- Speaker #0
Bonjour à toutes et bienvenue sur La Sportive Outdoor. Aujourd'hui je reçois Marion Prigent. Marion est freelance, elle est passionnée de sport outdoor, elle partage ses aventures sur madamevoyage.fr et aussi sur le magazine La Sportive Outdoor. Et aujourd'hui je lui ai demandé de venir parce que je voudrais qu'elle partage son expérience avec vous. En fait Marion, depuis de nombreuses années, est atteinte de maladies auto-immunes qu'elle a appris à gérer au quotidien. Et j'ai toujours vraiment été impressionnée par son état d'esprit, sa résilience face à ces maladies et le fait qu'elle arrive aussi à rester très active. Du coup, j'ai décidé de l'inviter pour qu'elle nous en parle et que cela puisse peut-être vous aider également si vous êtes dans la même situation. Marion, est-ce que tu peux te présenter brièvement ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Merci Laurène déjà pour l'invitation. Eh bien, j'ai 37 ans, j'habite en Haute-Savoie depuis 5 ans maintenant, mais à la base je suis bretonne. J'ai habité quelques années en Alsace, c'est là qu'on s'est rencontrées d'ailleurs. Et je suis à mon compte depuis 8 ans en temps partiel et 2 ans à temps plein, on verra après pourquoi. Et puis, voilà, toujours fan de nombreux sports de plein air, sport outdoor bien sûr.
- Speaker #0
En parlant de sport, quel sport tu pratiques ?
- Speaker #1
Alors aujourd'hui, maintenant, je pratique régulièrement la randonnée à la journée. La randonnée en itinérance aussi, le parapente bien sûr, le VTT électrique et je fais de la natation aussi. Et puis plus doux comme sport, du yoga et du pilates. Voilà et après il y a les sports d'hiver bien sûr, le ski de rando principalement et la rando en raquette.
- Speaker #0
Waouh, ça fait beaucoup de sport !
- Speaker #1
Ouais !
- Speaker #0
Est-ce que tu as toujours été très sportive ou c'est quelque chose qui est arrivé un peu plus tard ?
- Speaker #1
Oui, depuis toute petite, j'ai toujours pratiqué beaucoup de sport, que ce soit en club ou à l'extérieur avec mes parents. On partait pas mal en camping-car tous les week-ends. Et on faisait, en Bretagne, c'est pas étonnant, on faisait des sports nautiques. Donc de la nage en mer, de la planche à voile et les petits bateaux à voile quand on débute, quand on est jeune.
- Speaker #0
On va passer maintenant à tes maladies. Je sais que c'est en 2015, si je ne me trompe pas, que tu as appris être atteinte de plusieurs maladies auto-immunes. Est-ce que tu peux nous en dire plus ? Peut-être même que certaines auditrices ne savent pas ce que c'est qu'une maladie auto-immune. Est-ce que tu peux nous expliquer ?
- Speaker #1
Bien sûr. Effectivement, en gros, après avoir passé une année super compliquée au travail, j'ai eu plusieurs pertes de connaissances. Mes collègues, mes amis, des inconnus dans le métro m'ont amenée aux urgences sans que je m'en rende compte, parce que j'avais perdu connaissance. Et au fil de quoi, du coup, j'ai été hospitalisée une semaine et on m'a trouvé une première maladie auto-immune. Alors, pour faire simple, une maladie auto-immune, c'est son propre corps qui se bat contre son propre corps. C'est des micro-organismes, en fait, qui s'attaquent à un autre parce qu'ils pensent qu'il est étranger et qu'il n'a rien à faire ici. Donc, voilà, en résumé. Et donc, souvent, ça se déclenche par un stress, par des difficultés, par un choc émotionnel, on va dire. Alors lequel, je suis incapable de le dire, je ne sais pas. Toujours est-il que c'est la maladie de Birmer que j'ai et depuis, j'en ai plusieurs autres.
- Speaker #0
Ok. Comment tu as pris la nouvelle sur le coup ?
- Speaker #1
Ben... Écoute, comme ça faisait déjà un an que ma vie était altérée, très compliquée, j'étais fatiguée et à la fin je n'arrivais même plus à m'alimenter, donc je n'étais obligée de boire que des soupes, que des choses liquides, des jus de fruits que je me faisais moi-même avec un extracteur de jus pour que ça reste sain, que quand j'ai eu un diagnostic, je me suis dit finalement je ne suis pas folle. Parce qu'à un moment donné, ce qui est difficile dans ces cas-là, c'est que tu me connais, je suis... toujours très très joyeuse et quand je dis que je vais pas bien on sait très bien que le lendemain je vais bien quoi donc bon c'est jamais évident quand tu commences à dire que là tu te sens vraiment pas bien mais que tu sens qu'il ya quelque chose de plus profond mais voilà tu as part dire que tu as mal partout et que voilà c'est pas facile le jour où on m'a appris ça et ben je me suis dit bah tu sais de toute façon tu as que deux choix tu as soit celui de sombrer ou soit celui de te relever donc tu me connais j'ai choisi celui de me relever Et bah voilà, de continuer en fait.
- Speaker #0
Bravo déjà, c'est déjà impressionnant. Et suite à ça, t'as décidé de faire pas mal de changements dans ta vie à ce moment-là. Est-ce que tu peux nous expliquer plus en détail ce que t'as fait ?
- Speaker #1
Ouais. À l'époque, j'étais chef de projet événementiel à la base dans les Alpes. Et une collègue a eu un petit souci lors de son congé maternité. Je l'ai remplacé. Et du jour au lendemain, je me suis retrouvée tout sans travail. Donc, j'ai alerté un peu tout mon réseau. Je me suis retrouvée à Paris pendant un an. J'ai réussi à trouver un job pendant un an. Et bon, évidemment, je n'étais absolument ni dans la ville que je souhaitais. ni sur le métier parce que je m'éloignais un petit peu de l'hôtellerie du tourisme. Mais c'était ça où je me retrouvais un peu à la rue et je venais de démarrer mon métier un peu de rêve. Donc, je ne me voyais pas. Ça m'apprendra à faire des pauses et à réfléchir avant de rebondir. Mais voilà, ça a été un bel apprentissage. Évidemment, je pense que pendant cette année-là, elle a été compliquée parce que je n'étais pas à ma place en fait. Même si j'étais dans le métier. que je rêvais de faire, j'étais ni au bon endroit, ni sur le sujet que j'aimais beaucoup et pas forcément avec les bonnes personnes qui m'entouraient non plus. Et du coup, quand j'ai appris ça, de toute façon, du jour au lendemain, on m'a dit, voilà, votre vie, elle va changer. Vous ne pourrez plus jamais faire la même chose. Vous voyez bien, vous êtes fatiguée tout le temps. Bosser 80 heures par semaine dans l'événementiel, ça ne va plus être possible. Donc, je suis revenue en Alsace, chez mes parents. Et là, pour le coup, j'ai appris de mes erreurs. J'ai fait une pause et je me suis dit, ok, de toute façon, la pause, elle s'imposait puisque je ne pouvais plus rien faire. Il fallait que je reprenne des forces, il fallait que j'accepte aussi ma maladie. Et je me suis dit, mais qu'est-ce que je veux faire ? Qu'est-ce que j'aime dans la vie ? Qu'est-ce qui est fondamental pour moi ? Et je me suis enfin posé les bonnes questions. Et évidemment, qu'est-ce qui est revenu ? Le voyage, les sports outdoor, l'écologie, tout ça, tout ça. Et je me suis dit, qu'est-ce que je pourrais faire avec ça ? Et j'ai une très bonne amie qui m'a dit, mais Marion, pour reprendre confiance, tu devrais travailler dans une enseigne de sport en temps partiel. Au moins, tu serais dans ton élément. Et donc, du coup, j'ai fait ça. J'ai postulé et j'ai été acceptée. J'ai travaillé évidemment au début à la montagne. Donc, j'étais pour le coup tout à fait dans mon élément. Super contente de pouvoir renseigner les gens à faire de la rando, tous les sports que je ne pouvais plus trop faire en ce moment. Et en fait, ça a été un très gros déclencheur pour moi d'avoir repris ce CDI à temps partiel, puisque en parallèle, j'ai décidé de créer un blog, de monter ma micro-entreprise. Et en fait, c'est grâce à mon blog, juste pour le plaisir que j'ai trouvé mes clients, m'ont trouvé sur mon blog faire de la rédaction spécialisée dans ce secteur. Et c'est comme ça que l'opportunité s'est créée de changer de métier. Donc là, je me suis dit, mais c'est incroyable, je vais pouvoir faire un métier à mon rythme depuis chez moi. dans le domaine qui me plaît le plus, c'est-à-dire le voyage, la hantale, le sport outdoor. Et je suis devenue du coup rédactrice web et community manager. Et depuis, j'ai aussi appris à créer des web vitrines parce que j'adore apprendre, tout simplement. Ça, c'est tout le côté travail. Sur le côté personnel, la vie du quotidien, elle a diamétralement changé. Je n'ai plus du tout le même rythme, je suis très fatigable et très rapidement. Et donc, ma journée est découpée en plusieurs morceaux avec beaucoup de pauses pour être capable de faire les choses à mon rythme. Et là, j'ai accéléré ça. Depuis deux ans maintenant, je suis à mon compte à 100%. Donc, je ne suis plus du tout en temps partiel dans cette enseigne qui m'a fort appris et donné des ailes. Et aujourd'hui, c'est le cas de le dire, je vole de mes propres ailes tous ces angles.
- Speaker #0
Génial. Au moins, là, tu as réussi à vraiment trouver... C'est surtout une question de rythme, en fait, c'est bien ça? Tu arrives à gérer parce que tu travailles... Enfin, quand même, tu travailles beaucoup. Enfin, normalement, en tout cas. Mais en ayant le rythme qui te convient, tu arrives à gérer ton quotidien, ta maladie (tes maladies). Et ton travail, c'est ça?
- Speaker #1
Ouais exactement en fait je me suis créé les contraintes que je souhaite, comme j'aime dire.
- Speaker #0
Et maintenant ça fait, bah du coup t'as pas mal de recul puisque ça fait à peu près 10 ans que t'as appris que t'étais atteinte de cette maladie. Est-ce que t'as fait encore d'autres adaptations par rapport à celles du début pour vraiment arriver au quotidien à vivre avec ça ? Est-ce que t'as en fait, est-ce que tu continues à apprendre tout le temps ou est-ce que finalement... Ce que tu avais mis en place au départ, c'est toujours valable aujourd'hui et tu restes vraiment sur ce rythme ?
- Speaker #1
Oh, c'est une super question. En 9 ans, évidemment qu'il s'est changé beaucoup de choses parce que j'ai la soif d'apprendre, j'ai la soif d'avancer. J'étais carriériste, je ne peux plus l'être parce qu'à chaque fois que j'essaye de le redevenir... eh bien, ça me retombe dessus. J'ai de nouveau des symptômes, mes maladies se redéveloppent encore plus. Donc, à chaque fois, on se prend une claque et on doit reculer. Donc, à un moment donné, j'ai dû apprendre à, plutôt que de reculer, accepter et choisir un train longue distance qui me permette de rester dans le wagon et d'aller loin, mais toujours à la même vitesse, quoi. Sans accélérer et surtout pour éviter de freiner. Parce qu'en réalité, c'est ça. C'est vraiment, dès que je grand fais trop, ça se réveille. Donc, par exemple, il y a plein de sports que je ne fais plus. Avant, je faisais beaucoup de VTT de descente, d'enduro. C'était des sports très, comment dire, cardio, un peu durs. Aujourd'hui, je ne peux plus, ça me crée des maux de tête. je peux plus il y a des sports que j'ai complètement supprimés malgré moi mais pour un confort de vie si je mettais deux jours à m'en remettre ça sert à rien et puis le travail je ne suis plus carriériste j'ai d'autres priorités dans la vie c'est à dire vivre en fait tout simplement et garder le sourire dans toutes les épreuves de la vie.
- Speaker #0
Et dans le sport, tu as adapté ta pratique déjà par le choix des sports que tu fais. Tu fais des sports qui sont plus doux en fait. Et comment est-ce que tu gères ? Parce que moi j'ai toujours l'impression que tu fais mille trucs encore. Ça m'épate toujours d'arriver à faire tout ça en étant malade. Est-ce que tu adaptes vraiment au quotidien en fonction de comment tu te sens dans la journée ? Est-ce que tu dis que tu vas faire des choses quand même assez courtes à chaque fois ? Mais en même temps je vois que tu pars aussi en itinérance. En fait comment tu t'adaptes vraiment au niveau sportif ?
- Speaker #1
Oui, par exemple, quand on va faire du parapente, il y a deux manières de pratiquer, enfin il y en a beaucoup plus de manières de pratiquer le parapente, mais les deux que je pratique, c'est faire du vol de proximité, c'est-à-dire par une navette aller quasiment au décollage à pied et faire plusieurs vols, ou faire de la randovol, c'est-à-dire on marche pendant plusieurs heures pour arriver à un point, et ensuite on vole. Eh bien, moi, je préfère en faire moins, mais faire ce qui me plaît vraiment, c'est-à-dire de la rendre au vol. Je me suis mise au parapente principalement pour cette raison parce que ça me faisait rêver de voir ces gens s'envoler alors que moi, j'étais là-haut et que je devais redescendre à pied. Je me suis dit, un jour, je veux faire ça. Et je l'ai fait alors que j'étais déjà malade. J'ai appris le parapente alors que j'étais déjà malade. Mais pareil, le parapente, on pourrait avoir des rêves. de traverser, de faire de longs vols pendant plusieurs heures. Moi, je ne peux pas. Je ne peux pas. J'ai mal partout au bout d'un moment. Et ce n'est pas une question de condition physique parce que je fais beaucoup de sport dans la semaine. C'est simplement mon corps qui ne peut pas en fait. Donc, c'est pareil. En fait, j'adapte la pratique par rapport à mon pas. Donc, plutôt que de voler 5 heures, je vole maximum que 2 heures. Après, je suis très fatiguée. Plutôt que de faire 4 vols dans une journée, je préfère faire une randonnée. plus un seul vol. Voilà, ça c'est un exemple concret de ma pratique.
- Speaker #0
En fait, tu as vraiment appris à t'écouter, à écouter ton corps à fond et à tout adapter en fonction des messages qu'il t'envoie en fait.
- Speaker #1
Exactement. La randonnée, tu vois, je randonne beaucoup seule parce que j'ai un rythme plus bas que la moyenne en tout cas par rapport au Savoyard qui marche beaucoup de manière générale. Quand je vais en Bretagne, généralement, il n'y a pas de problème. Mais voilà, en fait, je peux marcher vraiment beaucoup de kilomètres. L'itinérance, ce n'est pas un problème. Par contre, je marche beaucoup plus lentement que des gens sportifs que je serais censée être à la base par rapport au nombre d'heures que je fais de sport.
- Speaker #0
Tu restes très sportive, c'est juste que tu es obligée de mettre un peu moins d'intensité. Ce qui en soi n'est finalement pas gênant. Enfin, tu arrives à faire... plein de choses, tu peux traverser les paysages que t'aimes quelque part si tu mets une heure de plus ou une heure de moins.
- Speaker #1
Exactement, il faut accepter. En fait, il y a deux choix, soit on le fait, soit on le fait pas. Et si on veut le faire, il faut apprendre à s'adapter.
- Speaker #0
C'est super intéressant, merci vraiment pour le témoignage. En plus, en t'écoutant, je me dis que ça s'applique à plein de choses finalement. Qu'on soit malade ou pas malade, je pense que parfois on n'écoute aussi pas assez son corps et qu'on a tendance à un peu essayer de le faire taire sur certains signaux. Toi t'as pas le choix, du coup tu l'écoutes, mais quelque part c'est une bonne chose de l'écouter, donc je pense que ça pourra aider pas mal de monde. Et est-ce que t'as un message que tu voudrais passer à d'autres femmes qui seraient dans la même situation que toi ?
- Speaker #1
Tu sais, la plupart des gens se disent que dès qu'on a un problème, en fait, on arrête tout. On se dit mais je peux plus Mais il y a beaucoup de gens aussi qui nous mettent des bâtons dans les roues et qui nous disent bah tu sais, maintenant que t'as ça, de toute façon, c'est mort, quoi Mais en fait, il faut s'imaginer que les gens, ils nous disent ça parce qu'eux ne seront pas capables de le faire ou de réussir à passer outre. Mais on est différents des gens. Quand il nous arrive des choses comme ça, on a une force qu'on n'imaginait même pas au fond de nous. Donc, il faut s'écouter. Il faut s'écouter et il faut aussi, dernier petit message, il faut aussi, surtout, se dire que tout le monde a des soucis dans sa vie, plus ou moins difficiles, avec une plus ou moins grosse intensité, mais on ne peut jamais se comparer et comparer sa douleur. La chose qui est très importante, c'est ce qu'on en fait. ce qu'on décide de faire de ce qui nous arrive en fait.
- Speaker #0
Oui, effectivement. Oui, c'est vrai qu'on ne peut pas, on ne peut jamais se comparer. Et on est tous et toutes amenés à un moment donné à avoir des choses pas drôles dans notre vie. Donc oui, avancer sans se comparer aux autres, ça paraît être une bonne ligne de conduite. Eh bien, pour finir, Marion, où est-ce qu'on peut te trouver en ligne? Tu es très active donc nos auditrices vont pouvoir te suivre.
- Speaker #1
madamevoyage.fr partout, sur Instagram, sur mon site internet, mon blog de voyage, voilà.
- Speaker #0
Je e mettrai les liens en description dans la vidéo YouTube et dans le podcast. Je te remercie énormément d'avoir pris le temps de partager ce témoignage. Ce ne sont pas des sujets qui sont forcément évidents. Je sais que toi t'en parles volontiers et je pense que ça t'aide toi déjà j'imagine, mais ça aide aussi beaucoup d'autres personnes. Donc merci beaucoup d'avoir pris ce temps-là et puis à très bientôt.
- Speaker #1
C'est très gentil, merci à toi pour l'invite.
- Speaker #0
A bientôt sur la Sportive Outdoor.