- Speaker #0
La Sportive Outdoor, le podcast. Bonjour à toutes, aujourd'hui je reçois Manon Bohard, ultra-traileuse française qui s'est récemment illustrée en gagnant la mythique course de la Diagonale des Fous à la Réunion. Manon avait déjà auparavant gagné la TDS, l'une des courses de l'UTMB, le MUTE, l'ultra-trail de Madère, et a aussi des titres de vice-championne de France de trail, de championne du monde de trail par équipe, et aussi une troisième place aux championnats du monde en individuel. Autant dire un sacré palmarès ! alors que Manon ne s'est que récemment mise au trail. Je suis donc vraiment ravie de la recevoir pour qu'elle partage avec nous son parcours, son quotidien d'ultra-traileuse, mais aussi ses très beaux projets à venir pour 2025. Bienvenue Manon !
- Speaker #1
Bonsoir Lorraine, on se retrouve au chaud chez nous, malgré j'imagine que chez toi comme chez moi, un hiver qui est un petit peu compliqué en tout cas chez nous dans le Jura. Il a beaucoup naisé et là il pleut un petit peu, donc la rentrée, pas top.
- Speaker #0
On espère que ça va s'arranger, que la neige va revenir. Est-ce que tu veux bien te présenter en quelques mots ? Je t'ai déjà un petit peu présentée, évidemment, mais pour celles qui ne te connaîtraient pas encore. Oui,
- Speaker #1
alors du coup, moi, c'est Manon Bohard Cailler. Je me suis mariée en 2019. Je vais garder mon nom de famille parce que j'y tiens, j'ai une certaine fierté. J'ai 33 ans. Ça passe vite. Je suis originaire du Haut-Doubs, à la limite, au bout du massif jurassien, à la limite de la frontière suisse, Morteau, pour ceux qui connaissent la fameuse saucisse de Morteau. Je suis de là-haut. Et puis, j'habite depuis maintenant une bonne dizaine d'années aux alentours de Besançon, dans un petit village en campagne, avec mon mari et mon chien. Et je suis diététicienne nutritionniste à Besançon. Maintenant, je suis à temps partiel et je pratique le trail depuis 2016 et avec un peu plus maintenant, une dimension de performance et à haut niveau depuis 2021. J'ai diminué mon temps de travail et maintenant, je pratique ma passion pour le sport, qui est le trail, et aussi ma passion en tant que diététicienne. C'est une vie bien remplie, mais ça fait plein de belles choses à raconter. le week-end ou le soir. J'ai toujours peur de m'ennuyer.
- Speaker #0
Je pense que tu ne t'ennuies pas, effectivement. Tu vas nous raconter tout ça. Finalement, c'est vrai que c'est assez récent. Comment est-ce que ça t'a donné envie ? Qu'est-ce qui t'a donné envie de te lancer dans le trail ?
- Speaker #1
Je pense qu'au départ, c'est quand même ma personnalité. J'ai la passion du sport. Dès le plus jeune âge, j'ai toujours pratiqué le sport. D'ailleurs, j'étais sur des skis à l'âge de 4 ans. Toi qui étais, il n'y a pas si longtemps que ça, sur des skis pour la première fois, nous on a baigné dans cet environnement-là, puisque le Houdou, Mortos, c'est de la moyenne montagne, donc c'est sûr que c'est un environnement qui est... On n'est pas dans les Alpes ou dans les Pyrénées, mais on a quand même quelques collines, quelques montagnettes, et il y a la neige qui s'installe l'hiver. C'est un super environnement pour aller dehors. Et puis en plus, mes parents sont... sont toujours aubergistes. Donc moi, j'ai toujours vécu dans cet environnement-là avec des clients, des randonneurs. Ça bougeait pas mal à la maison et j'avais ce besoin, en tout cas, de m'exprimer à l'extérieur. Et en fait, pour la petite histoire, je me suis mis au trail assez tard parce qu'en fait, j'ai toujours couru un petit peu dans l'entretien de mes sports quand j'étais ado, puis après, jeune adulte, quand je suis partie en études dans les grandes villes, à Lyon, à Strasbourg, bref. Ce n'était pas trop l'environnement dans lequel je m'épanouissais le plus, mais j'ai quand même vécu des belles choses pour les études de diététique. Mais quand je suis revenue m'installer autour de Besançon, j'avais déjà un papa qui courait depuis un certain nombre d'années et déjà un pied dans le trail par le biais de la famille et aussi par le biais de stages qu'on organisait à l'auberge où moi j'étais diététicienne. Je me suis vraiment pris au jeu en arrivant à Besançon, en rencontrant... Un groupe de coureurs, un magasin à la base qui s'appelait Rando Running, qui n'existe plus maintenant, mais un groupe de copains qui ont monté leur magasin et qui se sont lancés à faire des sorties du mardi soir. Et en fait, je me suis mise vraiment à courir comme ça. Et puis en fait, le dossard est venu un peu plus tard en me voyant avoir un petit potentiel et puis une petite envie quand même de compétition et de dépassement. Donc, on va dire que ça date de 2016-2017. peut-être 2018 pour les premiers dossards et
- Speaker #0
2016 pour la mise en route en effet qui n'est pas forcément en lien avec la mise en route du paternel Oui forcément c'est marrant parce que tu t'y es mise un peu comme tout le monde évidemment tu avais déjà un passé très sportif mais en commençant à courir avec des potes et tranquillement Et quelles ont été ensuite les grandes étapes de ton parcours ? Parce que du coup, comment est-ce qu'on passe de ça, qui est un peu la situation effectivement de plein de trailers, à je suis trailer professionnelle, ce qui est ton cas.
- Speaker #1
Oui, alors je pense qu'il y a eu peut-être trois moments un peu clés, enfin en tout cas trois saisons que je vois particulières. La première, c'est quand même quand je décide de me faire accompagner, soutenir par un entraîneur en 2019, qui est d'ailleurs toujours mon entraîneur. au jour d'aujourd'hui, c'est quelqu'un avec qui j'ai une entière confiance et qui me connait très bien donc en 2019 je me fais accompagner par rapport à une structure d'entraînement où je délègue complètement cette partie là à lui et on se met en lien un petit peu dans mes semaines un petit peu pour savoir un petit peu au travail mes envies ça a été un petit peu au départ comme ça et puis là petit à petit ça se professionnalise quand même où je suis plutôt un peu C'est un petit peu au jour le jour. Je pourrais en parler peut-être un petit peu plus tard. Donc 2019, où là, j'ai vraiment eu une évolution assez exponentielle avec déjà des premiers résultats en course, mais surtout une envie d'aller au-delà des distances de 80-70 que j'ai assez vite maîtrisées et où je sentais que j'avais vraiment encore sous la semelle. Et puis l'envie d'aller... plus longuement dehors. L'entraînement, j'adorais ça et de me faire accompagner par un entraîneur qui rendait ça ludique, à souhait et qui m'accompagnait un petit peu dans une progression à tout niveau, j'ai trouvé ça vraiment très fun. Après, il y a eu l'après-Covid en 2021 où en effet, il y a eu la TDS, il y a eu ma première sélection en équipe de France alors que j'étais à des années-lumières de me dire que c'était possible et puis c'est vrai qu'à cette époque-là, c'était... C'est à trois semaines avant la sélection des France où mon entraîneur me dit tu sais tu devrais quand même tenter, tu as quand même bien progressé en vitesse, il y a peut-être quelque chose à faire et tout. Moi je ne croyais pas du tout en moi et jusqu'au dernier moment j'ai failli pas y aller parce que j'étais morte de trouille quoi, n'importe quoi. Et en fait ça a été une super expérience parce que j'ai fait deuxième de la course, donc qualifiée en équipe de France et puis après il y a eu trois... trois sélections, enfin trois saisons en tout cas avec l'équipe de France et ça m'a ouvert des opportunités de rencontres, des opportunités de progression. Et puis aussi, je pense, une version de moi qui découvre la compétition mais sous un axe collectif, ce qui n'est vraiment pas évident sur cette période-là où je me disais que le tri, c'était un sport individuel et basta. Je m'entraînais quand même beaucoup toute seule, avec quelques copains, encore par-ci par-là. Mais quand tu progresses vite, souvent... Et puis quand tu as aussi soif d'ultra ou de plus long, tu n'arrives pas toujours à trouver des copains d'entraînement pour aller fouler quelques sentiers plusieurs heures. Et l'équipe de France, ça a été quand même un joli tremplin. Et puis il y a eu la victoire sur la TDX, où là franchement, je n'étais pas du tout outsider, pas du tout attendue. Il y avait quand même des belles têtes d'affiche. Et voilà. Gros syndrome de l'imposteur après HVRE, parce que vraiment, tout m'est tombé dessus un petit peu. Voilà, juillet la sélection, août la TDS. Mais en fait, je me suis rendue compte que j'étais capable et ça m'a fait quand même beaucoup de bien à la confiance et à l'estime de moi qui était et qui est toujours un petit peu défaillante.
- Speaker #0
C'est fou. Je pense que toutes les femmes que j'ai interviewées jusque-là m'ont dit ça. Et du coup, on se rend compte que c'est à tout niveau parce que pour moi, tu vois, sportive amateur, je me dis... Quelqu'un comme toi, c'est bon, elle doit forcément avoir confiance en elle, etc. En fait, c'est aussi un problème pour des gens comme toi. Donc, c'est quand même toujours intéressant à voir.
- Speaker #1
C'est un trait très féminin, je pense. Et souvent, d'ailleurs, il y a des personnalités féminines qui sont un peu plus extraverties, un peu plus égocentriques. Enfin, tu vois, un petit peu plus à beaucoup parler. D'ailleurs, souvent, c'est ces personnes-là qui ont une carapace et qui ont le moins confiance en elles. Donc, des fois, il ne faut pas forcément... Voilà, l'abîme fait pas le moine. Et puis, la dernière phase qui a été un peu plus spécifique dans mes saisons, c'est l'année dernière, en 2023, où ça a été quand même assez le feu. J'ai vraiment passé un cap où j'ai diminué un petit peu mon temps de travail, d'ailleurs. L'année d'avant, où je me suis fait aussi accompagner par un préparateur mental, mais sur plutôt l'axe un peu psychologique. Et en fait, ça m'a vraiment permis de passer des gaps. Et puis de retrouver l'essence même, le plaisir même et moins me mettre la pression, en fait, tout simplement. Parce qu'en fait, c'était surtout ça mon problème après 2021, 2022, 2023. Et j'ai enchaîné les belles réussites sans vraiment m'en rendre compte. Alors peut-être un peu trop d'ailleurs, parce que du coup, ça a été une année très, voire trop gourmande avec beaucoup trop de dossards. Et du coup, début de saison dernière, j'en ai peut-être un peu payé les frais. Mais parce qu'il y a encore une vie à côté qui est bien suivie. Ce n'est pas évident des fois de freiner et de mettre des limites.
- Speaker #0
J'imagine que c'est comme ça qu'on apprend aussi.
- Speaker #1
Exactement, j'apprends encore et toujours.
- Speaker #0
Et tu cours sous les couleurs de Oka. Quel rôle ça joue ce Team Oka dans ton évolution sportive ? Qu'est-ce que ça t'apporte au quotidien ?
- Speaker #1
Alors Oka, je suis chez Oka depuis fin 2021 exactement. En sachant quand même qu'il y a un historique, parce que moi j'ai toujours couru sur des chaussures Oka. Je connaissais déjà un petit peu des personnes de la team, puisque mon papa a été quand même une dizaine d'années chez eux. Et il y a eu une espèce de passation où mon père a terminé un petit peu sa carrière chez Oka. Et bon, maintenant il est dans une belle famille aussi, un peu plus intimiste. Mais chez Simalpe, il s'éclate tout autant. Mais Oka, ça paraît comme ça, une grosse famille, une grosse entreprise. Mais il faut savoir qu'il y a beaucoup de proximité, beaucoup de liens entre quand même, que ce soit entre les athlètes, même internationaux. Alors, c'est peut-être des fois aussi ce qui fait un petit peu que c'est plus compliqué, mais il y a beaucoup de... Il y a des pisteurs, il y a des routards, il y a aussi les trailers, il y a même des triathlètes. Et il y a aussi plusieurs pays. Donc, on a quand même notre petit groupe, notre petite communauté au cas France. Et puis, on est aussi beaucoup en lien avec les professionnels qui travaillent au sein de l'entreprise. Que ce soit pour la conception des chaussures, les tests, les protos, que ce soit aussi pour la gestion un petit peu de la com. Voilà, c'est quand même très aidant. Il nous facilite beaucoup la vie. Et surtout, moi, ce que j'apprécie le plus, alors outre les produits, parce que c'est surtout pour ça que j'ai accepté et que j'ai démarré le partenariat avec eux. C'est quand même parce que je courais déjà avec cette marque et avec les produits qui m'étaient chers. Et puis les valeurs et puis les gens qui... Ils étaient un petit peu dans l'initiative de ce projet depuis plusieurs années. Moi, c'est quand même vraiment ce côté pas de pression. Ils ne te demandent pas de communiquer à outrance. Ils ne te demandent pas des résultats spécifiques. Il y a quand même... Moi, la pression, je me la mets toute seule. Il n'y a pas de souci. Donc, je n'avais pas besoin de ça en plus. Et pour là, pour le coup, ils sont quand même très aidants par rapport à ça. Ils m'accompagnent même pas mal sur ces niveaux-là, notamment sur les grands événements, quand il y a l'UTMB ou quand il y a... Voilà, certains... groupements c'est quand même assez facilitant et puis juste par contre pour la petite histoire c'est que au cas ça reste quand même une marque donc c'est un team avec des marques que nous on a une image de marque mais par contre il faut qu'on s'entoure et bien de notre staff que ce soit médical de notre entraîneur s'il faut un community manager s'il faut enfin on a quand même tout à gérer à ce niveau là on est quand même une notre propre patron donc c'est c'est très structurant pour nous en tant que aide financière, aide matérielle, aide un petit peu sur la com et tout, mais ça fait, ça manque encore, et je pense que c'est le trail qui manque un peu de cette structure qu'on peut retrouver par exemple dans le vélo ou dans des sports olympiques. On n'a pas encore cette structure et cet accompagnement professionnalisant, professionnel qui nous permettent d'en vivre complètement et de façon... on va dire on est très libre mais en même temps ça demande aussi pas mal de temps et d'organisation autour de nos propres saisons et notre propre accompagnement le monitoring il reste beaucoup de choses à faire par toi même forcément et est-ce que vous vous entraînez régulièrement avec d'autres membres de l'équipe par exemple ? Non, chez Oka on a un regroupement souvent sur la période de fin février fin février, début mars. C'est souvent un stage un petit peu de cohésion pour les nouveaux. C'est aussi pour refaire un petit peu des points sur les nouvelles gammes. Beaucoup un côté un peu marketing. Et puis partager quelques entraînements, mais vraiment cool. Par contre, on a un gros stage sur l'été. Un gros regroupement qui se fait souvent sur Chamonix pour préparer... notamment les courses de l'UTMB. L'année dernière, c'était à Val Thorens. Ça se passe souvent dans les Alpes pour avoir un spot d'entraînement adapté avec un kiné sur place, éventuellement un ostéo et puis un accompagnement pour être dans les meilleures conditions possibles en vue des performances estivales. Mais il y a très peu de regroupements. Là, par exemple, on va se retrouver avec deux athlètes sur la hard rock et un petit peu en amont de la hard rock. Mais voilà, il y a peu de... Et puis surtout, on est un petit peu aux quatre coins de la France. Pour le coup, je suis un petit peu toute seule dans mon Jura chez Oka et on n'est pas beaucoup d'athlètes. On est six ou sept là encore actuellement dans la Team France. Ça laisse quand même peu de temps pour se retrouver. Malheureusement, j'aimerais bien plus, mais ce n'est pas forcément avec eux que je partage le plus, mais les heures d'entraînement.
- Speaker #0
et dans ton quotidien tu nous disais que tu es diététienne nutritionniste en plus d'être ultra traileuse comment tu gères tout ça ? parce que j'ai du mal à imaginer comment on fait pour avoir deux travails concrètement et récupérer, avoir une vie perso comment tu t'organises ?
- Speaker #1
je me suis organisée au fur et à mesure j'ai changé un petit peu ma... La dimension professionnelle, mon métier de base qui est de la diététique. Parce qu'en fait, je suis coordinatrice et cadre dans un réseau de prévention et de prise en charge de l'enfant en surpoids et obèses. Donc en plus, j'ai un poste un peu à responsabilité où je ne peux pas tout à fait bloquer mes créneaux de consultes, partir, faire comme je veux. J'ai quand même des gens où il y a une direction, où je gère un petit peu, où il y a mes patients. consulter avec le médecin, il y a des formations, il y a des actions de prévention aussi que je mène. Donc tout ça, c'est quand même, voilà, c'est pas peut-être le meilleur poste quand on est athlète, c'est certain. Mais en fait, au fur et à mesure de ma pratique, j'ai diminué mon temps de travail pour pouvoir aussi engager quelqu'un qui puisse un petit peu me suppléer, me soulager un petit peu au niveau de certaines missions. le problème ou en tout cas ce que je souhaite aussi c'est que ça a ouvert à d'autres projets c'est que quand j'ai diminué mon temps de travail et que la partie travail, l'athlète a augmenté c'est ouvert aussi un peu la porte un peu la nutrition du sport le lien avec le sport, la performance voir des dimensions un petit peu plus sport au féminin et compagnie et du coup maintenant ça fait quand même depuis 2021 que j'ai une auto-entreprise où je travaille quand même pas mal aussi pour le coup ça prend un gros une belle envergure, c'est super mais je serais... Je freine aussi ces projets-là parce que sinon, si c'est pour passer du temps, diminuer son temps de travail en temps de cadre pour en fait au final le remplir autrement avec du travail et pas avoir le temps suffisant pour récupérer. Parce que moi, ma grande problématique, c'est la récupération, c'est qu'il y en a partout, tout le temps et que je passe des baskets à l'ordinateur ou à mes consultations ou à mes patients ou à des formations tout le temps. ou à des événements et c'est quand même je dois te l'avouer évident ça a été très compliqué l'année dernière en début de saison parce qu'en fait je n'en pouvais plus tenir ce rythme là donc en fait mon entraîneur gère énormément cette partie là où en fait je lui donne mes disponibilités et quand je dis disponibilité c'est pas c'est pas juste mon temps libre, mais c'est justement parce que j'ai compris avec le temps c'est pas juste ton temps libre parce qu'en fait mon temps libre j'en ai pas beaucoup mais en fait moi tout mon temps libre je le passerai à l'entraînement sauf qu'en fait ça marche pas comme ça mais c'est le temps que tu dédies que tu souhaites et que tu peux dédier à l'entraînement, il sait toutes mes semaines comment elles se passent et puis au jour le jour maintenant il me planifie un petit peu mes entraînements en fonction de comment j'ai ressenti la veille, comment j'ai dormi Comment j'ai travaillé, le niveau de stress, les aléas, les imprévus, comment s'est passé le week-end, la course ou la séance d'avant. Au jour le jour, j'ai mes séances qui s'affichent et je n'ai jamais des plans. Comme ça, sur la semaine ou sur deux semaines, ça n'existe pas chez moi. C'est toujours au max, j'ai une visibilité sur trois jours. Mais c'est vraiment quand je le demande. Ça, ça me permet de décharger un petit peu psychologiquement. Et puis ça me permet aussi d'être beaucoup plus au jour le jour, beaucoup moins dans l'anticipation, parce que j'étais beaucoup là-dedans, et j'en venais à plus dormir ou plus réussir à faire les choses en conscience. Et puis ça permet de moins se blesser, tout simplement, parce qu'en fait tu fais les choses comme ton corps le ressent plus facilement, et en fonction de ce que tu es en capacité d'assimiler ou de faire. Donc c'est vraiment une belle marge de manœuvre. Mais je cherche encore cet équilibre. Pour être tout à fait honnête, je vais prendre une dispo sur ce temps de cadre à partir d'avril. Donc je risque de prendre une grosse année, voire deux années de dispo. Alors ça ne veut pas dire que je ne vais plus travailler, mais je vais garder mon autant entreprise et voilà, une quinzaine d'heures par semaine parce que là, pour l'instant, il y a quand même 30-35 heures dédiées à la diète et c'est au moins 30-35 heures dédiées au tral et quand je finisse. Ça, ce n'est pas que l'entraînement, c'est tout ce qu'il y a autour, comme tu l'as vu. Il y a beaucoup de choses. Et en fait, ça fait des semaines qui sont imbuvables. Il n'y a des fois plus la place pour la vie familiale, la vie sociale et la récupération. Et c'est sur ce que je tire depuis quand même quelques temps maintenant.
- Speaker #0
Effectivement, ça fait des semaines vraiment énormes. Et dans la partie trail, évidemment, il n'y a pas que l'entraînement. J'imagine qu'il y a mille trucs autour. Tu réponds à des sollicitations, tu fais des interviews comme maintenant. Il y a plein de choses. Et au niveau entraînement, évidemment, tu cours, mais est-ce que tu fais aussi beaucoup de préparation physique ? Est-ce que tu fais d'autres sports ?
- Speaker #1
Je pense que je suis quelqu'un qui aime quand même varier. Après, j'aime quand même courir. Par rapport à d'autres coureuses, je pense que la course à paix prend quand même pas mal de place. Surtout que je me blesse assez peu au final. Après, j'aime beaucoup skier l'hiver. parce que bon, moi je viens quand même du ski. Là, en ce moment, c'est plutôt des semaines où il y a quatre jours dans la semaine où il y a de la musculation et puis du travail spécifique en trail ou en vitesse. Et puis après, il y a trois, quatre jours de ski. Donc en fait, toi, je polarise un petit peu comme ça mon entraînement. L'été, je roule. Alors, je me suis mise au vélo de route. Alors, je ne peux pas dire que je m'évade et que j'apprécie et que je prends autant de plaisir qu'avec le ski, le ski de rando, le skating et la course à pied. Mais par contre, je suis... On passe quand même des beaux moments sur le vélo. En plus, on a de quoi faire ici. C'est quand même assez agréable. Par contre, moi, j'ai vraiment besoin, même si j'aime de moins en moins être enfermée, j'ai quand même besoin de musculation, notamment sur des périodes clés de l'année. Sur l'hiver, il peut y en avoir une à deux par semaine. Souvent, on en garde jusqu'au mois de mars. On peut remettre des fois un petit peu des rappels sur certaines... certaines périodes de la saison en fonction des objectifs bien entendu mais moi j'ai besoin de cette ce renforcement et cette musculation en prévention de certaines pathologies que j'ai notamment au niveau au niveau de la hanche au niveau des psoas et les ischios donc c'est voilà c'est important donc oui il y a de tout j'aime en tout cas j'adore m'entraîner et je m'ennuie jamais quoi je tire rarement la je traîne rarement les pattes
- Speaker #0
Il y a de quoi varier. Et au niveau plus mental, tu l'évoquais juste un petit peu tout à l'heure, mais c'est vrai qu'il y a quand même cette charge à gérer, il y a une pression à gérer. Tu as aussi les mille choses à avoir en tête pour arriver à tout caser dans une semaine. Comment est-ce que ça, tu t'es appris à le gérer au fur et à mesure ? Est-ce que tu as un accompagnement spécifique ?
- Speaker #1
Oui, alors je me suis fait... Alors moi, j'interviens dans le DU Trial Running à Besançon en tant que nutritionniste. Et puis aussi, on a une table ronde d'athlètes. où j'interviens là en tant qu'athlète. Et en fait, c'est intéressant d'avoir les casquettes un peu différentes. Et en fait, dans ce cadre-là, en 2020, j'ai rencontré un psychologue du sport qui fait aussi de la prépa mentale. Et j'ai mis un peu de temps à le contacter, mais en fait, je me disais que ça faisait un petit moment en tout cas que je me questionnais un petit peu sur mon rapport à mon sport, à ma discipline et à toute cette pression que je me mettais des fois, ou cette impression un petit peu des fois dans... de prendre trop les choses au sérieux. Alors, ça paraît drôle comme ça, mais en fait, prendre trop les choses au sérieux au boulot, prendre trop les choses au sérieux avec le sport, tout, tout, un côté vraiment perfectionniste où en fait, tu veux tout faire trop bien et tu finis par en perdre un petit peu l'essence et le plaisir même de vivre en fait et de passer des beaux moments, que ce soit à l'entraînement, que ce soit en course ou que ce soit au travail. Donc, J'en perdais un petit peu le goût et je me questionnais pas mal sur ma pratique. Et en fait, c'est par ce biais-là que je suis passée par cette rencontre avec ce psychologue où j'ai beaucoup travaillé ce rapport à mon corps, à mon sport, à tout ce qui gravite aussi autour de la notoriété. Mais il y a quand même un petit peu de ça. d'apprendre à gérer la dualité, l'attente un petit peu en compétition, la pression aussi qu'on se met sur les compétitions, puis tout le travail de visualisation. Tous les outils de préparation mentale m'ont servi dans ce domaine-là pour être moins dans subir les avant-courses ou certains événements un petit peu stressants, mais les voir plutôt comme des opportunités. Et puis, ça m'a permis surtout de prendre des grandes décisions, de prendre des décisions, de passer des... des caps et de ne pas vouloir toujours se dire, si j'ai pu faire avant comme ça, si j'ai toujours pu fonctionner comme ça et que ça fonctionnait avant, ça peut continuer à fonctionner. Non, en fait, ton monde, il change. Ta pratique, elle change. Ta vie, elle change. Ta performance, elle change. Ton corps, il change. Et en fait, c'était m'aider aussi à prendre des bonnes décisions pour moi parce qu'en fait, j'étais incapable toute seule et je n'arrivais pas à m'autoriser certaines choses. C'est une personne qui m'a beaucoup aidée à ce niveau-là. Surtout, je n'ai pas appris... Ça n'a pas été révolutionnaire au niveau du mental, parce que je pense que j'ai un bon gros... Voilà, des bonnes qualités mentales. Je connais mes limites. Je sais... J'aime aussi le dépassement. Mais par contre, c'était vraiment surtout au niveau psychologique, retrouver... du plaisir, de la liberté aussi dans mes choix, et tout simplement questionner mes leitmotifs, et voir qu'ils évoluent ces leitmotifs.
- Speaker #0
C'est super intéressant comme retour. Et on va revenir sur ton année 2024. Évidemment, elle a été couronnée d'une superbe victoire sur la Diagonale des Fous, mais avant, je sais que ton année n'a pas forcément été très facile, notamment avec une blessure lors de l'UTMB. Est-ce que tu peux nous parler un peu de cette année 2024 pour toi ? Oui,
- Speaker #1
alors en toute transparence, je pense que, comme je disais, la saison dernière a été riche. Je dirais même remplie à ras bord, on va dire, avec la volonté d'être bonne diète, de bien faire son boulot, mais d'être aussi bonne athlète et puis de faire partie de l'équipe de France et puis de faire aussi des belles courses qui me tiennent à cœur. Et en fait, à un moment donné, tu n'es pas… super héros quoi. Surtout que 4 ultras dans l'année, ça ne s'improvise pas. Donc j'ai eu un début de saison fratassant avec une entrée en matière vraiment sur le mute, les mondiaux derrière où j'ai repris une blessure. J'ai enchaîné après les courses et super performances avec toujours des petits pépins physiques ou toujours pas, en ressentant que j'étais à mon plein potentiel. Donc à chaque fois, je savais que j'avais encore une marge. Et puis je fais un UTMB l'année dernière plein de frustration. en 2023 avec un début de course où je me sentais volée. Et puis deuxième partie de course, j'étais deuxième à un bon quart d'heure, vingt minutes de Courtenay et je me sentais dans un jour incroyable. Et en fait, je tombe. Et en plus de ça, je fais un erreur au ravitaillement, donc double peine. Et je me fais une grosse blessure. Et je vais rechercher une qualification à Hong Kong, donc l'Ultra de Troyes. Et en fait, la saison 2024, elle a commencé avec quand même un surmenage, autant physique, puisque j'ai aussi diagnostiqué un RAID-S sur le début de la fin d'année 2022, début 2023. En tout cas, je sais maintenant que c'est ça, parce que pendant des années, il y a eu quand même, pendant longtemps, ce n'était pas que je faisais le truche, mais que personne n'arrivait à… à m'accompagner ou m'aiguiller par rapport à ça. Et du coup, ce n'est pas anodin. C'est qu'à un moment donné, quand tu as une vie très remplie et que tu n'as pas les capacités d'assimiler en face, ça a beau être mon métier, la diététique et tout, ce n'est pas qu'une histoire de nutrition ou d'apport et de dépense. C'est quand même plus complexe que ça. C'est pour ça que c'est quand même un symptôme un peu vicieux. Je pense qu'il y a beaucoup, beaucoup de... d'études et de professionnels en tout cas qui s'intéressent un petit peu à ce sujet en ce moment. Mais du coup, avec cette problématique-là, plus une année chargée l'année dernière et puis un début d'année très chargé au niveau professionnel et des grosses attentes de ma part, j'ai fait un début d'année très, très compliqué où j'avais beau avoir l'envie, la motivation et avoir fait une très belle préparation hivernale. En fait, il s'est avéré que... Je me suis un petit peu cassé les dents sur la période avril-mai où j'ai cumulé un petit peu les mauvais épisodes et puis aussi quelques petites blessures récidivantes et puis quelques virus. Et en fait, j'ai fait un début de saison un petit peu en dents de scie comme ça jusqu'au mois de juin-juillet où je ne me sentais pas courir à mon niveau, à mon plein potentiel et surtout, je ne me sentais pas en santé. Je le fais très schématiquement et très rapidement, mais c'était vraiment le fait de ne pas se sentir...
- Speaker #0
suffisamment fort, suffisamment en santé pour assimiler cette charge d'entraînement qui était pour le coup, que je m'affligeais moins, qui était volontaire et qui était vraiment... Voilà, je n'ai pas eu de signe en tout cas de baisse de motivation ou quoi, c'était plutôt des signes physiques et hormonaux. Donc voilà, la qualification sur Hong Kong pour se requalifier sur l'UTMB 2024, donc c'était probablement l'ultra et la course de trop. Ça remettait des déplacements en jeu, ça remettait de l'entraînement, de la prépa en jeu. Un ultra, ce n'est pas anodin, en fin de saison en plus. Et puis un hiver studieux, un hiver studieux sans les skis d'ailleurs, parce qu'on a eu un hiver tout pourri, sans neige l'hiver dernier. Et oui, c'est vrai que du coup, on est arrivé sur le début d'année 2024 avec de mon côté un gros surmenage, autant professionnel, parce que c'est des périodes pour moi qui sont quand même assez clés. au travail avec beaucoup de missions, de formations et de travail. Et le début des grandes échéances et des premières courses internationales. Je suis arrivée notamment sur la Transvulcania, où je n'ai même pas pu prendre le départ tellement j'étais surmenée psychologiquement et puis j'avais chopé un virus la semaine avant. Donc voilà, ça a été un petit peu… compliqué, des frances compliquées, une Transvulcania non courue et j'ai repris un petit peu de la forme on va dire en jouant au Swiss Canyon au Swiss Canyon Trail avec une seconde place mais assez loin derrière Marianne au final et je me sentais particulièrement éreinté en fait en profondeur en fait physiquement alors lié au Redes je pense que c'est pas c'est pas anodin mais vraiment du mal à récupérer du mal à continuer avec ce rythme de vie d'enchaîner tout le temps, entraînement, boulot, entraînement, boulot. Et c'est là où je me suis dit qu'il y avait un espèce de point de rupture et il fallait que je trouve un meilleur équilibre parce que de toute façon, autant pour moi, pour mes envies, mais surtout pour ma santé, c'était pas tenable. même si je ne me voyais pas courir à mon plein potentiel, même si c'était très frustrant, l'argument premier, c'était la santé. Donc, c'était pouvoir reprendre des entraînements et un mode de vie, un équilibre de vie avec la santé au centre pour ne pas faire n'importe quoi et ne pas se griller pour plusieurs années de course à pied et puis d'ultra parce que moi, je n'ai pas envie forcément de performer à plus haut niveau. trois ans, j'ai envie de durer et de courir si je peux et de faire du sport toute ma vie. C'est surtout ça qui me tient le plus à cœur. Donc oui, début de saison compliqué, mais une fin de saison, on va dire victorieuse, même si ce n'est pas la saison que je retiens, même si c'est une des plus belles victoires, parce que c'est un monument, ce n'est pas forcément la saison que je retiens, en tout cas au niveau plaisir. performance, ce n'est pas la plus belle saison. Par contre, sur les apprentissages, je pense que c'est une des saisons qui m'a fait le plus mûrir et le plus avancer à ces niveaux-là.
- Speaker #1
Tu te serviras de tout ça pour l'année qui vient. Au moins, ça, c'est positif. Et sur cette victoire à la Diagonale, déjà, c'était quand même incroyable, c'était ta première participation. Pourquoi est-ce que tu avais envie de courir cette course en particulier ? Évidemment, c'est un monument, mais j'imagine qu'il y a aussi une envie particulière d'aller courir sur les sentiers de la Réunion.
- Speaker #0
Tu y es déjà allé à La Réunion, toi ?
- Speaker #1
Non, jamais.
- Speaker #0
Si tu y vas une fois, tu vas comprendre. Il y a un goût de reviens-y. En fait, tu y vas une fois, tu ne peux pas ne pas y retourner. C'est vraiment... Il faut vraiment y aller pour le vivre. Déjà, il y a une ferveur. Et puis, culturellement et humainement, c'est magnifique. Ça fait partie des plus beaux pays. En tout cas, des plus belles destinations que j'ai faites sur le côté humain. avec des rencontres, avec aussi les mafattés, des gens qui te tendent la main, qui sont quand même très chaleureux, en tout cas complètement décomplexés. Ça fait beaucoup de bien. Pas du tout sur les mêmes problématiques que chez nous, en métropole ou dans les grandes villes. C'est un grand bol d'air frais, la Réunion. Pour le coup, le parcours et le terrain, il me convient complètement sur le plan sportif. et physique, c'est quand même des longues montées très raides, en escalier très irrégulière où il faut être très robuste, mentalement fort dans la tête, très fort, très puissant au final, assez léger aussi, sans utiliser, voilà, en utilisant ton matériel, en n'ayant pas l'axe avec les bâtons, tout ça, et puis des descentes quand même assez… C'est technique, il y a quand même une technicité. J'ai connu plus technique en courant à Lille-Maurice, ou sur les côtes en Martinique, ou au Cap-Vert, c'est quand même un peu plus technique. Mais il y a quand même une technicité qui fait que c'est une course qui est... Oui, c'est rugueux, c'est long, c'est rugueux. Le climat te met à mal, il faut apprendre à gérer les environnements, les éléments de la nature. Et puis, il y a vraiment l'ambiance Diag, donc on y est allé surtout aussi pour passer... une tranche de vie là-bas avec un voyage en amont. On était déjà allé avec mon mari, j'étais allée toute petite avec mes parents, j'avais connu l'ascension du Python à 8 ans, j'avais envie de revivre. Voilà, tous ces souvenirs mélangés. J'y suis allée aussi pour un stage d'entraînement avec mon entraîneur en 2021. Donc en fait, j'ai plein d'expériences avec la Réunion et c'était pour moi un petit peu le fait de prendre ce départ, c'était le fait de... Tout mettre un petit peu dans mon sac, toutes mes expériences, ma boîte à souvenirs dans mon sac et puis partir à l'aventure en essayant de penser mes mots de l'UTMB de cette année qui s'est malheureusement mal passée sur le plan physique puisque j'ai contracté deux déchirures, même si c'était bien parti et que j'avais fait une très belle préparation pour ça. En fait, cette préparation m'a servi pour la diag, même si par contre les blessures étaient encore là. Donc, il a fallu faire preuve de ténacité, un peu d'audace et puis de résilience. Je pense que c'est vraiment le mot qui me va bien et je pense que c'est le mot que je mettrais sur ma diag. Audace et résilience.
- Speaker #1
Oui, c'est sûr. Arriver à finir, tu avais quand même des douleurs hyper fortes d'après ce que tu semblais dire. C'est hyper impressionnant. Mais comment tu as fait déjà entre l'UTMB et la diag ? Au final, il y a quelques semaines. tu étais déjà du coup blessée sur l'UTMB comment est-ce que tu t'es préparée pour réussir à être quand même à nouveau prête pour la diagonale même si au final tu t'es quand même re-blessée mais bon t'as fini et t'as gagné alors bon la gagne c'est la cerise sur le gâteau mais c'est pas du tout ce que j'allais chercher c'est très anecdotique aussi pour
- Speaker #0
être assez franche et c'est pas pour dénigrer les autres concurrentes J'ai fait une course très prudente et avec en plus un gros handicap de par mes blessures. C'est dommage parce que j'avais quand même, je pense, une énorme envie et un bon état de forme. Il faut être quand même assez clair sur le fait qu'il y avait peut-être une densité féminine, peut-être un petit peu moindre, parce que peut-être pas des grands noms à côté de moi. Mais bon, ça n'enlève en rien le fait qu'il faut quand même la courir. Il faut la finir. Cette année, il y avait 10 kilomètres de plus. Il y a eu des conditions très compliquées à la fin. J'en ai avant rien la difficulté de l'épreuve. Mais quand même, la victoire et la première place, ça reste en toute humilité. Je pense qu'il y aurait eu une Cathy ou il y aurait eu quelqu'un d'autre avec peut-être un plein potentiel. Je pense que je ne faisais pas un pli. Bon, cette préparation Diag, elle n'a pas trop eu...... Elle n'a pas été présente dans le sens où j'ai vraiment préparé l'UTMB. C'était vraiment mon objectif de saison. Avec mon entraîneur, c'était clair. Et en fait, c'était un petit deal avec mon père en début d'année. Eh bien, je suis allée chercher ma qualif pour l'UTMB, à toi de te qualifier pour l'UTMB. Et si toi, tu te qualifies pour l'UTMB, que tu prends l'UTMB avec moi au départ pour tes 60 ans, eh bien, toi, par contre, tu viens avec moi à la Diag pour mes 60 ans. Ok, lui, il a réussi à se qualifier.
- Speaker #1
C'est sympa vos petits défis familiaux.
- Speaker #0
Ah ouais. Mais moi, je... C'est vrai que jouer à sept semaines d'intervalle, mais voilà, on y allait pour une autre, c'était une autre envergure la diag, c'était une découverte pour moi, c'était un voyage en famille, je n'avais pas de prétention de la gagner. J'allais vraiment pour faire une première diag, découvrir ce que c'était, avec zéro prépa spécifique au final, et après la prépa spécifique, je l'ai fait sur place, parce que je suis quand même allée rencontrer un petit peu, enfin découvrir un petit peu le parcours. découvrir les portions que je ne connaissais pas trop, m'acclimater aussi un peu, je fais les choses correctement. Mais ça m'a surtout permis de récupérer déjà là-bas, parce qu'au moins tu mets de côté le boulot. Moi, c'est des moments off dans ma vie qui sont très précieux, parce que c'est jamais dans ma vie, les moments où je peux m'extirper du boulot pour préparer des échéances comme ça, faire une sieste ou deux dans le mois. D'habitude, c'est une sieste ou deux par an. C'est impossible de caler ça dans ma vie actuelle. Mais en tout cas, c'était un super bon moment et il a fallu surtout récupérer de l'UTMB, gérer la partie blessure, parce que mine de rien, ce n'était pas des petites blessures et on était à… C'est passé à pas grand-chose quand même, mais j'ai eu quand même un peu de chance et j'ai un super entourage à ce niveau-là qui travaille super bien et qui sont en plus… très proches et très avisés. Et quand je suis loin comme ça en déplacement, ils font tout pour que ça se passe, que j'ai des consignes, parce qu'ils savent aussi que j'ai quand même une fâcheuse tendance à m'écouter, enfin voilà, à pas trop écouter des fois un petit peu la structure et ce qu'on avait prévu au départ. Donc non, non, c'était avant tout de se faire plaisir, découvrir et puis récupérer. Et après, moi, je veux vraiment... pas donner l'image de quelqu'un qui enchaîne les ultras, c'était vraiment pas quelque chose que je referais ça a été une expérience d'enchaîner à cette semaine, surtout blessée mais je veux vraiment pas donner cette image là de moi et du sport et de la femme qui essaie de concilier en plus sa vie professionnelle à sa vie sportive je veux pas montrer l'image de quelqu'un qui fonce tête baissée, qui réfléchit pas et qui ne prend pas en compte sa santé ou les signaux de son corps... mais je veux aussi montrer que c'est pas si simple que ça et que des fois on a besoin en tout cas de garde-fous ou en tout cas de diminuer certains piliers ou revoir un petit peu nos piliers nos sphères un petit peu dans nos vies pour savoir qu'est-ce qu'on veut au final et puis qu'est-ce qui peut améliorer un petit peu globalement notre bien-être, parce que quand on parle de santé on parle aussi de bien-être global donc j'espère...
- Speaker #1
J'imagine que c'est un équilibre qui est vraiment pas simple du tout à trouver
- Speaker #0
Non mais... Mais j'espère jouer cette carte-là. C'est la carte que je vais jouer pour 2025. C'est l'équilibre et la santé pour redevenir performante.
- Speaker #1
Justement, on va parler de 2025. Tu as appris il y a quelques semaines que tu allais participer à la Hard Rock 100. Pour celles qui ne connaissent pas, c'est une course qui est à nouveau mythique, qui est particulièrement exigeante, qui se déroule au Colorado et qui fait 100 miles, donc environ 160 kilomètres. Est-ce que c'est une course que tu rêvais de faire depuis longtemps ?
- Speaker #0
Oui, depuis longtemps. petit passé de traileuse, puisque, en fait, moi, j'ai toujours vécu le rêve de par les courses et les épreuves de mon père, mais en fait, tu les vis très différemment. Tu vis ça sous forme d'aventures, de récits, en fait, d'anecdotes, et moi, mon père, il me délivrait ses récits de courses. Alors, il le fait de plus en plus, et il se livre de plus en plus avec l'âge, je pense, et aussi avec le fait que je pratique, donc c'est très, très agréable. Il a aussi écrit son livre, donc je pense que ça a délié un petit peu ses... les langues, mais en fait, lui, la hard rock, il a toujours rêvé de la courir, et en fait, moi, je suis partie dans le Colorado pour des vacances en famille, j'ai découvert un petit peu les montagnes et les environnements là-bas, et en fait, c'est typiquement dans ce type d'environnement que je me sens vivante et pleine, et avec la joie de vivre et l'épanouissement que je me connais, et moi, ce que j'aime, en fait, avec la hard rock, c'est le fait de ce côté intime Ça fait partie un petit peu des histoires d'enfance, les aventures, les voyages. Mais moi, c'est un petit peu ce qu'a rythmé mes envies d'escapade et d'évasion, et du coup de course plus tard. Tu as envie de retourner un petit peu sur les images et sur les sentiers de ce que tu as pu vivre petite à travers toutes ces belles aventures. Donc du coup, la hard rock, c'était en effet dans les... dans les petits carnets de course de mon père. Mais en fait, très vite, je me suis rendue compte que c'était une course qui m'intriguait, qui m'attirait beaucoup, en ayant suivi un petit peu la Oka Team les années dernières, en ayant aussi suivi un petit peu les courses féminines. Parce qu'en fait, ce qui est bien aussi là-bas, c'est qu'ils prennent un pourcentage de femmes à hauteur de 20%. Donc en fait, on a quand même... Voilà, on est 146 au départ. C'est très intimiste. Moi, ça me plaît beaucoup. Il y a beaucoup moins de pression. Il y a beaucoup moins de... C'est un aspect très sauvage et pas du tout les gros engouements comme on connaît dans les gros événements comme l'UTMB. Alors c'est très paradoxal parce que j'aime prendre part à l'UTMB, mais j'aime aussi bien aller sur des courses un petit peu intimistes et où on ne se met pas trop la pression. Et en fait, on a l'impression d'aller faire une grande, de prendre part à une grande bambée en montagne et aller être dans l'introspection et dans le dépassement de soi sans prendre en compte. ce qu'il y a autour. Après, là-bas, tu fais un peu partie de la chaîne alimentaire. Ce qu'il y a autour, les pumas, les wapitis, les ours, tout ça, il faudra quand même se préparer à être autonome par rapport à tout ça. L'altitude aussi, il faudra aussi le préparer un petit peu. C'est une course qui se prépare sur plein de coins et recoins. Ce n'est pas parce qu'elle est intimiste qu'elle n'a pas elle ne doit pas être préparée à sa juste valeur. Et voilà, 146 dossards et 20% de femmes. Ça, je trouve ça vraiment chouette. Et je trouve ça chouette aussi qu'on soit dans la popularité de l'épreuve avec en effet quelques élites. Et j'espère en tout cas pouvoir le vivre un peu comme à l'image du Grand Raid cette année, avec quelques semaines en amont de voyage, la reconnaissance du parcours avec mon mari. Et puis, la petite cerise sur le gâteau, c'est que c'est mon père qui me fera le pacing sur quasiment la moitié de la course. Donc, c'est aussi pour lui rendre un petit peu… Bah, pas moi, c'est… C'est un juste retour. Il n'aura jamais pu prendre peut-être part à un tel événement comme la Hard Rock parce que ça fait quand même plusieurs fois qu'il met le ticket dans la boîte et jamais l'occasion de la faire. Et là, du coup, si au moins, il peut la faire en tant que pesseur et aller fouler un petit peu les sentiers là-bas, c'est chouette. Mais en plus, c'est quelqu'un avec qui j'ai vraiment envie de partager ce type d'expérience. Donc, je me languis d'avance et toute la prépa se... et dédié en tout cas à préparer cette échéance de la meilleure des façons.
- Speaker #1
Ça va être un super moment. C'est vrai que c'est génial de pouvoir partager ça aussi avec ton père. C'est excellent. Et cette préparation que tu disais, il y a quand même beaucoup d'aspects à prendre en compte. Comment est-ce que tu l'abordes et qu'est-ce que tu vas faire de différent par rapport aux années précédentes ?
- Speaker #0
Il y a plusieurs aspects. Le premier dont je t'ai parlé, c'est le fait de prendre une disponibilité au niveau de mon temps de travail, donc pouvoir être quand même un peu plus... on va dire dédié à cette pratique et pas culpabilisé quand je me déplace ou quand je vais me préparer plusieurs jours en montagne ou quand je prends des jours de congé pour aller faire des entraînements ou autre. Donc ça déjà, ça va être beaucoup plus facile. L'hiver est plutôt dédié à la musculation parce qu'il faut vraiment être capable d'assimiler les chocs et le renforcement et aussi une grosse partie à ski comme je te disais pour encaisser du volume sans traumatisme. Puis après il y aura la phase un petit peu de préparation spécifique où je vais pouvoir avoir quelques stages en altitude notamment avec deux copines à Fouromeux, l'environnement parfait pour pratiquer avec en plus les amis et puis c'est un endroit que je ne connais pas du tout les Pyrénées et ça sera juste avant une course que je vais faire en Andorre. Donc, c'est aussi allier l'utile à l'agréable et ne pas faire les déplacements pour rien. Mais voilà, il y aura ces phases-là dans ma préparation. Et puis, toute la phase aussi de redescente chez moi pendant une semaine pour assimiler et repartir en altitude pendant quasiment trois semaines là-bas, aux États-Unis. Donc, je vais essayer d'arriver pas tout à fait trois semaines avant la course, mais quasiment. Je suis vraiment à très peu de choses près. Je serai sur cette phase-là. Et puis de pouvoir faire la première fois le parcours à pied, avec des sacs de rando en rando-course plutôt, pour être vraiment sur de la basse, basse intensité. Et puis sur la deuxième partie et la dernière partie de la préparation, ça, c'est vraiment pour faire des sections bien spécifiques que j'aurais reconnues un peu complexes. Et là, j'espère avec mon père, puisqu'il sera normalement arrivé aux États-Unis pour faire le P. Et ça pourra aussi permettre de finaliser et ponctuer un petit peu cette... Cette belle phase de préparation. Un printemps et un début d'été assez chouettes, il faut dire. Languille d'avance.
- Speaker #1
Tu as déjà vraiment ton plan pour l'année 2025 et tu sais déjà à quelle course tu vas participer en amont. Tu disais à Andorre que tu vas aller courir. Tu en as d'autres qui sont prévues déjà ?
- Speaker #0
Oui, j'ai déjà un petit peu des idées de off et des envies de off et aussi mon planning de course. C'est vrai que maintenant, j'anticipe, j'ai même sur deux ans. un espèce de plan de course. Alors, je me laisse la place aussi à l'impro et à l'envie et au changement de... Mais il y a quand même des grandes lignes. Donc, cette année, il y aura en tout cas quelques dos à ski et sur un semi-marathon pour faire vraiment la vitesse que moi, il faut vraiment que j'ai une carotte pour aller faire ce type de vitesse et avoir de la régularité un petit peu dans les entraînements de vitesse. que ça aille du seuil Ausha la VMA. Et pour le coup, on pense que les ultra-trailers ne font pas de vitesse, ne sont pas rapides, mais ça, on voit bien courir l'UTMB en moins de 20 heures, les garçons, il faut forcément un fond de vitesse et des qualités de vitesse, et il faut l'entretenir sa vitesse. Donc je me force un petit peu à ça, mais j'apprécie aussi changer un petit peu ces entraînements. On sort de notre zone de confort. Donc ça, c'est agréable. Donc il y aura un semi-marathon. Et puis après, pour les grandes échéances, il y aura la Transvulcania au Canary. Voilà, c'est un 75 km sur l'île de Las Palmas. Après, il y aura du coup Andorre. Donc là, ce sera un 80 km en vue d'une calife UTMB, mais c'est surtout aussi pour aller découvrir le coin là-bas et profiter de la belle phase d'altitude et de préparation juste avant pour faire du volume en vue de la Hard Rock. Et puis, je partirai à la Hard Rock le 22 juin pour la course et le 11 juillet. Et puis après, j'attends encore la nouvelle, mais ça sera soit la CCC, soit la petite de l'échappée belle. Et sinon, je finirai l'année sur l'UTAT 100. C'est une course dans l'Atlas marocain. Donc ça, ça va être aussi une belle aventure et avec des copains et avec la famille pour découvrir un petit peu et repartir aussi en altitude parce que là, pour le coup, c'est aussi une course qui se passe dans les hauteurs. Donc ça va être une année altitude et une année un peu plus intimiste, un peu moins mondiaux, un peu moins UTMB. Ça me va très bien, un peu plus montagne, un peu plus comme j'aime.
- Speaker #1
On va suivre tout ça avec plaisir. Ça fait un très beau programme 2025. Vraiment, ça va être chouette. Pour terminer cette interview, est-ce que tu as un message que tu souhaiterais adresser à des femmes qui souhaiteraient se lancer dans le trail ou qui aimeraient progresser dans ce sport ?
- Speaker #0
Le sport le plus stylé de l'univers, même au féminin. J'ai envie de dire aux femmes, aux filles, aux jeunes, c'est ça, c'est comment aussi ne pas créer la rupture, l'arrêt du sport chez les ados, mais aussi de peut-être de pouvoir profiter du démarrage ou de la reprise d'une pratique plus tard. Et le trade, c'est parfait pour ça. Mais non, j'ai envie de leur dire d'oser pratiquer pour elles en mettant des baskets. C'est tellement simple et un petit peu à l'image de ce que j'ai pu faire. On met des baskets, on ne sait pas trop où on va aller. Et puis, au final, on se prend en jeu. On finit par... par faire des traversées avec son corps, à faire au départ 10-15 kilomètres, en fait on finit par faire des 80, des 90 kilomètres, voire plus, des distances qui nous paraissent complètement inimaginables. On déplace tout le temps nos limites, que ce soit mentale et physique, et ça c'est quand même aussi une belle introspection et une belle compréhension de soi. Et puis après je trouve que ce qui est aussi chouette dans cette discipline, il est... Et dans ce sport, c'est le fait aussi de ne pas forcément se faire plaisir avec des dossards, mais de pouvoir changer de motivation au final et d'avoir une pratique, des pratiques en fait. C'est dans une vie de pratique, on va avoir plusieurs motivations, plusieurs pratiques et plusieurs années et saisons de pratiques. Ça permet aussi ça, c'est de se découvrir à travers un sport. Et ça va au-delà de juste le fait de pratiquer. Mais en fait, l'essentiel quand même dans tout ça, Lorraine, c'est… C'est quand même de se mettre en mouvement. Et si elles peuvent le faire par le biais du trail, c'est très bien. Mais autant qu'elles le fassent avec des pratiques et des disciplines qui leur font du bien. Et avec seules ou avec leur tribu. Parce que c'est aussi vraiment très sympa de partager et de profiter de ces bons moments de mouvement à plusieurs. Et c'est le message que je veux faire passer.
- Speaker #1
Merci beaucoup pour ce message. totalement en ligne avec ce que la sportive outdoor essaie de promouvoir, alors merci beaucoup. Merci beaucoup Manon pour ton temps, pour cette interview, c'était super intéressant, tu nous as donné plein d'infos et puis on te souhaite le meilleur pour l'année 2025, évidemment on va suivre ça avec plaisir et plein de bonnes choses, je sens que ça va être une belle année pour toi.
- Speaker #0
Merci Lorraine et j'espère une saison 2025 à l'image, oui de l'outdoor, mais de la santé avant tout, je pense que c'est aussi un petit peu le... les fils rouges de mes saisons pour profiter aussi de la suite avant tout.
- Speaker #1
Parfait. Emma, à très bientôt sur La Sportive Outdoor pour de nouvelles interviews.
- Speaker #0
À bientôt.
- Speaker #1
Merci d'avoir écouté cet épisode. Si cela vous a plu, n'hésitez pas à vous abonner au podcast et à mettre une bonne note sur les plateformes. Cela nous aide. À bientôt.