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#14 De la protection des forêts aux liens sociaux, un leadership engagé avec Amandine Hersant, DG Planète Urgence cover
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Soi.s, Vi.e.s, Aime - Oser un leadership authentique et inspirant au service de Soi, des autres, de son écosystème et du vivant.

#14 De la protection des forêts aux liens sociaux, un leadership engagé avec Amandine Hersant, DG Planète Urgence

#14 De la protection des forêts aux liens sociaux, un leadership engagé avec Amandine Hersant, DG Planète Urgence

37min |20/12/2024
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#14 De la protection des forêts aux liens sociaux, un leadership engagé avec Amandine Hersant, DG Planète Urgence

#14 De la protection des forêts aux liens sociaux, un leadership engagé avec Amandine Hersant, DG Planète Urgence

37min |20/12/2024
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Description

Amandine ou l’art d’un leadership engagé. 

Dans cet épisode, Amandine Hersant nous partage son parcours comme un appel à l’action, où sens et utilité lui ont vite semblé essentiels. Elle voit dans l’entreprise une immense capacité d’impact. Elle s’engagera dans la solidarité internationale et mettra en place de nombreux projets sociaux, comprenant les interdépendances entre le social, l’environnement et l’économie. 


Amandine est directrice générale de Planète Urgence. 

Elle engage des projets à l’international pour la protection des forêts en lien avec les communautés locales.  


Un leadership ancré dans le vivant pour des projets porteurs d’avenir, voilà ce qu’Amandine incarne. La forêt comme source de vie est aussi pour elle, une source d'émerveillement, d’inspiration et d’apprentissage.


Avec une équipe d’une centaine de personnes, elle doit parfois traverser des crises sécuritaires et déployer au jour le jour beaucoup d’énergie pour rendre possible et protéger. Elle puise sa force dans le collectif, le lien humain, l’émerveillement pour la nature et l’envie constante d’apprendre. 


Apprendre, comprendre, connecter. Ces mots sont au cœur de son engagement. Que ce soit avec ses équipes, des experts ou les populations locales, elle tisse des liens qui transcendent les frontières et les disciplines.

Elle croit à la force du collectif et à l’intelligence des alliances. Elle montre qu’en cultivant nos racines communes, humaines et naturelles, nous pouvons imaginer des solutions puissantes et durables.




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, je suis Stéphanie Pelleret-Delga. Vous écoutez le podcast Sois.Vis.Aime. Oser un leadership authentique et inspirant, au service de soi, des autres, de son écosystème et du vivant. Tous les mois, je reçois des dirigeantes, dirigeants, experts, expertes. entrepreneurs, entrepreneuses qui ont fait ce chemin entre vulnérabilité et puissance, qui ouvrent leur cœur et partagent leurs expériences professionnelles et plus personnelles. Par leur parcours et personnalité, ils, elles, sèment des graines sources d'inspiration. Et vous, quelles graines avez-vous envie de semer ? Quel leadership souhaitez-vous incarner ? À mon micro ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Amandine Ersang. Bonjour. Bonjour Amandine. Merci d'avoir accepté mon invitation dans Sois.VM. On enregistre aujourd'hui cette interview dans mon salon, transformée en studio pour l'occasion. Merci pour notre petite balade en forêt. Et en matière de forêt, justement, on peut dire que tu t'y connais bien. Chère Amandine, tu es une passionnée et une apporteuse de solutions concrètes au service d'un monde plus inclusif et durable. Tu as appréhendé les enjeux de l'engagement et de la transformation à travers des univers très différents, à la fois l'entreprise, l'entrepreneuriat social et l'associatif. Aujourd'hui, tu es directrice générale de Planète Urgence, association du groupe SOS que tu as rejoint en 2019. Tu y as notamment développé une nouvelle vision stratégique orientée exclusivement sur la protection des forêts en lien avec les communautés locales. Planète Urgence se positionne aussi comme un acteur du climat. En 2022, tu es reconnu par les prix du Point, le magazine, comme l'une des 50 leaders français de la transition sociale et environnementale. En 2023, tu es finaliste des trophées de l'ESS. organisé par le gouvernement français, et Top 100 Women in Social Entrepreneurship par Euclid Network. Dans ton parcours, avant de rejoindre Planète Urgence, tu as intégré le fonds Danone pour l'écosystème. L'objectif de ce fonds de dotation étant d'inventer des modèles inclusifs au service de la chaîne de valeur de Danone, producteur, recycleur, vendeur de rue et professionnel de la nutrition. Tu as pu travailler avec des équipes ONG, entreprises, dans une quinzaine de pays différents pour les accompagner dans des projets innovants. Création d'entreprises sociales de recyclage en France ou en Espagne, création d'associations professionnelles de sages-femmes en Roumanie ou au Kenya, structuration de coopératives agricoles en Ukraine et en Turquie, déploiement d'écoles de formation en insertion pour les jeunes en Tunisie ou en Afrique du Sud, inclusion de vendeurs de rues au Togo ou au Brésil, création de crèches dans des bidonvilles, ou des zones rurales défavorisées en Thaïlande. Amandine, qu'est-ce qui, dans ton parcours, t'a donné cette âme d'entrepreneuse à impact très humaniste ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas s'il y a un moment ou un événement qui a fait cette prise de décision et ces orientations. Je pense que c'est beaucoup des rencontres. C'est la chance de grandir dans une famille qui est sensible à l'autre, à cet enjeu social. Je viens d'une famille d'assistants sociaux, de secrétaires sociaux. Mon papa travaillait dans les HLM, donc je pense qu'il y a déjà cette attention à l'autre qui grandit de l'enfance et qui est importante du coup qu'on apporte à tous les enfants du monde dès l'enfance. Et après, il y a des rencontres, des opportunités. Moi, j'ai dans mon parcours eu envie d'aller explorer ce monde de l'entreprise et en me disant progressivement, en fait, cette entreprise-là, elle a une capacité d'impact gigantesque, elle ne le sait pas encore. Donc, comment est-ce qu'on passe par l'entreprise pour essayer de faire autrement ? Ce qui ne me semblait pas juste, ce qui ne me semblait pas normal. J'ai travaillé dans la négociation grand compte, dans des supermarchés, j'ai négocié avec des magasins Leclerc. C'était très loin de mes idéaux et de ce que j'avais envie de faire. Et donc, progressivement, j'ai essayé d'intégrer de l'impact dans ce que je faisais. J'en ai parlé à l'organisation au global, j'ai pu mettre en place des projets. Et puis, je suis rentrée dans le fond d'un écosystème, effectivement, en ne sachant pas grand-chose de ce que c'était que la solidarité internationale. Je veux, je veux. Je suis tombée un peu dans la piscine, dans l'eau, et il n'y avait pas grand monde pour m'apprendre à nager, si ce n'est l'expérience, si ce n'est les rencontres, si ce n'est les ONG avec lesquelles j'ai pu interagir. Et puis, au fur et à mesure, j'ai compris tous les enjeux d'impact, les enjeux d'évaluation, de mesure, de structuration de projet. J'ai compris ce qui permet à un projet de bien fonctionner. J'ai compris les interdépendances entre le social, l'environnemental et l'économique. Et c'est comme ça que je suis tombée dans le sujet de l'impact. Le sujet de l'impact m'avait tombée dans le sujet de l'existence de l'humanité et de la nécessité de protéger notre planète.

  • Speaker #0

    Je ressens beaucoup d'intuition quand tu dis j'ai compris la force de frappe de l'entreprise en tant que telle Tu as choisi de te servir de cette force de frappe de l'entreprise pour se servir d'elle au service des valeurs qui sont les tiennes. Et tu as appris sur le terrain. Je crois que tu as eu un rôle important de structuration. pour faire valoir aussi ce qui se fait et à quoi tu mesures certains impacts. Franchement, tu dis ça avec beaucoup de simplicité. Moi, je trouve ça assez impressionnant d'apprendre comme ça sur le terrain. Comme ça, tu dis, je suis tombée dans la marmite et puis tu fais un lien. Tu dis, j'ai compris que tout était interrelié, le social, l'environnemental. Et justement, quand tu prends les RN de la direction de Planète Urgence, tu décides de faire évoluer la stratégie exclusivement vers la protection des forêts en lien avec les populations locales. Et j'imagine, mais tu vas me dire si c'est le cas ou pas, que c'est suite justement à cette compréhension du lien entre l'environnement et le social. Est-ce que tu veux bien nous en dire un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est très relié. En fait, je passais beaucoup de temps dans les bidonvilles, dans des zones de pauvreté très fortes. avec des populations qui étaient en survie au quotidien. J'ai eu la chance de mettre en place des projets formidables, création de crèches en habitant de ville, recréation du métier de sage-femme pour accompagner la mère et l'enfant dans ces premiers jours de vie qui sont tellement essentiels pour être bien toute sa vie. Et là,

  • Speaker #0

    les auditeurs, je te coupe, pardon, ils ne te voient pas, mais je vois tes yeux qui pétillent à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Voilà, j'ai eu cette Ausha. Et en même temps, j'avais l'impression de mettre des pansements sur... des problématiques qui étaient beaucoup plus profondes. Aujourd'hui, si on n'est pas capable de gérer la problématique environnementale, de conserver des écosystèmes, de conserver une nature qui nous permet de vivre, on va continuer à avoir des bidonvilles qui vont augmenter, on va continuer à avoir une pauvreté qui va augmenter. Et donc du coup, j'ai eu envie de retourner aux racines de notre capacité à vivre et donc de retourner à ce qui fait notre écosystème. Et un des écosystèmes les plus importants, c'est celui de la forêt. La forêt, c'est le deuxième puits de carbone mondial naturel après les océans, donc le premier sur lequel on peut réellement agir, avec un potentiel énorme de restauration. On a détruit en 30 ans la taille de l'Inde en forêt. Et donc ce sont des écosystèmes qui n'existent plus et qui pour autant nourrissaient les humains. En forêt, on va chercher autant de nourriture que des médicaments, de quoi construire des maisons, qui sont ces puits de carbone mondiaux et qui accueillent la biodiversité. On a 80% de la biodiversité mondiale terrestre. qui est en forêt. Donc du coup, j'avais envie d'aller sur les racines et les racines pour moi sont vraiment en forêt.

  • Speaker #0

    Cette volonté d'aller dans les racines qui sont vraiment en forêt et je crois qu'il y a aussi un goût, une sensibilité. On en parlait tout à l'heure quand on se baladait que tu as avec la forêt. Est-ce que tu peux nous partager d'où ça vient cette sensibilité ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai appris avec Planète Urgence. J'aimais la forêt comme beaucoup de... d'humains sur Terre, mais j'ai vraiment appris avec Planète Urgence. J'ai été aux côtés de forestiers dans tous les pays du monde. J'ai marché dans une boue très gluante, dans les mangroves. J'ai eu l'occasion de rencontrer des gens passionnés, des gardiens de la forêt à Madagascar. Là, je m'apprête à aller au Bénin pour travailler dans les forêts sacrées. Les équipes y sont depuis longtemps. Ce sont des forestiers, des gens qui sont passionnés, des socio-organisateurs. qui essayent de reconnecter l'humain à la forêt. Donc, ils m'ont appris à chaque fois à aimer et à connaître leur écosystème. Et moi, j'ai appris en parallèle à aimer l'écosystème français, puisqu'on a effectivement une petite forêt sur laquelle on essaye de faire de la renaturation. On teste des modèles de jardin-forêt.

  • Speaker #0

    Quand tu dis on pardon ?

  • Speaker #1

    Avec ma famille.

  • Speaker #0

    Avec ta famille.

  • Speaker #1

    On a décidé d'investir il y a quelques années dans une forêt, plutôt que d'investir dans du bâti. C'est une zone de 12 hectares, on a une partie forêt sèche type pinède. Et puis une partie de feuillus, qui est beaucoup plus vivante, beaucoup plus diverse. Il y a une partie de prairies aussi, prairies sauvages, une partie humide. Et donc c'est un écosystème très intéressant d'un point de vue écologique, et sur lequel j'apprends beaucoup. Il y a des gens de la LPO qui viennent pour observer les types d'oiseaux qui se posent. Philippe qui m'apprend à écouter les oiseaux. J'ai envie de faire venir quelqu'un sur tout ce qui va être chauve-souris. On a aussi un écologue qui est venu, fantastique, du Centre des espaces naturels sensibles de la région pour nous faire découvrir des orchidées particulières de la forêt. Donc voilà, tout ça, ça nourrit évidemment. Après tu vas lire, tu vas creuser, tu vas essayer de comprendre. Et dans mon métier, j'en rencontre des gens extraordinaires qui travaillent sur la forêt depuis longtemps et avec des augmentations différentes les unes des autres. Certains vont être beaucoup sur le système racinaire, d'autres sur l'hydrologie. d'autres sur l'alimentation en forêt. Et donc, en fait, tous ces croisements de savoir permettent de mieux comprendre la forêt. Donc là, j'en suis là aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Et en plus, il y a ce que tu nous dis là, et merci pour toute cette richesse. Et puis, on devine à quel point ça doit être extraordinaire d'être au contact de ces différents savoirs, passions. Mais je t'ai surtout vue tout à l'heure, quand on se baladait, j'ai vu ta présence. Ta curiosité, ton regard, ta façon de sentir, ta façon de toucher, ta façon de m'amener. Tiens, t'as vu ça ? On parlait des orties. Tu m'as proposé une petite recette de pesto aux orties. Tout à l'heure, tu m'as dit, tiens, t'as vu ça, c'est du lierre sauvage. Tu pourrais faire un petit dessert avec le lierre sauvage. Je te vois. J'ai vu vraiment ce regard d'enfant que tu portes sur cette forêt. Donc... J'ai envie de le partager ici parce qu'au-delà de cet héritage dont tu as eu la chance de profiter à travers Planète Urgence, je vois aujourd'hui que tu en fais profiter les autres. En tout cas, moi, tu m'en as fait profiter aussi.

  • Speaker #1

    Mais je pense que c'est extrêmement important de remettre de l'émerveillement, de la joie, du concret dans notre rapport à la forêt. On a été tous éduqués avec le grand méchant loup qui traverse la forêt, qui mange les petits chapeaux en rouge. Du coup, cette forêt, elle fait souvent peur. On ne la connaît pas, on ne la comprend pas. Et donc, du coup, ça ne fait rien de la couper. Et si on arrive à recréer ce lien intime entre la forêt et l'humain, en disant, tu sais, là, regarde, tu as du lierre sauvage. Ça, tu peux le cuisiner. Tu peux faire effectivement plein de choses avec. Des tartes, des soupes. J'ai fait des sushis il n'y a pas longtemps. Avec du lierre. Avec des plantes de la forêt. Oui, c'est des mix. On fait de l'ortie excellente. L'ortie a beaucoup plus de vitamine C. qu'une orange en termes de grammage. Donc il vaut mieux aller ramasser des orties que faire venir des oranges au bout du monde. Et tout ça, on l'a oublié, on ne sait plus vivre avec la forêt. Donc moi, j'aimerais vraiment que cette humanité, des Français en premier lieu, mais potentiellement l'ensemble de l'humanité, connaissent mieux cette nature et apprennent à la respecter pour ce qu'elle nous apporte, mais aussi pour ce qu'elle est intrinsèquement. Tu vois, quand on regarde les êtres... il y avait des gros hêtres dans cette forêt, d'essayer de comprendre, ils sont arrivés quand ? Qu'est-ce qui s'est passé depuis ? Est-ce que les jeunes qui sont autour viennent d'eux ? Est-ce qu'ils ont eu des branches qui ont été coupées ? Pourquoi ? Comment ça a fait évoluer leur structure ? En quoi ils sont importants aujourd'hui en haut de la colline pour éviter l'érosion ? Quand il y aura des grandes pluies, en quoi ça va protéger les maisons qui sont en dessous ? Je trouve que c'est essentiel d'essayer d'approcher le paysage. comme un grand tout dans lequel on fait partie. Voilà, j'aimerais beaucoup ça.

  • Speaker #0

    Merci de nous le partager, parce qu'on le visualise à travers tes mots, ce grand tout. Donc toi, quand tu travailles là, avec Planète Urgence et les populations locales, tu mènes des projets où ce n'est pas toujours si simple. Donc merci d'avoir pu nommer l'émerveillement, la conscience, la curiosité. dans ces projets, où parfois c'est pas toujours si simple, où t'es confrontée, tu peux être confrontée à des crises sécuritaires, tu peux avoir aussi des collaborateurs emprisonnés. Comment tu vas gérer ces situations stressantes ?

  • Speaker #1

    C'est une question de rôle. Je pense qu'on a plusieurs rôles dans la vie. Mon rôle premier, c'est d'être une humaine et du coup, une humaine, elle n'est qu'en rapport avec la nature et ce rapport-là, la nature dont les autres humains. Et ce rapport-là se crée grâce à l'émerveillement. Ça, c'est ce que je suis profondément. Et après, j'ai d'autres rôles. Et un des rôles, c'est d'être dirigeante d'une organisation. Et pour qu'elle fonctionne, il faut que je puisse approcher l'organisation comme un organisme vivant, avec des moments où elle va bien, elle est en pleine forme, et des moments où elle va mal, où elle a une maladie, un cancer. Et du coup, comment est-ce que cette partie-là de l'organisation arrive à se régénérer ? Comment est-ce qu'on en apprend de ce qui s'est passé dans cet organisme ? Comment est-ce qu'on accompagne chaque acteur de cet organisme à faire le mieux possible ? Donc quand j'ai ces situations-là, elles sont toujours très difficiles parce qu'on a tellement de choses à gérer en restauration forestière. Les projets sont déjà extrêmement complexes. Et effectivement, très régulièrement, on est sur des pays qui ont des enjeux sécuritaires très forts. Donc je vais avoir l'État islamique qui va se rapprocher de zones de projet. Je vais avoir quelqu'un qui va se faire emprisonner parce qu'il est gardien des forêts et que ça ne plaît pas à d'autres qui veulent récupérer le foncier. Je vais avoir des enjeux de corruption dans nos pays, d'intervention. Évidemment, tout ça, on préfère que ça n'arrive jamais parce qu'on a déjà besoin de toute notre énergie pour faire les essentiels qui sont travailler avec les communautés, mettre en place les projets, etc. Et en même temps, ça fait partie de l'organisation et de ce qu'elle doit vivre et passer. Donc, quand on a ce genre de situation, On essaie de comprendre, d'analyser, de protéger au maximum le reste de la structure et puis d'agir en étant le plus juste possible.

  • Speaker #0

    Merci de partager sur cette valeur. Tu finis en disant en étant le plus juste possible. Où est-ce que tu vas puiser cette force-là ? Parce que là, tu nous décris des choses assez intenses avec beaucoup d'humilité. N'empêche que tu gères. Où est-ce que tu vas la chercher, ta force ?

  • Speaker #1

    Je pense que je la trouve beaucoup dans mon rapport aux autres et dans mon rapport à la nature, donc on en a parlé tout à l'heure. Je ne pourrais pas faire mon travail sans aller régulièrement en forêt, sans mettre les mains dans la terre, sans voir les graines germer. Je ne pourrais pas faire mon travail sans essayer de comprendre avec d'autres comment est-ce qu'on fait mieux, comment est-ce qu'on fait plus grand, comment est-ce qu'on transforme le système. On sait que... On a 90% de chances que ça ne fonctionne pas comme on l'espérait, mais il reste 10% de chances que ça fonctionne. Donc comment est-ce qu'on fait pour prendre ces 10% de chances ? Et je crois que le collectif est ce qui me nourrit le plus, parce que je me sens microscopique dans cette aventure. Nous, on est une centaine chez Planète Urgence, on a 13 projets dans cet pays, mais en fait c'est rien, c'est tout petit. Ce qu'on a reforesté en l'espace de... de 25 ans. C'est ce qui a été déforesté quasiment en deux jours dans le monde. On n'est vraiment pas grand-chose. C'est un point de départ qui me permet de me dire qu'on fait au mieux dans ce cas. système complexe, ça ne sera jamais parfait. Parce que quand on travaille sur le vivant, sur des milliers d'hectares, ça ne sera jamais parfait, il se passera toujours quelque chose. Mais du coup, comment est-ce qu'on fait au mieux ? Et puis, comment est-ce qu'on en apprend ? Comment est-ce qu'on partage ? Et comment est-ce qu'on collabore avec d'autres pour que ce qui est fait là puisse servir plus largement ?

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Tu parlais de plusieurs rôles. D'abord, tu es une humaine et puis tu as ce rôle aussi là de dirigeante. Et puis, quand je te pose la question, qu'est-ce qui t'aide quand c'est plus complexe ? Tu me dis, j'entends que c'est le collectif. C'est de pouvoir être pleine aussi de ce que t'apporte le vivant et de pouvoir être motivée par te dire, tiens, on a peut-être 90% que ça ne se passe pas, mais comment on fait pour aller dans les 10% qui vont faire que ça se passe comme on le souhaite ? Donc... coopérer avec ce collectif, être inspiré les uns des autres, cette curiosité et ton énergie. Ton énergie qui est nourrie par ta propre régénération, comme d'être au contact des forêts comme tu le fais.

  • Speaker #1

    C'est ça, et moi j'adore apprendre. J'ai été formée avec une formation assez classique de classe prépa et de grande école. qui m'a appris plein de choses importantes en termes de culture générale, et puis de savoir travailler en entreprise, etc. Mais après, j'ai fait une formation en géopolitique du climat à l'ENS. Je me suis formée avec Ticket for Change sur l'entrepreneuriat social.

  • Speaker #0

    Un petit coucou à Mathieu.

  • Speaker #1

    Un petit coucou à Mathieu. J'ai fait des MOOC sur les sujets de sylviculture mélangée à couvert continu, pour savoir comment on gère une forêt pour qu'elle soit productive économiquement, et en même temps. qu'elle respecte la biodiversité et le rythme du vivant. Là, j'ai fait une formation politique pour... dépasser la frustration de ce système politique qui va trop vite pour essayer de comprendre comment est-ce qu'on peut remettre du temps long dans le système politique. Et donc voilà, toutes ces formations, elles me nourrissent au quotidien et elles me donnent aussi toujours des nouvelles perspectives sur comment est-ce qu'on peut faire différemment. Et j'essaye beaucoup d'apporter ça dans mon entreprise ou dans mes associations et dans mes activités, et là pour Planète Urgence typiquement. On va essayer que les équipes soient formées grâce à Sator, qui est une organisation qui vient de se créer, et Pierre Gilbert, qui est un prospectiviste, qui fait venir plein d'acteurs pour essayer de comprendre cet enjeu du vivant à travers plein de regards différents et d'expertise. Et je crois que ça, on en a besoin. On a tendance à penser que notre formation initiale, c'est notre base et elle nous servira toujours. En fait, le monde évolue tellement vite, ce monde volatile. ambigu, complexe, incertain. On ne peut pas imaginer ce qui va se passer dans un an maintenant, dans cinq ans encore moins, dans dix ans, comment dire. Et du coup, je trouve extrêmement important qu'on puisse se former régulièrement à ce qui se joue, à comment les systèmes évoluent, pour pouvoir les comprendre et agir dessus.

  • Speaker #0

    Merci. J'ai l'impression, quand tu dis se former régulièrement, qu'il y a aussi se sensibiliser dans un sujet commun. Quand tu dis, il y a toute mon équipe qui va être formée, j'ai l'impression que c'est aussi amener un regard de curiosité au sein du collectif.

  • Speaker #1

    Oui, et qu'on puisse approcher les sujets de façon complexe. On est dans un monde où on a tendance à vouloir tout simplifier. Un problème égale une solution. En fait, ce n'est pas ça. Ce n'est plus ça. Peut-être que ça fonctionnait sous l'époque Ford. Aujourd'hui, le monde ne fonctionne pas comme ça. On a compris que... Cette interdépendance venait irriguer toutes les problématiques qu'on avait. Que la politique ne fonctionne pas sans le système économique, sans les citoyens, sans les acteurs sociaux et environnementaux, sans la recherche et du coup sans la nature. Et donc on a besoin de comprendre un peu plus ce qui se joue dans chaque univers et d'arrêter de travailler en silo. Je crois que quelle que soit l'organisation dans laquelle je vais travailler, J'essaierai d'impulser ça.

  • Speaker #0

    Impulser cette conscience de l'interdépendance.

  • Speaker #1

    Je pense que la sensibilisation est nécessaire. Elle permet d'avoir une vision très macroscopique sur ce qui se joue. Et la sensibilisation passe beaucoup par l'intime, par l'émotion. Je pense que la formation, c'est un autre niveau. Donc, on ne peut pas être formé sur tout. C'est pour ça qu'on est en interdépendance, c'est parce que le système est tellement complexe qu'il faut qu'on ait une compréhension globale, il faut qu'on ait des intuitions, mais par contre qu'on s'appuie de la science, qu'on s'appuie d'experts qui, eux, sont formés de façon très profonde sur les thématiques.

  • Speaker #0

    Sensibilité, intuition, pouvoir s'appuyer sur ceux qui vont être experts. Tu parles des émotions, t'es comment toi par rapport aux émotions ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis comment par rapport aux émotions ? Large question. Moi, je suis d'une nature très positive, enjouée, joyeuse. Et depuis toujours, j'ai toujours eu ça. Je voyais toujours le positif dans tout. La capacité à innover, à entreprendre. Il y avait toujours des solutions à tous les problèmes. Donc, j'ai toujours ça. Mais je crois que les années ont amené cette conscience, ce réalisme sur le fait que rien n'est parfait, rien n'est joué. Et j'ai des gros moments, des vrais moments de découragement, de fatigue. Je sens une humanité qui est sur un point de bascule. Je sais qu'on est très nombreux à faire notre maximum, que de plus en plus de personnes sont sensibilisées, ont envie. d'agir, ne savent pas encore comment. Donc ça peut vraiment basculer. Et en même temps, je vois énormément de personnes qui sont engluées dans des enjeux économiques. Je vois des politiques qui prennent des décisions désastreuses pour notre avenir. Je vois des entreprises qui n'en ont rien à faire des sujets environnementaux et sociaux et qui vont se focaliser sur du reporting et communiquer à travers du greenwashing. Et du coup, j'ai de plus en plus de colère. et aussi de la tristesse, je sais que ça ne me servira pas. Je sais que ça ne sera pas utile. Donc j'essaye de faire qu'elle soit présente à la bonne dose et qu'elle ne vienne pas absorber tout le reste, mais ce n'est pas tous les jours facile.

  • Speaker #0

    Et bravo, j'ai envie de dire en même temps, de pouvoir l'accueillir aussi, même si ce n'est pas confortable, cette tristesse, parfois ce découragement. Et bravo, je trouve aussi de pouvoir accueillir ces émotions plus inconfortables pour ne pas qu'elles prennent trop d'espace. Je ne sais pas, je trouve que c'est hyper important de pouvoir partager là-dessus, parce que comme justement tu nommais, on est à un point de bascule. Il y a un environnement où, des fois, le moral, il n'est quand même pas si simple pour beaucoup de monde. Et de pouvoir le nommer et que ce ne soit pas tabou, et du coup, de pouvoir le transformer, je trouve ça chouette. Et donc, toi, tu me disais, je fais en sorte que ça ne prenne pas toute la place. J'ai envie de te partager que moi, j'ai l'impression qu'il y a aussi de l'impermanence. On est dans des courants où, des fois, il y a une vague de découragement, de tristesse. Et puis, d'un coup, on est réappelé par... un échange qu'on vient d'avoir avec telle ou telle personne et d'un coup, la joie, la connexion, le lien reprend toute la place. Quel message tu aurais envie de faire passer aux auditrices ou aux auditeurs pour les moments de découragement ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si j'ai une recette magique, j'adorerais, mais je te suis désolée, je n'en aurais pas. Je pense que ça dépend de chacun de vous. de où vous en êtes et de quelles sont vos zones d'énergie et ce qui va vous revigorer. Moi, ce qui me semble important, c'est d'avoir des endroits où on va pouvoir mettre les mains dans la Terre. On va pouvoir se rappeler d'où on vient. On vient tous de cette planète Terre. Sa capacité aussi de régénération naturelle. Il y a plein d'endroits dans le monde où, quand on laisse tranquille la nature, elle revient, elle se régénère et elle sera là pour soutenir l'être humain. donc même si là on fait toujours des bêtises même si à un moment ça tourne mal à la hauteur de l'existence de la Terre c'est peut-être pas si grave que ça et peut-être que dans 1000 2000 ans il y aura des humains qui sont extrêmement heureux sur cette planète Terre et qui auront trouvé une autre façon de vivre aujourd'hui on est extrêmement heureux, je pense qu'avec les choix qu'on fait on va créer beaucoup de tensions...

  • Speaker #0

    Quand tu dis les choix qu'on fait, tu nommes quoi ?

  • Speaker #1

    Les choix politiques, de financement, fiscaux, de continuité de nos modèles de vie, de consommation. On va vite, de plus en plus vite, on consomme massivement, on accumule. À un moment, il va falloir que ça s'arrête. La Terre ne peut pas supporter ça. On utilise deux planétaires à peu près par français. Je ne vous parle pas des États-Unis. globalement, on fait des bêtises, on va probablement continuer à en faire. Bon, ça aura plus ou moins d'impact sur les générations futures, mais à un moment, ça va se rééquilibrer. Les organismes vivants se rééquilibrent toujours dans la nature. Le vivant reprend toujours sa place à un moment. Il restera toujours des graines sur Terre et elles recréeront des écosystèmes et l'humain fera partie de ces écosystèmes-là avec une place particulière. Ce que j'espère, c'est qu'on arrivera à garder des oasis de vie sur lesquelles on a réconcilié l'humain et la forêt et que ça nous permettra d'apprendre plus vite pour pouvoir passer sur la deuxième étape.

  • Speaker #0

    Et quand tu parles des oasis de vie, tu peux décrire à nos auditeurs, auditrices, c'est quoi un oasis de vie ?

  • Speaker #1

    C'est ce qu'on essaie de faire chez Planète Urgence, c'est d'avoir des écosystèmes naturels qui vivent en bon équilibre avec des écosystèmes humains. Donc quand tu as une forêt qui reste sur une zone, une forêt sèche dans le centre de Madagascar par exemple, elle a été de plus en plus abîmée, il reste quelques petites patches encore de forêt. Comment est-ce que cette forêt-là continue à exister et que les humains villageois autour n'ont plus besoin d'aller couper cette forêt ? Au contraire, ils vont venir renaturer cette forêt, ils vont continuer à aller chercher des champignons et des médicaments. Mais par contre autour... vont créer des activités de bois énergie avec des arbres qui poussent vite, sur lesquels ils vont pouvoir récupérer du bois pour la carbonisation et nourrir les enfants et cuire le riz, qui est une base. Comment est-ce qu'on va créer des écosystèmes agroforestiers, voire des forêts jardins où on va entremêler plein d'espèces possibles pour pouvoir se nourrir, pour pouvoir soigner, pour pouvoir se vêtir potentiellement, avoir des fibres, etc. Comment est-ce que dans les écoles à proximité, les enfants aiment et connaissent la nature ? Comment est-ce que des activités économiques peuvent émerger ? Je ne sais pas, de l'apiculture durable, de l'aquaculture quand on est sur les mangroves. En France, on a exactement la même chose. J'étais hier avec quelqu'un qui s'appelle Adrien, qui a créé les alvéoles dans la Drôme. C'est un lieu de vie qui est complètement en harmonie avec la nature. Ils ont 24 hectares au total. Ils ont un lieu de jardin forêt.

  • Speaker #0

    Avec plein de modèles agroforestiers différents, où au bout d'un moment, ça a tellement bien poussé qu'on va juste s'assurer qu'il y a des équilibres qui se font entre certains arbres pour que chacun ait de la lumière. Donc on va surtout couper pour que la lumière reste. Et puis à côté, il va y avoir un centre de formation, un habitat partagé. Ils vont être en capacité d'avoir accès à l'eau, à l'électricité grâce à la nature. Ils travaillent en bonne intelligence avec la mairie, avec les collectivités locales. qui apprennent, qui répliquent. Donc c'est ça, ces oasis de vie. C'est des zones qui ne sont pas toujours simples. Il ne faut pas les idéaliser parce qu'effectivement, on ne va pas prendre l'avion tous les quatre matins pour aller faire des vacances dans des clubs med ou autres. On ne va pas prendre sa voiture pour aller travailler loin, gagner beaucoup d'argent et s'acheter des super vêtements qu'on voit dans les magazines. Donc ça demande un changement profond de notre pratique. quotidienne, ça demande un changement profond de la vision sur ce que c'est que la réussite, ce que c'est que le bonheur. Et en même temps, quand on le fait, on est forcément très heureux de par cette relation à la nature qui se recrée, de par cette relation au vivant qui se recrée, le lien humain. Après, on est heureux sur ça et on sera triste sur d'autres aspects comme on l'est aujourd'hui en fait. C'est juste que ça nous permettra de vivre avec une planétaire unique et pas en croyant qu'on en a deux ou trois sous le coude.

  • Speaker #1

    Avoir conscience et pouvoir être heureux, j'allais te poser la question, c'est quoi pour toi le bonheur ? Mais j'ai l'impression que tu as un peu répondu quand tu as dit le lien à la nature, le lien humain, le lien au vivant. Tu as envie de rajouter quelque chose ? C'est quoi pour toi le bonheur, Amandine ?

  • Speaker #0

    Pour moi, le bonheur, c'est l'alignement. C'est de savoir pourquoi je suis sur cette planète Terre. On sait quand même, la nature est extraordinaire. Elle nous a fait arriver sur cette planète Terre. Quand tu vois d'où on vient, j'y connais rien, mais des chromosomes qui se mélangent, d'une histoire compliquée, la planète Terre qui a la capacité de nous accueillir, l'oxygène qui est présent. Tout ça, quand tu regardes tous les facteurs, la chance qu'on soit là déjà, elle est quand même minime. Et pourtant, on est là. Donc, mon alignement, c'est de se dire, bon, ok, je suis là, mais à quoi je vais servir par rapport à tout ? tout ce qui existe autour de moi, en quoi je veux être utile et du coup, comment est-ce que je mets en harmonie au maximum le monde dans lequel je vis et l'utilité que j'ai envie d'apporter. Et aujourd'hui, j'ai l'impression que mon bonheur vient beaucoup de cet alignement-là et aussi de la joie que j'ai avec les gens qui m'entourent. J'adore faire la fête, j'adore rencontrer des gens, j'adore imaginer, créer. Et ça, ça m'apporte beaucoup de bonheur.

  • Speaker #1

    Et ça pétille, je te vois avec tes yeux pétillants et ton grand sourire, pouvoir nourrir le pourquoi, le fameux pourquoi, mettre du sens, être aligné avec ce pourquoi. Et dans ce pourquoi, quelle utilité. Et puis tu disais aussi, j'adore rire, créer, être avec les gens. Et ça se ressent. Et alors, justement, j'ai posé une question. tu parles, là on voit ton lien humain fort t'es aussi maman de deux enfants comment tu gères pour gérer tout ce que tu gères t'as ce rôle là, tu parlais des différents rôles de directrice générale de Planète Urgence et t'es aussi maman de deux enfants comment tu gères ton temps ?

  • Speaker #0

    La question du temps elle est compliquée et c'est peut-être la seule chose qui fait que nous sommes en équité quasi parfaite, donc elle est intéressante... Être dirigeante d'une organisation, ça ne veut pas dire tout faire, ça ne veut pas dire tout porter. Et du coup, j'ai une équipe formidable et un super comité de direction et des gens engagés. On a des responsables dans les pays qui connaissent leurs écosystèmes, qui connaissent les acteurs, qui savent comment aller, où aller. Et donc moi, je vais être présente plutôt pour s'assurer qu'on va collectivement dans la bonne direction. Mais ce n'est pas moi qui fais au quotidien. Ensuite, on a des gens dans cet écosystème qui nous soutiennent, des financeurs, des scientifiques, des experts, tout ça. Il ne faut pas croire que quand on est dirigeant, on fait tout. Par contre, effectivement, ça demande beaucoup d'énergie, beaucoup de résilience et une très, très grande implication. Donc, ça me laisse peu de temps. Mais du coup, la question, c'est comment est-ce que j'utilise ce temps ? Donc très jeune, j'ai fait des choix dans le temps que j'allais passer, comment j'allais utiliser mon argent pour avoir le plus de temps disponible. Et ensuite, dans mes choix de vie, avec mon mari, avec mes enfants, on s'octroie des temps de vraie qualité ensemble. Donc c'est le rapport aux écrans, c'est qu'est-ce qu'on fait quand on est ensemble pour que ça soit vraiment du temps collectif. Et puis de jouer, de découvrir, d'apprendre ensemble, je pense que tout ça, ça rend le temps élastique. Et 30 minutes avec un enfant à regarder un dessin animé versus 30 minutes avec un enfant à faire une recette de cuisine, à faire une balade en forêt, poser la question des émotions, de comment ça s'est passé aujourd'hui, raconte-moi ton histoire d'aujourd'hui. Peut-être que c'est différent, je crois que c'est différent. Et donc du coup j'essaye de rendre le temps. plus qualitatif quand je suis présente.

  • Speaker #1

    Merci, merci beaucoup. Moi, je ressens beaucoup d'amour, en fait, chez toi, que ce soit vis-à-vis de la forêt, du vivant, que ce soit, t'as dit, j'ai un super comité de direction, j'ai une super équipe. Moi, je pense que quand on a un super comité de direction, une super équipe, c'est qu'on est sûrement une super dirigeante. Et je ressens beaucoup d'amour vis-à-vis de la forêt, du vivant, de tes projets, des équipes. locales, des équipes en interne et vis-à-vis de ta famille, vis-à-vis de tes amis. Merci, merci pour ça. On arrive vers la fin de cette interview et je vais te proposer, si tu es d'accord, un petit voyage. Est-ce que tu serais d'accord pour pouvoir, je ne sais pas, décroiser tes jambes, pouvoir fermer les yeux ? C'est ok. Et je vais t'inviter à voyager en 2035. Nous sommes en 2035, qu'est-ce qui fait battre ton cœur ?

  • Speaker #0

    Alors j'aimerais bien entendre votre réponse à vous, qui écoutez parce que je pense que cette question elle est intéressante pour tout le monde. Moi en 2035, ce qui fait battre mon cœur, je pense que c'est la même chose qu'aujourd'hui. C'est le vivant, c'est les autres. C'est l'énergie qu'on met à trouver des solutions et à les mettre en place. Et c'est toutes ces petites zones de vivre ensemble. C'est tout ça qui fait battre mon cœur, quoi qu'il se passe autour.

  • Speaker #1

    Merci Amandine. Merci à toi.

  • Speaker #2

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  • Speaker #1

    Vie, Aime.

Description

Amandine ou l’art d’un leadership engagé. 

Dans cet épisode, Amandine Hersant nous partage son parcours comme un appel à l’action, où sens et utilité lui ont vite semblé essentiels. Elle voit dans l’entreprise une immense capacité d’impact. Elle s’engagera dans la solidarité internationale et mettra en place de nombreux projets sociaux, comprenant les interdépendances entre le social, l’environnement et l’économie. 


Amandine est directrice générale de Planète Urgence. 

Elle engage des projets à l’international pour la protection des forêts en lien avec les communautés locales.  


Un leadership ancré dans le vivant pour des projets porteurs d’avenir, voilà ce qu’Amandine incarne. La forêt comme source de vie est aussi pour elle, une source d'émerveillement, d’inspiration et d’apprentissage.


Avec une équipe d’une centaine de personnes, elle doit parfois traverser des crises sécuritaires et déployer au jour le jour beaucoup d’énergie pour rendre possible et protéger. Elle puise sa force dans le collectif, le lien humain, l’émerveillement pour la nature et l’envie constante d’apprendre. 


Apprendre, comprendre, connecter. Ces mots sont au cœur de son engagement. Que ce soit avec ses équipes, des experts ou les populations locales, elle tisse des liens qui transcendent les frontières et les disciplines.

Elle croit à la force du collectif et à l’intelligence des alliances. Elle montre qu’en cultivant nos racines communes, humaines et naturelles, nous pouvons imaginer des solutions puissantes et durables.




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, je suis Stéphanie Pelleret-Delga. Vous écoutez le podcast Sois.Vis.Aime. Oser un leadership authentique et inspirant, au service de soi, des autres, de son écosystème et du vivant. Tous les mois, je reçois des dirigeantes, dirigeants, experts, expertes. entrepreneurs, entrepreneuses qui ont fait ce chemin entre vulnérabilité et puissance, qui ouvrent leur cœur et partagent leurs expériences professionnelles et plus personnelles. Par leur parcours et personnalité, ils, elles, sèment des graines sources d'inspiration. Et vous, quelles graines avez-vous envie de semer ? Quel leadership souhaitez-vous incarner ? À mon micro ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Amandine Ersang. Bonjour. Bonjour Amandine. Merci d'avoir accepté mon invitation dans Sois.VM. On enregistre aujourd'hui cette interview dans mon salon, transformée en studio pour l'occasion. Merci pour notre petite balade en forêt. Et en matière de forêt, justement, on peut dire que tu t'y connais bien. Chère Amandine, tu es une passionnée et une apporteuse de solutions concrètes au service d'un monde plus inclusif et durable. Tu as appréhendé les enjeux de l'engagement et de la transformation à travers des univers très différents, à la fois l'entreprise, l'entrepreneuriat social et l'associatif. Aujourd'hui, tu es directrice générale de Planète Urgence, association du groupe SOS que tu as rejoint en 2019. Tu y as notamment développé une nouvelle vision stratégique orientée exclusivement sur la protection des forêts en lien avec les communautés locales. Planète Urgence se positionne aussi comme un acteur du climat. En 2022, tu es reconnu par les prix du Point, le magazine, comme l'une des 50 leaders français de la transition sociale et environnementale. En 2023, tu es finaliste des trophées de l'ESS. organisé par le gouvernement français, et Top 100 Women in Social Entrepreneurship par Euclid Network. Dans ton parcours, avant de rejoindre Planète Urgence, tu as intégré le fonds Danone pour l'écosystème. L'objectif de ce fonds de dotation étant d'inventer des modèles inclusifs au service de la chaîne de valeur de Danone, producteur, recycleur, vendeur de rue et professionnel de la nutrition. Tu as pu travailler avec des équipes ONG, entreprises, dans une quinzaine de pays différents pour les accompagner dans des projets innovants. Création d'entreprises sociales de recyclage en France ou en Espagne, création d'associations professionnelles de sages-femmes en Roumanie ou au Kenya, structuration de coopératives agricoles en Ukraine et en Turquie, déploiement d'écoles de formation en insertion pour les jeunes en Tunisie ou en Afrique du Sud, inclusion de vendeurs de rues au Togo ou au Brésil, création de crèches dans des bidonvilles, ou des zones rurales défavorisées en Thaïlande. Amandine, qu'est-ce qui, dans ton parcours, t'a donné cette âme d'entrepreneuse à impact très humaniste ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas s'il y a un moment ou un événement qui a fait cette prise de décision et ces orientations. Je pense que c'est beaucoup des rencontres. C'est la chance de grandir dans une famille qui est sensible à l'autre, à cet enjeu social. Je viens d'une famille d'assistants sociaux, de secrétaires sociaux. Mon papa travaillait dans les HLM, donc je pense qu'il y a déjà cette attention à l'autre qui grandit de l'enfance et qui est importante du coup qu'on apporte à tous les enfants du monde dès l'enfance. Et après, il y a des rencontres, des opportunités. Moi, j'ai dans mon parcours eu envie d'aller explorer ce monde de l'entreprise et en me disant progressivement, en fait, cette entreprise-là, elle a une capacité d'impact gigantesque, elle ne le sait pas encore. Donc, comment est-ce qu'on passe par l'entreprise pour essayer de faire autrement ? Ce qui ne me semblait pas juste, ce qui ne me semblait pas normal. J'ai travaillé dans la négociation grand compte, dans des supermarchés, j'ai négocié avec des magasins Leclerc. C'était très loin de mes idéaux et de ce que j'avais envie de faire. Et donc, progressivement, j'ai essayé d'intégrer de l'impact dans ce que je faisais. J'en ai parlé à l'organisation au global, j'ai pu mettre en place des projets. Et puis, je suis rentrée dans le fond d'un écosystème, effectivement, en ne sachant pas grand-chose de ce que c'était que la solidarité internationale. Je veux, je veux. Je suis tombée un peu dans la piscine, dans l'eau, et il n'y avait pas grand monde pour m'apprendre à nager, si ce n'est l'expérience, si ce n'est les rencontres, si ce n'est les ONG avec lesquelles j'ai pu interagir. Et puis, au fur et à mesure, j'ai compris tous les enjeux d'impact, les enjeux d'évaluation, de mesure, de structuration de projet. J'ai compris ce qui permet à un projet de bien fonctionner. J'ai compris les interdépendances entre le social, l'environnemental et l'économique. Et c'est comme ça que je suis tombée dans le sujet de l'impact. Le sujet de l'impact m'avait tombée dans le sujet de l'existence de l'humanité et de la nécessité de protéger notre planète.

  • Speaker #0

    Je ressens beaucoup d'intuition quand tu dis j'ai compris la force de frappe de l'entreprise en tant que telle Tu as choisi de te servir de cette force de frappe de l'entreprise pour se servir d'elle au service des valeurs qui sont les tiennes. Et tu as appris sur le terrain. Je crois que tu as eu un rôle important de structuration. pour faire valoir aussi ce qui se fait et à quoi tu mesures certains impacts. Franchement, tu dis ça avec beaucoup de simplicité. Moi, je trouve ça assez impressionnant d'apprendre comme ça sur le terrain. Comme ça, tu dis, je suis tombée dans la marmite et puis tu fais un lien. Tu dis, j'ai compris que tout était interrelié, le social, l'environnemental. Et justement, quand tu prends les RN de la direction de Planète Urgence, tu décides de faire évoluer la stratégie exclusivement vers la protection des forêts en lien avec les populations locales. Et j'imagine, mais tu vas me dire si c'est le cas ou pas, que c'est suite justement à cette compréhension du lien entre l'environnement et le social. Est-ce que tu veux bien nous en dire un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est très relié. En fait, je passais beaucoup de temps dans les bidonvilles, dans des zones de pauvreté très fortes. avec des populations qui étaient en survie au quotidien. J'ai eu la chance de mettre en place des projets formidables, création de crèches en habitant de ville, recréation du métier de sage-femme pour accompagner la mère et l'enfant dans ces premiers jours de vie qui sont tellement essentiels pour être bien toute sa vie. Et là,

  • Speaker #0

    les auditeurs, je te coupe, pardon, ils ne te voient pas, mais je vois tes yeux qui pétillent à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Voilà, j'ai eu cette Ausha. Et en même temps, j'avais l'impression de mettre des pansements sur... des problématiques qui étaient beaucoup plus profondes. Aujourd'hui, si on n'est pas capable de gérer la problématique environnementale, de conserver des écosystèmes, de conserver une nature qui nous permet de vivre, on va continuer à avoir des bidonvilles qui vont augmenter, on va continuer à avoir une pauvreté qui va augmenter. Et donc du coup, j'ai eu envie de retourner aux racines de notre capacité à vivre et donc de retourner à ce qui fait notre écosystème. Et un des écosystèmes les plus importants, c'est celui de la forêt. La forêt, c'est le deuxième puits de carbone mondial naturel après les océans, donc le premier sur lequel on peut réellement agir, avec un potentiel énorme de restauration. On a détruit en 30 ans la taille de l'Inde en forêt. Et donc ce sont des écosystèmes qui n'existent plus et qui pour autant nourrissaient les humains. En forêt, on va chercher autant de nourriture que des médicaments, de quoi construire des maisons, qui sont ces puits de carbone mondiaux et qui accueillent la biodiversité. On a 80% de la biodiversité mondiale terrestre. qui est en forêt. Donc du coup, j'avais envie d'aller sur les racines et les racines pour moi sont vraiment en forêt.

  • Speaker #0

    Cette volonté d'aller dans les racines qui sont vraiment en forêt et je crois qu'il y a aussi un goût, une sensibilité. On en parlait tout à l'heure quand on se baladait que tu as avec la forêt. Est-ce que tu peux nous partager d'où ça vient cette sensibilité ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai appris avec Planète Urgence. J'aimais la forêt comme beaucoup de... d'humains sur Terre, mais j'ai vraiment appris avec Planète Urgence. J'ai été aux côtés de forestiers dans tous les pays du monde. J'ai marché dans une boue très gluante, dans les mangroves. J'ai eu l'occasion de rencontrer des gens passionnés, des gardiens de la forêt à Madagascar. Là, je m'apprête à aller au Bénin pour travailler dans les forêts sacrées. Les équipes y sont depuis longtemps. Ce sont des forestiers, des gens qui sont passionnés, des socio-organisateurs. qui essayent de reconnecter l'humain à la forêt. Donc, ils m'ont appris à chaque fois à aimer et à connaître leur écosystème. Et moi, j'ai appris en parallèle à aimer l'écosystème français, puisqu'on a effectivement une petite forêt sur laquelle on essaye de faire de la renaturation. On teste des modèles de jardin-forêt.

  • Speaker #0

    Quand tu dis on pardon ?

  • Speaker #1

    Avec ma famille.

  • Speaker #0

    Avec ta famille.

  • Speaker #1

    On a décidé d'investir il y a quelques années dans une forêt, plutôt que d'investir dans du bâti. C'est une zone de 12 hectares, on a une partie forêt sèche type pinède. Et puis une partie de feuillus, qui est beaucoup plus vivante, beaucoup plus diverse. Il y a une partie de prairies aussi, prairies sauvages, une partie humide. Et donc c'est un écosystème très intéressant d'un point de vue écologique, et sur lequel j'apprends beaucoup. Il y a des gens de la LPO qui viennent pour observer les types d'oiseaux qui se posent. Philippe qui m'apprend à écouter les oiseaux. J'ai envie de faire venir quelqu'un sur tout ce qui va être chauve-souris. On a aussi un écologue qui est venu, fantastique, du Centre des espaces naturels sensibles de la région pour nous faire découvrir des orchidées particulières de la forêt. Donc voilà, tout ça, ça nourrit évidemment. Après tu vas lire, tu vas creuser, tu vas essayer de comprendre. Et dans mon métier, j'en rencontre des gens extraordinaires qui travaillent sur la forêt depuis longtemps et avec des augmentations différentes les unes des autres. Certains vont être beaucoup sur le système racinaire, d'autres sur l'hydrologie. d'autres sur l'alimentation en forêt. Et donc, en fait, tous ces croisements de savoir permettent de mieux comprendre la forêt. Donc là, j'en suis là aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Et en plus, il y a ce que tu nous dis là, et merci pour toute cette richesse. Et puis, on devine à quel point ça doit être extraordinaire d'être au contact de ces différents savoirs, passions. Mais je t'ai surtout vue tout à l'heure, quand on se baladait, j'ai vu ta présence. Ta curiosité, ton regard, ta façon de sentir, ta façon de toucher, ta façon de m'amener. Tiens, t'as vu ça ? On parlait des orties. Tu m'as proposé une petite recette de pesto aux orties. Tout à l'heure, tu m'as dit, tiens, t'as vu ça, c'est du lierre sauvage. Tu pourrais faire un petit dessert avec le lierre sauvage. Je te vois. J'ai vu vraiment ce regard d'enfant que tu portes sur cette forêt. Donc... J'ai envie de le partager ici parce qu'au-delà de cet héritage dont tu as eu la chance de profiter à travers Planète Urgence, je vois aujourd'hui que tu en fais profiter les autres. En tout cas, moi, tu m'en as fait profiter aussi.

  • Speaker #1

    Mais je pense que c'est extrêmement important de remettre de l'émerveillement, de la joie, du concret dans notre rapport à la forêt. On a été tous éduqués avec le grand méchant loup qui traverse la forêt, qui mange les petits chapeaux en rouge. Du coup, cette forêt, elle fait souvent peur. On ne la connaît pas, on ne la comprend pas. Et donc, du coup, ça ne fait rien de la couper. Et si on arrive à recréer ce lien intime entre la forêt et l'humain, en disant, tu sais, là, regarde, tu as du lierre sauvage. Ça, tu peux le cuisiner. Tu peux faire effectivement plein de choses avec. Des tartes, des soupes. J'ai fait des sushis il n'y a pas longtemps. Avec du lierre. Avec des plantes de la forêt. Oui, c'est des mix. On fait de l'ortie excellente. L'ortie a beaucoup plus de vitamine C. qu'une orange en termes de grammage. Donc il vaut mieux aller ramasser des orties que faire venir des oranges au bout du monde. Et tout ça, on l'a oublié, on ne sait plus vivre avec la forêt. Donc moi, j'aimerais vraiment que cette humanité, des Français en premier lieu, mais potentiellement l'ensemble de l'humanité, connaissent mieux cette nature et apprennent à la respecter pour ce qu'elle nous apporte, mais aussi pour ce qu'elle est intrinsèquement. Tu vois, quand on regarde les êtres... il y avait des gros hêtres dans cette forêt, d'essayer de comprendre, ils sont arrivés quand ? Qu'est-ce qui s'est passé depuis ? Est-ce que les jeunes qui sont autour viennent d'eux ? Est-ce qu'ils ont eu des branches qui ont été coupées ? Pourquoi ? Comment ça a fait évoluer leur structure ? En quoi ils sont importants aujourd'hui en haut de la colline pour éviter l'érosion ? Quand il y aura des grandes pluies, en quoi ça va protéger les maisons qui sont en dessous ? Je trouve que c'est essentiel d'essayer d'approcher le paysage. comme un grand tout dans lequel on fait partie. Voilà, j'aimerais beaucoup ça.

  • Speaker #0

    Merci de nous le partager, parce qu'on le visualise à travers tes mots, ce grand tout. Donc toi, quand tu travailles là, avec Planète Urgence et les populations locales, tu mènes des projets où ce n'est pas toujours si simple. Donc merci d'avoir pu nommer l'émerveillement, la conscience, la curiosité. dans ces projets, où parfois c'est pas toujours si simple, où t'es confrontée, tu peux être confrontée à des crises sécuritaires, tu peux avoir aussi des collaborateurs emprisonnés. Comment tu vas gérer ces situations stressantes ?

  • Speaker #1

    C'est une question de rôle. Je pense qu'on a plusieurs rôles dans la vie. Mon rôle premier, c'est d'être une humaine et du coup, une humaine, elle n'est qu'en rapport avec la nature et ce rapport-là, la nature dont les autres humains. Et ce rapport-là se crée grâce à l'émerveillement. Ça, c'est ce que je suis profondément. Et après, j'ai d'autres rôles. Et un des rôles, c'est d'être dirigeante d'une organisation. Et pour qu'elle fonctionne, il faut que je puisse approcher l'organisation comme un organisme vivant, avec des moments où elle va bien, elle est en pleine forme, et des moments où elle va mal, où elle a une maladie, un cancer. Et du coup, comment est-ce que cette partie-là de l'organisation arrive à se régénérer ? Comment est-ce qu'on en apprend de ce qui s'est passé dans cet organisme ? Comment est-ce qu'on accompagne chaque acteur de cet organisme à faire le mieux possible ? Donc quand j'ai ces situations-là, elles sont toujours très difficiles parce qu'on a tellement de choses à gérer en restauration forestière. Les projets sont déjà extrêmement complexes. Et effectivement, très régulièrement, on est sur des pays qui ont des enjeux sécuritaires très forts. Donc je vais avoir l'État islamique qui va se rapprocher de zones de projet. Je vais avoir quelqu'un qui va se faire emprisonner parce qu'il est gardien des forêts et que ça ne plaît pas à d'autres qui veulent récupérer le foncier. Je vais avoir des enjeux de corruption dans nos pays, d'intervention. Évidemment, tout ça, on préfère que ça n'arrive jamais parce qu'on a déjà besoin de toute notre énergie pour faire les essentiels qui sont travailler avec les communautés, mettre en place les projets, etc. Et en même temps, ça fait partie de l'organisation et de ce qu'elle doit vivre et passer. Donc, quand on a ce genre de situation, On essaie de comprendre, d'analyser, de protéger au maximum le reste de la structure et puis d'agir en étant le plus juste possible.

  • Speaker #0

    Merci de partager sur cette valeur. Tu finis en disant en étant le plus juste possible. Où est-ce que tu vas puiser cette force-là ? Parce que là, tu nous décris des choses assez intenses avec beaucoup d'humilité. N'empêche que tu gères. Où est-ce que tu vas la chercher, ta force ?

  • Speaker #1

    Je pense que je la trouve beaucoup dans mon rapport aux autres et dans mon rapport à la nature, donc on en a parlé tout à l'heure. Je ne pourrais pas faire mon travail sans aller régulièrement en forêt, sans mettre les mains dans la terre, sans voir les graines germer. Je ne pourrais pas faire mon travail sans essayer de comprendre avec d'autres comment est-ce qu'on fait mieux, comment est-ce qu'on fait plus grand, comment est-ce qu'on transforme le système. On sait que... On a 90% de chances que ça ne fonctionne pas comme on l'espérait, mais il reste 10% de chances que ça fonctionne. Donc comment est-ce qu'on fait pour prendre ces 10% de chances ? Et je crois que le collectif est ce qui me nourrit le plus, parce que je me sens microscopique dans cette aventure. Nous, on est une centaine chez Planète Urgence, on a 13 projets dans cet pays, mais en fait c'est rien, c'est tout petit. Ce qu'on a reforesté en l'espace de... de 25 ans. C'est ce qui a été déforesté quasiment en deux jours dans le monde. On n'est vraiment pas grand-chose. C'est un point de départ qui me permet de me dire qu'on fait au mieux dans ce cas. système complexe, ça ne sera jamais parfait. Parce que quand on travaille sur le vivant, sur des milliers d'hectares, ça ne sera jamais parfait, il se passera toujours quelque chose. Mais du coup, comment est-ce qu'on fait au mieux ? Et puis, comment est-ce qu'on en apprend ? Comment est-ce qu'on partage ? Et comment est-ce qu'on collabore avec d'autres pour que ce qui est fait là puisse servir plus largement ?

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Tu parlais de plusieurs rôles. D'abord, tu es une humaine et puis tu as ce rôle aussi là de dirigeante. Et puis, quand je te pose la question, qu'est-ce qui t'aide quand c'est plus complexe ? Tu me dis, j'entends que c'est le collectif. C'est de pouvoir être pleine aussi de ce que t'apporte le vivant et de pouvoir être motivée par te dire, tiens, on a peut-être 90% que ça ne se passe pas, mais comment on fait pour aller dans les 10% qui vont faire que ça se passe comme on le souhaite ? Donc... coopérer avec ce collectif, être inspiré les uns des autres, cette curiosité et ton énergie. Ton énergie qui est nourrie par ta propre régénération, comme d'être au contact des forêts comme tu le fais.

  • Speaker #1

    C'est ça, et moi j'adore apprendre. J'ai été formée avec une formation assez classique de classe prépa et de grande école. qui m'a appris plein de choses importantes en termes de culture générale, et puis de savoir travailler en entreprise, etc. Mais après, j'ai fait une formation en géopolitique du climat à l'ENS. Je me suis formée avec Ticket for Change sur l'entrepreneuriat social.

  • Speaker #0

    Un petit coucou à Mathieu.

  • Speaker #1

    Un petit coucou à Mathieu. J'ai fait des MOOC sur les sujets de sylviculture mélangée à couvert continu, pour savoir comment on gère une forêt pour qu'elle soit productive économiquement, et en même temps. qu'elle respecte la biodiversité et le rythme du vivant. Là, j'ai fait une formation politique pour... dépasser la frustration de ce système politique qui va trop vite pour essayer de comprendre comment est-ce qu'on peut remettre du temps long dans le système politique. Et donc voilà, toutes ces formations, elles me nourrissent au quotidien et elles me donnent aussi toujours des nouvelles perspectives sur comment est-ce qu'on peut faire différemment. Et j'essaye beaucoup d'apporter ça dans mon entreprise ou dans mes associations et dans mes activités, et là pour Planète Urgence typiquement. On va essayer que les équipes soient formées grâce à Sator, qui est une organisation qui vient de se créer, et Pierre Gilbert, qui est un prospectiviste, qui fait venir plein d'acteurs pour essayer de comprendre cet enjeu du vivant à travers plein de regards différents et d'expertise. Et je crois que ça, on en a besoin. On a tendance à penser que notre formation initiale, c'est notre base et elle nous servira toujours. En fait, le monde évolue tellement vite, ce monde volatile. ambigu, complexe, incertain. On ne peut pas imaginer ce qui va se passer dans un an maintenant, dans cinq ans encore moins, dans dix ans, comment dire. Et du coup, je trouve extrêmement important qu'on puisse se former régulièrement à ce qui se joue, à comment les systèmes évoluent, pour pouvoir les comprendre et agir dessus.

  • Speaker #0

    Merci. J'ai l'impression, quand tu dis se former régulièrement, qu'il y a aussi se sensibiliser dans un sujet commun. Quand tu dis, il y a toute mon équipe qui va être formée, j'ai l'impression que c'est aussi amener un regard de curiosité au sein du collectif.

  • Speaker #1

    Oui, et qu'on puisse approcher les sujets de façon complexe. On est dans un monde où on a tendance à vouloir tout simplifier. Un problème égale une solution. En fait, ce n'est pas ça. Ce n'est plus ça. Peut-être que ça fonctionnait sous l'époque Ford. Aujourd'hui, le monde ne fonctionne pas comme ça. On a compris que... Cette interdépendance venait irriguer toutes les problématiques qu'on avait. Que la politique ne fonctionne pas sans le système économique, sans les citoyens, sans les acteurs sociaux et environnementaux, sans la recherche et du coup sans la nature. Et donc on a besoin de comprendre un peu plus ce qui se joue dans chaque univers et d'arrêter de travailler en silo. Je crois que quelle que soit l'organisation dans laquelle je vais travailler, J'essaierai d'impulser ça.

  • Speaker #0

    Impulser cette conscience de l'interdépendance.

  • Speaker #1

    Je pense que la sensibilisation est nécessaire. Elle permet d'avoir une vision très macroscopique sur ce qui se joue. Et la sensibilisation passe beaucoup par l'intime, par l'émotion. Je pense que la formation, c'est un autre niveau. Donc, on ne peut pas être formé sur tout. C'est pour ça qu'on est en interdépendance, c'est parce que le système est tellement complexe qu'il faut qu'on ait une compréhension globale, il faut qu'on ait des intuitions, mais par contre qu'on s'appuie de la science, qu'on s'appuie d'experts qui, eux, sont formés de façon très profonde sur les thématiques.

  • Speaker #0

    Sensibilité, intuition, pouvoir s'appuyer sur ceux qui vont être experts. Tu parles des émotions, t'es comment toi par rapport aux émotions ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis comment par rapport aux émotions ? Large question. Moi, je suis d'une nature très positive, enjouée, joyeuse. Et depuis toujours, j'ai toujours eu ça. Je voyais toujours le positif dans tout. La capacité à innover, à entreprendre. Il y avait toujours des solutions à tous les problèmes. Donc, j'ai toujours ça. Mais je crois que les années ont amené cette conscience, ce réalisme sur le fait que rien n'est parfait, rien n'est joué. Et j'ai des gros moments, des vrais moments de découragement, de fatigue. Je sens une humanité qui est sur un point de bascule. Je sais qu'on est très nombreux à faire notre maximum, que de plus en plus de personnes sont sensibilisées, ont envie. d'agir, ne savent pas encore comment. Donc ça peut vraiment basculer. Et en même temps, je vois énormément de personnes qui sont engluées dans des enjeux économiques. Je vois des politiques qui prennent des décisions désastreuses pour notre avenir. Je vois des entreprises qui n'en ont rien à faire des sujets environnementaux et sociaux et qui vont se focaliser sur du reporting et communiquer à travers du greenwashing. Et du coup, j'ai de plus en plus de colère. et aussi de la tristesse, je sais que ça ne me servira pas. Je sais que ça ne sera pas utile. Donc j'essaye de faire qu'elle soit présente à la bonne dose et qu'elle ne vienne pas absorber tout le reste, mais ce n'est pas tous les jours facile.

  • Speaker #0

    Et bravo, j'ai envie de dire en même temps, de pouvoir l'accueillir aussi, même si ce n'est pas confortable, cette tristesse, parfois ce découragement. Et bravo, je trouve aussi de pouvoir accueillir ces émotions plus inconfortables pour ne pas qu'elles prennent trop d'espace. Je ne sais pas, je trouve que c'est hyper important de pouvoir partager là-dessus, parce que comme justement tu nommais, on est à un point de bascule. Il y a un environnement où, des fois, le moral, il n'est quand même pas si simple pour beaucoup de monde. Et de pouvoir le nommer et que ce ne soit pas tabou, et du coup, de pouvoir le transformer, je trouve ça chouette. Et donc, toi, tu me disais, je fais en sorte que ça ne prenne pas toute la place. J'ai envie de te partager que moi, j'ai l'impression qu'il y a aussi de l'impermanence. On est dans des courants où, des fois, il y a une vague de découragement, de tristesse. Et puis, d'un coup, on est réappelé par... un échange qu'on vient d'avoir avec telle ou telle personne et d'un coup, la joie, la connexion, le lien reprend toute la place. Quel message tu aurais envie de faire passer aux auditrices ou aux auditeurs pour les moments de découragement ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si j'ai une recette magique, j'adorerais, mais je te suis désolée, je n'en aurais pas. Je pense que ça dépend de chacun de vous. de où vous en êtes et de quelles sont vos zones d'énergie et ce qui va vous revigorer. Moi, ce qui me semble important, c'est d'avoir des endroits où on va pouvoir mettre les mains dans la Terre. On va pouvoir se rappeler d'où on vient. On vient tous de cette planète Terre. Sa capacité aussi de régénération naturelle. Il y a plein d'endroits dans le monde où, quand on laisse tranquille la nature, elle revient, elle se régénère et elle sera là pour soutenir l'être humain. donc même si là on fait toujours des bêtises même si à un moment ça tourne mal à la hauteur de l'existence de la Terre c'est peut-être pas si grave que ça et peut-être que dans 1000 2000 ans il y aura des humains qui sont extrêmement heureux sur cette planète Terre et qui auront trouvé une autre façon de vivre aujourd'hui on est extrêmement heureux, je pense qu'avec les choix qu'on fait on va créer beaucoup de tensions...

  • Speaker #0

    Quand tu dis les choix qu'on fait, tu nommes quoi ?

  • Speaker #1

    Les choix politiques, de financement, fiscaux, de continuité de nos modèles de vie, de consommation. On va vite, de plus en plus vite, on consomme massivement, on accumule. À un moment, il va falloir que ça s'arrête. La Terre ne peut pas supporter ça. On utilise deux planétaires à peu près par français. Je ne vous parle pas des États-Unis. globalement, on fait des bêtises, on va probablement continuer à en faire. Bon, ça aura plus ou moins d'impact sur les générations futures, mais à un moment, ça va se rééquilibrer. Les organismes vivants se rééquilibrent toujours dans la nature. Le vivant reprend toujours sa place à un moment. Il restera toujours des graines sur Terre et elles recréeront des écosystèmes et l'humain fera partie de ces écosystèmes-là avec une place particulière. Ce que j'espère, c'est qu'on arrivera à garder des oasis de vie sur lesquelles on a réconcilié l'humain et la forêt et que ça nous permettra d'apprendre plus vite pour pouvoir passer sur la deuxième étape.

  • Speaker #0

    Et quand tu parles des oasis de vie, tu peux décrire à nos auditeurs, auditrices, c'est quoi un oasis de vie ?

  • Speaker #1

    C'est ce qu'on essaie de faire chez Planète Urgence, c'est d'avoir des écosystèmes naturels qui vivent en bon équilibre avec des écosystèmes humains. Donc quand tu as une forêt qui reste sur une zone, une forêt sèche dans le centre de Madagascar par exemple, elle a été de plus en plus abîmée, il reste quelques petites patches encore de forêt. Comment est-ce que cette forêt-là continue à exister et que les humains villageois autour n'ont plus besoin d'aller couper cette forêt ? Au contraire, ils vont venir renaturer cette forêt, ils vont continuer à aller chercher des champignons et des médicaments. Mais par contre autour... vont créer des activités de bois énergie avec des arbres qui poussent vite, sur lesquels ils vont pouvoir récupérer du bois pour la carbonisation et nourrir les enfants et cuire le riz, qui est une base. Comment est-ce qu'on va créer des écosystèmes agroforestiers, voire des forêts jardins où on va entremêler plein d'espèces possibles pour pouvoir se nourrir, pour pouvoir soigner, pour pouvoir se vêtir potentiellement, avoir des fibres, etc. Comment est-ce que dans les écoles à proximité, les enfants aiment et connaissent la nature ? Comment est-ce que des activités économiques peuvent émerger ? Je ne sais pas, de l'apiculture durable, de l'aquaculture quand on est sur les mangroves. En France, on a exactement la même chose. J'étais hier avec quelqu'un qui s'appelle Adrien, qui a créé les alvéoles dans la Drôme. C'est un lieu de vie qui est complètement en harmonie avec la nature. Ils ont 24 hectares au total. Ils ont un lieu de jardin forêt.

  • Speaker #0

    Avec plein de modèles agroforestiers différents, où au bout d'un moment, ça a tellement bien poussé qu'on va juste s'assurer qu'il y a des équilibres qui se font entre certains arbres pour que chacun ait de la lumière. Donc on va surtout couper pour que la lumière reste. Et puis à côté, il va y avoir un centre de formation, un habitat partagé. Ils vont être en capacité d'avoir accès à l'eau, à l'électricité grâce à la nature. Ils travaillent en bonne intelligence avec la mairie, avec les collectivités locales. qui apprennent, qui répliquent. Donc c'est ça, ces oasis de vie. C'est des zones qui ne sont pas toujours simples. Il ne faut pas les idéaliser parce qu'effectivement, on ne va pas prendre l'avion tous les quatre matins pour aller faire des vacances dans des clubs med ou autres. On ne va pas prendre sa voiture pour aller travailler loin, gagner beaucoup d'argent et s'acheter des super vêtements qu'on voit dans les magazines. Donc ça demande un changement profond de notre pratique. quotidienne, ça demande un changement profond de la vision sur ce que c'est que la réussite, ce que c'est que le bonheur. Et en même temps, quand on le fait, on est forcément très heureux de par cette relation à la nature qui se recrée, de par cette relation au vivant qui se recrée, le lien humain. Après, on est heureux sur ça et on sera triste sur d'autres aspects comme on l'est aujourd'hui en fait. C'est juste que ça nous permettra de vivre avec une planétaire unique et pas en croyant qu'on en a deux ou trois sous le coude.

  • Speaker #1

    Avoir conscience et pouvoir être heureux, j'allais te poser la question, c'est quoi pour toi le bonheur ? Mais j'ai l'impression que tu as un peu répondu quand tu as dit le lien à la nature, le lien humain, le lien au vivant. Tu as envie de rajouter quelque chose ? C'est quoi pour toi le bonheur, Amandine ?

  • Speaker #0

    Pour moi, le bonheur, c'est l'alignement. C'est de savoir pourquoi je suis sur cette planète Terre. On sait quand même, la nature est extraordinaire. Elle nous a fait arriver sur cette planète Terre. Quand tu vois d'où on vient, j'y connais rien, mais des chromosomes qui se mélangent, d'une histoire compliquée, la planète Terre qui a la capacité de nous accueillir, l'oxygène qui est présent. Tout ça, quand tu regardes tous les facteurs, la chance qu'on soit là déjà, elle est quand même minime. Et pourtant, on est là. Donc, mon alignement, c'est de se dire, bon, ok, je suis là, mais à quoi je vais servir par rapport à tout ? tout ce qui existe autour de moi, en quoi je veux être utile et du coup, comment est-ce que je mets en harmonie au maximum le monde dans lequel je vis et l'utilité que j'ai envie d'apporter. Et aujourd'hui, j'ai l'impression que mon bonheur vient beaucoup de cet alignement-là et aussi de la joie que j'ai avec les gens qui m'entourent. J'adore faire la fête, j'adore rencontrer des gens, j'adore imaginer, créer. Et ça, ça m'apporte beaucoup de bonheur.

  • Speaker #1

    Et ça pétille, je te vois avec tes yeux pétillants et ton grand sourire, pouvoir nourrir le pourquoi, le fameux pourquoi, mettre du sens, être aligné avec ce pourquoi. Et dans ce pourquoi, quelle utilité. Et puis tu disais aussi, j'adore rire, créer, être avec les gens. Et ça se ressent. Et alors, justement, j'ai posé une question. tu parles, là on voit ton lien humain fort t'es aussi maman de deux enfants comment tu gères pour gérer tout ce que tu gères t'as ce rôle là, tu parlais des différents rôles de directrice générale de Planète Urgence et t'es aussi maman de deux enfants comment tu gères ton temps ?

  • Speaker #0

    La question du temps elle est compliquée et c'est peut-être la seule chose qui fait que nous sommes en équité quasi parfaite, donc elle est intéressante... Être dirigeante d'une organisation, ça ne veut pas dire tout faire, ça ne veut pas dire tout porter. Et du coup, j'ai une équipe formidable et un super comité de direction et des gens engagés. On a des responsables dans les pays qui connaissent leurs écosystèmes, qui connaissent les acteurs, qui savent comment aller, où aller. Et donc moi, je vais être présente plutôt pour s'assurer qu'on va collectivement dans la bonne direction. Mais ce n'est pas moi qui fais au quotidien. Ensuite, on a des gens dans cet écosystème qui nous soutiennent, des financeurs, des scientifiques, des experts, tout ça. Il ne faut pas croire que quand on est dirigeant, on fait tout. Par contre, effectivement, ça demande beaucoup d'énergie, beaucoup de résilience et une très, très grande implication. Donc, ça me laisse peu de temps. Mais du coup, la question, c'est comment est-ce que j'utilise ce temps ? Donc très jeune, j'ai fait des choix dans le temps que j'allais passer, comment j'allais utiliser mon argent pour avoir le plus de temps disponible. Et ensuite, dans mes choix de vie, avec mon mari, avec mes enfants, on s'octroie des temps de vraie qualité ensemble. Donc c'est le rapport aux écrans, c'est qu'est-ce qu'on fait quand on est ensemble pour que ça soit vraiment du temps collectif. Et puis de jouer, de découvrir, d'apprendre ensemble, je pense que tout ça, ça rend le temps élastique. Et 30 minutes avec un enfant à regarder un dessin animé versus 30 minutes avec un enfant à faire une recette de cuisine, à faire une balade en forêt, poser la question des émotions, de comment ça s'est passé aujourd'hui, raconte-moi ton histoire d'aujourd'hui. Peut-être que c'est différent, je crois que c'est différent. Et donc du coup j'essaye de rendre le temps. plus qualitatif quand je suis présente.

  • Speaker #1

    Merci, merci beaucoup. Moi, je ressens beaucoup d'amour, en fait, chez toi, que ce soit vis-à-vis de la forêt, du vivant, que ce soit, t'as dit, j'ai un super comité de direction, j'ai une super équipe. Moi, je pense que quand on a un super comité de direction, une super équipe, c'est qu'on est sûrement une super dirigeante. Et je ressens beaucoup d'amour vis-à-vis de la forêt, du vivant, de tes projets, des équipes. locales, des équipes en interne et vis-à-vis de ta famille, vis-à-vis de tes amis. Merci, merci pour ça. On arrive vers la fin de cette interview et je vais te proposer, si tu es d'accord, un petit voyage. Est-ce que tu serais d'accord pour pouvoir, je ne sais pas, décroiser tes jambes, pouvoir fermer les yeux ? C'est ok. Et je vais t'inviter à voyager en 2035. Nous sommes en 2035, qu'est-ce qui fait battre ton cœur ?

  • Speaker #0

    Alors j'aimerais bien entendre votre réponse à vous, qui écoutez parce que je pense que cette question elle est intéressante pour tout le monde. Moi en 2035, ce qui fait battre mon cœur, je pense que c'est la même chose qu'aujourd'hui. C'est le vivant, c'est les autres. C'est l'énergie qu'on met à trouver des solutions et à les mettre en place. Et c'est toutes ces petites zones de vivre ensemble. C'est tout ça qui fait battre mon cœur, quoi qu'il se passe autour.

  • Speaker #1

    Merci Amandine. Merci à toi.

  • Speaker #2

    Si vous avez aimé ce podcast, vous pouvez favoriser sa diffusion en lui donnant 5 étoiles sur Apple Podcasts. Et puis, vous pouvez bien sûr vous abonner sur toutes les plateformes Spotify, Apple Podcasts ou toutes autres plateformes que vous souhaitez. À bientôt sur Sois,

  • Speaker #1

    Vie, Aime.

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Description

Amandine ou l’art d’un leadership engagé. 

Dans cet épisode, Amandine Hersant nous partage son parcours comme un appel à l’action, où sens et utilité lui ont vite semblé essentiels. Elle voit dans l’entreprise une immense capacité d’impact. Elle s’engagera dans la solidarité internationale et mettra en place de nombreux projets sociaux, comprenant les interdépendances entre le social, l’environnement et l’économie. 


Amandine est directrice générale de Planète Urgence. 

Elle engage des projets à l’international pour la protection des forêts en lien avec les communautés locales.  


Un leadership ancré dans le vivant pour des projets porteurs d’avenir, voilà ce qu’Amandine incarne. La forêt comme source de vie est aussi pour elle, une source d'émerveillement, d’inspiration et d’apprentissage.


Avec une équipe d’une centaine de personnes, elle doit parfois traverser des crises sécuritaires et déployer au jour le jour beaucoup d’énergie pour rendre possible et protéger. Elle puise sa force dans le collectif, le lien humain, l’émerveillement pour la nature et l’envie constante d’apprendre. 


Apprendre, comprendre, connecter. Ces mots sont au cœur de son engagement. Que ce soit avec ses équipes, des experts ou les populations locales, elle tisse des liens qui transcendent les frontières et les disciplines.

Elle croit à la force du collectif et à l’intelligence des alliances. Elle montre qu’en cultivant nos racines communes, humaines et naturelles, nous pouvons imaginer des solutions puissantes et durables.




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, je suis Stéphanie Pelleret-Delga. Vous écoutez le podcast Sois.Vis.Aime. Oser un leadership authentique et inspirant, au service de soi, des autres, de son écosystème et du vivant. Tous les mois, je reçois des dirigeantes, dirigeants, experts, expertes. entrepreneurs, entrepreneuses qui ont fait ce chemin entre vulnérabilité et puissance, qui ouvrent leur cœur et partagent leurs expériences professionnelles et plus personnelles. Par leur parcours et personnalité, ils, elles, sèment des graines sources d'inspiration. Et vous, quelles graines avez-vous envie de semer ? Quel leadership souhaitez-vous incarner ? À mon micro ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Amandine Ersang. Bonjour. Bonjour Amandine. Merci d'avoir accepté mon invitation dans Sois.VM. On enregistre aujourd'hui cette interview dans mon salon, transformée en studio pour l'occasion. Merci pour notre petite balade en forêt. Et en matière de forêt, justement, on peut dire que tu t'y connais bien. Chère Amandine, tu es une passionnée et une apporteuse de solutions concrètes au service d'un monde plus inclusif et durable. Tu as appréhendé les enjeux de l'engagement et de la transformation à travers des univers très différents, à la fois l'entreprise, l'entrepreneuriat social et l'associatif. Aujourd'hui, tu es directrice générale de Planète Urgence, association du groupe SOS que tu as rejoint en 2019. Tu y as notamment développé une nouvelle vision stratégique orientée exclusivement sur la protection des forêts en lien avec les communautés locales. Planète Urgence se positionne aussi comme un acteur du climat. En 2022, tu es reconnu par les prix du Point, le magazine, comme l'une des 50 leaders français de la transition sociale et environnementale. En 2023, tu es finaliste des trophées de l'ESS. organisé par le gouvernement français, et Top 100 Women in Social Entrepreneurship par Euclid Network. Dans ton parcours, avant de rejoindre Planète Urgence, tu as intégré le fonds Danone pour l'écosystème. L'objectif de ce fonds de dotation étant d'inventer des modèles inclusifs au service de la chaîne de valeur de Danone, producteur, recycleur, vendeur de rue et professionnel de la nutrition. Tu as pu travailler avec des équipes ONG, entreprises, dans une quinzaine de pays différents pour les accompagner dans des projets innovants. Création d'entreprises sociales de recyclage en France ou en Espagne, création d'associations professionnelles de sages-femmes en Roumanie ou au Kenya, structuration de coopératives agricoles en Ukraine et en Turquie, déploiement d'écoles de formation en insertion pour les jeunes en Tunisie ou en Afrique du Sud, inclusion de vendeurs de rues au Togo ou au Brésil, création de crèches dans des bidonvilles, ou des zones rurales défavorisées en Thaïlande. Amandine, qu'est-ce qui, dans ton parcours, t'a donné cette âme d'entrepreneuse à impact très humaniste ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas s'il y a un moment ou un événement qui a fait cette prise de décision et ces orientations. Je pense que c'est beaucoup des rencontres. C'est la chance de grandir dans une famille qui est sensible à l'autre, à cet enjeu social. Je viens d'une famille d'assistants sociaux, de secrétaires sociaux. Mon papa travaillait dans les HLM, donc je pense qu'il y a déjà cette attention à l'autre qui grandit de l'enfance et qui est importante du coup qu'on apporte à tous les enfants du monde dès l'enfance. Et après, il y a des rencontres, des opportunités. Moi, j'ai dans mon parcours eu envie d'aller explorer ce monde de l'entreprise et en me disant progressivement, en fait, cette entreprise-là, elle a une capacité d'impact gigantesque, elle ne le sait pas encore. Donc, comment est-ce qu'on passe par l'entreprise pour essayer de faire autrement ? Ce qui ne me semblait pas juste, ce qui ne me semblait pas normal. J'ai travaillé dans la négociation grand compte, dans des supermarchés, j'ai négocié avec des magasins Leclerc. C'était très loin de mes idéaux et de ce que j'avais envie de faire. Et donc, progressivement, j'ai essayé d'intégrer de l'impact dans ce que je faisais. J'en ai parlé à l'organisation au global, j'ai pu mettre en place des projets. Et puis, je suis rentrée dans le fond d'un écosystème, effectivement, en ne sachant pas grand-chose de ce que c'était que la solidarité internationale. Je veux, je veux. Je suis tombée un peu dans la piscine, dans l'eau, et il n'y avait pas grand monde pour m'apprendre à nager, si ce n'est l'expérience, si ce n'est les rencontres, si ce n'est les ONG avec lesquelles j'ai pu interagir. Et puis, au fur et à mesure, j'ai compris tous les enjeux d'impact, les enjeux d'évaluation, de mesure, de structuration de projet. J'ai compris ce qui permet à un projet de bien fonctionner. J'ai compris les interdépendances entre le social, l'environnemental et l'économique. Et c'est comme ça que je suis tombée dans le sujet de l'impact. Le sujet de l'impact m'avait tombée dans le sujet de l'existence de l'humanité et de la nécessité de protéger notre planète.

  • Speaker #0

    Je ressens beaucoup d'intuition quand tu dis j'ai compris la force de frappe de l'entreprise en tant que telle Tu as choisi de te servir de cette force de frappe de l'entreprise pour se servir d'elle au service des valeurs qui sont les tiennes. Et tu as appris sur le terrain. Je crois que tu as eu un rôle important de structuration. pour faire valoir aussi ce qui se fait et à quoi tu mesures certains impacts. Franchement, tu dis ça avec beaucoup de simplicité. Moi, je trouve ça assez impressionnant d'apprendre comme ça sur le terrain. Comme ça, tu dis, je suis tombée dans la marmite et puis tu fais un lien. Tu dis, j'ai compris que tout était interrelié, le social, l'environnemental. Et justement, quand tu prends les RN de la direction de Planète Urgence, tu décides de faire évoluer la stratégie exclusivement vers la protection des forêts en lien avec les populations locales. Et j'imagine, mais tu vas me dire si c'est le cas ou pas, que c'est suite justement à cette compréhension du lien entre l'environnement et le social. Est-ce que tu veux bien nous en dire un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est très relié. En fait, je passais beaucoup de temps dans les bidonvilles, dans des zones de pauvreté très fortes. avec des populations qui étaient en survie au quotidien. J'ai eu la chance de mettre en place des projets formidables, création de crèches en habitant de ville, recréation du métier de sage-femme pour accompagner la mère et l'enfant dans ces premiers jours de vie qui sont tellement essentiels pour être bien toute sa vie. Et là,

  • Speaker #0

    les auditeurs, je te coupe, pardon, ils ne te voient pas, mais je vois tes yeux qui pétillent à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Voilà, j'ai eu cette Ausha. Et en même temps, j'avais l'impression de mettre des pansements sur... des problématiques qui étaient beaucoup plus profondes. Aujourd'hui, si on n'est pas capable de gérer la problématique environnementale, de conserver des écosystèmes, de conserver une nature qui nous permet de vivre, on va continuer à avoir des bidonvilles qui vont augmenter, on va continuer à avoir une pauvreté qui va augmenter. Et donc du coup, j'ai eu envie de retourner aux racines de notre capacité à vivre et donc de retourner à ce qui fait notre écosystème. Et un des écosystèmes les plus importants, c'est celui de la forêt. La forêt, c'est le deuxième puits de carbone mondial naturel après les océans, donc le premier sur lequel on peut réellement agir, avec un potentiel énorme de restauration. On a détruit en 30 ans la taille de l'Inde en forêt. Et donc ce sont des écosystèmes qui n'existent plus et qui pour autant nourrissaient les humains. En forêt, on va chercher autant de nourriture que des médicaments, de quoi construire des maisons, qui sont ces puits de carbone mondiaux et qui accueillent la biodiversité. On a 80% de la biodiversité mondiale terrestre. qui est en forêt. Donc du coup, j'avais envie d'aller sur les racines et les racines pour moi sont vraiment en forêt.

  • Speaker #0

    Cette volonté d'aller dans les racines qui sont vraiment en forêt et je crois qu'il y a aussi un goût, une sensibilité. On en parlait tout à l'heure quand on se baladait que tu as avec la forêt. Est-ce que tu peux nous partager d'où ça vient cette sensibilité ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai appris avec Planète Urgence. J'aimais la forêt comme beaucoup de... d'humains sur Terre, mais j'ai vraiment appris avec Planète Urgence. J'ai été aux côtés de forestiers dans tous les pays du monde. J'ai marché dans une boue très gluante, dans les mangroves. J'ai eu l'occasion de rencontrer des gens passionnés, des gardiens de la forêt à Madagascar. Là, je m'apprête à aller au Bénin pour travailler dans les forêts sacrées. Les équipes y sont depuis longtemps. Ce sont des forestiers, des gens qui sont passionnés, des socio-organisateurs. qui essayent de reconnecter l'humain à la forêt. Donc, ils m'ont appris à chaque fois à aimer et à connaître leur écosystème. Et moi, j'ai appris en parallèle à aimer l'écosystème français, puisqu'on a effectivement une petite forêt sur laquelle on essaye de faire de la renaturation. On teste des modèles de jardin-forêt.

  • Speaker #0

    Quand tu dis on pardon ?

  • Speaker #1

    Avec ma famille.

  • Speaker #0

    Avec ta famille.

  • Speaker #1

    On a décidé d'investir il y a quelques années dans une forêt, plutôt que d'investir dans du bâti. C'est une zone de 12 hectares, on a une partie forêt sèche type pinède. Et puis une partie de feuillus, qui est beaucoup plus vivante, beaucoup plus diverse. Il y a une partie de prairies aussi, prairies sauvages, une partie humide. Et donc c'est un écosystème très intéressant d'un point de vue écologique, et sur lequel j'apprends beaucoup. Il y a des gens de la LPO qui viennent pour observer les types d'oiseaux qui se posent. Philippe qui m'apprend à écouter les oiseaux. J'ai envie de faire venir quelqu'un sur tout ce qui va être chauve-souris. On a aussi un écologue qui est venu, fantastique, du Centre des espaces naturels sensibles de la région pour nous faire découvrir des orchidées particulières de la forêt. Donc voilà, tout ça, ça nourrit évidemment. Après tu vas lire, tu vas creuser, tu vas essayer de comprendre. Et dans mon métier, j'en rencontre des gens extraordinaires qui travaillent sur la forêt depuis longtemps et avec des augmentations différentes les unes des autres. Certains vont être beaucoup sur le système racinaire, d'autres sur l'hydrologie. d'autres sur l'alimentation en forêt. Et donc, en fait, tous ces croisements de savoir permettent de mieux comprendre la forêt. Donc là, j'en suis là aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Et en plus, il y a ce que tu nous dis là, et merci pour toute cette richesse. Et puis, on devine à quel point ça doit être extraordinaire d'être au contact de ces différents savoirs, passions. Mais je t'ai surtout vue tout à l'heure, quand on se baladait, j'ai vu ta présence. Ta curiosité, ton regard, ta façon de sentir, ta façon de toucher, ta façon de m'amener. Tiens, t'as vu ça ? On parlait des orties. Tu m'as proposé une petite recette de pesto aux orties. Tout à l'heure, tu m'as dit, tiens, t'as vu ça, c'est du lierre sauvage. Tu pourrais faire un petit dessert avec le lierre sauvage. Je te vois. J'ai vu vraiment ce regard d'enfant que tu portes sur cette forêt. Donc... J'ai envie de le partager ici parce qu'au-delà de cet héritage dont tu as eu la chance de profiter à travers Planète Urgence, je vois aujourd'hui que tu en fais profiter les autres. En tout cas, moi, tu m'en as fait profiter aussi.

  • Speaker #1

    Mais je pense que c'est extrêmement important de remettre de l'émerveillement, de la joie, du concret dans notre rapport à la forêt. On a été tous éduqués avec le grand méchant loup qui traverse la forêt, qui mange les petits chapeaux en rouge. Du coup, cette forêt, elle fait souvent peur. On ne la connaît pas, on ne la comprend pas. Et donc, du coup, ça ne fait rien de la couper. Et si on arrive à recréer ce lien intime entre la forêt et l'humain, en disant, tu sais, là, regarde, tu as du lierre sauvage. Ça, tu peux le cuisiner. Tu peux faire effectivement plein de choses avec. Des tartes, des soupes. J'ai fait des sushis il n'y a pas longtemps. Avec du lierre. Avec des plantes de la forêt. Oui, c'est des mix. On fait de l'ortie excellente. L'ortie a beaucoup plus de vitamine C. qu'une orange en termes de grammage. Donc il vaut mieux aller ramasser des orties que faire venir des oranges au bout du monde. Et tout ça, on l'a oublié, on ne sait plus vivre avec la forêt. Donc moi, j'aimerais vraiment que cette humanité, des Français en premier lieu, mais potentiellement l'ensemble de l'humanité, connaissent mieux cette nature et apprennent à la respecter pour ce qu'elle nous apporte, mais aussi pour ce qu'elle est intrinsèquement. Tu vois, quand on regarde les êtres... il y avait des gros hêtres dans cette forêt, d'essayer de comprendre, ils sont arrivés quand ? Qu'est-ce qui s'est passé depuis ? Est-ce que les jeunes qui sont autour viennent d'eux ? Est-ce qu'ils ont eu des branches qui ont été coupées ? Pourquoi ? Comment ça a fait évoluer leur structure ? En quoi ils sont importants aujourd'hui en haut de la colline pour éviter l'érosion ? Quand il y aura des grandes pluies, en quoi ça va protéger les maisons qui sont en dessous ? Je trouve que c'est essentiel d'essayer d'approcher le paysage. comme un grand tout dans lequel on fait partie. Voilà, j'aimerais beaucoup ça.

  • Speaker #0

    Merci de nous le partager, parce qu'on le visualise à travers tes mots, ce grand tout. Donc toi, quand tu travailles là, avec Planète Urgence et les populations locales, tu mènes des projets où ce n'est pas toujours si simple. Donc merci d'avoir pu nommer l'émerveillement, la conscience, la curiosité. dans ces projets, où parfois c'est pas toujours si simple, où t'es confrontée, tu peux être confrontée à des crises sécuritaires, tu peux avoir aussi des collaborateurs emprisonnés. Comment tu vas gérer ces situations stressantes ?

  • Speaker #1

    C'est une question de rôle. Je pense qu'on a plusieurs rôles dans la vie. Mon rôle premier, c'est d'être une humaine et du coup, une humaine, elle n'est qu'en rapport avec la nature et ce rapport-là, la nature dont les autres humains. Et ce rapport-là se crée grâce à l'émerveillement. Ça, c'est ce que je suis profondément. Et après, j'ai d'autres rôles. Et un des rôles, c'est d'être dirigeante d'une organisation. Et pour qu'elle fonctionne, il faut que je puisse approcher l'organisation comme un organisme vivant, avec des moments où elle va bien, elle est en pleine forme, et des moments où elle va mal, où elle a une maladie, un cancer. Et du coup, comment est-ce que cette partie-là de l'organisation arrive à se régénérer ? Comment est-ce qu'on en apprend de ce qui s'est passé dans cet organisme ? Comment est-ce qu'on accompagne chaque acteur de cet organisme à faire le mieux possible ? Donc quand j'ai ces situations-là, elles sont toujours très difficiles parce qu'on a tellement de choses à gérer en restauration forestière. Les projets sont déjà extrêmement complexes. Et effectivement, très régulièrement, on est sur des pays qui ont des enjeux sécuritaires très forts. Donc je vais avoir l'État islamique qui va se rapprocher de zones de projet. Je vais avoir quelqu'un qui va se faire emprisonner parce qu'il est gardien des forêts et que ça ne plaît pas à d'autres qui veulent récupérer le foncier. Je vais avoir des enjeux de corruption dans nos pays, d'intervention. Évidemment, tout ça, on préfère que ça n'arrive jamais parce qu'on a déjà besoin de toute notre énergie pour faire les essentiels qui sont travailler avec les communautés, mettre en place les projets, etc. Et en même temps, ça fait partie de l'organisation et de ce qu'elle doit vivre et passer. Donc, quand on a ce genre de situation, On essaie de comprendre, d'analyser, de protéger au maximum le reste de la structure et puis d'agir en étant le plus juste possible.

  • Speaker #0

    Merci de partager sur cette valeur. Tu finis en disant en étant le plus juste possible. Où est-ce que tu vas puiser cette force-là ? Parce que là, tu nous décris des choses assez intenses avec beaucoup d'humilité. N'empêche que tu gères. Où est-ce que tu vas la chercher, ta force ?

  • Speaker #1

    Je pense que je la trouve beaucoup dans mon rapport aux autres et dans mon rapport à la nature, donc on en a parlé tout à l'heure. Je ne pourrais pas faire mon travail sans aller régulièrement en forêt, sans mettre les mains dans la terre, sans voir les graines germer. Je ne pourrais pas faire mon travail sans essayer de comprendre avec d'autres comment est-ce qu'on fait mieux, comment est-ce qu'on fait plus grand, comment est-ce qu'on transforme le système. On sait que... On a 90% de chances que ça ne fonctionne pas comme on l'espérait, mais il reste 10% de chances que ça fonctionne. Donc comment est-ce qu'on fait pour prendre ces 10% de chances ? Et je crois que le collectif est ce qui me nourrit le plus, parce que je me sens microscopique dans cette aventure. Nous, on est une centaine chez Planète Urgence, on a 13 projets dans cet pays, mais en fait c'est rien, c'est tout petit. Ce qu'on a reforesté en l'espace de... de 25 ans. C'est ce qui a été déforesté quasiment en deux jours dans le monde. On n'est vraiment pas grand-chose. C'est un point de départ qui me permet de me dire qu'on fait au mieux dans ce cas. système complexe, ça ne sera jamais parfait. Parce que quand on travaille sur le vivant, sur des milliers d'hectares, ça ne sera jamais parfait, il se passera toujours quelque chose. Mais du coup, comment est-ce qu'on fait au mieux ? Et puis, comment est-ce qu'on en apprend ? Comment est-ce qu'on partage ? Et comment est-ce qu'on collabore avec d'autres pour que ce qui est fait là puisse servir plus largement ?

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Tu parlais de plusieurs rôles. D'abord, tu es une humaine et puis tu as ce rôle aussi là de dirigeante. Et puis, quand je te pose la question, qu'est-ce qui t'aide quand c'est plus complexe ? Tu me dis, j'entends que c'est le collectif. C'est de pouvoir être pleine aussi de ce que t'apporte le vivant et de pouvoir être motivée par te dire, tiens, on a peut-être 90% que ça ne se passe pas, mais comment on fait pour aller dans les 10% qui vont faire que ça se passe comme on le souhaite ? Donc... coopérer avec ce collectif, être inspiré les uns des autres, cette curiosité et ton énergie. Ton énergie qui est nourrie par ta propre régénération, comme d'être au contact des forêts comme tu le fais.

  • Speaker #1

    C'est ça, et moi j'adore apprendre. J'ai été formée avec une formation assez classique de classe prépa et de grande école. qui m'a appris plein de choses importantes en termes de culture générale, et puis de savoir travailler en entreprise, etc. Mais après, j'ai fait une formation en géopolitique du climat à l'ENS. Je me suis formée avec Ticket for Change sur l'entrepreneuriat social.

  • Speaker #0

    Un petit coucou à Mathieu.

  • Speaker #1

    Un petit coucou à Mathieu. J'ai fait des MOOC sur les sujets de sylviculture mélangée à couvert continu, pour savoir comment on gère une forêt pour qu'elle soit productive économiquement, et en même temps. qu'elle respecte la biodiversité et le rythme du vivant. Là, j'ai fait une formation politique pour... dépasser la frustration de ce système politique qui va trop vite pour essayer de comprendre comment est-ce qu'on peut remettre du temps long dans le système politique. Et donc voilà, toutes ces formations, elles me nourrissent au quotidien et elles me donnent aussi toujours des nouvelles perspectives sur comment est-ce qu'on peut faire différemment. Et j'essaye beaucoup d'apporter ça dans mon entreprise ou dans mes associations et dans mes activités, et là pour Planète Urgence typiquement. On va essayer que les équipes soient formées grâce à Sator, qui est une organisation qui vient de se créer, et Pierre Gilbert, qui est un prospectiviste, qui fait venir plein d'acteurs pour essayer de comprendre cet enjeu du vivant à travers plein de regards différents et d'expertise. Et je crois que ça, on en a besoin. On a tendance à penser que notre formation initiale, c'est notre base et elle nous servira toujours. En fait, le monde évolue tellement vite, ce monde volatile. ambigu, complexe, incertain. On ne peut pas imaginer ce qui va se passer dans un an maintenant, dans cinq ans encore moins, dans dix ans, comment dire. Et du coup, je trouve extrêmement important qu'on puisse se former régulièrement à ce qui se joue, à comment les systèmes évoluent, pour pouvoir les comprendre et agir dessus.

  • Speaker #0

    Merci. J'ai l'impression, quand tu dis se former régulièrement, qu'il y a aussi se sensibiliser dans un sujet commun. Quand tu dis, il y a toute mon équipe qui va être formée, j'ai l'impression que c'est aussi amener un regard de curiosité au sein du collectif.

  • Speaker #1

    Oui, et qu'on puisse approcher les sujets de façon complexe. On est dans un monde où on a tendance à vouloir tout simplifier. Un problème égale une solution. En fait, ce n'est pas ça. Ce n'est plus ça. Peut-être que ça fonctionnait sous l'époque Ford. Aujourd'hui, le monde ne fonctionne pas comme ça. On a compris que... Cette interdépendance venait irriguer toutes les problématiques qu'on avait. Que la politique ne fonctionne pas sans le système économique, sans les citoyens, sans les acteurs sociaux et environnementaux, sans la recherche et du coup sans la nature. Et donc on a besoin de comprendre un peu plus ce qui se joue dans chaque univers et d'arrêter de travailler en silo. Je crois que quelle que soit l'organisation dans laquelle je vais travailler, J'essaierai d'impulser ça.

  • Speaker #0

    Impulser cette conscience de l'interdépendance.

  • Speaker #1

    Je pense que la sensibilisation est nécessaire. Elle permet d'avoir une vision très macroscopique sur ce qui se joue. Et la sensibilisation passe beaucoup par l'intime, par l'émotion. Je pense que la formation, c'est un autre niveau. Donc, on ne peut pas être formé sur tout. C'est pour ça qu'on est en interdépendance, c'est parce que le système est tellement complexe qu'il faut qu'on ait une compréhension globale, il faut qu'on ait des intuitions, mais par contre qu'on s'appuie de la science, qu'on s'appuie d'experts qui, eux, sont formés de façon très profonde sur les thématiques.

  • Speaker #0

    Sensibilité, intuition, pouvoir s'appuyer sur ceux qui vont être experts. Tu parles des émotions, t'es comment toi par rapport aux émotions ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis comment par rapport aux émotions ? Large question. Moi, je suis d'une nature très positive, enjouée, joyeuse. Et depuis toujours, j'ai toujours eu ça. Je voyais toujours le positif dans tout. La capacité à innover, à entreprendre. Il y avait toujours des solutions à tous les problèmes. Donc, j'ai toujours ça. Mais je crois que les années ont amené cette conscience, ce réalisme sur le fait que rien n'est parfait, rien n'est joué. Et j'ai des gros moments, des vrais moments de découragement, de fatigue. Je sens une humanité qui est sur un point de bascule. Je sais qu'on est très nombreux à faire notre maximum, que de plus en plus de personnes sont sensibilisées, ont envie. d'agir, ne savent pas encore comment. Donc ça peut vraiment basculer. Et en même temps, je vois énormément de personnes qui sont engluées dans des enjeux économiques. Je vois des politiques qui prennent des décisions désastreuses pour notre avenir. Je vois des entreprises qui n'en ont rien à faire des sujets environnementaux et sociaux et qui vont se focaliser sur du reporting et communiquer à travers du greenwashing. Et du coup, j'ai de plus en plus de colère. et aussi de la tristesse, je sais que ça ne me servira pas. Je sais que ça ne sera pas utile. Donc j'essaye de faire qu'elle soit présente à la bonne dose et qu'elle ne vienne pas absorber tout le reste, mais ce n'est pas tous les jours facile.

  • Speaker #0

    Et bravo, j'ai envie de dire en même temps, de pouvoir l'accueillir aussi, même si ce n'est pas confortable, cette tristesse, parfois ce découragement. Et bravo, je trouve aussi de pouvoir accueillir ces émotions plus inconfortables pour ne pas qu'elles prennent trop d'espace. Je ne sais pas, je trouve que c'est hyper important de pouvoir partager là-dessus, parce que comme justement tu nommais, on est à un point de bascule. Il y a un environnement où, des fois, le moral, il n'est quand même pas si simple pour beaucoup de monde. Et de pouvoir le nommer et que ce ne soit pas tabou, et du coup, de pouvoir le transformer, je trouve ça chouette. Et donc, toi, tu me disais, je fais en sorte que ça ne prenne pas toute la place. J'ai envie de te partager que moi, j'ai l'impression qu'il y a aussi de l'impermanence. On est dans des courants où, des fois, il y a une vague de découragement, de tristesse. Et puis, d'un coup, on est réappelé par... un échange qu'on vient d'avoir avec telle ou telle personne et d'un coup, la joie, la connexion, le lien reprend toute la place. Quel message tu aurais envie de faire passer aux auditrices ou aux auditeurs pour les moments de découragement ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si j'ai une recette magique, j'adorerais, mais je te suis désolée, je n'en aurais pas. Je pense que ça dépend de chacun de vous. de où vous en êtes et de quelles sont vos zones d'énergie et ce qui va vous revigorer. Moi, ce qui me semble important, c'est d'avoir des endroits où on va pouvoir mettre les mains dans la Terre. On va pouvoir se rappeler d'où on vient. On vient tous de cette planète Terre. Sa capacité aussi de régénération naturelle. Il y a plein d'endroits dans le monde où, quand on laisse tranquille la nature, elle revient, elle se régénère et elle sera là pour soutenir l'être humain. donc même si là on fait toujours des bêtises même si à un moment ça tourne mal à la hauteur de l'existence de la Terre c'est peut-être pas si grave que ça et peut-être que dans 1000 2000 ans il y aura des humains qui sont extrêmement heureux sur cette planète Terre et qui auront trouvé une autre façon de vivre aujourd'hui on est extrêmement heureux, je pense qu'avec les choix qu'on fait on va créer beaucoup de tensions...

  • Speaker #0

    Quand tu dis les choix qu'on fait, tu nommes quoi ?

  • Speaker #1

    Les choix politiques, de financement, fiscaux, de continuité de nos modèles de vie, de consommation. On va vite, de plus en plus vite, on consomme massivement, on accumule. À un moment, il va falloir que ça s'arrête. La Terre ne peut pas supporter ça. On utilise deux planétaires à peu près par français. Je ne vous parle pas des États-Unis. globalement, on fait des bêtises, on va probablement continuer à en faire. Bon, ça aura plus ou moins d'impact sur les générations futures, mais à un moment, ça va se rééquilibrer. Les organismes vivants se rééquilibrent toujours dans la nature. Le vivant reprend toujours sa place à un moment. Il restera toujours des graines sur Terre et elles recréeront des écosystèmes et l'humain fera partie de ces écosystèmes-là avec une place particulière. Ce que j'espère, c'est qu'on arrivera à garder des oasis de vie sur lesquelles on a réconcilié l'humain et la forêt et que ça nous permettra d'apprendre plus vite pour pouvoir passer sur la deuxième étape.

  • Speaker #0

    Et quand tu parles des oasis de vie, tu peux décrire à nos auditeurs, auditrices, c'est quoi un oasis de vie ?

  • Speaker #1

    C'est ce qu'on essaie de faire chez Planète Urgence, c'est d'avoir des écosystèmes naturels qui vivent en bon équilibre avec des écosystèmes humains. Donc quand tu as une forêt qui reste sur une zone, une forêt sèche dans le centre de Madagascar par exemple, elle a été de plus en plus abîmée, il reste quelques petites patches encore de forêt. Comment est-ce que cette forêt-là continue à exister et que les humains villageois autour n'ont plus besoin d'aller couper cette forêt ? Au contraire, ils vont venir renaturer cette forêt, ils vont continuer à aller chercher des champignons et des médicaments. Mais par contre autour... vont créer des activités de bois énergie avec des arbres qui poussent vite, sur lesquels ils vont pouvoir récupérer du bois pour la carbonisation et nourrir les enfants et cuire le riz, qui est une base. Comment est-ce qu'on va créer des écosystèmes agroforestiers, voire des forêts jardins où on va entremêler plein d'espèces possibles pour pouvoir se nourrir, pour pouvoir soigner, pour pouvoir se vêtir potentiellement, avoir des fibres, etc. Comment est-ce que dans les écoles à proximité, les enfants aiment et connaissent la nature ? Comment est-ce que des activités économiques peuvent émerger ? Je ne sais pas, de l'apiculture durable, de l'aquaculture quand on est sur les mangroves. En France, on a exactement la même chose. J'étais hier avec quelqu'un qui s'appelle Adrien, qui a créé les alvéoles dans la Drôme. C'est un lieu de vie qui est complètement en harmonie avec la nature. Ils ont 24 hectares au total. Ils ont un lieu de jardin forêt.

  • Speaker #0

    Avec plein de modèles agroforestiers différents, où au bout d'un moment, ça a tellement bien poussé qu'on va juste s'assurer qu'il y a des équilibres qui se font entre certains arbres pour que chacun ait de la lumière. Donc on va surtout couper pour que la lumière reste. Et puis à côté, il va y avoir un centre de formation, un habitat partagé. Ils vont être en capacité d'avoir accès à l'eau, à l'électricité grâce à la nature. Ils travaillent en bonne intelligence avec la mairie, avec les collectivités locales. qui apprennent, qui répliquent. Donc c'est ça, ces oasis de vie. C'est des zones qui ne sont pas toujours simples. Il ne faut pas les idéaliser parce qu'effectivement, on ne va pas prendre l'avion tous les quatre matins pour aller faire des vacances dans des clubs med ou autres. On ne va pas prendre sa voiture pour aller travailler loin, gagner beaucoup d'argent et s'acheter des super vêtements qu'on voit dans les magazines. Donc ça demande un changement profond de notre pratique. quotidienne, ça demande un changement profond de la vision sur ce que c'est que la réussite, ce que c'est que le bonheur. Et en même temps, quand on le fait, on est forcément très heureux de par cette relation à la nature qui se recrée, de par cette relation au vivant qui se recrée, le lien humain. Après, on est heureux sur ça et on sera triste sur d'autres aspects comme on l'est aujourd'hui en fait. C'est juste que ça nous permettra de vivre avec une planétaire unique et pas en croyant qu'on en a deux ou trois sous le coude.

  • Speaker #1

    Avoir conscience et pouvoir être heureux, j'allais te poser la question, c'est quoi pour toi le bonheur ? Mais j'ai l'impression que tu as un peu répondu quand tu as dit le lien à la nature, le lien humain, le lien au vivant. Tu as envie de rajouter quelque chose ? C'est quoi pour toi le bonheur, Amandine ?

  • Speaker #0

    Pour moi, le bonheur, c'est l'alignement. C'est de savoir pourquoi je suis sur cette planète Terre. On sait quand même, la nature est extraordinaire. Elle nous a fait arriver sur cette planète Terre. Quand tu vois d'où on vient, j'y connais rien, mais des chromosomes qui se mélangent, d'une histoire compliquée, la planète Terre qui a la capacité de nous accueillir, l'oxygène qui est présent. Tout ça, quand tu regardes tous les facteurs, la chance qu'on soit là déjà, elle est quand même minime. Et pourtant, on est là. Donc, mon alignement, c'est de se dire, bon, ok, je suis là, mais à quoi je vais servir par rapport à tout ? tout ce qui existe autour de moi, en quoi je veux être utile et du coup, comment est-ce que je mets en harmonie au maximum le monde dans lequel je vis et l'utilité que j'ai envie d'apporter. Et aujourd'hui, j'ai l'impression que mon bonheur vient beaucoup de cet alignement-là et aussi de la joie que j'ai avec les gens qui m'entourent. J'adore faire la fête, j'adore rencontrer des gens, j'adore imaginer, créer. Et ça, ça m'apporte beaucoup de bonheur.

  • Speaker #1

    Et ça pétille, je te vois avec tes yeux pétillants et ton grand sourire, pouvoir nourrir le pourquoi, le fameux pourquoi, mettre du sens, être aligné avec ce pourquoi. Et dans ce pourquoi, quelle utilité. Et puis tu disais aussi, j'adore rire, créer, être avec les gens. Et ça se ressent. Et alors, justement, j'ai posé une question. tu parles, là on voit ton lien humain fort t'es aussi maman de deux enfants comment tu gères pour gérer tout ce que tu gères t'as ce rôle là, tu parlais des différents rôles de directrice générale de Planète Urgence et t'es aussi maman de deux enfants comment tu gères ton temps ?

  • Speaker #0

    La question du temps elle est compliquée et c'est peut-être la seule chose qui fait que nous sommes en équité quasi parfaite, donc elle est intéressante... Être dirigeante d'une organisation, ça ne veut pas dire tout faire, ça ne veut pas dire tout porter. Et du coup, j'ai une équipe formidable et un super comité de direction et des gens engagés. On a des responsables dans les pays qui connaissent leurs écosystèmes, qui connaissent les acteurs, qui savent comment aller, où aller. Et donc moi, je vais être présente plutôt pour s'assurer qu'on va collectivement dans la bonne direction. Mais ce n'est pas moi qui fais au quotidien. Ensuite, on a des gens dans cet écosystème qui nous soutiennent, des financeurs, des scientifiques, des experts, tout ça. Il ne faut pas croire que quand on est dirigeant, on fait tout. Par contre, effectivement, ça demande beaucoup d'énergie, beaucoup de résilience et une très, très grande implication. Donc, ça me laisse peu de temps. Mais du coup, la question, c'est comment est-ce que j'utilise ce temps ? Donc très jeune, j'ai fait des choix dans le temps que j'allais passer, comment j'allais utiliser mon argent pour avoir le plus de temps disponible. Et ensuite, dans mes choix de vie, avec mon mari, avec mes enfants, on s'octroie des temps de vraie qualité ensemble. Donc c'est le rapport aux écrans, c'est qu'est-ce qu'on fait quand on est ensemble pour que ça soit vraiment du temps collectif. Et puis de jouer, de découvrir, d'apprendre ensemble, je pense que tout ça, ça rend le temps élastique. Et 30 minutes avec un enfant à regarder un dessin animé versus 30 minutes avec un enfant à faire une recette de cuisine, à faire une balade en forêt, poser la question des émotions, de comment ça s'est passé aujourd'hui, raconte-moi ton histoire d'aujourd'hui. Peut-être que c'est différent, je crois que c'est différent. Et donc du coup j'essaye de rendre le temps. plus qualitatif quand je suis présente.

  • Speaker #1

    Merci, merci beaucoup. Moi, je ressens beaucoup d'amour, en fait, chez toi, que ce soit vis-à-vis de la forêt, du vivant, que ce soit, t'as dit, j'ai un super comité de direction, j'ai une super équipe. Moi, je pense que quand on a un super comité de direction, une super équipe, c'est qu'on est sûrement une super dirigeante. Et je ressens beaucoup d'amour vis-à-vis de la forêt, du vivant, de tes projets, des équipes. locales, des équipes en interne et vis-à-vis de ta famille, vis-à-vis de tes amis. Merci, merci pour ça. On arrive vers la fin de cette interview et je vais te proposer, si tu es d'accord, un petit voyage. Est-ce que tu serais d'accord pour pouvoir, je ne sais pas, décroiser tes jambes, pouvoir fermer les yeux ? C'est ok. Et je vais t'inviter à voyager en 2035. Nous sommes en 2035, qu'est-ce qui fait battre ton cœur ?

  • Speaker #0

    Alors j'aimerais bien entendre votre réponse à vous, qui écoutez parce que je pense que cette question elle est intéressante pour tout le monde. Moi en 2035, ce qui fait battre mon cœur, je pense que c'est la même chose qu'aujourd'hui. C'est le vivant, c'est les autres. C'est l'énergie qu'on met à trouver des solutions et à les mettre en place. Et c'est toutes ces petites zones de vivre ensemble. C'est tout ça qui fait battre mon cœur, quoi qu'il se passe autour.

  • Speaker #1

    Merci Amandine. Merci à toi.

  • Speaker #2

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  • Speaker #1

    Vie, Aime.

Description

Amandine ou l’art d’un leadership engagé. 

Dans cet épisode, Amandine Hersant nous partage son parcours comme un appel à l’action, où sens et utilité lui ont vite semblé essentiels. Elle voit dans l’entreprise une immense capacité d’impact. Elle s’engagera dans la solidarité internationale et mettra en place de nombreux projets sociaux, comprenant les interdépendances entre le social, l’environnement et l’économie. 


Amandine est directrice générale de Planète Urgence. 

Elle engage des projets à l’international pour la protection des forêts en lien avec les communautés locales.  


Un leadership ancré dans le vivant pour des projets porteurs d’avenir, voilà ce qu’Amandine incarne. La forêt comme source de vie est aussi pour elle, une source d'émerveillement, d’inspiration et d’apprentissage.


Avec une équipe d’une centaine de personnes, elle doit parfois traverser des crises sécuritaires et déployer au jour le jour beaucoup d’énergie pour rendre possible et protéger. Elle puise sa force dans le collectif, le lien humain, l’émerveillement pour la nature et l’envie constante d’apprendre. 


Apprendre, comprendre, connecter. Ces mots sont au cœur de son engagement. Que ce soit avec ses équipes, des experts ou les populations locales, elle tisse des liens qui transcendent les frontières et les disciplines.

Elle croit à la force du collectif et à l’intelligence des alliances. Elle montre qu’en cultivant nos racines communes, humaines et naturelles, nous pouvons imaginer des solutions puissantes et durables.




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, je suis Stéphanie Pelleret-Delga. Vous écoutez le podcast Sois.Vis.Aime. Oser un leadership authentique et inspirant, au service de soi, des autres, de son écosystème et du vivant. Tous les mois, je reçois des dirigeantes, dirigeants, experts, expertes. entrepreneurs, entrepreneuses qui ont fait ce chemin entre vulnérabilité et puissance, qui ouvrent leur cœur et partagent leurs expériences professionnelles et plus personnelles. Par leur parcours et personnalité, ils, elles, sèment des graines sources d'inspiration. Et vous, quelles graines avez-vous envie de semer ? Quel leadership souhaitez-vous incarner ? À mon micro ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Amandine Ersang. Bonjour. Bonjour Amandine. Merci d'avoir accepté mon invitation dans Sois.VM. On enregistre aujourd'hui cette interview dans mon salon, transformée en studio pour l'occasion. Merci pour notre petite balade en forêt. Et en matière de forêt, justement, on peut dire que tu t'y connais bien. Chère Amandine, tu es une passionnée et une apporteuse de solutions concrètes au service d'un monde plus inclusif et durable. Tu as appréhendé les enjeux de l'engagement et de la transformation à travers des univers très différents, à la fois l'entreprise, l'entrepreneuriat social et l'associatif. Aujourd'hui, tu es directrice générale de Planète Urgence, association du groupe SOS que tu as rejoint en 2019. Tu y as notamment développé une nouvelle vision stratégique orientée exclusivement sur la protection des forêts en lien avec les communautés locales. Planète Urgence se positionne aussi comme un acteur du climat. En 2022, tu es reconnu par les prix du Point, le magazine, comme l'une des 50 leaders français de la transition sociale et environnementale. En 2023, tu es finaliste des trophées de l'ESS. organisé par le gouvernement français, et Top 100 Women in Social Entrepreneurship par Euclid Network. Dans ton parcours, avant de rejoindre Planète Urgence, tu as intégré le fonds Danone pour l'écosystème. L'objectif de ce fonds de dotation étant d'inventer des modèles inclusifs au service de la chaîne de valeur de Danone, producteur, recycleur, vendeur de rue et professionnel de la nutrition. Tu as pu travailler avec des équipes ONG, entreprises, dans une quinzaine de pays différents pour les accompagner dans des projets innovants. Création d'entreprises sociales de recyclage en France ou en Espagne, création d'associations professionnelles de sages-femmes en Roumanie ou au Kenya, structuration de coopératives agricoles en Ukraine et en Turquie, déploiement d'écoles de formation en insertion pour les jeunes en Tunisie ou en Afrique du Sud, inclusion de vendeurs de rues au Togo ou au Brésil, création de crèches dans des bidonvilles, ou des zones rurales défavorisées en Thaïlande. Amandine, qu'est-ce qui, dans ton parcours, t'a donné cette âme d'entrepreneuse à impact très humaniste ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas s'il y a un moment ou un événement qui a fait cette prise de décision et ces orientations. Je pense que c'est beaucoup des rencontres. C'est la chance de grandir dans une famille qui est sensible à l'autre, à cet enjeu social. Je viens d'une famille d'assistants sociaux, de secrétaires sociaux. Mon papa travaillait dans les HLM, donc je pense qu'il y a déjà cette attention à l'autre qui grandit de l'enfance et qui est importante du coup qu'on apporte à tous les enfants du monde dès l'enfance. Et après, il y a des rencontres, des opportunités. Moi, j'ai dans mon parcours eu envie d'aller explorer ce monde de l'entreprise et en me disant progressivement, en fait, cette entreprise-là, elle a une capacité d'impact gigantesque, elle ne le sait pas encore. Donc, comment est-ce qu'on passe par l'entreprise pour essayer de faire autrement ? Ce qui ne me semblait pas juste, ce qui ne me semblait pas normal. J'ai travaillé dans la négociation grand compte, dans des supermarchés, j'ai négocié avec des magasins Leclerc. C'était très loin de mes idéaux et de ce que j'avais envie de faire. Et donc, progressivement, j'ai essayé d'intégrer de l'impact dans ce que je faisais. J'en ai parlé à l'organisation au global, j'ai pu mettre en place des projets. Et puis, je suis rentrée dans le fond d'un écosystème, effectivement, en ne sachant pas grand-chose de ce que c'était que la solidarité internationale. Je veux, je veux. Je suis tombée un peu dans la piscine, dans l'eau, et il n'y avait pas grand monde pour m'apprendre à nager, si ce n'est l'expérience, si ce n'est les rencontres, si ce n'est les ONG avec lesquelles j'ai pu interagir. Et puis, au fur et à mesure, j'ai compris tous les enjeux d'impact, les enjeux d'évaluation, de mesure, de structuration de projet. J'ai compris ce qui permet à un projet de bien fonctionner. J'ai compris les interdépendances entre le social, l'environnemental et l'économique. Et c'est comme ça que je suis tombée dans le sujet de l'impact. Le sujet de l'impact m'avait tombée dans le sujet de l'existence de l'humanité et de la nécessité de protéger notre planète.

  • Speaker #0

    Je ressens beaucoup d'intuition quand tu dis j'ai compris la force de frappe de l'entreprise en tant que telle Tu as choisi de te servir de cette force de frappe de l'entreprise pour se servir d'elle au service des valeurs qui sont les tiennes. Et tu as appris sur le terrain. Je crois que tu as eu un rôle important de structuration. pour faire valoir aussi ce qui se fait et à quoi tu mesures certains impacts. Franchement, tu dis ça avec beaucoup de simplicité. Moi, je trouve ça assez impressionnant d'apprendre comme ça sur le terrain. Comme ça, tu dis, je suis tombée dans la marmite et puis tu fais un lien. Tu dis, j'ai compris que tout était interrelié, le social, l'environnemental. Et justement, quand tu prends les RN de la direction de Planète Urgence, tu décides de faire évoluer la stratégie exclusivement vers la protection des forêts en lien avec les populations locales. Et j'imagine, mais tu vas me dire si c'est le cas ou pas, que c'est suite justement à cette compréhension du lien entre l'environnement et le social. Est-ce que tu veux bien nous en dire un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est très relié. En fait, je passais beaucoup de temps dans les bidonvilles, dans des zones de pauvreté très fortes. avec des populations qui étaient en survie au quotidien. J'ai eu la chance de mettre en place des projets formidables, création de crèches en habitant de ville, recréation du métier de sage-femme pour accompagner la mère et l'enfant dans ces premiers jours de vie qui sont tellement essentiels pour être bien toute sa vie. Et là,

  • Speaker #0

    les auditeurs, je te coupe, pardon, ils ne te voient pas, mais je vois tes yeux qui pétillent à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Voilà, j'ai eu cette Ausha. Et en même temps, j'avais l'impression de mettre des pansements sur... des problématiques qui étaient beaucoup plus profondes. Aujourd'hui, si on n'est pas capable de gérer la problématique environnementale, de conserver des écosystèmes, de conserver une nature qui nous permet de vivre, on va continuer à avoir des bidonvilles qui vont augmenter, on va continuer à avoir une pauvreté qui va augmenter. Et donc du coup, j'ai eu envie de retourner aux racines de notre capacité à vivre et donc de retourner à ce qui fait notre écosystème. Et un des écosystèmes les plus importants, c'est celui de la forêt. La forêt, c'est le deuxième puits de carbone mondial naturel après les océans, donc le premier sur lequel on peut réellement agir, avec un potentiel énorme de restauration. On a détruit en 30 ans la taille de l'Inde en forêt. Et donc ce sont des écosystèmes qui n'existent plus et qui pour autant nourrissaient les humains. En forêt, on va chercher autant de nourriture que des médicaments, de quoi construire des maisons, qui sont ces puits de carbone mondiaux et qui accueillent la biodiversité. On a 80% de la biodiversité mondiale terrestre. qui est en forêt. Donc du coup, j'avais envie d'aller sur les racines et les racines pour moi sont vraiment en forêt.

  • Speaker #0

    Cette volonté d'aller dans les racines qui sont vraiment en forêt et je crois qu'il y a aussi un goût, une sensibilité. On en parlait tout à l'heure quand on se baladait que tu as avec la forêt. Est-ce que tu peux nous partager d'où ça vient cette sensibilité ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai appris avec Planète Urgence. J'aimais la forêt comme beaucoup de... d'humains sur Terre, mais j'ai vraiment appris avec Planète Urgence. J'ai été aux côtés de forestiers dans tous les pays du monde. J'ai marché dans une boue très gluante, dans les mangroves. J'ai eu l'occasion de rencontrer des gens passionnés, des gardiens de la forêt à Madagascar. Là, je m'apprête à aller au Bénin pour travailler dans les forêts sacrées. Les équipes y sont depuis longtemps. Ce sont des forestiers, des gens qui sont passionnés, des socio-organisateurs. qui essayent de reconnecter l'humain à la forêt. Donc, ils m'ont appris à chaque fois à aimer et à connaître leur écosystème. Et moi, j'ai appris en parallèle à aimer l'écosystème français, puisqu'on a effectivement une petite forêt sur laquelle on essaye de faire de la renaturation. On teste des modèles de jardin-forêt.

  • Speaker #0

    Quand tu dis on pardon ?

  • Speaker #1

    Avec ma famille.

  • Speaker #0

    Avec ta famille.

  • Speaker #1

    On a décidé d'investir il y a quelques années dans une forêt, plutôt que d'investir dans du bâti. C'est une zone de 12 hectares, on a une partie forêt sèche type pinède. Et puis une partie de feuillus, qui est beaucoup plus vivante, beaucoup plus diverse. Il y a une partie de prairies aussi, prairies sauvages, une partie humide. Et donc c'est un écosystème très intéressant d'un point de vue écologique, et sur lequel j'apprends beaucoup. Il y a des gens de la LPO qui viennent pour observer les types d'oiseaux qui se posent. Philippe qui m'apprend à écouter les oiseaux. J'ai envie de faire venir quelqu'un sur tout ce qui va être chauve-souris. On a aussi un écologue qui est venu, fantastique, du Centre des espaces naturels sensibles de la région pour nous faire découvrir des orchidées particulières de la forêt. Donc voilà, tout ça, ça nourrit évidemment. Après tu vas lire, tu vas creuser, tu vas essayer de comprendre. Et dans mon métier, j'en rencontre des gens extraordinaires qui travaillent sur la forêt depuis longtemps et avec des augmentations différentes les unes des autres. Certains vont être beaucoup sur le système racinaire, d'autres sur l'hydrologie. d'autres sur l'alimentation en forêt. Et donc, en fait, tous ces croisements de savoir permettent de mieux comprendre la forêt. Donc là, j'en suis là aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Et en plus, il y a ce que tu nous dis là, et merci pour toute cette richesse. Et puis, on devine à quel point ça doit être extraordinaire d'être au contact de ces différents savoirs, passions. Mais je t'ai surtout vue tout à l'heure, quand on se baladait, j'ai vu ta présence. Ta curiosité, ton regard, ta façon de sentir, ta façon de toucher, ta façon de m'amener. Tiens, t'as vu ça ? On parlait des orties. Tu m'as proposé une petite recette de pesto aux orties. Tout à l'heure, tu m'as dit, tiens, t'as vu ça, c'est du lierre sauvage. Tu pourrais faire un petit dessert avec le lierre sauvage. Je te vois. J'ai vu vraiment ce regard d'enfant que tu portes sur cette forêt. Donc... J'ai envie de le partager ici parce qu'au-delà de cet héritage dont tu as eu la chance de profiter à travers Planète Urgence, je vois aujourd'hui que tu en fais profiter les autres. En tout cas, moi, tu m'en as fait profiter aussi.

  • Speaker #1

    Mais je pense que c'est extrêmement important de remettre de l'émerveillement, de la joie, du concret dans notre rapport à la forêt. On a été tous éduqués avec le grand méchant loup qui traverse la forêt, qui mange les petits chapeaux en rouge. Du coup, cette forêt, elle fait souvent peur. On ne la connaît pas, on ne la comprend pas. Et donc, du coup, ça ne fait rien de la couper. Et si on arrive à recréer ce lien intime entre la forêt et l'humain, en disant, tu sais, là, regarde, tu as du lierre sauvage. Ça, tu peux le cuisiner. Tu peux faire effectivement plein de choses avec. Des tartes, des soupes. J'ai fait des sushis il n'y a pas longtemps. Avec du lierre. Avec des plantes de la forêt. Oui, c'est des mix. On fait de l'ortie excellente. L'ortie a beaucoup plus de vitamine C. qu'une orange en termes de grammage. Donc il vaut mieux aller ramasser des orties que faire venir des oranges au bout du monde. Et tout ça, on l'a oublié, on ne sait plus vivre avec la forêt. Donc moi, j'aimerais vraiment que cette humanité, des Français en premier lieu, mais potentiellement l'ensemble de l'humanité, connaissent mieux cette nature et apprennent à la respecter pour ce qu'elle nous apporte, mais aussi pour ce qu'elle est intrinsèquement. Tu vois, quand on regarde les êtres... il y avait des gros hêtres dans cette forêt, d'essayer de comprendre, ils sont arrivés quand ? Qu'est-ce qui s'est passé depuis ? Est-ce que les jeunes qui sont autour viennent d'eux ? Est-ce qu'ils ont eu des branches qui ont été coupées ? Pourquoi ? Comment ça a fait évoluer leur structure ? En quoi ils sont importants aujourd'hui en haut de la colline pour éviter l'érosion ? Quand il y aura des grandes pluies, en quoi ça va protéger les maisons qui sont en dessous ? Je trouve que c'est essentiel d'essayer d'approcher le paysage. comme un grand tout dans lequel on fait partie. Voilà, j'aimerais beaucoup ça.

  • Speaker #0

    Merci de nous le partager, parce qu'on le visualise à travers tes mots, ce grand tout. Donc toi, quand tu travailles là, avec Planète Urgence et les populations locales, tu mènes des projets où ce n'est pas toujours si simple. Donc merci d'avoir pu nommer l'émerveillement, la conscience, la curiosité. dans ces projets, où parfois c'est pas toujours si simple, où t'es confrontée, tu peux être confrontée à des crises sécuritaires, tu peux avoir aussi des collaborateurs emprisonnés. Comment tu vas gérer ces situations stressantes ?

  • Speaker #1

    C'est une question de rôle. Je pense qu'on a plusieurs rôles dans la vie. Mon rôle premier, c'est d'être une humaine et du coup, une humaine, elle n'est qu'en rapport avec la nature et ce rapport-là, la nature dont les autres humains. Et ce rapport-là se crée grâce à l'émerveillement. Ça, c'est ce que je suis profondément. Et après, j'ai d'autres rôles. Et un des rôles, c'est d'être dirigeante d'une organisation. Et pour qu'elle fonctionne, il faut que je puisse approcher l'organisation comme un organisme vivant, avec des moments où elle va bien, elle est en pleine forme, et des moments où elle va mal, où elle a une maladie, un cancer. Et du coup, comment est-ce que cette partie-là de l'organisation arrive à se régénérer ? Comment est-ce qu'on en apprend de ce qui s'est passé dans cet organisme ? Comment est-ce qu'on accompagne chaque acteur de cet organisme à faire le mieux possible ? Donc quand j'ai ces situations-là, elles sont toujours très difficiles parce qu'on a tellement de choses à gérer en restauration forestière. Les projets sont déjà extrêmement complexes. Et effectivement, très régulièrement, on est sur des pays qui ont des enjeux sécuritaires très forts. Donc je vais avoir l'État islamique qui va se rapprocher de zones de projet. Je vais avoir quelqu'un qui va se faire emprisonner parce qu'il est gardien des forêts et que ça ne plaît pas à d'autres qui veulent récupérer le foncier. Je vais avoir des enjeux de corruption dans nos pays, d'intervention. Évidemment, tout ça, on préfère que ça n'arrive jamais parce qu'on a déjà besoin de toute notre énergie pour faire les essentiels qui sont travailler avec les communautés, mettre en place les projets, etc. Et en même temps, ça fait partie de l'organisation et de ce qu'elle doit vivre et passer. Donc, quand on a ce genre de situation, On essaie de comprendre, d'analyser, de protéger au maximum le reste de la structure et puis d'agir en étant le plus juste possible.

  • Speaker #0

    Merci de partager sur cette valeur. Tu finis en disant en étant le plus juste possible. Où est-ce que tu vas puiser cette force-là ? Parce que là, tu nous décris des choses assez intenses avec beaucoup d'humilité. N'empêche que tu gères. Où est-ce que tu vas la chercher, ta force ?

  • Speaker #1

    Je pense que je la trouve beaucoup dans mon rapport aux autres et dans mon rapport à la nature, donc on en a parlé tout à l'heure. Je ne pourrais pas faire mon travail sans aller régulièrement en forêt, sans mettre les mains dans la terre, sans voir les graines germer. Je ne pourrais pas faire mon travail sans essayer de comprendre avec d'autres comment est-ce qu'on fait mieux, comment est-ce qu'on fait plus grand, comment est-ce qu'on transforme le système. On sait que... On a 90% de chances que ça ne fonctionne pas comme on l'espérait, mais il reste 10% de chances que ça fonctionne. Donc comment est-ce qu'on fait pour prendre ces 10% de chances ? Et je crois que le collectif est ce qui me nourrit le plus, parce que je me sens microscopique dans cette aventure. Nous, on est une centaine chez Planète Urgence, on a 13 projets dans cet pays, mais en fait c'est rien, c'est tout petit. Ce qu'on a reforesté en l'espace de... de 25 ans. C'est ce qui a été déforesté quasiment en deux jours dans le monde. On n'est vraiment pas grand-chose. C'est un point de départ qui me permet de me dire qu'on fait au mieux dans ce cas. système complexe, ça ne sera jamais parfait. Parce que quand on travaille sur le vivant, sur des milliers d'hectares, ça ne sera jamais parfait, il se passera toujours quelque chose. Mais du coup, comment est-ce qu'on fait au mieux ? Et puis, comment est-ce qu'on en apprend ? Comment est-ce qu'on partage ? Et comment est-ce qu'on collabore avec d'autres pour que ce qui est fait là puisse servir plus largement ?

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Tu parlais de plusieurs rôles. D'abord, tu es une humaine et puis tu as ce rôle aussi là de dirigeante. Et puis, quand je te pose la question, qu'est-ce qui t'aide quand c'est plus complexe ? Tu me dis, j'entends que c'est le collectif. C'est de pouvoir être pleine aussi de ce que t'apporte le vivant et de pouvoir être motivée par te dire, tiens, on a peut-être 90% que ça ne se passe pas, mais comment on fait pour aller dans les 10% qui vont faire que ça se passe comme on le souhaite ? Donc... coopérer avec ce collectif, être inspiré les uns des autres, cette curiosité et ton énergie. Ton énergie qui est nourrie par ta propre régénération, comme d'être au contact des forêts comme tu le fais.

  • Speaker #1

    C'est ça, et moi j'adore apprendre. J'ai été formée avec une formation assez classique de classe prépa et de grande école. qui m'a appris plein de choses importantes en termes de culture générale, et puis de savoir travailler en entreprise, etc. Mais après, j'ai fait une formation en géopolitique du climat à l'ENS. Je me suis formée avec Ticket for Change sur l'entrepreneuriat social.

  • Speaker #0

    Un petit coucou à Mathieu.

  • Speaker #1

    Un petit coucou à Mathieu. J'ai fait des MOOC sur les sujets de sylviculture mélangée à couvert continu, pour savoir comment on gère une forêt pour qu'elle soit productive économiquement, et en même temps. qu'elle respecte la biodiversité et le rythme du vivant. Là, j'ai fait une formation politique pour... dépasser la frustration de ce système politique qui va trop vite pour essayer de comprendre comment est-ce qu'on peut remettre du temps long dans le système politique. Et donc voilà, toutes ces formations, elles me nourrissent au quotidien et elles me donnent aussi toujours des nouvelles perspectives sur comment est-ce qu'on peut faire différemment. Et j'essaye beaucoup d'apporter ça dans mon entreprise ou dans mes associations et dans mes activités, et là pour Planète Urgence typiquement. On va essayer que les équipes soient formées grâce à Sator, qui est une organisation qui vient de se créer, et Pierre Gilbert, qui est un prospectiviste, qui fait venir plein d'acteurs pour essayer de comprendre cet enjeu du vivant à travers plein de regards différents et d'expertise. Et je crois que ça, on en a besoin. On a tendance à penser que notre formation initiale, c'est notre base et elle nous servira toujours. En fait, le monde évolue tellement vite, ce monde volatile. ambigu, complexe, incertain. On ne peut pas imaginer ce qui va se passer dans un an maintenant, dans cinq ans encore moins, dans dix ans, comment dire. Et du coup, je trouve extrêmement important qu'on puisse se former régulièrement à ce qui se joue, à comment les systèmes évoluent, pour pouvoir les comprendre et agir dessus.

  • Speaker #0

    Merci. J'ai l'impression, quand tu dis se former régulièrement, qu'il y a aussi se sensibiliser dans un sujet commun. Quand tu dis, il y a toute mon équipe qui va être formée, j'ai l'impression que c'est aussi amener un regard de curiosité au sein du collectif.

  • Speaker #1

    Oui, et qu'on puisse approcher les sujets de façon complexe. On est dans un monde où on a tendance à vouloir tout simplifier. Un problème égale une solution. En fait, ce n'est pas ça. Ce n'est plus ça. Peut-être que ça fonctionnait sous l'époque Ford. Aujourd'hui, le monde ne fonctionne pas comme ça. On a compris que... Cette interdépendance venait irriguer toutes les problématiques qu'on avait. Que la politique ne fonctionne pas sans le système économique, sans les citoyens, sans les acteurs sociaux et environnementaux, sans la recherche et du coup sans la nature. Et donc on a besoin de comprendre un peu plus ce qui se joue dans chaque univers et d'arrêter de travailler en silo. Je crois que quelle que soit l'organisation dans laquelle je vais travailler, J'essaierai d'impulser ça.

  • Speaker #0

    Impulser cette conscience de l'interdépendance.

  • Speaker #1

    Je pense que la sensibilisation est nécessaire. Elle permet d'avoir une vision très macroscopique sur ce qui se joue. Et la sensibilisation passe beaucoup par l'intime, par l'émotion. Je pense que la formation, c'est un autre niveau. Donc, on ne peut pas être formé sur tout. C'est pour ça qu'on est en interdépendance, c'est parce que le système est tellement complexe qu'il faut qu'on ait une compréhension globale, il faut qu'on ait des intuitions, mais par contre qu'on s'appuie de la science, qu'on s'appuie d'experts qui, eux, sont formés de façon très profonde sur les thématiques.

  • Speaker #0

    Sensibilité, intuition, pouvoir s'appuyer sur ceux qui vont être experts. Tu parles des émotions, t'es comment toi par rapport aux émotions ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis comment par rapport aux émotions ? Large question. Moi, je suis d'une nature très positive, enjouée, joyeuse. Et depuis toujours, j'ai toujours eu ça. Je voyais toujours le positif dans tout. La capacité à innover, à entreprendre. Il y avait toujours des solutions à tous les problèmes. Donc, j'ai toujours ça. Mais je crois que les années ont amené cette conscience, ce réalisme sur le fait que rien n'est parfait, rien n'est joué. Et j'ai des gros moments, des vrais moments de découragement, de fatigue. Je sens une humanité qui est sur un point de bascule. Je sais qu'on est très nombreux à faire notre maximum, que de plus en plus de personnes sont sensibilisées, ont envie. d'agir, ne savent pas encore comment. Donc ça peut vraiment basculer. Et en même temps, je vois énormément de personnes qui sont engluées dans des enjeux économiques. Je vois des politiques qui prennent des décisions désastreuses pour notre avenir. Je vois des entreprises qui n'en ont rien à faire des sujets environnementaux et sociaux et qui vont se focaliser sur du reporting et communiquer à travers du greenwashing. Et du coup, j'ai de plus en plus de colère. et aussi de la tristesse, je sais que ça ne me servira pas. Je sais que ça ne sera pas utile. Donc j'essaye de faire qu'elle soit présente à la bonne dose et qu'elle ne vienne pas absorber tout le reste, mais ce n'est pas tous les jours facile.

  • Speaker #0

    Et bravo, j'ai envie de dire en même temps, de pouvoir l'accueillir aussi, même si ce n'est pas confortable, cette tristesse, parfois ce découragement. Et bravo, je trouve aussi de pouvoir accueillir ces émotions plus inconfortables pour ne pas qu'elles prennent trop d'espace. Je ne sais pas, je trouve que c'est hyper important de pouvoir partager là-dessus, parce que comme justement tu nommais, on est à un point de bascule. Il y a un environnement où, des fois, le moral, il n'est quand même pas si simple pour beaucoup de monde. Et de pouvoir le nommer et que ce ne soit pas tabou, et du coup, de pouvoir le transformer, je trouve ça chouette. Et donc, toi, tu me disais, je fais en sorte que ça ne prenne pas toute la place. J'ai envie de te partager que moi, j'ai l'impression qu'il y a aussi de l'impermanence. On est dans des courants où, des fois, il y a une vague de découragement, de tristesse. Et puis, d'un coup, on est réappelé par... un échange qu'on vient d'avoir avec telle ou telle personne et d'un coup, la joie, la connexion, le lien reprend toute la place. Quel message tu aurais envie de faire passer aux auditrices ou aux auditeurs pour les moments de découragement ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si j'ai une recette magique, j'adorerais, mais je te suis désolée, je n'en aurais pas. Je pense que ça dépend de chacun de vous. de où vous en êtes et de quelles sont vos zones d'énergie et ce qui va vous revigorer. Moi, ce qui me semble important, c'est d'avoir des endroits où on va pouvoir mettre les mains dans la Terre. On va pouvoir se rappeler d'où on vient. On vient tous de cette planète Terre. Sa capacité aussi de régénération naturelle. Il y a plein d'endroits dans le monde où, quand on laisse tranquille la nature, elle revient, elle se régénère et elle sera là pour soutenir l'être humain. donc même si là on fait toujours des bêtises même si à un moment ça tourne mal à la hauteur de l'existence de la Terre c'est peut-être pas si grave que ça et peut-être que dans 1000 2000 ans il y aura des humains qui sont extrêmement heureux sur cette planète Terre et qui auront trouvé une autre façon de vivre aujourd'hui on est extrêmement heureux, je pense qu'avec les choix qu'on fait on va créer beaucoup de tensions...

  • Speaker #0

    Quand tu dis les choix qu'on fait, tu nommes quoi ?

  • Speaker #1

    Les choix politiques, de financement, fiscaux, de continuité de nos modèles de vie, de consommation. On va vite, de plus en plus vite, on consomme massivement, on accumule. À un moment, il va falloir que ça s'arrête. La Terre ne peut pas supporter ça. On utilise deux planétaires à peu près par français. Je ne vous parle pas des États-Unis. globalement, on fait des bêtises, on va probablement continuer à en faire. Bon, ça aura plus ou moins d'impact sur les générations futures, mais à un moment, ça va se rééquilibrer. Les organismes vivants se rééquilibrent toujours dans la nature. Le vivant reprend toujours sa place à un moment. Il restera toujours des graines sur Terre et elles recréeront des écosystèmes et l'humain fera partie de ces écosystèmes-là avec une place particulière. Ce que j'espère, c'est qu'on arrivera à garder des oasis de vie sur lesquelles on a réconcilié l'humain et la forêt et que ça nous permettra d'apprendre plus vite pour pouvoir passer sur la deuxième étape.

  • Speaker #0

    Et quand tu parles des oasis de vie, tu peux décrire à nos auditeurs, auditrices, c'est quoi un oasis de vie ?

  • Speaker #1

    C'est ce qu'on essaie de faire chez Planète Urgence, c'est d'avoir des écosystèmes naturels qui vivent en bon équilibre avec des écosystèmes humains. Donc quand tu as une forêt qui reste sur une zone, une forêt sèche dans le centre de Madagascar par exemple, elle a été de plus en plus abîmée, il reste quelques petites patches encore de forêt. Comment est-ce que cette forêt-là continue à exister et que les humains villageois autour n'ont plus besoin d'aller couper cette forêt ? Au contraire, ils vont venir renaturer cette forêt, ils vont continuer à aller chercher des champignons et des médicaments. Mais par contre autour... vont créer des activités de bois énergie avec des arbres qui poussent vite, sur lesquels ils vont pouvoir récupérer du bois pour la carbonisation et nourrir les enfants et cuire le riz, qui est une base. Comment est-ce qu'on va créer des écosystèmes agroforestiers, voire des forêts jardins où on va entremêler plein d'espèces possibles pour pouvoir se nourrir, pour pouvoir soigner, pour pouvoir se vêtir potentiellement, avoir des fibres, etc. Comment est-ce que dans les écoles à proximité, les enfants aiment et connaissent la nature ? Comment est-ce que des activités économiques peuvent émerger ? Je ne sais pas, de l'apiculture durable, de l'aquaculture quand on est sur les mangroves. En France, on a exactement la même chose. J'étais hier avec quelqu'un qui s'appelle Adrien, qui a créé les alvéoles dans la Drôme. C'est un lieu de vie qui est complètement en harmonie avec la nature. Ils ont 24 hectares au total. Ils ont un lieu de jardin forêt.

  • Speaker #0

    Avec plein de modèles agroforestiers différents, où au bout d'un moment, ça a tellement bien poussé qu'on va juste s'assurer qu'il y a des équilibres qui se font entre certains arbres pour que chacun ait de la lumière. Donc on va surtout couper pour que la lumière reste. Et puis à côté, il va y avoir un centre de formation, un habitat partagé. Ils vont être en capacité d'avoir accès à l'eau, à l'électricité grâce à la nature. Ils travaillent en bonne intelligence avec la mairie, avec les collectivités locales. qui apprennent, qui répliquent. Donc c'est ça, ces oasis de vie. C'est des zones qui ne sont pas toujours simples. Il ne faut pas les idéaliser parce qu'effectivement, on ne va pas prendre l'avion tous les quatre matins pour aller faire des vacances dans des clubs med ou autres. On ne va pas prendre sa voiture pour aller travailler loin, gagner beaucoup d'argent et s'acheter des super vêtements qu'on voit dans les magazines. Donc ça demande un changement profond de notre pratique. quotidienne, ça demande un changement profond de la vision sur ce que c'est que la réussite, ce que c'est que le bonheur. Et en même temps, quand on le fait, on est forcément très heureux de par cette relation à la nature qui se recrée, de par cette relation au vivant qui se recrée, le lien humain. Après, on est heureux sur ça et on sera triste sur d'autres aspects comme on l'est aujourd'hui en fait. C'est juste que ça nous permettra de vivre avec une planétaire unique et pas en croyant qu'on en a deux ou trois sous le coude.

  • Speaker #1

    Avoir conscience et pouvoir être heureux, j'allais te poser la question, c'est quoi pour toi le bonheur ? Mais j'ai l'impression que tu as un peu répondu quand tu as dit le lien à la nature, le lien humain, le lien au vivant. Tu as envie de rajouter quelque chose ? C'est quoi pour toi le bonheur, Amandine ?

  • Speaker #0

    Pour moi, le bonheur, c'est l'alignement. C'est de savoir pourquoi je suis sur cette planète Terre. On sait quand même, la nature est extraordinaire. Elle nous a fait arriver sur cette planète Terre. Quand tu vois d'où on vient, j'y connais rien, mais des chromosomes qui se mélangent, d'une histoire compliquée, la planète Terre qui a la capacité de nous accueillir, l'oxygène qui est présent. Tout ça, quand tu regardes tous les facteurs, la chance qu'on soit là déjà, elle est quand même minime. Et pourtant, on est là. Donc, mon alignement, c'est de se dire, bon, ok, je suis là, mais à quoi je vais servir par rapport à tout ? tout ce qui existe autour de moi, en quoi je veux être utile et du coup, comment est-ce que je mets en harmonie au maximum le monde dans lequel je vis et l'utilité que j'ai envie d'apporter. Et aujourd'hui, j'ai l'impression que mon bonheur vient beaucoup de cet alignement-là et aussi de la joie que j'ai avec les gens qui m'entourent. J'adore faire la fête, j'adore rencontrer des gens, j'adore imaginer, créer. Et ça, ça m'apporte beaucoup de bonheur.

  • Speaker #1

    Et ça pétille, je te vois avec tes yeux pétillants et ton grand sourire, pouvoir nourrir le pourquoi, le fameux pourquoi, mettre du sens, être aligné avec ce pourquoi. Et dans ce pourquoi, quelle utilité. Et puis tu disais aussi, j'adore rire, créer, être avec les gens. Et ça se ressent. Et alors, justement, j'ai posé une question. tu parles, là on voit ton lien humain fort t'es aussi maman de deux enfants comment tu gères pour gérer tout ce que tu gères t'as ce rôle là, tu parlais des différents rôles de directrice générale de Planète Urgence et t'es aussi maman de deux enfants comment tu gères ton temps ?

  • Speaker #0

    La question du temps elle est compliquée et c'est peut-être la seule chose qui fait que nous sommes en équité quasi parfaite, donc elle est intéressante... Être dirigeante d'une organisation, ça ne veut pas dire tout faire, ça ne veut pas dire tout porter. Et du coup, j'ai une équipe formidable et un super comité de direction et des gens engagés. On a des responsables dans les pays qui connaissent leurs écosystèmes, qui connaissent les acteurs, qui savent comment aller, où aller. Et donc moi, je vais être présente plutôt pour s'assurer qu'on va collectivement dans la bonne direction. Mais ce n'est pas moi qui fais au quotidien. Ensuite, on a des gens dans cet écosystème qui nous soutiennent, des financeurs, des scientifiques, des experts, tout ça. Il ne faut pas croire que quand on est dirigeant, on fait tout. Par contre, effectivement, ça demande beaucoup d'énergie, beaucoup de résilience et une très, très grande implication. Donc, ça me laisse peu de temps. Mais du coup, la question, c'est comment est-ce que j'utilise ce temps ? Donc très jeune, j'ai fait des choix dans le temps que j'allais passer, comment j'allais utiliser mon argent pour avoir le plus de temps disponible. Et ensuite, dans mes choix de vie, avec mon mari, avec mes enfants, on s'octroie des temps de vraie qualité ensemble. Donc c'est le rapport aux écrans, c'est qu'est-ce qu'on fait quand on est ensemble pour que ça soit vraiment du temps collectif. Et puis de jouer, de découvrir, d'apprendre ensemble, je pense que tout ça, ça rend le temps élastique. Et 30 minutes avec un enfant à regarder un dessin animé versus 30 minutes avec un enfant à faire une recette de cuisine, à faire une balade en forêt, poser la question des émotions, de comment ça s'est passé aujourd'hui, raconte-moi ton histoire d'aujourd'hui. Peut-être que c'est différent, je crois que c'est différent. Et donc du coup j'essaye de rendre le temps. plus qualitatif quand je suis présente.

  • Speaker #1

    Merci, merci beaucoup. Moi, je ressens beaucoup d'amour, en fait, chez toi, que ce soit vis-à-vis de la forêt, du vivant, que ce soit, t'as dit, j'ai un super comité de direction, j'ai une super équipe. Moi, je pense que quand on a un super comité de direction, une super équipe, c'est qu'on est sûrement une super dirigeante. Et je ressens beaucoup d'amour vis-à-vis de la forêt, du vivant, de tes projets, des équipes. locales, des équipes en interne et vis-à-vis de ta famille, vis-à-vis de tes amis. Merci, merci pour ça. On arrive vers la fin de cette interview et je vais te proposer, si tu es d'accord, un petit voyage. Est-ce que tu serais d'accord pour pouvoir, je ne sais pas, décroiser tes jambes, pouvoir fermer les yeux ? C'est ok. Et je vais t'inviter à voyager en 2035. Nous sommes en 2035, qu'est-ce qui fait battre ton cœur ?

  • Speaker #0

    Alors j'aimerais bien entendre votre réponse à vous, qui écoutez parce que je pense que cette question elle est intéressante pour tout le monde. Moi en 2035, ce qui fait battre mon cœur, je pense que c'est la même chose qu'aujourd'hui. C'est le vivant, c'est les autres. C'est l'énergie qu'on met à trouver des solutions et à les mettre en place. Et c'est toutes ces petites zones de vivre ensemble. C'est tout ça qui fait battre mon cœur, quoi qu'il se passe autour.

  • Speaker #1

    Merci Amandine. Merci à toi.

  • Speaker #2

    Si vous avez aimé ce podcast, vous pouvez favoriser sa diffusion en lui donnant 5 étoiles sur Apple Podcasts. Et puis, vous pouvez bien sûr vous abonner sur toutes les plateformes Spotify, Apple Podcasts ou toutes autres plateformes que vous souhaitez. À bientôt sur Sois,

  • Speaker #1

    Vie, Aime.

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