- Speaker #0
Salut à toutes et à tous et bienvenue dans les shots d'HGGSP, le podcast proposé par SciencePistes et animé par moi-même, Claire et mon camarade Mathis.
- Speaker #1
Salut à tous !
- Speaker #0
On est là pour vous faire réviser le bac d'HGGSP en traitant un axe du programme en 5 minutes chrono. Dans cet épisode, on s'intéresse aux liens entre histoire, mémoire et justice.
- Speaker #1
Et on va se demander comment juger les génocides et les crimes de guerre pour réconcilier les populations meurtries.
- Speaker #0
Bon, avant de répondre à cette question, je pense que c'est ultra important de poser la base. Est-ce que tu connais la définition d'un génocide, Mathis ?
- Speaker #1
Alors, selon l'article 2 de la Convention sur le génocide, il s'agit d'actes commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux.
- Speaker #0
Merci bien ! Maintenant qu'on a la définition, je te propose de nous intéresser au dernier génocide du XXe siècle, le génocide du Rwanda. Est-ce que tu connais un peu ?
- Speaker #1
Oui. Alors le Rwanda, c'est un pays qui n'a eu son indépendance qu'en 1962. Et à ce moment-là, environ 85% de la population est composée de Hutus, avec tout un ensemble de communautés minoritaires, comme les Tutsis, qui représentent environ 10% de la population.
- Speaker #0
D'ailleurs, les Tutsis sont persécutés depuis des décennies parce qu'ils sont considérés comme des collaborateurs des colons. Et à cause de ça, ils ont déjà subi plusieurs massacres au Rwanda.
- Speaker #1
En fait, ils sont littéralement considérés comme responsables de l'humiliation rwandaise, entre guillemets, sauf qu'à partir de 1992, l'état-major des forces armées rwandaises les identifie comme des ennemis à éliminer.
- Speaker #0
On peut même dire que le génocide se prépare à partir de cette date-là. L'état-major mobilise tous les services de l'état pour le mettre en place, et le 6 avril 1994, le président rwandais est assassiné alors que son avion est abattu.
- Speaker #1
C'est le début du génocide et c'est un véritable coup d'état qui est mis en place pour exécuter le plan génocidaire. Le lendemain de l'assassinat du président, c'est la première ministre rwandaise qui est tuée avec les casques bleus qui la protégeaient et un gouvernement provisoire est mis en place.
- Speaker #0
Et clairement là c'est champ libre pour les forces armées rwandaises qui commencent les massacres de Tutsi et de Hutu modérés. Ils seront près d'un million à perdre la vie en trois mois.
- Speaker #1
Et oui, parce qu'à partir du 4 juillet 1994, le Front Patriotique Rwandais, c'est-à-dire les forces Tutsi, reprend le pouvoir de la capitale avant de contrôler à nouveau le pays à partir du 17 juillet.
- Speaker #0
Et ça, c'est la date qu'on considère comme la fin du génocide, c'est ça ?
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Mais donc aucun pays n'est venu en aide aux Tutsi en trois mois ?
- Speaker #1
Ben, pas beaucoup. L'ONU reconnaît et dénonce le génocide, mais ne fait pas grand-chose concrètement. Et puis la France met en place une opération turquoise en juin pour créer une zone de guerre. une zone de sécurité pour les Tutsis, mais les massacres continuent dans cette même zone. Bref, à la fin de tout ça, il a fallu juger. Oui,
- Speaker #0
et pour le coup, l'ONU s'est un peu réveillée en créant un tribunal pénal international spécifiquement pour la situation au Rwanda, le TPIR. L'idée, c'est surtout de juger les responsables politiques et militaires du génocide. Il y a aussi les tribunaux de GAKAKA.
- Speaker #1
Les quoi ?
- Speaker #0
Les tribunaux de GAKAKA. Ce sont des tribunaux locaux à ciel ouvert qui permettent de rappeler l'histoire du pays et de réconcilier les populations en les confrontant de manière pacifique.
- Speaker #1
C'est intéressant comme forme de justice.
- Speaker #0
Oui, surtout qu'au total, ils ont permis de juger 2 millions de personnes accusées de complicité dans le génocide contre 93 responsables par le TPIR. Ce n'est pas du tout le même type de justice, mais le TPIR a mis fin à l'impunité des responsables de génocide.
- Speaker #1
Et les tribunaux GAKAKA ont permis de construire ensemble la vision historique et mémorielle des événements. C'est passionnant.
- Speaker #0
Oui, je le trouve aussi. D'ailleurs, ce système de justice internationale, on le retrouve aussi avec des crimes de masse commis en Yougoslavie.
- Speaker #1
Ah oui, c'est l'ancien état qui regroupait la Croatie, la Serbie, la Slovénie, le Monténégro, la Macédoine et la Bosnie-Herzégovine, c'est ça ?
- Speaker #0
Tout juste, mais à la fin de la guerre froide, le pays éclate et chacun des états que tu viens de citer réclame ou déclare son indépendance. Sauf que tout ne se passe pas dans la paix.
- Speaker #1
Tu peux m'expliquer ?
- Speaker #0
En fait, il y a eu plusieurs conflits qui ont opposé les troupes fédérales yougoslaves qui étaient majoritairement serbes aux troupes indépendantistes de la Croatie et de la Slovénie. Mais le centre du conflit, ça reste la Bosnie-Herzégovine.
- Speaker #1
Ah oui, parce que c'est un pays où se mêlent plusieurs ethnies. Donc quand le pays obtient son indépendance en 1992, les minorités serbes et croates en Bosnie décident de reprendre les régions qu'ils contrôlent. C'est le début d'un grand nombre de massacres.
- Speaker #0
Celui à retenir, c'est surtout le massacre de Srebrenica en juillet 1995, où les serbes assassinent près de 8000 personnes.
- Speaker #1
Mais l'ONU n'a rien fait non plus ?
- Speaker #0
Alors si, mais c'était pas efficace. Les 400 casques bleus de Srebrenica... n'ont pas pu empêcher le massacre et la Forte-Pronue, qui est une force de maintien de la paix et restée impuissante pendant tout le conflit. C'est les Etats-Unis qui vont attaquer directement les Serbes pour essayer de mettre fin à tout ça.
- Speaker #1
Et c'est ce qui permet par la suite des négociations qui aboutissent aux accords de Dayton le 21 novembre 1995.
- Speaker #0
Et qu'est-ce qu'ils nous disent ces accords ?
- Speaker #1
Eh bien ces accords, ils partagent la Bosnie en une république serbe et une fédération croate. bateau musulmane. Mais c'est pas fini.
- Speaker #0
Comment ça ?
- Speaker #1
En 1998, c'est le Kosovo qui réclame son indépendance de la Serbie, ce qui déclenche un nouveau conflit avec les Serbes. Et là, c'est carrément l'OTAN qui est intervenu. Bref, pour tous ces conflits, on a là aussi mis en place un tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie.
- Speaker #0
Oui, c'est le TPIY qui a été créé par une résolution de l'ONU datée du 25 mai 1993. Concrètement, l'idée, c'est de juger les responsables des crimes de guerre, et ils sont 80
- Speaker #1
On pense par exemple au procès de Mladic, le responsable des massacres de Srebrenica, ou encore à Radovan Karadzic, le dirigeant de la République serbe de Bosnie, condamné à 40 ans de prison pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre.
- Speaker #0
D'ailleurs, ce tribunal a permis de donner des définitions juridiques des notions de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.
- Speaker #1
Il a aussi impulsé la mise en place de la CPI, la Cour pénale internationale, en 2002. Mais bon, tous les pays du monde n'en sont pas encore membres, comme par exemple l'Inde, Ou la Chine.
- Speaker #0
Il y a encore du travail. Bon Mathis, on résume ?
- Speaker #1
Ok. Alors d'abord, on a vu le manque d'action et de justice internationale avec le génocide des Tutsis au Rwanda.
- Speaker #0
Ce manque-là, on l'a aussi constaté avec tous les crimes de guerre commis en ex-Yougoslavie, lorsque le pays a éclaté.
- Speaker #1
Et à partir de tout ça, des tribunaux internationaux ont été mis en place pour juger les responsables politiques et aboutir à la création d'une justice pénale internationale.
- Speaker #0
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. N'hésitez pas à partager ce podcast avec vos amis qui sont en train de réviser. N'oubliez pas de faire un tour sur notre Instagram @sciencepistes et @sgrclaire pour enregistrer la mini-piste de synthèse associée à ce podcast. Et à vous abonner !