Speaker #0En effet, déjà, l'art, même comme technique, Aristote l'affirme, n'est pas purement utilitaire. Il nous renvoie donc à cette question de l'idéal, à cette idée de quête, mais avec cette vocation fondamentale dont vous parliez d'apparaître, l'esthétique. Alors... On entre clairement dans le vif du sujet, c'est-à-dire que cette question esthétique, finalement, elle nous permet d'entrer dans, j'allais dire un problème, mais finalement c'est un renouveau philosophique et de la pensée qui a émergé historiquement. à la Renaissance, à la Renaissance des 15e et 16e siècles, avec Descartes notamment, en ce sens que... en ce sens où c'est une période où, avec le développement des sciences expérimentales, l'Europe va commencer à se détacher de la métaphysique chrétienne pour revenir à une métaphysique de culture plutôt gréco-romaine, mais pour dépasser cette culture elle-même. C'est-à-dire que... L'homme commence à ne plus se penser comme faisant partie d'une totalité naturelle, qu'il s'agisse du monde créé par Dieu ou du cosmos éternel des anciens. L'homme... se pense et devient lui-même une substance, pour Descartes c'est une substance pensante, et il est donc en vis-à-vis du monde. Et cela va permettre... à la pensée de l'homme de se centrer précisément sur la subjectivité elle-même. Cette subjectivité à laquelle, eh bien, phénomènes artistiques, esthétiques, eh bien, apparaissent, comme vous le disiez. Cette rupture, historiquement, elle sera consommée véritablement au milieu du XVIIIe siècle. parce que c'est à ce moment-là qu'apparaissent les libertés politiques et les libertés économiques qui vont précisément permettre à l'art et à la culture de s'émanciper de la métaphysique religieuse, de la religion et finalement de la censure et de l'autocensure. Et c'est bien de ce sens-là, à savoir une forme d'intériorisation spirituelle du beau et du jugement de goût, ce qui apparaît comme beau à la conscience, comme vous le disiez, et fait bien de ce sens-là, à savoir une forme d'intériorisation. du beau, du jugement esthétique, que vont partir deux pensées incontournables de l'esthétique moderne, à savoir Kant et Hegel. Kant qui vient... Achever le classicisme et préfigurer le romantisme, et Hegel qui lui épouse clairement le romantisme à l'apogée des beaux-arts. Ce sens-là, l'intériorisation spirituelle du jugement esthétique, qui, précisément, permet au beau d'apparaître à la conscience. Alors, on parle donc de subjectivité. Subjectivité humaine, qu'est-ce qu'on entend par là ? en matière esthétique de deux facultés, deux notions, à savoir d'une part la sensibilité humaine et d'autre part la liberté. La sensibilité, pourquoi ? La sensibilité, bien sûr, la sensibilité du travail, de la matière, et puis, bien sûr, la réceptivité sensible aux phénomènes qui vont chez Dieu. chez nos sujets, susciter la représentation du beau. Sensibilité et puis liberté. Liberté, bien sûr, la liberté de l'artiste, la liberté du jugement de goût du public. C'est-à-dire que finalement, et là on entre vraiment... j'ai quand à savoir que le beau et le lait par opposition renvoie à des sentiments des sentiments au sens propre c'est à dire une certaine forme de connaissance mais des sentiments tout de même à savoir plaire ou déplaire Alors, ces sentiments sont certes des modes de connaissance, mais ce ne sont pas des modes de connaissance qui sont, qui seraient réductibles à des jugements rationnels que l'on pourrait porter sur... la qualité objective de telle ou telle œuvre d'art, précisément tout ce qui nourrissait l'ancien discours sur la poésie, le savoir-faire, l'œuvre d'art, etc. Pour autant, ce sont bien des... mode de connaissance et ce ne sont pas seulement de vagues connaissances du tout même quand on n'a pas une appréciation sentimentaliste de la disposition esthétique précisément parce que ces sentiments témoignent d'une relation fondamentale que l'homme entretient avec le monde et avec les choses du monde, c'est-à-dire précisément la relation esthétique. Cette disposition esthétique de l'homme et même constitutive du rapport que le sujet, que tout sujet, que tout être humain entretient avec le monde, parce qu'elle correspond à une... certaines représentations de la réalité, mais précisément en tant que cette réalité se manifeste à la conscience humaine comme une représentation purement sensible. pour ce qui nous concerne, purement sensible du beau ou par opposition du laid. Et c'est ainsi que la philosophie et la philosophie de la connaissance va intégrer les sentiments que l'on peut éprouver, non seulement face à une œuvre d'art, mais face à tous les phénomènes esthétiques qui apparaissent à la conscience c'est que l'on peut trouver beau à savoir la nature, les phénomènes naturels, les paysages, les forêts, les montagnes, les océans, les vastes plaines, et tout cela sans considération par le sujet de l'éventuelle intervention de l'homme. c'est à dire que ce qui est en jeu ici Ce n'est pas la qualité objective, rationnellement communicable qui est en jeu, mais le sujet, le sujet qui juge, le sujet qui interprète et le sujet qui ressent. En fait, pour Kant, le beau, c'est un certain type de satisfaction. Et cette satisfaction, il y en a d'autres, mais cette satisfaction, pour Kant, elle est particulière, mais particulière dans une certaine forme de... de généralité. Ce n'est pas une satisfaction comme d'autres satisfactions, par exemple la satisfaction morale, la satisfaction au bon ou au mauvais, ni la satisfaction à l'agréable, c'est-à-dire le plaisir déterminé ou le déplaisir et la douleur, parce que finalement, cette satisfaction est une faveur. une faveur qui est entièrement libre, que l'on peut accorder ou ne pas accorder à tel ou tel phénomène. Et sans entrer dans les détails de la théorie esthétique consciente, il y a ici, s'il y a telle liberté de cette faculté de juger, Le beau, c'est parce qu'il y a un libre jeu ou un jeu égal entre trois formes qui permettent, trois facultés qui permettent à l'homme de juger, à savoir le sensible, l'imagination et l'entendement, c'est-à-dire la faculté de raisonner. Liberté. Pour autant, il ne faut pas confondre cette liberté avec ce qui serait un jugement complètement arbitraire et relatif. Au contraire, Kant va développer tout cela. Il ne cherche pas à fermer la discussion, mais à dire que tout revient aux rousées couleurs. Au contraire, parce que... D'une part, il s'agit d'une disposition, on l'a dit, subjective qui est essentielle, d'une faculté de juillet qui est universelle, qui est présente en tout sujet, et qui en même temps, c'est tout le point, elle est à la fois universelle et en même temps, elle rend compte d'une singularité individuelle de ce sujet. ou de chaque sujet. Singularité parce que, en principe, cette faveur, ce goût, ce goût devrait, pour le sujet qui juge, qui ressent, qui interprète, et qui trouve que quelque chose est beau, qui se représente le beau, face à tel ou tel phénomène, cette faveur devrait, pour lui, se communiquer. Elle devrait emporter l'adhésion des autres. Pourquoi ? Parce que, précisément, cette disposition esthétique, ces conditions sont universelles. Et bien sûr... sa faveur pour tel ou tel phénomène n'emportera pas nécessairement la décision, mais pour lui, elle, le devrait d'une certaine façon. C'est-à-dire que le jugement de vous... qui porte sur le beau, quand il plaît, eh bien, bien sûr, il est d'essence. Ce jugement est d'essence subjective, nous l'avons dit, mais sa portée, elle, est... d'objectif puisque le sujet, du fait des conditions universelles et de la singularité du jugement, eh bien le sujet place son jugement dans un horizon universel et donc d'une certaine façon objectif. Alors, ce rapport fondamental, esthétique, du sujet à la réalité, on peut donner lieu à ce que Kant nomme le sublime. Le sublime, ce n'est plus un simple clèvre, parce que c'est une possibilité finalement pour le sujet, face à des phénomènes extraordinaires de la nature précisément, de voir son entendement, sa rationalité. dépassé, lui-même possiblement terrassé, en tout cas sa raison, sa rationalité, son entendement sont dépassés par quoi ? Par sa sensibilité et par le contenu que son imagination donne au phénomène qu'il trouve plus que beau, puisqu'il le trouve sublime et Merci. Pour Kant, cela empêche l'entendement, la faculté de raisonner, de fonctionner normalement. Mais en réalité ici, en tout cas, on quitte l'esthétique et on entre dans ce qu'il lui rapporte au suprasensible et qui permet en fait un accès privilégié à la moralité. Donc pour revenir à l'art, qui est notre thème, il y a quand même un rapport. Il y a quand même un rapport parce que si l'œuvre, l'œuvre d'art, pas uniquement des paysages, etc., si l'œuvre d'art peut susciter un sentiment de sublime, c'est parce que... un sujet a ressenti ce sublime et cela va déclencher ce que peut déclencher ce que s'il est maîtrisé, s'il est contrôlé, cela peut déclencher ce que Kant désigne par le génie. Le génie, précisément, le génie artistique, le génie qui produit des œuvres d'art. avocation sublime mais avocation sublime parce que évidemment l'artiste ne peut pas donner une expression immédiate Au sublime, d'une part, parce qu'il s'agit d'un sentiment, mais surtout parce que, précisément, ce sentiment est incommunicable, au sens où il n'est pas conceptuel, puisqu'il est l'entendement. de l'artiste a été dépassé lors de ce sentiment, lorsqu'il a éprouvé ce sentiment. Et finalement, s'il y a un sublime artistique, ce qui est une question pour Kant, chez Kant, enfin une question que l'on peut poser à Kant, du moins, Ce sont les représentations, les souvenirs, les associations des individus, des spectateurs qui feront naître en eux éventuellement un sentiment de sublime artistique grâce à un contrôle, à une maîtrise, à un travail de l'artiste. et jamais sans certitude d'y parvenir finalement. C'est pour ça que tout le monde n'est pas artiste au sens de produire des œuvres d'art belles, mais tout le monde a cette disposition esthétique. Alors, tous les romantiques vont partir de cette redéfinition, cette définition subjective du beau, de cette intériorisation spirituelle du sentiment esthétique. Précisément, Hegel met alors de façon... assez différentes. Pourquoi ? Parce que Hegel, lui, s'intéresse à l'art, précisément, et non seulement aux sentiments. Il s'intéresse à l'art, c'est-à-dire au beau artistique idéal. Et ce beau idéal, il va le chercher dans les productions concrètes des hommes. au long de son histoire, au long de l'histoire de l'humanité, aux côtés d'ailleurs de ses œuvres, d'autres productions humaines, sa religion, sa science, etc. C'est-à-dire qu'Hegel, vis-à-vis de Kant, il va désindividualiser le jugement de Goût pour le replacer dans l'histoire spirituelle et concrète des peuples. pour le dire vite, parce que chez Hegel, pour chaque peuple, en fait, progresse une forme... d'absolu, la raison, l'esprit, qui au niveau artistique correspond précisément à ce dont on a parlé, à savoir la conscience du caractère infini et entièrement libre de la beauté. Alors Hegel va traverser différentes formes d'art. façon dialectique, donc trois, les formes d'art primaires et symboliques, la forme classique, et puis tout cela aboutirait selon lui à l'art, à la forme artistique romantique. Pourquoi ? Parce que selon Hegel, dans l'art romantique, il y a cette prise de conscience que dans le beau artistique, c'est-à-dire ce qui permet de dire qu'une œuvre est belle, et bien cet idéal, cette absolue, cette infinie beauté, finalement, est enfermée dans le sensible. En fait, pour Hegel, le beau artistique est une incarnation, au sens propre, une incarnation de l'idéal, de l'idée, de l'absolu, de l'infini. Et, cela parlera aux amateurs d'art romantique, il y a donc une forme de supplice. presque de souffrance artistique puisque le beau, aussi idéal dans la conscience soit-il, ne peut finalement se réaliser que... que uniquement dans le sensible. Mais c'est bien cette conscience qui, cette conscience un peu malheureuse, d'une certaine façon, mais c'est bien cette conscience de l'incarnation sensible de l'idée qui fait progresser qui a fait progresser, si on rigole, l'histoire humaine vers une forme d'absolu, et ici, par les moyens, justement, de l'art, du beau idéal. Alors on voit, pour résumer, Philippe, qu'une fois qu'on a posé avec Kant la disposition esthétique subjective universelle, singulière, fondamentale, ce rapport esthétique de l'homme au monde, puis qu'on l'historicise davantage avec Hegel, en fait, on voit donc que l'art lui-même, dans quelque chose de pensé, à une réalité, cette réalité c'est l'œuvre, l'œuvre d'art. Et cette œuvre, elle a une fonction, elle a une fonction pour les peuples, aux côtés d'autres élans et d'autres types de production. Elle a une fonction historique, et pour chaque peuple, et pour les peuples en général. Et c'est là que nous pouvons passer à notre seconde, notre deuxième thématique, à savoir quelles ont été les grandes fonctions de l'art.