- Lucie
Salut, c'est Lucie.
- Alban
Salut, c'est Alban.
- Lucie
Trentenaire et parent de deux petites filles.
- Alban
Bienvenue dans Sous les Aurores.
- Lucie
Le premier podcast réalisé par un couple de Français en Norvège.
- Alban
Sous les Aurores, c'est le podcast haut en couleurs qui vous emmène vivre toutes les nuances de l'expatriation et de l'immigration en Norvège et bien au-delà.
- Lucie
Que vous soyez déjà expatrié, immigré, que vous rêviez de le devenir ou que vous soyez simplement curieux de découvrir d'autres façons de vivre, ce podcast est fait pour vous.
- Alban
Alors, mettez-vous à l'aise, servez-vous une bonne tasse de thé. ou un verre de vin et rejoignez-nous sous les aurores. Au menu, discussion sincère,
- Lucie
moment de rire et d'émotion et surtout,
- Alban
beaucoup de belles découvertes.
- Lucie
Alors, bienvenue chez nous sur un nouvel épisode de Sous les aurores.
- Alban
Bonjour à tous et bienvenue sur un nouvel épisode de Sous les aurores. Aujourd'hui, à nouveau pour moi en tout cas. Je suis un peu starstruck. On reçoit Thomas Bassetto. Je t'ai plus connu à la base dans les groupes Facebook des Français à l'étranger, la Norvège.no, le blog, et t'as aussi un rôle maintenant dont on va parler un petit peu plus tard. Donc très heureux de faire ta connaissance. On a beaucoup entendu parler de toi et aujourd'hui t'es chez nous. Donc c'est très heureux de te recevoir.
- Lucie
Et on va commencer par une petite présentation. Est-ce que tu pourrais nous dire comment tu t'appelles, depuis combien de temps tu vis en Norvège ? Dans quel domaine travailles-tu et si tu as un petit culture-choc à nous partager que tu as vécu à ton arrivée ou que tu continues de vivre au quotidien ?
- Thomas Bassetto
D'abord, je voudrais vous remercier d'être là parce que moi aussi, je vous connais, j'écoute votre podcast depuis le début. Je m'appelle donc Thomas Bassetto, je suis en Norvège depuis 12 ans maintenant. Je travaille dans l'informatique. principalement maintenant dans l'intelligence artificielle et la cybersécurité, les deux sujets un peu chauds du moment. Au niveau culture-choc, je dois reconnaître que je me sens norvégien maintenant, plus que français. Il n'y a plus grand-chose qui me surprend. Au tout début peut-être, par contre, assez simple, c'est vraiment la relation au travail qu'ont les Norvégiens, où je suis arrivé en Norvège, ma première semaine, je culpabilisais de partir à 29h. Je pense qu'on a beaucoup vécu ça, on en avait parlé. Et bon, maintenant, je n'ai aucun scrupule à partir.
- Lucie
Et du coup, toi, tu viens d'où ? Et est-ce que tu peux nous raconter ton arrivée en Norvège ? Comment tu as atterri ici ?
- Thomas Bassetto
Oui, alors, c'est le coup du hasard. Je viens du sud-ouest, je pense que ça s'entend.
- Alban
Ça chante un peu.
- Thomas Bassetto
J'ai fait mes études à Rouen, par contre, donc de l'autre côté, là où j'ai rencontré ma femme, enfin celle qui allait devenir ma femme. On a travaillé tous les deux à Paris. Elle vient de Normandie, donc pour nous, c'était tous les deux, c'était une vie différente dans la capitale. Qui ne nous a pas plus tant que ça. Au bout de deux ans, on s'est dit peut-être qu'en fait, on partirait bien, quitte à partir de Paris, autant partir de France. Donc nous avons postulé dans plein de pays, en fait, et dans notre... Top 3, on visait quand même peut-être la Suisse, l'Angleterre à Londres, ou peut-être pourquoi pas les États-Unis, même si au niveau visa, c'est un peu plus compliqué. Mais on a beaucoup postulé. Et le gros hasard a fait qu'en deux semaines d'intervalle, tous les deux avons reçu des offres d'entretien, pas des offres d'emploi directement, mais des possibilités d'entretien pour des entreprises à Oslo.
- Alban
Incroyable.
- Thomas Bassetto
Qui n'étaient pas vraiment forcément... dans le top... Je dois avouer qu'à cette époque, je ne pouvais pas placer la Norvège exactement sur une carte. Le grand cliché, Norvège-Suède-Finlande, bon voilà.
- Lucie
C'était au nord.
- Thomas Bassetto
Voilà, c'était au nord. La Norvège, ils font du saumon.
- Alban
Le classique.
- Thomas Bassetto
Le classique. Et donc, nous avons réussi à avoir tous les deux les entretiens le même jour. Donc, nous sommes venus à Oslo un vendredi, en novembre. Oula ! Voilà, il faisait froid, il pleuvait, il faisait nuit assez tôt. Nous sommes restés le week-end et on a tous les deux eu un job, chacun notre job en gros. Et on s'est dit, allons-y quand même.
- Lucie
Ah oui, ça ne vous a pas rebuté le week-end sous la pluie.
- Thomas Bassetto
Non, parce que l'idée c'était, on y va pour un an. On vient en Norvège, on a la chance d'atterrir avec un travail.
- Lucie
Ouais.
- Thomas Bassetto
On reste un an, ça sera une expérience sur le CV, au bout d'un an on rentre en France et ça sera ça de pris. Et on n'est jamais reparti.
- Lucie
Comme quoi.
- Thomas Bassetto
Comme quoi.
- Lucie
J'adore ces expériences où on vient pour un temps...
- Alban
Qu'on pense défini à la base.
- Lucie
Qu'on pense défini, oui. Et puis au final, au fur et à mesure, on est là. Je suis toujours par partie, quoi.
- Alban
Pour tous ceux qui viennent peut-être d'arriver en Norvège et qui se disent, bon, on est là pour un an ou pour le temps de bosser peut-être deux maximum. Sachez que c'est un an où on se transforme en 15 avant que vous le sachiez.
- Thomas Bassetto
Non, mais c'est non seulement ça. Et puis en plus, nous sommes tous les deux maintenant Norvégiens.
- Lucie
Donc on a la nationalité. Ceinture noire.
- Thomas Bassetto
On est là pour rester.
- Lucie
Trop bien. Et par curiosité, ta femme travaille dans quel domaine ? Oui,
- Thomas Bassetto
très bonne question. Elle travaille comme ingénieur dans le risque industriel. Elle a commencé d'abord dans l'eau, l'en-gaz, le pétrole en Norvège. C'est un grand classique. Et suite à la crise de 2015-2016, elle s'est réorientée dans le ferroviaire.
- Lucie
D'accord.
- Thomas Bassetto
Donc elle travaille comme ingénieur dans les réseaux ferroviaires de Norvège.
- Lucie
Ok. Bon, en tout cas, apparemment, c'était des domaines assez attractifs pour vous pour trouver un emploi depuis la France.
- Thomas Bassetto
Voilà. Les temps ont peut-être un peu changé, mais bon, ingénieur dans l'informatique et dans les risques industriels, c'était très porteur en 2013, donc nous avons eu de la chance de ce côté-là.
- Lucie
Et à votre arrivée, quelles ont été les grandes découvertes et puis les défis aussi ?
- Thomas Bassetto
Je pense que je ne l'ai jamais rencontré, celle-là. Ah, il l'exclut ! Quand je suis arrivé en Norvège, en fait, un des culture-chocs que j'avais oublié, peut-être un fouillis, je l'ai refoulé, c'est au niveau de la nourriture. Alors, ça a beaucoup changé, j'ai beaucoup de choses à dire en positif sur la nourriture norvégienne maintenant. Mais quand je suis arrivé, le manque de choix, la mauvaise qualité, j'ai... Perdu 10 kilos. Un an. J'ai vraiment... Je trouvais pas. C'est ridicule. Mais je trouvais pas.
- Alban
J'avais pas des cas souhaits tous les midis.
- Thomas Bassetto
Exactement. Les temps ont changé. Mais c'est vrai que ça a été un des gros culture-chocs. Comme j'ai déjà dit, ça a été le travail aussi, la relation au travail. Mais après, ça a été aussi un positif. Ça a été vraiment la confiance des gens. Il y a moins de stress qu'en France, même si ce n'est pas le cas pour tout le monde. Tout n'est pas rose, mais dans l'ensemble, c'est quand même une meilleure qualité de vie.
- Lucie
Et quels aspects de la culture norvégienne tu as rapidement adopté ?
- Thomas Bassetto
Peut-être une chose, c'est vraiment la bulle personnelle. Vous savez, les Norvégiens respectent énormément la bulle personnelle. Dans un bus, les Norvégiens vont parfois rester debout au lieu de s'asseoir à côté de quelqu'un alors qu'il y a une place libre. même si tu croises quelqu'un que tu connais un collègue, tu vas pas forcément de suite aller lui voir et dire « Salut, tu laisses les gens tranquilles » . Donc ça, c'est quelque chose que j'ai assez rapidement adopté et qui me convient très bien. Et en fait, au début, ça me choquait assez. Forcément, en tant que Français à l'étranger, on reçoit de la visite des amis, des parents. Et je remarquais la différence où, en fait, les gens qui nous rendaient visite avaient beaucoup de choses à dire sur les gens. Pas forcément des critiques, mais ils observaient, ils disaient « Ah, t'as vu comment ils font ? Ah, t'as vu cette personne-là ? » Et les Norvégiens sont là, genre, on s'en fout. Tu vis ta vie. De quoi tu te mêles à regarder et à juger ce que font les autres gens dans la rue ? Donc ça, c'était un des cultureux chocs que j'ai peut-être encore, quand on a de la visite. Il y a aussi, bien sûr, la pause du déjeuner, on va dire, par exemple, où je travaillais à Paris, dans des entreprises qui n'avaient pas de cantine. Donc, en fait, on sortait tous les midis pour aller au restaurant. Donc, c'était... minimum une heure de pause, souvent une heure et demie. En Norvège, comme vous l'avez déjà dit, on est plus tôt dans les 20 minutes. Et en fait, je me suis aussi totalement adapté à ça. C'est suffisamment pour manger et ça permet de sortir plus tôt. Quand j'entends des amis qui me racontent, encore en France, qu'ils vont jouer aux cartes avec des collègues sur la pause entre milliers d'eux, j'ai envie de dire mais fais-le après si tu as vraiment envie de jouer aux cartes avec des collègues. Mais sinon, mange sans te presser, reviens travailler. Et tu finis à 16h. Ou à 15h30. Ou à 15h même.
- Alban
Mais c'est intéressant ce que tu dis, parce que parfois, je trouve que le lien social... Ça fait quasiment sept ans qu'on est en Norvège, encore plus qu'on n'est plus en France. Mais de ce que je me rappelle, c'était, tu sais, les postes café un peu à rallonge, les repas où tu refais un peu le monde. Et parfois, je pense que ça peut me manquer ici. Est-ce que toi, c'est quelque chose qui... Tu as un peu aussi cette Madeleine de Proust peut-être qui revient, ou tu l'as mis de côté et tu envisages plus le travail tel qu'il est en Norvège ?
- Thomas Bassetto
C'est une très bonne remarque, le coup de refaire le monde, comme tu dis, qui n'est pas du tout dans la culture norvégienne. et moi ça me manque pas du tout honnêtement C'est même le contraire, comme j'ai dit, je me sens parfois plus norvégien et c'est plus l'inverse quand je me retrouve dans ce genre de discussion où c'est plus du tout mon truc.
- Alban
Est-ce que tu as des activités particulières après la journée de travail que tu aimes ?
- Thomas Bassetto
En français, ça s'appelle des courses d'obstacles et une fois sur deux, les gens me disent « ah oui, tu sautes au-dessus de E » . C'est pas du tout ça. Je ne sais pas si vous voyez plutôt les parcours du combattant. les tough race et tout ça voilà c'est ça que je fais mais donc ça c'est vraiment je fais partie d'un club spécialisé dans ce type de compétition donc ça c'est vraiment mon mon dada c'est génial j'entendais je savais pas qu'il y avait des clubs parce que je savais pas qu'on pouvait s'entraîner en club donc tu as des entraînements pour te préparer un peu parce que par exemple un obstacle qui est dans toutes les courses c'est grimper à une corde de 5 mètres pour aller taper donc une des des sonnettes Et c'est difficile de s'entraîner sans littéralement avoir une corde de 5 mètres à disposition. Donc il y a des clubs spécialisés dans ça. Ou les rampes, par exemple, les rampes qui sont à 8 mètres. C'est difficile de s'entraîner sans en avoir une à disposition.
- Lucie
C'est génial. C'est où ça, par exemple ?
- Thomas Bassetto
La plus connue, c'est Toughest, qui a lieu à Holman-Colon. Et dont le dernier obstacle est de remonter le saut à ski par le milieu. Donc il y a un filet qui est mis en place par l'équipe parce que c'est assez raide. Donc ça, c'est le dernier obstacle. Sinon, il y en a un peu partout. La prochaine, c'est dans trois semaines à Trondheim que je fais. Sinon, il y en a à Horten, qui est plus au sud d'Oslo. Donc je fais du kayak aussi, beaucoup.
- Lucie
Trop bien, sur le fjord ?
- Thomas Bassetto
Oui, sur le fjord. Alors, je ne l'ai pas dit, mais je travaille pour DNV, Denorske Veritas. Encore une fois, DNV, j'insiste sur le V parce qu'en Norvège, il y a DNB, il y a DNP.
- Lucie
Ah oui, tu peux bien t'insister parce que moi j'avais DNT là en tête Moi j'ai tous les stats aussi
- Alban
Avant Equinox, c'était Statoil, Statcraft, Statnet,
- Thomas Bassetto
Statbig Il y a un pattern et maintenant que c'est Equinor, Banonor il y a plein d'entreprises avec des patterns comme ça Donc mon entreprise est basée au bord du fjord Oslo à Heuvik et on a la chance d'avoir une vingtaine de kayaks à disposition pour les employés Merci. C'est vraiment très pratique. Le fjord, c'est parfait parce qu'on peut faire du kayak, visiter les îles. C'est moins dangereux que le faire sur la côte ouest où il y a plus d'intempéries, plus de vagues. Ce n'est pas les fjords comme à l'ouest, mais c'est suffisamment beau et pratique. Donc ça, le kayak, je recommande à tout le monde d'en faire.
- Lucie
Tu peux en faire toute l'année ?
- Thomas Bassetto
Je peux. Mais je ne le fais pas.
- Lucie
D'accord.
- Thomas Bassetto
Parce qu'il faut quand même une sacrée protection en hiver. Et techniquement parlant, au bord du fjord, en tout cas là où j'ai mon entreprise, le fjord est gelé. Cette partie du fjord est gelée en hiver. On peut marcher. J'ai d'ailleurs traversé le fjord jusqu'à une île à pied cet hiver. Donc là, non, on ne peut pas faire de kayak. Donc le kayak c'est important, et bien sur l'hiver je me suis mis au ski de fond, donc je viens, comme tous les français je pense, sauf ceux du Jura, le ski de fond ça me parlait absolument pas du tout, c'était presque une blague, et j'ai appris qu'ici non seulement c'est pas une blague mais en fait c'est vraiment très sérieux, si tu fais du ski de fond plus que tu sais un peu marcher un pied devant l'autre, que t'en fais comme les norvégiens, t'es fatigué au bout de 10 minutes et c'est vraiment un sport complet d'endurance, donc je m'y suis mis petit à petit. jusqu'au... Je participe à quelques compétitions.
- Lucie
Ah oui, quand même.
- Thomas Bassetto
Je ne suis pas très bon, clairement. Mais ça motive.
- Alban
Attends, est-ce que tu sais faire du...
- Lucie
Skating.
- Thomas Bassetto
Skating. Je me suis mis au skating parce que j'étais un peu frustré que tout le monde me dépasse.
- Alban
Et oui, voilà.
- Thomas Bassetto
Et les gens continuent à me dépasser.
- Alban
Mais tu sais faire du skating.
- Thomas Bassetto
Je sais en faire. Je m'y suis mis. Mais c'est difficile. Il faut vraiment... reformater un peu son cerveau pour arriver à faire le mouvement de skating qui est quand même très différent. Je pense que les gens qui ont l'habitude de faire du roller ont plus de facilité. C'est vrai.
- Lucie
Mais ce n'est pas plus fatigant ?
- Thomas Bassetto
C'est beaucoup plus fatigant. Là,
- Alban
pour le coup, c'est très sportif.
- Thomas Bassetto
C'est très sportif, mais tu vas beaucoup plus vite. Donc voilà, je recommande à tout le monde de se mettre au ski de fond. Je sais que c'est difficile au début. Je suis tombé, je tombe encore après 12 ans alors que j'ai fait des longues distances. Mais en fait, ça permet aussi de survivre l'hiver, de se sortir, de profiter de la nature. Je me suis mis aussi au ski... Non, je ne me suis pas mis au ski alpin, j'en faisais déjà en France, un peu dans les Pyrénées. Ça aussi, c'est quelque chose à faire en Norvège. Je me suis mis cette année au ski de rando, ce qu'ils appellent Top Tur.
- Alban
Ça, pour moi, c'est pareil, ceinture noire.
- Thomas Bassetto
C'est vrai que les Norvégiens adorent ça. Moi, ce qui me freine encore, c'est le prix. Le prix du matériel, le prix de la location. Même si c'est pour louer, c'est très cher. C'est vrai que le ski de fond,
- Lucie
c'est quand même plus abordable de tous ces sports.
- Alban
Est-ce que tu peux rapidement expliquer à quoi ressemble un peu le ski de randonnée ?
- Thomas Bassetto
Le ski de randonnée, ce sont... Je ne veux frosser personne, parce qu'il y a des gens qui sont plus experts que moi. Mais grosso modo, ce sont des skis qui sont déjà plus proches du ski alpin au niveau des tailles, mais dont le talon est libre, un peu comme le ski de fond, en tout cas durant la montée. Ils ont des attaches, des bindings qui peuvent se régler. Donc, non seulement accrocher le talon ou pas, mais surtout régler la hauteur. Ça permet de monter et on peut mettre des pots sous le ski, qui permettent au ski donc de ne pas plus glisser. Donc l'idée, c'est de mettre ses peaux et de monter à pied, enfin, sur les skis, mais en marchant jusqu'en haut de montagne, à des endroits qui ne sont pas travaillés, donc c'est en dehors des sentiers battus. C'est brut. Ce qui peut être illégal dans certains pays, mais en Norvège, c'est un sport national de faire ce genre d'activité. Et ensuite, de redescendre dans des couloirs immaculés, sans... personne d'autre, une fois qu'on a enlevé les peaux et réglé le binding pour bien accrocher le talon, bien sûr. Donc ça demande en général aussi d'avoir des compétences en avalanche, en détection d'avalanche. Je ne sais pas si c'est illégal ou juste très très mal vu, je dirais même illégal quand même, de ne pas partir sans sonde pour les... sans matériel, en gros, pour récupérer des gens d'avalanche, sans pelle, sans émetteur. Donc moi, pour l'instant, j'ai fait seulement un cours. Et ce qui retient pour me lancer quand même, c'est qu'on parle en équipement avec les chaussures et tout. Je dirais vraiment minimum 10 000 couronnes, donc on va dire 1 000 euros d'équipement, même de seconde main.
- Alban
D'accord.
- Thomas Bassetto
Je veux dire, je n'ai pas de voiture. Donc à chaque fois que je pars comme ça, ça veut dire qu'il faut louer une voiture. Il faut louer une voiture, oui. Donc ça...
- Lucie
Tu vas en faire où généralement du ski de rando ?
- Thomas Bassetto
C'est quand même dans les grands... Dans les camps de montagne, donc Yotu-Hai-Men...
- Lucie
Oui, il faut sortir de ce lot.
- Thomas Bassetto
Il faut sortir de ce lot. Après, techniquement parlant, il y a des gens qui vont en faire à Waring-Skollen, qui n'est pas si loin. Mais c'est plus... Les gens vont en faire là pour s'entraîner.
- Alban
Ok.
- Thomas Bassetto
C'est plus de l'échauffement. Mais encore une fois, aller là-bas, bon, ça prend du temps. J'ai un ami qui n'a pas de voiture non plus, il y va en bus.
- Lucie
Mais ça fait partie de l'expérience d'aller dans des hautes montagnes, d'avoir des super vues.
- Thomas Bassetto
Exactement. Et c'est quelque chose que les Norvégiens ne parlent que de ça.
- Lucie
C'est pas trop lourd l'équipement pour monter ?
- Thomas Bassetto
Ça peut être lourd. Et justement, le matériel plus léger est plus cher.
- Alban
Ah oui, bah oui, comme ça, c'est une technique.
- Thomas Bassetto
Donc si tu veux pas trop te fatiguer, t'achètes du matériel de qualité qui pèse pas lourd, bah ça augmente la facture.
- Alban
Oui, comme pour le ski de fond, par exemple, ce sont les bâtons en carbone. C'est très léger, très résistant. et très cher.
- Thomas Bassetto
On parle beaucoup du top tour, mais clairement, le ski de fond, on peut en faire en dehors d'Oslo, on prend juste le bus pendant 30 minutes, c'est gratuit, contrairement par exemple à beaucoup de lieux dans le Jura où il faut payer pour rentrer dans le domaine.
- Lucie
Mais non ! Ah ouais, en France, parfois il faut payer pour rentrer dans le domaine.
- Thomas Bassetto
Parce que c'est entretenu. Alors qu'en Norvège, c'est entretenu par des... À Oslo, c'est entretenu par Skiforningen, l'association de ski. Moi, je suis membre parce qu'ils ont un très bon slogan qui est « Dessner Expo » . Donc, ils ne nechent pas des traces.
- Lucie
Oui, généralement, si tu veux avoir leur application pour voir les tracés, il faut être membre aussi. Non,
- Thomas Bassetto
l'application est gratuite. Donc, en fait, techniquement, on peut tout faire gratuitement. Mais j'estime que de devenir membre, ça permet de financer le travail qu'ils font.
- Lucie
Oui, c'est clair.
- Thomas Bassetto
Le super travail qu'ils font. et on peut Tu peux avoir du bon matériel d'occasion de ski de fond. Donc, clairement, c'est le sport.
- Lucie
Est-ce que tu avais pris aussi des cours de ski de fond ? Oui,
- Thomas Bassetto
j'avais commencé sans. Et je recommande vivement d'en faire.
- Lucie
J'allais te demander si tu recommandes.
- Thomas Bassetto
Parce que, pareil, j'ai allé un peu en mode, je sais skier, je sais faire du ski alpin. J'ai fait deux mètres avant de tomber, la première fois.
- Alban
Tu as l'impression que tu as des échasses. Je dirais, parce que tu n'as pas... Pas du tout de stabilité au tout début.
- Thomas Bassetto
Exactement, c'est vraiment différent. Et les cours aident. Au moins, un premier cours pour avoir la bonne technique, la logique, etc.
- Alban
Et d'ailleurs, je reviens sur l'équipement de seconde main. Au moment où on enregistre, on est fin avril. Et c'est la saison, il y en a deux fois par an, des Lopé Market, qui sont les marchés de seconde main organisés dans les écoles d'Oslo, et j'imagine à travers le pays. Et c'est génial pour avoir des bons équipements pas chers. Après aussi, il y a tout ce qui est jouets, habits, plein plein de choses, mais y compris les skis et certains meubles, ça peut être cool. Et l'ambiance est trop sympa. Tu as en général des petits burgers, des choses à manger et tout, donc c'est quelque chose de culturel et qui est cool pour s'équiper.
- Thomas Bassetto
J'aimerais rebondir là-dessus en parlant des culture-chocs, justement. je suis entièrement d'accord avec toi sur l'open market j'ai eu j'ai des amis français qui m'ont dit la première fois où ils étaient allés ils avaient été très déçus parce qu'eux ils s'attendaient à une brocante à la française avec parfois potentiellement des professionnels et des objets de qualité alors qu'en Norvège non les brocantes sont généralement pour financer des projets d'école ou pour financer des clubs sportifs et c'est plus bon enfant c'est très sympa, moi, je trouve. Mais effectivement, si tu vas avec les préconçus français de te retrouver dans une brocante...
- Lucie
Non, c'est plus un vide-grenier où les gens se débarrassent des choses dont ils ne veulent plus.
- Alban
Je dirais que c'est la différence entre brocante, comme tu dis, qui est plutôt quelque chose de... Maintenant, en plus que tu dis extrêmement bobo, je dirais quelque part, et les puces. Où là, c'est vraiment braderie, quoi. En tout cas, dans ma tête, c'est comme ça que je l'imagine. Je rebondis sur le fait que tu dises qu'avec ta femme, vous vous sentez très norvégien. Nous, ce n'est pas un secret, la langue, ce n'est pas complètement acquis, c'est toujours en cours, on a repris les cours et on essaie de s'y mettre, surtout avec nos filles. Vous, comment s'est fait l'apprentissage de la langue ?
- Thomas Bassetto
Ça s'est fait différemment pour nous deux. Quand on a commencé à travailler dans le milieu du réseau ferroviaire, le travail était en norvégien. Pas le choix. Pas le choix. L'entretien s'est fait, à l'époque elle n'était pas bilingue, mais suite aux compétences et son niveau de norvégien à l'époque, ils lui ont donné une chance. Et ensuite, quand tu travailles 8 heures par jour en norvégien, clairement c'est un sacré boost. Et donc maintenant elle est bilingue. Moi pour ma part, j'ai travaillé dans 3 entreprises depuis que je suis en Norvège. Et je travaille toujours qu'en anglais. C'est un domaine où on travaille beaucoup en anglais. Et assez ironiquement, en fait, en 2020, ou fin 2019-2020, quand j'ai décidé de changer de travail, j'ai cherché une entreprise dans laquelle je parlerais norvégien parce que je voulais améliorer mon norvégien et que la seule solution, quand à la maison, on parle français, c'était de parler norvégien de mon point de vue pendant toute la journée. Et ce qui s'est passé, c'est que je n'ai pas réussi. pour deux raisons, c'est que mon CV, j'ai eu pas mal d'entretiens, à l'époque, en tout cas, c'était pas un souci. Soit les entreprises trouvaient que mon Orvégien n'était pas assez bon, mais ne voulaient pas me donner une chance, et ce qui m'a un peu frustré, parce que, par exemple, j'avais été contacté à un moment, c'était eux qui étaient venus vers moi, qui avaient vu mon CV, qui avaient dit qu'ils étaient intéressés par mon profil. Et en fait, ils nous ont dit « Ah, mais en fait, certes, tes compétences matchent ce dont on a besoin. » Et l'entretien avait été en norvégien. Et ils m'ont dit « Mais en fait, il n'est pas assez bon. » Et je leur ai dit « Mais donnez-moi une chance, dans six mois, je suis parfaitement bilingue. » Et ils ont dit non. Ou alors, les entreprises disaient « On s'en fout, on ne parle qu'en anglais. » Par exemple, j'avais postulé, j'avais eu des entretiens chez Ouda. C'est la boîte de livraison dont vous avez déjà parlé d'ailleurs. Donc livraison de course. Et donc une boîte norvégien-norvégienne. Et je me souviendrai toujours de l'entretien où la personne avec vraiment très heureuse me dit on est en train de s'étendre et on est en train de changer la langue de l'entreprise pour l'anglais. Donc tu n'as pas besoin de parler norvégien. Et je dis non, c'est ce que je cherche. C'est ça, exactement. Donc j'ai fini chez DNV. Donc je suis entièrement satisfait. Mais c'est une boîte. Et norvégienne, pareil, norvégienne, norvégienne, mais qui travaille beaucoup à l'international. D&V,
- Lucie
ils font quoi exactement ?
- Thomas Bassetto
D&V, c'est une très grosse boîte qui a fêté récemment ses 160 ans. Donc, c'est une vieille boîte norvégienne qui fait beaucoup de certification, classification de bateaux. Donc, le cœur de métier, c'est le maritime, suivi par tous les systèmes d'énergie. Donc, c'est une boîte plutôt tournée vers l'industriel. C'est normal que B2B est plus que B2C. Donc, c'est normal que la majorité des gens n'en ait jamais entendu parler. Moi, je travaille plutôt dans les systèmes de paiement. Enfin, je ne suis pas dans le cœur de métier, mais voilà, cybersécurité, etc. Et la langue officielle en interne est l'anglais. Alors que c'est une des plus vieilles boîtes norvégiennes.
- Lucie
Oui. Moi, c'est pareil. Je fais partie maintenant d'une boîte norvégienne et pareil, langue officielle anglaise. Alors qu'elle est opaque, c'est très...
- Thomas Bassetto
très norvégien depuis longtemps. Du coup, pour moi, apprendre le norvégien, ça a d'abord été des cours, parce que j'estime que c'est la moindre des choses à faire quand on vit en Norvège. Ensuite, j'ai arrêté les cours quand je trouvais que les cours n'allaient pas dans la direction dans laquelle je voulais. C'est-à-dire que quand on a commencé en cours à parler de la mythologie norvégienne, en fait... C'était du vocabulaire qui, honnêtement, ne m'intéressait pas. J'aurais préféré des cours qui se concentrent plus sur comment parler à son médecin, comment parler dans un restaurant. Je n'étais pas satisfait par...
- Alban
Excuse-moi, je vais faire une pause. La bête est de retour. Ah oui ! C'est une grosse bête. Ah, mais...
- Lucie
C'est une grosse bête,
- Thomas Bassetto
ouais. Ouais, ouais. Je ne l'imaginais pas comme ça, tu vois.
- Lucie
30 kilos d'amour.
- Thomas Bassetto
Je sais pas pourquoi, j'imaginais que c'était un petit chien. Un petit chien ?
- Lucie
Ouais,
- Thomas Bassetto
je sais pas pourquoi. Donc ce qui s'est passé à un moment, c'est que j'ai pris des cours pour me préparer à l'examen de langue pour la nationalité. Donc en fait, cette fois-ci, la seule fois où j'ai repris des cours après ma déconvenue, ça a été des cours qui étaient vraiment spécifiques pour se préparer à l'examen.
- Alban
Il s'appelle comment déjà l'examen ? C'est la Noshk Preve ? Oui.
- Thomas Bassetto
il en existe un autre, le Bergen test ils ont tout mis sous le parapluie on va dire, Norsk Proven donc j'ai pris des cours qui étaient vraiment taillés pour nous apprendre à faire des exercices le vocabulaire qui est spécifique pour les exercices en gros et ensuite j'utilise le norvégien en fait avec des amis j'utilise avec le médecin mais par exemple je... pense que je peux dire honnêtement que mon niveau de norvégien a un peu baissé depuis que je suis norvégien, puisque je ne prends plus de cours et je le pratique moins. Forcément, au travail, c'est l'anglais, à la maison, c'est le français. Et quand on n'utilise pas une langue tous les jours, elle a tendance à se détériorer. Alors, j'ai prévu de le réapprendre parce que là, en ce moment, je... Je me suis mis à apprendre l'espagnol, que je sais vous parler, mais on ne va pas... Allez,
- Alban
on te teste Thomas ! Non, non,
- Thomas Bassetto
non ! Donc j'apprends l'espagnol, je réapprends l'espagnol. Mais après des grandes vacances, j'ai prévu de me remettre un minimum quand même au norvégien. Parce que je pense que c'est vraiment utile. On ne vit pas la Norvège de la même façon quand on sait parler la langue. Il y a plein de choses qui nous passent à travers si on ne la maîtrise pas du tout. Ne serait-ce que ce qui se passe dans l'actualité, qui parfois peut être intéressant à suivre, y compris pour les étrangers, mais aussi, ça nous ferme à plein d'opportunités d'amitié, on va dire, avec les collègues. Mais aussi, j'ai rencontré des gens qui, c'est pas pour vous mettre la pression, mais qui...
- Lucie
On l'a déjà, t'inquiète.
- Thomas Bassetto
Mais en fait, qui n'en avaient pas besoin, et au bout de 7 ans, en Norvège, perdent leur emploi. et là ils se rendent compte qu'en fait ils ne... ne trouvent pas de nouvel emploi, sans parler le norvégien, parce que je pense que le marché est plus strict maintenant, et c'est un moyen de décrémer par les entreprises, de vérifier si les gens parlent norvégien. Là, récemment, nous avons mis une offre dans mon entreprise, où le norvégien n'est pas nécessaire, pour embaucher quelqu'un dans les ressources humaines. On a reçu 400 CV. Il faut faire un choix rapide parce qu'il faut trouver des critères pour ces 400 personnes. Alors, je ne fais pas partie du processus de recrutement, mais d'après ce que je comprends, une personne qui habite déjà en Norvège et qui parle norvégien est plus haut dans la file. Ça ne veut pas forcément dire qu'une personne qui ne parle pas norvégien ou une personne qui n'est pas encore en Norvège ne pourra pas être choisie, ça dépend des critères, mais quand il faut... classer ces 400 CV, forcément, une personne qui est là et qui a fait le choix de l'intégration est placée plus haut dans la file.
- Lucie
Non, mais c'est très vrai ce que tu dis et je pense que nous, on le ressent. C'est possible de vivre sans le norvégien, du moins tant que ton job te le permet. Mais comme tu dis, je pense que ça te limite sur certaines amitiés, sur plein de choses de la culture.
- Alban
Et puis nous, maintenant, on l'a beaucoup ressenti. Avant, disons qu'on faisait l'impasse quelque part, on avait fait ce choix de faire l'impasse, surtout comme tu l'as entendu après l'espagnol et l'Amérique latine. Mais maintenant, on en a envie. C'est plus que... Un peu dur de parfois prioriser ça sur d'autres choses, mais c'est intéressant d'entendre les parcours différents.
- Lucie
C'est dur de le parler au quotidien. Quand la journée, tu la passes au travail et que tu parles en anglais, et que le soir, tu rentres, tu parles en français, c'est dur de le pratiquer. Est-ce que toi, quand tu vas dans un café, faire tes courses et tout, là, tu essaies toujours de parler en norvégien ?
- Thomas Bassetto
Toujours. Clairement, toujours. Et même pour le médecin, je le bosse un peu. Je sais ce que je vais lui dire et je le bosse en norvégien. Le restaurant, je n'ai aucun problème. Il y a plein d'endroits où j'ai suffisamment l'habitude. Je sais très bien quelle va être la discussion. Et le médecin, je le travaille en avant en Norvégien. Mais c'est aussi parce que je me suis peut-être pris quelques remarques d'amis. Par exemple, des amis norvégiens avec qui on parlait anglais. Et qui, au bout de moments, m'ont dit, bon, au bout de quelques années, on se passe parler en norvégien. Et c'est ce qui est tout à fait compréhensible. Oui,
- Lucie
bien sûr.
- Thomas Bassetto
On est en Norvège. Pour eux, c'est aussi un effort de parler anglais. Même s'ils le maîtrisent, ça ne va pas forcément dire... qu'ils ont envie de parler anglais tout le temps. Et le médecin me l'a dit une fois. En fait, c'est vrai qu'au tout début, en venant de l'étranger, je ne parlais pas du tout norvégien. Donc je lui ai demandé si on pouvait parler anglais. Et forcément, sans trop de surprise, le médecin norvégien parlait très bien anglais. Donc on parlait anglais. Et un jour, il m'a dit une petite remarque du genre « Ouais, bon, ok, je peux parler anglais. » Mais son sous-entendu, c'était quand même « bon » . tu pourrais au moins faire l'effort de parler norvégien.
- Alban
Je pense que c'est un peu les réactions qu'on se prend. Déjà, à mon niveau, j'y suis plus sensible, parce que moi-même, plus les années passent, plus j'ai... Quelque part, je rigole en disant que j'ai honte de dire depuis combien de temps on est là. Parce que, voilà, une fois de plus, en Amérique latine, pas le choix, on bossait avec tous les accents différents. En six mois, boum, c'était plié, on parlait couramment. On avait aussi un meilleur bagage...
- Lucie
Oui, on a fait quand même beaucoup d'années à l'école.
- Alban
Avant ça, mais bon. Mais du coup, je comprends complètement quand tu dis ces petites remarques qui peuvent avoir un poids un peu plus important au fil des années, parce qu'aussi on se remet en question...
- Thomas Bassetto
Bon, après, il faut reconnaître qu'il y a une difficulté, c'est que... Il y a deux choses que je voudrais dire, c'est que, comme ça a déjà été évoqué, il y a beaucoup de dialectes, et il y a aussi le petit problème de mon point de vue, c'est que les Norvégiens comprennent les Suédois, mais moi, en ayant appris le norvégien, j'ai vraiment du mal avec les Suédois, et donc tu peux te retrouver au travail... Alors... Il y a certaines réunions au travail, chez DNV, s'il n'y a que des Norvégiens dans la salle, ça va quand même parler norvégien. Donc j'y suis un minimum exposé de temps en temps au travail. Le seul problème, c'est qu'on fait déjà... Je ne cherche pas d'excuses, mais qu'on fait déjà l'effort d'apprendre une langue, mais que tu vas te retrouver avec des collègues qui ont un dialecte qui peut être considéré comme une deuxième langue presque. Ou des Suédois qui continuent à parler suédois. Et là, je fais mon norvégien, du genre, on est en Norvège, on va parler norvégien, pas suédois. Parce que pour moi, j'ai du mal à les comprendre. Et je suis là, j'ai fait l'effort de prendre le norvégien, et j'ai du mal à le comprendre. Et donc, il y a quand même cette difficulté en Norvège de tous les dialectes. C'est-à-dire qu'il y a 5,5 millions de personnes, mais le bookmall qui est appris ici, à Oslo, est parlé par moins de gens encore que ça. Donc, le retour sur investissement, ce n'est pas le même que l'espagnol. Vraiment pas. Mais en contrepartie aussi, par contre, une chose qui me fatigue, mais d'une force. C'est les Français qui prononcent mal des mots norvégiens où il n'y a aucune difficulté.
- Lucie
Ça pourrait être moi, je pense.
- Thomas Bassetto
Ça peut-être été toi dans un épisode précédent. Ah,
- Lucie
d'accord ! En fait, c'était déjà disé !
- Thomas Bassetto
Pas du tout !
- Alban
Vas-y ! Ah, non, d'accord.
- Lucie
Dis-moi A, d'accord, ok. Ah si,
- Thomas Bassetto
mais je peux te dire... Ah oui, dis-moi A. À moins, t'as dit « bouc-mal » .
- Alban
Ah oui.
- Thomas Bassetto
Bouc-mal. Le A avec un rond, pour les Français, n'a aucune difficulté. Et aussi le « au barré » qui se prononce « e » . et qui est difficile pour plein de langues. Il n'est pas pour les Français. On a cheveux, on a pneus, on a les oeufs.
- Alban
Il faut le voir comme ça, oui.
- Thomas Bassetto
Et donc, quand j'ai des Français qui sont là depuis des années et qui me disent « je vais à Tromso » ou « je vais à Bodo » , tu sens que l'effort...
- Lucie
C'est vrai.
- Thomas Bassetto
Il y est pas, quoi.
- Lucie
Moi, je dis pas à Tromso, quand même.
- Alban
Non, mais parce que j'adore parce que Thomas, j'ai l'impression qu'il a un nichement entre nous deux. Moi, je suis un peu le scolaire qui aime bien essayer de prononcer très bien les choses.
- Lucie
Non,
- Alban
c'est vrai. Et toi, tu es l'élève qui va plus oser, même si elle prononce mal.
- Lucie
Ouais, ouais, ouais. Toi, tu vas faire ta phrase bien dans ta tête avant de la dire pour être sûr de bien dire les choses correctement.
- Alban
Si t'as pas à le dire tout court, c'est ça le problème.
- Lucie
Si t'as pas à le dire tout court. Et moi... J'y vais. Et je vois s'ils me comprennent. Et s'ils me comprennent, je cherche pas plus loin.
- Thomas Bassetto
Non mais... Il faut clairement une balance. Je prononce clairement pas... Enfin, j'ai un accent quand je parle français. Déjà, je parle avec un handicap. J'ai un accent quand je parle anglais et j'ai un accent quand je parle norvégien. Je prononce pas correctement.
- Lucie
Non mais t'as raison.
- Thomas Bassetto
Le haut barré, pour moi, c'est vraiment le petit truc où il y a aucune difficulté pour les français.
- Alban
C'est clair. Mais attends, mais tu donnes un bon tips parce que je suis sûr qu'il y a plein de personnes juste mentalement devoir se haut barrer. Ça bloque alors que tu dis, c'est comme si tu mettais cheveux. Voilà, c'est deux haut barrés après le cheveux, après le V. Et là, tu as donné un bon tips pour savoir parler norvégien, en tout cas prononcer.
- Lucie
Et on parlait de la langue du coup avec les amitiés. Comment s'est passé votre intégration ? Est-ce que vous êtes fait des amis norvégiens malgré la langue ? Comment vous vous êtes fait des amis norvégiens d'ailleurs ?
- Alban
Et des amis tout court. Et des amis tout court, oui c'est vrai.
- Thomas Bassetto
C'est une très bonne question.
- Lucie
Est-ce que vous avez plus d'amis norvégiens ? Est-ce que plus d'amis étrangers ? Est-ce que c'est une bonne balance ?
- Thomas Bassetto
J'ai plus d'amis étrangers, clairement. Et ma femme a peut-être plus d'amis norvégiens. Parce que c'est une différence, je trouve, en Norvège. Il y a un peu cette séparation où tu ne mélanges pas trop les amis. Je ne sais pas du tout... J'ai l'impression que c'est un fait. Après, je ne sais pas si c'est votre expérience. il y a le concept en norvège de guttutur ientutur par exemple que les hommes gutter, donc un tour entre les amis masculin, donc c'est que les gars qui vont faire un tour, enfin ça peut être des vacances, ça peut être une randonnée ou que les filles aient d'un côté, et aussi tu mélanges pas les cercles, les amis du travail sont les amis du travail, donc par exemple ma femme dans les divers jobs qu'elle a eu, elle s'est fait de nombreux amis que je n'ai quasiment jamais rencontrés, et moi je suis un peu resté français de ce côté là, c'est à dire que j'invite souvent mes collègues amis à la maison. Bien sûr, ma femme est là, donc elle les a rencontrés. Mais il y a vraiment cette séparation quand même. C'est pour ça qu'elle a plus d'amis norvégiens. Moi, je me suis fait des amis norvégiens au travail, mais parfois, ça s'est perdu aussi. Ceux de mon premier travail, il y a 12 ans, j'ai quasiment plus aucun contact avec eux, mais ça, ça n'a rien à voir avec la Norvège, j'ai envie de dire. C'est juste les amitiés, parfois, elles se créent, elles disparaissent. Bon, les allées et les lois de la vie. Et mes amis norvégiens, en fait, tous, dans une certaine mesure, ont un petit côté ouvert à l'international. Soit ils ont étudié à l'international, soit ils ont plusieurs amis étrangers. Ça n'empêche pas qu'on se parle en norvégien maintenant. En tout cas, je fais l'effort. Alors, l'un d'entre eux m'a dit « Ah, ton norvégien, c'est quand même dégradé. » Donc, en fait, c'est là où je suis un peu...
- Alban
Le médecin, le copain,
- Thomas Bassetto
boum boum boum. C'est un peu ça.
- Lucie
Mais c'est trop drôle, je voudrais revenir sur le... Gute et Ture et Yann Tature. Parce que moi, j'avais bien sûr remarqué ça, que même quand on est en train de boire des verres, je vois souvent que c'est des garçons entre eux qui boivent des verres, des filles entre eux. Je me disais, on dirait un peu des lycéens. Enfin, à nos âges, on se mélange, quoi. Et je ne savais même pas qu'il y avait ces mots pour ça. Donc, en fait, c'est communément admis qu'on se fait des trucs entre... potes-mecs.
- Thomas Bassetto
Exactement. Il y a ça et il y a vraiment ce côté où tu ne mélanges pas les amis d'enfance. J'ai des amis norvégiens qui m'ont expliqué. Ils ont leurs amis du lycée et parfois, ils ne se voient qu'entre amis du lycée. Ce n'est pas forcément que des hommes et des femmes. Je veux dire, c'est mélangé.
- Lucie
Mais c'est le lycée.
- Thomas Bassetto
Mais voilà. Et le plus homme, le partenaire, n'est pas invité. C'est ça. Moi,
- Lucie
je n'aimerais pas.
- Thomas Bassetto
C'est vrai que c'est encore peut-être un peu parfois choquant. Ça m'arrive de casser les codes et d'inviter plein de gens qui ne se connaissent pas pour faire un espèce de potluck où chacun apporte quelque chose à manger, etc. Je suis en train de dire ça, mais en même temps, je me rends compte que quand même, les gens qui viennent ne sont pas norvégiens. Est-ce que vraiment, justement, ça marche ?
- Lucie
Est-ce que tu les sers vraiment de leur zone de confort ?
- Thomas Bassetto
Ouais. Non, ça c'est... La gestion de l'amitié est assez différente.
- Alban
Et côté communauté française, est-ce que vous êtes, dès vos débuts, intégrés, faites des amis français ? Quelle était un peu votre position par rapport à ça ? Il y a parfois des gens qui vont nous dire, moi je voulais pas du tout de français, d'autres ça vient naturellement. Vous c'était comment ?
- Thomas Bassetto
Au début, je pense que comme beaucoup de gens, j'ai évité la communauté française. On vient pas à Norvège pour être au Clomède, vous restez qu'entre français. Peut-être certaines personnes, oui. Après, je ne juge pas. Chacun fait ce qu'il veut et ce qu'il y a de mieux pour eux. Donc au début, j'ai essayé d'éviter. Mais je pense qu'au bout de deux ans, j'ai comme beaucoup de monde... J'ai eu ce passage où quand même ça me manquait de partager la culture française. Non pas qu'elle me manquait totalement, mais il y a tellement une grosse différence entre les deux cultures, entre tout ce qu'on a dit, que ça manquait un peu. Donc c'est peut-être à ce moment-là où j'ai rejoint le groupe Facebook des Français à Oslo. C'est où j'ai essayé de retrouver... Je suis allé à des soirées ou des événements entre Français. Mais là, encore une fois, la communauté française, en vrai, elle est très différente, elle est très hétérogène. Oui, il y a de tout. Exactement, il y a vraiment de tout. Donc en fait, il y a aussi beaucoup de gens, je vois, qui restent fermés dans leur préjugé ou alors sur les clichés de la première personne qu'ils rencontrent, alors qu'en fait, non, elle est vraiment, vraiment très hétérogène. Les gens sont venus là pour des raisons différentes. Les gens ont des passés complètement différents. En fait, c'est un peu comme avec les Norvégiens, on peut persister pour rencontrer plus de gens et plus on rencontre de gens, plus on a de chances de trouver quelqu'un avec qui on s'entend bien.
- Alban
Et c'est rigolo parce que ça a été totalement notre démarche mais inattendue via le podcast. Parce qu'on a commencé à principalement contacter des gens de notre cercle direct. Déjà, lors des interviews, on en apprend en général énormément sur des parties de leur vie qu'on connaissait même pas. Et après, on a aussi eu accès à... d'autres personnes dont tu fais partie. Alors toi, c'est un cas particulier parce que, comme Laure et Lou, par exemple, on avait vu, enfin, tu crées une espèce de relation avec ce qu'on peut voir en ligne via des groupes ou via des blogs. Et de vous rencontrer, c'est ouf. Et ça, je trouve que ça a redynamisé complètement notre vie en Norvège. Et peut-être au bout de sept ans, l'envie de retisser un peu des liens aussi avec la communauté française, mais sans se dire C'est contre la Norvège ou c'est pour la France. On a juste trouvé ça hyper enrichissant.
- Lucie
Oui, et je suis d'accord avec toi sur le fait... Je me rappelle quand on est arrivé, on est allé à un de ces apéros de français. Et les seules personnes à qui on a parlé, on n'a pas connecté. On n'a pas connecté. Et du coup, on a arrêté complètement en se disant non, mais en fait, on ne va pas trouver notre bonheur là-bas. Et puis finalement, en 2020, je ne sais pas si tu te rappelles, c'était peut-être pendant le Covid. On y est retournés et là, pour le coup, on a rencontré des gens avec qui ça a matché.
- Alban
C'est trop drôle parce que je ne me rappelle que du fiasco.
- Lucie
Ben non, Melody, Malik.
- Alban
Ah mais oui ! Complètement différent.
- Lucie
Donc, tu as raison, il faut persister.
- Thomas Bassetto
Il faut persister. Et j'ai une anecdote qui m'a marqué récemment. L'année dernière, ces dernières années, j'ai organisé un pique-nique du 14 juillet à Frogdenpracken pour les gens qui... Parce que l'ambassade fait aussi son invitation, mais c'est en journée, ça peut être en semaine. Donc moi, j'essaie de le faire en week-end ou le soir pour que les gens se rendent compte. Et je me souviens très bien d'avoir vu une personne arriver que je ne connaissais pas. J'essaie de dire bonjour à tout le monde, mais j'étais occupé. Et le temps que je me retourne pour aller lui parler, lui souhaiter bienvenue, cette personne était déjà partie. Donc je suis allé voir une amie avec qui je les ai vus discuter, je lui ai dit mais qu'est-ce qui s'est passé ? Enfin, est-ce que tu sais où est partie cette personne ? Et elle me dit, elle est partie parce qu'elle a dit que c'était pas pour elle, puisque de toute façon c'est que des expats et que des gens avec enfants, et moi, c'est pas pour moi. Et ça m'avait vraiment marqué parce qu'expat ici c'était vraiment dans le terme... J'ai pas envie de dire péjorative, mais c'était utilisé de manière un peu péjorative entre les gens qui sont là, envoyés par des entreprises françaises, qui tout feraient payer, etc. Et l'ironie, c'est que les gens qui sont encore là au 14 juillet, en général, qui sont quand même les grandes vacances norvégiennes, les trois semaines de vacances, en général, sont plutôt les gens qui ne sont pas les expats. Eux, ils sont déjà rentrés en France, donc c'était déjà tout l'inverse sur les gens qui étaient présents. Et puis il y avait un grand groupe de trentenaires qui, en l'occurrence, étaient sans enfants, parce que bien sûr, c'est une super occasion, c'est pique-nique pour venir en famille, etc. Mais cette personne avait vraiment resté sur ses préjugés.
- Alban
Oui, en fait, oui.
- Thomas Bassetto
C'est pas du tout intégré, alors que c'était littéralement l'inverse de ce qu'elle pensait. Et ça, je pense que je le vois souvent à travers des discussions, où je recommande de ne pas rester sur la première expérience, ni sur ses préjugés. et à la fois avec les français et avec les norvégiens c'est vrai,
- Alban
c'est un bon conseil et ce qui est intéressant c'est qu'avec le temps il y a des préjugés un peu comme tu dis sur les débuts en Norvège, hop peut-être pas trop la communauté française ou alors ceux qui ont besoin de se réconfort directement parce que c'est pas forcément facile de s'intégrer et puis ça va évoluer avec le temps et puis ça va revenir nous il y a des... côté de la société norvégienne qu'on ne soupçonnait même pas à la base, qu'on adore maintenant, d'autres qui sont plus difficiles à vivre, et puis après ça passe. Donc il y a tout un processus de parfois de relations vis-à-vis de la France, vis-à-vis de la Norvège, mais il faut être prêt à essayer de toujours rester ouvert d'esprit au maximum. Même s'il faut aussi reconnaître que ce n'est pas facile dans un sens ou dans l'autre. La propre relation qu'on peut avoir avec la France ou la Norvège, il peut y avoir des hauts débats et il ne faut pas s'en vouloir pour ça non plus. Mais rester ouvert à ce qui peut arriver de bien dans les deux sens, je dirais, à chaque fois.
- Lucie
Donc tu disais qu'au départ, tu ne t'étais pas forcément direct mis dans ce groupe de Français à Oslo. Comment tu t'es impliqué de plus en plus dans cette communauté ?