- Speaker #0
La Sportive Outdoor, le podcast. Bonjour à toutes et bienvenue sur La Sportive Outdoor. Aujourd'hui, je reçois Jenny Diab du site JD RoadTrip. Et aujourd'hui, j'ai demandé à Jenny de venir vous présenter son expérience sur Saint-Jacques-de-Compostelle, puisqu'elle a parcouru le chemin de Saint-Jacques entre chez elle, à Cahors, et Saint-Jacques-de-Compostelle pendant 7 semaines en solo. C'est donc une sacrée expérience et j'avais très envie qu'elle puisse nous en parler. Alors, bienvenue Jenny.
- Speaker #1
Et est-ce que tu peux te présenter ? Merci de m'accueillir. Voilà, moi, je m'appelle Jenny. Ça fait un petit peu plus maintenant, un petit peu plus de 13 ans, je crois que j'ai mon blog. Et effectivement, en 2019, je me suis lancée dans l'expérience de Saint-Jacques-de-Compostelle. Voilà un peu. Sinon, après, effectivement, moi, je suis très outdoor. Je fais beaucoup de la grosse itinérance. Donc, on va dire que Saint-Jacques-de-Compostelle était un peu l'élément déclencheur de tout ça. Aujourd'hui, j'aime beaucoup la grosse itinérance. J'aime beaucoup pouvoir me surpasser et aller voir jusqu'où mon corps peut aller. Autant le corps que le mental aussi parce qu'autant de temps, c'est aussi du mental. Je suis beaucoup à tout ce qui est sport outdoor, extérieur, etc.
- Speaker #0
Tu disais que c'est un déclencheur. J'allais te demander si tu as toujours fait de la randonnée ou c'est vraiment à partir de Saint-Jacques que ça a démarré ?
- Speaker #1
Alors, je faisais de la randonnée et j'aimais beaucoup marcher. Moi, ça m'est arrivé, par exemple, ce qui n'est pas du tout en city trip. Par exemple, quand on fait New York ou Los Angeles, qui sont des très grosses villes, moi, je faisais tout à pied. Ça m'est arrivé de faire 20 bornes dans la journée, parce que je n'aimais pas prendre les transports. Donc, on va dire que marcher fait un peu partie de mon quotidien. Oui, je faisais de la randonnée, mais c'est vrai que Compostelle était le premier chemin à un gros itinérance aussi longtemps.
- Speaker #0
Alors, je vais démarrer avec une question, je pense, à laquelle tu as déjà dû répondre 100 fois, mais qui nous intrigue forcément dès qu'on croise quelqu'un qui fait une aussi longue rando. Qu'est-ce qui t'a motivée, en fait, à faire le chemin de Saint-Jacques ?
- Speaker #1
Alors, déjà, je vis sur le chemin, je vis à Cahors. Donc, on va dire que forcément, on y pense quand on voit les gens passer. Mais on va dire que l'élément déclencheur, c'était je voyageais beaucoup. J'ai été invitée pas mal, ma vie professionnelle était cool, mais c'était plus le côté perso qui n'allait pas trop à ce moment-là. J'étais dans une phase un peu difficile avec moi-même, difficile avec mes émotions, et en fait, je voulais quelque chose de simple. Et je savais qu'en gros, j'avais besoin d'un objectif simple, c'était de marcher, dormir, manger, marcher, dormir avec un objectif, et d'arriver au bout. Je voulais me retrouver avec moi-même. J'étais en moment de ma vie où je me questionnais beaucoup sur des choses. Je me suis dit que c'était le moment de prendre du temps pour moi. Je me suis lancée là-dedans sans savoir où j'allais.
- Speaker #0
Excellent, c'est un sacré défi. Comme le chemin de Saint-Jacques reste un pèlerinage pour beaucoup, est-ce qu'il y avait aussi une dimension spirituelle pour toi ? Pas spécialement.
- Speaker #1
Non, pas spécialement, parce que moi, je ne suis pas du tout croyante, mais le côté spirituel, c'était... Il est venu sur le chemin, c'est vrai, parce qu'en fait, tu te prêtes au jeu dans le sens où tu vas dans les églises, tu participes aux messes des pèlerins, on t'accueille un peu partout dans les églises, parce qu'en fait, tous les soirs, tu as des messes de pèlerins, puisque vraiment, le chemin est organisé pour ça. Et du coup, tu te prends au jeu. Et effectivement, moi, je me suis retrouvée avec des émotions dans les églises où je me suis mise à pleurer, alors que c'était un lieu, on va dire, un peu neutre. Et c'est vrai que tout ce qui était dit, effectivement, par rapport à la messe du pèlerin et tout ce qu'on pouvait partager aussi entre pèlerins à ce moment-là, me parlait peut-être au moment précis. Et du coup, je pense que ça vient avec le chemin, en fait.
- Speaker #0
C'est intéressant, ça veut dire que tu peux trouver cette dimension spirituelle sans forcément être croyant, c'est pas lié à la croyance.
- Speaker #1
Oui, tout à fait, je suis tout à fait d'accord avec ça.
- Speaker #0
Et pour ta préparation, je sais qu'il y a plusieurs variantes du chemin de Saint-Jacques, donc toi t'es partie de Cahors, mais à partir de Cahors, est-ce que tu avais le choix d'emprunter un chemin ou l'autre, et du coup comment t'as choisi ?
- Speaker #1
Non. Je sais que quand tu pars du puits, tu as après la variante pour Rocamadour, mais moi j'étais après, donc en tout cas en France, je n'ai pas de variante. Oui, j'ai la variante quand j'arrive en Espagne, où j'avais la possibilité de prendre le Camino del Norte ou le Camino Frances. Et en fait, je voulais absolument prendre le Camino Frances, qui est le chemin de base et celui le plus connu et que tout le monde fait. Et en fait, pour une première, je voulais partir sur quelque chose de basique et l'itinéraire principal de base.
- Speaker #0
Oui, ça paraît assez logique. Et comment est-ce que tu t'es préparée physiquement ? Donc, tu dis que tu marchais déjà pas mal, alors pas forcément en rando, mais dans les villes. Donc, ton corps était habitué à marcher. Mais là, c'est vrai que c'est encore autre chose parce que ça veut dire que tu marches pendant des semaines, tous les jours. Peut-être avec des journées de pause, tu en diras. Mais en tout cas, c'est jamais pareil d'enchaîner un effort comme ça plein de jours d'affilée. que quand on le fait en isolé. Est-ce que tu as fait une préparation spécifique pour ça ?
- Speaker #1
Pas du tout. Pas du tout. Non, mais clairement, pas du tout, parce qu'en fait, je ne partais pas... C'est-à-dire que je savais que j'allais le faire, je ne savais pas quand. Et en fait, j'attendais vraiment le beau moment où psychologiquement, j'allais être apte à pouvoir aller au bout. Et en vrai, très honnêtement, ça s'est fait comme ça. C'est-à-dire que j'ai dit, OK, là, c'est le moment. Et vraiment, c'était peut-être... Une semaine avant, j'ai dit allez hop. Je savais que c'était la période. C'est-à-dire que je savais que généralement, ça se fait entre avril. On peut pousser jusqu'à septembre, octobre, selon s'il fait bon ou pas. C'est vrai que l'été, c'est très prisé aujourd'hui. Surtout après Covid, c'est encore plus prisé qu'avant. Mais c'est vrai que moi, je suis partie, on va dire hors saison. Je suis partie, je me souviens, c'est le 18 juin. Et à partir de là… Je ne me suis pas préparée. C'était une semaine, j'ai pris mon sac, j'ai fermé la porte de chez moi et je suis partie. Clairement.
- Speaker #0
Parfois, c'est bien aussi.
- Speaker #1
Oui, voilà. Je pense qu'en fait, comme je ne savais pas où j'allais et je ne savais pas ce que c'était, je suis partie vraiment dans l'inconnu le plus total pour te dire, pour moi, quand je me suis vaguement renseignée avant, et je pensais que le chemin de base, tu marches. Et tu réserves le jour où tu arrives sur les lieux. Et c'est comme ça que ça fonctionne. Pas du tout. Je suis arrivée sur les lieux. Tout était complet de ma première étape. Et là, il a fallu effectivement que je m'organise et que je trouve un lieu. Et finalement, je ne me suis pas retrouvée. Tu vois, la première étape, je ne me suis pas retrouvée dans un truc avec plein de pèlerins. Je me suis retrouvée dans un vide. Parce que tout était complet. Et en fait, j'ai vite compris qu'il fallait un peu réserver en amont. Après, quand j'étais sur le chemin et je réservais 3-4 jours maximum. pour me laisser assez libre de mes mouvements. Oui,
- Speaker #0
d'accord. Ça rejoint la question que j'allais te poser. Comment est-ce que tu as planifié ton itinéraire ? Tu ne l'as pas planifié, en fait.
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
C'était vraiment spontané. Mais c'est génial aussi de partir vraiment de manière totalement à l'improviste. Et puis, tu le vois et tu le découvres.
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Mais alors, tu ne te prépares pas. Mais en même temps, il faut savoir un truc, c'est que quand tu pars longtemps comme ça, tu ne fais pas le même nombre de kilomètres quand tu démarres que quand tu finis. Donc... C'est vrai qu'au début, je savais que du 20 à 25 kilomètres, ça allait être plus ou moins faisable pour moi. Donc, je me basais un peu sur ça au niveau des étapes et surtout, je me basais par rapport peut-être un peu aux événements qu'il pouvait y avoir dans la ville ou les villages et aussi les supermarchés, où manger, etc. Parce que des fois, tu te retrouves dans des... On arrivait l'été et tu avais tous les petits villages qui faisaient les petites fêtes des villages. Donc du coup, tu savais que tu pouvais manger pour pas cher et que tout le monde allait être là et que ça allait être cool. Après, il n'y a personne. Il n'y avait pas de boucherie, il n'y avait pas de lisserie, il n'y avait rien. Donc quand on tombait sur des petits bleds comme ça, c'était cool. Mais c'est vrai que j'essayais de trouver des étapes où si j'avais besoin d'une pharmacie ou d'acheter à manger ou de tirer de l'argent, je m'adaptais un petit peu à ça. Mais je restais entre 20... et 25 kilomètres au départ, ce qui n'était pas le cas une fois que, tu vois, j'ai augmenté mon rythme, où après, j'étais plus sur du 30-35 kilomètres. Donc forcément, après, tu t'adaptes. En fait, tu adaptes vraiment tes étapes par rapport à ton rythme et tu vois ce que tu es capable de faire ou pas et si tu veux t'arrêter avant, pas avant. Après, ça reste du mental aussi parce que je pense que quand on part aussi longtemps... Alors, il faut aimer marcher, oui, mais je pense que c'est du gros mental. Quand tu pars le faire en entier, la façon dont je l'ai fait, c'est une grosse partie psychologique et te dire, je vais au bout. Je pense qu'une fois que le mental est là, le physique, il suit. Après, ça a été comme ça pour moi. Donc, forcément, voilà.
- Speaker #0
Ça ressort souvent dans les témoignages. alors que ce soit de la rando comme ça en itinérance mais même des preuves un peu longues dès qu'il y a ce côté très long souvent j'ai l'impression qu'il y a une part de mental très importante aussi et du côté de l'équipement alors tu es partie à l'improviste mais en même temps tu avais peut-être déjà certains équipements par exemple tes chaussures de rando j'imagine que tu étais déjà habituée à les utiliser est-ce que tu as fait des achats particuliers type un sac parce qu'il se trouve que tu n'en avais pas qui collait et est-ce que par rapport à ça tu as des choses à recommander ou au contraire à déconseiller ou... pour des gens qui voudraient le faire ?
- Speaker #1
Je pense qu'au début, on part... Ouais, on part... Moi, je me suis vidée, j'ai mis le strict nécessaire, et encore, il y en avait trop. Mais c'est vrai qu'on part avec des choses qui sont inutiles au départ. Et ça, on s'en rend compte petit à petit. Et je sais qu'en France, j'ai dû faire peut-être trois envois postaux pour renvoyer, tu vois... les bouquins, les bouquins de Miam Miam Dodo qui m'ont servi au début pour faire la réservation, mais je me suis vite aperçue que maintenant sur Internet, tu peux tout trouver et qu'il y avait des très bons sites qui faisaient le truc. Donc, je me suis débarrassée de ça. Au début, j'avais des sandales. Je me suis dit, je marchais avec des sandales ouvertes. Je me suis vite aperçue que ça n'allait pas coller. Au cas où j'avais des ampoules, hop, j'ai renvoyé des vêtements, plein de choses. En fait, j'ai renvoyé beaucoup de choses. Je pense qu'au départ, je suis partie avec peut-être 12 kilos à peu près. Je pense que j'ai fini avec 7-8 kilos. Et encore, même si je faisais un peu plus de kilos, c'était de la bouffe, clairement. Vers la fin, c'était que de la bouffe. Et il y a un proverbe qui dit, quand on est sur le chemin, qu'on part avec ses peurs dans le sac à dos. Et forcément, j'avais beaucoup de bouffe. Donc, je pense que j'avais peur de manger de bouffe, alors que pas du tout. Mais j'avais toujours un sac de pâtes d'un kilo, de la sauce tomate, des trucs surréalistes. Mais je pense que je me suis retrouvée tellement dans des bleds en France où il n'y avait rien que du coup, en Espagne, j'avais toujours ça. Alors qu'en Espagne, c'est complètement très différent de la France. Mais c'est vrai qu'en vrai, moi, je n'avais pas de bâton de marche à l'époque. Aujourd'hui, si je dois repartir, je prends des bâtons de marche. Clairement, je pense que ça aide, surtout quand on part aussi longtemps. Je pense qu'il faut... partir, moi le sac je l'avais déjà des bonnes chaussures aussi de randonnée et des tiges j'ai envie de dire mid ou haute parce que quand on traverse les Pyrénées ou quand on arrive en Galice on se retrouve quand même un peu dans la caillasse et c'est quand même mieux effectivement d'avoir des chaussures adaptées même si aujourd'hui si je devais repartir je partirais certainement avec des chaussures de trail parce que un c'est plus léger C'est vrai qu'aujourd'hui, elles sont beaucoup plus adaptées et puis elles accrochent bien. Mais quand on se retrouve avec des situations où il n'a plus de ouf et que c'est boueux, les chaussures de trail, moi, ça m'est arrivé d'avoir vraiment de la boue jusqu'aux chevilles, surtout quand on passe dans les champs le matin et tout. Donc voilà, aujourd'hui, si je devais repartir, ce serait une question que je me poserais. Mais je pense que ce n'est pas impossible de partir ni avec l'un ni avec l'autre. C'est possible, il n'y a aucun problème. Et c'est vrai que je ne blinderai pas mon sac à dos à la fin. Vraiment, j'avais trois t-shirts. J'avais quelques sous-vêtements, effectivement, pour pouvoir faire quelques jours sans avoir forcément besoin de faire de la grosse lessive. Mais j'avais trois t-shirts techniques, donc des trucs qui sèchent vachement vite. Je crois que j'avais un short pour être à l'aise. quand j'avais fini de marcher. J'avais un pantalon short qui se transformait selon la météo pour ne pas avoir froid. J'avais une petite veste légère, une doudoune qui se plie facilement, qui peut être assez accessible et que tu peux mettre rapidement dans le sac. Un duvet, parce que le duvet, il va être utile en Espagne parce qu'on se dit, il fait chaud là-bas, mais pas tant que ça. Surtout que... Les nuits sont fraîches et il suffit qu'on se retrouve dans un dortoir avec quelqu'un qui ouvre les fenêtres ou quoi, même si effectivement ils fournissent des couvertures et tout, c'est toujours mieux de l'avoir. Et après, la trousse basique de pharmacie, pour tout ce qui est ampoules, de quoi soigner assez rapidement, même si on trouve en gros des pharmacies et que j'ai clairement acheté pas mal de choses sur le chemin. Mais voilà, partir léger. Je dirais une gourde filtrante et peut-être une gourde normale. La gourde filtrante, les rivières et tout, ça peut être utile, surtout quand on est au milieu de rien, ça peut être top. Je prends l'exemple de cette étape en Espagne où il y a, je ne sais plus combien de bornes, je crois qu'il y a 10 bornes ou peut-être pas 8 bornes où il n'y a rien, mais rien. C'est-à-dire vraiment, c'est de la ligne droite, il n'y a rien, il n'y a pas un robinet, il n'y a rien. Je crois que c'est 8 bornes. Donc, il vaut mieux avoir ce qu'il faut au niveau en eau. En tout cas, moi, j'ai eu de la chance. J'étais sur une période où il ne faisait pas froid, mais il ne pleuvait pas. Mais voilà, donc je n'avais pas besoin en eau énorme. Mais voilà, de prendre le strict nécessaire de brosse à dents. Pas emmener une trousse entière, ça ne sert à rien. prendre des trucs minimalistes, un savon qui fait tout, un brosse à dents, presque la couper s'il faut, minimaliste à fond, et voilà.
- Speaker #0
Optimiser, optimiser.
- Speaker #1
Ouais, clairement.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux nous raconter une journée type ? Et est-ce que, en fait, cette journée type, est-ce que tu la répétais, répétais, répétais ? Ou est-ce que tu faisais quand même des journées de pause aussi pour couper et te reposer au milieu ?
- Speaker #1
Alors... Je vais répondre d'abord à la deuxième. Oui, j'ai fait des journées de pause, surtout au début. Parce qu'il faut savoir un truc, c'est qu'au bout de dix jours, tu as une grosse fatigue qui arrive. Et surtout, quand tu démarres, tu as des ampoules. Donc oui, au début, ça m'est arrivé. Alors, je ne faisais pas forcément des pauses, mais je sautais l'étape via des bus parce que tout est organisé autour du chemin. Donc, j'avais la possibilité, effectivement, mon jour de repos était juste de m'avancer en bus. pour continuer dans ma lancée. Ça m'est arrivé de faire en tout peut-être 4-5 jours de repos, mais pas plus que ça. Mais c'était vraiment au début pour soigner mes pieds, etc. Et ensuite, la journée type, c'est assez différent en France et en Espagne. La journée type en France, comme on finit par faire des rencontres et qu'on marche avec des gens... On est dans cette optique où on a envie de rester dans cette atmosphère et on s'entend bien, on finit par tous se connaître. Et généralement, c'est des horaires assez basiques. Tu démarres vers 8h, 7h30, 7h, ça dépend s'il fait chaud ou pas. Et puis voilà, tu démarres. Mais moi, j'étais quelqu'un qui aimait bien partir tôt et arriver tôt. Mais en France, c'est vrai que je me suis pas mal adaptée. aux gens avec qui je marchais et qui me convenaient aussi. Je ne me suis pas forcément mise à leur rythme, mais ça me convenait. Alors qu'en Espagne, à 8h, j'étais au lit. À 5h, j'étais réveillée. À 5h30, j'étais partie. À 6h, 6h30, je m'arrêtais dans un café pour prendre un petit déj type café croissant et je repartais. Et souvent, j'avais fini mon étape à midi, midi et demi, 13h. C'était un rythme qui était... pas différent et ça me convenait. Mais peut-être que je l'expliquerai pourquoi effectivement mon rythme a été... Oui,
- Speaker #0
je voulais demander pourquoi c'était décalé. Est-ce que c'était la chaleur ? Est-ce que c'était parce qu'il y avait plein de monde dans les refuges et donc il fallait arriver tôt ? Qu'est-ce qui fait cette différence ?
- Speaker #1
La différence, c'est que déjà le chemin, il est différent en France et en Espagne. C'est-à-dire qu'en France, on n'est plus sur un rythme un peu tranquille avec la pension complète dans les auberges et tout. Tu vois, c'est bonne enfance, t'es avec les gens, tu discutes, t'as ce rythme que tu prends et que quand tu démarres, tu te mets à l'aise et tu rencontres des gens et tu kiffes, et voilà, et tu restes dans ce rythme-là. Et puis en fait, moi, je continuais, et tous les Français s'arrêtaient à Saint-Jean-de-Pied-de-Port. Donc en fait, je me suis retrouvée toute seule après. Et quand je te dis toute seule, c'est toute seule, c'est-à-dire que moi, j'ai vu tous les gens s'arrêter à Saint-Jean-de-Pied-de-Port, et là, je me suis dit, ah ouais, donc en fait, je reprends. un nouveau rythme et surtout, j'avais l'impression de redémarrer à zéro. Donc, je me suis retrouvée toute seule et là, que des étrangers. Les Coréens, les Espagnols, les Italiens, les Belges, enfin, tous des gens qui venaient du monde entier faire le chemin et qui démarrent à Saint-Jean, donc qui démarrent la traversée des Pyrénées, donc qui sont en galère de ouf, alors que toi, ça fait trois semaines que tu marches. Et en fait, ouais, beaucoup plus de monde aussi. Moi en soit, mes réservations, pareil, j'ai gardé ce rythme de réserver 3-4 jours au fur et à mesure de mon chemin. Mais là, j'ai marché principalement toute seule en Espagne, clairement. J'avais mon rythme, il me plaisait. J'adorais marcher tôt aussi. Et je marchais souvent de nuit tôt à la frontale. Et j'aimais vraiment ça, c'était un rythme que j'avais pris. où à 5h du matin, j'étais en train de partager sur Instagram que je partais, j'avais tant de bornes à faire, que j'étais là, j'arrivais là. C'était un rythme un peu différent et il me plaisait. Je me retrouvais vraiment avec moi-même, j'étais bien. Autant en France, c'était le partage et c'était peut-être le moment où j'ai pris un peu le rythme. On est un peu paumé quand on démarre. On ne sait pas trop pourquoi on fait ça. On se retrouve peut-être avec des difficultés avec soi-même. Cette atmosphère entre Français a remis un peu de peps. Une fois que je suis arrivée en Espagne, je savais que j'allais au bout. C'était mon objectif, clairement.
- Speaker #0
À ce moment-là, tu étais en pleine forme. Tu te rassais et tu y allais.
- Speaker #1
Exactement, c'était vraiment ça. On n'était plus sur du 20 bornes. On était peut-être en plus dans le 28-32 bornes. Alors que les gens démarraient et qu'ils n'étaient pas du tout encore dans ce rythme-là. Donc, oui, moi, je bombardais. Et d'ailleurs, j'entendais des commentaires. Moi, je marchais toute seule et j'entendais des commentaires des Anglais qui disaient Mais pourquoi les gens vont aussi vite ? Je ne comprends pas. Parce qu'en fait, mon corps… Moi, je suis dans le rythme. Ils disent Oui, mais c'est un chemin, il faut prendre le temps. Mais en fait, c'était ma façon à moi de marcher à ce moment-là. Moi, j'avais peut-être 500 bornes, 600 bornes dans les pattes et lui, il démarrait. forcément, et tu n'étais pas du tout au même rythme.
- Speaker #0
Ça n'a jamais grand sens, ces remarques sur les rythmes, parce qu'en fait, ce qui est lent pour quelqu'un va être rapide pour quelqu'un d'autre. En fait, c'est juste, il faut avoir son rythme.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Du coup, on a l'impression, à t'entendre, que ton voyage, finalement, était un peu séparé. Il y a vraiment la partie française, la partie espagnole, atmosphère différente, rythme différent, même habitudes différentes. C'était un peu deux voyages en un, finalement.
- Speaker #1
Oui. et puis surtout les rencontres en France il y a un moment donné je me souviens on était des jeunes on était entre nous et c'est vrai qu'on avançait pas trop on faisait du 18 bornes enfin c'était un peu voilà on prenait notre temps et en fait j'ai eu une crampe qui est arrivée à mon mollet qui m'a fait horriblement mal et je pense qu'à ce moment-là je m'hydratais pas assez et là j'ai pris conscience j'ai dit Là, ça ne va pas le faire. Je n'avance pas. On est là entre nous. On se ralentit. Ça ne va pas. Je ne suis pas partie pour ça. Et en fait, là, j'ai fait une vraie pause de deux jours. Je me suis avancée en bus. En fait, tu sais, tu as les espèces de bus, la malle postale aujourd'hui qui te permet de, effectivement, quand tu as besoin, tu téléphones. Tu te dis, je suis blessée. Est-ce que c'est possible de m'avancer ? En général, ils le font. C'est assez cool là-dessus. Donc, j'ai dû m'avancer d'une ou deux étapes. Et je me suis dit, bon, allez, cette fois, Je me pose deux jours et je me suis massée, j'ai fait attention à moi, j'ai pris soin de moi. Et au bout de deux jours, j'ai croisé des gens qui étaient avec moi bien avant et qui, eux, ont bien avancé. Et au final, j'ai pris le rythme avec eux et les petits viens avec qui j'étais, ils étaient loin derrière. Et au final, ça m'a fait me rendre compte que... Il fallait que j'avance, que j'étais là avant tout pour moi, et qu'il fallait qu'un peu, tu vois, je pense à moi et pas que je me traîne dans ce truc, on est en groupe, il faut rester en groupe. En fait, c'était du confort. C'était du confort. Et d'être ensemble et de se dire, on est ensemble dans les hébergements, on mange ensemble, on marche ensemble, c'était du confort. Et en fait, je me suis vite rendue compte que je n'étais pas venue chercher ça. Et j'ai complètement cassé ce truc-là et je suis partie. Et voilà, j'ai trouvé un autre rythme avec d'autres gens que j'avais rencontrés en amont et avec qui ça collait aussi. Et on était effectivement dans cette même atmosphère. Et surtout, avec ce nouveau groupe que... D'ailleurs, je suis encore en contact. C'était une Australienne qui était venue et qui vient régulièrement faire des chemins. Et en fait, on avait ce rythme où on se laissait de la distance. On faisait les étapes ensemble. Parfois, je marchais devant, parfois derrière. On se laissait un peu cette liberté et cette soufflée d'être qu'avec nous-mêmes. Et ça, c'était vraiment cool. Et là, j'ai commencé à vraiment trouver bien mon rythme, en tout cas sur cette partie française. Et on a été au-delà. D'ailleurs, ensemble, on a été jusqu'à Saint-Jean-de-Pied-de-Port.
- Speaker #0
Oui, c'est intéressant de voir comment ça évolue aussi au cours d'un voyage qui est long. Et question, toi tu l'as fait aussi, tu es une femme, tu l'as fait en solo. Comment est-ce que tu as vécu ça ? Est-ce que c'était très facile, genre pas de problème ? Est-ce qu'il y avait des petites choses sur lesquelles tu as trouvé ça un peu plus compliqué ?
- Speaker #1
Non, je n'ai pas ressenti de l'insécurité, je n'ai pas eu de problème particulier. C'est vrai que je lis des choses et des fois à droite à gauche où effectivement ça peut arriver. Mais globalement... que ce soit en France ou à l'étranger, je trouve que le chemin, il est quand même assez bienveillant. Les gens sont bienveillants. Moi, combien de fois ça m'est arrivé de m'arrêter pour me masser les pieds ou des choses comme ça. Tout le monde, mais vraiment tout le monde me demandait si ça allait, si j'avais besoin de pansements, si j'avais besoin de quoi que ce soit. Et en retour, moi, je faisais pareil quand je voyais les gens qui étaient arrêtés, qui avaient besoin de quoi que ce soit. Mais non, c'est relativement bienveillant. Bien sûr que ça m'est arrivé une ou deux fois. de tomber sur des hébergements pas tip-top et où, voilà, c'est une question de business ou que le truc, il est insalubre et ça arrive, mais ça n'a rien à voir au fait que je sois une femme. Mais non, globalement, moi, j'ai croisé pas mal de nanas solo qui faisaient le truc solo. Il y en a qui le faisaient en camping, enfin, qui campaient et tout. Non, globalement, moi, en tout cas, à l'époque où je suis partie, je n'ai pas ressenti de problème particulier vis-à-vis de ça. Et les hommes que j'ai croisés étaient plutôt bienveillants. Donc je trouve que c'est quand même un chemin qui est relativement... bienveillant et cool pour ça.
- Speaker #0
Super, ça me fait plaisir d'entendre ça. Est-ce qu'il y a des moments vraiment particuliers dont tu te souviens qui ont été vraiment difficiles et comment est-ce que t'es passée outre ? Comment est-ce que t'as surmonté ça ?
- Speaker #1
Je pense que, en vrai, quand je réfléchis, j'ai deux moments difficiles. Le moment du départ, je me dis putain, je suis en train de faire quoi ? Pourquoi je fais ça ? Pourquoi je m'inflige ça, vraiment ? Je me suis dit, je me suis arrêtée, je me suis assise au milieu du chemin comme une merde. Et parce que j'avais des ampoules qui arrivaient, c'était le premier jour. Je me suis dit, pourquoi je fais ça ? Et j'étais là en train de me dire, viens, fais demi-tour. T'es pas loin, fais demi-tour. Et en fait, non, j'ai persévéré. Mais c'est vrai que le départ est difficile. Les premiers dix jours, pour moi, ils ont été difficiles. En plus, je me suis coupée vraiment de tous les réseaux. Je partais pour moi et je me suis coupée de tout ça. Et c'était difficile. Je pleurais beaucoup. J'essayais de comprendre pourquoi j'étais là, etc. Et on va dire que cette période-là, elle était difficile parce que tu souffres physiquement, psychologiquement, tu ne comprends pas trop pourquoi tu es là, tu n'as pas encore de réponse à tes questions. Il y a tout cet aspect où c'est avec toi-même, clairement. Et le deuxième moment difficile, c'est la partie France-Espagne où je me retrouve toute seule à nouveau et que je me dis que c'est chaud. Tous les gens autour de moi, je ne les connais pas, je ne sais pas c'est qui. Et ça, ça a été perturbant pour moi. Et le fait d'arriver aussi dans un nouveau pays, là, du coup, tu parles plus français, tu parles anglais. Ça a été difficile. Ça a été difficile. Et puis, en fait, je ne me suis pas trop laissée abattre. Je me suis dit, allez. Et c'est là que j'ai pris le rythme où je partais un peu plus tôt pour justement ne pas me laisser envahir par toutes ces nouvelles personnes. Pas que je ne voulais pas faire des rencontres, mais moi, j'étais dans une atmosphère où j'étais déjà partie. Ça faisait longtemps. Et en fait, je ne voulais pas me laisser envahir par peut-être pas des choses négatives, mais peut-être des choses qui auraient pu me perturber. Et en gros, je partais tôt. Et en fait, tous les gens que j'ai ensuite recroisés sur le chemin étaient au même rythme que moi. Et ça collait, on se disait bonjour, on ne se parlait pas forcément. Mais c'était juste bonjour, bon chemin aujourd'hui. On se dépassait, on se recroisait. On n'était pas forcément du tout sur les mêmes hébergements. Et ouais, la partie, effectivement, Espagne, au départ, c'était un peu difficile.
- Speaker #0
Et côté plus positif, est-ce que tu as une anecdote sympa ou mémorable que tu as envie de nous raconter ?
- Speaker #1
Alors, en vrai, tout le chemin est mémorable, clairement. Tout est positif là-dessus. Au final, avec le retour d'expérience, tout est positif. Mais je crois que... Je crois que c'est mon dernier jour qui est le plus incroyable de tout. Je pars, il faut savoir un truc, c'est qu'en Espagne, les derniers 100 kilomètres sont sacrés chez les Espagnols. Donc souvent, ils viennent, ils font les derniers 100 kilomètres. Sauf que toi, tu viens de loin. Et eux, ils débutent. Donc du coup, eux, ils sont un peu dans cette atmosphère de fête, de kiffé, de machin, sauf que t'es en auberge de jeunesse. Toi, tu viens de faire Millbourne. Et qu'ils rentrent, il est 3h du matin, ils sont défoncés, ils font un bordel monstre. Il est 3h du mat', ils te réveillent alors que toi, tu es dans un rythme où tu te lèves vers 4h30, 5h. Et là, tu es vénère parce que tu te dis putain, ça fait chier, quoi Moi, je suis à fond, ils ne respectent pas, ce n'est pas cool. Et en fait, j'ai dit ok, bon Et il était censé me rester une étape. Et après, j'arrivais à Santiago. Il était 3h30, je t'ai réveillée, impossible de me rendormir. Je n'allais pas me rendormir pour 1h30. J'ai dit OK. Il ne dormait pas de toute façon. J'ai dit OK. Je me suis habillée.
- Speaker #0
Je suis partie.
- Speaker #1
Donc, clairement, il devait être 4 heures au moment où je suis partie. 4 heures, 4 heures et demie. Donc, deux nuits, spontanées. Sonne sur le chemin, forcément. Et là, je croise un gars. Un gars. Et je marchais tranquille. Je me suis dit, ça ne sert à rien de me presser. J'ai 20 bornes à ferme. C'est ça que je me suis dit. J'avais 20 bornes. Et je croise un gars. Et il faut savoir un truc, il y avait une brume de malade mental, on n'y voyait pas à 200 mètres. Et bon, bref, je marche et il me dépasse.
- Speaker #0
Et je me suis dit, putain, je suis toute seule sur le chemin, il fait nuit, vas-y, je m'en fous, je le suis. Bon, ben, je le suis, je le suis, je le suis. Et je le voyais qui se retournait. Il était loin, mais je le voyais qui se retournait. Et à un moment donné, le mec, je ne sais pas ce qu'il a foutu, mais il met une lumière dans son sac à dos, derrière son sac à dos, ce qui fait que je le voyais très loin avec la brume. Et donc, je dis, OK, c'est cool parce que je le vois. Donc, il est toujours dans ma ligne de mire. Et en fait... On bombarde, on bombarde, on bombarde. Et on arrive à un moment donné, il commence à faire jour. Et on arrive à un moment donné à un bar. On s'arrête. Il arrive forcément avant moi. Je prends un café, machin et tout. Il me dit, putain, tu marches. C'est un Italien. Donc, il me parle en anglais. Je lui dis, putain, tu marches bien et tout. J'ai dit, ben, ouais. Il me dit, tu m'as bien suivi. J'ai dit, ouais, ouais. C'était un peu difficile au début, mais je t'ai bien suivi. Il me dit, je ne sais pas si tu as remarqué, mais j'ai mis une lumière exprès. pour que tu puisses me suivre et me voir de loin parce qu'il y avait de la brume. Et du coup, je l'ai remercié. Et j'ai trouvé ça très gentil de sa part. Et je l'ai remercié. Il me dit, tu vas où aujourd'hui ? J'ai dit, normalement, je m'arrête là. Il me dit, mais tu ne vas pas t'arrêter là. Il était 8h30, 9h. Il me dit, je crois qu'il me restait peut-être 20 bornes, 22 bornes à faire. Et j'arrivais à Santiago, il était 8h. Et je pense que j'arrivais à ma prochaine étape dans une heure, une heure et demie, tu vois. Il me dit, il faut que tu ailles au bout aujourd'hui. Tu ne vas pas t'arrêter à une étape. Il est 8h, il faut que tu ailles au bout. Dans ma tête, je dis, ok, ça me travaille, machin et tout. Il me dit, on se voit à Santiago. Je dis, ok. Et en fait, effectivement, il a raison. Il est 9h30, 10h. J'arrive à mon étape, à mon hébergement. Enfin, les gens partent à cette heure-là et moi, j'arrive. Donc, ça n'a aucun sens. Et du coup, j'annule mon hébergement. Je dis, ok, vas-y, tu sais quoi ? Je fais les 22 bornes qui me restent. Et du coup, je bombarde. Enfin, les 20 bornes qui me restaient. Et du coup, je bombarde. Et en fait, j'ai fait 40 bornes ce jour-là. Et je suis arrivée, au lieu de le faire en deux étapes, je l'ai fait en une étape. Et je suis arrivée à Santiago. Et j'ai recroisé ce gars avec qui, en fait, on a été chercher notre compostella au bureau d'accueil. On a déjeuné ensemble ce matin-là. On est... Enfin, le lendemain, plutôt. Et on a été dîner ensemble. Et en fait, on a passé des moments à Santiago. Et en fait, il était ultra bienveillant. Et on a fait des photos ensemble devant la cathédrale. Il m'a marquée, en fait, parce qu'en fait, il m'a poussée en me disant Mais tu marches depuis la France. Qu'est-ce que tu veux faire ? 20 bornes, va au bout. Et en fait, il avait tellement raison. Et du coup, ouais, ça a été… Il a marqué mon chemin pour ça. En tout cas, c'est ce que je raconte souvent. C'est que… Il m'a marqué, on est toujours en contact. Et ouais, il a bien fini mon chemin. Il m'a bien aidé à finir mon chemin, en tout cas.
- Speaker #1
C'est génial. Excellent. Merci pour l'anecdote. C'est top. Et au final, alors, est-ce qu'une fois que tu as terminé, tu t'es dit, est-ce que j'ai trouvé ce que j'étais venue chercher ?
- Speaker #0
Ouais. Ouais, clairement, parce que je l'ai senti avec moi-même déjà, parce qu'au début, j'étais complètement coupée de tout. Vraiment, je suis partie, j'avais mon téléphone par rapport à ma maman pour donner des nouvelles. Mais tous les gens qui m'appelaient, qui m'envoyaient des messages, je répondais à personne. Vraiment, j'étais tellement psychologiquement pas bien que je répondais à personne. Et j'ai perdu des amis à cause de ça. Mais c'était moi, j'avais besoin de ça. Et en fait, quand je suis arrivée après en Espagne, j'ai commencé à repartager mon truc. Puis les gens, ils étaient dingues de voir ce que j'étais en train de faire. Donc du coup, j'ai eu vraiment un élan de solidarité après tout le reste de mon chemin. Et oui, ça a répondu à des questions où, ben voilà, tu sais ce que c'est, je voyage tout le temps, je suis tout le temps sur la route, j'ai pas de chez-moi, ben voilà, c'est difficile de voir ses amis régulièrement quand on est tout le temps en voyage. Et en fait, j'étais en interrogation de tout ça. Et en fait, mes questionnements à ce moment-là étaient est-ce qu'il faut que j'achète un appartement ? Est-ce qu'il faut que j'ai un pied-à-terre ? Est-ce qu'il faut que je fasse un enfant ? Est-ce que ceci, est-ce que cela ? Alors, l'enfant, il n'est pas là. Je ne pense pas qu'il arrivera un jour parce que clairement, j'aime trop ma vie et ma liberté pour faire un enfant, pour faire un enfant, clairement. Mais voilà, j'ai investi, j'ai acheté un appartement, j'ai mon chez-moi, j'ai mon pied-à-terre et c'était l'interrogation. Et clairement, je suis rentrée du chemin. J'ai pris contact avec la banque, j'ai fait des recherches et j'ai acheté un appartement. Tu vois, je suis rentrée fin août, l'appartement, je l'ai signé fin décembre. Voilà,
- Speaker #1
en gros. C'est fou, ça t'a vraiment fait réfléchir et trouver les solutions. Ouais. Et maintenant, on est quelques années après. Qu'est-ce que tu en retiens au global ? J'ai l'impression que ça a été quand même assez génial à tout point de vue, que ça t'a beaucoup apporté. Mais c'est vrai que là, tu as un peu de recul aussi. Donc, c'est toujours intéressant de savoir quelques années après ce qu'on en retire.
- Speaker #0
Je pense que c'est la meilleure expérience de ma vie. Pourtant, je voyage beaucoup. Je vois beaucoup de choses. Je vois des choses aussi des fois où j'ai l'exclusivité de pouvoir les voir ou faire. Parce que des fois, ce n'est pas forcément accessible au public par mon métier. Mais clairement, c'est la plus belle expérience. humaine de toute ma vie parce que tu marches avec des gens qui s'en foutent de qui tu es, ce que tu fais dans la vie, quel âge tu as. C'est des gens qui... On est tous au même niveau. On est là, on marche. Et en fait, c'est la plus belle expérience humaine. Pour moi, c'est un peu le chemin de la liberté. Les gens ne sont pas là pour te juger. Ils ne sont pas là pour apporter... Chacun vit son chemin et on le partage si on a envie de le partager et on ne le partage pas et on n'est pas obligé de garder contact avec les gens. C'est vraiment et il n'y a pas d'amertume à tout ça. Pour moi, c'est la plus belle expérience et je le ressens aujourd'hui parce que j'y pense régulièrement et je me dis putain, il faut que j'en parte. Il faut que je refasse un truc pareil. Il faut que je retourne parce que ça me fait du bien. Et en fait, je me suis aperçue que c'est quelque chose dont j'avais besoin pour me retrouver avec moi-même. C'est assez difficile parce que c'est de la grosse itinérance et qu'il faut s'organiser pour ça par rapport à mon emploi du temps et tout. C'est vrai que l'année dernière, je suis partie, j'ai fait le chemin de Stevenson et ensuite, je suis remontée au puits et j'ai enchaîné avec justement la partie du puits en velay jusqu'à Cahors que je n'avais pas pu faire parce que je suis à Cahors. Donc, ça m'a fait du bien, mais je me rends compte que j'ai besoin peut-être aussi un peu de défis. Et dans ma tête, ça fait plusieurs années que je me dis Ah, oui ! J'ai le choix entre deux itinéraires. C'est soit je refais Compostelle, mais je me donne le défi de le faire en moins de temps. Donc, au-delà de moins que cette semaine. Mais je me dis, je l'ai déjà fait. C'est un peu dommage. Et là, je sais que depuis quelques années, il y a un chemin qui a ouvert en Roumanie, qui part du nord jusqu'au sud. Il y a 1400 kilomètres. Et c'est vrai qu'il me fait de l'œil depuis son ouverture. Donc, ça doit faire deux, trois ans. Et je me dis... Et là, cette année, je me suis dit... J'étais tellement tout le temps en voyage. Je me suis dit... J'ai besoin de ça, j'ai besoin de mon moment à moi. Et je pense que l'année prochaine, je vais me lancer sur ce défi-là.
- Speaker #1
Génial. J'espère que tu viendras nous le raconter.
- Speaker #0
Avec plaisir.
- Speaker #1
Et pour terminer, quels conseils est-ce que tu donnerais à une femme qui envisagerait de faire le chemin de Compostelle comme toi ?
- Speaker #0
En vrai, il faut se lancer. Sincèrement, il ne faut pas avoir peur parce que... déjà, si on fait la partie française, on est en France, donc on est dans son pays. Après, l'Espagne, ce n'est pas bien loin non plus. Et en vrai, aujourd'hui, encore plus que quand moi je l'ai fait, tout est aménagé pour le chemin de Compostelle. Il y a des bus, il y a tous les restaurants, il y a les gîtes. Il y a vraiment plein de choses qui sont… Et aujourd'hui, il y a aussi Internet, les groupes Facebook qui permettent aujourd'hui, s'il y a une galère, de pouvoir trouver de l'entraide. Mais honnêtement… Moi, je pense qu'il faut se lancer. Il ne faut pas partir avec des a priori. C'est un chemin qui est cool. Il y a tout pour s'organiser si on a peur et qu'on a besoin que tout soit contrôlé. Il y a tout qui est fait pour. Et justement, ça permet peut-être, quand on est dans le contrôle, de pouvoir lâcher prise au fur et à mesure du chemin. Parce qu'au début, on va vouloir contrôler, tout réserver, tout planifier, tout et tout. Et puis, au fur et à mesure, on va se rendre compte qu'on peut être bien. Et je pense que ça... bon moyen pour une nana solo de se lancer, de se donner aussi un défi. Ce n'est pas dangereux, le chemin. On croise tellement de gens que, franchement, il ne faut vraiment pas avoir de chance. C'est quelque chose qui pourrait arriver quotidiennement, j'ai envie de dire. Le chemin, vraiment, c'est cool, c'est bienveillant. Aujourd'hui, je pense qu'il y a... Moi, je vois beaucoup de messages passer. Il y a plein de femmes qui le font en solo. Donc, franchement... Il ne faut pas attendre auprès des gens. Il ne faut pas attendre auprès de ses amis. Il faut foncer. C'est facile. Il y a tout pour s'organiser. Donc, en vrai, il faut foncer.
- Speaker #1
Parfait. C'est parfait comme beau message pour terminer. Et où est-ce qu'on peut te suivre en ligne ? Je mettrai des liens. Mais si tu peux nous dire quand même si on a envie de suivre tes aventures.
- Speaker #0
Oui, c'est vrai que je partage beaucoup sur mon Instagram, jderotrip. Et je pense que si je repars faire le chemin en Roumanie, je pense que je vais le partager quotidiennement, clairement. Les gens, ils aiment voir ça. Ils aiment voir que tu galères. Ça, c'est clair. Ils aiment bien voir ça. Mais ils aiment bien voir si tu vas aller au bout et si tu vas y arriver. Donc, en fait, moi, je partage beaucoup sur mon Insta. Après, je suis aussi sur Facebook du même nom, JDRotrip, ou ma page perso Jenny Diab. Et puis après, il y a mon site, jderotrip.tv, où on peut retrouver, effectivement, toutes mes expériences, autant sur le chemin de Stevenson ou Compostelle. où justement j'ai écrit un article pour les femmes qui veulent se lancer aussi. Voilà, il y a plein de choses qui sont liées à ça, et aux randonnées que je peux faire. par rapport en tant que femme solo.
- Speaker #1
Super, merci beaucoup. Merci énormément d'être venue partager ça. Tu nous as donné plein d'infos. Moi, tu m'as à fond donné envie d'y aller. J'ai quelques années, deux ou trois étapes, je crois, mais je n'avais pas énormément de temps. Mais c'est vrai que ça m'avait bien plu. Je débutais aussi complètement la rando et c'était plus ou moins parti sur un coup de tête, donc c'est rigolo. Mais en tout cas, ça donne très envie. Merci d'avoir pris le temps de partager tout ça avec nous.
- Speaker #0
Avec grand plaisir, c'était... top de pouvoir en reparler. Moi, j'ai toujours plaisir à en reparler. Ça ne me lasse pas.
- Speaker #1
Merci d'avoir écouté cet épisode. Si cela vous a plu, n'hésitez pas à vous abonner au podcast et à mettre une bonne note sur les plateformes. Cela nous aide. À bientôt !