- Speaker #0
Détendez-vous. C'est normal d'avoir mal. Vos tests sont normaux.
- Speaker #1
Vous pleurez.
- Speaker #0
Vous êtes trop jeune pour avoir des problèmes sérieux
- Speaker #1
Ça va pas du tout.
- Speaker #0
Ça va pas du tout.
- Speaker #1
Ça va pas du tout. Ça va pas du tout. Ça va pas du tout. Ça va pas du tout. Bonjour, je suis Amandine Mousset et je vous accueille sur le podcast So Over It, qui vous parle de santé des femmes et de leur parcours de soins. Vous entendrez ici des professionnels de santé et du soin, avec qui on parlera de thématiques souvent invisibles dans la société. Par ces échanges, j'espère que vous vous sentirez informés, confiantes, déculpabilisés et rassurés pour pouvoir avancer sereinement dans votre parcours de santé, qu'elle soit physique, psychique ou sociale, et y trouver les soins que vous méritez. Vous n'êtes pas seul. Ici, il n'y a aucun tabou. Bienvenue dans ce premier podcast de So Over It, le podcast de celles qui en ont ras les ovaires de ne pas être actrice de leur parcours de soins. Aujourd'hui nous abordons un sujet crucial, pas très léger, mais ô combien important, sur le rôle du corps dans la prise en soins des femmes victimes de violences. Pour en parler, j'ai l'honneur de recevoir Anissa Alec. Anissa est ostéopathe et son expérience de l'approche corporelle dans le psychotraumatisme au sein de la maison des femmes lui a permis d'enrichir sa posture thérapeutique. et de développer de nouveaux outils à partir des techniques ostéopathiques. Les violences faites aux femmes sont malheureusement une réalité alarmante et constituent un réel angle mort de la santé des femmes. En France, selon les statistiques de l'IFOP et de nous toutes, une femme sur dix est ou sera victime de violences conjugales au cours de sa vie. Un viol ou tentative de viol est commis toutes les 2 minutes 30. Une femme sur six fait son entrée dans la sexualité par un rapport non consenti et désiré. Une personne sur dix est victime d'inceste. Ces traumatismes Ces effractions laissent des traces profondes, pas seulement dans l'esprit, mais le corps souffre lui aussi. Or, si les soins psychologiques sont de plus en plus intégrés, le rôle du corps lui reste trop souvent sous-estimé. Aujourd'hui avec Anissa, nous allons explorer comment reconnecter les femmes à leur ressenti corporel peut être une clé sur le chemin de la reconstruction. Nous parlerons des approches concrètes qu'utilise le corps et de l'importance pour les professionnels de santé et pour les femmes de prendre en compte cette dimension. dans le parcours de soins. Bonne écoute !
- Speaker #0
c'est vrai ! Avec toi, je me sens en confiance ! Eh bien,
- Speaker #1
je reçois aujourd'hui Anissa pour le premier épisode du podcast. Anissa Allek qui est ostéopathe. Je suis trop contente que ce soit Anissa pour ce premier épisode. Anissa, elle joue un rôle important dans mon métier de yoga thérapeute, de pratique de yoga thérapie puisque c'est elle qui m'a mis la puce à l'oreille sur le fait que je pouvais en faire un métier de ces connaissances que j'avais acquises. pour moi et pour me prendre en soins moi-même. Donc c'est trop symbolique pour moi que ce soit elle la première à prendre part à ce podcast.
- Speaker #0
Donc bienvenue Anissa, merci beaucoup. Merci pour ton invitation, je suis très contente de participer à ce premier épisode et ce retour que tu me fais que je suis hyper, comment dire, intimidée de savoir que c'est moi qui ai participé à ton lancement de carrière. Pour moi, tu étais déjà yoga thérapeute quand je t'avais vue en consul. C'était trop important. J'avais besoin de ça.
- Speaker #1
Le thème d'aujourd'hui, c'est justement la prise en soin des femmes victimes de violences et l'approche corporelle dans cette prise en soin. Et toi, tu es ostéopathe, notamment à la Maison des Femmes, qui est donc une unité de soins au sein de l'hôpital dédiée à cette prise en soin des femmes victimes de violences, qui est pluridisciplinaire. Comment t'en es arrivée à travailler au sein de la Maison des Femmes ?
- Speaker #0
Quand je suis à la Maison des Femmes, je travaille depuis sept ans maintenant. J'étais fraîchement diplômée d'ostéopathie, je m'intéressais à la santé des femmes, j'avais fait en post-grad des formations sur l'accompagnement des personnes qui souffraient d'endométriose, l'accompagnement en périnatalité. En tant que jeune diplômée, je me sentais, ça y est, j'étais formée, donc je pouvais proposer ma candidature dans une unité de soins spécialisée santé des femmes. Et surtout, en fait, j'avais à cœur, une fois les études d'ostéo terminées, de travailler en équipe, ce qui n'est pas du tout la voie royale quand on sort diplômé d'une école d'ostéo. Souvent, c'est l'installation en cabinet libéral, parce que c'était aussi un de mes regrets en étant ostéopathe, c'était que ça supposait d'être en cabinet libéral. et que les personnes aient suffisamment de moyens pour avoir une mutuelle qui leur rembourse les soins d'ostéo. Ça manquait à ma pratique de m'adresser à un public plus large, plus précaire et qui n'avait pas du tout...
- Speaker #1
Qui n'a pas pu bénéficier de ces soins.
- Speaker #0
Qui n'a pas pu bénéficier de ces soins-là. Et j'ai été cueillie par le fait que je n'avais... En fait, j'ai appris au contact des patientes surtout et au contact des collègues après ce que c'était que l'approche corporelle de personnes victimes de violences. Parce que je... Tout d'abord, je n'y étais pas formée en cursus initial d'ostéo. Et je crois que c'est difficile de me remettre en tête ce que j'avais comme idée au moment où j'ai commencé il y a 7 ans. Mais je suis complètement tombée des nues face à ces patientes qui présentaient sur le plan somatique des douleurs invraisemblables, des tableaux cliniques invraisemblables relativement à leurs âges.
- Speaker #1
Et quand tu dis un vrai simple lab, c'est vraiment dans le sens où... qui sortait de ce qu'on a pu t'enseigner, et pas dans le sens que ce n'était pas croyable. C'est vraiment dans le sens...
- Speaker #0
Je les croyais, et c'est juste que je me retrouvais avec des patientes jeunes qui avaient des douleurs chroniques articulaires que tu retrouves chez des femmes de 50-60 ans. Des parcours gynécologiques aussi... complètement chaotique avec beaucoup d'antécédents de fausses couches, des antécédents d'IVG, d'importance de dysménorrhée, des dysparunies...
- Speaker #1
Donc douleurs de règles, douleurs en rapport.
- Speaker #0
Ouais et elles étaient terriblement douloureuses. Elles ne comprenaient pas les manifestations de leur corps et au départ je ne leur avouais pas mon... mon manque de connaissance, mais moi aussi je ne comprenais pas. Et c'est à force de les rencontrer, et elles étaient très assidues au cours des séances. Donc en fait, bien que je n'y comprenais rien, je m'efforçais à travers les techniques que je connaissais à essayer de soulager leur douleur. Et d'une certaine manière ça fonctionnait parce qu'en fait il y avait un besoin qui n'était pas pourvu, c'était cette approche corporelle, prendre soin et écouter les manifestations de leur corps. et prendre ce temps-là pour pouvoir essayer de soulager, ou en tout cas, à travers le contact, les rassurer, les soutenir. Donc, elles m'ont fait confiance et elles m'ont mise en chemin. Parce qu'en fait, au départ, je n'y comprenais rien. Vraiment, je me disais, mais comment c'est possible ? Et il y avait plein de nouvelles... Enfin, il y avait des patientes, notamment une que je garde souvent en tête, qui avait comme des... convulsions, mais ce n'était pas vraiment des convulsions, c'était des contractions musculaires involontaires qui survenaient pendant le soin corporel uniquement.
- Speaker #1
Les toucher du coup lui provoquaient les convulsions.
- Speaker #0
Les toucher lui provoquaient ça et c'était vraiment de manière involontaire parce qu'elle n'avait pas d'appréhension aux toucher mais c'est juste que du coup là en fait j'ai découvert aussi la diversité du langage non verbal de toutes les manifestations au cours de la séance. Bien qu'elles aient formulé un consentement de oui, elles viennent en séance, elles s'y présentent, je propose tout ce qu'il est possible de faire sur le plan ostéo, mais aussi je me suis formée à des courtes méditations, à une approche plus sophrologique avec un travail autour de la respiration, parce que pour certaines, le contact corporel n'était pas...
- Speaker #1
Pour amener de la sécurité du coup. Oui,
- Speaker #0
pour amener, pour leur proposer un nouveau cadre où en fait elles puissent... prendre ce temps là un rendez vous avec leur corps un rendez vous à l'écouté de leur corps sans forcément à poser les mains et venir recréer de l'effraction par le toucher parce que ce qu'il faut savoir ou comprendre c'est que dans très souvent en fait le trauma ou les violences qu'elles ont subi enfin ce qui a fait trauma à travers les violences qu'elles ont subi c'est une effraction du toucher et une effraction du contact corporel pour beaucoup, dans le cadre des violences physiques, dans le cadre des violences sexuelles, et même dans le cadre des violences psychologiques. Les mécanismes neurobiologiques à l'œuvre, quand la violence fait effraction dans le corps, dans la tête, c'est une coupure avec le corps, comme un écran ou la... La personne, de manière involontaire, se coupe de la souffrance du corps. C'est si on est très vulgarisé,
- Speaker #1
c'est comme s'il y avait une surcharge électrique et ça disjoncte sur un tableau électrique. Le cerveau fait disjoncter le corps parce que ce qu'on est en train de vivre est tellement insoutenable. C'est tellement une menace que du coup, le cerveau, pour nous faire survivre, fait disjoncter pour qu'on ne soit plus vraiment là et qu'on n'ait pas à vivre ce qu'on est en train de vivre. Et donc du coup, on a tout ce dialogue qui est un petit peu interrompu et qui est parfois compliqué à rétablir.
- Speaker #0
Oui, il y a un phénomène assez fou qui du coup est de la sidération et de l'anesthésie au moment même des violences, parce que le cerveau est en incapacité de réagir et de se prémunir ou de trouver une solution. C'est dans le cas des violences conjugales parce qu'en fait c'est... le partenaire en qui on devrait avoir confiance qui exerce la violence sur sa femme, ou les violences intrafamiliales quand on est enfant. En fait, il n'y a qu'une possibilité de fuir. Donc le cerveau ne trouve pas de solution à ce stress et à cette menace et disjoncte. Le problème, c'est que cette disjonction qui a lieu au moment même des violences se poursuit bien au-delà dans le temps. et fait dysfonctionner le dialogue tête-corps-corps-tête. Et c'est là où les patientes, justement, ne comprennent plus les manifestations de leur corps, perdent leur boussole intérieure, perdent l'espèce de topographie de leur état intérieur, comment elles se sentent, quelles émotions elles ressentent. C'est rompu et perdu à ce moment-là. Et c'est le travail, l'approche corporelle qu'on peut proposer. Il y a effectivement le... une des portes d'entrée, c'est de soulager les douleurs. Et souvent, c'est pour ça qu'elles viennent. Parce que mes collègues sages-femmes, mes collègues gynéco, médecins G, de la structure de la Maison des Femmes, les orientent pour ça. Mais très vite, au-delà du soulagement des douleurs, il y a renouer le dialogue avec le corps et abaisser ce niveau d'anxiété qui est lié à l'interprétation des manifestations intérieures.
- Speaker #1
Ce qui est une espèce de perte de contrôle avec le corps. Donc ça peut aussi créer une défiance vis-à-vis du corps, le corps est douloureux, le corps empêche. En plus le corps a été, il y a eu une effraction qui a été commise sur le corps, donc on peut retrouver cette dissociation du corps. On ne l'habite plus vraiment, c'est trop douloureux de l'habiter, donc du coup on vit à côté. Le système de soins aussi est très confus, quand il y a trauma, donc stress post-traumatique si on va reprendre le vrai terme, on est plutôt orienté en psychothérapie, donc on travaille beaucoup sur la tête. Oui. Et on ne parle pas forcément de tout ce qui est symptômes corporels du traumatisme. Et les gens qui sont amenés à travailler autour du trauma travaillent de façon isolée sur les différentes problématiques. C'est-à-dire qu'un ostéopathe qui va être consulté pour des douleurs de dos ou des douleurs répétées, ne va pas forcément avoir ce lien. Et c'est historique, parce qu'on ne parle pas forcément, en consultation d'ostéopathie, de violences subies. La question n'est pas forcément posée, verbalisée. Et donc, un ostéopathe peut s'occuper de quelqu'un pendant des années. avec des manifestations physiques du traumatisme évidentes quand on le sait, mais sans faire le lien avec un traumatisme vécu. Et des psys peuvent traiter des gens en thérapie sans jamais s'occuper des douleurs qui sont vécues, de la dissociation, du figement, de l'hypervigilance, de tous ces symptômes qui vivent vraiment au niveau du corps, puisque le trauma se vit aussi vraiment dans le corps. Et donc on a cette évolution au niveau patiente qui peut être un peu compliquée, où les gens évoluent et traitent leur sujet. Mais il y a parfois ce lien qui ne va pas se créer et qui est le côté très unique de la maison des femmes, où il y a ce travail en pluridisciplinarité et où on prend vraiment en compte tout l'aspect de la personne de façon très globale. Je crois qu'il y a des ateliers d'esthétique, il y a des ateliers de karaté, il y a yoga-thérapie, et tu m'en avais parlé à l'époque en consultation. Et donc il y a cette approche qui est très globale, qui donne de super résultats. Et à l'époque, justement, quand on échangeait, tu étais assez surprise. des effets de ces ateliers. C'est toi, Primaire, qui m'as parlé du fait que ça existait la yoga-thérapie à la Maison des Femmes. Je n'étais pas au courant non plus. C'est Camille Allen, qui est docteure en neurosciences et praticienne dans la yoga-thérapie, qui a initié ce projet-là. Et à l'époque, tu me partageais le vécu que tu avais sur les ressentis du corps des patientes quand tu faisais ces ateliers corporels, que tu avais un ressenti sous les mains et au niveau du toucher qui était très différent. Est-ce que tu peux un peu en parler là aujourd'hui ?
- Speaker #0
Oui, c'était assez bluffant. Donc les patientes que j'ai en tête, ce sont des patientes que j'avais déjà eues sur plusieurs séances d'ostéopathie. Et qui... peinait à ce qu'en fait dans mon approche en ostéopathie tissulaire je guide beaucoup à la voix tout en manipulant et en mobilisant les zones du corps et en les amenant les phrases un peu standard que je dis c'est qu'on va mettre toutes les deux une loupe sur une zone du corps et je les invitait à appréhender les perceptions et les sensations qu'elle ressentait au moment où je mobilisais la zone du genou, la zone du bassin à distance en travaillant au niveau des pieds. Et souvent, c'est des patients qui étaient complètement perdus et que j'avais du mal à garder concentré sur leur perception et qu'ils divagaient soit en me parlant de toute autre chose, soit en me blanc parce que le silence était... pas difficile, donc elles présentaient beaucoup d'évitements. Et parfois, passaient quelques semaines, je les revoyais en consultation, et là, elles avaient énormément d'aisance à suivre le travail de respiration avec les exercices. Et quand on retravaillait au sujet des perceptions et de la loupe, là, elles étaient concentrées, présentes à elles-mêmes. Et le vocabulaire que je suggérais pour qu'elle puisse nommer les sensations, parce que c'est quand même un exercice difficile, de pouvoir nommer finement ce qu'on ressent, et avec précision et sans avoir aucune connaissance d'anatomie, c'est vraiment juste colorer ses perceptions de mots.
- Speaker #1
Et hors trauma, ça reste compliqué pour beaucoup de gens de pouvoir nommer ses sensations. Oui.
- Speaker #0
Et du coup, là, vraiment... Je leur demandais mais qu'est-ce qui avait changé et qu'est-ce qui leur permettait d'être plus présentes aujourd'hui à elles-mêmes et à leurs sensations. Et donc elles me racontaient un peu les semaines qui étaient passées. Et dans les semaines qui passaient, qui s'étaient coulées entre nos deux rendez-vous, il y avait eu deux, trois, quatre séances, voire cinq séances de yoga thérapie. Donc c'était assez bluffant à quel point elles avaient retrouvé une forme de cohérence. de leur schéma corporel, une présence à l'ici et maintenant. Ce qui est vraiment l'enjeu dans l'approche corporelle auprès des personnes victimes de violences, c'est tout le temps de réussir à les ramener dans l'ici et maintenant. On les a tellement dépossédés de leur corps, qui s'est retrouvé objet des violences pendant tellement d'années. et qui par les mécanismes involontaires pour les protéger de ces souffrances et de ces douleurs chroniques, elles s'en sont effectivement coupées, donc elles ne sont pas du tout en lien avec les émotions ou les sensations qui les traversent. Il y a des zones qui sont quasiment engourdies ou anesthésiées. Oui, il n'y a plus de sensations. Oui, il n'y a plus de sensations. Ou par exemple, des fois, je leur demande avec leurs mains d'appréhender une zone de leur corps, notamment le bassin, et de... des fois, elle réapprécie les limites de leur bassin en disant, ah oui, il fait cette taille-là, parce que pour moi, il était soit plus grand, soit tout petit, soit quand on fait du travail de proprioceptif, ou que je leur demande de poser des...
- Speaker #1
Proprioceptif, j'explique juste, c'est la perception du corps dans l'espace.
- Speaker #0
Et parfois, de leur demander de nommer ce qu'elles ressentent, elles sentent un bassin métallique, froid, ou... C'est hyper intéressant aussi une fois qu'elles sont plus rompues à cet exercice là de nommer leurs sensations de manière ludique et curieuse et qu'elles rentrent dans les qualificatifs ou les... des fois je leur demande même de me parler en termes de matériaux et ben elles sentent souvent du métal froid où il faut justement retrouver de l'enveloppe plus charnelle de la chaleur. et c'est là où les techniques ostéo-aides parce que les techniques ostéo-tissulaires participent par la mobilisation à ramener une meilleure vascularisation un meilleur drainage lymphatique donc c'est vraiment assez à la fois un travail interoceptif, proprioceptif donc rentrer dans les sensations du corps et en même temps par mes mobilisations ça génère de la sensation c'est trop intéressant et c'est là que les pratiques se croisent beaucoup et que c'est hyper riche et c'est pour ça qu'on...
- Speaker #1
on échange souvent, c'est qu'on retrouve en yoga thérapie des protocoles qui regroupent pas mal de ce que toi tu fais avec justement cette évaluation des sensations corporelles, de ramener l'attention à l'intérieur du corps, de voir ce qui s'y passe et en même temps de trouver des zones de neutralité aussi dans le corps, donc de pouvoir trouver des zones de répit pour pas être exposée de façon très frontale et très violente à ce qui est le plus difficile à expérimenter dans son corps de redéfinir ses contours et puis aussi de recréer des sensations dans le corps de sécurité, de joie, d'espace et de soulager vraiment aussi des symptômes tout court la douleur des fins en venant étirer des muscles ça va venir soulager certaines douleurs et déjà rien que ça, ça peut être très très chouette pour les personnes qui sont en cours de yoga thérapie
- Speaker #0
Nous ce qu'on fait c'est de trouver de la sécurité dans l'exploration des sensations et expérimenter que ce qui se passe dans notre corps ce sont des fluctuations, il n'y a rien de figé au contraire et que le rythme cardiaque change, le rythme de la respiration change et qu'elles peuvent trouver de plus en plus d'aisance là-dedans. Et aussi, je n'oublie pas aussi, le fait que le motif de consultation c'est de la douleur. pourquoi est-ce que cette Ausha est douloureuse et comment est-ce qu'on retrouve de l'aisance et de la mobilité dans les zones dites douloureuses. Et ce qui est dommage, c'est pour ça que j'ai fait des erreurs au démarrage, c'est que dans notre culture pro en ostéo, il y a peu de notions qu'on a du trauma, c'est que c'est un choc émotionnel enquisté dans le corps qui crée de la densité et de la résistance dans certaines zones du corps. Très souvent, on nous explique de faire des techniques au niveau thorax, loge viscérale du cou et tendons centrales. C'est très lent.
- Speaker #1
La mécanique, oui.
- Speaker #0
Mais en fait, c'est vraiment une main à poser à l'arrière du crâne et une main sur le thorax.
- Speaker #1
Très oppressant, on est en surplomb du corps.
- Speaker #0
On est en surplomb du corps. C'est pareil, je n'ai pas du tout détaillé comment est-ce que même dans le... Dans l'approche, quel positionnement, donc quelle posture thérapeutique on adopte, c'est une chose, mais aussi quelle position dans l'espace on adopte avec la patiente.
- Speaker #1
Tu parlais à l'époque, c'était passionnant, on avait fait un dîner et tu me racontais que des fois tu plaçais un miroir quand tu étais derrière les patientes pour qu'elles puissent voir où est-ce que tu étais, que si la position sur le dos était compliquée parce que des fois on a vécu des violences quand on était allongé sur le dos, tu pouvais t'adapter. Ce qui m'a permis aussi d'intégrer ça dans ma pratique en yoga-thérapie, de réfléchir à ma relaxation finale, de proposer des alternatives sur le côté, sur le ventre, assise, de ne pas forcément faire fermer les yeux aux gens, parce que quand il y a une hyper-vigilance, souvent le trauma implique une hyper-vigilance, on a l'impression que le danger peut surgir de partout, à n'importe quel moment, et donc de demander à des gens de se détendre, alors que quand on les coupe de leur vision et de leur capacité à voir s'il y a un danger, en fait c'est contre-productif. Ils se relâcheront beaucoup mieux les yeux ouverts, même peut-être assis. Et ce n'est pas grave que dans une position qui leur évoque un événement traumatique, avec les yeux fermés, en étant privés de la possibilité de voir le danger arriver. Et par exemple, quand je l'avais mis court, c'est moi qui suis le doigt à la porte.
- Speaker #0
Oui, exact.
- Speaker #1
Et pas les élèves. Parce que je pense que ce serait difficile pour elles de se détendre en ne voyant pas ce qui arrive à la porte de derrière. Donc ça c'est mes discussions qui m'ont beaucoup amenée aussi à réfléchir ma pratique.
- Speaker #0
C'est vraiment un savoir expérientiel et que j'espère, je le vois quotidiennement à chaque intervention à la Maison des Femmes, que j'affine au contact des patientes, au contact des collègues avec qui j'échange, et même quand on échange toutes les deux, je continue à... à prendre de toi les interactions que tu as avec le groupe en entier, parce qu'on est vraiment sur une thérapie individuelle, enfin un travail individuel. Mais ouais, les positionnements, l'échange au bureau au démarrage de la séance, où est placée la table en fonction de la porte, en fonction de la fenêtre, et qu'est-ce qui est dans leur champ de vision. Parce que pareil, quand il y a des réactivations, le contact visuel, c'est pas... forcément le contact le plus privilégié et garder un contact corporel c'est pas non plus le plus sécurisant pour une patiente pour qui l'effraction s'est faite par le toucher et quand elle est réactivée elle est plus vraiment là elle est dans son souvenir traumatique et l'idée c'est pas de savoir où elle est parce que là ça continuerait à donner du crédit à ce souvenir traumatique et à le rendre présent et actuel c'est plus de la ramener dans l'ici et maintenant et parfois c'est important aussi d'avoir un ancrage visuel différents ancrages visuels au sein de la pièce consulte pour qu'elle puisse trouver celui qui est le plus favorable, le plus sécurisant. Mais oui, ça, pareil, j'ai appris parce qu'il y a des patients qui ont été réactivés par le travail corporel et qui étaient... Vraiment, c'est assez surprenant et c'est assez impressionnant. de voir quelqu'un qui part et qui n'est plus vraiment là dans le regard. Il y a une espèce de voile qui se crée sur le regard, une augmentation de la respiration, le bout qui bat, c'est perceptible.
- Speaker #1
C'est-à-dire que le corps réagit vraiment comme si le danger était présent et actuel. Il n'y a pas de capacité de se rendre compte que le danger n'est pas présent, n'est pas réel. Le système nerveux réagit de la même manière que si on était face à un lion, qui fait des courrières, donc les muscles se contractent. l'afflux sanguin est beaucoup plus fort, donc le cœur bat plus vite pour envoyer du sang vers les muscles pour qu'ils puissent faire le travail qu'ils ont à faire. On respire plus vite pour avoir plus d'oxygène aussi qui circule dans le sang. On dépriorise tout ce qui est digestion, reproduction. Donc si l'état, justement, d'hypervigilance est très, très permanent, là tu parles de moment d'activation, mais sans être dans une période d'activation, l'hypervigilance au global va quand même recréer toute cette respiration qui est beaucoup plus superficielle, beaucoup plus rapide, les muscles très tendus. Et on va retrouver aussi des troubles digestifs, des troubles génicaux, parce que l'organisme dépriorise ces sujets-là qui ne tiennent pas de la survie. Et donc là aussi, l'approche corporelle va venir amener un peu de soulagement à tous ces symptômes qui découlent du trauma, mais qui ne sont pas évidents comme étant du trauma. On ne pourrait pas deviner chez un gastro-entérologue que la constipation chronique pourrait résulter d'un état d'hépergénance.
- Speaker #0
Ça, ça supposerait, et là du coup on dérive un peu de ta question initiale, ça supposerait que tous les professionnels de santé soient formés sur le sujet des violences, sur l'impact neuro-endocrinien, neuro-biologique, parce que ça a vraiment, le trauma c'est une effraction du psychique et du corps, et ça a vraiment un substrat neuro-physiologique. Il y a un tableau clinique qui est très clair, et qui en plus je pense qu'il tendrait à être amélioré pour rajouter des symptômes qui ne sont pas décrits, par exemple, dans le DSM-5, et encore même, il y a trop peu de psychiatres formés aux troubles de stress post-traumatique aigus et complexes.
- Speaker #1
Juste pour repréviser pour les non-personnels médicaux qui écouteraient, le DSM-5, c'est l'ouvrage de référence qui recense les troubles psychiatriques et qui explique les symptômes qui correspondent à chaque trouble. Donc on va avoir le stress post-traumatique simple, c'est un événement qui met en cause ton intégrité physique ou psychique, qui se passe une fois, et tu peux avoir après un stress post-traumatique. Le trauma complexe, c'est plutôt quand c'est des événements répétés sur une durée beaucoup plus longue. Tu ne peux pas t'échapper de la situation et tu vis des violences répétées, ou des atteintes, parce que ça peut être des violences... psychologique, verbale, économique, ça peut prendre plein de formes différentes. On a beaucoup parlé de violence sexuelle et de violence physique, mais ça peut vraiment se teinter de plein de façons différentes, la violence. Et donc le trauma complexe, c'est vraiment la résultante de cette répétition de la violence.
- Speaker #0
Et quand c'est aussi de l'interpersonnel, c'est quand c'est une personne qui nuit à ton intégrité, c'est pas un phénomène climatique, c'est beaucoup plus délétère que ce soit un autre individu. qui menacent le tournoi intégrité physique et psychique.
- Speaker #1
Désolée pour l'interruption, mais en gros, ce que tu disais, c'est que les professionnels de santé ne sont pas nécessairement formés au stress post-traumatique, même dans les professionnels de la santé mentale. C'est vraiment une spécialité très spécifique qui nécessite une formation particulière de psychotrauma, si je ne dis pas de bêtises. Et donc, quand on... Quand on est patiente, et je sais qu'il y en a qui écoutent qui sont en errance, et qu'on cherche à se faire accompagner sur ces sujets-là, c'est important de sélectionner quelqu'un qui a une formation sur ces sujets-là, que ce soit le psychologue, comme les ostéopathes, comme en yoga-thérapie, comme dans plein plein de métiers, puisque c'est vraiment une spécificité qui amène des aménagements de notre pratique, et que ça manque un petit peu cette spécialité en psychotrauma.
- Speaker #0
Et c'est justement, c'est pour ça que c'est chouette, grâce à ça je retrouve le fil de ta question, c'est que les erreurs que j'ai pu faire, et c'était lié à l'apprentissage que j'avais eu en école d'ostéo, c'est un trauma ou une violence crée un choc émotionnel et qui se transcrit sur le plan physique par une rétention, un manque d'élastité, de souplesse de certaines zones du corps, donc qui tendrait à être libérée. Et du coup, d'aller agir directement sur la zone et la libération physique serait doublée d'une libération émotionnelle. Et la personne repartirait déjà plus soulagée sur le plan physique et sur le plan émotionnel parce qu'elle a réussi à décharger.
- Speaker #1
On retrouve ça beaucoup aussi en yoga, en fausse croyance de yoga, avec un trauma qui est stocké dans les hanches, dans le psoas souvent aussi en particulier. Et que tout ce qui est ouverture de hanche vient libérer le traumatisme aussi, comme si le trauma était enfermé à un endroit et que du coup, d'étirer un muscle venait libérer tout le trauma. C'est très véhiculé, il y a beaucoup de commerce qui se fait de toutes ces pratiques et on sait que c'est incomplet, qu'en tout cas le travail en global, que l'approche corporelle potentialise la prise en soin au niveau psychothérapie. Camille Allen, dont on a déjà parlé, fait une étude sur le sujet à l'hôpital Villévrard. C'est quantifié, on voit vraiment que l'approche de yoga en pré-traitement à la thérapie vient potentialiser les effets de la thérapie, donc c'est super chouette. Mais la yoga-thérapie seule ne fonctionnerait pas pour venir accompagner ses patientes.
- Speaker #0
Et voir, en fait, là où j'aimais un point de vigilance, c'est que cette Ausha... très volontariste et très libératrice de ces zones enquistées et de cette libération émotionnelle à tout prix, peut être dangereuse pour les patientes qui sont vulnérables, qui ont été victimes de violences, parce que déjà le prérequis, ce serait qu'elles puissent déjà pouvoir se confier sur une éventuelle appréhension du contact corporel, une difficulté à être touchées, certaines positions qu'elles peuvent ne pas adopter. au cours de la séance, c'est une première chose, mais surtout poser les mains dans des zones qui ont été les zones cibles des violences vécues et d'aller chercher à tout prix une libération émotionnelle, ça revient sur le terrain du souvenir traumatique et ça peut soit les faire, on parlait de la fenêtre de tolérance et la fenêtre où Justement, la personne est régulée, est en interaction, réussit à trouver suffisamment d'aisance pour se dire, dire ses émotions, dire ses sensations. Et le fait d'aller sur ce terrain-là physique de zone enquistée, soi-disant enquistée, et d'aller chercher à tout prix une libération, une libération émotionnelle, ça vient, le risque c'est de les réexposer à leurs souvenirs traumatiques, de les faire sortir de leur fenêtre de tolérance par le haut, par du ou de l'hypervigilance, toute la réaction sur la vie, la survie, peur, gros niveau d'anxiété. Et c'est vrai parce qu'elles revivent comme si c'était... C'est vraiment une machine à remonter le temps d'une puissance assez folle. Donc ça, c'est à éviter absolument. Et pour les patientes, pour qui... La réaction adaptative aux violences, ça a été de sortir de leur fenêtre par le bas, c'est-à-dire par le figement, l'anesthésie sensorielle. C'est des personnes avec qui des patientes, si on va sur ce terrain-là, se coupent du contact avec le thérapeute. Elles ne sont plus là. Et pour des personnes, des thérapeutes pas formés, peuvent se dire Ah, c'est cool, elle s'est vraiment détendue. Alors qu'elle s'est vraiment endormie. En fait, non. C'est juste qu'elle a quitté la salle de manière… instantanée pour se protéger de la résurgence du souvenir traumatique.
- Speaker #1
C'est comme se mettre en veille en fait. C'est vraiment l'effet de quand on met en veille une télé. En théorie, elle est encore allumée, mais il n'y a plus rien à l'écran. Il ne se passe plus rien.
- Speaker #0
Donc moi, vraiment, en tant que l'approche corporelle, c'est vraiment très complémentaire. Ça peut vraiment offrir une... une plus grande capacité de présence à soi, de présence à ses sensations et à ses émotions, et du coup donner lors de la thérapie verbale, et pas que dans les thérapies UMDR, ICM, 39, 39.
- Speaker #1
Il y a quand même moins de taillera après, parce que je pense que c'est une super ressource aussi pour celles qui cherchent des pistes et des solutions.
- Speaker #0
Mais du coup, ce travail, la corporelle, de soulagement des douleurs, de régulation du système nerveux autonome, donc sortir de soit l'hypervigilance ou de l'hyper... peau activation.
- Speaker #1
Sentir que tu peux varier aussi entre tension et relâchement et que c'est possible de passer de l'un à l'autre et ne pas rester bloqué dans un état, c'est hyper précieux.
- Speaker #0
Oui. Sentir qu'en fait, parfois, il y a des patientes... où le travail se poursuit et elles approchent parfois des douleurs qu'elles ont pu ressentir dans leur vie quotidienne. Le fait de les travailler en ostéo, effectivement, c'est comme si on mobilisait, on regradue l'intensité de la douleur. Donc, elles voient bien qu'en fait, dans cette perception douloureuse, ça peut être plus ou moins douloureux. Et parfois, il y en a certaines qui disent Ah, ça commence à monter, je commence à avoir comme un début de panique. Mais on est… qu'au début de la panique.
- Speaker #1
Et ce qui leur permet de trouver comment se réguler pour ne pas que cette panique envahisse.
- Speaker #0
Mais du coup, elles le font avant. Pendant la séance d'ostéo, elles voient que c'est parce qu'on a mobilisé des zones du corps. Donc, elles voient bien aussi l'émergence ou la source du début de la crise de panique. Parce que, par définition, une crise de panique, ça vient de manière inattendue,
- Speaker #1
soudaine et incontrôlable.
- Speaker #0
Et c'est insurmontable. Et là, on est un peu sur le désossage de la crise de panique, où elle commence à percevoir qu'il y a plusieurs ingrédients dans l'émergence du début de l'anxiété, de la crise de panique. Du coup, des fois, elle me regarde un peu ébergée en me disant Mais vous arrivez à moduler avec moi ce que je vis toute seule et qui d'habitude, bah, mais... dans un risque de mort soulaine.
- Speaker #1
C'est très marrant parce que j'ai une élève qui m'a fait un retour un peu similaire. En séance, on travaille aussi beaucoup sur l'écoute des sensations corporelles. On recrée vraiment ce quand tu bouges ce muscle-là, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que tu ressens ? etc. en groupe. Et on travaille des exercices de respiration. En fait, on crée des ressources aussi pour en dehors du tapis. C'est un peu le but accessoirement. On est là pour soulager sur place et faire du bien, que ce soit agréable. Mais l'idée, c'est qu'elle reparte aussi avec des ressources. et qui me disait, j'étais dans un magasin et je sentais que ça commençait à me monter. Donc déjà, elle sent que ça commence à monter, ce qui est une grosse différence. Elle n'a l'air de rien, mais c'est très précieux. Elle a senti que ça commençait à monter et du coup, elle a fait un exo de respiration qu'on avait fait en cours. Et elle dit, du coup, c'est pas monté. Ça en est resté là où c'était et ça a été. Et ces petites victoires-là, en fait, elles sont hyper importantes dans le quotidien des gens. Alors, ça ne guérit pas le traumatisme initial. Ça, c'est le travail d'autres professionnels. Mais en tout cas, elles ont des ressources pour faire face dans leur quotidien. Elles peuvent être soulagées de façon très mécanique et c'est déjà aussi très chouette de soulager Adoula. Mais en attendant, elles ont des ressources et je pense que c'est vraiment ça qui potentialise après le traitement. C'est qu'elles arrivent en ayant déjà des ressources développées pour pouvoir aborder la partie thérapie par la parole, EMDR, ICV. Ou du coup, elles vont être exposées. Alors pareil, dans une planète de tolérance, les gens sont formés et accompagnent les patients. On ne va pas les exposer au trauma et leur faire revivre les choses telles quelles. Mais en tout cas, elles ont des ressources pour faire face aux émotions que ça va réactiver, aux sensations corporelles qui vont pouvoir émerger, et peut-être avoir un peu préparé le terrain à ce niveau-là. Et je pense que c'est tout l'avantage de créer ces ressources en amont avec le corps. Et puis de mieux vivre aussi ce qu'on est en train de faire en thérapie par ailleurs, qui peut être un petit peu activateur par moment, et de pouvoir un peu contrecarrer ce qui est en train de se passer. Les tensions, les douleurs, les gens ont envie de s'en débarrasser, ce qui n'est pas agréable, et en même temps de lâcher ça. En tout cas, l'expérience que j'ai sur le tapis, c'est que ça peut donner une sensation de vulnérabilité aussi, de relâcher ces tensions musculaires. Elles ne sont pas là pour rien. Ça protège quand même pas mal d'avoir de la tension musculaire. C'est très basico-basique comme image, mais c'est comme créer une carapace ou une armure. Et quand la tension est faite, des fois, ça peut vraiment créer un petit regain de vulnérabilité. Émotionnellement, ça peut être difficile parce qu'à la fois, c'est trop chouette de ne pas avoir mal et de ne pas être en tension, et en même temps... il y a un truc qui lâche et on se sent un peu moins protégé. Donc de réaborder un peu tout ça, de pouvoir venir un peu détricoter les tensions au fur et à mesure qu'elles émergent quand il y a une thérapie en face qui va venir recréer de la tension, parce que justement le corps en réaction va un peu se contracter pour faire face à ce qui existe, c'est hyper complémentaire.
- Speaker #0
Et même, c'est trop intéressant ce que tu dis, ce qui arrive aussi et que j'ai découvert dans l'approche pluridisciplinaire à la maison des femmes, Ce qui est vraiment une chance d'avoir pu accompagner ces femmes alors qu'elles-mêmes elles étaient accompagnées en psychothérapie, c'est qu'elles nous disaient qu'à mesure qu'elles reprenaient conscience de leur corps, de leurs sensations et de leurs émotions, elles arrivaient mieux à nommer ce qui les traversait pendant les vocations avec la collecte psy. de certains passages de leur vie. Pas forcément que des passages traumatiques, mais du coup elles avaient beaucoup plus de facilité à nommer ce que ça provoquait en elles et du coup à réussir à mettre la limite avec la collègue, de dire ah oui ça je peux l'aborder, ça je peux pas l'aborder Il faut vraiment pouvoir nommer ce que c'est qu'un choc émotionnel. Au sein des violences, c'est que le fait de nommer les choses, ce qui s'est réellement déroulé chez la patiente, permet d'axer déjà la compréhension pour elle, des conséquences que ça a pu avoir sur sa santé psychique et sur sa santé physique, et du coup de mieux orienter vers quel opérateur de soins elle peut se diriger. c'est minimisé sous l'aspect choc émotionnel ou que ce n'est pas suffisamment bien nommé. Ça crée beaucoup plus d'errance médicale et ça crée justement des parcours auprès de thérapeutes qui sont dans des dérives sectaires ou qui jouent avec la vulnérabilité des patientes. Et du moment où en fait... Pour le coup, la personne est formée, elle s'attache du coup à de la physiologie, à de la neurophysiologie, à expliquer comment c'est une cascade neurobiologique qui s'est activée avant même qu'elle ait pu en avoir conscience, et que les manifestations de leur corps au moment des violences subies ou à retard, et qu'elles ne comprennent toujours pas parce qu'elles se retrouvent avec des symptômes 10, 15, 20 ans après, c'est le fruit d'une... de la physiologie humaine et que c'est leur corps ou l'organisme tout entier qui a su développer des réactions adaptatives. Une fois que ça s'est nommé, ça les soulage. Déjà, du fait qu'elles ne sont pas folles et qu'elles n'ont pas juste somatisé quelque chose, je ne sais pas, parce qu'elles sont trop anxieuses ou trop stressées.
- Speaker #1
Mais tu somatises, il est délétère.
- Speaker #0
Ah ouais, moi, je trouve qu'il est hyper...
- Speaker #1
Et je trouve que C'est le cas dans plein de patos. Quand on nomme les choses et qu'on explique aux gens, on leur donne aussi du pouvoir. Devant de la compréhension, tu donnes du pouvoir. Ça n'empêche pas que les gens sont en souffrance quand même. Mais je trouve que du coup, la façon dont les choses sont vécues est complètement différente. Et de rendre les gens actifs au fait de leur parcours a souvent un impact qui est hyper bénéfique. Et même si les gens ressortent en ayant quand même des souffrances en partant, de comprendre ce qui se passe, ça change énormément de choses.
- Speaker #0
Et comprendre aussi qu'il y a une... Enfin, comprendre la neurophysiologie du stress chronique ou du stress extrême, c'est aussi comprendre la part d'un volontaire et à quel point c'est des mécanismes de survie qui ne dépendent pas de...
- Speaker #1
C'est pas une volonté. Non,
- Speaker #0
c'est pas du tout volontaire.
- Speaker #1
Donc ça enlève une énorme culpabilité aussi de ce que les gens peuvent suivre aussi de leur entourage. de ces épisodes de dépression, de ces épisodes d'anxiété, d'hypervigilance, où les gens qui ne sont pas formés à ces sujets peuvent avoir un regard assez critique. Comme si les gens manquaient de volonté de s'en sortir, etc. Genre, t'as mal partout, tu somatises encore parce que t'es trop stressée, trop anxieuse. La personne est en douleur chronique, ça l'amuse vraiment pas d'être en douleur chronique. C'est vraiment pas de sa faute de comprendre que c'est pas sa faute, que c'est vraiment des mécanismes. complexes du corps humain, du cerveau, des hormones, de plein de choses qui se passent dans le corps humain et le corps humain est fascinant souvent ça aide énormément.
- Speaker #0
Et c'est vrai que c'est hyper intéressant parce que du coup souvent elles sont comme tu disais plus tôt elles arrivent en disant mon corps m'a lâché ce corps c'est mon boulet que je me trimballe.
- Speaker #1
Et c'est une entité à part d'ailleurs.
- Speaker #0
Donc déjà c'est une entité à part et en plus elles ne perçoivent pas d'abord pourquoi elles ont déployé tout, enfin pourquoi le corps est aussi fatigué, parce que moi du coup des fois j'augmente encore plus la dissociation en parlant vraiment d'une entité à part, en disant vous savez votre corps a tenté de tout, de faire tout ce qu'il pouvait pour vous protéger, et c'est parce que justement il a déployé autant de mécanismes d'adaptation que vous ressentez cette fatigue, que vous ressentez ces douleurs chroniques. Et qu'en fait, tout ça, ça fait de vous une survivante. Et plutôt de retrouver un peu d'amour ou de curiosité pour ce corps, cet organisme tout entier, qui s'est défendu aussi longtemps de ces violences et du stress chronique que ça a engendré, et qui continue à agir bien au-delà de l'exposition des violences, parce qu'il ne suffit pas que la personne ne soit plus en lien avec l'agresseur ou le système agresseur. pour que les mécanismes neurobiologiques s'arrêtent d'eux-mêmes. Le problème dans les violences, c'est qu'il y a effectivement le choc, les fractions psychiques et physiques. au moment même des violences et toutes les conséquences sur le plan neuro-endocrinien qui persistent dans le temps et du coup créent de la pathologie chronique. Et elles sont parfois autant incomprises ou pas entendues, pas crues dans leur pathologie chronique que dans la source même parfois de ces pathologies chroniques qui sont les violences qui ne sont pas nommées, minimisées, banalisées. Donc c'est vraiment la double peine et pouvoir les remobiliser ou les... Renarcissé en disant en fait au contraire vous avez fait un travail de dingue dont vous n'êtes même pas consciente qui agit de manière involontaire dans votre corps votre corps au contraire est une machine merveilleuse plus qu'une machine ce serait bête il faudrait pas garder ce terme mais d'une adaptation folle enfin il y a ouais d'une j'arrive pas à trouver le bon terme enfin c'est une ingénierie
- Speaker #1
Ah mais c'est hyper complexe !
- Speaker #0
Complexe, que du coup on peine nous-mêmes à comprendre, de comprendre les enchevêtrements entre toutes les sécrétions neuro-endocriniennes qui aident à préserver mais qui à un moment deviennent délétères.
- Speaker #1
Qui sont donc les hormones et les sécrétions neuro-endocriniennes ?
- Speaker #0
Les mécanismes de la mémoire qui du coup n'exposent pas la personne directement, donc c'est le fruit aussi de l'amnésie traumatique partielle. ou parfois complète chez certaines patients.
- Speaker #1
C'est-à-dire qu'on ne se rappelle plus de l'événement traumatique, qu'on ne s'en rappelle que partiellement. On va retrouver des gens qui n'ont aucun souvenir d'enfance, ça peut arriver, qui ont une perte de leur vie, qui n'ont pas de photo de cette période-là, vraiment comme une espèce de balayage total du système de cette période.
- Speaker #0
Et du coup, ça, c'est très surprenant pour les patientes, mais en même temps... c'est très protecteur au départ et qu'elles puissent retrouver cette confiance là dans leur corps ou dans leur organisme tout entier qui a tout fait pour protéger de ces violences qu'elles ont subies et non pas qui est le cet aspect ce qu'elles gardent aussi comme vision de leur corps qui est incapable qu'elles se traînent et plutôt de leur dire en fait incroyable ce corps... Il est incroyable ce corps, vous avez su déployer tel et tel mécanisme de survie, vous êtes là face à moi. Il y en a certaines aussi, c'est là, je passe un peu du cocaïne, mais c'est un peu la même idée, c'est de se dire que parfois quand je démarrais à la maison des femmes, et je le fais toujours mais de manière un peu moins investie, je lis les dossiers des patientes pour éviter de leur faire... répéter les choses, retravailler leur parcours. Et ça m'a vraiment, ça continue à me surprendre, c'est que quand je lis leurs antécédents médicaux, le parcours de vie du coup, émaillé de violence dans différents contextes, migration dans le contexte familial, et c'est là ça aussi qui est très douloureux à lire, c'est que parfois il suffit d'un premier épisode de violence dans l'enfance. et une répétition et que ça les rend plus vulnérables aussi à être reconfrontées à de la violence parce qu'elles ont perdu leur boussard qui leur permet aussi de mettre la limite parfois elles gardent des conduites à risque, il y a les conduites d'évitement où elles vont éviter leur corps mais parfois il y a des conduites à risque où elles vont plus facilement se retrouver confrontées à de l'addiction et ça c'est pour éteindre la mémoire traumatique mais c'est ça c'est ça... À ma lecture des dossiers cliniques, souvent, j'ai une boule au ventre, j'ai toutes les manifestations physiques du danger. Et surtout, je suis stimulée dans toute mon empathie et ça génère énormément de tristesse. Et donc, souvent, je démarre mes journées comme ça. Et puis là, je les rencontre. Elles viennent une à une aux horaires de leur rendez-vous. Et vraiment, je crois que je même, parfois, j'oublie. quel dossier j'ai lu et quel dossier je n'ai pas lu, parce que j'ai des femmes où, si je les avais croisées dans la rue, je n'aurais même pas imaginé le dixième de ce qui est écrit dans le dossier. Effectivement, elles viennent parce qu'elles ont des douleurs, donc elles m'exposent leurs douleurs. Elles parlent de leur corps à la troisième personne. Donc, il y a quand même beaucoup d'indices. Mais je veux dire, elles ne sont pas... Elles sont parfois plus marquées parce qu'elles paraissent plus vieilles que leur âge. Ça, par contre, c'est un truc très clair. mais elles sont là face à moi, elles ont le regard pétillant, elles sont...
- Speaker #1
J'ai la même chose en cours. Moi, je n'ai pas les dossiers quand je donne mes cours collectifs. Des fois, on va me dire s'il y a un cas très particulier, avec des choses très lourdes, une grosse sens à la dissociation, ou s'il y a des tentatives de suicide, on va m'avertir avant. Mais sinon, je n'ai pas le dossier des gens. Et avant d'y aller la première fois, je ne savais pas qui j'allais avoir en face de moi. Et je me suis dit en allant dans la salle, je me suis dit mais je n'aurais jamais pu deviner. que ces femmes avaient subi des violences, plus du trauma complexe, donc on sait que c'est vraiment des violences répétées sur un long terme, etc. Et après, sur le papier, moi, je le vois.
- Speaker #0
Bah oui !
- Speaker #1
Parce que la présence au corps, où je vois des comportements, des réactions, des manifestations du corps quand on est dans l'écoute corporelle, de sentir que c'est difficile, que c'est... Donc après, oui, je le vois dans le mouvement et dans l'action, mais je les croise dans la rue, je ne devinerai jamais, parce que déjà, elles sont là, quand même, elles viennent. Elles viennent toutes les semaines, c'est pas à côté de chez elles, et elles sont là, elles sont sur le tapis, elles sont hyper volontaires. Et c'est assez dingue de comparer à l'histoire de vie et tout ce qu'elles traversent, et la difficulté corporelle que c'est. Parce que les manifestations corporelles du traumatisme, c'est pas de la blague, c'est quand même épuisant. Au niveau hormonal, ça bug, au niveau articulaire, ça bug.
- Speaker #0
Elles ont vraiment des cours de vie.
- Speaker #1
Anxiété généralisée, tout le temps dans l'anxiété, l'hypervigilance, c'est épuisant. Enfin, les difficultés relationnelles que ça peut impliquer. Et décrochage professionnel aussi que ça peut impliquer. Vraiment, c'est incroyable ce modèle de résilience. Le terme n'est pas mon préféré, mais c'est vraiment ça. Donc, il n'y a pas d'autres mots qui ont été inventés sur ce sujet-là, mais elles sont là.
- Speaker #0
Elles sont là et vraiment, ce qui est fou, c'est que si tu t'en tiens à ce qu'elles donnent à voir, parce que c'est ça qui est assez fou et c'est aussi ça qui m'a interrogée. sur le fait que ça m'a formée pour toute ma clinique, bien au-delà de mes interventions à la maison des femmes, c'est qu'on ne peut pas, dans le premier échange, présupposer de ce que la personne a vécu. Et il faut éviter le jugement. Souvent, il y a eu des campagnes de communication autour des femmes battues. Alors ça, je milite ce terme qui n'est pas du tout approprié parce que dans la plupart des violences au sein du couple, C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup de violences psychologiques. Et c'est tout aussi dévastateur, voire pire, que des violences physiques ou des violences sexuelles.
- Speaker #1
Il y a d'ailleurs un violentomètre qui existe, qui a été créé. Il se peut taper violentomètre sur Google, parce que ça peut être compliqué d'évaluer si on est victime de violences psychologiques, économiques. Où est la jauge ? Et le violentomètre est assez bien fait. Il permet de se rendre compte que c'est dans une relation qui est violente à tous les niveaux. et qui prend vraiment en compte l'aspect violence psychologique aussi.
- Speaker #0
Il y a certaines... En discutant avec des collègues, on s'est dit qu'on aurait pu modifier certaines attributions. Est-ce que c'est attribué du vert au rouge en fonction de l'intensité des violences ?
- Speaker #1
Je crois que c'est genre inquiétez-vous, partez. Il y a différentes graduations. Mais ça peut être un super outil si certaines s'interrogent. ça se trouve sur Google gratuitement sur Google Images doit exister ça peut être un bon moyen déjà de pouvoir évaluer un petit peu les choses pour soi,
- Speaker #0
si on est dans le doute mais oui du coup le fait de m'apercevoir qu'en fait ces patientes là c'est des patientes que je pouvais croiser aussi bien à la maison des femmes que dans mon cabinet en libéral, ça a modifié complètement ça a vraiment modifié ma posture thérapeutique les réflexes que j'avais en tant qu'ostéo, la manière de dire qu'en fait en ostéo, la première indication en ostéo c'est soulager les douleurs. Et en fait, grâce au travail à la maison des femmes, j'ai aperçu que non, en fait il y avait effectivement cette partie là du travail, mais il y avait cette autre partie qui était celle d'offrir dans le cadre de la consultation, une fenêtre vers une meilleure conscientisation du corps. Et ça, on n'est pas du tout formés à ça en ostéo. Et comment est-ce qu'on aborde le consentement dans le cadre de la consultation ? Tout cet aspect-là, auquel je n'étais pas formée, qui m'a formée à la maison des femmes. Et aussi le fait d'intégrer le questionnement systématique, le repérage systématique des violences au sein de chaque anamnèse, donc au sein de chaque premier entretien avec un, une patiente, adulte ou enfant. de questionner l'existence des violences. Alors, il y a plein de manières de poser la question. C'est justement pour cette raison qu'on a créé ce guide avec l'ami prof.
- Speaker #1
C'est quoi l'ami prof ?
- Speaker #0
Alors, je peine toujours à détailler le sigle.
- Speaker #1
Quelque chose de gouvernemental. Oui,
- Speaker #0
c'est une mission interministérielle pour lutter contre les violences faites aux femmes et la traite des humains. En gros, ça a été missionné par l'État entre, du coup, le ministère de la santé et le ministère égalité hommes-femmes. Et cette mini-prof, cette structure, elle a pour objectif d'initier des experts de chaque profession de santé à établir un guide. pour prévenir les violences faites aux femmes. Donc, chaque profession a son guide. Ça va du guide pour les sages-femmes ou les sages-femmes jusqu'aux pédicures podologues, les chirurgiens.
- Speaker #1
Batailleur.
- Speaker #0
Batailleur, on leur guide.
- Speaker #1
Et donc, ça, n'importe quelle profession qui a envie de consulter ce guide, qui s'interroge après écoute de ce podcast et qui se dit Je ne suis pas du tout au fait de cette histoire-là peut aller sur Internet.
- Speaker #0
C'est arretonslesviolences.gouv.fr et il y a l'onglet guide des professionnels et au sein du guide des professionnels, donc il y a le guide par profession et des vidéos pédagogiques qui permettent d'aborder les différentes... Ça permet d'aborder comment est-ce qu'on inscrit le repérage systématique. Du coup, il y a une vidéo d'un médecin généraliste. Comment est-ce qu'on aborde la question des violences dans la prise en charge en périnatalité ? quels sont les mécanismes neurobiologiques à l'oeuvre lorsqu'on subit des violences, qu'est-ce que ça impacte sur les structures du cerveau. Il y a énormément de spécialistes du coup qui sont... Il y a aussi toute la prise en charge juridique. Donc ça c'était un premier pas en tant qu'ostéo de formaliser, moi ça m'a beaucoup intéressé de participer à ce groupe de travail parce que... J'y ai participé en formalisant ma pratique ostéo auprès des femmes victimes de violences. Et c'était quoi la spécificité de notre profession dans la prise en charge des personnes victimes de violences. Et du coup, moi, j'avoue que ça m'a mis le pied à l'étrier pour continuer. J'avais pour idée à un moment, à mesure de travailler à la Maison des Femmes. et d'avoir développé de nouvelles pratiques professionnelles. Je me suis dit, en fait, ces nouvelles pratiques professionnelles, je pourrais les formaliser et les transmettre à mes collègues pour justement qu'on évite d'avoir cette approche de choc émotionnel du trauma et plutôt d'avoir une approche qui est respectueuse de la physiologie du corps, respectueuse des mécanismes neurobiologiques et qui participent justement à soulager les douleurs et conscientiser le corps donc c'est comme ça que j'ai créé avec mes collègues donc Camille Allen et Marie Ausha, psychologue Camille Allen, docteure en neurosciences une formation ostéo dédiée à l'approche corporelle pour les personnes victimes de violences et et et du coup qui permet d'approcher à la fois le travail de l'ostéo, mais aussi la complémentarité avec le travail en psychothérapie. quelles sont les thérapies centré trauma qui existent et d'avoir l'éclairage hyper précieux de Camille Allen sur la partie neuro et elle nous offre aussi toute une description de l'étude qu'elle a menée parce que ça y est elle est terminée
- Speaker #1
les résultats elle est en train de faire tout l'article etc une étude dont on a juste parlé avant à l'hôpital à Saint-Denis sur le yoga en pré-traitement à l'EMDR dans le cadre du trauma complexe laquelle
- Speaker #0
j'ai la chance d'animer des sessions en yoga thérapie aussi et où les patientes sont hyper reconnaissantes après je les suis en ostéo c'est trop chouette de travailler tout ensemble
- Speaker #1
et pour laquelle Marie, la psychologue de Champagne, Marie de Valamauquet, éco-thérapeute, est présente aux séances de yoga-thérapie pour sécuriser les patients s'il venait à y avoir une activation difficile et douloureuse. Ce qui n'arrive pas, on est trop contentes, mais la psy est présente.
- Speaker #0
Les petits matériels sont bien menés.
- Speaker #1
Peut-être.
- Speaker #0
Mais oui, en tout cas, j'avais à cœur que cette formation dédiée aux ostéos et aux thérapeutes manuels, parce que c'est aussi accessible aux kinésithérapeutes et à d'autres professions qui le souhaiteraient, c'est juste de pouvoir correspondre avec l'administration du CFPCO, c'est l'organisme qui promeut. Parce que moi,
- Speaker #1
ce n'est pas une formation sur comment tu fais des techniques ostéo, c'est plus sur ton approche et ta posture, sur la compréhension du psychotrauma. etc. J'en parle pour ceux qui seraient intéressés. Moi, j'hésite à la faire, elle m'intéresse énormément aussi, et qui ne serait pas ostéo. On n'est pas amené à manipuler les gens, c'est plus vraiment de réfléchir sa posture de thérapeute, ce qui peut être hyper intéressant pour plein d'accompagnants en soins et en santé. Où justement il y a une vraie lacune de la compréhension du trauma et même d'imaginer qu'il puisse y avoir autant de gens traumatisés dans la population générale. parce qu'on a l'impression qu'on parle de très peu de gens, d'une poignée de personnes, mais en fait, les chiffres sont colossaux. Moi, je parle avec les profs de yoga aussi, j'essaie de les former de mon côté à la compréhension du trauma pour avoir des cours plus inclusifs, parce que le yoga tel qu'il est enseigné ne l'est pas et peut être extrêmement activateur pour des personnes traumatisées. Et donc, la population générale, au sein de la population générale, il y a beaucoup, beaucoup de personnes qui souffrent de stress post-traumatique. Et donc dans nos postures de thérapeute, de prof, de tous ces métiers du soin et de la santé, gagnerait à avoir une meilleure compréhension du traumatisme, pour pouvoir ne serait-ce que référer, réorienter ?
- Speaker #0
Oui, référer soit dans l'urgence parce que la personne a identifié qu'il y avait des violences actuelles et que la personne n'est pas en sécurité chez elle ou dans son environnement familial. Donc ça, on n'est plus sûr de l'urgence. le fait d'agir vite, toute proportion gardée sur l'état de danger. Et il y a aussi sur toutes les pathologies ou à quel point le motif de consultation pour lequel la personne vient est en lien avec, est une comorbidité. de ce qu'elle a vécu par le passé et du trouble de stress post-traumatique complexe qu'elle a développé. Du coup, ça évite énormément d'errance de pouvoir identifier avec elle qu'elle peut s'en sortir si et seulement si elle abaisse son niveau de stress chronique par le biais de psychothérapie ou de yoga-thérapie, puisque des fois la psychothérapie, ce n'est pas ce qui est le plus simple à aborder pour les patientes. Si elles viennent chercher de l'approche corporelle, des fois elles sont réticentes à avoir une approche psy. Mais la plupart du temps, ce qui est assez dingue, c'est que plus elles perçoivent, plus elles se perçoivent, plus on appelle ça le felt sense plus elles ont une perception fine d'elles-mêmes et de leurs réactions, plus c'est simple après d'engager une psychothérapie parce qu'il y a un lien de confiance qui est instauré avec au moins une personne, en l'occurrence l'ostéo ou la yoga thérapeute. Et du coup, ça permet aussi de retrouver de la confiance dans l'humain parce que souvent, c'est aussi ça ce qui est. Les traumas personnels, ça altère la qualité de connexion et d'interrelation ou de co-régulation avec d'autres humains. Et ça, c'est très délétère. Parce que, tu l'avais dit, ça crée de l'isolement, ça crée...
- Speaker #1
Des problèmes dans les relations à autrui.
- Speaker #0
Et du coup, c'est un manque de chance énorme de pouvoir s'en sortir. Parce que vraiment... Ce qui nous permet de survivre en tant qu'humain, c'est de pouvoir collaborer, de coopérer, de s'entraider. Donc si le trauma altère ça, c'est vraiment un impact beaucoup trop puissant et contre lequel on doit vraiment lutter. Donc ouvrir la parole là-dessus, c'est aussi dire je comprends que tu aies pu vivre ça, mais ça n'est pas irréversible. C'est possible d'agir là-dessus et c'est possible qu'on se remette en lien. puisse, que l'accompagnement est possible et qu'il y a une porte de sortie de ces symptômes sur le plan physique et psychique. Donc ça restaure de l'humanité dans nos soins. Et ça c'est vraiment...
- Speaker #1
Et c'est vrai qu'on n'a pas besoin de la même posture. Moi je vois en yoga thérapie où je travaille avec d'autres professionnels de santé et du soin et des fois on travaille ensemble ou avec d'autres ostéos. Et on n'a pas les mêmes récits les unes les autres parce qu'on n'est pas dans les mêmes postures. Moi, je ne suis pas du tout médicale et les patientes et les consultantes, dans mon cas, le savent. Et du coup, on n'a pas les mêmes récits. Et en travaillant ensemble et en se rapportant un peu nos consultations, on arrive des fois à débloquer les situations parce qu'on n'est pas dans la même posture et du coup, on ne nous compte pas les mêmes choses. Et c'est hyper précieux.
- Speaker #0
Et c'est ça, effectivement, les patientes peuvent aussi, au départ, nous faire confiance. Quand elles peuvent aller consulter des personnes que l'on a fléchées parce qu'on les connaît, c'est important aussi.
- Speaker #1
On crée de la sécurité au final de ce cours.
- Speaker #0
Et aussi de leur proposer, ok, dans ce parcours, je vous oriente vers tel et tel collègue que je connais bien, est-ce que vous accepteriez qu'on échange ? Absolument,
- Speaker #1
c'est toujours le consentement bien fait.
- Speaker #0
Et parce qu'il y en a certaines qui, au départ, sont réticentes à aller consulter, mais une fois qu'elles ont été suffisamment mises en confiance dans un rapport individualisé, elles sont prêtes à aller consulter. elles sont plutôt satisfaites et reconnaissantes qu'on puisse communiquer ensemble. Parce que du coup, ça veut dire qu'on va appréhender de manière plus fine la problématique qu'elles traversent, ou les problématiques qu'elles traversent, et pouvoir constamment réajuster nos prises en soins.
- Speaker #1
Et d'un point de vue pratique aux pratiques, j'ai adoré que tu aies une note très positive de on peut s'en sortir C'est quelque chose qu'on peut résoudre, qui est hyper important. Dans les pistes, justement, parce qu'il y a des personnes qui sont peut-être en errance qui nous écoutent. Dans les pistes, je voulais que vous reparlez de la maison des femmes. Rappelez qu'il y a des maisons des femmes dans plusieurs villes de France. Il faut aller sur Internet pour retrouver. Elles sont répertoriées et donc elles ont toutes, a priori, cette approche pluridisciplinaire du soin et de la prise en soin des femmes victimes de violences. C'est une première piste qui est intéressante parce qu'on sait que c'est compliqué de trouver des thérapeutes qui sont formés et bien formés au sujet et qui vont pouvoir prendre en charge ces thématiques. On a parlé de l'EMDR et de l'ICV. C'est un casse-tête aussi la santé mentale. Est-ce que je prends rendez-vous avec un psychologue, un psychothérapeute, un psychiatre ? Est-ce que je fais de l'EMDR, de l'ICV, de l'hypnose ? L'EMDR et l'ICV sont les pratiques les plus reconnues à date pour la prise en charge du trauma dans le cadre des psychothérapies, si je ne dis pas de bêtises. ICV, c'est l'intégration des chemins de vie. Et EMDR, c'est High Motion Desensitization and Reprocessing. Voilà, c'est deux techniques qui fonctionnent bien et qui ont des très bons résultats sur le trauma. Ça, c'est pour les petites pistes. En attendant, pour celles qui sont en errance, ça peut être des choses à aller regarder chez vous. Est-ce que tu avais envie de rajouter quelque chose, toi ?
- Speaker #0
Les pratiques les plus centrées trauma, elles sont plutôt issues des approches... sensorimotrice donc ça c'est des thérapeutes sensorimoteurs il y a des annuaires à Paris on l'a pas redit mais on est quand même toutes les deux à Paris donc ça offre une diversité de professionnels assez dingues et du coup c'est vrai que sur ces jeunes pratiques donc la sensorie les thérapies sensorimotrices c'est hyper indiqué parce que ça fait vraiment le pont entre le travail en psychothérapie et le travail sur poubelle et il y a aussi L'approche de Peter Levine qui s'appelle le somatic experiencing voilà et ça pareil il y a un annuaire Il y a un annuaire et beaucoup de thérapeutes à paris un peu dans différentes régions de france mais c'est quand même et pour le réseau maison des femmes donc À Paris, il y a plusieurs maisons des femmes. Il ne faut pas hésiter à demander si elles sont sectorisées ou pas. Je sais qu'à Saint-Denis, on reçoit uniquement les femmes du 93. Et après, il y a un réseau qui s'appelle le réseau Restart, qui recense toutes les maisons des femmes sur toute la France et même en Belgique. Et là, du coup, ça ressemble vraiment au dispositif dont on a parlé, de la maison des femmes, qui est un peu la maison des femmes de Saint-Denis. C'est le dispositif qui a servi de pilote pour pouvoir monter les structures du reste du réseau.
- Speaker #1
Et si je ne dis pas de bêtises, tout est gratuit et pris en charge et remboursé par la Sécurité sociale. Oui. C'est hyper important, parce que du coup, c'est un coût économique aussi d'avoir accès aux soins quand on a vécu du traumatisme.
- Speaker #0
Exactement, oui.
- Speaker #1
Et une petite ressource aussi, en bibliothèque, si jamais justement vous n'êtes pas sur Paris, que vous avez du mal à trouver des ressources, il y a Le corps n'oublie rien, qui est un ouvrage très très très complet pour justement comprendre les effets neurologiques, biologiques du stress post-traumatique, qui est de Bessel van der Kolk. Professeur en psychiatrie. Professeur en psychiatrie. et qui parle beaucoup de l'approche corporelle notamment mais qui explique vraiment bien comment fonctionne le traumatisme au niveau du cerveau, du corps humain etc. Peter Levine dont tu as parlé sur Somatic Experiencing a fait un livre qui s'appelle Réveiller le tigre et il y a des petits exos dedans alors c'est évidemment pas suffisant pour une prise en charge mais ça peut être déjà une première piste et ouvrir peut-être un champ des possibles qui peut être intéressant. Voilà les choses auxquelles je pense.
- Speaker #0
Et c'est vrai que là, je m'en aperçois, c'est la fin, mais ce qui est intéressant de rappeler, et c'est vraiment ce que permet l'ouvrage de Bessel van der Kolk, c'est de comprendre l'approche bidirectionnelle du travail thérapeutique centré trauma. Donc c'est le fait qu'on puisse travailler de manière à renouer le dialogue du corps.
- Speaker #1
Du cerveau vers le corps, d'appréhender les sensations et de pouvoir analyser ce qui se passe.
- Speaker #0
Et de pouvoir aussi côté corps diminuer, soulager les symptômes et diminuer aussi les symptômes d'hyperactivation ou d'hypoactivation par des techniques ciblées, le travail de respiration.
- Speaker #1
C'est-à-dire qu'on peut court-circuiter l'emballement en faisant l'extrême inverse pour que le... corps comprennent qu'il n'y a pas de danger. Si mon muscle est détendu, c'est que je ne suis pas en danger. Si je respire tranquillement, c'est que je ne suis pas en danger.
- Speaker #0
Donc en fait, ça c'est quand même très novateur et c'est génial que ce soit... C'est vraiment né aux Etats-Unis. Il y a énormément de centres de ressources sur l'approche neurobiologique du trauma et qui permet de dire qu'on peut vraiment agir ensemble à conscientiser le souvenir traumatique, mieux le ranger grâce aux thérapies EMDR, ICV. Mais il y a aussi, et c'est indispensable, de soulager les maux du corps et les manifestations corporelles qui, du coup, informent moins le cerveau du danger environnant ou du danger intérieur, parce que le cerveau réagit aussi bien aux manifestations extérieures qu'aux manifestations intérieures.
- Speaker #1
Trop bien, ça fait plein de pistes. J'espère que ça vous sera utile et que vous y voyez un peu plus clair dans... dans tout ce qui est le trauma et comment vous pouvez potentiellement aller chercher des ressources et vous faire accompagner. N'hésitez pas aussi à le dire si vous avez vécu des événements traumatiques, à l'annoncer à vos professionnels de santé s'ils ne vous posent pas la question.
- Speaker #0
Quand vous vous sentez en confiance.
- Speaker #1
Quand vous vous sentez en confiance, évidemment. Mais du coup, vous avez aussi le droit d'en parler, même si la consultation n'a a priori rien à voir et que vous avez une appréhension au toucher, de pouvoir le verbaliser. Vous avez complètement le droit. de mettre des limites aussi dans le cadre médical et même auprès de vos professionnels de santé. J'espère que ça a été riche quand on vous a raconté des choses qui vous ont intéressé. Merci beaucoup, Anissa, d'être venue faire ce premier épisode.
- Speaker #0
Merci, Amandine, pour ta confiance et cette belle invitation. C'est toujours hyper agréable de discuter avec toi. C'était trop bien.
- Speaker #1
J'ai plein, plein, plein de matière. Maintenant, il faut que j'apprenne à monter tout ça. Et puis, en attendant, nous, on va aller manger.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Et je vous dis à très bientôt pour un prochain épisode.