- Speaker #0
Détendez-vous. C'est normal d'avoir mal. Vos tests sont normaux.
- Speaker #1
Vous êtes trop vieilles. Ça va,
- Speaker #0
ça va.
- Speaker #1
Bonjour, je suis Amandine Mousset et je vous accueille sur le podcast So Over It, qui vous parle de santé des femmes et de leur parcours de soins. Vous entendrez ici des professionnels de santé et du soin, avec qui on parlera de thématiques souvent invisibles dans la société. Par ces échanges, j'espère que vous vous sentirez informés, confiantes, déculpabilisés et rassurés pour pouvoir avancer sereinement dans votre parcours de santé, qu'elle soit physique, psychique ou sociale, et y trouver les soins que vous méritez. Vous n'êtes pas seul. Ici, il n'y a aucun tabou. Aujourd'hui dans le podcast, j'ai la chance d'accueillir Mélodie Exbraia, sage-femme orthogéniste. Et à l'époque où on m'a présenté Mélodie en ces termes, dans le centre de santé où on travaillait toutes les deux, je n'avais aucune, mais alors aucune idée, de ce que voulait dire sage-femme orthogéniste. Alors que pourtant, une femme sur trois aura recours à cette spécialité au cours de sa vie. Je pense que cela témoigne bien du tabou qui entoure encore l'IVG, car oui, c'est bien de cela qu'on va parler aujourd'hui. Et c'est avec une émotion toute particulière qu'on enregistre par hasard en ce vendredi 17 janvier 2025, après avoir décalé cet enregistrement plusieurs fois. On est émus, parce qu'aujourd'hui ce sont les 50 ans de la loi Veil qui a dépénalisé l'avortement. 50 ans plus tard, le tabou persiste et on ne sait toujours pas très bien où aller et à quoi s'attendre quand on est enceinte et qu'on ne souhaite pas l'être. Avec Mélodie, on va essayer de casser quelques préjugés et de vous donner des clés pour pouvoir mieux comprendre ce qu'est une IVG et on l'espère pouvoir vous permettre de vous sentir un peu moins seul. Bonne écoute. Mélodie, bienvenue dans le podcast. Bonjour,
- Speaker #0
salut, ça fait hyper plaisir d'être avec toi aujourd'hui.
- Speaker #1
Je suis très très très heureuse que tu aies accepté l'invitation et qu'on arrive à l'enregistrer, cet épisode.
- Speaker #0
Et qu'on a réussi. En ce jour, ça m'émeut un petit peu. Ouais,
- Speaker #1
c'est un pur hasard, c'est ce qu'on disait tout à l'heure.
- Speaker #0
C'est un pur hasard et pourtant on est là aujourd'hui et on va parler d'IVG pour faire un peu progresser les mentalités, ça me fait très plaisir.
- Speaker #1
Et en plus cet épisode, il va être diffusé en mars, autour de la Journée Internationale de lutte pour les droits des femmes.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Ça me tenait à cœur parce que je trouve que c'est un des sujets les plus emblématiques de nos luttes.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Et du fait que la santé des femmes reste un sujet hautement politique.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Et qu'on a encore besoin de lutter pour ces sujets-là.
- Speaker #0
Et il faut que tout le monde se mobilise envers et contre tout pour la liberté des femmes, ici et autre part aussi, bien sûr.
- Speaker #1
Donc toi tu es sage-femme.
- Speaker #0
Orthogéniste, effectivement.
- Speaker #1
Orthogéniste. Exactement. Et donc... C'est une spécialité qu'on connaît moins. Parce que quand on pense à sage-femme, on pense aux accouchements, à la maternité, etc. Et moi, je t'ai découvert dans un contexte de centre de santé dédié aux femmes. Et donc, j'ai découvert la spécialité d'orthogénie. Alors, je connaissais l'IVG, mais je ne savais pas que ça avait un nom. Alors que pourtant, on connaît le nom des spécialités médicales, podologue, orthopédie, etc. On connaît très bien. Et l'orthogénie, alors que c'est très répandu, on ne connaît pas ce terme.
- Speaker #0
Le terme ortho, ortho-droit, génie généralement qui se rapporte à la femme. Donc, orthogénie, c'est vraiment... la santé de la femme telle qu'elle le décide, de façon la plus proche de ce qu'elle a envie de vivre. Et donc, du coup, en l'occurrence, arrêter la grossesse si ça ne lui correspond pas comme projet de vie.
- Speaker #1
Et comment tu en es arrivée à faire cette spécialité ?
- Speaker #0
Moi, l'orthogénie, ça a toujours été quelque chose qui m'intéressait. Peut-être féministe très tôt. Peut-être aussi en contact avec des gens très jeunes qui ont dû faire des IVG. Déjà, la gynécologie m'intéressait et particulièrement le fait de pouvoir accompagner n'importe quelle décision, notamment la décision d'interrompre une grossesse. Donc, ça a toujours été quelque chose qui m'a beaucoup intéressée. Pendant mes études, on en parlait finalement très peu. J'ai eu l'occasion quand même de faire des stages en orthogénie. Et puis, une chose en amenant une autre. Alors, effectivement, comme beaucoup de sages-femmes, quand j'ai quitté les études, je me suis rapprochée de l'hôpital. J'ai accompagné des personnes qui souhaitaient accoucher. Mais il me manquait quelque chose. Il me manquait le fait d'aller un petit peu au-delà, d'aller accompagner d'autres personnes avec d'autres projets. Et du coup, j'ai eu cette chance d'ouvrir mon cabinet libéral à Paris et faire des formations pour pouvoir un peu compléter mes connaissances avec des réseaux pour pouvoir proposer des IVG dans mon cabinet libéral.
- Speaker #1
Et comment ça se passe au niveau formation ?
- Speaker #0
Formation, alors nous, les sages-femmes, je ne vais vraiment parler que des sages-femmes parce que les médecins, généralement, s'est intégré dans leur formation. Les sages-femmes... Depuis 2016, on a le droit de faire de la gynécologie. L'orthogénie, les IVG, ça se rapporte à la gynécologie, on est formé. Généralement, pour pratiquer l'IVG en libéral, donc en ville, il faut qu'on ait une formation un peu complémentaire en relation avec un hôpital. À Paris, on appelle ça le REVO, qui propose des formations complémentaires généralement pour les sages-femmes et les médecins. Et donc on passe une formation en plus, théorique, plus un stage pratique dans un hôpital. qui va devenir généralement notre hôpital de référence. C'est-à-dire que chaque personne qui réalise des IVG en ville doit avoir un hôpital de référence avec lequel communiquer, avec lequel on peut créer un réseau de soins et avec un contact privilégié pour adresser les patientes si besoin. D'accord. Voilà.
- Speaker #1
Donc tu disais que les sages-femmes pouvaient faire des IVG, tu as parlé de médecins. Oui. En fait, quand on est enceinte et qu'on ne souhaite pas l'être, à qui est-ce qu'on peut s'adresser ? Et comment est-ce qu'on trouve ces contacts ?
- Speaker #0
Alors, sur Doctolib, en règle générale, il ne faut pas hésiter à taper IVG, IVG médicamenteuse, IVG chirurgicale, pour pouvoir avoir accès à quelqu'un de ville qui va pouvoir nous aiguiller. Alors, sages-femmes, médecins généralistes, médecins gynécologues, et puis finalement un peu tous les médecins qui souhaitent avoir cette formation complémentaire, même si c'est quand même les trois grandes professions, on va dire, qui font. Et bien sûr aussi, il y a des centres, il y a des centres de santé. Il y a des centres de planification familiale qui vont pouvoir aussi adresser. Et puis les hôpitaux, en dernier recours, qui vont pouvoir proposer des consultations d'IVG, que ce soit médicamenteuses ou chirurgicales. Et en fonction du terme, en fonction des générales, on fait une échographie, mais je pense qu'on reviendra là-dessus un peu plus tard. On va pouvoir un peu spécifier quel type de structure va pouvoir accueillir les patients.
- Speaker #1
Ça marche. Et donc on parlait d'une chose, donc on a travaillé ensemble, donc on a parlé de plein de choses, et j'aimerais bien qu'on arrive à reporter ces airs de parole sur un podcast.
- Speaker #0
Mais on pourrait le faire.
- Speaker #1
Mais on parlait aussi du fait que des fois tu es chez ton gynécologue, et c'est possible que ce gynécologue ne pratique pas l'IVG, on appelle ça la clause de conscience.
- Speaker #0
Il y a plusieurs raisons de ne pas pratiquer des IVG, alors effectivement le fait de ne pas être formé, et donc du coup de ne pas être à l'aise. Absolument. Il y a certains praticiens, certaines praticiennes qui ne vont pas forcément être à l'aise parce qu'on manque de connaissances. Après, on réagit tous plus ou moins bien, on va dire, à cette demande quand on n'a pas assez de connaissances, donc la demande d'IVG. Et une deuxième possibilité, c'est la clause de conscience. La clause de conscience qui est finalement une possibilité pour les professionnels de santé de ne pas pratiquer l'IVG pour raisons personnelles, qu'elle soit religieuse, qu'elle soit éthique, qu'importe. Cette clause de conscience est légale, mais elle ne doit pas empêcher la personne qui vient pour faire une IVG de ne pas avoir accès à l'IVG. C'est-à-dire qu'on peut opposer à la demande d'IVG une clause de conscience en disant « je ne pratique pas, je ne souhaite pas pratiquer » . Néanmoins, on doit réadresser en disant « moi ne pratiquant pas, vous pouvez vous adresser à tel centre, à tel hôpital, à tel professionnel de santé » . Donc ça, c'est une obligation légale, c'est de rediriger. la personne en demande d'une IVG vers un lieu où une personne qui pourra la pratiquer, qui pourra l'accompagner pour ça en tout cas.
- Speaker #1
C'est super et c'est hyper important de le spécifier parce qu'on a des fois des récits assez durs de femmes qui se sont vues appliquer cette clause de conscience, mais de façon moins bienveillante.
- Speaker #0
C'est un retour et on le voit beaucoup. Alors j'ai la chance, je vais vraiment dire la chance, d'avoir des patientes qui viennent de France, mais aussi d'autres pays. Et j'entends vraiment parfois... Bien sûr, ça existe en France, mais aussi dans d'autres pays, notamment l'Italie, avec un taux de clause de conscience qui est très élevé. Je n'ai pas envie de dire de chiffres pour ne pas dire de bêtises, mais je vais en dire quand même parce que je pense qu'on est autour des 70 %, et avec des patients qui se présentent qui n'ont aucun recours et aucune orientation.
- Speaker #1
Effectivement, l'Italie, pour replacer... Je ne vais pas rentrer en détail parce que je n'ai pas exactement les informations, mais je sais que depuis l'élection de Giorgia Meloni, qui est un parti très conservateur... pour ne pas dire plus, en Italie, il y a eu des modifications de la loi sur cette fameuse clause de conscience et qui a fait exploser justement cette clause de conscience et le pourcentage de recours à la clause de conscience, ce qui fait que l'IVG est toujours légale en théorie, mais dans la pratique, ça devient extrêmement compliqué d'y avoir recours.
- Speaker #0
Oui, et puis on pense évidemment à nos... à nos... à nos sœurs, j'ai envie de dire, américaines, qui se voient même ce droit refusé, même sans partir aussi loin, en Pologne, où l'IVG... ... est extrêmement cadrée, si j'ose dire cadrée, voire même interdite, à part dans certains cas, si je ne m'abuse, sur le viol notamment.
- Speaker #1
Oui, sur le viol, l'inceste.
- Speaker #0
L'inceste, exactement.
- Speaker #1
Extrêmement violent depuis l'annulation de l'arrêt Rovers Wade.
- Speaker #0
Oh, waouh.
- Speaker #1
Je re-sisterai en 2022, qui était normalement un arrêt qui permettait justement la légalité de l'avortement. Et les États maintenant ont la responsabilité de décider, État par État, si c'est légal, si ça ne l'est pas et sous quelles conditions.
- Speaker #0
N'oublions jamais que ça n'arrête personne de faire des IVG et que juste le fait d'interdire l'IVG tue les personnes.
- Speaker #1
Pour augmenter les taux de décès et de mortalité.
- Speaker #0
C'est exactement ça.
- Speaker #1
Moi, je viens juste de visionner un documentaire qui a été sorti par France Télé et Lina cette année, il y a quelques semaines, à l'occasion des 50 ans de la loi Veil, justement sur la parole de ces femmes qui ont avorté illégalement. C'était il y a 50 ans, donc elles ne sont pas vieilles. Il n'y a vraiment pas très longtemps, on a tendance à oublier, mais ce n'est pas le Moyen-Âge, c'était il y a 50 ans. Donc, c'était nos mères, nos grands-mères. Effectivement, la mortalité liée à l'IVG était énorme et on l'entend bien dans ce documentaire. Je vous mettrai ces références-là de toute manière en dessous du podcast. C'est hyper important d'écouter ces paroles. Et puisqu'on parle de ça... Juste pour faire un petit point, les États-Unis ont perdu ce droit en 2022, la Pologne en 2020, la Hongrie en 2022. L'Italie, on l'a expliqué, c'est un peu plus complexe, ce n'est pas une interdiction, mais dans les faits, ça devient compliqué d'avorter. Donc, ces droits, on a des grands progrès en Amérique latine, je pense au Mexique, à l'Argentine, l'Irlande, mais on a aussi des reculs dans le monde. Donc, il ne faut pas penser que ces droits sont acquis et qu'il n'y a plus rien à faire. En France, on a eu une avancée l'année dernière sur l'inscription dans la constitution de l'IVG. qui a été une grande bataille de plusieurs partis politiques pendant plusieurs années, avec de grandes navettes, le Sénat refusait, ça repasse à l'Assemblée, etc. Avec une adoption d'un texte qui n'a pas satisfait complètement certains réseaux féministes, puisqu'on est sur une liberté d'avorter qui n'implique pas une obligation de moyens. Mais ça reste quand même une grande avancée. Il faut rappeler que cette inscription de l'IVG à la Constitution a été très largement adoptée par les parlementaires, mais il y a quand même... des parlementaires qui s'y sont opposés. Je vous avais noté le petit détail parce que je pense que c'est important de rappeler que ces sujets-là restent hautement politiques. On a quand même 72 élus qui ont voté contre. Donc sur 780 votes en faveur, effectivement, ça semble peu, mais c'est important de le noter. 38 sénateurs et 12 députés Les Républicains, 11 députés Rassemblement National, 6 députés de l'Union centriste, un sénateur du Rassemblement des démocrates progressistes et indépendants et... une députée de liberté indépendant outre-mer et territoire. Donc on a encore, et puis il y a eu 50 abstentions, donc c'est des gens qui refusent de se prononcer, mais il y a encore des personnes qui ne sont pas super chauds pour que les femmes aient le droit d'avorter en France. Donc c'est important de continuer à se mobiliser, d'autant plus qu'on a ce droit, mais que parfois les moyens en France restent un petit peu compliqués. J'ai lu une étude, et tu me diras toi quel est ton retour de terrain là-dessus. selon laquelle les femmes ont de plus en plus de difficultés à avorter au sein de leur région. La présidente du planning familial parle d'une femme sur quatre. J'ai vu d'autres statistiques à plutôt 11% en fonction des sources. Est-ce que toi dans ton cabinet tu as des femmes, 17% pardon selon l'adresse, j'ai retrouvé la stat, est-ce que toi dans ton cabinet tu as des femmes qui viennent d'ailleurs ?
- Speaker #0
Ce que tu soulignais sur effectivement l'entrée dans la constitution et certains réseaux féministes qui se sont soulevés. C'est qu'effectivement, tu disais, ce n'est pas une obligation de moyens. On n'a pas une obligation à présenter aux femmes une offre de soins assez disponible, assez large pour que n'importe qui puisse accéder à l'IVG. Ça, je le vois tous les jours. Je le vois tous les jours avec... Alors, moi, je suis dans le 75, donc sur Paris. Et je pense... Je fais environ 300 IVG par an. Et sur les 300 IVG que je réalise par an, je dois avoir au moins la moitié des patientes. Et quand je dis la moitié... J'ai pas fait mes stats, mais sur un ressenti, j'irais même jusqu'à dire peut-être 75% des patientes qui ne viennent pas de Paris et en tout, je dois avoir 25% des patientes qui ne viennent pas d'Ile-de-France. C'est-à-dire que j'ai des patientes qui viennent en train, en TER, de loin pour venir parce qu'elles n'ont pas trouvé. Alors effectivement, moi j'ai des créneaux d'IVG tous les jours, je propose une offre de soins quand même assez importante. C'est rare que cette offre ne soit pas remplie par des patientes qui sont de vendeuses et pas que sur Paris, comme je te le disais. Vraiment, il y a une difficulté d'accès, il y a une population qui n'est pas forcément véhiculée, qui n'a pas forcément accès aux hôpitaux et autres, et même les hôpitaux, en fait, ils sont surchargés, ils sont saturés, il n'y a pas assez de professionnels de santé pour pouvoir accueillir la demande. Et donc, du coup, c'est pour ça aussi qu'on a autorisé les sages-femmes, mais aussi les praticiens de ville. pratiquer l'IVG jusqu'à 9 semaines parce qu'il n'y a pas assez de personnel médical pour recevoir tout le monde. Donc non, moi je le vois tous les jours et vraiment sans parler des patientes qui viennent de l'étranger, même juste en France. 75% qui vient de Paris. Oui,
- Speaker #1
moi, j'avais dans ce rapport de l'adresse, il parlait qu'il y avait de grands déserts médicaux. Il parlait notamment en Ardèche, 48% des femmes doivent changer de département. Donc, il y a des grandes disparités régionales. En fonction d'où tu vis, tu n'as pas accès à l'IVG de la même manière. Manque de rendez-vous dans les légaux, dans les établissements publics. On en a parlé. Le service public de santé, c'est extrêmement compliqué actuellement et ça se détériore d'année en année. Et puis, le planning familial affirme qu'ils ont dû fermer 130 centres d'IVG en 15 ans par manque de moyens.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Ce qui était quand même une ressource énorme pour les femmes.
- Speaker #0
Ça ne rapporte pas de faire de l'IVG. Parce qu'effectivement, on est coté au forfait. Mais en fait, au forfait, on a jusqu'à quatre consultations dans ce forfait-là. Et effectivement, quand tu regardes un petit peu les chiffres, on perd, je mets des guillemets, mais on perd de l'argent à proposer ce service-là. Je parle pour les libéraux. Mais je pense que la gestion économique d'un hôpital, ce n'est pas exactement la même, mais on revient au même. Finalement, on doit payer quand même des professionnels de santé. Et il n'y a pas de retour sur investissement, si j'ose dire. C'est dramatique, mais c'est un petit peu comme ça.
- Speaker #1
Ça devient le temps de la vision santé.
- Speaker #0
C'est comme ça qu'ils y réfléchissent. Il n'y a pas de retour sur investissement. Donc, du coup, ça n'intéresse pas, on va dire, finalement, les pouvoirs publics. Donc, oui, les libéraux, on propose des IVG. Parfois, ça... ça ne remplit pas nos poches, donc du coup, il y en a moins qui le proposent. C'est dramatique, mais c'est un état de fait. Donc, c'est comme ça qu'on réfléchit. Et donc, du coup, si ça ne rapporte pas, il y a moins de personnes qui le font. Et donc, du coup, les personnes, les femmes n'ont pas accès à ce droit fondamental.
- Speaker #1
Et d'un point de vue très pratico-pratique, à l'époque où on s'est connus, je ne sais pas si c'est encore le cas actuellement, il y avait aussi une problématique d'apparitionnement de médicaments. qui était une conséquence directe de ce qui se passait aux Etats-Unis, il me semble. C'est l'époque où ils ont restreint l'avortement aux Etats-Unis. Et du coup, les producteurs de ces médicaments étaient américains. Exactement. Donc, on a eu une baisse d'approvisionnement en France.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Mais qu'on a récupéré parce que l'Italie a restreint l'IVG. Et donc, du coup, on a récupéré des pilules d'abortif de l'Italie.
- Speaker #0
Je me suis retrouvée avec des explications dans les boîtes de médicaments en italien parce que j'ai récupéré effectivement... Un médicament sur deux venait d'Italie. Un médicament sur deux venait d'Italie, donc on avait des explications rajoutées en français avec cette fameuse notice d'utilisation qui avait été rajoutée, mais la moitié de mes médicaments venaient d'Italie. Là maintenant j'ai l'impression que ça s'est calmé. Après comme je fais des commandes, on va dire en gros pour t'inspirer, mais c'est un état de fait et quand, sans parler de bord politique, mais quand c'est de certains bords politiques... menacé d'arriver au pouvoir et menacé de limiter l'IVG. J'avais même fait des commandes en gros, quand je dis en gros, c'est en grande quantité, pour pouvoir mettre de côté au cas où ça venait à limiter mon accès aux médicaments. Tout à fait.
- Speaker #1
Puisque cette molécule-là n'est pas fabriquée en France, il y a certains médicaments qu'on fabrique sur le territoire parce qu'on estime que c'est des priorités absolues de pouvoir se fournir quoi qu'il arrive au niveau médical. Cette pellule-là n'en fait pas partie.
- Speaker #0
Voilà.
- Speaker #1
Non mais c'est juste pour noter des trucs.
- Speaker #0
C'est un état de fait. Et puis, précisons aussi quelque chose, c'est que les autorisations de dépassement d'honoraires ne s'appliquent pas normalement sur ces médicaments-là. On en reparlera tout à l'heure un petit peu de comment va se dérouler une IVG, aussi d'un point de vue pratico-pratique mais économique. Mais normalement, la pharmacie qui délivre des médicaments aux professionnels de santé, ce n'est pas un médicament qui est accessible à tout le monde, n'a pas le droit de faire de dépassement d'honoraires sur ces médicaments-là. pour que ça soit encore une fois accessible au plus grand nombre. C'est plus ou moins respecté ça, c'est encore un autre débat, mais malheureusement, mais effectivement, encore une fois, c'est une question de monnaie, donc il n'y a pas forcément d'intérêt à faire un médicament si on va...
- Speaker #1
Si on ne fait pas de marge au final.
- Speaker #0
Parce qu'elle a brûlé des grosses parts. Tout le monde, voilà, c'est ça, on est comme on est sur du privé. Ça part bientôt quoi. Exactement, exactement. Et du coup, au détriment des personnes qui abortent.
- Speaker #1
Et donc, pour revenir là-dessus, pour rappeler un petit peu de comment ça se passe au niveau pratique, parce que je pense que c'est important et que c'est un grand moment de détresse quand on se rend compte qu'on est enceinte et qu'on ne veut pas l'être.
- Speaker #0
C'est ça, et surtout qu'il y a eu pas mal de changements ces dernières années, notamment sur le délai de réflexion, des choses comme ça, que tout le monde n'est pas au courant. Et j'ai envie de dire, même certains professionnels de santé ne sont pas au courant. Donc j'espère que ça va être entendu, pas que par les patientes, mais aussi par les personnes qui ont besoin parfois d'une petite mise à jour. En gros, l'IVG, en France, est autorisé jusqu'à 16 semaines d'aménorée. Si on veut repartir au terme. Oui, explique-moi. L'aménorée,
- Speaker #1
c'est une galère.
- Speaker #0
L'aménorée, c'est une galère.
- Speaker #1
Ça ne parle qu'aux sages-femmes et aux jeunes.
- Speaker #0
Et voilà. En gros, les semaines d'aménorrhées, c'est les semaines sans règles. Je mets des énormes guillemets sur « semaines sans règles » parce qu'encore faudrait-il que tout le monde ait ses règles tous les 20 jours. Les facteurs,
- Speaker #1
c'est les femmes qui ont le SOPK, les femmes de verre polycystique qui n'ont pas des cycles réguliers, etc.
- Speaker #0
Toutes les pathologies qui font qu'on n'a pas forcément des cycles réguliers sur les personnes qui ont des grossesses sous pilule, par exemple.
- Speaker #1
Exactement, périménopause,
- Speaker #0
ou ça commence à déconner. Postpartum, plein de choses. Bref, en gros, les semaines d'aménorrhées, c'est censé être les semaines sans règles. Donc, si vous voulez un petit peu comprendre... vous rajoutez deux semaines aux semaines de grossesse.
- Speaker #1
C'est le moment d'ovulation. Dans les 28 jours, le cycle parfait n'existe peu.
- Speaker #0
Partant du postulat que vous allez ovuler deux semaines après le premier jour de vos règles, on va parler en semaine d'aménorée en comptant la grossesse à partir du premier jour de vos dernières règles. Donc, ça nous fait 16 semaines d'aménorée. Et si on réfléchit, c'est plutôt 14 semaines de grossesse autorisées en France. Deux possibilités. Après, vous avez le droit d'avoir votre IVG par médicament. une prise de médicamenteuse que je développerai plus tard et l'aspiration. La voie chirurgicale, c'est là où on a le droit d'aller jusqu'à 16 semaines d'aménorée. Les médicaments, on va réduire ce délai jusqu'à 9 semaines d'aménorée, donc 7 semaines de grossesse. Donc ces deux possibilités-là s'offrent à vous pour l'IVG. Je vais plutôt parler en premier des médicaments. Qui est toi,
- Speaker #1
là toi où tu interviens.
- Speaker #0
Où j'interviens, que je peux réaliser. en ville, mais qui est aussi faisable à l'hôpital, si des personnes préfèrent aller à l'hôpital parce qu'elles se sentent plus en sécurité. Et ensuite, je vous parlerai de l'aspiration. Donc le premier, l'IVG par médicament. L'IVG par médicament, c'est un IVG qu'on peut réaliser à la maison, qui va consister en la prise de deux comprimés, la mifégine et le misoprostol. Donc la mifepristone et le misoprostol. La mifepristone, c'est un médicament qui va permettre d'arrêter la grossesse, de ramollir le col, où il ne va pas forcément y avoir beaucoup de ressenti autour de tout ça, peut-être un petit peu de fatigue, parfois un petit peu de sainement. Et dans les 36-48 heures, aux Etats-Unis, ils le font même au bout de 24 heures, donc ça va vraiment dépendre des protocoles, on va prendre un second médicament qui va s'appeler le misoprostol, et ce misoprostol va mimer l'effet d'une fausse couche. Le but, c'est de donner des contractions ultérines. pour pouvoir décoller un petit peu l'intégralité de ce qui peut se trouver dans votre utérus et avec les contractions, permettre l'évacuation. Ça va provoquer des contractions, potentiellement des douleurs qu'on va accompagner avec des antidouleurs, au mieux. Et ensuite, des saignements qui vont être assez abondants pendant les 24, 46, 48 premières heures. Puis ensuite, qui vont durer environ deux semaines. Tout ça, ça fait beaucoup d'informations. Bien sûr, on est censé vous réexpliquer toutes les étapes pendant le rendez-vous. Pendant le rendez-vous, je vais vous parler un peu des rendez-vous. Généralement, il y en a plusieurs. Vous allez vous présenter la première fois chez un professionnel de santé, quel qu'il soit, encore une fois, sage-femme, médecin, où vous allez formuler votre demande. Et là, plusieurs possibilités. Soit la personne peut recevoir la demande, faire l'échographie, vous faire faire des prises de soins un petit peu, tout en une fois, ou pas. Donc ce premier rendez-vous, on appelle ça le rendez-vous pré-IVG. Donc du coup, pendant le rendez-vous pré-IVG, on va vous demander de faire une prise de sang et une échographie. La prise de sang, elle va pouvoir déterminer le taux de BTHCG, donc l'hormone de grossesse. Généralement, on fait une numération formule sanguine pour vérifier si vous n'êtes pas anémié. Et enfin, le groupe sanguin. En deuxième, on va vous faire une échographie. L'échographie, ce n'est pas pour vous faire écouter quoi que ce soit. D'y vous montrer quoi que ce soit, je le précise, parce qu'il y en a malheureusement qui l'obligent, les patients et les patientes, à faire ça. Non.
- Speaker #1
C'est donc ça que je te demande, parce que quand on fait l'échographie, on peut avoir l'appréhension que le praticien veuille nous faire traverser ça ? Oui, alors qu'il y a une raison médicale.
- Speaker #0
Il y a une raison médicale. L'échographie, elle va permettre quoi ? Elle va permettre de dater la grossesse en fonction du calcul du sac ou de l'embryon qu'on peut voir. Et on va aussi vérifier si la grossesse est bien à l'intérieur de l'utérus. Il existe des grossesses extra-utérines qui se trouvent en dehors de l'utérus. Ce sont des urgences. Et qui sont pour le coup des urgences absolues. à vous envoyer tout de suite aux urgences pour avoir une prise en charge rapide. Donc on va vous demander de faire une échographie, non pas pour vous mettre une pression ou quoi que ce soit, mais juste pour s'assurer de votre état de santé. Et de votre sécurité. Et de votre sécurité, exactement, pour pouvoir vous adresser là où ça va être nécessaire. Donc une fois que ce rendez-vous pré-IVG avec les premières explications, la prise de sang et l'échographie sont faites, vous allez consulter le ou la praticien qui va vous donner les médicaments. Là, pendant ce rendez-vous-là, on récupère un petit peu toutes les informations médicales que vous nous apportez, et on vous explique tout. On doit tout vous expliquer, on doit vous expliquer quand est-ce que vous prenez les médicaments, comment est-ce que ça va agir sur votre corps, qu'est-ce que vous allez ressentir, au mieux en tout cas, et... et vous planifiez potentiellement une visite de contrôle qui se fait deux, trois semaines plus tard, avec une prise de sang, plus ou moins une échographie en fonction de la situation, pour s'assurer que vous allez bien. On va parler aussi contraception, parce que la grossesse, une nouvelle grossesse peut survenir finalement très très tôt, dans le mois qui suit l'IVG, le retour du cycle est très rapide, et s'assurer aussi que vous allez bien. C'est-à-dire que l'IVG, ce n'est pas forcément un moment qui doit être affreux et mal vécu pour tout le monde. Il y en a qui le vivent très bien, et tant mieux. Il y en a qui le vivent moins bien, et nous, on est aussi là pour recueillir cette parole-là et pour pouvoir vous aider à traverser une épreuve qui peut être lourde pour vous.
- Speaker #1
Et justement, tu parles de ce rendez-vous de contrôle.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Est-ce qu'il est dans le protocole de base ou est-ce que c'est toi qui le pratiques ?
- Speaker #0
Non. Dans le forfait dont je parlais tout à l'heure, le rendez-vous de contrôle est inclus. Ok. Donc, vous devez, en tout cas, vous devez avoir la possibilité de demander ce rendez-vous de contrôle. Et on ne peut pas vous le refuser. Moi, je demande juste à mes patientes de faire une prise de sang en amont pour pouvoir les accueillir. Moi, je suis échographiste aussi, donc j'ai mon appareil d'échographie qui permet de faire des échographies si nécessaire. Mais je demande aux patientes de faire une prise de sang pour pouvoir les accueillir dans les meilleures conditions possibles. Mais toute personne qui me demande un rendez-vous post-IVG sera accueillie, évidemment, avec grand plaisir.
- Speaker #1
Et on parlait de la douleur tout à l'heure. Oui. Tu parlais que toi, tu prescrivais des antidouleurs.
- Speaker #0
Tout à fait.
- Speaker #1
Est-ce que c'est parti du protocole ou est-ce que c'est à la discrétion du médecin ? Je te vois sourire. Parce que je pense que c'est un vrai sujet.
- Speaker #0
C'est un vrai sujet. En fait, c'est à peu près la même chose. Je ne vais pas comparer d'un point de vue psychologique. Je vais comparer d'un point de vue purement physio. C'est comparable à une fausse couche. C'est-à-dire que vous allez contracter. Alors, ce n'est pas un accouchement, bien sûr. Mais vous allez avoir des douleurs de contraction utérine. Donc, moi, j'avoue que quand on m'a expliqué un petit peu le protocole dans ma formation avec le REVO dont je parlais tout à l'heure, on m'a dit qu'il faut aider ces personnes à traverser avec des antidouleurs. Après, j'ai eu le retour de mes patients et de mes patientes qui me disaient que ça n'a pas forcément été le cas la dernière fois. Et donc, qui se sont trouvés avec des douleurs plus ou moins bien vécues, parfois généralement assez intenses. Sans antalgiques, vous êtes en droit de demander des antalgiques. Vous n'avez pas à avoir mal. Je ne vais pas vous dire que ça va être une promenade de santé. On est d'accord. Vous allez avoir des règles qui peuvent être assez douloureuses. C'est ça que vous allez ressentir. Mais vous n'avez pas à rester en boule dans votre salle de bain sur le carrelage à dire « je vais mourir » parce que j'ai certaines patientes qui me parlent de ça.
- Speaker #1
Je te pose cette question-là et je voulais qu'on le dise justement parce que j'ai eu beaucoup de retours d'amis. ont vécu des trucs horribles à se vider de leur sang sur le carréage de la salle de bain en douleur, qui n'avaient aucune explication sur ce qui allait se passer, et qui n'ont eu aucun antidouleur pour gérer les contractions éthérines. Donc je pense que c'est important de dire qu'on peut le demander.
- Speaker #0
Et en fait, le rapport patient-patiente-professionnel de santé, au bout d'un moment, ce n'est plus un rapport de force. Il faut vraiment l'entendre, ça en tout cas, je pense qu'on doit le considérer comme ça. Vous êtes en demande. d'une aide médicale. Nous ne sommes pas tout puissants, nous ne sommes pas des monstres, en tout cas, on essaye au maximum d'être à l'écoute, et il n'est pas question de vous laisser avec une angoisse. C'est-à-dire que si vous avez une peur, une douleur, une réaction, parlez-en, parlez-en, et si jamais le professionnel ne vous entend pas, changez-en, s'il vous plaît ! En face de vous, vous avez des gens qui doivent entendre le fait que vous ayez peur, qui doivent entendre le fait que... vous allez avoir mal et qui doivent vous accompagner de façon la plus concrète possible. Donc vraiment, si on vous parle de douleurs potentielles et qu'on ne vous donne pas d'antidouleurs, demandez-en, s'il vous plaît. Prenez soin de vous, c'est important.
- Speaker #1
Amen. Non, mais il faut le rappeler.
- Speaker #0
Non, mais il faut le souligner. Et puis pareil, les saignements. Oui, effectivement, tu parlais de copines qui se vidaient de leur sang dans la salle de bain. Malheureusement, vous allez saigner. Oui. Il faut que vous saigniez.
- Speaker #1
Il faut le savoir.
- Speaker #0
Il faut le savoir qu'on va saigner.
- Speaker #1
Parce qu'on peut s'attendre à des grosses règles.
- Speaker #0
Ce que je donne à mes patientes comme limite de saignement, c'est si vous dépassez 4 serviettes en 2 heures pendant les 48 premières heures. Ça nous fait quand même une serviette qui prend pas mal de mire. C'est énorme. Il faut savoir que ça peut saigner beaucoup, mais que ça doit s'arrêter. Pas de saigner, mais que ça doit s'arrêter. C'est gros saignement. Et surtout, vous allez saigner en caillot. C'est ça qui est très désagréable. C'est que... J'ai des patients qui me disent que j'ai l'impression d'avoir senti la grossesse passer. En fonction du terme auquel vous êtes, vous n'allez pas forcément sentir grand-chose parce que la grossesse parfois fait juste quelques millimètres. Par contre, vous pouvez sentir des caillots de sang.
- Speaker #1
Oui, c'est l'endomètre qui…
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Je pense que les femmes qui ont des règlements ragiques vont pouvoir identifier ça aussi, ces gros caillots qui s'évacuent d'endomètre.
- Speaker #0
Exactement. Et donc du coup, on a vraiment ce sang coagulé qui passe à travers le col. Ce n'est pas forcément un moment sympa. Donc effectivement, il faut entendre qu'il ne faut pas saigner trop. Il faut entendre qu'il ne faut pas avoir trop mal. Trop mal, c'est urgence. Si un aliment est trop important, c'est urgence. Urgence gynécologique, si vous pouvez, pour avoir accès à des médecins, des sages-femmes, des gens formés aux pathologies de l'utérus, entre guillemets. Et puis, il ne faut pas avoir trop de fièvre aussi. Des infections, ça existe dans le cadre des IVG. Une fièvre qui dure trop longtemps, j'entends 12 heures de fièvre, allez aux urgences. Les urgences, alors effectivement, je pense qu'il faut aller aux urgences dans des cas précis. Mais là, ce sont des cas qui nécessitent une consultation d'urgence. Tout à fait.
- Speaker #1
Et j'ai une question très pratico-pratique et sûrement très naïve, et je n'ai pas l'info, tu vois. Les arrêts de travail. Parce que quand tu décris ça, tu te dis, j'imagine, difficilement aller faire ma petite réunion à 9h30 du matin. Oui,
- Speaker #0
oui, oui.
- Speaker #1
Quelle est la consigne que vous avez des pros de santé par rapport à ça ?
- Speaker #0
Alors, je vais parler en tant que sage-femme. Nous, on a des autorisations, tu sais, qui sont assez limitées dans notre pratique. Notre autorisation sur les arrêts de travail... pour IVG, c'est 4 jours renouvelables une fois.
- Speaker #1
Sachant que toi, premier jour, c'est pour ta pomme parce que tu as un délai de 40 ans. Exactement.
- Speaker #0
Il faut souligner ça. En plus, on fait des arrêts de travail. Il y en a qui disent c'est un arrêt de confort. Ça, ça m'éclate. Les arrêts de confort, oui, vous n'êtes pas payés et vous restez chez vous avec des contractions et des prises agréables.
- Speaker #1
C'est vraiment confort.
- Speaker #0
Nous, on a cette autorisation-là. Je pense que les médecins... qui ont beaucoup plus d'autorisation sur les arrêts de travail longs aussi, évidemment, on a le droit de prescrire un arrêt pareil. Demandez-le. J'ai des patientes, beaucoup, qui me demandent un report de la prise de médicaments pour que ça corresponde à leur week-end. C'est complètement OK aussi. Chacun fait...
- Speaker #1
Dans les délais,
- Speaker #0
il n'y a pas de... Exactement. Chacun fait strictement ce qu'il veut. N'hésitez pas à demander, même à posteriori. Moi, ça m'arrive d'avoir des patientes qui me passent un petit coup de fil et qui me disaient, en fait, finalement, je vais peut-être prendre aujourd'hui. Peut-être demain, je dis oui, bien sûr, on s'envoie, on arrête le travail, on s'organise. Mais il faut que vous preniez soin de vous, parce que finalement, votre santé, ça compte. Il n'y a pas que le travail dans la vie. C'est très simple à dire, parfois très difficile à faire, j'en ai bien conscience, mais vraiment, prenez soin de vous dans des moments comme ça. Ne jouez pas aux warriors, c'est déjà warrior de passer à travers tout ça.
- Speaker #1
Mais encore faut-il que le pro de santé puisse sensibiliser à ce qui va se passer. Et qu'on sache ce qui va se passer.
- Speaker #0
Et c'est pour ça qu'on en parle aujourd'hui.
- Speaker #1
Les parents prennent le cachet, on va bosser.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Parce que là, ça peut être très très mal vécu.
- Speaker #0
Et ça peut être affreux parce qu'il y a un autre truc aussi que je voudrais souligner, c'est que tout le monde n'a pas la chance d'être dans un couple stable, avec des parents très compréhensifs et avec un cercle d'amis qui soutient. Si on peut en avoir un de ces trois, ce serait super top. d'avoir accès à avoir quelqu'un à côté de soi qui peut être là en back-up, en soutien, pour dire « en fait, je suis là et puis on va passer à travers ce moment ensemble » . Ça peut être n'importe qui, on s'en fiche. Ça peut être sa petite soeur, sa grand-frère, son grand-frère, sa grande-soeur, des amis, son mec ou sa meuf. Bref, il faut avoir quelqu'un avec soi. C'est mieux. Si on ne peut pas et qu'on a peur de le faire seul, en fait, on va à l'hôpital. Parce qu'à l'hôpital aussi, on peut faire le médicament, on n'en a pas parlé, mais l'hôpital propose. peut-être pas beaucoup de place, encore une fois, mais peu proposées, d'avoir une prise du second comprimé dans leur loco avec des infirmiers, des infirmières, des médecins qui sont là pour soutenir et pour pouvoir accompagner à travers la douleur, mais aussi à travers l'aspect psychologique, le présent physique.
- Speaker #1
C'est hyper important. Tu as parlé, je ne savais pas. Pourtant, je travaille dans le secteur.
- Speaker #0
On est là pour ça.
- Speaker #1
C'était trop intéressant. Pareil, il y a cette question de, est-ce que plus tu retardes la prise des médicaments dans ta grossesse, Est-ce que plus les contractions vont être intenses ?
- Speaker #0
Les contractions, je vais botter en touche. Pourquoi je vais botter en touche ? Parce que j'avais des idées très définies là-dessus à la base. Et j'ai des patients qui m'ont complètement parlé d'autre chose.
- Speaker #1
Je te demande parce que du coup, moi si je devais avoir recours à l'IVG, est-ce que je me pose la question d'aller plutôt faire par aspiration ou par comprimé ? Parce que je me dis, là je suis à 9 semaines, donc ça va être plus douloureux.
- Speaker #0
Alors ouais, en gros, je vais botter en touche sur la douleur. Après,
- Speaker #1
c'est vrai que la douleur est très personnelle. Voilà,
- Speaker #0
la douleur est très personnelle, c'est-à-dire que j'ai des patientes qui ont une endométriose qui est cognée, par exemple, qui ont fait des IVG à 8 semaines d'améliorée et 3 jours et qui sont revenues au cab en disant « non, franchement, ça va » . Oui,
- Speaker #1
par rapport à l'endo, c'est pas mal.
- Speaker #0
Par rapport à l'endo, on est pas mal. Et puis j'ai des patientes qui sont revenues en disant « mais c'était un grand moment d'horreur » . Donc vraiment, je pense qu'il faut… Il faut savoir écouter son corps et savoir un petit peu ressentir ce qu'on... ce qu'on a dans les tripes, tu vois là-dessus, sur la douleur. On donne deux fois plus de comprimés passé sept semaines d'aménorée pour aider l'utérus à bien se contracter et donc du coup pouvoir plus finalement évacuer ce qu'on a besoin d'évacuer. Là où je propose plus facilement peut-être un recours à l'IVG chirurgical pour des patientes, c'est vraiment passer sept semaines, entre sept et neuf semaines d'aménorée en première partie. Donc avant cette semaine d'aménorée, on est plutôt sur un sac gestationnel ou vraiment un embryon qui va faire quelques millimètres. Ça se développe très vite entre 7 et 9. Et comme ça se développe très vite entre 7 et 9, les ressentis et potentiellement ce qu'on peut voir... Le visuel, c'est ce que j'ai dit. Exactement. Ce qu'on peut voir, ce n'est pas la même chose. Alors n'allez pas sur les sites, surtout anti-IVG, pour regarder ce qu'on va voir.
- Speaker #1
Oui, alors ça c'est un sujet dont on va parler un petit peu. Oui, je pense qu'il va être mignon. Ça s'appelle le délit d'entrave. Il y a des sites... et des militants qui s'appellent des militants pro-vie qui n'ont rien à voir avec pro-vie c'est des militants anti-droit des femmes disposés de leur corps qui ont des moyens économiques démesurés énormes c'est absolument incroyable énormes au point de financer des campagnes sur tous les Vélib de Paris d'avoir des sites internet qui ont l'air de sites officiels et qui sont extrêmement bien référencés sur Google qui donnent de fausses informations Des numéros d'écoute qui ne sont pas des vrais numéros d'écoute et qui dissuadent les femmes d'avorter en inventant des bébés complètement en vie à trois semaines de grossesse, etc. pour culpabiliser les femmes. Donc attention d'où vous prenez vos informations sur Internet. Je mettrai des références en lien.
- Speaker #0
C'est ce que j'ai étonné. Tu peux le faire.
- Speaker #1
Voilà, de site officiel. Il faut rappeler que ça s'appelle un délit d'entrave pour une raison, c'est-à-dire que c'est puni par la loi. que ce soit des fausses informations ou d'empêcher des gens d'accéder à l'IVG. Là, en Italie, je crois qu'ils ont autorisé le fait qu'il y ait des militants pro-vie dans les centres d'avortement pour dissuader les femmes. Donc, c'est quand même un délire. Ils viennent de passer une étape en Italie. Le délit d'entrave, c'est deux ans de prison et 30 000 euros d'amende en France. Donc, c'est quelque chose de grave, mais qui, malheureusement, continue à sévir et c'est un enfer. Donc, effectivement, n'allez pas regarder les informations n'importe où parce que vous n'allez pas avoir des choses choquantes qui vont potentiellement vous traumatiser. Et c'est un choix qui ne reste que le vôtre. Donc, restez sur des informations fiables auprès de pros de santé. Et c'est bien pour ça qu'on fait ce podcast aussi. Sans tabou, on dit exactement ce que vous allez voir, ce que vous allez ressentir. On parle vraiment concrètement pour que vous n'ayez pas à aller chercher ces informations par ailleurs. Évidemment, éduquez-vous, allez voir d'autres choses si vous êtes curieuse, mais de sources fiables, s'il vous plaît.
- Speaker #0
Super, c'est hyper important. On s'imagine d'avoir quelque chose hyper formé, une tête de bras de jambe à cinq semaines d'aménorée. Non, non, non. Vous évacuez l'endomètre et des caillots. Exactement. Et si vous voyez un sac, vous voyez un petit peu du blanc d'œuf coagulé avec des petits caillots et des petits vaisseaux à l'intérieur. C'est fou. Entre 7 et 9, là par contre, il se peut que vous voyez quelque chose d'un peu plus dessiné peut-être. C'est là où l'embryon, on en est là encore, se développe beaucoup plus rapidement. Et là, ça va être à votre discrétion, à la manière... que vous avez de voir les choses. C'est pour ça qu'il ne faut pas hésiter non plus. On a l'impression que c'est affreux, l'aspiration. Non, c'est bien fait maintenant. Ça se passe comment,
- Speaker #1
en fait ?
- Speaker #0
Ça se passe comment ?
- Speaker #1
Tu dis aspiration, on a l'impression que tu viens avec un Dyson. Oui, on est sur le militaire, mais hyper choquant.
- Speaker #0
Hyper impressionnant. Et en plus, ça se fait à l'hôpital. Et l'hôpital, ça fait toujours un petit peu peur. Ces grands couloirs blancs, aseptisés, avec tous ces gens en blouse, ça peut être très impressionnant. Généralement, sachez que vous allez aller dans un lieu dédié à l'IVG, c'est à dire que vous allez aller dans un lieu où l'IVG est plus qu'accepté puisque c'est un peu notre notre boulot on va avoir deux rendez-vous, un premier rendez-vous si vous l'avez si vous l'avez fait à l'extérieur vous aurez quand même un premier rendez-vous à l'hôpital où on va tout vous expliquer possibilité de faire une prise de sang, possibilité de faire une échographie et on va vous expliquer toute la procédure comment ça va se passer et on va planifier le rendez-vous le rendez-vous pour l'aspiration. L'aspiration qui peut être faite soit sous anesthésie locale, soit sous anesthésie générale. Encore une fois, en fonction de votre terme, mais aussi de votre ressenti et surtout de votre ressenti. Et on va procéder à l'IVG chirurgicale dans ce deuxième rendez-vous. Ce deuxième rendez-vous se passe à l'hôpital, vous êtes convoqué, on va dépendre des protocoles, vers 8-9 heures du matin. On vous fait une perfusion. On vous explique un petit peu comment ça va se passer. On est parti au bloc. Au bloc opératoire. Alors, bloc opératoire, pareil, on n'est pas dans Grey's Anatomy. Imaginez pas un truc énorme, ce qu'on appelle des salles blanches, les petites salles où il n'y a pas beaucoup de professionnels, généralement anesthésistes, si vous êtes sous anesthésie générale, voire même juste entre nous, infirmières, sages-femmes, médecins, si vous voulez faire sous anesthésie locale. local, on va vous faire des petites piqueurs un petit peu comme le dentiste dans le col, ok ? Et en général, on vous fait faire dodo, on vous installe en position gynécologique et en fait on va passer une sonde dans votre col. On va essayer de dilater, vous ouvrir un petit peu et on va passer une sonde, une sonde qui va être une sonde d'aspiration, donc imaginez un long tuyau fin qu'on passe dans le col. Il n'y a pas d'ouverture, on ne vous ouvre pas, le but c'est juste de passer à travers le col et de venir aspirer l'intégralité du contenu utérin.
- Speaker #1
Et le tuyau, pour donner une idée, ce n'est pas 3 cm.
- Speaker #0
Imaginez votre petit doigt, peut-être un peu plus large. Ça va dépendre du terme auquel vous êtes. Je ne vais pas parler des 14-16 semaines d'aménorrhée qui sont pour le coup beaucoup plus loin. Mais on va avoir un tuyau qui va être... n'imaginez pas un tronc d'arbre. Oui,
- Speaker #1
mais c'est pour ça que je...
- Speaker #0
Oui, bien sûr,
- Speaker #1
c'est clair. Tant qu'à faire, autant répondre à toutes les questions.
- Speaker #0
Exactement. Encore une fois, ça va dépendre du col et de ce qu'on a vu à l'échographie pour pouvoir aspirer sans rien laisser à l'intérieur. 99 % d'efficacité quand même l'aspiration.
- Speaker #1
Ça me fait penser, avant que l'IVG soit légale, il me semble que ça a été développé, cette technique-là, avec les pompes à vélo, non ?
- Speaker #0
Les pompes à vélo, il y en a qui allaient chercher au Cintre. bien sûr, pour passer à travers l'école, on connaissait, mais on n'entend pas parler de ça comme si c'était c'est un peu un mythe, mais ce n'était pas un mythe, c'était vraiment...
- Speaker #1
Non et du coup la pompe à vélo était la révolution parce qu'il y avait beaucoup moins de risques d'aller au centre.
- Speaker #0
Voilà, mais donc imaginez vraiment, alors imaginez une aspiration comme quelque chose qui va vider votre utérus, donc on va bien aller chercher un petit peu tout ce qu'il y a pour faire en sorte que vous ne saignez plus par rapport à l'IVG médicamenteuse. Il y a beaucoup moins de saignement après. Oui. Il y a beaucoup moins de saignement une fois que vous savez...
- Speaker #1
Puisque c'est téléployé.
- Speaker #0
Exactement. Une fois que c'est terminé, on vous remet dans une chambre. On est rentrés, on se rappelle, vers 8, 9 heures. Oui. Vous allez sortir vers 15 heures environ. Donc,
- Speaker #1
t'es en ambulatoire, tu rentres chez toi le jour ? Oui,
- Speaker #0
tu rentres chez toi et puis en fait, t'es tranquille. En tout cas, si t'es bien accompagnée ou que tu te sens bien à l'aise, oui, tu peux potentiellement aller retourner travailler le lendemain. Au niveau de l'heure, du coup,
- Speaker #1
t'as pas les contractions ? Non.
- Speaker #0
T'en as quand même un petit peu, mais généralement, elle passe par acétamol. Nous, on va plutôt donner par acétamol en TADIS, des INS, si tu n'es pas allergique, pour que tu puisses retourner à ta vie normale beaucoup plus rapidement. Et puis les saignements, on est plus sur des spottings, sur des failles d'aigle que sur des grosses...
- Speaker #1
L'endomètre a été pris par l'acétamol.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Donc, tu as le col qui peut un petit peu...
- Speaker #0
Alors, tu as le col qui peut saignoter. Puis après, dans tous les cas, pareil, l'endomètre, on a essayé de récupérer au maximum... Il peut y avoir des petits saignements, c'est pour ça qu'on peut avoir des petits saignements, mais qui n'ont rien à voir avec l'IVG par médicament.
- Speaker #1
D'accord. Et tu as pareil, rendez-vous de contrôle, etc. de la même manière ? Ou vu que c'est l'hôpital, du coup...
- Speaker #0
Le contrôle, il est fait tout de suite.
- Speaker #1
Oui, du coup, tu as peut-être un peu moins de suivi humain et médical.
- Speaker #0
Ou l'on voit en vie, on voit les patients en ville, pour qu'il n'y ait pas de reprise de la contraception. Si vous posez un stérilet, on peut le poser d'ailleurs pendant l'aspiration.
- Speaker #1
Trop bien.
- Speaker #0
Donc ça c'est super.
- Speaker #1
Tu es anesthésié, tu n'as pas de pratique de te... Après je sais qu'il y a des gens qui posent merveilleusement des stérilets, j'ai vu des patients sortir de ton cabinet avec le sourire, j'étais hallucinée. Mais moi qui ai eu un stérilet, je sais que les pauses peuvent être extrêmement douloureuses en fonction des praticiens, donc c'est quand même chouette de se dire que ça peut être fait.
- Speaker #0
Oui ça peut être fait en même temps, et puis dans tous les cas, ils essayent au maximum aussi de mettre une contraception en place. Mais manque de temps, manque de moyens, manque de personnel, donc du coup les... rendez-vous de contrôle peuvent pas forcément être faits à l'hôpital. Ils font dans tous les cas une échographie post intervention pour vérifier qu'il n'y a plus rien. Et puis pour des rendez-vous de contrôle parfois ils nous réadressent les patients en ville pour qu'on puisse faire la suite et la reprise de la vie gynécologique.
- Speaker #1
Oui. Tu parlais de t'être accompagnée tout à l'heure. Je me demandais quand tu as des gens qui viennent faire les rendez-vous avec toi, quel pourcentage des personnes qui sont accompagnées par leur conjoint ?
- Speaker #0
J'ai quand même pas mal de gens. Je dois avoir une personne sur deux qui est accompagnée, pas forcément conjoint, amie, sœur. C'est généralement ça, il ne faut pas se mentir.
- Speaker #1
C'est la question d'entendre. À quel point est-ce que les hommes, parce que quand c'est des grossesses, forcément, il y a un sphératozoïde qui vient de quelque part. À quel point est-ce qu'ils sont impliqués dans tout ça ? Parce qu'effectivement, le corps de la femme est celui qui fait ça. Mais est-ce qu'il y a un soutien ? Et est-ce que toi, tu as vu des bonnes pratiques ? d'accompagnement qui pourrait inspirer des demandes de la part des femmes qui écoutent j'entends bien qu'il y a des hommes qui ont fait ça et c'était bien je fais des prescriptions aux accompagnants tu prescris
- Speaker #0
je prescris la présence et l'écoute active je prescris des plaides et des bouillottes je prescris des toilettes à disposition et du non-jugement dans la douleur et dans le ressenti des patients, parce que ça peut être un petit peu yo-yo. Je prescris surtout 24 heures de petits soins. Quel que soit le petit soin entendu, alors j'ai un conjoint qui était très mimes il n'y a pas longtemps, à qui j'ai dit mais le massage des pieds ça fonctionne, et il m'a dit j'ai fait ça déjà ça tous les jours, et je pense que c'est une bonne idée. En fait il faut que la personne qui fait l'IVG se sente le mieux possible, quand je dis le mieux possible c'est-à-dire que si c'est de se vautrer sur son canapé pendant 24 heures et de regarder Netflix, Go ! Go et à ce moment-là, peut-être aller chercher des petits trucs à grignoter. Vous pouvez manger, vous pouvez boire ce que vous voulez pendant l'IVG, donc allez-y, profitez-en. Je ne pourrais jamais recommander, et je le souligne, ne prenez pas de drogue, surtout pendant une IVG, ça peut potentialiser les douleurs. Mais par contre, c'est vrai, l'alcool, ça potentialise les nausées, parce qu'on reste enceinte. Mais par contre, effectivement, une présence là, et puis il y a des personnes qui préfèrent ne pas être... ne pas être accompagné pour ne pas être vu dans un état de détresse, pas de problème, soyez dans la pièce à côté. Organisez-vous un petit apéro tout seul dans votre cuisine à ce moment-là. Mais juste soyez là, soyez dans la pièce, soyez dans la pièce à côté, soyez dans l'appart à côté, je ne sais pas, soyez au bout du fil, soyez juste, soyez là pour que la personne qui fasse l'IVG soit en confiance et se sente soutenue dans des moments comme ça, surtout que ça peut faire peur de saigner. Ça peut faire peur de saigner, ça peut faire peur de saigner beaucoup, ça fait... peur d'avoir mal et d'être seule chez soi. Alors avoir quelqu'un juste, même si c'est au bout du fil parce que vous travaillez, parce que c'est une réalité, il n'y a pas d'arrêt pour les accompagnants. Donc si juste vous pouvez être là, même au bout du fil, en Skype. Je suis tellement vieille. C'est un peu en FaceTime. Peut-être que ce n'est pas les jeunes,
- Speaker #1
je pense qu'il est FaceTime.
- Speaker #0
Soyez en FaceTime, je ne sais pas. Peut-être même plus, on se trouve que c'est autre chose. Je ne sais pas,
- Speaker #1
on est... Je ne sais pas,
- Speaker #0
nous avons passé les 30 ans, nous ne sommes plus à jour. Mais en tout cas, soyez au bout du fil, au minimum, pour... Telle... Mini-telle, ouais, je sais ça, autour de 3310, je ne sais pas, toutes ces bêtises. Mais soyez présents juste autour de la personne en question, quoi.
- Speaker #1
Et psychologiquement, parce qu'on a beaucoup parlé de l'aspect très mécanique, le vécu psychologique, il est... extrêmement variable, parce que ça dépend des raisons pour lesquelles on avorte, de comment on appréhende ça, voilà. Est-ce que tu as l'impression que l'accompagnement... Alors j'ai même qu'il n'y a pas de statistiques, j'ai pas vu d'études et de statistiques, parce qu'il faudrait qu'on fasse des recherches là-dessus et il faudrait des budgets pour le faire.
- Speaker #0
Il faudrait libérer la parole autour de l'IVG.
- Speaker #1
Déjà, moi je sais que j'ai découvert que j'avais des amis qui avaient avorté très tard. Très très tard. Et j'ai un peu halluciné en fait, parce que j'ai l'impression que personne n'avait avorté autour de moi et en fait... Une sur trois donc statistiquement c'est obligé. Mais j'ai découvert vraiment tard, avec une espèce de naïveté tu vois. En fait il y a beaucoup de préjugés autour de l'avortement qui du coup créent une espèce de honte et de culpabilité quand ça arrive. Parce qu'on imagine que celles qui avortent, c'est que elles sont pas bien protégées. qu'elles ont fait n'importe quoi, qu'elles ont une petite... qu'elles ont de petites vertus... T'as des trucs à l'ancienne,
- Speaker #0
tu sais,
- Speaker #1
des parmes de petites vertus... Oui,
- Speaker #0
oui, oui.
- Speaker #1
Enfin, il y a beaucoup, beaucoup de choses. Et moi, je voulais rappeler, j'ai tombé sur une stat, je pense, qui est intéressante, qui vient de l'IGAS. Ne me demandez pas ce que veut dire l'acronyme IGAS, je ne sais plus. De 2010, donc elle date un peu. 72% des IVG sont réalisés sur des femmes qui étaient sous contraception.
- Speaker #0
C'est... ça persiste.
- Speaker #1
C'est toujours ça, c'est plus le...
- Speaker #0
On est dans les 60-70, en fonction des études, on va rester autour de 70% quand même.
- Speaker #1
Donc c'est hyper intéressant à rappeler, de se dire que la contraception n'est pas fiable à 100%.
- Speaker #0
Sachant que la contraception naturelle n'est pas considérée comme une contraception pour eux.
- Speaker #1
Tu parles... Alors, contraception naturelle, c'est pas... Il y a plein de choses. Tu parles de symptothermie ?
- Speaker #0
Par exemple.
- Speaker #1
Ok. Parce qu'entre le retrait et la sympto, c'est pas les mêmes taux de réussite.
- Speaker #0
Tout à fait. Mais par exemple, la symptothermie n'est pas considérée comme une contraception. Selon certaines études, qui m'ont parlé vraiment d'études avec des contraceptions, pilules, préservatifs,
- Speaker #1
périllés,
- Speaker #0
implants et autres contraceptions qu'on peut entendre de façon très mécanique. Spermicides. Exactement, les choses où il y a plus d'études.
- Speaker #1
Et d'ailleurs, il y a des tableaux de taux de réussite effectifs si vous voulez choisir vos moyens de contraception et que vous n'êtes pas bien aiguillé sur le sujet par vos pros.
- Speaker #0
Alors, il y a un site internet qui est extraordinaire, qui peut aider à la contraception, qui s'appelle questionnaire.fr. choisir sa contraception point fr qui est topissime on va vous poser des questions sur votre vie votre manière de vivre votre manière de penser la contraception et qui vont vous présenter un peu les moyens de contraception à la fin en disant bah ça ça pourrait vous convenir parce que vous avez vous avez donné telle réponse ça peut être un peu moins parce que vous avez donné telle réponse est déjà vous arrivez armé à votre rendez vous vous voulez discuter contraception vous avez pas mal d'infos oui parce qu'en nous il ya des choix des choses toutes bêtes je pense à la pilule
- Speaker #1
Tu prends ta pull à 20h,
- Speaker #0
tu te cuites,
- Speaker #1
tu vomis à 23h. T'as vu, ça n'a pas marché. Et ça, personne n'y pense. Ou une diarrhée, un curé qui ne passe pas.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
pardon, le fameux curé. Non, mais c'est des choses où du coup, on culpabilise les femmes, mais en fait, c'est la vie. On n'est pas des robots. Le corps n'est pas une machine infaillible.
- Speaker #0
Et puis, ça peut aussi échouer juste alors que vous la prenez religieusement.
- Speaker #1
Et il y a des femmes qui tombent ensemble sous stérile en cuve, qui a un taux de réussite à 99%. il me semble si je dis pas de bêtises.
- Speaker #0
98%
- Speaker #1
c'est pas du tout un truc énorme quoi. Et il y a des femmes qui tombent enceintes sous stérilet plusieurs fois. Oui. Et des femmes qui sont hyper fertiles.
- Speaker #0
Voilà. Dans tous les cas, même si vous prenez votre pilule religieusement, vous pouvez tomber enceinte. Et puis en fait, ça se trouve, si vous voulez pas de contraception pour les raisons qui sont les vôtres, et vous connaissez les risques, et vous tombez enceinte, et bien en fait ça existe.
- Speaker #1
Et vous avez le droit, et pareil, sans être culpabilisée. Non, ça arrive.
- Speaker #0
C'est ok. Juste, en fait, toute décision à partir du moment où elle est vraiment éclairée. c'est votre vie, c'est votre corps, faites ce que vous voulez. Si vous faites une IVG, vous faites une IVG. Et puis, en fait, on est là pour ça aussi. Voilà, il faut connaître les risques. Alors, on parlait de la fertilité, parce qu'il y a ça aussi. On parle beaucoup de la première question, je pense, des patients qui viennent dans mon cabinet, c'est je fais une IVG, ma fertilité, c'est comment ? Parce que ça fait hyper peur. Ça fait hyper peur, je vais faire une IVG, je ne vais plus pouvoir avoir d'enfants. Non !
- Speaker #1
Mais ça, c'est des... Est-ce qu'on a hérité toutes ces années d'IVG illégales où on abîmait ?
- Speaker #0
Là, on abîmait. Alors, une IVG, ça peut abîmer. Mais les dernières études ont dit que c'est à partir de 4 IVG, que ce soit par médicament aussi, médicament ou aspiration, à partir de 4 IVG, on peut avoir des petites cicatrices au niveau de l'utérus qui peuvent diminuer la fertilité. Diminuer la fertilité. Oui,
- Speaker #1
on ne peut pas dire infertile.
- Speaker #0
ça ne veut pas dire stérile ça ne veut pas dire c'est beurré pour vous, vous n'aurez pas de grossesse si vous le souhaitez il peut y avoir des infertilités qui peuvent légèrement diminuer si vous faites des IVG à répétition parce qu'il y a un moment où ça va provoquer des petites synéchilles des petites cicatrices dans votre utérus qui diminuent la chance d'implantation Mais si vous en êtes à 4 IVG, vous avez une fertilité qui fonctionne de toute évidence. A priori. A priori, en tout cas.
- Speaker #1
Et dans ces grandes causes d'IVG que j'ai pu retrouver, qui étaient recensées, tu me diras toi ton vécu et ton ressenti terrain. Je trouve ça intéressant de comparer. Il y avait aussi l'absence de contraception. Oui. Parce qu'il faut pas se leurrer, c'est un coût économique la contraception, qui est souvent à la charge de la femme. Il y en a quelques-unes qui sont prescrites, remboursées, etc. Mais sur la totalité, il y en a quand même pas mal qui coûtent de l'argent.
- Speaker #0
Complètement.
- Speaker #1
Et puis aussi le choix de ne pas en vouloir, tout simplement. Et c'est un choix et on doit le respecter. Difficultés socio-économiques. Des problématiques médicales aussi. Il y a des IVG qui sont pratiquées pour des problématiques médicales. Et puis, il y a aussi des grossesses consécutives à des violences subies. Qu'elles soient conjugales ou en dehors de la famille, mais souvent conjugales. Et ça, c'est quelque chose dont on parle peu.
- Speaker #0
Mais tu sais que je pose systématiquement la question des violences. à mes patients et mes patientes qui viennent au câble, en leur disant de façon très systématique, tu vois, est-ce que vous avez déjà été victime de violences, qu'elles soient physiques, verbales, conjugales et autres. Et pour la grande majorité, j'ai un nom définitif, très franc et très... Et puis après, je continue ma consultation, et donc du coup, cette grossesse, elle est survenue dans quel contexte ? Et puis là, de temps en temps, pas tout le temps... Mais quand même, au moins une fois par semaine. Parce qu'il n'a pas voulu mettre de préservatif. De toute façon, c'est comme ça, puisqu'on est ensemble, donc je n'allais pas dire non. Ça s'appelle un viol conjugal, en fait. On va souligner, on va le dire et on va l'exprimer très clairement. Si vous avez des rapports avec quelqu'un sous la contrainte, même si c'est votre conjoint, votre conjointe, n'importe quelle personne, ça s'appelle un viol. Vous n'avez pas à... avoir des rapports, si vous ne le souhaitez pas en fait.
- Speaker #1
Et la contrainte, c'est de la pression, c'est qu'il boude et qu'il fasse la gueule parce qu'on a refusé.
- Speaker #0
C'est de la négociation.
- Speaker #1
C'est de la négociation, c'est de la culpabilisation, c'est de la menace d'aller voir ailleurs. C'est le refus de mettre une loi préservative. Tout ça, on n'en parle pas beaucoup, mais en fait, ce n'est pas forcément identifié comme tel. Mais en consultation, c'est quelque chose qui ressort souvent. et il y a pas mal de grossesses indésirées qui sont...
- Speaker #0
Qui sont consécutives à ça. Je pense beaucoup au retour de couche. Tu sais, les patientes qui ont accouché il y a quelques semaines, quelques mois, et qui doivent reprendre, et ce terme m'arrache la bouche, le devoir conjugal. Il ne faudrait pas que l'homme soit délaissé. Il ne faudrait certainement pas refuser un rapport. Non, non, ça, c'est non. Ces noms, soyez... Soyez, je n'aime pas ces injonctions, essayez au maximum, voilà c'est ça, on fait comme on peut, juste essayez d'être au maximum, d'être proche de votre désir et surtout le consentement, c'est important, on en entend beaucoup parler, mais le consentement c'est important, votre corps est votre corps, et en fait s'il ne peut pas se la caler sur l'oreille au bout d'un moment, je suis désolée, c'est très imagé, il survivra, il a une main droite, une main gauche, il va pouvoir se contenter lui-même, vous n'avez pas à avoir un rapport si vous ne le souhaitez pas.
- Speaker #1
Et dans des conditions qui ne vous conviennent pas.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
C'était un point qu'il fallait aborder quand même.
- Speaker #0
Il faut pas le souligner.
- Speaker #1
Parce qu'il n'y a pas de statistiques sur le sujet, mais je sais que tu m'en avais parlé. Moi, je travaille quand même pas mal avec des familles qui ont une violence, donc c'est aussi un sujet qui revient beaucoup. Et je pense que c'est important de me poser quand même, et que ça fait jamais de mal de faire un petit rappel.
- Speaker #0
Tu sais, on entend beaucoup sur les repas de Noël, où on parlait avec...
- Speaker #1
C'est chiant de les repas de Noël avec des gens comme nous.
- Speaker #0
On est insupportables. Mais c'est vrai que j'en... Tu sais, on en parle, et puis même avec les potes, avec... C'est vraiment le « ouais, mais on parle des victimes de viol, mais il n'y en a pas tant que ça » . Il n'y en a pas tant que ça. Il y en a énormément, en fait. Parce que le viol, encore faudrait-il qu'il soit identifié. Tu vois qu'on en parle de façon honnête. C'est-à-dire que non, on n'est pas forcément dans une ruelle sombre. En mini-jupe, parce que tu sais, il fallait que la femme soit en mini-jupe pour qu'elle soit faute. Et ivre. Et ivre. Et ivre caisse. Non, non, en fait, le viol, ça peut être aussi à la maison. En fait, ça peut être à la maison.
- Speaker #1
Mais tu sais, la jeune me refait l'intégrale des Spread as Waves.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
premier rapport j'ai pas dévié dans le podcast c'est pas vrai finalement non mais en fait j'ai halluciné parce que je le regardais à dos déjà j'avais lu le coffret DVD à Noël j'étais comme une dingue et tout et là de le regarder maintenant avec mes yeux de femme de 35 ans après la vague MeToo et tout le nombre de fois où en fait elles se font violenter et violer par leur conjoint dans le truc ou qu'elles se forcent à avoir des rapports pour tatatitatata Je me dis, mais avec quel modèle on a grandi ? Donc évidemment qu'on ne se rend pas forcément compte de ce qui dysfonctionne. C'est un peu dur de changer ses lunettes et de voir les choses parce que du coup c'est violent. Mais c'est aussi notre rôle de sensibiliser à ça. Et de faire prendre conscience parce qu'on a expliqué concrètement ce qui se passait physiquement lors d'une IVG. C'est quand même la femme qui subit tout ça derrière. Et donc pour le plaisir de monsieur et sa satisfaction de...
- Speaker #0
d'éprouver toutes ces choses là et en plus ces messieurs là viennent rarement au rendez vous de suivi et c'est quand même ça vaut le coup d'en parler quoi ouais puis pour tous les pros alors je veux dire je suis pas une experte dans les violences mais je préfère quand même le souligner parce que pour en avoir beaucoup en fait des femmes victimes de violences dans mon câble et des personnes victimes de violences dans le câble Je pense qu'ils et elles le savent, mais je préfère quand même le souligner. Vous ne laissez pas berner par les conjoints trop présents et trop volontaires, parce qu'il y en a beaucoup aussi qui viennent et qui s'asseillent et qui parlent à la place de leur conjointe. Et ça, ça m'insupporte. Je les fais sortir beaucoup, parce qu'au bout d'un moment, il faut laisser la place et la parole aux femmes, parce qu'elles savent beaucoup nous dire ce qu'elles ressentent. Il faut juste leur laisser l'espace. C'est vrai que j'ai des consultations d'une demi-heure, tout le monde n'a pas la possibilité de faire ça, mais laissons la parole aux femmes. Tout à l'heure, tu parlais du fait que la société nous imposait d'être malheureuses et malheureux pour une IVG. J'ai beaucoup de patients, la totalité franchement, qui arrivent dans mon cabinet, qui s'asseillent honteuses de venir. Et je leur demande toujours, vous venez pour quoi ? Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? En fait, j'ai une grossesse et je préférerais pas la garder. Et elles te disent ça de cette manière-là, en baissant les yeux.
- Speaker #1
C'est le conditionnel.
- Speaker #0
Vraiment.
- Speaker #1
Je préférerais...
- Speaker #0
Désolée de... Je dis, au moins, vous êtes au bon endroit, c'est déjà pas mal. On va pouvoir avancer ensemble. Et puis, moi, je prends beaucoup de choses sur le ton de l'humour, dans le sens où, faut pas blaguer avec tous les sujets, on est d'accord, mais que, ouais, viens, viens, viens, on en parle normalement. Comme si c'était pas grave, tu vois. Et puis... parlant comme ça, comme si ce n'était pas grave, au bout de 2, 3, 4, 5 minutes, puis en fait, dans mes antécédents, j'ai oublié de vous le dire, mais j'en avais déjà fait une. Parce qu'elles n'osaient pas de le dire, parce qu'elles étaient honteuses. Et puis en fait, je ne vous avais pas dit, mais... Bah,
- Speaker #1
c'était pas forcément consenti. Ça, c'est vraiment ce truc de si on peut libérer la parole en disant « C'est pas grave, en fait, ce qui est en train de vous arriver, il faut que vous, vous me disiez comment vous le sentez, puis on va faire en sorte que vous vous sentiez mieux, ou mieux en tout cas. » Et là, ça va libérer beaucoup la parole. Donc, si vous venez dans nos cabinets pour faire une IVG, faites-le tête haute au maximum. Pourquoi ? Parce que juste, vous prenez soin de vous. Ça, je pense que c'est hyper important, parce que vous entendiez ça. Venez tête haute, vous êtes légitime à demander ça, et vous prenez soin de vous. en demandant cet IVG. C'est important. Écoutez-le, entendez-le, s'il vous plaît. S'il y a une injonction que je peux faire dans ce podcast, c'est vous êtes légitime à demander tout ça et vraiment, faites-le tête haute. Il n'y a pas de honte à ça. Aucune. C'est trop beau.
- Speaker #0
J'aurais presque envie de conclure le podcast là-dessus, mais j'ai autre chose à dire. Parce que c'était vachement bien.
- Speaker #1
Oh non.
- Speaker #0
Non, mais je vais parler de l'après aussi.
- Speaker #1
Oui, on va parler de l'après.
- Speaker #0
Parce que c'est un sujet qu'on a beaucoup évoqué entre nous. Oui. En fait, c'est comme un truc de bon, l'IVG, elle est terminée. On regarde d'un point de vue mécanique. Est-ce qu'il n'y a plus rien ? C'est bon, tout va bien. Est-ce qu'on va se faire arrêter ? Tout ça. Donc là, il y a ce rendez-vous qui conclut le truc. C'est bon, tout est fini. Ok, très bien. Sauf que moi, j'ai un métier qui n'est pas du tout médical. J'ai des femmes qui viennent me voir consécutivement à des IVG pour des problématiques de dissociation du corps. Ou même des petits maux du corps consécutifs à des IVG. Je pense à des douleurs pelviennes, je pense à une problématique à ressentir son bassin, avoir des ressentis ou peut-être des douleurs au rapport qui se créent, enfin plein de choses au niveau corporel qui persistent et pour lesquelles elles ne sont pas forcément préparées, au niveau émotionnel aussi, il peut se passer plein de choses. Et en fait c'est vrai qu'une fois qu'au niveau santé médicale pure on s'est rendu compte que tout va bien, et tout va bien d'un point de vue médical, biologique, mécanique, il n'y a pas de suite en fait. Il n'y a pas de après, qu'est-ce qui s'est passé, etc. Sauf que c'est une grossesse carité, mais il y a une grossesse, donc il y a eu des effets de la relaxine au niveau du bassin, qui va jouer sur les ligaments, qui peut provoquer douleurs ligamentaires. Et ça, ce n'est pas pris en charge parce qu'il n'y a pas un postpartum. Il n'y a pas de suivi postpartum. Pour autant, il y a eu une grossesse et des modifications biologiques consacrées à cette grossesse, des modifications utérines, les hormones qui vont impacter aussi l'aspect émotionnel, où tu vas avoir cette chute hormonale et ça peut provoquer... Un petit cataclysme émotionnel, et si t'es pas préparé à ça, ça peut être très perturbant. Le cycle menstruel qui a du mal à repartir normalement, où on est un peu perturbé et tout. Et en fait, en parlant ensemble, on s'est rendu compte qu'il manquait quelque chose dans le parcours de soins.
- Speaker #1
Il manque un suivi, c'est-à-dire que t'as l'après, et l'après c'est psychologique, dans la tête de beaucoup. Donc comme c'est psychologique, ça va. sur le psychologique on s'en fout on soigne le corps mais on ne soigne pas exactement et je pense que l'aspect psychologique a un aspect un retentissement corporel fort et ça doit être entendu ça doit être pris en charge ça doit être c'est le moment, je pense que l'IVG c'est le moment de reprendre son corps et son ressenti en main donc c'est à dire que post-IVG moi j'engage beaucoup de patientes déjà à déposer ce qu'elles ont à déposer, mais c'est surtout à se reconnecter avec elles-mêmes. Et se reconnecter avec elles-mêmes, ça veut dire s'écouter. Effectivement, tu disais les effets de la relaxine sur le bassin, sur les choses comme ça, ça peut créer des douleurs, ça peut créer un ressenti en fait,
- Speaker #0
pas forcément douleur. Un truc de flottement un peu. En fait, la relaxine, peut-être tu peux expliquer ce que c'est cette hormone.
- Speaker #1
En fait, tu as une hormone pendant la grossesse qui va se libérer, et qui va se libérer tout du long de la grossesse, qui va permettre... notamment au bassin, mais à pas mal d'articulations, d'être un peu plus mobile pour pouvoir accueillir une grossesse et accueillir les kilos que ça va entraîner, puis le passage potentiellement du bébé, etc. Et le seul problème, c'est que quand tu as une grossesse qui s'arrête, que ce ne soit pas une IVG, une grossesse arrêtée, sur ce qu'on appelait avant les fausses couches, je n'aime pas ce terme-là, mais voilà.
- Speaker #0
C'est un terme qui est très largement dit.
- Speaker #1
C'est ça, qu'on entend en tout cas. Tout ça, la relaxine et tout, c'est arrivé,
- Speaker #0
mais on en fait quoi ? Personne ne le prend en charge. On en fait quoi ?
- Speaker #1
Et puis même en fait en postpartum. Moi, j'ai accouché il y a quelques années. Autant dire qu'en postpartum, c'est bon d'accoucher et puis on s'en fout. Bah non, après tout ça, on ne sait pas quoi faire. Donc, c'est-à-dire qu'on te laisse là-dessus en mode, bon allez, merci, bonne journée, vous allez bien, rentrez chez vous. Non, vous allez bien, rentrez chez vous, mais soyez entourés. Soyez entourés en psy, soyez entourés d'amis et soyez entourés de professionnels. Alors pas professionnels de santé ou du soin, mais en tout cas des gens qui peuvent vous faire du bien. Genre psy, genre yoga, genre hypnose, genre ce que tu fais. par exemple,
- Speaker #0
je ne sais pas si...
- Speaker #1
La yoga-thérapie ! La yoga-thérapie ! Mais en fait, juste d'avoir des gens qui peuvent nous réaccompagner sur la reprise en main de notre corps et notre corporalité. Et ça, c'est très, très important pour pouvoir se soulager. On entend beaucoup parler des médicaments antidouleurs, mais en fait, les médicaments, c'est une limite. Et je pense que le psychocorporel et la manière de se projeter dans son propre corps, avec notamment la yoga-thérapie, j'avais eu la chance de faire des cours avec toi. Et même si vous ne faites pas... On va peut-être inverser le chien, je ne sais pas pourquoi. On ne fait pas des trucs comme ça, nous.
- Speaker #0
Ça peut arriver.
- Speaker #1
Ça peut arriver, il y en a qui réussissent à le faire. Mais tu vois, après, c'est un podcast, vous ne me voyez pas, mais je fais 1m80, 100 kg. Et autant vous dire que se bouger pour faire chien tête en bas, ce n'est pas forcément mon strong suit. Mais juste, j'ai réussi à faire des cours avec toi. Et c'était vraiment le fait de se renouer avec son corps et ses capacités sans avoir de jugement là-dessus. Et c'est pour ça que la yoga thérapie, c'est vrai que c'est top. L'hypnose, c'est top aussi pour pouvoir se réancrer. c'est ça,
- Speaker #0
c'est des réancrages et ça devrait être obligatoire ça devrait être obligatoire post-IVG comme flamme problématique on parle de l'IVG,
- Speaker #1
on parle juste des étapes de vie qui font que parfois on n'est plus en adéquation avec soi-même et c'est important prenez soin de vous et il fut un temps même
- Speaker #0
on se disait que ça serait trop chouette de créer quelque chose où on pouvait à la fois parce que Toi c'est trop bien, t'accompagnes les gens, t'as le rendez-vous à la fin, les gens peuvent déposer ce qu'ils ont à déposer. On va être très honnêtes, c'est pas tout le temps comme ça. Ah non mais c'est un peu... Quand on prend rendez-vous sur Doctolib, on sait pas sur qui on va tomber et l'humanité de la personne qu'on va voir en face.
- Speaker #1
Et puis même, c'est pas pour ne pas m'envoyer se pleurer ou quoi que ce soit, c'est qu'en fait moi je suis blindaxe à un mois et demi. J'essaie de trouver des créneaux, mais c'est pas tout le temps... Moi je vais accueillir les personnes qui sont en souffrance et qui sont vraiment... qui me présente une souffrance ou alors qui me présente un truc médical qui moi ça me plaît pas trop mais en fait j'ai pas la place, j'ai pas le temps d'accueillir tout le monde avec la même énergie et avec la même volonté et puis en fait je fais ce que je peux en tant que sage-femme non mais surtout je fais ce que je peux en tant que sage-femme moi je suis désolée mais le fait de se réaligner avec son corps c'est pas de mon métier je sais pas faire mais
- Speaker #0
c'est bien que tu réorientes parfois, moi je sais que tu réorientes et je te remercie mais c'est vrai qu'en fonction du praticien de santé qu'on va avoir en face il y a plein de sujets qui ne vont pas être abordés des informations qu'on ne va pas avoir c'est bien pour ça qu'on fait ce podcast là parce qu'il y a une inégalité de traitement c'est à dire vous aurez la partie médicale les cachets ils seront là l'aspiration sera là mais l'accompagnement humain qui va être autour de ça ne sera pas le même et ça va être une question de chance c'est horrible à dire mais c'est une question de chance de sur qui on tombe quand on prend rendez-vous et donc on a des femmes qui viennent après coup. Donc moi, des fois, qui m'arrivent directement, des fois qui t'arrivent après avoir fait l'IVG et qui prennent rendez-vous avec toi en suivi ou il n'y a pas eu d'info, ça a été mal vécu parce que justement, il y a eu un manque d'informations. Donc souvent, on est quand même beaucoup plus choqués quand on ne comprend pas ce qui nous arrive que quand on est préparé à le vivre. Et puis, ce truc d'après au niveau corporel où il manque quelque chose. Et on avait pensé même à une époque à faire un truc groupé d'atelier où on pouvait avoir à la fois des réponses médicales post-IVG pour celles qui avaient des questions sur ce qui se passait et une partie corporelle. On n'a jamais pu le faire parce que c'est compliqué à mettre en place et moi ça me reste un truc qui me trotte en tête et peut-être qu'un jour on arrivera à lui donner vie mais il y a un trou dans la raquette quoi.
- Speaker #1
Il y a un trou dans la raquette et puis on en avait parlé parce que pour nous il était évident d'avoir quelque chose qui prenne en charge tous les aspects de vie d'une personne c'est à dire le physique, le médical, le... psychosomatique et ce n'est pas un gros mot parce qu'on entend toujours des psychosomatiques en mode oui mais c'est psychosomatique c'est dans votre tête donc du coup il y a répercussions bah ouais mais en fait il y a des répercussions et il faut les prendre en compte oui ben bravo psychosomatique il faut le prendre en compte en fait il y a tout ça qui doit être pris en charge et je pense que ça devrait être un parcours médical obligatoire tu vois de le faire du début à la fin et je pense qu'on va le faire parce que parce que maintenant que tu as ouvert ton cabinet moi j'ai mon cabinet qui tourne bien malheureusement On le sait, ça ne sera que pour des personnes qui ont des moyens. Et c'est ça qui est toujours un petit peu difficile. C'est pour ça que l'hôpital fait ce qu'elle peut, l'hôpital public, mais elle essaye au fur et à mesure de proposer des petits trucs comme ça.
- Speaker #0
Moi, je travaille à l'hôpital en Seine-Saint-Denis. Mais c'est une vraie volonté et c'est une vraie galère d'intégrer l'hôpital en soins à support. Ce n'est pas si simple, mais c'est un truc que je sais développer un maximum pour avoir un éventail d'options. par rapport à des moyens différents, parce qu'effectivement, ça me semble important que tout type de personnes puissent avoir cette complémentarité de soins. Moi, je sais bien que moi, toute seule, je ne solutionne pas le problème. Je ne suis pas médicale, je connais bien mes limites, mais je sais qu'en travaillant ensemble... on a des résultats qui sont importants.
- Speaker #1
Tu parlais du yoga et des études qui ont été faites sur le yoga. En fait, le yoga, ça a sa place. Mais ça a sa place dans la vie de tous les jours, si j'ose dire. Et particulièrement dans des moments lourds pour les personnes. Après, vous allez vous recentrer, vous allez être avec vous. C'est important.
- Speaker #0
Moi, je mets un bémol aussi quand même. Parce que c'est des périodes d'extrême vulnérabilité. Et tout yoga n'est pas bon à prendre non plus. Il y a des courants dans le yoga qui sont...
- Speaker #1
Alors je me suis mal exprimée mais...
- Speaker #0
Non, non, je peux en ajouter un dire. Et qui justement tirent pas mal profit des vulnérabilités des femmes, que ce soit en situation d'infertilité, les IVG, les maladies gynécologiques, etc. Donc, et moi je suis d'accord que tout, enfin le yoga de manière générale est génial. Et qu'il y a plein de styles différents à essayer. Mais en gardant un esprit critique, les périodes d'extrême vulnérabilité, sur ce qu'on nous propose, et de garder bien les pieds sur terre, et de bien garder un lien avec le médical, quoi qu'il arrive.
- Speaker #1
Alors là, il y a un conseil qui peut être donné, je pense, c'est que, si vous allez bien, aujourd'hui, c'est bête ce que je veux dire, entourez-vous, en fait, dès aujourd'hui. Pourquoi ? Ayez en fait un petit trousseau, tu vois. Si vous allez bien, si vous n'avez pas de soucis, ayez dans votre trousseau des personnes... vers qui vous tournez si jamais ça va pas parce que c'est pas le jour où vous allez pas bien que vous allez avoir cette possibilité mentale cet espace mental pour aller chercher des gens tu vois donc si vous allez bien aujourd'hui et c'est tout ce que je vous souhaite on touche du bois c'est que il y ait ces petits trousseaux peut-être avec vous qui va vous permettre de savoir qui appeler de savoir qui vers qui vous retournez pour pour aller bien demain si ça va pas et puis plus sûr c'est de trouver la première ressource parce qu'en général après les gens travaillent en réseau quand même ouais exact
- Speaker #0
Et vous pouvez demander à votre sage-femme, à votre gynéco, est-ce que vous connaissez quelqu'un en diététique, en psycho, en yoga, en... Voilà, il y en a plein d'autres. Mais en tout cas, en général, on travaille quand même pas mal dans des réseaux sécures. Pour orienter les personnes.
- Speaker #1
Ouais, c'est vrai que moi, j'ai un groupe de gynéco, yoga, sage-femme aussi, parce que je ne sais pas tout faire, loin de là. C'est des gens qui sont safe, quoi. C'est très important.
- Speaker #0
Donc vous pouvez demander, après... Si les gens en face vous regardent bizarrement, c'est que ce n'est pas le bon praticien de santé. Peut-être. Mais en tout cas, on a des annuaires.
- Speaker #1
On a des réseaux, carrément.
- Speaker #0
Est-ce que tu as d'autres choses à rajouter ? Est-ce que tu as pu dire tout ce que tu avais à dire ?
- Speaker #1
Oui. J'ai l'impression qu'on pourrait parler pendant des heures. Ce serait un peu, mais...
- Speaker #0
Ce sujet passionnant, ce chou qui cristallise tout ce qui est la santé des femmes actuellement, que c'est un sujet économique, parce qu'il y a quand même une histoire de thune derrière tout ça.
- Speaker #1
Toujours.
- Speaker #0
C'est un sujet hautement politique. Et que ce qui se passe en politique, il faut faire très attention. Parce que ça peut vraiment avoir un impact très rapide sur nos droits et notre santé reproductive.
- Speaker #1
Pensons aux Etats-Unis.
- Speaker #0
Pensons aux Etats-Unis, pensons aux Italiennes, pensons aux Polonaises. Qui sont vraiment à côté. Que c'est aussi un sujet qui est hautement social. Les hontes, les culpabilités qu'on porte en tant que femmes par rapport à tout ça. Mais en fait qui est un... qui cristallise la santé des femmes au global. Là, on a parlé de l'IVG, mais elle a acheté une pilule le lendemain en pharmacie, elle a demandé devant tout le monde, c'est une honte totale. Il y a plein de sujets comme ça où, franchement, on cache. Tu achètes tes protections périodiques, tu n'as pas envie que ce soit dans ton filet de course et que tout le monde le voit, que tu as tes tampons dans ton sac, alors qu'en fait, on est fou, tu vois. En fait, tout ce qui a à traire notre intimité est quand même extrêmement tabou, et ça, c'est très sociétal. Et puis, c'est un sujet purement santé aussi, qui représente les failles de notre système de soins actuel. parce qu'il y en a beaucoup. Donc aller manifester avec les blouses blanches quand il y a des manifs sur les budgets santé, c'est important. Et donc je trouve que du coup c'est passionnant, c'est lié à l'histoire aussi, enfin c'est quand même extrêmement fascinant et donc ça me tenait à coeur qu'on en parle au 8 mars. Parce que c'est des luttes, c'est pas un euphémisme, c'est des luttes. Nos droits, ils ont été acquis grâce aux luttes de femmes, aux souffrances de femmes et il faut continuer à construire dessus. Et à avancer parce que les choses, oui, on a l'IVG dans la Constitution, mais les moyens ne sont pas là. Et donc, il y a encore des choses à demander et des choses à faire évoluer. Donc, je trouve ça important de parler de ce sujet-là. Et effectivement, on pourra parler pendant des heures parce qu'il est fascinant. Mais je suis ravie d'avoir pu faire ça avec toi.
- Speaker #1
Et pour répéter quelque chose que j'avais déjà dit, mais qui me semble évident. Vous êtes légitime à me demander tout ça, vous êtes légitime à prendre soin de vous. Et vous êtes... Vous devez rester tête haute dans des moments comme ça, puisque vous ne faites rien de mal, si ce n'est que vous prenez soin de vous, envers et contre tout. Vous prenez soin de vous pour une IVG, entourez-vous des personnes qui vous veuillent du bien, et surtout n'hésitez jamais à frapper à notre porte si vous avez besoin d'aide.
- Speaker #0
et donc je voulais juste vous rappeler que c'est votre décision personnelle votre corps, votre choix c'est un grand classique et que ça mérite votre décision, elle mérite le respect et le soutien quoi qu'il arrive et je vous remercie pour votre écoute j'espère qu'on a répondu à des questions que vous posiez peut-être que peut-être vous avez découvert d'autres choses c'est un peu le but aussi si jamais vous avez appris des choses c'est trop cool Je te remercie infiniment, Mélode, de m'avoir fait confiance pour ce podcast.
- Speaker #1
C'était un grand plaisir de se retrouver avec toi et de parler de ce sujet si important.
- Speaker #0
Et je vous dis à très bientôt pour un prochain épisode.
- Speaker #1
Au revoir.
- Speaker #0
À bientôt.