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Super Docteur - médecine générale

1/2 Mieux soigner grâce à l’hypnose ?

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15min |17/12/2024
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Description

J'ai exploré dans cet épisode avec notre confrère Nicolas Perret, médecin généraliste, maître de stage universitaire et hypnothérapeute, l’univers fascinant de l’hypnose. Découvrez comment cette pratique peut transformer votre approche médicale et améliorer le bien-être de vos patients.


🔍 Qu’est-ce que l’hypnose ?

L’hypnose est un état de conscience modifié, un outil puissant permettant d’accéder aux ressources internes du patient.


💡 L’hypnose est une thérapie brève: quelques séances suffisent souvent pour observer des améliorations. Elle aide à lever des blocages, à mobiliser des ressources et à initier des changements.


🧠 Les mécanismes scientifiques de l’hypnose

Grâce aux neurosciences, les effets de l’hypnose sur le cerveau sont mieux compris :

- Activation de zones spécifiques comme le cortex cingulaire et l’insula, impliquées dans la focalisation et la gestion des émotions.

- Modulation du système nerveux autonome, favorisant un état de relaxation et de réceptivité accrue.

L’imagerie médicale (IRM, PET scan) a permis de valider scientifiquement ces mécanismes.


✅ Indications courantes :

- Troubles fonctionnels intestinaux.

- Gestion des douleurs chroniques ou aiguës.

- Accompagnement de l’anxiété, des phobies, ou des traumatismes psychologiques.

- Préparation à des événements comme un accouchement ou une intervention médicale.


🛠️ Comment intégrer l’hypnose au cabinet ?

- L’hypnose peut être utilisée au quotidien pour dédramatiser un geste médical ou apaiser un patient anxieux.

- Pour des problématiques spécifiques, des séances dédiées d’une heure permettent un travail approfondi.

- L’auto-hypnose est un excellent complément pour rendre le patient acteur de sa guérison.


🌟 Mon invité partage des réussites marquantes dans cet épisode


Ce podcast est destiné aux médecins. Il incombe aux auditeurs professionnels de santé de vérifier et d'évaluer la pertinence des informations délivrées dans leur pratique médicale. Super Docteur ne saurait être tenu responsable de toute action ou omission faite sur la base des informations fournies dans ce podcast. Nous encourageons les auditeurs à consulter des ressources appropriées pour des conseils médicaux spécifiques à leur pratique.


Abonnez-vous à la newsletter pour recevoir une fois par mois du contenu pour devenir un super docteur:https://superdocteur.substack.com/


Mon livre est disponible ici: https://www.chroniquesociale.com/comprendre-les-personnes/1315-medecine-integrative.html


Insta:

https://www.instagram.com/dr.matthieu.cantet


Linkedin:

https://www.linkedin.com/in/matthieu-cantet-4a5591294/


Vous aimerez ce podcast si vous aimez: guideline.care, médecin qui es-tu?, vois de médecins, parlons médecine, hippocast, réussir médecine, l'externe, la consult', la consult, le med g éclairé, podex, medicine, symptômes, néphrodio, l'ugentiste masqué, santé intégrative, parlons médecine, santé next, première consultation, le podcast de l'externe, salut c'est l'externe.


formation médicale; formation médicale continue, formation en médecine générale


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Bonjour à tous et bienvenue dans Super Docteur. Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Nicolas Perret, médecin généraliste, maître de stage universitaire et hypnothérapeute. Son expérience et sa pratique de l'hypnose en médecine générale en font une référence incontournable pour explorer ce sujet fascinant. Dans cet épisode... Je souhaite découvrir avec lui si l'hypnose peut véritablement trouver sa place dans notre arsenal thérapeutique. Comment fonctionne-t-elle ? Quels sont ses résultats scientifiques ? Quelles indications privilégier et quelles précautions prendre ? Et surtout, comment pouvons-nous, médecins généralistes, intégrer concrètement l'hypnose dans nos consultations quotidiennes pour améliorer le soin de nos patients ? Je vous invite à vous joindre à moi dans cet épisode qui s'annonce passionnant afin de faire le lien entre la médecine générale et l'hypnose. Bonjour Nicolas !

  • Speaker #1

    Bonjour Mathieu, merci de m'accueillir.

  • Speaker #0

    C'est un grand plaisir, merci à toi d'avoir accepté mon invitation. Nicolas, peux-tu me dire qu'est-ce que l'hypnose et à quoi ça sert s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Je pense pour commencer, il faut démystifier un peu les choses. Il y a beaucoup de stéréotypes, de préjugés par rapport à l'hypnose. J'aime distinguer en fait trois types d'hypnose. Tu as l'hypnose qui est faite à l'hôpital avec l'hypnocétation, l'hypno-nalgésine qui aide aux opérations. Et puis à l'opposé, tu as l'hypnose de spectacle qui est faite par Mesmer qui est très... musicaux, on va dire. Parfois, je pense qu'il vient un petit peu être délétère par rapport à notre image d'hypothérapeute. Et puis, entre les deux, tu as tout ce champ de psychothérapie dans laquelle l'hypnose se glisse, faite par des soignants ou des non-soignants, médecins ou non-médecins, pour accompagner les gens dans des parcours de vie parfois difficiles. On verra ensemble les indications, mais il y a trois types d'hypnose. Aujourd'hui, l'hypnose, il faut voir ça comme une thérapie brève, en fait. C'est une thérapie qui se joue sur quelques séances, donc le résultat doit être logiquement assez rapide. Et on parle d'état de modifié de conscience ou de trans. Le mot trans, c'est toujours un petit peu peur en Occident. Mais c'est vrai qu'il passe par une modification d'état de conscience pour accéder à des ressources, à des solutions, à des levées de boucliers, à des levées de blocages, on va dire, pour passer à des états de soulagement, de solution. Et moi, j'aime bien dire qu'on sort de la sclérose en place. On aide les gens à remettre du mouvement dans leur pensée, dans leur fonctionnement pour apporter des solutions, des réponses et avoir une guérison parfois.

  • Speaker #0

    Très bien, c'est clair. Quels sont ces mécanismes scientifiques ? Comment ça marche l'hypnose ? Comment est-ce qu'elle agit sur le cerveau et le corps ? Est-ce qu'on le sait ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est une très bonne question. Je voudrais juste quand même dire un petit peu avant que l'hypnose passe par un processus de communication en verbal et non verbal. A la fois par des protocoles de gestes, par des façons de parler, des rythmes de parole. Donc il y a toute une base déjà très pratico-pratique, technique de l'hypnose. Et puis, en effet, il ne faut pas oublier qu'en France, l'hypnose est surtout basée sur le travail de Milton Erickson, qui était un psychiatre, psychologue américain, dans les années 1900, qui est élément 80 ans, je crois, Erickson. Et on travaille beaucoup par rapport à ce qu'il a, lui, on va dire, fait. Il n'a pas fait de protocole précis, mais ses travaux ont permis aujourd'hui de faire ce qu'on fait, nous. Le travail en hypnose se base sur l'accompagnement d'un inconscient bienveillant, on va dire. On va potentialiser les ressources du patient. Donc ça, c'est la base un peu théorique-pratique. Après, en effet, tu as raison. au regard de la science, comment ça marche. Déjà l'hypnose, ça fait des millénaires qu'elle existe, dans différentes cultures, différents pays, on ne va pas trop parler de tout ça. En France, on peut déjà mettre un point sur Charcot, qui a beaucoup fait d'hypnose à cette pétrière, après tu as Freud qui a aussi mis des pieds dedans avant de basculer en psychanalyse. Mais nous, on va dire que l'hypnose a pris vraiment sa place dans la science grâce aux neurosciences. Et ça, c'est plus l'année 90 qui ont été, pour nous, intéressantes à observer. Et il y avait le docteur Femmonville, à Liège en Belgique, qui a commencé à étudier les patients en hypnose avec des IRM fonctionnelles. Elle a démontré que dans l'IRM, le flux sanguin était plus conséquent et les zones plus actives du cerveau sous hypnose. Par la suite, il y a eu beaucoup d'études avec les PET scans, les IRM. Et c'est assez récemment d'ailleurs, en 2019, que Pierre Rinville, qui est un spécialiste en neurosciences, qui lui a démontré qu'il y a vraiment trois zones qui sont activées. lorsqu'on fait de l'hypnose. Tu as la zone qu'on appelle le cortex singulaire antérieur et le précunéus. Ce sont des zones qui sont en lien avec tout ce qui est focalisation, attention, absorption, et aussi la gentilité. La gentilité, c'est le sentiment d'être responsable de ses mouvements et de ses actes. La deuxième zone du cerveau qui s'allume, c'est le cortex préfrontal et l'insula. Et là, c'est plus tout ce qui est le lien entre nos réactions physiques et nos pensées. Et la troisième zone qui s'active et qui permet de travailler en hypnose, c'est le cortex singulaire postérieur. Lui est en lien avec la réduction de la conscience de soi et il baisse le facteur critique. Donc tout ça, c'est prouvé, on sait, ça marche comme ça. L'IRM est là pour nous le prouver, pour nous montrer les choses. D'ailleurs, ce qui est assez intéressant, c'est que ces zones de cerveau qui s'allument, ce n'est pas tout à fait la même zone qu'on retrouve en état de conscience modifié dans d'autres situations, ni même dans le coma. Donc c'est vraiment spécifique à la transhypnotique. Donc ça, c'est intéressant de montrer tout ça. Et puis il y a tous les processus aussi d'activation ou de freinage du système ortho ou parasympathique, qu'on retrouve aussi dans la méditation ou dans la sophrologie. Là, on va avoir des modifications de tonus musculaire, on va avoir des modifications du rythme respiratoire, du rythme cardiaque, et on va avoir cette capacité, cette réceptivité plus grande à la suggestion. La suggestion, c'est ce qu'on propose aux patients, à verbal ou non verbal, pour aller là où il faut aller pour travailler. Donc la science, elle est maintenant du côté de l'hypnose, il n'y a même plus de questions à se poser, mais c'est intéressant de voir que c'est plutôt les imageries qui ont permis de mettre des preuves du concret sur ce qui se passait en hypnose.

  • Speaker #0

    C'est passionnant, j'ai ignoré qu'il y avait des... que nous savions qu'il y avait des zones précises qui s'hyper-vascularisaient sous hypnose. C'est fascinant. Restons dans la science, si tu le veux bien. Est-ce que tu sais s'il y a des études scientifiques qui ont pu être publiées sur l'efficacité de l'hypnose dans différentes pathologies ou troubles ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, on est à peu près à plus de 15 000 études. Donc c'est quand même énorme. Alors bien sûr, il faudrait voir une par une le bien fondé et la pertinence. On a beaucoup beaucoup beaucoup de bibliographies internationales sur l'hypnose. Donc pareil, là je ne reconnais plus grand chose à prouver de ce côté là. Moi j'aime à dire qu'en fait l'hypnose a pris sa place en France surtout par rapport à l'Académie de Médecine qui en 2013 l'a reconnue. En 2015, c'est l'HAS basé sur un rapport de l'Inserm qui lui-même s'est basé sur 6 revues Cochrane avec 16 essais randomisés. Où là en fait l'HAS s'est positionné en 2015, donc voilà l'hypnose est indiquée. Il y avait plusieurs autres indications, c'était les TFI. Les qualités fonctionnelles ?

  • Speaker #0

    Les quoi, pardon ?

  • Speaker #1

    Les troubles fonctionnels intestinaux. Ok, d'accord. Les thérapies. Il y avait les bouffées de chaleur dans la ménopause, il y avait la radiologie internationale qui avait été aussi validée, il y a tout ce qui est les soins dentaires, la dyspepsie. Donc tu vois, l'HS en 2015, assez positionné. En 2017, c'est la Société française de médecine d'urgence qui a mis place pour l'hypnose dans les soins d'urgence. Donc on a maintenant, tu vois, plusieurs choses qui sont assez concrètes. Et puis on a aussi des centres de recherche comme le centre de l'ARF, qui est la plus grande école d'hypnose à Paris, dirigée par Kevin Finel, qui là fait beaucoup de recherches en neurosciences sur l'hypnose, et tu as des CHU comme Bordeaux par exemple, où à Bordeaux il y a plus de 500 soignants qui se sont formés à l'hypnose, et qui font beaucoup d'études, de recherches, à la fois à l'hôpital et en dehors de l'hôpital, pour continuer à valider, prouver, démontrer l'efficacité de l'hypnose dans les soins. Donc c'est intéressant. Et puis bien sûr il y a tout ce qui est des formations par les DU. où tu as des thèses qui sont faites, qui sont faites pour venir appuyer aussi cette démarche de démontrer que l'hypnose a une place dans beaucoup d'indications pour accompagner les patients. C'est intéressant de voir qu'on a vraiment aujourd'hui un panel de recherche, d'études, de gens sérieux aussi qui se penchent sur le sujet, des médecins et même des bons médecins, pour venir attester que c'est un vrai outil et non pas de l'ésotérisme.

  • Speaker #0

    Excellent, donc tu m'as parlé des troubles fonctionnels intestinaux, de la ménopause, des soins dentaires, de la dyspepsie, des soins d'urgence. Est-ce que tu... à notion d'autres indications que tu ne m'as pas encore citées ou alors d'indications que toi tu retrouves dans ta pratique quotidienne dans lesquelles tu utilises l'hypnose, des indications qu'on n'aurait pas encore citées jusqu'à présent ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est une indication de situations multiples à son même sans limite. Aujourd'hui, l'hypnose, c'est pour les douleurs, c'est pour les difficultés psychologiques, les phobies, les stress, l'accompagnement d'accouchement, les soins palliatifs, la préparation du sportif pour une épreuve de haut niveau, ça peut être des patients qui ont par exemple des choix difficiles à faire dans leur quotidien, ils veulent être guidés pour des choix. Ça peut être de la dermatologie, de l'oxygénatisme, de l'eczéma. Moi, j'aime beaucoup parler des psychotraumas, puisque c'est un peu là sur quoi j'aime insister et je suis formé plutôt pour ça. Je pense qu'il y a des psychotraumas dans notre société actuelle, malheureusement, on sait de plus en plus. Mais en fait, la vraie question n'est pas quelles sont les indications, mais quelles sont les contre-indications.

  • Speaker #0

    On va y venir.

  • Speaker #1

    Les indications, on a tellement... Tout est hypnose, la condition de bien baliser les choses, c'est-à-dire de mettre un... cadre bienveillant, de rester dans les indications qui sont claires, d'une motivation claire par rapport au patient, qu'on ait une confiance médecin-patient, une relation qui est assez sécure pour travailler. Donc une fois que tu as mis un cadre au travail, que tu as balisé les choses, que tu as sécurisé les deux parties, tout peut être hypnose.

  • Speaker #0

    C'est clair. Donc les indications sont potentiellement sans limite, comme tu viens de me le rappeler. Est-ce que tu as notion d'éventuelles contre-indications ? Ou alors, est-ce qu'il y a des tableaux cliniques particuliers dans lesquels on a des précautions particulières à prendre avant d'employer les techniques d'hypnose avec un patient ?

  • Speaker #1

    La première chose, c'est que lorsqu'on fait de l'hypnose, on va créer une sorte de dissociation. Donc, si tu dissocies sur quelqu'un qui a déjà dissocié, c'est compliqué. Donc, toutes les pathologies névrotiques, psychotiques qui sont évolutives, actives et non régulées, on va éviter. Ça paraît quand même assez cohérent. Après, je pense qu'on est plus, tu vois, la contre-indication pour moi au quotidien, parce qu'on n'a pas toujours des psychotiques sous les yeux, c'est plus la notion de lien qu'il y a entre patient et médecin. Tu dois créer ce lien, cette alliance thérapeutique, tu as deux partenaires face à face, il faut casser cette hiérarchie du médecin savant par rapport au patient, et cette contre-indication, ça serait de, voilà, je ne suis pas en lien avec le patient. Je ne suis pas en lien avec lui, ou lui n'est pas en lien avec moi, ou il n'y a pas de cadre sécure qui fait qu'il n'a pas envie de se laisser guider, accompagner. Donc je pense que les deux principales contre-indications, c'est la psychotique évoluée ou le non-lien, la non-confiance qui est entre les deux parties. C'est assez limité, donc ça montre bien que l'hypnose peut prendre beaucoup de place au quotidien, en médecine générale ou même en dehors des cabinets.

  • Speaker #0

    Très bien, donc tu parles du lien entre le patient et son médecin. Est-ce que tu sous-entends que ça peut être dangereux chez quelqu'un de mal intentionné ? A fortiori un soignant mal intentionné, alors évidemment ce n'est pas le cas de nos charmants auditeurs de ce podcast qui cherchent à se former avec des experts comme toi, mais est-ce qu'on peut imaginer le cas d'un praticien maîtrisant ces techniques mal intentionnées qui pourrait l'aiser ou en tout cas avoir quelque chose de très péjoratif pour son patient ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une bonne question, je pense qu'il ne faut pas oublier que les gens qui font de l'hypnose sont formés, donc logiquement ils ont été validés par des pairs. ils ont quand même eu un parcours de formation qui doit, j'espère, assurer leur bienveillance. Lorsqu'on est médecin, on a comme un code d'éthiologie, donc ça crée une sécurité. Après, l'hypnose, bien sûr que c'est un outil. Et comme tous les outils, quand il est mal utilisé, mauvais escient, il peut être parfois malheureusement préjudiciable. Il ne faut pas oublier que l'hypnose, c'est un état de transe qui est passager. Donc même si tu crées un état qui n'est pas forcément en faveur de vos patients, il a peur d'en sortir à un moment ou à un autre. Il ne va pas rester en hypnose toute sa vie en des conditions difficiles. Mais oui, je te réponds oui, parce que j'ai récupéré des patients qui ont fait de l'hypnose dans des conditions parfois douteuses. Il faut avec aussi qu'il y a des gens qui vivent de ça. Il faut être franc, c'est leur métier. Plus ils voient les patients, plus ils sont mal et parfois plus ils gagnent. Ce qui n'est pas notre cas dans le médecin, parce que tout intérêt que ça évite de libérer la place. Mais oui, parfois, il est vrai qu'il peut y avoir des gens qui sont mal formés ou mal intentionnés. Il peut y avoir des moments où ça devient un peu délicat. Lorsque c'est bien fait, lorsqu'on a été bien formé, lorsqu'on sait où on va. d'un accord commun avec le patient, c'est un super outil qui est sécure et qui apporte des vrais soulèvements. C'est vraiment intéressant. Et tu vois, même moi, en tant que médecin, au début, j'étais un petit peu critique, un petit peu regardant sur ce qui pouvait se passer. Je me disais, quand même, on me vend du rêve avec l'hypnose. Mais aujourd'hui, je me rends compte qu'il y a parfois des situations, des cas, qui se sont résolus par hypnose, bien loin de la médecine traditionnelle, bien loin des protocoles, de l'EBM. Donc c'est un super outil. Mais comme tous les outils, il faut bien le manipuler.

  • Speaker #0

    J'ai hâte que tu me partages un de tes exemples d'interaction avec un patient. Je vais te poser ça à la fin de l'épisode. Mais tout d'abord, je suis très curieux de savoir comment tu l'emploies au quotidien dans ton cabinet de médecine générale. Est-ce qu'une séance d'hypnose, ça nécessite des aménagements particuliers en termes de temps ou d'organisation du cabinet ? Est-ce que tu dois faire des séances dédiées d'hypnose où les gens prennent rendez-vous pour ça ? Ou alors, est-ce que tu l'utilises au cours d'un geste, au cours d'une consultation pour un motif tout autre ?

  • Speaker #1

    Ok, la réponse est multiple. L'hypnose, je pense que c'est un art de vivre au quotidien, déjà personnel et puis professionnel. L'hypnose se glisse en permanence dans les consultations. Lorsque tu as des techniques de communication en verbal et non verbal, pour des fois des choses qui ne sont pas du tout en lien avec l'hypnose, tu vas la glisser comme un outil. Je vais citer l'accueil d'un enfant qui est craintif au cabinet, faire une infiltration, poser un stérilet, déstresser quelqu'un qui vient pour une phobie. Donc l'hypnose, en fait, elle se glisse au quotidien. Et puis en effet, tu as ce temps dédié, moi c'est en l'occurrence tous les soirs, je consacre 3-4 heures, 1 heure, à un patient sur une problématique qu'on a étiqueté ensemble, on a travaillé un petit peu en amont, on a vu des choses ensemble, on a balisé le terrain, savoir où on allait. Et là en effet, dans un contexte beaucoup plus long de temps et de disponibilité, on a un cadre où on met le patient plutôt dans un bouteille relax, on est assis à côté de lui, on crée vraiment une proximité, à la même hauteur si possible. Et puis là il y a un travail qui est beaucoup plus profond, beaucoup plus thérapeutique. qui demande du temps et des forces et surtout de la disponibilité, c'est important, de l'omplimental, pour être avec le patient. Donc il y a un temps à la fois qui est plutôt non calculé, on va dire, dans la consultation, il y a un temps très précis dédié à ça en soirée, et puis il y a un temps plus personnel où l'hypnose va se glisser au quotidien, vraiment un peu difficile, où l'auto-hypnose ou autre peut aider des fois. te gérer toi. Et pour bien gérer les autres, il faut bien se gérer soi aussi. C'est intéressant.

  • Speaker #0

    Félicitations, vous êtes bien arrivé à la fin de cet épisode du podcast. S'il vous a plu, si vous avez appris des choses utiles et que vous souhaitez que je poursuive ce travail, vous pouvez vous abonner à ce podcast et en parler à un de vos confrères ou une de vos consoeurs. Et si vraiment vous voulez m'aider, vous pouvez me laisser une note de 5 étoiles sur vos applis et un petit avis sympa pour référencer ce podcast. Pensez également à vous abonner à la newsletter. Je vous envoie chaque mois un mail à haute valeur ajoutée pour la médecine générale, vous trouverez le lien dans les notes de l'épisode. A bientôt !

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J'ai exploré dans cet épisode avec notre confrère Nicolas Perret, médecin généraliste, maître de stage universitaire et hypnothérapeute, l’univers fascinant de l’hypnose. Découvrez comment cette pratique peut transformer votre approche médicale et améliorer le bien-être de vos patients.


🔍 Qu’est-ce que l’hypnose ?

L’hypnose est un état de conscience modifié, un outil puissant permettant d’accéder aux ressources internes du patient.


💡 L’hypnose est une thérapie brève: quelques séances suffisent souvent pour observer des améliorations. Elle aide à lever des blocages, à mobiliser des ressources et à initier des changements.


🧠 Les mécanismes scientifiques de l’hypnose

Grâce aux neurosciences, les effets de l’hypnose sur le cerveau sont mieux compris :

- Activation de zones spécifiques comme le cortex cingulaire et l’insula, impliquées dans la focalisation et la gestion des émotions.

- Modulation du système nerveux autonome, favorisant un état de relaxation et de réceptivité accrue.

L’imagerie médicale (IRM, PET scan) a permis de valider scientifiquement ces mécanismes.


✅ Indications courantes :

- Troubles fonctionnels intestinaux.

- Gestion des douleurs chroniques ou aiguës.

- Accompagnement de l’anxiété, des phobies, ou des traumatismes psychologiques.

- Préparation à des événements comme un accouchement ou une intervention médicale.


🛠️ Comment intégrer l’hypnose au cabinet ?

- L’hypnose peut être utilisée au quotidien pour dédramatiser un geste médical ou apaiser un patient anxieux.

- Pour des problématiques spécifiques, des séances dédiées d’une heure permettent un travail approfondi.

- L’auto-hypnose est un excellent complément pour rendre le patient acteur de sa guérison.


🌟 Mon invité partage des réussites marquantes dans cet épisode


Ce podcast est destiné aux médecins. Il incombe aux auditeurs professionnels de santé de vérifier et d'évaluer la pertinence des informations délivrées dans leur pratique médicale. Super Docteur ne saurait être tenu responsable de toute action ou omission faite sur la base des informations fournies dans ce podcast. Nous encourageons les auditeurs à consulter des ressources appropriées pour des conseils médicaux spécifiques à leur pratique.


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    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Bonjour à tous et bienvenue dans Super Docteur. Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Nicolas Perret, médecin généraliste, maître de stage universitaire et hypnothérapeute. Son expérience et sa pratique de l'hypnose en médecine générale en font une référence incontournable pour explorer ce sujet fascinant. Dans cet épisode... Je souhaite découvrir avec lui si l'hypnose peut véritablement trouver sa place dans notre arsenal thérapeutique. Comment fonctionne-t-elle ? Quels sont ses résultats scientifiques ? Quelles indications privilégier et quelles précautions prendre ? Et surtout, comment pouvons-nous, médecins généralistes, intégrer concrètement l'hypnose dans nos consultations quotidiennes pour améliorer le soin de nos patients ? Je vous invite à vous joindre à moi dans cet épisode qui s'annonce passionnant afin de faire le lien entre la médecine générale et l'hypnose. Bonjour Nicolas !

  • Speaker #1

    Bonjour Mathieu, merci de m'accueillir.

  • Speaker #0

    C'est un grand plaisir, merci à toi d'avoir accepté mon invitation. Nicolas, peux-tu me dire qu'est-ce que l'hypnose et à quoi ça sert s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Je pense pour commencer, il faut démystifier un peu les choses. Il y a beaucoup de stéréotypes, de préjugés par rapport à l'hypnose. J'aime distinguer en fait trois types d'hypnose. Tu as l'hypnose qui est faite à l'hôpital avec l'hypnocétation, l'hypno-nalgésine qui aide aux opérations. Et puis à l'opposé, tu as l'hypnose de spectacle qui est faite par Mesmer qui est très... musicaux, on va dire. Parfois, je pense qu'il vient un petit peu être délétère par rapport à notre image d'hypothérapeute. Et puis, entre les deux, tu as tout ce champ de psychothérapie dans laquelle l'hypnose se glisse, faite par des soignants ou des non-soignants, médecins ou non-médecins, pour accompagner les gens dans des parcours de vie parfois difficiles. On verra ensemble les indications, mais il y a trois types d'hypnose. Aujourd'hui, l'hypnose, il faut voir ça comme une thérapie brève, en fait. C'est une thérapie qui se joue sur quelques séances, donc le résultat doit être logiquement assez rapide. Et on parle d'état de modifié de conscience ou de trans. Le mot trans, c'est toujours un petit peu peur en Occident. Mais c'est vrai qu'il passe par une modification d'état de conscience pour accéder à des ressources, à des solutions, à des levées de boucliers, à des levées de blocages, on va dire, pour passer à des états de soulagement, de solution. Et moi, j'aime bien dire qu'on sort de la sclérose en place. On aide les gens à remettre du mouvement dans leur pensée, dans leur fonctionnement pour apporter des solutions, des réponses et avoir une guérison parfois.

  • Speaker #0

    Très bien, c'est clair. Quels sont ces mécanismes scientifiques ? Comment ça marche l'hypnose ? Comment est-ce qu'elle agit sur le cerveau et le corps ? Est-ce qu'on le sait ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est une très bonne question. Je voudrais juste quand même dire un petit peu avant que l'hypnose passe par un processus de communication en verbal et non verbal. A la fois par des protocoles de gestes, par des façons de parler, des rythmes de parole. Donc il y a toute une base déjà très pratico-pratique, technique de l'hypnose. Et puis, en effet, il ne faut pas oublier qu'en France, l'hypnose est surtout basée sur le travail de Milton Erickson, qui était un psychiatre, psychologue américain, dans les années 1900, qui est élément 80 ans, je crois, Erickson. Et on travaille beaucoup par rapport à ce qu'il a, lui, on va dire, fait. Il n'a pas fait de protocole précis, mais ses travaux ont permis aujourd'hui de faire ce qu'on fait, nous. Le travail en hypnose se base sur l'accompagnement d'un inconscient bienveillant, on va dire. On va potentialiser les ressources du patient. Donc ça, c'est la base un peu théorique-pratique. Après, en effet, tu as raison. au regard de la science, comment ça marche. Déjà l'hypnose, ça fait des millénaires qu'elle existe, dans différentes cultures, différents pays, on ne va pas trop parler de tout ça. En France, on peut déjà mettre un point sur Charcot, qui a beaucoup fait d'hypnose à cette pétrière, après tu as Freud qui a aussi mis des pieds dedans avant de basculer en psychanalyse. Mais nous, on va dire que l'hypnose a pris vraiment sa place dans la science grâce aux neurosciences. Et ça, c'est plus l'année 90 qui ont été, pour nous, intéressantes à observer. Et il y avait le docteur Femmonville, à Liège en Belgique, qui a commencé à étudier les patients en hypnose avec des IRM fonctionnelles. Elle a démontré que dans l'IRM, le flux sanguin était plus conséquent et les zones plus actives du cerveau sous hypnose. Par la suite, il y a eu beaucoup d'études avec les PET scans, les IRM. Et c'est assez récemment d'ailleurs, en 2019, que Pierre Rinville, qui est un spécialiste en neurosciences, qui lui a démontré qu'il y a vraiment trois zones qui sont activées. lorsqu'on fait de l'hypnose. Tu as la zone qu'on appelle le cortex singulaire antérieur et le précunéus. Ce sont des zones qui sont en lien avec tout ce qui est focalisation, attention, absorption, et aussi la gentilité. La gentilité, c'est le sentiment d'être responsable de ses mouvements et de ses actes. La deuxième zone du cerveau qui s'allume, c'est le cortex préfrontal et l'insula. Et là, c'est plus tout ce qui est le lien entre nos réactions physiques et nos pensées. Et la troisième zone qui s'active et qui permet de travailler en hypnose, c'est le cortex singulaire postérieur. Lui est en lien avec la réduction de la conscience de soi et il baisse le facteur critique. Donc tout ça, c'est prouvé, on sait, ça marche comme ça. L'IRM est là pour nous le prouver, pour nous montrer les choses. D'ailleurs, ce qui est assez intéressant, c'est que ces zones de cerveau qui s'allument, ce n'est pas tout à fait la même zone qu'on retrouve en état de conscience modifié dans d'autres situations, ni même dans le coma. Donc c'est vraiment spécifique à la transhypnotique. Donc ça, c'est intéressant de montrer tout ça. Et puis il y a tous les processus aussi d'activation ou de freinage du système ortho ou parasympathique, qu'on retrouve aussi dans la méditation ou dans la sophrologie. Là, on va avoir des modifications de tonus musculaire, on va avoir des modifications du rythme respiratoire, du rythme cardiaque, et on va avoir cette capacité, cette réceptivité plus grande à la suggestion. La suggestion, c'est ce qu'on propose aux patients, à verbal ou non verbal, pour aller là où il faut aller pour travailler. Donc la science, elle est maintenant du côté de l'hypnose, il n'y a même plus de questions à se poser, mais c'est intéressant de voir que c'est plutôt les imageries qui ont permis de mettre des preuves du concret sur ce qui se passait en hypnose.

  • Speaker #0

    C'est passionnant, j'ai ignoré qu'il y avait des... que nous savions qu'il y avait des zones précises qui s'hyper-vascularisaient sous hypnose. C'est fascinant. Restons dans la science, si tu le veux bien. Est-ce que tu sais s'il y a des études scientifiques qui ont pu être publiées sur l'efficacité de l'hypnose dans différentes pathologies ou troubles ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, on est à peu près à plus de 15 000 études. Donc c'est quand même énorme. Alors bien sûr, il faudrait voir une par une le bien fondé et la pertinence. On a beaucoup beaucoup beaucoup de bibliographies internationales sur l'hypnose. Donc pareil, là je ne reconnais plus grand chose à prouver de ce côté là. Moi j'aime à dire qu'en fait l'hypnose a pris sa place en France surtout par rapport à l'Académie de Médecine qui en 2013 l'a reconnue. En 2015, c'est l'HAS basé sur un rapport de l'Inserm qui lui-même s'est basé sur 6 revues Cochrane avec 16 essais randomisés. Où là en fait l'HAS s'est positionné en 2015, donc voilà l'hypnose est indiquée. Il y avait plusieurs autres indications, c'était les TFI. Les qualités fonctionnelles ?

  • Speaker #0

    Les quoi, pardon ?

  • Speaker #1

    Les troubles fonctionnels intestinaux. Ok, d'accord. Les thérapies. Il y avait les bouffées de chaleur dans la ménopause, il y avait la radiologie internationale qui avait été aussi validée, il y a tout ce qui est les soins dentaires, la dyspepsie. Donc tu vois, l'HS en 2015, assez positionné. En 2017, c'est la Société française de médecine d'urgence qui a mis place pour l'hypnose dans les soins d'urgence. Donc on a maintenant, tu vois, plusieurs choses qui sont assez concrètes. Et puis on a aussi des centres de recherche comme le centre de l'ARF, qui est la plus grande école d'hypnose à Paris, dirigée par Kevin Finel, qui là fait beaucoup de recherches en neurosciences sur l'hypnose, et tu as des CHU comme Bordeaux par exemple, où à Bordeaux il y a plus de 500 soignants qui se sont formés à l'hypnose, et qui font beaucoup d'études, de recherches, à la fois à l'hôpital et en dehors de l'hôpital, pour continuer à valider, prouver, démontrer l'efficacité de l'hypnose dans les soins. Donc c'est intéressant. Et puis bien sûr il y a tout ce qui est des formations par les DU. où tu as des thèses qui sont faites, qui sont faites pour venir appuyer aussi cette démarche de démontrer que l'hypnose a une place dans beaucoup d'indications pour accompagner les patients. C'est intéressant de voir qu'on a vraiment aujourd'hui un panel de recherche, d'études, de gens sérieux aussi qui se penchent sur le sujet, des médecins et même des bons médecins, pour venir attester que c'est un vrai outil et non pas de l'ésotérisme.

  • Speaker #0

    Excellent, donc tu m'as parlé des troubles fonctionnels intestinaux, de la ménopause, des soins dentaires, de la dyspepsie, des soins d'urgence. Est-ce que tu... à notion d'autres indications que tu ne m'as pas encore citées ou alors d'indications que toi tu retrouves dans ta pratique quotidienne dans lesquelles tu utilises l'hypnose, des indications qu'on n'aurait pas encore citées jusqu'à présent ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est une indication de situations multiples à son même sans limite. Aujourd'hui, l'hypnose, c'est pour les douleurs, c'est pour les difficultés psychologiques, les phobies, les stress, l'accompagnement d'accouchement, les soins palliatifs, la préparation du sportif pour une épreuve de haut niveau, ça peut être des patients qui ont par exemple des choix difficiles à faire dans leur quotidien, ils veulent être guidés pour des choix. Ça peut être de la dermatologie, de l'oxygénatisme, de l'eczéma. Moi, j'aime beaucoup parler des psychotraumas, puisque c'est un peu là sur quoi j'aime insister et je suis formé plutôt pour ça. Je pense qu'il y a des psychotraumas dans notre société actuelle, malheureusement, on sait de plus en plus. Mais en fait, la vraie question n'est pas quelles sont les indications, mais quelles sont les contre-indications.

  • Speaker #0

    On va y venir.

  • Speaker #1

    Les indications, on a tellement... Tout est hypnose, la condition de bien baliser les choses, c'est-à-dire de mettre un... cadre bienveillant, de rester dans les indications qui sont claires, d'une motivation claire par rapport au patient, qu'on ait une confiance médecin-patient, une relation qui est assez sécure pour travailler. Donc une fois que tu as mis un cadre au travail, que tu as balisé les choses, que tu as sécurisé les deux parties, tout peut être hypnose.

  • Speaker #0

    C'est clair. Donc les indications sont potentiellement sans limite, comme tu viens de me le rappeler. Est-ce que tu as notion d'éventuelles contre-indications ? Ou alors, est-ce qu'il y a des tableaux cliniques particuliers dans lesquels on a des précautions particulières à prendre avant d'employer les techniques d'hypnose avec un patient ?

  • Speaker #1

    La première chose, c'est que lorsqu'on fait de l'hypnose, on va créer une sorte de dissociation. Donc, si tu dissocies sur quelqu'un qui a déjà dissocié, c'est compliqué. Donc, toutes les pathologies névrotiques, psychotiques qui sont évolutives, actives et non régulées, on va éviter. Ça paraît quand même assez cohérent. Après, je pense qu'on est plus, tu vois, la contre-indication pour moi au quotidien, parce qu'on n'a pas toujours des psychotiques sous les yeux, c'est plus la notion de lien qu'il y a entre patient et médecin. Tu dois créer ce lien, cette alliance thérapeutique, tu as deux partenaires face à face, il faut casser cette hiérarchie du médecin savant par rapport au patient, et cette contre-indication, ça serait de, voilà, je ne suis pas en lien avec le patient. Je ne suis pas en lien avec lui, ou lui n'est pas en lien avec moi, ou il n'y a pas de cadre sécure qui fait qu'il n'a pas envie de se laisser guider, accompagner. Donc je pense que les deux principales contre-indications, c'est la psychotique évoluée ou le non-lien, la non-confiance qui est entre les deux parties. C'est assez limité, donc ça montre bien que l'hypnose peut prendre beaucoup de place au quotidien, en médecine générale ou même en dehors des cabinets.

  • Speaker #0

    Très bien, donc tu parles du lien entre le patient et son médecin. Est-ce que tu sous-entends que ça peut être dangereux chez quelqu'un de mal intentionné ? A fortiori un soignant mal intentionné, alors évidemment ce n'est pas le cas de nos charmants auditeurs de ce podcast qui cherchent à se former avec des experts comme toi, mais est-ce qu'on peut imaginer le cas d'un praticien maîtrisant ces techniques mal intentionnées qui pourrait l'aiser ou en tout cas avoir quelque chose de très péjoratif pour son patient ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une bonne question, je pense qu'il ne faut pas oublier que les gens qui font de l'hypnose sont formés, donc logiquement ils ont été validés par des pairs. ils ont quand même eu un parcours de formation qui doit, j'espère, assurer leur bienveillance. Lorsqu'on est médecin, on a comme un code d'éthiologie, donc ça crée une sécurité. Après, l'hypnose, bien sûr que c'est un outil. Et comme tous les outils, quand il est mal utilisé, mauvais escient, il peut être parfois malheureusement préjudiciable. Il ne faut pas oublier que l'hypnose, c'est un état de transe qui est passager. Donc même si tu crées un état qui n'est pas forcément en faveur de vos patients, il a peur d'en sortir à un moment ou à un autre. Il ne va pas rester en hypnose toute sa vie en des conditions difficiles. Mais oui, je te réponds oui, parce que j'ai récupéré des patients qui ont fait de l'hypnose dans des conditions parfois douteuses. Il faut avec aussi qu'il y a des gens qui vivent de ça. Il faut être franc, c'est leur métier. Plus ils voient les patients, plus ils sont mal et parfois plus ils gagnent. Ce qui n'est pas notre cas dans le médecin, parce que tout intérêt que ça évite de libérer la place. Mais oui, parfois, il est vrai qu'il peut y avoir des gens qui sont mal formés ou mal intentionnés. Il peut y avoir des moments où ça devient un peu délicat. Lorsque c'est bien fait, lorsqu'on a été bien formé, lorsqu'on sait où on va. d'un accord commun avec le patient, c'est un super outil qui est sécure et qui apporte des vrais soulèvements. C'est vraiment intéressant. Et tu vois, même moi, en tant que médecin, au début, j'étais un petit peu critique, un petit peu regardant sur ce qui pouvait se passer. Je me disais, quand même, on me vend du rêve avec l'hypnose. Mais aujourd'hui, je me rends compte qu'il y a parfois des situations, des cas, qui se sont résolus par hypnose, bien loin de la médecine traditionnelle, bien loin des protocoles, de l'EBM. Donc c'est un super outil. Mais comme tous les outils, il faut bien le manipuler.

  • Speaker #0

    J'ai hâte que tu me partages un de tes exemples d'interaction avec un patient. Je vais te poser ça à la fin de l'épisode. Mais tout d'abord, je suis très curieux de savoir comment tu l'emploies au quotidien dans ton cabinet de médecine générale. Est-ce qu'une séance d'hypnose, ça nécessite des aménagements particuliers en termes de temps ou d'organisation du cabinet ? Est-ce que tu dois faire des séances dédiées d'hypnose où les gens prennent rendez-vous pour ça ? Ou alors, est-ce que tu l'utilises au cours d'un geste, au cours d'une consultation pour un motif tout autre ?

  • Speaker #1

    Ok, la réponse est multiple. L'hypnose, je pense que c'est un art de vivre au quotidien, déjà personnel et puis professionnel. L'hypnose se glisse en permanence dans les consultations. Lorsque tu as des techniques de communication en verbal et non verbal, pour des fois des choses qui ne sont pas du tout en lien avec l'hypnose, tu vas la glisser comme un outil. Je vais citer l'accueil d'un enfant qui est craintif au cabinet, faire une infiltration, poser un stérilet, déstresser quelqu'un qui vient pour une phobie. Donc l'hypnose, en fait, elle se glisse au quotidien. Et puis en effet, tu as ce temps dédié, moi c'est en l'occurrence tous les soirs, je consacre 3-4 heures, 1 heure, à un patient sur une problématique qu'on a étiqueté ensemble, on a travaillé un petit peu en amont, on a vu des choses ensemble, on a balisé le terrain, savoir où on allait. Et là en effet, dans un contexte beaucoup plus long de temps et de disponibilité, on a un cadre où on met le patient plutôt dans un bouteille relax, on est assis à côté de lui, on crée vraiment une proximité, à la même hauteur si possible. Et puis là il y a un travail qui est beaucoup plus profond, beaucoup plus thérapeutique. qui demande du temps et des forces et surtout de la disponibilité, c'est important, de l'omplimental, pour être avec le patient. Donc il y a un temps à la fois qui est plutôt non calculé, on va dire, dans la consultation, il y a un temps très précis dédié à ça en soirée, et puis il y a un temps plus personnel où l'hypnose va se glisser au quotidien, vraiment un peu difficile, où l'auto-hypnose ou autre peut aider des fois. te gérer toi. Et pour bien gérer les autres, il faut bien se gérer soi aussi. C'est intéressant.

  • Speaker #0

    Félicitations, vous êtes bien arrivé à la fin de cet épisode du podcast. S'il vous a plu, si vous avez appris des choses utiles et que vous souhaitez que je poursuive ce travail, vous pouvez vous abonner à ce podcast et en parler à un de vos confrères ou une de vos consoeurs. Et si vraiment vous voulez m'aider, vous pouvez me laisser une note de 5 étoiles sur vos applis et un petit avis sympa pour référencer ce podcast. Pensez également à vous abonner à la newsletter. Je vous envoie chaque mois un mail à haute valeur ajoutée pour la médecine générale, vous trouverez le lien dans les notes de l'épisode. A bientôt !

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Description

J'ai exploré dans cet épisode avec notre confrère Nicolas Perret, médecin généraliste, maître de stage universitaire et hypnothérapeute, l’univers fascinant de l’hypnose. Découvrez comment cette pratique peut transformer votre approche médicale et améliorer le bien-être de vos patients.


🔍 Qu’est-ce que l’hypnose ?

L’hypnose est un état de conscience modifié, un outil puissant permettant d’accéder aux ressources internes du patient.


💡 L’hypnose est une thérapie brève: quelques séances suffisent souvent pour observer des améliorations. Elle aide à lever des blocages, à mobiliser des ressources et à initier des changements.


🧠 Les mécanismes scientifiques de l’hypnose

Grâce aux neurosciences, les effets de l’hypnose sur le cerveau sont mieux compris :

- Activation de zones spécifiques comme le cortex cingulaire et l’insula, impliquées dans la focalisation et la gestion des émotions.

- Modulation du système nerveux autonome, favorisant un état de relaxation et de réceptivité accrue.

L’imagerie médicale (IRM, PET scan) a permis de valider scientifiquement ces mécanismes.


✅ Indications courantes :

- Troubles fonctionnels intestinaux.

- Gestion des douleurs chroniques ou aiguës.

- Accompagnement de l’anxiété, des phobies, ou des traumatismes psychologiques.

- Préparation à des événements comme un accouchement ou une intervention médicale.


🛠️ Comment intégrer l’hypnose au cabinet ?

- L’hypnose peut être utilisée au quotidien pour dédramatiser un geste médical ou apaiser un patient anxieux.

- Pour des problématiques spécifiques, des séances dédiées d’une heure permettent un travail approfondi.

- L’auto-hypnose est un excellent complément pour rendre le patient acteur de sa guérison.


🌟 Mon invité partage des réussites marquantes dans cet épisode


Ce podcast est destiné aux médecins. Il incombe aux auditeurs professionnels de santé de vérifier et d'évaluer la pertinence des informations délivrées dans leur pratique médicale. Super Docteur ne saurait être tenu responsable de toute action ou omission faite sur la base des informations fournies dans ce podcast. Nous encourageons les auditeurs à consulter des ressources appropriées pour des conseils médicaux spécifiques à leur pratique.


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formation médicale; formation médicale continue, formation en médecine générale


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Bonjour à tous et bienvenue dans Super Docteur. Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Nicolas Perret, médecin généraliste, maître de stage universitaire et hypnothérapeute. Son expérience et sa pratique de l'hypnose en médecine générale en font une référence incontournable pour explorer ce sujet fascinant. Dans cet épisode... Je souhaite découvrir avec lui si l'hypnose peut véritablement trouver sa place dans notre arsenal thérapeutique. Comment fonctionne-t-elle ? Quels sont ses résultats scientifiques ? Quelles indications privilégier et quelles précautions prendre ? Et surtout, comment pouvons-nous, médecins généralistes, intégrer concrètement l'hypnose dans nos consultations quotidiennes pour améliorer le soin de nos patients ? Je vous invite à vous joindre à moi dans cet épisode qui s'annonce passionnant afin de faire le lien entre la médecine générale et l'hypnose. Bonjour Nicolas !

  • Speaker #1

    Bonjour Mathieu, merci de m'accueillir.

  • Speaker #0

    C'est un grand plaisir, merci à toi d'avoir accepté mon invitation. Nicolas, peux-tu me dire qu'est-ce que l'hypnose et à quoi ça sert s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Je pense pour commencer, il faut démystifier un peu les choses. Il y a beaucoup de stéréotypes, de préjugés par rapport à l'hypnose. J'aime distinguer en fait trois types d'hypnose. Tu as l'hypnose qui est faite à l'hôpital avec l'hypnocétation, l'hypno-nalgésine qui aide aux opérations. Et puis à l'opposé, tu as l'hypnose de spectacle qui est faite par Mesmer qui est très... musicaux, on va dire. Parfois, je pense qu'il vient un petit peu être délétère par rapport à notre image d'hypothérapeute. Et puis, entre les deux, tu as tout ce champ de psychothérapie dans laquelle l'hypnose se glisse, faite par des soignants ou des non-soignants, médecins ou non-médecins, pour accompagner les gens dans des parcours de vie parfois difficiles. On verra ensemble les indications, mais il y a trois types d'hypnose. Aujourd'hui, l'hypnose, il faut voir ça comme une thérapie brève, en fait. C'est une thérapie qui se joue sur quelques séances, donc le résultat doit être logiquement assez rapide. Et on parle d'état de modifié de conscience ou de trans. Le mot trans, c'est toujours un petit peu peur en Occident. Mais c'est vrai qu'il passe par une modification d'état de conscience pour accéder à des ressources, à des solutions, à des levées de boucliers, à des levées de blocages, on va dire, pour passer à des états de soulagement, de solution. Et moi, j'aime bien dire qu'on sort de la sclérose en place. On aide les gens à remettre du mouvement dans leur pensée, dans leur fonctionnement pour apporter des solutions, des réponses et avoir une guérison parfois.

  • Speaker #0

    Très bien, c'est clair. Quels sont ces mécanismes scientifiques ? Comment ça marche l'hypnose ? Comment est-ce qu'elle agit sur le cerveau et le corps ? Est-ce qu'on le sait ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est une très bonne question. Je voudrais juste quand même dire un petit peu avant que l'hypnose passe par un processus de communication en verbal et non verbal. A la fois par des protocoles de gestes, par des façons de parler, des rythmes de parole. Donc il y a toute une base déjà très pratico-pratique, technique de l'hypnose. Et puis, en effet, il ne faut pas oublier qu'en France, l'hypnose est surtout basée sur le travail de Milton Erickson, qui était un psychiatre, psychologue américain, dans les années 1900, qui est élément 80 ans, je crois, Erickson. Et on travaille beaucoup par rapport à ce qu'il a, lui, on va dire, fait. Il n'a pas fait de protocole précis, mais ses travaux ont permis aujourd'hui de faire ce qu'on fait, nous. Le travail en hypnose se base sur l'accompagnement d'un inconscient bienveillant, on va dire. On va potentialiser les ressources du patient. Donc ça, c'est la base un peu théorique-pratique. Après, en effet, tu as raison. au regard de la science, comment ça marche. Déjà l'hypnose, ça fait des millénaires qu'elle existe, dans différentes cultures, différents pays, on ne va pas trop parler de tout ça. En France, on peut déjà mettre un point sur Charcot, qui a beaucoup fait d'hypnose à cette pétrière, après tu as Freud qui a aussi mis des pieds dedans avant de basculer en psychanalyse. Mais nous, on va dire que l'hypnose a pris vraiment sa place dans la science grâce aux neurosciences. Et ça, c'est plus l'année 90 qui ont été, pour nous, intéressantes à observer. Et il y avait le docteur Femmonville, à Liège en Belgique, qui a commencé à étudier les patients en hypnose avec des IRM fonctionnelles. Elle a démontré que dans l'IRM, le flux sanguin était plus conséquent et les zones plus actives du cerveau sous hypnose. Par la suite, il y a eu beaucoup d'études avec les PET scans, les IRM. Et c'est assez récemment d'ailleurs, en 2019, que Pierre Rinville, qui est un spécialiste en neurosciences, qui lui a démontré qu'il y a vraiment trois zones qui sont activées. lorsqu'on fait de l'hypnose. Tu as la zone qu'on appelle le cortex singulaire antérieur et le précunéus. Ce sont des zones qui sont en lien avec tout ce qui est focalisation, attention, absorption, et aussi la gentilité. La gentilité, c'est le sentiment d'être responsable de ses mouvements et de ses actes. La deuxième zone du cerveau qui s'allume, c'est le cortex préfrontal et l'insula. Et là, c'est plus tout ce qui est le lien entre nos réactions physiques et nos pensées. Et la troisième zone qui s'active et qui permet de travailler en hypnose, c'est le cortex singulaire postérieur. Lui est en lien avec la réduction de la conscience de soi et il baisse le facteur critique. Donc tout ça, c'est prouvé, on sait, ça marche comme ça. L'IRM est là pour nous le prouver, pour nous montrer les choses. D'ailleurs, ce qui est assez intéressant, c'est que ces zones de cerveau qui s'allument, ce n'est pas tout à fait la même zone qu'on retrouve en état de conscience modifié dans d'autres situations, ni même dans le coma. Donc c'est vraiment spécifique à la transhypnotique. Donc ça, c'est intéressant de montrer tout ça. Et puis il y a tous les processus aussi d'activation ou de freinage du système ortho ou parasympathique, qu'on retrouve aussi dans la méditation ou dans la sophrologie. Là, on va avoir des modifications de tonus musculaire, on va avoir des modifications du rythme respiratoire, du rythme cardiaque, et on va avoir cette capacité, cette réceptivité plus grande à la suggestion. La suggestion, c'est ce qu'on propose aux patients, à verbal ou non verbal, pour aller là où il faut aller pour travailler. Donc la science, elle est maintenant du côté de l'hypnose, il n'y a même plus de questions à se poser, mais c'est intéressant de voir que c'est plutôt les imageries qui ont permis de mettre des preuves du concret sur ce qui se passait en hypnose.

  • Speaker #0

    C'est passionnant, j'ai ignoré qu'il y avait des... que nous savions qu'il y avait des zones précises qui s'hyper-vascularisaient sous hypnose. C'est fascinant. Restons dans la science, si tu le veux bien. Est-ce que tu sais s'il y a des études scientifiques qui ont pu être publiées sur l'efficacité de l'hypnose dans différentes pathologies ou troubles ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, on est à peu près à plus de 15 000 études. Donc c'est quand même énorme. Alors bien sûr, il faudrait voir une par une le bien fondé et la pertinence. On a beaucoup beaucoup beaucoup de bibliographies internationales sur l'hypnose. Donc pareil, là je ne reconnais plus grand chose à prouver de ce côté là. Moi j'aime à dire qu'en fait l'hypnose a pris sa place en France surtout par rapport à l'Académie de Médecine qui en 2013 l'a reconnue. En 2015, c'est l'HAS basé sur un rapport de l'Inserm qui lui-même s'est basé sur 6 revues Cochrane avec 16 essais randomisés. Où là en fait l'HAS s'est positionné en 2015, donc voilà l'hypnose est indiquée. Il y avait plusieurs autres indications, c'était les TFI. Les qualités fonctionnelles ?

  • Speaker #0

    Les quoi, pardon ?

  • Speaker #1

    Les troubles fonctionnels intestinaux. Ok, d'accord. Les thérapies. Il y avait les bouffées de chaleur dans la ménopause, il y avait la radiologie internationale qui avait été aussi validée, il y a tout ce qui est les soins dentaires, la dyspepsie. Donc tu vois, l'HS en 2015, assez positionné. En 2017, c'est la Société française de médecine d'urgence qui a mis place pour l'hypnose dans les soins d'urgence. Donc on a maintenant, tu vois, plusieurs choses qui sont assez concrètes. Et puis on a aussi des centres de recherche comme le centre de l'ARF, qui est la plus grande école d'hypnose à Paris, dirigée par Kevin Finel, qui là fait beaucoup de recherches en neurosciences sur l'hypnose, et tu as des CHU comme Bordeaux par exemple, où à Bordeaux il y a plus de 500 soignants qui se sont formés à l'hypnose, et qui font beaucoup d'études, de recherches, à la fois à l'hôpital et en dehors de l'hôpital, pour continuer à valider, prouver, démontrer l'efficacité de l'hypnose dans les soins. Donc c'est intéressant. Et puis bien sûr il y a tout ce qui est des formations par les DU. où tu as des thèses qui sont faites, qui sont faites pour venir appuyer aussi cette démarche de démontrer que l'hypnose a une place dans beaucoup d'indications pour accompagner les patients. C'est intéressant de voir qu'on a vraiment aujourd'hui un panel de recherche, d'études, de gens sérieux aussi qui se penchent sur le sujet, des médecins et même des bons médecins, pour venir attester que c'est un vrai outil et non pas de l'ésotérisme.

  • Speaker #0

    Excellent, donc tu m'as parlé des troubles fonctionnels intestinaux, de la ménopause, des soins dentaires, de la dyspepsie, des soins d'urgence. Est-ce que tu... à notion d'autres indications que tu ne m'as pas encore citées ou alors d'indications que toi tu retrouves dans ta pratique quotidienne dans lesquelles tu utilises l'hypnose, des indications qu'on n'aurait pas encore citées jusqu'à présent ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est une indication de situations multiples à son même sans limite. Aujourd'hui, l'hypnose, c'est pour les douleurs, c'est pour les difficultés psychologiques, les phobies, les stress, l'accompagnement d'accouchement, les soins palliatifs, la préparation du sportif pour une épreuve de haut niveau, ça peut être des patients qui ont par exemple des choix difficiles à faire dans leur quotidien, ils veulent être guidés pour des choix. Ça peut être de la dermatologie, de l'oxygénatisme, de l'eczéma. Moi, j'aime beaucoup parler des psychotraumas, puisque c'est un peu là sur quoi j'aime insister et je suis formé plutôt pour ça. Je pense qu'il y a des psychotraumas dans notre société actuelle, malheureusement, on sait de plus en plus. Mais en fait, la vraie question n'est pas quelles sont les indications, mais quelles sont les contre-indications.

  • Speaker #0

    On va y venir.

  • Speaker #1

    Les indications, on a tellement... Tout est hypnose, la condition de bien baliser les choses, c'est-à-dire de mettre un... cadre bienveillant, de rester dans les indications qui sont claires, d'une motivation claire par rapport au patient, qu'on ait une confiance médecin-patient, une relation qui est assez sécure pour travailler. Donc une fois que tu as mis un cadre au travail, que tu as balisé les choses, que tu as sécurisé les deux parties, tout peut être hypnose.

  • Speaker #0

    C'est clair. Donc les indications sont potentiellement sans limite, comme tu viens de me le rappeler. Est-ce que tu as notion d'éventuelles contre-indications ? Ou alors, est-ce qu'il y a des tableaux cliniques particuliers dans lesquels on a des précautions particulières à prendre avant d'employer les techniques d'hypnose avec un patient ?

  • Speaker #1

    La première chose, c'est que lorsqu'on fait de l'hypnose, on va créer une sorte de dissociation. Donc, si tu dissocies sur quelqu'un qui a déjà dissocié, c'est compliqué. Donc, toutes les pathologies névrotiques, psychotiques qui sont évolutives, actives et non régulées, on va éviter. Ça paraît quand même assez cohérent. Après, je pense qu'on est plus, tu vois, la contre-indication pour moi au quotidien, parce qu'on n'a pas toujours des psychotiques sous les yeux, c'est plus la notion de lien qu'il y a entre patient et médecin. Tu dois créer ce lien, cette alliance thérapeutique, tu as deux partenaires face à face, il faut casser cette hiérarchie du médecin savant par rapport au patient, et cette contre-indication, ça serait de, voilà, je ne suis pas en lien avec le patient. Je ne suis pas en lien avec lui, ou lui n'est pas en lien avec moi, ou il n'y a pas de cadre sécure qui fait qu'il n'a pas envie de se laisser guider, accompagner. Donc je pense que les deux principales contre-indications, c'est la psychotique évoluée ou le non-lien, la non-confiance qui est entre les deux parties. C'est assez limité, donc ça montre bien que l'hypnose peut prendre beaucoup de place au quotidien, en médecine générale ou même en dehors des cabinets.

  • Speaker #0

    Très bien, donc tu parles du lien entre le patient et son médecin. Est-ce que tu sous-entends que ça peut être dangereux chez quelqu'un de mal intentionné ? A fortiori un soignant mal intentionné, alors évidemment ce n'est pas le cas de nos charmants auditeurs de ce podcast qui cherchent à se former avec des experts comme toi, mais est-ce qu'on peut imaginer le cas d'un praticien maîtrisant ces techniques mal intentionnées qui pourrait l'aiser ou en tout cas avoir quelque chose de très péjoratif pour son patient ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une bonne question, je pense qu'il ne faut pas oublier que les gens qui font de l'hypnose sont formés, donc logiquement ils ont été validés par des pairs. ils ont quand même eu un parcours de formation qui doit, j'espère, assurer leur bienveillance. Lorsqu'on est médecin, on a comme un code d'éthiologie, donc ça crée une sécurité. Après, l'hypnose, bien sûr que c'est un outil. Et comme tous les outils, quand il est mal utilisé, mauvais escient, il peut être parfois malheureusement préjudiciable. Il ne faut pas oublier que l'hypnose, c'est un état de transe qui est passager. Donc même si tu crées un état qui n'est pas forcément en faveur de vos patients, il a peur d'en sortir à un moment ou à un autre. Il ne va pas rester en hypnose toute sa vie en des conditions difficiles. Mais oui, je te réponds oui, parce que j'ai récupéré des patients qui ont fait de l'hypnose dans des conditions parfois douteuses. Il faut avec aussi qu'il y a des gens qui vivent de ça. Il faut être franc, c'est leur métier. Plus ils voient les patients, plus ils sont mal et parfois plus ils gagnent. Ce qui n'est pas notre cas dans le médecin, parce que tout intérêt que ça évite de libérer la place. Mais oui, parfois, il est vrai qu'il peut y avoir des gens qui sont mal formés ou mal intentionnés. Il peut y avoir des moments où ça devient un peu délicat. Lorsque c'est bien fait, lorsqu'on a été bien formé, lorsqu'on sait où on va. d'un accord commun avec le patient, c'est un super outil qui est sécure et qui apporte des vrais soulèvements. C'est vraiment intéressant. Et tu vois, même moi, en tant que médecin, au début, j'étais un petit peu critique, un petit peu regardant sur ce qui pouvait se passer. Je me disais, quand même, on me vend du rêve avec l'hypnose. Mais aujourd'hui, je me rends compte qu'il y a parfois des situations, des cas, qui se sont résolus par hypnose, bien loin de la médecine traditionnelle, bien loin des protocoles, de l'EBM. Donc c'est un super outil. Mais comme tous les outils, il faut bien le manipuler.

  • Speaker #0

    J'ai hâte que tu me partages un de tes exemples d'interaction avec un patient. Je vais te poser ça à la fin de l'épisode. Mais tout d'abord, je suis très curieux de savoir comment tu l'emploies au quotidien dans ton cabinet de médecine générale. Est-ce qu'une séance d'hypnose, ça nécessite des aménagements particuliers en termes de temps ou d'organisation du cabinet ? Est-ce que tu dois faire des séances dédiées d'hypnose où les gens prennent rendez-vous pour ça ? Ou alors, est-ce que tu l'utilises au cours d'un geste, au cours d'une consultation pour un motif tout autre ?

  • Speaker #1

    Ok, la réponse est multiple. L'hypnose, je pense que c'est un art de vivre au quotidien, déjà personnel et puis professionnel. L'hypnose se glisse en permanence dans les consultations. Lorsque tu as des techniques de communication en verbal et non verbal, pour des fois des choses qui ne sont pas du tout en lien avec l'hypnose, tu vas la glisser comme un outil. Je vais citer l'accueil d'un enfant qui est craintif au cabinet, faire une infiltration, poser un stérilet, déstresser quelqu'un qui vient pour une phobie. Donc l'hypnose, en fait, elle se glisse au quotidien. Et puis en effet, tu as ce temps dédié, moi c'est en l'occurrence tous les soirs, je consacre 3-4 heures, 1 heure, à un patient sur une problématique qu'on a étiqueté ensemble, on a travaillé un petit peu en amont, on a vu des choses ensemble, on a balisé le terrain, savoir où on allait. Et là en effet, dans un contexte beaucoup plus long de temps et de disponibilité, on a un cadre où on met le patient plutôt dans un bouteille relax, on est assis à côté de lui, on crée vraiment une proximité, à la même hauteur si possible. Et puis là il y a un travail qui est beaucoup plus profond, beaucoup plus thérapeutique. qui demande du temps et des forces et surtout de la disponibilité, c'est important, de l'omplimental, pour être avec le patient. Donc il y a un temps à la fois qui est plutôt non calculé, on va dire, dans la consultation, il y a un temps très précis dédié à ça en soirée, et puis il y a un temps plus personnel où l'hypnose va se glisser au quotidien, vraiment un peu difficile, où l'auto-hypnose ou autre peut aider des fois. te gérer toi. Et pour bien gérer les autres, il faut bien se gérer soi aussi. C'est intéressant.

  • Speaker #0

    Félicitations, vous êtes bien arrivé à la fin de cet épisode du podcast. S'il vous a plu, si vous avez appris des choses utiles et que vous souhaitez que je poursuive ce travail, vous pouvez vous abonner à ce podcast et en parler à un de vos confrères ou une de vos consoeurs. Et si vraiment vous voulez m'aider, vous pouvez me laisser une note de 5 étoiles sur vos applis et un petit avis sympa pour référencer ce podcast. Pensez également à vous abonner à la newsletter. Je vous envoie chaque mois un mail à haute valeur ajoutée pour la médecine générale, vous trouverez le lien dans les notes de l'épisode. A bientôt !

Description

J'ai exploré dans cet épisode avec notre confrère Nicolas Perret, médecin généraliste, maître de stage universitaire et hypnothérapeute, l’univers fascinant de l’hypnose. Découvrez comment cette pratique peut transformer votre approche médicale et améliorer le bien-être de vos patients.


🔍 Qu’est-ce que l’hypnose ?

L’hypnose est un état de conscience modifié, un outil puissant permettant d’accéder aux ressources internes du patient.


💡 L’hypnose est une thérapie brève: quelques séances suffisent souvent pour observer des améliorations. Elle aide à lever des blocages, à mobiliser des ressources et à initier des changements.


🧠 Les mécanismes scientifiques de l’hypnose

Grâce aux neurosciences, les effets de l’hypnose sur le cerveau sont mieux compris :

- Activation de zones spécifiques comme le cortex cingulaire et l’insula, impliquées dans la focalisation et la gestion des émotions.

- Modulation du système nerveux autonome, favorisant un état de relaxation et de réceptivité accrue.

L’imagerie médicale (IRM, PET scan) a permis de valider scientifiquement ces mécanismes.


✅ Indications courantes :

- Troubles fonctionnels intestinaux.

- Gestion des douleurs chroniques ou aiguës.

- Accompagnement de l’anxiété, des phobies, ou des traumatismes psychologiques.

- Préparation à des événements comme un accouchement ou une intervention médicale.


🛠️ Comment intégrer l’hypnose au cabinet ?

- L’hypnose peut être utilisée au quotidien pour dédramatiser un geste médical ou apaiser un patient anxieux.

- Pour des problématiques spécifiques, des séances dédiées d’une heure permettent un travail approfondi.

- L’auto-hypnose est un excellent complément pour rendre le patient acteur de sa guérison.


🌟 Mon invité partage des réussites marquantes dans cet épisode


Ce podcast est destiné aux médecins. Il incombe aux auditeurs professionnels de santé de vérifier et d'évaluer la pertinence des informations délivrées dans leur pratique médicale. Super Docteur ne saurait être tenu responsable de toute action ou omission faite sur la base des informations fournies dans ce podcast. Nous encourageons les auditeurs à consulter des ressources appropriées pour des conseils médicaux spécifiques à leur pratique.


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Transcription

  • Speaker #0

    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Bonjour à tous et bienvenue dans Super Docteur. Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Nicolas Perret, médecin généraliste, maître de stage universitaire et hypnothérapeute. Son expérience et sa pratique de l'hypnose en médecine générale en font une référence incontournable pour explorer ce sujet fascinant. Dans cet épisode... Je souhaite découvrir avec lui si l'hypnose peut véritablement trouver sa place dans notre arsenal thérapeutique. Comment fonctionne-t-elle ? Quels sont ses résultats scientifiques ? Quelles indications privilégier et quelles précautions prendre ? Et surtout, comment pouvons-nous, médecins généralistes, intégrer concrètement l'hypnose dans nos consultations quotidiennes pour améliorer le soin de nos patients ? Je vous invite à vous joindre à moi dans cet épisode qui s'annonce passionnant afin de faire le lien entre la médecine générale et l'hypnose. Bonjour Nicolas !

  • Speaker #1

    Bonjour Mathieu, merci de m'accueillir.

  • Speaker #0

    C'est un grand plaisir, merci à toi d'avoir accepté mon invitation. Nicolas, peux-tu me dire qu'est-ce que l'hypnose et à quoi ça sert s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Je pense pour commencer, il faut démystifier un peu les choses. Il y a beaucoup de stéréotypes, de préjugés par rapport à l'hypnose. J'aime distinguer en fait trois types d'hypnose. Tu as l'hypnose qui est faite à l'hôpital avec l'hypnocétation, l'hypno-nalgésine qui aide aux opérations. Et puis à l'opposé, tu as l'hypnose de spectacle qui est faite par Mesmer qui est très... musicaux, on va dire. Parfois, je pense qu'il vient un petit peu être délétère par rapport à notre image d'hypothérapeute. Et puis, entre les deux, tu as tout ce champ de psychothérapie dans laquelle l'hypnose se glisse, faite par des soignants ou des non-soignants, médecins ou non-médecins, pour accompagner les gens dans des parcours de vie parfois difficiles. On verra ensemble les indications, mais il y a trois types d'hypnose. Aujourd'hui, l'hypnose, il faut voir ça comme une thérapie brève, en fait. C'est une thérapie qui se joue sur quelques séances, donc le résultat doit être logiquement assez rapide. Et on parle d'état de modifié de conscience ou de trans. Le mot trans, c'est toujours un petit peu peur en Occident. Mais c'est vrai qu'il passe par une modification d'état de conscience pour accéder à des ressources, à des solutions, à des levées de boucliers, à des levées de blocages, on va dire, pour passer à des états de soulagement, de solution. Et moi, j'aime bien dire qu'on sort de la sclérose en place. On aide les gens à remettre du mouvement dans leur pensée, dans leur fonctionnement pour apporter des solutions, des réponses et avoir une guérison parfois.

  • Speaker #0

    Très bien, c'est clair. Quels sont ces mécanismes scientifiques ? Comment ça marche l'hypnose ? Comment est-ce qu'elle agit sur le cerveau et le corps ? Est-ce qu'on le sait ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est une très bonne question. Je voudrais juste quand même dire un petit peu avant que l'hypnose passe par un processus de communication en verbal et non verbal. A la fois par des protocoles de gestes, par des façons de parler, des rythmes de parole. Donc il y a toute une base déjà très pratico-pratique, technique de l'hypnose. Et puis, en effet, il ne faut pas oublier qu'en France, l'hypnose est surtout basée sur le travail de Milton Erickson, qui était un psychiatre, psychologue américain, dans les années 1900, qui est élément 80 ans, je crois, Erickson. Et on travaille beaucoup par rapport à ce qu'il a, lui, on va dire, fait. Il n'a pas fait de protocole précis, mais ses travaux ont permis aujourd'hui de faire ce qu'on fait, nous. Le travail en hypnose se base sur l'accompagnement d'un inconscient bienveillant, on va dire. On va potentialiser les ressources du patient. Donc ça, c'est la base un peu théorique-pratique. Après, en effet, tu as raison. au regard de la science, comment ça marche. Déjà l'hypnose, ça fait des millénaires qu'elle existe, dans différentes cultures, différents pays, on ne va pas trop parler de tout ça. En France, on peut déjà mettre un point sur Charcot, qui a beaucoup fait d'hypnose à cette pétrière, après tu as Freud qui a aussi mis des pieds dedans avant de basculer en psychanalyse. Mais nous, on va dire que l'hypnose a pris vraiment sa place dans la science grâce aux neurosciences. Et ça, c'est plus l'année 90 qui ont été, pour nous, intéressantes à observer. Et il y avait le docteur Femmonville, à Liège en Belgique, qui a commencé à étudier les patients en hypnose avec des IRM fonctionnelles. Elle a démontré que dans l'IRM, le flux sanguin était plus conséquent et les zones plus actives du cerveau sous hypnose. Par la suite, il y a eu beaucoup d'études avec les PET scans, les IRM. Et c'est assez récemment d'ailleurs, en 2019, que Pierre Rinville, qui est un spécialiste en neurosciences, qui lui a démontré qu'il y a vraiment trois zones qui sont activées. lorsqu'on fait de l'hypnose. Tu as la zone qu'on appelle le cortex singulaire antérieur et le précunéus. Ce sont des zones qui sont en lien avec tout ce qui est focalisation, attention, absorption, et aussi la gentilité. La gentilité, c'est le sentiment d'être responsable de ses mouvements et de ses actes. La deuxième zone du cerveau qui s'allume, c'est le cortex préfrontal et l'insula. Et là, c'est plus tout ce qui est le lien entre nos réactions physiques et nos pensées. Et la troisième zone qui s'active et qui permet de travailler en hypnose, c'est le cortex singulaire postérieur. Lui est en lien avec la réduction de la conscience de soi et il baisse le facteur critique. Donc tout ça, c'est prouvé, on sait, ça marche comme ça. L'IRM est là pour nous le prouver, pour nous montrer les choses. D'ailleurs, ce qui est assez intéressant, c'est que ces zones de cerveau qui s'allument, ce n'est pas tout à fait la même zone qu'on retrouve en état de conscience modifié dans d'autres situations, ni même dans le coma. Donc c'est vraiment spécifique à la transhypnotique. Donc ça, c'est intéressant de montrer tout ça. Et puis il y a tous les processus aussi d'activation ou de freinage du système ortho ou parasympathique, qu'on retrouve aussi dans la méditation ou dans la sophrologie. Là, on va avoir des modifications de tonus musculaire, on va avoir des modifications du rythme respiratoire, du rythme cardiaque, et on va avoir cette capacité, cette réceptivité plus grande à la suggestion. La suggestion, c'est ce qu'on propose aux patients, à verbal ou non verbal, pour aller là où il faut aller pour travailler. Donc la science, elle est maintenant du côté de l'hypnose, il n'y a même plus de questions à se poser, mais c'est intéressant de voir que c'est plutôt les imageries qui ont permis de mettre des preuves du concret sur ce qui se passait en hypnose.

  • Speaker #0

    C'est passionnant, j'ai ignoré qu'il y avait des... que nous savions qu'il y avait des zones précises qui s'hyper-vascularisaient sous hypnose. C'est fascinant. Restons dans la science, si tu le veux bien. Est-ce que tu sais s'il y a des études scientifiques qui ont pu être publiées sur l'efficacité de l'hypnose dans différentes pathologies ou troubles ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, on est à peu près à plus de 15 000 études. Donc c'est quand même énorme. Alors bien sûr, il faudrait voir une par une le bien fondé et la pertinence. On a beaucoup beaucoup beaucoup de bibliographies internationales sur l'hypnose. Donc pareil, là je ne reconnais plus grand chose à prouver de ce côté là. Moi j'aime à dire qu'en fait l'hypnose a pris sa place en France surtout par rapport à l'Académie de Médecine qui en 2013 l'a reconnue. En 2015, c'est l'HAS basé sur un rapport de l'Inserm qui lui-même s'est basé sur 6 revues Cochrane avec 16 essais randomisés. Où là en fait l'HAS s'est positionné en 2015, donc voilà l'hypnose est indiquée. Il y avait plusieurs autres indications, c'était les TFI. Les qualités fonctionnelles ?

  • Speaker #0

    Les quoi, pardon ?

  • Speaker #1

    Les troubles fonctionnels intestinaux. Ok, d'accord. Les thérapies. Il y avait les bouffées de chaleur dans la ménopause, il y avait la radiologie internationale qui avait été aussi validée, il y a tout ce qui est les soins dentaires, la dyspepsie. Donc tu vois, l'HS en 2015, assez positionné. En 2017, c'est la Société française de médecine d'urgence qui a mis place pour l'hypnose dans les soins d'urgence. Donc on a maintenant, tu vois, plusieurs choses qui sont assez concrètes. Et puis on a aussi des centres de recherche comme le centre de l'ARF, qui est la plus grande école d'hypnose à Paris, dirigée par Kevin Finel, qui là fait beaucoup de recherches en neurosciences sur l'hypnose, et tu as des CHU comme Bordeaux par exemple, où à Bordeaux il y a plus de 500 soignants qui se sont formés à l'hypnose, et qui font beaucoup d'études, de recherches, à la fois à l'hôpital et en dehors de l'hôpital, pour continuer à valider, prouver, démontrer l'efficacité de l'hypnose dans les soins. Donc c'est intéressant. Et puis bien sûr il y a tout ce qui est des formations par les DU. où tu as des thèses qui sont faites, qui sont faites pour venir appuyer aussi cette démarche de démontrer que l'hypnose a une place dans beaucoup d'indications pour accompagner les patients. C'est intéressant de voir qu'on a vraiment aujourd'hui un panel de recherche, d'études, de gens sérieux aussi qui se penchent sur le sujet, des médecins et même des bons médecins, pour venir attester que c'est un vrai outil et non pas de l'ésotérisme.

  • Speaker #0

    Excellent, donc tu m'as parlé des troubles fonctionnels intestinaux, de la ménopause, des soins dentaires, de la dyspepsie, des soins d'urgence. Est-ce que tu... à notion d'autres indications que tu ne m'as pas encore citées ou alors d'indications que toi tu retrouves dans ta pratique quotidienne dans lesquelles tu utilises l'hypnose, des indications qu'on n'aurait pas encore citées jusqu'à présent ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est une indication de situations multiples à son même sans limite. Aujourd'hui, l'hypnose, c'est pour les douleurs, c'est pour les difficultés psychologiques, les phobies, les stress, l'accompagnement d'accouchement, les soins palliatifs, la préparation du sportif pour une épreuve de haut niveau, ça peut être des patients qui ont par exemple des choix difficiles à faire dans leur quotidien, ils veulent être guidés pour des choix. Ça peut être de la dermatologie, de l'oxygénatisme, de l'eczéma. Moi, j'aime beaucoup parler des psychotraumas, puisque c'est un peu là sur quoi j'aime insister et je suis formé plutôt pour ça. Je pense qu'il y a des psychotraumas dans notre société actuelle, malheureusement, on sait de plus en plus. Mais en fait, la vraie question n'est pas quelles sont les indications, mais quelles sont les contre-indications.

  • Speaker #0

    On va y venir.

  • Speaker #1

    Les indications, on a tellement... Tout est hypnose, la condition de bien baliser les choses, c'est-à-dire de mettre un... cadre bienveillant, de rester dans les indications qui sont claires, d'une motivation claire par rapport au patient, qu'on ait une confiance médecin-patient, une relation qui est assez sécure pour travailler. Donc une fois que tu as mis un cadre au travail, que tu as balisé les choses, que tu as sécurisé les deux parties, tout peut être hypnose.

  • Speaker #0

    C'est clair. Donc les indications sont potentiellement sans limite, comme tu viens de me le rappeler. Est-ce que tu as notion d'éventuelles contre-indications ? Ou alors, est-ce qu'il y a des tableaux cliniques particuliers dans lesquels on a des précautions particulières à prendre avant d'employer les techniques d'hypnose avec un patient ?

  • Speaker #1

    La première chose, c'est que lorsqu'on fait de l'hypnose, on va créer une sorte de dissociation. Donc, si tu dissocies sur quelqu'un qui a déjà dissocié, c'est compliqué. Donc, toutes les pathologies névrotiques, psychotiques qui sont évolutives, actives et non régulées, on va éviter. Ça paraît quand même assez cohérent. Après, je pense qu'on est plus, tu vois, la contre-indication pour moi au quotidien, parce qu'on n'a pas toujours des psychotiques sous les yeux, c'est plus la notion de lien qu'il y a entre patient et médecin. Tu dois créer ce lien, cette alliance thérapeutique, tu as deux partenaires face à face, il faut casser cette hiérarchie du médecin savant par rapport au patient, et cette contre-indication, ça serait de, voilà, je ne suis pas en lien avec le patient. Je ne suis pas en lien avec lui, ou lui n'est pas en lien avec moi, ou il n'y a pas de cadre sécure qui fait qu'il n'a pas envie de se laisser guider, accompagner. Donc je pense que les deux principales contre-indications, c'est la psychotique évoluée ou le non-lien, la non-confiance qui est entre les deux parties. C'est assez limité, donc ça montre bien que l'hypnose peut prendre beaucoup de place au quotidien, en médecine générale ou même en dehors des cabinets.

  • Speaker #0

    Très bien, donc tu parles du lien entre le patient et son médecin. Est-ce que tu sous-entends que ça peut être dangereux chez quelqu'un de mal intentionné ? A fortiori un soignant mal intentionné, alors évidemment ce n'est pas le cas de nos charmants auditeurs de ce podcast qui cherchent à se former avec des experts comme toi, mais est-ce qu'on peut imaginer le cas d'un praticien maîtrisant ces techniques mal intentionnées qui pourrait l'aiser ou en tout cas avoir quelque chose de très péjoratif pour son patient ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une bonne question, je pense qu'il ne faut pas oublier que les gens qui font de l'hypnose sont formés, donc logiquement ils ont été validés par des pairs. ils ont quand même eu un parcours de formation qui doit, j'espère, assurer leur bienveillance. Lorsqu'on est médecin, on a comme un code d'éthiologie, donc ça crée une sécurité. Après, l'hypnose, bien sûr que c'est un outil. Et comme tous les outils, quand il est mal utilisé, mauvais escient, il peut être parfois malheureusement préjudiciable. Il ne faut pas oublier que l'hypnose, c'est un état de transe qui est passager. Donc même si tu crées un état qui n'est pas forcément en faveur de vos patients, il a peur d'en sortir à un moment ou à un autre. Il ne va pas rester en hypnose toute sa vie en des conditions difficiles. Mais oui, je te réponds oui, parce que j'ai récupéré des patients qui ont fait de l'hypnose dans des conditions parfois douteuses. Il faut avec aussi qu'il y a des gens qui vivent de ça. Il faut être franc, c'est leur métier. Plus ils voient les patients, plus ils sont mal et parfois plus ils gagnent. Ce qui n'est pas notre cas dans le médecin, parce que tout intérêt que ça évite de libérer la place. Mais oui, parfois, il est vrai qu'il peut y avoir des gens qui sont mal formés ou mal intentionnés. Il peut y avoir des moments où ça devient un peu délicat. Lorsque c'est bien fait, lorsqu'on a été bien formé, lorsqu'on sait où on va. d'un accord commun avec le patient, c'est un super outil qui est sécure et qui apporte des vrais soulèvements. C'est vraiment intéressant. Et tu vois, même moi, en tant que médecin, au début, j'étais un petit peu critique, un petit peu regardant sur ce qui pouvait se passer. Je me disais, quand même, on me vend du rêve avec l'hypnose. Mais aujourd'hui, je me rends compte qu'il y a parfois des situations, des cas, qui se sont résolus par hypnose, bien loin de la médecine traditionnelle, bien loin des protocoles, de l'EBM. Donc c'est un super outil. Mais comme tous les outils, il faut bien le manipuler.

  • Speaker #0

    J'ai hâte que tu me partages un de tes exemples d'interaction avec un patient. Je vais te poser ça à la fin de l'épisode. Mais tout d'abord, je suis très curieux de savoir comment tu l'emploies au quotidien dans ton cabinet de médecine générale. Est-ce qu'une séance d'hypnose, ça nécessite des aménagements particuliers en termes de temps ou d'organisation du cabinet ? Est-ce que tu dois faire des séances dédiées d'hypnose où les gens prennent rendez-vous pour ça ? Ou alors, est-ce que tu l'utilises au cours d'un geste, au cours d'une consultation pour un motif tout autre ?

  • Speaker #1

    Ok, la réponse est multiple. L'hypnose, je pense que c'est un art de vivre au quotidien, déjà personnel et puis professionnel. L'hypnose se glisse en permanence dans les consultations. Lorsque tu as des techniques de communication en verbal et non verbal, pour des fois des choses qui ne sont pas du tout en lien avec l'hypnose, tu vas la glisser comme un outil. Je vais citer l'accueil d'un enfant qui est craintif au cabinet, faire une infiltration, poser un stérilet, déstresser quelqu'un qui vient pour une phobie. Donc l'hypnose, en fait, elle se glisse au quotidien. Et puis en effet, tu as ce temps dédié, moi c'est en l'occurrence tous les soirs, je consacre 3-4 heures, 1 heure, à un patient sur une problématique qu'on a étiqueté ensemble, on a travaillé un petit peu en amont, on a vu des choses ensemble, on a balisé le terrain, savoir où on allait. Et là en effet, dans un contexte beaucoup plus long de temps et de disponibilité, on a un cadre où on met le patient plutôt dans un bouteille relax, on est assis à côté de lui, on crée vraiment une proximité, à la même hauteur si possible. Et puis là il y a un travail qui est beaucoup plus profond, beaucoup plus thérapeutique. qui demande du temps et des forces et surtout de la disponibilité, c'est important, de l'omplimental, pour être avec le patient. Donc il y a un temps à la fois qui est plutôt non calculé, on va dire, dans la consultation, il y a un temps très précis dédié à ça en soirée, et puis il y a un temps plus personnel où l'hypnose va se glisser au quotidien, vraiment un peu difficile, où l'auto-hypnose ou autre peut aider des fois. te gérer toi. Et pour bien gérer les autres, il faut bien se gérer soi aussi. C'est intéressant.

  • Speaker #0

    Félicitations, vous êtes bien arrivé à la fin de cet épisode du podcast. S'il vous a plu, si vous avez appris des choses utiles et que vous souhaitez que je poursuive ce travail, vous pouvez vous abonner à ce podcast et en parler à un de vos confrères ou une de vos consoeurs. Et si vraiment vous voulez m'aider, vous pouvez me laisser une note de 5 étoiles sur vos applis et un petit avis sympa pour référencer ce podcast. Pensez également à vous abonner à la newsletter. Je vous envoie chaque mois un mail à haute valeur ajoutée pour la médecine générale, vous trouverez le lien dans les notes de l'épisode. A bientôt !

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