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Super Docteur - médecine générale

1/2 Les médecins sont-ils déjà condamnés par l’IA? (avec Laurent Alexandre)

1/2 Les médecins sont-ils déjà condamnés par l’IA? (avec Laurent Alexandre)

24min |13/05/2025
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24min |13/05/2025
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Description

L’intelligence artificielle va-t-elle remplacer les médecins ?


🔥 Téléchargez gratuitement l'application Vidal Mobile ici: https://onelink.to/superdocteur


Et si l’intelligence artificielle n’était pas simplement un outil, mais un bouleversement profond de notre métier ?


Dans cet épisode exceptionnel, je reçois le Dr Laurent Alexandre, chirurgien-urologue, fondateur de Doctissimo, auteur notamment de ChatGPT va nous rendre immortels. Penseur iconoclaste, entrepreneur, expert des NBIC, il propose une vision singulière et sans concession de l’avenir de la médecine à l’ère de l’IA.


Avec lui, nous abordons des questions cruciales pour notre profession de médecin généraliste :

• Où en est réellement l’IA en médecine aujourd’hui, entre promesses marketing et réalité réglementaire ?

• L’IA est-elle déjà plus performante que les médecins dans le diagnostic complexe ?

• Quelle place pour le médecin généraliste face à des intelligences artificielles toujours plus puissantes et rapides ?

• L’empathie humaine est-elle un refuge… ou un leurre ?

• La médecine générale risque-t-elle de devenir un “bullshit job” ou au contraire d’ouvrir de nouveaux territoires d’action ?

• Quelles compétences développer dès aujourd’hui pour rester pertinent face à ces évolutions ?


Au fil de cet échange, le Dr Laurent Alexandre partage un constat sans fard : la vitesse des progrès de l’IA dépasse de loin la capacité des universités et des cursus médicaux à s’adapter.


Selon lui, continuer à parier sur l’accumulation de connaissances médicales serait illusoire : l’IA lit plus vite, comprend mieux, intègre plus d’informations que n’importe quel professionnel de santé.


Mais alors, que nous reste-t-il ? Faut-il se résigner à être les « prolétaires de la médecine », comme il le redoute ? Ou repenser radicalement notre rôle, en investissant de nouveaux champs : leadership, entrepreneuriat, organisation des soins, innovation ?


Cet épisode, à la fois fascinant, dérangeant et stimulant, vous invite à réfléchir en profondeur à l’avenir de notre métier, au-delà des slogans technophiles ou des résistances nostalgiques.


👉 Un entretien indispensable pour tous les médecins curieux des enjeux de demain, et pour ceux qui veulent rester acteurs plutôt que spectateurs de la révolution numérique.


👉 Abonnez-vous à la newsletter Super Récap’ pour recevoir un mail à lire en 1mn récapitulant les grands points des épisodes de la semaine (c'est gratuit et sans spam!): https://superdocteur.substack.com/


Mon livre est disponible ici: https://www.chroniquesociale.com/comprendre-les-personnes/1315-medecine-integrative.html


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https://www.youtube.com/channel/UCbZG3thgg8pWjhv-1Ksh1AA


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https://www.linkedin.com/in/matthieu-cantet-4a5591294/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Vous connaissez ce moment en consultation où un patient arrive avec des ordonnances bien chargées, souvent rédigées par plusieurs spécialistes, et vous devez vous assurer qu'il n'y a pas d'interaction problématique ? Cette situation m'arrive quasiment tous les jours. Le dernier en date était un patient polymédiqué, sous anticoagulant pour une fibrillation atriale, sous anti-inflammatoire pour une arthrose, et avec un traitement pour son diabète. Bref, un cocktail à risque. Je voulais être certain de faire les bons choix pour lui. Avant, il fallait tout vérifier manuellement, analyser chaque molécule, croiser les fiches produits, évaluer les interactions. Un vrai défi, surtout en pleine consultation. Mais aujourd'hui, avec Vidal Mobile et sa fonctionnalité d'analyse d'ordonnance, j'ai un véritable assistant à portée de main. Il me suffit de scanner l'ordonnance ou d'entrer les médicaments, et en un instant, j'ai un bilan clair des interactions potentielles, des alertes précises et des recommandations adaptées. Résultat ? Je détecte rapidement les risques, j'ajuste la prescription en toute confiance et surtout je sécurise mon patient tout en gardant un temps précieux. L'appli est gratuite pour tous les médecins. Il suffit de la télécharger et de renseigner son numéro. RPPS, vous avez le lien dans les notes de cet épisode. De mon côté, je ne peux plus m'en passer, alors à vous de tester. Bonjour à tous et bienvenue dans Superdocteur. Aujourd'hui, nous abordons un sujet aussi passionnant qu'incontournable, l'intelligence artificielle en médecine générale. Entre fantasmes et réalité, promesses et craintes, Quelles seront les réelles conséquences de l'IA sur notre pratique, notre rôle et la relation que nous entretenons avec nos patients ? Pour explorer ces questions, j'ai l'immense plaisir d'accueillir le docteur Laurent Alexandre, chirurgien urologue de formation, il est notamment diplômé de Sciences Po, HEC et l'ENA, ce qui lui confère un regard singulier à la croisée de la médecine, de l'économie et de la politique. Il est surtout connu du grand public pour avoir cofondé le site Doctissimo, mais aussi pour ses prises de position tranchées et ses réflexions percutantes. sur l'avenir de l'humanité face à la technologie. Auteur de plusieurs ouvrages majeurs tels que La mort de la mort, La guerre des intelligences, l'IA va-t-elle aussi tuer la démocratie et plus récemment, ChatGTPT va nous rendre immortels, il est l'une des voix les plus singulières et provocatrices du paysage francophone sur la place de l'intelligence artificielle dans notre société. Dans cet épisode, nous allons questionner avec lui la place réelle de l'IA en médecine générale. Sera-t-elle l'allié ou un concurrent au médecin généraliste ? Peut-on imaginer un futur où l'intelligence artificielle soignera mieux que nous ? Quel impact sur la relation médecin-patient ? Et surtout, comment rester maître de notre pratique dans ce nouveau monde technologique et ses avancées à venir en santé ? Un échange qui s'annonce passionnant et stimulant pour prendre de la hauteur sur notre métier et mieux comprendre les enjeux qui s'ouvrent à nous. Bonjour Laurent.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir pris de ton temps pour être avec moi. Aujourd'hui, je te pose ma première question. Qu'est capable de réaliser l'IA aujourd'hui en médecine ?

  • Speaker #1

    Alors d'un point de vue réglementaire, pas grand-chose, car l'utilisation de chat GPT par un médecin, généraliste ou spécialiste, n'est pas encadrée par la réglementation, n'est pas autorisée. Il existe bien sûr des petits logiciels d'intelligence artificielle qui sont anciens, qui sont souvent sur des analyses sectorielles, dépistage de tel ou tel type de cancer, analyse des radios. Mais ce sont de vieilles intelligences artificielles pour une raison très simple, c'est que... pour obtenir le tampon de la Food and Drug Administration, de la FDA, il faut plusieurs années. Donc en réalité, toutes les IA ou quasiment toutes les IA qui sont sur le marché aujourd'hui sont des vieilles, vieilles IA qui datent d'avant la sortie de chaque GPT 3.5 le 30 novembre 2022. Donc aujourd'hui, on n'a que des nanas, des vieilles IA et les IA puissantes comme les dernières versions de Gemini ou de chaque GPT, voire même de Grok, dont la version 3.5 sort la semaine prochaine. ne sont pas utilisés en médecine, en tout cas pas dans un cadre réglementaire. Donc aujourd'hui, on a un décalage énorme entre la puissance de l'IA et ses progrès immenses et les outils qui sont réglementairement à la disposition du médecin, qu'il soit généraliste ou spécialiste. Mais la différence entre médecin généraliste et spécialiste, c'est un combat du XXe siècle. Ce n'est plus le sujet à l'ère de l'intelligence artificielle.

  • Speaker #0

    Tu me parles beaucoup de réglementation, tu as tout à fait raison. En pratique, quand je renseigne chez un patient qui a une multitude de symptômes et un passé médical complexe, quand je prompte tous ses antécédents, ses signes, ses symptômes, ses bilans paracliniques, etc., j'ai l'impression que la nouvelle version de Ausha est incroyablement puissante et peut même trouver des diagnostics que parfois je ne connais même pas.

  • Speaker #1

    Bien évidemment. Alors tu sais que les intelligences artificielles, même les dernières, ont un taux d'hallucination qui n'est pas nul et se trompent parfois. et d'ailleurs O3 et O4 mini, les deux dernières versions de chaque GPT ont même un taux d'hallucination un petit peu supérieur à 4 O. Mais Si tu prends 100 médecins, que tu tires au hasard des dossiers de spécialité complexe, chaque GPT va faire mieux que les 100. Il n'y a aucun médecin au monde, aucun universitaire au monde, qui sur un dossier tiré au hasard, va faire mieux que chaque GPT au moment où nous parlons. Et chaque GPT va faire, quand tu vas lui donner le dossier en PDF, va faire l'analyse en quelques secondes. Là où nous sommes beaucoup plus longs. Bien sûr, chaque GPT a encore des faiblesses. Il n'est pas capable d'analyser un scanner, par exemple, sous forme image. Il est capable d'interpréter très bien l'interprétation textuelle et de l'intégrer au dossier. Ce que les radiologues ne font en général pas, parce que les radiologues ne croisent pas le dossier médical avec le scanner. Ça, il le fait remarquablement bien. En revanche, si tu donnes un scanner digestif à chaque GPT, il ne va pas bien. n'analyser les images et il va commettre un certain nombre d'erreurs parce que contrairement à ce que les gens imaginent, l'IA n'est pas extrêmement bonne sur l'imagerie médicale, les IA modernes. Ce sont les vieilles IA, les réseaux de neurones traditionnels, qui sont plus efficaces. Alors c'est temporaire, ça va changer. Mais aujourd'hui, ce qu'on peut dire, c'est que l'IA nous a déjà tous dépassés, qu'on soit spécialiste, généraliste, universitaire à la Mayo Clinic ou à la Harvard Medical School. ou généraliste dans le bassin du Gange, ChatGPT nous dépasse sur un dossier tiré au hasard, et c'est un choc profond qu'on n'avait pas anticipé. Comme je le dis souvent, d'ailleurs je l'ai écrit dans mes derniers bouquins, ce que fait ChatGPT en médecine aujourd'hui, le 29 novembre 2022, c'est-à-dire la veille de la sortie de ChatGPT 3.5, je n'imaginais pas ça possible avant 2050. Les choses se sont beaucoup accélérées. Et donc, la question n'est pas de savoir si l'IA va faire de meilleurs diagnostics que nous et choisir de meilleurs traitements. C'est déjà le cas. Notre problème, il est de réfléchir à 5, 10, 20 ans sur ce qu'à titre individuel on va devenir et sur ce que va devenir notre exercice. Sachant que les inerties professionnelles, corporatistes, universitaires font que les facultés de médecine... envoie nos jeunes futurs collègues au casse-pipe. L'université a un retard sur ces sujets qui est hallucinant, qui est hallucinant, incompréhensible. Et ça, les jeunes confrères le paieront, parce que le jour où ils vont arriver sur le marché, quand tu es en deuxième année de médecine aujourd'hui, tu vas arriver sur le marché du docteur dans dix ans, face Ausha de GPT du moment, Tu vas avoir un vrai problème que toi et moi, qui sommes des bons utilisateurs de chat GPT, nous voyons très bien, mais que beaucoup de nos confrères qui n'utilisent pas l'IA ne réalisent absolument pas et ne voient pas la vitesse à laquelle ça va. S'il n'y avait qu'un truc à dire et qu'il y a un truc indicible et qui est vraiment très compliqué, c'est qu'il ne faut jamais oublier que chat GPT gagne un point de caution intellectuelle chaque semaine. On est très très très proche du moment où ChatGPT et ses équivalents comme Gemini chez Google va être plus intelligent que 100% des terriens, pas seulement 100% des spécialistes ou des généralistes. Et on n'a pas réfléchi au monde d'avant. Alors d'ailleurs, ce matin en prenant mon café, j'ai demandé à ChatGPT quel est notre avenir face à ces futures versions. Il n'est pas très optimiste pour nous, ni à titre individuel, ni à titre collectif. Aujourd'hui, bien sûr qu'il faut réfléchir à ce qu'on peut faire à court terme avec l'IA, mais il faut avoir une réflexion à 5-10 ans au minimum sur ce qu'on va faire. J'ai demandé à HLGPT comment il voyait mon avenir professionnel et sa réponse, et j'invite tous les confrères à faire la même chose, sa réponse est très cruelle.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'il t'a répondu ?

  • Speaker #1

    Il m'a dit la plupart de tes territoires cognitifs sont perdus. La plupart des choses que tu fais aujourd'hui sont perdues à très court terme. Tu ne vas pas tenir face à moi. Et si tu veux, il m'a dessiné une cartographie des territoires perdus, des territoires gris presque perdus où il me déconseille de rester parce que je vais m'épuiser. Et de toute façon, ces prochaines versions vont me crabouiller. Et puis, il a déterminé un territoire où je peux encore exister. Mais il m'a dit, ça va être très compliqué. Ça va être très castrateur, décevant. Tu vas acquérir des savoir-faire, mais en quelques semaines, je vais te dépasser sur ces nouveaux savoir-faire. C'est quand même assez violent de discuter de son propre futur professionnel avec chaque GPT. Il dit les choses avec politesse, mais beaucoup de lucidité et une réelle violence quand tu es un humain biologique avec un cerveau fait de neurones.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'en ton écoute, c'est quand même assez terrifiant.

  • Speaker #1

    On pense la même chose.

  • Speaker #0

    Écoute, j'essaye d'avoir un optimisme de... combat. C'est-à-dire j'essaye d'agir sur les leviers sur lesquels je peux actionner et je me dis que je peux encore valoriser des compétences qui seront encore là demain. On va en discuter, ça va être la suite de notre entretien, mais peut-être que la singularité, l'intersubjectivité, la rencontre singulière entre un soignant et un patient reste très importante pour un humain et peut-être que c'est à ce niveau-là qu'on sera irremplaçable. étant fait de chair et d'os ?

  • Speaker #1

    Tu sais ce que j'en pense.

  • Speaker #0

    Je vais te poser la question dans quelques minutes si tu veux.

  • Speaker #1

    On ne réalise même pas à quel point Chad GPT est plus empathique que nous. On ne réalise même pas. C'est-à-dire que la relation que les gens qui parlent de leurs problèmes de santé avec Chad GPT, la relation qu'ils ont est d'une force extraordinaire, avec un dialogue en continu jour et nuit, et une mémoire de tous les échanges, puisque maintenant Chad GPT va avoir une mémoire absolue de tous les échanges qu'il a avec nous. de tout notre être, que le médecin ne peut pas égaler. Ce n'est pas possible. Tu peux parler de tes métastases quand tu as un cancer avec chaque GPT, jour et nuit, pendant 15 jours. Quel est le généraliste ou le cancérologue qui, à 3h du matin, va te parler de tes métastases ? Et puis si tout le monde le fait, on va rapidement craquer. Alors que, comme tu sais, chaque GPT, aujourd'hui, en mai 2025, entretient 550 millions de conversations en parallèle. avec les utilisateurs réguliers. Donc en réalité, l'empathie, et on avait eu un premier signal d'alarme dans l'étude du JAMA qui comparait l'empathie des médecins et des docteurs, il y a déjà un an et demi, avec une vieille version de ChatGPT, la 3.5. En réalité, il ne faut pas penser que c'est une défense. D'ailleurs, quand tu demandes à ChatGPT si l'empathie, la relation personnelle est une défense, il dit que c'est un leurre, que c'est un refuge, une réserve d'Indiens. temporaire dont nous allons être éliminés. Donc je pense qu'il faut être lucide et ne pas croire que notre humanité est une protection. Parce que l'IA étant tellement plus patiente, comprend tellement mieux nos patients que nous, nous les comprenons, qu'en réalité, il va falloir abandonner cette zone qui est un piège. Et puis, très sincèrement, faire dix ans d'études pour jouer les infirmières empathiques, je... pense qu'à titre individuel, ce n'est pas un pari gagnant pour nous.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses qu'il faut toujours apprendre la médecine ?

  • Speaker #1

    Je ne crois pas. Je ne crois pas. Je ne crée pas médecine aujourd'hui. Dix ans d'études pour à la fin être écrapouillé par la version de chaque GPT en 2035, dans dix ans, le temps que tu aies ton diplôme, je pense que ça n'a aucun intérêt. D'abord... La puissance publique et la société nous prend pour des fonctionnaires corvéables à Merci et maintenant veut nous imposer, après dix ans d'études pour être généraliste, veut nous imposer un lieu d'installation. Après dix ans d'études, on gagne le tiers de ce que gagne un jeune ingénieur qui a des conditions de vie plus faciles. Donc non, les études de médecine sont prolongues. Les études de médecine sont adaptées à la médecine de 1990, de 2000. Pas du tout à la confrontation, à l'interface avec l'IA qui va arriver. Donc moi, aujourd'hui, non, je ne ferai pas médecine. Tu vois, avant la sortie de ChatGPT, il y a trois ans, je disais, si c'était à refaire, je referais médecine. Aujourd'hui, je ne ferai pas médecine. D'ailleurs, je pense que je ne ferai pas d'études du tout. Aujourd'hui, si je sortais du lycée, immédiatement, je pense que je ne ferai pas d'études. Tu vois, des études, j'en ai fait un petit peu. En dehors de la médecine, j'ai passé un petit peu de temps. Sciences Po, HECLENA, ça m'a pris... m'a pris un peu de temps. Tout ça, je ne le referai pas. Je pense que les études, c'est un concept d'avant l'IA. Alors, je pense qu'on va réinventer les études. Je pense qu'on va réinventer la formation. Mais aujourd'hui, je pense que faire dix ans d'études de médecine, c'est perdre son temps. Parce que l'université, le mandarina vont mettre des années avant de comprendre ce qui se passe et d'adapter la formation. Je vois, j'ai quelqu'un dans ma famille qui a débuté médecine, là. pas mes enfants, aucun de mes enfants n'a voulu faire médecine. C'est pathétique. c'est pathétique La capacité du mandarina et de l'université d'intégrer le monde nouveau. Mais même si le mandarina était moderne, même si le mandarina et l'université comprenaient les enjeux technologiques, qu'est-ce que tu veux faire face à un IA qui gagne un point de caution intellectuelle par semaine, si tu veux ? Alors, il y a un scénario optimiste pour nous, c'est que cette progression intellectuelle de l'IA s'arrête, qu'il y ait un plafond de verre. Mais moi, je n'y crois pas. Tu vois, Sam Altman, le créateur de ChatGPT, la semaine dernière a dit « Je pense vraiment que GPT-5, la nouvelle version de ChatGPT qui doit sortir cet été ou au début de l'automne, je suis persuadé que je serai moins intelligent que GPT-5. » Or, Sam Altman a 160 de quotient intellectuel, c'est un des hommes les plus intelligents au monde. Et lui pense qu'il est à quelques semaines, quelques mois d'être dépassé par l'intelligence artificielle. Donc, c'est difficile. de planifier les études, c'est difficile de planifier sa carrière. C'est pour ça que je pense que la souplesse, l'adaptabilité sont des valeurs fondamentales aujourd'hui et qu'il faut être prêt à l'arrivée du tsunami qui a commencé mais qui va s'aggraver. Je pense qu'il faut être prêt à changer, bifurquer relativement rapidement, ce qu'on ne nous a pas beaucoup appris en médecine en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que je peux te demander ce que tu conseilles à tes enfants ? Alors, tu m'as dit qu'il n'y en avait aucun qui voulait faire médecine, sans rentrer dans les détails. Quelles sont tes grandes lignes d'éducation dans ce monde chez vous ?

  • Speaker #1

    Mes gamins ont fait des études avant la sortie de chaque GPT, sauf le petit dernier. Alors, le petit dernier, il est bon en sciences, il est parti à Cambridge faire des sciences. Je ne l'ai pas déconseillé de partir à Cambridge. s'il était parti dans une facture poubelle française pour faire de la sociologie à Lyon. Franchement, je leur ai forcément déconseillé de faire des études. Mais Cambridge, c'est Cambridge, donc j'ai laissé faire. Les deux autres, ils ont fait leurs études avant chez le GPT, mais moi, j'étais convaincu que l'intelligence artificielle allait être importante, et c'est pour ça que je les ai poussés à développer les qualités qui me semblent importantes à l'ère de l'intelligence artificielle. L'adaptabilité, la culture générale, l'agency, terme anglais qui veut dire la volonté d'agir, la volonté de faire des choses, pas rester assis sur sa chaise en attendant que le tsunami te tombe sur la gueule, et puis l'esprit d'entreprise. Ça me semblait être les quatre valeurs cardinales aujourd'hui, je le crois vraiment. Et parmi la culture générale, il y a un truc qui est fondamental, qu'on soit médecin ou pas, c'est la connaissance historique. Pour comprendre le futur, il faut connaître l'histoire. Moi, le conseil que je donne aux gens quand ils me disent « Mais qu'est-ce qu'il faut faire face à l'IA ? » Je leur dis « Lis des livres d'histoire. » Pour comprendre le futur, il faut une bonne culture historique. Une curiosité sur le futur, bien sûr, mais il faut une bonne culture historique. Donc, je pense que lire des livres d'histoire est la meilleure protection pour ne pas se prendre le tsunami de l'IA en pleine gueule en étant assommé.

  • Speaker #0

    Donc, tu viens de me donner les grandes lignes. de l'homme et de la femme moderne, être adaptable, avoir une bonne culture G, avoir une agency, dont le terme anglo-saxon qui définit le fait d'aller de l'avant, d'être proactif et de pouvoir changer selon la direction du vent. Si tu te mets à la place d'un jeune médecin généraliste, français en l'occurrence, qu'est-ce que tu fais en pratique, là, maintenant, aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Écoute, je vais te paraître odieux. Je ne sais pas. Ça va trop vite. Je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te formes ?

  • Speaker #1

    Apprendre à coder, ça ne sert à rien parce que l'IA va coder mieux que les codeurs. Il restera des architectes informationnels. Les informaticiens ne vont pas disparaître, mais ils ne vont presque plus coder de code. Donc, il ne faut surtout pas apprendre à coder. Apprendre à coder du Python, c'est une connerie. En 2025, c'est trop tard. Je pense qu'il ne faut pas se former à la médecine. Je pense qu'il faut passer le moins de temps possible à se former à la médecine parce que de toute façon, c'est un territoire perdu. C'est comme d'être le meilleur maréchal ferrant au monde en 1905. Non, il vaut mieux ouvrir un garage. Donc, si tu veux, il ne faut pas penser que nous allons continuer à soigner nos malades. L'IA est déjà meilleure que nous pour analyser un dossier. Mais t'imagines, dans 10 ans ou dans 20 ans, on va être ridicule. On va être écrabouillé. On va être grotesque. Donc, il faut chercher d'autres territoires. Je ne sais pas te les dessiner aujourd'hui de façon précise. Mais il y a plein de nouveaux métiers qui vont arriver. D'abord parce que la technologie va faire des bonds géants. Tu as vu sur un exemple tout bête le prix Nobel de chimie 2024 d'Emis Hassabis. C'est le patron des intelligences artificielles chez Google. Et c'est lui qui a développé AlphaFold, qui a déterminé en quelques semaines la structure en trois dimensions des 200 millions de protéines qui existent sur Terre. Pas seulement les 200 000 protéines. humaine, mais 200 millions de protéines, toutes espèces confondues. Et on a calculé qu'il aurait fallu 5000 ans à la communauté scientifique mondiale pour faire ce que l'IA de Google a fait en quelques semaines. Ça ouvre des perspectives absolument incroyables. Il y a plein de startups à développer, il y a plein d'idées à développer, il y a plein de business models à développer quand on est un jeune médecin. Donc, moi, si j'étais le jeune médecin, je n'apprendrais rien en médecine parce que dans quelques mois, ce sera... pathétique de vouloir soigner les malades à partir de notre cerveau. Je réfléchirai aux modes futurs d'exercice de la médecine qui ne sont pas clairs et sur lesquels je n'ai pas de recette magique au moment où nous parlons. Et puis, je monterai des start-up, je réfléchirai à des nouvelles formes d'organisation de la médecine. Je ferai plein de choses, je ne serai pas inactif. Tu vois, j'ai créé pas mal de start-up dans ma vie. J'ai revendu Doctissimo en 2007, mais en tout, j'ai créé une douzaine de start-up dans le domaine de l'intelligence artificielle, du numérique, etc. Je regrette que les collègues, que les confrères montent aussi peu de startups. Il y a vraiment beaucoup, beaucoup de choses à faire. Alors, jusqu'à maintenant, on pouvait exercer la médecine, ça avait du sens. Demain, ça ne l'aura plus. Alors, il va rester des tâches médicales d'orienter le malade, de le conseiller. Mais en réalité, là... L'acte de diagnostic ne sera plus fait par des humains. Même les grands universitaires vont être écrabouillés par l'IA à la vitesse à laquelle ça va. D'ailleurs, il n'y a pas très longtemps, à un colloque réunissant les PUPH d'une spécialité, l'un de mes copains a proposé à l'Assemblée de se mesurer face à HHGPT sur des dossiers.

  • Speaker #0

    Mauvaise idée.

  • Speaker #1

    Personne n'a voulu. personne n'a voulu y aller individuellement. Alors ils ont dit, on va faire ça collectivement. Donc la salle de PUPH, de cette spécialité que je ne nommerai pas, s'est mise tous ensemble, a vu les cas, et s'est donné 15 minutes par cas clinique, là où ChatGPT a eu besoin de deux secondes. Et en réalité, ils n'ont pas réussi à égaler ChatGPT en se mettant tous ensemble avec beaucoup, beaucoup, beaucoup plus de temps que ChatGPT. Donc il faut partir de l'idée que nous ne soignerons plus les malades. On pourra les orienter dans le système un peu. Est-ce qu'il y a besoin de 10 ans d'études pour faire ça ? Je ne le crois pas. Il va falloir gérer la blessure narcissique. Ça ne va pas être simple. D'ailleurs, j'ai beaucoup parlé de ça, non pas dans mon métier médical que nous partageons, mais dans mon métier d'essayiste, on va dire d'intellectuel, qui écrit des bouquins, qui a écrit des milliers d'articles. de trop... C'était... Ce dont je te parlais tout à l'heure, c'est-à-dire la réduction du champ du possible sur le plan intellectuel face à ChatGPT, tel qu'elle est décrite par ChatGPT lui-même concernant. Tu as un moment d'arrêt, tu reçois un pain en pleine poire quand il te dit la vérité de façon un peu lucide. Donc, il faut dépasser cette blessure. Merde, j'ai passé dix ans pour être ridicule, parce que très rapidement, il va y avoir entre les futures versions de ChatGPT et nous, le même écart qu'entre nous et un agent hospitalier. C'est ça la réalité, qui est indicible. Mais ce n'est pas spécifique à la médecine générale, spécialiste, à n'importe quel métier. Ça va être général. Alors, il va peut-être rester des niches de savoir qu'on va garder, mais moi, je ne suis pas très optimiste.

  • Speaker #0

    Bravo, vous êtes bien arrivé à la fin de cette partie. La suite vous attend dans le prochain épisode. Pour ne rien manquer de Superdocteur, pensez à vous abonner dès maintenant à ce podcast. Et si vous aimez mon travail, le meilleur moyen de me soutenir, c'est d'en parler autour de vous. à vos consoeurs ou vos confrères. Enfin, un petit geste qui fait une grande différence. Laissez-moi une belle note de 5 étoiles sur votre application de podcast préférée. Ça m'encourage énormément et ça aide d'autres médecins à découvrir Superdocteur et partager ensemble des idées pour améliorer nos soins et enrichir nos pratiques. À très vite sur le podcast !

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• Quelle place pour le médecin généraliste face à des intelligences artificielles toujours plus puissantes et rapides ?

• L’empathie humaine est-elle un refuge… ou un leurre ?

• La médecine générale risque-t-elle de devenir un “bullshit job” ou au contraire d’ouvrir de nouveaux territoires d’action ?

• Quelles compétences développer dès aujourd’hui pour rester pertinent face à ces évolutions ?


Au fil de cet échange, le Dr Laurent Alexandre partage un constat sans fard : la vitesse des progrès de l’IA dépasse de loin la capacité des universités et des cursus médicaux à s’adapter.


Selon lui, continuer à parier sur l’accumulation de connaissances médicales serait illusoire : l’IA lit plus vite, comprend mieux, intègre plus d’informations que n’importe quel professionnel de santé.


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  • Speaker #0

    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Vous connaissez ce moment en consultation où un patient arrive avec des ordonnances bien chargées, souvent rédigées par plusieurs spécialistes, et vous devez vous assurer qu'il n'y a pas d'interaction problématique ? Cette situation m'arrive quasiment tous les jours. Le dernier en date était un patient polymédiqué, sous anticoagulant pour une fibrillation atriale, sous anti-inflammatoire pour une arthrose, et avec un traitement pour son diabète. Bref, un cocktail à risque. Je voulais être certain de faire les bons choix pour lui. Avant, il fallait tout vérifier manuellement, analyser chaque molécule, croiser les fiches produits, évaluer les interactions. Un vrai défi, surtout en pleine consultation. Mais aujourd'hui, avec Vidal Mobile et sa fonctionnalité d'analyse d'ordonnance, j'ai un véritable assistant à portée de main. Il me suffit de scanner l'ordonnance ou d'entrer les médicaments, et en un instant, j'ai un bilan clair des interactions potentielles, des alertes précises et des recommandations adaptées. Résultat ? Je détecte rapidement les risques, j'ajuste la prescription en toute confiance et surtout je sécurise mon patient tout en gardant un temps précieux. L'appli est gratuite pour tous les médecins. Il suffit de la télécharger et de renseigner son numéro. RPPS, vous avez le lien dans les notes de cet épisode. De mon côté, je ne peux plus m'en passer, alors à vous de tester. Bonjour à tous et bienvenue dans Superdocteur. Aujourd'hui, nous abordons un sujet aussi passionnant qu'incontournable, l'intelligence artificielle en médecine générale. Entre fantasmes et réalité, promesses et craintes, Quelles seront les réelles conséquences de l'IA sur notre pratique, notre rôle et la relation que nous entretenons avec nos patients ? Pour explorer ces questions, j'ai l'immense plaisir d'accueillir le docteur Laurent Alexandre, chirurgien urologue de formation, il est notamment diplômé de Sciences Po, HEC et l'ENA, ce qui lui confère un regard singulier à la croisée de la médecine, de l'économie et de la politique. Il est surtout connu du grand public pour avoir cofondé le site Doctissimo, mais aussi pour ses prises de position tranchées et ses réflexions percutantes. sur l'avenir de l'humanité face à la technologie. Auteur de plusieurs ouvrages majeurs tels que La mort de la mort, La guerre des intelligences, l'IA va-t-elle aussi tuer la démocratie et plus récemment, ChatGTPT va nous rendre immortels, il est l'une des voix les plus singulières et provocatrices du paysage francophone sur la place de l'intelligence artificielle dans notre société. Dans cet épisode, nous allons questionner avec lui la place réelle de l'IA en médecine générale. Sera-t-elle l'allié ou un concurrent au médecin généraliste ? Peut-on imaginer un futur où l'intelligence artificielle soignera mieux que nous ? Quel impact sur la relation médecin-patient ? Et surtout, comment rester maître de notre pratique dans ce nouveau monde technologique et ses avancées à venir en santé ? Un échange qui s'annonce passionnant et stimulant pour prendre de la hauteur sur notre métier et mieux comprendre les enjeux qui s'ouvrent à nous. Bonjour Laurent.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir pris de ton temps pour être avec moi. Aujourd'hui, je te pose ma première question. Qu'est capable de réaliser l'IA aujourd'hui en médecine ?

  • Speaker #1

    Alors d'un point de vue réglementaire, pas grand-chose, car l'utilisation de chat GPT par un médecin, généraliste ou spécialiste, n'est pas encadrée par la réglementation, n'est pas autorisée. Il existe bien sûr des petits logiciels d'intelligence artificielle qui sont anciens, qui sont souvent sur des analyses sectorielles, dépistage de tel ou tel type de cancer, analyse des radios. Mais ce sont de vieilles intelligences artificielles pour une raison très simple, c'est que... pour obtenir le tampon de la Food and Drug Administration, de la FDA, il faut plusieurs années. Donc en réalité, toutes les IA ou quasiment toutes les IA qui sont sur le marché aujourd'hui sont des vieilles, vieilles IA qui datent d'avant la sortie de chaque GPT 3.5 le 30 novembre 2022. Donc aujourd'hui, on n'a que des nanas, des vieilles IA et les IA puissantes comme les dernières versions de Gemini ou de chaque GPT, voire même de Grok, dont la version 3.5 sort la semaine prochaine. ne sont pas utilisés en médecine, en tout cas pas dans un cadre réglementaire. Donc aujourd'hui, on a un décalage énorme entre la puissance de l'IA et ses progrès immenses et les outils qui sont réglementairement à la disposition du médecin, qu'il soit généraliste ou spécialiste. Mais la différence entre médecin généraliste et spécialiste, c'est un combat du XXe siècle. Ce n'est plus le sujet à l'ère de l'intelligence artificielle.

  • Speaker #0

    Tu me parles beaucoup de réglementation, tu as tout à fait raison. En pratique, quand je renseigne chez un patient qui a une multitude de symptômes et un passé médical complexe, quand je prompte tous ses antécédents, ses signes, ses symptômes, ses bilans paracliniques, etc., j'ai l'impression que la nouvelle version de Ausha est incroyablement puissante et peut même trouver des diagnostics que parfois je ne connais même pas.

  • Speaker #1

    Bien évidemment. Alors tu sais que les intelligences artificielles, même les dernières, ont un taux d'hallucination qui n'est pas nul et se trompent parfois. et d'ailleurs O3 et O4 mini, les deux dernières versions de chaque GPT ont même un taux d'hallucination un petit peu supérieur à 4 O. Mais Si tu prends 100 médecins, que tu tires au hasard des dossiers de spécialité complexe, chaque GPT va faire mieux que les 100. Il n'y a aucun médecin au monde, aucun universitaire au monde, qui sur un dossier tiré au hasard, va faire mieux que chaque GPT au moment où nous parlons. Et chaque GPT va faire, quand tu vas lui donner le dossier en PDF, va faire l'analyse en quelques secondes. Là où nous sommes beaucoup plus longs. Bien sûr, chaque GPT a encore des faiblesses. Il n'est pas capable d'analyser un scanner, par exemple, sous forme image. Il est capable d'interpréter très bien l'interprétation textuelle et de l'intégrer au dossier. Ce que les radiologues ne font en général pas, parce que les radiologues ne croisent pas le dossier médical avec le scanner. Ça, il le fait remarquablement bien. En revanche, si tu donnes un scanner digestif à chaque GPT, il ne va pas bien. n'analyser les images et il va commettre un certain nombre d'erreurs parce que contrairement à ce que les gens imaginent, l'IA n'est pas extrêmement bonne sur l'imagerie médicale, les IA modernes. Ce sont les vieilles IA, les réseaux de neurones traditionnels, qui sont plus efficaces. Alors c'est temporaire, ça va changer. Mais aujourd'hui, ce qu'on peut dire, c'est que l'IA nous a déjà tous dépassés, qu'on soit spécialiste, généraliste, universitaire à la Mayo Clinic ou à la Harvard Medical School. ou généraliste dans le bassin du Gange, ChatGPT nous dépasse sur un dossier tiré au hasard, et c'est un choc profond qu'on n'avait pas anticipé. Comme je le dis souvent, d'ailleurs je l'ai écrit dans mes derniers bouquins, ce que fait ChatGPT en médecine aujourd'hui, le 29 novembre 2022, c'est-à-dire la veille de la sortie de ChatGPT 3.5, je n'imaginais pas ça possible avant 2050. Les choses se sont beaucoup accélérées. Et donc, la question n'est pas de savoir si l'IA va faire de meilleurs diagnostics que nous et choisir de meilleurs traitements. C'est déjà le cas. Notre problème, il est de réfléchir à 5, 10, 20 ans sur ce qu'à titre individuel on va devenir et sur ce que va devenir notre exercice. Sachant que les inerties professionnelles, corporatistes, universitaires font que les facultés de médecine... envoie nos jeunes futurs collègues au casse-pipe. L'université a un retard sur ces sujets qui est hallucinant, qui est hallucinant, incompréhensible. Et ça, les jeunes confrères le paieront, parce que le jour où ils vont arriver sur le marché, quand tu es en deuxième année de médecine aujourd'hui, tu vas arriver sur le marché du docteur dans dix ans, face Ausha de GPT du moment, Tu vas avoir un vrai problème que toi et moi, qui sommes des bons utilisateurs de chat GPT, nous voyons très bien, mais que beaucoup de nos confrères qui n'utilisent pas l'IA ne réalisent absolument pas et ne voient pas la vitesse à laquelle ça va. S'il n'y avait qu'un truc à dire et qu'il y a un truc indicible et qui est vraiment très compliqué, c'est qu'il ne faut jamais oublier que chat GPT gagne un point de caution intellectuelle chaque semaine. On est très très très proche du moment où ChatGPT et ses équivalents comme Gemini chez Google va être plus intelligent que 100% des terriens, pas seulement 100% des spécialistes ou des généralistes. Et on n'a pas réfléchi au monde d'avant. Alors d'ailleurs, ce matin en prenant mon café, j'ai demandé à ChatGPT quel est notre avenir face à ces futures versions. Il n'est pas très optimiste pour nous, ni à titre individuel, ni à titre collectif. Aujourd'hui, bien sûr qu'il faut réfléchir à ce qu'on peut faire à court terme avec l'IA, mais il faut avoir une réflexion à 5-10 ans au minimum sur ce qu'on va faire. J'ai demandé à HLGPT comment il voyait mon avenir professionnel et sa réponse, et j'invite tous les confrères à faire la même chose, sa réponse est très cruelle.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'il t'a répondu ?

  • Speaker #1

    Il m'a dit la plupart de tes territoires cognitifs sont perdus. La plupart des choses que tu fais aujourd'hui sont perdues à très court terme. Tu ne vas pas tenir face à moi. Et si tu veux, il m'a dessiné une cartographie des territoires perdus, des territoires gris presque perdus où il me déconseille de rester parce que je vais m'épuiser. Et de toute façon, ces prochaines versions vont me crabouiller. Et puis, il a déterminé un territoire où je peux encore exister. Mais il m'a dit, ça va être très compliqué. Ça va être très castrateur, décevant. Tu vas acquérir des savoir-faire, mais en quelques semaines, je vais te dépasser sur ces nouveaux savoir-faire. C'est quand même assez violent de discuter de son propre futur professionnel avec chaque GPT. Il dit les choses avec politesse, mais beaucoup de lucidité et une réelle violence quand tu es un humain biologique avec un cerveau fait de neurones.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'en ton écoute, c'est quand même assez terrifiant.

  • Speaker #1

    On pense la même chose.

  • Speaker #0

    Écoute, j'essaye d'avoir un optimisme de... combat. C'est-à-dire j'essaye d'agir sur les leviers sur lesquels je peux actionner et je me dis que je peux encore valoriser des compétences qui seront encore là demain. On va en discuter, ça va être la suite de notre entretien, mais peut-être que la singularité, l'intersubjectivité, la rencontre singulière entre un soignant et un patient reste très importante pour un humain et peut-être que c'est à ce niveau-là qu'on sera irremplaçable. étant fait de chair et d'os ?

  • Speaker #1

    Tu sais ce que j'en pense.

  • Speaker #0

    Je vais te poser la question dans quelques minutes si tu veux.

  • Speaker #1

    On ne réalise même pas à quel point Chad GPT est plus empathique que nous. On ne réalise même pas. C'est-à-dire que la relation que les gens qui parlent de leurs problèmes de santé avec Chad GPT, la relation qu'ils ont est d'une force extraordinaire, avec un dialogue en continu jour et nuit, et une mémoire de tous les échanges, puisque maintenant Chad GPT va avoir une mémoire absolue de tous les échanges qu'il a avec nous. de tout notre être, que le médecin ne peut pas égaler. Ce n'est pas possible. Tu peux parler de tes métastases quand tu as un cancer avec chaque GPT, jour et nuit, pendant 15 jours. Quel est le généraliste ou le cancérologue qui, à 3h du matin, va te parler de tes métastases ? Et puis si tout le monde le fait, on va rapidement craquer. Alors que, comme tu sais, chaque GPT, aujourd'hui, en mai 2025, entretient 550 millions de conversations en parallèle. avec les utilisateurs réguliers. Donc en réalité, l'empathie, et on avait eu un premier signal d'alarme dans l'étude du JAMA qui comparait l'empathie des médecins et des docteurs, il y a déjà un an et demi, avec une vieille version de ChatGPT, la 3.5. En réalité, il ne faut pas penser que c'est une défense. D'ailleurs, quand tu demandes à ChatGPT si l'empathie, la relation personnelle est une défense, il dit que c'est un leurre, que c'est un refuge, une réserve d'Indiens. temporaire dont nous allons être éliminés. Donc je pense qu'il faut être lucide et ne pas croire que notre humanité est une protection. Parce que l'IA étant tellement plus patiente, comprend tellement mieux nos patients que nous, nous les comprenons, qu'en réalité, il va falloir abandonner cette zone qui est un piège. Et puis, très sincèrement, faire dix ans d'études pour jouer les infirmières empathiques, je... pense qu'à titre individuel, ce n'est pas un pari gagnant pour nous.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses qu'il faut toujours apprendre la médecine ?

  • Speaker #1

    Je ne crois pas. Je ne crois pas. Je ne crée pas médecine aujourd'hui. Dix ans d'études pour à la fin être écrapouillé par la version de chaque GPT en 2035, dans dix ans, le temps que tu aies ton diplôme, je pense que ça n'a aucun intérêt. D'abord... La puissance publique et la société nous prend pour des fonctionnaires corvéables à Merci et maintenant veut nous imposer, après dix ans d'études pour être généraliste, veut nous imposer un lieu d'installation. Après dix ans d'études, on gagne le tiers de ce que gagne un jeune ingénieur qui a des conditions de vie plus faciles. Donc non, les études de médecine sont prolongues. Les études de médecine sont adaptées à la médecine de 1990, de 2000. Pas du tout à la confrontation, à l'interface avec l'IA qui va arriver. Donc moi, aujourd'hui, non, je ne ferai pas médecine. Tu vois, avant la sortie de ChatGPT, il y a trois ans, je disais, si c'était à refaire, je referais médecine. Aujourd'hui, je ne ferai pas médecine. D'ailleurs, je pense que je ne ferai pas d'études du tout. Aujourd'hui, si je sortais du lycée, immédiatement, je pense que je ne ferai pas d'études. Tu vois, des études, j'en ai fait un petit peu. En dehors de la médecine, j'ai passé un petit peu de temps. Sciences Po, HECLENA, ça m'a pris... m'a pris un peu de temps. Tout ça, je ne le referai pas. Je pense que les études, c'est un concept d'avant l'IA. Alors, je pense qu'on va réinventer les études. Je pense qu'on va réinventer la formation. Mais aujourd'hui, je pense que faire dix ans d'études de médecine, c'est perdre son temps. Parce que l'université, le mandarina vont mettre des années avant de comprendre ce qui se passe et d'adapter la formation. Je vois, j'ai quelqu'un dans ma famille qui a débuté médecine, là. pas mes enfants, aucun de mes enfants n'a voulu faire médecine. C'est pathétique. c'est pathétique La capacité du mandarina et de l'université d'intégrer le monde nouveau. Mais même si le mandarina était moderne, même si le mandarina et l'université comprenaient les enjeux technologiques, qu'est-ce que tu veux faire face à un IA qui gagne un point de caution intellectuelle par semaine, si tu veux ? Alors, il y a un scénario optimiste pour nous, c'est que cette progression intellectuelle de l'IA s'arrête, qu'il y ait un plafond de verre. Mais moi, je n'y crois pas. Tu vois, Sam Altman, le créateur de ChatGPT, la semaine dernière a dit « Je pense vraiment que GPT-5, la nouvelle version de ChatGPT qui doit sortir cet été ou au début de l'automne, je suis persuadé que je serai moins intelligent que GPT-5. » Or, Sam Altman a 160 de quotient intellectuel, c'est un des hommes les plus intelligents au monde. Et lui pense qu'il est à quelques semaines, quelques mois d'être dépassé par l'intelligence artificielle. Donc, c'est difficile. de planifier les études, c'est difficile de planifier sa carrière. C'est pour ça que je pense que la souplesse, l'adaptabilité sont des valeurs fondamentales aujourd'hui et qu'il faut être prêt à l'arrivée du tsunami qui a commencé mais qui va s'aggraver. Je pense qu'il faut être prêt à changer, bifurquer relativement rapidement, ce qu'on ne nous a pas beaucoup appris en médecine en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que je peux te demander ce que tu conseilles à tes enfants ? Alors, tu m'as dit qu'il n'y en avait aucun qui voulait faire médecine, sans rentrer dans les détails. Quelles sont tes grandes lignes d'éducation dans ce monde chez vous ?

  • Speaker #1

    Mes gamins ont fait des études avant la sortie de chaque GPT, sauf le petit dernier. Alors, le petit dernier, il est bon en sciences, il est parti à Cambridge faire des sciences. Je ne l'ai pas déconseillé de partir à Cambridge. s'il était parti dans une facture poubelle française pour faire de la sociologie à Lyon. Franchement, je leur ai forcément déconseillé de faire des études. Mais Cambridge, c'est Cambridge, donc j'ai laissé faire. Les deux autres, ils ont fait leurs études avant chez le GPT, mais moi, j'étais convaincu que l'intelligence artificielle allait être importante, et c'est pour ça que je les ai poussés à développer les qualités qui me semblent importantes à l'ère de l'intelligence artificielle. L'adaptabilité, la culture générale, l'agency, terme anglais qui veut dire la volonté d'agir, la volonté de faire des choses, pas rester assis sur sa chaise en attendant que le tsunami te tombe sur la gueule, et puis l'esprit d'entreprise. Ça me semblait être les quatre valeurs cardinales aujourd'hui, je le crois vraiment. Et parmi la culture générale, il y a un truc qui est fondamental, qu'on soit médecin ou pas, c'est la connaissance historique. Pour comprendre le futur, il faut connaître l'histoire. Moi, le conseil que je donne aux gens quand ils me disent « Mais qu'est-ce qu'il faut faire face à l'IA ? » Je leur dis « Lis des livres d'histoire. » Pour comprendre le futur, il faut une bonne culture historique. Une curiosité sur le futur, bien sûr, mais il faut une bonne culture historique. Donc, je pense que lire des livres d'histoire est la meilleure protection pour ne pas se prendre le tsunami de l'IA en pleine gueule en étant assommé.

  • Speaker #0

    Donc, tu viens de me donner les grandes lignes. de l'homme et de la femme moderne, être adaptable, avoir une bonne culture G, avoir une agency, dont le terme anglo-saxon qui définit le fait d'aller de l'avant, d'être proactif et de pouvoir changer selon la direction du vent. Si tu te mets à la place d'un jeune médecin généraliste, français en l'occurrence, qu'est-ce que tu fais en pratique, là, maintenant, aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Écoute, je vais te paraître odieux. Je ne sais pas. Ça va trop vite. Je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te formes ?

  • Speaker #1

    Apprendre à coder, ça ne sert à rien parce que l'IA va coder mieux que les codeurs. Il restera des architectes informationnels. Les informaticiens ne vont pas disparaître, mais ils ne vont presque plus coder de code. Donc, il ne faut surtout pas apprendre à coder. Apprendre à coder du Python, c'est une connerie. En 2025, c'est trop tard. Je pense qu'il ne faut pas se former à la médecine. Je pense qu'il faut passer le moins de temps possible à se former à la médecine parce que de toute façon, c'est un territoire perdu. C'est comme d'être le meilleur maréchal ferrant au monde en 1905. Non, il vaut mieux ouvrir un garage. Donc, si tu veux, il ne faut pas penser que nous allons continuer à soigner nos malades. L'IA est déjà meilleure que nous pour analyser un dossier. Mais t'imagines, dans 10 ans ou dans 20 ans, on va être ridicule. On va être écrabouillé. On va être grotesque. Donc, il faut chercher d'autres territoires. Je ne sais pas te les dessiner aujourd'hui de façon précise. Mais il y a plein de nouveaux métiers qui vont arriver. D'abord parce que la technologie va faire des bonds géants. Tu as vu sur un exemple tout bête le prix Nobel de chimie 2024 d'Emis Hassabis. C'est le patron des intelligences artificielles chez Google. Et c'est lui qui a développé AlphaFold, qui a déterminé en quelques semaines la structure en trois dimensions des 200 millions de protéines qui existent sur Terre. Pas seulement les 200 000 protéines. humaine, mais 200 millions de protéines, toutes espèces confondues. Et on a calculé qu'il aurait fallu 5000 ans à la communauté scientifique mondiale pour faire ce que l'IA de Google a fait en quelques semaines. Ça ouvre des perspectives absolument incroyables. Il y a plein de startups à développer, il y a plein d'idées à développer, il y a plein de business models à développer quand on est un jeune médecin. Donc, moi, si j'étais le jeune médecin, je n'apprendrais rien en médecine parce que dans quelques mois, ce sera... pathétique de vouloir soigner les malades à partir de notre cerveau. Je réfléchirai aux modes futurs d'exercice de la médecine qui ne sont pas clairs et sur lesquels je n'ai pas de recette magique au moment où nous parlons. Et puis, je monterai des start-up, je réfléchirai à des nouvelles formes d'organisation de la médecine. Je ferai plein de choses, je ne serai pas inactif. Tu vois, j'ai créé pas mal de start-up dans ma vie. J'ai revendu Doctissimo en 2007, mais en tout, j'ai créé une douzaine de start-up dans le domaine de l'intelligence artificielle, du numérique, etc. Je regrette que les collègues, que les confrères montent aussi peu de startups. Il y a vraiment beaucoup, beaucoup de choses à faire. Alors, jusqu'à maintenant, on pouvait exercer la médecine, ça avait du sens. Demain, ça ne l'aura plus. Alors, il va rester des tâches médicales d'orienter le malade, de le conseiller. Mais en réalité, là... L'acte de diagnostic ne sera plus fait par des humains. Même les grands universitaires vont être écrabouillés par l'IA à la vitesse à laquelle ça va. D'ailleurs, il n'y a pas très longtemps, à un colloque réunissant les PUPH d'une spécialité, l'un de mes copains a proposé à l'Assemblée de se mesurer face à HHGPT sur des dossiers.

  • Speaker #0

    Mauvaise idée.

  • Speaker #1

    Personne n'a voulu. personne n'a voulu y aller individuellement. Alors ils ont dit, on va faire ça collectivement. Donc la salle de PUPH, de cette spécialité que je ne nommerai pas, s'est mise tous ensemble, a vu les cas, et s'est donné 15 minutes par cas clinique, là où ChatGPT a eu besoin de deux secondes. Et en réalité, ils n'ont pas réussi à égaler ChatGPT en se mettant tous ensemble avec beaucoup, beaucoup, beaucoup plus de temps que ChatGPT. Donc il faut partir de l'idée que nous ne soignerons plus les malades. On pourra les orienter dans le système un peu. Est-ce qu'il y a besoin de 10 ans d'études pour faire ça ? Je ne le crois pas. Il va falloir gérer la blessure narcissique. Ça ne va pas être simple. D'ailleurs, j'ai beaucoup parlé de ça, non pas dans mon métier médical que nous partageons, mais dans mon métier d'essayiste, on va dire d'intellectuel, qui écrit des bouquins, qui a écrit des milliers d'articles. de trop... C'était... Ce dont je te parlais tout à l'heure, c'est-à-dire la réduction du champ du possible sur le plan intellectuel face à ChatGPT, tel qu'elle est décrite par ChatGPT lui-même concernant. Tu as un moment d'arrêt, tu reçois un pain en pleine poire quand il te dit la vérité de façon un peu lucide. Donc, il faut dépasser cette blessure. Merde, j'ai passé dix ans pour être ridicule, parce que très rapidement, il va y avoir entre les futures versions de ChatGPT et nous, le même écart qu'entre nous et un agent hospitalier. C'est ça la réalité, qui est indicible. Mais ce n'est pas spécifique à la médecine générale, spécialiste, à n'importe quel métier. Ça va être général. Alors, il va peut-être rester des niches de savoir qu'on va garder, mais moi, je ne suis pas très optimiste.

  • Speaker #0

    Bravo, vous êtes bien arrivé à la fin de cette partie. La suite vous attend dans le prochain épisode. Pour ne rien manquer de Superdocteur, pensez à vous abonner dès maintenant à ce podcast. Et si vous aimez mon travail, le meilleur moyen de me soutenir, c'est d'en parler autour de vous. à vos consoeurs ou vos confrères. Enfin, un petit geste qui fait une grande différence. Laissez-moi une belle note de 5 étoiles sur votre application de podcast préférée. Ça m'encourage énormément et ça aide d'autres médecins à découvrir Superdocteur et partager ensemble des idées pour améliorer nos soins et enrichir nos pratiques. À très vite sur le podcast !

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L’intelligence artificielle va-t-elle remplacer les médecins ?


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Et si l’intelligence artificielle n’était pas simplement un outil, mais un bouleversement profond de notre métier ?


Dans cet épisode exceptionnel, je reçois le Dr Laurent Alexandre, chirurgien-urologue, fondateur de Doctissimo, auteur notamment de ChatGPT va nous rendre immortels. Penseur iconoclaste, entrepreneur, expert des NBIC, il propose une vision singulière et sans concession de l’avenir de la médecine à l’ère de l’IA.


Avec lui, nous abordons des questions cruciales pour notre profession de médecin généraliste :

• Où en est réellement l’IA en médecine aujourd’hui, entre promesses marketing et réalité réglementaire ?

• L’IA est-elle déjà plus performante que les médecins dans le diagnostic complexe ?

• Quelle place pour le médecin généraliste face à des intelligences artificielles toujours plus puissantes et rapides ?

• L’empathie humaine est-elle un refuge… ou un leurre ?

• La médecine générale risque-t-elle de devenir un “bullshit job” ou au contraire d’ouvrir de nouveaux territoires d’action ?

• Quelles compétences développer dès aujourd’hui pour rester pertinent face à ces évolutions ?


Au fil de cet échange, le Dr Laurent Alexandre partage un constat sans fard : la vitesse des progrès de l’IA dépasse de loin la capacité des universités et des cursus médicaux à s’adapter.


Selon lui, continuer à parier sur l’accumulation de connaissances médicales serait illusoire : l’IA lit plus vite, comprend mieux, intègre plus d’informations que n’importe quel professionnel de santé.


Mais alors, que nous reste-t-il ? Faut-il se résigner à être les « prolétaires de la médecine », comme il le redoute ? Ou repenser radicalement notre rôle, en investissant de nouveaux champs : leadership, entrepreneuriat, organisation des soins, innovation ?


Cet épisode, à la fois fascinant, dérangeant et stimulant, vous invite à réfléchir en profondeur à l’avenir de notre métier, au-delà des slogans technophiles ou des résistances nostalgiques.


👉 Un entretien indispensable pour tous les médecins curieux des enjeux de demain, et pour ceux qui veulent rester acteurs plutôt que spectateurs de la révolution numérique.


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  • Speaker #0

    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Vous connaissez ce moment en consultation où un patient arrive avec des ordonnances bien chargées, souvent rédigées par plusieurs spécialistes, et vous devez vous assurer qu'il n'y a pas d'interaction problématique ? Cette situation m'arrive quasiment tous les jours. Le dernier en date était un patient polymédiqué, sous anticoagulant pour une fibrillation atriale, sous anti-inflammatoire pour une arthrose, et avec un traitement pour son diabète. Bref, un cocktail à risque. Je voulais être certain de faire les bons choix pour lui. Avant, il fallait tout vérifier manuellement, analyser chaque molécule, croiser les fiches produits, évaluer les interactions. Un vrai défi, surtout en pleine consultation. Mais aujourd'hui, avec Vidal Mobile et sa fonctionnalité d'analyse d'ordonnance, j'ai un véritable assistant à portée de main. Il me suffit de scanner l'ordonnance ou d'entrer les médicaments, et en un instant, j'ai un bilan clair des interactions potentielles, des alertes précises et des recommandations adaptées. Résultat ? Je détecte rapidement les risques, j'ajuste la prescription en toute confiance et surtout je sécurise mon patient tout en gardant un temps précieux. L'appli est gratuite pour tous les médecins. Il suffit de la télécharger et de renseigner son numéro. RPPS, vous avez le lien dans les notes de cet épisode. De mon côté, je ne peux plus m'en passer, alors à vous de tester. Bonjour à tous et bienvenue dans Superdocteur. Aujourd'hui, nous abordons un sujet aussi passionnant qu'incontournable, l'intelligence artificielle en médecine générale. Entre fantasmes et réalité, promesses et craintes, Quelles seront les réelles conséquences de l'IA sur notre pratique, notre rôle et la relation que nous entretenons avec nos patients ? Pour explorer ces questions, j'ai l'immense plaisir d'accueillir le docteur Laurent Alexandre, chirurgien urologue de formation, il est notamment diplômé de Sciences Po, HEC et l'ENA, ce qui lui confère un regard singulier à la croisée de la médecine, de l'économie et de la politique. Il est surtout connu du grand public pour avoir cofondé le site Doctissimo, mais aussi pour ses prises de position tranchées et ses réflexions percutantes. sur l'avenir de l'humanité face à la technologie. Auteur de plusieurs ouvrages majeurs tels que La mort de la mort, La guerre des intelligences, l'IA va-t-elle aussi tuer la démocratie et plus récemment, ChatGTPT va nous rendre immortels, il est l'une des voix les plus singulières et provocatrices du paysage francophone sur la place de l'intelligence artificielle dans notre société. Dans cet épisode, nous allons questionner avec lui la place réelle de l'IA en médecine générale. Sera-t-elle l'allié ou un concurrent au médecin généraliste ? Peut-on imaginer un futur où l'intelligence artificielle soignera mieux que nous ? Quel impact sur la relation médecin-patient ? Et surtout, comment rester maître de notre pratique dans ce nouveau monde technologique et ses avancées à venir en santé ? Un échange qui s'annonce passionnant et stimulant pour prendre de la hauteur sur notre métier et mieux comprendre les enjeux qui s'ouvrent à nous. Bonjour Laurent.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir pris de ton temps pour être avec moi. Aujourd'hui, je te pose ma première question. Qu'est capable de réaliser l'IA aujourd'hui en médecine ?

  • Speaker #1

    Alors d'un point de vue réglementaire, pas grand-chose, car l'utilisation de chat GPT par un médecin, généraliste ou spécialiste, n'est pas encadrée par la réglementation, n'est pas autorisée. Il existe bien sûr des petits logiciels d'intelligence artificielle qui sont anciens, qui sont souvent sur des analyses sectorielles, dépistage de tel ou tel type de cancer, analyse des radios. Mais ce sont de vieilles intelligences artificielles pour une raison très simple, c'est que... pour obtenir le tampon de la Food and Drug Administration, de la FDA, il faut plusieurs années. Donc en réalité, toutes les IA ou quasiment toutes les IA qui sont sur le marché aujourd'hui sont des vieilles, vieilles IA qui datent d'avant la sortie de chaque GPT 3.5 le 30 novembre 2022. Donc aujourd'hui, on n'a que des nanas, des vieilles IA et les IA puissantes comme les dernières versions de Gemini ou de chaque GPT, voire même de Grok, dont la version 3.5 sort la semaine prochaine. ne sont pas utilisés en médecine, en tout cas pas dans un cadre réglementaire. Donc aujourd'hui, on a un décalage énorme entre la puissance de l'IA et ses progrès immenses et les outils qui sont réglementairement à la disposition du médecin, qu'il soit généraliste ou spécialiste. Mais la différence entre médecin généraliste et spécialiste, c'est un combat du XXe siècle. Ce n'est plus le sujet à l'ère de l'intelligence artificielle.

  • Speaker #0

    Tu me parles beaucoup de réglementation, tu as tout à fait raison. En pratique, quand je renseigne chez un patient qui a une multitude de symptômes et un passé médical complexe, quand je prompte tous ses antécédents, ses signes, ses symptômes, ses bilans paracliniques, etc., j'ai l'impression que la nouvelle version de Ausha est incroyablement puissante et peut même trouver des diagnostics que parfois je ne connais même pas.

  • Speaker #1

    Bien évidemment. Alors tu sais que les intelligences artificielles, même les dernières, ont un taux d'hallucination qui n'est pas nul et se trompent parfois. et d'ailleurs O3 et O4 mini, les deux dernières versions de chaque GPT ont même un taux d'hallucination un petit peu supérieur à 4 O. Mais Si tu prends 100 médecins, que tu tires au hasard des dossiers de spécialité complexe, chaque GPT va faire mieux que les 100. Il n'y a aucun médecin au monde, aucun universitaire au monde, qui sur un dossier tiré au hasard, va faire mieux que chaque GPT au moment où nous parlons. Et chaque GPT va faire, quand tu vas lui donner le dossier en PDF, va faire l'analyse en quelques secondes. Là où nous sommes beaucoup plus longs. Bien sûr, chaque GPT a encore des faiblesses. Il n'est pas capable d'analyser un scanner, par exemple, sous forme image. Il est capable d'interpréter très bien l'interprétation textuelle et de l'intégrer au dossier. Ce que les radiologues ne font en général pas, parce que les radiologues ne croisent pas le dossier médical avec le scanner. Ça, il le fait remarquablement bien. En revanche, si tu donnes un scanner digestif à chaque GPT, il ne va pas bien. n'analyser les images et il va commettre un certain nombre d'erreurs parce que contrairement à ce que les gens imaginent, l'IA n'est pas extrêmement bonne sur l'imagerie médicale, les IA modernes. Ce sont les vieilles IA, les réseaux de neurones traditionnels, qui sont plus efficaces. Alors c'est temporaire, ça va changer. Mais aujourd'hui, ce qu'on peut dire, c'est que l'IA nous a déjà tous dépassés, qu'on soit spécialiste, généraliste, universitaire à la Mayo Clinic ou à la Harvard Medical School. ou généraliste dans le bassin du Gange, ChatGPT nous dépasse sur un dossier tiré au hasard, et c'est un choc profond qu'on n'avait pas anticipé. Comme je le dis souvent, d'ailleurs je l'ai écrit dans mes derniers bouquins, ce que fait ChatGPT en médecine aujourd'hui, le 29 novembre 2022, c'est-à-dire la veille de la sortie de ChatGPT 3.5, je n'imaginais pas ça possible avant 2050. Les choses se sont beaucoup accélérées. Et donc, la question n'est pas de savoir si l'IA va faire de meilleurs diagnostics que nous et choisir de meilleurs traitements. C'est déjà le cas. Notre problème, il est de réfléchir à 5, 10, 20 ans sur ce qu'à titre individuel on va devenir et sur ce que va devenir notre exercice. Sachant que les inerties professionnelles, corporatistes, universitaires font que les facultés de médecine... envoie nos jeunes futurs collègues au casse-pipe. L'université a un retard sur ces sujets qui est hallucinant, qui est hallucinant, incompréhensible. Et ça, les jeunes confrères le paieront, parce que le jour où ils vont arriver sur le marché, quand tu es en deuxième année de médecine aujourd'hui, tu vas arriver sur le marché du docteur dans dix ans, face Ausha de GPT du moment, Tu vas avoir un vrai problème que toi et moi, qui sommes des bons utilisateurs de chat GPT, nous voyons très bien, mais que beaucoup de nos confrères qui n'utilisent pas l'IA ne réalisent absolument pas et ne voient pas la vitesse à laquelle ça va. S'il n'y avait qu'un truc à dire et qu'il y a un truc indicible et qui est vraiment très compliqué, c'est qu'il ne faut jamais oublier que chat GPT gagne un point de caution intellectuelle chaque semaine. On est très très très proche du moment où ChatGPT et ses équivalents comme Gemini chez Google va être plus intelligent que 100% des terriens, pas seulement 100% des spécialistes ou des généralistes. Et on n'a pas réfléchi au monde d'avant. Alors d'ailleurs, ce matin en prenant mon café, j'ai demandé à ChatGPT quel est notre avenir face à ces futures versions. Il n'est pas très optimiste pour nous, ni à titre individuel, ni à titre collectif. Aujourd'hui, bien sûr qu'il faut réfléchir à ce qu'on peut faire à court terme avec l'IA, mais il faut avoir une réflexion à 5-10 ans au minimum sur ce qu'on va faire. J'ai demandé à HLGPT comment il voyait mon avenir professionnel et sa réponse, et j'invite tous les confrères à faire la même chose, sa réponse est très cruelle.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'il t'a répondu ?

  • Speaker #1

    Il m'a dit la plupart de tes territoires cognitifs sont perdus. La plupart des choses que tu fais aujourd'hui sont perdues à très court terme. Tu ne vas pas tenir face à moi. Et si tu veux, il m'a dessiné une cartographie des territoires perdus, des territoires gris presque perdus où il me déconseille de rester parce que je vais m'épuiser. Et de toute façon, ces prochaines versions vont me crabouiller. Et puis, il a déterminé un territoire où je peux encore exister. Mais il m'a dit, ça va être très compliqué. Ça va être très castrateur, décevant. Tu vas acquérir des savoir-faire, mais en quelques semaines, je vais te dépasser sur ces nouveaux savoir-faire. C'est quand même assez violent de discuter de son propre futur professionnel avec chaque GPT. Il dit les choses avec politesse, mais beaucoup de lucidité et une réelle violence quand tu es un humain biologique avec un cerveau fait de neurones.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'en ton écoute, c'est quand même assez terrifiant.

  • Speaker #1

    On pense la même chose.

  • Speaker #0

    Écoute, j'essaye d'avoir un optimisme de... combat. C'est-à-dire j'essaye d'agir sur les leviers sur lesquels je peux actionner et je me dis que je peux encore valoriser des compétences qui seront encore là demain. On va en discuter, ça va être la suite de notre entretien, mais peut-être que la singularité, l'intersubjectivité, la rencontre singulière entre un soignant et un patient reste très importante pour un humain et peut-être que c'est à ce niveau-là qu'on sera irremplaçable. étant fait de chair et d'os ?

  • Speaker #1

    Tu sais ce que j'en pense.

  • Speaker #0

    Je vais te poser la question dans quelques minutes si tu veux.

  • Speaker #1

    On ne réalise même pas à quel point Chad GPT est plus empathique que nous. On ne réalise même pas. C'est-à-dire que la relation que les gens qui parlent de leurs problèmes de santé avec Chad GPT, la relation qu'ils ont est d'une force extraordinaire, avec un dialogue en continu jour et nuit, et une mémoire de tous les échanges, puisque maintenant Chad GPT va avoir une mémoire absolue de tous les échanges qu'il a avec nous. de tout notre être, que le médecin ne peut pas égaler. Ce n'est pas possible. Tu peux parler de tes métastases quand tu as un cancer avec chaque GPT, jour et nuit, pendant 15 jours. Quel est le généraliste ou le cancérologue qui, à 3h du matin, va te parler de tes métastases ? Et puis si tout le monde le fait, on va rapidement craquer. Alors que, comme tu sais, chaque GPT, aujourd'hui, en mai 2025, entretient 550 millions de conversations en parallèle. avec les utilisateurs réguliers. Donc en réalité, l'empathie, et on avait eu un premier signal d'alarme dans l'étude du JAMA qui comparait l'empathie des médecins et des docteurs, il y a déjà un an et demi, avec une vieille version de ChatGPT, la 3.5. En réalité, il ne faut pas penser que c'est une défense. D'ailleurs, quand tu demandes à ChatGPT si l'empathie, la relation personnelle est une défense, il dit que c'est un leurre, que c'est un refuge, une réserve d'Indiens. temporaire dont nous allons être éliminés. Donc je pense qu'il faut être lucide et ne pas croire que notre humanité est une protection. Parce que l'IA étant tellement plus patiente, comprend tellement mieux nos patients que nous, nous les comprenons, qu'en réalité, il va falloir abandonner cette zone qui est un piège. Et puis, très sincèrement, faire dix ans d'études pour jouer les infirmières empathiques, je... pense qu'à titre individuel, ce n'est pas un pari gagnant pour nous.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses qu'il faut toujours apprendre la médecine ?

  • Speaker #1

    Je ne crois pas. Je ne crois pas. Je ne crée pas médecine aujourd'hui. Dix ans d'études pour à la fin être écrapouillé par la version de chaque GPT en 2035, dans dix ans, le temps que tu aies ton diplôme, je pense que ça n'a aucun intérêt. D'abord... La puissance publique et la société nous prend pour des fonctionnaires corvéables à Merci et maintenant veut nous imposer, après dix ans d'études pour être généraliste, veut nous imposer un lieu d'installation. Après dix ans d'études, on gagne le tiers de ce que gagne un jeune ingénieur qui a des conditions de vie plus faciles. Donc non, les études de médecine sont prolongues. Les études de médecine sont adaptées à la médecine de 1990, de 2000. Pas du tout à la confrontation, à l'interface avec l'IA qui va arriver. Donc moi, aujourd'hui, non, je ne ferai pas médecine. Tu vois, avant la sortie de ChatGPT, il y a trois ans, je disais, si c'était à refaire, je referais médecine. Aujourd'hui, je ne ferai pas médecine. D'ailleurs, je pense que je ne ferai pas d'études du tout. Aujourd'hui, si je sortais du lycée, immédiatement, je pense que je ne ferai pas d'études. Tu vois, des études, j'en ai fait un petit peu. En dehors de la médecine, j'ai passé un petit peu de temps. Sciences Po, HECLENA, ça m'a pris... m'a pris un peu de temps. Tout ça, je ne le referai pas. Je pense que les études, c'est un concept d'avant l'IA. Alors, je pense qu'on va réinventer les études. Je pense qu'on va réinventer la formation. Mais aujourd'hui, je pense que faire dix ans d'études de médecine, c'est perdre son temps. Parce que l'université, le mandarina vont mettre des années avant de comprendre ce qui se passe et d'adapter la formation. Je vois, j'ai quelqu'un dans ma famille qui a débuté médecine, là. pas mes enfants, aucun de mes enfants n'a voulu faire médecine. C'est pathétique. c'est pathétique La capacité du mandarina et de l'université d'intégrer le monde nouveau. Mais même si le mandarina était moderne, même si le mandarina et l'université comprenaient les enjeux technologiques, qu'est-ce que tu veux faire face à un IA qui gagne un point de caution intellectuelle par semaine, si tu veux ? Alors, il y a un scénario optimiste pour nous, c'est que cette progression intellectuelle de l'IA s'arrête, qu'il y ait un plafond de verre. Mais moi, je n'y crois pas. Tu vois, Sam Altman, le créateur de ChatGPT, la semaine dernière a dit « Je pense vraiment que GPT-5, la nouvelle version de ChatGPT qui doit sortir cet été ou au début de l'automne, je suis persuadé que je serai moins intelligent que GPT-5. » Or, Sam Altman a 160 de quotient intellectuel, c'est un des hommes les plus intelligents au monde. Et lui pense qu'il est à quelques semaines, quelques mois d'être dépassé par l'intelligence artificielle. Donc, c'est difficile. de planifier les études, c'est difficile de planifier sa carrière. C'est pour ça que je pense que la souplesse, l'adaptabilité sont des valeurs fondamentales aujourd'hui et qu'il faut être prêt à l'arrivée du tsunami qui a commencé mais qui va s'aggraver. Je pense qu'il faut être prêt à changer, bifurquer relativement rapidement, ce qu'on ne nous a pas beaucoup appris en médecine en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que je peux te demander ce que tu conseilles à tes enfants ? Alors, tu m'as dit qu'il n'y en avait aucun qui voulait faire médecine, sans rentrer dans les détails. Quelles sont tes grandes lignes d'éducation dans ce monde chez vous ?

  • Speaker #1

    Mes gamins ont fait des études avant la sortie de chaque GPT, sauf le petit dernier. Alors, le petit dernier, il est bon en sciences, il est parti à Cambridge faire des sciences. Je ne l'ai pas déconseillé de partir à Cambridge. s'il était parti dans une facture poubelle française pour faire de la sociologie à Lyon. Franchement, je leur ai forcément déconseillé de faire des études. Mais Cambridge, c'est Cambridge, donc j'ai laissé faire. Les deux autres, ils ont fait leurs études avant chez le GPT, mais moi, j'étais convaincu que l'intelligence artificielle allait être importante, et c'est pour ça que je les ai poussés à développer les qualités qui me semblent importantes à l'ère de l'intelligence artificielle. L'adaptabilité, la culture générale, l'agency, terme anglais qui veut dire la volonté d'agir, la volonté de faire des choses, pas rester assis sur sa chaise en attendant que le tsunami te tombe sur la gueule, et puis l'esprit d'entreprise. Ça me semblait être les quatre valeurs cardinales aujourd'hui, je le crois vraiment. Et parmi la culture générale, il y a un truc qui est fondamental, qu'on soit médecin ou pas, c'est la connaissance historique. Pour comprendre le futur, il faut connaître l'histoire. Moi, le conseil que je donne aux gens quand ils me disent « Mais qu'est-ce qu'il faut faire face à l'IA ? » Je leur dis « Lis des livres d'histoire. » Pour comprendre le futur, il faut une bonne culture historique. Une curiosité sur le futur, bien sûr, mais il faut une bonne culture historique. Donc, je pense que lire des livres d'histoire est la meilleure protection pour ne pas se prendre le tsunami de l'IA en pleine gueule en étant assommé.

  • Speaker #0

    Donc, tu viens de me donner les grandes lignes. de l'homme et de la femme moderne, être adaptable, avoir une bonne culture G, avoir une agency, dont le terme anglo-saxon qui définit le fait d'aller de l'avant, d'être proactif et de pouvoir changer selon la direction du vent. Si tu te mets à la place d'un jeune médecin généraliste, français en l'occurrence, qu'est-ce que tu fais en pratique, là, maintenant, aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Écoute, je vais te paraître odieux. Je ne sais pas. Ça va trop vite. Je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te formes ?

  • Speaker #1

    Apprendre à coder, ça ne sert à rien parce que l'IA va coder mieux que les codeurs. Il restera des architectes informationnels. Les informaticiens ne vont pas disparaître, mais ils ne vont presque plus coder de code. Donc, il ne faut surtout pas apprendre à coder. Apprendre à coder du Python, c'est une connerie. En 2025, c'est trop tard. Je pense qu'il ne faut pas se former à la médecine. Je pense qu'il faut passer le moins de temps possible à se former à la médecine parce que de toute façon, c'est un territoire perdu. C'est comme d'être le meilleur maréchal ferrant au monde en 1905. Non, il vaut mieux ouvrir un garage. Donc, si tu veux, il ne faut pas penser que nous allons continuer à soigner nos malades. L'IA est déjà meilleure que nous pour analyser un dossier. Mais t'imagines, dans 10 ans ou dans 20 ans, on va être ridicule. On va être écrabouillé. On va être grotesque. Donc, il faut chercher d'autres territoires. Je ne sais pas te les dessiner aujourd'hui de façon précise. Mais il y a plein de nouveaux métiers qui vont arriver. D'abord parce que la technologie va faire des bonds géants. Tu as vu sur un exemple tout bête le prix Nobel de chimie 2024 d'Emis Hassabis. C'est le patron des intelligences artificielles chez Google. Et c'est lui qui a développé AlphaFold, qui a déterminé en quelques semaines la structure en trois dimensions des 200 millions de protéines qui existent sur Terre. Pas seulement les 200 000 protéines. humaine, mais 200 millions de protéines, toutes espèces confondues. Et on a calculé qu'il aurait fallu 5000 ans à la communauté scientifique mondiale pour faire ce que l'IA de Google a fait en quelques semaines. Ça ouvre des perspectives absolument incroyables. Il y a plein de startups à développer, il y a plein d'idées à développer, il y a plein de business models à développer quand on est un jeune médecin. Donc, moi, si j'étais le jeune médecin, je n'apprendrais rien en médecine parce que dans quelques mois, ce sera... pathétique de vouloir soigner les malades à partir de notre cerveau. Je réfléchirai aux modes futurs d'exercice de la médecine qui ne sont pas clairs et sur lesquels je n'ai pas de recette magique au moment où nous parlons. Et puis, je monterai des start-up, je réfléchirai à des nouvelles formes d'organisation de la médecine. Je ferai plein de choses, je ne serai pas inactif. Tu vois, j'ai créé pas mal de start-up dans ma vie. J'ai revendu Doctissimo en 2007, mais en tout, j'ai créé une douzaine de start-up dans le domaine de l'intelligence artificielle, du numérique, etc. Je regrette que les collègues, que les confrères montent aussi peu de startups. Il y a vraiment beaucoup, beaucoup de choses à faire. Alors, jusqu'à maintenant, on pouvait exercer la médecine, ça avait du sens. Demain, ça ne l'aura plus. Alors, il va rester des tâches médicales d'orienter le malade, de le conseiller. Mais en réalité, là... L'acte de diagnostic ne sera plus fait par des humains. Même les grands universitaires vont être écrabouillés par l'IA à la vitesse à laquelle ça va. D'ailleurs, il n'y a pas très longtemps, à un colloque réunissant les PUPH d'une spécialité, l'un de mes copains a proposé à l'Assemblée de se mesurer face à HHGPT sur des dossiers.

  • Speaker #0

    Mauvaise idée.

  • Speaker #1

    Personne n'a voulu. personne n'a voulu y aller individuellement. Alors ils ont dit, on va faire ça collectivement. Donc la salle de PUPH, de cette spécialité que je ne nommerai pas, s'est mise tous ensemble, a vu les cas, et s'est donné 15 minutes par cas clinique, là où ChatGPT a eu besoin de deux secondes. Et en réalité, ils n'ont pas réussi à égaler ChatGPT en se mettant tous ensemble avec beaucoup, beaucoup, beaucoup plus de temps que ChatGPT. Donc il faut partir de l'idée que nous ne soignerons plus les malades. On pourra les orienter dans le système un peu. Est-ce qu'il y a besoin de 10 ans d'études pour faire ça ? Je ne le crois pas. Il va falloir gérer la blessure narcissique. Ça ne va pas être simple. D'ailleurs, j'ai beaucoup parlé de ça, non pas dans mon métier médical que nous partageons, mais dans mon métier d'essayiste, on va dire d'intellectuel, qui écrit des bouquins, qui a écrit des milliers d'articles. de trop... C'était... Ce dont je te parlais tout à l'heure, c'est-à-dire la réduction du champ du possible sur le plan intellectuel face à ChatGPT, tel qu'elle est décrite par ChatGPT lui-même concernant. Tu as un moment d'arrêt, tu reçois un pain en pleine poire quand il te dit la vérité de façon un peu lucide. Donc, il faut dépasser cette blessure. Merde, j'ai passé dix ans pour être ridicule, parce que très rapidement, il va y avoir entre les futures versions de ChatGPT et nous, le même écart qu'entre nous et un agent hospitalier. C'est ça la réalité, qui est indicible. Mais ce n'est pas spécifique à la médecine générale, spécialiste, à n'importe quel métier. Ça va être général. Alors, il va peut-être rester des niches de savoir qu'on va garder, mais moi, je ne suis pas très optimiste.

  • Speaker #0

    Bravo, vous êtes bien arrivé à la fin de cette partie. La suite vous attend dans le prochain épisode. Pour ne rien manquer de Superdocteur, pensez à vous abonner dès maintenant à ce podcast. Et si vous aimez mon travail, le meilleur moyen de me soutenir, c'est d'en parler autour de vous. à vos consoeurs ou vos confrères. Enfin, un petit geste qui fait une grande différence. Laissez-moi une belle note de 5 étoiles sur votre application de podcast préférée. Ça m'encourage énormément et ça aide d'autres médecins à découvrir Superdocteur et partager ensemble des idées pour améliorer nos soins et enrichir nos pratiques. À très vite sur le podcast !

Description

L’intelligence artificielle va-t-elle remplacer les médecins ?


🔥 Téléchargez gratuitement l'application Vidal Mobile ici: https://onelink.to/superdocteur


Et si l’intelligence artificielle n’était pas simplement un outil, mais un bouleversement profond de notre métier ?


Dans cet épisode exceptionnel, je reçois le Dr Laurent Alexandre, chirurgien-urologue, fondateur de Doctissimo, auteur notamment de ChatGPT va nous rendre immortels. Penseur iconoclaste, entrepreneur, expert des NBIC, il propose une vision singulière et sans concession de l’avenir de la médecine à l’ère de l’IA.


Avec lui, nous abordons des questions cruciales pour notre profession de médecin généraliste :

• Où en est réellement l’IA en médecine aujourd’hui, entre promesses marketing et réalité réglementaire ?

• L’IA est-elle déjà plus performante que les médecins dans le diagnostic complexe ?

• Quelle place pour le médecin généraliste face à des intelligences artificielles toujours plus puissantes et rapides ?

• L’empathie humaine est-elle un refuge… ou un leurre ?

• La médecine générale risque-t-elle de devenir un “bullshit job” ou au contraire d’ouvrir de nouveaux territoires d’action ?

• Quelles compétences développer dès aujourd’hui pour rester pertinent face à ces évolutions ?


Au fil de cet échange, le Dr Laurent Alexandre partage un constat sans fard : la vitesse des progrès de l’IA dépasse de loin la capacité des universités et des cursus médicaux à s’adapter.


Selon lui, continuer à parier sur l’accumulation de connaissances médicales serait illusoire : l’IA lit plus vite, comprend mieux, intègre plus d’informations que n’importe quel professionnel de santé.


Mais alors, que nous reste-t-il ? Faut-il se résigner à être les « prolétaires de la médecine », comme il le redoute ? Ou repenser radicalement notre rôle, en investissant de nouveaux champs : leadership, entrepreneuriat, organisation des soins, innovation ?


Cet épisode, à la fois fascinant, dérangeant et stimulant, vous invite à réfléchir en profondeur à l’avenir de notre métier, au-delà des slogans technophiles ou des résistances nostalgiques.


👉 Un entretien indispensable pour tous les médecins curieux des enjeux de demain, et pour ceux qui veulent rester acteurs plutôt que spectateurs de la révolution numérique.


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Transcription

  • Speaker #0

    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Vous connaissez ce moment en consultation où un patient arrive avec des ordonnances bien chargées, souvent rédigées par plusieurs spécialistes, et vous devez vous assurer qu'il n'y a pas d'interaction problématique ? Cette situation m'arrive quasiment tous les jours. Le dernier en date était un patient polymédiqué, sous anticoagulant pour une fibrillation atriale, sous anti-inflammatoire pour une arthrose, et avec un traitement pour son diabète. Bref, un cocktail à risque. Je voulais être certain de faire les bons choix pour lui. Avant, il fallait tout vérifier manuellement, analyser chaque molécule, croiser les fiches produits, évaluer les interactions. Un vrai défi, surtout en pleine consultation. Mais aujourd'hui, avec Vidal Mobile et sa fonctionnalité d'analyse d'ordonnance, j'ai un véritable assistant à portée de main. Il me suffit de scanner l'ordonnance ou d'entrer les médicaments, et en un instant, j'ai un bilan clair des interactions potentielles, des alertes précises et des recommandations adaptées. Résultat ? Je détecte rapidement les risques, j'ajuste la prescription en toute confiance et surtout je sécurise mon patient tout en gardant un temps précieux. L'appli est gratuite pour tous les médecins. Il suffit de la télécharger et de renseigner son numéro. RPPS, vous avez le lien dans les notes de cet épisode. De mon côté, je ne peux plus m'en passer, alors à vous de tester. Bonjour à tous et bienvenue dans Superdocteur. Aujourd'hui, nous abordons un sujet aussi passionnant qu'incontournable, l'intelligence artificielle en médecine générale. Entre fantasmes et réalité, promesses et craintes, Quelles seront les réelles conséquences de l'IA sur notre pratique, notre rôle et la relation que nous entretenons avec nos patients ? Pour explorer ces questions, j'ai l'immense plaisir d'accueillir le docteur Laurent Alexandre, chirurgien urologue de formation, il est notamment diplômé de Sciences Po, HEC et l'ENA, ce qui lui confère un regard singulier à la croisée de la médecine, de l'économie et de la politique. Il est surtout connu du grand public pour avoir cofondé le site Doctissimo, mais aussi pour ses prises de position tranchées et ses réflexions percutantes. sur l'avenir de l'humanité face à la technologie. Auteur de plusieurs ouvrages majeurs tels que La mort de la mort, La guerre des intelligences, l'IA va-t-elle aussi tuer la démocratie et plus récemment, ChatGTPT va nous rendre immortels, il est l'une des voix les plus singulières et provocatrices du paysage francophone sur la place de l'intelligence artificielle dans notre société. Dans cet épisode, nous allons questionner avec lui la place réelle de l'IA en médecine générale. Sera-t-elle l'allié ou un concurrent au médecin généraliste ? Peut-on imaginer un futur où l'intelligence artificielle soignera mieux que nous ? Quel impact sur la relation médecin-patient ? Et surtout, comment rester maître de notre pratique dans ce nouveau monde technologique et ses avancées à venir en santé ? Un échange qui s'annonce passionnant et stimulant pour prendre de la hauteur sur notre métier et mieux comprendre les enjeux qui s'ouvrent à nous. Bonjour Laurent.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir pris de ton temps pour être avec moi. Aujourd'hui, je te pose ma première question. Qu'est capable de réaliser l'IA aujourd'hui en médecine ?

  • Speaker #1

    Alors d'un point de vue réglementaire, pas grand-chose, car l'utilisation de chat GPT par un médecin, généraliste ou spécialiste, n'est pas encadrée par la réglementation, n'est pas autorisée. Il existe bien sûr des petits logiciels d'intelligence artificielle qui sont anciens, qui sont souvent sur des analyses sectorielles, dépistage de tel ou tel type de cancer, analyse des radios. Mais ce sont de vieilles intelligences artificielles pour une raison très simple, c'est que... pour obtenir le tampon de la Food and Drug Administration, de la FDA, il faut plusieurs années. Donc en réalité, toutes les IA ou quasiment toutes les IA qui sont sur le marché aujourd'hui sont des vieilles, vieilles IA qui datent d'avant la sortie de chaque GPT 3.5 le 30 novembre 2022. Donc aujourd'hui, on n'a que des nanas, des vieilles IA et les IA puissantes comme les dernières versions de Gemini ou de chaque GPT, voire même de Grok, dont la version 3.5 sort la semaine prochaine. ne sont pas utilisés en médecine, en tout cas pas dans un cadre réglementaire. Donc aujourd'hui, on a un décalage énorme entre la puissance de l'IA et ses progrès immenses et les outils qui sont réglementairement à la disposition du médecin, qu'il soit généraliste ou spécialiste. Mais la différence entre médecin généraliste et spécialiste, c'est un combat du XXe siècle. Ce n'est plus le sujet à l'ère de l'intelligence artificielle.

  • Speaker #0

    Tu me parles beaucoup de réglementation, tu as tout à fait raison. En pratique, quand je renseigne chez un patient qui a une multitude de symptômes et un passé médical complexe, quand je prompte tous ses antécédents, ses signes, ses symptômes, ses bilans paracliniques, etc., j'ai l'impression que la nouvelle version de Ausha est incroyablement puissante et peut même trouver des diagnostics que parfois je ne connais même pas.

  • Speaker #1

    Bien évidemment. Alors tu sais que les intelligences artificielles, même les dernières, ont un taux d'hallucination qui n'est pas nul et se trompent parfois. et d'ailleurs O3 et O4 mini, les deux dernières versions de chaque GPT ont même un taux d'hallucination un petit peu supérieur à 4 O. Mais Si tu prends 100 médecins, que tu tires au hasard des dossiers de spécialité complexe, chaque GPT va faire mieux que les 100. Il n'y a aucun médecin au monde, aucun universitaire au monde, qui sur un dossier tiré au hasard, va faire mieux que chaque GPT au moment où nous parlons. Et chaque GPT va faire, quand tu vas lui donner le dossier en PDF, va faire l'analyse en quelques secondes. Là où nous sommes beaucoup plus longs. Bien sûr, chaque GPT a encore des faiblesses. Il n'est pas capable d'analyser un scanner, par exemple, sous forme image. Il est capable d'interpréter très bien l'interprétation textuelle et de l'intégrer au dossier. Ce que les radiologues ne font en général pas, parce que les radiologues ne croisent pas le dossier médical avec le scanner. Ça, il le fait remarquablement bien. En revanche, si tu donnes un scanner digestif à chaque GPT, il ne va pas bien. n'analyser les images et il va commettre un certain nombre d'erreurs parce que contrairement à ce que les gens imaginent, l'IA n'est pas extrêmement bonne sur l'imagerie médicale, les IA modernes. Ce sont les vieilles IA, les réseaux de neurones traditionnels, qui sont plus efficaces. Alors c'est temporaire, ça va changer. Mais aujourd'hui, ce qu'on peut dire, c'est que l'IA nous a déjà tous dépassés, qu'on soit spécialiste, généraliste, universitaire à la Mayo Clinic ou à la Harvard Medical School. ou généraliste dans le bassin du Gange, ChatGPT nous dépasse sur un dossier tiré au hasard, et c'est un choc profond qu'on n'avait pas anticipé. Comme je le dis souvent, d'ailleurs je l'ai écrit dans mes derniers bouquins, ce que fait ChatGPT en médecine aujourd'hui, le 29 novembre 2022, c'est-à-dire la veille de la sortie de ChatGPT 3.5, je n'imaginais pas ça possible avant 2050. Les choses se sont beaucoup accélérées. Et donc, la question n'est pas de savoir si l'IA va faire de meilleurs diagnostics que nous et choisir de meilleurs traitements. C'est déjà le cas. Notre problème, il est de réfléchir à 5, 10, 20 ans sur ce qu'à titre individuel on va devenir et sur ce que va devenir notre exercice. Sachant que les inerties professionnelles, corporatistes, universitaires font que les facultés de médecine... envoie nos jeunes futurs collègues au casse-pipe. L'université a un retard sur ces sujets qui est hallucinant, qui est hallucinant, incompréhensible. Et ça, les jeunes confrères le paieront, parce que le jour où ils vont arriver sur le marché, quand tu es en deuxième année de médecine aujourd'hui, tu vas arriver sur le marché du docteur dans dix ans, face Ausha de GPT du moment, Tu vas avoir un vrai problème que toi et moi, qui sommes des bons utilisateurs de chat GPT, nous voyons très bien, mais que beaucoup de nos confrères qui n'utilisent pas l'IA ne réalisent absolument pas et ne voient pas la vitesse à laquelle ça va. S'il n'y avait qu'un truc à dire et qu'il y a un truc indicible et qui est vraiment très compliqué, c'est qu'il ne faut jamais oublier que chat GPT gagne un point de caution intellectuelle chaque semaine. On est très très très proche du moment où ChatGPT et ses équivalents comme Gemini chez Google va être plus intelligent que 100% des terriens, pas seulement 100% des spécialistes ou des généralistes. Et on n'a pas réfléchi au monde d'avant. Alors d'ailleurs, ce matin en prenant mon café, j'ai demandé à ChatGPT quel est notre avenir face à ces futures versions. Il n'est pas très optimiste pour nous, ni à titre individuel, ni à titre collectif. Aujourd'hui, bien sûr qu'il faut réfléchir à ce qu'on peut faire à court terme avec l'IA, mais il faut avoir une réflexion à 5-10 ans au minimum sur ce qu'on va faire. J'ai demandé à HLGPT comment il voyait mon avenir professionnel et sa réponse, et j'invite tous les confrères à faire la même chose, sa réponse est très cruelle.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'il t'a répondu ?

  • Speaker #1

    Il m'a dit la plupart de tes territoires cognitifs sont perdus. La plupart des choses que tu fais aujourd'hui sont perdues à très court terme. Tu ne vas pas tenir face à moi. Et si tu veux, il m'a dessiné une cartographie des territoires perdus, des territoires gris presque perdus où il me déconseille de rester parce que je vais m'épuiser. Et de toute façon, ces prochaines versions vont me crabouiller. Et puis, il a déterminé un territoire où je peux encore exister. Mais il m'a dit, ça va être très compliqué. Ça va être très castrateur, décevant. Tu vas acquérir des savoir-faire, mais en quelques semaines, je vais te dépasser sur ces nouveaux savoir-faire. C'est quand même assez violent de discuter de son propre futur professionnel avec chaque GPT. Il dit les choses avec politesse, mais beaucoup de lucidité et une réelle violence quand tu es un humain biologique avec un cerveau fait de neurones.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'en ton écoute, c'est quand même assez terrifiant.

  • Speaker #1

    On pense la même chose.

  • Speaker #0

    Écoute, j'essaye d'avoir un optimisme de... combat. C'est-à-dire j'essaye d'agir sur les leviers sur lesquels je peux actionner et je me dis que je peux encore valoriser des compétences qui seront encore là demain. On va en discuter, ça va être la suite de notre entretien, mais peut-être que la singularité, l'intersubjectivité, la rencontre singulière entre un soignant et un patient reste très importante pour un humain et peut-être que c'est à ce niveau-là qu'on sera irremplaçable. étant fait de chair et d'os ?

  • Speaker #1

    Tu sais ce que j'en pense.

  • Speaker #0

    Je vais te poser la question dans quelques minutes si tu veux.

  • Speaker #1

    On ne réalise même pas à quel point Chad GPT est plus empathique que nous. On ne réalise même pas. C'est-à-dire que la relation que les gens qui parlent de leurs problèmes de santé avec Chad GPT, la relation qu'ils ont est d'une force extraordinaire, avec un dialogue en continu jour et nuit, et une mémoire de tous les échanges, puisque maintenant Chad GPT va avoir une mémoire absolue de tous les échanges qu'il a avec nous. de tout notre être, que le médecin ne peut pas égaler. Ce n'est pas possible. Tu peux parler de tes métastases quand tu as un cancer avec chaque GPT, jour et nuit, pendant 15 jours. Quel est le généraliste ou le cancérologue qui, à 3h du matin, va te parler de tes métastases ? Et puis si tout le monde le fait, on va rapidement craquer. Alors que, comme tu sais, chaque GPT, aujourd'hui, en mai 2025, entretient 550 millions de conversations en parallèle. avec les utilisateurs réguliers. Donc en réalité, l'empathie, et on avait eu un premier signal d'alarme dans l'étude du JAMA qui comparait l'empathie des médecins et des docteurs, il y a déjà un an et demi, avec une vieille version de ChatGPT, la 3.5. En réalité, il ne faut pas penser que c'est une défense. D'ailleurs, quand tu demandes à ChatGPT si l'empathie, la relation personnelle est une défense, il dit que c'est un leurre, que c'est un refuge, une réserve d'Indiens. temporaire dont nous allons être éliminés. Donc je pense qu'il faut être lucide et ne pas croire que notre humanité est une protection. Parce que l'IA étant tellement plus patiente, comprend tellement mieux nos patients que nous, nous les comprenons, qu'en réalité, il va falloir abandonner cette zone qui est un piège. Et puis, très sincèrement, faire dix ans d'études pour jouer les infirmières empathiques, je... pense qu'à titre individuel, ce n'est pas un pari gagnant pour nous.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses qu'il faut toujours apprendre la médecine ?

  • Speaker #1

    Je ne crois pas. Je ne crois pas. Je ne crée pas médecine aujourd'hui. Dix ans d'études pour à la fin être écrapouillé par la version de chaque GPT en 2035, dans dix ans, le temps que tu aies ton diplôme, je pense que ça n'a aucun intérêt. D'abord... La puissance publique et la société nous prend pour des fonctionnaires corvéables à Merci et maintenant veut nous imposer, après dix ans d'études pour être généraliste, veut nous imposer un lieu d'installation. Après dix ans d'études, on gagne le tiers de ce que gagne un jeune ingénieur qui a des conditions de vie plus faciles. Donc non, les études de médecine sont prolongues. Les études de médecine sont adaptées à la médecine de 1990, de 2000. Pas du tout à la confrontation, à l'interface avec l'IA qui va arriver. Donc moi, aujourd'hui, non, je ne ferai pas médecine. Tu vois, avant la sortie de ChatGPT, il y a trois ans, je disais, si c'était à refaire, je referais médecine. Aujourd'hui, je ne ferai pas médecine. D'ailleurs, je pense que je ne ferai pas d'études du tout. Aujourd'hui, si je sortais du lycée, immédiatement, je pense que je ne ferai pas d'études. Tu vois, des études, j'en ai fait un petit peu. En dehors de la médecine, j'ai passé un petit peu de temps. Sciences Po, HECLENA, ça m'a pris... m'a pris un peu de temps. Tout ça, je ne le referai pas. Je pense que les études, c'est un concept d'avant l'IA. Alors, je pense qu'on va réinventer les études. Je pense qu'on va réinventer la formation. Mais aujourd'hui, je pense que faire dix ans d'études de médecine, c'est perdre son temps. Parce que l'université, le mandarina vont mettre des années avant de comprendre ce qui se passe et d'adapter la formation. Je vois, j'ai quelqu'un dans ma famille qui a débuté médecine, là. pas mes enfants, aucun de mes enfants n'a voulu faire médecine. C'est pathétique. c'est pathétique La capacité du mandarina et de l'université d'intégrer le monde nouveau. Mais même si le mandarina était moderne, même si le mandarina et l'université comprenaient les enjeux technologiques, qu'est-ce que tu veux faire face à un IA qui gagne un point de caution intellectuelle par semaine, si tu veux ? Alors, il y a un scénario optimiste pour nous, c'est que cette progression intellectuelle de l'IA s'arrête, qu'il y ait un plafond de verre. Mais moi, je n'y crois pas. Tu vois, Sam Altman, le créateur de ChatGPT, la semaine dernière a dit « Je pense vraiment que GPT-5, la nouvelle version de ChatGPT qui doit sortir cet été ou au début de l'automne, je suis persuadé que je serai moins intelligent que GPT-5. » Or, Sam Altman a 160 de quotient intellectuel, c'est un des hommes les plus intelligents au monde. Et lui pense qu'il est à quelques semaines, quelques mois d'être dépassé par l'intelligence artificielle. Donc, c'est difficile. de planifier les études, c'est difficile de planifier sa carrière. C'est pour ça que je pense que la souplesse, l'adaptabilité sont des valeurs fondamentales aujourd'hui et qu'il faut être prêt à l'arrivée du tsunami qui a commencé mais qui va s'aggraver. Je pense qu'il faut être prêt à changer, bifurquer relativement rapidement, ce qu'on ne nous a pas beaucoup appris en médecine en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que je peux te demander ce que tu conseilles à tes enfants ? Alors, tu m'as dit qu'il n'y en avait aucun qui voulait faire médecine, sans rentrer dans les détails. Quelles sont tes grandes lignes d'éducation dans ce monde chez vous ?

  • Speaker #1

    Mes gamins ont fait des études avant la sortie de chaque GPT, sauf le petit dernier. Alors, le petit dernier, il est bon en sciences, il est parti à Cambridge faire des sciences. Je ne l'ai pas déconseillé de partir à Cambridge. s'il était parti dans une facture poubelle française pour faire de la sociologie à Lyon. Franchement, je leur ai forcément déconseillé de faire des études. Mais Cambridge, c'est Cambridge, donc j'ai laissé faire. Les deux autres, ils ont fait leurs études avant chez le GPT, mais moi, j'étais convaincu que l'intelligence artificielle allait être importante, et c'est pour ça que je les ai poussés à développer les qualités qui me semblent importantes à l'ère de l'intelligence artificielle. L'adaptabilité, la culture générale, l'agency, terme anglais qui veut dire la volonté d'agir, la volonté de faire des choses, pas rester assis sur sa chaise en attendant que le tsunami te tombe sur la gueule, et puis l'esprit d'entreprise. Ça me semblait être les quatre valeurs cardinales aujourd'hui, je le crois vraiment. Et parmi la culture générale, il y a un truc qui est fondamental, qu'on soit médecin ou pas, c'est la connaissance historique. Pour comprendre le futur, il faut connaître l'histoire. Moi, le conseil que je donne aux gens quand ils me disent « Mais qu'est-ce qu'il faut faire face à l'IA ? » Je leur dis « Lis des livres d'histoire. » Pour comprendre le futur, il faut une bonne culture historique. Une curiosité sur le futur, bien sûr, mais il faut une bonne culture historique. Donc, je pense que lire des livres d'histoire est la meilleure protection pour ne pas se prendre le tsunami de l'IA en pleine gueule en étant assommé.

  • Speaker #0

    Donc, tu viens de me donner les grandes lignes. de l'homme et de la femme moderne, être adaptable, avoir une bonne culture G, avoir une agency, dont le terme anglo-saxon qui définit le fait d'aller de l'avant, d'être proactif et de pouvoir changer selon la direction du vent. Si tu te mets à la place d'un jeune médecin généraliste, français en l'occurrence, qu'est-ce que tu fais en pratique, là, maintenant, aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Écoute, je vais te paraître odieux. Je ne sais pas. Ça va trop vite. Je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te formes ?

  • Speaker #1

    Apprendre à coder, ça ne sert à rien parce que l'IA va coder mieux que les codeurs. Il restera des architectes informationnels. Les informaticiens ne vont pas disparaître, mais ils ne vont presque plus coder de code. Donc, il ne faut surtout pas apprendre à coder. Apprendre à coder du Python, c'est une connerie. En 2025, c'est trop tard. Je pense qu'il ne faut pas se former à la médecine. Je pense qu'il faut passer le moins de temps possible à se former à la médecine parce que de toute façon, c'est un territoire perdu. C'est comme d'être le meilleur maréchal ferrant au monde en 1905. Non, il vaut mieux ouvrir un garage. Donc, si tu veux, il ne faut pas penser que nous allons continuer à soigner nos malades. L'IA est déjà meilleure que nous pour analyser un dossier. Mais t'imagines, dans 10 ans ou dans 20 ans, on va être ridicule. On va être écrabouillé. On va être grotesque. Donc, il faut chercher d'autres territoires. Je ne sais pas te les dessiner aujourd'hui de façon précise. Mais il y a plein de nouveaux métiers qui vont arriver. D'abord parce que la technologie va faire des bonds géants. Tu as vu sur un exemple tout bête le prix Nobel de chimie 2024 d'Emis Hassabis. C'est le patron des intelligences artificielles chez Google. Et c'est lui qui a développé AlphaFold, qui a déterminé en quelques semaines la structure en trois dimensions des 200 millions de protéines qui existent sur Terre. Pas seulement les 200 000 protéines. humaine, mais 200 millions de protéines, toutes espèces confondues. Et on a calculé qu'il aurait fallu 5000 ans à la communauté scientifique mondiale pour faire ce que l'IA de Google a fait en quelques semaines. Ça ouvre des perspectives absolument incroyables. Il y a plein de startups à développer, il y a plein d'idées à développer, il y a plein de business models à développer quand on est un jeune médecin. Donc, moi, si j'étais le jeune médecin, je n'apprendrais rien en médecine parce que dans quelques mois, ce sera... pathétique de vouloir soigner les malades à partir de notre cerveau. Je réfléchirai aux modes futurs d'exercice de la médecine qui ne sont pas clairs et sur lesquels je n'ai pas de recette magique au moment où nous parlons. Et puis, je monterai des start-up, je réfléchirai à des nouvelles formes d'organisation de la médecine. Je ferai plein de choses, je ne serai pas inactif. Tu vois, j'ai créé pas mal de start-up dans ma vie. J'ai revendu Doctissimo en 2007, mais en tout, j'ai créé une douzaine de start-up dans le domaine de l'intelligence artificielle, du numérique, etc. Je regrette que les collègues, que les confrères montent aussi peu de startups. Il y a vraiment beaucoup, beaucoup de choses à faire. Alors, jusqu'à maintenant, on pouvait exercer la médecine, ça avait du sens. Demain, ça ne l'aura plus. Alors, il va rester des tâches médicales d'orienter le malade, de le conseiller. Mais en réalité, là... L'acte de diagnostic ne sera plus fait par des humains. Même les grands universitaires vont être écrabouillés par l'IA à la vitesse à laquelle ça va. D'ailleurs, il n'y a pas très longtemps, à un colloque réunissant les PUPH d'une spécialité, l'un de mes copains a proposé à l'Assemblée de se mesurer face à HHGPT sur des dossiers.

  • Speaker #0

    Mauvaise idée.

  • Speaker #1

    Personne n'a voulu. personne n'a voulu y aller individuellement. Alors ils ont dit, on va faire ça collectivement. Donc la salle de PUPH, de cette spécialité que je ne nommerai pas, s'est mise tous ensemble, a vu les cas, et s'est donné 15 minutes par cas clinique, là où ChatGPT a eu besoin de deux secondes. Et en réalité, ils n'ont pas réussi à égaler ChatGPT en se mettant tous ensemble avec beaucoup, beaucoup, beaucoup plus de temps que ChatGPT. Donc il faut partir de l'idée que nous ne soignerons plus les malades. On pourra les orienter dans le système un peu. Est-ce qu'il y a besoin de 10 ans d'études pour faire ça ? Je ne le crois pas. Il va falloir gérer la blessure narcissique. Ça ne va pas être simple. D'ailleurs, j'ai beaucoup parlé de ça, non pas dans mon métier médical que nous partageons, mais dans mon métier d'essayiste, on va dire d'intellectuel, qui écrit des bouquins, qui a écrit des milliers d'articles. de trop... C'était... Ce dont je te parlais tout à l'heure, c'est-à-dire la réduction du champ du possible sur le plan intellectuel face à ChatGPT, tel qu'elle est décrite par ChatGPT lui-même concernant. Tu as un moment d'arrêt, tu reçois un pain en pleine poire quand il te dit la vérité de façon un peu lucide. Donc, il faut dépasser cette blessure. Merde, j'ai passé dix ans pour être ridicule, parce que très rapidement, il va y avoir entre les futures versions de ChatGPT et nous, le même écart qu'entre nous et un agent hospitalier. C'est ça la réalité, qui est indicible. Mais ce n'est pas spécifique à la médecine générale, spécialiste, à n'importe quel métier. Ça va être général. Alors, il va peut-être rester des niches de savoir qu'on va garder, mais moi, je ne suis pas très optimiste.

  • Speaker #0

    Bravo, vous êtes bien arrivé à la fin de cette partie. La suite vous attend dans le prochain épisode. Pour ne rien manquer de Superdocteur, pensez à vous abonner dès maintenant à ce podcast. Et si vous aimez mon travail, le meilleur moyen de me soutenir, c'est d'en parler autour de vous. à vos consoeurs ou vos confrères. Enfin, un petit geste qui fait une grande différence. Laissez-moi une belle note de 5 étoiles sur votre application de podcast préférée. Ça m'encourage énormément et ça aide d'autres médecins à découvrir Superdocteur et partager ensemble des idées pour améliorer nos soins et enrichir nos pratiques. À très vite sur le podcast !

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