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#12 Un leadership d'Envergure avec Déborah Pardo, Conférencière environnement & Scientifique à impacts cover
#12 Un leadership d'Envergure avec Déborah Pardo, Conférencière environnement & Scientifique à impacts cover
Soi.s, Vi.e.s, Aime - Oser un leadership authentique et inspirant au service de Soi, des autres, de son écosystème et du vivant.

#12 Un leadership d'Envergure avec Déborah Pardo, Conférencière environnement & Scientifique à impacts

#12 Un leadership d'Envergure avec Déborah Pardo, Conférencière environnement & Scientifique à impacts

51min |23/10/2024
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Soi.s, Vi.e.s, Aime - Oser un leadership authentique et inspirant au service de Soi, des autres, de son écosystème et du vivant.

#12 Un leadership d'Envergure avec Déborah Pardo, Conférencière environnement & Scientifique à impacts

#12 Un leadership d'Envergure avec Déborah Pardo, Conférencière environnement & Scientifique à impacts

51min |23/10/2024
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Description

Déborah Pardo est docteure en écologie des populations, spécialiste de l'Albatros. Après 8 années dans la recherche, elle prend la voie de l’entreprenariat à impact en développant des programmes de leadership.  
Déborah est convaincue que chaque personne peut étendre son envergure tel un albatros, elle en a développé une méthode, La boussole des Leaders d'Envergure.  Une méthode pour un leadership au service de Soi et du vivant ! 

Dans cet épisode, Déborah nous raconte son héritage familial, son parcours, les étapes de vie qui ont jalonné ses choix, ceux-là même qui l'ont amenée à être qui elle est. 

Elle prône l'émerveillement qui peut nous reconnecter à notre âme d'enfant, notre meilleur allié pour s'extraire d'une actualité pas toujours simple, et même franchement complexe.   

C'est depuis cet espace, qu'elle nous invite à la voie de l’optimisme, à l'audace aussi, car l’envie vient de l’inspiration et non de la peur. Nous en avons besoin pour co-contruire un monde plus juste et plus sûr. Ce qui n'empêche pas d'être réaliste et objectif. 

Si Déborah est positive et enthousiaste, elle ne porte pas moins un regard pragmatique sur le chemin qu'elle nous invite à prendre et la méthode pour un Leadership d'Envergure qu'elle propose est très concrète. 


Déborah nous détaille dans cet épisode, les 4 caps de la Boussole des Leaders d'Envergure  : 

  • Naviguer les paradoxes  :  apprendre à être vigilant par rapport au négativisme, car les extrêmes font beaucoup de bruit. Prendre de la hauteur comme les albatros. 

  • Hisser les consciences : pouvoir naviguer dans ses émotions, se reconnecter à ce qui nous émerveille et aussi à ce qui est plus complexe, sans binarité du bien et du mal.

  • Surmonter les écueils : s'aligner avec soi, être dans son axe tel l'albatros, sans oublier d'avoir les pieds bien ancrés. Ne pas rejeter la faute à l'extérieur, et pouvoir avancer en intelligence collective

  • Étendre son envergure : avoir une vision même utopique, sans limite, de ce qui nous donne enVie, en harmonie avec la nature. Ne pas oublier d'être avant de faire pour mieux faire ensuite. 

Un.e leader d'Envergure donc. Oui ! 

Ce leader est vulnérable et authentique, il est curieux et courageux. Il sait prendre de la hauteur, rester aligné à ce qui est, à sa vision, à la complexité, à la non binarité. Il sait là où sont ses forces et à quoi il est utile, il crée du lien et sait embarquer. 


Qu'est ce que serait une société où chacun.e a la possibilité de se déployer en conscience de notre interdépendance aux uns, aux autres, au vivant ? 

Je vous invite à écouter cet épisode sans plus attendre, il se pourrait bien, que tel un albatros vous ayez envie de vous déployer !

Déborah vous le dit, le monde de demain est plus juste, et en plus les gens sourient ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, je suis Stéphanie Pelleret-Delga. Vous écoutez le podcast Sois.Vis.Aime. Oser un leadership authentique et inspirant, au service de soi, des autres, de son écosystème et du vivant. Tous les mois, je reçois des dirigeantes, dirigeants, experts, expertes. entrepreneurs, entrepreneuses qui ont fait ce chemin entre vulnérabilité et puissance, qui ouvrent leur cœur et partagent leurs expériences professionnelles et plus personnelles. Par leur parcours et personnalité, ils, elles, sèment des graines sources d'inspiration. Et vous, quelles graines avez-vous envie de semer ? Quel leadership souhaitez-vous incarner ? À mon micro, aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Déborah Pardot. Hello Déborah !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Merci d'avoir accepté mon invitation dans Sois, Vie, Aime. Cette interview se fait à distance et j'ai envie de te proposer de nous décrire dans quel endroit tu te trouves en ce moment.

  • Speaker #1

    Alors, je suis chez moi, sous un pain parasol, où je suis en train d'observer une mésange huppée. qui se nourrit. Donc, il fait très beau, alors que ça fait une semaine qu'on a de la pluie à Marseille. Donc, tout va bien. Je suis bien.

  • Speaker #0

    Merci de nous partager cette vue de la Mésange et du beau temps. Alors, Déborah, t'es originaire et basée à Marseille. Tu es une exploratrice de la vie. Tu es docteur en écologie des populations, spécialiste de l'Albatros. Tu as passé des mois dans les colonies d'Albatros en Antarctique. Après huit années dans la recherche, tu prends la voie de l'entrepreneuriat à impact en développant des programmes de leadership. Tu es convaincu que chaque personne peut étendre son envergure tel un albatros, le plus grand oiseau du monde, à condition de se remettre en question et se donner les moyens de vraiment comprendre la complexité des enjeux qui nous entourent. Tu es aussi maman de deux enfants. Tu as été élue top 20 des femmes innovantes par la tribune en 2017. Tu as été admise à la Société des explorateurs français et passes toujours une partie de l'année en expédition en mer. Aujourd'hui, mobiliser les dirigeants, dirigeants à maximiser leur leadership environnemental, est une de tes priorités. Et comme dans ton parcours entrepreneurial, tu as managé une équipe de 20 personnes, via notamment l'association Earthship Sister, tu as aussi cette capacité à te mettre dans les chaussures de ces dirigeants, dirigeants. et de comprendre ses différentes complexités. Tu as une approche à la fois scientifique, tu aimes la précision des faits, et tu es résolument optimiste. Tu as une curiosité insatiable et une énergie incroyable. Je te vois pétillante. Dans le livre de Céline Steyer, Nouvelles héroïnes, paru chez Larousse, tu donnes trois conseils aux enfants. Connais-toi et fais-toi confiance. Émerveille-toi à tout âge. Entoure-toi. des personnes qui te tirent vers le haut. Si tu devais décliner, Déborah, aujourd'hui, ces trois conseils aux leaders, tu aurais envie de leur dire quoi ?

  • Speaker #1

    C'est marrant comme question. J'aurais envie de leur dire exactement la même chose. Je ne fais pas de différence, en fait, avec les enfants. Oui. Puisque même, à la limite, c'est presque notre âme d'enfant qui peut nous sortir de la situation de destruction de la société et de l'environnement dans lequel on est.

  • Speaker #0

    Et cette âme d'enfant, donc le fait avec cette âme d'enfant de mieux se connaître, de nous faire confiance, si on reprend ce premier conseil.

  • Speaker #1

    De s'émerveiller au quotidien, comme je suis en train de le faire là. Et puis de s'entourer des personnes qui nous tirent vers le haut. Je trouve qu'en ce moment, l'ambiance est assez lourde dans la société. Sans mettre des gens de côté non plus, mais il y a vraiment un besoin, je trouve, de s'entourer de personnes qui nous tirent vers le haut et pas de rester avec des personnes qui nous emportent dans des directions dont on n'a pas envie.

  • Speaker #0

    Et alors pour toi, comment tu sais que quelqu'un te tire vers le haut ou pas ?

  • Speaker #1

    Ah, c'est une très bonne question. Je pense qu'il y a une intuition, il y a un ressenti dans le corps. Et puis c'est énorme. En fait, c'est une envie d'être avec cette personne. Tu sens une envie, donc tu sens une attirance, une excitation, pas au sens... au sens professionnel, quelque chose qui te donne envie de passer du temps avec cette personne que tu ne sais pas forcément expliquer des fois.

  • Speaker #0

    Je reprends les deux premiers conseils. Comment on fait pour bien se connaître ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est le travail d'une vie. Et puis même dans une vie bien avancée, on ne le saura jamais. Mais en même temps, j'ai commencé à faire un petit peu de ce qu'on appelle le développement personnel tard au final. J'ai commencé quand j'avais à peu près la trentaine. J'ai été recrutée dans un programme de leadership spécifique pour les femmes scientifiques. C'est un programme qui venait d'Australie et qui avait pour vocation de former 60 000 femmes scientifiques en 10 ans à changer le monde. Et sur le coup, je me suis dit que ça peut être très intéressant de suivre ça, mais je n'avais pas compris que c'était notamment un programme de développement personnel. Et j'ai fait mes premiers tests, mes premiers coachings. À ce moment-là, et je pense que ça passe par là, en fait, c'est faire des tests, c'est être accompagné par des professionnels, comme toi, qui nous permettent d'interpréter ces tests en fonction de ce qu'on vit dans notre vie, notamment d'aller chercher pourquoi des moments douloureux, ils sont douloureux. C'est aller creuser un peu, quoi. Et c'est surtout être honnête avec soi-même. C'est-à-dire essayer de ne pas être dans le déni par rapport à nos faiblesses. Et aussi ne pas être dans la réserve trop quand on manque d'estime de soi, par exemple, de ne pas reconnaître ses forces. Donc il y a plusieurs éléments à prendre en compte, que j'incite d'ailleurs les dirigeants à faire. C'est regarder d'où on vient, son histoire de famille et quelles sont les valeurs qui sont héritées de cette histoire de famille. Qu'on fasse l'inverse de ce qu'on a appris ou qu'on fasse la même chose. Quels sont les éléments décisifs ? qui ont eu lieu dans notre vie. Et moi, j'en ai eu plusieurs, notamment ce programme pour les femmes scientifiques qui culminait avec la plus grande expédition féminine de l'histoire en Antarctique. Ça, c'était en 2016. Donc depuis, j'ai parcouru du chemin encore. Et puis aussi, qu'est-ce qui sont nos forces ? C'est-à-dire les choses sur lesquelles on sait qu'on peut s'appuyer et au final, ne pas chercher forcément à développer ses faiblesses, mais s'appuyer sur nos forces et s'entourer des personnes. pour qu'il nous faiblesse sans défense.

  • Speaker #0

    Merci, merci beaucoup. Est-ce que tu voudrais bien nous partager un petit peu ce qui t'a amené aujourd'hui justement à intervenir, à faire des conférences, à pouvoir donner des moments vraiment d'inspiration, notamment pour les leaders et en lien aussi avec l'écologie ? C'est quoi un peu dans ton histoire de vie ce qui t'a amené à être là où tu es aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un petit peu ce que je voulais dire sur les moments décisifs. L'histoire de la famille, c'est comme ça que j'ai fonctionné pour moi. Moi, je viens d'une famille qui a été déracinée d'Afrique du Nord. Du côté de mon père, ils ont eu une semaine pour quitter l'Égypte, quand mon père avait deux ans. Et du côté de ma mère, ils ont pris la décision de quitter l'Algérie, où ma mère était née, parce que ça devenait trop dangereux. Et donc, ils sont arrivés, pareil, quand elle avait cinq ans, à Marseille, dans les quartiers nord, où ils se sont rencontrés. Ils sont repartis à zéro de leur vie. Donc, eux, ils ont manqué de beaucoup de choses dont nous, on n'a pas manqué, en fait, avec mon frère, parce qu'ils se sont démenés pour qu'on soit bien. Et donc, déjà, il y a ces bases d'indépendance de la famille par rapport au système. Ils se sont réinventés complètement. Il y a des bases d'optimisme, puisqu'ils ont... Ils n'ont jamais perdu espoir qu'ils allaient réussir à s'en sortir. Et c'est grâce au fait d'y croire qu'ils s'en sont sortis, je pense. Et il y a une base aussi de respect très forte. C'est trois des valeurs très fortes qui m'ont inculquée, avec en plus un aspect sur la curiosité que je garde toujours en tête, qui m'ont transmise. Et donc, c'est cette curiosité qui a fait que moi, j'ai tout de suite été... très attirée par le monde du vivant. Dans le jardin de mes grands-parents, à fouiner avec les insectes, les plantes, fabriquer des trucs, creuser, regarder les comportements. J'étais fascinée par les interactions entre les êtres vivants et l'environnement. Et au final, c'est ça la définition de l'écologie. Donc moi, ça a été mon premier grand déclic, cette découverte des interactions entre les êtres vivants qu'il y a autour de nous. Et donc, comme j'étais fascinée par les animaux, tout le monde m'a dit Fais vétérinaire Ça a été mon deuxième grand déclic. Je me retrouve pendant une semaine en quatrième dans un cabinet et ça ne me plaît pas du tout. Ça ne me plaît pas du tout parce que ce ne sont que des opérations chirurgicales, des trucs un peu violents. C'est de la gestion des patients humains. En fait, on gère les problèmes des humains à travers les animaux et ça ne me plaisait pas du tout. Moi, je voulais vraiment être dans le milieu naturel, travailler sur les animaux sauvages. personne n'était capable de me dire quel métier amener à faire ça, à part travailler dans un zoo qui n'est pas du tout ça non plus. Et c'est là que j'ai eu mon troisième déclic. Donc, rentrée en fac de bio, le premier été, je harcèle tous les laboratoires de recherche de Marseille pour faire des stages. Et on me propose un stage sur les oiseaux marins, la nuit, sur les falaises dans le parc national de Port-Croz. Et on y va en 4x4 CNRS avec la remorque, avec le Zodiac. On prend tout le matos sur le Zodiac. On part tout le temps jusque dans le Céphalès. Et ça a été une énorme claque pour moi. Je me suis dit, c'est ça que je veux faire, en fait. Vivre de l'aventure et de la science.

  • Speaker #0

    Merci. Dans ton histoire, déjà, tu parles de tes valeurs héritées, de ton héritage, notamment en termes de valeurs sur... Les valeurs d'optimisme, de respect, de curiosité. L'idée que dans tous les cas, on va s'en sortir. Cette curiosité est aussi associée, j'entends, à l'émerveillement quand tu joues dans le jardin de tes grands-parents. Ce premier stage en quatrième où finalement, les interactions humaines, alors que tu étais en stage chez un vétérinaire, elles sont peut-être plus complexes que toi. Ce que tu veux, c'est être vraiment avec les animaux dans leurs conditions naturelles. Et puis, à la fac, tu vas chercher des stages. Et là, je trouve. Et là, tu trouves. Et donc, là, tu deviens chercheuse.

  • Speaker #1

    Oui, ce n'était pas aussi fluide. Ce n'était pas aussi fluide, mais quasiment. Je continue de faire des stages, je me retrouve en Arctique. J'ai un jour un prof qui me fait une formation sur la démographie. Et là, j'ai encore un déclic. Je me dis, waouh, c'est ça que je veux faire. En fait, des statistiques appliquées à l'écologie, c'est-à-dire pouvoir, avec les outils qu'on a, de marquage des individus et de statistiques derrière, pouvoir comprendre pourquoi une population décline, quels sont les facteurs qui la font décliner, et donc donner des conseils aux organismes de conservation, aux dirigeants, sur limiter les causes d'extinction des espèces. Mais au final, quand je suis arrivée dans mon job de rêve, après ma thèse, pendant cinq ans à l'Institut Polaire Britannique, j'étais exactement là-dedans. Et les articles que j'ai pu publier, même s'ils étaient au plus haut niveau et que j'ai tout donné pour y arriver, ce qui se passait après, c'était très décevant. C'est-à-dire que les lobbies de la pêche industrielle continuent de ne pas changer leur pratique, qui attrape énormément d'albatros. La pollution plastique est toujours là et 99% des oiseaux marins en ont dans le corps. Le changement climatique décime. certaines années, tous les nouveaux individus des oiseaux marins, alors qu'ils sont sur des îles à l'autre bout de la planète, et ça ne change pas assez vite. On n'arrive pas à changer le côté de la courbe, il faudrait que ça aille dans l'autre sens.

  • Speaker #0

    Tu dis qu'on n'arrive pas à changer le côté de la courbe, et pour autant, toi, tu restes ultra optimiste. Est-ce que tu l'es aussi, par rapport à la population des albatros, ou non, pas nécessairement ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas si simple. On n'est pas optimiste ou on ne l'est pas. Oui,

  • Speaker #0

    tu as complètement raison.

  • Speaker #1

    Je pense que moi, j'ai un tempérament, de par les valeurs familiales aussi, optimiste. Ça ne veut pas dire que je pense que tout va bien, ni que tout va aller bien. Moi, quand je prône l'optimisme dans mon travail aujourd'hui de conférencière professionnelle, c'est pour dire que... Pour moi, il n'y a que la voie de l'optimisme qui va nous permettre de bouger. Si on continue dans la voie de l'anxiété, de la culpabilité, de la peur, de la colère, de la tristesse, du dégoût, de la déception, on ne peut pas arriver à bouger. C'était peut-être nécessaire pour nous faire comprendre qu'il y avait des changements de grande ampleur à faire. Mais pour se mettre aujourd'hui en mouvement, pour réinventer le monde de demain, ce n'est pas ça qu'il nous faut, c'est de l'optimisme, c'est du rêve, c'est du ressenti, c'est de la coopération, c'est de l'envie. Et l'envie, elle vient de l'inspiration, elle ne vient pas de la peur, ni de la tristesse, ni du dégoût. Ça, c'est des sentiments de rejet qui te font bouger vite dans une autre direction, mais pas construire un monde plus juste et plus sûr, en fait.

  • Speaker #0

    Et merci beaucoup, Déborah, effectivement, de donner envie d'inspirer. Et tu en as développé d'ailleurs une méthode. Tu es convaincue que s'inspirer ses oiseaux, ça peut aider à étendre son envergure, telle qu'eux le font. Est-ce que tu peux justement me parler un petit peu, nous partager le programme que tu as créé sur un leader d'envergure ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors déjà, il faut savoir que quand on dit albatros, Il y a en réalité 22 espèces d'albatros dans le monde aujourd'hui. Il y en a seulement 4 qui ne vivent pas dans l'hémisphère sud, tout autour de l'Antarctique, où il y a les vents les plus forts du monde qui leur permettent de voler tranquillement dans les mers les pires du monde. Donc sur ces 22 espèces, il y en a les trois quarts qui sont sur la liste rouge des espèces menacées, en danger plus ou moins critique. notamment trois pour lesquels il reste moins de 100 individus. Donc il y a des tendances de certaines populations qui remontent, mais il y a des tendances qui sont à la baisse de façon assez effrayante dans certaines îles du monde, mais aussi de façon générale pour toutes les espèces, dans tous les endroits où elles se situent dans le monde. Donc c'est vraiment très inquiétant, et c'est à la fois bizarre parce qu'ils sont à l'autre bout de la planète. et ils subissent tout ce qu'on fait sans même qu'on le sache. Alors que c'est des animaux qui sont quand même vénérés, qui ont inspiré des poètes, qui te marquent quand tu les vois pour la première fois. Ça te marque vraiment tellement ils sont gracieux, tellement ils luttent contre des éléments qui, toi, te tuent en quelques minutes. Et moi, c'est ça que j'admire chez eux. Et j'ai beaucoup réfléchi et je suis en train d'ailleurs d'écrire un livre sur le sujet. à toute leur symbolique, qui peut nous permettre, et c'est ce que j'essaye de faire avec les dirigeants francophones, enfin de France, mais aussi les non-francophones, pour voir différemment et adopter un leadership d'envergure, c'est-à-dire une prise en main des enjeux qui permettent d'avoir de l'impact positif dans le monde et de contribuer à créer le monde de demain.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu veux bien détailler, quand tu dis prise en main des enjeux, comment on fait ? pour prendre en main les enjeux qui sont ceux d'aujourd'hui et contribuer au monde de demain ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a quatre caps à la méthode que je propose, qui est en fait sur une boussole. Donc, imaginez avoir une boussole dans la main. Le premier cap, c'est naviguer les paradoxes. Parce qu'aujourd'hui, et c'est ce que je démontre en live dans mes interventions, on a... l'impression qu'on sait ce qui se passe et on se trompe souvent. Et la façon dont on se trompe, c'est un biais de surpessimisme. C'est-à-dire qu'on a l'impression que la situation est plus grave que ce qu'elle est. Et ça, c'est vraiment dommage, parce que déjà ça nous angoisse plus que nécessaire. Ça nous fait croire que la transition écologique, elle est peut-être plus difficile à faire que ce qu'elle est en réalité. Et en plus, ça nous fait faire des choses qui sont fausses puisqu'on n'a pas les informations correctes. Alors qu'en réalité, quand on va sur des sites comme par exemple le site internet de la fondation Gapminder, gapminder.org, où on a plein de données vérifiées sur l'état du monde, on se rend compte qu'il y a plein de trucs qui vont très bien en fait. Et que l'impression qu'on a de négatif permanent, il est accentué par... la facilité de répéter cette information négative par les médias, par les réseaux sociaux, par le fonctionnement même de notre cerveau qui nous plombe dans le négatif parce qu'il a peur et parce qu'il a peur pour notre survie. Donc il y a tout un travail à faire sur déjà essayer de naviguer ces paradoxes, pour moi c'est-à-dire essayer d'être vigilant face au négativisme qui est inné chez nous. Face au dualisme, cette capacité à mettre les choses dans des cases, en les séparant bien, alors qu'en fait, la plupart des choses suivent une loi de distribution normale, tu sais, cette courbe en cloche, où la majorité de quelque chose est autour de la moyenne, en fait. Il y a très peu d'extrêmes. Les extrêmes, ils font souvent beaucoup de bruit, mais en fait, la majorité des gens est souvent au centre. Donc là, on a tout de suite l'image politique qui nous vient, mais ça marche pour plein de choses. notre comportement alimentaire, pour notre heure d'arrivée, de départ, au travail. Tout le monde est à peu près dans cette loi normale. Et en réalité, pour faire un vrai changement de paradigme, il suffit d'assez peu de monde, d'environ 15 à 30 de la population qui adopte un nouveau comportement pour faire complètement basculer le reste de la population. Et moi, ce que je prône aujourd'hui, c'est que dans cette partie en tout cas, dans ce cap, c'est qu'on a besoin de gens qui osent faire les choses différemment alors que la norme va dans l'autre sens. Mais comme la norme, elle va droit dans le mur, il faut oser. faire différemment, ne pas avoir peur du changement et lutter contre ce bug humain qu'on a qui nous donne envie de toujours faire les mêmes erreurs. Donc ça, c'est lié au fonctionnement de notre cerveau qui était évolué pour un monde où on est en équilibre avec la nature. Mais quand on n'est plus en équilibre avec la nature, ce bug humain nous pousse vers la catastrophe.

  • Speaker #0

    Oser faire différemment dans cette première axe de la boussole, naviguer les paradoxes. Merci d'inspirer ça. et de nous expliquer là par ton partage que c'est un réflexe un peu naturel et de pouvoir du coup faire ce pas de côté avec Audace.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Moi, j'aime bien dire prendre de la hauteur comme le font les albatros quand ils volent en pleine tempête dans la pire mer du monde. Ils ne savent pas où est-ce qu'ils vont pouvoir trouver à manger. Ils ne savent pas où est-ce que la tempête s'arrête. Mais en fait, ils font confiance. Ils font confiance à leur capacité et ils vont voler. contre le vent, ils vont se mettre contre le vent, prendre de la hauteur au maximum grâce à cette force du vent qui les aide. Et hop, après, ils vont redescendre face au vent pour reprendre de la vitesse et pouvoir utiliser cette énergie-là sans jamais perdre leur énergie à eux, puisqu'ils ont un système de blocage des ailes qui fait qu'ils dépensent zéro énergie en volant. Donc, je pense qu'il faut qu'on arrive à s'inspirer de ça et à être économe dans notre énergie tout en... En se servant des vents contraires, mais en allant par contre dans la bonne direction.

  • Speaker #0

    En naviguant dans cette notion, j'entends aussi, d'énergie, donc de régénératif aussi pour soi-même et son énergie vitale.

  • Speaker #1

    Il y a son énergie vitale et à laquelle je suis très sensible. Dans le monde de l'impact, il y a beaucoup de gens qui la donnent à outrance. Et puis si tu veux, on peut parler de la deuxième partie.

  • Speaker #0

    Avec plaisir, je crois que c'est hisser les consciences.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc la deuxième partie pour moi, ce qui était indispensable, et c'est un petit peu l'erreur que je faisais au départ quand j'ai commencé à donner des conférences à des dirigeants, c'est que je me sentais prise de la mission en tant que scientifique de donner tous les faits justes de ce qui se passait. Et donc je passais beaucoup de temps à dire, alors la pollution c'est ça, il y a tel type de pollution, il faut regarder les tendances, ça augmente en fonction du PIB. Regardez, il y a le risque d'introduire des espèces. En fait, vous avez 1% de risque d'introduire une espèce qui ensuite devient invasive. Et au final, je perdais tout le monde avec mes graphiques. Alors qu'aujourd'hui, pour hisser les consciences, je travaille sur deux aspects. Le premier aspect, c'est l'aspect émotionnel, primordial, qui est, on dit, plutôt dans notre hémisphère droit. celui qu'on a complètement délaissé depuis la révolution scientifique, puis la révolution industrielle, puis la révolution verte pour nourrir tout le monde en défonçant les sols. Donc, hisser les consciences, pour moi, ça passe d'abord par l'émotionnel. Donc, en général, quand je suis en intervention, je me sers d'une vidéo que j'ai tournée quand j'étais en mission au Falklands, ou au Malouine, ça dépend à qui on demande. dans les colonies d'Albatros, là-bas, et où j'ai vécu trois mois en complète isolation. On était sept sur une île pendant trois mois. Et ce qui m'a frappée, en fait, et c'est ce que je montre dans cette vidéo, c'est le cycle de vie de l'Albatros, qui est très simple, puisqu'ils ne vont faire qu'un seul poussin tous les deux ans. Ils ont un nid dans une colonie où ils sont fidèles, et c'est en général la colonie où ils sont nés, dans laquelle ils reviennent. Après avoir passé les dix premières années de leur vie en mer, ils vont chercher un partenaire avec qui ils vont être fidèles à vie, parce que ça demande un équilibre fin entre les deux partenaires, puisqu'il y en a un qui reste sur le nid, gardé le poussin à bonne température, l'autre qui part en mer se nourrir, et ça peut durer trois semaines. Puis après, ils reviennent, ils échangent, et ils font cette danse de plus en plus rapidement, en fonction des besoins alimentaires du poussin. Et donc, dans la vidéo que je montre, tout le monde est émerveillé. Et en fait, cette âme d'enfant, on l'a tous, mais on la perd. On la perd parce qu'on devient trop sérieux sur toutes les choses qu'on doit faire dans nos vies. Et en fait, c'est très dommage. Moi, je suis partie aussi dans cette performance de vouloir faire plus qu'être. avec d'abord ma carrière scientifique, puis ma carrière de chef d'entreprise. Et là, maintenant que je reviens à une plus grande proximité avec la nature, je me rends compte à quel point mes sens s'éveillent. Mon ouïe, mon odorat, ma vue, même le goût. On habite dans les collines, j'ai tout le temps une branche de romarin dans la bouche quand je promène le chien. Ça fait partie de... Je passe tout le temps ma main quand il y a des herbes qui chatouillent. Même quand c'est en public, je passe tout le temps ma main dedans, juste pour le plaisir d'être en contact. Et ça, moi, ça m'apporte énormément. Et j'aimerais que chaque personne qui écoute ce podcast ou sur Terre puisse prendre ce temps-là, qu'elle ne trouve pas ça inutile.

  • Speaker #0

    Et je te rejoins tellement. Merci, Isse et les Consciences, invitées à s'émerveiller. Et s'émerveiller, ça passe par... pas par la tête, mais par les sens. Et donc, tu parlais de l'odorat, de la vue, du toucher. Merci de partager ça. Et donc, du coup, de la prise de hauteur par rapport à ce que le mental voudrait faire, performer, mais pouvoir être. Et puis, j'entends aussi que quand tu invites à hisser les consciences, à prendre de la hauteur, à être dans ses sens, j'entends aussi que c'est un moment de pleine présence, d'être présent au moment où on est à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Et après, on redescend en émotions. Donc là, on est dans des émotions, je n'aime pas dire positives, parce que ce n'est pas vrai, chaque émotion est utile, mais c'est l'émerveillement, la curiosité, l'intérêt, le rire même, il y en a qui rient en les voyant, la joie. Et puis après, je montre cinq images qui illustrent les cinq causes d'extinction de la biodiversité via le regard des albatrosses. La première image, vous l'avez peut-être vue, c'est ce poussin mort. rempli de plastique, de briquets, de toutes les couleurs qui sont apparues quand son ventre s'est ouvert, en se dégradant sur le sol. Donc on voit des filets de pêche, des tongs, etc. La deuxième image, c'est un poussin d'Albatros qui est recouvert de neige, parce qu'il y a eu une vague de froid, un événement extrême, qui fait qu'aucun poussin ne peut survivre de la colonie entière dans ces conditions. Le troisième, c'est... Un poussin albatros qui est dans un habitat qui est complètement érodé, donc il n'y a plus du tout de végétation, donc il n'a plus de nid, il peut tomber de son nid qui forme comme une cuvette jusqu'à un mètre de haut, où l'œuf peut rouler, se casser, et donc il est complètement sujet aux éléments à cause de la dégradation de son habitat. La quatrième, c'est un jeune albatros qui est censé s'envoler de la colonie, mais il s'est fait manger vivant par des souris. qui ont été introduites involontairement sur les îles où ils nichent. Et comme ils n'ont pas évolué avec des prédateurs, ils ne savent pas s'en débarrasser. Les souris, c'est très malin. Et la cinquième, c'est une image d'un albatros qui flotte dans la mer, mort, accroché à un hameçon de palangrier pour pêcher le thon à la base. Et donc voilà, c'est la surexploitation des espèces, notamment dans le milieu marin, où on pêche en s'imaginant que c'est des ressources infinies. Et là, on en voit le goût. Donc, voilà les cinq causes d'extinction de la biodiversité. Et elles sont illustrées à travers le regard des albatrosses. Et pour moi, il n'y a pas de peur, il n'y a pas de problème à prendre ce temps pour discuter de ce qu'on ressent par rapport à tout ça. Et ce qu'on ressent, c'est souvent un cocktail. Et dans ce cocktail, les émotions... Déjà, je mets toujours une fleur des émotions à l'écran, avec 24 émotions, parce que les gens disent ça va bien, ça va pas bien mais ils n'ont pas le vocabulaire. On a perdu le vocabulaire pour s'exprimer finement sur ce qu'on ressent tellement on ne s'écoute pas. Et donc, on se rend compte au final, en creusant un petit peu, en laissant du blanc, que tu peux avoir de la colère, mais en fait, de l'intérêt, que tu peux avoir du dégoût.

  • Speaker #0

    mais de l'optimisme, que tu peux avoir une forme de vigilance ou d'anticipation qui naît de tout ça, et en même temps, être immobilisé parce que tu ne sais pas ce que tu peux faire. Et c'est là qu'on rentre dans la deuxième partie des consciences plus rationnelles, plutôt hémisphère gauche, où là, je leur dis, en fait, c'est très simple. Vu qu'il y a cinq causes d'extinction de la biodiversité, et ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'IPBES, c'est l'équivalent du GIEC, mais pour la biodiversité. et les services écosystémiques, donc tout ce qui permet à la Terre de nous amener tout ce dont on a besoin pour faire société et pour vivre nos vies telles qu'on les a conçues, ça fait un pentagone. Et au centre de ce pentagone, il y a un point qui est notre objectif, individuel et collectif, de réduction d'empreintes environnementales. Donc on ne parle plus que d'empreintes carbone, c'est une grosse erreur de croire qu'il n'y a que le changement climatique qui est problématique aujourd'hui, c'est faux. Il y a en réalité cinq causes d'extinction de la biodiversité en tout et qui font qu'on rentre dans la sixième crise d'extinction de la biodiversité après celle des dinosaures, il y a 65 millions d'années. Donc là, il y a un risque, non pas pour la planète, la planète n'a pas besoin d'être sauvée, par contre il y a un risque existentiel pour l'espèce humaine qui pourrait très bien faire partie des peut-être 90% d'espèces qui sont vouées à disparaître pendant cette phase-là. Donc au final, est-ce que je suis optimiste ? Je reste lucide et réaliste, c'est-à-dire qu'il y a déjà eu des extinctions de masse de la biodiversité où 90% des espèces disparaissent, et sur des échelles de temps géologiques, donc de 100 000 ans, 1 million d'années s'il le faut, ça remonte toujours, parce que la vie, par définition, elle a cette niaque. Par contre, est-ce que l'espèce humaine est en capacité de passer ce cap-là ? Eh bien, c'est ça. C'est cette question-là à laquelle on doit répondre maintenant.

  • Speaker #1

    Donc là, on est toujours, on est d'accord dans cet deuxième aspect de la boussole, avec l'invitation à s'émerveiller, à la curiosité, au rire, par le biais d'une petite vidéo que tu partages. Et puis après, à prendre conscience de tous les phénomènes d'extinction et de pouvoir émotionnellement naviguer à la fois dans ces émotions positives et ces émotions qui peuvent être de l'ordre de la peur, du dégoût, du rejet, mais du coup de pouvoir agir en conscience de ça, de ne pas rester figé dans des émotions qui peuvent être un petit peu paralysantes par moment.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et justement, pour agir, ce pentagone, pour moi, il est primordial. C'est-à-dire que déjà, si on réfléchit que en changement climatique et en CO2, on ne peut pas y arriver parce que la plupart des mesures gouvernementales, notamment, qui sont prises pour réduire l'empreinte CO2 de la France, en fait, elles ont un effet négatif sur les autres causes d'extinction. Par exemple, quand on nous incite à changer tout notre parc de voitures pour passer à l'électrique, on dit que ça va baisser l'empreinte carbone certes à l'usage parce que nous, on a une énergie à 70% décarbonée en France. Enfin, décarbonés encore. C'est du radioactif, ce qui crée d'autres problématiques. Mais le fait même de construire plein de nouvelles voitures, ça a un coût énorme pour la biodiversité, puisque c'est des habitats qui vont être dégradés, certes, pas chez nous, pour aller chercher le métaux qui constitue ces voitures, pour aller chercher les minerais rares, pour aller les transporter, pour faire chauffer. toute l'énergie qu'il faut pour faire chauffer le métal et le mettre dans la bonne forme. On ne se rend pas compte du coût environnemental de tout ça. Et nous, on se dit, une voiture électrique, c'est bien joli, ça arrive chez moi. Alors qu'en fait, ce n'est pas une solution si simple qui pourra marcher. On est dans un problème très complexe. Et donc, il y a une complexité de solution. On ne peut pas faire la même chose avec juste quelque chose d'un petit peu différent. Il nous faut des voitures dans un autre fonctionnement, des voitures… plutôt en partage des voitures que quand on en a besoin. Et ça, ça va être difficile quand même de convaincre les gens. Moi, je trouve que quand on ne réfléchit pas dans ce pentagone, déjà, on prend des décisions qui sont contre-productives. Et en plus, on rentre très vite dans des débats stériles en disant Oui, mais de toute façon, si tu fais ça, c'est pire. Et puis, si tu envoies une lettre par la poste ou si tu envoies un email, en fait, c'est pire. Non, ça dépend sur quels paramètres tu regardes. Si tu as un sapin de Noël en plastique versus un sapin de Noël que tu... tu coupes, en fait, celui que tu as coupé, c'est pire. Ça dépend, parce qu'il y en a un qui joue sur dégradation des habitats, l'autre qui joue sur pollution plastique et transport depuis la Chine. Donc, en fait, c'est des paramètres différents. Donc, arrêtons de nous engueuler, de ne pas s'écouter, de culpabiliser soi-même ou de culpabiliser l'autre. L'important, c'est d'essayer d'être consciente de cette complexité et de se mettre en chemin par ce qui est, en commençant, par ce qui est le plus facile pour nous. Par exemple, pour moi, arrêter de prendre l'avion pour mon travail, c'est compliqué. Ce n'est pas ma priorité. Par contre, je passe ma vie professionnelle à sensibiliser les gens sur ces sujets. J'essaye de manger le plus local possible, de prendre la voiture le moins possible. Et c'est des choses pour lesquelles, moi, j'avance. Je n'ai plus de poubelle dans la salle de bain. Je n'ai plus rien de jetable. Je n'ai quasiment rien de jetable dans la cuisine non plus. Et on s'organise au maximum pour réduire notre empreinte, là où c'est le plus simple, le plus économique et le plus facile pour commencer. Et après, on peut complexifier de plus en plus, au fur et à mesure que la société sera de plus en plus prête à faire des efforts de plus en plus forts. Ça ne veut pas dire faire des sacrifices. Pour moi, et c'est là que je suis optimiste, c'est que le monde d'après, en fait, il sera mieux.

  • Speaker #1

    Et alors, si on retourne justement dans ta boussole, Donc merci de mettre vraiment ce focus sur l'importance de pouvoir considérer cette complexité et d'inviter à la coopération en fonction de qui on est. Et que ce monde d'après, c'est un monde qui sera plus juste. Et si on revient à la boussole, parce que du coup, on a parlé de naviguer les paradoxes, ici c'est les consciences.

  • Speaker #0

    Le troisième cap, c'est surmonter les écueils. Parce qu'il y en aura forcément. Et pour moi, il y a deux types d'écueils. Les écueils qui sont à l'intérieur de nous et les écueils qui sont à l'extérieur de nous, sur lesquels on a tendance à se... à rejeter la faute quasiment en permanence. Donc déjà, à l'intérieur de nous, c'est tout ce dont on a parlé un petit peu en introduction. C'est qui je suis, d'où je viens, comment je me sens vraiment. Est-ce que je suis alignée entre les valeurs qui sont essentielles pour moi et ce que j'ai envie d'apporter au monde, ma mission de vie ? Est-ce que dans mon activité professionnelle, je fais des choses avec lesquelles je suis en accord ? Est-ce que je gagne ma vie correctement grâce à ça ? Est-ce que j'ai une utilité suffisante par rapport à mon ambition ? Et toutes ces questions-là, s'il y a un truc qui ne tourne pas rond, qui n'est pas aligné, comme les ailes d'un albatros par rapport à un goéland, souvent les gens confondent. Un albatros, quand tu le vois de face, qu'il est en train de voler, c'est une ligne hyper fine, avec un regard déterminé, je ne te dis pas. Donc, pour moi, cet alignement, il est fondamental pour... pouvoir avoir les pieds bien ancrés sur Terre et ensuite s'adresser aux vrais problèmes, donc dans ce pentagone. Dans la deuxième partie, quand on a tendance à rejeter la faute sur les autres, il y a un élément décisif que j'apporte, c'est qu'en réalité, la population humaine n'est plus en croissance exponentielle depuis les années 70. Et elle est même en train de complètement... Ah, il y a mon chien qui me lèche. Elle est... La population humaine est en train de complètement se stabiliser. En Europe, elle est stable depuis un petit moment, puisque la transition démographique a été faite en début du XXe siècle. En Amérique aussi. En Asie, elle est quasiment faite, puisque les gros mastodontes de la Chine et l'Inde sont aujourd'hui autour de deux enfants par couple, en moyenne. Et l'Afrique, elle bouge très vite. Donc l'essentiel de la croissance démographique humaine va être en Afrique. jusqu'à la fin du siècle. Et ensuite, il y a deux modèles qui s'opposent. Le modèle de projection de l'ONU, qui nous dit qu'on passerait la barre des 10 milliards d'ici 2060, sachant qu'on a passé la barre des 8 milliards il y a un ou deux ans. Et le modèle de HSBC, qui projette le déclin de la fécondité humaine, volontaire ou involontaire, sur les 30 dernières années, et le projette d'ici 2100. Et ce modèle-là nous dit... qu'on pourrait être au pic maximal de la population humaine seulement dans 15 ans, maximal de l'histoire, de l'histoire de la planète. Et que ça redescendrait, sans qu'on se tape sur la gueule, dans le cas le plus extrême, à seulement 5 milliards d'individus sur la planète d'ici 2100. Et quand tu vois la courbe, tu vois ce pic en 2040, tu te dis mais waouh ! Et en fait... Une fois que la population humaine diminue, ce qui n'est pas très loin de nous, peu importe le modèle, une fois que la population humaine diminue, on ne peut plus parler de croissance. Ça devient juste incohérent. À la limite, tu parles de croissance des savoirs, de croissance des services, de croissance de l'émerveillement. Mais il n'y a plus de raison de parler de croissance économique, puisque la population est stable. Donc à partir de là, tu peux travailler sur arrêter de rejeter la faute sur les autres et construire vraiment le monde. de post-croissance, comme le dit Timothée Parry, que si bien. Le but du jeu, à ce moment-là... c'est d'inventer, je disais, le monde de demain pour qu'on construise ensemble. Et là, je me sers de différentes notions. On parle souvent du triangle de l'inaction entre les citoyens, les politiques, les entreprises qui se rejettent la balle, etc. Mais en fait, on est dans la même équipe. Pareil, il y a un autre concept qui s'appelle le dilemme du prisonnier où souvent les entreprises, elles ont peur de prendre des actions suffisamment révolutionnaires pour pouvoir... suffisamment profondes, régénératives même, de transition, parce qu'elles ont peur de perdre des parts de marché, en tout cas à court terme, puisque les intérêts économiques des actionnaires, ils sont à court terme. Alors qu'en fait, si elles s'allient à leur concurrence, qui ont exactement les mêmes problématiques sociales et environnementales qu'elles, et de clientèle, et de réputation, et de recrutement, il suffit juste de chercher les solutions ensemble et de les appliquer ensemble. Et ça résout le problème aussi. Donc, il y a plein de trucs comme ça qui sont en train de bouger. la tragédie des communs, qui en fait n'en est pas une. Il y a un peu une nouvelle d'économie qui a montré qu'on pouvait très bien gérer des biens communs sans conflit majeur, sans personnes qui trichent et qui pompent la ressource des autres à leur place. Et donc, il y a besoin de se parler. Il y a vraiment besoin de se parler, de se mettre d'accord. Parce que dans une colonie d'Albatros, ils vivent toujours en colonie, bien que ce soit des animaux assez solitaires en mer. Et le but du jeu, ce n'est pas... de savoir qui va avoir le plus beau nid ou qui va avoir le plus beau poussin. C'est de réussir ensemble, en fait. Donc, il y a tout un travail à faire sur la sociodynamique des projets de transition. C'est de pouvoir s'appuyer sur des alliés, de ne pas passer toute son énergie à convaincre des opposants, mais de s'appuyer sur ce qui marche. Et c'est en ça que je prône aussi l'optimisme, c'est-à-dire de voir le verre à moitié plein en s'appuyant, en mettant son énergie et son temps, surtout. sur ce qui marche.

  • Speaker #1

    Et merci d'en faire une belle démonstration, en tout cas. Et donc, effectivement, surmonter les écueils, que ce soit à l'intérieur et à l'extérieur, à l'intérieur par un certain travail sur soi qui est possible, qui est accessible, quel que soit l'endroit d'où on vienne. Et à l'extérieur, avec la force de tes exemples, à considérer ce qui peut paraître comme un paradoxe et qui n'en est pas.

  • Speaker #0

    C'est ça. On se complique un peu la vie, en fait.

  • Speaker #1

    Merci. Et alors du coup, ce quatrième axe ?

  • Speaker #0

    Et bien voilà, on arrive au quatrième, qui est éclat dans son envergure. Et donc, qu'est-ce que c'est l'envergure ? Déjà, l'albatros. Imaginez, combien tu mesures toi, Stéphanie ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je mesure 1m67.

  • Speaker #0

    Voilà, donc quand tu étends tes bras, normalement, tu mesures aussi 1m67 d'envergure. Donc, je me suis beaucoup posé cette question, qu'est-ce que ça peut être un leader d'envergure ? Et donc, il y a différents aspects sur lesquels on peut travailler en tant que dirigeant d'entreprise à ce moment-là. La première chose, où est-ce qu'on veut aller ? Et il y a une scientifique que j'aime beaucoup qui s'appelle Donella Meadows qui a montré qu'on a tendance, avec notre cerveau rationnel qu'on a mis en exergue trop, à vouloir tout de suite passer à l'action quand on a une urgence typiquement climatique. Alors qu'en fait, la première chose à faire, c'est d'envisager le monde qui nous donne envie. C'est-à-dire de se dire, bon, OK, le monde actuel ne fonctionne plus. Et la preuve ultime, ce n'est pas forcément les inégalités ou la dégradation de l'environnement, parce que ça, les gens n'entendent pas. C'est, par exemple, la chute de l'espérance de vie aux États-Unis en ce moment, qui ont toujours cinq ans d'avance sur le reste du monde. Donc là, ça nous montre vraiment qu'on est au bout du système. Et qu'est-ce que c'est alors le système, le paradigme qui nous donne vraiment envie ? Là, il faut s'autoriser à avoir une vision, je dirais même utopique, une vision pour laquelle on ne se met aucune limite et qui nous permet de s'imaginer l'entreprise idéale qui fonctionnerait en totale harmonie avec la nature, avec des gens qui sont libres de venir travailler s'ils en ont envie, qui fonctionnerait avec très peu de jours de travail puisqu'en fait, on cultiverait tous la terre en parallèle. Là, je te parle un peu de mon rêve à moi.

  • Speaker #1

    Mais j'aime bien que tu nous parles de ton rêve à toi.

  • Speaker #0

    Mais donc voilà, s'autoriser sans se mettre aucun oui-mais. Je ne supporte plus le oui-mais, tu sais, de quelqu'un qui te casse ton rêve tout le temps. Donc, je pense qu'on devrait s'autoriser à rêver. Et c'est en ça que notre âme d'enfant, elle est essentielle. Donc déjà, pour avoir une vision, et cette vision, idéalement, il faut qu'elle se situe dans le donut. Le donut, la théorie de l'économie du donut. qui dit qu'il faut qu'on reste en dessous des limites planétaires. Et on en a 7 sur 9 qui sont dépassées à cette étape. Et au-dessus d'un plancher social, puisque la transition écologique ne peut pas se faire sans transition sociale. en même temps. Tu ne peux pas en vouloir à des gens de migrer parce qu'ils n'ont plus rien à manger et fermer les barrières de chez toi. Ce n'est pas possible parce que bientôt, c'est nous qui allons devoir bouger. Ça ne peut pas marcher. Il y a une vision qui doit s'établir dans le donut. Ensuite, le monde tel qu'il arrive maintenant, il est vu-cas. C'est-à-dire qu'on a beaucoup... Alors, c'est vulnérable... Ce n'est pas vulnérabilité levée.

  • Speaker #1

    C'est volatile.

  • Speaker #0

    Ah oui, volatile. Merci. On a beaucoup de volatilité, d'incertitude, de complexité et d'ambiguïté. C'est-à-dire que ce n'est plus du tout stable et infini comme on a pu le concevoir par le passé. Donc, dans un monde VUCA, le leadership n'est pas pyramidal, il n'est pas directif. Il peut l'être en phase d'urgence à court terme, mais il ne peut pas fonctionner sur ce modèle-là. Dans une problématique aussi complexe, on ne peut avoir que, comme je le disais tout à l'heure, que de l'intelligence collective. qui trouvent des solutions. Et c'est des solutions, ce n'est pas une solution. Donc le leader, il se doit d'être vulnérable et authentique. Il ne peut pas avoir un masque où il prétend ne pas avoir d'émotion, où il prétend savoir et où il fait semblant de ne pas avoir peur. Ce n'est pas possible en fait. Donc ce mode de leadership-là, il doit être authentique et vulnérable et montrer du courage. Et le courage, c'est aussi savoir dire je ne sais pas venez, on réfléchit ensemble. Donc, aller vers des systèmes de gouvernance qui sont beaucoup plus horizontaux, que ce soit au sein des comités d'administration des boîtes, où j'essaye de siéger aujourd'hui en ayant passé une certification. C'est un de mes objectifs aussi en tant que scientifique, femme et spécialiste de l'environnement.

  • Speaker #1

    Et merci pour ça.

  • Speaker #0

    J'essaye, j'essaye. Et ça commence à s'ouvrir, tu vois, pour faire entrer des administrateurs indépendants qui n'ont pas d'intérêt financier, mais qui sont là pour, qui ont un mandat pour la pérennité. financière de l'entreprise, mais aussi pour sa pérennité sociale et environnementale. Ça va aussi vers, et c'est ça que je dis aux dirigeants, vers plus d'influence. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, je m'adresse essentiellement à des personnes qui ont du pouvoir, du pouvoir de contrôle, qui sont cultivées, qui ont envie de contribuer au changement. Donc tous ces chefs d'entreprise, c'est des personnes qui prennent des risques pour créer des emplois dans la société. Donc oui, ils ont le salaire en conséquence, mais ils ont aussi beaucoup de risques, beaucoup de responsabilités et ils ont beaucoup de préoccupations. Et ces préoccupations, elles prennent énormément, encore une fois, d'énergie. Alors, ils ont du contrôle, ils ont des préoccupations, mais entre les deux, il y a un cercle d'influence qui est à faire grandir au maximum pour pouvoir donner envie à l'autre d'aller dans sa bonne direction aussi, qui n'est pas forcément la même, mais qui a peut-être une vision commune. L'influence, pour moi, elle grandit quand on met les autres en avant, quand on montre sa vulnérabilité, quand on fait du storytelling, qu'on montre l'exemple, qu'on communique en interne sur le pourquoi on fait ce qu'on fait, sur où est-ce qu'on rêve d'aller, et qu'on le fait aussi savoir en externe, sans avoir peur d'être taxé de greenwashing, parce qu'en fait, on est en mouvement. Et le mouvement vers l'extérieur du Pentagone, vers le centre du Pentagone, il va prendre du temps. Et il y en a qui partent de plus ou moins loin. Mais c'est justement ceux qui partent de loin qu'il faut encourager le plus. Il ne faut pas juste leur lancer la pierre, il faut les encourager à bouger. Donc moi, je suis pour créer des ponts entre des mondes qui ne se parlent pas, notamment le monde des entreprises pollueuses et des activistes qui vont les rejeter directement. Moi, je me positionne un petit peu au centre.

  • Speaker #1

    Tu fais du lien.

  • Speaker #0

    Je veux créer du lien. Et pour moi, c'est ça, le leadership d'envergure. C'est quelqu'un qui va se mettre là où, par rapport à sa façon d'être, il est le plus utile. Et il va prendre la place. Et il va prendre le vent. Et il va sauter dans le vide. Parce que c'est ça qui va faire avancer le système avec sa propre façon de voir les choses, sa vision unique.

  • Speaker #1

    Il va vers son rêve unique, avec, tu disais, toute sa vulnérabilité, son authenticité, son courage. Il a conscience du donut, des limites planétaires, des planchers sociaux. Et il fait ce mouvement vers l'extérieur pour sortir du pentagone. Et toi, tu rajoutes, et puis plus il vient de loin, finalement, et plus il est encourageant pour tout le monde. Et de là, tu nous dis, et moi, j'aime ça, faire le lien aussi entre ceux qui viennent de très loin, qui ont peut-être encore beaucoup, beaucoup à faire, mais pour inspirer et montrer que c'est possible.

  • Speaker #0

    C'est ça, et réinventer. et réinventer les choses différemment. pour qu'on soit bien. Parce qu'au final, de toute façon, si la Terre est un organisme vivant, comme le dit l'hypothèse Gaïa, qui est le prénom de ma fille, elle nous régulera tout seul. Donc, il va y avoir, de par la non-considération de l'environnement qu'on a faite, il va y avoir une sélection naturelle des entreprises de toute manière. C'est-à-dire que, moi, dans mon rêve, typiquement, Coca-Cola ne sert plus à rien. Ça ne sert à rien de boire un soda. Il faudrait avoir accès à de l'eau de bonne qualité et ça suffit. Donc, il y a certains business qui vont disparaître. Les avions low cost, les trucs jetables, ça n'a pas lieu d'être dans le monde de demain parce qu'on va repenser complètement notre façon d'utiliser la ressource puisqu'elle va manquer. Donc, autant le leader d'envergure, il choisit de faire ça avant d'avoir la contrainte qui lui sera imposée. Et j'espère que ceux qui choisissent, ils soient mieux.

  • Speaker #1

    Le leader d'envergure, il anticipe ce qu'il a à faire plutôt que d'être contraint à faire les choses. Et toi, tu les aides, tu nous aides.

  • Speaker #0

    J'essaye, j'essaye en tout cas. Il y a des jours où je suis un peu moins optimiste.

  • Speaker #1

    Et comme tout est interrelié dans ce vivant et dans la magie du vivant, il y a aussi quelque chose qui prend forme assez naturellement. Et c'est à cet endroit-là, moi, où j'entends beaucoup d'optimisme chez toi. On arrive vers la fin de cette interview. J'ai envie de... te proposer un petit voyage. Est-ce que tu serais d'accord pour un petit voyage de quelques minutes ?

  • Speaker #0

    Oui, je prends ma boussole ou pas ?

  • Speaker #1

    Tu prends toute ta boussole avec toi, tous tes rêves. Et je te propose de t'asseoir ou de rester debout, mais de pouvoir fermer les yeux.

  • Speaker #0

    C'est bon, c'est fait.

  • Speaker #1

    De pouvoir mettre les mains sur ton cœur, de prendre une grande inspiration. Alors, tu nous as beaucoup parlé de tes rêves et là, je te propose de voyager en 2035. Et là, comme ça vient, en 2035, c'est quoi qui fait battre ton cœur ?

  • Speaker #0

    La première image qui m'est venue, c'est des gens qui sourient, des gens qui sont dehors, plein de générations différentes, qui sont ensemble et qui construisent des trucs. Moi, c'est ça mon rêve. C'est qu'on arrive à se parler et qu'on arrête de faire tous la même chose sur des petits terrains qui nous appartiennent et qu'on fasse des choses ensemble sur des grands terrains qui appartiennent à eux. à personne ou à tout le monde ou à la nature.

  • Speaker #1

    Et avec le sourire. Merci, Déborah. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

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Description

Déborah Pardo est docteure en écologie des populations, spécialiste de l'Albatros. Après 8 années dans la recherche, elle prend la voie de l’entreprenariat à impact en développant des programmes de leadership.  
Déborah est convaincue que chaque personne peut étendre son envergure tel un albatros, elle en a développé une méthode, La boussole des Leaders d'Envergure.  Une méthode pour un leadership au service de Soi et du vivant ! 

Dans cet épisode, Déborah nous raconte son héritage familial, son parcours, les étapes de vie qui ont jalonné ses choix, ceux-là même qui l'ont amenée à être qui elle est. 

Elle prône l'émerveillement qui peut nous reconnecter à notre âme d'enfant, notre meilleur allié pour s'extraire d'une actualité pas toujours simple, et même franchement complexe.   

C'est depuis cet espace, qu'elle nous invite à la voie de l’optimisme, à l'audace aussi, car l’envie vient de l’inspiration et non de la peur. Nous en avons besoin pour co-contruire un monde plus juste et plus sûr. Ce qui n'empêche pas d'être réaliste et objectif. 

Si Déborah est positive et enthousiaste, elle ne porte pas moins un regard pragmatique sur le chemin qu'elle nous invite à prendre et la méthode pour un Leadership d'Envergure qu'elle propose est très concrète. 


Déborah nous détaille dans cet épisode, les 4 caps de la Boussole des Leaders d'Envergure  : 

  • Naviguer les paradoxes  :  apprendre à être vigilant par rapport au négativisme, car les extrêmes font beaucoup de bruit. Prendre de la hauteur comme les albatros. 

  • Hisser les consciences : pouvoir naviguer dans ses émotions, se reconnecter à ce qui nous émerveille et aussi à ce qui est plus complexe, sans binarité du bien et du mal.

  • Surmonter les écueils : s'aligner avec soi, être dans son axe tel l'albatros, sans oublier d'avoir les pieds bien ancrés. Ne pas rejeter la faute à l'extérieur, et pouvoir avancer en intelligence collective

  • Étendre son envergure : avoir une vision même utopique, sans limite, de ce qui nous donne enVie, en harmonie avec la nature. Ne pas oublier d'être avant de faire pour mieux faire ensuite. 

Un.e leader d'Envergure donc. Oui ! 

Ce leader est vulnérable et authentique, il est curieux et courageux. Il sait prendre de la hauteur, rester aligné à ce qui est, à sa vision, à la complexité, à la non binarité. Il sait là où sont ses forces et à quoi il est utile, il crée du lien et sait embarquer. 


Qu'est ce que serait une société où chacun.e a la possibilité de se déployer en conscience de notre interdépendance aux uns, aux autres, au vivant ? 

Je vous invite à écouter cet épisode sans plus attendre, il se pourrait bien, que tel un albatros vous ayez envie de vous déployer !

Déborah vous le dit, le monde de demain est plus juste, et en plus les gens sourient ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, je suis Stéphanie Pelleret-Delga. Vous écoutez le podcast Sois.Vis.Aime. Oser un leadership authentique et inspirant, au service de soi, des autres, de son écosystème et du vivant. Tous les mois, je reçois des dirigeantes, dirigeants, experts, expertes. entrepreneurs, entrepreneuses qui ont fait ce chemin entre vulnérabilité et puissance, qui ouvrent leur cœur et partagent leurs expériences professionnelles et plus personnelles. Par leur parcours et personnalité, ils, elles, sèment des graines sources d'inspiration. Et vous, quelles graines avez-vous envie de semer ? Quel leadership souhaitez-vous incarner ? À mon micro, aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Déborah Pardot. Hello Déborah !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Merci d'avoir accepté mon invitation dans Sois, Vie, Aime. Cette interview se fait à distance et j'ai envie de te proposer de nous décrire dans quel endroit tu te trouves en ce moment.

  • Speaker #1

    Alors, je suis chez moi, sous un pain parasol, où je suis en train d'observer une mésange huppée. qui se nourrit. Donc, il fait très beau, alors que ça fait une semaine qu'on a de la pluie à Marseille. Donc, tout va bien. Je suis bien.

  • Speaker #0

    Merci de nous partager cette vue de la Mésange et du beau temps. Alors, Déborah, t'es originaire et basée à Marseille. Tu es une exploratrice de la vie. Tu es docteur en écologie des populations, spécialiste de l'Albatros. Tu as passé des mois dans les colonies d'Albatros en Antarctique. Après huit années dans la recherche, tu prends la voie de l'entrepreneuriat à impact en développant des programmes de leadership. Tu es convaincu que chaque personne peut étendre son envergure tel un albatros, le plus grand oiseau du monde, à condition de se remettre en question et se donner les moyens de vraiment comprendre la complexité des enjeux qui nous entourent. Tu es aussi maman de deux enfants. Tu as été élue top 20 des femmes innovantes par la tribune en 2017. Tu as été admise à la Société des explorateurs français et passes toujours une partie de l'année en expédition en mer. Aujourd'hui, mobiliser les dirigeants, dirigeants à maximiser leur leadership environnemental, est une de tes priorités. Et comme dans ton parcours entrepreneurial, tu as managé une équipe de 20 personnes, via notamment l'association Earthship Sister, tu as aussi cette capacité à te mettre dans les chaussures de ces dirigeants, dirigeants. et de comprendre ses différentes complexités. Tu as une approche à la fois scientifique, tu aimes la précision des faits, et tu es résolument optimiste. Tu as une curiosité insatiable et une énergie incroyable. Je te vois pétillante. Dans le livre de Céline Steyer, Nouvelles héroïnes, paru chez Larousse, tu donnes trois conseils aux enfants. Connais-toi et fais-toi confiance. Émerveille-toi à tout âge. Entoure-toi. des personnes qui te tirent vers le haut. Si tu devais décliner, Déborah, aujourd'hui, ces trois conseils aux leaders, tu aurais envie de leur dire quoi ?

  • Speaker #1

    C'est marrant comme question. J'aurais envie de leur dire exactement la même chose. Je ne fais pas de différence, en fait, avec les enfants. Oui. Puisque même, à la limite, c'est presque notre âme d'enfant qui peut nous sortir de la situation de destruction de la société et de l'environnement dans lequel on est.

  • Speaker #0

    Et cette âme d'enfant, donc le fait avec cette âme d'enfant de mieux se connaître, de nous faire confiance, si on reprend ce premier conseil.

  • Speaker #1

    De s'émerveiller au quotidien, comme je suis en train de le faire là. Et puis de s'entourer des personnes qui nous tirent vers le haut. Je trouve qu'en ce moment, l'ambiance est assez lourde dans la société. Sans mettre des gens de côté non plus, mais il y a vraiment un besoin, je trouve, de s'entourer de personnes qui nous tirent vers le haut et pas de rester avec des personnes qui nous emportent dans des directions dont on n'a pas envie.

  • Speaker #0

    Et alors pour toi, comment tu sais que quelqu'un te tire vers le haut ou pas ?

  • Speaker #1

    Ah, c'est une très bonne question. Je pense qu'il y a une intuition, il y a un ressenti dans le corps. Et puis c'est énorme. En fait, c'est une envie d'être avec cette personne. Tu sens une envie, donc tu sens une attirance, une excitation, pas au sens... au sens professionnel, quelque chose qui te donne envie de passer du temps avec cette personne que tu ne sais pas forcément expliquer des fois.

  • Speaker #0

    Je reprends les deux premiers conseils. Comment on fait pour bien se connaître ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est le travail d'une vie. Et puis même dans une vie bien avancée, on ne le saura jamais. Mais en même temps, j'ai commencé à faire un petit peu de ce qu'on appelle le développement personnel tard au final. J'ai commencé quand j'avais à peu près la trentaine. J'ai été recrutée dans un programme de leadership spécifique pour les femmes scientifiques. C'est un programme qui venait d'Australie et qui avait pour vocation de former 60 000 femmes scientifiques en 10 ans à changer le monde. Et sur le coup, je me suis dit que ça peut être très intéressant de suivre ça, mais je n'avais pas compris que c'était notamment un programme de développement personnel. Et j'ai fait mes premiers tests, mes premiers coachings. À ce moment-là, et je pense que ça passe par là, en fait, c'est faire des tests, c'est être accompagné par des professionnels, comme toi, qui nous permettent d'interpréter ces tests en fonction de ce qu'on vit dans notre vie, notamment d'aller chercher pourquoi des moments douloureux, ils sont douloureux. C'est aller creuser un peu, quoi. Et c'est surtout être honnête avec soi-même. C'est-à-dire essayer de ne pas être dans le déni par rapport à nos faiblesses. Et aussi ne pas être dans la réserve trop quand on manque d'estime de soi, par exemple, de ne pas reconnaître ses forces. Donc il y a plusieurs éléments à prendre en compte, que j'incite d'ailleurs les dirigeants à faire. C'est regarder d'où on vient, son histoire de famille et quelles sont les valeurs qui sont héritées de cette histoire de famille. Qu'on fasse l'inverse de ce qu'on a appris ou qu'on fasse la même chose. Quels sont les éléments décisifs ? qui ont eu lieu dans notre vie. Et moi, j'en ai eu plusieurs, notamment ce programme pour les femmes scientifiques qui culminait avec la plus grande expédition féminine de l'histoire en Antarctique. Ça, c'était en 2016. Donc depuis, j'ai parcouru du chemin encore. Et puis aussi, qu'est-ce qui sont nos forces ? C'est-à-dire les choses sur lesquelles on sait qu'on peut s'appuyer et au final, ne pas chercher forcément à développer ses faiblesses, mais s'appuyer sur nos forces et s'entourer des personnes. pour qu'il nous faiblesse sans défense.

  • Speaker #0

    Merci, merci beaucoup. Est-ce que tu voudrais bien nous partager un petit peu ce qui t'a amené aujourd'hui justement à intervenir, à faire des conférences, à pouvoir donner des moments vraiment d'inspiration, notamment pour les leaders et en lien aussi avec l'écologie ? C'est quoi un peu dans ton histoire de vie ce qui t'a amené à être là où tu es aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un petit peu ce que je voulais dire sur les moments décisifs. L'histoire de la famille, c'est comme ça que j'ai fonctionné pour moi. Moi, je viens d'une famille qui a été déracinée d'Afrique du Nord. Du côté de mon père, ils ont eu une semaine pour quitter l'Égypte, quand mon père avait deux ans. Et du côté de ma mère, ils ont pris la décision de quitter l'Algérie, où ma mère était née, parce que ça devenait trop dangereux. Et donc, ils sont arrivés, pareil, quand elle avait cinq ans, à Marseille, dans les quartiers nord, où ils se sont rencontrés. Ils sont repartis à zéro de leur vie. Donc, eux, ils ont manqué de beaucoup de choses dont nous, on n'a pas manqué, en fait, avec mon frère, parce qu'ils se sont démenés pour qu'on soit bien. Et donc, déjà, il y a ces bases d'indépendance de la famille par rapport au système. Ils se sont réinventés complètement. Il y a des bases d'optimisme, puisqu'ils ont... Ils n'ont jamais perdu espoir qu'ils allaient réussir à s'en sortir. Et c'est grâce au fait d'y croire qu'ils s'en sont sortis, je pense. Et il y a une base aussi de respect très forte. C'est trois des valeurs très fortes qui m'ont inculquée, avec en plus un aspect sur la curiosité que je garde toujours en tête, qui m'ont transmise. Et donc, c'est cette curiosité qui a fait que moi, j'ai tout de suite été... très attirée par le monde du vivant. Dans le jardin de mes grands-parents, à fouiner avec les insectes, les plantes, fabriquer des trucs, creuser, regarder les comportements. J'étais fascinée par les interactions entre les êtres vivants et l'environnement. Et au final, c'est ça la définition de l'écologie. Donc moi, ça a été mon premier grand déclic, cette découverte des interactions entre les êtres vivants qu'il y a autour de nous. Et donc, comme j'étais fascinée par les animaux, tout le monde m'a dit Fais vétérinaire Ça a été mon deuxième grand déclic. Je me retrouve pendant une semaine en quatrième dans un cabinet et ça ne me plaît pas du tout. Ça ne me plaît pas du tout parce que ce ne sont que des opérations chirurgicales, des trucs un peu violents. C'est de la gestion des patients humains. En fait, on gère les problèmes des humains à travers les animaux et ça ne me plaisait pas du tout. Moi, je voulais vraiment être dans le milieu naturel, travailler sur les animaux sauvages. personne n'était capable de me dire quel métier amener à faire ça, à part travailler dans un zoo qui n'est pas du tout ça non plus. Et c'est là que j'ai eu mon troisième déclic. Donc, rentrée en fac de bio, le premier été, je harcèle tous les laboratoires de recherche de Marseille pour faire des stages. Et on me propose un stage sur les oiseaux marins, la nuit, sur les falaises dans le parc national de Port-Croz. Et on y va en 4x4 CNRS avec la remorque, avec le Zodiac. On prend tout le matos sur le Zodiac. On part tout le temps jusque dans le Céphalès. Et ça a été une énorme claque pour moi. Je me suis dit, c'est ça que je veux faire, en fait. Vivre de l'aventure et de la science.

  • Speaker #0

    Merci. Dans ton histoire, déjà, tu parles de tes valeurs héritées, de ton héritage, notamment en termes de valeurs sur... Les valeurs d'optimisme, de respect, de curiosité. L'idée que dans tous les cas, on va s'en sortir. Cette curiosité est aussi associée, j'entends, à l'émerveillement quand tu joues dans le jardin de tes grands-parents. Ce premier stage en quatrième où finalement, les interactions humaines, alors que tu étais en stage chez un vétérinaire, elles sont peut-être plus complexes que toi. Ce que tu veux, c'est être vraiment avec les animaux dans leurs conditions naturelles. Et puis, à la fac, tu vas chercher des stages. Et là, je trouve. Et là, tu trouves. Et donc, là, tu deviens chercheuse.

  • Speaker #1

    Oui, ce n'était pas aussi fluide. Ce n'était pas aussi fluide, mais quasiment. Je continue de faire des stages, je me retrouve en Arctique. J'ai un jour un prof qui me fait une formation sur la démographie. Et là, j'ai encore un déclic. Je me dis, waouh, c'est ça que je veux faire. En fait, des statistiques appliquées à l'écologie, c'est-à-dire pouvoir, avec les outils qu'on a, de marquage des individus et de statistiques derrière, pouvoir comprendre pourquoi une population décline, quels sont les facteurs qui la font décliner, et donc donner des conseils aux organismes de conservation, aux dirigeants, sur limiter les causes d'extinction des espèces. Mais au final, quand je suis arrivée dans mon job de rêve, après ma thèse, pendant cinq ans à l'Institut Polaire Britannique, j'étais exactement là-dedans. Et les articles que j'ai pu publier, même s'ils étaient au plus haut niveau et que j'ai tout donné pour y arriver, ce qui se passait après, c'était très décevant. C'est-à-dire que les lobbies de la pêche industrielle continuent de ne pas changer leur pratique, qui attrape énormément d'albatros. La pollution plastique est toujours là et 99% des oiseaux marins en ont dans le corps. Le changement climatique décime. certaines années, tous les nouveaux individus des oiseaux marins, alors qu'ils sont sur des îles à l'autre bout de la planète, et ça ne change pas assez vite. On n'arrive pas à changer le côté de la courbe, il faudrait que ça aille dans l'autre sens.

  • Speaker #0

    Tu dis qu'on n'arrive pas à changer le côté de la courbe, et pour autant, toi, tu restes ultra optimiste. Est-ce que tu l'es aussi, par rapport à la population des albatros, ou non, pas nécessairement ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas si simple. On n'est pas optimiste ou on ne l'est pas. Oui,

  • Speaker #0

    tu as complètement raison.

  • Speaker #1

    Je pense que moi, j'ai un tempérament, de par les valeurs familiales aussi, optimiste. Ça ne veut pas dire que je pense que tout va bien, ni que tout va aller bien. Moi, quand je prône l'optimisme dans mon travail aujourd'hui de conférencière professionnelle, c'est pour dire que... Pour moi, il n'y a que la voie de l'optimisme qui va nous permettre de bouger. Si on continue dans la voie de l'anxiété, de la culpabilité, de la peur, de la colère, de la tristesse, du dégoût, de la déception, on ne peut pas arriver à bouger. C'était peut-être nécessaire pour nous faire comprendre qu'il y avait des changements de grande ampleur à faire. Mais pour se mettre aujourd'hui en mouvement, pour réinventer le monde de demain, ce n'est pas ça qu'il nous faut, c'est de l'optimisme, c'est du rêve, c'est du ressenti, c'est de la coopération, c'est de l'envie. Et l'envie, elle vient de l'inspiration, elle ne vient pas de la peur, ni de la tristesse, ni du dégoût. Ça, c'est des sentiments de rejet qui te font bouger vite dans une autre direction, mais pas construire un monde plus juste et plus sûr, en fait.

  • Speaker #0

    Et merci beaucoup, Déborah, effectivement, de donner envie d'inspirer. Et tu en as développé d'ailleurs une méthode. Tu es convaincue que s'inspirer ses oiseaux, ça peut aider à étendre son envergure, telle qu'eux le font. Est-ce que tu peux justement me parler un petit peu, nous partager le programme que tu as créé sur un leader d'envergure ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors déjà, il faut savoir que quand on dit albatros, Il y a en réalité 22 espèces d'albatros dans le monde aujourd'hui. Il y en a seulement 4 qui ne vivent pas dans l'hémisphère sud, tout autour de l'Antarctique, où il y a les vents les plus forts du monde qui leur permettent de voler tranquillement dans les mers les pires du monde. Donc sur ces 22 espèces, il y en a les trois quarts qui sont sur la liste rouge des espèces menacées, en danger plus ou moins critique. notamment trois pour lesquels il reste moins de 100 individus. Donc il y a des tendances de certaines populations qui remontent, mais il y a des tendances qui sont à la baisse de façon assez effrayante dans certaines îles du monde, mais aussi de façon générale pour toutes les espèces, dans tous les endroits où elles se situent dans le monde. Donc c'est vraiment très inquiétant, et c'est à la fois bizarre parce qu'ils sont à l'autre bout de la planète. et ils subissent tout ce qu'on fait sans même qu'on le sache. Alors que c'est des animaux qui sont quand même vénérés, qui ont inspiré des poètes, qui te marquent quand tu les vois pour la première fois. Ça te marque vraiment tellement ils sont gracieux, tellement ils luttent contre des éléments qui, toi, te tuent en quelques minutes. Et moi, c'est ça que j'admire chez eux. Et j'ai beaucoup réfléchi et je suis en train d'ailleurs d'écrire un livre sur le sujet. à toute leur symbolique, qui peut nous permettre, et c'est ce que j'essaye de faire avec les dirigeants francophones, enfin de France, mais aussi les non-francophones, pour voir différemment et adopter un leadership d'envergure, c'est-à-dire une prise en main des enjeux qui permettent d'avoir de l'impact positif dans le monde et de contribuer à créer le monde de demain.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu veux bien détailler, quand tu dis prise en main des enjeux, comment on fait ? pour prendre en main les enjeux qui sont ceux d'aujourd'hui et contribuer au monde de demain ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a quatre caps à la méthode que je propose, qui est en fait sur une boussole. Donc, imaginez avoir une boussole dans la main. Le premier cap, c'est naviguer les paradoxes. Parce qu'aujourd'hui, et c'est ce que je démontre en live dans mes interventions, on a... l'impression qu'on sait ce qui se passe et on se trompe souvent. Et la façon dont on se trompe, c'est un biais de surpessimisme. C'est-à-dire qu'on a l'impression que la situation est plus grave que ce qu'elle est. Et ça, c'est vraiment dommage, parce que déjà ça nous angoisse plus que nécessaire. Ça nous fait croire que la transition écologique, elle est peut-être plus difficile à faire que ce qu'elle est en réalité. Et en plus, ça nous fait faire des choses qui sont fausses puisqu'on n'a pas les informations correctes. Alors qu'en réalité, quand on va sur des sites comme par exemple le site internet de la fondation Gapminder, gapminder.org, où on a plein de données vérifiées sur l'état du monde, on se rend compte qu'il y a plein de trucs qui vont très bien en fait. Et que l'impression qu'on a de négatif permanent, il est accentué par... la facilité de répéter cette information négative par les médias, par les réseaux sociaux, par le fonctionnement même de notre cerveau qui nous plombe dans le négatif parce qu'il a peur et parce qu'il a peur pour notre survie. Donc il y a tout un travail à faire sur déjà essayer de naviguer ces paradoxes, pour moi c'est-à-dire essayer d'être vigilant face au négativisme qui est inné chez nous. Face au dualisme, cette capacité à mettre les choses dans des cases, en les séparant bien, alors qu'en fait, la plupart des choses suivent une loi de distribution normale, tu sais, cette courbe en cloche, où la majorité de quelque chose est autour de la moyenne, en fait. Il y a très peu d'extrêmes. Les extrêmes, ils font souvent beaucoup de bruit, mais en fait, la majorité des gens est souvent au centre. Donc là, on a tout de suite l'image politique qui nous vient, mais ça marche pour plein de choses. notre comportement alimentaire, pour notre heure d'arrivée, de départ, au travail. Tout le monde est à peu près dans cette loi normale. Et en réalité, pour faire un vrai changement de paradigme, il suffit d'assez peu de monde, d'environ 15 à 30 de la population qui adopte un nouveau comportement pour faire complètement basculer le reste de la population. Et moi, ce que je prône aujourd'hui, c'est que dans cette partie en tout cas, dans ce cap, c'est qu'on a besoin de gens qui osent faire les choses différemment alors que la norme va dans l'autre sens. Mais comme la norme, elle va droit dans le mur, il faut oser. faire différemment, ne pas avoir peur du changement et lutter contre ce bug humain qu'on a qui nous donne envie de toujours faire les mêmes erreurs. Donc ça, c'est lié au fonctionnement de notre cerveau qui était évolué pour un monde où on est en équilibre avec la nature. Mais quand on n'est plus en équilibre avec la nature, ce bug humain nous pousse vers la catastrophe.

  • Speaker #0

    Oser faire différemment dans cette première axe de la boussole, naviguer les paradoxes. Merci d'inspirer ça. et de nous expliquer là par ton partage que c'est un réflexe un peu naturel et de pouvoir du coup faire ce pas de côté avec Audace.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Moi, j'aime bien dire prendre de la hauteur comme le font les albatros quand ils volent en pleine tempête dans la pire mer du monde. Ils ne savent pas où est-ce qu'ils vont pouvoir trouver à manger. Ils ne savent pas où est-ce que la tempête s'arrête. Mais en fait, ils font confiance. Ils font confiance à leur capacité et ils vont voler. contre le vent, ils vont se mettre contre le vent, prendre de la hauteur au maximum grâce à cette force du vent qui les aide. Et hop, après, ils vont redescendre face au vent pour reprendre de la vitesse et pouvoir utiliser cette énergie-là sans jamais perdre leur énergie à eux, puisqu'ils ont un système de blocage des ailes qui fait qu'ils dépensent zéro énergie en volant. Donc, je pense qu'il faut qu'on arrive à s'inspirer de ça et à être économe dans notre énergie tout en... En se servant des vents contraires, mais en allant par contre dans la bonne direction.

  • Speaker #0

    En naviguant dans cette notion, j'entends aussi, d'énergie, donc de régénératif aussi pour soi-même et son énergie vitale.

  • Speaker #1

    Il y a son énergie vitale et à laquelle je suis très sensible. Dans le monde de l'impact, il y a beaucoup de gens qui la donnent à outrance. Et puis si tu veux, on peut parler de la deuxième partie.

  • Speaker #0

    Avec plaisir, je crois que c'est hisser les consciences.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc la deuxième partie pour moi, ce qui était indispensable, et c'est un petit peu l'erreur que je faisais au départ quand j'ai commencé à donner des conférences à des dirigeants, c'est que je me sentais prise de la mission en tant que scientifique de donner tous les faits justes de ce qui se passait. Et donc je passais beaucoup de temps à dire, alors la pollution c'est ça, il y a tel type de pollution, il faut regarder les tendances, ça augmente en fonction du PIB. Regardez, il y a le risque d'introduire des espèces. En fait, vous avez 1% de risque d'introduire une espèce qui ensuite devient invasive. Et au final, je perdais tout le monde avec mes graphiques. Alors qu'aujourd'hui, pour hisser les consciences, je travaille sur deux aspects. Le premier aspect, c'est l'aspect émotionnel, primordial, qui est, on dit, plutôt dans notre hémisphère droit. celui qu'on a complètement délaissé depuis la révolution scientifique, puis la révolution industrielle, puis la révolution verte pour nourrir tout le monde en défonçant les sols. Donc, hisser les consciences, pour moi, ça passe d'abord par l'émotionnel. Donc, en général, quand je suis en intervention, je me sers d'une vidéo que j'ai tournée quand j'étais en mission au Falklands, ou au Malouine, ça dépend à qui on demande. dans les colonies d'Albatros, là-bas, et où j'ai vécu trois mois en complète isolation. On était sept sur une île pendant trois mois. Et ce qui m'a frappée, en fait, et c'est ce que je montre dans cette vidéo, c'est le cycle de vie de l'Albatros, qui est très simple, puisqu'ils ne vont faire qu'un seul poussin tous les deux ans. Ils ont un nid dans une colonie où ils sont fidèles, et c'est en général la colonie où ils sont nés, dans laquelle ils reviennent. Après avoir passé les dix premières années de leur vie en mer, ils vont chercher un partenaire avec qui ils vont être fidèles à vie, parce que ça demande un équilibre fin entre les deux partenaires, puisqu'il y en a un qui reste sur le nid, gardé le poussin à bonne température, l'autre qui part en mer se nourrir, et ça peut durer trois semaines. Puis après, ils reviennent, ils échangent, et ils font cette danse de plus en plus rapidement, en fonction des besoins alimentaires du poussin. Et donc, dans la vidéo que je montre, tout le monde est émerveillé. Et en fait, cette âme d'enfant, on l'a tous, mais on la perd. On la perd parce qu'on devient trop sérieux sur toutes les choses qu'on doit faire dans nos vies. Et en fait, c'est très dommage. Moi, je suis partie aussi dans cette performance de vouloir faire plus qu'être. avec d'abord ma carrière scientifique, puis ma carrière de chef d'entreprise. Et là, maintenant que je reviens à une plus grande proximité avec la nature, je me rends compte à quel point mes sens s'éveillent. Mon ouïe, mon odorat, ma vue, même le goût. On habite dans les collines, j'ai tout le temps une branche de romarin dans la bouche quand je promène le chien. Ça fait partie de... Je passe tout le temps ma main quand il y a des herbes qui chatouillent. Même quand c'est en public, je passe tout le temps ma main dedans, juste pour le plaisir d'être en contact. Et ça, moi, ça m'apporte énormément. Et j'aimerais que chaque personne qui écoute ce podcast ou sur Terre puisse prendre ce temps-là, qu'elle ne trouve pas ça inutile.

  • Speaker #0

    Et je te rejoins tellement. Merci, Isse et les Consciences, invitées à s'émerveiller. Et s'émerveiller, ça passe par... pas par la tête, mais par les sens. Et donc, tu parlais de l'odorat, de la vue, du toucher. Merci de partager ça. Et donc, du coup, de la prise de hauteur par rapport à ce que le mental voudrait faire, performer, mais pouvoir être. Et puis, j'entends aussi que quand tu invites à hisser les consciences, à prendre de la hauteur, à être dans ses sens, j'entends aussi que c'est un moment de pleine présence, d'être présent au moment où on est à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Et après, on redescend en émotions. Donc là, on est dans des émotions, je n'aime pas dire positives, parce que ce n'est pas vrai, chaque émotion est utile, mais c'est l'émerveillement, la curiosité, l'intérêt, le rire même, il y en a qui rient en les voyant, la joie. Et puis après, je montre cinq images qui illustrent les cinq causes d'extinction de la biodiversité via le regard des albatrosses. La première image, vous l'avez peut-être vue, c'est ce poussin mort. rempli de plastique, de briquets, de toutes les couleurs qui sont apparues quand son ventre s'est ouvert, en se dégradant sur le sol. Donc on voit des filets de pêche, des tongs, etc. La deuxième image, c'est un poussin d'Albatros qui est recouvert de neige, parce qu'il y a eu une vague de froid, un événement extrême, qui fait qu'aucun poussin ne peut survivre de la colonie entière dans ces conditions. Le troisième, c'est... Un poussin albatros qui est dans un habitat qui est complètement érodé, donc il n'y a plus du tout de végétation, donc il n'a plus de nid, il peut tomber de son nid qui forme comme une cuvette jusqu'à un mètre de haut, où l'œuf peut rouler, se casser, et donc il est complètement sujet aux éléments à cause de la dégradation de son habitat. La quatrième, c'est un jeune albatros qui est censé s'envoler de la colonie, mais il s'est fait manger vivant par des souris. qui ont été introduites involontairement sur les îles où ils nichent. Et comme ils n'ont pas évolué avec des prédateurs, ils ne savent pas s'en débarrasser. Les souris, c'est très malin. Et la cinquième, c'est une image d'un albatros qui flotte dans la mer, mort, accroché à un hameçon de palangrier pour pêcher le thon à la base. Et donc voilà, c'est la surexploitation des espèces, notamment dans le milieu marin, où on pêche en s'imaginant que c'est des ressources infinies. Et là, on en voit le goût. Donc, voilà les cinq causes d'extinction de la biodiversité. Et elles sont illustrées à travers le regard des albatrosses. Et pour moi, il n'y a pas de peur, il n'y a pas de problème à prendre ce temps pour discuter de ce qu'on ressent par rapport à tout ça. Et ce qu'on ressent, c'est souvent un cocktail. Et dans ce cocktail, les émotions... Déjà, je mets toujours une fleur des émotions à l'écran, avec 24 émotions, parce que les gens disent ça va bien, ça va pas bien mais ils n'ont pas le vocabulaire. On a perdu le vocabulaire pour s'exprimer finement sur ce qu'on ressent tellement on ne s'écoute pas. Et donc, on se rend compte au final, en creusant un petit peu, en laissant du blanc, que tu peux avoir de la colère, mais en fait, de l'intérêt, que tu peux avoir du dégoût.

  • Speaker #0

    mais de l'optimisme, que tu peux avoir une forme de vigilance ou d'anticipation qui naît de tout ça, et en même temps, être immobilisé parce que tu ne sais pas ce que tu peux faire. Et c'est là qu'on rentre dans la deuxième partie des consciences plus rationnelles, plutôt hémisphère gauche, où là, je leur dis, en fait, c'est très simple. Vu qu'il y a cinq causes d'extinction de la biodiversité, et ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'IPBES, c'est l'équivalent du GIEC, mais pour la biodiversité. et les services écosystémiques, donc tout ce qui permet à la Terre de nous amener tout ce dont on a besoin pour faire société et pour vivre nos vies telles qu'on les a conçues, ça fait un pentagone. Et au centre de ce pentagone, il y a un point qui est notre objectif, individuel et collectif, de réduction d'empreintes environnementales. Donc on ne parle plus que d'empreintes carbone, c'est une grosse erreur de croire qu'il n'y a que le changement climatique qui est problématique aujourd'hui, c'est faux. Il y a en réalité cinq causes d'extinction de la biodiversité en tout et qui font qu'on rentre dans la sixième crise d'extinction de la biodiversité après celle des dinosaures, il y a 65 millions d'années. Donc là, il y a un risque, non pas pour la planète, la planète n'a pas besoin d'être sauvée, par contre il y a un risque existentiel pour l'espèce humaine qui pourrait très bien faire partie des peut-être 90% d'espèces qui sont vouées à disparaître pendant cette phase-là. Donc au final, est-ce que je suis optimiste ? Je reste lucide et réaliste, c'est-à-dire qu'il y a déjà eu des extinctions de masse de la biodiversité où 90% des espèces disparaissent, et sur des échelles de temps géologiques, donc de 100 000 ans, 1 million d'années s'il le faut, ça remonte toujours, parce que la vie, par définition, elle a cette niaque. Par contre, est-ce que l'espèce humaine est en capacité de passer ce cap-là ? Eh bien, c'est ça. C'est cette question-là à laquelle on doit répondre maintenant.

  • Speaker #1

    Donc là, on est toujours, on est d'accord dans cet deuxième aspect de la boussole, avec l'invitation à s'émerveiller, à la curiosité, au rire, par le biais d'une petite vidéo que tu partages. Et puis après, à prendre conscience de tous les phénomènes d'extinction et de pouvoir émotionnellement naviguer à la fois dans ces émotions positives et ces émotions qui peuvent être de l'ordre de la peur, du dégoût, du rejet, mais du coup de pouvoir agir en conscience de ça, de ne pas rester figé dans des émotions qui peuvent être un petit peu paralysantes par moment.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et justement, pour agir, ce pentagone, pour moi, il est primordial. C'est-à-dire que déjà, si on réfléchit que en changement climatique et en CO2, on ne peut pas y arriver parce que la plupart des mesures gouvernementales, notamment, qui sont prises pour réduire l'empreinte CO2 de la France, en fait, elles ont un effet négatif sur les autres causes d'extinction. Par exemple, quand on nous incite à changer tout notre parc de voitures pour passer à l'électrique, on dit que ça va baisser l'empreinte carbone certes à l'usage parce que nous, on a une énergie à 70% décarbonée en France. Enfin, décarbonés encore. C'est du radioactif, ce qui crée d'autres problématiques. Mais le fait même de construire plein de nouvelles voitures, ça a un coût énorme pour la biodiversité, puisque c'est des habitats qui vont être dégradés, certes, pas chez nous, pour aller chercher le métaux qui constitue ces voitures, pour aller chercher les minerais rares, pour aller les transporter, pour faire chauffer. toute l'énergie qu'il faut pour faire chauffer le métal et le mettre dans la bonne forme. On ne se rend pas compte du coût environnemental de tout ça. Et nous, on se dit, une voiture électrique, c'est bien joli, ça arrive chez moi. Alors qu'en fait, ce n'est pas une solution si simple qui pourra marcher. On est dans un problème très complexe. Et donc, il y a une complexité de solution. On ne peut pas faire la même chose avec juste quelque chose d'un petit peu différent. Il nous faut des voitures dans un autre fonctionnement, des voitures… plutôt en partage des voitures que quand on en a besoin. Et ça, ça va être difficile quand même de convaincre les gens. Moi, je trouve que quand on ne réfléchit pas dans ce pentagone, déjà, on prend des décisions qui sont contre-productives. Et en plus, on rentre très vite dans des débats stériles en disant Oui, mais de toute façon, si tu fais ça, c'est pire. Et puis, si tu envoies une lettre par la poste ou si tu envoies un email, en fait, c'est pire. Non, ça dépend sur quels paramètres tu regardes. Si tu as un sapin de Noël en plastique versus un sapin de Noël que tu... tu coupes, en fait, celui que tu as coupé, c'est pire. Ça dépend, parce qu'il y en a un qui joue sur dégradation des habitats, l'autre qui joue sur pollution plastique et transport depuis la Chine. Donc, en fait, c'est des paramètres différents. Donc, arrêtons de nous engueuler, de ne pas s'écouter, de culpabiliser soi-même ou de culpabiliser l'autre. L'important, c'est d'essayer d'être consciente de cette complexité et de se mettre en chemin par ce qui est, en commençant, par ce qui est le plus facile pour nous. Par exemple, pour moi, arrêter de prendre l'avion pour mon travail, c'est compliqué. Ce n'est pas ma priorité. Par contre, je passe ma vie professionnelle à sensibiliser les gens sur ces sujets. J'essaye de manger le plus local possible, de prendre la voiture le moins possible. Et c'est des choses pour lesquelles, moi, j'avance. Je n'ai plus de poubelle dans la salle de bain. Je n'ai plus rien de jetable. Je n'ai quasiment rien de jetable dans la cuisine non plus. Et on s'organise au maximum pour réduire notre empreinte, là où c'est le plus simple, le plus économique et le plus facile pour commencer. Et après, on peut complexifier de plus en plus, au fur et à mesure que la société sera de plus en plus prête à faire des efforts de plus en plus forts. Ça ne veut pas dire faire des sacrifices. Pour moi, et c'est là que je suis optimiste, c'est que le monde d'après, en fait, il sera mieux.

  • Speaker #1

    Et alors, si on retourne justement dans ta boussole, Donc merci de mettre vraiment ce focus sur l'importance de pouvoir considérer cette complexité et d'inviter à la coopération en fonction de qui on est. Et que ce monde d'après, c'est un monde qui sera plus juste. Et si on revient à la boussole, parce que du coup, on a parlé de naviguer les paradoxes, ici c'est les consciences.

  • Speaker #0

    Le troisième cap, c'est surmonter les écueils. Parce qu'il y en aura forcément. Et pour moi, il y a deux types d'écueils. Les écueils qui sont à l'intérieur de nous et les écueils qui sont à l'extérieur de nous, sur lesquels on a tendance à se... à rejeter la faute quasiment en permanence. Donc déjà, à l'intérieur de nous, c'est tout ce dont on a parlé un petit peu en introduction. C'est qui je suis, d'où je viens, comment je me sens vraiment. Est-ce que je suis alignée entre les valeurs qui sont essentielles pour moi et ce que j'ai envie d'apporter au monde, ma mission de vie ? Est-ce que dans mon activité professionnelle, je fais des choses avec lesquelles je suis en accord ? Est-ce que je gagne ma vie correctement grâce à ça ? Est-ce que j'ai une utilité suffisante par rapport à mon ambition ? Et toutes ces questions-là, s'il y a un truc qui ne tourne pas rond, qui n'est pas aligné, comme les ailes d'un albatros par rapport à un goéland, souvent les gens confondent. Un albatros, quand tu le vois de face, qu'il est en train de voler, c'est une ligne hyper fine, avec un regard déterminé, je ne te dis pas. Donc, pour moi, cet alignement, il est fondamental pour... pouvoir avoir les pieds bien ancrés sur Terre et ensuite s'adresser aux vrais problèmes, donc dans ce pentagone. Dans la deuxième partie, quand on a tendance à rejeter la faute sur les autres, il y a un élément décisif que j'apporte, c'est qu'en réalité, la population humaine n'est plus en croissance exponentielle depuis les années 70. Et elle est même en train de complètement... Ah, il y a mon chien qui me lèche. Elle est... La population humaine est en train de complètement se stabiliser. En Europe, elle est stable depuis un petit moment, puisque la transition démographique a été faite en début du XXe siècle. En Amérique aussi. En Asie, elle est quasiment faite, puisque les gros mastodontes de la Chine et l'Inde sont aujourd'hui autour de deux enfants par couple, en moyenne. Et l'Afrique, elle bouge très vite. Donc l'essentiel de la croissance démographique humaine va être en Afrique. jusqu'à la fin du siècle. Et ensuite, il y a deux modèles qui s'opposent. Le modèle de projection de l'ONU, qui nous dit qu'on passerait la barre des 10 milliards d'ici 2060, sachant qu'on a passé la barre des 8 milliards il y a un ou deux ans. Et le modèle de HSBC, qui projette le déclin de la fécondité humaine, volontaire ou involontaire, sur les 30 dernières années, et le projette d'ici 2100. Et ce modèle-là nous dit... qu'on pourrait être au pic maximal de la population humaine seulement dans 15 ans, maximal de l'histoire, de l'histoire de la planète. Et que ça redescendrait, sans qu'on se tape sur la gueule, dans le cas le plus extrême, à seulement 5 milliards d'individus sur la planète d'ici 2100. Et quand tu vois la courbe, tu vois ce pic en 2040, tu te dis mais waouh ! Et en fait... Une fois que la population humaine diminue, ce qui n'est pas très loin de nous, peu importe le modèle, une fois que la population humaine diminue, on ne peut plus parler de croissance. Ça devient juste incohérent. À la limite, tu parles de croissance des savoirs, de croissance des services, de croissance de l'émerveillement. Mais il n'y a plus de raison de parler de croissance économique, puisque la population est stable. Donc à partir de là, tu peux travailler sur arrêter de rejeter la faute sur les autres et construire vraiment le monde. de post-croissance, comme le dit Timothée Parry, que si bien. Le but du jeu, à ce moment-là... c'est d'inventer, je disais, le monde de demain pour qu'on construise ensemble. Et là, je me sers de différentes notions. On parle souvent du triangle de l'inaction entre les citoyens, les politiques, les entreprises qui se rejettent la balle, etc. Mais en fait, on est dans la même équipe. Pareil, il y a un autre concept qui s'appelle le dilemme du prisonnier où souvent les entreprises, elles ont peur de prendre des actions suffisamment révolutionnaires pour pouvoir... suffisamment profondes, régénératives même, de transition, parce qu'elles ont peur de perdre des parts de marché, en tout cas à court terme, puisque les intérêts économiques des actionnaires, ils sont à court terme. Alors qu'en fait, si elles s'allient à leur concurrence, qui ont exactement les mêmes problématiques sociales et environnementales qu'elles, et de clientèle, et de réputation, et de recrutement, il suffit juste de chercher les solutions ensemble et de les appliquer ensemble. Et ça résout le problème aussi. Donc, il y a plein de trucs comme ça qui sont en train de bouger. la tragédie des communs, qui en fait n'en est pas une. Il y a un peu une nouvelle d'économie qui a montré qu'on pouvait très bien gérer des biens communs sans conflit majeur, sans personnes qui trichent et qui pompent la ressource des autres à leur place. Et donc, il y a besoin de se parler. Il y a vraiment besoin de se parler, de se mettre d'accord. Parce que dans une colonie d'Albatros, ils vivent toujours en colonie, bien que ce soit des animaux assez solitaires en mer. Et le but du jeu, ce n'est pas... de savoir qui va avoir le plus beau nid ou qui va avoir le plus beau poussin. C'est de réussir ensemble, en fait. Donc, il y a tout un travail à faire sur la sociodynamique des projets de transition. C'est de pouvoir s'appuyer sur des alliés, de ne pas passer toute son énergie à convaincre des opposants, mais de s'appuyer sur ce qui marche. Et c'est en ça que je prône aussi l'optimisme, c'est-à-dire de voir le verre à moitié plein en s'appuyant, en mettant son énergie et son temps, surtout. sur ce qui marche.

  • Speaker #1

    Et merci d'en faire une belle démonstration, en tout cas. Et donc, effectivement, surmonter les écueils, que ce soit à l'intérieur et à l'extérieur, à l'intérieur par un certain travail sur soi qui est possible, qui est accessible, quel que soit l'endroit d'où on vienne. Et à l'extérieur, avec la force de tes exemples, à considérer ce qui peut paraître comme un paradoxe et qui n'en est pas.

  • Speaker #0

    C'est ça. On se complique un peu la vie, en fait.

  • Speaker #1

    Merci. Et alors du coup, ce quatrième axe ?

  • Speaker #0

    Et bien voilà, on arrive au quatrième, qui est éclat dans son envergure. Et donc, qu'est-ce que c'est l'envergure ? Déjà, l'albatros. Imaginez, combien tu mesures toi, Stéphanie ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je mesure 1m67.

  • Speaker #0

    Voilà, donc quand tu étends tes bras, normalement, tu mesures aussi 1m67 d'envergure. Donc, je me suis beaucoup posé cette question, qu'est-ce que ça peut être un leader d'envergure ? Et donc, il y a différents aspects sur lesquels on peut travailler en tant que dirigeant d'entreprise à ce moment-là. La première chose, où est-ce qu'on veut aller ? Et il y a une scientifique que j'aime beaucoup qui s'appelle Donella Meadows qui a montré qu'on a tendance, avec notre cerveau rationnel qu'on a mis en exergue trop, à vouloir tout de suite passer à l'action quand on a une urgence typiquement climatique. Alors qu'en fait, la première chose à faire, c'est d'envisager le monde qui nous donne envie. C'est-à-dire de se dire, bon, OK, le monde actuel ne fonctionne plus. Et la preuve ultime, ce n'est pas forcément les inégalités ou la dégradation de l'environnement, parce que ça, les gens n'entendent pas. C'est, par exemple, la chute de l'espérance de vie aux États-Unis en ce moment, qui ont toujours cinq ans d'avance sur le reste du monde. Donc là, ça nous montre vraiment qu'on est au bout du système. Et qu'est-ce que c'est alors le système, le paradigme qui nous donne vraiment envie ? Là, il faut s'autoriser à avoir une vision, je dirais même utopique, une vision pour laquelle on ne se met aucune limite et qui nous permet de s'imaginer l'entreprise idéale qui fonctionnerait en totale harmonie avec la nature, avec des gens qui sont libres de venir travailler s'ils en ont envie, qui fonctionnerait avec très peu de jours de travail puisqu'en fait, on cultiverait tous la terre en parallèle. Là, je te parle un peu de mon rêve à moi.

  • Speaker #1

    Mais j'aime bien que tu nous parles de ton rêve à toi.

  • Speaker #0

    Mais donc voilà, s'autoriser sans se mettre aucun oui-mais. Je ne supporte plus le oui-mais, tu sais, de quelqu'un qui te casse ton rêve tout le temps. Donc, je pense qu'on devrait s'autoriser à rêver. Et c'est en ça que notre âme d'enfant, elle est essentielle. Donc déjà, pour avoir une vision, et cette vision, idéalement, il faut qu'elle se situe dans le donut. Le donut, la théorie de l'économie du donut. qui dit qu'il faut qu'on reste en dessous des limites planétaires. Et on en a 7 sur 9 qui sont dépassées à cette étape. Et au-dessus d'un plancher social, puisque la transition écologique ne peut pas se faire sans transition sociale. en même temps. Tu ne peux pas en vouloir à des gens de migrer parce qu'ils n'ont plus rien à manger et fermer les barrières de chez toi. Ce n'est pas possible parce que bientôt, c'est nous qui allons devoir bouger. Ça ne peut pas marcher. Il y a une vision qui doit s'établir dans le donut. Ensuite, le monde tel qu'il arrive maintenant, il est vu-cas. C'est-à-dire qu'on a beaucoup... Alors, c'est vulnérable... Ce n'est pas vulnérabilité levée.

  • Speaker #1

    C'est volatile.

  • Speaker #0

    Ah oui, volatile. Merci. On a beaucoup de volatilité, d'incertitude, de complexité et d'ambiguïté. C'est-à-dire que ce n'est plus du tout stable et infini comme on a pu le concevoir par le passé. Donc, dans un monde VUCA, le leadership n'est pas pyramidal, il n'est pas directif. Il peut l'être en phase d'urgence à court terme, mais il ne peut pas fonctionner sur ce modèle-là. Dans une problématique aussi complexe, on ne peut avoir que, comme je le disais tout à l'heure, que de l'intelligence collective. qui trouvent des solutions. Et c'est des solutions, ce n'est pas une solution. Donc le leader, il se doit d'être vulnérable et authentique. Il ne peut pas avoir un masque où il prétend ne pas avoir d'émotion, où il prétend savoir et où il fait semblant de ne pas avoir peur. Ce n'est pas possible en fait. Donc ce mode de leadership-là, il doit être authentique et vulnérable et montrer du courage. Et le courage, c'est aussi savoir dire je ne sais pas venez, on réfléchit ensemble. Donc, aller vers des systèmes de gouvernance qui sont beaucoup plus horizontaux, que ce soit au sein des comités d'administration des boîtes, où j'essaye de siéger aujourd'hui en ayant passé une certification. C'est un de mes objectifs aussi en tant que scientifique, femme et spécialiste de l'environnement.

  • Speaker #1

    Et merci pour ça.

  • Speaker #0

    J'essaye, j'essaye. Et ça commence à s'ouvrir, tu vois, pour faire entrer des administrateurs indépendants qui n'ont pas d'intérêt financier, mais qui sont là pour, qui ont un mandat pour la pérennité. financière de l'entreprise, mais aussi pour sa pérennité sociale et environnementale. Ça va aussi vers, et c'est ça que je dis aux dirigeants, vers plus d'influence. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, je m'adresse essentiellement à des personnes qui ont du pouvoir, du pouvoir de contrôle, qui sont cultivées, qui ont envie de contribuer au changement. Donc tous ces chefs d'entreprise, c'est des personnes qui prennent des risques pour créer des emplois dans la société. Donc oui, ils ont le salaire en conséquence, mais ils ont aussi beaucoup de risques, beaucoup de responsabilités et ils ont beaucoup de préoccupations. Et ces préoccupations, elles prennent énormément, encore une fois, d'énergie. Alors, ils ont du contrôle, ils ont des préoccupations, mais entre les deux, il y a un cercle d'influence qui est à faire grandir au maximum pour pouvoir donner envie à l'autre d'aller dans sa bonne direction aussi, qui n'est pas forcément la même, mais qui a peut-être une vision commune. L'influence, pour moi, elle grandit quand on met les autres en avant, quand on montre sa vulnérabilité, quand on fait du storytelling, qu'on montre l'exemple, qu'on communique en interne sur le pourquoi on fait ce qu'on fait, sur où est-ce qu'on rêve d'aller, et qu'on le fait aussi savoir en externe, sans avoir peur d'être taxé de greenwashing, parce qu'en fait, on est en mouvement. Et le mouvement vers l'extérieur du Pentagone, vers le centre du Pentagone, il va prendre du temps. Et il y en a qui partent de plus ou moins loin. Mais c'est justement ceux qui partent de loin qu'il faut encourager le plus. Il ne faut pas juste leur lancer la pierre, il faut les encourager à bouger. Donc moi, je suis pour créer des ponts entre des mondes qui ne se parlent pas, notamment le monde des entreprises pollueuses et des activistes qui vont les rejeter directement. Moi, je me positionne un petit peu au centre.

  • Speaker #1

    Tu fais du lien.

  • Speaker #0

    Je veux créer du lien. Et pour moi, c'est ça, le leadership d'envergure. C'est quelqu'un qui va se mettre là où, par rapport à sa façon d'être, il est le plus utile. Et il va prendre la place. Et il va prendre le vent. Et il va sauter dans le vide. Parce que c'est ça qui va faire avancer le système avec sa propre façon de voir les choses, sa vision unique.

  • Speaker #1

    Il va vers son rêve unique, avec, tu disais, toute sa vulnérabilité, son authenticité, son courage. Il a conscience du donut, des limites planétaires, des planchers sociaux. Et il fait ce mouvement vers l'extérieur pour sortir du pentagone. Et toi, tu rajoutes, et puis plus il vient de loin, finalement, et plus il est encourageant pour tout le monde. Et de là, tu nous dis, et moi, j'aime ça, faire le lien aussi entre ceux qui viennent de très loin, qui ont peut-être encore beaucoup, beaucoup à faire, mais pour inspirer et montrer que c'est possible.

  • Speaker #0

    C'est ça, et réinventer. et réinventer les choses différemment. pour qu'on soit bien. Parce qu'au final, de toute façon, si la Terre est un organisme vivant, comme le dit l'hypothèse Gaïa, qui est le prénom de ma fille, elle nous régulera tout seul. Donc, il va y avoir, de par la non-considération de l'environnement qu'on a faite, il va y avoir une sélection naturelle des entreprises de toute manière. C'est-à-dire que, moi, dans mon rêve, typiquement, Coca-Cola ne sert plus à rien. Ça ne sert à rien de boire un soda. Il faudrait avoir accès à de l'eau de bonne qualité et ça suffit. Donc, il y a certains business qui vont disparaître. Les avions low cost, les trucs jetables, ça n'a pas lieu d'être dans le monde de demain parce qu'on va repenser complètement notre façon d'utiliser la ressource puisqu'elle va manquer. Donc, autant le leader d'envergure, il choisit de faire ça avant d'avoir la contrainte qui lui sera imposée. Et j'espère que ceux qui choisissent, ils soient mieux.

  • Speaker #1

    Le leader d'envergure, il anticipe ce qu'il a à faire plutôt que d'être contraint à faire les choses. Et toi, tu les aides, tu nous aides.

  • Speaker #0

    J'essaye, j'essaye en tout cas. Il y a des jours où je suis un peu moins optimiste.

  • Speaker #1

    Et comme tout est interrelié dans ce vivant et dans la magie du vivant, il y a aussi quelque chose qui prend forme assez naturellement. Et c'est à cet endroit-là, moi, où j'entends beaucoup d'optimisme chez toi. On arrive vers la fin de cette interview. J'ai envie de... te proposer un petit voyage. Est-ce que tu serais d'accord pour un petit voyage de quelques minutes ?

  • Speaker #0

    Oui, je prends ma boussole ou pas ?

  • Speaker #1

    Tu prends toute ta boussole avec toi, tous tes rêves. Et je te propose de t'asseoir ou de rester debout, mais de pouvoir fermer les yeux.

  • Speaker #0

    C'est bon, c'est fait.

  • Speaker #1

    De pouvoir mettre les mains sur ton cœur, de prendre une grande inspiration. Alors, tu nous as beaucoup parlé de tes rêves et là, je te propose de voyager en 2035. Et là, comme ça vient, en 2035, c'est quoi qui fait battre ton cœur ?

  • Speaker #0

    La première image qui m'est venue, c'est des gens qui sourient, des gens qui sont dehors, plein de générations différentes, qui sont ensemble et qui construisent des trucs. Moi, c'est ça mon rêve. C'est qu'on arrive à se parler et qu'on arrête de faire tous la même chose sur des petits terrains qui nous appartiennent et qu'on fasse des choses ensemble sur des grands terrains qui appartiennent à eux. à personne ou à tout le monde ou à la nature.

  • Speaker #1

    Et avec le sourire. Merci, Déborah. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

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Description

Déborah Pardo est docteure en écologie des populations, spécialiste de l'Albatros. Après 8 années dans la recherche, elle prend la voie de l’entreprenariat à impact en développant des programmes de leadership.  
Déborah est convaincue que chaque personne peut étendre son envergure tel un albatros, elle en a développé une méthode, La boussole des Leaders d'Envergure.  Une méthode pour un leadership au service de Soi et du vivant ! 

Dans cet épisode, Déborah nous raconte son héritage familial, son parcours, les étapes de vie qui ont jalonné ses choix, ceux-là même qui l'ont amenée à être qui elle est. 

Elle prône l'émerveillement qui peut nous reconnecter à notre âme d'enfant, notre meilleur allié pour s'extraire d'une actualité pas toujours simple, et même franchement complexe.   

C'est depuis cet espace, qu'elle nous invite à la voie de l’optimisme, à l'audace aussi, car l’envie vient de l’inspiration et non de la peur. Nous en avons besoin pour co-contruire un monde plus juste et plus sûr. Ce qui n'empêche pas d'être réaliste et objectif. 

Si Déborah est positive et enthousiaste, elle ne porte pas moins un regard pragmatique sur le chemin qu'elle nous invite à prendre et la méthode pour un Leadership d'Envergure qu'elle propose est très concrète. 


Déborah nous détaille dans cet épisode, les 4 caps de la Boussole des Leaders d'Envergure  : 

  • Naviguer les paradoxes  :  apprendre à être vigilant par rapport au négativisme, car les extrêmes font beaucoup de bruit. Prendre de la hauteur comme les albatros. 

  • Hisser les consciences : pouvoir naviguer dans ses émotions, se reconnecter à ce qui nous émerveille et aussi à ce qui est plus complexe, sans binarité du bien et du mal.

  • Surmonter les écueils : s'aligner avec soi, être dans son axe tel l'albatros, sans oublier d'avoir les pieds bien ancrés. Ne pas rejeter la faute à l'extérieur, et pouvoir avancer en intelligence collective

  • Étendre son envergure : avoir une vision même utopique, sans limite, de ce qui nous donne enVie, en harmonie avec la nature. Ne pas oublier d'être avant de faire pour mieux faire ensuite. 

Un.e leader d'Envergure donc. Oui ! 

Ce leader est vulnérable et authentique, il est curieux et courageux. Il sait prendre de la hauteur, rester aligné à ce qui est, à sa vision, à la complexité, à la non binarité. Il sait là où sont ses forces et à quoi il est utile, il crée du lien et sait embarquer. 


Qu'est ce que serait une société où chacun.e a la possibilité de se déployer en conscience de notre interdépendance aux uns, aux autres, au vivant ? 

Je vous invite à écouter cet épisode sans plus attendre, il se pourrait bien, que tel un albatros vous ayez envie de vous déployer !

Déborah vous le dit, le monde de demain est plus juste, et en plus les gens sourient ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, je suis Stéphanie Pelleret-Delga. Vous écoutez le podcast Sois.Vis.Aime. Oser un leadership authentique et inspirant, au service de soi, des autres, de son écosystème et du vivant. Tous les mois, je reçois des dirigeantes, dirigeants, experts, expertes. entrepreneurs, entrepreneuses qui ont fait ce chemin entre vulnérabilité et puissance, qui ouvrent leur cœur et partagent leurs expériences professionnelles et plus personnelles. Par leur parcours et personnalité, ils, elles, sèment des graines sources d'inspiration. Et vous, quelles graines avez-vous envie de semer ? Quel leadership souhaitez-vous incarner ? À mon micro, aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Déborah Pardot. Hello Déborah !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Merci d'avoir accepté mon invitation dans Sois, Vie, Aime. Cette interview se fait à distance et j'ai envie de te proposer de nous décrire dans quel endroit tu te trouves en ce moment.

  • Speaker #1

    Alors, je suis chez moi, sous un pain parasol, où je suis en train d'observer une mésange huppée. qui se nourrit. Donc, il fait très beau, alors que ça fait une semaine qu'on a de la pluie à Marseille. Donc, tout va bien. Je suis bien.

  • Speaker #0

    Merci de nous partager cette vue de la Mésange et du beau temps. Alors, Déborah, t'es originaire et basée à Marseille. Tu es une exploratrice de la vie. Tu es docteur en écologie des populations, spécialiste de l'Albatros. Tu as passé des mois dans les colonies d'Albatros en Antarctique. Après huit années dans la recherche, tu prends la voie de l'entrepreneuriat à impact en développant des programmes de leadership. Tu es convaincu que chaque personne peut étendre son envergure tel un albatros, le plus grand oiseau du monde, à condition de se remettre en question et se donner les moyens de vraiment comprendre la complexité des enjeux qui nous entourent. Tu es aussi maman de deux enfants. Tu as été élue top 20 des femmes innovantes par la tribune en 2017. Tu as été admise à la Société des explorateurs français et passes toujours une partie de l'année en expédition en mer. Aujourd'hui, mobiliser les dirigeants, dirigeants à maximiser leur leadership environnemental, est une de tes priorités. Et comme dans ton parcours entrepreneurial, tu as managé une équipe de 20 personnes, via notamment l'association Earthship Sister, tu as aussi cette capacité à te mettre dans les chaussures de ces dirigeants, dirigeants. et de comprendre ses différentes complexités. Tu as une approche à la fois scientifique, tu aimes la précision des faits, et tu es résolument optimiste. Tu as une curiosité insatiable et une énergie incroyable. Je te vois pétillante. Dans le livre de Céline Steyer, Nouvelles héroïnes, paru chez Larousse, tu donnes trois conseils aux enfants. Connais-toi et fais-toi confiance. Émerveille-toi à tout âge. Entoure-toi. des personnes qui te tirent vers le haut. Si tu devais décliner, Déborah, aujourd'hui, ces trois conseils aux leaders, tu aurais envie de leur dire quoi ?

  • Speaker #1

    C'est marrant comme question. J'aurais envie de leur dire exactement la même chose. Je ne fais pas de différence, en fait, avec les enfants. Oui. Puisque même, à la limite, c'est presque notre âme d'enfant qui peut nous sortir de la situation de destruction de la société et de l'environnement dans lequel on est.

  • Speaker #0

    Et cette âme d'enfant, donc le fait avec cette âme d'enfant de mieux se connaître, de nous faire confiance, si on reprend ce premier conseil.

  • Speaker #1

    De s'émerveiller au quotidien, comme je suis en train de le faire là. Et puis de s'entourer des personnes qui nous tirent vers le haut. Je trouve qu'en ce moment, l'ambiance est assez lourde dans la société. Sans mettre des gens de côté non plus, mais il y a vraiment un besoin, je trouve, de s'entourer de personnes qui nous tirent vers le haut et pas de rester avec des personnes qui nous emportent dans des directions dont on n'a pas envie.

  • Speaker #0

    Et alors pour toi, comment tu sais que quelqu'un te tire vers le haut ou pas ?

  • Speaker #1

    Ah, c'est une très bonne question. Je pense qu'il y a une intuition, il y a un ressenti dans le corps. Et puis c'est énorme. En fait, c'est une envie d'être avec cette personne. Tu sens une envie, donc tu sens une attirance, une excitation, pas au sens... au sens professionnel, quelque chose qui te donne envie de passer du temps avec cette personne que tu ne sais pas forcément expliquer des fois.

  • Speaker #0

    Je reprends les deux premiers conseils. Comment on fait pour bien se connaître ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est le travail d'une vie. Et puis même dans une vie bien avancée, on ne le saura jamais. Mais en même temps, j'ai commencé à faire un petit peu de ce qu'on appelle le développement personnel tard au final. J'ai commencé quand j'avais à peu près la trentaine. J'ai été recrutée dans un programme de leadership spécifique pour les femmes scientifiques. C'est un programme qui venait d'Australie et qui avait pour vocation de former 60 000 femmes scientifiques en 10 ans à changer le monde. Et sur le coup, je me suis dit que ça peut être très intéressant de suivre ça, mais je n'avais pas compris que c'était notamment un programme de développement personnel. Et j'ai fait mes premiers tests, mes premiers coachings. À ce moment-là, et je pense que ça passe par là, en fait, c'est faire des tests, c'est être accompagné par des professionnels, comme toi, qui nous permettent d'interpréter ces tests en fonction de ce qu'on vit dans notre vie, notamment d'aller chercher pourquoi des moments douloureux, ils sont douloureux. C'est aller creuser un peu, quoi. Et c'est surtout être honnête avec soi-même. C'est-à-dire essayer de ne pas être dans le déni par rapport à nos faiblesses. Et aussi ne pas être dans la réserve trop quand on manque d'estime de soi, par exemple, de ne pas reconnaître ses forces. Donc il y a plusieurs éléments à prendre en compte, que j'incite d'ailleurs les dirigeants à faire. C'est regarder d'où on vient, son histoire de famille et quelles sont les valeurs qui sont héritées de cette histoire de famille. Qu'on fasse l'inverse de ce qu'on a appris ou qu'on fasse la même chose. Quels sont les éléments décisifs ? qui ont eu lieu dans notre vie. Et moi, j'en ai eu plusieurs, notamment ce programme pour les femmes scientifiques qui culminait avec la plus grande expédition féminine de l'histoire en Antarctique. Ça, c'était en 2016. Donc depuis, j'ai parcouru du chemin encore. Et puis aussi, qu'est-ce qui sont nos forces ? C'est-à-dire les choses sur lesquelles on sait qu'on peut s'appuyer et au final, ne pas chercher forcément à développer ses faiblesses, mais s'appuyer sur nos forces et s'entourer des personnes. pour qu'il nous faiblesse sans défense.

  • Speaker #0

    Merci, merci beaucoup. Est-ce que tu voudrais bien nous partager un petit peu ce qui t'a amené aujourd'hui justement à intervenir, à faire des conférences, à pouvoir donner des moments vraiment d'inspiration, notamment pour les leaders et en lien aussi avec l'écologie ? C'est quoi un peu dans ton histoire de vie ce qui t'a amené à être là où tu es aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un petit peu ce que je voulais dire sur les moments décisifs. L'histoire de la famille, c'est comme ça que j'ai fonctionné pour moi. Moi, je viens d'une famille qui a été déracinée d'Afrique du Nord. Du côté de mon père, ils ont eu une semaine pour quitter l'Égypte, quand mon père avait deux ans. Et du côté de ma mère, ils ont pris la décision de quitter l'Algérie, où ma mère était née, parce que ça devenait trop dangereux. Et donc, ils sont arrivés, pareil, quand elle avait cinq ans, à Marseille, dans les quartiers nord, où ils se sont rencontrés. Ils sont repartis à zéro de leur vie. Donc, eux, ils ont manqué de beaucoup de choses dont nous, on n'a pas manqué, en fait, avec mon frère, parce qu'ils se sont démenés pour qu'on soit bien. Et donc, déjà, il y a ces bases d'indépendance de la famille par rapport au système. Ils se sont réinventés complètement. Il y a des bases d'optimisme, puisqu'ils ont... Ils n'ont jamais perdu espoir qu'ils allaient réussir à s'en sortir. Et c'est grâce au fait d'y croire qu'ils s'en sont sortis, je pense. Et il y a une base aussi de respect très forte. C'est trois des valeurs très fortes qui m'ont inculquée, avec en plus un aspect sur la curiosité que je garde toujours en tête, qui m'ont transmise. Et donc, c'est cette curiosité qui a fait que moi, j'ai tout de suite été... très attirée par le monde du vivant. Dans le jardin de mes grands-parents, à fouiner avec les insectes, les plantes, fabriquer des trucs, creuser, regarder les comportements. J'étais fascinée par les interactions entre les êtres vivants et l'environnement. Et au final, c'est ça la définition de l'écologie. Donc moi, ça a été mon premier grand déclic, cette découverte des interactions entre les êtres vivants qu'il y a autour de nous. Et donc, comme j'étais fascinée par les animaux, tout le monde m'a dit Fais vétérinaire Ça a été mon deuxième grand déclic. Je me retrouve pendant une semaine en quatrième dans un cabinet et ça ne me plaît pas du tout. Ça ne me plaît pas du tout parce que ce ne sont que des opérations chirurgicales, des trucs un peu violents. C'est de la gestion des patients humains. En fait, on gère les problèmes des humains à travers les animaux et ça ne me plaisait pas du tout. Moi, je voulais vraiment être dans le milieu naturel, travailler sur les animaux sauvages. personne n'était capable de me dire quel métier amener à faire ça, à part travailler dans un zoo qui n'est pas du tout ça non plus. Et c'est là que j'ai eu mon troisième déclic. Donc, rentrée en fac de bio, le premier été, je harcèle tous les laboratoires de recherche de Marseille pour faire des stages. Et on me propose un stage sur les oiseaux marins, la nuit, sur les falaises dans le parc national de Port-Croz. Et on y va en 4x4 CNRS avec la remorque, avec le Zodiac. On prend tout le matos sur le Zodiac. On part tout le temps jusque dans le Céphalès. Et ça a été une énorme claque pour moi. Je me suis dit, c'est ça que je veux faire, en fait. Vivre de l'aventure et de la science.

  • Speaker #0

    Merci. Dans ton histoire, déjà, tu parles de tes valeurs héritées, de ton héritage, notamment en termes de valeurs sur... Les valeurs d'optimisme, de respect, de curiosité. L'idée que dans tous les cas, on va s'en sortir. Cette curiosité est aussi associée, j'entends, à l'émerveillement quand tu joues dans le jardin de tes grands-parents. Ce premier stage en quatrième où finalement, les interactions humaines, alors que tu étais en stage chez un vétérinaire, elles sont peut-être plus complexes que toi. Ce que tu veux, c'est être vraiment avec les animaux dans leurs conditions naturelles. Et puis, à la fac, tu vas chercher des stages. Et là, je trouve. Et là, tu trouves. Et donc, là, tu deviens chercheuse.

  • Speaker #1

    Oui, ce n'était pas aussi fluide. Ce n'était pas aussi fluide, mais quasiment. Je continue de faire des stages, je me retrouve en Arctique. J'ai un jour un prof qui me fait une formation sur la démographie. Et là, j'ai encore un déclic. Je me dis, waouh, c'est ça que je veux faire. En fait, des statistiques appliquées à l'écologie, c'est-à-dire pouvoir, avec les outils qu'on a, de marquage des individus et de statistiques derrière, pouvoir comprendre pourquoi une population décline, quels sont les facteurs qui la font décliner, et donc donner des conseils aux organismes de conservation, aux dirigeants, sur limiter les causes d'extinction des espèces. Mais au final, quand je suis arrivée dans mon job de rêve, après ma thèse, pendant cinq ans à l'Institut Polaire Britannique, j'étais exactement là-dedans. Et les articles que j'ai pu publier, même s'ils étaient au plus haut niveau et que j'ai tout donné pour y arriver, ce qui se passait après, c'était très décevant. C'est-à-dire que les lobbies de la pêche industrielle continuent de ne pas changer leur pratique, qui attrape énormément d'albatros. La pollution plastique est toujours là et 99% des oiseaux marins en ont dans le corps. Le changement climatique décime. certaines années, tous les nouveaux individus des oiseaux marins, alors qu'ils sont sur des îles à l'autre bout de la planète, et ça ne change pas assez vite. On n'arrive pas à changer le côté de la courbe, il faudrait que ça aille dans l'autre sens.

  • Speaker #0

    Tu dis qu'on n'arrive pas à changer le côté de la courbe, et pour autant, toi, tu restes ultra optimiste. Est-ce que tu l'es aussi, par rapport à la population des albatros, ou non, pas nécessairement ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas si simple. On n'est pas optimiste ou on ne l'est pas. Oui,

  • Speaker #0

    tu as complètement raison.

  • Speaker #1

    Je pense que moi, j'ai un tempérament, de par les valeurs familiales aussi, optimiste. Ça ne veut pas dire que je pense que tout va bien, ni que tout va aller bien. Moi, quand je prône l'optimisme dans mon travail aujourd'hui de conférencière professionnelle, c'est pour dire que... Pour moi, il n'y a que la voie de l'optimisme qui va nous permettre de bouger. Si on continue dans la voie de l'anxiété, de la culpabilité, de la peur, de la colère, de la tristesse, du dégoût, de la déception, on ne peut pas arriver à bouger. C'était peut-être nécessaire pour nous faire comprendre qu'il y avait des changements de grande ampleur à faire. Mais pour se mettre aujourd'hui en mouvement, pour réinventer le monde de demain, ce n'est pas ça qu'il nous faut, c'est de l'optimisme, c'est du rêve, c'est du ressenti, c'est de la coopération, c'est de l'envie. Et l'envie, elle vient de l'inspiration, elle ne vient pas de la peur, ni de la tristesse, ni du dégoût. Ça, c'est des sentiments de rejet qui te font bouger vite dans une autre direction, mais pas construire un monde plus juste et plus sûr, en fait.

  • Speaker #0

    Et merci beaucoup, Déborah, effectivement, de donner envie d'inspirer. Et tu en as développé d'ailleurs une méthode. Tu es convaincue que s'inspirer ses oiseaux, ça peut aider à étendre son envergure, telle qu'eux le font. Est-ce que tu peux justement me parler un petit peu, nous partager le programme que tu as créé sur un leader d'envergure ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors déjà, il faut savoir que quand on dit albatros, Il y a en réalité 22 espèces d'albatros dans le monde aujourd'hui. Il y en a seulement 4 qui ne vivent pas dans l'hémisphère sud, tout autour de l'Antarctique, où il y a les vents les plus forts du monde qui leur permettent de voler tranquillement dans les mers les pires du monde. Donc sur ces 22 espèces, il y en a les trois quarts qui sont sur la liste rouge des espèces menacées, en danger plus ou moins critique. notamment trois pour lesquels il reste moins de 100 individus. Donc il y a des tendances de certaines populations qui remontent, mais il y a des tendances qui sont à la baisse de façon assez effrayante dans certaines îles du monde, mais aussi de façon générale pour toutes les espèces, dans tous les endroits où elles se situent dans le monde. Donc c'est vraiment très inquiétant, et c'est à la fois bizarre parce qu'ils sont à l'autre bout de la planète. et ils subissent tout ce qu'on fait sans même qu'on le sache. Alors que c'est des animaux qui sont quand même vénérés, qui ont inspiré des poètes, qui te marquent quand tu les vois pour la première fois. Ça te marque vraiment tellement ils sont gracieux, tellement ils luttent contre des éléments qui, toi, te tuent en quelques minutes. Et moi, c'est ça que j'admire chez eux. Et j'ai beaucoup réfléchi et je suis en train d'ailleurs d'écrire un livre sur le sujet. à toute leur symbolique, qui peut nous permettre, et c'est ce que j'essaye de faire avec les dirigeants francophones, enfin de France, mais aussi les non-francophones, pour voir différemment et adopter un leadership d'envergure, c'est-à-dire une prise en main des enjeux qui permettent d'avoir de l'impact positif dans le monde et de contribuer à créer le monde de demain.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu veux bien détailler, quand tu dis prise en main des enjeux, comment on fait ? pour prendre en main les enjeux qui sont ceux d'aujourd'hui et contribuer au monde de demain ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a quatre caps à la méthode que je propose, qui est en fait sur une boussole. Donc, imaginez avoir une boussole dans la main. Le premier cap, c'est naviguer les paradoxes. Parce qu'aujourd'hui, et c'est ce que je démontre en live dans mes interventions, on a... l'impression qu'on sait ce qui se passe et on se trompe souvent. Et la façon dont on se trompe, c'est un biais de surpessimisme. C'est-à-dire qu'on a l'impression que la situation est plus grave que ce qu'elle est. Et ça, c'est vraiment dommage, parce que déjà ça nous angoisse plus que nécessaire. Ça nous fait croire que la transition écologique, elle est peut-être plus difficile à faire que ce qu'elle est en réalité. Et en plus, ça nous fait faire des choses qui sont fausses puisqu'on n'a pas les informations correctes. Alors qu'en réalité, quand on va sur des sites comme par exemple le site internet de la fondation Gapminder, gapminder.org, où on a plein de données vérifiées sur l'état du monde, on se rend compte qu'il y a plein de trucs qui vont très bien en fait. Et que l'impression qu'on a de négatif permanent, il est accentué par... la facilité de répéter cette information négative par les médias, par les réseaux sociaux, par le fonctionnement même de notre cerveau qui nous plombe dans le négatif parce qu'il a peur et parce qu'il a peur pour notre survie. Donc il y a tout un travail à faire sur déjà essayer de naviguer ces paradoxes, pour moi c'est-à-dire essayer d'être vigilant face au négativisme qui est inné chez nous. Face au dualisme, cette capacité à mettre les choses dans des cases, en les séparant bien, alors qu'en fait, la plupart des choses suivent une loi de distribution normale, tu sais, cette courbe en cloche, où la majorité de quelque chose est autour de la moyenne, en fait. Il y a très peu d'extrêmes. Les extrêmes, ils font souvent beaucoup de bruit, mais en fait, la majorité des gens est souvent au centre. Donc là, on a tout de suite l'image politique qui nous vient, mais ça marche pour plein de choses. notre comportement alimentaire, pour notre heure d'arrivée, de départ, au travail. Tout le monde est à peu près dans cette loi normale. Et en réalité, pour faire un vrai changement de paradigme, il suffit d'assez peu de monde, d'environ 15 à 30 de la population qui adopte un nouveau comportement pour faire complètement basculer le reste de la population. Et moi, ce que je prône aujourd'hui, c'est que dans cette partie en tout cas, dans ce cap, c'est qu'on a besoin de gens qui osent faire les choses différemment alors que la norme va dans l'autre sens. Mais comme la norme, elle va droit dans le mur, il faut oser. faire différemment, ne pas avoir peur du changement et lutter contre ce bug humain qu'on a qui nous donne envie de toujours faire les mêmes erreurs. Donc ça, c'est lié au fonctionnement de notre cerveau qui était évolué pour un monde où on est en équilibre avec la nature. Mais quand on n'est plus en équilibre avec la nature, ce bug humain nous pousse vers la catastrophe.

  • Speaker #0

    Oser faire différemment dans cette première axe de la boussole, naviguer les paradoxes. Merci d'inspirer ça. et de nous expliquer là par ton partage que c'est un réflexe un peu naturel et de pouvoir du coup faire ce pas de côté avec Audace.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Moi, j'aime bien dire prendre de la hauteur comme le font les albatros quand ils volent en pleine tempête dans la pire mer du monde. Ils ne savent pas où est-ce qu'ils vont pouvoir trouver à manger. Ils ne savent pas où est-ce que la tempête s'arrête. Mais en fait, ils font confiance. Ils font confiance à leur capacité et ils vont voler. contre le vent, ils vont se mettre contre le vent, prendre de la hauteur au maximum grâce à cette force du vent qui les aide. Et hop, après, ils vont redescendre face au vent pour reprendre de la vitesse et pouvoir utiliser cette énergie-là sans jamais perdre leur énergie à eux, puisqu'ils ont un système de blocage des ailes qui fait qu'ils dépensent zéro énergie en volant. Donc, je pense qu'il faut qu'on arrive à s'inspirer de ça et à être économe dans notre énergie tout en... En se servant des vents contraires, mais en allant par contre dans la bonne direction.

  • Speaker #0

    En naviguant dans cette notion, j'entends aussi, d'énergie, donc de régénératif aussi pour soi-même et son énergie vitale.

  • Speaker #1

    Il y a son énergie vitale et à laquelle je suis très sensible. Dans le monde de l'impact, il y a beaucoup de gens qui la donnent à outrance. Et puis si tu veux, on peut parler de la deuxième partie.

  • Speaker #0

    Avec plaisir, je crois que c'est hisser les consciences.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc la deuxième partie pour moi, ce qui était indispensable, et c'est un petit peu l'erreur que je faisais au départ quand j'ai commencé à donner des conférences à des dirigeants, c'est que je me sentais prise de la mission en tant que scientifique de donner tous les faits justes de ce qui se passait. Et donc je passais beaucoup de temps à dire, alors la pollution c'est ça, il y a tel type de pollution, il faut regarder les tendances, ça augmente en fonction du PIB. Regardez, il y a le risque d'introduire des espèces. En fait, vous avez 1% de risque d'introduire une espèce qui ensuite devient invasive. Et au final, je perdais tout le monde avec mes graphiques. Alors qu'aujourd'hui, pour hisser les consciences, je travaille sur deux aspects. Le premier aspect, c'est l'aspect émotionnel, primordial, qui est, on dit, plutôt dans notre hémisphère droit. celui qu'on a complètement délaissé depuis la révolution scientifique, puis la révolution industrielle, puis la révolution verte pour nourrir tout le monde en défonçant les sols. Donc, hisser les consciences, pour moi, ça passe d'abord par l'émotionnel. Donc, en général, quand je suis en intervention, je me sers d'une vidéo que j'ai tournée quand j'étais en mission au Falklands, ou au Malouine, ça dépend à qui on demande. dans les colonies d'Albatros, là-bas, et où j'ai vécu trois mois en complète isolation. On était sept sur une île pendant trois mois. Et ce qui m'a frappée, en fait, et c'est ce que je montre dans cette vidéo, c'est le cycle de vie de l'Albatros, qui est très simple, puisqu'ils ne vont faire qu'un seul poussin tous les deux ans. Ils ont un nid dans une colonie où ils sont fidèles, et c'est en général la colonie où ils sont nés, dans laquelle ils reviennent. Après avoir passé les dix premières années de leur vie en mer, ils vont chercher un partenaire avec qui ils vont être fidèles à vie, parce que ça demande un équilibre fin entre les deux partenaires, puisqu'il y en a un qui reste sur le nid, gardé le poussin à bonne température, l'autre qui part en mer se nourrir, et ça peut durer trois semaines. Puis après, ils reviennent, ils échangent, et ils font cette danse de plus en plus rapidement, en fonction des besoins alimentaires du poussin. Et donc, dans la vidéo que je montre, tout le monde est émerveillé. Et en fait, cette âme d'enfant, on l'a tous, mais on la perd. On la perd parce qu'on devient trop sérieux sur toutes les choses qu'on doit faire dans nos vies. Et en fait, c'est très dommage. Moi, je suis partie aussi dans cette performance de vouloir faire plus qu'être. avec d'abord ma carrière scientifique, puis ma carrière de chef d'entreprise. Et là, maintenant que je reviens à une plus grande proximité avec la nature, je me rends compte à quel point mes sens s'éveillent. Mon ouïe, mon odorat, ma vue, même le goût. On habite dans les collines, j'ai tout le temps une branche de romarin dans la bouche quand je promène le chien. Ça fait partie de... Je passe tout le temps ma main quand il y a des herbes qui chatouillent. Même quand c'est en public, je passe tout le temps ma main dedans, juste pour le plaisir d'être en contact. Et ça, moi, ça m'apporte énormément. Et j'aimerais que chaque personne qui écoute ce podcast ou sur Terre puisse prendre ce temps-là, qu'elle ne trouve pas ça inutile.

  • Speaker #0

    Et je te rejoins tellement. Merci, Isse et les Consciences, invitées à s'émerveiller. Et s'émerveiller, ça passe par... pas par la tête, mais par les sens. Et donc, tu parlais de l'odorat, de la vue, du toucher. Merci de partager ça. Et donc, du coup, de la prise de hauteur par rapport à ce que le mental voudrait faire, performer, mais pouvoir être. Et puis, j'entends aussi que quand tu invites à hisser les consciences, à prendre de la hauteur, à être dans ses sens, j'entends aussi que c'est un moment de pleine présence, d'être présent au moment où on est à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Et après, on redescend en émotions. Donc là, on est dans des émotions, je n'aime pas dire positives, parce que ce n'est pas vrai, chaque émotion est utile, mais c'est l'émerveillement, la curiosité, l'intérêt, le rire même, il y en a qui rient en les voyant, la joie. Et puis après, je montre cinq images qui illustrent les cinq causes d'extinction de la biodiversité via le regard des albatrosses. La première image, vous l'avez peut-être vue, c'est ce poussin mort. rempli de plastique, de briquets, de toutes les couleurs qui sont apparues quand son ventre s'est ouvert, en se dégradant sur le sol. Donc on voit des filets de pêche, des tongs, etc. La deuxième image, c'est un poussin d'Albatros qui est recouvert de neige, parce qu'il y a eu une vague de froid, un événement extrême, qui fait qu'aucun poussin ne peut survivre de la colonie entière dans ces conditions. Le troisième, c'est... Un poussin albatros qui est dans un habitat qui est complètement érodé, donc il n'y a plus du tout de végétation, donc il n'a plus de nid, il peut tomber de son nid qui forme comme une cuvette jusqu'à un mètre de haut, où l'œuf peut rouler, se casser, et donc il est complètement sujet aux éléments à cause de la dégradation de son habitat. La quatrième, c'est un jeune albatros qui est censé s'envoler de la colonie, mais il s'est fait manger vivant par des souris. qui ont été introduites involontairement sur les îles où ils nichent. Et comme ils n'ont pas évolué avec des prédateurs, ils ne savent pas s'en débarrasser. Les souris, c'est très malin. Et la cinquième, c'est une image d'un albatros qui flotte dans la mer, mort, accroché à un hameçon de palangrier pour pêcher le thon à la base. Et donc voilà, c'est la surexploitation des espèces, notamment dans le milieu marin, où on pêche en s'imaginant que c'est des ressources infinies. Et là, on en voit le goût. Donc, voilà les cinq causes d'extinction de la biodiversité. Et elles sont illustrées à travers le regard des albatrosses. Et pour moi, il n'y a pas de peur, il n'y a pas de problème à prendre ce temps pour discuter de ce qu'on ressent par rapport à tout ça. Et ce qu'on ressent, c'est souvent un cocktail. Et dans ce cocktail, les émotions... Déjà, je mets toujours une fleur des émotions à l'écran, avec 24 émotions, parce que les gens disent ça va bien, ça va pas bien mais ils n'ont pas le vocabulaire. On a perdu le vocabulaire pour s'exprimer finement sur ce qu'on ressent tellement on ne s'écoute pas. Et donc, on se rend compte au final, en creusant un petit peu, en laissant du blanc, que tu peux avoir de la colère, mais en fait, de l'intérêt, que tu peux avoir du dégoût.

  • Speaker #0

    mais de l'optimisme, que tu peux avoir une forme de vigilance ou d'anticipation qui naît de tout ça, et en même temps, être immobilisé parce que tu ne sais pas ce que tu peux faire. Et c'est là qu'on rentre dans la deuxième partie des consciences plus rationnelles, plutôt hémisphère gauche, où là, je leur dis, en fait, c'est très simple. Vu qu'il y a cinq causes d'extinction de la biodiversité, et ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'IPBES, c'est l'équivalent du GIEC, mais pour la biodiversité. et les services écosystémiques, donc tout ce qui permet à la Terre de nous amener tout ce dont on a besoin pour faire société et pour vivre nos vies telles qu'on les a conçues, ça fait un pentagone. Et au centre de ce pentagone, il y a un point qui est notre objectif, individuel et collectif, de réduction d'empreintes environnementales. Donc on ne parle plus que d'empreintes carbone, c'est une grosse erreur de croire qu'il n'y a que le changement climatique qui est problématique aujourd'hui, c'est faux. Il y a en réalité cinq causes d'extinction de la biodiversité en tout et qui font qu'on rentre dans la sixième crise d'extinction de la biodiversité après celle des dinosaures, il y a 65 millions d'années. Donc là, il y a un risque, non pas pour la planète, la planète n'a pas besoin d'être sauvée, par contre il y a un risque existentiel pour l'espèce humaine qui pourrait très bien faire partie des peut-être 90% d'espèces qui sont vouées à disparaître pendant cette phase-là. Donc au final, est-ce que je suis optimiste ? Je reste lucide et réaliste, c'est-à-dire qu'il y a déjà eu des extinctions de masse de la biodiversité où 90% des espèces disparaissent, et sur des échelles de temps géologiques, donc de 100 000 ans, 1 million d'années s'il le faut, ça remonte toujours, parce que la vie, par définition, elle a cette niaque. Par contre, est-ce que l'espèce humaine est en capacité de passer ce cap-là ? Eh bien, c'est ça. C'est cette question-là à laquelle on doit répondre maintenant.

  • Speaker #1

    Donc là, on est toujours, on est d'accord dans cet deuxième aspect de la boussole, avec l'invitation à s'émerveiller, à la curiosité, au rire, par le biais d'une petite vidéo que tu partages. Et puis après, à prendre conscience de tous les phénomènes d'extinction et de pouvoir émotionnellement naviguer à la fois dans ces émotions positives et ces émotions qui peuvent être de l'ordre de la peur, du dégoût, du rejet, mais du coup de pouvoir agir en conscience de ça, de ne pas rester figé dans des émotions qui peuvent être un petit peu paralysantes par moment.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et justement, pour agir, ce pentagone, pour moi, il est primordial. C'est-à-dire que déjà, si on réfléchit que en changement climatique et en CO2, on ne peut pas y arriver parce que la plupart des mesures gouvernementales, notamment, qui sont prises pour réduire l'empreinte CO2 de la France, en fait, elles ont un effet négatif sur les autres causes d'extinction. Par exemple, quand on nous incite à changer tout notre parc de voitures pour passer à l'électrique, on dit que ça va baisser l'empreinte carbone certes à l'usage parce que nous, on a une énergie à 70% décarbonée en France. Enfin, décarbonés encore. C'est du radioactif, ce qui crée d'autres problématiques. Mais le fait même de construire plein de nouvelles voitures, ça a un coût énorme pour la biodiversité, puisque c'est des habitats qui vont être dégradés, certes, pas chez nous, pour aller chercher le métaux qui constitue ces voitures, pour aller chercher les minerais rares, pour aller les transporter, pour faire chauffer. toute l'énergie qu'il faut pour faire chauffer le métal et le mettre dans la bonne forme. On ne se rend pas compte du coût environnemental de tout ça. Et nous, on se dit, une voiture électrique, c'est bien joli, ça arrive chez moi. Alors qu'en fait, ce n'est pas une solution si simple qui pourra marcher. On est dans un problème très complexe. Et donc, il y a une complexité de solution. On ne peut pas faire la même chose avec juste quelque chose d'un petit peu différent. Il nous faut des voitures dans un autre fonctionnement, des voitures… plutôt en partage des voitures que quand on en a besoin. Et ça, ça va être difficile quand même de convaincre les gens. Moi, je trouve que quand on ne réfléchit pas dans ce pentagone, déjà, on prend des décisions qui sont contre-productives. Et en plus, on rentre très vite dans des débats stériles en disant Oui, mais de toute façon, si tu fais ça, c'est pire. Et puis, si tu envoies une lettre par la poste ou si tu envoies un email, en fait, c'est pire. Non, ça dépend sur quels paramètres tu regardes. Si tu as un sapin de Noël en plastique versus un sapin de Noël que tu... tu coupes, en fait, celui que tu as coupé, c'est pire. Ça dépend, parce qu'il y en a un qui joue sur dégradation des habitats, l'autre qui joue sur pollution plastique et transport depuis la Chine. Donc, en fait, c'est des paramètres différents. Donc, arrêtons de nous engueuler, de ne pas s'écouter, de culpabiliser soi-même ou de culpabiliser l'autre. L'important, c'est d'essayer d'être consciente de cette complexité et de se mettre en chemin par ce qui est, en commençant, par ce qui est le plus facile pour nous. Par exemple, pour moi, arrêter de prendre l'avion pour mon travail, c'est compliqué. Ce n'est pas ma priorité. Par contre, je passe ma vie professionnelle à sensibiliser les gens sur ces sujets. J'essaye de manger le plus local possible, de prendre la voiture le moins possible. Et c'est des choses pour lesquelles, moi, j'avance. Je n'ai plus de poubelle dans la salle de bain. Je n'ai plus rien de jetable. Je n'ai quasiment rien de jetable dans la cuisine non plus. Et on s'organise au maximum pour réduire notre empreinte, là où c'est le plus simple, le plus économique et le plus facile pour commencer. Et après, on peut complexifier de plus en plus, au fur et à mesure que la société sera de plus en plus prête à faire des efforts de plus en plus forts. Ça ne veut pas dire faire des sacrifices. Pour moi, et c'est là que je suis optimiste, c'est que le monde d'après, en fait, il sera mieux.

  • Speaker #1

    Et alors, si on retourne justement dans ta boussole, Donc merci de mettre vraiment ce focus sur l'importance de pouvoir considérer cette complexité et d'inviter à la coopération en fonction de qui on est. Et que ce monde d'après, c'est un monde qui sera plus juste. Et si on revient à la boussole, parce que du coup, on a parlé de naviguer les paradoxes, ici c'est les consciences.

  • Speaker #0

    Le troisième cap, c'est surmonter les écueils. Parce qu'il y en aura forcément. Et pour moi, il y a deux types d'écueils. Les écueils qui sont à l'intérieur de nous et les écueils qui sont à l'extérieur de nous, sur lesquels on a tendance à se... à rejeter la faute quasiment en permanence. Donc déjà, à l'intérieur de nous, c'est tout ce dont on a parlé un petit peu en introduction. C'est qui je suis, d'où je viens, comment je me sens vraiment. Est-ce que je suis alignée entre les valeurs qui sont essentielles pour moi et ce que j'ai envie d'apporter au monde, ma mission de vie ? Est-ce que dans mon activité professionnelle, je fais des choses avec lesquelles je suis en accord ? Est-ce que je gagne ma vie correctement grâce à ça ? Est-ce que j'ai une utilité suffisante par rapport à mon ambition ? Et toutes ces questions-là, s'il y a un truc qui ne tourne pas rond, qui n'est pas aligné, comme les ailes d'un albatros par rapport à un goéland, souvent les gens confondent. Un albatros, quand tu le vois de face, qu'il est en train de voler, c'est une ligne hyper fine, avec un regard déterminé, je ne te dis pas. Donc, pour moi, cet alignement, il est fondamental pour... pouvoir avoir les pieds bien ancrés sur Terre et ensuite s'adresser aux vrais problèmes, donc dans ce pentagone. Dans la deuxième partie, quand on a tendance à rejeter la faute sur les autres, il y a un élément décisif que j'apporte, c'est qu'en réalité, la population humaine n'est plus en croissance exponentielle depuis les années 70. Et elle est même en train de complètement... Ah, il y a mon chien qui me lèche. Elle est... La population humaine est en train de complètement se stabiliser. En Europe, elle est stable depuis un petit moment, puisque la transition démographique a été faite en début du XXe siècle. En Amérique aussi. En Asie, elle est quasiment faite, puisque les gros mastodontes de la Chine et l'Inde sont aujourd'hui autour de deux enfants par couple, en moyenne. Et l'Afrique, elle bouge très vite. Donc l'essentiel de la croissance démographique humaine va être en Afrique. jusqu'à la fin du siècle. Et ensuite, il y a deux modèles qui s'opposent. Le modèle de projection de l'ONU, qui nous dit qu'on passerait la barre des 10 milliards d'ici 2060, sachant qu'on a passé la barre des 8 milliards il y a un ou deux ans. Et le modèle de HSBC, qui projette le déclin de la fécondité humaine, volontaire ou involontaire, sur les 30 dernières années, et le projette d'ici 2100. Et ce modèle-là nous dit... qu'on pourrait être au pic maximal de la population humaine seulement dans 15 ans, maximal de l'histoire, de l'histoire de la planète. Et que ça redescendrait, sans qu'on se tape sur la gueule, dans le cas le plus extrême, à seulement 5 milliards d'individus sur la planète d'ici 2100. Et quand tu vois la courbe, tu vois ce pic en 2040, tu te dis mais waouh ! Et en fait... Une fois que la population humaine diminue, ce qui n'est pas très loin de nous, peu importe le modèle, une fois que la population humaine diminue, on ne peut plus parler de croissance. Ça devient juste incohérent. À la limite, tu parles de croissance des savoirs, de croissance des services, de croissance de l'émerveillement. Mais il n'y a plus de raison de parler de croissance économique, puisque la population est stable. Donc à partir de là, tu peux travailler sur arrêter de rejeter la faute sur les autres et construire vraiment le monde. de post-croissance, comme le dit Timothée Parry, que si bien. Le but du jeu, à ce moment-là... c'est d'inventer, je disais, le monde de demain pour qu'on construise ensemble. Et là, je me sers de différentes notions. On parle souvent du triangle de l'inaction entre les citoyens, les politiques, les entreprises qui se rejettent la balle, etc. Mais en fait, on est dans la même équipe. Pareil, il y a un autre concept qui s'appelle le dilemme du prisonnier où souvent les entreprises, elles ont peur de prendre des actions suffisamment révolutionnaires pour pouvoir... suffisamment profondes, régénératives même, de transition, parce qu'elles ont peur de perdre des parts de marché, en tout cas à court terme, puisque les intérêts économiques des actionnaires, ils sont à court terme. Alors qu'en fait, si elles s'allient à leur concurrence, qui ont exactement les mêmes problématiques sociales et environnementales qu'elles, et de clientèle, et de réputation, et de recrutement, il suffit juste de chercher les solutions ensemble et de les appliquer ensemble. Et ça résout le problème aussi. Donc, il y a plein de trucs comme ça qui sont en train de bouger. la tragédie des communs, qui en fait n'en est pas une. Il y a un peu une nouvelle d'économie qui a montré qu'on pouvait très bien gérer des biens communs sans conflit majeur, sans personnes qui trichent et qui pompent la ressource des autres à leur place. Et donc, il y a besoin de se parler. Il y a vraiment besoin de se parler, de se mettre d'accord. Parce que dans une colonie d'Albatros, ils vivent toujours en colonie, bien que ce soit des animaux assez solitaires en mer. Et le but du jeu, ce n'est pas... de savoir qui va avoir le plus beau nid ou qui va avoir le plus beau poussin. C'est de réussir ensemble, en fait. Donc, il y a tout un travail à faire sur la sociodynamique des projets de transition. C'est de pouvoir s'appuyer sur des alliés, de ne pas passer toute son énergie à convaincre des opposants, mais de s'appuyer sur ce qui marche. Et c'est en ça que je prône aussi l'optimisme, c'est-à-dire de voir le verre à moitié plein en s'appuyant, en mettant son énergie et son temps, surtout. sur ce qui marche.

  • Speaker #1

    Et merci d'en faire une belle démonstration, en tout cas. Et donc, effectivement, surmonter les écueils, que ce soit à l'intérieur et à l'extérieur, à l'intérieur par un certain travail sur soi qui est possible, qui est accessible, quel que soit l'endroit d'où on vienne. Et à l'extérieur, avec la force de tes exemples, à considérer ce qui peut paraître comme un paradoxe et qui n'en est pas.

  • Speaker #0

    C'est ça. On se complique un peu la vie, en fait.

  • Speaker #1

    Merci. Et alors du coup, ce quatrième axe ?

  • Speaker #0

    Et bien voilà, on arrive au quatrième, qui est éclat dans son envergure. Et donc, qu'est-ce que c'est l'envergure ? Déjà, l'albatros. Imaginez, combien tu mesures toi, Stéphanie ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je mesure 1m67.

  • Speaker #0

    Voilà, donc quand tu étends tes bras, normalement, tu mesures aussi 1m67 d'envergure. Donc, je me suis beaucoup posé cette question, qu'est-ce que ça peut être un leader d'envergure ? Et donc, il y a différents aspects sur lesquels on peut travailler en tant que dirigeant d'entreprise à ce moment-là. La première chose, où est-ce qu'on veut aller ? Et il y a une scientifique que j'aime beaucoup qui s'appelle Donella Meadows qui a montré qu'on a tendance, avec notre cerveau rationnel qu'on a mis en exergue trop, à vouloir tout de suite passer à l'action quand on a une urgence typiquement climatique. Alors qu'en fait, la première chose à faire, c'est d'envisager le monde qui nous donne envie. C'est-à-dire de se dire, bon, OK, le monde actuel ne fonctionne plus. Et la preuve ultime, ce n'est pas forcément les inégalités ou la dégradation de l'environnement, parce que ça, les gens n'entendent pas. C'est, par exemple, la chute de l'espérance de vie aux États-Unis en ce moment, qui ont toujours cinq ans d'avance sur le reste du monde. Donc là, ça nous montre vraiment qu'on est au bout du système. Et qu'est-ce que c'est alors le système, le paradigme qui nous donne vraiment envie ? Là, il faut s'autoriser à avoir une vision, je dirais même utopique, une vision pour laquelle on ne se met aucune limite et qui nous permet de s'imaginer l'entreprise idéale qui fonctionnerait en totale harmonie avec la nature, avec des gens qui sont libres de venir travailler s'ils en ont envie, qui fonctionnerait avec très peu de jours de travail puisqu'en fait, on cultiverait tous la terre en parallèle. Là, je te parle un peu de mon rêve à moi.

  • Speaker #1

    Mais j'aime bien que tu nous parles de ton rêve à toi.

  • Speaker #0

    Mais donc voilà, s'autoriser sans se mettre aucun oui-mais. Je ne supporte plus le oui-mais, tu sais, de quelqu'un qui te casse ton rêve tout le temps. Donc, je pense qu'on devrait s'autoriser à rêver. Et c'est en ça que notre âme d'enfant, elle est essentielle. Donc déjà, pour avoir une vision, et cette vision, idéalement, il faut qu'elle se situe dans le donut. Le donut, la théorie de l'économie du donut. qui dit qu'il faut qu'on reste en dessous des limites planétaires. Et on en a 7 sur 9 qui sont dépassées à cette étape. Et au-dessus d'un plancher social, puisque la transition écologique ne peut pas se faire sans transition sociale. en même temps. Tu ne peux pas en vouloir à des gens de migrer parce qu'ils n'ont plus rien à manger et fermer les barrières de chez toi. Ce n'est pas possible parce que bientôt, c'est nous qui allons devoir bouger. Ça ne peut pas marcher. Il y a une vision qui doit s'établir dans le donut. Ensuite, le monde tel qu'il arrive maintenant, il est vu-cas. C'est-à-dire qu'on a beaucoup... Alors, c'est vulnérable... Ce n'est pas vulnérabilité levée.

  • Speaker #1

    C'est volatile.

  • Speaker #0

    Ah oui, volatile. Merci. On a beaucoup de volatilité, d'incertitude, de complexité et d'ambiguïté. C'est-à-dire que ce n'est plus du tout stable et infini comme on a pu le concevoir par le passé. Donc, dans un monde VUCA, le leadership n'est pas pyramidal, il n'est pas directif. Il peut l'être en phase d'urgence à court terme, mais il ne peut pas fonctionner sur ce modèle-là. Dans une problématique aussi complexe, on ne peut avoir que, comme je le disais tout à l'heure, que de l'intelligence collective. qui trouvent des solutions. Et c'est des solutions, ce n'est pas une solution. Donc le leader, il se doit d'être vulnérable et authentique. Il ne peut pas avoir un masque où il prétend ne pas avoir d'émotion, où il prétend savoir et où il fait semblant de ne pas avoir peur. Ce n'est pas possible en fait. Donc ce mode de leadership-là, il doit être authentique et vulnérable et montrer du courage. Et le courage, c'est aussi savoir dire je ne sais pas venez, on réfléchit ensemble. Donc, aller vers des systèmes de gouvernance qui sont beaucoup plus horizontaux, que ce soit au sein des comités d'administration des boîtes, où j'essaye de siéger aujourd'hui en ayant passé une certification. C'est un de mes objectifs aussi en tant que scientifique, femme et spécialiste de l'environnement.

  • Speaker #1

    Et merci pour ça.

  • Speaker #0

    J'essaye, j'essaye. Et ça commence à s'ouvrir, tu vois, pour faire entrer des administrateurs indépendants qui n'ont pas d'intérêt financier, mais qui sont là pour, qui ont un mandat pour la pérennité. financière de l'entreprise, mais aussi pour sa pérennité sociale et environnementale. Ça va aussi vers, et c'est ça que je dis aux dirigeants, vers plus d'influence. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, je m'adresse essentiellement à des personnes qui ont du pouvoir, du pouvoir de contrôle, qui sont cultivées, qui ont envie de contribuer au changement. Donc tous ces chefs d'entreprise, c'est des personnes qui prennent des risques pour créer des emplois dans la société. Donc oui, ils ont le salaire en conséquence, mais ils ont aussi beaucoup de risques, beaucoup de responsabilités et ils ont beaucoup de préoccupations. Et ces préoccupations, elles prennent énormément, encore une fois, d'énergie. Alors, ils ont du contrôle, ils ont des préoccupations, mais entre les deux, il y a un cercle d'influence qui est à faire grandir au maximum pour pouvoir donner envie à l'autre d'aller dans sa bonne direction aussi, qui n'est pas forcément la même, mais qui a peut-être une vision commune. L'influence, pour moi, elle grandit quand on met les autres en avant, quand on montre sa vulnérabilité, quand on fait du storytelling, qu'on montre l'exemple, qu'on communique en interne sur le pourquoi on fait ce qu'on fait, sur où est-ce qu'on rêve d'aller, et qu'on le fait aussi savoir en externe, sans avoir peur d'être taxé de greenwashing, parce qu'en fait, on est en mouvement. Et le mouvement vers l'extérieur du Pentagone, vers le centre du Pentagone, il va prendre du temps. Et il y en a qui partent de plus ou moins loin. Mais c'est justement ceux qui partent de loin qu'il faut encourager le plus. Il ne faut pas juste leur lancer la pierre, il faut les encourager à bouger. Donc moi, je suis pour créer des ponts entre des mondes qui ne se parlent pas, notamment le monde des entreprises pollueuses et des activistes qui vont les rejeter directement. Moi, je me positionne un petit peu au centre.

  • Speaker #1

    Tu fais du lien.

  • Speaker #0

    Je veux créer du lien. Et pour moi, c'est ça, le leadership d'envergure. C'est quelqu'un qui va se mettre là où, par rapport à sa façon d'être, il est le plus utile. Et il va prendre la place. Et il va prendre le vent. Et il va sauter dans le vide. Parce que c'est ça qui va faire avancer le système avec sa propre façon de voir les choses, sa vision unique.

  • Speaker #1

    Il va vers son rêve unique, avec, tu disais, toute sa vulnérabilité, son authenticité, son courage. Il a conscience du donut, des limites planétaires, des planchers sociaux. Et il fait ce mouvement vers l'extérieur pour sortir du pentagone. Et toi, tu rajoutes, et puis plus il vient de loin, finalement, et plus il est encourageant pour tout le monde. Et de là, tu nous dis, et moi, j'aime ça, faire le lien aussi entre ceux qui viennent de très loin, qui ont peut-être encore beaucoup, beaucoup à faire, mais pour inspirer et montrer que c'est possible.

  • Speaker #0

    C'est ça, et réinventer. et réinventer les choses différemment. pour qu'on soit bien. Parce qu'au final, de toute façon, si la Terre est un organisme vivant, comme le dit l'hypothèse Gaïa, qui est le prénom de ma fille, elle nous régulera tout seul. Donc, il va y avoir, de par la non-considération de l'environnement qu'on a faite, il va y avoir une sélection naturelle des entreprises de toute manière. C'est-à-dire que, moi, dans mon rêve, typiquement, Coca-Cola ne sert plus à rien. Ça ne sert à rien de boire un soda. Il faudrait avoir accès à de l'eau de bonne qualité et ça suffit. Donc, il y a certains business qui vont disparaître. Les avions low cost, les trucs jetables, ça n'a pas lieu d'être dans le monde de demain parce qu'on va repenser complètement notre façon d'utiliser la ressource puisqu'elle va manquer. Donc, autant le leader d'envergure, il choisit de faire ça avant d'avoir la contrainte qui lui sera imposée. Et j'espère que ceux qui choisissent, ils soient mieux.

  • Speaker #1

    Le leader d'envergure, il anticipe ce qu'il a à faire plutôt que d'être contraint à faire les choses. Et toi, tu les aides, tu nous aides.

  • Speaker #0

    J'essaye, j'essaye en tout cas. Il y a des jours où je suis un peu moins optimiste.

  • Speaker #1

    Et comme tout est interrelié dans ce vivant et dans la magie du vivant, il y a aussi quelque chose qui prend forme assez naturellement. Et c'est à cet endroit-là, moi, où j'entends beaucoup d'optimisme chez toi. On arrive vers la fin de cette interview. J'ai envie de... te proposer un petit voyage. Est-ce que tu serais d'accord pour un petit voyage de quelques minutes ?

  • Speaker #0

    Oui, je prends ma boussole ou pas ?

  • Speaker #1

    Tu prends toute ta boussole avec toi, tous tes rêves. Et je te propose de t'asseoir ou de rester debout, mais de pouvoir fermer les yeux.

  • Speaker #0

    C'est bon, c'est fait.

  • Speaker #1

    De pouvoir mettre les mains sur ton cœur, de prendre une grande inspiration. Alors, tu nous as beaucoup parlé de tes rêves et là, je te propose de voyager en 2035. Et là, comme ça vient, en 2035, c'est quoi qui fait battre ton cœur ?

  • Speaker #0

    La première image qui m'est venue, c'est des gens qui sourient, des gens qui sont dehors, plein de générations différentes, qui sont ensemble et qui construisent des trucs. Moi, c'est ça mon rêve. C'est qu'on arrive à se parler et qu'on arrête de faire tous la même chose sur des petits terrains qui nous appartiennent et qu'on fasse des choses ensemble sur des grands terrains qui appartiennent à eux. à personne ou à tout le monde ou à la nature.

  • Speaker #1

    Et avec le sourire. Merci, Déborah. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

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Description

Déborah Pardo est docteure en écologie des populations, spécialiste de l'Albatros. Après 8 années dans la recherche, elle prend la voie de l’entreprenariat à impact en développant des programmes de leadership.  
Déborah est convaincue que chaque personne peut étendre son envergure tel un albatros, elle en a développé une méthode, La boussole des Leaders d'Envergure.  Une méthode pour un leadership au service de Soi et du vivant ! 

Dans cet épisode, Déborah nous raconte son héritage familial, son parcours, les étapes de vie qui ont jalonné ses choix, ceux-là même qui l'ont amenée à être qui elle est. 

Elle prône l'émerveillement qui peut nous reconnecter à notre âme d'enfant, notre meilleur allié pour s'extraire d'une actualité pas toujours simple, et même franchement complexe.   

C'est depuis cet espace, qu'elle nous invite à la voie de l’optimisme, à l'audace aussi, car l’envie vient de l’inspiration et non de la peur. Nous en avons besoin pour co-contruire un monde plus juste et plus sûr. Ce qui n'empêche pas d'être réaliste et objectif. 

Si Déborah est positive et enthousiaste, elle ne porte pas moins un regard pragmatique sur le chemin qu'elle nous invite à prendre et la méthode pour un Leadership d'Envergure qu'elle propose est très concrète. 


Déborah nous détaille dans cet épisode, les 4 caps de la Boussole des Leaders d'Envergure  : 

  • Naviguer les paradoxes  :  apprendre à être vigilant par rapport au négativisme, car les extrêmes font beaucoup de bruit. Prendre de la hauteur comme les albatros. 

  • Hisser les consciences : pouvoir naviguer dans ses émotions, se reconnecter à ce qui nous émerveille et aussi à ce qui est plus complexe, sans binarité du bien et du mal.

  • Surmonter les écueils : s'aligner avec soi, être dans son axe tel l'albatros, sans oublier d'avoir les pieds bien ancrés. Ne pas rejeter la faute à l'extérieur, et pouvoir avancer en intelligence collective

  • Étendre son envergure : avoir une vision même utopique, sans limite, de ce qui nous donne enVie, en harmonie avec la nature. Ne pas oublier d'être avant de faire pour mieux faire ensuite. 

Un.e leader d'Envergure donc. Oui ! 

Ce leader est vulnérable et authentique, il est curieux et courageux. Il sait prendre de la hauteur, rester aligné à ce qui est, à sa vision, à la complexité, à la non binarité. Il sait là où sont ses forces et à quoi il est utile, il crée du lien et sait embarquer. 


Qu'est ce que serait une société où chacun.e a la possibilité de se déployer en conscience de notre interdépendance aux uns, aux autres, au vivant ? 

Je vous invite à écouter cet épisode sans plus attendre, il se pourrait bien, que tel un albatros vous ayez envie de vous déployer !

Déborah vous le dit, le monde de demain est plus juste, et en plus les gens sourient ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, je suis Stéphanie Pelleret-Delga. Vous écoutez le podcast Sois.Vis.Aime. Oser un leadership authentique et inspirant, au service de soi, des autres, de son écosystème et du vivant. Tous les mois, je reçois des dirigeantes, dirigeants, experts, expertes. entrepreneurs, entrepreneuses qui ont fait ce chemin entre vulnérabilité et puissance, qui ouvrent leur cœur et partagent leurs expériences professionnelles et plus personnelles. Par leur parcours et personnalité, ils, elles, sèment des graines sources d'inspiration. Et vous, quelles graines avez-vous envie de semer ? Quel leadership souhaitez-vous incarner ? À mon micro, aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Déborah Pardot. Hello Déborah !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Merci d'avoir accepté mon invitation dans Sois, Vie, Aime. Cette interview se fait à distance et j'ai envie de te proposer de nous décrire dans quel endroit tu te trouves en ce moment.

  • Speaker #1

    Alors, je suis chez moi, sous un pain parasol, où je suis en train d'observer une mésange huppée. qui se nourrit. Donc, il fait très beau, alors que ça fait une semaine qu'on a de la pluie à Marseille. Donc, tout va bien. Je suis bien.

  • Speaker #0

    Merci de nous partager cette vue de la Mésange et du beau temps. Alors, Déborah, t'es originaire et basée à Marseille. Tu es une exploratrice de la vie. Tu es docteur en écologie des populations, spécialiste de l'Albatros. Tu as passé des mois dans les colonies d'Albatros en Antarctique. Après huit années dans la recherche, tu prends la voie de l'entrepreneuriat à impact en développant des programmes de leadership. Tu es convaincu que chaque personne peut étendre son envergure tel un albatros, le plus grand oiseau du monde, à condition de se remettre en question et se donner les moyens de vraiment comprendre la complexité des enjeux qui nous entourent. Tu es aussi maman de deux enfants. Tu as été élue top 20 des femmes innovantes par la tribune en 2017. Tu as été admise à la Société des explorateurs français et passes toujours une partie de l'année en expédition en mer. Aujourd'hui, mobiliser les dirigeants, dirigeants à maximiser leur leadership environnemental, est une de tes priorités. Et comme dans ton parcours entrepreneurial, tu as managé une équipe de 20 personnes, via notamment l'association Earthship Sister, tu as aussi cette capacité à te mettre dans les chaussures de ces dirigeants, dirigeants. et de comprendre ses différentes complexités. Tu as une approche à la fois scientifique, tu aimes la précision des faits, et tu es résolument optimiste. Tu as une curiosité insatiable et une énergie incroyable. Je te vois pétillante. Dans le livre de Céline Steyer, Nouvelles héroïnes, paru chez Larousse, tu donnes trois conseils aux enfants. Connais-toi et fais-toi confiance. Émerveille-toi à tout âge. Entoure-toi. des personnes qui te tirent vers le haut. Si tu devais décliner, Déborah, aujourd'hui, ces trois conseils aux leaders, tu aurais envie de leur dire quoi ?

  • Speaker #1

    C'est marrant comme question. J'aurais envie de leur dire exactement la même chose. Je ne fais pas de différence, en fait, avec les enfants. Oui. Puisque même, à la limite, c'est presque notre âme d'enfant qui peut nous sortir de la situation de destruction de la société et de l'environnement dans lequel on est.

  • Speaker #0

    Et cette âme d'enfant, donc le fait avec cette âme d'enfant de mieux se connaître, de nous faire confiance, si on reprend ce premier conseil.

  • Speaker #1

    De s'émerveiller au quotidien, comme je suis en train de le faire là. Et puis de s'entourer des personnes qui nous tirent vers le haut. Je trouve qu'en ce moment, l'ambiance est assez lourde dans la société. Sans mettre des gens de côté non plus, mais il y a vraiment un besoin, je trouve, de s'entourer de personnes qui nous tirent vers le haut et pas de rester avec des personnes qui nous emportent dans des directions dont on n'a pas envie.

  • Speaker #0

    Et alors pour toi, comment tu sais que quelqu'un te tire vers le haut ou pas ?

  • Speaker #1

    Ah, c'est une très bonne question. Je pense qu'il y a une intuition, il y a un ressenti dans le corps. Et puis c'est énorme. En fait, c'est une envie d'être avec cette personne. Tu sens une envie, donc tu sens une attirance, une excitation, pas au sens... au sens professionnel, quelque chose qui te donne envie de passer du temps avec cette personne que tu ne sais pas forcément expliquer des fois.

  • Speaker #0

    Je reprends les deux premiers conseils. Comment on fait pour bien se connaître ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est le travail d'une vie. Et puis même dans une vie bien avancée, on ne le saura jamais. Mais en même temps, j'ai commencé à faire un petit peu de ce qu'on appelle le développement personnel tard au final. J'ai commencé quand j'avais à peu près la trentaine. J'ai été recrutée dans un programme de leadership spécifique pour les femmes scientifiques. C'est un programme qui venait d'Australie et qui avait pour vocation de former 60 000 femmes scientifiques en 10 ans à changer le monde. Et sur le coup, je me suis dit que ça peut être très intéressant de suivre ça, mais je n'avais pas compris que c'était notamment un programme de développement personnel. Et j'ai fait mes premiers tests, mes premiers coachings. À ce moment-là, et je pense que ça passe par là, en fait, c'est faire des tests, c'est être accompagné par des professionnels, comme toi, qui nous permettent d'interpréter ces tests en fonction de ce qu'on vit dans notre vie, notamment d'aller chercher pourquoi des moments douloureux, ils sont douloureux. C'est aller creuser un peu, quoi. Et c'est surtout être honnête avec soi-même. C'est-à-dire essayer de ne pas être dans le déni par rapport à nos faiblesses. Et aussi ne pas être dans la réserve trop quand on manque d'estime de soi, par exemple, de ne pas reconnaître ses forces. Donc il y a plusieurs éléments à prendre en compte, que j'incite d'ailleurs les dirigeants à faire. C'est regarder d'où on vient, son histoire de famille et quelles sont les valeurs qui sont héritées de cette histoire de famille. Qu'on fasse l'inverse de ce qu'on a appris ou qu'on fasse la même chose. Quels sont les éléments décisifs ? qui ont eu lieu dans notre vie. Et moi, j'en ai eu plusieurs, notamment ce programme pour les femmes scientifiques qui culminait avec la plus grande expédition féminine de l'histoire en Antarctique. Ça, c'était en 2016. Donc depuis, j'ai parcouru du chemin encore. Et puis aussi, qu'est-ce qui sont nos forces ? C'est-à-dire les choses sur lesquelles on sait qu'on peut s'appuyer et au final, ne pas chercher forcément à développer ses faiblesses, mais s'appuyer sur nos forces et s'entourer des personnes. pour qu'il nous faiblesse sans défense.

  • Speaker #0

    Merci, merci beaucoup. Est-ce que tu voudrais bien nous partager un petit peu ce qui t'a amené aujourd'hui justement à intervenir, à faire des conférences, à pouvoir donner des moments vraiment d'inspiration, notamment pour les leaders et en lien aussi avec l'écologie ? C'est quoi un peu dans ton histoire de vie ce qui t'a amené à être là où tu es aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un petit peu ce que je voulais dire sur les moments décisifs. L'histoire de la famille, c'est comme ça que j'ai fonctionné pour moi. Moi, je viens d'une famille qui a été déracinée d'Afrique du Nord. Du côté de mon père, ils ont eu une semaine pour quitter l'Égypte, quand mon père avait deux ans. Et du côté de ma mère, ils ont pris la décision de quitter l'Algérie, où ma mère était née, parce que ça devenait trop dangereux. Et donc, ils sont arrivés, pareil, quand elle avait cinq ans, à Marseille, dans les quartiers nord, où ils se sont rencontrés. Ils sont repartis à zéro de leur vie. Donc, eux, ils ont manqué de beaucoup de choses dont nous, on n'a pas manqué, en fait, avec mon frère, parce qu'ils se sont démenés pour qu'on soit bien. Et donc, déjà, il y a ces bases d'indépendance de la famille par rapport au système. Ils se sont réinventés complètement. Il y a des bases d'optimisme, puisqu'ils ont... Ils n'ont jamais perdu espoir qu'ils allaient réussir à s'en sortir. Et c'est grâce au fait d'y croire qu'ils s'en sont sortis, je pense. Et il y a une base aussi de respect très forte. C'est trois des valeurs très fortes qui m'ont inculquée, avec en plus un aspect sur la curiosité que je garde toujours en tête, qui m'ont transmise. Et donc, c'est cette curiosité qui a fait que moi, j'ai tout de suite été... très attirée par le monde du vivant. Dans le jardin de mes grands-parents, à fouiner avec les insectes, les plantes, fabriquer des trucs, creuser, regarder les comportements. J'étais fascinée par les interactions entre les êtres vivants et l'environnement. Et au final, c'est ça la définition de l'écologie. Donc moi, ça a été mon premier grand déclic, cette découverte des interactions entre les êtres vivants qu'il y a autour de nous. Et donc, comme j'étais fascinée par les animaux, tout le monde m'a dit Fais vétérinaire Ça a été mon deuxième grand déclic. Je me retrouve pendant une semaine en quatrième dans un cabinet et ça ne me plaît pas du tout. Ça ne me plaît pas du tout parce que ce ne sont que des opérations chirurgicales, des trucs un peu violents. C'est de la gestion des patients humains. En fait, on gère les problèmes des humains à travers les animaux et ça ne me plaisait pas du tout. Moi, je voulais vraiment être dans le milieu naturel, travailler sur les animaux sauvages. personne n'était capable de me dire quel métier amener à faire ça, à part travailler dans un zoo qui n'est pas du tout ça non plus. Et c'est là que j'ai eu mon troisième déclic. Donc, rentrée en fac de bio, le premier été, je harcèle tous les laboratoires de recherche de Marseille pour faire des stages. Et on me propose un stage sur les oiseaux marins, la nuit, sur les falaises dans le parc national de Port-Croz. Et on y va en 4x4 CNRS avec la remorque, avec le Zodiac. On prend tout le matos sur le Zodiac. On part tout le temps jusque dans le Céphalès. Et ça a été une énorme claque pour moi. Je me suis dit, c'est ça que je veux faire, en fait. Vivre de l'aventure et de la science.

  • Speaker #0

    Merci. Dans ton histoire, déjà, tu parles de tes valeurs héritées, de ton héritage, notamment en termes de valeurs sur... Les valeurs d'optimisme, de respect, de curiosité. L'idée que dans tous les cas, on va s'en sortir. Cette curiosité est aussi associée, j'entends, à l'émerveillement quand tu joues dans le jardin de tes grands-parents. Ce premier stage en quatrième où finalement, les interactions humaines, alors que tu étais en stage chez un vétérinaire, elles sont peut-être plus complexes que toi. Ce que tu veux, c'est être vraiment avec les animaux dans leurs conditions naturelles. Et puis, à la fac, tu vas chercher des stages. Et là, je trouve. Et là, tu trouves. Et donc, là, tu deviens chercheuse.

  • Speaker #1

    Oui, ce n'était pas aussi fluide. Ce n'était pas aussi fluide, mais quasiment. Je continue de faire des stages, je me retrouve en Arctique. J'ai un jour un prof qui me fait une formation sur la démographie. Et là, j'ai encore un déclic. Je me dis, waouh, c'est ça que je veux faire. En fait, des statistiques appliquées à l'écologie, c'est-à-dire pouvoir, avec les outils qu'on a, de marquage des individus et de statistiques derrière, pouvoir comprendre pourquoi une population décline, quels sont les facteurs qui la font décliner, et donc donner des conseils aux organismes de conservation, aux dirigeants, sur limiter les causes d'extinction des espèces. Mais au final, quand je suis arrivée dans mon job de rêve, après ma thèse, pendant cinq ans à l'Institut Polaire Britannique, j'étais exactement là-dedans. Et les articles que j'ai pu publier, même s'ils étaient au plus haut niveau et que j'ai tout donné pour y arriver, ce qui se passait après, c'était très décevant. C'est-à-dire que les lobbies de la pêche industrielle continuent de ne pas changer leur pratique, qui attrape énormément d'albatros. La pollution plastique est toujours là et 99% des oiseaux marins en ont dans le corps. Le changement climatique décime. certaines années, tous les nouveaux individus des oiseaux marins, alors qu'ils sont sur des îles à l'autre bout de la planète, et ça ne change pas assez vite. On n'arrive pas à changer le côté de la courbe, il faudrait que ça aille dans l'autre sens.

  • Speaker #0

    Tu dis qu'on n'arrive pas à changer le côté de la courbe, et pour autant, toi, tu restes ultra optimiste. Est-ce que tu l'es aussi, par rapport à la population des albatros, ou non, pas nécessairement ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas si simple. On n'est pas optimiste ou on ne l'est pas. Oui,

  • Speaker #0

    tu as complètement raison.

  • Speaker #1

    Je pense que moi, j'ai un tempérament, de par les valeurs familiales aussi, optimiste. Ça ne veut pas dire que je pense que tout va bien, ni que tout va aller bien. Moi, quand je prône l'optimisme dans mon travail aujourd'hui de conférencière professionnelle, c'est pour dire que... Pour moi, il n'y a que la voie de l'optimisme qui va nous permettre de bouger. Si on continue dans la voie de l'anxiété, de la culpabilité, de la peur, de la colère, de la tristesse, du dégoût, de la déception, on ne peut pas arriver à bouger. C'était peut-être nécessaire pour nous faire comprendre qu'il y avait des changements de grande ampleur à faire. Mais pour se mettre aujourd'hui en mouvement, pour réinventer le monde de demain, ce n'est pas ça qu'il nous faut, c'est de l'optimisme, c'est du rêve, c'est du ressenti, c'est de la coopération, c'est de l'envie. Et l'envie, elle vient de l'inspiration, elle ne vient pas de la peur, ni de la tristesse, ni du dégoût. Ça, c'est des sentiments de rejet qui te font bouger vite dans une autre direction, mais pas construire un monde plus juste et plus sûr, en fait.

  • Speaker #0

    Et merci beaucoup, Déborah, effectivement, de donner envie d'inspirer. Et tu en as développé d'ailleurs une méthode. Tu es convaincue que s'inspirer ses oiseaux, ça peut aider à étendre son envergure, telle qu'eux le font. Est-ce que tu peux justement me parler un petit peu, nous partager le programme que tu as créé sur un leader d'envergure ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors déjà, il faut savoir que quand on dit albatros, Il y a en réalité 22 espèces d'albatros dans le monde aujourd'hui. Il y en a seulement 4 qui ne vivent pas dans l'hémisphère sud, tout autour de l'Antarctique, où il y a les vents les plus forts du monde qui leur permettent de voler tranquillement dans les mers les pires du monde. Donc sur ces 22 espèces, il y en a les trois quarts qui sont sur la liste rouge des espèces menacées, en danger plus ou moins critique. notamment trois pour lesquels il reste moins de 100 individus. Donc il y a des tendances de certaines populations qui remontent, mais il y a des tendances qui sont à la baisse de façon assez effrayante dans certaines îles du monde, mais aussi de façon générale pour toutes les espèces, dans tous les endroits où elles se situent dans le monde. Donc c'est vraiment très inquiétant, et c'est à la fois bizarre parce qu'ils sont à l'autre bout de la planète. et ils subissent tout ce qu'on fait sans même qu'on le sache. Alors que c'est des animaux qui sont quand même vénérés, qui ont inspiré des poètes, qui te marquent quand tu les vois pour la première fois. Ça te marque vraiment tellement ils sont gracieux, tellement ils luttent contre des éléments qui, toi, te tuent en quelques minutes. Et moi, c'est ça que j'admire chez eux. Et j'ai beaucoup réfléchi et je suis en train d'ailleurs d'écrire un livre sur le sujet. à toute leur symbolique, qui peut nous permettre, et c'est ce que j'essaye de faire avec les dirigeants francophones, enfin de France, mais aussi les non-francophones, pour voir différemment et adopter un leadership d'envergure, c'est-à-dire une prise en main des enjeux qui permettent d'avoir de l'impact positif dans le monde et de contribuer à créer le monde de demain.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu veux bien détailler, quand tu dis prise en main des enjeux, comment on fait ? pour prendre en main les enjeux qui sont ceux d'aujourd'hui et contribuer au monde de demain ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a quatre caps à la méthode que je propose, qui est en fait sur une boussole. Donc, imaginez avoir une boussole dans la main. Le premier cap, c'est naviguer les paradoxes. Parce qu'aujourd'hui, et c'est ce que je démontre en live dans mes interventions, on a... l'impression qu'on sait ce qui se passe et on se trompe souvent. Et la façon dont on se trompe, c'est un biais de surpessimisme. C'est-à-dire qu'on a l'impression que la situation est plus grave que ce qu'elle est. Et ça, c'est vraiment dommage, parce que déjà ça nous angoisse plus que nécessaire. Ça nous fait croire que la transition écologique, elle est peut-être plus difficile à faire que ce qu'elle est en réalité. Et en plus, ça nous fait faire des choses qui sont fausses puisqu'on n'a pas les informations correctes. Alors qu'en réalité, quand on va sur des sites comme par exemple le site internet de la fondation Gapminder, gapminder.org, où on a plein de données vérifiées sur l'état du monde, on se rend compte qu'il y a plein de trucs qui vont très bien en fait. Et que l'impression qu'on a de négatif permanent, il est accentué par... la facilité de répéter cette information négative par les médias, par les réseaux sociaux, par le fonctionnement même de notre cerveau qui nous plombe dans le négatif parce qu'il a peur et parce qu'il a peur pour notre survie. Donc il y a tout un travail à faire sur déjà essayer de naviguer ces paradoxes, pour moi c'est-à-dire essayer d'être vigilant face au négativisme qui est inné chez nous. Face au dualisme, cette capacité à mettre les choses dans des cases, en les séparant bien, alors qu'en fait, la plupart des choses suivent une loi de distribution normale, tu sais, cette courbe en cloche, où la majorité de quelque chose est autour de la moyenne, en fait. Il y a très peu d'extrêmes. Les extrêmes, ils font souvent beaucoup de bruit, mais en fait, la majorité des gens est souvent au centre. Donc là, on a tout de suite l'image politique qui nous vient, mais ça marche pour plein de choses. notre comportement alimentaire, pour notre heure d'arrivée, de départ, au travail. Tout le monde est à peu près dans cette loi normale. Et en réalité, pour faire un vrai changement de paradigme, il suffit d'assez peu de monde, d'environ 15 à 30 de la population qui adopte un nouveau comportement pour faire complètement basculer le reste de la population. Et moi, ce que je prône aujourd'hui, c'est que dans cette partie en tout cas, dans ce cap, c'est qu'on a besoin de gens qui osent faire les choses différemment alors que la norme va dans l'autre sens. Mais comme la norme, elle va droit dans le mur, il faut oser. faire différemment, ne pas avoir peur du changement et lutter contre ce bug humain qu'on a qui nous donne envie de toujours faire les mêmes erreurs. Donc ça, c'est lié au fonctionnement de notre cerveau qui était évolué pour un monde où on est en équilibre avec la nature. Mais quand on n'est plus en équilibre avec la nature, ce bug humain nous pousse vers la catastrophe.

  • Speaker #0

    Oser faire différemment dans cette première axe de la boussole, naviguer les paradoxes. Merci d'inspirer ça. et de nous expliquer là par ton partage que c'est un réflexe un peu naturel et de pouvoir du coup faire ce pas de côté avec Audace.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Moi, j'aime bien dire prendre de la hauteur comme le font les albatros quand ils volent en pleine tempête dans la pire mer du monde. Ils ne savent pas où est-ce qu'ils vont pouvoir trouver à manger. Ils ne savent pas où est-ce que la tempête s'arrête. Mais en fait, ils font confiance. Ils font confiance à leur capacité et ils vont voler. contre le vent, ils vont se mettre contre le vent, prendre de la hauteur au maximum grâce à cette force du vent qui les aide. Et hop, après, ils vont redescendre face au vent pour reprendre de la vitesse et pouvoir utiliser cette énergie-là sans jamais perdre leur énergie à eux, puisqu'ils ont un système de blocage des ailes qui fait qu'ils dépensent zéro énergie en volant. Donc, je pense qu'il faut qu'on arrive à s'inspirer de ça et à être économe dans notre énergie tout en... En se servant des vents contraires, mais en allant par contre dans la bonne direction.

  • Speaker #0

    En naviguant dans cette notion, j'entends aussi, d'énergie, donc de régénératif aussi pour soi-même et son énergie vitale.

  • Speaker #1

    Il y a son énergie vitale et à laquelle je suis très sensible. Dans le monde de l'impact, il y a beaucoup de gens qui la donnent à outrance. Et puis si tu veux, on peut parler de la deuxième partie.

  • Speaker #0

    Avec plaisir, je crois que c'est hisser les consciences.

  • Speaker #1

    C'est ça. Donc la deuxième partie pour moi, ce qui était indispensable, et c'est un petit peu l'erreur que je faisais au départ quand j'ai commencé à donner des conférences à des dirigeants, c'est que je me sentais prise de la mission en tant que scientifique de donner tous les faits justes de ce qui se passait. Et donc je passais beaucoup de temps à dire, alors la pollution c'est ça, il y a tel type de pollution, il faut regarder les tendances, ça augmente en fonction du PIB. Regardez, il y a le risque d'introduire des espèces. En fait, vous avez 1% de risque d'introduire une espèce qui ensuite devient invasive. Et au final, je perdais tout le monde avec mes graphiques. Alors qu'aujourd'hui, pour hisser les consciences, je travaille sur deux aspects. Le premier aspect, c'est l'aspect émotionnel, primordial, qui est, on dit, plutôt dans notre hémisphère droit. celui qu'on a complètement délaissé depuis la révolution scientifique, puis la révolution industrielle, puis la révolution verte pour nourrir tout le monde en défonçant les sols. Donc, hisser les consciences, pour moi, ça passe d'abord par l'émotionnel. Donc, en général, quand je suis en intervention, je me sers d'une vidéo que j'ai tournée quand j'étais en mission au Falklands, ou au Malouine, ça dépend à qui on demande. dans les colonies d'Albatros, là-bas, et où j'ai vécu trois mois en complète isolation. On était sept sur une île pendant trois mois. Et ce qui m'a frappée, en fait, et c'est ce que je montre dans cette vidéo, c'est le cycle de vie de l'Albatros, qui est très simple, puisqu'ils ne vont faire qu'un seul poussin tous les deux ans. Ils ont un nid dans une colonie où ils sont fidèles, et c'est en général la colonie où ils sont nés, dans laquelle ils reviennent. Après avoir passé les dix premières années de leur vie en mer, ils vont chercher un partenaire avec qui ils vont être fidèles à vie, parce que ça demande un équilibre fin entre les deux partenaires, puisqu'il y en a un qui reste sur le nid, gardé le poussin à bonne température, l'autre qui part en mer se nourrir, et ça peut durer trois semaines. Puis après, ils reviennent, ils échangent, et ils font cette danse de plus en plus rapidement, en fonction des besoins alimentaires du poussin. Et donc, dans la vidéo que je montre, tout le monde est émerveillé. Et en fait, cette âme d'enfant, on l'a tous, mais on la perd. On la perd parce qu'on devient trop sérieux sur toutes les choses qu'on doit faire dans nos vies. Et en fait, c'est très dommage. Moi, je suis partie aussi dans cette performance de vouloir faire plus qu'être. avec d'abord ma carrière scientifique, puis ma carrière de chef d'entreprise. Et là, maintenant que je reviens à une plus grande proximité avec la nature, je me rends compte à quel point mes sens s'éveillent. Mon ouïe, mon odorat, ma vue, même le goût. On habite dans les collines, j'ai tout le temps une branche de romarin dans la bouche quand je promène le chien. Ça fait partie de... Je passe tout le temps ma main quand il y a des herbes qui chatouillent. Même quand c'est en public, je passe tout le temps ma main dedans, juste pour le plaisir d'être en contact. Et ça, moi, ça m'apporte énormément. Et j'aimerais que chaque personne qui écoute ce podcast ou sur Terre puisse prendre ce temps-là, qu'elle ne trouve pas ça inutile.

  • Speaker #0

    Et je te rejoins tellement. Merci, Isse et les Consciences, invitées à s'émerveiller. Et s'émerveiller, ça passe par... pas par la tête, mais par les sens. Et donc, tu parlais de l'odorat, de la vue, du toucher. Merci de partager ça. Et donc, du coup, de la prise de hauteur par rapport à ce que le mental voudrait faire, performer, mais pouvoir être. Et puis, j'entends aussi que quand tu invites à hisser les consciences, à prendre de la hauteur, à être dans ses sens, j'entends aussi que c'est un moment de pleine présence, d'être présent au moment où on est à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Et après, on redescend en émotions. Donc là, on est dans des émotions, je n'aime pas dire positives, parce que ce n'est pas vrai, chaque émotion est utile, mais c'est l'émerveillement, la curiosité, l'intérêt, le rire même, il y en a qui rient en les voyant, la joie. Et puis après, je montre cinq images qui illustrent les cinq causes d'extinction de la biodiversité via le regard des albatrosses. La première image, vous l'avez peut-être vue, c'est ce poussin mort. rempli de plastique, de briquets, de toutes les couleurs qui sont apparues quand son ventre s'est ouvert, en se dégradant sur le sol. Donc on voit des filets de pêche, des tongs, etc. La deuxième image, c'est un poussin d'Albatros qui est recouvert de neige, parce qu'il y a eu une vague de froid, un événement extrême, qui fait qu'aucun poussin ne peut survivre de la colonie entière dans ces conditions. Le troisième, c'est... Un poussin albatros qui est dans un habitat qui est complètement érodé, donc il n'y a plus du tout de végétation, donc il n'a plus de nid, il peut tomber de son nid qui forme comme une cuvette jusqu'à un mètre de haut, où l'œuf peut rouler, se casser, et donc il est complètement sujet aux éléments à cause de la dégradation de son habitat. La quatrième, c'est un jeune albatros qui est censé s'envoler de la colonie, mais il s'est fait manger vivant par des souris. qui ont été introduites involontairement sur les îles où ils nichent. Et comme ils n'ont pas évolué avec des prédateurs, ils ne savent pas s'en débarrasser. Les souris, c'est très malin. Et la cinquième, c'est une image d'un albatros qui flotte dans la mer, mort, accroché à un hameçon de palangrier pour pêcher le thon à la base. Et donc voilà, c'est la surexploitation des espèces, notamment dans le milieu marin, où on pêche en s'imaginant que c'est des ressources infinies. Et là, on en voit le goût. Donc, voilà les cinq causes d'extinction de la biodiversité. Et elles sont illustrées à travers le regard des albatrosses. Et pour moi, il n'y a pas de peur, il n'y a pas de problème à prendre ce temps pour discuter de ce qu'on ressent par rapport à tout ça. Et ce qu'on ressent, c'est souvent un cocktail. Et dans ce cocktail, les émotions... Déjà, je mets toujours une fleur des émotions à l'écran, avec 24 émotions, parce que les gens disent ça va bien, ça va pas bien mais ils n'ont pas le vocabulaire. On a perdu le vocabulaire pour s'exprimer finement sur ce qu'on ressent tellement on ne s'écoute pas. Et donc, on se rend compte au final, en creusant un petit peu, en laissant du blanc, que tu peux avoir de la colère, mais en fait, de l'intérêt, que tu peux avoir du dégoût.

  • Speaker #0

    mais de l'optimisme, que tu peux avoir une forme de vigilance ou d'anticipation qui naît de tout ça, et en même temps, être immobilisé parce que tu ne sais pas ce que tu peux faire. Et c'est là qu'on rentre dans la deuxième partie des consciences plus rationnelles, plutôt hémisphère gauche, où là, je leur dis, en fait, c'est très simple. Vu qu'il y a cinq causes d'extinction de la biodiversité, et ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'IPBES, c'est l'équivalent du GIEC, mais pour la biodiversité. et les services écosystémiques, donc tout ce qui permet à la Terre de nous amener tout ce dont on a besoin pour faire société et pour vivre nos vies telles qu'on les a conçues, ça fait un pentagone. Et au centre de ce pentagone, il y a un point qui est notre objectif, individuel et collectif, de réduction d'empreintes environnementales. Donc on ne parle plus que d'empreintes carbone, c'est une grosse erreur de croire qu'il n'y a que le changement climatique qui est problématique aujourd'hui, c'est faux. Il y a en réalité cinq causes d'extinction de la biodiversité en tout et qui font qu'on rentre dans la sixième crise d'extinction de la biodiversité après celle des dinosaures, il y a 65 millions d'années. Donc là, il y a un risque, non pas pour la planète, la planète n'a pas besoin d'être sauvée, par contre il y a un risque existentiel pour l'espèce humaine qui pourrait très bien faire partie des peut-être 90% d'espèces qui sont vouées à disparaître pendant cette phase-là. Donc au final, est-ce que je suis optimiste ? Je reste lucide et réaliste, c'est-à-dire qu'il y a déjà eu des extinctions de masse de la biodiversité où 90% des espèces disparaissent, et sur des échelles de temps géologiques, donc de 100 000 ans, 1 million d'années s'il le faut, ça remonte toujours, parce que la vie, par définition, elle a cette niaque. Par contre, est-ce que l'espèce humaine est en capacité de passer ce cap-là ? Eh bien, c'est ça. C'est cette question-là à laquelle on doit répondre maintenant.

  • Speaker #1

    Donc là, on est toujours, on est d'accord dans cet deuxième aspect de la boussole, avec l'invitation à s'émerveiller, à la curiosité, au rire, par le biais d'une petite vidéo que tu partages. Et puis après, à prendre conscience de tous les phénomènes d'extinction et de pouvoir émotionnellement naviguer à la fois dans ces émotions positives et ces émotions qui peuvent être de l'ordre de la peur, du dégoût, du rejet, mais du coup de pouvoir agir en conscience de ça, de ne pas rester figé dans des émotions qui peuvent être un petit peu paralysantes par moment.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et justement, pour agir, ce pentagone, pour moi, il est primordial. C'est-à-dire que déjà, si on réfléchit que en changement climatique et en CO2, on ne peut pas y arriver parce que la plupart des mesures gouvernementales, notamment, qui sont prises pour réduire l'empreinte CO2 de la France, en fait, elles ont un effet négatif sur les autres causes d'extinction. Par exemple, quand on nous incite à changer tout notre parc de voitures pour passer à l'électrique, on dit que ça va baisser l'empreinte carbone certes à l'usage parce que nous, on a une énergie à 70% décarbonée en France. Enfin, décarbonés encore. C'est du radioactif, ce qui crée d'autres problématiques. Mais le fait même de construire plein de nouvelles voitures, ça a un coût énorme pour la biodiversité, puisque c'est des habitats qui vont être dégradés, certes, pas chez nous, pour aller chercher le métaux qui constitue ces voitures, pour aller chercher les minerais rares, pour aller les transporter, pour faire chauffer. toute l'énergie qu'il faut pour faire chauffer le métal et le mettre dans la bonne forme. On ne se rend pas compte du coût environnemental de tout ça. Et nous, on se dit, une voiture électrique, c'est bien joli, ça arrive chez moi. Alors qu'en fait, ce n'est pas une solution si simple qui pourra marcher. On est dans un problème très complexe. Et donc, il y a une complexité de solution. On ne peut pas faire la même chose avec juste quelque chose d'un petit peu différent. Il nous faut des voitures dans un autre fonctionnement, des voitures… plutôt en partage des voitures que quand on en a besoin. Et ça, ça va être difficile quand même de convaincre les gens. Moi, je trouve que quand on ne réfléchit pas dans ce pentagone, déjà, on prend des décisions qui sont contre-productives. Et en plus, on rentre très vite dans des débats stériles en disant Oui, mais de toute façon, si tu fais ça, c'est pire. Et puis, si tu envoies une lettre par la poste ou si tu envoies un email, en fait, c'est pire. Non, ça dépend sur quels paramètres tu regardes. Si tu as un sapin de Noël en plastique versus un sapin de Noël que tu... tu coupes, en fait, celui que tu as coupé, c'est pire. Ça dépend, parce qu'il y en a un qui joue sur dégradation des habitats, l'autre qui joue sur pollution plastique et transport depuis la Chine. Donc, en fait, c'est des paramètres différents. Donc, arrêtons de nous engueuler, de ne pas s'écouter, de culpabiliser soi-même ou de culpabiliser l'autre. L'important, c'est d'essayer d'être consciente de cette complexité et de se mettre en chemin par ce qui est, en commençant, par ce qui est le plus facile pour nous. Par exemple, pour moi, arrêter de prendre l'avion pour mon travail, c'est compliqué. Ce n'est pas ma priorité. Par contre, je passe ma vie professionnelle à sensibiliser les gens sur ces sujets. J'essaye de manger le plus local possible, de prendre la voiture le moins possible. Et c'est des choses pour lesquelles, moi, j'avance. Je n'ai plus de poubelle dans la salle de bain. Je n'ai plus rien de jetable. Je n'ai quasiment rien de jetable dans la cuisine non plus. Et on s'organise au maximum pour réduire notre empreinte, là où c'est le plus simple, le plus économique et le plus facile pour commencer. Et après, on peut complexifier de plus en plus, au fur et à mesure que la société sera de plus en plus prête à faire des efforts de plus en plus forts. Ça ne veut pas dire faire des sacrifices. Pour moi, et c'est là que je suis optimiste, c'est que le monde d'après, en fait, il sera mieux.

  • Speaker #1

    Et alors, si on retourne justement dans ta boussole, Donc merci de mettre vraiment ce focus sur l'importance de pouvoir considérer cette complexité et d'inviter à la coopération en fonction de qui on est. Et que ce monde d'après, c'est un monde qui sera plus juste. Et si on revient à la boussole, parce que du coup, on a parlé de naviguer les paradoxes, ici c'est les consciences.

  • Speaker #0

    Le troisième cap, c'est surmonter les écueils. Parce qu'il y en aura forcément. Et pour moi, il y a deux types d'écueils. Les écueils qui sont à l'intérieur de nous et les écueils qui sont à l'extérieur de nous, sur lesquels on a tendance à se... à rejeter la faute quasiment en permanence. Donc déjà, à l'intérieur de nous, c'est tout ce dont on a parlé un petit peu en introduction. C'est qui je suis, d'où je viens, comment je me sens vraiment. Est-ce que je suis alignée entre les valeurs qui sont essentielles pour moi et ce que j'ai envie d'apporter au monde, ma mission de vie ? Est-ce que dans mon activité professionnelle, je fais des choses avec lesquelles je suis en accord ? Est-ce que je gagne ma vie correctement grâce à ça ? Est-ce que j'ai une utilité suffisante par rapport à mon ambition ? Et toutes ces questions-là, s'il y a un truc qui ne tourne pas rond, qui n'est pas aligné, comme les ailes d'un albatros par rapport à un goéland, souvent les gens confondent. Un albatros, quand tu le vois de face, qu'il est en train de voler, c'est une ligne hyper fine, avec un regard déterminé, je ne te dis pas. Donc, pour moi, cet alignement, il est fondamental pour... pouvoir avoir les pieds bien ancrés sur Terre et ensuite s'adresser aux vrais problèmes, donc dans ce pentagone. Dans la deuxième partie, quand on a tendance à rejeter la faute sur les autres, il y a un élément décisif que j'apporte, c'est qu'en réalité, la population humaine n'est plus en croissance exponentielle depuis les années 70. Et elle est même en train de complètement... Ah, il y a mon chien qui me lèche. Elle est... La population humaine est en train de complètement se stabiliser. En Europe, elle est stable depuis un petit moment, puisque la transition démographique a été faite en début du XXe siècle. En Amérique aussi. En Asie, elle est quasiment faite, puisque les gros mastodontes de la Chine et l'Inde sont aujourd'hui autour de deux enfants par couple, en moyenne. Et l'Afrique, elle bouge très vite. Donc l'essentiel de la croissance démographique humaine va être en Afrique. jusqu'à la fin du siècle. Et ensuite, il y a deux modèles qui s'opposent. Le modèle de projection de l'ONU, qui nous dit qu'on passerait la barre des 10 milliards d'ici 2060, sachant qu'on a passé la barre des 8 milliards il y a un ou deux ans. Et le modèle de HSBC, qui projette le déclin de la fécondité humaine, volontaire ou involontaire, sur les 30 dernières années, et le projette d'ici 2100. Et ce modèle-là nous dit... qu'on pourrait être au pic maximal de la population humaine seulement dans 15 ans, maximal de l'histoire, de l'histoire de la planète. Et que ça redescendrait, sans qu'on se tape sur la gueule, dans le cas le plus extrême, à seulement 5 milliards d'individus sur la planète d'ici 2100. Et quand tu vois la courbe, tu vois ce pic en 2040, tu te dis mais waouh ! Et en fait... Une fois que la population humaine diminue, ce qui n'est pas très loin de nous, peu importe le modèle, une fois que la population humaine diminue, on ne peut plus parler de croissance. Ça devient juste incohérent. À la limite, tu parles de croissance des savoirs, de croissance des services, de croissance de l'émerveillement. Mais il n'y a plus de raison de parler de croissance économique, puisque la population est stable. Donc à partir de là, tu peux travailler sur arrêter de rejeter la faute sur les autres et construire vraiment le monde. de post-croissance, comme le dit Timothée Parry, que si bien. Le but du jeu, à ce moment-là... c'est d'inventer, je disais, le monde de demain pour qu'on construise ensemble. Et là, je me sers de différentes notions. On parle souvent du triangle de l'inaction entre les citoyens, les politiques, les entreprises qui se rejettent la balle, etc. Mais en fait, on est dans la même équipe. Pareil, il y a un autre concept qui s'appelle le dilemme du prisonnier où souvent les entreprises, elles ont peur de prendre des actions suffisamment révolutionnaires pour pouvoir... suffisamment profondes, régénératives même, de transition, parce qu'elles ont peur de perdre des parts de marché, en tout cas à court terme, puisque les intérêts économiques des actionnaires, ils sont à court terme. Alors qu'en fait, si elles s'allient à leur concurrence, qui ont exactement les mêmes problématiques sociales et environnementales qu'elles, et de clientèle, et de réputation, et de recrutement, il suffit juste de chercher les solutions ensemble et de les appliquer ensemble. Et ça résout le problème aussi. Donc, il y a plein de trucs comme ça qui sont en train de bouger. la tragédie des communs, qui en fait n'en est pas une. Il y a un peu une nouvelle d'économie qui a montré qu'on pouvait très bien gérer des biens communs sans conflit majeur, sans personnes qui trichent et qui pompent la ressource des autres à leur place. Et donc, il y a besoin de se parler. Il y a vraiment besoin de se parler, de se mettre d'accord. Parce que dans une colonie d'Albatros, ils vivent toujours en colonie, bien que ce soit des animaux assez solitaires en mer. Et le but du jeu, ce n'est pas... de savoir qui va avoir le plus beau nid ou qui va avoir le plus beau poussin. C'est de réussir ensemble, en fait. Donc, il y a tout un travail à faire sur la sociodynamique des projets de transition. C'est de pouvoir s'appuyer sur des alliés, de ne pas passer toute son énergie à convaincre des opposants, mais de s'appuyer sur ce qui marche. Et c'est en ça que je prône aussi l'optimisme, c'est-à-dire de voir le verre à moitié plein en s'appuyant, en mettant son énergie et son temps, surtout. sur ce qui marche.

  • Speaker #1

    Et merci d'en faire une belle démonstration, en tout cas. Et donc, effectivement, surmonter les écueils, que ce soit à l'intérieur et à l'extérieur, à l'intérieur par un certain travail sur soi qui est possible, qui est accessible, quel que soit l'endroit d'où on vienne. Et à l'extérieur, avec la force de tes exemples, à considérer ce qui peut paraître comme un paradoxe et qui n'en est pas.

  • Speaker #0

    C'est ça. On se complique un peu la vie, en fait.

  • Speaker #1

    Merci. Et alors du coup, ce quatrième axe ?

  • Speaker #0

    Et bien voilà, on arrive au quatrième, qui est éclat dans son envergure. Et donc, qu'est-ce que c'est l'envergure ? Déjà, l'albatros. Imaginez, combien tu mesures toi, Stéphanie ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je mesure 1m67.

  • Speaker #0

    Voilà, donc quand tu étends tes bras, normalement, tu mesures aussi 1m67 d'envergure. Donc, je me suis beaucoup posé cette question, qu'est-ce que ça peut être un leader d'envergure ? Et donc, il y a différents aspects sur lesquels on peut travailler en tant que dirigeant d'entreprise à ce moment-là. La première chose, où est-ce qu'on veut aller ? Et il y a une scientifique que j'aime beaucoup qui s'appelle Donella Meadows qui a montré qu'on a tendance, avec notre cerveau rationnel qu'on a mis en exergue trop, à vouloir tout de suite passer à l'action quand on a une urgence typiquement climatique. Alors qu'en fait, la première chose à faire, c'est d'envisager le monde qui nous donne envie. C'est-à-dire de se dire, bon, OK, le monde actuel ne fonctionne plus. Et la preuve ultime, ce n'est pas forcément les inégalités ou la dégradation de l'environnement, parce que ça, les gens n'entendent pas. C'est, par exemple, la chute de l'espérance de vie aux États-Unis en ce moment, qui ont toujours cinq ans d'avance sur le reste du monde. Donc là, ça nous montre vraiment qu'on est au bout du système. Et qu'est-ce que c'est alors le système, le paradigme qui nous donne vraiment envie ? Là, il faut s'autoriser à avoir une vision, je dirais même utopique, une vision pour laquelle on ne se met aucune limite et qui nous permet de s'imaginer l'entreprise idéale qui fonctionnerait en totale harmonie avec la nature, avec des gens qui sont libres de venir travailler s'ils en ont envie, qui fonctionnerait avec très peu de jours de travail puisqu'en fait, on cultiverait tous la terre en parallèle. Là, je te parle un peu de mon rêve à moi.

  • Speaker #1

    Mais j'aime bien que tu nous parles de ton rêve à toi.

  • Speaker #0

    Mais donc voilà, s'autoriser sans se mettre aucun oui-mais. Je ne supporte plus le oui-mais, tu sais, de quelqu'un qui te casse ton rêve tout le temps. Donc, je pense qu'on devrait s'autoriser à rêver. Et c'est en ça que notre âme d'enfant, elle est essentielle. Donc déjà, pour avoir une vision, et cette vision, idéalement, il faut qu'elle se situe dans le donut. Le donut, la théorie de l'économie du donut. qui dit qu'il faut qu'on reste en dessous des limites planétaires. Et on en a 7 sur 9 qui sont dépassées à cette étape. Et au-dessus d'un plancher social, puisque la transition écologique ne peut pas se faire sans transition sociale. en même temps. Tu ne peux pas en vouloir à des gens de migrer parce qu'ils n'ont plus rien à manger et fermer les barrières de chez toi. Ce n'est pas possible parce que bientôt, c'est nous qui allons devoir bouger. Ça ne peut pas marcher. Il y a une vision qui doit s'établir dans le donut. Ensuite, le monde tel qu'il arrive maintenant, il est vu-cas. C'est-à-dire qu'on a beaucoup... Alors, c'est vulnérable... Ce n'est pas vulnérabilité levée.

  • Speaker #1

    C'est volatile.

  • Speaker #0

    Ah oui, volatile. Merci. On a beaucoup de volatilité, d'incertitude, de complexité et d'ambiguïté. C'est-à-dire que ce n'est plus du tout stable et infini comme on a pu le concevoir par le passé. Donc, dans un monde VUCA, le leadership n'est pas pyramidal, il n'est pas directif. Il peut l'être en phase d'urgence à court terme, mais il ne peut pas fonctionner sur ce modèle-là. Dans une problématique aussi complexe, on ne peut avoir que, comme je le disais tout à l'heure, que de l'intelligence collective. qui trouvent des solutions. Et c'est des solutions, ce n'est pas une solution. Donc le leader, il se doit d'être vulnérable et authentique. Il ne peut pas avoir un masque où il prétend ne pas avoir d'émotion, où il prétend savoir et où il fait semblant de ne pas avoir peur. Ce n'est pas possible en fait. Donc ce mode de leadership-là, il doit être authentique et vulnérable et montrer du courage. Et le courage, c'est aussi savoir dire je ne sais pas venez, on réfléchit ensemble. Donc, aller vers des systèmes de gouvernance qui sont beaucoup plus horizontaux, que ce soit au sein des comités d'administration des boîtes, où j'essaye de siéger aujourd'hui en ayant passé une certification. C'est un de mes objectifs aussi en tant que scientifique, femme et spécialiste de l'environnement.

  • Speaker #1

    Et merci pour ça.

  • Speaker #0

    J'essaye, j'essaye. Et ça commence à s'ouvrir, tu vois, pour faire entrer des administrateurs indépendants qui n'ont pas d'intérêt financier, mais qui sont là pour, qui ont un mandat pour la pérennité. financière de l'entreprise, mais aussi pour sa pérennité sociale et environnementale. Ça va aussi vers, et c'est ça que je dis aux dirigeants, vers plus d'influence. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, je m'adresse essentiellement à des personnes qui ont du pouvoir, du pouvoir de contrôle, qui sont cultivées, qui ont envie de contribuer au changement. Donc tous ces chefs d'entreprise, c'est des personnes qui prennent des risques pour créer des emplois dans la société. Donc oui, ils ont le salaire en conséquence, mais ils ont aussi beaucoup de risques, beaucoup de responsabilités et ils ont beaucoup de préoccupations. Et ces préoccupations, elles prennent énormément, encore une fois, d'énergie. Alors, ils ont du contrôle, ils ont des préoccupations, mais entre les deux, il y a un cercle d'influence qui est à faire grandir au maximum pour pouvoir donner envie à l'autre d'aller dans sa bonne direction aussi, qui n'est pas forcément la même, mais qui a peut-être une vision commune. L'influence, pour moi, elle grandit quand on met les autres en avant, quand on montre sa vulnérabilité, quand on fait du storytelling, qu'on montre l'exemple, qu'on communique en interne sur le pourquoi on fait ce qu'on fait, sur où est-ce qu'on rêve d'aller, et qu'on le fait aussi savoir en externe, sans avoir peur d'être taxé de greenwashing, parce qu'en fait, on est en mouvement. Et le mouvement vers l'extérieur du Pentagone, vers le centre du Pentagone, il va prendre du temps. Et il y en a qui partent de plus ou moins loin. Mais c'est justement ceux qui partent de loin qu'il faut encourager le plus. Il ne faut pas juste leur lancer la pierre, il faut les encourager à bouger. Donc moi, je suis pour créer des ponts entre des mondes qui ne se parlent pas, notamment le monde des entreprises pollueuses et des activistes qui vont les rejeter directement. Moi, je me positionne un petit peu au centre.

  • Speaker #1

    Tu fais du lien.

  • Speaker #0

    Je veux créer du lien. Et pour moi, c'est ça, le leadership d'envergure. C'est quelqu'un qui va se mettre là où, par rapport à sa façon d'être, il est le plus utile. Et il va prendre la place. Et il va prendre le vent. Et il va sauter dans le vide. Parce que c'est ça qui va faire avancer le système avec sa propre façon de voir les choses, sa vision unique.

  • Speaker #1

    Il va vers son rêve unique, avec, tu disais, toute sa vulnérabilité, son authenticité, son courage. Il a conscience du donut, des limites planétaires, des planchers sociaux. Et il fait ce mouvement vers l'extérieur pour sortir du pentagone. Et toi, tu rajoutes, et puis plus il vient de loin, finalement, et plus il est encourageant pour tout le monde. Et de là, tu nous dis, et moi, j'aime ça, faire le lien aussi entre ceux qui viennent de très loin, qui ont peut-être encore beaucoup, beaucoup à faire, mais pour inspirer et montrer que c'est possible.

  • Speaker #0

    C'est ça, et réinventer. et réinventer les choses différemment. pour qu'on soit bien. Parce qu'au final, de toute façon, si la Terre est un organisme vivant, comme le dit l'hypothèse Gaïa, qui est le prénom de ma fille, elle nous régulera tout seul. Donc, il va y avoir, de par la non-considération de l'environnement qu'on a faite, il va y avoir une sélection naturelle des entreprises de toute manière. C'est-à-dire que, moi, dans mon rêve, typiquement, Coca-Cola ne sert plus à rien. Ça ne sert à rien de boire un soda. Il faudrait avoir accès à de l'eau de bonne qualité et ça suffit. Donc, il y a certains business qui vont disparaître. Les avions low cost, les trucs jetables, ça n'a pas lieu d'être dans le monde de demain parce qu'on va repenser complètement notre façon d'utiliser la ressource puisqu'elle va manquer. Donc, autant le leader d'envergure, il choisit de faire ça avant d'avoir la contrainte qui lui sera imposée. Et j'espère que ceux qui choisissent, ils soient mieux.

  • Speaker #1

    Le leader d'envergure, il anticipe ce qu'il a à faire plutôt que d'être contraint à faire les choses. Et toi, tu les aides, tu nous aides.

  • Speaker #0

    J'essaye, j'essaye en tout cas. Il y a des jours où je suis un peu moins optimiste.

  • Speaker #1

    Et comme tout est interrelié dans ce vivant et dans la magie du vivant, il y a aussi quelque chose qui prend forme assez naturellement. Et c'est à cet endroit-là, moi, où j'entends beaucoup d'optimisme chez toi. On arrive vers la fin de cette interview. J'ai envie de... te proposer un petit voyage. Est-ce que tu serais d'accord pour un petit voyage de quelques minutes ?

  • Speaker #0

    Oui, je prends ma boussole ou pas ?

  • Speaker #1

    Tu prends toute ta boussole avec toi, tous tes rêves. Et je te propose de t'asseoir ou de rester debout, mais de pouvoir fermer les yeux.

  • Speaker #0

    C'est bon, c'est fait.

  • Speaker #1

    De pouvoir mettre les mains sur ton cœur, de prendre une grande inspiration. Alors, tu nous as beaucoup parlé de tes rêves et là, je te propose de voyager en 2035. Et là, comme ça vient, en 2035, c'est quoi qui fait battre ton cœur ?

  • Speaker #0

    La première image qui m'est venue, c'est des gens qui sourient, des gens qui sont dehors, plein de générations différentes, qui sont ensemble et qui construisent des trucs. Moi, c'est ça mon rêve. C'est qu'on arrive à se parler et qu'on arrête de faire tous la même chose sur des petits terrains qui nous appartiennent et qu'on fasse des choses ensemble sur des grands terrains qui appartiennent à eux. à personne ou à tout le monde ou à la nature.

  • Speaker #1

    Et avec le sourire. Merci, Déborah. Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

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