- Speaker #0
Si Dionysos était une femme, le premier podcast dédié aux femmes leaders dans l'univers du vin explore la RSE, la responsabilité sociétale des entreprises. Ensemble, découvrons les pratiques vertueuses initiées par des acteurs du changement. Bienvenue et belle écoute ! Aujourd'hui, je reçois Karine Erwin, directrice générale de Vivellis et Boisé France, deux entreprises du groupe Oneo spécialisées dans l'innovation onologique. Elles dirigent donc leur engagement RSE. Oneo, c'est 1200 employés répartis dans plusieurs pays et 300 millions d'euros de chiffre d'affaires dont 75% à l'export. Avec elles, nous allons explorer comment la RSE s'incarne concrètement dans ce secteur entre durabilité, pratiques régénératives et impérialistes. Un pacte humain. Un échange pour dépasser les belles paroles et comprendre ce que veut vraiment dire agir pour un futur plus juste et plus responsable dans le vin. Bienvenue Karine Erwin au micro de Si Dionysos était une femme.
- Speaker #1
Merci beaucoup Aurélie de m'accueillir. C'est un beau programme.
- Speaker #2
Si Dionysos était une femme. Le podcast présenté par Aurélie Charron.
- Speaker #0
Alors Karine, pour commencer cet échange, quelle définition fais-tu de la RSE en général ? Allez, en cinq mots.
- Speaker #1
Alors pour moi, la RSE, c'est une philosophie globale et c'est se poser la question, ça va être plus long que cinq mots, mais c'est une phrase.
- Speaker #0
Je t'en prie.
- Speaker #1
C'est toujours se poser la question de comment on peut fabriquer un produit en limitant ses impacts, en respectant la planète, en donnant des conditions de travail respectueuses à ses salariés. à ces communautés, ces parties prenantes, avec une vision long terme pour les générations futures.
- Speaker #0
Si tu devais expliquer la RSE à un enfant de 10 ans, comment lui expliquerais-tu cela ?
- Speaker #1
Je pense que je lui dirais qu'une société engagée dans la RSE, c'est une société qui souhaite protéger l'environnement, ses salariés et la société. Je prendrais l'exemple peut-être de son doudou. quand il était peut-être enfant. Et je dirais, tu vois, si ton doudou est fabriqué par une société engagée dans la RSE, ce doudou, il est fabriqué à partir de textiles recyclés ou à partir d'énergies renouvelables. Ce doudou, il est sans danger pour toi parce que la société qui l'a fabriqué a respecté les normes. Ce doudou, il a été fabriqué par une entreprise. qui payent correctement ses salariés et qui veillent à ce qu'ils puissent travailler dans des conditions respectueuses. Et peut-être qu'avec un peu de chance, c'est une société qui, de temps en temps, offrirait quelques doudous à des familles défavorisées pour que certains enfants puissent en avoir.
- Speaker #0
Merci Karine. Alors, avant qu'on plonge dans la RSE, est-ce que tu peux nous présenter Vivellis et Boisé France en quelques mots et le rôle que tu y joues au quotidien ?
- Speaker #1
Alors... Vivellis, c'est une société qui appartient au groupe Euneo que tu as présenté dans ton introduction. Nous sommes des spécialistes dans le monde de ce que l'on appelle l'œnologie de précision. J'aime bien évoquer notre rôle et ce que l'on fait en disant qu'on aide les vignerons à prendre les bonnes décisions au bon moment. On accompagne les vignerons dans trois moments assez stressants des étapes de fabrication du vin. Le premier, c'est s'assurer d'optimiser le potentiel du raisin au moment de la vendange, en vendangeant par parcelle en fonction de la maturité du raisin. On a un outil qui s'appelle Diostem pour faire ça. On les accompagne pendant tout ce qu'on appelle la gestion globale des fermentations. Et là, il y a des enjeux qui sont très forts, parce que si une fermentation alcoolique ne se passe pas bien, il y a un risque de déclasser la cuve. dans une cuvée déclassée et donc un risque sur le chiffre d'affaires et sur la marge. Et pour ça, on a des solutions qui permettent de sécuriser les fermentations alcooliques et également d'apporter de la compétitivité dans les coûts de revient, dans les coûts de production. Et le troisième moment où on accompagne nos clients, c'est dans l'élevage des vins. Et on est un des spécialistes de l'élevage alternatif, grâce à notre expertise dans l'interaction entre le vin, le bois et l'oxygène. On est spécialiste avec notre marque Bois et France. On a des bois oenologiques haut de gamme, de qualité répétable, précis et durable, qui, cumulés à notre expertise dans les apports d'oxygène, nous permettent d'être capables. d'accompagner les vignerons qui veulent passer d'un élevage traditionnel à un élevage dit alternatif, en toute sécurité, en toute sérénité, et de façon durable et répétable.
- Speaker #0
Donc un partenaire primordial pour les vignerons, enfin vignerons, caves coopératives et tout, producteurs de vin. Dans le monde entier ?
- Speaker #1
Oui, donc Vivelli c'est présent dans tous les grands vignobles du monde. Nous avons une filiale aux Etats-Unis en Californie, une filiale au Chili et des partenaires partout dans le monde pour la distribution de nos produits.
- Speaker #0
Et donc tu es directrice générale et donc ces pays, tu y vas régulièrement pour rencontrer tes équipes et voir les évolutions ?
- Speaker #1
Absolument, oui, j'ai cette chance de... En tout cas, c'est aussi une volonté de ma part, c'est d'être proche de nos clients parce que c'est important de comprendre l'évolution des besoins de nos clients. Ce qui est certain, c'est que le monde du vin aujourd'hui, tel qu'il est en 2025 et le monde du vin tel qu'il était en 2017, quand j'ai pris mes fonctions, a beaucoup changé. Nos clients ont traversé des crises successives et leurs besoins ont fortement évolué. donc oui j'ai C'est très important pour moi d'être proche du terrain.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui t'a amené, toi et ton équipe, à faire de la RSE un levier stratégique chez Vivellis et Boisé France ?
- Speaker #1
Chez Vivellis, notamment avec notre marque Boisé, la RSE a toujours été ancrée dans notre ADN. Je vais te donner un exemple très simple. Aujourd'hui, nous sommes la seule société dans notre filière des bois oenologiques à approvisionner exclusivement du chêne 100% français. exclusivement dans des forêts gérées durablement, 100% PEFC. Donc ça, c'est quelque chose qui remonte à une vingtaine d'années. En 2018-2019, on s'est quand même bien rendu compte que c'est la période où on a commencé à non plus parler de changement climatique, mais d'aléas du changement climatique. On a compris que ça avait des impacts importants pour nos clients. Et on s'est interrogé sur la manière de... Comment on pouvait, nous, de notre côté, contribuer à notre échelle pour être solidaires et faire en sorte qu'on puisse aussi montrer l'exemple au niveau environnemental.
- Speaker #0
Dans ce virage-là, justement, est-ce qu'au sein de Vivellis, vous avez rencontré des résistances ? Et si oui, comment vous les avez surmontées ?
- Speaker #1
Alors, il n'y a pas eu de résistance. Même, je dirais que ça a été tout le contraire. En fait, chez Vivellis et chez Boisé, on a mis en place, en 2019, on a monté un projet interne qui est très important pour nous, qui s'appelle le projet SEV, qui est la contraction du mont anglais SEV, sauver les ressources et la sève de l'arbre nécessaire à sa croissance. Et on a voulu, à cette époque, on s'est dit, on a un produit magnifique, le chêne, qui est un produit qui met 150 ans à pousser. On approvisionne dans des forêts exclusivement PEFC. Qu'est-ce qu'on peut faire pour aller encore plus loin ?
- Speaker #0
Est-ce qu'on peut faire une parenthèse sur PEFC ?
- Speaker #1
Oui, PEFC, c'est une certification qui est donnée à des exploitants forestiers qui s'engagent à garantir l'entretien des forêts avec une vision long terme.
- Speaker #0
D'accord, merci.
- Speaker #1
Et donc, ce plan CEV... Quand on l'a monté, on s'est dit comment on pourrait considérer l'énergie comme une matière première au même titre que le chêne. Et en fait, on s'est engagé dans une démarche qui est une démarche de transition énergétique. Mais on l'a faite d'une manière très complète, c'est-à-dire qu'on s'est dit OK, on va investir. dans des équipements qui vont nous permettre d'avoir un impact positif sur nos consommations d'énergie. On va investir dans des équipements et dans un parc de panneaux photovoltaïques qui alimentent notre atelier de douelle, qui aujourd'hui torréfie nos douelles à partir de l'énergie solaire. Et on s'est dit, on ne va pas faire que ça, on va aller plus loin. On va demander la certification ISO 50001 et en 2020, on l'a eu en août ou en septembre 2020. A cette époque, il faut se dire que la certification ISO 50001, qui est le management de l'énergie, en France, il y avait moins de 1000 entreprises qui l'avaient. Et nous, on l'a demandé parce qu'on s'est dit, on veut... s'engager dans une démarche d'amélioration continue et en 2020 on s'est engagé notamment sur l'énergie à réduire nos consommations de 15% et on est très fiers parce qu'on a réussi à le faire plus rapidement. Donc c'est hyper important pour nous. Et après, je dois aussi dire qu'on est très aidé grâce au groupe NEO qui en 2019-20 a créé la direction juridique et de la stratégie RSE. ... Donc on a dans le groupe aussi des équipes dédiées. Et il y a beaucoup de groupes de travail, des groupes transversaux dans nos trois sociétés qui travaillent sur des sujets de RSE sur les trois piliers.
- Speaker #0
Alors si tu devais citer trois initiatives RSE déjà mises en place chez vous, dont Saeve bien sûr, est-ce que c'est celle à laquelle tu es la plus fière ou est-ce qu'il y en a d'autres que tu pourrais citer ?
- Speaker #1
Disons que sur la partie environnementale, je crois que... que ce qu'on a fait, c'est exemplaire. C'est vraiment fantastique. On est les seuls dans le monde, dans notre filière, à faire ça. Je ne vais pas te mentir, je pensais qu'au bout d'un an ou deux, on serait peut-être suivis, mais c'est très contraignant. En tout cas, on est fiers de le faire et de continuer à le faire sans aucun compromis. Sur le volet social, on a beaucoup, beaucoup travaillé sur... Un management très collaboratif sur tout ce qui est équilibre vie pro-vie privée, tout ce qui est chartes contre le harcèlement. Donc oui, je pense qu'on est très au point sur le sujet.
- Speaker #0
Et comment vous mesurez ces impacts, justement, au-delà de la communication interne, externe ?
- Speaker #1
En tout cas, aujourd'hui, nous... On a un certain nombre d'indicateurs et donc on mesure ces indicateurs. Alors au niveau social, il y a quelque chose qui est très simple. On fait des baromètres sociaux. Donc le groupe Eneo organise un baromètre social tous les deux ans, ce qui permet de mesurer et de prendre le pouls dans l'entreprise pour voir un peu comment se sentent nos salariés, s'ils sont heureux, s'ils sont engagés. Alors moi, tous les deux ans, je trouve que ce n'est pas assez. donc on va On avait bien sûr tout ce qui est nos entretiens annuels avec nos salariés. Moi, je vais plus loin. J'ai eu la chance de rencontrer, dans le cadre d'une expertise APM, un expert, quelqu'un qui a travaillé chez Decathlon. Chez Decathlon, ils font des rencontres managériales tous les mois. C'est lourd à gérer. Mais moi, j'ai instauré des entretiens biannuels. Et là, on est en train d'évoluer même vers un nouveau format qui sera un format trimestriel un peu court, mais toujours prendre le pouls. Et en fait, tout ça, moi, je crois qu'on a réussi à favorablement impacter ou à augmenter, améliorer la fidélité à l'entreprise.
- Speaker #0
Réduire l'empreinte carbone, innover en matière de process, améliorer la qualité de vie au travail. Sur quels piliers as-tu investi en premier et pourquoi ?
- Speaker #1
Alors... On pourrait tenter de dire l'environnement parce qu'on a fait le plan CEV et que c'est quelque chose qui nous tient à cœur et qui est dans notre ADN. Aujourd'hui, clairement, on a démarré par l'environnement, mais clairement, après, les deux autres piliers se font complètement en parallèle.
- Speaker #0
Concernant l'innovation et l'aspect régénératif, vous êtes dans un secteur technique, sensoriel. Comment est-ce qu'on intègre ces innovations vertes dans les process, vraiment sans perdre la qualité et l'authenticité du produit ? Parce qu'il y a le chêne, on en a parlé, mais voilà.
- Speaker #1
Alors nous, chez Vivellis et chez Boisé, on a la chance de travailler à partir de deux matières premières, qui sont le chêne, donc nous 100% PEFC, et l'oxygène. Alors on vend aussi des équipements. Mais ce qui est sûr, c'est que l'innovation verte, c'est l'innovation, c'est l'éco-conception, et c'est chez nous l'innovation sans aucun compromis par rapport à nos valeurs. Et c'est ce qu'on fait au quotidien.
- Speaker #0
On dit souvent que ce qui ne se mesure pas ne s'améliore pas. Quels indicateurs tu suis vraiment pour vérifier que les actions RSE sont vraiment de la valeur ?
- Speaker #1
Aujourd'hui, les indicateurs... On en a une cinquantaine, mais il y a beaucoup d'indicateurs de bon sens qu'on suivait déjà avant. Évidemment, il y a tout ce qui concerne l'énergie, il y a tout ce qui concerne la matière première, les rendements matière, il y a tout ce qui concerne nos consommations d'énergie, il y a tout ce qui concerne aussi le suivi de nos partenaires, nous assurer qu'on travaille avec des parties prenantes qui ont la même vision que nous.
- Speaker #0
vous faites régulièrement des... Des questionnaires, des échanges avec les parties prenantes ?
- Speaker #1
En tout cas, on leur fait signer, on leur explique que c'est important pour nous. Et donc, quand on commence à collaborer avec des nouveaux fournisseurs, on leur fait signer, on leur fait passer. Par exemple, là récemment, avec le groupe, on a écrit une charte des droits humains que l'on fait passer pas seulement à nos collaborateurs, mais surtout à nos partenaires.
- Speaker #0
Ok, donc régulièrement, vous êtes dans l'échange et êtes sûre que ça cale la raison d'être de l'entreprise ? Absolument, absolument. Combien coûte l'ARSE entre dépenses, investissements et résultats aujourd'hui ? Est-ce qu'il est possible de mesurer cet impact financier en tant que levier de performance ?
- Speaker #1
Alors c'est très compliqué de mesurer l'impact financier. Moi j'ai une conviction, c'est qu'aujourd'hui l'ARSE c'est bénéfique pour l'entreprise. Les entreprises, la stratégie globale, une entreprise qui fait de la RSE, c'est une entreprise qui veut gagner de l'argent, donc qui travaille sa profitabilité. C'est difficile d'évaluer le coût, mais par contre, on peut peut-être aussi évaluer le coût de la non-qualité. En fait, aujourd'hui, par exemple, sur le volet social, la RSE nous a permis de beaucoup travailler notre relation avec nos collaborateurs. Et quand on regarde l'évolution de nos baromètres sociaux, grâce à la RSE, à ce travail que l'on a fait en interne pour mieux communiquer, pour être plus proche de nos collaborateurs, on voit bien que nos indicateurs sur la fidélité à l'entreprise se sont améliorés. Donc ça pour moi, ce n'est pas facile à mesurer, mais recruter, c'est un coup. Former, c'est un coût, et comme nous, on est dans un milieu qui est quand même très technique, le coût du recrutement et le coût de la formation est important. Donc tout ce qu'on arrive à faire grâce à toutes nos actions de RSE qui permettent de fidéliser nos collaborateurs, c'est tout bénef pour tout le monde.
- Speaker #0
Oui, tout à fait, je comprends. Concernant l'engagement humain, on en a parlé, sur les défis, les obstacles, il y a quand même eu, je pense, des freins. Dans ce cheminement RSE ?
- Speaker #1
En fait, les freins qu'on a pu avoir au début, ça a été d'expliquer. On n'a pas toujours été très bons d'ailleurs. Il a fallu, dans un baromètre social, on n'a pas eu une bonne note, alors qu'on avait l'impression d'être très bons, et en fait, on n'avait peut-être pas très bien expliqué. Donc, il faut savoir bien communiquer sur le pourquoi. Et puis après, ça prend du temps, ce qui veut dire qu'il y a un moment donné, il faut donner du sens à la démarche pour que naturellement, les personnes dans l'équipe qui vont s'occuper, qui vont être référents RSE, puissent dégager du temps dans leur agenda pour pouvoir faire vivre la RSE en interne. Donc on n'a pas, nous chez Vivellis, on n'a pas une équipe dédiée. L'équipe dédiée, elle est au niveau du groupe. On a des référents dans chacun des piliers. Donc ça veut dire que c'est du travail en plus dans l'agenda. Donc il a fallu changer les habitudes et conduire le changement pour bien voir ce qu'on allait faire en moins, pour donner de l'importance et montrer que travailler sur ces aspects RSE, c'est stratégique pour l'entreprise.
- Speaker #0
Donc quand tu dis que vous avez organisé de façon à avoir des référents par pilier, on parle des piliers environnement, sociétal,
- Speaker #1
c'est ça ?
- Speaker #0
Sur ces trois piliers ou d'autres piliers que vous avez vous-même définis en interne ?
- Speaker #1
On a défini des piliers en interne au niveau du groupe. Donc on a des piliers égalité-diversité, on a un pilier sur la partie ressources des matières premières. Donc on a une stratégie RSE dans le groupe qui est définie sur différents piliers qui ont été identifiés collectivement en fonction de nos différents métiers. Et c'est ensuite ces groupes qui sont animés et qui font avancer les choses en interne sur l'ensemble des trois entités, sur Diam, sur Seguin-Moreau et sur Vivelli-Séboisé.
- Speaker #0
Alors si tu avais un conseil à donner aux acteurs du vin et de l'onologie qui hésitent encore à se lancer dans la RSE, et notamment la RSE régénérative, ça c'est une deuxième étape, ce serait lequel ?
- Speaker #1
Moi je crois qu'aujourd'hui, malgré la crise actuelle, je suis convaincue que le consommateur final est très soucieux des questions environnementales, que le consommateur va être de plus en plus soucieux de ses aspects environnementaux, et qu'aujourd'hui, pour pouvoir le fidéliser, c'est une bonne chose pour toute entreprise d'avoir une stratégie RSE solide et robuste. Je peux te donner un exemple, d'ailleurs. Nous, on est très avant-gardistes et assez pionniers avec notre plan sève, notamment sur la partie boisée. Je me souviens que quand on a présenté notre plan sève à certains de nos clients aux Etats-Unis il y a 4-5 ans, franchement, pour eux, ce n'était pas le sujet. On voyait bien qu'il y avait un décalage entre l'acceptation de nos actions ou l'intérêt qu'ils portaient par rapport à nos clients européens. Et aujourd'hui, avec les aléas climatiques, les Américains sont très très engagés, les consommateurs américains sont en train quand même d'évoluer. Donc je ne dis pas que c'est les meilleurs au monde, je pense qu'en Europe, les consommateurs européens sont très soucieux de l'environnement, et de plus en plus, et ça, ça ne va pas changer, ça ne va que croître. Et les jeunes générations qui arrivent, Je vois mes enfants, c'est un sujet pour eux qui les contrarie. Ils font très attention à ce qu'ils font, ils font très attention à ce qu'ils achètent. Nous, on a des amis dont les enfants ne prennent plus l'avion. Il est en train de se passer quelque chose au niveau des générations. Et donc, pour revenir à la filière 20, ne pas avoir une stratégie RSE robuste quand on est entrepreneur dans la filière 20. Moi, je pense que c'est sûrement un peu dangereux pour le futur.
- Speaker #0
Et pour rebondir également, étant donné que Vivelli, c'est aussi une dimension mondiale. Tu parlais des Américains. Aujourd'hui, tu as un regard différent aussi et tu peux nous apporter aussi ton expérience. Est-ce qu'au Chili, les Chiliens, de façon générale, est-ce que l'Amérique latine, donc est-ce que les États-Unis, sont plus en avance que nous en tant qu'entrepreneurs ? sur la partie RSE, pas forcément ?
- Speaker #1
Au niveau industriel, non. Je pense qu'il y avait sûrement des écarts il y a 5-6 ans. J'ai l'impression que les choses se sont lissées parce que tous les vignobles du monde sont touchés par les aléas climatiques, que ce soit le gel, la grêle, les hyperfeux, les baisses de rendement, le problème de l'eau, la sécheresse de la baie, la protection de la vigne. Tous les vignobles sont touchés. Donc, je ne crois pas aujourd'hui pouvoir dire qu'il y a un pays qui est en retard ou un pays qui est en avance.
- Speaker #0
Mais les producteurs au Chili, les vignerons, les producteurs vignerons, les Américains, etc., eux, ils ont déjà lancé tous plus ou moins des démarches RSE ?
- Speaker #1
Oui, oui, oui. Au Chili, si tu lis, il y a cinq très, très grands acteurs au Chili. Ils ont tous des rapports de durabilité et c'est quand même assez costaud.
- Speaker #0
Voilà, sur les grands acteurs tels que Torres, Méby, Concha et Toro, San Pedro,
- Speaker #1
ces gens-là, Santarita, parce que ces gens-là exportent beaucoup et que malgré tout, c'est inévitable pour faire du commerce.
- Speaker #0
Alors une autre question, est-ce qu'aujourd'hui on pourrait dire qu'une action concrète RSE peut devenir un argument commercial ?
- Speaker #1
Moi, j'ai tendance à dire oui. Ce n'est pas facile. Ce n'est pas forcément un moyen de vendre plus cher. Mais ce qui est sûr, c'est que, en tout cas, nous, chez Vivelli, c'est Boisé. Comme on est vraiment très authentique dans notre approche et qu'on est sincère. On est sur cette démarche depuis longtemps, on peut montrer des résultats concrets, ce qu'on raconte c'est vrai, nos clients nous font confiance et j'espère pouvoir dire que... Côté de nos qualités de qualité, de répétabilité, de précision, par exemple, dans tout ce qu'on fait, le fait d'avoir cette couche en plus sur cette partie environnementale, oui, j'imagine que dans les appels d'offres, à un moment donné, c'est quelque chose qui peut faire la différence.
- Speaker #0
Alors, on a parlé, il y a un mot qui est passé dans cet échange, qui est la partie régénérative. Est-ce qu'on peut passer un petit moment et est-ce que tu peux nous expliquer ? Cette étape de régénération ?
- Speaker #1
Aujourd'hui, les entreprises sont en train de... En tout cas, nous, chez Euneo, c'est un sujet qu'on regarde. Il y a tout ce qu'on a mis en place depuis plusieurs années au niveau de la RSE. Il y a tout l'aspect réglementaire avec la CSRD qui est arrivé. Mais il y a aussi quelque chose qui est en train de se profiler, qui s'appelle le modèle régénératif. Et le modèle régénératif, il est vachement intéressant parce que En tout cas, ça va nous tirer vers le haut, puisque c'est un modèle qui va nous inciter à nous poser la question, non plus seulement de nous consacrer à la réduction de nos impacts, mais d'essayer de comprendre comment on peut régénérer le vivant. Et donc, ce modèle régénératif, il invite à analyser les choses dans ton activité à trois niveaux. Qu'est-ce que je fais aujourd'hui qui est incompatible avec un modèle régénératif ? Et donc là, je remarque que Jean Covici nous l'a expliqué, les énergies fossiles, ça, il faut oublier. Donc, qu'est-ce que je dois faire ? Les énergies fossiles, ce n'est pas quelque chose de compatible avec le régénératif. Donc, quelque part, c'est quoi les plans d'action derrière ? La deuxième strata, c'est qu'est-ce que je fais dans mon activité qui est compatible, mais sur lequel je dois m'améliorer ? Par exemple, nous, chez Boisé, notre plan sève, Sur la partie énergie, on a fait notre transition énergétique. Il faut qu'on aille au bout. Donc ce qu'on fait, c'est super. Ça va dans le sens de ce modèle régénératif. Et il va falloir qu'on travaille sur le sujet de façon à aller à un stade au-dessus. Et le troisième niveau de l'analyse de l'impact de ton activité, c'est qu'est-ce que je fais aujourd'hui dans mon activité qui est compatible avec ? le modèle régénératif que je dois continuer. Et donc, nous, par exemple, chez Boisé, on approvisionne exclusivement du bois 100% français issu de forêts gérées durablement, donc 100% PEFC. Ça veut dire qu'on n'achète nos bois que dans des forêts avec des exploitants forestiers qui gèrent durablement les forêts, donc qui veillent à ce que les forêts soient entretenues pour les préserver des incendies, qui veillent à ce que quand un arbre est coupé, et bien sûr qu'il y ait un arbre qui soit planté, c'est plus complexe que ça, et donc ça c'est du régénératif. Donc c'est passionnant et je pense que c'est quelque chose qui dans les années à venir va nous faire beaucoup progresser.
- Speaker #0
Eh bien écoute Karine, je te remercie, je pense que cet échange sur la RSE, la durabilité et le modèle régénératif va permettre à nos auditeurs de comprendre davantage et comment... évoluer et comment progresser et puis certains, j'espère, enclencher la démarche. Merci pour cet entretien. Et évidemment, si on veut retrouver toutes les informations, www.vivellis.com et sur LinkedIn. C'est ça ? Tu veux rajouter quelque chose ?
- Speaker #1
Oui, j'aurais bien aimé vous lire La raison d'être de Néo.
- Speaker #0
Avec plaisir.
- Speaker #1
Si tu veux bien. Attends.
- Speaker #0
Pouce. Pousse le V.
- Speaker #1
Attends, est-ce que je l'ai mis ? Ah, ici, si tu veux bien.
- Speaker #0
Avec plaisir.
- Speaker #1
Voilà, je serai heureuse en conclusion de vous lire La raison d'être de Néo, parce que je trouve que c'est très beau. Passionnée de l'art et de la culture du vin, consciente de l'urgence des défis environnementaux et sociétaux, convaincue que l'innovation éclairée doit servir le bien commun, nous voulons utiliser nos savoir-faire et force vive ... Au service du développement durable du secteur vitivinicole, nous innovons pour perpétuer la grande histoire du vin. Moi, à chaque fois que je vois ça, j'ai des poils. J'ai un char de poule.
- Speaker #0
Merci beaucoup, Karine, pour cette belle conclusion. Et à très vite pour de nouvelles écoutes.
- Speaker #1
Merci à toi, Aurélie.
- Speaker #0
Mes invités sont des experts dans leur domaine. Les témoignages de femmes leaders sont des moyens pour chacun et chacune de nous élever dans nos parcours professionnels. et ceux d'acteurs du changement constitue le moyen le plus efficace pour vous sensibiliser et vous engager vers des pratiques plus vertueuses. Alors merci de partager, de mettre des étoiles, de liker et même de commenter les épisodes du podcast. C'est grâce aux abonnés, aux 5 étoiles et pouces levés que si Dionysos était une femme, a sa raison d'exister. Je compte sur vous. A très vite pour de nouvelles écoutes.