- Alban
Salut, c'est Lucie. Salut, c'est Alban.
- Lucie
Trentenaire et parent de deux petites filles.
- Alban
Bienvenue dans Sous les Aurores.
- Lucie
Le premier podcast réalisé par un couple de Français en Norvège.
- Alban
Sous les Aurores, c'est le podcast haut en couleur qui vous emmène vivre toutes les nuances de l'expatriation et de l'immigration en Norvège et bien au-delà.
- Lucie
Que vous soyez déjà expatrié, immigré, que vous rêviez de le devenir ou que vous soyez simplement curieux de découvrir d'autres façons de vivre, ce podcast est fait pour vous.
- Alban
Alors, mettez-vous à l'aise, servez-vous une bonne tasse de thé ou un verre de vin. et rejoignez-nous sous les aurores. Au menu, discussion sincère,
- Lucie
moment de rire et d'émotion,
- Alban
et surtout, beaucoup de belles découvertes.
- Lucie
Alors, bienvenue chez nous sur un nouvel épisode de Sous les aurores.
- Alban
Bonjour à tous et bienvenue dans un nouvel épisode de Sous les aurores. Aujourd'hui, nous recevons une invitée qui, j'ai l'impression, a eu plusieurs vies dans une seule vie déjà, et ce n'est pas fini. Donc nous sommes très heureux de te recevoir aujourd'hui.
- Lucie
Et on va commencer par quelques petites questions pour te présenter. Est-ce que tu peux nous dire comment tu t'appelles ? Depuis combien de temps vis-tu en Norvège ? Dans quel domaine travailles-tu ? Et si tu peux nous partager un petit culture-choc que tu as vécu à ton arrivée en Norvège ou que tu continues de vivre au quotidien.
- Cécile Moroni
Allez, quatre questions enchaînées, là vous vérifiez que je suis bien réveillée. Alors je m'appelle, j'ai décliné toute mon identité, Cécile, Claire, Marion, Moroni, épouse, Engévik. Donc j'ai un papa qui a une origine italienne et un mari norvégien. La deuxième question c'est les années en Norvège. Ça fait 14 ans que je suis là. Je suis arrivée, comme dit mon mari, le 10-10-10, c'est-à-dire le 10 octobre 2010. D'ailleurs j'ai pris un avion à 10 heures, on dirait que c'est un truc de maniaque. Trop drôle. Sans concours de circonstances. Donc je suis venue pour lui, on s'était rencontré en échange et on était depuis trois ans ensemble quand je suis arrivée en Norvège. Ça fait 17 ans qu'on est ensemble, donc comme vous le comprenez, j'ai 25 ans.
- Alban
Juste trouver le bon très tôt.
- Cécile Moroni
15 de plus, on va dire ça. Et ensuite, c'était la question sur la culture crash ? Ouais.
- Lucie
Dans quel domaine travaille-tu ?
- Cécile Moroni
Alors oui. Ah, alors en fait, j'ai une formation d'école de commerce, mais et, je ne sais pas si c'est un mais ou si c'est un et, J'ai récemment un peu changé de type de carrière en devenant... humoriste, il y a presque deux ans maintenant à plein temps, c'était mon hobby qui est devenu mon métier mais en fait au départ j'avais l'impression que c'était un méga switch, le truc un peu à la mode d'ailleurs, mes potes parisiens ils font tous des switch ils viennent tous profs de yoga, slasheurs ils vont à Bali, ils se réinventent ils reviennent, ils font du yoga mais en fait avec deux ans de recul là presque, je me rends compte qu'il y a beaucoup de continuité donc c'est pour ça que j'ai enlevé le mais et je le dis en et j'utilise vraiment vachement plus mon background d'école de commerce que ce que je pensais dans mon métier d'humoriste, si vous voulez on pourra y revenir mais on fait court parce qu'on fait l'intro et le culture crash non mais moi je galère toujours avec le fait de marcher sur la neige c'est ridicule parce que bon là comme il neige on peut en parler maintenant mais j'aimais des crampons alors au début quand je suis arrivée ici les gens étaient là c'est des trucs de grand-mère des crampons et tout moi j'ai un petit passé de jambes en mousse si vous voulez je suis née avec des pieds beaux je me suis opérée deux fois du genou enfin bon bref vraiment c'est mon surnom d'école de commerce j'ai pas méga envie de me repéter une jambe Et du coup, je ne suis pas super à l'aise avec le fait de marcher sur la glace. Et j'ai trois enfants qui grandissent ici, qui sont méga à l'aise et qui m'attendent maintenant. Non,
- Lucie
mais c'est vrai que les Norvégiens, ils surfent sur la neige,
- Cécile Moroni
quoi. Non, mais à trois ans, mon fils, il est là. « Maman, foutez ! » Ça veut dire « Dépêche-toi ! » Je suis là « Oui, bah écoute, maman, le pingouin arrive ! »
- Alban
Attends, mais moi, je fais vraiment de la prévention sur ce podcast. Ça fait plusieurs fois que je dis « Mettez les crampons, que vous soyez touristes ou même établis ici. » La semaine dernière, dans le bus, une dame qui loupe la marche, elle s'éclate. les fesses par terre dans le bus, les gens l'aident à moitié tu t'es glissant à cause de la neige alors dehors ça allait mieux mais dedans ça n'allait pas je lui dis est-ce que ça va, je vois qu'elle pleure je l'aide à se rasseoir parce qu'elle voulait au final continuer dans le bus et pas descendre, je lui ai donné mon numéro pour qu'elle puisse me tenir au courant de comment ça allait elle m'a écrit,
- Cécile Moroni
je me suis cassé au moins deux côtes c'était vraiment super dangereux j'ai une collègue du stand-up qui a aussi un traumatisme craignant hyper grave en ce cas sur la tête sur la glace Merci. donc ouais c'est un truc c'est bête mais là j'y pense parce qu'évidemment on est en plein hiver j'ai plein d'autres anecdotes c'est beaucoup ce qui fait le fil de mes spectacles de parler des différences culturelles mais en tout cas ça j'ai vachement mal à m'y faire la lumière j'ai vachement mal à m'y faire le froid j'ai bien compris qu'il y avait des vêtements et tout bon fine mais la luminosité parfois là franchement mais avant Noël j'ai envie de me pioter à 20h30 20h30 c'est heure sup ça sensible à la noction quoi moi quand j'endors l'aîné à Disney World 30 c'est pas qu'il s'endort le premier il y a une partie de toi qui se dit on est quand même bien là elle est quand même chouette cette histoire de kibis
- Alban
Et avant de revenir sur ton parcours un peu plus en détail et tes ressentis, j'ai quand même envie d'aborder l'anecdote de notre rencontre. Parce que toi, je ne sais pas si tu t'en souviens, mais nous, ça nous a marqués. Tu ne t'en souviens pas ? J'adore. On va te redire.
- Lucie
Oui, on va te redire comment on s'est rencontrés. On est allés voir un spectacle humoristique.
- Cécile Moroni
Ah oui, ça y est, je me souviens.
- Lucie
De Florence Mendes.
- Cécile Moroni
Oui.
- Lucie
Et tu faisais la première partie. Oui. Et voilà, très, très drôle.
- Alban
On savait déjà qu'on voulait te parler.
- Lucie
pendant un moment et en fait tu interagis avec le public et à un moment tu demandes qui est là depuis longtemps depuis plus de 5 ans et qui parle pas norvégien et je lève la main et là tu m'as pas loupé,
- Cécile Moroni
tu m'as demandé d'où je venais j'ai dit Paris en ce moment je suis parisienne aussi c'est pas parce que d'érision sur un autre truc aussi je t'ai dit que j'allaitais pas et tu m'as dit
- Lucie
Mais tu m'as dit que je compte devenir une amie et du coup...
- Cécile Moroni
Je suis d'accord avec ça copine !
- Alban
Ouais c'est ça !
- Lucie
Ouais du coup c'est comme ça que j'ai pu... Je suis allée te voir en disant...
- Alban
De donner le courage de t'aborder !
- Cécile Moroni
Mais c'est vrai qu'en fait, c'est trop sympa ces stand-up en français, mais c'est vrai que pour faire les chauffes, il n'y a pas max de personnes qui font du stand-up en français à Oslo, donc c'est pour moi et en plus c'est mes copines Hélène et Marion qui sont les super fondatrices des Mousquetaires qui ont lancé ce super projet des France Confoli. mais du coup effectivement quand tu fais la chauffe tu parles avec le public, c'est un peu le job c'est vraiment sympa et donc moi comme j'adore ça parce que j'ai un background d'improvisateur je fais vachement dans le jargon crowd working quand je travaille avec la crowd donc du coup effectivement je parle à plein de gens et à l'aéroport à Noël il y a aussi quelqu'un qui m'a dit ah bonjour, il était un peu surpris mais je ne me souviens pas de lui, et pareil c'était un français à qui j'avais parlé dans une salle de spectacle mais en norvégien cette fois il était limite surpris mais en fait J'ai quatre ou cinq spectacles par semaine. Et parfois, je me dis, mais je ne suis pas du tout d'un gratidou. C'est juste que ça dégage.
- Lucie
Tu parles à plein de monde. Oui, j'imagine. Non, mais voilà. Donc, c'était une rencontre originale.
- Cécile Moroni
C'était super bien.
- Lucie
Alors, est-ce que tu pourrais nous raconter un peu ton parcours et comment tu es arrivée en Norvège, même si on a compris que...
- Alban
Il y avait du love dans l'histoire. Il y avait du love.
- Cécile Moroni
Non, en fait, j'avais une vie à Paris pleine de théâtre, de musée, d'art. de bouffe géniale et je me suis dit c'est vraiment nul il doit y avoir un endroit où il n'y a pas tout ça où c'est noir, tout est cher et je ne me ferai jamais de potes non c'est pas vrai, j'ai rencontré un beau norvégien en échange en Allemagne qui est maintenant à Paris donc c'est un peu des cours de circonstances aussi parce que quand je suis partie en Allemagne je me suis dit peut-être que je vais épouser un Herr Müller et je vais devenir une Frau Müller et en fait c'est un norvégien que j'ai rencontré et on s'est retrouvés ici et puis après du coup mon parcours, j'étais en conseil en stratégie à Paris, quand j'ai commencé à chercher un boulot en Norvège. Et comme je savais que la Norvège, c'était un, cher, et deux, moins facile de se faire un tissu social sans emploi, et que j'avais pas envie d'avoir... Quand tu viens pour quelqu'un, je trouve que ça met une sorte de pression dans la relation, qui fait que j'avais pas envie qu'il se sentait super responsable de mon intégration à moi. Même si, quelque part, il y a vachement contribué. Enfin, honnêtement, je lui en dois beaucoup.
- Alban
À la pression ou à l'intégration ?
- Cécile Moroni
Ouais, c'est un connard ! Le truc malpare ! pauvre. Non, pas du tout. Ma belle famille a aussi été hyper accueillante. Donc ça met de la pression et je m'étais dit, il faut que moi aussi, je me bouge un peu. Donc en fait, j'avais pas envie de partir vivre en Norvège sans emploi. Donc j'ai fait un truc un peu tordu, enfin, peut-être un peu optimiste, qui était de chercher un boulot depuis la France, en norvégien, en anglais. J'ai envoyé, mais je pense en rire, sans CV, sans une seule réponse. Et à l'été, j'ai changé ma stratégie. Il a commencé à écrire des lettres de motivation en norvégien pour moi. Je faisais un peu Norvégien à Paris, j'étais en auditeur libre à la Sorbonne. Mais bon, c'était vraiment hésitant et en plus, je n'étais pas du tout préparée au dialecte. Donc, j'avais appris une sorte de bookmall hyper théorique, qui fait que j'avais complètement sous-estimé le gap entre ça et travailler en Norvégien avec des gens qui viennent de tout le pays et qui parlent leur dialecte. Et donc, il m'a aidée à formuler des lettres de motivation en Norvégien et ça a vachement accéléré le processus de recherche d'emploi. Donc, quelques mois plus tard, j'avais le choix entre deux offres. J'en ai accepté une, j'ai démissionné à Paris et je suis venue vivre ici. C'est le début de l'histoire. J'ai travaillé 8 ans chez Ringness, qui est une partie du groupe Carlsberg. C'est un gros distributeur de boissons. Les gens pensent souvent à la bière. Et c'est vrai que c'est cool. Moi, j'aime bien la bière aussi. Mais ils font beaucoup de choses en Norvège. Ils ont Imstall, Faris, Kepsimax, Sulu. Sulu,
- Lucie
des boissons,
- Cécile Moroni
des sodas, beaucoup d'autres choses. Je suis restée là-bas longtemps. J'ai vraiment adoré ces années-là. Je suis partie en Suisse aussi dans ce cadre-là pendant quelques mois.
- Lucie
Du coup, tu parlais norvégien déjà ?
- Cécile Moroni
Oui, alors en fait, j'ai commencé dès le départ à parler norvégien au travail. En me disant franchement, si je n'y vais pas, je n'irai jamais. Le truc, c'est que c'était au départ franchement assez solitaire et assez douloureux parce que déjà... Moi j'aime bien faire des petites blagounettes, tout ce que je faisais c'était genre être bizarre. J'essayais de faire des blagues, les gens étaient là, non.
- Alban
Moi l'humour ça me manque trop. Et d'ailleurs, on en a parlé avant, mais Lucie et moi on s'est rencontrés au Panama, en Amérique latine. Et là-bas on a appris à parler couramment espagnol. Mais c'est vrai que tu sens, quand ça y est tu passes un niveau de langue et tu peux faire de l'humour dans la langue, bah t'as tout gagné quoi. Et là en Norvégien j'ai pas le niveau de l'humour. ou alors très bancal, comme tu dis, juste être bizarre, c'est dommage.
- Cécile Moroni
En plus, le monde norvégien, il n'est pas exactement comme nous. Et ça, c'est vachement frustrant, parce que je me souviens, mon premier jour chez Rignes, il y avait un mur dans la cantine, tu vois, c'était vraiment des dessins d'enfants, c'était hyper joli. Je ne sais pas ce qui s'était passé, mais il y avait un barnaget qui avait dû décorer. Tu sais, des flocons découpés, vous venez de ça, ou des contours de mains au mur. Et je leur ai dit, mais vraiment avec une tête super sérieuse, « Ah, vous avez fait un team building ? » Et ils m'ont répondu avec la même tête sérieuse, « Non, non, ça, c'est des dessins d'enfants. » J'étais là, « Oh, c'est horrible. » oh ça va être dur oh je peux me sentir soignée day one ouais exactement genre donc ça c'était un peu dur et aussi tout ce qui est un peu les règles non écrites de social oui c'est ça donc j'avais du mal à savoir mais on est potes on est collègues ça c'était difficile pareil pour est-ce que mon chef est content ou pas j'étais vraiment dans le brouillard au début mais avec les années j'ai vachement appris et j'ai adoré cette boîte aussi qui est hyper attachante avec des gens hyper talentueux Et j'ai vachement grandi dans cette boîte. Et après, j'ai eu mon premier enfant en 2017. Et là, je suis partie chez Nespresso pendant 4 ans. Boîte suisse, donc ADN très différent. Même s'il y avait la continuité de la boisson. Comme dit un pote, t'es passée de « Ah, on se marre bien, on boit de la bière » à « Ah, on a des gosses, on a besoin de café » . C'était quand même un style plus corporate, plus rigide, je dirais. Mais aussi de super belle boîte, où j'ai beaucoup appris. Et encore après ça, j'ai eu deux autres enfants. Et à la naissance de mon troisième, j'ai rechangé. pour une boîte dans la beauté, une petite boîte norvégienne dans la beauté dont j'ai été dirigeante pendant six mois. Et au bout de ces six mois, je me suis dit, allez, crise de la quarantaine, je me lance. J'avais 39 ans, donc ça n'a rien à voir.
- Alban
J'étais jeune,
- Cécile Moroni
ça. J'ai décidé de faire de mon hobby, mon métier, parce que j'ai eu un momentum avec pas mal de trucs qui se sont... Les planètes se sont un peu annulées de ce côté-là. Et je me suis un peu dit, en fait, si je ne me lance pas, je ne me lancerai jamais. et j'avais trop pas envie à 70 ans de me dire j'aurais pu. Il y a une partie de moi qui arrêtait de regarder Instagram parce que je voyais des copains du stand-up décoller. Je me disais que ça me rendait presque un peu aigri. Je me suis dit que c'était un peu con de laisser ça maintenant à 39 ans. Je n'en ai pas 70. Je me suis lancée et je n'ai pas vraiment regardé derrière depuis. Au début, ça me faisait super peur. Je me suis dit que je me donnais six mois. Je fais un spectacle, on verra. Puis en fait, la boule de neige a roulé. Une métaphore norvégienne, j'espère que vous l'appréciez. Elle a commencé et du coup, maintenant, c'est établi, plus robuste et ça tourne. Tout est en devenir, mais disons que je suis vachement plus sereine dans le fait que...
- Alban
Ça continue,
- Cécile Moroni
voilà, tu ne poses plus la question. Exactement, et que c'est viable.
- Lucie
Alors, avant de partir sur le stand-up, moi, j'ai envie de savoir pourquoi vous aviez choisi la Norvège ? Enfin, parce que vous auriez pu choisir de déménager à Paris, par exemple. Est-ce qu'il y avait quelque chose qui t'attirait, toi, dans la Norvège ? C'est toi qui as poussé pour aller en Norvège ?
- Alban
J'ai été imposé.
- Cécile Moroni
Ah non, c'est clair. Non, pas du tout. Alors, mon mari, en plus, il est assez francophile. et ce qui est cool c'est qu'il parlait pas un mot de français quand on s'est rencontré, il a appris le français Il a tellement bien appris le français qu'il a acquis la nationalité française. Donc, quand la loi a changé en Norvège pour la double nationalité, on a tous les deux lancé le processus en parallèle de qui acquiert la nationalité de l'autre. D'ailleurs, c'est vexant, mais il a eu la française vachement plus vite que moi à la Norvégienne, alors qu'il n'a jamais vécu en France. Mais oh là là,
- Lucie
c'est le premier de la classe.
- Cécile Moroni
C'est chouette parce que du coup, il a fait beaucoup de place à la France dans notre couple. Et donc, ça veut dire que nos enfants parlent bien français, parce que je peux parler français avec eux sans que ça l'exclue lui. notre groupe elle va à l'école française etc Donc non, mais pour revenir sur ta question Lucie, moi j'étais vachement attirée par l'étranger en général. Donc j'étais vachement contente de voir autre chose, de changer un peu de disque. En plus j'avais fait un peu un truc à la tangui, j'étais retournée vivre chez mes parents avant de partir en Norvège. Donc je pense qu'il était de toute façon temps pour eux, les pauvres, et pour moi que je prenne un peu mon envol. Et mon mari il a toujours été assez open à la France en fait en vrai. Donc je pense que clairement c'est un truc qu'on n'a pas du tout exclu de retourner vivre là-bas. Mais bon, en fait au début je me suis dit je pars en Norvège, je reste deux ans. j'avais un pote ici d'avant c'est marrant parce que je l'ai vu hier et on rigole encore parce qu'il m'a dit tous les deux ans tu me dis l'année prochaine je me casse je me fais entendre que t'es là mais bon en fait je me suis hyper attachée à ce pays et j'ai eu trois enfants et là l'équation est hyper différente quand c'est un jeune couple diplômé sans enfant versus quand t'as une vie de famille que t'as goûté à l'équilibre vie pro-vie perso de la Norvège l'égalité homme-femme bref le sujet est vaste mais en tout cas la Norvège a des cartes à abattre qui font que la vie de famille est vraiment bonne ici.
- Lucie
Et c'était ça qui t'a tiré ? Non,
- Cécile Moroni
parce que c'était encore loin de ma tente. J'avais 26 ans et je ne me voyais pas tout de suite maman de toute façon. Donc j'avais juste un peu envie de voir autre chose. Oui,
- Alban
besoin de changement.
- Cécile Moroni
Exactement.
- Lucie
Et du coup, le stand-up, tu as commencé quand ?
- Cécile Moroni
J'ai toujours aimé le théâtre. J'ai fait beaucoup d'impro à partir de l'enfance et après au collège, au lycée. Je fais du théâtre. J'ai fait un an au cours Florent après mes études aussi. Donc ça a toujours été un peu quelque chose qui faisait partie de moi. Et quand je suis arrivée en Norvège, je me suis dit... Je vais me faire des potes toutes seules, je vais faire de l'impro. Le truc, c'est que faire de l'impro, ça demande de maîtriser la langue relativement bien et vite. Je ne sais pas si vous avez déjà vu l'improvisation théâtrale, mais souvent, c'est des jeux avec contraintes, par exemple en rime, en alphabet, avec un dialecte, avec un accent. Donc laisse tomber, j'étais complètement perdue. Et je suis allée deux ou trois fois et je me suis dit bon en fait ça va être vraiment difficile de sortir de ma coquille dans cette bulle-là, mais j'ai rencontré quelqu'un qui m'a dit je sais ce que tu devrais faire, tu devrais essayer de faire du stand-up. Parce qu'au moins t'es seule, t'écris tes textes et tu as le contrôle de ce qui se passe sur scène. Donc me voilà lancée, mais au début ça a été mais les gars, mais c'était tellement nul ce que je faisais. Déjà en fait, c'était vachement drôle dans ma tête, mais je parlais pas bien norvégien et en plus, les gens riaient plus j'avais mon accent j'avais mes histoires qui étaient un peu bancales et tout les gens riaient à des endroits où j'avais pas compris pourquoi ils riaient mais c'est parce que j'avais fait une grosse faute de langue qui disait que j'avais dit un truc obscène c'était la cata drôle malgré toi oh mon dieu
- Lucie
pour les trucs préparés.
- Cécile Moroni
Une fois, je suis rentrée chez moi et j'ai dit à mon mari, je me sortirais plus de cette couette. Je pense qu'il faut qu'on quitte la Norvège. J'étais tellement... J'ai honte. C'était tellement nul.
- Alban
Oui, c'est vrai, t'as vécu... Non, mais là, t'en rigoles, mais c'était...
- Cécile Moroni
Monumentaux, monumentaux.
- Lucie
Mais attends, c'est hyper courageux, je trouve, de retourner sur scène, de le faire encore continuer, persévérer dans une langue qui n'est pas ta langue maternelle.
- Cécile Moroni
En fait, le truc, c'est que j'ai réussi à flip the coin, comme disent les Américains, à dire, ok, ou bien je reste coincée dans ce truc ou en fait je suis dans une espèce de bulle de verre où je suis une version chelou de moi-même et que les gens vont continuer de se dire... Elle est sympa, mais elle est chelou, elle est juste pas drôle. Ou bien j'en fais genre un atout et je l'utilise comme une espèce de costume de scène. Ok, je suis française, je parle avec un accent. Et donc, à quel point ça peut être un levier d'humour ? Il y a des humoristes...
- Alban
De l'autodérision du coup que tu es partie ?
- Cécile Moroni
Exactement. Il y a des humoristes, par exemple, anglais et américains en France. Il y en a un qui est vraiment très drôle. Il s'appelle Sébastien Marx. ils cartonnent en France et c'est vrai qu'ils parlent comme ça Et il a dit, en France, si tu dis bonjour aux autres... Il m'a fait trop rire, il dit un truc qui est vachement juste. Il dit, tu dis bonjour aux invités d'un restaurant en France, tu es bizarre. Si tu dis bon appétit, tout le monde est là, oh, bon appétit ! C'est des petites observations. Et lui, il cartonne en France parce que les Français se voient dans ce qu'il dit, c'est jamais méchant, c'est pas drôle. Et je me suis dit, pars dans cette direction-là, va là-dedans. Et OK, il faut juste accepter et faire d'une force cette faiblesse de départ qui est que c'est pas la langue maternelle.
- Alban
Pendant combien d'années tu as fait du stand-up en hobby avant que ça devienne ta profession ?
- Cécile Moroni
J'ai commencé en 2014, donc ça va faire 10 ans. Ça faisait presque 7-8 ans, modulo des congés maths qui font que je n'ai pas non plus...
- Alban
Là, tu es arrivée à coupler ta vie de maman avec ta hobby ? Oui,
- Cécile Moroni
mais pas au début, pas quand tu ne fais pas des bonnes nuits, pas quand tu as tout tes deux heures. Mais oui, j'ai des photos de moi où je suis archi enceinte et je faisais toujours la blague de « le terme était hier, j'espère que je vais réussir à faire mes 10 minutes sur scène, je vais faire rire les gens » . Oui, oui, si quand même, j'ai toujours regardé ça, parce que c'était ma salle de... Je vais dire un défouloir, mais c'est hyper négatif, défouloir, je trouve. C'était un peu ma bulle pour m'épanouir. Mais disons que l'intensité, la fréquence des spectacles était moindre pendant certaines périodes aussi. Puis je suis partie en Suisse, il y a eu des phases où j'ai fait moins de stand-up que d'autres.
- Alban
Et du coup, est-ce que tu as... Pendant plusieurs années, tu avais ton job en entreprise, ta famille qui s'agrandissait, et en plus de ça, ton hobby où tu devais préparer des spectacles. Oui,
- Cécile Moroni
et en fait, je vais vous dire un truc, ça ne fonctionne pas. Alors attends, parce qu'en fait, ça, j'ai voulu le faire. J'ai un côté un peu I want it all. Je suis assez ambitieuse, mais dans le sens... D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi, je suis assez ambitieuse, point. Et avec tout ce que j'entreprends, ça a beau plein de bons côtés, mais ça a le côté que parfois je me brûle un peu les ailes quand même. Et là, j'étais un peu en mode, je veux devenir PDG d'une boîte, je veux ma famille nombreuse, puisque j'ai toujours rêvé d'avoir trois enfants. Et le stand-up, c'est normal, c'est comme aller à la salle de sport, sauf qu'en fait, ça ne fonctionne pas, ça ne fonctionne pas du tout. Et l'hiver, il y a deux ans, je n'étais pas bien, j'avais tout le temps mal au ventre, j'étais tout le temps fatiguée, je ne me sentais dispo nulle part, je n'étais jamais vraiment là où il fallait que je sois. Et ça a été aussi ça, la partie du wake-up call, en mode, il faut que quelque chose dégage de ma vie, et c'était assez obvious que... J'allais pas dire à mes enfants.
- Alban
Désolée de mes accords.
- Cécile Moroni
Ouais, c'est clair. Et pas non plus arrêter le stand-up, parce que ça me paraissait tellement une partie de moi. Et c'est trop marrant, parce que c'était un choix un peu brutal, et je me suis un peu dit, non mais attends, c'est pas ça que je voulais en fait. Je voulais pas courir partout et être tout le temps au bout du rôle. Parce que, en fait, le stand-up demande beaucoup de travail, de préparation des textes. Sinon tu stagnes. Alors tu peux vivoter en faisant une fois de temps en temps un geek de temps en temps, mais c'est je pense un leurre de croire que tu peux durer dans ce milieu si tu ne te réinventes pas en permanence. Ou en tout cas grandir. et ça me frustrait parce que j'avais plein d'idées que j'avais pas le temps en fait, j'avais des idées dans la douche et puis après la journée commençait et puis j'avais pas le temps en fait de me poser deux heures et d'écrire les blagues et donc je me suis dit allez je me lance et c'était cool parce que mon mari était là, ça y est, enfin depuis qu'on connait Cécile, ça y est elle se lance Donc ton mari il était hyper soutenant sur cette transition Assez zen à la norvégienne en mode ok en vrai qu'est-ce qui peut se passer de pire c'est que tu te prennes un mur parce que ça tourne pas financièrement tu retournes bosser ok c'était un peu notre coussin
- Alban
Voilà,
- Cécile Moroni
le diplôme est là, les CV sont là. En revanche, les références sont méga importantes. J'avais déjà fait un peu mon premier réseau pro, donc je n'avais pas l'impression de repartir... De me lancer complètement dans le vide sans une bonne ceinture de sécurité. Et quand même, c'est un truc qui me rassure. De toute façon, tu n'es pas inconséquent quand tu as une vie de famille, une maison, une école à payer. Tu ne peux pas non plus dire, je retourne chez ma mère, je fume des clopes, on verra quand je me réveille et si je suis marrant sur scène. Tu ne peux pas en fait. Tu es vachement rattrapé par une réalité qui fait que tu es obligé de délivrer. Et en même temps, je pense que c'est ça aussi qui m'a poussé à être un peu mobilisé dès le départ pour avoir envie de réussir.
- Alban
il y a la fond C'est intéressant parce que, alors je ne l'ai pas écouté moi-même, mais Lucie récemment m'a parlé d'un épisode du podcast Bliss où c'est Marine Leonardi. Ah oui ! Peut-être que tu as rencontré aussi, j'imagine.
- Cécile Moroni
Et en plus, on a fait la même école de commerce.
- Alban
Ah, trop drôle !
- Cécile Moroni
Quelques années après, donc on a des potes en commun. Et elle, elle a un parcours impressionnant parce qu'elle a une carrière de comète dans le milieu. Mais on a pas mal de points communs, ouais. Je l'ai écouté cet épisode.
- Lucie
Oui, avec 100 ans, j'ai vu... pas mal de parallèles.
- Alban
Voilà, c'est pour ça que je voulais te poser la question, parce que quand Lucie m'a raconté le behind the scenes qu'elle livre dans cet épisode, tu te dis ouais, c'est dur ce qu'elle a dû vivre, sa famille aussi, tout l'environnement, et toi aussi, il y a dû avoir des moments délicats, donc c'est intéressant de comprendre tout ça, ce cheminement.
- Cécile Moroni
Des moments délicats, des épisodes que tu loupes parce que t'es pas là, que tu rattraperas pas. Et puis aussi, mon mari a perdu très soudainement sa maman, ma belle-mère, que j'aimais beaucoup. et ça m'a aussi foutu une énorme claque, elle avait 58 ans et je me suis dit en fait on sait pas ce qui peut se passer demain, quelles sont vraiment tes priorités et ça me paraissait tellement clair en fait quand je fermais l'ordi que ok il y a mon mari il y a mes enfants et il y a cette espèce de vocation, je sais pas si c'est un mot trop joli pour ce qu'est le stand-up mais pourquoi pas, enfin en tout cas cette espèce d'appel que j'avais sincèrement en moi quoi, vraiment dans ma colonne vertébrale de me dire faut que j'essaye au moins de me lancer et si je le ferais pas je vais me le regretter toute ma vie. et en fait je suis devenue une maman vachement plus marrante et vachement plus zen, bon je pète des piles quand même mais plus je sais pas, je suis plus relax aussi avec mes enfants ils me posent plein de questions ils me posent plein de questions mignonnes, ma grande là elle est trop mignonne elle me dit, donc maman, papa il m'a dit que t'étais un peu connue je dis oui oui parce qu'il y a des gens qui nous parlent à l'aéroport, dans les restaurants, des gens qui me demandent une photo et tout et elle me dit, est-ce que t'es plus connue que Shakira ?
- Alban
Je trouvais que c'était trop mignon oui oui ma fille je suis bien connue et mieux foutue ma chérie C'est ce qu'elle dit.
- Cécile Moroni
Elle va se prendre une goutte. Et tu m'as entendu chanter Baba Lille-Lam, excuse-moi, Shakira peut aller se rhabiller. Donc, ils me posent des questions trop mignonnes.
- Alban
C'est adorable.
- Cécile Moroni
Parfois, ils viennent dans le stand backstage, ils mangent un bonbon, on les assoit au fond de la salle. Je n'ai rien compris, mais les gens rigolaient. C'est déjà pas mal.
- Alban
C'est en bonne voix.
- Lucie
Ta maternité, ça t'inspire beaucoup pour tes sketchs ?
- Cécile Moroni
Oui, j'ai toute une partie là-dessus. Je tourne avec un spectacle qui s'appelle Allô Nord-Guerre, qui est mon spectacle en norvégien, qui a comme plus comme... fil rouge, mon intégration en Norvège. Même si, évidemment, en fait, devenir parent fait que tu découvres un morceau de la société que tu ne connaissais pas forcément. Et donc, ça nourrit cette espèce de réflexion sur comment tu t'intègres tout en restant fidèle à ton identité de départ. Mais dans ce spectacle-là, en tout cas, le fait d'être maman ne fait partie qu'une petite partie du tableau. Dans d'autres scènes, en français, en anglais, j'en parle parfois un peu plus. Et en fait, aussi, ce spectacle, j'y ai mis un point final il y a un an et demi. Et depuis, j'ai... plein de nouveaux trucs qui tombent au fur et à mesure que j'écris et que je vis, parce que c'est un peu ça en permanence, c'est d'observer, de mettre les lunettes d'humoriste sur les situations de la vie quotidienne en disant qu'est-ce que je peux raconter de là, où tous les gens qui ont un enfant vont se reconnaître et qui font que ce sera mon histoire malgré tout, ce sera l'histoire de tout le monde et donc ça,
- Lucie
ça continue. J'ai vraiment ressenti ça quand on est venu te voir c'était trop drôle parce que je me disais bah oui c'est exactement ça je trouve que ça parle beaucoup dès que t'as un enfant
- Cécile Moroni
Moi, je trouve que c'est génial le voyage du stand-up, en tout cas en Europe. Alors, au UK, disons que c'est plus mature parce que c'est plus ancien. Donc, il y a déjà beaucoup plus de style. Et d'ailleurs, le niveau et la qualité. J'étais au Fringe Festival cet été, qui est un peu la mecque du stand-up anglophone. Et là, j'ai vu des trucs d'une qualité vraiment très bonne. Mais disons qu'en France, en Norvège, en plein de pays, ça bouge et c'est super chouette. En France, moi aussi, j'en suis plein sur Instagram. Mais je me postillonne de rire sur le téléphone. Et parfois, il y a même un sentiment que je me dis... ah elle est tellement bien cette blague, j'aurais adoré l'écrire moi parce que tu le dis c'est tellement bien et pareil en Norvège, en Norvège il s'est passé beaucoup de choses, j'ai commencé il y a 10 ans, c'était relativement en devenir, ça date des années 90 ici mais c'était encore en devenir et là maintenant je reçois toutes les semaines des gens qui m'écrivent est-ce que tu peux m'aider, je voudrais me lancer, je sais pas par où commencer et je trouve ça hyper positif parce qu'en fait plus les gens font du stand-up, plus les gens regardent le stand-up plus les gens comprennent, plus le public capte ce qu'il faut faire au début les Norvégiens ils étaient un peu comme dans un théâtre très silencieux. Oui. Très respectueux, mais très silencieux. Alors qu'au UK, les gens répondent, t'as des hecklers, mais c'est pas de la méchanceté, c'est plus...
- Lucie
Participation.
- Cécile Moroni
Tu renvoies la balle. Et en fait, en tant qu'humoriste, quand t'as un public qui te renvoie la balle, tu sors tes ailes. Là, t'y vas, là.
- Lucie
Et du coup, tes spectacles, ils explorent les différences culturelles. quelles sont les réactions qui te marquent, que ce soit en Norvège ou en France, de la part du public ?
- Cécile Moroni
J'ai une anecdote bien clichée là-dessus. Mais j'ai l'impression, je ne sais pas ce que vous en pensez, je ne sais pas ce que vos autres invités disent, que les Norvégiens, ils adorent qu'on parle d'eux, mais ils ont beaucoup d'humilité aussi. Il y a une forme de dualité entre leur patriotisme assez fort et en même temps leur modestie du fait que beaucoup de gens ne connaissent pas bien la Norvège et donc quand quelqu'un en parle, ça les flatte, mais que du coup, ils sont contents de toute façon, même quoi qu'on en dise. Ils ont un côté un peu... Ils ont beaucoup d'autodérision, les Norvégiens, quand même, je trouve. Ils se prennent pas trop au sérieux. Ça, j'adore ce côté-là. Et donc, au début, quand j'écris mes blagues, j'avais vachement peur de passer pour la Française qui savait mieux que tout le monde et qui était, du coup, un peu peste. Parce que j'y vais un peu... Sur certains trucs, j'y vais franchement même. Et les gens, ils étaient là, « Oh, c'est mignon, mais je pense que tu peux aller plus cash. » Et je suis allée vraiment cash. Et là, les gens rient, mais à gorge de déployer. je balance des gros boulets de canon mais sur des choses anodines pas des choses de fond mais quoi que parfois je vais sur t'as un exemple ? bah Je balance des boulettes canon sur le fait qu'il faut absolument tout le temps, en permanence, retourner à la forêt pour se torcher le cul dans du PQ. Je ne sais pas, c'est des journaux. Et tu sais, les toilettes avec la sueur et tout, alors qu'on est dans le pays le plus riche du monde, et que les gens vont mettre 30 000 courants dans un sofa, dans un canapé, la super belle lampe. Mais le week-end, la seule chose dont ils ont envie, c'est d'aller vivre comme des ours dans la forêt. Et de gratter la neige pour faire un trou pour boire de l'eau et ensuite choper la gastro. Ça, honnêtement, est-ce bien nécessaire ? Je m'en amuse parce que je sais que c'est vraiment une pierre angulaire de leur culture, la côté hutte-livre.
- Lucie
Enfin, outdoor. Et d'ailleurs, je trouve que ça fait de la Norvège son charme. Mais il y a des paradoxes et ils en rient volontiers, les Norvégiens. Je pense qu'en France, tu fais ça, tu peux passer pour... Non, mais ce n'est pas exactement correct. Tous les Français ne font pas ça. Et j'ai une anecdote marrante, je fais pas mal de formations aussi. C'est pour ça que j'ai une continuité entre le business et le stand-up. C'est que je fais aussi des formations d'entreprise sur les différences culturelles au travail, le inclusion and diversity, avec ma vision de française sur certains sujets, notamment les sujets hommes-femmes. et j'avais une... Un truc qui était assez théorique. Il y a des chercheurs qui ont mesuré, qui s'appellent Hofstede, qui ont mesuré en entreprise, vous avez peut-être déjà entendu parler, entre autres un axe qui s'appelle la distance hiérarchique, enfin Power Distance, qui montre que les Scandinaves ont une approche très différente de ça par rapport justement à des sociétés comme la française, où on a un axe hiérarchique très fort. Et je donnais un exemple. Il y a une main qui s'est levée. C'était vraiment ironique. C'était genre le big boss français qui était là. Ouais, alors en fait, moi, je vais quand même rajouter mon mot là-dessus. Et là, le mec, il s'écoute parler. le mansplainer, j'étais là mais c'est exactement ce que je t'avais dit.
- Alban
Merci.
- Lucie
C'est marrant, je pense que ça, ça met le doigt sur le fait que le public norvégien est ouvert à un type d'humour, je pense, ou un type de vision, qui fait que les Français pourraient parfois être plus sur la défensive que ce sont les Norvégiens.
- Alban
D'ailleurs, j'ai un souvenir, quand tu as roast un peu Lucie pendant ta première partie, tu as aussi Titi, on va dire, d'autres personnes. Je pense que c'était plus délicat pour certains aussi d'avoir direct de l'autodérision et de rentrer dans ton jeu.
- Lucie
Mais ça, tu vois, je le sens tout de suite, donc je change de proie, tu vois. C'est pas très grave. Mais effectivement, il y a des gens qui sont... Puis en fait, je pense qu'il y a des gens qui ne sont pas prêts quand ils vont voir du stand-up, parce qu'on leur parle, surtout quand ils se mettent loin. Je vous vois tout le monde.
- Alban
Oui, c'est clair.
- Lucie
C'est mes potes qui sont devant. Et donc, il y a un côté un peu artificiel à faire semblant que tu découvres la vie de tes potes, tu vois.
- Cécile Moroni
mis à part le stand-up tu as aussi écrit un livre Oui, qui est juste là. Oh,
- Lucie
vous êtes au top !
- Cécile Moroni
« Where babies sleep outside » . J'adore le dessin,
- Alban
d'ailleurs. J'aime beaucoup, je pense que c'est vraiment la...
- Lucie
J'adorais vous dire que c'est moi qui l'ai fait, mais...
- Alban
Mais oui, c'est une autre personne talentueuse.
- Lucie
Super.
- Cécile Moroni
C'est trop beau. Et dedans, tu fais des chapitres un peu sur ton parcours en tant que mère et toutes les petites anecdotes.
- Alban
Il y a des différences culturelles aussi.
- Cécile Moroni
Des différences culturelles. Et moi, à chaque chapitre... Ça me faisait rire parce que j'étais là. J'ai vécu la même chose.
- Lucie
Parce que vos enfants sont ici ?
- Cécile Moroni
Ben oui.
- Lucie
Donc, vous avez vraiment vécu ça.
- Cécile Moroni
Exactement. Et c'est vrai qu'il y a des trucs, mais c'est hyper drôle. Tu te dis, mais pourquoi ils font ça ? Mais quand tu parles de l'anniversaire des enfants dans les barnes et hagueux, les jardins d'enfants, ils leur mettent une couronne pour leur anniversaire. Il faut inviter toute la classe. Tous ces trucs-là. C'est fou que même à ce degré-là, il y ait des différences culturelles.
- Lucie
Oui, c'est clair. C'est vrai.
- Alban
C'est pour la manière aussi d'habiller les enfants l'hiver. Nous, ça y est, au bout de la deuxième, on commence à comprendre, je pense. Mais entre la première couche,
- Cécile Moroni
la deuxième couche,
- Alban
la laine, tout ça, c'est...
- Cécile Moroni
Elle était habillée comme une Parisienne.
- Alban
Oui, on faisait n'importe quoi.
- Cécile Moroni
On faisait n'importe quoi. Elle n'avait pas de laine en hiver.
- Alban
Quasi pas.
- Lucie
Mais du coup, elle a survécu.
- Cécile Moroni
Elle a survécu.
- Alban
Tu vois, la deuxième, pour le coup, elle est bien bien habillée, de la laine en sous-couche, sur-couche, partout et tout ça.
- Lucie
Mais moi, j'avais mon regard de parisienne aussi, en tout cas de française, en mode non mais ça c'est moche. Et donc j'ai très vite risé en mode attends, peut-être que cette couleur 1000K violet, t'en peux plus. Ok, fine. Mais en même temps, elle aura bien chaud. Donc si tu mets ça, personne ne le saura. T'es pas obligé d'envoyer une photo à tes copines à Paris. Et deux, elle aura bien chaud. Mais oui, effectivement, moi c'était les couleurs, le nom de la marque Pierre Robert tout me rebutait un peu
- Cécile Moroni
C'est vrai, il pourrait faire des trucs parfois un peu plus jolis. Jolis, ouais. Mais bon, qu'est-ce qui t'a amené à écrire ce livre ?
- Lucie
C'est une super chouette rencontre avec un couple qui s'appelle Julien Bourrel et Elis Krolalu. Lui, il est d'origine canadienne, francophone canadien. Et elle, elle est norvégienne. Et lui, il est super connu et je l'admirais depuis longtemps parce qu'il a écrit un livre. Entre autres, il en a écrit plusieurs. Mais un qui s'appelle The Social Guidebook to Norway. Peut-être que vous l'avez déjà vu.
- Alban
J'en ai entendu parler. Et c'est elle qui a dû l'illustrer, non ?
- Lucie
Le premier, je ne pense pas, mais les suivants, oui.
- Alban
Vous avez différents visages.
- Cécile Moroni
C'est le palais où vous avez différents visages. Que ressent un Norvégien quand il est heureux.
- Alban
Le triste, gêné.
- Cécile Moroni
Il a la même tête.
- Lucie
Et après, drunk, il sourit. Et ça, moi, quand je suis arrivée ici, c'était un livre dont tout le monde parlait. Il a une dizaine d'années, ce livre. Et il est vraiment excellent. Il m'avait fait rire de A à Z. et puis en fait, je n'ai jamais rencontré Julien, mais donc je savais bien qui c'était. Et puis, en fait, quand j'ai commencé à me lancer, il y a un an et demi, deux ans, j'ai pris contact avec lui. On a discuté, on a eu un super fit dès le départ. Et il m'a dit, mais nous, on serait content d'avoir un livre. Ils sont venus voir mon spectacle, ils connaissaient un peu le style de mon humour. Et donc, on s'est lancé dans une collaboration où c'est Elisabeth, la compagne de Julien, qui a illustré ce livre. Et on s'est bien marré à faire ça. Parce que moi, c'était un sujet qui m'importait beaucoup. Parce que je trouve que c'est chouette de faire des blagues. Mais en vrai, c'est aussi, je trouve, un super pays pour éduquer les enfants. La Norvège, ils font plein de trucs super chouettes. Et l'éducation positive, bienveillante est hyper à la mode en France. Et souvent, on invoque les modèles scandinaves dans certaines discussions sur la façon dont éduquer les enfants à l'étranger, sans bien les connaître. Il n'y a presque pas de littérature sur la façon dont on élève les enfants en Norvège qui est faite pour un public étranger. Et donc même si je n'ai pas la prétention d'être ni pédopsychiatre ni écrivaine, je me suis juste dit rien qu'avec ma touche d'anecdotes personnelles et mes observations, et bien peut-être que ça donnera des clés à la façon dont on élève les enfants en Norvège. Donc il y avait une vraie motivation, on va dire, une sorte de lettre d'amour à la Norvège. pour que les Norvégiens sachent tout bien que je pense de la façon qu'ils élèvent les enfants, avec deux, trois blagues évidemment à droite à gauche, puisque de toute façon, ils aiment bien qu'on rigole. Mais aussi, surtout, une volonté de raconter comment on élève les enfants en Norvège, à l'extérieur de la Norvège. Donc, il est en anglais, mais je sens, après les fêtes de fin d'année en France, qu'il y avait des gens qui étaient là « Ah, il est super ton livre, mais il est en anglais ! » J'avais oublié que les Français et l'anglais, parfois, ça peut être une vraie barrière. Donc, j'ai pour projet en 2025, c'est de prendre le temps de Traduons en français.
- Alban
C'est top.
- Lucie
Alors je sais pas si je fais un coup de chat de JPT la nuit ou si en vrai en fait j'avais un blog quand je suis arrivée ici qui s'appelait Martine chez les Blonds et je m'amusais beaucoup à l'écrire en français donc je pense que me connaissant je vais avoir envie de repasser du temps à voir comment formuler les blagues en français pour qu'elles soient drôles et qu'elles soient moi et pas le robot quoi.
- Alban
Et moi ce que j'aime bien avec ton livre, avec les blogs, avec celui de Laure et Lou Desjardins par exemple aussi que je connais et aussi nous le podcast c'est que Merci. on partage nos histoires de vie qui font connaître notre quotidien et peut-être ce qu'on traverse parfois en tant qu'expatriés ou immigrés en Norvège. Et parfois, on ne sait pas le raconter à nos familles. Quand tu les vois, tu n'es pas dans l'état d'esprit de le raconter. Donc, par exemple, leur offrir ce livre, un autre livre, ou leur faire écouter les podcasts, y compris peut-être les tiens, je trouve que c'est un bon moyen pour eux de leur donner, comme on l'a dit, les clés aussi de comprendre notre vie.
- Lucie
ouais c'est vrai tout à fait parce que
- Alban
Eux, ils voient ce qu'on leur donne, ce qu'on va peut-être montrer sur les réseaux sociaux, ce qu'on va leur raconter. Mais c'est dur parfois d'avoir du recul sur son propre quotidien complètement. Et ça, ça peut aider.
- Lucie
Ça m'a vachement demandé un effort. Surtout que, en fait, je parle par exemple des grossesses et tout. Vous avez peut-être vécu ça, mais c'est fou. On oublie vite, je trouve, certaines petites phases. La phase de maternité qui s'appelle Barchel. Ça m'a demandé un vrai effort de me replonger dans mon quotidien en me disant, mais comment c'était alors ? Attends, j'avais qui à l'école ? Iris était bébé. Qu'est-ce qui se passait ? Quelles étaient mes journées ? Ah oui, je me souviens qu'il y avait ça, il y avait ça. C'était un effort au départ de me replonger dans chaque étape parce que la vie fait que tu oublies et ce qui est frustrant, c'est quand tu as plusieurs enfants, tu remarques que même si tu pourrais te dire « Ok, c'est le troisième bébé, je sais faire » , il y avait des trucs, même si mes enfants se sont rapprochés, j'avais un peu oublié. Je suis là « Comment c'était au début ? » C'est étrange ça. Et donc, effectivement, ça me demandait un effort. Donc, je suis contente si cette travail de synthèse, entre guillemets, peut servir à d'autres pour illustrer la vie en Norvège.
- Cécile Moroni
Et quelles sont les anecdotes qui marquent le plus tes lecteurs quand tu parles avec eux de ce livre ?
- Lucie
J'ai l'impression qu'il y en a plusieurs qui reviennent de façon assez récurrente. Il y a notamment, alors, effectivement, l'accouchement. Et pour toutes les femmes qui sont passées par là, le côté un peu, rapport un peu de fierté à la douleur physique que les Norvégiens peuvent avoir. Et ça, je pense que c'est un truc qui est dans la société, un continu de se pousser au sport. de retourner à un état de vie à moitié sauf, je suis dans la forêt le week-end. Et donc ça, dans l'accouchement, moi je l'avais senti que certaines femmes étaient super fières de dire qu'elles avaient accouché sans péridurale. Donc ça, j'ai l'impression que ça résonne vachement chez les femmes étrangères, alors que par exemple, ma soeur a accouché aux Etats-Unis, elle m'a dit que c'était méga médicalisé. Enfin, limite, tu ne te sentais pas les contractions. Enfin, j'exagère un peu, mais j'ai l'impression que c'était une autre histoire. Et puis, il y a cette partie-là qui revient souvent, il y a aussi la partie où je parle de mes activités en... c'est un truc qui revient souvent le côté ah oui je me souviens qu'on passait vachement temps à discuter de qui mange combien quel poids fait ton bébé qui avait l'habitude de compter du gros bébé alors ça ça m'a trop parlé parce que nous avec la première on nous a donné
- Alban
une peur parce qu'elle est née à 3,8 kg à la base beau bébé mais elle suivait sa courbe grosso modo française et c'est pas devenu un bon bébé norvégien. Et donc, pendant un moment, on a senti ce poids, mais qui était devenu vraiment une peur pour moi. Quand toi, tu as dit que c'était peut-être ton premier enfant, ou les deux premiers étaient aussi des beaux bébés, et qu'on vous a carrément félicité, on t'a carrément félicité du poids, c'était drôle de voir ça.
- Lucie
C'était un peu le salon de l'agriculture, je me souviens de cette côté-là. Et en plus, mon troisième, en revanche, il a mis méga temps, il a mis six semaines à revenir à son poids de naissance, mais ça m'a foutu dans une espèce de post-partum. horrible, où en fait, c'est horrible de dire à une maman t'arrives pas à filer à bouffer à ton enfant il y a un truc presque animal qui est hyper déstabilisant et malgré le fait que c'était mon numéro 3 j'étais mais super fébrile à cette question ta bouffe,
- Cécile Moroni
il fallait pas m'en parler bah nous c'était la première parce que pendant des mois on nous avait dit qu'elle prenait pas assez de poids elle nous donnait plein de conseils on savait pas, on se disait mais qu'est-ce qu'on fait mal Moi, l'allaitement s'est mal passé,
- Lucie
donc je culpabilisais à fond,
- Cécile Moroni
à fond,
- Lucie
à fond.
- Cécile Moroni
Mais après, du coup, j'ai arrêté pour qu'elle mange bien avec des bons biberons.
- Alban
Et que tu sois mieux mentalement. Et que je sois mieux mentalement,
- Cécile Moroni
c'était le principal. Mais quand même, ça n'allait toujours pas. Et la deuxième, pour le coup... Mais bon, au final, on a remarqué que les courbes françaises étaient différentes des courbes norvégiennes. Oui, oui. Et du coup, en fait, on est venu à la L.C. Stachoun, qui est le centre de santé, et on leur a dit, mais en fait, dans les courbes françaises, elle est très bien.
- Alban
plusieurs fois elle s'est quand même faite Pour la deuxième, je ne suis pas allé à chaque rendez-vous. Une fois qu'elle était née, l'infirmière le regarde droit dans les yeux. Mais tout le monde a les mêmes courbes de poids. Alors qu'on savait déjà pour la première que ce n'était pas le cas. Donc Lucie, déstabilisée, rentre à la maison et me dit « Voilà, elle m'a dit que c'était toutes les mêmes courbes de poids. Je ressors les courbes de l'OMS, je ressors les courbes françaises, je compare à la courbe norvégienne. » Et effectivement, les courbes de poids ne sont pas les mêmes.
- Cécile Moroni
Mais oui,
- Lucie
tu ne vas pas comparer un périglin asiatique ou Amérique centrale, naturellement.
- Alban
c'est quand même des gens qui sont connus pour être super grands les Norvégiens et relativement massifs aussi et la fois d'après j'ai débarqué avec mes courbes que j'avais imprimées de clous j'étais prêt à lui faire un exposé, elle m'a dit c'est bon, c'est bon, je sais que j'ai compris elle est comme sa soeur,
- Lucie
pas de soucis mais c'est vrai qu'en plus je pense qu'il y a deux choses, il y a le fait que les courbes sont différentes et aussi l'approche à la courbe parce que j'ai l'impression qu'il y a un côté très scolaire chez les infirmières du centre de santé où elles sont vraiment très attachées à ce que la courbe évolue comme ça alors que tu discutes avec un pédiatre en France qui va dire... Ouais, ok, globalement. elle va bien, elle mange bien, elle dort bien ils ont une approche beaucoup plus générale à l'état de santé générale d'un enfant disons moins attachée à ce que ce soit de façon que l'enfant suive sa courbe de façon absolument scolaire donc il y a cet épisode là qui je pense résonne chez beaucoup d'étrangers, puis après il y a les côtés aussi je pense que j'ai touché dans le mille en parlant du fait que je sais pas si vos enfants sont assez grands pour que vous en rendiez compte encore, on attend beaucoup des parents en Anglège qui s'impliquent dans les activités extrascolaires de leurs enfants Non mais j'ai adoré lire
- Cécile Moroni
en me disant, pour le futur, qu'il y a trop d'intérêt.
- Lucie
Je pense que c'est à la fois super si tu y es préparé. Par exemple, on a une voisine et amie qui s'est mise en coach de telle et telle activité sportive. Elle adore parce qu'elle a grandi comme ça. Donc pour elle, ça lui parle. Mais pour moi, mes parents ne venaient pas dans mes activités extrascolaires et ça n'a jamais été un manque. Ils venaient à la spectacle de fin d'année. Mais c'était comme ça. Ça me paraît extrêmement étonnant de voir autant de parents ... sur les bords d'une activité qui somme toute est rigolote à regarder 5 minutes tout le monde est sur son téléphone, je vais vous dire la vérité les gens sont quand même là, parce que je me dirais qu'il y a une forme d'obligation sociale à te pointer à toutes les activités extra-scolaires de tous les enfants, moi j'en ai 3 il y en a une activité qui font tous les 3 mais sinon non c'est un casse-tête, c'est impossible en fait de le faire un ministre est moins occupé que ça quoi on te demande de venir à la Sainte-Lucie à le School of Shletening les trucs de Noël, et il y a plein de moments hyper mignons et tant que je le veux, je le fais avec plaisir même. Et d'ailleurs, je suis même la maman qui écrase une petite là, on m'a dit, ils sont trop mignons. C'est pas tous enfants ceux-là. Ah oui, pardon,
- Alban
mais ils sont quand même mignons. Premier santa, le sillage, j'en menais pas large. Ça fait un petit peu tout. Surtout le défilé avec la bougie et tout, elle fermait le cortex. On était en train de filmer.
- Lucie
Je te comprends. Mais donc ça, c'est des beaux moments. Mais le côté répétitif, hebdomadaire, de dire, il faut que tu te pontes à toutes les activités extérieures de tous tes enfants tout le temps et que tu sois sûrement celle qui dit ah on fait un truc samedi, un tournoi de je peux faire des gâteaux, je peux vendre des gaufres Mais en fait, sur Spond, qui est une app qui rassemble toutes les notifications de toutes les activités extrascolaires de mes enfants, sans rire, j'en ai 90 notifications par semaine. Et en fait, ça, c'est une espèce de sable qu'en tant que parent, tu te le prends dans la tête tout le temps. Et il y a MyKid pour le barnague et j'ai encore une autre app pour l'école, pour les devoirs et tout, qui fait qu'en fait, ça fait une espèce de bruit de fond en permanence, qui pour, je pense, les familles est étonnant quand tu viens de l'étranger et que tu t'attends pas à ce qu'on t'attende justement au tournant. Je pense qu'il faut mettre le curseur au bon endroit pour pas te faire bouffer.
- Alban
Exactement.
- Cécile Moroni
Et du coup, tu penses que les parents, ils y vont pour montrer qu'ils soutiennent leurs enfants dans leur activité ?
- Lucie
Je pense que ça dépend des quartiers aussi. Moi, je vis dans un quartier où il y a quand même beaucoup de CSP+, et je pense qu'il y a quand même un peu de pression sociale. On roule en Tesla, on est impliqué dans la vie de nos enfants, on fout une vidéo le week-end de regarder mon fils fait du ski alpin, ma fille est trop forte en ski de fond, il y a un peu de show-off. je pense que dans d'autres quartiers il y a vachement plus de par exemple ma fille fait une activité qui s'appelle cheerleading dans un quartier qui est peut-être un tout petit peu plus métissé, ce que je trouve très bien et là les parents sont vachement plus relax sur le tu me la ramènes, je la porte je pense qu'il y a un peu aussi de pression sociale dans les quartiers huppés sur le côté m'as-tu vu et voici que je fais de mon enfant une prolongation de mon succès social
- Cécile Moroni
Et pour revenir sur le fait qu'il faut être dans le moule et tout, est-ce que tu penses que les parents sont mal vus, justement, quand ils ne participent pas à ces choses-là ?
- Lucie
En fait, je pense qu'il y a une forme de, j'allais dire, hypocrisie, mais c'est peut-être un peu négatif, mais de dualité dans le fait que les gens ressentent le devoir de le faire, mais sont super heureux et soulagés quand on leur dit « Non, mais vous pouvez en fait juste, en enregistrant, on dit baisser les épaules. » Vous connaissez cette expression ? « Senkeskulldronas » C'est un peu l'idée de relax. Et en fait, vous n'êtes pas obligés de tout faire. J'ai écrit une chronique il y a quelques mois parce qu'un journaliste m'avait demandé, enfin un média m'avait demandé de faire une chronique humoristique sur pourquoi il y a plus d'enfants par femme en France qu'en Norvège. Ce qui peut paraître paradoxal parce qu'en Norvège, on a des longs congés maths, il y a une égalité homme-femme, il y a une sécurité de l'emploi, etc. Ce qui fait qu'on pourrait imaginer que les femmes ont plus d'enfants. Et notamment, une de mes explications, je l'avais fait avec ma casquette d'humoriste, mais j'écrivais quand même, est-ce qu'on peut lâcher la grappe des parents comment tu fais ? Tu le fais pas du coup. Et peut-être que du coup, la société va mal voir ça. J'ai eu énormément de réponses positives de merci de mettre le doigt là-dessus. Je pense que les gens le font parce qu'ils sentent qu'ils doivent, mais qu'en fond, il y en a plein qui n'ont pas méga envie de le faire non plus. Il y en a quelques-uns qui vont dire je le fais avec plaisir, d'autres qui sont au-delà de ça et qui disent je fais ce qu'ils me bottent et puis je fais le minimum de ce que j'ai pas envie de faire, ce que je trouve assez sain. Mais d'autres qui sont encore un peu dans le il faudrait que, et puis qui sont super soulagés quand tu mets le doigt là-dessus et que tu leur dis non mais on est plein à se dire que c'est un peu relou en fait Tu sais qu'on a des amendes si on va pas au Dugnad.
- Cécile Moroni
Ah oui, d'accord.
- Lucie
C'est obligatoire, la Dugnad. On se prend des amendes, facturées toutes les heures. Et il y a même écrit dans les règles, merci de ne pas envoyer votre opère à votre place à la Dugnad. Non mais, on est là. C'est après que je fasse un texte de scène au plateau. Ah oui, c'est parti.
- Alban
C'est une anecdote, mais il y a des trucs de fou.
- Cécile Moroni
Tu t'es aussi lancé dans l'aventure du podcast. Est-ce que tu peux nous en parler ? De quoi parle le podcast ? Quel est le concept ?
- Lucie
Des podcasts. en fait c'est marrant parce que c'est deux podcasts qui sont Deux podcasts très différents, mais qui sont tous les deux en fin de saison 1, avec tous les deux un point d'interrogation sur la suite. Il y en a un des deux qui s'appelle Wulfol Norge, et ça me motivait vachement d'entendre les histoires des autres sur « tu viens d'un pays X et Y, tu t'es intégré en Norvège, parle-moi de cette intégration » . Donc quelque part, c'est un peu le reflet norvégophone de ce que vous faites, avec une volonté presque un peu politique de colorer un peu positivement le discours sur la facilité de s'intégrer en Norvège. Je trouve qu'il y a une sorte de prophétie autorisatrice chez certains étrangers de dire « je déteste, les gens ne sont pas sympas, je ne me fais pas de potes, il fait froid, il fait cher, je n'aime pas » . Et puis il y a un discours qui me déplaît chez les Norvégiens de « oui, mais les étrangers, si et ça » . Je me disais « comment est-ce qu'on peut mettre en lumière des super parce-cours inspirants, de gens qui se sont un peu bougés, mais qui en même temps ont appris le norvégien ? » C'est un podcast en norvégien volontairement pour que les Norvégiens l'écoutent. Et j'ai interviewé des gens comme ça avec des profils très différents, un écrivain, un humoriste, un professeur d'université qui chacun à leur manière amène une... partie du puzzle, mais c'était un peu ma façon de contribuer au côté intégrer et mindful, qui sont des thèmes diversity et inclusion, hyper à la mode et hyper important, je pense, dans le monde du travail en Norvège en ce moment, parce que il y a le plein emploi sur le papier, mais il y a quand même plein de gens qui ne trouvent pas de boulot. Pourquoi ils ne trouvent pas de boulot ? C'est une vraie bonne question, avec plusieurs explications à tiroir, et plein d'entreprises qui crient désespérément au besoin d'avoir des ressources qui sont potentiellement déjà en Norvège, mais on n'arrive pas à les connecter, ces personnes-là. Donc là, il y a quand même un truc intéressant à creuser.
- Cécile Moroni
Et qu'est-ce qui revient souvent ? Est-ce que c'est des problèmes de langage ?
- Lucie
Il y a la langue, il y a une forme de vision un peu peut-être traditionnelle chez les employeurs de méconnaissance des diplômes faits à l'étranger. Il y a parfois la difficulté de convertir des diplômes passés à l'étranger en diplômes norvégiens. Alors nous, on n'a peut-être pas ce genre de problème avec nos formations, disons généralistes. Mais quand tu as fait, par exemple, des études de médecine, il y a tout un cheminement à faire pour le faire. Et parfois, il y a des gens qui vivent en Norvège qui vont le faire en Suède parce que c'est plus rapide en Suède. qui font un diplôme suédois et qui reviennent travailler avec leur diplôme suédois en Norvège. Il y a des histoires abracadabrantes qu'il faudrait simplifier. Et puis, je pense qu'il y a aussi le côté très réseau, qui fait qu'il y a une offre sur deux en Norvège qui n'est pas publiée sur Internet du tout, et que les gens ont tendance vraiment à taper dans leur réseau de personnes existantes. Or, ce réseau se crée dès l'enfance, et quand on arrive à l'âge adulte, on part avec un handicap qui devrait être, je pense, plus gommé Et le deuxième podcast, c'est un podcast qui s'appelle Mère Médiocre, Middle-Moddy Mother, qui est une copine origine d'un podcast anglais qui s'appelle I Love My Kid But, et qui est un podcast humoristique que je fais avec une amie qui est rigolote. Elle est ancienne stand-up, mais elle, maintenant, elle écrit des dialogues pour des séries. Donc elle a un job hyper rigolo et hyper inspirant. Elle a écrit, par exemple, les dialogues de la série Home for Christmas que vous avez peut-être vu sur Netflix.
- Cécile Moroni
Bien sûr, c'était notre ancienne voisine. Oui,
- Alban
l'actrice principale. C'est ça, la voisine à ta yenne.
- Lucie
Ah, trop marrante. Donc ma copine Myriam, elle a écrit les dialogues de cette série et elle, et elle et moi, on a des enfants qui ont le même âge et parfois on s'est retrouvés dans des cafés, j'en pleurais, enfin toutes les dents, on était là mais je m'en sors pas, et puis elle dit si, et puis j'ai lu sur internet qu'il ne fallait jamais dire ça à ton enfant sinon tu puck-up son... Je ne suis jamais en fait là, mais je ne l'ai pas dit. Une fois je l'ai dit dix fois hier, tu vois, je l'ai dit dix fois hier. Une fois j'étais fatiguée, j'ai dit moi j'en ai trop marre de votre maman là, j'en ai trop marre de votre maman. et donc on s'est dit bon on va faire un podcast parce qu'on est sûrement pas les seuls à péter des piles une fois de temps en temps et ce podcast il est orientée autour d'un invité qui est une personne connue qui arrive avec toute l'humilité du monde en voulant bien raconter tous ces moments où lui ou elle se sent aussi comme parent raté et on essaye de creuser donc il y a un peu une réflexion de société d'où ça sort cette espèce de pression qu'on se met tous pour moi c'est vachement les réseaux sociaux mais c'est parce que sûrement je passe trop de temps dessus Mais je pense qu'il y a des attentes maintenant auprès des parents qui sont super hautes.
- Cécile Moroni
Je suis d'accord.
- Alban
Plus on en sait, plus ça peut être bien difficile.
- Lucie
Ne jamais se fâcher. Les jouets, il faut qu'ils soient tous montés souris. Pas d'écran. Le PQ doit être monté souris. Le lit doit être monté souris. Et il ne faut jamais dire ces mots-là. Il ne faut pas se fâcher. Non,
- Cécile Moroni
mais c'est vrai. On se dit, mais nos parents, en fait, on est tous complètement tarés. Parce que nos parents qui suivaient quand même moins ces recommandations.
- Lucie
Ils étaient en mode freestyle. On a quand même des bonnes relations avec eux aussi, je veux dire.
- Alban
Ça va, on n'est pas trop traumatisés. Non, non,
- Cécile Moroni
exactement. Donc parfois, c'est vrai qu'on se pense à ça et on essaye de se détendre parce que c'est vrai qu'on se met une pression de fou.
- Lucie
Et donc ce podcast, il a une cible très... Malheureusement, ce que je trouve dommage, c'est presque que des nanas qui nous écoutent. Quand on regarde le look du podcast, effectivement, je pense que ça attire plus les femmes. Mais on a des anecdotes bien marrantes aussi de présentateurs télé, de gens un peu connus qui nous racontent des trucs lunaires. Et je pense que tout le monde se rend compte que tu fais toujours au mieux, puis en fait, au bout d'un moment, tu fais à moitié.
- Cécile Moroni
Et c'est OK. Je trouve ça génial que tu arrives à avoir des Norvégiens qui se lient sur cette partie-là. Parce que justement, mon ressenti, en tout cas, j'ai l'impression qu'on montre qu'on fait tout bien, qu'on a une famille parfaite. Comme tu disais un peu par rapport à l'implication dans les activités extrascolaires et tout. Donc, c'est vrai que je trouve ça super bien que tu arrives à avoir le témoignage de Norvégiens qui disent, non, parfois, on ne fait pas tout bien. Oui,
- Lucie
et ça, je pense encore que c'est... Tu vois, quand je suis arrivée en Norvège, je ressentais ça vachement, le côté très A4, très tout le monde est pareil et surtout, on ne me passe qu'il ne va pas. en fait maintenant que je connais bien la Norvège que j'ai des amis proches norvégiens, en fait, une fois que t'es rentré dans le... qu'on a refermé la porte derrière toi, que t'es rentré dans l'intimité des personnes, là, elles te racontent des trucs du genre, « Ah,
- Alban
mais faut que je te raconte ! »
- Lucie
« J'ai coupé les cheveux à ma gamine, c'est sordide ! » « J'ai essayé de faire bien, j'avais vu sur un truc sur YouTube... » Enfin bref, et donc les gens racontent leurs trucs.
- Alban
Je pense que dès que tu as un groupe un peu étendu, là, on va garder le... C'est bon, la parenté, tout passe bien. mais heureusement et nous je trouve qu'on est plus rapidement tombé au final sur des gens comme ça, dont une collègue à moi que j'ai en tête et je donne l'exemple, on va manger chez eux, déjà elle nous reçoit chez elle.
- Lucie
C'est un vrai signe d'aller faire l'enveil.
- Alban
Voilà, exactement, chose que plein d'autres bons amis, j'irais, n'ont jamais fait et c'est ok. Mais elle, elle l'a fait et puis elle nous dit trois mois après être devenue maman, l'accouchement c'était horrible et terrible. Et tu vois, elle nous dit ça et Lucie venait de tomber enceinte.
- Cécile Moroni
Elle ne le savait pas Elle ne le savait pas Elle nous décrit un accouchement terrible. Elle nous dit, mais c'est horrible. Plus jamais je referai ça. Et moi, je suis comme ça sur ma chaise. T'es sûre qu'on doit s'en faire ?
- Alban
J'ai adoré qu'elle se livre comme ça. Et aujourd'hui encore, peut-être que dans un grand groupe, elle resterait plus lisse. Mais comme tu dis, quand tu arrives à accéder à des gens dans un plus petit groupe, je trouve que si tu... Et toi, c'était pareil dans ton marché de groupe 1. Si tu oses un peu commencer à dire, il y a des choses pas faciles.
- Lucie
ça y est ça les détend un peu ça je me souviens mon premier marché groupé aussi c'était à Frongnol qui est aussi un quartier un peu huppé à Oslo et pareil il y avait des nanas qui étaient maquillées qui faisaient déjà du 36 avec un bébé de 5 kilos c'était impeccable et tout mais la blague et puis elles étaient ah j'ai hâte de refaire du sport parce que je me sens un petit peu gonflée je suis là si tu veux moi en Odyssée j'étais déjà plus grosse que ça donc si tu veux je sais même pas de quoi tu me parles et en plus c'était vraiment vachement sur la façade et je suis rentrée j'avais envie de pleurer quoi Il y avait quelqu'un qui avait dit, ah, moi j'ai lu qu'il fallait toujours que les... Les enfants donnent dans la même chambre que les parents parce que sinon ça peut délier le lien parent-enfant, le truc horrible. Quand t'es pleine d'hormones, c'est la dernière chose que t'as envie d'entendre. Et moi ma gamine, je l'avais foutue dans sa chambre parce que je savais même pas qu'on faisait du cododo en Norvège. Ça m'avait même pas effleuré. Elle dort, un lit, voilà. Et je sortais du lit pour aller la déleter et ça marchait comme ça chez nous. Mais en fait, chaque personne trouve son truc, tu vois. Mais effectivement, et après j'ai ghosté le grâce du groupe et j'ai trouvé une copine marrante qui m'a dit, moi, j'aime le plus elle était trop marrante et elle était une super maman aussi mais juste plus honnête moi j'adore je pense que je vais travailler mon norvégien en écoutant ce podcast parce que ça va me détendre il y a des anecdotes qui vont te faire tellement je pense il y a un pote qui raconte je l'ai gardé son fils de 2 ans il était super fatigué il s'est endormi mais une heure et demie avec le bébé sur le tapis ah non mais j'adore et il s'est réveillé en mode oh qu'est-ce que tu fais il est toujours là il est toujours là il est toujours avec son grelot il n'a rien foutu mais il n'a rien fait de marrant
- Cécile Moroni
Et toi, comment tu fais pour concilier cette vie de maman, d'humoriste, avec trois enfants ?
- Lucie
Au début, c'était souvent, je me disais, ça va, je les couche et je vais au spectacle. Parce que souvent, quand ils sont tous crevés, surtout au bar nage, ils se couchent super tôt. Ils sont tout le temps dehors et ils sont encore petits. Mais là, ma grande, elle commence à grandir. Elle est en CE1, donc elle a sept ans et demi. Et elle pose pas mal de questions. Donc, une fois ou deux, elle est venue avec moi. Ça l'a vachement amusée. Mais globalement, ça me fait quand même... comme une freelanceuse une liberté de mon emploi du temps qui est énorme donc là par exemple il y avait le plan de l'Inksdag le jardin d'enfants était fermé donc typiquement je peux les prendre pour la journée la semaine prochaine il y a le dentiste je m'en occupe donc je suis quand même vraiment je fais tout le temps la période de 16-19 c'est souvent moi ma fille de 5 ans m'a quand même dit pourquoi t'es toujours en pyjama quand on part à l'école le matin mon mari a mouru très drôle bien vu très vrai parce que maman elle travaille le soir donc c'est un coup à prendre de travailler quand les gens ne travaillent pas. mais en revanche ça te donne vachement de liberté sur pas mal d'autres choses et j'ai quand même beaucoup de temps avec eux et ça je trouve que c'est vraiment chouette même s'il y a des jours où je me dis ah c'est cool on fait je sais pas on joue à la maison on va dehors et ça se passe trop bien enfin bonhomme de neige enfin je sais pas c'est trop sympa et puis il y a des jours où je me dis ah je me réjouis et au bout de 10 minutes je suis là ah j'ai hâte qu'il dorme là Là j'ai vraiment hâte qu'il dorme, là il me saoule, là il me saoule. Dispute fight, parce que bref, la vie de parent quoi. Le ying et le yang un peu improbables. Puis tu les mets au lit, t'es là... la première chose que tu fais c'est que tu regardes des photos d'eux en disant ils sont trop mignons alors qu'ils te gueuvent il y a une demi-heure à te dire viens pas me brosser les dents si tu vas te brosser les dents je trouve que ambivalence parentale être parent c'est se rendre compte combien ces petits êtres immatures sur leurs sentiments sont fous mais combien toi t'es aussi complètement fou t'es
- Alban
un peu plus avancé qu'eux mais t'es aussi complètement fou sur tes propres sentiments c'est clair l'émotion encore hier soir j'étais là Bon,
- Lucie
maman s'est fâchée. D'accord, ça arrive. Oui, mais t'as qu'à nier putain, putain, putain. Bon, ok, d'accord. Oui. Alors ça, il ne faut pas le dire. Il ne faut pas le dire à grand-mère.
- Alban
Surtout pas.
- Lucie
Mais surtout, tu dis bon, ok, oui. J'ai une copine qui m'a envoyé un truc sur Instagram. Elle m'a écrit, souvenez-vous qu'on est la première génération de parents qui dit pardon à ses enfants. Ça m'a fait vachement de bien d'en parler.
- Cécile Moroni
Oui, non, mais c'est vrai.
- Lucie
Une fois aussi, j'étais tellement énervée parce qu'il y a tout le temps du bazar chez moi. Je ne suis pas très bazar, Et là, mon mari, je l'adore, il a plein de qualités, mais il n'est pas méga... Enfin, il a fait des efforts, mais il lutte, ça ne dérange pas trop le bazar. Donc du coup, je suis la seule contre quatre. Mais je lutte contre un tsunami. Et un jour, j'avais rangé toute l'entrée, les chaussures et tout. Et là, dix minutes après, il trouve son bazar. J'ai ouvert la porte, j'ai balancé une chaussure. En disant, voilà, voilà, voilà la chaussure. Je la balance. Ma fille de quatre ans a explosé de rire. Et mon fils de trois ans a dit, Ike l'avocat, ça veut dire faut pas jeter.
- Cécile Moroni
Faut reprendre les bases avec celle-ci.
- Alban
Faut qu'elle vienne avec moi au Bar Naga, je vais la reprendre.
- Lucie
Tu sais là, je lâchais rien, tu vois. Mais aussi, une chule, ça veut dire qu'il faut dire pardon. Faut dire pardon. J'étais là, c'est à 40 ans. Une chule. J'aurais pas dû jeter la chaussure. Chule, c'est ça. Et les projets ou tes envies qui te motivent actuellement ? J'en ai plein,
- Alban
j'en ai un peu trop. Alors du coup, parfois, je me dis... L'année dernière, j'ai couru un peu comme une poule ététée, en mode, attends, je vais écrire un bouquin, je vais faire un spectacle, je vais faire un spectacle en français, je vais aller au Fringe. Je termine 2024 en mode... Alors attends, on va se calmer un peu. Donc là, je me dis plus, OK, qu'est-ce qui est vraiment bien ? J'ai envie que ma tournée tourne. En fait, j'aimerais bien juste que ce soit une belle saison. J'ai des belles dates pour le spectacle à Lone Orgueil.
- Lucie
Donc tu vas dans toute la Norvège ? Oui.
- Alban
Et je commence par Paris même, parce que j'ai fait un spectacle en norvégien à Paris, là au Beau Saint-Martin à République dans deux semaines.
- Cécile Moroni
Donc, une république, norvégien, à Paris.
- Alban
J'adore ! J'ai déjà fait ce spectacle au République, enfin le théâtre Le République l'année dernière, et c'était rempli, donc c'était cool. Et là, l'ambassade m'a dit « ce serait super que tu reviennes, il y a plein de Norvégiens qui n'étaient pas là » . Donc, je suis produite en France, ça c'est chouette. Donc ça, c'est le premier objectif. Et puis, après, il y a tout ce qui va autour d'écrire des nouveaux textes, de préparer la suite, de voir un peu comment je peux justement approfondir certaines questions qui... Je me dis, tiens, il y a plein de blagues à écrire là-dessus, des sujets de société qui vont parler aux gens. Et puis, le livre en français, clairement un des nombres numéro 2.
- Lucie
C'est la liste de Noël 2025.
- Alban
Et puis, je continue de bosser pour les corporates sur les questions integration et diversity. Et là, je vois qu'il y a quand même pas mal de boîtes qui ont besoin d'avoir un peu plus de choses drôles sur le sujet. Parce qu'il existe des coachs qui, entre guillemets, vont un peu t'engueuler en mode voilà ce qu'il faut que tu fasses pour avoir ci, ça, ça. Mais de toute façon, il y a quand même peu de contenu qui sont faits pour que les gens puissent un peu se détendre et rire tout en réfléchissant.
- Cécile Moroni
Décomplexer aussi, une fois de plus. Démystifier, décomplexer.
- Alban
Exactement. Arrêtez de penser que c'est super compliqué, que c'est inatteignable, mais juste voir un peu, step by step, comment tu peux atteindre un monde du travail qui est plus incluant, tout en attaquant certains clichés. J'ai envie de faire un truc un peu humoristique là-dessus, parce que je vois qu'il y a un énorme marché qui va adresser l'heure actuelle. Voilà les trois objectifs.
- Cécile Moroni
posé des questions aussi.
- Alban
Faire du boulot.
- Cécile Moroni
Faire la première partie de Shakira.
- Alban
Bien sûr, je vous mets en VIP.
- Cécile Moroni
Bien, il nous tarde. Ça fait donc 14 ans que tu es en Norvège. Qu'est-ce que tu adores et qu'est-ce qui est difficile peut-être encore aujourd'hui ?
- Alban
C'est une bonne question. J'ai appris à connaître la société norvégienne de façon telle que j'adore le côté il y a une forme de liberté dans les chances qu'on te donne. Le fait que d'être une femme n'ait jamais un désavantage. Et il y a aussi le fait que c'est une société qui fait beaucoup de place à la vie privée, la vie de famille et qui donne de la sécurité aussi aux enfants. Tu vois, ma fille, elle commence à circuler autour de la maison toute seule. Je ferais pas ça à Paris. Je trouve ça super. Donc, il y a ces aspects-là. Puis je vais sûrement dans la voiture en repartant. Je vais pas leur me dire. J'aurais dû dire ça, j'aurais dû dire ça. Et qu'est-ce qui est toujours difficile ? Puis je me suis fait des vrais amis aussi. Donc, j'ai l'impression que je comprends mieux aussi la façon dont les choses fonctionnent. je trouve que peut être cliché aussi j'ai toujours un peu de mal avec l'hiver et le froid mais c'est parce que je suis pas du tout outdoor et je suis pas du tout ski donc pour moi c'est un peu une saison où il faut être dedans et au bout d'un moment ça me tape un peu sur le système la luminosité et tout ça.
- Lucie
Comment tu fais du coup pour passer les hivers ?
- Alban
Un peu de luminothérapie et souvent...
- Cécile Moroni
Beaucoup d'alcool ?
- Alban
Je sais pas dire mais je t'en parle. Souvent des vacances au soleil l'hiver.
- Cécile Moroni
Coupé c'est vraiment...
- Lucie
C'est un bon tip ça.
- Alban
Donc on est au Maroc l'année dernière et on va sûrement aller en Thaïlande cette année parce qu'on fête nos dix ans de mariage jeudi. Donc ça je trouve que c'est dur et je m'y fais pas en fait. J'ai l'impression que j'ai des copains en France qui sont « toi la norvégienne, ça y est tu te bailles dans l'eau à 8 degrés, touche la norme » . En fait je suis pas devenue une viking avec les années, parfois même au contraire je suis usée de ça en fait. Le côté honeymoon d'un pays que tu découvres, il est complètement fané. je suis dans la dernière phase, la phase d'adaptation où je sais, je pense avec plus de recul, ce que j'aime et ce que j'aime moins et pour rien au monde je referais différemment cette expérience en Norvège c'est un pays que j'adore, j'ai acquis la nationalité mes enfants grandissent ici et je trouve que c'est hyper riche la double culture que vous eurez aussi dans votre famille même si vous êtes deux parents français vous êtes tellement ancrés ici que vos enfants l'ont c'est génial, c'est une vraie richesse et en plus il y a le Panama dans votre... je pense que c'est des vraies richesses,
- Lucie
des ouvertures d'esprit exceptionnelles mais je trouve que c'est bien parce que t'adores la Norvège tu teintes tu t'es intégrée, je pense que tu te sens complètement intégrée, tu fais ton métier, ton hobby qui est devenu métier en norvégien, tout ça. Et pour autant, t'as pas poussé le vice à faire du ski de fond tous les week-ends, faire l'ours le week-end non plus. S'il y a des trucs que t'aimais pas à la base, tu t'es pas forcée à le faire pour autant.
- Alban
Une fois de temps en temps, je suis quand même super contente d'aller en forêt avec mes enfants, mais pas forcément dormir dans une hutte pendant une semaine. Mais oui, oui, en fait... Il y a une sorte de dualité dans mon discours parce que quelque part là en ce moment mes enfants sont au ski avec mon mari et je suis trop contente qu'ils grandissent comme des petits norvégiens et qu'ils aiment le ski. Je me dis qui t'as grandir ici ? Autant qu'ils adorent cette partie-là de la Norvège, c'est quand même inouï. Si t'aimes le ski, grandir en Norvège c'est quand même un cadeau. Donc autant qu'ils adoptent ces côtés-là et qu'ils s'y éclatent et puis lui il a grandi comme ça, il est extrêmement ski, il a traversé le Groenland en ski. enfin bref, on est les deux extrêmes je pense là-dessus donc c'est bien qu'ils transmettent ça à les enfants
- Lucie
Est-ce que tu te sens complètement française en Norvège ? Est-ce que tu te sens un peu norvégienne ?
- Alban
C'est une très bonne question.
- Cécile Moroni
C'est quelque chose qu'on aime aborder. Quelle est ton identité ?
- Lucie
Est-ce que tu es un peu norvégienne quand tu es en France ? Française en Norvège ?
- Alban
Oui, c'est exactement ça. Et en fait, c'est paradoxal parce que je pense que je suis quand même moins française que certains Français ici, aussi parce que je suis là depuis longtemps. J'ai vraiment fait l'effort, les médias, je connais les personnalités publiques. Je capte des blagues sur la politique ou les stars du showbiz. Le stand-up fait aussi que tu es en permanence à jour sur les derniers ragots, les derniers trucs du monde public, parce qu'il y a beaucoup de blagues qui sont faites là-dessus en permanence. Je ne comprends pas une blague. Je ne comprends pas ce mot. C'est qui ça ? Ce mec-là a dit ça dans les médias. Il faut que je regarde. Je suis quand même assez à jour là-dessus, je dirais. Je connais la musique. Donc, en soi, je ne suis pas complètement tombée du nid. en Norvège, donc je suis française oui, il y a des moments aussi où par contre on me demande mais c'est comment en France ? Et parfois je suis là mais je sais pas moi ça fait tellement longtemps que je suis là, j'ai toute une partie de ma vie d'adulte qui est ici et parfois je me sens très off en France parce que là à Noël on a vu des copains c'est parti en discussion politique directe tout y est passé Gaza machin truc, les viols de Mazan et j'étais super contente parce que j'étais là un dîner où on parle pas que de trucs de façade justement J'étais vachement consciente, puis en même temps, j'étais « Ah oui, ah oui, ah oui, il a dit ça, j'étais pas con ! » Il y a des moments où je me sens un peu comme outsider dans notre pays. Je pense que beaucoup de gens comprennent ce qu'on appelle le reverse culture crash, de rentrer chez toi une fois que ça va goûter à l'étranger. Ça peut être un exercice difficile aussi. Ça, je le ressens parfois. Mais je me sens quand même française en France et je me sens C'est quand même français dans Norvège.
- Lucie
Du stand-up en français ? C'est dans tes projets ou pas du tout ?
- Alban
J'en fais un peu parce qu'honnêtement, je fais les premières parties au Francophonie. Et puis, j'en ai fait quand même pas mal des plateaux de stand-up en français l'année dernière. Je suis passée par tous les classiques, genre le Panama Café, Oscar Café, le Fridge, le Joke et tout.
- Lucie
Ok, donc tu t'en fais pas mal au final.
- Alban
Oui, quand je passe à Paris, j'essaie de faire des passages parce qu'en fait, la technique est là. Les textes ne sont parfois pas complètement au point, mais au moins, je ne pars pas de zéro. Parce que j'ai tellement fait du plateau que ça ne me fait pas du tout peur d'arriver devant un micro juste et de voir le public et on y va. Et puis, j'ai travaillé avec un ami PV du Jamel Comedy Club. On a fait une tournée en français en Scandinavie en 2023. Donc, on est allé dans 7 ou 8 villes en Norvège, en Suède et au Danemark. Donc ça, on avait fait tous les deux chacun du stand-up en français. On a envie de refaire ça en 2025. D'accord. Donc, c'est toujours une partie. Mais en fait, c'est juste que là, ref, on a les 2024 qui étaient très, très pleines. Je me dis, l'expérience montre qu'il vaut mieux avoir quelques... but est de les délivrer de la qualité tout le temps que de partir dans tous les sens.
- Lucie
Et quand c'est en français, du coup, tu parles de la Norvège ou c'est des sujets complètement différents ?
- Alban
Un peu, mais ça parle pas trop aux Parisiens. En fait, au début, j'avais plein de blagues sur la Norvège, mais les gens, tu leur dis Norvège dans un bar à Paris à 23h un mardi, parce que les...
- Lucie
Ah oui, avec la l'épisode sur le flamme !
- Alban
Ouais, c'est super tard. Ouais, ouais, ils sont... C'est exactement ça, c'est genre froid. Donc j'ai juste une blague en disant mon mari il a un haut barré dans son prénom comme le yaourt et ça ça fait rire les parisiens Mais sinon, en fait, en vrai, il faut parler d'autres choses. Ça ne leur sert pas trop.
- Lucie
Tu parles de quoi,
- Alban
du coup ? Je parle de ma famille. Je parle de mes trois enfants.
- Cécile Moroni
Oui, des sujets sur lesquels ils peuvent directement se connecter aussi, on va dire.
- Alban
J'ai un texte sur comment t'expliquer à tes enfants que t'es devenu humoriste. J'ai écrit un petit livre qui s'appelle Choupi devient humoriste. Ah, comment sympa ! Voilà, puis je raconte mon enfance. Donc, c'est d'autres textes. Ouais, c'est d'autres textes. Ça ne parle pas trop les Norvégiens. Pourtant, j'avais des blagues marrantes, c'est con. vous rattez quelque chose mais ça parle vachement au français de Norvège en revanche ouais ouais ouais voilà
- Lucie
Nous, on est là. On adore.
- Cécile Moroni
On me demande souvent de nous inviter. Quel conseil tu donnerais à quelqu'un qui souhaite peut-être s'expatrier ou carrément immigrer en Norvège ? Quel serait ton ou tes conseils ?
- Alban
J'ai l'impression que il y a autant d'histoires que de parcours, ce que je trouve assez positif. Donc, je n'aurai pas de conseils tout fait. Je dirais quand même que ça peut apparaître une appallissade, mais évidemment que parler anglais et commencer à apprendre le norvégien est un peu, à mon avis, l'étape 1 du truc. Tu vois quand même régulièrement des Français « Ah, on a vu un reportage, on s'est dit, on vient, on ne trouve pas de tas. »
- Cécile Moroni
C'est vrai, au final,
- Alban
tu penses qu'il y a des gens qui vraiment se lancent comme ça sur un coup de tête à ce point-là ? C'est assez baroque comme attitude, mais en même temps, il ne faut pas s'étonner que tu galères un peu si tu ne t'intéresses pas trop aux pays en amont. Et je pense aussi que ça, c'est un premier conseil. Et puis, mon deuxième conseil, c'est de donner une vraie chance à la Norvège comme tu donnes une vraie chance à un livre qui est chiant à lire les 50 premières pages. Parce que le culture craché là, je pense que... on le sous-estime en France, parce qu'on se dit c'est l'Europe, mais en fait, il y a des vrais décalages de façon de fonctionner de la société. Et si tu ne donnes pas une vraie chance, tu ne vois pas le joyau qui s'y cache. Et je comprends, moi je suis un temps des gens qui sont là, ma fille, elle a fait six mois d'échange à Oslo, elle a détesté. Je comprends, parce que tu peux te retrouver dans des situations où les gens ne sont pas super loquaces, ils ne te donnent pas vraiment le temps de les connaître, ils sont un peu bourrins en soirée, mais sinon ils sont un peu ours en journée. je comprends qu'on puisse s'arrêter à ça Donc, mon deuxième conseil, c'est de donner une vraie chance et de donner un peu de temps.
- Cécile Moroni
Il y a une autre question qu'on pose aussi souvent. Je suis curieux d'avoir ta réponse. Est-ce que vous envisageriez quand même un jour de rentrer en France, possiblement ?
- Alban
Oui, moi, j'aimerais trop. Alors, comme je disais à mon pote à 23 ans, de toute façon, tous les deux ans, je dis que je pars. Mon mari, il a acquis la nationalité française, ce qui m'a vachement rassurée. J'avais une sorte de... C'était bizarre, mais en fait, pour moi, c'était presque un peu douloureux de ne pas bien savoir. comment mes enfants allaient se construire une entité dans leur double culture. Et ça me réveillait la nuit, au moment où on a dû choisir l'école de la grande. J'ai lu un bouquin hyper intéressant sur les petits bilingues. Alors évidemment, il y a l'expérience que tu as quand tu es parent, mais il y avait toute la théorie derrière. Il y a des recherches relativement récentes qui ont été faites, hyper intéressantes sur la façon dont le cerveau fonctionne quand on s'éduque en deux langues. Mais le livre semblait donner l'indication que, un, il est illusoire de croire que deux cultures peuvent avoir la même place dans la tête de quelqu'un. Il y aura toujours un peu comme une main droite et une main gauche. une sorte de culture dominante ou une zone de confort, et une autre qui sera là aussi capable de fonctionner mais moins développée, qui m'a un peu fait flipper, et deux, que le passage d'une langue à l'écrit est extrêmement structurant sur la façon dont on construit son système de pensée, et donc sa façon d'approcher le monde, et donc quelque part son identité, et donc quelque part sa culture dominante. Et que donc le choix de l'école était en soi hyper intéressant, ils avaient plusieurs gaps, il y avait le premier 12 mois où en fait... Il faut parler les langues à un enfant, même un enfant qui ne parle pas. Il les entend, il les acquiert, il acquiert des sons. Ensuite, il y a trois ans, l'acquisition du langage. Et puis après, il y a sept ans, l'acquisition de l'écrit. Et puis ensuite, l'image était vachement bien faite. C'était comme un vase d'argile qui se durcit. Et il est moins modelable à la fois que l'enfant grandit, ce qui fait que l'argile va prendre telle ou telle forme, à la fois dont on le forme, en fait. Ça devient très théorique et très poétique, cette réponse. Ce n'était pas du tout succinct, excusez-moi. Mais du coup, pour moi, c'était vachement important que mes enfants aient les deux. et je voulais pas non plus parce qu'à l'école française je me dis peut-être qu'ils vont devenir des p*** petits français dans leur monde, de petits français en France et qu'en fait ils sont en Norvège mais ils auraient pu être ailleurs ça ne changerait rien, ils vont être français. Mais ce n'est pas vrai il y a beaucoup de franco-norvégiens dans cette école, il y a beaucoup de places qui sont faites aux Norvégiens, ce qui est bien aussi donc ça m'a vachement rassurée que mes enfants puissent rentrer à l'école française ce qui me semble être un bon compromis pour que sous notre toit à Oslo, on ait la place pour les deux cultures donc cet espèce de besoin urgent de rentrer en France pour que les enfants soient un peu français et j'ai été vachement rassurée sur le fait qu'on a le temps de le faire.
- Cécile Moroni
Pour toi, c'est une solution un peu intermédiaire qui fait le lien entre les deux cultures aussi.
- Alban
Deux parents en forme et qui ont une jolie maison de vacances en Bretagne et qui ont la gentillesse de prendre nos enfants trois semaines d'affilée l'été, en partie avec nous, une partie sans nous. Et ça aussi, c'est une immersion véritable en France. Ils vont aller au club de voile, ils font plein de trucs cools avec d'autres Français. Et ça, du coup, je pense que c'est une attache forte qu'ils auront. L'un dans l'autre, je trouve qu'on a trouvé un bon compromis qui fait que ce retour en France me paraît moins urgent. Ouais, c'était presque un peu un besoin. pour mes enfants, il faut qu'ils voient la fin.
- Cécile Moroni
Tu parlais à la base de peut-être un retour au bout de deux ans. Au final, les enfants, ça t'a peut-être recréé ça aussi.
- Alban
Ouais, ça m'a réveillé plein de choses.
- Cécile Moroni
Et en fait, tu n'es pas pressée, mais tu l'imagines quand même.
- Alban
Ouais, je pense que ce serait très cool. C'est quand même vachement mieux qu'ici, c'est un peu de la merde ici. Non, mais en fait, j'adore, c'est pour ça que je reste. Mais je trouve que c'est chouette qu'ils aient les deux.
- Lucie
Je pense qu'il est l'heure que tu ailles retrouver d'ailleurs. Merci beaucoup. Merci beaucoup. Merci pour ta transparence sur ton parcours. Et je trouve que ton expérience, ça montre qu'on peut se réinventer, même dans un pays réadoption. Et ça,
- Alban
la Norvège, ils sont assez relax là-dessus. Les trous dans le CV, les « vas-y, je change » , « j'essaie de créer ma boîte » . Ils sont peut-être un peu plus relax que ça.
- Lucie
Il y a des auditeurs qui hésitent à se lancer. Lancez-vous. Si vous avez des changements à faire, la Norvège le permet.
- Cécile Moroni
Je pense qu'un mot qui résume un peu aussi ce dont on a parlé aujourd'hui, quitte. toujours important qu'on soit expatrié, immigré, seul, à plusieurs, avec enfant, sans enfant. L'autodérision, démystifier, prendre du recul. Et j'en ai beaucoup besoin en ce moment aussi. Donc, merci.
- Alban
Super.
- Lucie
Eh bien, on vous dit à bientôt chez nous.
- Cécile Moroni
Sous les aurores.
- Lucie
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- Cécile Moroni
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- Lucie
Merci et à très vite pour le prochain épisode.