Speaker #0Bonjour et bienvenue dans Space Opera, le podcast qui prend de l'espace et qui parle de science-fiction télévisuelle. Aujourd'hui, on parle des autres, ces aliens qui nous fascinent ou qui nous terrorisent. Continuons donc à énoncer des évidences. Dans le space opéra, c'est une vision tout anthropomorphique que nous faisons de l'extraterrestre ou de l'alien. En effet, il y a deux types de rencontres du troisième type. Il y a d'abord les aliens, les autres, ceux qui ne sont pas comme nous, mais qui finalement ont certes un point commun, de jambes, de bras. Alors oui, c'est assez trivial, mais nécessaire pour réellement communiquer avec les autres dans l'espace. Ensuite viennent les nouvelles formes de vie. Celles qui n'ont rien de commun avec nous et qui nous dépassent. Il peut s'agir souvent de formes de vie à taille cosmique comme l'entité cristalline, de vaisseaux vivants tels que Moya dans Furscape, voire transdimensionnels comme les Orgagnens et autres dieux universels dans Star Trek. Et pour finir cette phrase à rallonge, il peut y avoir aussi des êtres si minuscules qu'ils définent aux lois de l'espace et du temps. Pourquoi cette différenciation ? Par soucis scénaristiques et économiques. N'oubliez pas qu'un épisode n'a que quelques minutes pour installer une trame, d'autant plus qu'elle doit s'inscrire la plupart du temps dans un fil rouge, à savoir la saison et souvent avant une pause publicitaire. Il devient donc évident que faire des épisodes contemplatifs toutes les semaines sur ce qu'est la vie peut lasser les spectateurs. Le second impératif des créateurs est de faire rapidement communiquer la nouvelle espèce rencontrée. De voir à chaque fois trouver un télépathe pour communiquer avec une espèce composée de silice peut s'avérer compliqué en ce qui concerne le rythme de narration. Allons-y, commençons par l'alien. Il existe deux façons dans la science-fiction de percevoir l'alien ou l'extraterrestre qui dépendent du contexte dans lequel se trouvent les humains au début de notre récit. Le premier contexte est que l'humanité n'a pas encore développé ou très peu développé le voyage spatial. Et donc, nous recevons à domicile l'alien. Il est donc un intrus, un visiteur. Le second contexte est celui où nous avons développé le voyage spatial. Et après un ou deux premiers contacts, le voyage spatial faisant partie de notre quotidien, c'est à sa rencontre que nous sommes allés. Il est alors un étranger. La notion d'alien, d'intrus ou d'envahisseur intervient aussi. Cette notion est donc très développée et la plupart du temps, notamment grâce à des séries telles que V, Les Envahisseurs ou encore Doctor Who. L'intrus envahisseur connaît notre monde aussi bien que nous, et il sait même se travestir en humain pour réaliser son plan de conquête, voire d'extermination. Cette notion d'envahisseur, contre lequel nous ne pouvons rien, est une sorte de xénophobie qui ne dit pas son nom, et s'inscrit dans les théories complotistes post-crash de Roswell. Pour faire simple, il y a deux transpositions sociétales. Soit l'intrus révèle nos peurs xénophobes et nous conforte dans cette hostilité envers autrui, car il vient bien nous détruire, soit, tel un patron du capitalisme sauvage, il vient nous exploiter, plier nos ressources, détériorer notre nature, la surconsommant jusqu'à nous consommer nous-mêmes, humains à la chair tendre. Qu'il s'agisse des envahisseurs de David Vincent ou les petits gris de X-Files, ils ont tous ce point commun de laisser les hommes agir à leur place sous leur commandement, de tirer les ficelles dans l'ombre comme d'autres imaginent des sociétés secrètes conspirant à un nouvel ordre mondial. L'intrus, envahisseur, représente aussi la peur de faire face au changement, de l'assumer, voire de lutter contre, de lutter seul contre tout le monde. Car tout le monde a peur de faire face à la réalité. L'intrus envahisseur nous met face à nos peurs les plus inavouables et quand bien même le secret est révélé au monde entier, celui-ci fait comme si de rien n'était, il coopère pourvu que son quotidien n'en souffre pas trop. La résistance qui s'organise alors est méprisée et n'envisage jamais que, si victoire il y a, il faudra pardonner aussi bien les lâches qui ont dénoncé qu'aux héros qui ont le sang des innocents sur leurs mains. Dans le bestiaire de l'autre, de l'alien, il y a aussi la bête, l'Apex Predator, qui fait de nous la proie. On peut y lire ici notre place au sommet de la chaîne alimentaire et que cette dernière n'est pas forcément gagnée. Il faut comprendre aussi que l'homme trouve toujours pire que lui. D'autres hommes créatures prédatrices. Mais là, on aurait une lecture primaire des choses. Tout au long du film Alien, par exemple, nous avons deux héroïnes, Ripley et l'Alien, voire la reine Alien. Le message féministe de l'œuvre a été maintes fois prouvé, mais il y a aussi un message écologiste sous-jacent. Ripley combat avec la technologie des hommes une mère nature sans aucun état d'âme. La créature ne fait pas de sentiments, elle agit par nature, par instinct. Elle n'est pas cruelle. elle est la logique imparable de l'évolution l'autre est donc ici un retour de flamme de l'environnement qui remet à sa place l'homme et sa volonté de détruire en toute conscience dans le film the arrival charlie sheen comprend que le réchauffement climatique arrange l'envahisseur et qu'il l'alimente pour son bien la nature nous remet donc à notre place à l'échelle de l'histoire de la terre nous ne sommes qu'un grain de sable dans une plage immense Stachy Trouper reprend cette idée de nature prédatrice à échelle cosmique. L'homme lutte contre le vivant, devenant par moments cruel alors que la nature des insectes répond à des besoins primaires. L'exemple des Borg est aussi révélateur. Ces êtres mi-organiques, mi-cybernétiques agissent en un collectif. Un des personnages décrit l'espèce comme une tempête, et une tempête n'a aucun état d'âme. Maintenant, parlons de notre égal dans l'espace, l'étranger. L'étranger est notre égal dans l'espace. Il est comme tout humain, bon ou mauvais, du moment qu'il soit quand même humanoïde ou qu'on puisse au moins partager un repas avec lui. Si on ne le perçoit pas, si on ne comprend pas la dimension dans laquelle il vit, il peut très vite devenir l'intrôle. Quoi qu'il en soit, et malgré le travail des scénaristes à donner un univers cohérent à une civilisation extraterrestre, Ces derniers attribuent sans cesse un trait de caractère humain prédominant comme étant un socle sociétal à toute une espèce. Pour faire plus simple, le peuple Ferengi est un peuple qui a poussé à l'extrême le capitalisme, il est donc avide. Les vulcains orientent leur vie en fonction de la logique, les luxants vivent sur la voie du guerrier et sont donc, comme leur homologue Tlingon, des types très bagarreurs mais avec un fort sens de l'honneur. L'hyper-caractérisation des espèces est donc une constante dans le space opera. Là où les hommes ont une palette d'individus ayant eux-mêmes une infinité de traits de caractère, nous avons dans l'espace des traits de caractère ayant quelques nuances dans un comportement ultra codifié. Les humains doivent alors faire face à la même question à chaque rencontre dans l'espace. Et si nous avions choisi cette voie, serions-nous comme eux ? A voir le vestiaire spatial, il semble évident que, dans l'espace, l'être humain est équilibré. Mais cette incapacité à vraiment nous définir ne nous rend-elle pas faible face à l'implacable brutalité qu'exige l'évolution des espèces ? Faut-il être prêtre ou guerrier ? Ont-ils fait un mauvais choix en vivant comme des agriculteurs alors qu'ils possédaient l'ultime technologie ? C'est une remise en question à la fois sur nos choix de civilisation et de comportement. Pourquoi des espèces qui ont subi une évolution similaire à la nôtre en sont arrivées à un tel stade de pensée ? Pourquoi choisir B alors que A paraissait si évident ? Il est aussi remarquable de constater que ces traits qui sont poussés à l'extrême sont des traits que nous avons nous-mêmes connus et exacerbés dans notre évolution. Nous pouvons reprendre l'exemple du capitalisme des Ferengis ou du culte de l'honneur Klingon dans le Japon féodal. Ces espèces mettent à jour en eau le travers et, peut-être, le manque de courage humain face à un univers qui fait des choix. Notre manque de constance et notre incapacité à nous arrêter sur des décisions dans notre processus d'évolution engendrent des catastrophes. Mais paradoxalement, cette faiblesse nous rend alors plus malléables aux jeux dangereux de l'évolution. Là où les clingons sont incapables de se relever face à l'effondrement de leur économie à cause de l'explosion de leur lune minière, nous les humains sommes capables de recommencer ailleurs une nouvelle vie. L'alien est certainement la réponse à la question qui nous obsède et nous terrifie tant. Sommes-nous seuls ? Dans le space opera, la réponse est évidemment non. Mais cette réponse est surtout une réponse à une seconde question, qui vient alors pointer le bout de son nez. Avons-nous fait les bons choix ? La question de la relativité est donc au cœur des rencontres. Ils ne sont ni supérieurs ni plus monstrueux. Ils ont suivi une nature différente. C'est lorsqu'un capitaine décide de remettre en cause un système séculaire qu'il se retrouve confronté au choc des civilisations que nous avons nous-mêmes connues lors d'une époque coloniale. Qui sommes-nous pour remettre en cause une nature différente de la nôtre ? Le bien et le mal sont des considérations humaines, mais souvent partagées différemment. Si l'univers a proposé cette voie à ce peuple, c'est pour explorer une des infinies possibilités de la vie. A une échelle civilisationnelle, il y a aussi la notion de l'autre co-dépendant. Un ancien prof d'histoire m'expliquait la base mathématique par deux des mayas. Il m'avait indiqué que philosophie et mathématiques allaient souvent de pair. En effet, pour les mayas et consorts, rien n'était un et unique dans la nature. Un arbre était la combinaison d'un tronc, de racines et de branches. Si on prenait une bûche, on pouvait toujours la diviser en deux. Du coup, le un n'était pas perçu ou connu comme nous concevons chez les mayas. Il était presque inconcevable. Dans le space opera, il y a souvent une civilisation binôme qui nous attendait. Une civilisation qui nous reconnaît comme un égal et un complément à ce qui lui manquerait. Dans Star Trek Enterprise, les Vulcains sont fascinés par les humains, voire terrorisés par ce qu'ils sont capables d'accomplir. D'un autre côté, l'espèce humaine a quelque chose qui leur manque, ce goût de l'exploration et de l'impossible. Les Nimbari, dans Babylon 5, voient en l'humanité une jeunesse et une vigueur perdue, une possibilité d'un retour aux sources, alors que les humains voient dans ces extraterrestres une promesse d'avenir. Bon, vous l'avez compris, il y a une complémentarité, nous avons l'humour, ils ont souvent les arts. Mais c'est tout aussi intéressant d'analyser le phénomène à plus petite échelle. L'autre, votre double, est aussi un combat de notre dualité. John Crichton fait face à son pire ennemi, une version encore plus perverse de Scorpio. Pourquoi plus perverse ? Car elle a accès à son cerveau, à ses souvenirs, ses désirs profonds et tout ce qu'il ne veut pas avouer ou assumer. Picard fait face à son double locutus qui lui démontre qu'à l'effroyable chef de guerre, il aurait pu être supposition qu'il découvrira dans une confirmation de la saison 2 de la série Amazon Méponyme. Il est le maréchal qui collectionne le crâne de ses ennemis dans cette réalité dystopique. L'autre est donc un reflet de tout ce que nous n'assumons pas. Il est le reflet de tout ce qu'on voudrait assumer chez l'autre et donc une destination possible du voyage. Quoi qu'il en soit, n'oublions pas que si une intelligence digne de ce nom existe et nous observe depuis sa planète, elle ne verrait sur notre planète qu'une espèce de lézard géant. Ensuite, pour ceux qui pourraient venir… Notre planète n'a presque plus rien à offrir que de la manœuvre. Espérons alors que le concept d'esclavagisme leur soit étranger. Pour finir, ne peut être définie comme alien seulement une forme de vie humanoïde. Pour tout ce qui peut se mouvoir et communiquer, comme nous, le Space Opera parlera simplement de forme de vie. Merci d'avoir suivi cet épisode. N'oubliez pas de vous abonner au podcast et de venir faire un tour sur la chaîne Star Trek Historia. Je vous dis à bientôt et j'espère avoir de bons retours dans les commentaires. A bientôt Space Cowboy !