- Speaker #0
Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Saviez-vous qu'il existe un outil qui, selon le motif de consultation, vous guide pas à pas pour remplir avec votre patient ses symptômes afin de proposer une prise en charge personnalisée et toujours à jour ? C'est exactement ce que propose Pulse Life. Son système d'algorithme décisionnel classé par spécialité vous accompagne tout au long de la consultation en vous suggérant les questions adaptées. et en vous orientant vers les bonnes recommandations en temps réel. Par exemple, si vous avez une suspicion de décompensation cardiaque chez votre patient, vous remplissez en direct des données cliniques des symptômes préremplis à reconnaître et à cocher et l'algorithme vous aide à confirmer ou non ce diagnostic et vous propose une prise en charge adaptée pour votre patient. Si vous souhaitez utiliser gratuitement cet outil, je vous invite à cliquer sur les liens dans les notes de cet épisode. Cela vous permettra aussi de soutenir ce podcast. Merci ! Bienvenue dans Superdocteur, le podcast des médecins généralistes. Aujourd'hui, nous parlons de yoga, une pratique qui pourrait enrichir notre approche thérapeutique. Le yoga est en effet une intervention non médicamenteuse aux effets prouvés sur la santé mentale et physique, et il peut s'intégrer parfaitement dans notre pratique médicale. Pour approfondir ce sujet, j'ai le plaisir d'accueillir Marc Toutain, enseignant en activité physique adaptée au Centre Régional de Psychotraumatisme de Normandie, docteur en sciences du sport, bébé chercheur au laboratoire Comet à l'Université de Caen. et auteur d'un article passionnant sur le yoga et la santé mentale, paru en novembre 2024 dans l'excellente Revue du Praticien. Dans cet épisode, nous allons découvrir ensemble les types de yoga les plus adaptés à la médecine générale, leurs bénéfices validés par la science, et des conseils concrets pour intégrer cette pratique dans nos recommandations aux patients. Bonjour Marc !
- Speaker #1
Bonjour Mathieu !
- Speaker #0
Merci beaucoup d'être avec moi Marc. Est-ce que tu peux directement m'expliquer... Qu'est-ce que le yoga dans le contexte des INM, les interventions non médicamenteuses ? Et surtout, quelle est la différence avec les autres pratiques comme le tai-chi ou la méditation par exemple ?
- Speaker #1
Oui, alors on peut dire que le yoga c'est une pratique psychocorporelle, un peu comme ce que tu viens de citer, comme le tai-chi par exemple, comme la méditation, le qigong. Néanmoins, le yoga lui ne sera pas un art martial par exemple comme le tai-chi. Il sera à la fois dans une balance physique qui peut être... intense selon le désir et le besoin de la personne qui pratique. Et à la fois, ça regroupe des exercices de méditation, des exercices de respiration et à la fois une philosophie de vie autour de huit piliers importants dans le yoga. Et c'est un bagage vraiment qui a des millénaires d'histoire et qui permet aussi bien d'être adapté à la personne qui va en faire une fois par semaine pour un bien-être mental et physique. ou pour une personne qui va rechercher plus un développement spirituel, une pratique quotidienne ou d'autres choses.
- Speaker #0
Très bien. Je crois qu'il y a différents types de yoga. D'ailleurs, c'est indispensable de bien savoir de quoi on parle. Lesquels sont les plus adaptés à une prescription médicale ? Et puis, tu peux brièvement me détailler les différents types de yoga ?
- Speaker #1
Oui, alors il y a en effet beaucoup, beaucoup de types de yoga différents. Surtout ces dernières années, dans le dernier siècle, les quelques décennies qui viennent de passer. Depuis les années 80-90, il y a beaucoup de types de yoga qui fleurissent, surtout dans l'Europe, les États-Unis beaucoup aussi. Moi, les yogas que je connais et les yogas qui sont utilisés surtout dans les études, les études cliniques, dans la science, qui bénéficient du plus haut niveau de preuve, ça va être surtout le Hatha Yoga, le Kundalini Yoga, le Vinyasa Yoga et puis l'Ashtanga Yoga. Ensuite, on aura aussi ces quatre pratiques-là. des pratiques assez traditionnelles, sauf peut-être un petit peu moins le vinyasa qui se base plutôt sur un flow et puis peut-être moins de bagages que par exemple le kundalini, mais qui est beaucoup plus accessible pour le coup. Mais d'une manière globale, ce sont quatre types de yoga où il va y avoir un accent sur les postures, les respirations, et puis parfois un petit peu plus sur la méditation, un petit peu plus sur la philosophie aussi, selon le type de yoga, mais respiration et posture seront les éléments centrales. Je dis méditation, ça sera un peu plus accentué dans d'autres, mais en fait, la méditation est présente dans tous les yogas, mais pas sous des formes qu'on imagine, ne serait-ce que par la respiration. C'est une forme de méditation, une méditation d'attention focalisée, mais on pourra peut-être y venir plus tard, ça sera peut-être le sujet d'un autre podcast pour toi. Et sinon, on a aussi le yoga Nidra, qui est un yoga très intéressant, mais beaucoup moins postural. C'est un peu le yoga du sommeil, où les pratiquants se mettent, dans un état de conscience ni éveillé, ni en sommeil. C'est un état de conscience modifié qui est assez intéressant, qui a fait preuve de beaucoup d'études aussi et qui montre des effets assez intéressants. Mais si je devais conseiller le Hatha Yoga pour des médecins généralistes, ce serait Vinyasa Hatha Yoga, Kundalini, évidemment. Et puis, il y a le Iyengar aussi, qui est une très bonne pratique de yoga également, assez traditionnelle, mais avec une histoire assez récente quand même, avec son fondateur qui est parti fonder son propre yoga. Mais voilà, c'est des yogas que je conseillerais. Et le Yin Yoga aussi, que j'allais oublier, qui est moins postural également, qui se rapproche un peu d'une Hydra Yoga. qui est le yin yoga, le yoga du soin, de la guérison.
- Speaker #0
Merci Marc, c'est super clair. Est-ce que tu peux me parler des modifications cérébrales qui ont été démontrées par les études sur le yoga, en particularité sur la régulation des émotions, le stress et les symptômes anxio-dépressifs ? On sait que la pratique du yoga modifie anatomiquement et fonctionnellement le cerveau. Est-ce que tu peux me parler de ça ?
- Speaker #1
Oui, en effet, il y a des preuves neuroscientifiques sur... les adaptations cérébrales suite à la pratique du yoga, notamment chez des pratiquants de haut niveau ou chez des pratiquants qui débutent, qui n'ont jamais fait de yoga. Donc, on va plus trouver soit des études avec des experts, comme dans la méditation, un petit peu en somme, soit des études avec des novices total, des néophytes, et puis on voit ce qui se passe avant et après. Dans ces modifications-là, si on prend dans sa globalité les choses, on a des modifications au niveau de la... densité, donc la matière grise, la densité de neurones, combien il y a de neurones, on va dire, au centimètre carré, qui est augmentée dans différentes régions cérébrales, mais est globalement aussi une amélioration de la connectivité. Donc la connectivité, ça va plutôt être conduction synaptique, et puis le nombre de synapses qui viennent connecter chaque neurone, et puis le nombre de réseaux. En gros, c'est le maillage des neurones, c'est la matière blanche. Et on s'est aperçu que c'était très important, très intéressant aussi pour la bonne santé mentale. Et donc, ces deux paramètres vont être améliorés par la pratique du yoga. Après, ça va être dans différentes régions. Ça sera parfois l'intensité et la connectivité, parfois l'un ou parfois l'autre. Mais globalement, on a un effet important au niveau de l'hippocampe. L'hippocampe qui est impliqué dans beaucoup de choses, évidemment. La mémoire, l'apprentissage et la régulation des émotions. On va avoir des effets sur le cortex préfrontal, sur l'amidale. sur le cortex singulaire antérieur. Donc, eux, ils sont tous un peu responsables de la régulation des émotions. Ils sont tous à différents niveaux impliqués. Donc, on va s'attendre à des effets sur la régulation des émotions. On va aussi avoir des effets sur l'absula, qui est aussi très important dans la régulation des émotions, mais qui est aussi important dans la conscience interocéptique. C'est la conscience qu'on a de nos messages intérieurs. C'est-à-dire... comment on ressent notre corps et ce qui se passe à l'intérieur de celui-ci. Par exemple, quand vous avez la boule au ventre ou la gorge qui se noue, ça c'est un message interoceptif. Cette conscience de ce message, le fait d'en être conscient, de le sentir finement, c'est de l'interoception et c'est très important pour vous aider à bien vous adapter à la situation et à comprendre ce qui se passe à l'intérieur de vous pour vous adapter potentiellement à une situation. Donc ça, c'est quelque chose qui sera amélioré à l'insula au niveau de la densité de la connectivité. C'est aussi responsable de beaucoup de choses dans l'insula. Et puis ensuite, on va avoir des effets sur les réseaux. Alors les réseaux, on en parle un petit peu moins, on en parle plus maintenant parce que c'est plus étudié. Mais les réseaux, en gros, c'est comment une région cérébrale est connectée à l'autre, comment elles interagissent et à quel degré et pourquoi. Par exemple, on a le réseau en mode par défaut. Lui, c'est un réseau qui est actif lors des états de repos ou de réflexion interne. Et il est souvent hyperactif chez les personnes anxieuses ou dépressives qui vont directement retourner dans leur mode par défaut. Ils vont ruminer mentalement, ils vont reprendre un mode de fonctionnement qui est presque passif et automatique dans des habitudes qui sont souvent délétères pour eux. Et donc, ce réseau de mode par défaut, le yoga, il va permettre d'en réduire l'activité et surtout d'activité excessive. C'est ça que... C'est une des hypothèses, en tout cas, des effets bénéfiques du yoga sur l'anxiété et le stress.
- Speaker #0
C'est passionnant. Est-ce que tu crois qu'à l'heure actuelle, on peut dégager des indications de prescription ou de conseils du yoga pour un médecin, en médecine générale ou autre, au cabinet, demain ? Quelles indications principales tu verrais à la prescription du yoga ? Je sais qu'elles sont très nombreuses, que les bienfaits du yoga sont vraiment multiples. Est-ce que tu peux dégager des grandes indications ? de conseils et de prescriptions du yoga, Marc ?
- Speaker #1
Alors oui, elles sont très nombreuses, tu as raison. On en avait parlé déjà. Les indications, en fait, on peut prendre des grandes lignes, finalement. On peut se dire, par exemple, que le yoga sera globalement bénéfique pour toute contrainte, affection ou... problèmes d'ordre psychologique et émotionnel. Déjà, de base, on peut se dire ça. Après, il va y avoir également toutes les maladies qui vont être plutôt physiologiques, affections métaboliques, cardiovasculaires, mais aussi neurodégénératives. On a vu qu'il y avait des effets sur le cerveau qui étaient importants. Toutes ces affections-là, elles vont tirer des bénéfices de la pratique du yoga. Après, le yoga comme... toute autre activité physique sera bénéfique dans toutes ces pathologies-là. Et puis surtout, il faudra juste être vigilant sur certaines contre-indications potentiellement aigües ou chroniques, mais vraiment spécifiques et qui coulent un peu du bon sens finalement.
- Speaker #0
On va y venir justement. Donc les indications de prescription, elles sont hyper nombreuses. Tu me parlais des indications cardiovasculaires, métaboliques, pneumologiques. Elles sont vraiment multiples. Du coup, on a envie de le prescrire à tout le monde, mais est-ce qu'il y a des contre-indications, des précautions à prendre avant de conseiller une séance de yoga ?
- Speaker #1
Oui, il y a des précautions, comme je disais. C'est vraiment des choses concrètes. Par exemple, si vous venez de vous faire une fracture à la cheville ou à l'épaule ou un autre trauma, un type comme ça au niveau physique et corporel, il faudra éviter de faire du yoga ou de solliciter la partie qui est lésée. Évidemment. Ensuite, on va avoir peut-être des contextes plus particuliers, comme des pathologies qui ne sont pas encore stabilisées. Par exemple, tout simple, une hypertension ou une arrhythmie particulière. Le yoga a un effet, par exemple, sur la fréquence cardiaque de repos. Ça a été beaucoup de fois montré, ça permet de diminuer la fréquence cardiaque de repos. Ça a des effets bénéfiques sur le système cardiovasculaire de sa globalité. que ce soit au travers de la respiration couplée au rythme cardiaque et puis à tout le système cardiovasculaire, eh bien, si on a une hypertension artérielle qui n'est pas stabilisée, dont on ne connaît pas l'origine, ou une arrhythmie qui est dans le même cas de figure, on va éviter de faire du yoga tout de suite. On va essayer plutôt de voir la source du problème, de stabiliser les choses, soit par médication, soit de s'assurer qu'il n'y a vraiment pas de risque à la pratique du yoga. toute autre activité physique finalement. Puis globalement, il y a d'autres affections un peu aiguës comme ça, où on va être vigilant. Une arthrose où il y a une grosse poussée inflammatoire qui est très douloureuse, des pathologies qui vont venir finalement mettre à mal les séances. Là, par exemple, la sclérose en plaques, si vous êtes victime d'une poussée à un moment donné, on va éviter de faire une séance de yoga à ce moment-là. D'ailleurs, il me semble que la sclérose en plaques, on va faire attention aussi, on va être vigilant, par exemple, au mouvement de tête. ils peuvent déclencher et être susceptibles de déclencher plus de poussées. Donc c'est important, mais à la fois c'est du bon sens. Il faut avant tout communiquer avec le professeur de yoga. Lui-même doit s'assurer de demander aux participants, s'il y a des contraintes particulières, que ce soit d'une manière générale ou aujourd'hui, maintenant pour la séance, à l'instant T.
- Speaker #0
Je comprends que les contre-indications, elles se trouvent lors d'une consultation avec son médecin, par l'interrogatoire, l'examen physique. Avec du bon sens, on arrive à voir s'il y a un problème traumatique, un problème métabolique aigu, un problème ostéo-articulaire aigu qui empêcherait la pratique du yoga. Mais je comprends en t'écoutant qu'en écoutant attentivement nos patients, en les interrogeant et en faisant un examen physique complet relativement rapide, on peut voir rapidement s'il y a une contre-indication ou pas à une séance de yoga. C'est très clair, je te remercie beaucoup.
- Speaker #1
Donc, ça peut être tout à fait adapté, très light. selon les pratiquants. Ça va vraiment dépendre de leur personne. Et s'ils ont une limitation, ils vont s'adapter par eux-mêmes. Après, le médecin, évidemment, ou toute autre personne qui va indiquer du yoga pour une personne. Il faut juste être vigilant sur ce que tu viens de dire et ce qu'on vient d'aborder.
- Speaker #0
Du bon sens, des deux côtés. Du côté des patients et des pros de santé. C'est super clair. Bravo, vous êtes bien arrivé à la fin de cette partie. La suite vous attend dans le prochain épisode. Pour ne rien manquer de Superdocteur, pensez à vous abonner dès maintenant à ce podcast. Si vous aimez mon travail, le meilleur moyen de me soutenir, c'est d'en parler autour de vous, à vos consoeurs ou vos confrères. Enfin, un petit geste qui fait une grande différence. Laissez-moi une belle note de 5 étoiles sur votre application de podcast préférée. Ça m'encourage énormément et ça aide d'autres médecins à découvrir SuperDocteur et partager ensemble des idées pour améliorer nos soins et enrichir nos pratiques. A très vite sur le podcast !