- Speaker #0
Salut à toutes et à tous et bienvenue dans les shots d'HGGSP, le podcast proposé par Science Fist et animé par moi-même, Claire et mon camarade Mathis.
- Speaker #1
Salut à tous !
- Speaker #0
On est là pour vous faire réviser le bac d'HGGSP en traitant un axe du programme en 5 minutes pour nous. Dans cet épisode, on s'intéresse à l'histoire et aux mémoires des conflits.
- Speaker #1
Et on va se demander comment les historiens peuvent affiner, compléter ou encore renouveler les mémoires d'un conflit.
- Speaker #0
Bon, pour répondre à cette question, Mathis, je te propose de nous plonger un siècle plus tôt avec la Première Guerre mondiale.
- Speaker #1
Ok, alors si on reprend à la base, on sait que la guerre commence le 28 juin 1914 à cause de l'assassinat de l'archiduc François Ferdinand.
- Speaker #0
Attends Mathis, je t'arrête tout de suite. Ça, c'est ce qu'on nous apprend à l'école. Quand on étudie les mémoires, il faut étudier des logiques plus profondes. On pourrait dire que la guerre a aussi éclaté avec la montée des nationalismes en Europe.
- Speaker #1
Ou avec le fait que la France voulait prendre sa revanche.
- Speaker #0
En fait, les causes de la guerre sont vraiment multiples. C'est pour ça que se demander qui est responsable du conflit, c'est toujours beaucoup plus difficile qu'on ne le pense.
- Speaker #1
Mais au final, on nous le dit. Enfin, en 1919, le traité de Versailles affirme que c'est l'Allemagne qui est responsable du conflit. C'est précisément écrit à l'article 231.
- Speaker #0
Oui, mais du point de vue des Allemands, eux, ils n'étaient pas du tout d'accord avec ça. Ils considéraient le traité de Versailles comme un diktat. Quand on regarde dès les années 1920, les premières recherches d'historiens relativisent un peu la responsabilité allemande.
- Speaker #1
C'est vrai que quand j'y pense, l'historien Jules Isaac considère que la responsable, c'est la haine de la guerre. Et ça, de tous les côtés.
- Speaker #0
Ou encore Pierre Renouvin qui écrit en 1925 que l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie sont clairement responsables, mais qu'il y a d'autres causes au conflit. Et encore, ces deux hommes-là ont vécu la guerre, donc c'est difficile d'être toujours objectif.
- Speaker #1
Oui, j'imagine, mais quand est-ce que les mémoires ont vraiment évolué alors ?
- Speaker #0
Eh bien, il faut attendre 1961 pour qu'un professeur allemand qui s'appelle Fritz Fischer commence à admettre la responsabilité de l'Allemagne impériale. Selon lui, c'est cette Allemagne impériale qui a voulu affaiblir la France pour dominer l'Europe.
- Speaker #1
Ah bah, ça n'a pas dû trop plaire aux Allemands qui disent ça.
- Speaker #0
Alors, ça a beaucoup fait parler, c'est sûr. Mais justement, ça a remis le sujet en débat, et grâce à ça, les Allemands ont pu accepter leurs responsabilités. Et puis, c'est une autre génération, celle qui n'a pas forcément vécu la guerre, ça facilite donc les choses.
- Speaker #1
D'ailleurs, on a aussi pas mal reparlé de la guerre dans les années 2010.
- Speaker #0
Eh oui, avec le centenaire, les recherches des historiens ont été renouvelées. On a commencé à se poser des nouvelles questions, ce qui nous a permis de sortir des limites 14-18 qu'on connaît bien.
- Speaker #1
Comment ça ?
- Speaker #0
En fait, les historiens considèrent maintenant que les guerres des Balkans, commencées en 1912, font déjà partie de la Première Guerre mondiale.
- Speaker #1
Ah oui, un peu comme la guerre en Turquie jusqu'en 1923, c'est un peu la suite de la guerre.
- Speaker #0
Exactement, et on a même commencé à remettre en question la responsabilité de l'Allemagne. En 2012, l'historien Christopher Clarke écrit sur la responsabilité de la Serbie dans le déclenchement du conflit, et donc aussi un peu de ses alliés.
- Speaker #1
La France et la Russie. C'est dingue que les historiens fassent autant évoluer notre perception de l'histoire.
- Speaker #0
Ah bah, chacun son métier. Bref Mathis, et si on parlait maintenant des liens entre l'histoire et les mémoires de la guerre d'Algérie ?
- Speaker #1
Alors ça, c'est passionnant. Pour remettre les bases, la guerre d'Algérie, c'est une guerre d'indépendance qui a opposé le FLN, c'est-à-dire le Front de Libération Nationale Algérien, à l'armée française entre 1954 et 1962, année d'indépendance du pays.
- Speaker #0
Exactement, avec les fameux accords d'évidence signés le 18 mars 1962.
- Speaker #1
Merci Claire. Bon, là sur les questions des mémoires, c'est un peu plus compliqué. Dans les années 1960, il y a déjà les pieds noirs, c'est-à-dire les français d'Algérie, qui sont assez reconnus en France. En 1965, on leur crée même une association de défense des pieds noirs.
- Speaker #0
Mais il faut aussi penser aux harkis, c'est-à-dire aux soldats musulmans qui ont combattu avec l'armée française et qui sont un peu les oubliés de la guerre à ce moment-là.
- Speaker #1
Et en Algérie, la perception de l'histoire de l'indépendance est assez différente. En fait, dès l'indépendance, une dictature est mise en place et construit sa propre version du récit national, en considérant que les troupes du FLN sont les seules responsables de l'indépendance.
- Speaker #0
Ah oui, ils oublient carrément le rôle du PPA, le parti du peuple algérien fondé par Messali Hach, qui avait alimenté les revendications indépendantistes depuis les années 1930.
- Speaker #1
C'est ça, mais même en France, les mémoires étaient un peu bloquées au début. Aujourd'hui, tout le monde sait que l'armée française a pratiqué la torture en Algérie.
- Speaker #0
Alors qu'après la guerre, ce n'était pas du tout admis. On ne parlait même pas d'une guerre dans les années 1980, les livres scolaires parlaient d'événements d'Algérie, tu te rends compte ?
- Speaker #1
Ouais, la France a clairement minimisé les choses, mais tout a changé en 1992, à l'ouverture des archives liées à la guerre d'Algérie.
- Speaker #0
Grâce à ça, on a réouvert les débats sur cette guerre, ce qui a permis de faire passer une loi en 1999 pour officialiser l'appellation de guerre d'Algérie, 37 ans après l'indépendance.
- Speaker #1
Et oui. Juste nommer la guerre, c'est un enjeu majeur des mémoires d'un conflit. Et encore, ce n'était qu'au début. Il y a eu d'autres connaissances après. Est-ce que tu en connais quelques-unes ?
- Speaker #0
Oui, il y en a une en 2005 qui reconnaît la présence positive de la France en Afrique du Nord. Sur ce coup-là, ils se sont un peu trompés quand même. La loi a pas mal fait polémique à l'époque et elle a même fini par être abrogée.
- Speaker #1
Ah oui, c'est vrai. Moi je t'avoue que je pensais surtout à la reconnaissance de la torture en Algérie par François Hollande en 2012, ou encore le pardon officiel demandé au Harki par Emmanuel Macron en 2021.
- Speaker #0
D'ailleurs, c'est justement Macron qui s'attache à continuer le travail mémoriel. Regarde par exemple, il a sollicité un historien pour rédiger un rapport sur la réconciliation des mémoires franco-algériennes.
- Speaker #1
Ah oui, le rapport Stora, du nom de l'historien Benjamin Stora, qu'il a rendu en 2021. D'ailleurs, il dit quoi dedans ?
- Speaker #0
En gros, il nous explique qu'il faut continuer le travail mémoriel, continuer les commémorations, et il recommande de mettre en place une commission mémoire et vérité.
- Speaker #1
Et justement, le travail continue encore. Le 28 mars 2024, l'Assemblée nationale a reconnu et condamné le massacre des Algériens, du 17 octobre 1961, par les forces de police.
- Speaker #0
Ça nous montre bien qu'encore aujourd'hui, les mémoires d'un conflit ne sont pas fixées. Bon Mathis, on résume tout ça ?
- Speaker #1
Ok, alors déjà, on s'est rendu compte que les causes de la première guerre mondiale n'étaient pas forcément celles qu'on pensait. Il faut donc toujours réétudier la responsabilité d'un État dans un conflit.
- Speaker #0
Avec ça, on a même pu étendre les limites de la guerre pour la penser plus largement, avant de s'attaquer à un conflit beaucoup plus récent.
- Speaker #1
La guerre d'indépendance algérienne. Et là encore, on a vu à quel point les historiens devançaient l'État français sur la reconnaissance de sa responsabilité dans les crimes de guerre commis.
- Speaker #0
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. N'hésitez pas à partager ce podcast avec vos amis qui sont en train de réviser. N'oubliez pas de faire un tour sur notre Instagram, pour enregistrer la mini-déciente de synthèse associée à ce podcast. Et à vous abonner !