- Lucie
Salut, c'est Lucie.
- Alban
Salut, c'est Alban.
- Lucie
Trentenaire et parent de deux petites filles.
- Alban
Bienvenue dans Sous les Aurores.
- Lucie
Le premier podcast réalisé par un couple de Français en Norvège.
- Alban
Sous les Aurores, c'est le podcast haut en couleur qui vous emmène vivre toutes les nuances de l'expatriation et de l'immigration en Norvège et bien au-delà.
- Lucie
Que vous soyez déjà expatrié, immigré, que vous rêviez de le devenir ou que vous soyez simplement curieux de découvrir d'autres façons de vivre, ce podcast est fait pour vous.
- Alban
Alors, mettez-vous à l'aise, servez-vous bonne tasse de thé ou un verre de vin. et rejoignez-nous sous les aurores. Au menu, discussion sincère,
- Lucie
moment de rire et d'émotion,
- Alban
et surtout, beaucoup de belles découvertes.
- Lucie
Alors, bienvenue chez nous sur un nouvel épisode de Sous les aurores.
- Alban
Bonjour à tous et bienvenue dans un nouvel épisode de Sous les aurores. Aujourd'hui, nous recevons une nouvelle invitée qui est aussi... une amie dans la vie et qu'on a hâte d'apprendre à connaître encore plus. Et c'est généralement le cas via le podcast et c'est quelque chose qu'on adore. Donc, bienvenue à toi.
- Raphaëlle Monvoisin
Merci.
- Lucie
On va d'abord commencer par te poser quelques petites questions. Est-ce que tu peux nous dire comment tu t'appelles ? Depuis combien de temps tu vis en Norvège ? Dans quel domaine travailles-tu ? Et enfin, si tu peux nous partager un petit culture-choc qui t'a marqué en arrivant ou que tu continues de vivre au quotidien.
- Raphaëlle Monvoisin
Je m'appelle Raphaël Monvoisin, je vis en Norvège depuis deux ans. Je suis designer, photographe et aussi un petit peu illustratrice dans la vie. Et une anecdote, je n'ai pas été tellement choquée par quoi que ce soit du fait de mes quatre années en Islande. Avant de venir ici, j'étais un peu en terrain connu vis-à-vis des Nordiques, on va dire.
- Lucie
Tu vas nous raconter ça. Et du coup, pourrais-tu nous raconter un peu ton parcours, enfin, ce qui t'a amenée à venir en Norvège ?
- Raphaëlle Monvoisin
Alors, moi, je suis passionnée des pays nordiques depuis que je suis enfant. Je n'avais pas de poster de Laurie dans ma chambre, mais j'avais des posters d'Aurore Boréale. Donc, c'est vraiment quelque chose que j'ai en moi depuis toujours et j'ai l'impression d'avoir toujours eu cette destinée de vivre dans un pays nordique. C'était vraiment quelque chose qui m'a toujours animée, en tout cas.
- Alban
C'est trop drôle parce que... Je me rappelle de mes classeurs de collège. Pareil, j'avais sur des classeurs de français, je crois notamment, des photos d'Aurore-Boréal. C'était vraiment un truc qui m'obsédait.
- Lucie
Moi, j'avais Laurie.
- Raphaëlle Monvoisin
Chacun son truc. Voilà, c'est un rêve que j'ai toujours eu. Après, je n'avais jamais pensé que ça allait se réaliser particulièrement. Je me disais que j'y voyagerais pour sûr, mais de là à projeter d'y vivre, ce n'était pas forcément quelque chose... Rien ne m'y destinait particulièrement, ni dans mes études, ni dans mon travail, on va dire. Donc, je me suis mise à la photo en 2012 et de fil en aiguille, j'ai particulièrement développé une passion pour la photo de paysage. Et j'ai été amenée, grâce à un concours que j'ai gagné, à faire un voyage en Laponie suédoise et finlandaise. Et lorsque je suis rentrée à Paris, je me suis dit qu'est-ce que je fous là ? Il a fallu qu'il se passe un gros changement d'environnement. pour m'aligner un peu avec mon bien-être.
- Alban
Ça t'a bousculé ?
- Raphaëlle Monvoisin
Et ça m'a bousculé vraiment, voilà, tout à fait. Et avec mon compagnon, on a donc tout plaqué en France et on est partis en Islande. Il a trouvé un job, on n'est pas partis comme ça non plus. Mais voilà, on a donc fait ce gros changement. Et la Norvège est donc venue après, où on a eu besoin de changer de cap par rapport à l'Islande. On a décidé de rester dans les pays nordiques parce que c'est quelque chose qui nous plaisait en termes d'environnement, de culture, de mode de vie. Et c'est la Norvège qui a gagné. C'est là aussi que professionnellement, ça nous a porté en fait. Mais c'était dans la top liste, on va dire, des pays qui nous intéressaient du fait des paysages, de la culture, de la proximité familiale aussi. Donc c'est comme ça qu'on est arrivé ici.
- Alban
Est-ce que tu dirais que, par exemple, parce que tu parles de proximité, l'Islande. Vous êtes restée quatre ans ?
- Raphaëlle Monvoisin
Quatre ans, oui.
- Alban
Est-ce que ça vous semblait parfois un peu loin, moins accessible que la Norvège ?
- Raphaëlle Monvoisin
Oui, je suis presque isolée du fait de l'état insulaire de base de l'Islande. C'est vrai que c'est un peu plus loin en avion, mais c'est aussi, comme on y était aussi pendant la période Covid, avec les fermetures de frontières, ça s'est ressenti d'autant plus. Et le côté insulaire a un impact aussi sur la disponibilité de certaines choses.
- Alban
Du papier toilette, bien sûr, pendant le Covid.
- Raphaëlle Monvoisin
On n'a pas eu ce problème-là. Mais il y a des choses qui ne sont pas disponibles. Amazon n'existe pas. En Islande, par exemple, un colis à recevoir de l'étranger, c'est quatre semaines. Donc, en fait, il y a quand même des choses qui font qu'on sent qu'on est plus loin et qu'on est plus isolé quand même.
- Lucie
Est-ce que tu peux nous partager ce qui vous a poussé à partir d'Islande ?
- Raphaëlle Monvoisin
Il y a eu plusieurs facteurs. Déjà, le facteur professionnel. C'est une petite île, donc le marché de l'emploi n'est pas gigantesque et on peut vite avoir fait le tour selon le domaine dans lequel on travaille. Et le climat a été un petit peu fatigant. Je suis devenue maman quand on était en Islande. Et c'est vrai que le climat, le vent, les tempêtes de neige à répétition avec un nourrisson, ce n'est pas nécessairement le plus facile à vivre. Et ça, voilà, mis bout à bout, ces éléments-là ont fait qu'on s'est dit que c'était peut-être le moment de changer de cap.
- Lucie
Parce qu'il y a des tempêtes de neige aussi en Norvège,
- Raphaëlle Monvoisin
mais de ce que je viens d'avoir.
- Lucie
C'était pas le même niveau,
- Raphaëlle Monvoisin
quoi. Non, non, non. Là-bas, le vent frappe à l'horizontale. Donc les flocons de neige, ils descendent pas.
- Lucie
D'accord.
- Raphaëlle Monvoisin
Ils te percutent de plein fouet.
- Alban
Tu nous avais raconté déjà que vous avez eu quelques périodes où vous pouvez plus sortir de chez vous. C'est quand même extrême.
- Raphaëlle Monvoisin
Voilà, notamment début 2022. il y a eu des... des tempêtes de neige assez impressionnantes. Et on habitait dans une espèce de petit impasse qui n'était pas déblayé au quotidien par la municipalité. Et il est arrivé, effectivement, une semaine où notre voiture était ensevelie. On ne la voyait plus. Elle était sous la neige. Et on ne pouvait plus sortir de chez nous. Donc, c'est vrai qu'avec un bébé, ça peut être un peu flippant quand même.
- Alban
Donc, avant, c'est peut-être, oh là là, so romantic. Mais quand tu as un bébé, un premier bébé, ce n'était pas un délire.
- Raphaëlle Monvoisin
Exactement.
- Lucie
Et quand tu es arrivée en Norvège, quels aspects tu as tout de suite appréciés comparé à l'Islande ou même à la France ?
- Raphaëlle Monvoisin
Les saisons. On est arrivée au début de l'automne, donc en septembre. Il faut savoir qu'en Islande, l'automne, c'est durant une semaine. Donc, il y a une semaine de végétation un peu rougeoyante. Et puis, pouf, c'est l'hiver. Et ça se passe généralement une semaine en septembre.
- Alban
Encore plus rapide que la Norvège.
- Raphaëlle Monvoisin
Ah oui, mais rien de quoi. Déjà qu'il y a très peu d'arbres en Islande. Alors, le peu d'arbres qu'il y a en une semaine, tu passes. d'ailleurs officiellement il n'y a que deux saisons en Islande Il y a l'été et l'hiver. Et le jour de l'été est un jour férié d'ailleurs, pour dire à quel point c'est important. Et le jour de l'hiver, c'est en octobre, et le jour de l'été, c'est en avril. Il n'y a pas cette notion d'automne en Islande. Ça n'existe pas, le printemps non plus d'ailleurs. Je crois que vraiment, ça commence à devenir vert au mois de mai. Donc c'est très, très tardif.
- Lucie
Mais en mai, c'est vraiment l'été ? Non.
- Raphaëlle Monvoisin
Enfin l'été, le papier. Les températures n'indiquent rien qu'on est en été.
- Alban
Et j'ai une question, parce que j'ai voyagé en Islande, j'ai adoré. C'était dans le cadre de mon Erasmus en Finlande, on a fait un road trip en avril. On s'est pris aussi bien du soleil que des tempêtes de neige. Je me rappelle qu'à Reykjavik, tu vivais à Reykjavik ? Oui. Vous viviez à Reykjavik, ok. L'odeur de l'eau.
- Raphaëlle Monvoisin
Ah bah oui, bien sûr. Grand classique de la découverte quand t'arrives en Islande. En fait, du fait de la géothermie, il y a cette odeur de soufre dans l'eau. Et d'ailleurs, c'est très important, si vous voyagez en Islande, de ne pas porter de bijoux en argent. dans les piscines ou de mettre les bijoux en argent sous l'eau parce que sinon, ils deviennent rouges à cause du soufre. Et c'est vrai que quand tu prends ta douche la première fois, tu as l'impression de te baigner dans un bain de soufre. C'est pas désagréable.
- Alban
C'est vraiment sympa. Et au final, ça vous y est habitué ?
- Raphaëlle Monvoisin
Et au contraire, c'est une eau qui est très pure dans le sens où il n'y a pas de calcaire du tout. Donc, il n'y en a pas de problème de devoir détartrer quoi que ce soit. Les robinetteries sont toujours nickels.
- Alban
Je connais qu'ils sont heureux.
- Raphaëlle Monvoisin
C'est FabriCai qui a son importance.
- Alban
Et les machines à café en Islande.
- Lucie
Donc, tu as apprécié arriver ici et de voir des saisons, notamment l'automne.
- Raphaëlle Monvoisin
L'automne est magnifique. Déjà, le manque d'arbres était aussi très présent en Islande. Il y a un dicton islandais qui dit que si tu es perdu dans une forêt, il suffit de se mettre debout. Pour dire à Capin que les arbres sont petits.
- Lucie
Oui, parce que c'est désertique.
- Raphaëlle Monvoisin
En fait, les Vikings ont coupé 90% des forêts du pays.
- Lucie
Ah, avant, il y en avait.
- Raphaëlle Monvoisin
Avant, c'était couvert de forêt. Du coup, ça a beaucoup impacté la végétation, le climat aussi. C'est pour ça qu'il y a autant de vent aussi.
- Alban
C'est incroyable parce que quand on voyageait, je me rappelle vraiment de paysages complètement différents, parfois rocailleux,
- Raphaëlle Monvoisin
avec de la lunaire.
- Alban
Ça me fait rire d'être sur la lune parfois. Mais pour moi, c'était juste parce que c'était une île et qu'il n'y avait pas eu cette végétation. Mais en fait, il y a eu l'intervention de l'eau qui a changé.
- Raphaëlle Monvoisin
Je crois qu'il reste une forêt native dans l'est du Pays. Non, l'ouest du pays. Et c'est la seule. Donc, c'est vrai que retrouver des arbres ici, ça a été un grand bonheur pour le coup, d'être entourée. Parce que même de voir autant de coins de forêt autour d'Oslo, c'est vrai que ce n'est pas quelque chose auxquels on est forcément très habitués en tant que Français parisiens, n'est-ce pas ? Donc, c'était très agréable de découvrir ça et de vivre aussi un vrai hiver froid. vraiment froid. Pour le coup, il fait plus froid en hiver à Oslo qu'à Reykjavik. Mais parce que c'est un froid sec, il fait très beau. En Islande, ça va être un hiver avec beaucoup de vent. Donc, le ressenti est peut-être... bien plus froid que ce que ça en a l'air sur le thermomètre. Mais on ne le vit pas de la même façon.
- Lucie
Ici, les flocons tombent à la verticale.
- Raphaëlle Monvoisin
Exactement.
- Lucie
Est-ce qu'il y a d'autres aspects de la vie quotidienne qui t'ont plu aussi ?
- Raphaëlle Monvoisin
Après, c'est les facilités peut-être de la ville d'Oslo en elle-même. C'est vrai qu'en Islande, il y a le bus et c'est tout. Il n'y a pas de métro, il n'y a pas de tram, il n'y a rien d'autre. Il n'y a pas de train, il n'y a rien. Ça n'existe pas.
- Lucie
C'est vrai que niveau transport,
- Raphaëlle Monvoisin
c'est bien de le faire. C'est vrai que niveau transportation, Oslo est quand même une ville qui est très, très bien desservie. On est d'un bout à l'autre de la ville ou dans un coin de forêt, comme ça, pouf, on sort du métro. C'est vrai que c'est assez impressionnant de découvrir ça. C'est agréable.
- Alban
Avec ton recul, est-ce qu'il y a vraiment eu un changement avant-enfant, après-enfant ? Est-ce que tu devrais y revivre ? comment tu vois toi ton expérience en Islande ?
- Raphaëlle Monvoisin
J'ai adoré En fait, c'est un peu le... Je ne sais plus comment on dit en français. Mais ce côté, je l'aime, je la déteste. Il y a vraiment un côté très passionnel avec l'Islande. C'est un pays que j'ai toujours rêvé de visiter, qui m'a toujours vraiment appelée. Encore une fois, jamais je n'aurais pensé y vivre un jour. Donc c'est vrai que ça a été une opportunité assez unique de pouvoir partir là-bas. et d'ailleurs pour la petite anecdote quand on a annoncé à ma famille qu'on partait là-bas ils sont devenus tout blancs en mode c'est le Groenland quoi parce que c'est vrai que l'image qu'on se fait de l'Islande c'est qu'il n'y a rien alors en vrai Reykjavik c'est une ville hyper développée, hyper tendance, hyper branchée il y a des bars partout, tout le monde fait de la musique donc il y a tout le temps des concerts c'est hyper moderne comme ville c'est hyper c'est vrai quand on ne s'y attend pas il n'y a de quoi faire la sortie euh... de la semaine, c'est aller à la piscine. C'est des piscines découvertes, donc tout est en extérieur.
- Alban
Ah, c'est intéressant. Moi, je connaissais le fameux...
- Raphaëlle Monvoisin
Le lagoon. Voilà,
- Alban
le lagoon.
- Raphaëlle Monvoisin
Il faut savoir que chaque village, donc le micro-village de 10 habitants a sa piscine. C'est le sport national. C'est des piscines publiques. En général, il y a plusieurs bassins et c'est souvent des hot-tubs. Il y a un bain à 39, un bain à 40 degrés. Oui,
- Lucie
parce que tu y vas même en hiver.
- Raphaëlle Monvoisin
Bien sûr, et encore plus en hiver. Imagine-toi allongé dans de l'eau à 37 degrés, 38 degrés, sous les aurores, sous la nuit. C'est incroyable.
- Lucie
Je te rappelle une fois où on a été dans un jacuzzi sous les aurores.
- Alban
À 30 seuls.
- Raphaëlle Monvoisin
À 30 seuls. C'est très bien comme impression.
- Lucie
Moi, j'ai cru que j'allais avoir une demande, tellement c'est magique, tu vois.
- Alban
Sorry, been there, done that, déjà fait. Pour le bain, je précise, pas pour la demande.
- Raphaëlle Monvoisin
Mais du coup, c'est une ville qui est... La vie en Islande est vraiment très particulière. Je pense qu'on a vraiment apprécié notre vie là-bas, de s'accoutumer exactement à ces petits rites de la piscine, des petites randonnées le week-end. C'est vrai qu'il y a beaucoup de summer house partout. Donc le truc le week-end, c'est autant que tu fais tes petites valises et tu pars pour un week-end comme ça. Toutes les cottages ont des jacuzzis. C'est vraiment un mode de vie qui est très tourné vers partir dans la nature, mais quand même avec son petit confort. Après, je dirais le avant-après-maternité, je n'ai pas tellement de retour dans le sens où je ne suis peut-être pas restée assez longtemps. Est-ce que j'y retournerai aujourd'hui ? C'est difficile à dire parce que je pense que j'ai beaucoup romantisé mes souvenirs aussi. On sait pourquoi on est partis et c'est vrai que le temps est passé. et je me dis... Est-ce que c'était si pire ? On a tendance à oublier beaucoup aussi les mauvais moments.
- Lucie
Et tant mieux, on garde le bon souvenir.
- Raphaëlle Monvoisin
Et tant mieux, exactement. Mais je prévois d'y retourner en voyage, parce qu'on n'a pas tout vu encore. En quatre ans, on n'a pas tout fait.
- Lucie
Et là-bas, au niveau de la langue, est-ce que c'était difficile ? Est-ce que vous parliez anglais et ça suffisait ?
- Raphaëlle Monvoisin
Alors, l'islandais est déjà une langue très difficile à apprendre. Je crois que c'est la langue nordique. qui a le moins évolué dans le temps. Donc, en fait, si tu parles islandais, tu peux lire les vieux manuscrits vikings et tout ça. Donc, de ce point de vue-là, c'est hyper intéressant culturellement.
- Alban
Mais est-ce que tu as des pouvoirs maintenant ?
- Raphaëlle Monvoisin
Ça reçoit de l'elfique quand on parle. C'est très, très beau comme langue, mais c'est très difficile à apprendre et se rendre compte qu'il y a 300 000 personnes sur Terre qui parlent cette langue, c'est un investissement, du coup, de l'apprendre. On a pris des cours, on s'est prêté au jeu tout de même. Mais c'est vrai que du fait de la difficulté et du fait aussi de la place du tourisme en Islande, l'anglais est vraiment acquis là-bas. C'est très facile de parler anglais avec tout le monde. Peut-être pas avec les vieux papilles dans les zones très rurales, et encore que. Donc je dirais même qu'il est plus facile de parler anglais là-bas qu'ici, en Grèze. En tout cas, les gens sont plus enclins à parler anglais. C'est plus commun de croiser dans les restaurants des gens qui parlent anglais. Et puis après, nous, dans nos emplois, on n'a jamais eu besoin d'apprendre l'islandais. Donc c'était un bonus pour s'acclimater, pour la curiosité aussi.
- Alban
Je ne sais pas si vous avez eu des facilités pour trouver un travail là-bas. Est-ce que, si jamais vous avez consulté des annonces, c'était un prérequis parfois, quand même pour certains jobs ? Est-ce que c'était souvent présent, la pratique de l'islandais ?
- Raphaëlle Monvoisin
Je pense que c'est un peu comme ici, dans le sens où il y a des emplois qui nécessitent. Par exemple, dans le domaine médical, c'est compliqué de ne pas parler la langue. Dans des postes un peu clés, effectivement, je pense que ce sera essentiel. Après, dans nos domaines, nous, on travaille... Mon mari travaille dans le jeu vidéo, moi, je travaille donc du coup... Du coup, en tant que designer, où j'ai pu travailler à la fois en agence, à la fois en studio de jeux vidéo, c'est des domaines qui sont peut-être plus internationaux. Donc, c'est plus facile d'accéder à ces emplois-là sans maîtriser la langue. Ceci dit, mon premier emploi là-bas, j'ai travaillé en agence de communication islandaise, donc avec des clients islandais. J'étais la seule à ne pas parler la langue. Et donc, je me suis fait quelques réunions purement en islandais qui n'étaient pas évidentes. Sympa !
- Lucie
Des petits moments de solitude.
- Alban
Des petits moments de solitude. Mais ça n'a pas été un frein. Ça n'a pas été. On a recruté de manière à tout.
- Raphaëlle Monvoisin
Au critique.
- Lucie
Et dans la vie sociale, pour se faire des amis, est-ce que ça a été un frein ou pas du tout, vu que tout le monde a l'air de parler ?
- Raphaëlle Monvoisin
Alors, il faut savoir qu'il y a une très chouette communauté française à Reykjavik. Il y a une association qui s'appelle Reykjavik Accueil, dont j'ai été membre et même membre du bureau sur les dernières années, qui est très, très active encore aujourd'hui et qui a pour vocation d'aider les Français expatriés là-bas à s'installer, à avoir connaissance de comment on cherche un logement. Comment on achète une voiture ? Il y a plein de petits détails de la vie quotidienne qui ne sont pas forcément évidents quand on arrive. Et ils ont des activités mensuelles qui reviennent tous les mois. Le club de lecture, la sortie piscine, la rando familiale, la soirée de jeux de société. Et c'est vraiment un vecteur pour rencontrer des gens. Et moi, j'ai rencontré des très bons amis par ce biais. Donc, ça a été génial. Et c'est peut-être là où ça a été ma déception en arrivant à Oslo, c'est que je n'ai pas du tout retrouvé cet équivalent-là. Pour moi, c'était acquis que dans toutes les capitales, du coup, ce réseau existait. Et Oslo Accueil existe, mais il n'est pas du tout aussi développé à la manière qu'il était là-bas.
- Alban
Est-ce que tu dirais, parce que ça me fait vraiment réfléchir et c'est intéressant, est-ce que c'est aussi que, au final, la communauté française à Oslo, et voire en Norvège, est trop grande ? Que du coup, on s'y perd, les gens sont peut-être moins intéressés, ils se font direct leur serre ?
- Raphaëlle Monvoisin
Je pense qu'il y a de ça. Déjà, Oslo étant plus grand, effectivement, les gens sont plus éparpillés aussi dans la ville et dans le pays, évidemment. Après, il y a d'autres réseaux de façon de rencontrer des gens à Oslo, je pense déjà ne serait-ce que par le lycée français. Je sais qu'il y a beaucoup de gens qui se sont rencontrés par ce biais-là et qui se suffisent à ce réseau-là.
- Alban
Oui, c'est vrai.
- Raphaëlle Monvoisin
J'ai eu l'impression en sondant qu'il y avait moins ce besoin de créer une nouvelle communauté comme ça. À Reykjavik, en tout cas, la ville est toute petite. C'est vrai que tu es à 20 minutes de tout le monde, un petit coup de voiture et tu es à bout de la ville. Donc, il y a cette proximité qui fait qu'aussi, le cercle est plus... Ça vit plus vite un petit cocon, en fait.
- Lucie
Du coup, quand tu es arrivée à Oslo, qu'est-ce qui a été un peu plus difficile ?
- Raphaëlle Monvoisin
J'essaie de me retracer un peu le chemin de l'histoire. Socialement, c'est vrai que moi, je suis arrivée ici avec un enfant en bas âge. Donc, forcément, mon quotidien a été rythmé par cette vie-là. Ça n'a pas été nécessairement évident de tout de suite trouver ma place, de trouver quoi faire avec un enfant, où aller. Les structures n'étaient pas évidentes. C'est vrai que nous, on s'est rencontrés via un podcast, via un groupe Facebook originaire d'un podcast à la base. Et grâce à vous, j'ai rencontré notamment des biais pour rencontrer d'autres parents. Donc, ça a été peut-être un vecteur de rencontre. Mais ça n'a pas été évident et ça n'a pas été nécessairement... Oui, facile de créer ce quotidien-là avec un enfant. Et par la suite, la recherche d'emploi n'a pas été évidente non plus. Je suis encore dedans aujourd'hui. Et c'est vrai que le chemin a été parsemé de chocs culturels, de réalités, notamment vis-à-vis de la langue, de petites choses qu'on pense. C'est vrai que quand on dit aux gens, je suis en Norvège, je cherche un emploi, les gens vont être là, tout le monde parle anglais, c'est facile. Et j'ai eu ce réflexe-là aussi, en fait, aussi parce qu'en Islande, on a peut-être moins été heurté à cette réalité. Mais ici, je me rends bien compte que la réalité est différente vis-à-vis de la langue et de l'emploi.
- Alban
Et on va faire un zoom sur un peu cette recherche et ton parcours pendant ces deux années en Norvège. Mais avant, c'est vrai que je voulais revenir sur la rencontre que tu as citée. Lucie et toi, vous êtes connues via un groupe Facebook d'un très gros podcast français qui s'appelle Bliss Stories. Donc, c'était franchement génial. que vous ayez vu, il y a des postes « Tiens, il y a une maman au slob, tiens, moi aussi j'y suis » , donc ça a été top. Et à partir de là, toi, du coup, tu es arrivé, et là, tu étais toujours en congé maternité, il me semble, en fait, islandais. Et moi, j'étais en congé paternité norvégien. Nous, on a fait connaissance à l'Open Born & Aged, donc la crèche laquelle, en fait, tu restes avec ton enfant. C'est une structure que j'adore. Je pense que toi aussi, tu l'as adoré.
- Raphaëlle Monvoisin
J'en ai beaucoup profité.
- Alban
Et en fait, comme le congé paternité et maternité sont vraiment une chance en Norvège, mais ça peut être long. Parfois, on peut aussi manquer du lien social. S'occuper d'un enfant bas âge, c'est difficile. Donc, arriver dans cette crèche et voir des étrangers, des Norvégiens, une Française notamment, faire que les enfants se rencontrent, voir leur motricité s'améliorer, boire un café chaud, ce genre de choses, ça a été vraiment très important.
- Raphaëlle Monvoisin
C'est vrai que ça a été très salvateur. d'avoir ce petit cours-là pour aussi rythmer le quotidien.
- Alban
Exactement. Moi, c'était vraiment un peu ma...
- Raphaëlle Monvoisin
Tout à fait. C'est vrai que quand tu m'en as parlé la première fois, je me suis dit, je ne vais quand même pas aller là-bas tous les jours. Et puis, au final, j'y allais tous les jours.
- Alban
Mais c'est ça. Au final, il n'y avait pas tellement peut-être qu'il y allait tous les jours, mais c'était vraiment un truc...
- Raphaëlle Monvoisin
Et ça, c'est quelque chose qui n'existe pas en Islande, par exemple. C'est vrai que peut-être que ça m'aurait beaucoup manqué pour le coup, parce que les congés parentaux sont similaires. C'est six mois par parent aussi en Islande. Donc, il y a aussi toute cette période à couvrir en termes d'activité. Qu'est-ce qu'on fait ?
- Lucie
il y avait une mixité culturelle qui était très sympa on peut continuer à mon avis sur ta recherche d'emploi parce que c'est vrai que nous quand on a fait nos présentations on a dit qu'on avait eu de la chance qu'on avait réussi à trouver des emplois rapidement.
- Raphaëlle Monvoisin
Je me souviens plus quand vous êtes installé ici si vous aviez déjà trouvé un emploi avant d'arriver ou vous êtes venu les mains dans les poches en mode je trouverai sur place j'avais trouvé
- Lucie
signé de l'Argentine mon contrat et on était arrivés, j'avais déjà un emploi. Et Alban était dans des process et il avait ses entretiens finaux au moment où on est arrivés et il l'a trouvé trois semaines après. Mais je pense que déjà là, à l'époque, moi, c'est vraiment un métier dans des grosses boîtes internationales où tu peux parler anglais et le norvégien n'était pas du tout requis, même si l'histoire finalement a prouvé que Ça aurait été mieux que j'aie le norvégien parce qu'un an après, je suis partie parce que je sentais que c'était vraiment problématique de ne pas le parler. Alors que j'avais été embauchée, on m'avait dit non, il n'y aura pas besoin. Mais au final, je me suis rendu compte que même si c'était une entreprise internationale, c'était avec une culture norvégienne très forte.
- Raphaëlle Monvoisin
Mais c'est ça, parce qu'en fait, les entreprises internationales, je vois par exemple chez Deloitte, qui est une boîte purement internationale, dans les bureaux norvégiens, c'est les norvégiens 100%.
- Lucie
Exactement. Et du coup, je suis partie à cause de la langue. mais bon. pour l'embauche, ça n'a pas été un problème. Alban, je me rappelle que ça avait déjà mis plus de temps parce qu'il pouvait être dans certains métiers qu'il visait, il pouvait être en contact avec des clients, des clients...
- Alban
Externes,
- Lucie
oui. Externes. Et du coup, certains employeurs lui disaient qu'il faut quand même le Norvégien.
- Alban
Propil intéressant, mais pour le client final, ce sera problématique. Et juste, je fais le petit aparté, ce qui était intéressant entre la différence dans nos deux boîtes, c'est que moi, j'étais dans une boîte norvégienne. qui avait vraiment ancré en elle la volonté d'aller à l'international. Très, très présente à l'international. La culture était complètement, je trouve, ce mise culturelle marchait très, très bien. Là où Lucie, c'était la boîte norvégienne, rachetée par le gros groupe américain, qui du coup, limite, au final, revendiquait plus ce côté de la culture. Donc il y avait vraiment, un peu dans l'ADN et l'historique de ces différentes boîtes, une volonté différente. Et donc, tu arrives en Norvège, tu as ce quotidien avec ta fille, on se rencontre. Quelles sont un peu les premières étapes ? Vous avez déjà un logement ?
- Raphaëlle Monvoisin
Oui, en fait, mon mari a trouvé un emploi depuis l'Islande. C'est pour ça qu'on est arrivé ici. On avait pu trouver un logement à distance. Effectivement, on était... D'ailleurs, pour l'anecdote, on a vendu tous nos meubles avant de partir d'Islande. Et on a déménagé avec 17 valises et un bébé sous le bras. C'était assez cool à l'aéroport, effectivement, de nous avoir débloqué.
- Lucie
Vous avez pris combien de taxis pour rentrer ?
- Raphaëlle Monvoisin
On a pris un minibus, en fait, un gros van.
- Lucie
J'adore. C'est faisable.
- Raphaëlle Monvoisin
On avait un tarif de groupe payé à l'arrivée. C'était assez rigolo. C'était assez épique, mais ça s'est très bien passé. On est arrivés avec notre matelas gonflable dans une des valises, dans cet appartement qu'on avait loué à distance, vide. C'était assez rigolo.
- Alban
La recherche s'était bien passée, ça allait ?
- Raphaëlle Monvoisin
C'est vrai que ce n'est pas du tout évident de choisir à distance dans un pays où on n'a jamais mis les pieds. Quel quartier choisir ? Ça a été un peu jouer au loto. On a choisi ça parce que sur photo, ça nous a plu. On a fait un vidéo call pour choisir quelqu'un à visiter pour nous à distance. Le service a été très efficace en ce sens. On avait mis quelques critères et une fourchette de prix. On s'est basé là-dessus. Après, c'est sûr qu'à refaire, j'aurais préféré le visiter moi-même en personne parce qu'il y a plein d'optivistes qu'on découvre une fois sur place. Mais ça, c'était à prévoir, effectivement.
- Alban
Mais ça, c'est important d'en parler parce que pour avoir vu beaucoup de posts dans des groupes francophones de gens qui se sont peut-être fait arnaquer, déjà, ça peut arriver. On déconseille, je dirais, de louer à distance. Il y a vraiment un risque. Vous, heureusement, ça n'a pas été le cas. En tout cas, c'était quelqu'un de fiable. On n'a pas eu d'article.
- Raphaëlle Monvoisin
On est passé par une agence qui a fait l'intermédiaire.
- Alban
C'est un très bon coup.
- Raphaëlle Monvoisin
Et c'était très important aussi du point de vue relation de confiance avec le futur propriétaire parce qu'il y a des agences ou des propriétaires qui exigent de voir les futurs locataires en personne. pour savoir à qui ils ont affaire.
- Alban
Il peut être compréhensible.
- Raphaëlle Monvoisin
Et il y a certaines agences qui on savait qu'on ne pouvait même pas avoir affaire à eux parce qu'on n'était pas là physiquement, nous, futurs locataires.
- Alban
Mais malgré tout, quand tu parles de vie, c'est ce que tu peux nous dire un peu pour savoir parfois à quoi on peut se heurter dans des locations auxquelles on ne s'attend pas forcément quand on arrive.
- Raphaëlle Monvoisin
C'est des détails, mais par exemple, un système de chauffage qui est énoncé comme tel dans l'annonce qui n'est pas vraiment celui, la réalité, une fois qu'on vit dans l'appartement et... Avec les hivers qu'on a en Norvège, c'est vrai qu'avoir un bon système de chauffage, c'est important. Et en fait, c'est là aussi une grosse différence par rapport à l'Islande. C'est que l'Islande est chauffée à la géothermie. Donc, c'est une ressource infinie qui ne coûte rien. Les Islandais vivent littéralement avec les fenêtres ouvertes et le chauffage à fond en hiver. Et du coup, ça offre un certain confort de chaleur dans le logement qui est très appréciable.
- Lucie
Et du coup, quand est-ce que tu te mets à ta recherche d'emploi ? Après avoir bien établi notre vie ici quand même, ça a pris un petit peu de temps, ne serait-ce que pour remeubler une maison entière. Quand on a vendu tous ses meubles, ça prend du temps. J'ai commencé, je dirais, sérieusement, peut-être début 2024. J'ai pris un peu de temps aussi, un peu de temps pour moi, comme je disais, de s'établir dans ce nouveau pays, de retrouver un peu mes marques, de prendre du temps aussi pour vivre ma nouvelle vie de famille. Au début... Voilà, je jetais un œil par-ci par-là entre LinkedIn et Fiennes. J'alternais mes recherches sur ces deux sites-là, qui est toujours ce que je fais aujourd'hui. Je cherche toujours... Parce que j'ai l'impression que peut-être, trouvés dans un marché plus international, on trouvera peut-être plus facilement sur LinkedIn que sur Fiennes.
- Alban
Peu mon expérience aussi.
- Lucie
Mais il y a quand même beaucoup plus de choses qui sont mises en ligne sur Fiennes. Donc malgré tout, bien obligé d'y passer.
- Alban
Il faut bien garder un œil sur les deux.
- Raphaëlle Monvoisin
Parfois, c'est en anglais sur Fiennes, parce que par exemple, moi, quand je recherche...
- Lucie
Très rarement.
- Raphaëlle Monvoisin
Je ne l'ai jamais sur Fiennes, puisque je me dis de toute façon ça sera égale écrit en norvégien et du coup, ça ne sera pas pour moi, entre guillemets.
- Lucie
Très, très, quelques, très rares annonces en anglais.
- Raphaëlle Monvoisin
Quel type de postes tu recherchais ?
- Lucie
Donc, comme j'indiquais au début, je suis designer. Donc, ça touche à la fois au graphic design, brand design. Ça peut être de travailler pour des agences de communication, advertising agencies. Ça peut être chez l'annonceur aussi. Il y a des entreprises relativement grosses qui ont leurs propres équipes de design et de communication, marketing en interne. Donc, c'est plutôt sur ce genre de profil-là. J'ai tenté ma chance aussi en tant que photographe pour certaines annonces qui cherchaient des profils purement photographes. Après, moi, mon job idéal, c'est plutôt dans le brand design, donc vraiment l'accompagnement de directions artistiques pour des enseignes qui se lancent, des créateurs qui lancent leurs marques, leurs entreprises, leurs produits. Donc, vraiment de faire toute l'identité visuelle accompagnée de la prise de brief. accueillir l'histoire du produit ou de la marque et cheminer avec eux pour raconter cette histoire visuellement au travers d'un logo, d'une identité visuelle, d'une charte graphique qui soit déclinée sur tous les supports qu'on peut imaginer, que ce soit le site internet, les réseaux sociaux, les packagings, la devanture d'un magasin. C'est décliné sous bien des formes. Et donc ça, c'est un peu mon job idéal. Et en fait, j'ai été assez heurte. à la réalité ici du fait que les agences norvégiennes forcément travaillent avec des clients norvégiens qui souhaitent parler en norvégien. Et donc là, j'ai été confrontée à la réalité de l'importance du norvégien dans ma recherche d'emploi que je n'avais pas nécessairement perçue ou en tout cas que je n'avais pas voulu le prendre en considération à ce point-là. Je pensais que c'est bon, je parle anglais couramment, j'ai travaillé en agence en Islande, j'ai eu plus de dix ans d'expérience dans mon métier. J'amène quelque chose quand même et je pensais naïvement que ce serait suffisant. Et en fait, c'est moins important que par les Norvégiens. C'est la réalité à laquelle je suis confrontée aujourd'hui. Et la problématique qui est compliquée, c'est qu'il ne suffit pas de prendre quelques cours pour maîtriser un petit peu le Norvégien. Il demande vraiment un niveau fluente.
- Raphaëlle Monvoisin
Est-ce que tu t'es mise à apprendre le Norvégien ?
- Lucie
Tout à fait, j'ai pris des cours dans deux écoles. Il y a plusieurs écoles à Oslo qui proposent des cours, en présentiel ou en... en ligne, ce qui est très pratique. On n'a pas du temps qu'on a ou on vit, c'est très pratique. J'ai préféré en présentiel parce que je trouvais que ça me permettait de rencontrer des gens, je trouve qu'on pose peut-être des questions plus facilement. Il y a quand même une émulation de groupe et de concentration qui est peut-être plus facile aussi à avoir en allant quelque part. Donc j'ai testé deux écoles qui ont été des très bonnes expériences. J'ai fait le choix de le faire en intensif puisque j'avais le temps. Je prenais 3-4 heures de cours par jour pendant un mois. Donc j'ai fait deux mois intensif.
- Alban
Quelles écoles tu as choisis ?
- Lucie
J'ai d'abord choisi la Folk University, qui est à Nidalen. J'ai eu un professeur qui était génial, j'ai adoré vraiment, c'était un super format. C'était assez intensif parce que c'était 3h45 de cours. C'est vrai que quand on apprend une nouvelle langue, c'est quand même un gros morceau, avec les devoirs à faire le soir.
- Alban
Est-ce que c'était aussi comme nous, deux fois par semaine, c'est trois heures ?
- Lucie
Non, quatre fois.
- Raphaëlle Monvoisin
Elle était en vente.
- Lucie
Quatre fois par semaine. C'était un choix aussi pour Albi. Oui, bien sûr. J'avais envie d'expédier ça un petit peu.
- Raphaëlle Monvoisin
Nous, juste pour... Pour donner notre expérience, on l'a fait aussi, mais à côté de notre job. Donc, on le faisait deux fois par semaine. On a essayé la formule le soir,
- Alban
deux fois par semaine. En hiver.
- Raphaëlle Monvoisin
C'était vraiment rude parce qu'après la journée de boulot, il faisait 3h45, c'était vraiment dur. Et on a essayé aussi la formule que le week-end. Donc, le samedi matin et le dimanche matin. On avait préféré cette formule-là, même si, du coup, ça t'empêche de partir en week-end.
- Lucie
Oui, c'est vrai que...
- Alban
Et petite précision. Pas d'enfants. Bien sûr. 3h45, le samedi et le dimanche,
- Lucie
autant. C'est une formule que j'ai trouvée intéressante parce que vraiment, j'étais plongée dedans. Je vivais norvégien durant un mois. Je faisais ça le matin et quand je rentrais à la maison, je faisais mes devoirs.
- Raphaëlle Monvoisin
Vous sortez des progrès ?
- Lucie
Oui, déjà, ça a été essentiel pour acquérir la bonne prononciation des mots, être sûre que je les prononce de la bonne façon, pouvoir lire des petits livres pour enfants aussi en norvégien. demander des choses simples dans un magasin en étant sûr d'être compris. C'était quand même, pour moi, assez indispensable. Et je conseillerais vraiment à tout le monde qui vient en Norvège de faire au moins ce premier niveau de norvégien pour avoir cette base-là, sans prétention de vouloir maîtriser la langue, de pouvoir lire quelque chose dans le magasin et de prononcer de la même façon. Ensuite, j'ai changé d'école pour des raisons purement pratiques de logistique de transport. C'était plus pratique pour moi d'aller dans un autre quartier. Je dirais qu'un conseil pour ceux qui viennent en Norvège pour choisir quelle école, parce que je vois souvent ça sur les groupes Facebook, que... Je voudrais prendre des cours, je ne sais pas où aller. Il faut choisir le plus pratique logistiquement, parce qu'au final, les prix sont les mêmes, ça se vaut. Donc, il ne faut pas que ça devienne une contrainte trop pesante de devoir aller à l'autre bout de la ville pour prendre des cours.
- Raphaëlle Monvoisin
C'est un bon conseil.
- Lucie
Le plus près de chez soi, c'est le mieux. Pour l'instant, je me suis arrêtée au niveau A2 par choix. Pour l'instant, je n'ai pas poursuivi, parce que je pense qu'il faudrait aussi que je pratique plus dans ma vie quotidienne avant de continuer d'apprendre de manière intensive, parce que ça a aussi un coût financier qui est quand même assez important. Les écoles sont quand même relativement chères. Donc, si c'est pour ne pas mettre en pratique ce que j'ai déjà appris jusque-là, je ne vois pas trop l'intérêt. Après, c'est aussi un effort du quotidien de se dire, je vais regarder une série, écouter un podcast en norvégien, lire un livre. C'est vrai que ça demande un effort. Si on n'en a pas besoin, moi, en l'État, même si dans ma recherche d'emploi, j'en aurais besoin, dans ma vie de tous les jours, je n'en ai pas besoin. Donc, ce n'est pas facile d'intégrer ça dans son quotidien. Moi, j'essaie de tourner un petit peu à l'humour en général. Quand j'ai donné mon numéro en norvégien et que je vois que ça a été validé, je leur réponds en anglais un petit « Yes, vous m'avez compris, je l'ai bien prononcé » . Et du coup, ils comprennent que j'ai fait l'effort, ça brise un peu la glace, ils sont contents et du coup, ils sont beaucoup plus souriants d'un coup. Les gens apprécient beaucoup l'effort de parler la langue, de faire cet effort-là.
- Alban
Ça me fait aussi penser à... Alors maintenant, avec une jeune enfant, il y a l'heure d'un enfant, il n'y a forcément que des enfants norvégiens, quasiment, des parents norvégiens. ... La dernière fois, je laisse notre aîné, il y a deux petites filles qui restent là et qui me parlent un peu en norvégien. Comment tu t'appelles ? Je leur réponds et elle me dit qu'est-ce que tu vas faire ? Je dis je vais à la maison, mais elles me reprennent parce que je n'avais pas utilisé vraiment le bon mot. Et donc, elle commence à sourire, à comprendre qu'il y a un truc qui se passe. Elles se disent, je ne sais pas si elles comprennent que je suis étranger, mais que je ne parle pas très bien. En tout cas, ils commencent à aller rigoler derrière. Et au début, je me suis dit, parce que parfois, voilà, moi, je peux vivre ces trucs. Ça peut être lourd.
- Lucie
Ça peut être blessant. Voilà.
- Alban
Je ne suis pas dans la bonne lumière. Ça ne va pas.
- Lucie
Décidément, je ne suis pas intégrée, quoi, en fait. Ouais,
- Alban
quelque part. Même des enfants peuvent me renvoyer des images que j'essaie d'éviter. Et au final, comme toi, c'est pour ça que c'est hyper important, je trouve, que tu nous dises, j'essaie de tourner à l'humour. J'ai commencé à rigoler avec elle. Et j'ai dit, ouais, je suis le papa de cette fille. Je ne parle pas très bien. en Norvégien, voilà, je leur ai dit, et j'ai... pareil, comme tu dis, j'ai désamorcé le truc avec de l'humour pour essayer d'être le papa qui certes ne parle pas très bien mais le papa un peu rigolo et qui prend ça avec plus de légèreté donc c'est un vrai conseil,
- Lucie
c'est pour ça que je rebondis là-dessus parce qu'en plus je pense que de prime abord on peut penser que les Norvégiens sont assez froids et c'est vrai qu'ils n'ont peut-être pas le sourire facile devant des gens qu'ils ne connaissent pas mais du coup quand on vient ajouter une petite touche d'humour en général ça marche bien pour briser la glace je trouve Et pour revenir à ta recherche d'emploi du coup tu as commencé à
- Raphaëlle Monvoisin
à postuler pendant tes cours intensifs de Norvégien ?
- Lucie
Oui, je postule depuis janvier non-stop.
- Raphaëlle Monvoisin
Et est-ce que tu as eu des retours ?
- Lucie
Dans mon domaine, c'est vrai que la maîtrise du Norvégien paraît en tout cas essentielle à beaucoup, beaucoup d'entreprises. Et jusque-là, j'ai beaucoup reçu. Alors, généralement, on va dire, peut-être 60% des cas, les gens répondent, ce qui est déjà un bon ratio, on va dire. Et j'ai quand même eu principalement le retour, effectivement, que le nom. Le norvégien manquait et que malgré un très bon portfolio, un très bon CV, du fait d'une relation client essentielle, les clients ne souhaitent pas s'exprimer en anglais. Ce que je comprends tout à fait. C'est vrai que si on transpose à la France, ce serait très difficile de trouver un emploi sans maîtriser le français dans certains domaines. Et je comprends tout à fait que quelqu'un qui souhaite parler de son histoire, de son entreprise, n'ait pas envie de devoir chercher ses mots dans une langue qui n'est pas la sienne. Surtout quand on comprend aussi l'importance des mots dans mon métier. Un mot plutôt qu'un autre en communication, c'est essentiel. Et le mauvais mot peut avoir un impact peut-être dans la compréhension de l'image qu'on souhaite développer. Donc évidemment, je comprends l'importance de maîtriser la langue. Mais voilà, la réalité est que malgré tout, maîtriser son propre métier dans une nouvelle langue de manière fluente, ça ne se fait pas du jour au lendemain.
- Raphaëlle Monvoisin
Non, c'est sûr.
- Lucie
Donc, j'essaye de naviguer en cherchant plus à l'international. Et j'ai ouvert mon entreprise de freelance en Norvège. J'ai fait les démarches. Je suis freelance en parallèle de mon activité professionnelle depuis presque dix ans maintenant. Ça fera dix ans l'année prochaine. Et donc, j'ai emporté ce freelance avec moi en Islande. Et donc, j'ai ouvert mon entreprise ici aussi en Norvège. Parce qu'aussi, j'ai des petites connexions à droite à gauche en France. Donc, je suis aussi photographe. Je vends parfois des photos pour faire des couvertures de livres, pour des publications dans des magazines. Donc, pour moi, c'est essentiel d'avoir une entité qui me permette de facturer de manière légale. Et pour le coup, j'ai ouvert mon entreprise ici. Ça a été très facile. Et ça peut d'ailleurs être une clé. L'autre raison pour laquelle je l'ai fait, c'est que ça peut être une clé aussi pour être employée ou en tout cas... semblant d'employé en remote pour une entreprise qui n'est pas basée en Norvège. Parce qu'il faut savoir qu'il n'est pas autorisé d'être un employé remote, c'est-à-dire travailler depuis la Norvège en tant qu'employé pour une entreprise qui n'est pas norvégienne. Ce n'est pas autorisé, à moins que l'entreprise ait une antenne basée en Norvège.
- Alban
Certainement que tu as un contrat relié même, j'imagine, à l'entité. Voilà,
- Lucie
exactement. Et donc, le moyen de contourner ça, c'est d'être finalement contractors, donc freelance pour l'entreprise étrangère. Pour ça, il faut une entité.
- Alban
D'accord, donc c'est un moyen direct.
- Lucie
C'est un moyen direct. Et donc, c'est une chose que j'explore aujourd'hui.
- Alban
Alors, je rebondis parce que tu parlais tout à l'heure de vraiment tes compétences clés et un peu ton poste idéal. Est-ce que tu serais ouverte à considérer des petits projets, des entrepreneurs qui ont besoin de faire ce genre de démarche ?
- Lucie
Bien sûr. D'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles j'avais créé mon autre entreprise à la base en France. C'était pour travailler avec des petits créateurs. Des gens avec qui on peut vraiment créer un lien particulier et pas viser des grosses entreprises. Ce n'était pas le but du tout à la base. Moi, j'ai beaucoup travaillé avec des petits créateurs de bijoux, avec des petits artisans dans l'industrie de la mode. Vraiment des gens qui ont un art entre les mains et qui avaient besoin juste de ce petit coup de pouce.
- Alban
D'être accompagnés sur cette partie-là.
- Lucie
Et j'adore ça. Au contraire, je trouve que les petits projets comme ça, qui ont une histoire particulière, c'est d'autant plus intéressant.
- Raphaëlle Monvoisin
Du coup, dans cette période, comment tu t'es sentie ?
- Lucie
Pas toujours très bien. Ce n'est pas facile, c'est vrai. Parce qu'au bout d'un moment, ça peut renvoyer l'impression de ne pas être assez bien pour les gens ici, d'avoir une impression de ne pas vouloir faire partie intégrante de la communauté. norvégienne, de ne pas trouver sa place dans le pays. C'est vrai que ça impacte beaucoup. Je pense que pour beaucoup de monde, avoir un emploi, c'est quand même aussi un des piliers fondamentaux dans la vie. Sans même parler de l'aspect financier, mais c'est aussi la reconnaissance sociale, c'est un vecteur pour rencontrer des gens. Moi, le design, la photo, c'est un métier de passion, de créer des choses. Je mets une partie de moi dans ce que je crée. C'est d'autant plus euh... passionnelle, en fait, comme relation que j'ai avec mon métier de tous les jours. Donc, c'est vrai que ça m'a fait d'autant plus de me poser la question, est-ce que je suis assez bien ? Donc, il y a eu des moments de doute et en même temps, j'ai pu échanger avec d'anciens collègues ou de personnes qui ont traversé peut-être les mêmes étapes ici, de réaliser que ce n'est pas forcément moi le problème, mais plus un problème de maîtrise de la langue, c'est une chose, mais aussi du fonctionnement, en fait, de... de relations de confiance. Je sais que les Norvégiens aiment avoir cette relation de confiance avec les gens qu'ils vont recruter de part peut-être sondée à un précédent employeur. Donc, le fait de jamais avoir travaillé en Norvège, pour eux, c'est un risque d'embaucher quelqu'un dont ils n'ont pas d'historique qu'ils puissent vérifier derrière. Donc, en fait, c'est juste que c'est assimiler les codes culturels de l'emploi qui ne sont pas nécessairement faciles à entrevoir. Soit quand on cherche depuis un autre pays, soit même en arrivant ici. Ce n'est pas forcément évident. Après, il y a aussi des systèmes qui ont été implémentés par la ville d'Oslo de mentorship. Il y a plusieurs programmes pour accompagner les conjoints, les conjoints pour s'insérer dans la vie professionnelle ici. On peut avoir un accompagnement peut-être pour créer un CV qui convienne aux normes norvégiennes. Ça peut aussi être mentoré par quelqu'un de professionnel déjà dans le secteur dans lequel on cherche et qui peuvent ouvrir leurs portes, leurs networks, leurs réseaux. Donc, il y a quand même quelques moyens aussi de se faire accompagner. Moi, j'ai suivi un mentorship. Ça ne m'a pas aidé à trouver un emploi, mais ça m'a quand même permis déjà aussi d'être en compagnie de personnes qui vivent la même chose que moi. Et d'avoir ce soutien aussi, ces échanges. On a quand même rencontré, on avait un groupe WhatsApp, on pouvait échanger, peut-être se partager des offres d'emploi, des petits tips,
- Alban
de s'encourager,
- Lucie
de visionner les CV des autres, de faire des retours. On a eu fait, par exemple, des mini-entretiens entre nous. et... Et c'est vrai que parfois, quand on cherche un emploi dans un domaine qui est le nôtre et qu'on connaît, on connaît les mots, on connaît le vocabulaire, on sait à quoi s'attendre. Et c'est vrai que moi, j'ai fait passer un faux entretien à quelqu'un qui était cartographe. Et en fait, quand elle m'a présenté son métier, je me suis rendu compte que j'avais envie de connaître beaucoup plus d'informations sur certains aspects. Donc, ça a pu l'aider peut-être à orienter son entretien, ses réponses. Donc, c'était très intéressant de ce point de vue-là, de rencontrer des gens avec des parcours totalement différents. Donc, c'est vrai que ça a ses bénéfices. Donc c'est quelque chose que je pourrais recommander aussi, de peut-être postuler pour ces programmes-là.
- Raphaëlle Monvoisin
On pourrait parler aussi de l'intégration ici. Est-ce que tu as trouvé d'autres vecteurs ?
- Lucie
Alors, ça n'a pas été évident tout de suite, effectivement, de savoir où aller, à quelle porte frapper pour rencontrer des gens, même si, effectivement, il y a quelques groupes Facebook d'expatriés. Il y a bien des soirées par-ci, par-là qui se créent. Je sais qu'il y a notamment une association, ou en tout cas un groupe qui s'appelle La French Tech, qui organise des apéros after work, qui sont un moyen de se rencontrer. autour d'un verre et d'échanger pour les nouveaux venus, avec des gens qui sont là depuis très longtemps. Après, moi, comme je disais, en Islande, j'avais cette association qui crée des petits événements mensuels assez amicaux, des jeux de société, des livres. Et moi, j'ai beaucoup, beaucoup lu ces dernières années. Et c'est quelque chose qui m'a beaucoup manqué quand je suis arrivée en Norvège, de ne pas pouvoir parler de mes lectures avec des gens. Et il y a bien des book clubs, des clubs de lecture qui existent à Oslo, notamment anglophones. mais je n'ai pas trouvé mon club de lecture francophone. Et donc, j'ai eu ce projet de lancer mon club de lecture. Génial ! Peu à peu être arrivé, parce que la première session a eu lieu en janvier 2023. Donc, on était là depuis même pas quatre mois. Donc, c'est dire à quel point j'avais très envie de mon club de lecture.
- Alban
Il était nécessaire, ce club.
- Lucie
Il était nécessaire. Ça n'a pas été facile au début à implémenter, parce que pour le coup, pouvoir accueillir un groupe sans connaître la ville et savoir quel café pourrait permettre ça, ce n'était pas du tout facile. Donc au début, j'ai cherché un peu d'aide. Qui voulait bien organiser ça avec moi ? Bon, ça n'a pas pris tout de suite. Je n'ai pas reçu tout de suite le soutien que j'espérais. Mais voilà, j'ai quand même tenté la chose. On s'est retrouvés à la bibliothèque municipale, qui était finalement un lieu assez évident pour se retrouver pour une première fois. Et depuis, les quatre personnes qui étaient là ce jour-là reviennent tous les mois à mon club de lecture. Donc c'est des membres vraiment très essentiels au club de lecture et à sa survie et à son organisation. Voilà, donc depuis janvier 2023, le club de lecture tourne. Une fois par mois, on se retrouve autour d'un café, soit dans un lieu plus typé bibliothèque, soit dans un petit café, histoire de profiter des petites pâtisseries locales, même occasion. Et en été, on se retrouve bien volontiers dans un grand parc, sous les arbres. C'est très agréable aussi. Donc voilà, ça a été pour moi un moyen de créer ce petit cocon social et culturel aussi, parce que c'est un club de lecture que j'ai souhaité créer sans imposer de lecture. Je sais qu'il y a beaucoup de clubs de lecture qui imposent une lecture dont on va parler à la prochaine rencontre pour avoir une lecture commune et échanger autour de ça. Nous, on a fait le choix de plutôt faire des thématiques. Donc, ça va être des auteurs scandinaves, ça va être des lectures en rapport avec le voyage, en rapport avec le développement personnel. Et ce qui est génial, c'est que ça permet de parler de lectures qu'on a pu faire dix ans auparavant et pas de se limiter à la lecture du jour.
- Raphaëlle Monvoisin
D'accord, ok.
- Lucie
Donc, c'est très enrichissant. À chaque fois, je fais la liste suite à la rencontre de tous les livres qu'on a lus. En général, on aborde bien une vingtaine, trentaine de livres par rencontre. Donc, c'est très,
- Raphaëlle Monvoisin
très riche. Super intéressant. Donc, vous ne vous dites pas, pour le mois prochain, on lise tous ce livre pour en discuter ? D'accord.
- Lucie
Là, on se rencontre samedi, deux jours quand on enregistre ce podcast. Et la thématique, c'est les auteurs hispaniques. Donc, c'est vraiment très varié en termes de choix de thématiques. C'est très, très sympa. Et en général, on est 8-10 à chaque rencontre quand même. Donc, ça marche vraiment bien.
- Raphaëlle Monvoisin
C'est génial. On peut dire que c'est une de tes plus belles stories de Norvège.
- Lucie
Bien sûr, ce n'est pas grand-chose, mais c'est vrai que c'est mon petit rendez-vous du mois qui me fait très plaisir et que j'ai plaisir à animer.
- Raphaëlle Monvoisin
C'est génial que tu l'aies lancé, que ça tienne. Chapeau.
- Alban
Je trouve ça remarquable, les Français ou les francophones qui font des annonces pour lancer des activités. Et ce qui est rigolo, c'est qu'il y a, heureusement, il y a de tout. Il y a ceux qui vont chercher des gens pour le tennis, le badminton, l'escalade. Il y a vraiment de tout. Et toi, c'est le club de lecture, donc je trouve ça génial. Et tu parles de quatre personnes vraiment assidues. Est-ce que parfois, vous avez un groupe un peu plus grand, mais qui bouge ? Il y en a qui... Là,
- Lucie
je crois que samedi, il y a trois nouvelles personnes qui débarquent, qui n'étaient jamais venues avant. Donc oui, ça permet de rencontrer des nouvelles personnes. Il y a des gens qui n'osent pas, parce que des fois, ils viennent me voir en me disant « Mais moi, je ne lis pas beaucoup. » Mais ce n'est pas grave, en fait. On peut aussi venir pour prendre de l'inspiration. Moi, quand j'étais en Islande, je ne lisais pas énormément à cette époque-là. Et en fait, c'est d'entendre les gens me raconter un livre qu'ils ont aimé, qui m'a donné envie de le lire. Ce n'est pas une lecture que j'aurais potentiellement mis dans ma liste. Donc, c'est aussi ce côté un peu passionné, de donner envie à l'autre de lire un livre, que je trouve vraiment chouette dans un club de lecture.
- Alban
La vie d'immigré ou d'expatrié, il y a des hauts, des bas, et parfois on se sent inclus, pas inclus. Dans ton quotidien, tu penses, en quoi ça te rend forte, la vie d'expatrié ?
- Lucie
Moi, je pense qu'il faut beaucoup de résilience et de force quand même pour quitter quand même un confort de vie qu'on connaît quand on a vécu en France toute sa vie et qu'on connaît le fonctionnement de l'administratif, de tout en fait, les codes sociaux, même si ça peut varier d'une région à l'autre, mais de rien, de pouvoir avoir ce confort de tout faire dans sa langue. Et de tout quitter du jour au lendemain pour faire ça dans un nouveau pays, ça demande quand même beaucoup de résilience, parce que forcément, on va faire face à des chocs culturels, à des refus pour un emploi, pour d'autres choses. Il y a plein de différences qui font que... Il faut être courageux par moment, il faut être résilient. Il faut se dire que, en tout cas, quand on a fait le choix d'immigrer dans un pays, il y a des gens qui, malheureusement, n'ont pas le choix d'immigrer dans des pays pour des raisons bien tristes. Mais quand nous, c'est un choix familial, personnel, professionnel, de se souvenir pourquoi est-ce qu'on est venu là à l'origine. Parfois, on peut être... envahie un peu par les côtés négatifs de ce qu'on vit dans le quotidien, de ce statut d'immigré, de refus, de porte fermée.
- Alban
C'est ce que ça peut nous renvoyer d'un image de nous-mêmes qui peut être difficile.
- Lucie
Et après, quand on met en perspective aussi ce qu'on a laissé derrière qui ne nous plaisait pas non plus, de se souvenir de ce qu'on a gagné en arrivant dans ce nouveau pays. Il y a plein de choses que je ne regrette pas du tout d'avoir laissées derrière moi et que je ne regrette pas du tout d'avoir découvert ici. C'est vrai qu'il y a un moment où on peut-être Merci. On peut peut-être prendre pour acquis certaines choses. Le calme de la vie ici, la tranquillité, la confiance que les gens... Une anecdote qu'on a vécue, pas en Norvège, mais en Islande, quand on a cherché un appartement la première fois. On a visité un appartement qui nous a plu. On a dit au propriétaire, il nous plaît bien, on aimerait bien le prendre. On n'avait rien signé, il nous a laissé les clés. Il est parti, il m'a dit, si vous voulez porter des affaires, vous pouvez. Jamais ce ne serait arrivé à Paris. Donc, c'est vrai que c'est un... Ça tisse un lien de confiance où on se dit que c'est un confort d'esprit quand même, de charge mentale aussi. Donc, il y a des choses où on peut être envahi par des émotions un peu négatives quand on se prend dans la tronche qu'on ne parle pas assez bien norvégien. Mais à côté de ça, il y a tellement d'autres choses où on est assez privilégié dans ces pays-là et d'en reprendre conscience aussi et de se remémorer aussi le chemin parcouru. les raisons qui nous ont poussé à venir ici. Je pense que c'est important aussi d'avoir cette réflexion-là.
- Alban
Est-ce que ce serait un de tes conseils pour quelqu'un qui souhaite s'installer en Norvège ? Qu'est-ce que tu leur dirais ?
- Lucie
Déjà, il faut quand même bien se renseigner aussi à quoi s'attendre. Je pense qu'il y a parfois peut-être des personnes qui vont avoir envie de venir juste parce que les paysages sont beaux. Et je pense qu'il faut creuser quand même un petit peu les réalités de certaines choses, la réalité du marché de l'emploi quand même. je sais qu'il y a certains pays où il y a des crises du logement c'est des réalités aussi qui sont telles qu'elles sont dans le monde dans lequel on vit aujourd'hui il ne faut pas non plus venir la bouche en coeur en disant que c'est dans les poches je pense qu'il faut quand même préparer un minimum nous dans notre cas en tout cas on avait quand même sécurisé d'avoir au moins un emploi pour l'un de nous je pense que c'est quand même dans notre schéma familial c'était essentiel à ce que ça se passe comme ça après oui je pense qu'il faut aussi se rattacher aux choses qu'on choisit de venir dans ce pays ça reste quand même... Un pays qui offre des choses incroyables en termes de nature, d'activités en extérieur. C'est quelque chose... Moi qui suis photographe, c'est vrai que passer du temps dehors, c'est essentiel pour moi. Et d'avoir accès à une nature aussi incroyable, c'est un cadeau quand même.
- Alban
Avant de clore, est-ce qu'il y a quelque chose que tu adores de la Norvège ?
- Lucie
Alors, je n'ai pas beaucoup voyagé en Norvège encore. Je suis encore en train de préparer tous mes petits itinéraires pour les prochains voyages en vue. Mais comme je disais, pour moi, c'est vraiment les quatre saisons. C'est vraiment quelque chose que je trouve magique parce que... On peut avoir autant des étés à 25 degrés, où on peut se baigner dans un lac, dans un fjord, c'est quand même assez exceptionnel de pouvoir faire ça dans une capitale en plus, il faut le noter. Et en hiver, d'atteindre des moins 25 degrés avec les rois boréales visibles depuis Oslo, on les voit de plus en plus depuis Oslo et c'est quand même assez incroyable. Pour les avoir vus depuis mon salon en Islande tout l'hiver, de retrouver ça ici, ça me fait plaisir en fait, de garder cette petite connexion au grand nord, le vrai nord. Donc je trouve que c'est quelque chose qui est vraiment très appréciable parce que du coup, ça rend aussi l'hiver moins long de se dire qu'en été, on pourra sortir en t-shirt. C'est vrai que c'est quelque chose en Islande qui nous pesait un petit peu, c'est que les étés islandais sont quand même relativement froids. On tourne autour de 13-15 degrés quand même, c'est quand même pas très très chaud. Avec un vent arctique, donc c'est pas un vent continental qui peut être un peu chaud, c'est froid tout le temps. Donc ça enlève quelques degrés aussi les jours où il souffle très fort. Et du coup, de se dire on peut vraiment jamais sortir en t-shirt, l'esprit léger. C'est pesant au quotidien, en fait. Vous qui habitez aussi près de quelques pistes de ski, c'est tellement appréciable de voir ces hivers blancs. Je trouve ça tellement magique, ces forêts enneigées. Et j'ai très, très hâte cette année de tester le ski à la norvégienne. Pour le coup, je pense que c'est aussi un petit... Un petit vecteur culturel à s'approprier ici. C'est vrai que c'est très marrant de voir, quand j'ai visité une... un jardin d'enfants pour ma fille, de voir tous les petits skis pour les enfants et de savoir qu'en hiver, ils allaient les amener au ski. J'ai trouvé ça absolument génial. C'est fou.
- Raphaëlle Monvoisin
Oui, c'est vraiment tout.
- Lucie
On dit beaucoup, il y a un dicton norvégien qui dit que les enfants norvégiens sont nés sur des skis. Et je pense que c'est super. Moi, j'adore le ski. Mais aussi pour traverser l'hiver. Je pense que c'est un sujet qu'on n'a pas forcément abordé. Mais entre les jours très sombres, je pense que garder une activité physique aussi, pour l'esprit, pour le corps, c'est hyper important. C'est quelque chose qu'on avait un peu sous-estimé en Islande, par exemple, les premières années. L'hiver, il fait nuit jusqu'à 11h et il refait nuit à partir de 15h. Donc c'est vrai que les plages de lumière sont très courtes. Et pour autant, on voyait des gens faire du running à la frontale, dans le vent, le froid. On dit mais ils sont fous. Mais en fait, c'est un vrai besoin physique de garder cette activité-là pour survivre à l'hiver et à l'obscurité.
- Alban
Est-ce que ce serait ce que tu trouves difficile en Norvège, par exemple ?
- Lucie
Pas du tout. Pour le coup, non, c'est vrai que moi, je me suis bien habituée. Maintenant, j'ai ma petite lampe de luminothérapie, ma vitamine D et je suis parée pour survivre à l'hiver. Par contre, c'est essentiel d'avoir ce petit kit de survie, je trouve. Pour l'anecdote, quand on est arrivé en Islande la première année, on a totalement... on bise ça de côté. Quand on avait notre réveil qui sonnait à 7h du matin, on avait l'impression qu'on nous arrachait à notre nuit. Il était 3h du matin, c'était excessivement difficile. La deuxième année, on a intégré la vitamine D, c'était un peu mieux. L'année d'après, on a utilisé la luminothérapie. Alors là, c'était magique.
- Alban
Nous, on a le petit réveil qui reproduit le lumière du soleil. Ça, ça fait vraiment du bien. Quand tu as les enfants, tu n'as plus besoin de lumière du soleil. Mais le petit réveil qui s'allume doucement et qui reproduit l'alimentaire, ça fait la diff. Et la luminothérapie, donc là, c'est une vraie lampe.
- Lucie
C'est une vraie lampe qui est censée reproduire le spectre de lumière du soleil. Et ça aveugle un peu au début. Alors, ce n'est pas facile d'utiliser avec des enfants, pour le coup.
- Alban
C'est très fort.
- Lucie
Mais c'est quelque chose que nous, on utilise, par exemple, au bureau. De se faire une demi-heure par jour, c'est déjà très bénéfique mentalement.
- Raphaëlle Monvoisin
Tu as senti une différence quand tu as commencé à utiliser. Nous, c'est vrai qu'on ne l'a jamais fait. et il faudrait peut-être qu'on s'y mette.
- Lucie
Un autre tips pour les futurs arrivants en Norvège, il y a tous les ans, à différentes périodes de l'année, il y a ces loupé markets, les marchés de puces, où on peut dénicher de l'équipement pour vraiment pas cher. Et ça permet de s'équiper pour la saison suivante, que ce soit en vélo pour l'été, en ski pour l'hiver, au moins t'es paré avec les conditions.
- Raphaëlle Monvoisin
Et ce qui est bien, c'est que, parce que forcément il fait nuit tôt l'hiver, mais il y a quand même des pistes de ski de fond qui sont éclairées. Même après le boulot, la semaine, ont on peut aller faire du ski. Et nous, on a testé, parce que la piste de ski qui part de chez nous, elle n'est pas éclairée pour le coup, mais on a testé du coup le ski de pont à la frontale l'hiver dernier. Et franchement, c'est pas mal.
- Alban
On a fait un tour raisonnable parce que de toute façon, tu étais bien, bien enceinte. Mais il y a une atmosphère, une ambiance. C'est magique. C'est génial.
- Raphaëlle Monvoisin
Je ne l'aurais pas fait toute seule, dans les bois, toute seule, juste avec ma frontale. J'étais bien contente que tu sois là et qu'il y ait Alba.
- Alban
C'est spécial. et tu vois, c'est un truc qu'on a fait au bout de... cinq ans. Donc, on ne s'était jamais lancé et là, c'est venu. Donc, c'est top. Il y a toujours des petits défis à relever. Bien sûr. Merci beaucoup, Raph, d'avoir accepté notre invitation, d'avoir partagé avec nous. Et pour ceux qui nous écoutent, comme vous l'avez entendu, Raph recherche activement que ce soit un poste en entreprise, mais aussi via ton freelance qui te laisse la possibilité d'accompagner des tout petits comme nous, par exemple, ou des plus grands qui ont besoin de toutes les compétences que tu as. Donc, n'hésitez pas à la contacter ou à nous contacter. Est-ce que tu peux nous partager tes sites et on les joindra aussi ?
- Lucie
Bien sûr, c'est mon nom, mon prénom trouvable, mon site Internet, mon Instagram. Il y a à peu près tout mon travail sur ces réseaux-là.
- Alban
C'est vraiment aussi, on espère que ça puisse devenir la force de ce podcast, de mettre les gens en relation, notamment que ce soit social ou dans le cadre du travail, ou les deux. Voilà, donc merci encore à toi Raphaël.
- Lucie
Merci à vous.
- Raphaëlle Monvoisin
Merci beaucoup et on vous dit à très bientôt chez nous.
- Alban
Sous les aurores.
- Raphaëlle Monvoisin
Si cet épisode vous a plu. Pensez à nous laisser une note et un avis sur votre application de coup de préféré ou un commentaire sur YouTube,
- Alban
ça nous aide énormément à faire grandir le podcast.
- Raphaëlle Monvoisin
Merci et à très vite pour le prochain épisode.