- Speaker #0
Bonjour, aujourd'hui on explore un sujet qui touche beaucoup de monde, les effets des traitements contre le cancer sur la peau, les ongles et aussi les cheveux.
- Speaker #1
Oui bonjour, c'est vrai, c'est une préoccupation très fréquente.
- Speaker #0
On voit des chiffres impressionnants, parfois jusqu'à 80-95% des patients concernés selon les thérapies.
- Speaker #1
Absolument, que ce soit la chimio, les thérapies ciblées ou la radiothérapie.
- Speaker #0
Alors on s'est plongé dans pas mal de documentations. Des articles de dermato, des brochures pour les patients, des comptes rendus de symposium.
- Speaker #1
Notre but, c'est vraiment de comprendre pourquoi ça arrive.
- Speaker #0
Oui, et puis de détailler un peu les problèmes les plus courants. Et surtout, comment on peut les gérer au quotidien.
- Speaker #1
Exactement, parce que même si c'est souvent temporaire, l'impact sur la qualité de vie, il est là.
- Speaker #0
Alors justement, commençons par le début. Pourquoi la peau réagit comme ça ?
- Speaker #1
C'est lié au mécanisme même des traitements. Il cible les cellules qui se divisent vite. Les cellules cancéreuses, bien sûr. Logique. Mais nos cellules de peau, des follicules pileux, de la base des ongles, elles aussi, elles se renouvellent très vite.
- Speaker #0
Ah, donc elles sont touchées aussi, en quelque sorte ?
- Speaker #1
Voilà. Elles sont un peu des victimes collatérales. Pour la radiothérapie, c'est différent, c'est plus localisé. Ça abîme les cellules sur son passage.
- Speaker #0
Et l'immunothérapie ? On en parle beaucoup.
- Speaker #1
L'immunothérapie, elle peut parfois, disons... booster un peu trop le système immunitaire qui va alors s'attaquer aux cellules saines de la peau.
- Speaker #0
D'accord. C'est le revers de la médaille de l'efficacité, si on veut.
- Speaker #1
C'est un peu ça, oui.
- Speaker #0
Alors, concrètement, sur la peau, qu'est-ce qu'on voit le plus ?
- Speaker #1
Alors, très très souvent, la sécheresse, l'axérose, comme on dit médicalement.
- Speaker #0
Peau sèche qui tiraille.
- Speaker #1
Oui, et ça s'accompagne souvent de démangeaisons, le prurie, parfois même de petites fissures, c'est vraiment inconfortable.
- Speaker #0
On imagine. Et là, qu'est-ce qu'on fait ?
- Speaker #1
Le mot d'ordre, hydratation. Intenses, avec des émollients, des crèmes bien riches. Ok. Et pour se laver, des produits très doux, sans savon, type scindé. L'eau thermale en spray peut aussi apaiser.
- Speaker #0
Bon à savoir. Et pour les éruptions, il y a différents types apparemment.
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Il y a par exemple les éruptions qui ressemblent à de l'acné.
- Speaker #0
Ah oui ?
- Speaker #1
C'est typique de certaines thérapies ciblées, les inhibiteurs de GGFR, de MTOR, de Meuka. Ça fait des boutons rouges inflammatoires.
- Speaker #0
Comme de l'acné, mais pas tout à frais.
- Speaker #1
Exactement. Il n'y a pas les points noirs, les comédons. C'est un signe distinctif important. Souvent sur le visage, le haut du corps.
- Speaker #0
Et là, il faut consulter.
- Speaker #1
Ah oui, absolument. Il y a un risque de surinfection. Et puis, il y a des traitements symptomatiques. Des crèmes corticoïdes, parfois des antibiotiques spécifiques, comme les cyclines.
- Speaker #0
D'accord. Et l'autre type d'éruption, c'est plutôt la rougeur ?
- Speaker #1
Oui, l'érythème. Un peu comme un coup de soleil.
- Speaker #0
Ça peut venir du traitement lui-même ou du soleil ?
- Speaker #1
Les deux. Certaines chimios rendent la peau très sensible au soleil. Et puis il y a la radiodermite, la réaction à la radiothérapie.
- Speaker #0
Peau rouge qui pèle.
- Speaker #1
Voilà, des scamations, ça peut gratter aussi. Le conseil numéro 1, protection solaire maximale. Indice 50+, vêtements couvrants, cherchez l'ombre.
- Speaker #0
C'est clair. Et pour la radiodermite, des soins spécifiques ?
- Speaker #1
Oui, des crèmes apaisantes très douces prescrites par l'équipe soignante.
- Speaker #0
Parlons d'un autre classique, le syndrome main-pied. J'ai lu qu'il y avait des différences selon les traitements.
- Speaker #1
Tout à fait, c'est important de le savoir. Avec certaines chimios, comme la capacitabine, on va avoir rougeur, gonflement, douleur aux paumes et aux plantes.
- Speaker #0
Douloureux, oui.
- Speaker #1
Là, le froid local peut aider, bien hydrater et surtout éviter les frottements, les pressions.
- Speaker #0
Et l'autre forme ?
- Speaker #1
Avec certaines thérapies ciblées, notamment les anti-angiogéniques, c'est différent. On voit apparaître des calosités, des épaississements de la peau. peau très localisée, hyperkératose et ça peut être très douloureux.
- Speaker #0
Ah oui, c'est pas du tout la même chose.
- Speaker #1
Non, et là la prise en charge est différente, voir un podologue, utiliser des crèmes avec de l'urée pour ramollir, choisir des chaussures bien adaptées.
- Speaker #0
C'est fou la précision nécessaire. On note aussi parfois des taches sur la peau, hyperpigmentation.
- Speaker #1
Oui, des taches brunes ou violacées sur la peau ou des bandes sombres sur les ongles. Ça peut être durable. Encore une fois, la protection solaire est importante pour limiter ça.
- Speaker #0
Et les réactions liées à l'immunothérapie, vous en avez touché un mot ?
- Speaker #1
Oui, ça peut donner des éruptions diverses, des démangeaisons, parfois même un vitiligo, des zones de dépigmentation. Le point crucial avec l'immuno, le moindre nouveau symptôme cutané, il faut le signer tout de suite à son médecin ou à l'infirmière. Vraiment.
- Speaker #0
Message reçu. Passons aux ongles. Eux aussi, ils trinquent, comme on dit.
- Speaker #1
Ah oui, très souvent. Ils deviennent cassants, fragiles, ils peuvent avoir des stris, changer de couleur, se décoller. On parle d'onycolise.
- Speaker #0
Ça peut aller jusqu'à tomber.
- Speaker #1
Oui, parfois. Il peut aussi y avoir une inflammation doulovose autour de l'ongle, le perioniquise, ou un petit bourgeon rouge qui saigne facilement, le granulome turgmenique.
- Speaker #0
Que faire pour les protéger au mieux ?
- Speaker #1
Alors, quelques gestes simples. Les garder courts, bien hydrater le contour.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Utiliser un vernis protecteur, de préférence foncé, opaque, pour protéger des UV. Et un dissolvant sans acétone.
- Speaker #0
Et les gants réfrigérants dont on entend parler ?
- Speaker #1
Oui, pendant certaines perfusions de chimio, ça peut limiter les dégâts sur les ongles. Et bien sûr, éviter tout ce qui est traumatisant. Manucures agressives, faux ongles.
- Speaker #0
Et si ça s'infecte ou que ça fait mal ?
- Speaker #1
Consultez, sans attendre.
- Speaker #0
Bien noté. Enfin, les cheveux et les poils. La chute, l'alopécie, c'est souvent très redouté.
- Speaker #1
Oui, l'alopécie est fréquente avec certaines chimiothérapies. Elle peut être totale. L'hormonothérapie, elle, peut plutôt entraîner un amincissement des cheveux. Et la radiothérapie, une perte de cheveux uniquement sur la zone irradiée.
- Speaker #0
Mais il n'y a pas que la chute.
- Speaker #1
Non, avec les thérapies ciblées, on voit parfois des choses étonnantes. Les cheveux qui changent de texture deviennent plus fins ou au contraire se mettent à friser. Ah bon ? Oui, ou changent de couleur. Ou alors les cils et les sourcils qui deviennent très longs.
- Speaker #0
C'est surprenant. L'impact psychologique de tout ça est énorme, bien sûr.
- Speaker #1
Évidemment. C'est l'image de soi qui est touchée.
- Speaker #0
Il y a des solutions pour la chute de cheveux ? Le casque réfrigérant ?
- Speaker #1
Le casque réfrigérant peut être proposé pour certaines chimios en intraveineuse. Son efficacité est variable. Ça dépend des produits, des personnes.
- Speaker #0
Et sinon ?
- Speaker #1
Sinon, c'est prendre soin de son cuir chevelu. Lavage doux ou bien le protéger du soleil s'il n'y a plus de cheveux. Et puis, il y a les perruques. Les foulards, les turbans, c'est un vrai soutien pour beaucoup.
- Speaker #0
Et si la repousse tarde ?
- Speaker #1
Parfois, on peut proposer du minoxydile, mais toujours sur avis médical.
- Speaker #0
Donc, si on résume un peu tout ça, les points essentiels à retenir ?
- Speaker #1
Je dirais deux mots-clés. Prévention et communication.
- Speaker #0
La prévention, c'est tous les petits gestes qu'on a évoqués.
- Speaker #1
Exactement. L'hygiène douce, l'hydratation quotidienne, la protection solaire systématique, éviter les petits traumatismes sur la peau et les ongles. C'est la base.
- Speaker #0
Et la communication.
- Speaker #1
C'est primordial. Ne pas hésiter à parler de tout symptôme, même s'il paraît anodin, à son équipe soignante, le plus tôt possible.
- Speaker #0
Parce que des solutions existent.
- Speaker #1
Oui, la plupart de ces effets secondaires sont gérables. Ils sont souvent réversibles après la fin des traitements. Il ne faut surtout pas les subir en silence. Et pensez aussi aux soins de support, la socio-esthétique, le podologue, ça aide beaucoup.
- Speaker #0
En résumé donc, ces effets sur la peau, les ongles, les cheveux, c'est fréquent pendant les traitements. Mais on n'est pas démuni. Anticiper, protéger et surtout parler. Chaque parcours est différent, bien sûr.
- Speaker #1
Tout à fait. Et ça soulève une question plus large, peut-être, pour finir. Au-delà de l'aspect purement médical, physique, ces changements, même s'ils sont temporaires pour la plupart, touchent vraiment à l'image de soi, à l'intime. Comment on navigue cet aspect émotionnel ? Quelle stratégie on peut mettre en place pour soi, pour maintenir son bien-être psychologique pendant cette traversée ?
- Speaker #0
C'est une excellente réflexion. Merci beaucoup pour cet éclairage très complet.
- Speaker #1
Merci à vous.