Speaker #0Bienvenue dans le podcast Steel Point. Je suis Alexane Bancal, ostéopathe, passionnée par l'humain dans toutes ses dimensions, la philosophie du soin, la spiritualité, les animaux, la nature et l'exploration de mon monde intérieur. Dans cet espace, je porte ma voix en solo où je vais à la rencontre de personnes qui m'inspirent pour vous partager des réflexions autour de la présence. son influence dans les différentes sphères de notre vie, et comment cultiver cette qualité d'être au quotidien. Cette thématique est centrale dans ma quête de sens depuis mes premiers pas en ostéopathie. Aujourd'hui, je suis convaincue qu'en déployant notre état de présence à soi, on apprend à être davantage présent au vivant en nous et autour de nous. Et si cet état d'être était la clé non seulement de notre équilibre intérieur, mais d'un monde plus harmonieux ? Ce podcast s'adresse à toutes et à tous. Je me réjouis de te retrouver un mercredi sur deux, pour un moment ensemble, dans l'ici et maintenant. Bonjour et bienvenue dans ce huitième épisode en solo du podcast Steelpoint. Je suis heureuse de vous retrouver aujourd'hui après une courte absence. Je suis de retour de ma formation dans le sud-ouest de la France et j'ai envie de vous partager un des grands enseignements en lien avec cette semaine. pas directement lié avec ce que j'ai pu apprendre pendant ma formation, mais c'était quand même un sacré enseignement aussi. C'est prendre le temps. Ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé comme ça. J'ai passé une semaine sans sortir du lieu de formation où nous logeons également, coupée du monde extérieur, dans une maison entourée d'un très grand jardin qui était entourée de forêts. On était vraiment dans le silence, dans la nature, dans un espace de sérénité, de calme. loin de mon quotidien. Il y avait le temps, il y a eu pas mal de pluie donc c'était une semaine plutôt tournée vers l'intérieur de la maison donc parfait en lien avec l'introspection que j'étais en train de vivre aussi et finalement on est sorti qu'une fois pour faire une randonnée un matin d'éclaircie. Donc comme toujours c'est mes épisodes en solo, l'idée c'est pas de vous faire un cours de philosophie ou de physique sur le sujet mais de vous partager mes réflexions, ce qui a pu germé dans mon esprit en lien avec le temps. Et Sénèque disait « Nous sommes si occupés à courir après le temps que nous oublions que c'est lui qui nous rattrapera toujours. » C'est un problème qui traverse visiblement les âges et qui nous concerne tous. Notre rapport au temps donne le vertige. On vit dans une société où le temps s'accélère, où il y a une illusion de l'urgence. Donc nous évoluons dans une société de performance, de productivité. Tout s'accélère et tout doit être fait dans un... l'immédiateté. Le nouveau tempo de nos existences nous questionne sur notre rapport au temps. On court après le temps. On tue le temps. On vole le temps au temps. On n'a pas le temps. On manque de temps. On aimerait que le temps s'arrête pour finir tout ce qu'on a à faire dans une journée. On cloisonne le temps. Donc le temps professionnel, le temps personnel, le temps pour soi, le temps de perdu. Tout s'enchaîne, s'en pose, car il y a aussi une valorisation d'avoir une vie. Bien rempli du « je suis débordé » , synonyme de réussite, de responsabilité, preuve de valeur. On ne s'arrête jamais vraiment dans ce monde où tout va de plus en plus vite. Le rythme et des informations, les avancées technologiques, la façon de se déplacer, de travailler, de cuisiner, de se nourrir ou même de faire du sport. Nos cerveaux fonctionnent en accéléré dans cette illusion de l'urgence. On se met la pression pour avancer. pour cocher les cases, pour remplir notre journée, comme si chaque minute devait servir à quelque chose, à faire. Et même quand on ne fait rien, on scrolle, on anticipe, on a peur du vide, on ne sait plus de rien faire. Et est-ce que tu connais toi aussi ce sentiment ? Quand chaque minute est optimisée, que ton agenda déborde de rendez-vous, de tâches, et que tu sais que ta journée ne va pas être suffisante pour... tout faire. Ce sprint qui nous amène à repousser nos limites, à ne plus respecter notre rythme intérieur ou nos systèmes nerveux. Et on en parle de plus en plus du système nerveux et c'est pour de bonnes raisons. Ils ne sont plus régulés, on finit épuisé, en stress chronique, avec des troubles du sommeil ou en burn-out, malade. Bref, les symptômes physiques peuvent être aussi le résultat de cette course après le temps. Et une fois qu'on est pris dans ce tourbillon, on oublie notre rythme intérieur. Il est difficile d'en sortir. C'est comme un muscle. qu'il faut entraîner pour retrouver notre juste rythme en prenant le temps. Mais il faut dire que c'est difficile parce que vraiment dans notre société, c'est comme nager à contre-courant que de prendre ce temps. Et avant d'arriver en formation, j'étais un petit peu dans cette dynamique. Plus les jours sont passés et plus je me suis vue sortir de ce tourbillon. Comment on prend le temps ? Mon stage reposait sur des qualités d'être essentielles chez un thérapeute, la présence et l'écoute. L'injonction pour moi c'est donc de ralentir, de me poser. Prendre le temps c'est ralentir volontairement en faisant les choses, en marchant, en mangeant, en cuisinant, même en parlant. C'est un choix de chaque instant dans nos gestes du quotidien. Pour ma part, je travaille sur ma lenteur dans ma pratique, en me déplaçant, en posant mes mains de manière plus consciente. Chaque geste était fait en conscience, en présence, avec une attention. Et en tant que thérapeute, en étant dans une lenteur dans le soin, ça permet aussi d'avoir un impact sur le rythme de l'autre et de lui rappeler peut-être son rythme intérieur. Cette lenteur, elle permet aussi de redonner un sens à ce que l'on fait, être davantage en communion avec la vie et à se reconnecter à l'instant de ce qui est important sur le moment. C'est arrêter de courir jusqu'à s'essouffler et en étant dans un mouvement plus dansant, plus connecté, et respecter davantage aussi nos besoins intérieurs. C'est aussi en passant par l'arrêt du faire. Arrêter de faire, faire et toujours faire plus. Blaise Pascal disait « Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. » S'offrir des moments de vide sans chose à faire. Rappelez-vous de mes épisodes solo précédents. Le vide permet de se régénérer, de revenir à une certaine sérénité, mais d'être aussi plus créatif. Sortir de cette illusion de l'urgence. La matrice des N-Hours est un super outil pour classer nos tâches et mieux gérer son temps. Donc, il les range en quatre catégories. Donc ce qui est à faire d'important et d'urgent, ce qui est à planifier comme important mais non urgent, ce qui est à déléguer de façon urgente mais non importante, et ce qui est à abandonner car non urgent et non important. Et quand on est en train de faire quelque chose, c'est aussi important d'être pleinement présent à la tâche du moment. Et on le fait tous, moi la première. Ça m'arrive de penser aux choses que je dois faire alors que je suis en train de passer un moment avec des amis. Et que ça rend l'heure du coup parfois un petit coup de stress en moi. À une tâche, on est toujours en train de vivre un instant. On est déjà en train de penser au prochain moment à vivre, à la prochaine chose à faire. Et ça amène à se poser la question suivante. Qu'est-ce qui est vraiment important ? Est-ce que je suis en train de vivre maintenant compte vraiment ? Et si ce n'est pas le cas, c'est aussi la bonne occasion d'apprendre à dire non. d'apprendre à dire stop, d'arrêter de faire les choses, faire plaisir aux autres et revenir à ce qui est écologique pour soi. Prendre le temps, c'est aussi apprendre à s'éloigner des distractions. C'est une problématique centrale dans nos sociétés hyper connectées, saturées en stimulation, en tout genre. Je lisais des chiffres l'autre jour, un adulte en France, hors de son temps de travail, passe en moyenne plus de 4h30 sur les écrans par jour. Et c'est juste énorme. Et ce temps à scroller rend notre attention de plus en plus volatile. Et sans attention, nous nous déconnectons du réel. Pendant ma semaine de stage, mon téléphone professionnel n'était pas avec moi. Mon téléphone personnel non plus. Je le laissais dans ma chambre le matin quand j'en sortais et je le récupérais le soir principalement. J'ai nettement diminué. Mon temps sur les écrans s'enforçait. En fait, ma qualité de présence, mon attention pendant mes journées d'enseignement m'ont amenée naturellement à ce ralentissement et ont fait que je n'en avais plus envie. Même la lecture, je montais le soir dans ma chambre vers 21h30, 22h et avant le début du stage, je me réjouissais, je disais « Ah, je vais avoir le temps de lire, ça va être super ! » Mais là aussi, impossible. Je sentais vraiment que mon être, mon système, voulait uniquement que je sois dans l'instant présent et... que j'arrête d'être dans le faire. Donc, notre rapport au temps est une expérience très subjective. J'ai perdu toute notion du temps. Pendant ma semaine de stage, j'ai eu l'impression de passer une semaine hors du temps, où le temps s'est arrêté. Prendre le temps, c'est s'offrir en fait une expérience qualitative dans notre quotidien, où on renoue avec le réel, où on vit les expériences dans l'intensité du moment. Bergson disait, le temps ne se mesure pas, il se vit. C'est changer notre rapport au monde, celui où on habite l'instant présent. On est attentif à ce qui est, on déploie notre capacité à ressentir, à écouter, à voir, à goûter. Ça nous ramène en fait à l'essentiel. Plus nous sommes présents à nous-mêmes, plus on est connecté à notre ressenti, à notre rythme intérieur. Et cette pratique en fait de l'attention en prenant le temps, c'est en fait ce qui permet aussi de ramener l'esprit à lui-même, cet esprit qui est colonisé par une quantité de stimulation. Ça a aussi une influence sur notre rapport aux autres. Ça nous permet de développer une qualité d'écoute où l'autre se sent plus entendu, plus reconnu dans ce qu'il est. Ça nous offre plus de moments de qualité avec notre entourage, une meilleure voie de communication où on rencontre l'autre. Ça nourrit des relations plus profondes. Ça nous permet également ... de changer de lunettes, de réapprendre à voir le monde, le vivant en nous et autour de nous. C'est une manière de renouer avec ce que nous avons de plus précieux, notre intériorité, notre sensibilité, notre capacité à contempler, à aimer, à rêver, à voir le beau dans le monde. C'est s'émerveiller du coup face à cette beauté de la vie. Je repense. au feu de cheminée qui crépitait. Ces moments où je me posais en silence juste à regarder les flammes, à voir les bûches se consumer et à entendre le crépitement du feu. C'est prendre le temps de se connecter au silence de l'autre, être juste là avec lui. C'est prendre le temps de savourer un bon repas, de se reconnecter à l'alimentation. Et j'ai envie d'aller plus loin en disant que... Prendre le temps, en fait, ça devient aussi un engagement politique. C'est dire non à cette aliénation imposée par la modernité et préserver sa liberté intérieure. C'est résister à l'exploitation de notre attention, de notre énergie, de notre humanité. C'est se créer, comme je disais, un espace de liberté dans ce monde saturé. C'est retrouver une forme de souveraineté intérieure, se réapproprier son corps, son esprit, son attention. C'est un acte de recentrage. Une décision d'exister autrement. Prendre le temps, ce n'est pas perdre son temps, c'est lui donner un sens. Confucius disait, le secret du bonheur, c'est de prendre son temps, de ne pas laisser la vie nous dépasser. Au fond, c'est une éthique de la présence. Merci pour ta présence. J'espère que ce moment t'a inspiré, a vite davantage dans l'instant présent. que ce soit à travers l'expérience de ton corps, tes relations ou avec le monde qui t'entoure. Si ce n'est pas déjà fait, pense à t'abonner sur ta plateforme d'écoute préférée pour ne rien manquer des épisodes prochains. Et n'hésite pas à laisser un commentaire, une jolie note et partager ce podcast autour de toi. Cela m'aide énormément à rendre Steelpoint plus visible et ça me fait tellement plaisir de lire vos retours. Un grand merci à tous. Nous se retrouvons dans deux semaines. pour un nouvel épisode. En attendant, tu peux me retrouver sur Instagram ou mon site Internet. Les liens sont dans les notes de l'épisode. Je te dis à très vite.