- Lucie
Salut c'est Lucie,
- Alban
salut c'est Alban,
- Lucie
trentenaire et parent de deux petites filles,
- Alban
bienvenue dans Sous les Aurores,
- Lucie
le premier podcast réalisé par un couple de français en Norvège.
- Alban
Sous les Aurores, c'est le podcast haut en couleurs qui vous emmène vivre toutes les nuances de l'expatriation et de l'immigration en Norvège et bien au-delà.
- Lucie
Que vous soyez déjà expatrié, immigré, que vous rêviez de le devenir ou que vous soyez simplement curieux de découvrir d'autres façons de vivre, ce podcast est fait pour vous.
- Alban
Alors, mettez-vous à l'aise, servez-vous une bonne tasse de thé ou un verre de vin. et rejoignez-nous sous les aurores. Au menu, discussion sincère,
- Lucie
moment de rire et d'émotion,
- Alban
et surtout, beaucoup de belles découvertes.
- Lucie
Alors, bienvenue chez nous sur un nouvel épisode de Sous les aurores.
- Alban
Bonjour à tous et bienvenue dans un nouvel épisode de Sous les aurores. Aujourd'hui, nous recevons deux invités en couple dans la vie. Ce qui va nous permettre de faire plein de parallèles sur la culture française et la culture norvégienne, mais je ne vous en dis pas plus.
- Lucie
Et d'abord, on va commencer par une petite présentation de chacun. Si tu veux bien avec toi, Mélanie, est-ce que tu peux nous dire comment tu t'appelles, depuis combien de temps vis-tu en Norvège, dans quel domaine travailles-tu, et si tu as un petit culture-choc à nous partager quand tu es arrivée en Norvège, qui t'a fait sourire ou qui te fait toujours sourire au quotidien.
- Alban
Ou avec la France.
- Mélanie
Mon prénom, c'est Mélanie. Je suis arrivée en Norvège il y a deux ans et demi, à peu près. On a emménagé il y a deux ans et demi. La profession, elle a changé. En Norvège, je suis prof de français au collège. Pour ce qui est du choc, on en a plein. On parlait de faire la bise quand on rentre en France. Maintenant, c'est quelque chose que je n'arrive plus à faire. Disons que c'est plutôt l'inverse.
- Lucie
C'est vrai. Ici, pas de bise.
- Alban
Un grand classique. Mais ça fait gagner beaucoup de temps, ce qui est déjà pas mal.
- Lucie
c'est pas mal ça et toi Thomas alors même question comment tu t'appelles ?
- Thomas Malmonte
moi je m'appelle Thomas Malmonte je suis arrivé en Norvège étonnamment en même temps que Mélanie je suis producteur de dessins animés et moi le choc culturel c'est le fromage en tube je pense celui-là un classique aussi mais est-ce que tu l'as adopté ?
- Alban
bah oui j'adore on a plein de petits invités qui nous partagent un peu leur guilty pleasure ... Et souvent, le fromage en tube, au final, on le critique, mais on l'aime.
- Thomas Malmonte
Et qui provoque beaucoup de jugement de la part des Français quand on revient après. On mange ça et on n'est plus vraiment français après ça, je crois.
- Alban
C'est vrai, on bascule.
- Lucie
Première question qui nous semble évidente, c'est comment vous êtes-vous rencontrés ?
- Mélanie
Comment on s'est rencontrés ? C'était en France, en 2011. Et c'était dans le cadre du travail. Moi, je travaillais pour un film norvégien. Moi, j'habitais à Paris et toi, tu habitais à Nancy. Et on s'est rencontrés sur un festival de cinéma, de film.
- Thomas Malmonte
Gérard May.
- Mélanie
Oui, le festival de Gérard May.
- Thomas Malmonte
Le festival du film fantastique.
- Mélanie
Et moi, je m'occupais de la communication sur un film norvégien de troll. pour faire original c'est même pas une blague chasseur de trolls et t'as trouvé un troll du coup et j'ai trouvé le mien et toi tu travaillais sur un film aussi de chasseurs oui
- Thomas Malmonte
un autre film de chasseurs, moi c'était Troll Hunter et moi c'était The Hunters c'est un film que j'ai produit en 2009 et qui a fait la clôture du festival de Gérard May en 2011 Et j'étais avec l'équipe là-bas.
- Alban
Et pour revenir un peu sur ton historique, ton vécu à toi, Mélanie, il me semble que quand j'ai rencontré, d'ailleurs je vais ouvrir vite fait la parenthèse, comment on s'est rencontré avec Thomas, Lucien et moi on s'est rendu pour la première fois récemment à un événement de l'Institut français de Norvège, où on a eu trois présentations de jobs très différents, dont le tien Thomas, c'est comme ça qu'on t'a rencontré, et ton profil nous a intéressés, parce que c'est un métier qu'on ne connaît pas du tout. Et tu as aussi parlé, tu as fait des petits parallèles avec ta vie personnelle. Et il me semble que Mélanie, malgré un français parfait, est norvégienne.
- Mélanie
Oui.
- Alban
Est-ce que tu peux nous en raconter plus sur ton histoire ?
- Mélanie
Moi, je suis franco-norvégienne.
- Alban
Franco-norvégienne, ok.
- Mélanie
Parce que mon papa est norvégien, vit en Norvège, et ma maman est française et vit en France. Et donc, du coup, moi, j'ai grandi en France. Et j'ai passé seulement mes vacances d'été et de Noël en Norvège. Donc non, je suis franco-norvégienne, mais j'ai une langue maternelle qui est le français.
- Lucie
D'accord.
- Mélanie
J'ai grandi en France.
- Lucie
Au final, quand vous avez déménagé ici, c'était la première fois pour toi que tu vivais en Norvège ?
- Mélanie
Que je vivais ? Oui, que je m'installais.
- Lucie
Que tu t'installais, d'accord.
- Mélanie
Parce que j'avais déjà vécu en Norvège vers quand j'avais 20 ans. Je suis venue passer... Six mois, entre deux années d'études en fait. Puis j'ai eu toute ma famille paternelle et mon papa en Norvège. C'est pour ça que les chocs culturels, j'ai eu un petit peu de mal à répondre parce que pour moi, ce n'est pas encore trop des chocs. J'ai mes habitudes depuis toute petite. Oui, je connaissais déjà le brunost.
- Alban
Notamment.
- Lucie
Qui est un fromage sucré norvégien.
- Mélanie
Voilà.
- Alban
Et du coup, est ce que dans votre rencontre, il y a eu toi, peut être Thomas, une franco norvégienne ? Est ce que tu t'es posé des questions un peu au début ? Est ce que tu as trouvé des comportements ? Peut être par l'alimentation ? Je ne sais pas.
- Thomas Malmonte
Je t'ai présenté dans le frigo déjà. Qu'est ce qui se passe ? Déjà, un truc qui s'appelle le caviar qui est en tube et qui est en fait des œufs de poisson fumés.
- Alban
Parce que ça, du coup, tu l'as, tu en avais en France, par exemple.
- Mélanie
Oui, moi, je venais très régulièrement en Norvège. Oui, oui. Donc, voir mon papa et des amis. Donc, je revenais à chaque fois avec tous mes petits favoris. J'adore.
- Lucie
Dont le caviar.
- Mélanie
Dont le caviar, les fromages en tube, le petit brenouste, les sachets pour faire des gaufres et le mexicansque.
- Thomas Malmonte
Je crois qu'il va y avoir beaucoup de sujets autour de la bouffe.
- Mélanie
En fait, on est français. Quand même. Quand même, ça revient souvent.
- Thomas Malmonte
Non, quand on s'est rencontrés, ben... Il n'y a pas eu de choc culturel entre nous ?
- Mélanie
Non, pas du tout. J'avais toujours vécu en France. Ce qui était rigolo, c'est qu'on s'est rencontrés dans le cadre du festival sur lequel je m'occupais d'un film norvégien. Donc, j'étais avec des Norvégiens. Et toi, tu rencontrais aussi des Norvégiens par ce biais-là. Adonstein,
- Thomas Malmonte
qui est resté une très bonne amie, et qui est la marraine de Karl, un de nos enfants.
- Lucie
Ah oui ! Et du coup, qu'est-ce qui vous a amené en Norvège ? Qu'est-ce qui s'est passé dans vos années ?
- Thomas Malmonte
Ah bah vas-y.
- Mélanie
Ah bah non, c'est tout.
- Alban
Oh punaise, attention. Bon, c'était très clair. Bah voilà, le premier chat culturel,
- Thomas Malmonte
ça va être aujourd'hui.
- Mélanie
Non, non, pour moi c'était très clair. Quand on a eu notre premier enfant, en fait, ça s'est fait... Il y avait plus rien qui allait, quoi. On était à Paris. C'était pas du tout compatible avec... Enfin, en tout cas, dans notre... Dans la vie comme on l'imaginait avec des enfants, je sais qu'il y en a d'autres à qui ça plaît très bien, mais moi, et puis toi, j'imagine... On en a parlé beaucoup quand même à ce moment-là.
- Thomas Malmonte
Toi, t'as eu ta grossesse pendant le confinement du Covid. Donc, déjà, comme entrée en matière, pour le petit, c'était spécial. Et puis...
- Mélanie
C'était une période hyper stressante. On était enfermés, puis on a un tout petit qui est arrivé dans des conditions hyper angoissantes.
- Alban
Donc l'aîné est né en France.
- Mélanie
Et c'est juste après l'avoir eu qu'on est partis, en fait.
- Lucie
Là, vous vous êtes dit... En plus, toi, j'imagine que tu as été bercée. Tu savais en Norvège tous les avantages par rapport à la famille.
- Mélanie
En fait, moi, il y avait... Je te le disais souvent. Quand j'imaginais mes enfants grandir, en tout cas quand ils étaient tout petits, je les imaginais courir dans la cour, dans la forêt.
- Lucie
Vous aviez discuté avant sur le fait que vous partirez en Norvège ? Non, pas du tout.
- Thomas Malmonte
En fait, ce qui s'est passé, c'est qu'on a fait en 2021, on a pris, moi j'ai pris trois semaines de congé en octobre.
- Mélanie
On a pris un petit mois.
- Thomas Malmonte
Et on voulait présenter Karl à la famille de Mélanie en Norvège. Il faut savoir que Mélanie, son papa, il a 11 frères et sœurs. Donc, quand je dis la famille de Mélanie en Norvège, c'est-à-dire que c'est toute la Norvège. Les trois semaines, on les a vraiment passées dans toute la Norvège.
- Alban
C'est vrai, tu en avais parlé un peu,
- Thomas Malmonte
ça revient maintenant. On est allé voir notre copine Stine dans le sud, à Grimstad. On a fait Bergen, on a vraiment fait un très grand tour. Et on était avec Karl, du coup, qui avait...
- Mélanie
Neuf mois.
- Thomas Malmonte
Neuf mois. Et là, en fait, moi, j'ai vu, moi, je n'ai pas tout de suite compris, mais j'ai vu chez Mélanie qu'il se passait quelque chose. Je me suis dit, je sens qu'il va se passer un truc. Et en fait, oui, on est revenu. Mais même moi, je dois avouer que c'était une période où moi, je bossais beaucoup, beaucoup. Il y avait plein de trucs qui se sont passés au niveau du boulot. Et du coup, je travaillais énormément. J'étais sur plein de fronts à la fois. Le petit, honnêtement, je ne le voyais pas. J'avais presque une heure de trajet tous les jours, aller et retour pour aller au travail. Et donc, le petit, j'arrivais souvent, il était couché.
- Alban
Et est-ce que ça, j'ai une question qui me vient à l'esprit, est-ce que comparé peut-être à des collègues que tu avais, c'était assez similaire ou est-ce que tu t'es senti un peu exclu ? Qu'est-ce qu'à l'image ça te renvoyait un peu peut-être de vivre ça ?
- Thomas Malmonte
Tu veux dire de bosser beaucoup ?
- Alban
Oui, et de partir. Peut-être que ton fils était à peine levé, et de rentrer, il était couché.
- Thomas Malmonte
Non, parce que dans mon métier, c'est quand même un peu un truc acquis. C'est-à-dire que tu... Tu sais, c'est les métiers passion. Là, je fais des guillemets. Mais du coup, non, c'est assez courant. Les gens bossent beaucoup. Et l'équilibre vie perso, vie pro, et... C'est pas un équilibre.
- Alban
Oui, justement. Le choix est fait, on va dire.
- Thomas Malmonte
Et donc, du coup, non, c'est plutôt admis et que c'est comme ça. Et en fait, oui, tu vois tes enfants le week-end et puis voilà, quoi. Et donc, du coup, quand on a fait ce grand trip en Norvège, j'ai quand même vu que c'était super sympa d'être avec un petit en Norvège, en fait. Un petit de 9 mois, tout était facile. En France, si t'as pas la yo-yo qui fait 30 centimètres de large... Enfin, à Paris, à Paris, pas en France, à Paris. c'est hyper difficile de se déplacer, tu prends le métro, tu as 50 escaliers, c'est vraiment pas super sympa. Paris, c'était super tranquille.
- Lucie
On se demande, quand je reviens à Paris, je me dis comment font les gens au quotidien ? J'étais là, je vais faire quelque chose. À le bon travail, la dernière fois qu'on était à Paris, j'étais là, je pars avec les filles, je ne peux pas prendre le métro, je vais prendre le bus, j'arrive, le bus est blindé, donc je ne peux pas monter, on va aller à pied.
- Thomas Malmonte
Et alors qu'ici, justement, en étant là trois semaines, tout était facile. Tout était facile. Le train, l'avion, les transports, les restos, tout était super simple.
- Mélanie
En fait, moi, j'ai eu une grosse déprime quand mon petit était arrivé et qu'on vivait à Paris. Entre le climat angoissant du Covid et l'absence de proches, en fait, déjà à ce moment-là, parce que personne ne pouvait voyager et venir.
- Lucie
Oui, bien sûr.
- Mélanie
se déplacer facilement. Toi, tu travaillais énormément, j'étais toute seule et je ne pouvais pas aller me balader facilement. Parce que, comme tu dis, je voulais prendre un bus à chaque fois. Soit il était bondé de monde, soit j'essayais de monter mais je me faisais bousculer dans tous les sens avec mon bébé. Donc j'étais stressée. Tu ne peux pas aller t'installer à une terrasse ou à un restaurant parce qu'il n'y a jamais un siège bébé ou tu gènes avec ta poussette. Donc, tu ne te sens pas du tout bienvenue où que tu ailles. Puis de toute façon, ne serait-ce que pour y accéder et y aller, c'est déjà une mission. Donc, en fait, je déprimais. Vraiment, la ville que j'aimais tant devenait mon cauchemar.
- Alban
D'accord. Donc, tu avais vraiment eu ce changement parce qu'avant, vous étiez pro-Paris, vous aimez beaucoup la vie à Paris ?
- Thomas Malmonte
Tant qu'on bossait et qu'on était en couple, le moment qu'on sortait, c'était super.
- Mélanie
C'était génial. En fait, entre nous, avant d'avoir des enfants, Paris, c'était la ville merveilleuse. On faisait cinéma, restaurant, sortie, voir les amis facilement, se déplacer facilement, travailler sans se poser de questions sur les horaires, etc. Tout était chouette. Et puis, dès qu'il y a eu un enfant, Paris s'est transformée en cauchemar. Et c'était dommage, en fait, parce que du coup, ça gâchait l'expérience aussi bien de la ville qu'on aimait beaucoup et de la maternité en tant que parent. Et même pour trouver, ne serait-ce que pour trouver une garde, impossible. Tous ces éléments-là ont fait que quand on a fait notre voyage en Norvège, il y a eu...
- Lucie
Des étoiles dans les yeux. Et du coup, c'est au retour de ce voyage que...
- Thomas Malmonte
Toi, t'as eu des étoiles dans les yeux. Moi, je ne les ai pas eues tout de suite. Moi je me suis dit c'est vraiment sympa. Oui mais... On va revenir. On va revenir en vacances.
- Alban
Thomas, si elle a des étoiles dans les yeux, tu auras les étoiles tout de suite. Voilà.
- Thomas Malmonte
Et quand on est revenu à Paris, je me suis dit en fait ça va peut-être pas être que ça.
- Mélanie
Non, tu me l'as déjà dit dans l'avion. Tu me l'as dit je crois dans l'avion ou dans un des trains. Tu m'as dit, on va revenir là. C'est ça qui se passe. C'est ça ce voyage en fait.
- Alban
quels étaient tous les éléments que tu avais remarqués qui t'amenaient à penser que ça y est Mélanie elle était prête à s'installer en Norvège ?
- Thomas Malmonte
Déjà c'est ce que je disais tout à l'heure très objectivement c'était beaucoup plus facile d'être avec un petit ici c'était pas difficile à observer et après j'ai vu surtout pour Mélanie en tant que maman, culturellement pour elle c'est déjà super de vivre avec ses enfants et de les faire grandir en Norvège qui est quand même la moitié de sa culture et que Je ne sais pas, il y a eu un vrai truc où j'ai visualisé, enfin on a visualisé ensemble que ça allait être quelque chose d'harmonieux en fait. On allait retrouver un truc harmonieux pour la famille, pour être tous ensemble.
- Alban
Ça a été un peu une parenthèse, il y avait un peu le Paris qui tournait au vinaigre, et vous vous êtes un peu retrouvé de l'espoir via ce voyage, c'était un peu comme ça vous diriez ?
- Mélanie
C'est le genre de voyage où on n'a pas envie de rentrer.
- Alban
D'accord.
- Mélanie
Vraiment, vraiment pas envie de rentrer. Alors que toujours, on était super content de rentrer à Paris dans nos voyages, même si c'était chouette de voyager. On avait toujours ce côté avant ça. On était toujours content de retrouver Paris, les copains, notre appart, notre petit chez-nous. Tout, c'était chouette. Alors que là, revenir... C'était vraiment très, très dur. Je ne voulais vraiment pas partir. Ça y est, j'ai trouvé ce qu'il me faut. Je voulais rester. J'avais physiquement un appel très fort. Il fallait que je reste. Il fallait que je reste pour mon petit, pour nous, pour la famille. C'est ce dont on a besoin,
- Alban
c'était viscéral. Oui,
- Mélanie
oui, je le sentais. Toi, tu as vraiment eu l'intuition. Tu t'es dit,
- Thomas Malmonte
en fait, c'est bon, il faut y aller maintenant.
- Mélanie
et pourtant Pourtant,
- Thomas Malmonte
ça voulait dire qu'il fallait faire un énorme changement.
- Mélanie
Vraiment, beaucoup d'efforts pour le faire, ne serait-ce que te convaincre. Il y a eu plusieurs étapes. Oui, mais c'est peut-être les tempéraments. À ce moment-là, je crois que j'étais arrivée au bout d'une étape, au bout d'une ère. de ma vie, une phase de ma vie. Et où il fallait changer quelque chose, mais pas juste un petit truc. De radical. Ah ouais, un gros changement. J'avais besoin d'un gros changement. Plus rien ne me convenait. Donc il fallait vraiment changer beaucoup de choses.
- Lucie
Et comment tu as fait du coup pour le convaincre et comment vous avez préparé votre départ du coup ?
- Thomas Malmonte
C'était le bordel, je crois. Il n'y a pas d'autre mot.
- Mélanie
En fait, à partir du moment où il y avait un appel aussi fort, je suis beaucoup trop impulsive. Donc ça s'est fait beaucoup trop vite. J'avais l'impression que je n'avais pas un si gros déménagement à faire, que j'allais juste dans mon autre maison. Vu que pour moi, la Norvège, c'est ma deuxième maison, c'est mon deuxième pays. Alors qu'en fait, il fallait...
- Lucie
Parce que ce voyage, c'était quand déjà ?
- Thomas Malmonte
C'était juin 2022.
- Mélanie
Non, notre voyage. Ah, le voyage. Octobre 2021. C'était octobre 2021. C'est six mois avant le départ, en fait.
- Lucie
Ah oui, du coup,
- Mélanie
vous êtes partis relativement rapidement après. Oui,
- Thomas Malmonte
ils sont assez précipités,
- Mélanie
je pense qu'on peut dire ça comme ça. Par ma faute. Clairement, parce qu'à partir du moment où on est revenus de ce voyage, il fallait que je reparte. Donc, tout s'est fait de façon très précipitée, ce que nous ne recommandons à personne.
- Lucie
C'est bien.
- Thomas Malmonte
Ne faites pas ça à la maison.
- Mélanie
Ne faites pas ça.
- Thomas Malmonte
Nous sommes avec des professionnels. Voilà, voilà.
- Lucie
Les professionnels de la précipitation disent ne le faites pas.
- Mélanie
Certainement pas. Les décisions prises sous grand impuls.
- Thomas Malmonte
On était arrivé vraiment à la fin d'un cycle, je pense. Moi, j'étais super fatigué. J'étais vraiment aussi à la fin d'un cycle de boulot. Donc moi, j'ai quitté mon boulot. On a tout quitté. On a vraiment tout quitté. J'ai quitté mon boulot, on a lâché l'appart et on est parti. Mais on n'avait pas de plan,
- Mélanie
en fait.
- Thomas Malmonte
On avait... Un vague plan.
- Mélanie
Non mais...
- Thomas Malmonte
On est partis sans boulot. C'est-à-dire qu'on est arrivés... Ça, c'est fou,
- Alban
ça.
- Mélanie
Non mais, encore une fois, nous ne recommandons à personne. Voilà. Nous, on s'en est sortis parce que... Voilà, moi, je suis norvégienne déjà, donc ça aide au niveau de plein de choses. Administration, ça nous a... Voilà. Les enfants aussi, du coup.
- Thomas Malmonte
On avait un plan.
- Mélanie
En réalité, on avait un plan. Il était le plan.
- Thomas Malmonte
Le plan, c'était... On déménage en juin 2022.
- Mélanie
On avait un plan.
- Thomas Malmonte
On avait un plan.
- Mélanie
Non mais aujourd'hui, ça nous fait marrer parce qu'il n'y a rien qui s'est passé comme on voulait et qu'on se rend compte qu'on n'était pas préparés aux gros imprévus qui nous sont tombés dessus. Mais on avait quand même un plan, on n'était pas idiots non plus. Non,
- Thomas Malmonte
pas du tout. Moi de là. Non, évidemment. Le plan c'était d'arriver, on passe quand même l'été.
- Mélanie
On se repose un petit peu.
- Thomas Malmonte
On se repose tranquille, on repasse du temps ensemble. Et à partir de septembre, Mélanie, elle trouve un travail.
- Mélanie
Même en août, parce que le petit rentrait en août à l'école.
- Thomas Malmonte
Fastoche. Mélanie parle norvégien, elle connaît la culture. Elle aime le bouddhiste.
- Lucie
Vous travaillez dans quoi en France ?
- Mélanie
J'étais dans la communication, dans l'audiovisuel, dans les festivals ou les chaînes de télé.
- Lucie
D'accord. Et tu parles couramment norvégien ?
- Mélanie
Je parle norvégien. Couramment, c'est... Mais oui, je peux travailler en norvégien.
- Lucie
Du coup, t'avais cet avantage aussi.
- Mélanie
J'avais pas besoin de prendre de cours en arrivant. Mais on avait un plan.
- Thomas Malmonte
C'était ça le plan.
- Mélanie
Et toi,
- Lucie
tu trouverais... Et moi,
- Thomas Malmonte
je prenais des cours, et puis avec le boulot que Mélanie allait trouver, certainement... Le mois suivant. Je prenais des cours, et puis je prenais le temps de trouver un... Un boulot, moi aussi.
- Lucie
D'accord.
- Thomas Malmonte
Une fois que je parle de Norvégien.
- Lucie
Ah bah génial.
- Mélanie
On a commencé comme ça d'ailleurs. On a commencé comme ça. T'as commencé tes cours intensifs de Norvégien. On était bien partis.
- Thomas Malmonte
Mais, on est arrivés en juin. Et en juillet, Mélanie est tombée enceinte.
- Alban
Pour la deuxième fois.
- Thomas Malmonte
Et donc le plan n'était plus un plan.
- Mélanie
Non, ça a mis le bazar.
- Thomas Malmonte
Parce que du coup Mélanie, en étant enceinte, c'était... très compliqué de trouver du boulot. Tu étais super fatiguée en plus sur cette grossesse-là.
- Mélanie
J'étais très malade.
- Lucie
Ouais, premier trimestre, en plus, en arrivant, génial.
- Mélanie
Après,
- Thomas Malmonte
en fait, pour trouver du boulot enceinte, même si en Norvège t'as quand même un comportement qui est super bienveillant.
- Mélanie
Quand t'arrives avec ton gros bidou et que t'as envie de venir toute la journée, c'est pas idéal pour passer des entretiens.
- Thomas Malmonte
Et donc, du coup ?
- Lucie
Est-ce que tu as quand même essayé de passer des entretiens ? Oui,
- Mélanie
j'ai quand même essayé. Oui, j'ai essayé, mais ce n'était pas réalisable en fait. Donc au final, on a laissé tomber. Je me suis reposée. On a dit qu'on allait faire face à l'imprévu et accueillir ce bébé dans les meilleures conditions possibles. On a quand même, trois mois après, hésité à revenir en France en catastrophe.
- Thomas Malmonte
Il y a eu du coup une réflexion ? Oui,
- Mélanie
on a hésité. On s'est dit, est-ce qu'on...
- Thomas Malmonte
Après le premier plan de course, je crois. On a regardé le ticket, on s'est dit, c'était bien Paris. Pourquoi c'est cher ?
- Mélanie
C'était bien Paris, qu'est-ce qui nous a pris ? Pourquoi ? Non, on a hésité parce qu'on s'est dit, surtout là, il n'y a plus rien qui va dans notre plan. Je ne peux pas travailler. Thomas n'a pas eu le temps de prendre ses cours de norvégien.
- Thomas Malmonte
J'ai pris des cours de norvégien. J'ai pris un mois de cours de norvégien, mais du coup, ce qui s'est passé, c'est que je me suis retrouvé, moi, qui ne parlais pas norvégien, dans ce pays que je ne connaissais pas encore bien, à devoir trouver un boulot vite. Parce que pendant ce temps-là...
- Alban
Pour subvenir aux besoins de tous les membres de la famille, y compris ceux qui allaient arriver.
- Thomas Malmonte
Dans le pays probablement le plus cher d'Europe.
- Alban
Fastoche, fastoche.
- Mélanie
Aucune pression.
- Thomas Malmonte
Pas de pression. Non, non, grosse, grosse pression. en vrai, grosse pression surtout que je me suis vite rendu compte que ça allait pas être si facile de trouver un travail dans mon secteur ou dans un autre d'ailleurs j'ai eu plein de pistes en arrivant quand même, donc j'ai un peu activé mon réseau depuis la France pour trouver des contacts ici dans le secteur de l'animation qui est mon secteur professionnel pour essayer de voir quels étaient les besoins s'il y avait des places à prendre et j'ai fait des entretiens il y a eu des ouvertures il y a eu des choses qui sont passées Mais ça n'a pas marché.
- Lucie
À quoi tu t'es heurté ?
- Thomas Malmonte
Je ne sais pas trop. Au début, en tout cas, honnêtement, je sortais des entretiens. J'appelais Mélanie en disant « Mélanie, c'est bon.
- Mélanie
C'est parti.
- Thomas Malmonte
Inquête.
- Alban
Mélanie, ce soir, c'est plein de courses. Ce soir, c'est Bruno Stavron. C'est un truc qui régale.
- Mélanie
Ça a duré plusieurs mois.
- Thomas Malmonte
Oui, ça a duré des mois.
- Mélanie
Et à la fin, je me souviens, c'était le mois de décembre. Et c'est là qu'on s'est dit… on retourne en France parce qu'on n'y arrivera jamais.
- Thomas Malmonte
Je faisais des entretiens de boulot et j'avais l'impression que ça se passait super bien. J'avais des interlocuteurs qui étaient super sympas, qui me posaient plein de questions. Ça durait longtemps. Ils me faisaient faire le tour de la boîte.
- Alban
Ah oui,
- Thomas Malmonte
quand même. Je me disais, c'est bon, c'est parti. Ça y est, j'ai trouvé le boulot, le CDI, le sésame. Et en fait, non, j'avais pas de rappel. Il se passait rien.
- Alban
Il y avait pas de raison de refus ?
- Mélanie
Non,
- Thomas Malmonte
ça marchait pas. et je pense que c'était probablement lié à...
- Mélanie
C'était toujours la même chose. C'était exactement le même système à chaque fois. Toujours un très bel accueil, beaucoup d'espoir pour nous à chaque fois. Et derrière, pouf, plus rien.
- Lucie
Silence radio.
- Alban
Ça me fait penser à quelqu'un que j'aimerais aussi faire venir sur le podcast, qui maintenant a déménagé tout au nord de la Norvège parce qu'il a fini par trouver un job là-bas. C'est-à-dire à quoi il était prêt, mais il a été dans... plein de process et après il avait ce sentiment d'être pris comme benchmark en fait on a ce super candidat on va le garder jusqu'au bout mais l'autre parle norvégien, ou l'autre ça. Et puis du coup, mais en fait, si tu le savais depuis le début, pourquoi ne pas m'avoir mis de côté ? Est-ce que toi, ça a été un peu ça, ou pas forcément non plus ton ressenti ?
- Thomas Malmonte
À posteriori, je pense qu'il y a eu plusieurs choses. Je pense qu'il y a probablement moi qui ne devais pas forcément avoir le super comportement pendant un entretien d'embauche avec des Norvégiens. À posteriori, c'est ce que je me dis. Peut-être que je ne lisais pas assez bien les gens, et qu'il y avait... des tas de trucs en fait que je n'analysais pas forcément comme il fallait. Je pense qu'il y a quand même un problème de confiance au début. Il y a des gens qui ont dû se dire, « Ok, ce gars-là, il a bossé dix ans dans l'audiovisuel en France, il débarque là en Norvège. » Il y a un truc dans le parcours où ils ont dit, « Oh, il y a une rupture, qu'est-ce qui s'est passé ? » Je pense qu'au début, il y a eu quelque chose comme ça qui s'est passé.
- Alban
Ce n'est pas rassurant.
- Thomas Malmonte
Et il y a eu besoin que j'ai eu d'autres expériences entre-temps. identifiable par ces interlocuteurs-là pour qu'à un moment, la confiance s'établisse. Ah ok, il a travaillé avec ce producteur-là, il a travaillé avec le festival-là, ça s'est bien passé, peut-être qu'il y a eu des coups de fil, je ne sais pas. Et je pense qu'au bout d'un moment, il ne va pas partir du jour au lendemain, il est fiable.
- Alban
Il va vivre ici.
- Mélanie
C'est très important pour les Norvégiens, j'ai l'impression, dans le travail, la fiabilité, la stabilité. Là, je l'ai vu récemment avec mon employeur. qui m'a dit « Bon, tu es enceinte, mais ne t'inquiète pas, on va continuer ton contrat. Comme ça, sur les prochains employeurs, ils verront bien que tu es stable, tu es fiable et qu'on t'a gardé. »
- Lucie
C'est vrai que pour nous aussi, quand on est arrivés, on avait des CV avec des métiers dans plusieurs pays. Je pense que ce n'était pas très... pas très rassurant aussi sur est-ce qu'ils vont rester là ou est-ce qu'ils vont partir ?
- Alban
Ce que je dis tout le temps, c'est que les recruteurs qui tombaient sur nos CV, c'était les Français qui ont fait des études à l'étranger, qui maintenant vivent en Argentine et postulent en Norvège. Je pense que soit tu te dis « Waouh, génial ! » ou alors complètement fêlés les deux à postuler. Et d'ailleurs, chose qu'on raconte souvent aux gens, on a été recrutés par des managers étrangers.
- Thomas Malmonte
ce qui a débloqué je pense le système c'est aussi que mes premières expériences je les ai faites, j'ai bossé gratuitement j'ai bossé pour un festival en tant que bénévole au début pour organiser toutes les rencontres professionnelles un festival spécialisé dans l'animation et ça je l'ai fait gratuitement et ça a été une première étape qui m'a permis de rentrer dans le réseau parce que ça m'a permis de contacter plein de gens très stratégiques comme le Le Norsk Film Institute, qui est l'équivalent du CNC en France, qui est vraiment un organisme qui finance beaucoup l'audiovisuel et le cinéma en Norvège. Et par ce biais-là, j'ai rencontré des producteurs, j'ai été identifié, ils m'ont vu animer des tables rondes, donc ils ont vu que je savais de quoi je parlais. Et puis ensuite, j'ai travaillé pour un producteur, et je lui ai proposé de travailler gratuitement, pour lui faire une étude sur une coproduction franco-norvégienne. Et il a fini par me payer. à la fin de la mission. C'est ça qui est amusant. Mais au début, je lui ai proposé écoute, franchement sur ton projet, pourquoi tu ne tentes pas de travailler avec un studio français ? C'est idéal.
- Alban
Et c'est Thomas qui régale en plus.
- Thomas Malmonte
Et je lui ai dit écoute, si tu veux, je te fais ça gratuitement. Pour moi, c'est une super étude de cas et on essaye de monter quelque chose. Au final, ça ne s'est pas monté. Pour des raisons de confiance, parce qu'il est finalement allé avec un studio danois, beaucoup plus facile. Mais finalement, il m'a quand même payé. Et du coup, ça m'a permis d'aller toquer à la porte d'autres producteurs en disant Moi je viens de travailler avec Franck, ça s'est super bien passé, j'ai produit ce document que vous pouvez voir, et puis ça y est, ça a commencé à...
- Lucie
à créer une dynamique d'entraînement. Mais ça a mis du temps.
- Alban
Est-ce que c'est un tout petit milieu où les gens se connaissent tous ? Parce que la manière dont tu en parles, on dirait vraiment que...
- Lucie
C'est super petit. Le milieu de l'animation, déjà, scandinave, est très petit. Mais en Norvège, on parle de moins de 10 sociétés. C'est très petit.
- Mélanie
Donc là, le réseau est hyper important. Il faut l'infiltrer, quoi qu'il arrive.
- Lucie
Et il faut qu'il y ait de la confiance. Si jamais il y a le moindre doute,
- Mélanie
Du coup, ça, c'est un bon conseil pour ceux qui sont dans des métiers comme ça, où c'est vraiment un petit réseau. Peut-être travailler au début gratuitement, faire des stages.
- Lucie
Ça sonne un peu bizarre, mais c'est une manière de créer la confiance et vraiment de mettre le pied dans la porte.
- Thomas Malmonte
Tous les Norvégiens ne sont pas très ouverts à ça, parce que ce n'est pas tout à fait légal au départ. Et d'ailleurs, je pense que c'est pour ça que finalement, il a payé à la fin.
- Lucie
Moi aussi.
- Thomas Malmonte
Parce qu'il fallait rendre les choses bien réglo.
- Lucie
Je pensais aussi parce que mon travail était exceptionnel. Bien sûr. N'oublie pas.
- Thomas Malmonte
Évidemment. Mais je pense aussi qu'il y avait une culture différente.
- Lucie
Il y a eu cette mission pour le producteur norvégien. Il y a eu aussi le boulot que j'ai fait en bénévolat pour le festival. Et ça, quand même... ça a été vraiment clé, en vrai. Parce que tu fais un boulot de contribution, c'est-à-dire que tu crées de la rencontre, tu crées de partage d'expérience, et ça, c'est super. Quoi qu'il arrive, c'est quelque chose qui crée de la valeur et qui est très important.
- Thomas Malmonte
D'ailleurs, tu travailles toujours pour le festival, mais maintenant, tu fais partie de l'équipe.
- Lucie
C'est vrai.
- Thomas Malmonte
Belle histoire.
- Alban
Est-ce que tu penses que certaines de tes compétences, je me dis notamment animation de table ronde, En étant français, t'ont donné un avantage d'être plus à l'aise, plus dans la communication, dans le relationnel ?
- Lucie
Le fait de pouvoir contacter les gens facilement, les réunir, faire ça avec suffisamment de sérieux, mais un tout petit peu de décalage pour détendre l'ambiance, faire en sorte que la parole soit assez libre. Je pense que les compétences naturelles qu'on a en tant que français, je pense, sur ce domaine-là, ça a beaucoup aidé.
- Alban
C'est intéressant d'en parler parce que ça peut aussi rassurer certaines personnes sur le fait que déjà, en appartenant à une certaine culture, on peut apporter quelque chose de nouveau à une autre. Donc ça peut aider pour la complémentarité.
- Mélanie
Et j'étais en train de me dire, du coup, au départ, tu as travaillé gratuitement. Tu ne t'es pas dit, je vais changer de voie, postuler à des jobs complètement différents, qui seraient peut-être plus accessibles, juste pour être payé ?
- Lucie
Si, si, bien sûr que si. mais ça non plus ça n'a pas marché en fait c'est bien de le savoir dis-nous tout non non j'ai tenté plein de trucs d'accord ok quand on est rentré un peu en mode panique à la fin de l'année 2022 avant la fin de l'année j'ai postulé à plein plein d'offres d'emploi dans le tourisme vraiment dans le Le PTP, vraiment n'importe quoi.
- Alban
Là, tu tapais, il nous faut une rémunération.
- Lucie
Le compte en banque, j'avais l'impression que je pouvais voir les chiffres tourner en direct.
- Thomas Malmonte
Ça faisait déjà six mois qu'on était là.
- Lucie
Je voyais les économies qu'il était en train de prendre. C'était terrible, vraiment.
- Thomas Malmonte
Deuxième conseil, partez avec un max d'économies.
- Alban
Un gros matelas.
- Thomas Malmonte
Oui, un très, très gros matelas.
- Lucie
Qui peut se reconstituer, mais il faut une sécurité quand même. Là, j'ai postulé à plein d'autres boulots dans des secteurs super différents, mais ça n'a pas marché non plus. Parce que là, c'était plus compliqué, je n'avais pas d'expérience forcément pertinente dans le tourisme ou dans d'autres secteurs.
- Mélanie
Et ça a mis combien de mois au final ?
- Thomas Malmonte
En janvier,
- Lucie
ça a démarré.
- Thomas Malmonte
Parce qu'on voulait partir en décembre. À Noël, on s'est dit, on repart en France, ce n'est pas possible. Ça fait six mois, toutes nos économies sont en train de partir beaucoup trop vite. Pourtant, on était parti avec vraiment toutes nos économies, qui n'étaient pas non plus un tout petit montant. Et c'est parti à une vitesse.
- Lucie
En janvier 2023, j'ai eu une première mission. J'ai monté ma boîte en Norvège. J'ai pu commencer à facturer. J'ai eu une première mission sur une coproduction, sur un film en coproduction entre la Suède et le Danemark. Je bossais pour un producteur suédois. C'était ma première mission payée, officielle, réglo. Et à partir de là... Ça a démarré. La machine était lancée. Vraiment, ça a été aussi rapide à se mettre en route que ça a été lent à se déclencher.
- Thomas Malmonte
En fait, il y avait vraiment eu un avant-après dans le cas de Thomas. C'est vraiment cette décision de tenter le tout pour le tout et de dire, OK, soit on rentre là, mais on essaye un dernier petit truc, c'est de monter ma boîte. Et de me mettre en freelance. Chose qu'on n'avait pas encore fait parce qu'on cherchait désespérément ce qu'ils appellent un fast job. stable, permanent, pour pouvoir rentrer de l'argent le temps qu'on ait notre deuxième bébé et que moi, je puisse travailler ensuite, qu'il puisse nous sauver de la situation. Et en fait, il y a eu ce moment où un peu désespéré, de se dire là, on va devoir repartir dans la même catastrophe, dans cette situation un peu... C'était vertigineux. On avait tout l'argent qui partait. Alors qu'on avait des beaux boulots à Paris. On avait une situation stable. Là, on ne voyait plus que le côté sombre. Donc, on s'est dit, là, on s'est vraiment planté. On n'avait pas prévu le gros imprévu. Et on se fait avoir. Et là, on va être comme des cons et on va devoir rentrer, se trouver un truc miteux.
- Alban
Est-ce que vous aviez un logement à Paris ? Ah non,
- Thomas Malmonte
on avait tout quitté. Donc là, vraiment, à ce moment-là, on s'est dit, oh là là. On est vraiment au bout du truc, là. Et il y a eu ce moment, vraiment, c'était pendant les vacances de Noël. Et on s'est dit, bon, voilà, dernière tentative avant de tout quitter de nouveau. Puisque personne ne veut faire confiance et ne veut nous prendre en fixe, tentons de proposer nos services en freelance. Vinter service, pour le coup, à ce moment-là. Et c'est ce qui a tout déclenché, en fait. C'est ce qui nous a sauvés, en fait, à ce moment-là.
- Lucie
Et oui, parce que quand tu factures, il n'y a pas d'engagement. C'est-à-dire que tu fais ça en plusieurs étapes. Si ça ne marche pas, on arrête. Et ça, c'était très rassurant.
- Alban
Ça leur donnait une certaine souplesse.
- Lucie
Oui. Et puis du coup, c'était beaucoup plus facile pour eux de donner la confiance sur une courte durée et sur une somme qui était limitée. Et ça a tout facilité.
- Thomas Malmonte
Ah oui. Puis tous ceux qui ne t'avaient pas donné de nouvelles d'un seul coup étaient OK.
- Mélanie
OK. Sur des missions. Dans ce format-là.
- Lucie
En fait, j'ai refait un tour de table en annonçant à tout le monde que j'avais ma boîte, que je pouvais facturer, que s'il y avait un besoin... Et en fait, du coup, c'était « Ah tiens ! » « Ah oui, du coup, si on n'a pas besoin de te recruter et de rentrer dans un gros engagement, pourquoi pas ? » Et alors, du coup, l'année 2023...
- Thomas Malmonte
Ça n'a été que ça.
- Lucie
Je n'ai pas arrêté.
- Thomas Malmonte
Ah ouais ? C'était une foyerie. Ah ouais, vraiment.
- Lucie
Et en fait, autant on a terminé 2022 avec vraiment le désespoir et le contemps qui étaient en train de fondre. Et en 2023, j'ai terminé, j'étais limite en burn-out. Tellement on avait bossé.
- Thomas Malmonte
Tellement on avait bossé.
- Lucie
J'ai eu tellement de trucs en même temps que j'étais à la limite du surmenage.
- Mélanie
Comme quoi, en quelques mois, ça peut s'inverser complètement. Après, moi,
- Lucie
j'ai dit oui à tout. C'est-à-dire qu'à ce moment-là, j'ai dit, OK, là, j'ai fait la boulimie. c'est à dire que toutes les missions qui tombaient je les prenais et j'ai bossé Franchement, jour et nuit, sur 2023.
- Mélanie
C'était bien parce que t'étais venue pour l'équilibre. C'est ça.
- Thomas Malmonte
C'était pas sur 2023 qu'on a trouvé.
- Lucie
Et tous mes potes en France, ils étaient là. D'accord, t'es partie parce que tu travaillais trop, t'avais pas de congé parental, et là, ça se passe comment, en fait ?