un de leur pratique. Un autre point qui peut déclencher, c'est le fait d'utiliser les prénoms devant d'autres personnes. Donc, c'est bien Margot, tu fais bien cette posture. Ou Antonin, lève ton pied un petit peu plus haut. Ça, c'est mettre l'attention sur une personne qui danse encore dans sa pratique. Et je trouve que ça ne crée pas cet espace de bienveillance où tout le monde peut se perdre dans la pratique.

  • Speaker #1

    Oui, à nouveau, ça crée cette hiérarchie de peut-être que la personne qui va être félicitée pendant le cours fait mieux que les autres, donc les autres peuvent se sentir un peu moins considérés. C'est ça. Ou à l'inverse, si tu les interpelles pour les corriger, ils peuvent peut-être développer un sentiment de gêne.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et de regarder le tapis de l'autre personne, le corps de l'autre personne, elle est toute différente et on passe beaucoup de temps à se comparer aux autres. Et sur le tapis, ce n'est pas l'endroit pour le faire, à mon avis. C'est aussi pour ça qu'on a pas les miroirs dans le studio.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Autre chose qui peut déclencher, c'est l'ambiance en général. Ça peut être les lumières fluorescentes qui brillent, un peu comme on a au studio. C'est pour ça qu'on est un tour, on a juste les petites bougies et les petites guirlandes.

  • Speaker #1

    En plus, c'est cosy.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. Donc, l'ambiance avec la lumière, avec le bruit autour, ça ne peut pas toujours gérer si le studio donne sur la rue. On n'a pas forcément le contrôle là-dessus, mais d'essayer de faire une ambiance à l'intérieur de la salle et du studio, où les gens ne vont pas sursauter ou avoir peur d'entendre quelque chose au bout d'un moment, et rester dans un état d'hypervigilance. La respiration, le pranayama, c'est un point où il faut être vigilant. Il y a des exercices qu'il ne faut pas faire, où il faut les adapter. Quand on est dans un état de traumatisme, le système nerveux n'est pas calme, il n'est pas capable de se détendre, s'exciter, se redétendre, etc. On a besoin d'être vraiment présent dans son corps. Il se passe tellement de choses d'un niveau hormonal, d'un niveau neurologique. et beaucoup de pensée, beaucoup d'agitation pour la plupart des personnes. Et du coup, quand on fait du pranayama, c'est important de penser à revenir en contact avec le corps.

  • Speaker #1

    Pranayama, du coup, c'est des techniques de respiration utilisées dans le yoga.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Différents types, différentes intensités, différents buts aussi de techniques de respiration qu'on utilise à différents moments dans les cours.

  • Speaker #0

    C'est ça,

  • Speaker #1

    ouais. Il faut s'élaborer sur le sujet, mais... c'est ce que c'est le pranayama.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Après, ça peut être tout simplement revenir à sa respiration, à l'observer. On n'est pas obligé d'ajouter des différentes techniques, ça peut être tout simplement le fait d'écouter, de ressentir où commence l'inspiration, où se termine l'expiration. Pour quelqu'un qui a un vécu chromatique, ou même quelqu'un qui souffre de burn-out, de stress chronique, comme j'ai envie de dire 50% au moins de la population. Au moins. Et ça peut faire peur de se confronter à ses respirations, de ne pas ressentir ses respirations et de se sentir isolée, seule, de ne pas comprendre son propre corps. Donc on va utiliser des choses très simples où on est toujours en contact avec nous-mêmes. Donc ça peut être par exemple se faire un petit câlin pendant qu'on fait certains exercices. Le mieux, moi je le trouve toujours et je l'enseigne dans certains cours, c'est une main sous l'aisselle. Par exemple, main gauche sous l'aisselle droite et main droite sur l'épaule gauche. Juste de se tenir comme ça, ça nous ancre dans le corps physique. Donc je sens ma main, je sens la chaleur et les professeurs peuvent utiliser ce genre de technique pour justement ancrer l'esprit dans le corps.

  • Speaker #1

    Oui, et aider à revenir aux sensations de la respiration. C'est ça. Pour moi, c'est un peu ça le yoga sensible au traumatisme. C'est un yoga qui est basé sur le ressenti, sur la conscience des sensations. permet en fait un peu de restaurer ce rapport qu'on a avec soi et avec son corps mais aussi son souffle et sa tête. Quand on a vécu un traumatisme, on est dans ce qu'on appelle une dissociation, donc cet état dans lequel le corps est comme figé dans l'expérience qu'on a vécue et du coup les sensations sont moins ressenties, il y a un peu comme une déconnexion entre le corps et la personne. Tu parlais de certaines techniques qu'il faut faire ou ne pas faire. Est-ce qu'il y a des choses qu'il faut enseigner en particulier quand on guide un cours de yoga sensible au traumatisme ? Est-ce qu'il y a des choses qu'il faut à l'inverse éviter complètement ?

  • Speaker #0

    Tout va dépendre du public. Si par exemple on va travailler avec un vétéran de guerre, s'allonger sur le ventre en position par exemple du sphinx, on va éviter. C'est une posture qui peut rappeler justement les expériences vécues en combat. Une posture comme Happy Baby par exemple, on va l'éviter. pour certaines femmes qui ont vécu des attouchements. Donc, ça va varier par personne et par expérience aussi. Ce qu'on veut plutôt faire, c'est garder les corps en mouvement la plupart du temps, des petits moments de pause, avec des séquences qui sont fluides, mais aussi simples. Ça peut être les ladder flow, donc on a une bonne répétition, on commence avec deux ou trois postures, ensuite on ajoute une quatrième et une cinquième, pour qu'ils savent ce qui va venir. On peut augmenter, ajouter des petites variations si on en a envie, mais vraiment de rester dans la simplicité, ce qui va changer le cours pour les personnes, ce qui va leur donner un peu de pouvoir sur leur corps et leur cours, c'est le langage qu'on va utiliser. On ne va pas dire, vous allez mettre votre pied ici, vous allez faire du... le chien tête en bas. On veut toujours que ce soit une invitation. Et ça devrait être le cas dans tous les cours. Et ça l'est de plus en plus. Je sais que dans beaucoup de formations maintenant, on parle plus du langage qu'on va utiliser. Les personnes qui ont vécu traumatique ou pas, ils doivent avoir le choix. Ils viennent en cours de yoga. S'ils n'ont pas envie de faire une posture, qu'ils ne le fassent pas. S'ils ont envie de rester une petite respiration, plus dans une posture, qu'on les laisse. Ce n'est pas toujours évident à gérer en tant que prof. C'est pour ça que dans les cours du yoga sensible au trauma, on va garder des groupes assez petits pour justement laisser un petit peu plus de temps et de place à chacun. Mais que chaque chose qu'on dit, ce soit une invitation, une proposition, on laisse le choix. Quand vous êtes prêts, si vous en avez envie, si votre corps ne le souhaite pas aujourd'hui, et ensuite leur guider dans la direction dans laquelle nous on veut aller, mais aussi leur proposer autre chose s'ils ne veulent pas y aller. Un petit peu de méditation à la fin d'un cours, c'est... Un petit moment de pause, c'est pas 15 minutes, c'est peut-être une ou deux minutes, et ça suffit pour beaucoup de personnes. Encore plus si c'est un système nerveux qui est, on va dire, pas très stable dans ce cours ou dans la vie de tous les jours, et de proposer donc autre chose s'ils en ont pas envie.

  • Speaker #1

    Pour moi vraiment, cette notion de choix, elle est tellement importante parce que quand on vit un traumatisme, ça nous est imposé. C'est ça. perd en fait le contrôle sur la situation et également sur ce qu'on ressent et ça vient un peu en effet boule de neige chambouler chaque aspect de notre vie. Donc on n'est plus en situation de contrôle et vraiment redonner un espace où les personnes vont réapprendre à prendre des décisions sur ce qui est leur pratique de yoga, sur ce qui est leur bien-être finalement. Pour moi, c'est vraiment hyper important. Nous, en tant que professeurs, ça nous permet de leur donner un peu plus de temps à donner la permission entre guillemets de reprendre contrôle sur leur corps et sur leur pratique. Faciliter en fait le choix de faire ou de ne pas faire une posture mais aussi de faire une posture et de l'adapter en fonction de nos sensations, de la manière dont on sent que c'est plus confortable par exemple en ajoutant une brique ou en ajoutant une sangle, la permission aussi de peut-être pas faire les exercices de respiration ou de les faire d'une manière qui nous convient, qui va pas nous générer un stress ou une anxiété pour moi c'est vraiment Quelque chose qui est important. Et comme tu dis, le langage qui est utilisé pour donner cette permission tout au long d'un cours, c'est vraiment un langage qui est loin de l'injonction, où on n'utilise jamais les mots tu dois ressentir tu dois faire Plutôt, voilà, tu peux je t'invite

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Donc ouais, c'est vraiment important, je pense, que cette notion de choix, moi je la mets presque limite en haut de la pyramide des choses qu'il faut faire, en tout cas pour... Créer cet espace safe, comme tu disais.

  • Speaker #0

    Oui, et comme tu disais, tu dois ressentir ça. Tout le monde est différent. Même s'il n'y a pas un passé traumatique, je ne vais pas ressentir la même chose que toi. Moi, j'ai les ischios jambiers qui font à peu près 5 cm. Donc une fois que je dois me toucher les pieds et ressentir ça ici, peut-être que je vais plus le sentir dans le dos, dans les mollets. Donc, inviter plutôt... Une observation de ce que l'on ressent réellement. Qu'est-ce que tu ressens ? Si tu ne ressens rien, c'est OK de leur inviter à commencer à prendre conscience de ce qui se passe dans leur corps, mais aussi à l'accepter s'ils ne ressentent rien ou s'ils ressentent quelque chose qui n'est pas agréable. D'aider chaque personne, chaque élève à vraiment être en relation avec son propre corps. dans l'instant présent. Et le rappeler demain, ça peut être différent.

  • Speaker #1

    Tu parlais des publics auxquels s'adresse le yoga sensible au traumatisme. Donc c'est vrai qu'on a un peu cette image d'un yoga, d'ailleurs c'est le cas, d'un yoga qui est thérapeutique et qui va être utilisé dans des cadres un petit peu spécifiques, soit en accompagnement d'une psychothérapie, soit avec des publics dont on sait qu'ils sont sujets à des traumatismes sévères. Donc ça peut être des personnes qui sont malades, ça peut être des personnes victimes de violences, ça peut être des personnes en situation d'exil ou des personnes, comme tu disais, vétérans de guerre, etc. Mais moi je suis convaincue que chaque cours de yoga peut reprendre certains principes du yoga sensible au traumatisme pour s'assurer qu'on crée un peu cette inclusivité, même dans un cours en studio ou dans un cours en entreprise, parce que finalement le traumatisme... Il touche quand même énormément de gens. Il va forcément toucher une grande partie de la population, que les gens en soient conscients ou pas d'ailleurs. Et voilà, moi je sais qu'en tout cas, en tant que personne concernée, j'ai mis du temps avant de trouver une offre qui me correspondait. Et j'ai appris moi-même, je me suis formée, etc. Donc maintenant je sais où il faut que j'aille, où il faut que j'aille pas. Mais j'ai vraiment ressenti un besoin qui manquait, en tout cas quand j'ai commencé ma pratique de yoga. Toi, qu'est-ce que tu en penses ? pense que c'est quelque chose que n'importe quel professeur devrait avoir dans sa boîte à outils de ressources pour pouvoir s'assurer que chaque personne se sent inclue, incluse dans son... Oui, cours.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Je pense que tous les professeurs devraient, pendant leur formation, être invités à réfléchir un petit peu aux personnes qu'on peut avoir dans notre cours. Certes, quelqu'un qui vient nous dire j'ai mal au genou ok, d'accord, on va faire attention, mais il y a souvent des personnes qui ne nous disent pas qu'ils ont une blessure. On ne sait pas qui est-ce qui est dans notre cours. Même si cette personne vient depuis des années chez nous, il y a des choses qu'on ne dit pas aux personnes qu'on ne connaît pas, si on se sent d'abord pas en sécurité ou simplement parce qu'on n'a pas envie de partager notre vie avec le monde entier. Donc nous, en tant que profs, si on ne sait pas qui est-ce qui est là dans notre cours, il faut qu'on fasse attention autant qu'on peut. On n'est pas parfait et on n'est pas à l'abri de toucher quelqu'un parce qu'on a mis... Une musique, par exemple, qui leur rappelle quelque chose, que ce soit positive ou négative, on ne sait jamais. Donc, faire attention au langage, faire attention avec les ajustements manuels. Il y a des élèves qui adorent, il y a des gens qui n'aiment pas, il y a des profs qui adorent en faire et il y en a d'autres qui ne préfèrent pas. Mais juste quand on se met sur le tapis en tant que prof, se dire ok, aujourd'hui c'est ma responsabilité de… D'accueillir ces personnes, c'est pas juste de les guider pour faire un flow et avoir un 5 sur 5 sur passe-passe, ok ? C'est pour qu'ils puissent rentrer en connexion avec eux-mêmes et passer un moment avec eux-mêmes. Et pour le faire, il faut que nous, on sort de leur vie, on sort de leur tapis. On est là pour donner une direction, ils le suivent ou pas, et que notre système nerveux soit calme, posé. Et qu'on n'ait pas envie de sauver tout le monde, de faire parfaitement pour tout le monde, parce que ça va nous mettre au stress, et on ne peut pas le faire. Donc de faire ce qu'on peut, déjà de se mettre à la place de quelqu'un qui est mal à l'aise dans un nouveau cours, tout simplement, sans rentrer dans d'autres détails. On commence, on arrive chez quelqu'un, on a envie de les mettre à l'aise, donc de faire cet effort-là et de se dire, ok, je ne sais pas ce qui se passe dans la tête des siennes. personne comment je peux faire pour les accueillir le mieux possible.

  • Speaker #1

    On ne sait pas ce qui se passe dans la tête des gens et on ne saura certainement jamais puisque effectivement les gens au début du cours souvent nous partagent leurs blessures physiques et souvent ce qu'on apprend en formation de professeur de yoga c'est comment adapter pour les blessures ou les troubles qui touchent à l'anatomie, à l'aspect physique de la personne mais beaucoup moins à la partie mentale. C'est d'avoir en fait peut-être quelques techniques à mettre en place dans chaque cours pour s'assurer que du mieux qu'on peut, que ça soit un espace safe, donc dans le langage, dans le choix qu'on va apporter aux élèves, mais aussi avoir en tête une notion de consentement, si on veut ajuster, moi je pense que chaque prof est libre d'ajuster, puisqu'effectivement il y a des personnes qui aiment bien, mais il faut s'assurer de le faire d'une manière qui ne va pas être intrusive dans la vie de la personne. et la faire ressortir du cours complètement stressée et angoissée. Donc ça, c'est important. Et je pense qu'il y a aussi un rôle du professeur de yoga, c'est de savoir un petit peu lire le langage corporel des gens qui sont dans son cours. Ce n'est pas toujours simple parce qu'effectivement, parfois on a 20, 30 personnes dans un cours et c'est évidemment impossible de pouvoir faire du cas par cas. Être capable de reconnaître des petits signes d'une personne qui va montrer que cette personne n'est pas forcément à l'aise ou qu'elle est très angoissée, c'est assez finalement facile à remarquer. Ça se voit dans la posture d'une personne quand elle entre dans la salle. Ça se voit dans la manière dont elle s'assoit sur le tapis avant que le cours commence. Est-ce qu'elle va être en train de gigoter, de bouger beaucoup ? Ou est-ce qu'au contraire, elle va être très posée ? Ça se voit en Shavasana, est-ce qu'elle a les yeux ouverts ? Est-ce qu'elle bouge beaucoup ? Ou est-ce qu'elle arrive à se relâcher ? Est-ce qu'elle a une respiration qui est très prononcée ? Il y a des petites choses comme ça, je pense, qui devraient être incluses, en tout cas dans les formations professorales, qui permettent un petit peu de lire et de ressentir ce qui se passe chez la personne. Et du coup, de peut-être nous mettre une certaine barrière. Si on a envie d'aller ajuster physiquement cette personne, peut-être qu'on va se dire Ah, aujourd'hui, je pense que ce n'est pas la personne que je vais ajuster parce que je vois qu'il y a des choses qui… qui m'envoient tous les signaux de ne pas y aller. Ce n'est pas simple, j'en suis bien consciente, mais je pense que si on a une certaine sensibilité à ça, on commence déjà à dégager quelque chose d'autre dans nos cours, quelque chose de peut-être un petit peu plus inclusif, un petit peu plus sécurisant pour les personnes qui viennent en tout cas.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr. De savoir lire quelqu'un et de savoir aussi proposer autre chose. Par exemple, Shavasana, c'est une posture qui est compliquée pour la plupart des débutants. Des personnes qui sont stressées, qui sont malades aussi, c'est une posture qui, à la base pour le yogi, n'est pas simple. Donc d'oser dire aux gens et de leur donner permission de s'allonger sur le côté, s'allonger sur le ventre, prendre un posture, prendre une couverture, quelque chose qui les permet de se protéger. Peu importe les postures dans un cours, par exemple de hyène ou restauratif, on a plus de temps. où on peut leur donner ce genre de propositions. C'est moins évident dans un cours de Vinyasa ou de Hatha. Mais de leur donner l'occasion de prendre soin d'eux-mêmes. Parce que nous, on ne peut pas forcément le faire. Si on voit quelqu'un qui a du mal aujourd'hui, proposer... D'arrêter.

  • Speaker #1

    Une alternative.

  • Speaker #0

    Proposer une alternative. Proposer également juste de revenir dans son corps. On les voit en triangle, ça souffle fort, ça tremble. Et qu'il y avait une énergie dès le début qui était un peu agitée. On peut remonter, on peut ressortir de la posture. Qu'est-ce qui se passe si je relâche mes épaules ? Qu'est-ce qui se passe si je détends mes doigts ? Juste les petites choses où je ressens la connexion avec le sol, mes pieds. Est-ce que je suis dans mon... mon talon, mes orteils, ce genre de choses qui permettent aux gens de revenir dans le corps et de sortir de la tête. On peut également donner, en tout début du cours, c'est l'une des premières choses dont je me souviens d'une formation que j'ai faite sur le trauma, c'était de prendre un moment, tout le monde au début, pour respirer ensemble. Ça peut être on inspire tous ensemble et on expire tous ensemble. Ça peut être une seule fois, deux, trois fois. Ça donne un peu plus d'amplitude au bienfait. Mais quand un groupe respire ensemble, surtout si c'est guidé par quelqu'un qui est considéré professeur ou le guide du groupe, les systèmes nerveux de chaque personne dans la pièce vont commencer à s'équilibrer et revenir un peu plus en neutre. Ça ne veut pas dire que c'est bon, tout le monde est détendu, c'est parce que moi je le suis en tant que professeur, mais ça permet de commencer à fusionner, si tu veux, les systèmes nerveux pour qu'il y ait un espace plus... qu'il y ait une ambiance... Exotique. En fait, entre les élèves, sans qu'ils se disent bonjour et qu'ils se font la bise, c'est d'un point de vue vraiment du système nerveux. Ok.

  • Speaker #1

    Oui, c'est qu'on absorbe, c'est vrai, l'énergie d'une pièce et des personnes autour de nous. Donc si déjà le professeur n'est pas très posé dans sa manière d'enseigner ou dans sa manière de parler, ça va être difficile de toi l'être en tant qu'élève. Après, j'aimerais quand même finir sur un point. Il faut aussi déculpabiliser les professeurs. Et tu l'as dit tout à l'heure, tu as utilisé le mot on ne peut pas sauver Il y a un syndrome du sauveur qu'il ne faut pas avoir dans le sens où on ne pourra jamais être 100% inclusif ou inclusive dans un cours et on ne pourra jamais éviter qu'il se passe des choses dans notre cours de yoga, que les gens sortent stressés ou mécontents ou angoissés. Malheureusement, ça arrivera toujours. Et je pense que tant qu'on arrive à enseigner avec une certaine empathie et qu'on... on essaye de mettre tout en œuvre pour créer vraiment cet espace qui va permettre aux gens de vivre une expérience positive, c'est déjà bien, mais qu'il ne faut vraiment pas essayer non plus de micro-manager, micro-conspander chaque personne, parce que ce n'est pas possible. Donc ça, je pense que c'est important de le dire. J'ai une autre question pour toi, et ce sera ma dernière question. Tu es anglaise, ça s'entend partout. Oui, j'ai l'habitude d'être absente. Moi, j'ai vécu longtemps à Londres, donc j'ai commencé à pratiquer le yoga à Londres. J'ai trouvé qu'à Londres, il y avait... Plus de sensibilité sur les sujets de santé mentale dans l'offre de yoga. Et c'est d'ailleurs là que j'ai découvert le yoga sensible au traumatisme. Et moi, je me suis formée avec une professeure anglaise qui s'appelle Eleanor Grace. Je voulais te demander si tu penses que la France, le marché du yoga en France, est un peu en retard sur ces questions-là. Parce que je l'ai dit au début du... du podcast, mais tu es la seule à proposer cette, en tout cas je crois d'après mes recherches, que tu es la seule à proposer cette formation de yoga sensible au traumatisme. Et pourquoi ? Je me demande pourquoi on n'en parle pas autant qu'en Angleterre, pourquoi est-ce que c'est un sujet qui n'est pas présent finalement tant que ça dans les formations de profs de yoga, mais aussi dans ce qui se passe en studio. Je trouve en tout cas très axé sur... d'autres choses. J'aimerais avoir ton avis sur ça et peut-être nous donner un certain espoir qu'un jour ça arrive plus bien nous et que ça traverse la Manche.

  • Speaker #0

    Je pense que oui. Déjà, oui, j'ai l'impression qu'il y a un peu de retard par rapport à l'Angleterre et par rapport à l'Australie, aux États-Unis, aux pays anglophones de manière générale. Mais souvent, les tendances anglophones finissent par arriver avec 5-6 ans de retard. C'est l'impression que j'ai sur plein de petites choses ayant vécu plus de 20 ans déjà en France. Par exemple, quand j'ai commencé à enseigner le yin, il n'y en avait pas à Paris. Et maintenant, c'est devenu à la mode. Donc ça prend un petit peu de temps, mais ça va arriver. On commence déjà à en parler de plus en plus. Déjà, je le vois dans la formation que je propose l'année prochaine, en 2025. La formation, elle est complète.

  • Speaker #2

    Trop bien,

  • Speaker #0

    merci. Donc, les professeurs s'intéressent. Et j'ai de plus en plus de questions par rapport à l'inclusivité dans les formations que je donne, les formations de 100 heures pour commencer à être prof. Même si moi, avant que je ne puisse pas... aborder ce sujet, les questions commencent déjà. Donc, c'est un espoir.

  • Speaker #1

    Trop bien. On en parle et on en parle dans ce podcast. Donc, je te remercie beaucoup pour ton apport à cette conversation, à cet échange qu'on a eu. Je ne peux que recommander aux personnes qui nous écoutent de se renseigner sur tes formations si c'est quelque chose qui les intéresse. Je pense qu'on peut trouver toutes les informations sur ton site.

  • Speaker #0

    Sur le site.

  • Speaker #1

    spaceparis.com c'est ça voilà,

  • Speaker #2

    merci Louise merci à bientôt merci d'avoir écouté cet épisode le plus important pour moi c'est de sensibiliser et d'aider les personnes qui luttent ou ont lutté avec le stress post-traumatique si tu penses à quelqu'un qui a besoin d'écouter ce podcast n'hésite pas à le partager et si tu veux soutenir mon travail abonne-toi au podcast et n'hésite pas pas à me laisser un commentaire pour me dire ce que tu en as pensé

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Description

On parle (heureusement) beaucoup d'inclusivité dans le yoga aujourd'hui et de cette intention, cette nécessité de célébrer tous les corps quels qu'ils soient et d'honorer plus de diversité corporelle. On parle cependant encore peu d'adapter le yoga pour respecter les différents états de santé mentale.


Un yoga qui respecte le parcours personnel et les expériences passées de chacun·e, notamment les expériences traumatiques, pourtant, ça existe. Le yoga sensible au traumatisme est une approche basée sur la compréhension de l'impact psychologique et physiologique de traumatisme et sur l'autonomisation des pratiquant·es. Il vise à leur redonner du pouvoir en offrant au maximum un environnement sécurisé et non-invasif où l'élève est maître de sa propre pratique.

Louise Cutler, fondatrice du studio The Space à Paris, prône depuis longtemps cette méthode qu'elle transmet dans ses formations professorales. Notre conversation met en lumière les défis auxquels sont parfois confrontées les personnes traumatisées dans les studios de yoga mainstream. Trop souvent, les espaces et les professeur·es ne répondent pas aux besoins spécifiques de ces individus, ce qui peut entraîner des sentiments d'exclusion, d'inconfort, voire déclencher des souvenirs traumatiques.


Cet épisode aborde également des éléments fondamentaux de cette méthode, comme l'importance cruciale du consentement et d'une communication qui encourage toujours au choix de décider de ce qui est bon pour soi. Il est une invitation pour les professeur·es à cultiver une approche plus empathique et consciente dans leur enseignement, afin de créer des espaces qui favorisent une expérience positive pour tous·tes.


Bonne écoute !


Retrouvez plus d'information sur la formation de Louise, Formation Trauma-informed Yoga, Mindfulness & Somatics, Module 1: Yoga & Trauma (en anglais), sur son site.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    leur donner un peu de pouvoir.

  • Speaker #1

    Nous, en tant que professeurs, ça nous permet de leur donner la permission entre guillemets de reprendre contrôle sur leur corps.

  • Speaker #0

    Les personnes qui ont vécu traumatique ou pas, ils doivent avoir le choix.

  • Speaker #1

    Il faut avoir en tête une notion de consentement.

  • Speaker #0

    On ne sait pas qui est ce qui est dans notre poids.

  • Speaker #1

    Redonner un espace. Les personnes vont réapprendre à prendre des décisions sur ce qui est leur pratique de yoga, sur ce qui est leur bien-être finalement. Bienvenue, vous écoutez Safe Spaces, le podcast qui ouvre le dialogue sur le trauma et la santé mentale dans le milieu du yoga.

  • Speaker #2

    Dans cet épisode, je m'entretiens avec Louise Cutler. Elle est fondatrice du studio The Space à Paris et formatrice en teacher training. Louise est l'une des rares pionnières en France à intégrer une approche inclusive au traumatisme dans ses formations professorales. Elle enseigne notamment un cursus qui s'appelle Trauma-Informed Yoga, ou en français Yoga sensible au traumatisme. J'ai voulu en savoir plus sur sa vision et sur ses techniques d'enseignement. Mais avant de vous partager notre conversation, j'aimerais vous donner une définition de ce qu'est le Yoga sensible au traumatisme, auquel je me suis moi-même formée il y a quelques années. Je trouve d'ailleurs que l'appellation en anglais trauma informed est plus juste que le terme français sensible puisque ces méthodes d'enseignement sont basées sur et informées par une compréhension intensive de ce qu'est le traumatisme et son impact sur notre cerveau et notre système nerveux. Ce n'est donc pas un style de yoga à part, ni un courant, mais bien juste une méthodologie pour adapter son enseignement afin de répondre à un besoin thérapeutique particulier. Le terme yoga sensible au traumatisme a été inventé en 2002 par David Emerson, directeur des services de yoga au Centre pour le trauma du Justice Resource Institute aux Etats-Unis. Il définit la méthode comme étant un traitement d'appoint fondé sur des preuves et basé sur des décennies de recherches scientifiques sur le traumatisme complexe et le stress post-traumatique. C'est une approche qui est avant tout basée sur le corps, autour du mouvement et de la respiration. La pratique reprend en fait les principes du Hatha Yoga, mais elle les adapte pour maximiser l'autorégulation des élèves et pour cultiver une relation plus positive avec son corps. Pour autant, l'accent n'est pas mis sur l'expression des postures, ni d'ailleurs sur leur apparence extérieure, ni non plus sur la validation par une autorité externe. Au contraire, l'accent est mis sur l'expérience interne des pratiquants et pratiquantes. En d'autres termes, il n'y a pas de notion de bien faire ou de mal faire. Les professeurs agissent en tant que guides, on va d'ailleurs plutôt les appeler facilitateurs, facilitatrices, mais ce sont seuls les pratiquants et pratiquantes eux-mêmes qui décident de ce qui est bien pour ils ou elles, ou pas en fonction de leur ressenti. Enseigner un yoga sensible au traumatisme, c'est donc être équipé pour créer un espace sécurisant, que ce soit physiquement ou émotionnellement, un safe space. C'est savoir proposer un yoga qui est non-invasif et qui respecte les potentiels déclencheurs de chacun et chacune. C'est un yoga qui encourage les pratiquants ou pratiquantes à être maîtres de leur propre pratique en leur donnant constamment la permission de s'écouter et de faire ou de ne pas faire. C'est supprimer également la dynamique de pouvoir et la hiérarchie qui peut exister entre professeurs et élèves et se placer comme un guide plutôt qu'un expert ou une experte. Je vous invite maintenant à plonger dans ma conversation avec Louise, dans laquelle nous discutons plus en détail des éléments fondamentaux du yoga sensible au traumatisme. Bonne écoute.

  • Speaker #1

    Bonjour Louise.

  • Speaker #0

    Bonjour Alice.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'être à présent, je suis hyper contente de m'entretenir avec toi aujourd'hui.

  • Speaker #0

    De même.

  • Speaker #1

    Louise, tu es propriétaire de The Space, qui est un studio de yoga dans le 12e arrondissement de Paris. Tu es aussi professeure de yoga depuis longtemps, depuis...

  • Speaker #0

    Depuis 2013, ouais.

  • Speaker #1

    Voilà, donc ça fait plus de dix ans.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Et toi et moi, on travaille ensemble depuis deux ans. Et moi, j'adore ce space parce que c'est un studio dans lequel on se sent à l'aise d'être qui on est. Donc c'est un studio sans prétention, un espace de non-jugement, de bienveillance et un endroit où on ne se sent pas complexé de débuter le yoga et où les professeurs sont finalement des gens normaux comme tous les autres. Et c'est aussi un des seuls endroits de Paris, un des seuls studios de Paris qui propose une formation de yoga sensible au traumatisme, donc en anglais Trauma Informed Yoga, dont j'ai hâte que tu nous parles dans cet épisode du podcast. Louise, pourquoi c'est important pour toi de proposer cette offre spécifiquement pour former les professeurs à ce style de yoga et comment ça s'inscrit en fait dans la vision de ton studio ?

  • Speaker #0

    Quand on a ouvert le studio, on voulait que ce soit... un endroit où tout le monde pouvait venir pratiquer, comme tu l'as dit. Je trouve qu'il y a beaucoup de studios où on ne se sent pas forcément à l'aise. si on n'a pas le bon leggings ou si on n'arrive pas à faire le grand écart. Et donc, on voulait que le studio soit un endroit où tout le monde pouvait venir, peu importe s'ils étaient en pyjama ou en leggings Lululemon. Du coup, pour revenir à ta question, le studio, on voulait que tout le monde soit à l'aise et pour le faire, il fallait qu'on crée un endroit qui est simple pour tout le monde, un safe space, où tout le monde se sent à l'aise de, éventuellement, de fermer les yeux, de respirer, de ne pas faire une posture s'ils n'ont pas envie. Un endroit où les profs sont accueillants, ils le sont dans tous les studios, mais c'est important pour nous qu'il y ait une sorte d'atmosphère de proximité, où les gens connaissent les prénoms, pas juste du prof, mais aussi éventuellement des autres élèves. Si tu as pratiqué du yoga dans le passé ou tu veux commencer aujourd'hui, on peut venir ici. Si tu as honte de pratiquer, si tu as un passé avec, par exemple, beaucoup de stress. ou du trauma. J'espère en tout cas qu'ici, les profs sont capables de proposer quelque chose qui t'invite à essayer. Ok. C'est... Je me rappelle de mon premier cours de yoga. J'avais peur. Je me suis cachée au fond de la salle. Je voulais pas qu'on me regarde. Et c'est ce que... C'est ce qui est important pour moi dans le studio. Qu'on ait envie d'être vue au premier rang ou de se cacher. Que les profs le voient et l'acceptent aussi. D'accord.

  • Speaker #1

    on n'essaie pas de forcer les élèves il n'y a pas de hiérarchie entre les différents élèves non plus au sein des cours dans ton studio,

  • Speaker #0

    enfin en tout cas c'est l'intention exactement et on ne fait pas de cours on a des cours débutants mais on ne fait pas de vignasse à 1, vignasse à 2, vignasse à 3 tout le monde vient comme il est sur un tapis et fait ce qu'il est capable de faire aujourd'hui et ça va changer tous les jours c'est marrant que tu parles de ton expérience à toi parce que moi quand j'ai commencé à faire du yoga

  • Speaker #1

    Moi, on m'a conseillé de faire du yoga quand je souffrais de syndrome de stress post-traumatique. Sauf que j'ai eu du mal à trouver dans l'offre qui était disponible au moment où j'ai commencé, des cours où je me sentais parfaitement à l'aise. J'ai trouvé qu'il y avait toujours quelque chose qui me faisait me sentir moins bien ou qui me faisait me sentir pas à l'aise.

  • Speaker #0

    Comme quoi, par exemple ?

  • Speaker #1

    Ça pouvait être l'ambiance générale, comme tu disais, il peut y avoir ce sentiment que parfois tu arrives dans un studio et tout le monde se connaît déjà, il y a un petit peu des élèves préférés entre guillemets, et du coup c'est difficile toi d'intégrer cette communauté qui est déjà existante. Et ça l'est encore plus quand tu viens avec un passif de trauma et où potentiellement ta confiance en toi elle est plus bactère. La première fois potentiellement que tu te lances dans quelque chose de nouveau. que tu ne connais pas, que tu ne maîtrises pas avec des personnes que tu n'as jamais vues. Il y a un peu d'appréhension. En tout cas, moi, personnellement, c'est comme ça que je l'ai vécu. Donc, je te rejoins sur cette vision un peu d'espace de bienveillance qui devrait être finalement quelque chose qu'on retrouve partout dans le yoga. En tout cas, moi, c'est quelque chose en lequel je crois en tant que prof de yoga. Et c'est pour ça que j'aime travailler avec toi parce que je sais qu'on se compte là-dessus. Et voilà, après, c'était des expériences différentes que j'ai pu vivre avec différents professeurs en fonction de leur approche, la manière dont ils parlaient, leurs comportements, qui ont pu me faire sentir plus ou moins à l'aise ou plus ou moins mal à l'aise. Et on en reviendra à expliquer pourquoi certains comportements peuvent déclencher, en fait, des personnes traumatisées. Et par le mot déclencher, en fait, un déclencheur, j'entends, pour les personnes qui ne sont pas forcément familières avec ce terme, que ça peut être un stimuli comme un... Un comportement, des mots, une odeur, un bruit, qui va raviver un souvenir de l'expérience traumatique et qui va créer une réaction émotionnelle chez la personne. Donc ça peut être de la peur, de la honte, de la tristesse, mais ça peut aussi être une réaction physique comme une crise d'angoisse. Donc par le mot déclencher, j'entends ça. Pour rebondir directement sur la question suivante, comment le yoga peut déclencher... une personne traumatisée. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus sur ton expérience à toi en tant que professeur, des choses que tu as pu voir peut-être dans ton long parcours d'enseignante, mais aussi des choses que tu as peut-être vécues, des choses que tu sais de par tes échanges avec les professeurs qui travaillent pour toi, de choses qui typiquement vont être potentiellement retraumatisantes pour des élèves dans un cours de yoga ?

  • Speaker #0

    La première chose qui me vient en tête, c'est le fait d'être touchée par un professeur. ou la professeure.

  • Speaker #1

    Donc tout ce qui est ajustement manuel.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. Il y a beaucoup, ici en tout cas au studio, il y a beaucoup d'élèves qui en ont envie que les professeurs les corrigent, les aident à aller un petit peu plus loin ou s'améliorer. Moi dans ma pratique personnelle et en tant que prof, c'est pas du tout mon objectif de faire progresser des élèves. Pour moi c'est important qu'ils ressentent leur corps de l'intérieur. On oublie que le guéris de ne ressent pas parfaitement un guéris de style Instagram, c'est important que la personne le ressente à l'intérieur. Quand quelqu'un vient m'ajuster, je peux comprendre, ça dépend des personnes, mais je peux comprendre, je fais mal cette posture. Une personne qui n'est pas prête à être touchée par quelqu'un qu'elle ne connaît pas ou simplement aujourd'hui il a eu une mauvaise journée, peu importe son passé, on n'a pas toujours envie d'être touché par des personnes qu'on ne connaît pas forcément. Et on ne sait jamais à quel point le ou la professeur va nous pousser. Est-ce que c'est pour justement nous aider un petit peu à relâcher les épaules ? Ça, ça peut être différent, mais ça peut être vécu. comme une agression pour quelqu'un qui ne s'y attend pas ou qui n'est pas prêt. Quand on touche quelqu'un, quand on les assiste, on rentre vraiment dans leur intimité. C'est quelque chose qui peut déranger sur plein de niveaux, pas juste physique, mais aussi sur la respiration, sur les émotions et sur le mental. Et c'est pas seulement pour les personnes qui ont vécu un traumatisme, ça peut être quelqu'un qui est blessé ou qui a eu une ancienne blessure ou quelqu'un qui aujourd'hui ne veut pas. Juste simplement qu'on ne le dérange pas, qu'il soit dans son corps et qu'on le laisse faire et qu'on le laisse vivre sa pratique. Donc ça c'est vraiment la première chose pour moi. On peut demander en début de cours, est-ce qu'il y a quelqu'un qui n'a pas envie d'être touché aujourd'hui ? La personne ne va pas lever la main pour dire oui aujourd'hui, moi j'ai pas envie devant tout le monde. ça met l'attention sur cette personne ici au studio on utilise les petites cartes qu'on peut mettre sur le tapis des élèves un côté vert ça veut dire ok c'est bon on peut me toucher aujourd'hui côté rouge ça veut dire non ne me touchez pas ça marche jusqu'à un point mais si on décide que dans cette posture je n'ai pas envie de toucher Il faudrait ensuite qu'on retourne la carte et ça peut casser un petit peu le flow ou même sortir quelqu'un de leur pratique. Un autre point qui peut déclencher, c'est le fait d'utiliser les prénoms devant d'autres personnes. Donc, c'est bien Margot, tu fais bien cette posture. Ou Antonin, lève ton pied un petit peu plus haut. Ça, c'est mettre l'attention sur une personne qui danse encore dans sa pratique. Et je trouve que ça ne crée pas cet espace de bienveillance où tout le monde peut se perdre dans la pratique.

  • Speaker #1

    Oui, à nouveau, ça crée cette hiérarchie de peut-être que la personne qui va être félicitée pendant le cours fait mieux que les autres, donc les autres peuvent se sentir un peu moins considérés. C'est ça. Ou à l'inverse, si tu les interpelles pour les corriger, ils peuvent peut-être développer un sentiment de gêne.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et de regarder le tapis de l'autre personne, le corps de l'autre personne, elle est toute différente et on passe beaucoup de temps à se comparer aux autres. Et sur le tapis, ce n'est pas l'endroit pour le faire, à mon avis. C'est aussi pour ça qu'on a pas les miroirs dans le studio.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Autre chose qui peut déclencher, c'est l'ambiance en général. Ça peut être les lumières fluorescentes qui brillent, un peu comme on a au studio. C'est pour ça qu'on est un tour, on a juste les petites bougies et les petites guirlandes.

  • Speaker #1

    En plus, c'est cosy.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. Donc, l'ambiance avec la lumière, avec le bruit autour, ça ne peut pas toujours gérer si le studio donne sur la rue. On n'a pas forcément le contrôle là-dessus, mais d'essayer de faire une ambiance à l'intérieur de la salle et du studio, où les gens ne vont pas sursauter ou avoir peur d'entendre quelque chose au bout d'un moment, et rester dans un état d'hypervigilance. La respiration, le pranayama, c'est un point où il faut être vigilant. Il y a des exercices qu'il ne faut pas faire, où il faut les adapter. Quand on est dans un état de traumatisme, le système nerveux n'est pas calme, il n'est pas capable de se détendre, s'exciter, se redétendre, etc. On a besoin d'être vraiment présent dans son corps. Il se passe tellement de choses d'un niveau hormonal, d'un niveau neurologique. et beaucoup de pensée, beaucoup d'agitation pour la plupart des personnes. Et du coup, quand on fait du pranayama, c'est important de penser à revenir en contact avec le corps.

  • Speaker #1

    Pranayama, du coup, c'est des techniques de respiration utilisées dans le yoga.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Différents types, différentes intensités, différents buts aussi de techniques de respiration qu'on utilise à différents moments dans les cours.

  • Speaker #0

    C'est ça,

  • Speaker #1

    ouais. Il faut s'élaborer sur le sujet, mais... c'est ce que c'est le pranayama.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Après, ça peut être tout simplement revenir à sa respiration, à l'observer. On n'est pas obligé d'ajouter des différentes techniques, ça peut être tout simplement le fait d'écouter, de ressentir où commence l'inspiration, où se termine l'expiration. Pour quelqu'un qui a un vécu chromatique, ou même quelqu'un qui souffre de burn-out, de stress chronique, comme j'ai envie de dire 50% au moins de la population. Au moins. Et ça peut faire peur de se confronter à ses respirations, de ne pas ressentir ses respirations et de se sentir isolée, seule, de ne pas comprendre son propre corps. Donc on va utiliser des choses très simples où on est toujours en contact avec nous-mêmes. Donc ça peut être par exemple se faire un petit câlin pendant qu'on fait certains exercices. Le mieux, moi je le trouve toujours et je l'enseigne dans certains cours, c'est une main sous l'aisselle. Par exemple, main gauche sous l'aisselle droite et main droite sur l'épaule gauche. Juste de se tenir comme ça, ça nous ancre dans le corps physique. Donc je sens ma main, je sens la chaleur et les professeurs peuvent utiliser ce genre de technique pour justement ancrer l'esprit dans le corps.

  • Speaker #1

    Oui, et aider à revenir aux sensations de la respiration. C'est ça. Pour moi, c'est un peu ça le yoga sensible au traumatisme. C'est un yoga qui est basé sur le ressenti, sur la conscience des sensations. permet en fait un peu de restaurer ce rapport qu'on a avec soi et avec son corps mais aussi son souffle et sa tête. Quand on a vécu un traumatisme, on est dans ce qu'on appelle une dissociation, donc cet état dans lequel le corps est comme figé dans l'expérience qu'on a vécue et du coup les sensations sont moins ressenties, il y a un peu comme une déconnexion entre le corps et la personne. Tu parlais de certaines techniques qu'il faut faire ou ne pas faire. Est-ce qu'il y a des choses qu'il faut enseigner en particulier quand on guide un cours de yoga sensible au traumatisme ? Est-ce qu'il y a des choses qu'il faut à l'inverse éviter complètement ?

  • Speaker #0

    Tout va dépendre du public. Si par exemple on va travailler avec un vétéran de guerre, s'allonger sur le ventre en position par exemple du sphinx, on va éviter. C'est une posture qui peut rappeler justement les expériences vécues en combat. Une posture comme Happy Baby par exemple, on va l'éviter. pour certaines femmes qui ont vécu des attouchements. Donc, ça va varier par personne et par expérience aussi. Ce qu'on veut plutôt faire, c'est garder les corps en mouvement la plupart du temps, des petits moments de pause, avec des séquences qui sont fluides, mais aussi simples. Ça peut être les ladder flow, donc on a une bonne répétition, on commence avec deux ou trois postures, ensuite on ajoute une quatrième et une cinquième, pour qu'ils savent ce qui va venir. On peut augmenter, ajouter des petites variations si on en a envie, mais vraiment de rester dans la simplicité, ce qui va changer le cours pour les personnes, ce qui va leur donner un peu de pouvoir sur leur corps et leur cours, c'est le langage qu'on va utiliser. On ne va pas dire, vous allez mettre votre pied ici, vous allez faire du... le chien tête en bas. On veut toujours que ce soit une invitation. Et ça devrait être le cas dans tous les cours. Et ça l'est de plus en plus. Je sais que dans beaucoup de formations maintenant, on parle plus du langage qu'on va utiliser. Les personnes qui ont vécu traumatique ou pas, ils doivent avoir le choix. Ils viennent en cours de yoga. S'ils n'ont pas envie de faire une posture, qu'ils ne le fassent pas. S'ils ont envie de rester une petite respiration, plus dans une posture, qu'on les laisse. Ce n'est pas toujours évident à gérer en tant que prof. C'est pour ça que dans les cours du yoga sensible au trauma, on va garder des groupes assez petits pour justement laisser un petit peu plus de temps et de place à chacun. Mais que chaque chose qu'on dit, ce soit une invitation, une proposition, on laisse le choix. Quand vous êtes prêts, si vous en avez envie, si votre corps ne le souhaite pas aujourd'hui, et ensuite leur guider dans la direction dans laquelle nous on veut aller, mais aussi leur proposer autre chose s'ils ne veulent pas y aller. Un petit peu de méditation à la fin d'un cours, c'est... Un petit moment de pause, c'est pas 15 minutes, c'est peut-être une ou deux minutes, et ça suffit pour beaucoup de personnes. Encore plus si c'est un système nerveux qui est, on va dire, pas très stable dans ce cours ou dans la vie de tous les jours, et de proposer donc autre chose s'ils en ont pas envie.

  • Speaker #1

    Pour moi vraiment, cette notion de choix, elle est tellement importante parce que quand on vit un traumatisme, ça nous est imposé. C'est ça. perd en fait le contrôle sur la situation et également sur ce qu'on ressent et ça vient un peu en effet boule de neige chambouler chaque aspect de notre vie. Donc on n'est plus en situation de contrôle et vraiment redonner un espace où les personnes vont réapprendre à prendre des décisions sur ce qui est leur pratique de yoga, sur ce qui est leur bien-être finalement. Pour moi, c'est vraiment hyper important. Nous, en tant que professeurs, ça nous permet de leur donner un peu plus de temps à donner la permission entre guillemets de reprendre contrôle sur leur corps et sur leur pratique. Faciliter en fait le choix de faire ou de ne pas faire une posture mais aussi de faire une posture et de l'adapter en fonction de nos sensations, de la manière dont on sent que c'est plus confortable par exemple en ajoutant une brique ou en ajoutant une sangle, la permission aussi de peut-être pas faire les exercices de respiration ou de les faire d'une manière qui nous convient, qui va pas nous générer un stress ou une anxiété pour moi c'est vraiment Quelque chose qui est important. Et comme tu dis, le langage qui est utilisé pour donner cette permission tout au long d'un cours, c'est vraiment un langage qui est loin de l'injonction, où on n'utilise jamais les mots tu dois ressentir tu dois faire Plutôt, voilà, tu peux je t'invite

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Donc ouais, c'est vraiment important, je pense, que cette notion de choix, moi je la mets presque limite en haut de la pyramide des choses qu'il faut faire, en tout cas pour... Créer cet espace safe, comme tu disais.

  • Speaker #0

    Oui, et comme tu disais, tu dois ressentir ça. Tout le monde est différent. Même s'il n'y a pas un passé traumatique, je ne vais pas ressentir la même chose que toi. Moi, j'ai les ischios jambiers qui font à peu près 5 cm. Donc une fois que je dois me toucher les pieds et ressentir ça ici, peut-être que je vais plus le sentir dans le dos, dans les mollets. Donc, inviter plutôt... Une observation de ce que l'on ressent réellement. Qu'est-ce que tu ressens ? Si tu ne ressens rien, c'est OK de leur inviter à commencer à prendre conscience de ce qui se passe dans leur corps, mais aussi à l'accepter s'ils ne ressentent rien ou s'ils ressentent quelque chose qui n'est pas agréable. D'aider chaque personne, chaque élève à vraiment être en relation avec son propre corps. dans l'instant présent. Et le rappeler demain, ça peut être différent.

  • Speaker #1

    Tu parlais des publics auxquels s'adresse le yoga sensible au traumatisme. Donc c'est vrai qu'on a un peu cette image d'un yoga, d'ailleurs c'est le cas, d'un yoga qui est thérapeutique et qui va être utilisé dans des cadres un petit peu spécifiques, soit en accompagnement d'une psychothérapie, soit avec des publics dont on sait qu'ils sont sujets à des traumatismes sévères. Donc ça peut être des personnes qui sont malades, ça peut être des personnes victimes de violences, ça peut être des personnes en situation d'exil ou des personnes, comme tu disais, vétérans de guerre, etc. Mais moi je suis convaincue que chaque cours de yoga peut reprendre certains principes du yoga sensible au traumatisme pour s'assurer qu'on crée un peu cette inclusivité, même dans un cours en studio ou dans un cours en entreprise, parce que finalement le traumatisme... Il touche quand même énormément de gens. Il va forcément toucher une grande partie de la population, que les gens en soient conscients ou pas d'ailleurs. Et voilà, moi je sais qu'en tout cas, en tant que personne concernée, j'ai mis du temps avant de trouver une offre qui me correspondait. Et j'ai appris moi-même, je me suis formée, etc. Donc maintenant je sais où il faut que j'aille, où il faut que j'aille pas. Mais j'ai vraiment ressenti un besoin qui manquait, en tout cas quand j'ai commencé ma pratique de yoga. Toi, qu'est-ce que tu en penses ? pense que c'est quelque chose que n'importe quel professeur devrait avoir dans sa boîte à outils de ressources pour pouvoir s'assurer que chaque personne se sent inclue, incluse dans son... Oui, cours.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Je pense que tous les professeurs devraient, pendant leur formation, être invités à réfléchir un petit peu aux personnes qu'on peut avoir dans notre cours. Certes, quelqu'un qui vient nous dire j'ai mal au genou ok, d'accord, on va faire attention, mais il y a souvent des personnes qui ne nous disent pas qu'ils ont une blessure. On ne sait pas qui est-ce qui est dans notre cours. Même si cette personne vient depuis des années chez nous, il y a des choses qu'on ne dit pas aux personnes qu'on ne connaît pas, si on se sent d'abord pas en sécurité ou simplement parce qu'on n'a pas envie de partager notre vie avec le monde entier. Donc nous, en tant que profs, si on ne sait pas qui est-ce qui est là dans notre cours, il faut qu'on fasse attention autant qu'on peut. On n'est pas parfait et on n'est pas à l'abri de toucher quelqu'un parce qu'on a mis... Une musique, par exemple, qui leur rappelle quelque chose, que ce soit positive ou négative, on ne sait jamais. Donc, faire attention au langage, faire attention avec les ajustements manuels. Il y a des élèves qui adorent, il y a des gens qui n'aiment pas, il y a des profs qui adorent en faire et il y en a d'autres qui ne préfèrent pas. Mais juste quand on se met sur le tapis en tant que prof, se dire ok, aujourd'hui c'est ma responsabilité de… D'accueillir ces personnes, c'est pas juste de les guider pour faire un flow et avoir un 5 sur 5 sur passe-passe, ok ? C'est pour qu'ils puissent rentrer en connexion avec eux-mêmes et passer un moment avec eux-mêmes. Et pour le faire, il faut que nous, on sort de leur vie, on sort de leur tapis. On est là pour donner une direction, ils le suivent ou pas, et que notre système nerveux soit calme, posé. Et qu'on n'ait pas envie de sauver tout le monde, de faire parfaitement pour tout le monde, parce que ça va nous mettre au stress, et on ne peut pas le faire. Donc de faire ce qu'on peut, déjà de se mettre à la place de quelqu'un qui est mal à l'aise dans un nouveau cours, tout simplement, sans rentrer dans d'autres détails. On commence, on arrive chez quelqu'un, on a envie de les mettre à l'aise, donc de faire cet effort-là et de se dire, ok, je ne sais pas ce qui se passe dans la tête des siennes. personne comment je peux faire pour les accueillir le mieux possible.

  • Speaker #1

    On ne sait pas ce qui se passe dans la tête des gens et on ne saura certainement jamais puisque effectivement les gens au début du cours souvent nous partagent leurs blessures physiques et souvent ce qu'on apprend en formation de professeur de yoga c'est comment adapter pour les blessures ou les troubles qui touchent à l'anatomie, à l'aspect physique de la personne mais beaucoup moins à la partie mentale. C'est d'avoir en fait peut-être quelques techniques à mettre en place dans chaque cours pour s'assurer que du mieux qu'on peut, que ça soit un espace safe, donc dans le langage, dans le choix qu'on va apporter aux élèves, mais aussi avoir en tête une notion de consentement, si on veut ajuster, moi je pense que chaque prof est libre d'ajuster, puisqu'effectivement il y a des personnes qui aiment bien, mais il faut s'assurer de le faire d'une manière qui ne va pas être intrusive dans la vie de la personne. et la faire ressortir du cours complètement stressée et angoissée. Donc ça, c'est important. Et je pense qu'il y a aussi un rôle du professeur de yoga, c'est de savoir un petit peu lire le langage corporel des gens qui sont dans son cours. Ce n'est pas toujours simple parce qu'effectivement, parfois on a 20, 30 personnes dans un cours et c'est évidemment impossible de pouvoir faire du cas par cas. Être capable de reconnaître des petits signes d'une personne qui va montrer que cette personne n'est pas forcément à l'aise ou qu'elle est très angoissée, c'est assez finalement facile à remarquer. Ça se voit dans la posture d'une personne quand elle entre dans la salle. Ça se voit dans la manière dont elle s'assoit sur le tapis avant que le cours commence. Est-ce qu'elle va être en train de gigoter, de bouger beaucoup ? Ou est-ce qu'au contraire, elle va être très posée ? Ça se voit en Shavasana, est-ce qu'elle a les yeux ouverts ? Est-ce qu'elle bouge beaucoup ? Ou est-ce qu'elle arrive à se relâcher ? Est-ce qu'elle a une respiration qui est très prononcée ? Il y a des petites choses comme ça, je pense, qui devraient être incluses, en tout cas dans les formations professorales, qui permettent un petit peu de lire et de ressentir ce qui se passe chez la personne. Et du coup, de peut-être nous mettre une certaine barrière. Si on a envie d'aller ajuster physiquement cette personne, peut-être qu'on va se dire Ah, aujourd'hui, je pense que ce n'est pas la personne que je vais ajuster parce que je vois qu'il y a des choses qui… qui m'envoient tous les signaux de ne pas y aller. Ce n'est pas simple, j'en suis bien consciente, mais je pense que si on a une certaine sensibilité à ça, on commence déjà à dégager quelque chose d'autre dans nos cours, quelque chose de peut-être un petit peu plus inclusif, un petit peu plus sécurisant pour les personnes qui viennent en tout cas.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr. De savoir lire quelqu'un et de savoir aussi proposer autre chose. Par exemple, Shavasana, c'est une posture qui est compliquée pour la plupart des débutants. Des personnes qui sont stressées, qui sont malades aussi, c'est une posture qui, à la base pour le yogi, n'est pas simple. Donc d'oser dire aux gens et de leur donner permission de s'allonger sur le côté, s'allonger sur le ventre, prendre un posture, prendre une couverture, quelque chose qui les permet de se protéger. Peu importe les postures dans un cours, par exemple de hyène ou restauratif, on a plus de temps. où on peut leur donner ce genre de propositions. C'est moins évident dans un cours de Vinyasa ou de Hatha. Mais de leur donner l'occasion de prendre soin d'eux-mêmes. Parce que nous, on ne peut pas forcément le faire. Si on voit quelqu'un qui a du mal aujourd'hui, proposer... D'arrêter.

  • Speaker #1

    Une alternative.

  • Speaker #0

    Proposer une alternative. Proposer également juste de revenir dans son corps. On les voit en triangle, ça souffle fort, ça tremble. Et qu'il y avait une énergie dès le début qui était un peu agitée. On peut remonter, on peut ressortir de la posture. Qu'est-ce qui se passe si je relâche mes épaules ? Qu'est-ce qui se passe si je détends mes doigts ? Juste les petites choses où je ressens la connexion avec le sol, mes pieds. Est-ce que je suis dans mon... mon talon, mes orteils, ce genre de choses qui permettent aux gens de revenir dans le corps et de sortir de la tête. On peut également donner, en tout début du cours, c'est l'une des premières choses dont je me souviens d'une formation que j'ai faite sur le trauma, c'était de prendre un moment, tout le monde au début, pour respirer ensemble. Ça peut être on inspire tous ensemble et on expire tous ensemble. Ça peut être une seule fois, deux, trois fois. Ça donne un peu plus d'amplitude au bienfait. Mais quand un groupe respire ensemble, surtout si c'est guidé par quelqu'un qui est considéré professeur ou le guide du groupe, les systèmes nerveux de chaque personne dans la pièce vont commencer à s'équilibrer et revenir un peu plus en neutre. Ça ne veut pas dire que c'est bon, tout le monde est détendu, c'est parce que moi je le suis en tant que professeur, mais ça permet de commencer à fusionner, si tu veux, les systèmes nerveux pour qu'il y ait un espace plus... qu'il y ait une ambiance... Exotique. En fait, entre les élèves, sans qu'ils se disent bonjour et qu'ils se font la bise, c'est d'un point de vue vraiment du système nerveux. Ok.

  • Speaker #1

    Oui, c'est qu'on absorbe, c'est vrai, l'énergie d'une pièce et des personnes autour de nous. Donc si déjà le professeur n'est pas très posé dans sa manière d'enseigner ou dans sa manière de parler, ça va être difficile de toi l'être en tant qu'élève. Après, j'aimerais quand même finir sur un point. Il faut aussi déculpabiliser les professeurs. Et tu l'as dit tout à l'heure, tu as utilisé le mot on ne peut pas sauver Il y a un syndrome du sauveur qu'il ne faut pas avoir dans le sens où on ne pourra jamais être 100% inclusif ou inclusive dans un cours et on ne pourra jamais éviter qu'il se passe des choses dans notre cours de yoga, que les gens sortent stressés ou mécontents ou angoissés. Malheureusement, ça arrivera toujours. Et je pense que tant qu'on arrive à enseigner avec une certaine empathie et qu'on... on essaye de mettre tout en œuvre pour créer vraiment cet espace qui va permettre aux gens de vivre une expérience positive, c'est déjà bien, mais qu'il ne faut vraiment pas essayer non plus de micro-manager, micro-conspander chaque personne, parce que ce n'est pas possible. Donc ça, je pense que c'est important de le dire. J'ai une autre question pour toi, et ce sera ma dernière question. Tu es anglaise, ça s'entend partout. Oui, j'ai l'habitude d'être absente. Moi, j'ai vécu longtemps à Londres, donc j'ai commencé à pratiquer le yoga à Londres. J'ai trouvé qu'à Londres, il y avait... Plus de sensibilité sur les sujets de santé mentale dans l'offre de yoga. Et c'est d'ailleurs là que j'ai découvert le yoga sensible au traumatisme. Et moi, je me suis formée avec une professeure anglaise qui s'appelle Eleanor Grace. Je voulais te demander si tu penses que la France, le marché du yoga en France, est un peu en retard sur ces questions-là. Parce que je l'ai dit au début du... du podcast, mais tu es la seule à proposer cette, en tout cas je crois d'après mes recherches, que tu es la seule à proposer cette formation de yoga sensible au traumatisme. Et pourquoi ? Je me demande pourquoi on n'en parle pas autant qu'en Angleterre, pourquoi est-ce que c'est un sujet qui n'est pas présent finalement tant que ça dans les formations de profs de yoga, mais aussi dans ce qui se passe en studio. Je trouve en tout cas très axé sur... d'autres choses. J'aimerais avoir ton avis sur ça et peut-être nous donner un certain espoir qu'un jour ça arrive plus bien nous et que ça traverse la Manche.

  • Speaker #0

    Je pense que oui. Déjà, oui, j'ai l'impression qu'il y a un peu de retard par rapport à l'Angleterre et par rapport à l'Australie, aux États-Unis, aux pays anglophones de manière générale. Mais souvent, les tendances anglophones finissent par arriver avec 5-6 ans de retard. C'est l'impression que j'ai sur plein de petites choses ayant vécu plus de 20 ans déjà en France. Par exemple, quand j'ai commencé à enseigner le yin, il n'y en avait pas à Paris. Et maintenant, c'est devenu à la mode. Donc ça prend un petit peu de temps, mais ça va arriver. On commence déjà à en parler de plus en plus. Déjà, je le vois dans la formation que je propose l'année prochaine, en 2025. La formation, elle est complète.

  • Speaker #2

    Trop bien,

  • Speaker #0

    merci. Donc, les professeurs s'intéressent. Et j'ai de plus en plus de questions par rapport à l'inclusivité dans les formations que je donne, les formations de 100 heures pour commencer à être prof. Même si moi, avant que je ne puisse pas... aborder ce sujet, les questions commencent déjà. Donc, c'est un espoir.

  • Speaker #1

    Trop bien. On en parle et on en parle dans ce podcast. Donc, je te remercie beaucoup pour ton apport à cette conversation, à cet échange qu'on a eu. Je ne peux que recommander aux personnes qui nous écoutent de se renseigner sur tes formations si c'est quelque chose qui les intéresse. Je pense qu'on peut trouver toutes les informations sur ton site.

  • Speaker #0

    Sur le site.

  • Speaker #1

    spaceparis.com c'est ça voilà,

  • Speaker #2

    merci Louise merci à bientôt merci d'avoir écouté cet épisode le plus important pour moi c'est de sensibiliser et d'aider les personnes qui luttent ou ont lutté avec le stress post-traumatique si tu penses à quelqu'un qui a besoin d'écouter ce podcast n'hésite pas à le partager et si tu veux soutenir mon travail abonne-toi au podcast et n'hésite pas pas à me laisser un commentaire pour me dire ce que tu en as pensé

Description

On parle (heureusement) beaucoup d'inclusivité dans le yoga aujourd'hui et de cette intention, cette nécessité de célébrer tous les corps quels qu'ils soient et d'honorer plus de diversité corporelle. On parle cependant encore peu d'adapter le yoga pour respecter les différents états de santé mentale.


Un yoga qui respecte le parcours personnel et les expériences passées de chacun·e, notamment les expériences traumatiques, pourtant, ça existe. Le yoga sensible au traumatisme est une approche basée sur la compréhension de l'impact psychologique et physiologique de traumatisme et sur l'autonomisation des pratiquant·es. Il vise à leur redonner du pouvoir en offrant au maximum un environnement sécurisé et non-invasif où l'élève est maître de sa propre pratique.

Louise Cutler, fondatrice du studio The Space à Paris, prône depuis longtemps cette méthode qu'elle transmet dans ses formations professorales. Notre conversation met en lumière les défis auxquels sont parfois confrontées les personnes traumatisées dans les studios de yoga mainstream. Trop souvent, les espaces et les professeur·es ne répondent pas aux besoins spécifiques de ces individus, ce qui peut entraîner des sentiments d'exclusion, d'inconfort, voire déclencher des souvenirs traumatiques.


Cet épisode aborde également des éléments fondamentaux de cette méthode, comme l'importance cruciale du consentement et d'une communication qui encourage toujours au choix de décider de ce qui est bon pour soi. Il est une invitation pour les professeur·es à cultiver une approche plus empathique et consciente dans leur enseignement, afin de créer des espaces qui favorisent une expérience positive pour tous·tes.


Bonne écoute !


Retrouvez plus d'information sur la formation de Louise, Formation Trauma-informed Yoga, Mindfulness & Somatics, Module 1: Yoga & Trauma (en anglais), sur son site.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    leur donner un peu de pouvoir.

  • Speaker #1

    Nous, en tant que professeurs, ça nous permet de leur donner la permission entre guillemets de reprendre contrôle sur leur corps.

  • Speaker #0

    Les personnes qui ont vécu traumatique ou pas, ils doivent avoir le choix.

  • Speaker #1

    Il faut avoir en tête une notion de consentement.

  • Speaker #0

    On ne sait pas qui est ce qui est dans notre poids.

  • Speaker #1

    Redonner un espace. Les personnes vont réapprendre à prendre des décisions sur ce qui est leur pratique de yoga, sur ce qui est leur bien-être finalement. Bienvenue, vous écoutez Safe Spaces, le podcast qui ouvre le dialogue sur le trauma et la santé mentale dans le milieu du yoga.

  • Speaker #2

    Dans cet épisode, je m'entretiens avec Louise Cutler. Elle est fondatrice du studio The Space à Paris et formatrice en teacher training. Louise est l'une des rares pionnières en France à intégrer une approche inclusive au traumatisme dans ses formations professorales. Elle enseigne notamment un cursus qui s'appelle Trauma-Informed Yoga, ou en français Yoga sensible au traumatisme. J'ai voulu en savoir plus sur sa vision et sur ses techniques d'enseignement. Mais avant de vous partager notre conversation, j'aimerais vous donner une définition de ce qu'est le Yoga sensible au traumatisme, auquel je me suis moi-même formée il y a quelques années. Je trouve d'ailleurs que l'appellation en anglais trauma informed est plus juste que le terme français sensible puisque ces méthodes d'enseignement sont basées sur et informées par une compréhension intensive de ce qu'est le traumatisme et son impact sur notre cerveau et notre système nerveux. Ce n'est donc pas un style de yoga à part, ni un courant, mais bien juste une méthodologie pour adapter son enseignement afin de répondre à un besoin thérapeutique particulier. Le terme yoga sensible au traumatisme a été inventé en 2002 par David Emerson, directeur des services de yoga au Centre pour le trauma du Justice Resource Institute aux Etats-Unis. Il définit la méthode comme étant un traitement d'appoint fondé sur des preuves et basé sur des décennies de recherches scientifiques sur le traumatisme complexe et le stress post-traumatique. C'est une approche qui est avant tout basée sur le corps, autour du mouvement et de la respiration. La pratique reprend en fait les principes du Hatha Yoga, mais elle les adapte pour maximiser l'autorégulation des élèves et pour cultiver une relation plus positive avec son corps. Pour autant, l'accent n'est pas mis sur l'expression des postures, ni d'ailleurs sur leur apparence extérieure, ni non plus sur la validation par une autorité externe. Au contraire, l'accent est mis sur l'expérience interne des pratiquants et pratiquantes. En d'autres termes, il n'y a pas de notion de bien faire ou de mal faire. Les professeurs agissent en tant que guides, on va d'ailleurs plutôt les appeler facilitateurs, facilitatrices, mais ce sont seuls les pratiquants et pratiquantes eux-mêmes qui décident de ce qui est bien pour ils ou elles, ou pas en fonction de leur ressenti. Enseigner un yoga sensible au traumatisme, c'est donc être équipé pour créer un espace sécurisant, que ce soit physiquement ou émotionnellement, un safe space. C'est savoir proposer un yoga qui est non-invasif et qui respecte les potentiels déclencheurs de chacun et chacune. C'est un yoga qui encourage les pratiquants ou pratiquantes à être maîtres de leur propre pratique en leur donnant constamment la permission de s'écouter et de faire ou de ne pas faire. C'est supprimer également la dynamique de pouvoir et la hiérarchie qui peut exister entre professeurs et élèves et se placer comme un guide plutôt qu'un expert ou une experte. Je vous invite maintenant à plonger dans ma conversation avec Louise, dans laquelle nous discutons plus en détail des éléments fondamentaux du yoga sensible au traumatisme. Bonne écoute.

  • Speaker #1

    Bonjour Louise.

  • Speaker #0

    Bonjour Alice.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'être à présent, je suis hyper contente de m'entretenir avec toi aujourd'hui.

  • Speaker #0

    De même.

  • Speaker #1

    Louise, tu es propriétaire de The Space, qui est un studio de yoga dans le 12e arrondissement de Paris. Tu es aussi professeure de yoga depuis longtemps, depuis...

  • Speaker #0

    Depuis 2013, ouais.

  • Speaker #1

    Voilà, donc ça fait plus de dix ans.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Et toi et moi, on travaille ensemble depuis deux ans. Et moi, j'adore ce space parce que c'est un studio dans lequel on se sent à l'aise d'être qui on est. Donc c'est un studio sans prétention, un espace de non-jugement, de bienveillance et un endroit où on ne se sent pas complexé de débuter le yoga et où les professeurs sont finalement des gens normaux comme tous les autres. Et c'est aussi un des seuls endroits de Paris, un des seuls studios de Paris qui propose une formation de yoga sensible au traumatisme, donc en anglais Trauma Informed Yoga, dont j'ai hâte que tu nous parles dans cet épisode du podcast. Louise, pourquoi c'est important pour toi de proposer cette offre spécifiquement pour former les professeurs à ce style de yoga et comment ça s'inscrit en fait dans la vision de ton studio ?

  • Speaker #0

    Quand on a ouvert le studio, on voulait que ce soit... un endroit où tout le monde pouvait venir pratiquer, comme tu l'as dit. Je trouve qu'il y a beaucoup de studios où on ne se sent pas forcément à l'aise. si on n'a pas le bon leggings ou si on n'arrive pas à faire le grand écart. Et donc, on voulait que le studio soit un endroit où tout le monde pouvait venir, peu importe s'ils étaient en pyjama ou en leggings Lululemon. Du coup, pour revenir à ta question, le studio, on voulait que tout le monde soit à l'aise et pour le faire, il fallait qu'on crée un endroit qui est simple pour tout le monde, un safe space, où tout le monde se sent à l'aise de, éventuellement, de fermer les yeux, de respirer, de ne pas faire une posture s'ils n'ont pas envie. Un endroit où les profs sont accueillants, ils le sont dans tous les studios, mais c'est important pour nous qu'il y ait une sorte d'atmosphère de proximité, où les gens connaissent les prénoms, pas juste du prof, mais aussi éventuellement des autres élèves. Si tu as pratiqué du yoga dans le passé ou tu veux commencer aujourd'hui, on peut venir ici. Si tu as honte de pratiquer, si tu as un passé avec, par exemple, beaucoup de stress. ou du trauma. J'espère en tout cas qu'ici, les profs sont capables de proposer quelque chose qui t'invite à essayer. Ok. C'est... Je me rappelle de mon premier cours de yoga. J'avais peur. Je me suis cachée au fond de la salle. Je voulais pas qu'on me regarde. Et c'est ce que... C'est ce qui est important pour moi dans le studio. Qu'on ait envie d'être vue au premier rang ou de se cacher. Que les profs le voient et l'acceptent aussi. D'accord.

  • Speaker #1

    on n'essaie pas de forcer les élèves il n'y a pas de hiérarchie entre les différents élèves non plus au sein des cours dans ton studio,

  • Speaker #0

    enfin en tout cas c'est l'intention exactement et on ne fait pas de cours on a des cours débutants mais on ne fait pas de vignasse à 1, vignasse à 2, vignasse à 3 tout le monde vient comme il est sur un tapis et fait ce qu'il est capable de faire aujourd'hui et ça va changer tous les jours c'est marrant que tu parles de ton expérience à toi parce que moi quand j'ai commencé à faire du yoga

  • Speaker #1

    Moi, on m'a conseillé de faire du yoga quand je souffrais de syndrome de stress post-traumatique. Sauf que j'ai eu du mal à trouver dans l'offre qui était disponible au moment où j'ai commencé, des cours où je me sentais parfaitement à l'aise. J'ai trouvé qu'il y avait toujours quelque chose qui me faisait me sentir moins bien ou qui me faisait me sentir pas à l'aise.

  • Speaker #0

    Comme quoi, par exemple ?

  • Speaker #1

    Ça pouvait être l'ambiance générale, comme tu disais, il peut y avoir ce sentiment que parfois tu arrives dans un studio et tout le monde se connaît déjà, il y a un petit peu des élèves préférés entre guillemets, et du coup c'est difficile toi d'intégrer cette communauté qui est déjà existante. Et ça l'est encore plus quand tu viens avec un passif de trauma et où potentiellement ta confiance en toi elle est plus bactère. La première fois potentiellement que tu te lances dans quelque chose de nouveau. que tu ne connais pas, que tu ne maîtrises pas avec des personnes que tu n'as jamais vues. Il y a un peu d'appréhension. En tout cas, moi, personnellement, c'est comme ça que je l'ai vécu. Donc, je te rejoins sur cette vision un peu d'espace de bienveillance qui devrait être finalement quelque chose qu'on retrouve partout dans le yoga. En tout cas, moi, c'est quelque chose en lequel je crois en tant que prof de yoga. Et c'est pour ça que j'aime travailler avec toi parce que je sais qu'on se compte là-dessus. Et voilà, après, c'était des expériences différentes que j'ai pu vivre avec différents professeurs en fonction de leur approche, la manière dont ils parlaient, leurs comportements, qui ont pu me faire sentir plus ou moins à l'aise ou plus ou moins mal à l'aise. Et on en reviendra à expliquer pourquoi certains comportements peuvent déclencher, en fait, des personnes traumatisées. Et par le mot déclencher, en fait, un déclencheur, j'entends, pour les personnes qui ne sont pas forcément familières avec ce terme, que ça peut être un stimuli comme un... Un comportement, des mots, une odeur, un bruit, qui va raviver un souvenir de l'expérience traumatique et qui va créer une réaction émotionnelle chez la personne. Donc ça peut être de la peur, de la honte, de la tristesse, mais ça peut aussi être une réaction physique comme une crise d'angoisse. Donc par le mot déclencher, j'entends ça. Pour rebondir directement sur la question suivante, comment le yoga peut déclencher... une personne traumatisée. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus sur ton expérience à toi en tant que professeur, des choses que tu as pu voir peut-être dans ton long parcours d'enseignante, mais aussi des choses que tu as peut-être vécues, des choses que tu sais de par tes échanges avec les professeurs qui travaillent pour toi, de choses qui typiquement vont être potentiellement retraumatisantes pour des élèves dans un cours de yoga ?

  • Speaker #0

    La première chose qui me vient en tête, c'est le fait d'être touchée par un professeur. ou la professeure.

  • Speaker #1

    Donc tout ce qui est ajustement manuel.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. Il y a beaucoup, ici en tout cas au studio, il y a beaucoup d'élèves qui en ont envie que les professeurs les corrigent, les aident à aller un petit peu plus loin ou s'améliorer. Moi dans ma pratique personnelle et en tant que prof, c'est pas du tout mon objectif de faire progresser des élèves. Pour moi c'est important qu'ils ressentent leur corps de l'intérieur. On oublie que le guéris de ne ressent pas parfaitement un guéris de style Instagram, c'est important que la personne le ressente à l'intérieur. Quand quelqu'un vient m'ajuster, je peux comprendre, ça dépend des personnes, mais je peux comprendre, je fais mal cette posture. Une personne qui n'est pas prête à être touchée par quelqu'un qu'elle ne connaît pas ou simplement aujourd'hui il a eu une mauvaise journée, peu importe son passé, on n'a pas toujours envie d'être touché par des personnes qu'on ne connaît pas forcément. Et on ne sait jamais à quel point le ou la professeur va nous pousser. Est-ce que c'est pour justement nous aider un petit peu à relâcher les épaules ? Ça, ça peut être différent, mais ça peut être vécu. comme une agression pour quelqu'un qui ne s'y attend pas ou qui n'est pas prêt. Quand on touche quelqu'un, quand on les assiste, on rentre vraiment dans leur intimité. C'est quelque chose qui peut déranger sur plein de niveaux, pas juste physique, mais aussi sur la respiration, sur les émotions et sur le mental. Et c'est pas seulement pour les personnes qui ont vécu un traumatisme, ça peut être quelqu'un qui est blessé ou qui a eu une ancienne blessure ou quelqu'un qui aujourd'hui ne veut pas. Juste simplement qu'on ne le dérange pas, qu'il soit dans son corps et qu'on le laisse faire et qu'on le laisse vivre sa pratique. Donc ça c'est vraiment la première chose pour moi. On peut demander en début de cours, est-ce qu'il y a quelqu'un qui n'a pas envie d'être touché aujourd'hui ? La personne ne va pas lever la main pour dire oui aujourd'hui, moi j'ai pas envie devant tout le monde. ça met l'attention sur cette personne ici au studio on utilise les petites cartes qu'on peut mettre sur le tapis des élèves un côté vert ça veut dire ok c'est bon on peut me toucher aujourd'hui côté rouge ça veut dire non ne me touchez pas ça marche jusqu'à un point mais si on décide que dans cette posture je n'ai pas envie de toucher Il faudrait ensuite qu'on retourne la carte et ça peut casser un petit peu le flow ou même sortir quelqu'un de leur pratique. Un autre point qui peut déclencher, c'est le fait d'utiliser les prénoms devant d'autres personnes. Donc, c'est bien Margot, tu fais bien cette posture. Ou Antonin, lève ton pied un petit peu plus haut. Ça, c'est mettre l'attention sur une personne qui danse encore dans sa pratique. Et je trouve que ça ne crée pas cet espace de bienveillance où tout le monde peut se perdre dans la pratique.

  • Speaker #1

    Oui, à nouveau, ça crée cette hiérarchie de peut-être que la personne qui va être félicitée pendant le cours fait mieux que les autres, donc les autres peuvent se sentir un peu moins considérés. C'est ça. Ou à l'inverse, si tu les interpelles pour les corriger, ils peuvent peut-être développer un sentiment de gêne.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et de regarder le tapis de l'autre personne, le corps de l'autre personne, elle est toute différente et on passe beaucoup de temps à se comparer aux autres. Et sur le tapis, ce n'est pas l'endroit pour le faire, à mon avis. C'est aussi pour ça qu'on a pas les miroirs dans le studio.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Autre chose qui peut déclencher, c'est l'ambiance en général. Ça peut être les lumières fluorescentes qui brillent, un peu comme on a au studio. C'est pour ça qu'on est un tour, on a juste les petites bougies et les petites guirlandes.

  • Speaker #1

    En plus, c'est cosy.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. Donc, l'ambiance avec la lumière, avec le bruit autour, ça ne peut pas toujours gérer si le studio donne sur la rue. On n'a pas forcément le contrôle là-dessus, mais d'essayer de faire une ambiance à l'intérieur de la salle et du studio, où les gens ne vont pas sursauter ou avoir peur d'entendre quelque chose au bout d'un moment, et rester dans un état d'hypervigilance. La respiration, le pranayama, c'est un point où il faut être vigilant. Il y a des exercices qu'il ne faut pas faire, où il faut les adapter. Quand on est dans un état de traumatisme, le système nerveux n'est pas calme, il n'est pas capable de se détendre, s'exciter, se redétendre, etc. On a besoin d'être vraiment présent dans son corps. Il se passe tellement de choses d'un niveau hormonal, d'un niveau neurologique. et beaucoup de pensée, beaucoup d'agitation pour la plupart des personnes. Et du coup, quand on fait du pranayama, c'est important de penser à revenir en contact avec le corps.

  • Speaker #1

    Pranayama, du coup, c'est des techniques de respiration utilisées dans le yoga.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Différents types, différentes intensités, différents buts aussi de techniques de respiration qu'on utilise à différents moments dans les cours.

  • Speaker #0

    C'est ça,

  • Speaker #1

    ouais. Il faut s'élaborer sur le sujet, mais... c'est ce que c'est le pranayama.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça. Après, ça peut être tout simplement revenir à sa respiration, à l'observer. On n'est pas obligé d'ajouter des différentes techniques, ça peut être tout simplement le fait d'écouter, de ressentir où commence l'inspiration, où se termine l'expiration. Pour quelqu'un qui a un vécu chromatique, ou même quelqu'un qui souffre de burn-out, de stress chronique, comme j'ai envie de dire 50% au moins de la population. Au moins. Et ça peut faire peur de se confronter à ses respirations, de ne pas ressentir ses respirations et de se sentir isolée, seule, de ne pas comprendre son propre corps. Donc on va utiliser des choses très simples où on est toujours en contact avec nous-mêmes. Donc ça peut être par exemple se faire un petit câlin pendant qu'on fait certains exercices. Le mieux, moi je le trouve toujours et je l'enseigne dans certains cours, c'est une main sous l'aisselle. Par exemple, main gauche sous l'aisselle droite et main droite sur l'épaule gauche. Juste de se tenir comme ça, ça nous ancre dans le corps physique. Donc je sens ma main, je sens la chaleur et les professeurs peuvent utiliser ce genre de technique pour justement ancrer l'esprit dans le corps.

  • Speaker #1

    Oui, et aider à revenir aux sensations de la respiration. C'est ça. Pour moi, c'est un peu ça le yoga sensible au traumatisme. C'est un yoga qui est basé sur le ressenti, sur la conscience des sensations. permet en fait un peu de restaurer ce rapport qu'on a avec soi et avec son corps mais aussi son souffle et sa tête. Quand on a vécu un traumatisme, on est dans ce qu'on appelle une dissociation, donc cet état dans lequel le corps est comme figé dans l'expérience qu'on a vécue et du coup les sensations sont moins ressenties, il y a un peu comme une déconnexion entre le corps et la personne. Tu parlais de certaines techniques qu'il faut faire ou ne pas faire. Est-ce qu'il y a des choses qu'il faut enseigner en particulier quand on guide un cours de yoga sensible au traumatisme ? Est-ce qu'il y a des choses qu'il faut à l'inverse éviter complètement ?

  • Speaker #0

    Tout va dépendre du public. Si par exemple on va travailler avec un vétéran de guerre, s'allonger sur le ventre en position par exemple du sphinx, on va éviter. C'est une posture qui peut rappeler justement les expériences vécues en combat. Une posture comme Happy Baby par exemple, on va l'éviter. pour certaines femmes qui ont vécu des attouchements. Donc, ça va varier par personne et par expérience aussi. Ce qu'on veut plutôt faire, c'est garder les corps en mouvement la plupart du temps, des petits moments de pause, avec des séquences qui sont fluides, mais aussi simples. Ça peut être les ladder flow, donc on a une bonne répétition, on commence avec deux ou trois postures, ensuite on ajoute une quatrième et une cinquième, pour qu'ils savent ce qui va venir. On peut augmenter, ajouter des petites variations si on en a envie, mais vraiment de rester dans la simplicité, ce qui va changer le cours pour les personnes, ce qui va leur donner un peu de pouvoir sur leur corps et leur cours, c'est le langage qu'on va utiliser. On ne va pas dire, vous allez mettre votre pied ici, vous allez faire du... le chien tête en bas. On veut toujours que ce soit une invitation. Et ça devrait être le cas dans tous les cours. Et ça l'est de plus en plus. Je sais que dans beaucoup de formations maintenant, on parle plus du langage qu'on va utiliser. Les personnes qui ont vécu traumatique ou pas, ils doivent avoir le choix. Ils viennent en cours de yoga. S'ils n'ont pas envie de faire une posture, qu'ils ne le fassent pas. S'ils ont envie de rester une petite respiration, plus dans une posture, qu'on les laisse. Ce n'est pas toujours évident à gérer en tant que prof. C'est pour ça que dans les cours du yoga sensible au trauma, on va garder des groupes assez petits pour justement laisser un petit peu plus de temps et de place à chacun. Mais que chaque chose qu'on dit, ce soit une invitation, une proposition, on laisse le choix. Quand vous êtes prêts, si vous en avez envie, si votre corps ne le souhaite pas aujourd'hui, et ensuite leur guider dans la direction dans laquelle nous on veut aller, mais aussi leur proposer autre chose s'ils ne veulent pas y aller. Un petit peu de méditation à la fin d'un cours, c'est... Un petit moment de pause, c'est pas 15 minutes, c'est peut-être une ou deux minutes, et ça suffit pour beaucoup de personnes. Encore plus si c'est un système nerveux qui est, on va dire, pas très stable dans ce cours ou dans la vie de tous les jours, et de proposer donc autre chose s'ils en ont pas envie.

  • Speaker #1

    Pour moi vraiment, cette notion de choix, elle est tellement importante parce que quand on vit un traumatisme, ça nous est imposé. C'est ça. perd en fait le contrôle sur la situation et également sur ce qu'on ressent et ça vient un peu en effet boule de neige chambouler chaque aspect de notre vie. Donc on n'est plus en situation de contrôle et vraiment redonner un espace où les personnes vont réapprendre à prendre des décisions sur ce qui est leur pratique de yoga, sur ce qui est leur bien-être finalement. Pour moi, c'est vraiment hyper important. Nous, en tant que professeurs, ça nous permet de leur donner un peu plus de temps à donner la permission entre guillemets de reprendre contrôle sur leur corps et sur leur pratique. Faciliter en fait le choix de faire ou de ne pas faire une posture mais aussi de faire une posture et de l'adapter en fonction de nos sensations, de la manière dont on sent que c'est plus confortable par exemple en ajoutant une brique ou en ajoutant une sangle, la permission aussi de peut-être pas faire les exercices de respiration ou de les faire d'une manière qui nous convient, qui va pas nous générer un stress ou une anxiété pour moi c'est vraiment Quelque chose qui est important. Et comme tu dis, le langage qui est utilisé pour donner cette permission tout au long d'un cours, c'est vraiment un langage qui est loin de l'injonction, où on n'utilise jamais les mots tu dois ressentir tu dois faire Plutôt, voilà, tu peux je t'invite

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Donc ouais, c'est vraiment important, je pense, que cette notion de choix, moi je la mets presque limite en haut de la pyramide des choses qu'il faut faire, en tout cas pour... Créer cet espace safe, comme tu disais.

  • Speaker #0

    Oui, et comme tu disais, tu dois ressentir ça. Tout le monde est différent. Même s'il n'y a pas un passé traumatique, je ne vais pas ressentir la même chose que toi. Moi, j'ai les ischios jambiers qui font à peu près 5 cm. Donc une fois que je dois me toucher les pieds et ressentir ça ici, peut-être que je vais plus le sentir dans le dos, dans les mollets. Donc, inviter plutôt... Une observation de ce que l'on ressent réellement. Qu'est-ce que tu ressens ? Si tu ne ressens rien, c'est OK de leur inviter à commencer à prendre conscience de ce qui se passe dans leur corps, mais aussi à l'accepter s'ils ne ressentent rien ou s'ils ressentent quelque chose qui n'est pas agréable. D'aider chaque personne, chaque élève à vraiment être en relation avec son propre corps. dans l'instant présent. Et le rappeler demain, ça peut être différent.

  • Speaker #1

    Tu parlais des publics auxquels s'adresse le yoga sensible au traumatisme. Donc c'est vrai qu'on a un peu cette image d'un yoga, d'ailleurs c'est le cas, d'un yoga qui est thérapeutique et qui va être utilisé dans des cadres un petit peu spécifiques, soit en accompagnement d'une psychothérapie, soit avec des publics dont on sait qu'ils sont sujets à des traumatismes sévères. Donc ça peut être des personnes qui sont malades, ça peut être des personnes victimes de violences, ça peut être des personnes en situation d'exil ou des personnes, comme tu disais, vétérans de guerre, etc. Mais moi je suis convaincue que chaque cours de yoga peut reprendre certains principes du yoga sensible au traumatisme pour s'assurer qu'on crée un peu cette inclusivité, même dans un cours en studio ou dans un cours en entreprise, parce que finalement le traumatisme... Il touche quand même énormément de gens. Il va forcément toucher une grande partie de la population, que les gens en soient conscients ou pas d'ailleurs. Et voilà, moi je sais qu'en tout cas, en tant que personne concernée, j'ai mis du temps avant de trouver une offre qui me correspondait. Et j'ai appris moi-même, je me suis formée, etc. Donc maintenant je sais où il faut que j'aille, où il faut que j'aille pas. Mais j'ai vraiment ressenti un besoin qui manquait, en tout cas quand j'ai commencé ma pratique de yoga. Toi, qu'est-ce que tu en penses ? pense que c'est quelque chose que n'importe quel professeur devrait avoir dans sa boîte à outils de ressources pour pouvoir s'assurer que chaque personne se sent inclue, incluse dans son... Oui, cours.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Je pense que tous les professeurs devraient, pendant leur formation, être invités à réfléchir un petit peu aux personnes qu'on peut avoir dans notre cours. Certes, quelqu'un qui vient nous dire j'ai mal au genou ok, d'accord, on va faire attention, mais il y a souvent des personnes qui ne nous disent pas qu'ils ont une blessure. On ne sait pas qui est-ce qui est dans notre cours. Même si cette personne vient depuis des années chez nous, il y a des choses qu'on ne dit pas aux personnes qu'on ne connaît pas, si on se sent d'abord pas en sécurité ou simplement parce qu'on n'a pas envie de partager notre vie avec le monde entier. Donc nous, en tant que profs, si on ne sait pas qui est-ce qui est là dans notre cours, il faut qu'on fasse attention autant qu'on peut. On n'est pas parfait et on n'est pas à l'abri de toucher quelqu'un parce qu'on a mis... Une musique, par exemple, qui leur rappelle quelque chose, que ce soit positive ou négative, on ne sait jamais. Donc, faire attention au langage, faire attention avec les ajustements manuels. Il y a des élèves qui adorent, il y a des gens qui n'aiment pas, il y a des profs qui adorent en faire et il y en a d'autres qui ne préfèrent pas. Mais juste quand on se met sur le tapis en tant que prof, se dire ok, aujourd'hui c'est ma responsabilité de… D'accueillir ces personnes, c'est pas juste de les guider pour faire un flow et avoir un 5 sur 5 sur passe-passe, ok ? C'est pour qu'ils puissent rentrer en connexion avec eux-mêmes et passer un moment avec eux-mêmes. Et pour le faire, il faut que nous, on sort de leur vie, on sort de leur tapis. On est là pour donner une direction, ils le suivent ou pas, et que notre système nerveux soit calme, posé. Et qu'on n'ait pas envie de sauver tout le monde, de faire parfaitement pour tout le monde, parce que ça va nous mettre au stress, et on ne peut pas le faire. Donc de faire ce qu'on peut, déjà de se mettre à la place de quelqu'un qui est mal à l'aise dans un nouveau cours, tout simplement, sans rentrer dans d'autres détails. On commence, on arrive chez quelqu'un, on a envie de les mettre à l'aise, donc de faire cet effort-là et de se dire, ok, je ne sais pas ce qui se passe dans la tête des siennes. personne comment je peux faire pour les accueillir le mieux possible.

  • Speaker #1

    On ne sait pas ce qui se passe dans la tête des gens et on ne saura certainement jamais puisque effectivement les gens au début du cours souvent nous partagent leurs blessures physiques et souvent ce qu'on apprend en formation de professeur de yoga c'est comment adapter pour les blessures ou les troubles qui touchent à l'anatomie, à l'aspect physique de la personne mais beaucoup moins à la partie mentale. C'est d'avoir en fait peut-être quelques techniques à mettre en place dans chaque cours pour s'assurer que du mieux qu'on peut, que ça soit un espace safe, donc dans le langage, dans le choix qu'on va apporter aux élèves, mais aussi avoir en tête une notion de consentement, si on veut ajuster, moi je pense que chaque prof est libre d'ajuster, puisqu'effectivement il y a des personnes qui aiment bien, mais il faut s'assurer de le faire d'une manière qui ne va pas être intrusive dans la vie de la personne. et la faire ressortir du cours complètement stressée et angoissée. Donc ça, c'est important. Et je pense qu'il y a aussi un rôle du professeur de yoga, c'est de savoir un petit peu lire le langage corporel des gens qui sont dans son cours. Ce n'est pas toujours simple parce qu'effectivement, parfois on a 20, 30 personnes dans un cours et c'est évidemment impossible de pouvoir faire du cas par cas. Être capable de reconnaître des petits signes d'une personne qui va montrer que cette personne n'est pas forcément à l'aise ou qu'elle est très angoissée, c'est assez finalement facile à remarquer. Ça se voit dans la posture d'une personne quand elle entre dans la salle. Ça se voit dans la manière dont elle s'assoit sur le tapis avant que le cours commence. Est-ce qu'elle va être en train de gigoter, de bouger beaucoup ? Ou est-ce qu'au contraire, elle va être très posée ? Ça se voit en Shavasana, est-ce qu'elle a les yeux ouverts ? Est-ce qu'elle bouge beaucoup ? Ou est-ce qu'elle arrive à se relâcher ? Est-ce qu'elle a une respiration qui est très prononcée ? Il y a des petites choses comme ça, je pense, qui devraient être incluses, en tout cas dans les formations professorales, qui permettent un petit peu de lire et de ressentir ce qui se passe chez la personne. Et du coup, de peut-être nous mettre une certaine barrière. Si on a envie d'aller ajuster physiquement cette personne, peut-être qu'on va se dire Ah, aujourd'hui, je pense que ce n'est pas la personne que je vais ajuster parce que je vois qu'il y a des choses qui… qui m'envoient tous les signaux de ne pas y aller. Ce n'est pas simple, j'en suis bien consciente, mais je pense que si on a une certaine sensibilité à ça, on commence déjà à dégager quelque chose d'autre dans nos cours, quelque chose de peut-être un petit peu plus inclusif, un petit peu plus sécurisant pour les personnes qui viennent en tout cas.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr. De savoir lire quelqu'un et de savoir aussi proposer autre chose. Par exemple, Shavasana, c'est une posture qui est compliquée pour la plupart des débutants. Des personnes qui sont stressées, qui sont malades aussi, c'est une posture qui, à la base pour le yogi, n'est pas simple. Donc d'oser dire aux gens et de leur donner permission de s'allonger sur le côté, s'allonger sur le ventre, prendre un posture, prendre une couverture, quelque chose qui les permet de se protéger. Peu importe les postures dans un cours, par exemple de hyène ou restauratif, on a plus de temps. où on peut leur donner ce genre de propositions. C'est moins évident dans un cours de Vinyasa ou de Hatha. Mais de leur donner l'occasion de prendre soin d'eux-mêmes. Parce que nous, on ne peut pas forcément le faire. Si on voit quelqu'un qui a du mal aujourd'hui, proposer... D'arrêter.

  • Speaker #1

    Une alternative.

  • Speaker #0

    Proposer une alternative. Proposer également juste de revenir dans son corps. On les voit en triangle, ça souffle fort, ça tremble. Et qu'il y avait une énergie dès le début qui était un peu agitée. On peut remonter, on peut ressortir de la posture. Qu'est-ce qui se passe si je relâche mes épaules ? Qu'est-ce qui se passe si je détends mes doigts ? Juste les petites choses où je ressens la connexion avec le sol, mes pieds. Est-ce que je suis dans mon... mon talon, mes orteils, ce genre de choses qui permettent aux gens de revenir dans le corps et de sortir de la tête. On peut également donner, en tout début du cours, c'est l'une des premières choses dont je me souviens d'une formation que j'ai faite sur le trauma, c'était de prendre un moment, tout le monde au début, pour respirer ensemble. Ça peut être on inspire tous ensemble et on expire tous ensemble. Ça peut être une seule fois, deux, trois fois. Ça donne un peu plus d'amplitude au bienfait. Mais quand un groupe respire ensemble, surtout si c'est guidé par quelqu'un qui est considéré professeur ou le guide du groupe, les systèmes nerveux de chaque personne dans la pièce vont commencer à s'équilibrer et revenir un peu plus en neutre. Ça ne veut pas dire que c'est bon, tout le monde est détendu, c'est parce que moi je le suis en tant que professeur, mais ça permet de commencer à fusionner, si tu veux, les systèmes nerveux pour qu'il y ait un espace plus... qu'il y ait une ambiance... Exotique. En fait, entre les élèves, sans qu'ils se disent bonjour et qu'ils se font la bise, c'est d'un point de vue vraiment du système nerveux. Ok.

  • Speaker #1

    Oui, c'est qu'on absorbe, c'est vrai, l'énergie d'une pièce et des personnes autour de nous. Donc si déjà le professeur n'est pas très posé dans sa manière d'enseigner ou dans sa manière de parler, ça va être difficile de toi l'être en tant qu'élève. Après, j'aimerais quand même finir sur un point. Il faut aussi déculpabiliser les professeurs. Et tu l'as dit tout à l'heure, tu as utilisé le mot on ne peut pas sauver Il y a un syndrome du sauveur qu'il ne faut pas avoir dans le sens où on ne pourra jamais être 100% inclusif ou inclusive dans un cours et on ne pourra jamais éviter qu'il se passe des choses dans notre cours de yoga, que les gens sortent stressés ou mécontents ou angoissés. Malheureusement, ça arrivera toujours. Et je pense que tant qu'on arrive à enseigner avec une certaine empathie et qu'on... on essaye de mettre tout en œuvre pour créer vraiment cet espace qui va permettre aux gens de vivre une expérience positive, c'est déjà bien, mais qu'il ne faut vraiment pas essayer non plus de micro-manager, micro-conspander chaque personne, parce que ce n'est pas possible. Donc ça, je pense que c'est important de le dire. J'ai une autre question pour toi, et ce sera ma dernière question. Tu es anglaise, ça s'entend partout. Oui, j'ai l'habitude d'être absente. Moi, j'ai vécu longtemps à Londres, donc j'ai commencé à pratiquer le yoga à Londres. J'ai trouvé qu'à Londres, il y avait... Plus de sensibilité sur les sujets de santé mentale dans l'offre de yoga. Et c'est d'ailleurs là que j'ai découvert le yoga sensible au traumatisme. Et moi, je me suis formée avec une professeure anglaise qui s'appelle Eleanor Grace. Je voulais te demander si tu penses que la France, le marché du yoga en France, est un peu en retard sur ces questions-là. Parce que je l'ai dit au début du... du podcast, mais tu es la seule à proposer cette, en tout cas je crois d'après mes recherches, que tu es la seule à proposer cette formation de yoga sensible au traumatisme. Et pourquoi ? Je me demande pourquoi on n'en parle pas autant qu'en Angleterre, pourquoi est-ce que c'est un sujet qui n'est pas présent finalement tant que ça dans les formations de profs de yoga, mais aussi dans ce qui se passe en studio. Je trouve en tout cas très axé sur... d'autres choses. J'aimerais avoir ton avis sur ça et peut-être nous donner un certain espoir qu'un jour ça arrive plus bien nous et que ça traverse la Manche.

  • Speaker #0

    Je pense que oui. Déjà, oui, j'ai l'impression qu'il y a un peu de retard par rapport à l'Angleterre et par rapport à l'Australie, aux États-Unis, aux pays anglophones de manière générale. Mais souvent, les tendances anglophones finissent par arriver avec 5-6 ans de retard. C'est l'impression que j'ai sur plein de petites choses ayant vécu plus de 20 ans déjà en France. Par exemple, quand j'ai commencé à enseigner le yin, il n'y en avait pas à Paris. Et maintenant, c'est devenu à la mode. Donc ça prend un petit peu de temps, mais ça va arriver. On commence déjà à en parler de plus en plus. Déjà, je le vois dans la formation que je propose l'année prochaine, en 2025. La formation, elle est complète.

  • Speaker #2

    Trop bien,

  • Speaker #0

    merci. Donc, les professeurs s'intéressent. Et j'ai de plus en plus de questions par rapport à l'inclusivité dans les formations que je donne, les formations de 100 heures pour commencer à être prof. Même si moi, avant que je ne puisse pas... aborder ce sujet, les questions commencent déjà. Donc, c'est un espoir.

  • Speaker #1

    Trop bien. On en parle et on en parle dans ce podcast. Donc, je te remercie beaucoup pour ton apport à cette conversation, à cet échange qu'on a eu. Je ne peux que recommander aux personnes qui nous écoutent de se renseigner sur tes formations si c'est quelque chose qui les intéresse. Je pense qu'on peut trouver toutes les informations sur ton site.

  • Speaker #0

    Sur le site.

  • Speaker #1

    spaceparis.com c'est ça voilà,

  • Speaker #2

    merci Louise merci à bientôt merci d'avoir écouté cet épisode le plus important pour moi c'est de sensibiliser et d'aider les personnes qui luttent ou ont lutté avec le stress post-traumatique si tu penses à quelqu'un qui a besoin d'écouter ce podcast n'hésite pas à le partager et si tu veux soutenir mon travail abonne-toi au podcast et n'hésite pas pas à me laisser un commentaire pour me dire ce que tu en as pensé

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