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#11 Le lien au vivant, le lien à Soi avec Laurent Muratet, fondateur de Terravita Project cover
#11 Le lien au vivant, le lien à Soi avec Laurent Muratet, fondateur de Terravita Project cover
Soi.s, Vi.e.s, Aime - Oser un leadership authentique et inspirant au service de Soi, des autres, de son écosystème et du vivant.

#11 Le lien au vivant, le lien à Soi avec Laurent Muratet, fondateur de Terravita Project

#11 Le lien au vivant, le lien à Soi avec Laurent Muratet, fondateur de Terravita Project

42min |12/09/2024
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#11 Le lien au vivant, le lien à Soi avec Laurent Muratet, fondateur de Terravita Project

#11 Le lien au vivant, le lien à Soi avec Laurent Muratet, fondateur de Terravita Project

42min |12/09/2024
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Description

Dans cet épisode, Laurent nous partage sans filtre, un peu de lui, de son parcours, et bien sûr ses missions à travers Terravita Project : régénérer la terre, les hommes et le vivant.

Laurent est un optimiste "long terme", il est un passeur, il sensibilise aux enjeux de l'agroécologie.

A travers des ateliers d''agriculture durable qu'il a créés, il propose des clefs de compréhension pour plus de déclics et bascules. 


Il a en lui cette sensibilité, cette curiosité pour la vie et le vivant depuis l'enfance. Bouillonnant d'idées et d'élan, il se familiarise assez jeune à la méditation.  

De ses différentes réflexions et de son cheminement, il fera plusieurs livres, comme des témoins, des partages. 


Convaincu des enjeux sociaux, économiques, environnementaux de l'agriculture, il a à cœur de remettre les producteurs au centre de la filière alimentaire. En 2012, alors directeur marketing chez Alter Eco, il réalise un documentaire Un nouveau monde en marche, dans le cadre d'une marche des "sans terre" qui pratiquent l'agriculture en Inde, pour témoigner et sensibiliser sur ces enjeux. Au départ de ce projet, une intuition.


Laurent, il est comme ça, intuitif et pragmatique. 

Il nous rappelle l'importance de prendre le temps, de revenir vers Soi, quand tout est si intense. Tout comme il nous rappelle l'importance de revenir aux besoins des sols quand il y a tant d'intensivité en agriculture.


Laurent nous donne envie d'agir et d'interagir depuis un espace du cœur, avec nos propres talents, sur les thématiques qui nous appellent.  


Un épisode à écouter sans attendre !

On y parle de leadership, du régénératif, de la place de l'amour en entreprise, de spiritualité, de la puissance du coeur, de l'impermanence, du lien à soi, de méditation.... Rien que ça ! 

Nous évoquons Pierre Rhabi qui intervient dans son documentaire et Alexandre Jollien, qui a réalisé la magnifique préface d'un de ses livres Into the silence ....


Chers auditrices, chers auditeurs, je vous souhaite un moment de pure écoute régénérative ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, je suis Stéphanie Pelleret-Delga. Vous écoutez le podcast Sois, Vie, Aime. Oser un leadership authentique et inspirant, au service de soi, des autres, de son écosystème et du vivant. Tous les mois, je reçois des dirigeantes, dirigeants, experts, expertes. entrepreneurs, entrepreneuses qui ont fait ce chemin entre vulnérabilité et puissance, qui ouvrent leur cœur et partagent leurs expériences professionnelles et plus personnelles. Par leur parcours et personnalité, ils, elles, sèment des graines sources d'inspiration. Et vous, quelles graines avez-vous envie de semer ? Quel leadership souhaitez-vous incarner ? À mon micro ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Laurent Muratet. Bonjour Laurent.

  • Speaker #1

    Bonjour Stéphanie.

  • Speaker #0

    Merci d'être là dans Sois, Vie, Aime. Merci pour notre petite balade en forêt. On enregistre aujourd'hui dans mon salon, transformé en studio pour l'occasion. Laurent, tu as travaillé 12 ans dans le marketing et la communication. Tu as fondé Terra Vita Project en 2014, fort d'une vision sur 20 ans. d'une expérience terrain et d'un lien d'amitié avec les paysans. Terra Vita Project est un projet engagé. C'est une agence de communication en contenu agricole. Vous animez une communauté d'agriculteurs, d'acteurs du secteur agroalimentaire, des communicants, des artistes et des personnalités de la société civile. Vous aidez les entreprises à valoriser les filières du champ à l'assiette. Votre raison d'être remette les enjeux des agriculteurs et du vivant au centre des préoccupations de la société. C'est en 2009, je crois, quand tu travailles chez Alter Eco et en écoutant un producteur de café équitable en Éthiopie que tu réalises qu'il faut remettre les producteurs au centre de la filière alimentaire. Qu'est-ce qui fait qu'à ce moment-là, tu as ce déclic-là ?

  • Speaker #1

    Comme tu disais Stéphanie, j'ai travaillé dans le marketing. C'est vrai que dans le marketing, tu dois vendre un produit. Donc tu te concentres sur la vente de produits. Et ça change un peu maintenant, mais historiquement, on connaissait peu l'amont, d'où venaient les produits qu'on consomme et les enjeux sociaux, économiques et environnementaux. Donc chez Alter Eco, j'ai pu aller voir des producteurs de café et de thé. Et c'est vrai qu'en écoutant ce producteur de café en Éthiopie, j'étais sous un arbre, l'image qu'on peut avoir avec ce producteur de café. Et il me racontait son histoire, ses rêves. Et bien sûr, il me parlait de café. Et je me suis dit en l'écoutant, mais... Déjà, les consommateurs, j'avais envie de transmettre cette histoire jusqu'aux consommateurs, parce que toute l'histoire du café était là, tant sur la production, la qualité du café, mais aussi les enjeux du café et évidemment, ce dont on parle aujourd'hui, les enjeux environnementaux. Donc j'ai vraiment senti cette envie de transmettre ça jusqu'aux consommateurs et d'être un peu ce passeur, de faire ce travail de passeur entre des agriculteurs, des consommateurs et je dirais même la société civile.

  • Speaker #0

    Ce travail de passeur entre les agriculteurs, les producteurs, la société civile, tu le fais tant et si bien que tu réalises même un documentaire en 2012, Un Nouveau Monde En Marche, et tu écris aussi un premier essai, éponyme, Un Nouveau Monde En Marche, tu me coupes si je dis des bêtises, tes passeurs à ce moment-là, quand tu parles à tous et toutes de certains enjeux.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est un peu le... Alors, c'est toujours d'ailleurs ce même voyage en Éthiopie.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Je lisais pour être... Je m'en souviens très bien, je lisais un livre de Gandhi qui s'appelait Tous les hommes sont frères Et après, je rentre chez Alter Ego et j'avais dans ma boîte mail un mail d'une personne de Gandhi International qui organisait une marche avec des centaires en Inde. Et tu vois, c'est certains moments dans la vie où tu sens... Tu lis le livre de Gandhi en Éthiopie, tu reviens, t'as un mail de Gandhi International. Et en ouvrant le mail, je me suis dit, il y a quelque chose à faire autour de ça. Et donc tout à l'heure, je parlais d'agriculteurs. Et là, ça allait encore un cran plus loin parce que ça parlait d'agriculteurs en Inde. Parce que la personne de Gandhi voulait faire une marche en Inde, mais avec des centaires. Donc c'est des gens qui vivent dans des villages, qui pratiquent souvent l'agriculture, mais qui n'ont pas de titre de propriété. Donc j'avais envie d'aller un cran plus loin et de voir, d'une part, les petits producteurs dont je parlais. Mais encore d'aller plus loin et voir ceux qui avaient un accès, qui bossaient la terre, mais sans titre de propriété, qui sont évidemment menacés d'exclusion parce qu'il y a des compagnies minières, pétrolières. Et donc, il y avait cette marche en Inde pour qu'ils défendent leur droit d'accès à la terre et qu'ils demandent au gouvernement indien une réforme. une réforme agraire et notamment des titres de propriété. Donc c'est quand même un enjeu agricole et politique, mais qui est retouché comme l'histoire de Gandhi, parce que c'est une démarche non-violente. Donc de pouvoir dire, voilà, il y a des non-violences, ben voilà, c'est pas toujours compris. Mais en tout cas, c'est de dire, il y a des gens qui sont entre guillemets, alors je ne sais pas si le bon mot, mais plus faibles, qui ont besoin de revendiquer des choses. Ils savent très bien que s'ils le font par la force, ils vont se faire taper dessus par plus fort qu'eux. C'est toute une stratégie politique. aussi de mise en lumière des médias pour revendiquer un droit. C'est un sujet qui m'intéressait beaucoup. C'est pour ça qu'on est parti en Inde et on a fait ce documentaire avec une personne aussi qu'on appelle un peu le nouveau Gandhi, qui s'appelle Raja Gopal, qui est un leader indien non-violent, qui est très inspirant et qu'on voit dans ce documentaire.

  • Speaker #0

    Merci. Et tu disais, quand tu nous partages ce qui t'a amené à aller réaliser ce documentaire, tu dis, des fois, tu sens. Tu parles de quoi à ce moment-là ? Tu parles d'intuition ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, je suis assez intuitif et j'essaie de faire confiance à mes intuitions. Mais oui, on peut parler de synchronicité ou d'intuition. Mais quand j'ai vu ce mail, j'ai senti qu'il fallait faire un truc. Donc, tu vois, tu ne réfléchis pas. J'ai pris mon téléphone, j'ai appelé cette personne qui m'avait écrit un mail. On a fait ce documentaire, ce livre, c'est devenu un ami. Il y a des moments où tu sens qu'il faut agir et tu sens que c'est juste aussi.

  • Speaker #0

    Et alors, pour nos auditeurs, nos auditrices, moi j'entends là, puis en plus, on ne te voit pas, on t'entend. Tu as cet élan, donc il y a ton corps qui parle. Quand tu me partages ça, tu as l'élan. À quoi tu sens ? Comment tu pourrais décrire cette sensation que tu sens ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question. Alors, si je suis très transparent avec toi, il y a des fois, j'ai le périnée qui vibre. Ça peut paraître un peu dingue, mais vraiment, corporellement, j'ai une vibration.

  • Speaker #0

    Tu as cette sensation, tu as un signe.

  • Speaker #1

    Et je le sens. ça vibre et ça monte dans le dos et donc ça c'est très concret et ça peut venir dans des intuitions, des moments de bien-être et parfois plus simplement et je pense que à cette époque c'était plutôt ce cas-là c'est tu te sens bien tu sens que c'est aligné tu sens que c'est juste, t'as pas besoin de réfléchir t'as pas de nœud dans la tête tu sens juste qu'il faut y aller mais c'est vrai que c'est une sensation c'est pas une capacité analytique c'est une sensation comme une paisibilité j'entends à l'intérieur,

  • Speaker #0

    sans nœud Sans différentes oppositions intérieures, de petites voix, il y a quelque chose qui est ouvert, c'est ça ? C'est ça,

  • Speaker #1

    exactement.

  • Speaker #0

    Ok, merci. Durant ce voyage, tu mets en lien, du coup, les personnes sur place, le Gandhi local, rappelle-moi son nom,

  • Speaker #1

    pardon. Rajagopal.

  • Speaker #0

    Rajagopal. Et aussi des Français, pour faire le lien aussi entre ce qui se passe et la façon dont les terres sont cultivées. Sur place, c'est ce qui peut être aussi fait dans nos mondes un peu plus occidentaux. Donc, tu as déjà ces intuitions écologiques. Donc, au-delà des enjeux politiques et sociaux qui se passent là-bas et de cette démarche de marche non violente, il y a aussi ces enjeux écologiques et une inspiration. On n'est qu'en 2012, tu ressens déjà tout ça.

  • Speaker #1

    Alors, c'est sûr que tu vois, je connaissais des producteurs dans les pays du Sud et j'avais rencontré des producteurs français parce qu'on a créé une gamme issue du commerce équitable chez Alter Eco. et j'avais notamment plusieurs agriculteurs un qui s'appelle Edouard Rousseau qui est agriculteur en bio avec qui j'ai eu vraiment pareil un très très bon on va dire feeling et j'ai eu envie à un moment de les amener en Inde pour plusieurs raisons et exactement pour celle que tu dis c'est qu'il y a des enjeux similaires en France et dans les pays du Sud ça ressemble pas comme si on regarde comme ça on se dit que c'est très différent petits producteurs dans les pays du Sud qui parfois sont menacés par des plantations plutôt monocultures intensives et qui sont Il y a aussi en France cet enjeu d'une agriculture familiale qui est prise aujourd'hui entre une agriculture plutôt de firme, on pourrait appeler ça, ou le monde des start-up, et je dis ça sans jument, mais qu'une agriculture familiale qui a des difficultés à trouver son modèle économique. Et dans les pays du Sud, il y a une agriculture familiale aussi qui a beaucoup été menacée par les plantations, avec des petits agriculteurs, je ne parle pas des sans-terres, mais des petits agriculteurs, qui sont partis de leur terre pour rejoindre des villes, donc qui perdent leur savoir-faire et qui ont souvent rejoint des bidonvilles. Donc... Les enjeux sont différents. Enfin, les enjeux sont différents. Il se passe des choses différentes quand on regarde comme ça, mais les enjeux sont quand même assez similaires. Et je voulais que ces producteurs français voient ça dans les pays du Sud. Et en plus, il y a eu plein de parallèles qui ont été faits dans les discussions, les échanges. Et ce qui était touchant, c'est qu'il y en a qui n'étaient jamais sortis de France. Donc, t'imagines un agriculteur français, je pense notamment une personne qui s'appelait Luc de Charente, qui arrive en Inde. Et d'ailleurs, qui l'a super bien vécu. qui découvre ce monde. Et il y a quelque chose presque d'universel entre agriculteurs. Qu'ils soient français, qu'ils travaillent la terre, en Inde, ils travaillent la terre. Ce serait presque comme deux philosophes qui se rencontrent, je ne sais pas, mais tout de suite, ils... Ils ont accroché.

  • Speaker #0

    Et j'ai été marquée aussi dans ce documentaire par un sentiment de sérénité dans une forme de lenteur qui est ressentie aussi par les personnes qui viennent de France.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Et on a voulu le voyage un peu comme ça. On a d'abord été au Darjeeling dans une coopérative. On a pris le temps de la rencontre. En plus, c'est des pays où c'est bien aussi de prendre le temps de la rencontre. Donc, tu vois, tu vois dans le documentaire, on arrive, on est accueilli par un groupe de femmes. On prend le temps d'échanger. de connaître aussi les enjeux des femmes dans ces pays. On reste chez eux. Donc oui, il y avait cette volonté, en tout cas que moi, que j'avais, que ça se passe dans la tranquillité. Et c'est vrai qu'après, on rejoint la marche non-violente qui allait de Goualior à New Delhi. Et c'était bien d'avoir pris le temps aussi d'arriver en Inde avant d'y arriver. Parce que là, tu arrives dans une marche, il fait 40 degrés, tu es sur du goudron, tu vois, les gens, ils chantent, il y a de la musique. Alors, rien à voir avec une manifestation française. Tu vois où tu sens... En France, soit, on le dit un peu dans le documentaire, soit les gens se taisent, soit ils explosent. Il n'y a pas de canalisation, de la manifestation, et je dirais presque de la violence. Alors qu'en Inde, c'est organisé. Dans cette marche, il y a de la joie, il chante. Et c'était sympa d'arriver dans cet état-là, parce que tu as à la fois ça qui est frappant, et en même temps, c'est quand même très surveillé par le gouvernement. Donc, il y a des espions partout. Dès qu'il y a un gars qui vient de parler avec un stylo dans la poche et qui te dit qu'est-ce que tu fais là ? c'est un espion du gouvernement. Il fiche les gens qui sont là. En tant que touriste, si on est rentré en touriste, t'as pas le droit de manifester, si t'es pris en train de manifester, tu peux être emprisonné. Il y a aussi tout ce climat qui est autour. Par rapport à ta question, j'ai un peu... C'était sympa d'être dans un état un peu paisible avant d'arriver dans un contexte qui, même s'il paraît pour nous un peu exotique et sympa, il y a des enjeux politiques forts derrière.

  • Speaker #0

    De la sérénité, même si, en fait, tu peux ressentir ces enjeux politiques et une certaine forme de... tension, finalement, derrière tout ça. Qu'est-ce qui, chez toi, fait que t'as naturellement ce goût de prendre le temps et prendre ce temps de la rencontre ?

  • Speaker #1

    Tu parlais tout à l'heure de sensations. Alors moi, je suis comme toi, comme tous qui doivent nous écouter. On vit dans des sociétés qui vont vite. On doit aller vite. Et je fais plein de choses, comme tout le monde, qui vont vite. Mais quand je me pose, quand je lis ou quand je médite, parce qu'on parlait de méditation tous les deux tout à l'heure, je me sens bien. Et je me sens à ma place, en fait. Ça n'empêche pas d'accélérer à d'autres moments, mais ce goût, et puis on sait très bien... Quand on prend le temps de prendre les choses, il y a surtout de l'ouverture pour qu'il se passe autre chose. La marche dont tu parles est un bon exemple, parce que tu amènes des gens, tu ne sais pas ce qui va se passer, mais le fait d'avoir du temps, il se passe des choses que tu n'as pas prévues, et c'est toujours ça qui est sympa.

  • Speaker #0

    Effectivement, on en parlait tout à l'heure, tous les deux, dans notre petite balade, et même notre petite... Pause méditative. J'ai envie de citer du coup aussi le livre Into the Silence qui a été préfacé par Alexandre Jolien. Et j'ai envie de lire ce qu'il a écrit. À force d'être connectés à nos appareils, nous avons fini par nous désolidariser du vivant, de la terre, de soi, de l'autre. À l'heure où l'individualisme fait rage, où le bonheur, la paix de l'âme, le lâcher-prise sont réduits à des produits marketing, Il devient urgent d'oser une vision autrement plus audacieuse de la spiritualité pour descendre toujours plus profondément au fond du fond.

  • Speaker #1

    C'est beau ce que dit Alexandre Tullian.

  • Speaker #0

    C'est beau, descendre au fond du fond.

  • Speaker #1

    Oui, évidemment, je partage ce qu'il a écrit. Et ça, c'est vraiment aussi une intuition que j'aime et qui est partagée par plein de gens. C'est qu'on vit à la surface de nous-mêmes. Donc, tu vois, on a besoin de temps. Ça peut être la lecture, la méditation, pour descendre, comme dirait Alexandre Joëlien, plus profondément nous. Et on est dans une société, il le dit bien, qui nous tire vers l'extérieur. Alors qu'on a besoin de ces temps, j'en suis persuadé.

  • Speaker #0

    Il le dit bien, c'est une préface de ton livre, donc tu as dit beaucoup de choses aussi. Et tu ramenais ça par rapport justement, suite à ma question sur qu'est-ce qui t'a donné le goût de prendre le temps de la rencontre. Et donc... Tu m'as répondu en disant comme tout le monde, je fais des choses qui vont assez vite, etc. Et en fait, je prends plaisir aussi dans des moments de lecture ou des moments un peu plus doux. Ce n'est pas le terme que tu employais, pardon. C'est ce que j'ai entendu. Et qu'est-ce qui fait que tu en fais un essai justement, To The Silence ? Qu'est-ce que tu as envie de communiquer au monde ? Et pardon, il y a deux questions dans ma question. Qu'est-ce qui te motive à le proposer ?

  • Speaker #1

    Tu vois, on fait tous... vivent différentes parties de nous dans ce qu'on fait. Donc moi, il y a mon boulot très concret. À côté de mon boulot, j'aime bien lire. Je m'intéresse évidemment à la spiritualité, à la méditation. Et à force de pratiquer la méditation, de lire des livres d'écrivains voyageurs, parfois de la poésie. Je pense qu'assez naturellement, à un moment, j'avais envie d'écrire et puis de mettre des choses sur le papier. Ce qui est aussi ce même mouvement, tu vois, tu descends un peu au fond, tu mets des choses sur le papier. C'est un mouvement qui est presque thérapeutique aussi. Et donc, j'ai eu un moment envie de mettre ça sur le papier, à la fois, évidemment, pour le partager, mais aussi pour moi, en fait. Et d'ailleurs, quand je l'ai fait, c'est valable pour deux des livres, je n'avais pas eu la volonté au début d'en faire un livre. Tu vois, ça force d'écrire des choses. Après, je l'ai proposé à un éditeur, et puis ça devient un livre.

  • Speaker #0

    D'accord. Y compris ton roman, que je n'ai pas encore cité, que tu as écrit en 2015, Charles, l'histoire d'une transition, la solution est en nous.

  • Speaker #1

    Alors, en toute transparence.

  • Speaker #0

    Ah bah oui, toi et moi, là, on est là que pour la transparence.

  • Speaker #1

    J'ai écrit ce roman qui a été édité chez Yves Michel. Si je le relis aujourd'hui, d'ailleurs, c'est valable aussi, enfin, pas pour tous, mais c'était quand même il y a longtemps. J'avais envie de faire un roman, donc je l'ai fait. Quand je le relis maintenant, je ne trouve pas ça super abouti, tu vois, dans l'histoire, etc. Par contre, les intuitions dont on parle, l'écologie, la nécessité de revenir vers soi, de prendre du temps et aussi d'œuvrer dans une société qui a plus de sens, tant sur le mode de consommation, le mode de vie, les modèles agricoles, c'est dans le roman.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas rien, revenir vers soi, les sujets d'écologie, prendre le temps. Toi, à l'heure d'aujourd'hui, avec ton chemin d'aujourd'hui ? J'ai l'impression que tu me dis qu'il n'est peut-être pas abouti, mais peut-être qu'il parle déjà, je trouve, à beaucoup de monde.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. Après, je suis comme tout le monde aujourd'hui. Quand on s'est rencontrés, c'est ce que je t'avais dit. Il y a dix ans, je sentais ces intuitions. Je pense qu'elles sont encore plus nécessaires qu'il y a dix ans. Je suis un peu plus dubitatif, parce que notre monde s'accélère encore plus. On a franchi les neuf limites planétaires. Moi, j'interview constamment des agriculteurs. Et je vois bien qu'on a... atteint des limites écologiques extrêmement fortes. Donc là où il y a dix ans, j'étais plus jeune aussi, tu vois, tu as l'utopie, tu te dis on va changer le monde. Aujourd'hui, je crois encore plus qu'il faut changer notre système. Je suis un peu dubitatif sur ce qui se passe parce que ça s'accélère les enjeux. Et donc voilà, je pense que... Et du coup, je suis encore plus convaincu au quotidien qu'il faut agir. Chacun, là, on peut... Et je le fais encore plus qu'avant. Mais moins dans cette envie, un peu moins d'utopie. On s'y colle comme on peut avec nos talents. Et je pense que quand même, les prochaines années, enfin les 10, 20, 30 prochaines années, vont être difficiles. Moi, je suis un optimiste à long terme. Mais on arrive dans une zone où il faut être bien centré, il faut savoir ce qu'on veut, il faut savoir à quel enjeu on s'attèle aussi. Et puis rester concentré là-dessus.

  • Speaker #0

    Ce que j'entends, Laurent, c'est que là où peut-être il y a dix ans, il y avait des utopies de changer le monde et d'embarquer tout le monde, là, il y a aussi cette envie de le faire à ton niveau. Bon, mais tu as beaucoup, beaucoup d'humilité parce que tu fais beaucoup, beaucoup de choses. Mais donc, d'être très concret dans ce que tu entrepends, et notamment par rapport aussi à tout ce qui est fait via Terra Vita Project. Tu le fais à ton niveau et tu embarques à cet endroit-là. sans utopie réelle de tout résoudre maintenant, mais pour autant, tu es un optimiste très long terme. Et tu as un impact qui est à ton endroit sur ce que tu peux faire concrètement. C'est déjà énorme.

  • Speaker #1

    Oui, c'est exactement ça. Je suis revenu sur des solutions. Je dirais, les bouquins ou les documentaires, c'est évidemment nécessaire. On l'entend tout le temps. Il faut des nouveaux récits, des nouvelles visions. Mais c'est vrai que je suis revenu à des choses plus concrètes. mais qui, je pense, en tout cas pour ce que je peux faire moi aujourd'hui, ont plus d'impact. Donc c'est peut-être plus un rôle, tu vois, je te parlais tout à l'heure de passeur, de facilitateur, pour aider à mieux comprendre les enjeux liés à l'agroécologie. Mais en faisant ça, j'ai l'impression de donner des clés, tu disais, en toute humilité, pour décrypter ce qui se passe et aider les personnes, d'ailleurs, ou les organisations, à mieux comprendre et à mieux agir. Tu vois, c'est plus tant de la sensibilisation qu'une espèce de facilitation. mais qui donne aux gens et surtout aux organisations, on pourrait être très transparent, le pouvoir d'agir. Parce qu'en fait, eux, ils doivent changer. D'ailleurs, aujourd'hui, par rapport à 10 ans, ce qui est totalement différent à l'époque d'Alter Eco, c'est que chez Alter Eco, on n'était pas dans des... Enfin, on portait un peu des engagements, mais c'était une époque où on disait, mais non, mais ça ne sert à rien le bio, l'équitable. Aujourd'hui, on parlerait d'agroécologie. Par contre, aujourd'hui, ça a complètement changé. Tu es dans n'importe quelle entreprise et les gens te disent, en immense majorité, il faut changer. La question, c'est plutôt comment on change.

  • Speaker #0

    Et là, t'es concret. Toi, t'interviens à cet endroit-là.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, tu as créé des ateliers d'agriculture durable, qui sont des ateliers de sensibilisation. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus, que tu amènes dans les organisations, je crois ?

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. Tu connais évidemment les fresques. On s'est inspiré des fresques pour créer un jeu de cartes sur les enjeux qui sont liés à l'agroécologie, d'où on vient depuis la Seconde Guerre mondiale. C'est quoi les enjeux liés à l'agriculture dite durable ? Parce qu'en fait, il y a des enjeux très différents dans l'agriculture. Il y a des enjeux qui sont orientés à la mondialisation, de tout. territoires, d'autres qui ont une vision très technologique, d'autres plutôt nature-based solution. Et aider les gens à comprendre ça, tu vois, où se placent les agricultures en France et quels sont les impacts associés, sans aucun, d'ailleurs, jugement, mais plutôt compréhension du périmètre. Ça aide vraiment à se situer, soit en tant que personne, encore une fois, en tant qu'organisation, et de comprendre les impacts associés, en tant que carbone, eau, herbe, biodiversité. Et surtout, ça aide les organisations à passer à l'action. Une fois qu'elles ont compris, c'est de se dire, moi où je suis, qu'est-ce que je peux faire pour faire une filière plus durable et plus équitable ? Donc, tu vois, on retrouve exactement les mêmes choses que j'ai vécues chez AlterEco. Oui. Mais avant, on vendait du chocolat, du café. Là, tu vois, c'est plutôt, on facilite les gens dans les boîtes agroalimentaires pour qu'ils agissent sur ce sujet.

  • Speaker #0

    Pour leur donner envie de faire une bascule et avoir des déclics sur aussi, revoir un petit peu les organisations. de leur modèle d'affaires ?

  • Speaker #1

    Ça va bien sûr jusque-là, parce qu'il y a un moment d'enfin... C'est un sujet tentaculaire. Il y a évidemment ce sujet du partage de la valeur. Tu vois, entre un aval de la filière et peu de valeurs qui vont chez les agriculteurs. Et c'est évidemment chez eux qu'on demande cette transition agroécologique. Donc, il faut revoir le modèle, en tout cas, comme tu dis, d'affaires pour qu'ils aient les moyens de le faire. Après, ça peut être les entreprises qui financent, ça peut être aussi un peu les consommateurs, ça peut être l'État. Mais il y a toute cette réflexion à avoir, qui est évidemment pour changer et basculer vers des modèles agroécologiques, même régénératifs, c'est un mot qui est un peu à la mode, mais oui.

  • Speaker #0

    Et qui n'est pas si évident, qui n'est pas si simple à comprendre d'ailleurs, visée régénérative.

  • Speaker #1

    C'est complètement, c'est un exemple très concret du sujet de l'atelier. C'est qu'on pose la question du champ lexical qu'on utilise, notamment ce terme-là. Qu'est-ce qu'il y a derrière ? C'est quoi ? Ce n'est pas quoi ? Et quels sont les impacts ? Autant il y a des choses dans l'actu qui sont clairement définies. Le bio, on sait ce que c'est. Il y a un cahier des charges, il y a un label. Alors que l'agriculture régénératrice ou régénérative, il n'y a pas de définition, il n'y a pas de cahier des charges. Donc, on aborde ce sujet-là pour qu'on comprenne mieux ce que c'est, les impacts associés, dans un objectif, comme on disait, d'aider les gens à mieux comprendre. Mais oui, c'est un mot qui a une portée extrêmement forte. Et ce qui est très drôle, c'est que quand on parle, et je dis ça en toute bienveillance, quand on parle à un agriculteur... J'ai interviewé un agriculteur un jour en lui disant Est-ce que tu peux dire je pratique l'agriculture régénératrice ? Il me dit Je pratique l'agriculture régénératrice Il s'arrête, il recommence, il n'arrive pas à dire le mot, puis il s'énerve un peu et il me dit Ça fait 15 ans que je pratique l'agriculture de conservation des sols. C'est un peu technique, mais qui est une agriculture. Mais tout ça pour dire qu'il y a aussi cette facilitation à faire entre le monde de l'entreprise, qui a un certain vocabulaire avec le mot régénératif, et le monde agricole. qui n'utilisent pas les mêmes mots en plus. Donc aider aussi toutes ces personnes-là à se mettre d'accord, à mieux comprendre ces parties prenantes, comme on dit, c'est un vrai enjeu.

  • Speaker #0

    Parce que même les entreprises, j'ai l'impression que ce n'est pas si accessible que ça, non plus de comprendre ce que c'est qu'un business à visée régénérative. Et peut-être pour les auditrices, les auditeurs, pouvoir définir que le régénératif, un peu dans les grandes lignes, même si c'est en soi compliqué, je te propose quelque chose. c'est de ne pas se limiter à juste s'arrêter à enlever les impacts négatifs minimum, mais pouvoir aussi aller travailler ces impacts positifs et notamment au regard de c'est quoi, en tant qu'agriculteur, où est-ce que j'ai des impacts négatifs, comment je peux générer des impacts positifs et tout ça au regard des différentes limites planétaires aussi.

  • Speaker #1

    Oui, c'est tout à fait ça. Et ce mot a un immense mérite, c'est le fait que du coup, on porte l'attention au sol. Tu vois, avant, on ne se posait pas la question du sol ou d'un sol vivant. L'agriculture régénératrice, c'est un peu de dire, on prend soin des sols et on est capable, comme tu dis, de mesurer les impacts liés au sol. Tu vois, la vie du sol, le carbone, la biodiversité. Et ça, c'est quand même assez nouveau. Tu vois, avant, on parlait de bio, d'équitable. Aujourd'hui, c'est quand même très nouveau de se dire, enfin, ce n'est pas nouveau. Beaucoup de gens se sont posé la question avant, mais c'est nouveau dans les entreprises de se poser cette question. Et c'est vrai que ce mot a cet immense mérite de poser ces questions et de faire bouger les entreprises.

  • Speaker #0

    Et donc, merci d'agir à cet endroit-là. Et je reviens quand même un tout petit peu, parce que tu me dis, oui, bon, moi, autant il y a dix ans, j'avais envie d'évangéliser. J'ai le droit de dire ce mot-là ou pas ? Trop ? Peut-être pas, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Tu sens, oui.

  • Speaker #0

    Évangéliser. Aujourd'hui, j'aime bien être concret sur les terrains, d'accompagner, de faciliter des déclics, des modes de compréhension qui vont amener des agriculteurs, des entreprises à revoir peut-être... certaines façons de faire et aussi des différents modèles d'affaires pour participer justement à une agriculture plus écologique, plus régénérative. Je suis touchée en fait par ton parcours et par le lien que tu fais entre ce soin du sol, ce soin de la terre et ce soin de soi. Parce qu'on a parlé là en début d'interview un peu de spiritualité. Donc même si tu ne mélanges pas tout et ça, ça t'appartient, j'ai l'impression que cet aspect-là participe beaucoup. à ta compréhension de la vie, cet aspect de spiritualité et de soin de soi. Est-ce qu'on a le droit d'aller dans cet espace et d'en parler un peu ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Ça passe par quoi, le soin de toi, Laurent ?

  • Speaker #1

    Tu vois, je vais te répondre tout de suite, mais je dis juste une petite parenthèse. Il mériterait de développement, mais il y a beaucoup de parallèles entre ce que je vois dans l'agriculture et ce dont tu parles, en fait. La façon dont on traite la terre, l'intensivité. On demande la productivité qu'on demande à la terre aujourd'hui. Et j'ai croisé des agriculteurs qui sont pourtant des agriculteurs intensifs, qui disent ma terre, c'est une Rolls-Royce, on a besoin de rendement Et même eux qui te disent on aurait besoin de baisser un tout petit peu ce degré d'intensité ou d'intensivité pour ramener cette transition agroécologique Donc, il y a quand même des parallèles. Tu vois, ce qui me parle, mais c'est vrai que c'est... Après, pour revenir à ta question...

  • Speaker #0

    Pardon, c'est super intéressant. Merci beaucoup de mettre un petit focus sur ces parallèles entre l'intensité... L'intensité, mais je n'y arrive pas.

  • Speaker #1

    On va dire l'intensité.

  • Speaker #0

    L'intensité avec laquelle les agriculteurs peuvent travailler leur terre. Et donc, le parallèle que tu fais, c'est l'intensité avec laquelle on peut mener nos vies, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, exactement, parce que je fais un dernier parallèle. Et après, tu vois, il y a les jachères en agriculture. Les jachères, c'est laisser reposer la terre un certain temps. pour qu'elle soit après plus productive. D'ailleurs, ça a été un peu remis en question ces derniers temps avec ce qui s'est passé. Mais donc, pourquoi je raconte ça ? C'est qu'en fait, ce soin de soi, il est très concret. Tu vois, c'est qu'on a des moments où on disait si on veut aller vite dans le travail, à certains moments, on a besoin d'être productif comme la terre, elle doit l'être. Et bien, on a évidemment, à d'autres moments, besoin d'être un peu en jachère pour qu'il y ait des nouvelles idées qui naissent, pour qu'on puisse se régénérer, tout simplement. Alors moi, j'ai très en moi cette question de la méditation, de la spiritualité. Mais je pense qu'elle est un peu vitale, en fait. C'est qu'on a besoin de temps. Alors il y en a, c'est la méditation, d'autres, ça va être autre chose. Mais de prendre du temps pour soi, de prendre soin de soi, parce que tout va vite. Et que si on ne prend pas soin de ça, on sait très bien que 30% des gens menacent de burn-out. Donc c'est un enjeu quand même de société. Et c'est vrai qu'il y a quelques années, il y a des gens qui me disaient, enfin il y a longtemps, qui disait Mais pourquoi tu médites ? Et moi, je répondais Mais pourquoi tu prends une douche ? C'est un peu binaire comme discussion, mais tu vois bien ce que je veux dire. En tout cas, moi, la méditation, c'est comme une douche, je le fais tous les jours. Si je ne le fais pas, il me manque un truc. Et je pense vraiment que, très concrètement, c'est le moment où le cerveau, évidemment, s'apaise.

  • Speaker #0

    Son cerveau est quoi,

  • Speaker #1

    pardon ? Le cerveau s'apaise. Oui. Et surtout, tu te rends bien compte, ça, c'est un peu plus spirituel, mais pour que les choses se passent, il faut du vide. Pour qu'il se passe quelque chose dans la vie, il faut de l'espace. Et que si on ne laisse pas d'espace, on en parlait tout à l'heure, on est en contre-constant. Évidemment, quand on bosse et qu'on parle de choses très concrètes, il faut le cerveau analytique, il faut pousser dans une direction, il faut avoir une vision très claire. Autant, à d'autres moments, il faut juste laisser les choses se faire et se régénérer, on le disait tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Et pour ceux pour qui ce n'est pas si simple et pas si accessible, la méditation ? Est-ce que tu aurais un conseil à donner ? Ce serait quoi une façon facile d'essayer le tout premier petit pas d'un novice en méditation ? Tu aurais une petite astuce ou pas ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que c'est vrai qu'on pense souvent à la méditation. Tu sais, je m'assois, je respire, je me concentre sur ma respiration. Mais marcher pieds nus dans l'herbe, s'allonger dans l'herbe, marcher dans la forêt, c'est une pratique méditative qui existe d'ailleurs dans la... dans certaines traditions. On peut méditer assis, on peut méditer allongé, et on peut marcher en méditant.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'est vraiment accessible à tout le monde. Et je dirais presque que tout le monde le fait. Tu vois, sans le savoir, tu es en vacances, tu t'allonges quelque chose de sa vie. À un moment, tu sens cet état-là. Tu n'es plus relax. Tu te dis, tiens, mais dans ma vie, il y a des choses que je ne voyais pas avant. Donc finalement, c'est un peu comme, tu vois, on le fait sans le savoir. Et la différence, je dirais, avec une pratique un peu instaurée, c'est juste que chaque jour, on prend le temps de faire ça.

  • Speaker #1

    D'être un peu en pleine conscience des sensations et de ce qui se vit au moment où ça se vit. Et de ne pas être un peu comme pris le hamster dans les pensées de passé-futur, mais d'être dans le moment présent. Donc sur la plage ou en forêt, pieds nus dans un jardin. Merci, c'est concret. Je trouve que ça peut être aidant. Je devais dévoiler quelque chose à nos auditeurs que peut-être beaucoup de monde sait déjà, mais tu es un grand méditant. Toi, tu as commencé à méditer petit ?

  • Speaker #0

    Alors, je me suis intéressé à cette question-là très jeune. Après, j'ai commencé à méditer, je vais dire, à 21, 22 ans. Donc oui, ça fait longtemps, ouais. Mais aussi, et pareil, pour être très transparent, c'était une nécessité, en fait. Moi, je suis quelqu'un qui est à la base, qui a beaucoup d'idées constantes en tête. Et à un moment, j'avais besoin d'apaiser, tu vois, un cerveau un peu bouillonnant, quoi, et assez jeune. Alors, j'y suis allé quand même parce que je lisais des livres sur la spiritualité. Mais j'y suis aussi allé de manière très concrète parce que j'ai essayé et je me suis dit tout de suite, mais waouh. En tout cas, moi qui suis dit qu'il y a tendance à trop penser parfois ou trop agir. C'est pour ça que maintenant, je te dis, je canalise quand même mes actions. Ça m'a fait un bien fou. Et pour le coup, tu vois, c'est quelque chose que j'ai... Dans la vie, on fait des trucs qui parfois, on se dit, ça me fait du bien. Et à terme, on se dit, j'en ai pas besoin. Autant la méditation m'a fait un bien fou dès le début. Et c'est presque une magie renouvelée. C'est-à-dire que plus je médite, plus j'approfondis le sujet, plus je me sens débutant, paradoxalement. Parce que c'est... Et en même temps, je sais que ça fera partie de ma vie jusqu'à la fin. J'ai pas de doute, tu vois, sur cette question-là.

  • Speaker #1

    Donc, vers 21 ans, tu disais qu'il y a été comme une nécessité avec un cerveau bouillonnant, des actions bouillonnantes aussi. Et tu t'intéressais déjà à la spiritualité. Bon, on en a un petit peu parlé tout à l'heure, mais... Du coup, c'est quelque chose qui est venu, qui est apparu quand dans ta vie ?

  • Speaker #0

    Je te disais tout à l'heure, j'ai un terreau familial un peu autour de ça. Mais à 7 ans, j'ai quand même eu des grandes questions sur ce sujet. Je te disais tout à l'heure, je me sentais appelé à la spiritualité, donc très concrètement. Je le dis même si ce n'est plus mes questions d'aujourd'hui. Je me sentais appelé à ça. Et le seul, ce que je connaissais, évidemment, c'était ce que je voyais. C'était l'église, donc je me disais, tiens, tu as appelé à être prêtre, mais j'avais 7 ans. Et en même temps, au fond de moi, je me disais non, non, j'ai envie de connaître les fêtes, je te disais, les femmes et le plaisir. Tu vois, j'avais un vrai débat là-dessus. Donc, j'ai un peu tranché à ce moment-là en me disant non. Et ce que je regrette en aucun cas, d'ailleurs, parce que c'est ce que j'ai fait. Mais par contre, la spiritualité, elle était là et je la vis aujourd'hui. Comme tous, on a nos parcours. Et puis, à un moment, tu te questionnes, tu regardes plein de choses. Et puis, à un moment, pareil, tu précises un peu. Et puis, j'ai pu se préciser qu'est-ce qui me parlait à moi, quelles traditions. et comment pratiquer la spiritualité. Et en l'occurrence, vraiment, c'est la méditation.

  • Speaker #1

    Merci de partager cet intime-là, Laurent. Moi, je me pose souvent la question de la place de la spiritualité en entreprise. Est-ce que c'est un gros mot déjà ou est-ce que ce n'est pas un gros mot ?

  • Speaker #0

    Je n'ai pas vraiment... Alors, je peux juste témoigner de quelque chose. Oui. Chalter Eco, on faisait du yoga entre midi et deux et on terminait par de la méditation. Donc, c'était... pas dans la journée de travail, entre midi et deux. Et je le faisais toutes les semaines, enfin, on était plusieurs à le faire. Et c'est sûr, donc c'est quand même le cadre de l'entreprise. Entre midi et deux, c'est une salle de réunion, et de faire ça, et après de retourner au boulot, à chaque fois, je me disais, mais quel... Ça me faisait beaucoup, beaucoup de bien. Tu vois, la réunion de l'après-midi, je l'abordais complètement différemment. Donc, je ne sais pas, toute transparence, si la spiritualité a sa place en entreprise, je ne sais pas. Par contre... des pratiques de régénération, yoga, méditation, pour l'avoir vécu, mais complètement. Ça, oui, pour le coup, c'est un vécu.

  • Speaker #1

    Merci. J'ai l'impression qu'au préalable de tout ça, il y a à s'autoriser à pouvoir être soi. Pouvoir être soi, c'est être effectivement aussi dans des phases, des espaces qui soient régénératifs, compliqués d'être soi si on est surmené. J'ai envie de te poser la question. Moi, je dis être soi. Pas toujours si simple non plus. Tu as des conseils là-dessus pour être soi en entreprise ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas simple, comme tu dis. C'est un milieu qui n'est pas simple aujourd'hui. La pression économique, on en a parlé tout à l'heure, elle augmente. Donc avec une pression sur les personnes. Après, mon seul conseil, ou mon partage plutôt, c'est ce qu'on dit tous, c'est que quand on est soi, on est toujours meilleur quelque part. Quand on ose être soi, dire ce qu'on pense. Je pense qu'on a tous vécu des réunions où on sort et on se dit j'ai pas dit ça alors qu'on sentait que c'était juste. Et quatre mois après, on se dit mais je l'avais senti ça, je ne l'ai pas formulé Et je pense que pour moi, en entreprise, être soi, c'est ça. C'est de se dire chaque parole mérite d'être entendue Parce que tu vois, il y a des forts leaderships en entreprise. Tu travailles sur le leadership. Parfois, on est dans une réunion et il y a un leader. Enfin, un leader, quelle définition donnerait un leader ? Mais en tout cas, quelqu'un qui prend beaucoup de place.

  • Speaker #1

    Quelle définition de toi tu as envie de donner au leader ?

  • Speaker #0

    Moi, je dirais que c'est quelqu'un qui inspire et qui crée une intelligence collective et qui donne à chacun son talent et qui fait que les gens se sentent bien et participent. Et parfois, dans d'autres situations, quand on a quelqu'un comme ça, généralement, la vie, les idées circulent. Et puis parfois, il n'y a pas cette situation-là. Par rapport à ta question, je pense qu'il faut toujours oser apporter ce qu'on a apporté.

  • Speaker #1

    Offrir, offrir ses talents. Pierre Rabhi, notamment toujours dans ton reportage, parle de posture de cœur et d'âme au sujet de la sobriété heureuse, ne pas prélever en excès, j'ai ce qu'il faut, cela me donne de la légèreté. Et il dit que la plus grande puissance qui soit sur cette planète, c'est la puissance d'aimer. Cette puissance d'aimer, elle est importante aussi en entreprise ?

  • Speaker #0

    Oui, 100% d'accord. Je vais être très basique dans ma réponse. Vas-y,

  • Speaker #1

    vas-y, sois basique.

  • Speaker #0

    On se rend quand même compte qu'il y a deux grands moteurs à l'intérieur. Il y a la peur et il y a l'amour. Parfois, on agit par peur. Tous, on le fait. On se protège. C'est un mouvement qui se referme. On a un peu peur. Et puis, il y a d'autres fois, on agit par amour. Et par amour, ça peut être aussi très concret. On sent que le cœur est plus ouvert, la posture est plus ouverte. Et ça, évidemment que ça a toute sa place. Et les projets qui sont faits avec cette posture-là sont toujours plus vivants que les autres. Et je pense que dans les organisations, alors, tu vois, il y a plein de gens qui vont parler de ça, de ces signes, c'est peut-être les petits signaux faibles, les signes en zim, il y a des organisations où il y a de l'amour et de l'énergie, et d'autres qui sont des organisations de peur, quoi. Et donc, oui, c'est la raison de Pierre Rabhi, c'est le moteur de la vie, quoi.

  • Speaker #1

    Et comment tu fais, toi, pour embarquer à cet endroit du cœur et de l'amour ?

  • Speaker #0

    Écoute, quand je fais des choses, j'essaye, avec plus ou moins de succès selon les jours, évidemment, d'être dans une posture d'ouverture. Et parfois, j'essaye même de sentir mon cœur, de me dire qu'il est plus ouvert. Et évidemment, quand tu fais ça, quoi que tu dises, ça passe mieux. Et même quand tu as quelque chose à dire, tu vois qu'il est... qui n'est pas contre quelqu'un, mais qui est intéressant. Tu partages une autre idée que quelqu'un. Dans cette posture, on se rend quand même compte qu'on peut tout dire et que les personnes, évidemment, sentent l'énergie dans laquelle on dit. Alors que quand on dit la même chose, mais qu'on est dans une posture de peur, voire d'agressivité, tu dis la même chose et tu crées ce mouvement un peu plus tendu qui fait qu'il n'y a rien qui sort. Tu vas en parler de non-violence. Les théoriciens de la non-violence l'ont très bien expliqué, c'est que la violence engendre la violence, très concrètement. Donc c'est très concret, en fait. On envoie de la violence, c'est contagieux. Et un mouvement de violence se crée, on envoie de l'amour, c'est contagieux. Et ça se crée aussi, quoi.

  • Speaker #1

    Donc toi, t'es dans ton ouverture du cœur pour embarquer, et c'est assez concret. C'est-à-dire que j'ai l'impression que tu le montrais là-dessus. Tu mettais tes mains sur ton cœur, tu vas les visiter. Quand tu as des choses à dire, tu y vas depuis cet espace-là, dans un espace ouvert.

  • Speaker #0

    J'essaye.

  • Speaker #1

    T'essayes.

  • Speaker #0

    Il y a des jours, c'est pas le mot, ça fonctionne, mais il y a des jours, c'est là. On en parlait tout à l'heure. Et il y a des jours, t'es stressé, t'es fatigué, t'as une mauvaise humeur et t'y es pas, quoi.

  • Speaker #1

    Et alors, comment tu fais quand t'as, à ce moment-là, un événement que tu peux pas décaler ? Comment tu t'y prends pour faire avec ta peur et le stress ?

  • Speaker #0

    Je fais au mieux que je peux, c'est le truc qu'on se dit tout le temps. Et surtout, je me dis, tu vas en parler d'impermanence, donc ça aussi, c'est très concret. On se rend bien compte qu'on a des mouvements de vie où il y a des fois, ça va, et des fois, ça ne va pas, et c'est OK. Et je pense, alors ça, c'est une petite parenthèse, que tant qu'on pense que tout doit aller bien tout le temps, il peut y avoir ce bien en méditation. Eh bien, ça ne peut pas fonctionner, parce qu'en fait, il y a des jours où on va bien. On est des hommes et des femmes, on en parlait tout à l'heure. Il y a des jours où on est tendu, fatigué. Et en fait, juste l'accepter. Et même pas le changer. C'est une question de totale acceptation. C'est de se dire, je vais bien, je cueille. La vie m'offre un truc, c'est bien. Je me sens mal. C'est OK, en fait. Le bonheur, c'est ce qui arrive à la bonne heure. Je disais un truc, je partage ça, et malheur, c'est ce qui arrive au mauvais moment. Bonne heure, malheur. C'est OK. Et pas sortir non plus de ça. Et on sait très bien, il suffit de s'observer tous les jours, qu'il y a des jours, aujourd'hui, ça va, demain, ça n'ira pas, et après-demain, ça ira. C'est un mouvement constant. Et la seule chose qu'on peut faire, c'est d'accepter. On fait un truc ou un atelier, il y a des jours, ça ne fonctionne pas. C'est plus dur, on va dire. Ça fait partie de la vie.

  • Speaker #1

    Merci de mettre en avant cet accueil de l'impermanence de la vie, un petit peu à l'image des saisons et des cycles. Tu parlais du besoin de se régénérer, un peu comme l'hiver permet aussi ce repos de la Terre. Nous sommes des êtres humains et tout est cyclique et impermanent. Merci aussi de mettre en avant de la bienveillance, d'incarner, Laurent, à travers ce que tu nous partages là, cette bienveillance de l'accueil. J'ai envie de te proposer un petit voyage, Laurent. Si tu es d'accord, je vais te proposer de fermer les yeux, de pouvoir prendre une grande inspiration. Et je vais t'inviter en 2035. Nous sommes en 2035. Qu'est-ce qui fait battre ton cœur ?

  • Speaker #0

    Écoute, les sujets dont on parle, ce qui fait battre mon cœur, c'est qu'il soit plus présent, encore plus présent, encore plus partagé. que ce mouvement un peu quand même vers plus de vie, plus d'écologie, plus de social, on l'a bien vu avec les débats dernièrement, qu'ils soient encore plus présents et qu'on bascule doucement vers des nouveaux modèles, sans naïveté par rapport aux tensions qui existent. Mais qu'on soit, je dirais, même suffisamment nombreux à aller dans cette direction et que ce mouvement, qui je pense est inéluctable, se renforce pour y aller.

  • Speaker #1

    Merci Laurent.

  • Speaker #0

    Merci Stéphanie.

  • Speaker #1

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Description

Dans cet épisode, Laurent nous partage sans filtre, un peu de lui, de son parcours, et bien sûr ses missions à travers Terravita Project : régénérer la terre, les hommes et le vivant.

Laurent est un optimiste "long terme", il est un passeur, il sensibilise aux enjeux de l'agroécologie.

A travers des ateliers d''agriculture durable qu'il a créés, il propose des clefs de compréhension pour plus de déclics et bascules. 


Il a en lui cette sensibilité, cette curiosité pour la vie et le vivant depuis l'enfance. Bouillonnant d'idées et d'élan, il se familiarise assez jeune à la méditation.  

De ses différentes réflexions et de son cheminement, il fera plusieurs livres, comme des témoins, des partages. 


Convaincu des enjeux sociaux, économiques, environnementaux de l'agriculture, il a à cœur de remettre les producteurs au centre de la filière alimentaire. En 2012, alors directeur marketing chez Alter Eco, il réalise un documentaire Un nouveau monde en marche, dans le cadre d'une marche des "sans terre" qui pratiquent l'agriculture en Inde, pour témoigner et sensibiliser sur ces enjeux. Au départ de ce projet, une intuition.


Laurent, il est comme ça, intuitif et pragmatique. 

Il nous rappelle l'importance de prendre le temps, de revenir vers Soi, quand tout est si intense. Tout comme il nous rappelle l'importance de revenir aux besoins des sols quand il y a tant d'intensivité en agriculture.


Laurent nous donne envie d'agir et d'interagir depuis un espace du cœur, avec nos propres talents, sur les thématiques qui nous appellent.  


Un épisode à écouter sans attendre !

On y parle de leadership, du régénératif, de la place de l'amour en entreprise, de spiritualité, de la puissance du coeur, de l'impermanence, du lien à soi, de méditation.... Rien que ça ! 

Nous évoquons Pierre Rhabi qui intervient dans son documentaire et Alexandre Jollien, qui a réalisé la magnifique préface d'un de ses livres Into the silence ....


Chers auditrices, chers auditeurs, je vous souhaite un moment de pure écoute régénérative ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, je suis Stéphanie Pelleret-Delga. Vous écoutez le podcast Sois, Vie, Aime. Oser un leadership authentique et inspirant, au service de soi, des autres, de son écosystème et du vivant. Tous les mois, je reçois des dirigeantes, dirigeants, experts, expertes. entrepreneurs, entrepreneuses qui ont fait ce chemin entre vulnérabilité et puissance, qui ouvrent leur cœur et partagent leurs expériences professionnelles et plus personnelles. Par leur parcours et personnalité, ils, elles, sèment des graines sources d'inspiration. Et vous, quelles graines avez-vous envie de semer ? Quel leadership souhaitez-vous incarner ? À mon micro ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Laurent Muratet. Bonjour Laurent.

  • Speaker #1

    Bonjour Stéphanie.

  • Speaker #0

    Merci d'être là dans Sois, Vie, Aime. Merci pour notre petite balade en forêt. On enregistre aujourd'hui dans mon salon, transformé en studio pour l'occasion. Laurent, tu as travaillé 12 ans dans le marketing et la communication. Tu as fondé Terra Vita Project en 2014, fort d'une vision sur 20 ans. d'une expérience terrain et d'un lien d'amitié avec les paysans. Terra Vita Project est un projet engagé. C'est une agence de communication en contenu agricole. Vous animez une communauté d'agriculteurs, d'acteurs du secteur agroalimentaire, des communicants, des artistes et des personnalités de la société civile. Vous aidez les entreprises à valoriser les filières du champ à l'assiette. Votre raison d'être remette les enjeux des agriculteurs et du vivant au centre des préoccupations de la société. C'est en 2009, je crois, quand tu travailles chez Alter Eco et en écoutant un producteur de café équitable en Éthiopie que tu réalises qu'il faut remettre les producteurs au centre de la filière alimentaire. Qu'est-ce qui fait qu'à ce moment-là, tu as ce déclic-là ?

  • Speaker #1

    Comme tu disais Stéphanie, j'ai travaillé dans le marketing. C'est vrai que dans le marketing, tu dois vendre un produit. Donc tu te concentres sur la vente de produits. Et ça change un peu maintenant, mais historiquement, on connaissait peu l'amont, d'où venaient les produits qu'on consomme et les enjeux sociaux, économiques et environnementaux. Donc chez Alter Eco, j'ai pu aller voir des producteurs de café et de thé. Et c'est vrai qu'en écoutant ce producteur de café en Éthiopie, j'étais sous un arbre, l'image qu'on peut avoir avec ce producteur de café. Et il me racontait son histoire, ses rêves. Et bien sûr, il me parlait de café. Et je me suis dit en l'écoutant, mais... Déjà, les consommateurs, j'avais envie de transmettre cette histoire jusqu'aux consommateurs, parce que toute l'histoire du café était là, tant sur la production, la qualité du café, mais aussi les enjeux du café et évidemment, ce dont on parle aujourd'hui, les enjeux environnementaux. Donc j'ai vraiment senti cette envie de transmettre ça jusqu'aux consommateurs et d'être un peu ce passeur, de faire ce travail de passeur entre des agriculteurs, des consommateurs et je dirais même la société civile.

  • Speaker #0

    Ce travail de passeur entre les agriculteurs, les producteurs, la société civile, tu le fais tant et si bien que tu réalises même un documentaire en 2012, Un Nouveau Monde En Marche, et tu écris aussi un premier essai, éponyme, Un Nouveau Monde En Marche, tu me coupes si je dis des bêtises, tes passeurs à ce moment-là, quand tu parles à tous et toutes de certains enjeux.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est un peu le... Alors, c'est toujours d'ailleurs ce même voyage en Éthiopie.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Je lisais pour être... Je m'en souviens très bien, je lisais un livre de Gandhi qui s'appelait Tous les hommes sont frères Et après, je rentre chez Alter Ego et j'avais dans ma boîte mail un mail d'une personne de Gandhi International qui organisait une marche avec des centaires en Inde. Et tu vois, c'est certains moments dans la vie où tu sens... Tu lis le livre de Gandhi en Éthiopie, tu reviens, t'as un mail de Gandhi International. Et en ouvrant le mail, je me suis dit, il y a quelque chose à faire autour de ça. Et donc tout à l'heure, je parlais d'agriculteurs. Et là, ça allait encore un cran plus loin parce que ça parlait d'agriculteurs en Inde. Parce que la personne de Gandhi voulait faire une marche en Inde, mais avec des centaires. Donc c'est des gens qui vivent dans des villages, qui pratiquent souvent l'agriculture, mais qui n'ont pas de titre de propriété. Donc j'avais envie d'aller un cran plus loin et de voir, d'une part, les petits producteurs dont je parlais. Mais encore d'aller plus loin et voir ceux qui avaient un accès, qui bossaient la terre, mais sans titre de propriété, qui sont évidemment menacés d'exclusion parce qu'il y a des compagnies minières, pétrolières. Et donc, il y avait cette marche en Inde pour qu'ils défendent leur droit d'accès à la terre et qu'ils demandent au gouvernement indien une réforme. une réforme agraire et notamment des titres de propriété. Donc c'est quand même un enjeu agricole et politique, mais qui est retouché comme l'histoire de Gandhi, parce que c'est une démarche non-violente. Donc de pouvoir dire, voilà, il y a des non-violences, ben voilà, c'est pas toujours compris. Mais en tout cas, c'est de dire, il y a des gens qui sont entre guillemets, alors je ne sais pas si le bon mot, mais plus faibles, qui ont besoin de revendiquer des choses. Ils savent très bien que s'ils le font par la force, ils vont se faire taper dessus par plus fort qu'eux. C'est toute une stratégie politique. aussi de mise en lumière des médias pour revendiquer un droit. C'est un sujet qui m'intéressait beaucoup. C'est pour ça qu'on est parti en Inde et on a fait ce documentaire avec une personne aussi qu'on appelle un peu le nouveau Gandhi, qui s'appelle Raja Gopal, qui est un leader indien non-violent, qui est très inspirant et qu'on voit dans ce documentaire.

  • Speaker #0

    Merci. Et tu disais, quand tu nous partages ce qui t'a amené à aller réaliser ce documentaire, tu dis, des fois, tu sens. Tu parles de quoi à ce moment-là ? Tu parles d'intuition ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, je suis assez intuitif et j'essaie de faire confiance à mes intuitions. Mais oui, on peut parler de synchronicité ou d'intuition. Mais quand j'ai vu ce mail, j'ai senti qu'il fallait faire un truc. Donc, tu vois, tu ne réfléchis pas. J'ai pris mon téléphone, j'ai appelé cette personne qui m'avait écrit un mail. On a fait ce documentaire, ce livre, c'est devenu un ami. Il y a des moments où tu sens qu'il faut agir et tu sens que c'est juste aussi.

  • Speaker #0

    Et alors, pour nos auditeurs, nos auditrices, moi j'entends là, puis en plus, on ne te voit pas, on t'entend. Tu as cet élan, donc il y a ton corps qui parle. Quand tu me partages ça, tu as l'élan. À quoi tu sens ? Comment tu pourrais décrire cette sensation que tu sens ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question. Alors, si je suis très transparent avec toi, il y a des fois, j'ai le périnée qui vibre. Ça peut paraître un peu dingue, mais vraiment, corporellement, j'ai une vibration.

  • Speaker #0

    Tu as cette sensation, tu as un signe.

  • Speaker #1

    Et je le sens. ça vibre et ça monte dans le dos et donc ça c'est très concret et ça peut venir dans des intuitions, des moments de bien-être et parfois plus simplement et je pense que à cette époque c'était plutôt ce cas-là c'est tu te sens bien tu sens que c'est aligné tu sens que c'est juste, t'as pas besoin de réfléchir t'as pas de nœud dans la tête tu sens juste qu'il faut y aller mais c'est vrai que c'est une sensation c'est pas une capacité analytique c'est une sensation comme une paisibilité j'entends à l'intérieur,

  • Speaker #0

    sans nœud Sans différentes oppositions intérieures, de petites voix, il y a quelque chose qui est ouvert, c'est ça ? C'est ça,

  • Speaker #1

    exactement.

  • Speaker #0

    Ok, merci. Durant ce voyage, tu mets en lien, du coup, les personnes sur place, le Gandhi local, rappelle-moi son nom,

  • Speaker #1

    pardon. Rajagopal.

  • Speaker #0

    Rajagopal. Et aussi des Français, pour faire le lien aussi entre ce qui se passe et la façon dont les terres sont cultivées. Sur place, c'est ce qui peut être aussi fait dans nos mondes un peu plus occidentaux. Donc, tu as déjà ces intuitions écologiques. Donc, au-delà des enjeux politiques et sociaux qui se passent là-bas et de cette démarche de marche non violente, il y a aussi ces enjeux écologiques et une inspiration. On n'est qu'en 2012, tu ressens déjà tout ça.

  • Speaker #1

    Alors, c'est sûr que tu vois, je connaissais des producteurs dans les pays du Sud et j'avais rencontré des producteurs français parce qu'on a créé une gamme issue du commerce équitable chez Alter Eco. et j'avais notamment plusieurs agriculteurs un qui s'appelle Edouard Rousseau qui est agriculteur en bio avec qui j'ai eu vraiment pareil un très très bon on va dire feeling et j'ai eu envie à un moment de les amener en Inde pour plusieurs raisons et exactement pour celle que tu dis c'est qu'il y a des enjeux similaires en France et dans les pays du Sud ça ressemble pas comme si on regarde comme ça on se dit que c'est très différent petits producteurs dans les pays du Sud qui parfois sont menacés par des plantations plutôt monocultures intensives et qui sont Il y a aussi en France cet enjeu d'une agriculture familiale qui est prise aujourd'hui entre une agriculture plutôt de firme, on pourrait appeler ça, ou le monde des start-up, et je dis ça sans jument, mais qu'une agriculture familiale qui a des difficultés à trouver son modèle économique. Et dans les pays du Sud, il y a une agriculture familiale aussi qui a beaucoup été menacée par les plantations, avec des petits agriculteurs, je ne parle pas des sans-terres, mais des petits agriculteurs, qui sont partis de leur terre pour rejoindre des villes, donc qui perdent leur savoir-faire et qui ont souvent rejoint des bidonvilles. Donc... Les enjeux sont différents. Enfin, les enjeux sont différents. Il se passe des choses différentes quand on regarde comme ça, mais les enjeux sont quand même assez similaires. Et je voulais que ces producteurs français voient ça dans les pays du Sud. Et en plus, il y a eu plein de parallèles qui ont été faits dans les discussions, les échanges. Et ce qui était touchant, c'est qu'il y en a qui n'étaient jamais sortis de France. Donc, t'imagines un agriculteur français, je pense notamment une personne qui s'appelait Luc de Charente, qui arrive en Inde. Et d'ailleurs, qui l'a super bien vécu. qui découvre ce monde. Et il y a quelque chose presque d'universel entre agriculteurs. Qu'ils soient français, qu'ils travaillent la terre, en Inde, ils travaillent la terre. Ce serait presque comme deux philosophes qui se rencontrent, je ne sais pas, mais tout de suite, ils... Ils ont accroché.

  • Speaker #0

    Et j'ai été marquée aussi dans ce documentaire par un sentiment de sérénité dans une forme de lenteur qui est ressentie aussi par les personnes qui viennent de France.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Et on a voulu le voyage un peu comme ça. On a d'abord été au Darjeeling dans une coopérative. On a pris le temps de la rencontre. En plus, c'est des pays où c'est bien aussi de prendre le temps de la rencontre. Donc, tu vois, tu vois dans le documentaire, on arrive, on est accueilli par un groupe de femmes. On prend le temps d'échanger. de connaître aussi les enjeux des femmes dans ces pays. On reste chez eux. Donc oui, il y avait cette volonté, en tout cas que moi, que j'avais, que ça se passe dans la tranquillité. Et c'est vrai qu'après, on rejoint la marche non-violente qui allait de Goualior à New Delhi. Et c'était bien d'avoir pris le temps aussi d'arriver en Inde avant d'y arriver. Parce que là, tu arrives dans une marche, il fait 40 degrés, tu es sur du goudron, tu vois, les gens, ils chantent, il y a de la musique. Alors, rien à voir avec une manifestation française. Tu vois où tu sens... En France, soit, on le dit un peu dans le documentaire, soit les gens se taisent, soit ils explosent. Il n'y a pas de canalisation, de la manifestation, et je dirais presque de la violence. Alors qu'en Inde, c'est organisé. Dans cette marche, il y a de la joie, il chante. Et c'était sympa d'arriver dans cet état-là, parce que tu as à la fois ça qui est frappant, et en même temps, c'est quand même très surveillé par le gouvernement. Donc, il y a des espions partout. Dès qu'il y a un gars qui vient de parler avec un stylo dans la poche et qui te dit qu'est-ce que tu fais là ? c'est un espion du gouvernement. Il fiche les gens qui sont là. En tant que touriste, si on est rentré en touriste, t'as pas le droit de manifester, si t'es pris en train de manifester, tu peux être emprisonné. Il y a aussi tout ce climat qui est autour. Par rapport à ta question, j'ai un peu... C'était sympa d'être dans un état un peu paisible avant d'arriver dans un contexte qui, même s'il paraît pour nous un peu exotique et sympa, il y a des enjeux politiques forts derrière.

  • Speaker #0

    De la sérénité, même si, en fait, tu peux ressentir ces enjeux politiques et une certaine forme de... tension, finalement, derrière tout ça. Qu'est-ce qui, chez toi, fait que t'as naturellement ce goût de prendre le temps et prendre ce temps de la rencontre ?

  • Speaker #1

    Tu parlais tout à l'heure de sensations. Alors moi, je suis comme toi, comme tous qui doivent nous écouter. On vit dans des sociétés qui vont vite. On doit aller vite. Et je fais plein de choses, comme tout le monde, qui vont vite. Mais quand je me pose, quand je lis ou quand je médite, parce qu'on parlait de méditation tous les deux tout à l'heure, je me sens bien. Et je me sens à ma place, en fait. Ça n'empêche pas d'accélérer à d'autres moments, mais ce goût, et puis on sait très bien... Quand on prend le temps de prendre les choses, il y a surtout de l'ouverture pour qu'il se passe autre chose. La marche dont tu parles est un bon exemple, parce que tu amènes des gens, tu ne sais pas ce qui va se passer, mais le fait d'avoir du temps, il se passe des choses que tu n'as pas prévues, et c'est toujours ça qui est sympa.

  • Speaker #0

    Effectivement, on en parlait tout à l'heure, tous les deux, dans notre petite balade, et même notre petite... Pause méditative. J'ai envie de citer du coup aussi le livre Into the Silence qui a été préfacé par Alexandre Jolien. Et j'ai envie de lire ce qu'il a écrit. À force d'être connectés à nos appareils, nous avons fini par nous désolidariser du vivant, de la terre, de soi, de l'autre. À l'heure où l'individualisme fait rage, où le bonheur, la paix de l'âme, le lâcher-prise sont réduits à des produits marketing, Il devient urgent d'oser une vision autrement plus audacieuse de la spiritualité pour descendre toujours plus profondément au fond du fond.

  • Speaker #1

    C'est beau ce que dit Alexandre Tullian.

  • Speaker #0

    C'est beau, descendre au fond du fond.

  • Speaker #1

    Oui, évidemment, je partage ce qu'il a écrit. Et ça, c'est vraiment aussi une intuition que j'aime et qui est partagée par plein de gens. C'est qu'on vit à la surface de nous-mêmes. Donc, tu vois, on a besoin de temps. Ça peut être la lecture, la méditation, pour descendre, comme dirait Alexandre Joëlien, plus profondément nous. Et on est dans une société, il le dit bien, qui nous tire vers l'extérieur. Alors qu'on a besoin de ces temps, j'en suis persuadé.

  • Speaker #0

    Il le dit bien, c'est une préface de ton livre, donc tu as dit beaucoup de choses aussi. Et tu ramenais ça par rapport justement, suite à ma question sur qu'est-ce qui t'a donné le goût de prendre le temps de la rencontre. Et donc... Tu m'as répondu en disant comme tout le monde, je fais des choses qui vont assez vite, etc. Et en fait, je prends plaisir aussi dans des moments de lecture ou des moments un peu plus doux. Ce n'est pas le terme que tu employais, pardon. C'est ce que j'ai entendu. Et qu'est-ce qui fait que tu en fais un essai justement, To The Silence ? Qu'est-ce que tu as envie de communiquer au monde ? Et pardon, il y a deux questions dans ma question. Qu'est-ce qui te motive à le proposer ?

  • Speaker #1

    Tu vois, on fait tous... vivent différentes parties de nous dans ce qu'on fait. Donc moi, il y a mon boulot très concret. À côté de mon boulot, j'aime bien lire. Je m'intéresse évidemment à la spiritualité, à la méditation. Et à force de pratiquer la méditation, de lire des livres d'écrivains voyageurs, parfois de la poésie. Je pense qu'assez naturellement, à un moment, j'avais envie d'écrire et puis de mettre des choses sur le papier. Ce qui est aussi ce même mouvement, tu vois, tu descends un peu au fond, tu mets des choses sur le papier. C'est un mouvement qui est presque thérapeutique aussi. Et donc, j'ai eu un moment envie de mettre ça sur le papier, à la fois, évidemment, pour le partager, mais aussi pour moi, en fait. Et d'ailleurs, quand je l'ai fait, c'est valable pour deux des livres, je n'avais pas eu la volonté au début d'en faire un livre. Tu vois, ça force d'écrire des choses. Après, je l'ai proposé à un éditeur, et puis ça devient un livre.

  • Speaker #0

    D'accord. Y compris ton roman, que je n'ai pas encore cité, que tu as écrit en 2015, Charles, l'histoire d'une transition, la solution est en nous.

  • Speaker #1

    Alors, en toute transparence.

  • Speaker #0

    Ah bah oui, toi et moi, là, on est là que pour la transparence.

  • Speaker #1

    J'ai écrit ce roman qui a été édité chez Yves Michel. Si je le relis aujourd'hui, d'ailleurs, c'est valable aussi, enfin, pas pour tous, mais c'était quand même il y a longtemps. J'avais envie de faire un roman, donc je l'ai fait. Quand je le relis maintenant, je ne trouve pas ça super abouti, tu vois, dans l'histoire, etc. Par contre, les intuitions dont on parle, l'écologie, la nécessité de revenir vers soi, de prendre du temps et aussi d'œuvrer dans une société qui a plus de sens, tant sur le mode de consommation, le mode de vie, les modèles agricoles, c'est dans le roman.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas rien, revenir vers soi, les sujets d'écologie, prendre le temps. Toi, à l'heure d'aujourd'hui, avec ton chemin d'aujourd'hui ? J'ai l'impression que tu me dis qu'il n'est peut-être pas abouti, mais peut-être qu'il parle déjà, je trouve, à beaucoup de monde.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. Après, je suis comme tout le monde aujourd'hui. Quand on s'est rencontrés, c'est ce que je t'avais dit. Il y a dix ans, je sentais ces intuitions. Je pense qu'elles sont encore plus nécessaires qu'il y a dix ans. Je suis un peu plus dubitatif, parce que notre monde s'accélère encore plus. On a franchi les neuf limites planétaires. Moi, j'interview constamment des agriculteurs. Et je vois bien qu'on a... atteint des limites écologiques extrêmement fortes. Donc là où il y a dix ans, j'étais plus jeune aussi, tu vois, tu as l'utopie, tu te dis on va changer le monde. Aujourd'hui, je crois encore plus qu'il faut changer notre système. Je suis un peu dubitatif sur ce qui se passe parce que ça s'accélère les enjeux. Et donc voilà, je pense que... Et du coup, je suis encore plus convaincu au quotidien qu'il faut agir. Chacun, là, on peut... Et je le fais encore plus qu'avant. Mais moins dans cette envie, un peu moins d'utopie. On s'y colle comme on peut avec nos talents. Et je pense que quand même, les prochaines années, enfin les 10, 20, 30 prochaines années, vont être difficiles. Moi, je suis un optimiste à long terme. Mais on arrive dans une zone où il faut être bien centré, il faut savoir ce qu'on veut, il faut savoir à quel enjeu on s'attèle aussi. Et puis rester concentré là-dessus.

  • Speaker #0

    Ce que j'entends, Laurent, c'est que là où peut-être il y a dix ans, il y avait des utopies de changer le monde et d'embarquer tout le monde, là, il y a aussi cette envie de le faire à ton niveau. Bon, mais tu as beaucoup, beaucoup d'humilité parce que tu fais beaucoup, beaucoup de choses. Mais donc, d'être très concret dans ce que tu entrepends, et notamment par rapport aussi à tout ce qui est fait via Terra Vita Project. Tu le fais à ton niveau et tu embarques à cet endroit-là. sans utopie réelle de tout résoudre maintenant, mais pour autant, tu es un optimiste très long terme. Et tu as un impact qui est à ton endroit sur ce que tu peux faire concrètement. C'est déjà énorme.

  • Speaker #1

    Oui, c'est exactement ça. Je suis revenu sur des solutions. Je dirais, les bouquins ou les documentaires, c'est évidemment nécessaire. On l'entend tout le temps. Il faut des nouveaux récits, des nouvelles visions. Mais c'est vrai que je suis revenu à des choses plus concrètes. mais qui, je pense, en tout cas pour ce que je peux faire moi aujourd'hui, ont plus d'impact. Donc c'est peut-être plus un rôle, tu vois, je te parlais tout à l'heure de passeur, de facilitateur, pour aider à mieux comprendre les enjeux liés à l'agroécologie. Mais en faisant ça, j'ai l'impression de donner des clés, tu disais, en toute humilité, pour décrypter ce qui se passe et aider les personnes, d'ailleurs, ou les organisations, à mieux comprendre et à mieux agir. Tu vois, c'est plus tant de la sensibilisation qu'une espèce de facilitation. mais qui donne aux gens et surtout aux organisations, on pourrait être très transparent, le pouvoir d'agir. Parce qu'en fait, eux, ils doivent changer. D'ailleurs, aujourd'hui, par rapport à 10 ans, ce qui est totalement différent à l'époque d'Alter Eco, c'est que chez Alter Eco, on n'était pas dans des... Enfin, on portait un peu des engagements, mais c'était une époque où on disait, mais non, mais ça ne sert à rien le bio, l'équitable. Aujourd'hui, on parlerait d'agroécologie. Par contre, aujourd'hui, ça a complètement changé. Tu es dans n'importe quelle entreprise et les gens te disent, en immense majorité, il faut changer. La question, c'est plutôt comment on change.

  • Speaker #0

    Et là, t'es concret. Toi, t'interviens à cet endroit-là.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, tu as créé des ateliers d'agriculture durable, qui sont des ateliers de sensibilisation. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus, que tu amènes dans les organisations, je crois ?

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. Tu connais évidemment les fresques. On s'est inspiré des fresques pour créer un jeu de cartes sur les enjeux qui sont liés à l'agroécologie, d'où on vient depuis la Seconde Guerre mondiale. C'est quoi les enjeux liés à l'agriculture dite durable ? Parce qu'en fait, il y a des enjeux très différents dans l'agriculture. Il y a des enjeux qui sont orientés à la mondialisation, de tout. territoires, d'autres qui ont une vision très technologique, d'autres plutôt nature-based solution. Et aider les gens à comprendre ça, tu vois, où se placent les agricultures en France et quels sont les impacts associés, sans aucun, d'ailleurs, jugement, mais plutôt compréhension du périmètre. Ça aide vraiment à se situer, soit en tant que personne, encore une fois, en tant qu'organisation, et de comprendre les impacts associés, en tant que carbone, eau, herbe, biodiversité. Et surtout, ça aide les organisations à passer à l'action. Une fois qu'elles ont compris, c'est de se dire, moi où je suis, qu'est-ce que je peux faire pour faire une filière plus durable et plus équitable ? Donc, tu vois, on retrouve exactement les mêmes choses que j'ai vécues chez AlterEco. Oui. Mais avant, on vendait du chocolat, du café. Là, tu vois, c'est plutôt, on facilite les gens dans les boîtes agroalimentaires pour qu'ils agissent sur ce sujet.

  • Speaker #0

    Pour leur donner envie de faire une bascule et avoir des déclics sur aussi, revoir un petit peu les organisations. de leur modèle d'affaires ?

  • Speaker #1

    Ça va bien sûr jusque-là, parce qu'il y a un moment d'enfin... C'est un sujet tentaculaire. Il y a évidemment ce sujet du partage de la valeur. Tu vois, entre un aval de la filière et peu de valeurs qui vont chez les agriculteurs. Et c'est évidemment chez eux qu'on demande cette transition agroécologique. Donc, il faut revoir le modèle, en tout cas, comme tu dis, d'affaires pour qu'ils aient les moyens de le faire. Après, ça peut être les entreprises qui financent, ça peut être aussi un peu les consommateurs, ça peut être l'État. Mais il y a toute cette réflexion à avoir, qui est évidemment pour changer et basculer vers des modèles agroécologiques, même régénératifs, c'est un mot qui est un peu à la mode, mais oui.

  • Speaker #0

    Et qui n'est pas si évident, qui n'est pas si simple à comprendre d'ailleurs, visée régénérative.

  • Speaker #1

    C'est complètement, c'est un exemple très concret du sujet de l'atelier. C'est qu'on pose la question du champ lexical qu'on utilise, notamment ce terme-là. Qu'est-ce qu'il y a derrière ? C'est quoi ? Ce n'est pas quoi ? Et quels sont les impacts ? Autant il y a des choses dans l'actu qui sont clairement définies. Le bio, on sait ce que c'est. Il y a un cahier des charges, il y a un label. Alors que l'agriculture régénératrice ou régénérative, il n'y a pas de définition, il n'y a pas de cahier des charges. Donc, on aborde ce sujet-là pour qu'on comprenne mieux ce que c'est, les impacts associés, dans un objectif, comme on disait, d'aider les gens à mieux comprendre. Mais oui, c'est un mot qui a une portée extrêmement forte. Et ce qui est très drôle, c'est que quand on parle, et je dis ça en toute bienveillance, quand on parle à un agriculteur... J'ai interviewé un agriculteur un jour en lui disant Est-ce que tu peux dire je pratique l'agriculture régénératrice ? Il me dit Je pratique l'agriculture régénératrice Il s'arrête, il recommence, il n'arrive pas à dire le mot, puis il s'énerve un peu et il me dit Ça fait 15 ans que je pratique l'agriculture de conservation des sols. C'est un peu technique, mais qui est une agriculture. Mais tout ça pour dire qu'il y a aussi cette facilitation à faire entre le monde de l'entreprise, qui a un certain vocabulaire avec le mot régénératif, et le monde agricole. qui n'utilisent pas les mêmes mots en plus. Donc aider aussi toutes ces personnes-là à se mettre d'accord, à mieux comprendre ces parties prenantes, comme on dit, c'est un vrai enjeu.

  • Speaker #0

    Parce que même les entreprises, j'ai l'impression que ce n'est pas si accessible que ça, non plus de comprendre ce que c'est qu'un business à visée régénérative. Et peut-être pour les auditrices, les auditeurs, pouvoir définir que le régénératif, un peu dans les grandes lignes, même si c'est en soi compliqué, je te propose quelque chose. c'est de ne pas se limiter à juste s'arrêter à enlever les impacts négatifs minimum, mais pouvoir aussi aller travailler ces impacts positifs et notamment au regard de c'est quoi, en tant qu'agriculteur, où est-ce que j'ai des impacts négatifs, comment je peux générer des impacts positifs et tout ça au regard des différentes limites planétaires aussi.

  • Speaker #1

    Oui, c'est tout à fait ça. Et ce mot a un immense mérite, c'est le fait que du coup, on porte l'attention au sol. Tu vois, avant, on ne se posait pas la question du sol ou d'un sol vivant. L'agriculture régénératrice, c'est un peu de dire, on prend soin des sols et on est capable, comme tu dis, de mesurer les impacts liés au sol. Tu vois, la vie du sol, le carbone, la biodiversité. Et ça, c'est quand même assez nouveau. Tu vois, avant, on parlait de bio, d'équitable. Aujourd'hui, c'est quand même très nouveau de se dire, enfin, ce n'est pas nouveau. Beaucoup de gens se sont posé la question avant, mais c'est nouveau dans les entreprises de se poser cette question. Et c'est vrai que ce mot a cet immense mérite de poser ces questions et de faire bouger les entreprises.

  • Speaker #0

    Et donc, merci d'agir à cet endroit-là. Et je reviens quand même un tout petit peu, parce que tu me dis, oui, bon, moi, autant il y a dix ans, j'avais envie d'évangéliser. J'ai le droit de dire ce mot-là ou pas ? Trop ? Peut-être pas, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Tu sens, oui.

  • Speaker #0

    Évangéliser. Aujourd'hui, j'aime bien être concret sur les terrains, d'accompagner, de faciliter des déclics, des modes de compréhension qui vont amener des agriculteurs, des entreprises à revoir peut-être... certaines façons de faire et aussi des différents modèles d'affaires pour participer justement à une agriculture plus écologique, plus régénérative. Je suis touchée en fait par ton parcours et par le lien que tu fais entre ce soin du sol, ce soin de la terre et ce soin de soi. Parce qu'on a parlé là en début d'interview un peu de spiritualité. Donc même si tu ne mélanges pas tout et ça, ça t'appartient, j'ai l'impression que cet aspect-là participe beaucoup. à ta compréhension de la vie, cet aspect de spiritualité et de soin de soi. Est-ce qu'on a le droit d'aller dans cet espace et d'en parler un peu ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Ça passe par quoi, le soin de toi, Laurent ?

  • Speaker #1

    Tu vois, je vais te répondre tout de suite, mais je dis juste une petite parenthèse. Il mériterait de développement, mais il y a beaucoup de parallèles entre ce que je vois dans l'agriculture et ce dont tu parles, en fait. La façon dont on traite la terre, l'intensivité. On demande la productivité qu'on demande à la terre aujourd'hui. Et j'ai croisé des agriculteurs qui sont pourtant des agriculteurs intensifs, qui disent ma terre, c'est une Rolls-Royce, on a besoin de rendement Et même eux qui te disent on aurait besoin de baisser un tout petit peu ce degré d'intensité ou d'intensivité pour ramener cette transition agroécologique Donc, il y a quand même des parallèles. Tu vois, ce qui me parle, mais c'est vrai que c'est... Après, pour revenir à ta question...

  • Speaker #0

    Pardon, c'est super intéressant. Merci beaucoup de mettre un petit focus sur ces parallèles entre l'intensité... L'intensité, mais je n'y arrive pas.

  • Speaker #1

    On va dire l'intensité.

  • Speaker #0

    L'intensité avec laquelle les agriculteurs peuvent travailler leur terre. Et donc, le parallèle que tu fais, c'est l'intensité avec laquelle on peut mener nos vies, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, exactement, parce que je fais un dernier parallèle. Et après, tu vois, il y a les jachères en agriculture. Les jachères, c'est laisser reposer la terre un certain temps. pour qu'elle soit après plus productive. D'ailleurs, ça a été un peu remis en question ces derniers temps avec ce qui s'est passé. Mais donc, pourquoi je raconte ça ? C'est qu'en fait, ce soin de soi, il est très concret. Tu vois, c'est qu'on a des moments où on disait si on veut aller vite dans le travail, à certains moments, on a besoin d'être productif comme la terre, elle doit l'être. Et bien, on a évidemment, à d'autres moments, besoin d'être un peu en jachère pour qu'il y ait des nouvelles idées qui naissent, pour qu'on puisse se régénérer, tout simplement. Alors moi, j'ai très en moi cette question de la méditation, de la spiritualité. Mais je pense qu'elle est un peu vitale, en fait. C'est qu'on a besoin de temps. Alors il y en a, c'est la méditation, d'autres, ça va être autre chose. Mais de prendre du temps pour soi, de prendre soin de soi, parce que tout va vite. Et que si on ne prend pas soin de ça, on sait très bien que 30% des gens menacent de burn-out. Donc c'est un enjeu quand même de société. Et c'est vrai qu'il y a quelques années, il y a des gens qui me disaient, enfin il y a longtemps, qui disait Mais pourquoi tu médites ? Et moi, je répondais Mais pourquoi tu prends une douche ? C'est un peu binaire comme discussion, mais tu vois bien ce que je veux dire. En tout cas, moi, la méditation, c'est comme une douche, je le fais tous les jours. Si je ne le fais pas, il me manque un truc. Et je pense vraiment que, très concrètement, c'est le moment où le cerveau, évidemment, s'apaise.

  • Speaker #0

    Son cerveau est quoi,

  • Speaker #1

    pardon ? Le cerveau s'apaise. Oui. Et surtout, tu te rends bien compte, ça, c'est un peu plus spirituel, mais pour que les choses se passent, il faut du vide. Pour qu'il se passe quelque chose dans la vie, il faut de l'espace. Et que si on ne laisse pas d'espace, on en parlait tout à l'heure, on est en contre-constant. Évidemment, quand on bosse et qu'on parle de choses très concrètes, il faut le cerveau analytique, il faut pousser dans une direction, il faut avoir une vision très claire. Autant, à d'autres moments, il faut juste laisser les choses se faire et se régénérer, on le disait tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Et pour ceux pour qui ce n'est pas si simple et pas si accessible, la méditation ? Est-ce que tu aurais un conseil à donner ? Ce serait quoi une façon facile d'essayer le tout premier petit pas d'un novice en méditation ? Tu aurais une petite astuce ou pas ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que c'est vrai qu'on pense souvent à la méditation. Tu sais, je m'assois, je respire, je me concentre sur ma respiration. Mais marcher pieds nus dans l'herbe, s'allonger dans l'herbe, marcher dans la forêt, c'est une pratique méditative qui existe d'ailleurs dans la... dans certaines traditions. On peut méditer assis, on peut méditer allongé, et on peut marcher en méditant.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'est vraiment accessible à tout le monde. Et je dirais presque que tout le monde le fait. Tu vois, sans le savoir, tu es en vacances, tu t'allonges quelque chose de sa vie. À un moment, tu sens cet état-là. Tu n'es plus relax. Tu te dis, tiens, mais dans ma vie, il y a des choses que je ne voyais pas avant. Donc finalement, c'est un peu comme, tu vois, on le fait sans le savoir. Et la différence, je dirais, avec une pratique un peu instaurée, c'est juste que chaque jour, on prend le temps de faire ça.

  • Speaker #1

    D'être un peu en pleine conscience des sensations et de ce qui se vit au moment où ça se vit. Et de ne pas être un peu comme pris le hamster dans les pensées de passé-futur, mais d'être dans le moment présent. Donc sur la plage ou en forêt, pieds nus dans un jardin. Merci, c'est concret. Je trouve que ça peut être aidant. Je devais dévoiler quelque chose à nos auditeurs que peut-être beaucoup de monde sait déjà, mais tu es un grand méditant. Toi, tu as commencé à méditer petit ?

  • Speaker #0

    Alors, je me suis intéressé à cette question-là très jeune. Après, j'ai commencé à méditer, je vais dire, à 21, 22 ans. Donc oui, ça fait longtemps, ouais. Mais aussi, et pareil, pour être très transparent, c'était une nécessité, en fait. Moi, je suis quelqu'un qui est à la base, qui a beaucoup d'idées constantes en tête. Et à un moment, j'avais besoin d'apaiser, tu vois, un cerveau un peu bouillonnant, quoi, et assez jeune. Alors, j'y suis allé quand même parce que je lisais des livres sur la spiritualité. Mais j'y suis aussi allé de manière très concrète parce que j'ai essayé et je me suis dit tout de suite, mais waouh. En tout cas, moi qui suis dit qu'il y a tendance à trop penser parfois ou trop agir. C'est pour ça que maintenant, je te dis, je canalise quand même mes actions. Ça m'a fait un bien fou. Et pour le coup, tu vois, c'est quelque chose que j'ai... Dans la vie, on fait des trucs qui parfois, on se dit, ça me fait du bien. Et à terme, on se dit, j'en ai pas besoin. Autant la méditation m'a fait un bien fou dès le début. Et c'est presque une magie renouvelée. C'est-à-dire que plus je médite, plus j'approfondis le sujet, plus je me sens débutant, paradoxalement. Parce que c'est... Et en même temps, je sais que ça fera partie de ma vie jusqu'à la fin. J'ai pas de doute, tu vois, sur cette question-là.

  • Speaker #1

    Donc, vers 21 ans, tu disais qu'il y a été comme une nécessité avec un cerveau bouillonnant, des actions bouillonnantes aussi. Et tu t'intéressais déjà à la spiritualité. Bon, on en a un petit peu parlé tout à l'heure, mais... Du coup, c'est quelque chose qui est venu, qui est apparu quand dans ta vie ?

  • Speaker #0

    Je te disais tout à l'heure, j'ai un terreau familial un peu autour de ça. Mais à 7 ans, j'ai quand même eu des grandes questions sur ce sujet. Je te disais tout à l'heure, je me sentais appelé à la spiritualité, donc très concrètement. Je le dis même si ce n'est plus mes questions d'aujourd'hui. Je me sentais appelé à ça. Et le seul, ce que je connaissais, évidemment, c'était ce que je voyais. C'était l'église, donc je me disais, tiens, tu as appelé à être prêtre, mais j'avais 7 ans. Et en même temps, au fond de moi, je me disais non, non, j'ai envie de connaître les fêtes, je te disais, les femmes et le plaisir. Tu vois, j'avais un vrai débat là-dessus. Donc, j'ai un peu tranché à ce moment-là en me disant non. Et ce que je regrette en aucun cas, d'ailleurs, parce que c'est ce que j'ai fait. Mais par contre, la spiritualité, elle était là et je la vis aujourd'hui. Comme tous, on a nos parcours. Et puis, à un moment, tu te questionnes, tu regardes plein de choses. Et puis, à un moment, pareil, tu précises un peu. Et puis, j'ai pu se préciser qu'est-ce qui me parlait à moi, quelles traditions. et comment pratiquer la spiritualité. Et en l'occurrence, vraiment, c'est la méditation.

  • Speaker #1

    Merci de partager cet intime-là, Laurent. Moi, je me pose souvent la question de la place de la spiritualité en entreprise. Est-ce que c'est un gros mot déjà ou est-ce que ce n'est pas un gros mot ?

  • Speaker #0

    Je n'ai pas vraiment... Alors, je peux juste témoigner de quelque chose. Oui. Chalter Eco, on faisait du yoga entre midi et deux et on terminait par de la méditation. Donc, c'était... pas dans la journée de travail, entre midi et deux. Et je le faisais toutes les semaines, enfin, on était plusieurs à le faire. Et c'est sûr, donc c'est quand même le cadre de l'entreprise. Entre midi et deux, c'est une salle de réunion, et de faire ça, et après de retourner au boulot, à chaque fois, je me disais, mais quel... Ça me faisait beaucoup, beaucoup de bien. Tu vois, la réunion de l'après-midi, je l'abordais complètement différemment. Donc, je ne sais pas, toute transparence, si la spiritualité a sa place en entreprise, je ne sais pas. Par contre... des pratiques de régénération, yoga, méditation, pour l'avoir vécu, mais complètement. Ça, oui, pour le coup, c'est un vécu.

  • Speaker #1

    Merci. J'ai l'impression qu'au préalable de tout ça, il y a à s'autoriser à pouvoir être soi. Pouvoir être soi, c'est être effectivement aussi dans des phases, des espaces qui soient régénératifs, compliqués d'être soi si on est surmené. J'ai envie de te poser la question. Moi, je dis être soi. Pas toujours si simple non plus. Tu as des conseils là-dessus pour être soi en entreprise ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas simple, comme tu dis. C'est un milieu qui n'est pas simple aujourd'hui. La pression économique, on en a parlé tout à l'heure, elle augmente. Donc avec une pression sur les personnes. Après, mon seul conseil, ou mon partage plutôt, c'est ce qu'on dit tous, c'est que quand on est soi, on est toujours meilleur quelque part. Quand on ose être soi, dire ce qu'on pense. Je pense qu'on a tous vécu des réunions où on sort et on se dit j'ai pas dit ça alors qu'on sentait que c'était juste. Et quatre mois après, on se dit mais je l'avais senti ça, je ne l'ai pas formulé Et je pense que pour moi, en entreprise, être soi, c'est ça. C'est de se dire chaque parole mérite d'être entendue Parce que tu vois, il y a des forts leaderships en entreprise. Tu travailles sur le leadership. Parfois, on est dans une réunion et il y a un leader. Enfin, un leader, quelle définition donnerait un leader ? Mais en tout cas, quelqu'un qui prend beaucoup de place.

  • Speaker #1

    Quelle définition de toi tu as envie de donner au leader ?

  • Speaker #0

    Moi, je dirais que c'est quelqu'un qui inspire et qui crée une intelligence collective et qui donne à chacun son talent et qui fait que les gens se sentent bien et participent. Et parfois, dans d'autres situations, quand on a quelqu'un comme ça, généralement, la vie, les idées circulent. Et puis parfois, il n'y a pas cette situation-là. Par rapport à ta question, je pense qu'il faut toujours oser apporter ce qu'on a apporté.

  • Speaker #1

    Offrir, offrir ses talents. Pierre Rabhi, notamment toujours dans ton reportage, parle de posture de cœur et d'âme au sujet de la sobriété heureuse, ne pas prélever en excès, j'ai ce qu'il faut, cela me donne de la légèreté. Et il dit que la plus grande puissance qui soit sur cette planète, c'est la puissance d'aimer. Cette puissance d'aimer, elle est importante aussi en entreprise ?

  • Speaker #0

    Oui, 100% d'accord. Je vais être très basique dans ma réponse. Vas-y,

  • Speaker #1

    vas-y, sois basique.

  • Speaker #0

    On se rend quand même compte qu'il y a deux grands moteurs à l'intérieur. Il y a la peur et il y a l'amour. Parfois, on agit par peur. Tous, on le fait. On se protège. C'est un mouvement qui se referme. On a un peu peur. Et puis, il y a d'autres fois, on agit par amour. Et par amour, ça peut être aussi très concret. On sent que le cœur est plus ouvert, la posture est plus ouverte. Et ça, évidemment que ça a toute sa place. Et les projets qui sont faits avec cette posture-là sont toujours plus vivants que les autres. Et je pense que dans les organisations, alors, tu vois, il y a plein de gens qui vont parler de ça, de ces signes, c'est peut-être les petits signaux faibles, les signes en zim, il y a des organisations où il y a de l'amour et de l'énergie, et d'autres qui sont des organisations de peur, quoi. Et donc, oui, c'est la raison de Pierre Rabhi, c'est le moteur de la vie, quoi.

  • Speaker #1

    Et comment tu fais, toi, pour embarquer à cet endroit du cœur et de l'amour ?

  • Speaker #0

    Écoute, quand je fais des choses, j'essaye, avec plus ou moins de succès selon les jours, évidemment, d'être dans une posture d'ouverture. Et parfois, j'essaye même de sentir mon cœur, de me dire qu'il est plus ouvert. Et évidemment, quand tu fais ça, quoi que tu dises, ça passe mieux. Et même quand tu as quelque chose à dire, tu vois qu'il est... qui n'est pas contre quelqu'un, mais qui est intéressant. Tu partages une autre idée que quelqu'un. Dans cette posture, on se rend quand même compte qu'on peut tout dire et que les personnes, évidemment, sentent l'énergie dans laquelle on dit. Alors que quand on dit la même chose, mais qu'on est dans une posture de peur, voire d'agressivité, tu dis la même chose et tu crées ce mouvement un peu plus tendu qui fait qu'il n'y a rien qui sort. Tu vas en parler de non-violence. Les théoriciens de la non-violence l'ont très bien expliqué, c'est que la violence engendre la violence, très concrètement. Donc c'est très concret, en fait. On envoie de la violence, c'est contagieux. Et un mouvement de violence se crée, on envoie de l'amour, c'est contagieux. Et ça se crée aussi, quoi.

  • Speaker #1

    Donc toi, t'es dans ton ouverture du cœur pour embarquer, et c'est assez concret. C'est-à-dire que j'ai l'impression que tu le montrais là-dessus. Tu mettais tes mains sur ton cœur, tu vas les visiter. Quand tu as des choses à dire, tu y vas depuis cet espace-là, dans un espace ouvert.

  • Speaker #0

    J'essaye.

  • Speaker #1

    T'essayes.

  • Speaker #0

    Il y a des jours, c'est pas le mot, ça fonctionne, mais il y a des jours, c'est là. On en parlait tout à l'heure. Et il y a des jours, t'es stressé, t'es fatigué, t'as une mauvaise humeur et t'y es pas, quoi.

  • Speaker #1

    Et alors, comment tu fais quand t'as, à ce moment-là, un événement que tu peux pas décaler ? Comment tu t'y prends pour faire avec ta peur et le stress ?

  • Speaker #0

    Je fais au mieux que je peux, c'est le truc qu'on se dit tout le temps. Et surtout, je me dis, tu vas en parler d'impermanence, donc ça aussi, c'est très concret. On se rend bien compte qu'on a des mouvements de vie où il y a des fois, ça va, et des fois, ça ne va pas, et c'est OK. Et je pense, alors ça, c'est une petite parenthèse, que tant qu'on pense que tout doit aller bien tout le temps, il peut y avoir ce bien en méditation. Eh bien, ça ne peut pas fonctionner, parce qu'en fait, il y a des jours où on va bien. On est des hommes et des femmes, on en parlait tout à l'heure. Il y a des jours où on est tendu, fatigué. Et en fait, juste l'accepter. Et même pas le changer. C'est une question de totale acceptation. C'est de se dire, je vais bien, je cueille. La vie m'offre un truc, c'est bien. Je me sens mal. C'est OK, en fait. Le bonheur, c'est ce qui arrive à la bonne heure. Je disais un truc, je partage ça, et malheur, c'est ce qui arrive au mauvais moment. Bonne heure, malheur. C'est OK. Et pas sortir non plus de ça. Et on sait très bien, il suffit de s'observer tous les jours, qu'il y a des jours, aujourd'hui, ça va, demain, ça n'ira pas, et après-demain, ça ira. C'est un mouvement constant. Et la seule chose qu'on peut faire, c'est d'accepter. On fait un truc ou un atelier, il y a des jours, ça ne fonctionne pas. C'est plus dur, on va dire. Ça fait partie de la vie.

  • Speaker #1

    Merci de mettre en avant cet accueil de l'impermanence de la vie, un petit peu à l'image des saisons et des cycles. Tu parlais du besoin de se régénérer, un peu comme l'hiver permet aussi ce repos de la Terre. Nous sommes des êtres humains et tout est cyclique et impermanent. Merci aussi de mettre en avant de la bienveillance, d'incarner, Laurent, à travers ce que tu nous partages là, cette bienveillance de l'accueil. J'ai envie de te proposer un petit voyage, Laurent. Si tu es d'accord, je vais te proposer de fermer les yeux, de pouvoir prendre une grande inspiration. Et je vais t'inviter en 2035. Nous sommes en 2035. Qu'est-ce qui fait battre ton cœur ?

  • Speaker #0

    Écoute, les sujets dont on parle, ce qui fait battre mon cœur, c'est qu'il soit plus présent, encore plus présent, encore plus partagé. que ce mouvement un peu quand même vers plus de vie, plus d'écologie, plus de social, on l'a bien vu avec les débats dernièrement, qu'ils soient encore plus présents et qu'on bascule doucement vers des nouveaux modèles, sans naïveté par rapport aux tensions qui existent. Mais qu'on soit, je dirais, même suffisamment nombreux à aller dans cette direction et que ce mouvement, qui je pense est inéluctable, se renforce pour y aller.

  • Speaker #1

    Merci Laurent.

  • Speaker #0

    Merci Stéphanie.

  • Speaker #1

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Description

Dans cet épisode, Laurent nous partage sans filtre, un peu de lui, de son parcours, et bien sûr ses missions à travers Terravita Project : régénérer la terre, les hommes et le vivant.

Laurent est un optimiste "long terme", il est un passeur, il sensibilise aux enjeux de l'agroécologie.

A travers des ateliers d''agriculture durable qu'il a créés, il propose des clefs de compréhension pour plus de déclics et bascules. 


Il a en lui cette sensibilité, cette curiosité pour la vie et le vivant depuis l'enfance. Bouillonnant d'idées et d'élan, il se familiarise assez jeune à la méditation.  

De ses différentes réflexions et de son cheminement, il fera plusieurs livres, comme des témoins, des partages. 


Convaincu des enjeux sociaux, économiques, environnementaux de l'agriculture, il a à cœur de remettre les producteurs au centre de la filière alimentaire. En 2012, alors directeur marketing chez Alter Eco, il réalise un documentaire Un nouveau monde en marche, dans le cadre d'une marche des "sans terre" qui pratiquent l'agriculture en Inde, pour témoigner et sensibiliser sur ces enjeux. Au départ de ce projet, une intuition.


Laurent, il est comme ça, intuitif et pragmatique. 

Il nous rappelle l'importance de prendre le temps, de revenir vers Soi, quand tout est si intense. Tout comme il nous rappelle l'importance de revenir aux besoins des sols quand il y a tant d'intensivité en agriculture.


Laurent nous donne envie d'agir et d'interagir depuis un espace du cœur, avec nos propres talents, sur les thématiques qui nous appellent.  


Un épisode à écouter sans attendre !

On y parle de leadership, du régénératif, de la place de l'amour en entreprise, de spiritualité, de la puissance du coeur, de l'impermanence, du lien à soi, de méditation.... Rien que ça ! 

Nous évoquons Pierre Rhabi qui intervient dans son documentaire et Alexandre Jollien, qui a réalisé la magnifique préface d'un de ses livres Into the silence ....


Chers auditrices, chers auditeurs, je vous souhaite un moment de pure écoute régénérative ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, je suis Stéphanie Pelleret-Delga. Vous écoutez le podcast Sois, Vie, Aime. Oser un leadership authentique et inspirant, au service de soi, des autres, de son écosystème et du vivant. Tous les mois, je reçois des dirigeantes, dirigeants, experts, expertes. entrepreneurs, entrepreneuses qui ont fait ce chemin entre vulnérabilité et puissance, qui ouvrent leur cœur et partagent leurs expériences professionnelles et plus personnelles. Par leur parcours et personnalité, ils, elles, sèment des graines sources d'inspiration. Et vous, quelles graines avez-vous envie de semer ? Quel leadership souhaitez-vous incarner ? À mon micro ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Laurent Muratet. Bonjour Laurent.

  • Speaker #1

    Bonjour Stéphanie.

  • Speaker #0

    Merci d'être là dans Sois, Vie, Aime. Merci pour notre petite balade en forêt. On enregistre aujourd'hui dans mon salon, transformé en studio pour l'occasion. Laurent, tu as travaillé 12 ans dans le marketing et la communication. Tu as fondé Terra Vita Project en 2014, fort d'une vision sur 20 ans. d'une expérience terrain et d'un lien d'amitié avec les paysans. Terra Vita Project est un projet engagé. C'est une agence de communication en contenu agricole. Vous animez une communauté d'agriculteurs, d'acteurs du secteur agroalimentaire, des communicants, des artistes et des personnalités de la société civile. Vous aidez les entreprises à valoriser les filières du champ à l'assiette. Votre raison d'être remette les enjeux des agriculteurs et du vivant au centre des préoccupations de la société. C'est en 2009, je crois, quand tu travailles chez Alter Eco et en écoutant un producteur de café équitable en Éthiopie que tu réalises qu'il faut remettre les producteurs au centre de la filière alimentaire. Qu'est-ce qui fait qu'à ce moment-là, tu as ce déclic-là ?

  • Speaker #1

    Comme tu disais Stéphanie, j'ai travaillé dans le marketing. C'est vrai que dans le marketing, tu dois vendre un produit. Donc tu te concentres sur la vente de produits. Et ça change un peu maintenant, mais historiquement, on connaissait peu l'amont, d'où venaient les produits qu'on consomme et les enjeux sociaux, économiques et environnementaux. Donc chez Alter Eco, j'ai pu aller voir des producteurs de café et de thé. Et c'est vrai qu'en écoutant ce producteur de café en Éthiopie, j'étais sous un arbre, l'image qu'on peut avoir avec ce producteur de café. Et il me racontait son histoire, ses rêves. Et bien sûr, il me parlait de café. Et je me suis dit en l'écoutant, mais... Déjà, les consommateurs, j'avais envie de transmettre cette histoire jusqu'aux consommateurs, parce que toute l'histoire du café était là, tant sur la production, la qualité du café, mais aussi les enjeux du café et évidemment, ce dont on parle aujourd'hui, les enjeux environnementaux. Donc j'ai vraiment senti cette envie de transmettre ça jusqu'aux consommateurs et d'être un peu ce passeur, de faire ce travail de passeur entre des agriculteurs, des consommateurs et je dirais même la société civile.

  • Speaker #0

    Ce travail de passeur entre les agriculteurs, les producteurs, la société civile, tu le fais tant et si bien que tu réalises même un documentaire en 2012, Un Nouveau Monde En Marche, et tu écris aussi un premier essai, éponyme, Un Nouveau Monde En Marche, tu me coupes si je dis des bêtises, tes passeurs à ce moment-là, quand tu parles à tous et toutes de certains enjeux.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est un peu le... Alors, c'est toujours d'ailleurs ce même voyage en Éthiopie.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Je lisais pour être... Je m'en souviens très bien, je lisais un livre de Gandhi qui s'appelait Tous les hommes sont frères Et après, je rentre chez Alter Ego et j'avais dans ma boîte mail un mail d'une personne de Gandhi International qui organisait une marche avec des centaires en Inde. Et tu vois, c'est certains moments dans la vie où tu sens... Tu lis le livre de Gandhi en Éthiopie, tu reviens, t'as un mail de Gandhi International. Et en ouvrant le mail, je me suis dit, il y a quelque chose à faire autour de ça. Et donc tout à l'heure, je parlais d'agriculteurs. Et là, ça allait encore un cran plus loin parce que ça parlait d'agriculteurs en Inde. Parce que la personne de Gandhi voulait faire une marche en Inde, mais avec des centaires. Donc c'est des gens qui vivent dans des villages, qui pratiquent souvent l'agriculture, mais qui n'ont pas de titre de propriété. Donc j'avais envie d'aller un cran plus loin et de voir, d'une part, les petits producteurs dont je parlais. Mais encore d'aller plus loin et voir ceux qui avaient un accès, qui bossaient la terre, mais sans titre de propriété, qui sont évidemment menacés d'exclusion parce qu'il y a des compagnies minières, pétrolières. Et donc, il y avait cette marche en Inde pour qu'ils défendent leur droit d'accès à la terre et qu'ils demandent au gouvernement indien une réforme. une réforme agraire et notamment des titres de propriété. Donc c'est quand même un enjeu agricole et politique, mais qui est retouché comme l'histoire de Gandhi, parce que c'est une démarche non-violente. Donc de pouvoir dire, voilà, il y a des non-violences, ben voilà, c'est pas toujours compris. Mais en tout cas, c'est de dire, il y a des gens qui sont entre guillemets, alors je ne sais pas si le bon mot, mais plus faibles, qui ont besoin de revendiquer des choses. Ils savent très bien que s'ils le font par la force, ils vont se faire taper dessus par plus fort qu'eux. C'est toute une stratégie politique. aussi de mise en lumière des médias pour revendiquer un droit. C'est un sujet qui m'intéressait beaucoup. C'est pour ça qu'on est parti en Inde et on a fait ce documentaire avec une personne aussi qu'on appelle un peu le nouveau Gandhi, qui s'appelle Raja Gopal, qui est un leader indien non-violent, qui est très inspirant et qu'on voit dans ce documentaire.

  • Speaker #0

    Merci. Et tu disais, quand tu nous partages ce qui t'a amené à aller réaliser ce documentaire, tu dis, des fois, tu sens. Tu parles de quoi à ce moment-là ? Tu parles d'intuition ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, je suis assez intuitif et j'essaie de faire confiance à mes intuitions. Mais oui, on peut parler de synchronicité ou d'intuition. Mais quand j'ai vu ce mail, j'ai senti qu'il fallait faire un truc. Donc, tu vois, tu ne réfléchis pas. J'ai pris mon téléphone, j'ai appelé cette personne qui m'avait écrit un mail. On a fait ce documentaire, ce livre, c'est devenu un ami. Il y a des moments où tu sens qu'il faut agir et tu sens que c'est juste aussi.

  • Speaker #0

    Et alors, pour nos auditeurs, nos auditrices, moi j'entends là, puis en plus, on ne te voit pas, on t'entend. Tu as cet élan, donc il y a ton corps qui parle. Quand tu me partages ça, tu as l'élan. À quoi tu sens ? Comment tu pourrais décrire cette sensation que tu sens ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question. Alors, si je suis très transparent avec toi, il y a des fois, j'ai le périnée qui vibre. Ça peut paraître un peu dingue, mais vraiment, corporellement, j'ai une vibration.

  • Speaker #0

    Tu as cette sensation, tu as un signe.

  • Speaker #1

    Et je le sens. ça vibre et ça monte dans le dos et donc ça c'est très concret et ça peut venir dans des intuitions, des moments de bien-être et parfois plus simplement et je pense que à cette époque c'était plutôt ce cas-là c'est tu te sens bien tu sens que c'est aligné tu sens que c'est juste, t'as pas besoin de réfléchir t'as pas de nœud dans la tête tu sens juste qu'il faut y aller mais c'est vrai que c'est une sensation c'est pas une capacité analytique c'est une sensation comme une paisibilité j'entends à l'intérieur,

  • Speaker #0

    sans nœud Sans différentes oppositions intérieures, de petites voix, il y a quelque chose qui est ouvert, c'est ça ? C'est ça,

  • Speaker #1

    exactement.

  • Speaker #0

    Ok, merci. Durant ce voyage, tu mets en lien, du coup, les personnes sur place, le Gandhi local, rappelle-moi son nom,

  • Speaker #1

    pardon. Rajagopal.

  • Speaker #0

    Rajagopal. Et aussi des Français, pour faire le lien aussi entre ce qui se passe et la façon dont les terres sont cultivées. Sur place, c'est ce qui peut être aussi fait dans nos mondes un peu plus occidentaux. Donc, tu as déjà ces intuitions écologiques. Donc, au-delà des enjeux politiques et sociaux qui se passent là-bas et de cette démarche de marche non violente, il y a aussi ces enjeux écologiques et une inspiration. On n'est qu'en 2012, tu ressens déjà tout ça.

  • Speaker #1

    Alors, c'est sûr que tu vois, je connaissais des producteurs dans les pays du Sud et j'avais rencontré des producteurs français parce qu'on a créé une gamme issue du commerce équitable chez Alter Eco. et j'avais notamment plusieurs agriculteurs un qui s'appelle Edouard Rousseau qui est agriculteur en bio avec qui j'ai eu vraiment pareil un très très bon on va dire feeling et j'ai eu envie à un moment de les amener en Inde pour plusieurs raisons et exactement pour celle que tu dis c'est qu'il y a des enjeux similaires en France et dans les pays du Sud ça ressemble pas comme si on regarde comme ça on se dit que c'est très différent petits producteurs dans les pays du Sud qui parfois sont menacés par des plantations plutôt monocultures intensives et qui sont Il y a aussi en France cet enjeu d'une agriculture familiale qui est prise aujourd'hui entre une agriculture plutôt de firme, on pourrait appeler ça, ou le monde des start-up, et je dis ça sans jument, mais qu'une agriculture familiale qui a des difficultés à trouver son modèle économique. Et dans les pays du Sud, il y a une agriculture familiale aussi qui a beaucoup été menacée par les plantations, avec des petits agriculteurs, je ne parle pas des sans-terres, mais des petits agriculteurs, qui sont partis de leur terre pour rejoindre des villes, donc qui perdent leur savoir-faire et qui ont souvent rejoint des bidonvilles. Donc... Les enjeux sont différents. Enfin, les enjeux sont différents. Il se passe des choses différentes quand on regarde comme ça, mais les enjeux sont quand même assez similaires. Et je voulais que ces producteurs français voient ça dans les pays du Sud. Et en plus, il y a eu plein de parallèles qui ont été faits dans les discussions, les échanges. Et ce qui était touchant, c'est qu'il y en a qui n'étaient jamais sortis de France. Donc, t'imagines un agriculteur français, je pense notamment une personne qui s'appelait Luc de Charente, qui arrive en Inde. Et d'ailleurs, qui l'a super bien vécu. qui découvre ce monde. Et il y a quelque chose presque d'universel entre agriculteurs. Qu'ils soient français, qu'ils travaillent la terre, en Inde, ils travaillent la terre. Ce serait presque comme deux philosophes qui se rencontrent, je ne sais pas, mais tout de suite, ils... Ils ont accroché.

  • Speaker #0

    Et j'ai été marquée aussi dans ce documentaire par un sentiment de sérénité dans une forme de lenteur qui est ressentie aussi par les personnes qui viennent de France.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Et on a voulu le voyage un peu comme ça. On a d'abord été au Darjeeling dans une coopérative. On a pris le temps de la rencontre. En plus, c'est des pays où c'est bien aussi de prendre le temps de la rencontre. Donc, tu vois, tu vois dans le documentaire, on arrive, on est accueilli par un groupe de femmes. On prend le temps d'échanger. de connaître aussi les enjeux des femmes dans ces pays. On reste chez eux. Donc oui, il y avait cette volonté, en tout cas que moi, que j'avais, que ça se passe dans la tranquillité. Et c'est vrai qu'après, on rejoint la marche non-violente qui allait de Goualior à New Delhi. Et c'était bien d'avoir pris le temps aussi d'arriver en Inde avant d'y arriver. Parce que là, tu arrives dans une marche, il fait 40 degrés, tu es sur du goudron, tu vois, les gens, ils chantent, il y a de la musique. Alors, rien à voir avec une manifestation française. Tu vois où tu sens... En France, soit, on le dit un peu dans le documentaire, soit les gens se taisent, soit ils explosent. Il n'y a pas de canalisation, de la manifestation, et je dirais presque de la violence. Alors qu'en Inde, c'est organisé. Dans cette marche, il y a de la joie, il chante. Et c'était sympa d'arriver dans cet état-là, parce que tu as à la fois ça qui est frappant, et en même temps, c'est quand même très surveillé par le gouvernement. Donc, il y a des espions partout. Dès qu'il y a un gars qui vient de parler avec un stylo dans la poche et qui te dit qu'est-ce que tu fais là ? c'est un espion du gouvernement. Il fiche les gens qui sont là. En tant que touriste, si on est rentré en touriste, t'as pas le droit de manifester, si t'es pris en train de manifester, tu peux être emprisonné. Il y a aussi tout ce climat qui est autour. Par rapport à ta question, j'ai un peu... C'était sympa d'être dans un état un peu paisible avant d'arriver dans un contexte qui, même s'il paraît pour nous un peu exotique et sympa, il y a des enjeux politiques forts derrière.

  • Speaker #0

    De la sérénité, même si, en fait, tu peux ressentir ces enjeux politiques et une certaine forme de... tension, finalement, derrière tout ça. Qu'est-ce qui, chez toi, fait que t'as naturellement ce goût de prendre le temps et prendre ce temps de la rencontre ?

  • Speaker #1

    Tu parlais tout à l'heure de sensations. Alors moi, je suis comme toi, comme tous qui doivent nous écouter. On vit dans des sociétés qui vont vite. On doit aller vite. Et je fais plein de choses, comme tout le monde, qui vont vite. Mais quand je me pose, quand je lis ou quand je médite, parce qu'on parlait de méditation tous les deux tout à l'heure, je me sens bien. Et je me sens à ma place, en fait. Ça n'empêche pas d'accélérer à d'autres moments, mais ce goût, et puis on sait très bien... Quand on prend le temps de prendre les choses, il y a surtout de l'ouverture pour qu'il se passe autre chose. La marche dont tu parles est un bon exemple, parce que tu amènes des gens, tu ne sais pas ce qui va se passer, mais le fait d'avoir du temps, il se passe des choses que tu n'as pas prévues, et c'est toujours ça qui est sympa.

  • Speaker #0

    Effectivement, on en parlait tout à l'heure, tous les deux, dans notre petite balade, et même notre petite... Pause méditative. J'ai envie de citer du coup aussi le livre Into the Silence qui a été préfacé par Alexandre Jolien. Et j'ai envie de lire ce qu'il a écrit. À force d'être connectés à nos appareils, nous avons fini par nous désolidariser du vivant, de la terre, de soi, de l'autre. À l'heure où l'individualisme fait rage, où le bonheur, la paix de l'âme, le lâcher-prise sont réduits à des produits marketing, Il devient urgent d'oser une vision autrement plus audacieuse de la spiritualité pour descendre toujours plus profondément au fond du fond.

  • Speaker #1

    C'est beau ce que dit Alexandre Tullian.

  • Speaker #0

    C'est beau, descendre au fond du fond.

  • Speaker #1

    Oui, évidemment, je partage ce qu'il a écrit. Et ça, c'est vraiment aussi une intuition que j'aime et qui est partagée par plein de gens. C'est qu'on vit à la surface de nous-mêmes. Donc, tu vois, on a besoin de temps. Ça peut être la lecture, la méditation, pour descendre, comme dirait Alexandre Joëlien, plus profondément nous. Et on est dans une société, il le dit bien, qui nous tire vers l'extérieur. Alors qu'on a besoin de ces temps, j'en suis persuadé.

  • Speaker #0

    Il le dit bien, c'est une préface de ton livre, donc tu as dit beaucoup de choses aussi. Et tu ramenais ça par rapport justement, suite à ma question sur qu'est-ce qui t'a donné le goût de prendre le temps de la rencontre. Et donc... Tu m'as répondu en disant comme tout le monde, je fais des choses qui vont assez vite, etc. Et en fait, je prends plaisir aussi dans des moments de lecture ou des moments un peu plus doux. Ce n'est pas le terme que tu employais, pardon. C'est ce que j'ai entendu. Et qu'est-ce qui fait que tu en fais un essai justement, To The Silence ? Qu'est-ce que tu as envie de communiquer au monde ? Et pardon, il y a deux questions dans ma question. Qu'est-ce qui te motive à le proposer ?

  • Speaker #1

    Tu vois, on fait tous... vivent différentes parties de nous dans ce qu'on fait. Donc moi, il y a mon boulot très concret. À côté de mon boulot, j'aime bien lire. Je m'intéresse évidemment à la spiritualité, à la méditation. Et à force de pratiquer la méditation, de lire des livres d'écrivains voyageurs, parfois de la poésie. Je pense qu'assez naturellement, à un moment, j'avais envie d'écrire et puis de mettre des choses sur le papier. Ce qui est aussi ce même mouvement, tu vois, tu descends un peu au fond, tu mets des choses sur le papier. C'est un mouvement qui est presque thérapeutique aussi. Et donc, j'ai eu un moment envie de mettre ça sur le papier, à la fois, évidemment, pour le partager, mais aussi pour moi, en fait. Et d'ailleurs, quand je l'ai fait, c'est valable pour deux des livres, je n'avais pas eu la volonté au début d'en faire un livre. Tu vois, ça force d'écrire des choses. Après, je l'ai proposé à un éditeur, et puis ça devient un livre.

  • Speaker #0

    D'accord. Y compris ton roman, que je n'ai pas encore cité, que tu as écrit en 2015, Charles, l'histoire d'une transition, la solution est en nous.

  • Speaker #1

    Alors, en toute transparence.

  • Speaker #0

    Ah bah oui, toi et moi, là, on est là que pour la transparence.

  • Speaker #1

    J'ai écrit ce roman qui a été édité chez Yves Michel. Si je le relis aujourd'hui, d'ailleurs, c'est valable aussi, enfin, pas pour tous, mais c'était quand même il y a longtemps. J'avais envie de faire un roman, donc je l'ai fait. Quand je le relis maintenant, je ne trouve pas ça super abouti, tu vois, dans l'histoire, etc. Par contre, les intuitions dont on parle, l'écologie, la nécessité de revenir vers soi, de prendre du temps et aussi d'œuvrer dans une société qui a plus de sens, tant sur le mode de consommation, le mode de vie, les modèles agricoles, c'est dans le roman.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas rien, revenir vers soi, les sujets d'écologie, prendre le temps. Toi, à l'heure d'aujourd'hui, avec ton chemin d'aujourd'hui ? J'ai l'impression que tu me dis qu'il n'est peut-être pas abouti, mais peut-être qu'il parle déjà, je trouve, à beaucoup de monde.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. Après, je suis comme tout le monde aujourd'hui. Quand on s'est rencontrés, c'est ce que je t'avais dit. Il y a dix ans, je sentais ces intuitions. Je pense qu'elles sont encore plus nécessaires qu'il y a dix ans. Je suis un peu plus dubitatif, parce que notre monde s'accélère encore plus. On a franchi les neuf limites planétaires. Moi, j'interview constamment des agriculteurs. Et je vois bien qu'on a... atteint des limites écologiques extrêmement fortes. Donc là où il y a dix ans, j'étais plus jeune aussi, tu vois, tu as l'utopie, tu te dis on va changer le monde. Aujourd'hui, je crois encore plus qu'il faut changer notre système. Je suis un peu dubitatif sur ce qui se passe parce que ça s'accélère les enjeux. Et donc voilà, je pense que... Et du coup, je suis encore plus convaincu au quotidien qu'il faut agir. Chacun, là, on peut... Et je le fais encore plus qu'avant. Mais moins dans cette envie, un peu moins d'utopie. On s'y colle comme on peut avec nos talents. Et je pense que quand même, les prochaines années, enfin les 10, 20, 30 prochaines années, vont être difficiles. Moi, je suis un optimiste à long terme. Mais on arrive dans une zone où il faut être bien centré, il faut savoir ce qu'on veut, il faut savoir à quel enjeu on s'attèle aussi. Et puis rester concentré là-dessus.

  • Speaker #0

    Ce que j'entends, Laurent, c'est que là où peut-être il y a dix ans, il y avait des utopies de changer le monde et d'embarquer tout le monde, là, il y a aussi cette envie de le faire à ton niveau. Bon, mais tu as beaucoup, beaucoup d'humilité parce que tu fais beaucoup, beaucoup de choses. Mais donc, d'être très concret dans ce que tu entrepends, et notamment par rapport aussi à tout ce qui est fait via Terra Vita Project. Tu le fais à ton niveau et tu embarques à cet endroit-là. sans utopie réelle de tout résoudre maintenant, mais pour autant, tu es un optimiste très long terme. Et tu as un impact qui est à ton endroit sur ce que tu peux faire concrètement. C'est déjà énorme.

  • Speaker #1

    Oui, c'est exactement ça. Je suis revenu sur des solutions. Je dirais, les bouquins ou les documentaires, c'est évidemment nécessaire. On l'entend tout le temps. Il faut des nouveaux récits, des nouvelles visions. Mais c'est vrai que je suis revenu à des choses plus concrètes. mais qui, je pense, en tout cas pour ce que je peux faire moi aujourd'hui, ont plus d'impact. Donc c'est peut-être plus un rôle, tu vois, je te parlais tout à l'heure de passeur, de facilitateur, pour aider à mieux comprendre les enjeux liés à l'agroécologie. Mais en faisant ça, j'ai l'impression de donner des clés, tu disais, en toute humilité, pour décrypter ce qui se passe et aider les personnes, d'ailleurs, ou les organisations, à mieux comprendre et à mieux agir. Tu vois, c'est plus tant de la sensibilisation qu'une espèce de facilitation. mais qui donne aux gens et surtout aux organisations, on pourrait être très transparent, le pouvoir d'agir. Parce qu'en fait, eux, ils doivent changer. D'ailleurs, aujourd'hui, par rapport à 10 ans, ce qui est totalement différent à l'époque d'Alter Eco, c'est que chez Alter Eco, on n'était pas dans des... Enfin, on portait un peu des engagements, mais c'était une époque où on disait, mais non, mais ça ne sert à rien le bio, l'équitable. Aujourd'hui, on parlerait d'agroécologie. Par contre, aujourd'hui, ça a complètement changé. Tu es dans n'importe quelle entreprise et les gens te disent, en immense majorité, il faut changer. La question, c'est plutôt comment on change.

  • Speaker #0

    Et là, t'es concret. Toi, t'interviens à cet endroit-là.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, tu as créé des ateliers d'agriculture durable, qui sont des ateliers de sensibilisation. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus, que tu amènes dans les organisations, je crois ?

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. Tu connais évidemment les fresques. On s'est inspiré des fresques pour créer un jeu de cartes sur les enjeux qui sont liés à l'agroécologie, d'où on vient depuis la Seconde Guerre mondiale. C'est quoi les enjeux liés à l'agriculture dite durable ? Parce qu'en fait, il y a des enjeux très différents dans l'agriculture. Il y a des enjeux qui sont orientés à la mondialisation, de tout. territoires, d'autres qui ont une vision très technologique, d'autres plutôt nature-based solution. Et aider les gens à comprendre ça, tu vois, où se placent les agricultures en France et quels sont les impacts associés, sans aucun, d'ailleurs, jugement, mais plutôt compréhension du périmètre. Ça aide vraiment à se situer, soit en tant que personne, encore une fois, en tant qu'organisation, et de comprendre les impacts associés, en tant que carbone, eau, herbe, biodiversité. Et surtout, ça aide les organisations à passer à l'action. Une fois qu'elles ont compris, c'est de se dire, moi où je suis, qu'est-ce que je peux faire pour faire une filière plus durable et plus équitable ? Donc, tu vois, on retrouve exactement les mêmes choses que j'ai vécues chez AlterEco. Oui. Mais avant, on vendait du chocolat, du café. Là, tu vois, c'est plutôt, on facilite les gens dans les boîtes agroalimentaires pour qu'ils agissent sur ce sujet.

  • Speaker #0

    Pour leur donner envie de faire une bascule et avoir des déclics sur aussi, revoir un petit peu les organisations. de leur modèle d'affaires ?

  • Speaker #1

    Ça va bien sûr jusque-là, parce qu'il y a un moment d'enfin... C'est un sujet tentaculaire. Il y a évidemment ce sujet du partage de la valeur. Tu vois, entre un aval de la filière et peu de valeurs qui vont chez les agriculteurs. Et c'est évidemment chez eux qu'on demande cette transition agroécologique. Donc, il faut revoir le modèle, en tout cas, comme tu dis, d'affaires pour qu'ils aient les moyens de le faire. Après, ça peut être les entreprises qui financent, ça peut être aussi un peu les consommateurs, ça peut être l'État. Mais il y a toute cette réflexion à avoir, qui est évidemment pour changer et basculer vers des modèles agroécologiques, même régénératifs, c'est un mot qui est un peu à la mode, mais oui.

  • Speaker #0

    Et qui n'est pas si évident, qui n'est pas si simple à comprendre d'ailleurs, visée régénérative.

  • Speaker #1

    C'est complètement, c'est un exemple très concret du sujet de l'atelier. C'est qu'on pose la question du champ lexical qu'on utilise, notamment ce terme-là. Qu'est-ce qu'il y a derrière ? C'est quoi ? Ce n'est pas quoi ? Et quels sont les impacts ? Autant il y a des choses dans l'actu qui sont clairement définies. Le bio, on sait ce que c'est. Il y a un cahier des charges, il y a un label. Alors que l'agriculture régénératrice ou régénérative, il n'y a pas de définition, il n'y a pas de cahier des charges. Donc, on aborde ce sujet-là pour qu'on comprenne mieux ce que c'est, les impacts associés, dans un objectif, comme on disait, d'aider les gens à mieux comprendre. Mais oui, c'est un mot qui a une portée extrêmement forte. Et ce qui est très drôle, c'est que quand on parle, et je dis ça en toute bienveillance, quand on parle à un agriculteur... J'ai interviewé un agriculteur un jour en lui disant Est-ce que tu peux dire je pratique l'agriculture régénératrice ? Il me dit Je pratique l'agriculture régénératrice Il s'arrête, il recommence, il n'arrive pas à dire le mot, puis il s'énerve un peu et il me dit Ça fait 15 ans que je pratique l'agriculture de conservation des sols. C'est un peu technique, mais qui est une agriculture. Mais tout ça pour dire qu'il y a aussi cette facilitation à faire entre le monde de l'entreprise, qui a un certain vocabulaire avec le mot régénératif, et le monde agricole. qui n'utilisent pas les mêmes mots en plus. Donc aider aussi toutes ces personnes-là à se mettre d'accord, à mieux comprendre ces parties prenantes, comme on dit, c'est un vrai enjeu.

  • Speaker #0

    Parce que même les entreprises, j'ai l'impression que ce n'est pas si accessible que ça, non plus de comprendre ce que c'est qu'un business à visée régénérative. Et peut-être pour les auditrices, les auditeurs, pouvoir définir que le régénératif, un peu dans les grandes lignes, même si c'est en soi compliqué, je te propose quelque chose. c'est de ne pas se limiter à juste s'arrêter à enlever les impacts négatifs minimum, mais pouvoir aussi aller travailler ces impacts positifs et notamment au regard de c'est quoi, en tant qu'agriculteur, où est-ce que j'ai des impacts négatifs, comment je peux générer des impacts positifs et tout ça au regard des différentes limites planétaires aussi.

  • Speaker #1

    Oui, c'est tout à fait ça. Et ce mot a un immense mérite, c'est le fait que du coup, on porte l'attention au sol. Tu vois, avant, on ne se posait pas la question du sol ou d'un sol vivant. L'agriculture régénératrice, c'est un peu de dire, on prend soin des sols et on est capable, comme tu dis, de mesurer les impacts liés au sol. Tu vois, la vie du sol, le carbone, la biodiversité. Et ça, c'est quand même assez nouveau. Tu vois, avant, on parlait de bio, d'équitable. Aujourd'hui, c'est quand même très nouveau de se dire, enfin, ce n'est pas nouveau. Beaucoup de gens se sont posé la question avant, mais c'est nouveau dans les entreprises de se poser cette question. Et c'est vrai que ce mot a cet immense mérite de poser ces questions et de faire bouger les entreprises.

  • Speaker #0

    Et donc, merci d'agir à cet endroit-là. Et je reviens quand même un tout petit peu, parce que tu me dis, oui, bon, moi, autant il y a dix ans, j'avais envie d'évangéliser. J'ai le droit de dire ce mot-là ou pas ? Trop ? Peut-être pas, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Tu sens, oui.

  • Speaker #0

    Évangéliser. Aujourd'hui, j'aime bien être concret sur les terrains, d'accompagner, de faciliter des déclics, des modes de compréhension qui vont amener des agriculteurs, des entreprises à revoir peut-être... certaines façons de faire et aussi des différents modèles d'affaires pour participer justement à une agriculture plus écologique, plus régénérative. Je suis touchée en fait par ton parcours et par le lien que tu fais entre ce soin du sol, ce soin de la terre et ce soin de soi. Parce qu'on a parlé là en début d'interview un peu de spiritualité. Donc même si tu ne mélanges pas tout et ça, ça t'appartient, j'ai l'impression que cet aspect-là participe beaucoup. à ta compréhension de la vie, cet aspect de spiritualité et de soin de soi. Est-ce qu'on a le droit d'aller dans cet espace et d'en parler un peu ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Ça passe par quoi, le soin de toi, Laurent ?

  • Speaker #1

    Tu vois, je vais te répondre tout de suite, mais je dis juste une petite parenthèse. Il mériterait de développement, mais il y a beaucoup de parallèles entre ce que je vois dans l'agriculture et ce dont tu parles, en fait. La façon dont on traite la terre, l'intensivité. On demande la productivité qu'on demande à la terre aujourd'hui. Et j'ai croisé des agriculteurs qui sont pourtant des agriculteurs intensifs, qui disent ma terre, c'est une Rolls-Royce, on a besoin de rendement Et même eux qui te disent on aurait besoin de baisser un tout petit peu ce degré d'intensité ou d'intensivité pour ramener cette transition agroécologique Donc, il y a quand même des parallèles. Tu vois, ce qui me parle, mais c'est vrai que c'est... Après, pour revenir à ta question...

  • Speaker #0

    Pardon, c'est super intéressant. Merci beaucoup de mettre un petit focus sur ces parallèles entre l'intensité... L'intensité, mais je n'y arrive pas.

  • Speaker #1

    On va dire l'intensité.

  • Speaker #0

    L'intensité avec laquelle les agriculteurs peuvent travailler leur terre. Et donc, le parallèle que tu fais, c'est l'intensité avec laquelle on peut mener nos vies, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, exactement, parce que je fais un dernier parallèle. Et après, tu vois, il y a les jachères en agriculture. Les jachères, c'est laisser reposer la terre un certain temps. pour qu'elle soit après plus productive. D'ailleurs, ça a été un peu remis en question ces derniers temps avec ce qui s'est passé. Mais donc, pourquoi je raconte ça ? C'est qu'en fait, ce soin de soi, il est très concret. Tu vois, c'est qu'on a des moments où on disait si on veut aller vite dans le travail, à certains moments, on a besoin d'être productif comme la terre, elle doit l'être. Et bien, on a évidemment, à d'autres moments, besoin d'être un peu en jachère pour qu'il y ait des nouvelles idées qui naissent, pour qu'on puisse se régénérer, tout simplement. Alors moi, j'ai très en moi cette question de la méditation, de la spiritualité. Mais je pense qu'elle est un peu vitale, en fait. C'est qu'on a besoin de temps. Alors il y en a, c'est la méditation, d'autres, ça va être autre chose. Mais de prendre du temps pour soi, de prendre soin de soi, parce que tout va vite. Et que si on ne prend pas soin de ça, on sait très bien que 30% des gens menacent de burn-out. Donc c'est un enjeu quand même de société. Et c'est vrai qu'il y a quelques années, il y a des gens qui me disaient, enfin il y a longtemps, qui disait Mais pourquoi tu médites ? Et moi, je répondais Mais pourquoi tu prends une douche ? C'est un peu binaire comme discussion, mais tu vois bien ce que je veux dire. En tout cas, moi, la méditation, c'est comme une douche, je le fais tous les jours. Si je ne le fais pas, il me manque un truc. Et je pense vraiment que, très concrètement, c'est le moment où le cerveau, évidemment, s'apaise.

  • Speaker #0

    Son cerveau est quoi,

  • Speaker #1

    pardon ? Le cerveau s'apaise. Oui. Et surtout, tu te rends bien compte, ça, c'est un peu plus spirituel, mais pour que les choses se passent, il faut du vide. Pour qu'il se passe quelque chose dans la vie, il faut de l'espace. Et que si on ne laisse pas d'espace, on en parlait tout à l'heure, on est en contre-constant. Évidemment, quand on bosse et qu'on parle de choses très concrètes, il faut le cerveau analytique, il faut pousser dans une direction, il faut avoir une vision très claire. Autant, à d'autres moments, il faut juste laisser les choses se faire et se régénérer, on le disait tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Et pour ceux pour qui ce n'est pas si simple et pas si accessible, la méditation ? Est-ce que tu aurais un conseil à donner ? Ce serait quoi une façon facile d'essayer le tout premier petit pas d'un novice en méditation ? Tu aurais une petite astuce ou pas ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que c'est vrai qu'on pense souvent à la méditation. Tu sais, je m'assois, je respire, je me concentre sur ma respiration. Mais marcher pieds nus dans l'herbe, s'allonger dans l'herbe, marcher dans la forêt, c'est une pratique méditative qui existe d'ailleurs dans la... dans certaines traditions. On peut méditer assis, on peut méditer allongé, et on peut marcher en méditant.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'est vraiment accessible à tout le monde. Et je dirais presque que tout le monde le fait. Tu vois, sans le savoir, tu es en vacances, tu t'allonges quelque chose de sa vie. À un moment, tu sens cet état-là. Tu n'es plus relax. Tu te dis, tiens, mais dans ma vie, il y a des choses que je ne voyais pas avant. Donc finalement, c'est un peu comme, tu vois, on le fait sans le savoir. Et la différence, je dirais, avec une pratique un peu instaurée, c'est juste que chaque jour, on prend le temps de faire ça.

  • Speaker #1

    D'être un peu en pleine conscience des sensations et de ce qui se vit au moment où ça se vit. Et de ne pas être un peu comme pris le hamster dans les pensées de passé-futur, mais d'être dans le moment présent. Donc sur la plage ou en forêt, pieds nus dans un jardin. Merci, c'est concret. Je trouve que ça peut être aidant. Je devais dévoiler quelque chose à nos auditeurs que peut-être beaucoup de monde sait déjà, mais tu es un grand méditant. Toi, tu as commencé à méditer petit ?

  • Speaker #0

    Alors, je me suis intéressé à cette question-là très jeune. Après, j'ai commencé à méditer, je vais dire, à 21, 22 ans. Donc oui, ça fait longtemps, ouais. Mais aussi, et pareil, pour être très transparent, c'était une nécessité, en fait. Moi, je suis quelqu'un qui est à la base, qui a beaucoup d'idées constantes en tête. Et à un moment, j'avais besoin d'apaiser, tu vois, un cerveau un peu bouillonnant, quoi, et assez jeune. Alors, j'y suis allé quand même parce que je lisais des livres sur la spiritualité. Mais j'y suis aussi allé de manière très concrète parce que j'ai essayé et je me suis dit tout de suite, mais waouh. En tout cas, moi qui suis dit qu'il y a tendance à trop penser parfois ou trop agir. C'est pour ça que maintenant, je te dis, je canalise quand même mes actions. Ça m'a fait un bien fou. Et pour le coup, tu vois, c'est quelque chose que j'ai... Dans la vie, on fait des trucs qui parfois, on se dit, ça me fait du bien. Et à terme, on se dit, j'en ai pas besoin. Autant la méditation m'a fait un bien fou dès le début. Et c'est presque une magie renouvelée. C'est-à-dire que plus je médite, plus j'approfondis le sujet, plus je me sens débutant, paradoxalement. Parce que c'est... Et en même temps, je sais que ça fera partie de ma vie jusqu'à la fin. J'ai pas de doute, tu vois, sur cette question-là.

  • Speaker #1

    Donc, vers 21 ans, tu disais qu'il y a été comme une nécessité avec un cerveau bouillonnant, des actions bouillonnantes aussi. Et tu t'intéressais déjà à la spiritualité. Bon, on en a un petit peu parlé tout à l'heure, mais... Du coup, c'est quelque chose qui est venu, qui est apparu quand dans ta vie ?

  • Speaker #0

    Je te disais tout à l'heure, j'ai un terreau familial un peu autour de ça. Mais à 7 ans, j'ai quand même eu des grandes questions sur ce sujet. Je te disais tout à l'heure, je me sentais appelé à la spiritualité, donc très concrètement. Je le dis même si ce n'est plus mes questions d'aujourd'hui. Je me sentais appelé à ça. Et le seul, ce que je connaissais, évidemment, c'était ce que je voyais. C'était l'église, donc je me disais, tiens, tu as appelé à être prêtre, mais j'avais 7 ans. Et en même temps, au fond de moi, je me disais non, non, j'ai envie de connaître les fêtes, je te disais, les femmes et le plaisir. Tu vois, j'avais un vrai débat là-dessus. Donc, j'ai un peu tranché à ce moment-là en me disant non. Et ce que je regrette en aucun cas, d'ailleurs, parce que c'est ce que j'ai fait. Mais par contre, la spiritualité, elle était là et je la vis aujourd'hui. Comme tous, on a nos parcours. Et puis, à un moment, tu te questionnes, tu regardes plein de choses. Et puis, à un moment, pareil, tu précises un peu. Et puis, j'ai pu se préciser qu'est-ce qui me parlait à moi, quelles traditions. et comment pratiquer la spiritualité. Et en l'occurrence, vraiment, c'est la méditation.

  • Speaker #1

    Merci de partager cet intime-là, Laurent. Moi, je me pose souvent la question de la place de la spiritualité en entreprise. Est-ce que c'est un gros mot déjà ou est-ce que ce n'est pas un gros mot ?

  • Speaker #0

    Je n'ai pas vraiment... Alors, je peux juste témoigner de quelque chose. Oui. Chalter Eco, on faisait du yoga entre midi et deux et on terminait par de la méditation. Donc, c'était... pas dans la journée de travail, entre midi et deux. Et je le faisais toutes les semaines, enfin, on était plusieurs à le faire. Et c'est sûr, donc c'est quand même le cadre de l'entreprise. Entre midi et deux, c'est une salle de réunion, et de faire ça, et après de retourner au boulot, à chaque fois, je me disais, mais quel... Ça me faisait beaucoup, beaucoup de bien. Tu vois, la réunion de l'après-midi, je l'abordais complètement différemment. Donc, je ne sais pas, toute transparence, si la spiritualité a sa place en entreprise, je ne sais pas. Par contre... des pratiques de régénération, yoga, méditation, pour l'avoir vécu, mais complètement. Ça, oui, pour le coup, c'est un vécu.

  • Speaker #1

    Merci. J'ai l'impression qu'au préalable de tout ça, il y a à s'autoriser à pouvoir être soi. Pouvoir être soi, c'est être effectivement aussi dans des phases, des espaces qui soient régénératifs, compliqués d'être soi si on est surmené. J'ai envie de te poser la question. Moi, je dis être soi. Pas toujours si simple non plus. Tu as des conseils là-dessus pour être soi en entreprise ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas simple, comme tu dis. C'est un milieu qui n'est pas simple aujourd'hui. La pression économique, on en a parlé tout à l'heure, elle augmente. Donc avec une pression sur les personnes. Après, mon seul conseil, ou mon partage plutôt, c'est ce qu'on dit tous, c'est que quand on est soi, on est toujours meilleur quelque part. Quand on ose être soi, dire ce qu'on pense. Je pense qu'on a tous vécu des réunions où on sort et on se dit j'ai pas dit ça alors qu'on sentait que c'était juste. Et quatre mois après, on se dit mais je l'avais senti ça, je ne l'ai pas formulé Et je pense que pour moi, en entreprise, être soi, c'est ça. C'est de se dire chaque parole mérite d'être entendue Parce que tu vois, il y a des forts leaderships en entreprise. Tu travailles sur le leadership. Parfois, on est dans une réunion et il y a un leader. Enfin, un leader, quelle définition donnerait un leader ? Mais en tout cas, quelqu'un qui prend beaucoup de place.

  • Speaker #1

    Quelle définition de toi tu as envie de donner au leader ?

  • Speaker #0

    Moi, je dirais que c'est quelqu'un qui inspire et qui crée une intelligence collective et qui donne à chacun son talent et qui fait que les gens se sentent bien et participent. Et parfois, dans d'autres situations, quand on a quelqu'un comme ça, généralement, la vie, les idées circulent. Et puis parfois, il n'y a pas cette situation-là. Par rapport à ta question, je pense qu'il faut toujours oser apporter ce qu'on a apporté.

  • Speaker #1

    Offrir, offrir ses talents. Pierre Rabhi, notamment toujours dans ton reportage, parle de posture de cœur et d'âme au sujet de la sobriété heureuse, ne pas prélever en excès, j'ai ce qu'il faut, cela me donne de la légèreté. Et il dit que la plus grande puissance qui soit sur cette planète, c'est la puissance d'aimer. Cette puissance d'aimer, elle est importante aussi en entreprise ?

  • Speaker #0

    Oui, 100% d'accord. Je vais être très basique dans ma réponse. Vas-y,

  • Speaker #1

    vas-y, sois basique.

  • Speaker #0

    On se rend quand même compte qu'il y a deux grands moteurs à l'intérieur. Il y a la peur et il y a l'amour. Parfois, on agit par peur. Tous, on le fait. On se protège. C'est un mouvement qui se referme. On a un peu peur. Et puis, il y a d'autres fois, on agit par amour. Et par amour, ça peut être aussi très concret. On sent que le cœur est plus ouvert, la posture est plus ouverte. Et ça, évidemment que ça a toute sa place. Et les projets qui sont faits avec cette posture-là sont toujours plus vivants que les autres. Et je pense que dans les organisations, alors, tu vois, il y a plein de gens qui vont parler de ça, de ces signes, c'est peut-être les petits signaux faibles, les signes en zim, il y a des organisations où il y a de l'amour et de l'énergie, et d'autres qui sont des organisations de peur, quoi. Et donc, oui, c'est la raison de Pierre Rabhi, c'est le moteur de la vie, quoi.

  • Speaker #1

    Et comment tu fais, toi, pour embarquer à cet endroit du cœur et de l'amour ?

  • Speaker #0

    Écoute, quand je fais des choses, j'essaye, avec plus ou moins de succès selon les jours, évidemment, d'être dans une posture d'ouverture. Et parfois, j'essaye même de sentir mon cœur, de me dire qu'il est plus ouvert. Et évidemment, quand tu fais ça, quoi que tu dises, ça passe mieux. Et même quand tu as quelque chose à dire, tu vois qu'il est... qui n'est pas contre quelqu'un, mais qui est intéressant. Tu partages une autre idée que quelqu'un. Dans cette posture, on se rend quand même compte qu'on peut tout dire et que les personnes, évidemment, sentent l'énergie dans laquelle on dit. Alors que quand on dit la même chose, mais qu'on est dans une posture de peur, voire d'agressivité, tu dis la même chose et tu crées ce mouvement un peu plus tendu qui fait qu'il n'y a rien qui sort. Tu vas en parler de non-violence. Les théoriciens de la non-violence l'ont très bien expliqué, c'est que la violence engendre la violence, très concrètement. Donc c'est très concret, en fait. On envoie de la violence, c'est contagieux. Et un mouvement de violence se crée, on envoie de l'amour, c'est contagieux. Et ça se crée aussi, quoi.

  • Speaker #1

    Donc toi, t'es dans ton ouverture du cœur pour embarquer, et c'est assez concret. C'est-à-dire que j'ai l'impression que tu le montrais là-dessus. Tu mettais tes mains sur ton cœur, tu vas les visiter. Quand tu as des choses à dire, tu y vas depuis cet espace-là, dans un espace ouvert.

  • Speaker #0

    J'essaye.

  • Speaker #1

    T'essayes.

  • Speaker #0

    Il y a des jours, c'est pas le mot, ça fonctionne, mais il y a des jours, c'est là. On en parlait tout à l'heure. Et il y a des jours, t'es stressé, t'es fatigué, t'as une mauvaise humeur et t'y es pas, quoi.

  • Speaker #1

    Et alors, comment tu fais quand t'as, à ce moment-là, un événement que tu peux pas décaler ? Comment tu t'y prends pour faire avec ta peur et le stress ?

  • Speaker #0

    Je fais au mieux que je peux, c'est le truc qu'on se dit tout le temps. Et surtout, je me dis, tu vas en parler d'impermanence, donc ça aussi, c'est très concret. On se rend bien compte qu'on a des mouvements de vie où il y a des fois, ça va, et des fois, ça ne va pas, et c'est OK. Et je pense, alors ça, c'est une petite parenthèse, que tant qu'on pense que tout doit aller bien tout le temps, il peut y avoir ce bien en méditation. Eh bien, ça ne peut pas fonctionner, parce qu'en fait, il y a des jours où on va bien. On est des hommes et des femmes, on en parlait tout à l'heure. Il y a des jours où on est tendu, fatigué. Et en fait, juste l'accepter. Et même pas le changer. C'est une question de totale acceptation. C'est de se dire, je vais bien, je cueille. La vie m'offre un truc, c'est bien. Je me sens mal. C'est OK, en fait. Le bonheur, c'est ce qui arrive à la bonne heure. Je disais un truc, je partage ça, et malheur, c'est ce qui arrive au mauvais moment. Bonne heure, malheur. C'est OK. Et pas sortir non plus de ça. Et on sait très bien, il suffit de s'observer tous les jours, qu'il y a des jours, aujourd'hui, ça va, demain, ça n'ira pas, et après-demain, ça ira. C'est un mouvement constant. Et la seule chose qu'on peut faire, c'est d'accepter. On fait un truc ou un atelier, il y a des jours, ça ne fonctionne pas. C'est plus dur, on va dire. Ça fait partie de la vie.

  • Speaker #1

    Merci de mettre en avant cet accueil de l'impermanence de la vie, un petit peu à l'image des saisons et des cycles. Tu parlais du besoin de se régénérer, un peu comme l'hiver permet aussi ce repos de la Terre. Nous sommes des êtres humains et tout est cyclique et impermanent. Merci aussi de mettre en avant de la bienveillance, d'incarner, Laurent, à travers ce que tu nous partages là, cette bienveillance de l'accueil. J'ai envie de te proposer un petit voyage, Laurent. Si tu es d'accord, je vais te proposer de fermer les yeux, de pouvoir prendre une grande inspiration. Et je vais t'inviter en 2035. Nous sommes en 2035. Qu'est-ce qui fait battre ton cœur ?

  • Speaker #0

    Écoute, les sujets dont on parle, ce qui fait battre mon cœur, c'est qu'il soit plus présent, encore plus présent, encore plus partagé. que ce mouvement un peu quand même vers plus de vie, plus d'écologie, plus de social, on l'a bien vu avec les débats dernièrement, qu'ils soient encore plus présents et qu'on bascule doucement vers des nouveaux modèles, sans naïveté par rapport aux tensions qui existent. Mais qu'on soit, je dirais, même suffisamment nombreux à aller dans cette direction et que ce mouvement, qui je pense est inéluctable, se renforce pour y aller.

  • Speaker #1

    Merci Laurent.

  • Speaker #0

    Merci Stéphanie.

  • Speaker #1

    Si vous avez aimé ce podcast, vous pouvez favoriser sa diffusion en lui donnant 5 étoiles sur Apple Podcasts. Et puis, vous pouvez bien sûr vous abonner sur toutes les plateformes Spotify, Apple Podcasts ou toutes autres plateformes que vous souhaitez. A bientôt sur Sois, Vie, Aime !

Description

Dans cet épisode, Laurent nous partage sans filtre, un peu de lui, de son parcours, et bien sûr ses missions à travers Terravita Project : régénérer la terre, les hommes et le vivant.

Laurent est un optimiste "long terme", il est un passeur, il sensibilise aux enjeux de l'agroécologie.

A travers des ateliers d''agriculture durable qu'il a créés, il propose des clefs de compréhension pour plus de déclics et bascules. 


Il a en lui cette sensibilité, cette curiosité pour la vie et le vivant depuis l'enfance. Bouillonnant d'idées et d'élan, il se familiarise assez jeune à la méditation.  

De ses différentes réflexions et de son cheminement, il fera plusieurs livres, comme des témoins, des partages. 


Convaincu des enjeux sociaux, économiques, environnementaux de l'agriculture, il a à cœur de remettre les producteurs au centre de la filière alimentaire. En 2012, alors directeur marketing chez Alter Eco, il réalise un documentaire Un nouveau monde en marche, dans le cadre d'une marche des "sans terre" qui pratiquent l'agriculture en Inde, pour témoigner et sensibiliser sur ces enjeux. Au départ de ce projet, une intuition.


Laurent, il est comme ça, intuitif et pragmatique. 

Il nous rappelle l'importance de prendre le temps, de revenir vers Soi, quand tout est si intense. Tout comme il nous rappelle l'importance de revenir aux besoins des sols quand il y a tant d'intensivité en agriculture.


Laurent nous donne envie d'agir et d'interagir depuis un espace du cœur, avec nos propres talents, sur les thématiques qui nous appellent.  


Un épisode à écouter sans attendre !

On y parle de leadership, du régénératif, de la place de l'amour en entreprise, de spiritualité, de la puissance du coeur, de l'impermanence, du lien à soi, de méditation.... Rien que ça ! 

Nous évoquons Pierre Rhabi qui intervient dans son documentaire et Alexandre Jollien, qui a réalisé la magnifique préface d'un de ses livres Into the silence ....


Chers auditrices, chers auditeurs, je vous souhaite un moment de pure écoute régénérative ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, je suis Stéphanie Pelleret-Delga. Vous écoutez le podcast Sois, Vie, Aime. Oser un leadership authentique et inspirant, au service de soi, des autres, de son écosystème et du vivant. Tous les mois, je reçois des dirigeantes, dirigeants, experts, expertes. entrepreneurs, entrepreneuses qui ont fait ce chemin entre vulnérabilité et puissance, qui ouvrent leur cœur et partagent leurs expériences professionnelles et plus personnelles. Par leur parcours et personnalité, ils, elles, sèment des graines sources d'inspiration. Et vous, quelles graines avez-vous envie de semer ? Quel leadership souhaitez-vous incarner ? À mon micro ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Laurent Muratet. Bonjour Laurent.

  • Speaker #1

    Bonjour Stéphanie.

  • Speaker #0

    Merci d'être là dans Sois, Vie, Aime. Merci pour notre petite balade en forêt. On enregistre aujourd'hui dans mon salon, transformé en studio pour l'occasion. Laurent, tu as travaillé 12 ans dans le marketing et la communication. Tu as fondé Terra Vita Project en 2014, fort d'une vision sur 20 ans. d'une expérience terrain et d'un lien d'amitié avec les paysans. Terra Vita Project est un projet engagé. C'est une agence de communication en contenu agricole. Vous animez une communauté d'agriculteurs, d'acteurs du secteur agroalimentaire, des communicants, des artistes et des personnalités de la société civile. Vous aidez les entreprises à valoriser les filières du champ à l'assiette. Votre raison d'être remette les enjeux des agriculteurs et du vivant au centre des préoccupations de la société. C'est en 2009, je crois, quand tu travailles chez Alter Eco et en écoutant un producteur de café équitable en Éthiopie que tu réalises qu'il faut remettre les producteurs au centre de la filière alimentaire. Qu'est-ce qui fait qu'à ce moment-là, tu as ce déclic-là ?

  • Speaker #1

    Comme tu disais Stéphanie, j'ai travaillé dans le marketing. C'est vrai que dans le marketing, tu dois vendre un produit. Donc tu te concentres sur la vente de produits. Et ça change un peu maintenant, mais historiquement, on connaissait peu l'amont, d'où venaient les produits qu'on consomme et les enjeux sociaux, économiques et environnementaux. Donc chez Alter Eco, j'ai pu aller voir des producteurs de café et de thé. Et c'est vrai qu'en écoutant ce producteur de café en Éthiopie, j'étais sous un arbre, l'image qu'on peut avoir avec ce producteur de café. Et il me racontait son histoire, ses rêves. Et bien sûr, il me parlait de café. Et je me suis dit en l'écoutant, mais... Déjà, les consommateurs, j'avais envie de transmettre cette histoire jusqu'aux consommateurs, parce que toute l'histoire du café était là, tant sur la production, la qualité du café, mais aussi les enjeux du café et évidemment, ce dont on parle aujourd'hui, les enjeux environnementaux. Donc j'ai vraiment senti cette envie de transmettre ça jusqu'aux consommateurs et d'être un peu ce passeur, de faire ce travail de passeur entre des agriculteurs, des consommateurs et je dirais même la société civile.

  • Speaker #0

    Ce travail de passeur entre les agriculteurs, les producteurs, la société civile, tu le fais tant et si bien que tu réalises même un documentaire en 2012, Un Nouveau Monde En Marche, et tu écris aussi un premier essai, éponyme, Un Nouveau Monde En Marche, tu me coupes si je dis des bêtises, tes passeurs à ce moment-là, quand tu parles à tous et toutes de certains enjeux.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est un peu le... Alors, c'est toujours d'ailleurs ce même voyage en Éthiopie.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Je lisais pour être... Je m'en souviens très bien, je lisais un livre de Gandhi qui s'appelait Tous les hommes sont frères Et après, je rentre chez Alter Ego et j'avais dans ma boîte mail un mail d'une personne de Gandhi International qui organisait une marche avec des centaires en Inde. Et tu vois, c'est certains moments dans la vie où tu sens... Tu lis le livre de Gandhi en Éthiopie, tu reviens, t'as un mail de Gandhi International. Et en ouvrant le mail, je me suis dit, il y a quelque chose à faire autour de ça. Et donc tout à l'heure, je parlais d'agriculteurs. Et là, ça allait encore un cran plus loin parce que ça parlait d'agriculteurs en Inde. Parce que la personne de Gandhi voulait faire une marche en Inde, mais avec des centaires. Donc c'est des gens qui vivent dans des villages, qui pratiquent souvent l'agriculture, mais qui n'ont pas de titre de propriété. Donc j'avais envie d'aller un cran plus loin et de voir, d'une part, les petits producteurs dont je parlais. Mais encore d'aller plus loin et voir ceux qui avaient un accès, qui bossaient la terre, mais sans titre de propriété, qui sont évidemment menacés d'exclusion parce qu'il y a des compagnies minières, pétrolières. Et donc, il y avait cette marche en Inde pour qu'ils défendent leur droit d'accès à la terre et qu'ils demandent au gouvernement indien une réforme. une réforme agraire et notamment des titres de propriété. Donc c'est quand même un enjeu agricole et politique, mais qui est retouché comme l'histoire de Gandhi, parce que c'est une démarche non-violente. Donc de pouvoir dire, voilà, il y a des non-violences, ben voilà, c'est pas toujours compris. Mais en tout cas, c'est de dire, il y a des gens qui sont entre guillemets, alors je ne sais pas si le bon mot, mais plus faibles, qui ont besoin de revendiquer des choses. Ils savent très bien que s'ils le font par la force, ils vont se faire taper dessus par plus fort qu'eux. C'est toute une stratégie politique. aussi de mise en lumière des médias pour revendiquer un droit. C'est un sujet qui m'intéressait beaucoup. C'est pour ça qu'on est parti en Inde et on a fait ce documentaire avec une personne aussi qu'on appelle un peu le nouveau Gandhi, qui s'appelle Raja Gopal, qui est un leader indien non-violent, qui est très inspirant et qu'on voit dans ce documentaire.

  • Speaker #0

    Merci. Et tu disais, quand tu nous partages ce qui t'a amené à aller réaliser ce documentaire, tu dis, des fois, tu sens. Tu parles de quoi à ce moment-là ? Tu parles d'intuition ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, je suis assez intuitif et j'essaie de faire confiance à mes intuitions. Mais oui, on peut parler de synchronicité ou d'intuition. Mais quand j'ai vu ce mail, j'ai senti qu'il fallait faire un truc. Donc, tu vois, tu ne réfléchis pas. J'ai pris mon téléphone, j'ai appelé cette personne qui m'avait écrit un mail. On a fait ce documentaire, ce livre, c'est devenu un ami. Il y a des moments où tu sens qu'il faut agir et tu sens que c'est juste aussi.

  • Speaker #0

    Et alors, pour nos auditeurs, nos auditrices, moi j'entends là, puis en plus, on ne te voit pas, on t'entend. Tu as cet élan, donc il y a ton corps qui parle. Quand tu me partages ça, tu as l'élan. À quoi tu sens ? Comment tu pourrais décrire cette sensation que tu sens ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question. Alors, si je suis très transparent avec toi, il y a des fois, j'ai le périnée qui vibre. Ça peut paraître un peu dingue, mais vraiment, corporellement, j'ai une vibration.

  • Speaker #0

    Tu as cette sensation, tu as un signe.

  • Speaker #1

    Et je le sens. ça vibre et ça monte dans le dos et donc ça c'est très concret et ça peut venir dans des intuitions, des moments de bien-être et parfois plus simplement et je pense que à cette époque c'était plutôt ce cas-là c'est tu te sens bien tu sens que c'est aligné tu sens que c'est juste, t'as pas besoin de réfléchir t'as pas de nœud dans la tête tu sens juste qu'il faut y aller mais c'est vrai que c'est une sensation c'est pas une capacité analytique c'est une sensation comme une paisibilité j'entends à l'intérieur,

  • Speaker #0

    sans nœud Sans différentes oppositions intérieures, de petites voix, il y a quelque chose qui est ouvert, c'est ça ? C'est ça,

  • Speaker #1

    exactement.

  • Speaker #0

    Ok, merci. Durant ce voyage, tu mets en lien, du coup, les personnes sur place, le Gandhi local, rappelle-moi son nom,

  • Speaker #1

    pardon. Rajagopal.

  • Speaker #0

    Rajagopal. Et aussi des Français, pour faire le lien aussi entre ce qui se passe et la façon dont les terres sont cultivées. Sur place, c'est ce qui peut être aussi fait dans nos mondes un peu plus occidentaux. Donc, tu as déjà ces intuitions écologiques. Donc, au-delà des enjeux politiques et sociaux qui se passent là-bas et de cette démarche de marche non violente, il y a aussi ces enjeux écologiques et une inspiration. On n'est qu'en 2012, tu ressens déjà tout ça.

  • Speaker #1

    Alors, c'est sûr que tu vois, je connaissais des producteurs dans les pays du Sud et j'avais rencontré des producteurs français parce qu'on a créé une gamme issue du commerce équitable chez Alter Eco. et j'avais notamment plusieurs agriculteurs un qui s'appelle Edouard Rousseau qui est agriculteur en bio avec qui j'ai eu vraiment pareil un très très bon on va dire feeling et j'ai eu envie à un moment de les amener en Inde pour plusieurs raisons et exactement pour celle que tu dis c'est qu'il y a des enjeux similaires en France et dans les pays du Sud ça ressemble pas comme si on regarde comme ça on se dit que c'est très différent petits producteurs dans les pays du Sud qui parfois sont menacés par des plantations plutôt monocultures intensives et qui sont Il y a aussi en France cet enjeu d'une agriculture familiale qui est prise aujourd'hui entre une agriculture plutôt de firme, on pourrait appeler ça, ou le monde des start-up, et je dis ça sans jument, mais qu'une agriculture familiale qui a des difficultés à trouver son modèle économique. Et dans les pays du Sud, il y a une agriculture familiale aussi qui a beaucoup été menacée par les plantations, avec des petits agriculteurs, je ne parle pas des sans-terres, mais des petits agriculteurs, qui sont partis de leur terre pour rejoindre des villes, donc qui perdent leur savoir-faire et qui ont souvent rejoint des bidonvilles. Donc... Les enjeux sont différents. Enfin, les enjeux sont différents. Il se passe des choses différentes quand on regarde comme ça, mais les enjeux sont quand même assez similaires. Et je voulais que ces producteurs français voient ça dans les pays du Sud. Et en plus, il y a eu plein de parallèles qui ont été faits dans les discussions, les échanges. Et ce qui était touchant, c'est qu'il y en a qui n'étaient jamais sortis de France. Donc, t'imagines un agriculteur français, je pense notamment une personne qui s'appelait Luc de Charente, qui arrive en Inde. Et d'ailleurs, qui l'a super bien vécu. qui découvre ce monde. Et il y a quelque chose presque d'universel entre agriculteurs. Qu'ils soient français, qu'ils travaillent la terre, en Inde, ils travaillent la terre. Ce serait presque comme deux philosophes qui se rencontrent, je ne sais pas, mais tout de suite, ils... Ils ont accroché.

  • Speaker #0

    Et j'ai été marquée aussi dans ce documentaire par un sentiment de sérénité dans une forme de lenteur qui est ressentie aussi par les personnes qui viennent de France.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Et on a voulu le voyage un peu comme ça. On a d'abord été au Darjeeling dans une coopérative. On a pris le temps de la rencontre. En plus, c'est des pays où c'est bien aussi de prendre le temps de la rencontre. Donc, tu vois, tu vois dans le documentaire, on arrive, on est accueilli par un groupe de femmes. On prend le temps d'échanger. de connaître aussi les enjeux des femmes dans ces pays. On reste chez eux. Donc oui, il y avait cette volonté, en tout cas que moi, que j'avais, que ça se passe dans la tranquillité. Et c'est vrai qu'après, on rejoint la marche non-violente qui allait de Goualior à New Delhi. Et c'était bien d'avoir pris le temps aussi d'arriver en Inde avant d'y arriver. Parce que là, tu arrives dans une marche, il fait 40 degrés, tu es sur du goudron, tu vois, les gens, ils chantent, il y a de la musique. Alors, rien à voir avec une manifestation française. Tu vois où tu sens... En France, soit, on le dit un peu dans le documentaire, soit les gens se taisent, soit ils explosent. Il n'y a pas de canalisation, de la manifestation, et je dirais presque de la violence. Alors qu'en Inde, c'est organisé. Dans cette marche, il y a de la joie, il chante. Et c'était sympa d'arriver dans cet état-là, parce que tu as à la fois ça qui est frappant, et en même temps, c'est quand même très surveillé par le gouvernement. Donc, il y a des espions partout. Dès qu'il y a un gars qui vient de parler avec un stylo dans la poche et qui te dit qu'est-ce que tu fais là ? c'est un espion du gouvernement. Il fiche les gens qui sont là. En tant que touriste, si on est rentré en touriste, t'as pas le droit de manifester, si t'es pris en train de manifester, tu peux être emprisonné. Il y a aussi tout ce climat qui est autour. Par rapport à ta question, j'ai un peu... C'était sympa d'être dans un état un peu paisible avant d'arriver dans un contexte qui, même s'il paraît pour nous un peu exotique et sympa, il y a des enjeux politiques forts derrière.

  • Speaker #0

    De la sérénité, même si, en fait, tu peux ressentir ces enjeux politiques et une certaine forme de... tension, finalement, derrière tout ça. Qu'est-ce qui, chez toi, fait que t'as naturellement ce goût de prendre le temps et prendre ce temps de la rencontre ?

  • Speaker #1

    Tu parlais tout à l'heure de sensations. Alors moi, je suis comme toi, comme tous qui doivent nous écouter. On vit dans des sociétés qui vont vite. On doit aller vite. Et je fais plein de choses, comme tout le monde, qui vont vite. Mais quand je me pose, quand je lis ou quand je médite, parce qu'on parlait de méditation tous les deux tout à l'heure, je me sens bien. Et je me sens à ma place, en fait. Ça n'empêche pas d'accélérer à d'autres moments, mais ce goût, et puis on sait très bien... Quand on prend le temps de prendre les choses, il y a surtout de l'ouverture pour qu'il se passe autre chose. La marche dont tu parles est un bon exemple, parce que tu amènes des gens, tu ne sais pas ce qui va se passer, mais le fait d'avoir du temps, il se passe des choses que tu n'as pas prévues, et c'est toujours ça qui est sympa.

  • Speaker #0

    Effectivement, on en parlait tout à l'heure, tous les deux, dans notre petite balade, et même notre petite... Pause méditative. J'ai envie de citer du coup aussi le livre Into the Silence qui a été préfacé par Alexandre Jolien. Et j'ai envie de lire ce qu'il a écrit. À force d'être connectés à nos appareils, nous avons fini par nous désolidariser du vivant, de la terre, de soi, de l'autre. À l'heure où l'individualisme fait rage, où le bonheur, la paix de l'âme, le lâcher-prise sont réduits à des produits marketing, Il devient urgent d'oser une vision autrement plus audacieuse de la spiritualité pour descendre toujours plus profondément au fond du fond.

  • Speaker #1

    C'est beau ce que dit Alexandre Tullian.

  • Speaker #0

    C'est beau, descendre au fond du fond.

  • Speaker #1

    Oui, évidemment, je partage ce qu'il a écrit. Et ça, c'est vraiment aussi une intuition que j'aime et qui est partagée par plein de gens. C'est qu'on vit à la surface de nous-mêmes. Donc, tu vois, on a besoin de temps. Ça peut être la lecture, la méditation, pour descendre, comme dirait Alexandre Joëlien, plus profondément nous. Et on est dans une société, il le dit bien, qui nous tire vers l'extérieur. Alors qu'on a besoin de ces temps, j'en suis persuadé.

  • Speaker #0

    Il le dit bien, c'est une préface de ton livre, donc tu as dit beaucoup de choses aussi. Et tu ramenais ça par rapport justement, suite à ma question sur qu'est-ce qui t'a donné le goût de prendre le temps de la rencontre. Et donc... Tu m'as répondu en disant comme tout le monde, je fais des choses qui vont assez vite, etc. Et en fait, je prends plaisir aussi dans des moments de lecture ou des moments un peu plus doux. Ce n'est pas le terme que tu employais, pardon. C'est ce que j'ai entendu. Et qu'est-ce qui fait que tu en fais un essai justement, To The Silence ? Qu'est-ce que tu as envie de communiquer au monde ? Et pardon, il y a deux questions dans ma question. Qu'est-ce qui te motive à le proposer ?

  • Speaker #1

    Tu vois, on fait tous... vivent différentes parties de nous dans ce qu'on fait. Donc moi, il y a mon boulot très concret. À côté de mon boulot, j'aime bien lire. Je m'intéresse évidemment à la spiritualité, à la méditation. Et à force de pratiquer la méditation, de lire des livres d'écrivains voyageurs, parfois de la poésie. Je pense qu'assez naturellement, à un moment, j'avais envie d'écrire et puis de mettre des choses sur le papier. Ce qui est aussi ce même mouvement, tu vois, tu descends un peu au fond, tu mets des choses sur le papier. C'est un mouvement qui est presque thérapeutique aussi. Et donc, j'ai eu un moment envie de mettre ça sur le papier, à la fois, évidemment, pour le partager, mais aussi pour moi, en fait. Et d'ailleurs, quand je l'ai fait, c'est valable pour deux des livres, je n'avais pas eu la volonté au début d'en faire un livre. Tu vois, ça force d'écrire des choses. Après, je l'ai proposé à un éditeur, et puis ça devient un livre.

  • Speaker #0

    D'accord. Y compris ton roman, que je n'ai pas encore cité, que tu as écrit en 2015, Charles, l'histoire d'une transition, la solution est en nous.

  • Speaker #1

    Alors, en toute transparence.

  • Speaker #0

    Ah bah oui, toi et moi, là, on est là que pour la transparence.

  • Speaker #1

    J'ai écrit ce roman qui a été édité chez Yves Michel. Si je le relis aujourd'hui, d'ailleurs, c'est valable aussi, enfin, pas pour tous, mais c'était quand même il y a longtemps. J'avais envie de faire un roman, donc je l'ai fait. Quand je le relis maintenant, je ne trouve pas ça super abouti, tu vois, dans l'histoire, etc. Par contre, les intuitions dont on parle, l'écologie, la nécessité de revenir vers soi, de prendre du temps et aussi d'œuvrer dans une société qui a plus de sens, tant sur le mode de consommation, le mode de vie, les modèles agricoles, c'est dans le roman.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas rien, revenir vers soi, les sujets d'écologie, prendre le temps. Toi, à l'heure d'aujourd'hui, avec ton chemin d'aujourd'hui ? J'ai l'impression que tu me dis qu'il n'est peut-être pas abouti, mais peut-être qu'il parle déjà, je trouve, à beaucoup de monde.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. Après, je suis comme tout le monde aujourd'hui. Quand on s'est rencontrés, c'est ce que je t'avais dit. Il y a dix ans, je sentais ces intuitions. Je pense qu'elles sont encore plus nécessaires qu'il y a dix ans. Je suis un peu plus dubitatif, parce que notre monde s'accélère encore plus. On a franchi les neuf limites planétaires. Moi, j'interview constamment des agriculteurs. Et je vois bien qu'on a... atteint des limites écologiques extrêmement fortes. Donc là où il y a dix ans, j'étais plus jeune aussi, tu vois, tu as l'utopie, tu te dis on va changer le monde. Aujourd'hui, je crois encore plus qu'il faut changer notre système. Je suis un peu dubitatif sur ce qui se passe parce que ça s'accélère les enjeux. Et donc voilà, je pense que... Et du coup, je suis encore plus convaincu au quotidien qu'il faut agir. Chacun, là, on peut... Et je le fais encore plus qu'avant. Mais moins dans cette envie, un peu moins d'utopie. On s'y colle comme on peut avec nos talents. Et je pense que quand même, les prochaines années, enfin les 10, 20, 30 prochaines années, vont être difficiles. Moi, je suis un optimiste à long terme. Mais on arrive dans une zone où il faut être bien centré, il faut savoir ce qu'on veut, il faut savoir à quel enjeu on s'attèle aussi. Et puis rester concentré là-dessus.

  • Speaker #0

    Ce que j'entends, Laurent, c'est que là où peut-être il y a dix ans, il y avait des utopies de changer le monde et d'embarquer tout le monde, là, il y a aussi cette envie de le faire à ton niveau. Bon, mais tu as beaucoup, beaucoup d'humilité parce que tu fais beaucoup, beaucoup de choses. Mais donc, d'être très concret dans ce que tu entrepends, et notamment par rapport aussi à tout ce qui est fait via Terra Vita Project. Tu le fais à ton niveau et tu embarques à cet endroit-là. sans utopie réelle de tout résoudre maintenant, mais pour autant, tu es un optimiste très long terme. Et tu as un impact qui est à ton endroit sur ce que tu peux faire concrètement. C'est déjà énorme.

  • Speaker #1

    Oui, c'est exactement ça. Je suis revenu sur des solutions. Je dirais, les bouquins ou les documentaires, c'est évidemment nécessaire. On l'entend tout le temps. Il faut des nouveaux récits, des nouvelles visions. Mais c'est vrai que je suis revenu à des choses plus concrètes. mais qui, je pense, en tout cas pour ce que je peux faire moi aujourd'hui, ont plus d'impact. Donc c'est peut-être plus un rôle, tu vois, je te parlais tout à l'heure de passeur, de facilitateur, pour aider à mieux comprendre les enjeux liés à l'agroécologie. Mais en faisant ça, j'ai l'impression de donner des clés, tu disais, en toute humilité, pour décrypter ce qui se passe et aider les personnes, d'ailleurs, ou les organisations, à mieux comprendre et à mieux agir. Tu vois, c'est plus tant de la sensibilisation qu'une espèce de facilitation. mais qui donne aux gens et surtout aux organisations, on pourrait être très transparent, le pouvoir d'agir. Parce qu'en fait, eux, ils doivent changer. D'ailleurs, aujourd'hui, par rapport à 10 ans, ce qui est totalement différent à l'époque d'Alter Eco, c'est que chez Alter Eco, on n'était pas dans des... Enfin, on portait un peu des engagements, mais c'était une époque où on disait, mais non, mais ça ne sert à rien le bio, l'équitable. Aujourd'hui, on parlerait d'agroécologie. Par contre, aujourd'hui, ça a complètement changé. Tu es dans n'importe quelle entreprise et les gens te disent, en immense majorité, il faut changer. La question, c'est plutôt comment on change.

  • Speaker #0

    Et là, t'es concret. Toi, t'interviens à cet endroit-là.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, tu as créé des ateliers d'agriculture durable, qui sont des ateliers de sensibilisation. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus, que tu amènes dans les organisations, je crois ?

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. Tu connais évidemment les fresques. On s'est inspiré des fresques pour créer un jeu de cartes sur les enjeux qui sont liés à l'agroécologie, d'où on vient depuis la Seconde Guerre mondiale. C'est quoi les enjeux liés à l'agriculture dite durable ? Parce qu'en fait, il y a des enjeux très différents dans l'agriculture. Il y a des enjeux qui sont orientés à la mondialisation, de tout. territoires, d'autres qui ont une vision très technologique, d'autres plutôt nature-based solution. Et aider les gens à comprendre ça, tu vois, où se placent les agricultures en France et quels sont les impacts associés, sans aucun, d'ailleurs, jugement, mais plutôt compréhension du périmètre. Ça aide vraiment à se situer, soit en tant que personne, encore une fois, en tant qu'organisation, et de comprendre les impacts associés, en tant que carbone, eau, herbe, biodiversité. Et surtout, ça aide les organisations à passer à l'action. Une fois qu'elles ont compris, c'est de se dire, moi où je suis, qu'est-ce que je peux faire pour faire une filière plus durable et plus équitable ? Donc, tu vois, on retrouve exactement les mêmes choses que j'ai vécues chez AlterEco. Oui. Mais avant, on vendait du chocolat, du café. Là, tu vois, c'est plutôt, on facilite les gens dans les boîtes agroalimentaires pour qu'ils agissent sur ce sujet.

  • Speaker #0

    Pour leur donner envie de faire une bascule et avoir des déclics sur aussi, revoir un petit peu les organisations. de leur modèle d'affaires ?

  • Speaker #1

    Ça va bien sûr jusque-là, parce qu'il y a un moment d'enfin... C'est un sujet tentaculaire. Il y a évidemment ce sujet du partage de la valeur. Tu vois, entre un aval de la filière et peu de valeurs qui vont chez les agriculteurs. Et c'est évidemment chez eux qu'on demande cette transition agroécologique. Donc, il faut revoir le modèle, en tout cas, comme tu dis, d'affaires pour qu'ils aient les moyens de le faire. Après, ça peut être les entreprises qui financent, ça peut être aussi un peu les consommateurs, ça peut être l'État. Mais il y a toute cette réflexion à avoir, qui est évidemment pour changer et basculer vers des modèles agroécologiques, même régénératifs, c'est un mot qui est un peu à la mode, mais oui.

  • Speaker #0

    Et qui n'est pas si évident, qui n'est pas si simple à comprendre d'ailleurs, visée régénérative.

  • Speaker #1

    C'est complètement, c'est un exemple très concret du sujet de l'atelier. C'est qu'on pose la question du champ lexical qu'on utilise, notamment ce terme-là. Qu'est-ce qu'il y a derrière ? C'est quoi ? Ce n'est pas quoi ? Et quels sont les impacts ? Autant il y a des choses dans l'actu qui sont clairement définies. Le bio, on sait ce que c'est. Il y a un cahier des charges, il y a un label. Alors que l'agriculture régénératrice ou régénérative, il n'y a pas de définition, il n'y a pas de cahier des charges. Donc, on aborde ce sujet-là pour qu'on comprenne mieux ce que c'est, les impacts associés, dans un objectif, comme on disait, d'aider les gens à mieux comprendre. Mais oui, c'est un mot qui a une portée extrêmement forte. Et ce qui est très drôle, c'est que quand on parle, et je dis ça en toute bienveillance, quand on parle à un agriculteur... J'ai interviewé un agriculteur un jour en lui disant Est-ce que tu peux dire je pratique l'agriculture régénératrice ? Il me dit Je pratique l'agriculture régénératrice Il s'arrête, il recommence, il n'arrive pas à dire le mot, puis il s'énerve un peu et il me dit Ça fait 15 ans que je pratique l'agriculture de conservation des sols. C'est un peu technique, mais qui est une agriculture. Mais tout ça pour dire qu'il y a aussi cette facilitation à faire entre le monde de l'entreprise, qui a un certain vocabulaire avec le mot régénératif, et le monde agricole. qui n'utilisent pas les mêmes mots en plus. Donc aider aussi toutes ces personnes-là à se mettre d'accord, à mieux comprendre ces parties prenantes, comme on dit, c'est un vrai enjeu.

  • Speaker #0

    Parce que même les entreprises, j'ai l'impression que ce n'est pas si accessible que ça, non plus de comprendre ce que c'est qu'un business à visée régénérative. Et peut-être pour les auditrices, les auditeurs, pouvoir définir que le régénératif, un peu dans les grandes lignes, même si c'est en soi compliqué, je te propose quelque chose. c'est de ne pas se limiter à juste s'arrêter à enlever les impacts négatifs minimum, mais pouvoir aussi aller travailler ces impacts positifs et notamment au regard de c'est quoi, en tant qu'agriculteur, où est-ce que j'ai des impacts négatifs, comment je peux générer des impacts positifs et tout ça au regard des différentes limites planétaires aussi.

  • Speaker #1

    Oui, c'est tout à fait ça. Et ce mot a un immense mérite, c'est le fait que du coup, on porte l'attention au sol. Tu vois, avant, on ne se posait pas la question du sol ou d'un sol vivant. L'agriculture régénératrice, c'est un peu de dire, on prend soin des sols et on est capable, comme tu dis, de mesurer les impacts liés au sol. Tu vois, la vie du sol, le carbone, la biodiversité. Et ça, c'est quand même assez nouveau. Tu vois, avant, on parlait de bio, d'équitable. Aujourd'hui, c'est quand même très nouveau de se dire, enfin, ce n'est pas nouveau. Beaucoup de gens se sont posé la question avant, mais c'est nouveau dans les entreprises de se poser cette question. Et c'est vrai que ce mot a cet immense mérite de poser ces questions et de faire bouger les entreprises.

  • Speaker #0

    Et donc, merci d'agir à cet endroit-là. Et je reviens quand même un tout petit peu, parce que tu me dis, oui, bon, moi, autant il y a dix ans, j'avais envie d'évangéliser. J'ai le droit de dire ce mot-là ou pas ? Trop ? Peut-être pas, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Tu sens, oui.

  • Speaker #0

    Évangéliser. Aujourd'hui, j'aime bien être concret sur les terrains, d'accompagner, de faciliter des déclics, des modes de compréhension qui vont amener des agriculteurs, des entreprises à revoir peut-être... certaines façons de faire et aussi des différents modèles d'affaires pour participer justement à une agriculture plus écologique, plus régénérative. Je suis touchée en fait par ton parcours et par le lien que tu fais entre ce soin du sol, ce soin de la terre et ce soin de soi. Parce qu'on a parlé là en début d'interview un peu de spiritualité. Donc même si tu ne mélanges pas tout et ça, ça t'appartient, j'ai l'impression que cet aspect-là participe beaucoup. à ta compréhension de la vie, cet aspect de spiritualité et de soin de soi. Est-ce qu'on a le droit d'aller dans cet espace et d'en parler un peu ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Ça passe par quoi, le soin de toi, Laurent ?

  • Speaker #1

    Tu vois, je vais te répondre tout de suite, mais je dis juste une petite parenthèse. Il mériterait de développement, mais il y a beaucoup de parallèles entre ce que je vois dans l'agriculture et ce dont tu parles, en fait. La façon dont on traite la terre, l'intensivité. On demande la productivité qu'on demande à la terre aujourd'hui. Et j'ai croisé des agriculteurs qui sont pourtant des agriculteurs intensifs, qui disent ma terre, c'est une Rolls-Royce, on a besoin de rendement Et même eux qui te disent on aurait besoin de baisser un tout petit peu ce degré d'intensité ou d'intensivité pour ramener cette transition agroécologique Donc, il y a quand même des parallèles. Tu vois, ce qui me parle, mais c'est vrai que c'est... Après, pour revenir à ta question...

  • Speaker #0

    Pardon, c'est super intéressant. Merci beaucoup de mettre un petit focus sur ces parallèles entre l'intensité... L'intensité, mais je n'y arrive pas.

  • Speaker #1

    On va dire l'intensité.

  • Speaker #0

    L'intensité avec laquelle les agriculteurs peuvent travailler leur terre. Et donc, le parallèle que tu fais, c'est l'intensité avec laquelle on peut mener nos vies, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, exactement, parce que je fais un dernier parallèle. Et après, tu vois, il y a les jachères en agriculture. Les jachères, c'est laisser reposer la terre un certain temps. pour qu'elle soit après plus productive. D'ailleurs, ça a été un peu remis en question ces derniers temps avec ce qui s'est passé. Mais donc, pourquoi je raconte ça ? C'est qu'en fait, ce soin de soi, il est très concret. Tu vois, c'est qu'on a des moments où on disait si on veut aller vite dans le travail, à certains moments, on a besoin d'être productif comme la terre, elle doit l'être. Et bien, on a évidemment, à d'autres moments, besoin d'être un peu en jachère pour qu'il y ait des nouvelles idées qui naissent, pour qu'on puisse se régénérer, tout simplement. Alors moi, j'ai très en moi cette question de la méditation, de la spiritualité. Mais je pense qu'elle est un peu vitale, en fait. C'est qu'on a besoin de temps. Alors il y en a, c'est la méditation, d'autres, ça va être autre chose. Mais de prendre du temps pour soi, de prendre soin de soi, parce que tout va vite. Et que si on ne prend pas soin de ça, on sait très bien que 30% des gens menacent de burn-out. Donc c'est un enjeu quand même de société. Et c'est vrai qu'il y a quelques années, il y a des gens qui me disaient, enfin il y a longtemps, qui disait Mais pourquoi tu médites ? Et moi, je répondais Mais pourquoi tu prends une douche ? C'est un peu binaire comme discussion, mais tu vois bien ce que je veux dire. En tout cas, moi, la méditation, c'est comme une douche, je le fais tous les jours. Si je ne le fais pas, il me manque un truc. Et je pense vraiment que, très concrètement, c'est le moment où le cerveau, évidemment, s'apaise.

  • Speaker #0

    Son cerveau est quoi,

  • Speaker #1

    pardon ? Le cerveau s'apaise. Oui. Et surtout, tu te rends bien compte, ça, c'est un peu plus spirituel, mais pour que les choses se passent, il faut du vide. Pour qu'il se passe quelque chose dans la vie, il faut de l'espace. Et que si on ne laisse pas d'espace, on en parlait tout à l'heure, on est en contre-constant. Évidemment, quand on bosse et qu'on parle de choses très concrètes, il faut le cerveau analytique, il faut pousser dans une direction, il faut avoir une vision très claire. Autant, à d'autres moments, il faut juste laisser les choses se faire et se régénérer, on le disait tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Et pour ceux pour qui ce n'est pas si simple et pas si accessible, la méditation ? Est-ce que tu aurais un conseil à donner ? Ce serait quoi une façon facile d'essayer le tout premier petit pas d'un novice en méditation ? Tu aurais une petite astuce ou pas ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que c'est vrai qu'on pense souvent à la méditation. Tu sais, je m'assois, je respire, je me concentre sur ma respiration. Mais marcher pieds nus dans l'herbe, s'allonger dans l'herbe, marcher dans la forêt, c'est une pratique méditative qui existe d'ailleurs dans la... dans certaines traditions. On peut méditer assis, on peut méditer allongé, et on peut marcher en méditant.

  • Speaker #0

    Donc ça, c'est vraiment accessible à tout le monde. Et je dirais presque que tout le monde le fait. Tu vois, sans le savoir, tu es en vacances, tu t'allonges quelque chose de sa vie. À un moment, tu sens cet état-là. Tu n'es plus relax. Tu te dis, tiens, mais dans ma vie, il y a des choses que je ne voyais pas avant. Donc finalement, c'est un peu comme, tu vois, on le fait sans le savoir. Et la différence, je dirais, avec une pratique un peu instaurée, c'est juste que chaque jour, on prend le temps de faire ça.

  • Speaker #1

    D'être un peu en pleine conscience des sensations et de ce qui se vit au moment où ça se vit. Et de ne pas être un peu comme pris le hamster dans les pensées de passé-futur, mais d'être dans le moment présent. Donc sur la plage ou en forêt, pieds nus dans un jardin. Merci, c'est concret. Je trouve que ça peut être aidant. Je devais dévoiler quelque chose à nos auditeurs que peut-être beaucoup de monde sait déjà, mais tu es un grand méditant. Toi, tu as commencé à méditer petit ?

  • Speaker #0

    Alors, je me suis intéressé à cette question-là très jeune. Après, j'ai commencé à méditer, je vais dire, à 21, 22 ans. Donc oui, ça fait longtemps, ouais. Mais aussi, et pareil, pour être très transparent, c'était une nécessité, en fait. Moi, je suis quelqu'un qui est à la base, qui a beaucoup d'idées constantes en tête. Et à un moment, j'avais besoin d'apaiser, tu vois, un cerveau un peu bouillonnant, quoi, et assez jeune. Alors, j'y suis allé quand même parce que je lisais des livres sur la spiritualité. Mais j'y suis aussi allé de manière très concrète parce que j'ai essayé et je me suis dit tout de suite, mais waouh. En tout cas, moi qui suis dit qu'il y a tendance à trop penser parfois ou trop agir. C'est pour ça que maintenant, je te dis, je canalise quand même mes actions. Ça m'a fait un bien fou. Et pour le coup, tu vois, c'est quelque chose que j'ai... Dans la vie, on fait des trucs qui parfois, on se dit, ça me fait du bien. Et à terme, on se dit, j'en ai pas besoin. Autant la méditation m'a fait un bien fou dès le début. Et c'est presque une magie renouvelée. C'est-à-dire que plus je médite, plus j'approfondis le sujet, plus je me sens débutant, paradoxalement. Parce que c'est... Et en même temps, je sais que ça fera partie de ma vie jusqu'à la fin. J'ai pas de doute, tu vois, sur cette question-là.

  • Speaker #1

    Donc, vers 21 ans, tu disais qu'il y a été comme une nécessité avec un cerveau bouillonnant, des actions bouillonnantes aussi. Et tu t'intéressais déjà à la spiritualité. Bon, on en a un petit peu parlé tout à l'heure, mais... Du coup, c'est quelque chose qui est venu, qui est apparu quand dans ta vie ?

  • Speaker #0

    Je te disais tout à l'heure, j'ai un terreau familial un peu autour de ça. Mais à 7 ans, j'ai quand même eu des grandes questions sur ce sujet. Je te disais tout à l'heure, je me sentais appelé à la spiritualité, donc très concrètement. Je le dis même si ce n'est plus mes questions d'aujourd'hui. Je me sentais appelé à ça. Et le seul, ce que je connaissais, évidemment, c'était ce que je voyais. C'était l'église, donc je me disais, tiens, tu as appelé à être prêtre, mais j'avais 7 ans. Et en même temps, au fond de moi, je me disais non, non, j'ai envie de connaître les fêtes, je te disais, les femmes et le plaisir. Tu vois, j'avais un vrai débat là-dessus. Donc, j'ai un peu tranché à ce moment-là en me disant non. Et ce que je regrette en aucun cas, d'ailleurs, parce que c'est ce que j'ai fait. Mais par contre, la spiritualité, elle était là et je la vis aujourd'hui. Comme tous, on a nos parcours. Et puis, à un moment, tu te questionnes, tu regardes plein de choses. Et puis, à un moment, pareil, tu précises un peu. Et puis, j'ai pu se préciser qu'est-ce qui me parlait à moi, quelles traditions. et comment pratiquer la spiritualité. Et en l'occurrence, vraiment, c'est la méditation.

  • Speaker #1

    Merci de partager cet intime-là, Laurent. Moi, je me pose souvent la question de la place de la spiritualité en entreprise. Est-ce que c'est un gros mot déjà ou est-ce que ce n'est pas un gros mot ?

  • Speaker #0

    Je n'ai pas vraiment... Alors, je peux juste témoigner de quelque chose. Oui. Chalter Eco, on faisait du yoga entre midi et deux et on terminait par de la méditation. Donc, c'était... pas dans la journée de travail, entre midi et deux. Et je le faisais toutes les semaines, enfin, on était plusieurs à le faire. Et c'est sûr, donc c'est quand même le cadre de l'entreprise. Entre midi et deux, c'est une salle de réunion, et de faire ça, et après de retourner au boulot, à chaque fois, je me disais, mais quel... Ça me faisait beaucoup, beaucoup de bien. Tu vois, la réunion de l'après-midi, je l'abordais complètement différemment. Donc, je ne sais pas, toute transparence, si la spiritualité a sa place en entreprise, je ne sais pas. Par contre... des pratiques de régénération, yoga, méditation, pour l'avoir vécu, mais complètement. Ça, oui, pour le coup, c'est un vécu.

  • Speaker #1

    Merci. J'ai l'impression qu'au préalable de tout ça, il y a à s'autoriser à pouvoir être soi. Pouvoir être soi, c'est être effectivement aussi dans des phases, des espaces qui soient régénératifs, compliqués d'être soi si on est surmené. J'ai envie de te poser la question. Moi, je dis être soi. Pas toujours si simple non plus. Tu as des conseils là-dessus pour être soi en entreprise ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas simple, comme tu dis. C'est un milieu qui n'est pas simple aujourd'hui. La pression économique, on en a parlé tout à l'heure, elle augmente. Donc avec une pression sur les personnes. Après, mon seul conseil, ou mon partage plutôt, c'est ce qu'on dit tous, c'est que quand on est soi, on est toujours meilleur quelque part. Quand on ose être soi, dire ce qu'on pense. Je pense qu'on a tous vécu des réunions où on sort et on se dit j'ai pas dit ça alors qu'on sentait que c'était juste. Et quatre mois après, on se dit mais je l'avais senti ça, je ne l'ai pas formulé Et je pense que pour moi, en entreprise, être soi, c'est ça. C'est de se dire chaque parole mérite d'être entendue Parce que tu vois, il y a des forts leaderships en entreprise. Tu travailles sur le leadership. Parfois, on est dans une réunion et il y a un leader. Enfin, un leader, quelle définition donnerait un leader ? Mais en tout cas, quelqu'un qui prend beaucoup de place.

  • Speaker #1

    Quelle définition de toi tu as envie de donner au leader ?

  • Speaker #0

    Moi, je dirais que c'est quelqu'un qui inspire et qui crée une intelligence collective et qui donne à chacun son talent et qui fait que les gens se sentent bien et participent. Et parfois, dans d'autres situations, quand on a quelqu'un comme ça, généralement, la vie, les idées circulent. Et puis parfois, il n'y a pas cette situation-là. Par rapport à ta question, je pense qu'il faut toujours oser apporter ce qu'on a apporté.

  • Speaker #1

    Offrir, offrir ses talents. Pierre Rabhi, notamment toujours dans ton reportage, parle de posture de cœur et d'âme au sujet de la sobriété heureuse, ne pas prélever en excès, j'ai ce qu'il faut, cela me donne de la légèreté. Et il dit que la plus grande puissance qui soit sur cette planète, c'est la puissance d'aimer. Cette puissance d'aimer, elle est importante aussi en entreprise ?

  • Speaker #0

    Oui, 100% d'accord. Je vais être très basique dans ma réponse. Vas-y,

  • Speaker #1

    vas-y, sois basique.

  • Speaker #0

    On se rend quand même compte qu'il y a deux grands moteurs à l'intérieur. Il y a la peur et il y a l'amour. Parfois, on agit par peur. Tous, on le fait. On se protège. C'est un mouvement qui se referme. On a un peu peur. Et puis, il y a d'autres fois, on agit par amour. Et par amour, ça peut être aussi très concret. On sent que le cœur est plus ouvert, la posture est plus ouverte. Et ça, évidemment que ça a toute sa place. Et les projets qui sont faits avec cette posture-là sont toujours plus vivants que les autres. Et je pense que dans les organisations, alors, tu vois, il y a plein de gens qui vont parler de ça, de ces signes, c'est peut-être les petits signaux faibles, les signes en zim, il y a des organisations où il y a de l'amour et de l'énergie, et d'autres qui sont des organisations de peur, quoi. Et donc, oui, c'est la raison de Pierre Rabhi, c'est le moteur de la vie, quoi.

  • Speaker #1

    Et comment tu fais, toi, pour embarquer à cet endroit du cœur et de l'amour ?

  • Speaker #0

    Écoute, quand je fais des choses, j'essaye, avec plus ou moins de succès selon les jours, évidemment, d'être dans une posture d'ouverture. Et parfois, j'essaye même de sentir mon cœur, de me dire qu'il est plus ouvert. Et évidemment, quand tu fais ça, quoi que tu dises, ça passe mieux. Et même quand tu as quelque chose à dire, tu vois qu'il est... qui n'est pas contre quelqu'un, mais qui est intéressant. Tu partages une autre idée que quelqu'un. Dans cette posture, on se rend quand même compte qu'on peut tout dire et que les personnes, évidemment, sentent l'énergie dans laquelle on dit. Alors que quand on dit la même chose, mais qu'on est dans une posture de peur, voire d'agressivité, tu dis la même chose et tu crées ce mouvement un peu plus tendu qui fait qu'il n'y a rien qui sort. Tu vas en parler de non-violence. Les théoriciens de la non-violence l'ont très bien expliqué, c'est que la violence engendre la violence, très concrètement. Donc c'est très concret, en fait. On envoie de la violence, c'est contagieux. Et un mouvement de violence se crée, on envoie de l'amour, c'est contagieux. Et ça se crée aussi, quoi.

  • Speaker #1

    Donc toi, t'es dans ton ouverture du cœur pour embarquer, et c'est assez concret. C'est-à-dire que j'ai l'impression que tu le montrais là-dessus. Tu mettais tes mains sur ton cœur, tu vas les visiter. Quand tu as des choses à dire, tu y vas depuis cet espace-là, dans un espace ouvert.

  • Speaker #0

    J'essaye.

  • Speaker #1

    T'essayes.

  • Speaker #0

    Il y a des jours, c'est pas le mot, ça fonctionne, mais il y a des jours, c'est là. On en parlait tout à l'heure. Et il y a des jours, t'es stressé, t'es fatigué, t'as une mauvaise humeur et t'y es pas, quoi.

  • Speaker #1

    Et alors, comment tu fais quand t'as, à ce moment-là, un événement que tu peux pas décaler ? Comment tu t'y prends pour faire avec ta peur et le stress ?

  • Speaker #0

    Je fais au mieux que je peux, c'est le truc qu'on se dit tout le temps. Et surtout, je me dis, tu vas en parler d'impermanence, donc ça aussi, c'est très concret. On se rend bien compte qu'on a des mouvements de vie où il y a des fois, ça va, et des fois, ça ne va pas, et c'est OK. Et je pense, alors ça, c'est une petite parenthèse, que tant qu'on pense que tout doit aller bien tout le temps, il peut y avoir ce bien en méditation. Eh bien, ça ne peut pas fonctionner, parce qu'en fait, il y a des jours où on va bien. On est des hommes et des femmes, on en parlait tout à l'heure. Il y a des jours où on est tendu, fatigué. Et en fait, juste l'accepter. Et même pas le changer. C'est une question de totale acceptation. C'est de se dire, je vais bien, je cueille. La vie m'offre un truc, c'est bien. Je me sens mal. C'est OK, en fait. Le bonheur, c'est ce qui arrive à la bonne heure. Je disais un truc, je partage ça, et malheur, c'est ce qui arrive au mauvais moment. Bonne heure, malheur. C'est OK. Et pas sortir non plus de ça. Et on sait très bien, il suffit de s'observer tous les jours, qu'il y a des jours, aujourd'hui, ça va, demain, ça n'ira pas, et après-demain, ça ira. C'est un mouvement constant. Et la seule chose qu'on peut faire, c'est d'accepter. On fait un truc ou un atelier, il y a des jours, ça ne fonctionne pas. C'est plus dur, on va dire. Ça fait partie de la vie.

  • Speaker #1

    Merci de mettre en avant cet accueil de l'impermanence de la vie, un petit peu à l'image des saisons et des cycles. Tu parlais du besoin de se régénérer, un peu comme l'hiver permet aussi ce repos de la Terre. Nous sommes des êtres humains et tout est cyclique et impermanent. Merci aussi de mettre en avant de la bienveillance, d'incarner, Laurent, à travers ce que tu nous partages là, cette bienveillance de l'accueil. J'ai envie de te proposer un petit voyage, Laurent. Si tu es d'accord, je vais te proposer de fermer les yeux, de pouvoir prendre une grande inspiration. Et je vais t'inviter en 2035. Nous sommes en 2035. Qu'est-ce qui fait battre ton cœur ?

  • Speaker #0

    Écoute, les sujets dont on parle, ce qui fait battre mon cœur, c'est qu'il soit plus présent, encore plus présent, encore plus partagé. que ce mouvement un peu quand même vers plus de vie, plus d'écologie, plus de social, on l'a bien vu avec les débats dernièrement, qu'ils soient encore plus présents et qu'on bascule doucement vers des nouveaux modèles, sans naïveté par rapport aux tensions qui existent. Mais qu'on soit, je dirais, même suffisamment nombreux à aller dans cette direction et que ce mouvement, qui je pense est inéluctable, se renforce pour y aller.

  • Speaker #1

    Merci Laurent.

  • Speaker #0

    Merci Stéphanie.

  • Speaker #1

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