- Speaker #0
Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Vous connaissez ce moment en consultation où un patient arrive avec des ordonnances bien chargées, souvent rédigées par plusieurs spécialistes, et vous devez vous assurer qu'il n'y a pas d'interaction problématique ? Cette situation m'arrive quasiment tous les jours. Le dernier en date était un patient polymédiqué, sous anticoagulant pour une fibrillation atriale, sous anti-inflammatoire pour une arthrose, et avec un traitement pour son diabète. Bref, un cocktail à risque. Je voulais être certain de faire les bons choix pour lui. Avant, il fallait tout vérifier manuellement, analyser chaque molécule, croiser les fiches produits, évaluer les interactions. Un vrai défi, surtout en pleine consultation. Mais aujourd'hui, avec Vidal Mobile et sa fonctionnalité d'analyse d'ordonnance, j'ai un véritable assistant à portée de main. Il me suffit de scanner l'ordonnance ou d'entrer les médicaments, et en un instant, j'ai un bilan clair des interactions potentielles, des alertes précises et des recommandations adaptées. Résultat ? Je détecte rapidement les risques, j'ajuste la prescription en toute confiance et surtout je sécurise mon patient tout en gardant un temps précieux. L'appli est gratuite pour tous les médecins, il suffit de la télécharger et de renseigner son numéro. RPPS, vous avez le lien dans les notes de cet épisode. De mon côté, je ne peux plus m'en passer, alors à vous de tester. Bonjour à tous et bienvenue dans Superdocteur, cette semaine consacrée à l'intelligence artificielle en médecine générale. Dans cet épisode, je... poursuis ma passionnante conversation avec le docteur Laurent Alexandre sur l'intelligence artificielle en médecine générale. Je vous recommande vivement évidemment d'écouter le premier épisode si ce n'est pas déjà le cas, parce qu'après avoir exploré les applications actuelles et les impacts sur notre métier, je vais poursuivre cette fascinante discussion avec lui. Il va me confier sa vision du futur pour les médecins généralistes au vu de ce monde d'intelligence artificielle qui devient de plus en plus performant. C'est un entretien exceptionnelle qui a été permis parce que vous êtes plusieurs milliers à m'écouter chaque semaine. Je vous remercie infiniment. Alors, pour ceux qui viennent d'arriver, je vous recommande vivement de mettre pause et puis de vous abonner à ce podcast, comme ça vous ne ratez aucun épisode. Bonne écoute !
- Speaker #1
Comme tu le sais, et comme très peu de nos confrères le savent, nous ne sommes pas complémentaires de l'IA. Les études, notamment celles qui ont été publiées dans Nature il y a 10 jours, montrent que l'IA plus médecin, c'est beaucoup moins bien que l'IA sans médecin. Nous ne sommes pas complémentaires de l'IA, on trouve des grosses zones où nous sommes anti-complémentaires. Et l'étude a été faite avec GPT-4, avec une très vieille version. Je n'ose imaginer avec O3 ou O4 mini ou la future version O4 Pro, voire GPT-5, je n'ose imaginer la comparaison entre IA plus médecin et IA sans médecin. C'était déjà tragique et horrible et vexant. et humiliant pour nous avec les vieilles versions de GPT. Mais alors, dans trois mois, six mois, un an, oh là là. Donc voilà, moi, mon vrai conseil, mon conseil amical, mon conseil de confrère, c'est formez-vous le moins possible à la médecine. Ne perdez pas votre temps, ça ne sert à rien. Réfléchissez à d'autres métiers en gardant votre savoir médical, bien sûr. Réfléchissez à d'autres métiers, d'autres business models, d'autres activités. Je suis... convaincu qu'il y a des milliers de choses à faire quand on est docteur en médecine en 2030. Mais il faut faire plein de choses, sauf faire des diagnostics et des ordonnances parce que nous ne serons pas compétitifs. C'est vexant, mais c'est comme ça. En revanche, je pense qu'il y a plein, plein, plein, plein de choses à faire et je suis persuadé qu'il y a des médecins généralistes qui vont devenir très riches dans ce nouveau monde, beaucoup plus... beaucoup... plus qu'en exerçant la médecine. Mais ça a déjà été un petit peu le cas. C'est un secret pour personne. J'ai vendu Doctissimo 139 millions d'euros cash. Il m'aurait fallu enlever des prostates pendant que je suis en géologue pendant quelques milliers d'années pour faire la même chose. Donc, la médecine n'a jamais beaucoup rapporté. Le problème nouveau, c'est qu'en réalité il est dérisoire de vouloir exercer la médecine. face à l'IA. Mais ce qu'il faut bien se dire, et je crois que c'est important que les confrères comprennent ça, c'est que ce n'est pas spécifique à la médecine. Quand tu es cadre en entreprise, ça commence à être très dur. Quand tu es marketeur dans une entreprise et que la version deep, et que la modalité deep research de chaque GPT, en quelques minutes, va te sortir une analyse stratégique sur le marché des tracteurs en Inde pour les prochaines années, tu te dis, merde. qu'est-ce que je vais faire dans 5 ans ? Tu l'utilises, Deep Research ?
- Speaker #0
Oui, notamment pour la biblio, c'est extraordinaire. Ça te fait une biblio extraordinaire,
- Speaker #1
à jour. C'est impressionnant. Et donc, là, ce n'est pas les docteurs qui sont le plus concernés, c'est les cadres, les gens en entreprise, etc. Donc voilà, moi aujourd'hui, je pense qu'il faut se dire la vérité pour deux raisons. Un, c'est du temps perdu de se former en médecine. Deux, il y a plein d'opportunités et il faut les saisir. Et pour ça, il faut bien regarder l'évolution de la technologie, il faut bien regarder le mode changeant. Ce que beaucoup de confrères ont du mal à faire, c'est de lever la tête du guidon et de regarder le monde. Et donc, il faut voir ce qui se passe. Il faut, tous les confrères doivent utiliser les dernières versions de chat GPT au moins une heure par jour. Pas pour mettre des dossiers médicaux dedans, mais pour lui poser plein de questions, pour bosser avec ses enfants quand on a des enfants scolarisés, etc. Pour comprendre et sentir ce progrès, semaine après semaine, de l'intelligence artificielle qui va conduire à notre marginalisation si nous n'y sommes pas. prenons pas garde et si on ne travaille pas très dur pour trouver des zones où on apporte une valeur ajoutée, ce qui n'est pas gagné d'avance compte tenu de ce qu'on a dit tout à l'heure sur la non-complémentarité aujourd'hui entre l'IA et les docteurs.
- Speaker #0
Je te remercie beaucoup, c'est fascinant, c'est terrifiant mais fascinant et hyper informatif. Concernant le soin, j'ai tout de même une remarque à te faire. Je remarque qu'à titre personnel et peut-être autour de moi, quand on parle de soin, Il y a la technique, la tête bien remplie. Ça, on comprend qu'on ne peut pas jouer à jeu égal avec Chad GPT, qui a une mémoire infinie, qui a accès à PubMed, à tous les bouquins médicaux, à tous les avis médicaux. C'est un LLM extrêmement puissant qui gagne un point de QI par semaine. Il va y avoir peut-être un problème d'énergie dans les années à venir, mais bon, c'est un autre sujet.
- Speaker #1
C'est un faux problème.
- Speaker #0
Est-ce que, en tout cas, moi je remarque que dans le soin, j'ai envie, j'ai besoin en tant qu'humain, d'avoir une poignée de main en regard et de sentir ce contact. Je remarque que, notamment les personnes âgées à l'heure actuelle, c'est évident que si tu leur donnes un contact...
- Speaker #1
On est bien d'accord, tu peux aussi faire le ménage. Il n'y a pas besoin d'être Bac plus 10 pour tenir la main des petits vieux et leur souhaiter une bonne semaine. Il y a un moment où il faut sortir de notre masochisme. Si notre métier, c'est d'être assistante sociale Bac plus 10, il n'y a plus qu'à tirer l'échelle. Tu sais, Kayfouli qui est... le plus grand spécialiste mondial de l'économie de l'IA, qui est un américano-californien milliardaire, qui fait des affaires assez brillantes et qui connaît très, très, très, très, très bien l'IA. Il a dit et écrit récemment, le médecin de 2030 est un « Compassional Caregiver » . Un tiers infirmière, un tiers technicien, un tiers assistante sociale. Oui. Ce que tu décris là, c'est un métier de bac plus 3. C'est super et je ne conteste pas le fait que ça puisse faire du bien aux petits vieux, en pré-Alzheimer ou déjà Alzheimerien, d'avoir un gentil docteur qui les rassure. Mais nous n'avons pas besoin de faire 10 ans d'études pour ce métier qui est un métier qui vaut une fois le SMIG. Compris. Et qui est un métier à forte valeur ajoutée humaine. mais à basse valeur ajoutée en termes de reconnaissance par la société. Donc, si on veut devenir des prolétaires de l'amour pour son prochain, si on veut devenir des prolétaires super assistantes sociales, etc., OK, mais ce n'est pas l'image que j'avais du futur de la médecine. Mais peut-être qu'on se dirige là-dessus. Et le fait qu'on est en train d'ouvrir massivement le numérosclusus, on va arriver à 16 000... étudiant en médecine en deuxième année, et qu'en même temps, on sadise de plus en plus les docteurs, ça va conduire au départ de la médecine des éléments brillants et ça va conduire à une prolétarisation de la médecine qui, avec des bacs plus 10, qui accepteront peut-être de jouer les assistantes sociales. Mais est-ce que c'est ça la médecine qu'on imaginait quand on a commencé à faire médecine ? Pas moi. Moi, j'imaginais un plus... plutôt un médecin-ingénieur de bon niveau, avec de l'empathie, pas un ingénieur Asperger. Je n'imaginais pas d'être une femme de ménage des années 2040.
- Speaker #0
Et est-ce que tu penses qu'en 2050, je te parle de la population médicale, sera séparée en une immense majorité de gens qui feront un bullshit job, que tu décris, c'est-à-dire des prolétaires de la médecine ? être complètement dépassée avec une infime minorité de gens qui auront peut-être monté des boîtes, qui auront anticipé le futur, qui sont peut-être agglomérés pour réglementer la santé et puis la rendre plus efficiente avec l'aide de l'intelligence artificielle. Est-ce que tu penses qu'on va arriver à un monde comme ça ? Une dichotomie entre une immense majorité de soignants bas de gamme qui font des bullshit jobs et une minorité de gens hautement qualifiés est riche ? Ou est-ce que tu penses que le scénario va être un petit peu différent, tous ces gens vont se mêler et on va évoluer ensemble ?
- Speaker #1
Ça dépend du degré de masochisme des confrères. Nous sommes la profession la plus masochiste. On accepte un niveau de contrainte très élevé. On n'est pas beaucoup payé. On a fait des études incroyablement longues, les plus longues des études, des études difficiles. où on a beaucoup bossé, on n'est pas récompensé par la société. Les malades sont quand même globalement moins gentils et moins respectueux du docteur qu'en 1955. Moi, je l'ai vécu, j'ai vécu ça entre le début de mon exercice et la fin de mon exercice. L'arrivée de la médecine tout gratuite a conduit à ce que les malades n'aient que des droits et aucun devoir et aucune reconnaissance. Pas tous, bien sûr, mais beaucoup. Moi, je l'ai ressenti. et même avec une certaine Et même avec une certaine douleur de l'hôpital public où j'exerçais, puisque je n'ai jamais exercé dans le secteur privé, jamais. Donc, moi, je pense que les masos vont accepter d'être assistantes sociales en 2040.
- Speaker #0
Et les autres ?
- Speaker #1
Je pense que beaucoup vont créer des entreprises, vont rentrer dans plein de nouveaux métiers où ils vont, grâce à l'intelligence artificielle, faire des choses qui aujourd'hui semblent impossibles. Voilà. Alors, il va y avoir des écarts énormes entre les médecins riches qui vont faire des choses passionnantes, créer des start-up incroyables dans le monde qui vient, et puis ceux qui vont être assistantes sociales, à qui on va en plus dire qu'il faut aller s'installer dans le Larzac, parce que le comité théodule de réglementation des installations de médecins exige qu'ils aillent dans le Larzac. D'ailleurs, ce débat sur la localisation des médecins à l'ère de l'IA et de la télémédecine n'a pas de sens, parce qu'en réalité... On pourrait tout à fait mettre une infirmière clinicienne avec l'IA et avec un médecin en recours en télémédecine dans les villages paumés de montagne. C'est-à-dire d'imposer aux médecins d'aller s'installer pendant plusieurs années après dix ans d'études dans un coin où ils n'ont pas envie d'aller. Franchement, je trouve que c'est débile. C'est rétrograde et c'est totalement inadapté à l'ère qui vient puisque une infirmière plus l'IA, ça va faire mieux. que le médecin sans IA, même si c'est cruel à dire. Donc, en réalité, ce n'est pas la peine de nous saliser et de nous envoyer dans les déserts médicaux. C'est vraiment une connerie administrative qui a été décidée avec des politiciens qui ne comprennent rien à l'évolution de la médecine et qui ne nous aiment pas beaucoup et puis qui n'ont rien compris à l'évolution de la tech.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a des zones de la médecine qui seront épargnées, je pense par exemple, aux gestes techniques. Tu es urologue, tu as fait des prostatectomies par exemple. À l'heure actuelle, une IA ne peut pas seule faire une prostatectomie. Moi, je fais des échographies, il y a des logistiques embarquées.
- Speaker #1
Ça résonne à moyen terme. Je ne sais pas si Elon Musk... Cette semaine, j'ai écrit un article là-dessus, justement, sur la déclaration d'Elon Musk d'il y a quatre jours. Il a dit, dans cinq ans environ, les robots humanoïdes opéreront mieux que les meilleurs... chirurgien humain sur Terre. Alors, c'est peut-être pas 2030 ou 2031, il se trompe peut-être sur le timing, il s'est un peu trompé sur la date de son arrivée sur Mars, et puis les nouvelles Tesla sont souvent en retard, bien évidemment. Mais je suis convaincu que le potentiel d'amélioration des robots humanoïdes est très important. Et contrairement au Da Vinci, qui n'est pas un robot, qui est un bras télémanipulé, qui n'a aucune intelligence propre, les robots chirurgicaux n'ont jamais opéré. C'est un chirurgien qui opère avec une interface télémaniplée. C'est un joystick, c'est un jeu vidéo. Da Vinci, comme les autres robots chirurgicaux, je pense qu'on va avoir des robots chirurgicaux pour de bons intelligents, branchés sur les intelligences artificielles qui vont dépasser les chirurgiens. Je ne sais pas à quel terme. En tout cas, je ne ferai pas de chirurgien aujourd'hui. Je pense que sur les actes techniques, on va être encore plus écrabouillé que sur les actes intellectuels. Parce que la finesse est retrouvée. Et ça, on ne l'a pas vu venir parce qu'on imaginait des robots en fait très cons. On n'avait pas imaginé que les robots seraient branchés sur les dernières intelligences artificielles. Et les investissements sont massifs sur les robots humanoïdes. NVIDIA, qui est l'une des entreprises les plus importantes au monde et qui conçoit la quasi-totalité des puces GPU pour l'intelligence artificielle, est en train d'investir massivement dans les systèmes d'exploitation intelligents pour les robots intelligents. ils ont développé une une Un operating system d'exploitation qui s'appelle GROOT et qui va accélérer le développement des robots et à terme des robots chirurgicaux. Donc moi je ne crois pas que les actes techniques soient défendables, je pense qu'on va être moins bon. sur les actes techniques que les robots, ne serait-ce qu'à cause de nos limitations visuelles. Alors, ce n'est pas de la chirurgie, mais regarde, aucun ophtalmo sur au monde n'est capable, quand il regarde un fond d'œil rétinien, de dire si c'est un homme ou une femme. L'IA arrive à déterminer avec une bonne sensibilité, une bonne spécificité, si c'est une rétine d'homme ou de femme, sans voir bien évidemment le patient. Parce que l'IA voit des patterns qu'on ne comprend pas. que nous ne comprenons pas. De la même façon, le meilleur radiologue au monde ne voit pas plus de 15 niveaux de gris. Une IA peut voir un milliard de niveaux de gris différents sur une imagerie parce qu'elle n'est pas limitée par notre rétine et par sa faiblesse. Elle n'est pas limitée par le fait que nous ne voyons en réalité que sur l'amacula et que notre rétine périphérique est dégueulasse. Moi, je ne crois pas au salut par l'empathie. parce que c'est indigne de nos dix ans d'études. Et je ne crois pas au salut par le geste technique, parce que je pense, comme Elon Musk, même si je ne garantis pas le timing, je pense qu'on sous-estime les progrès des robots humanoïdes hyper intelligents.
- Speaker #0
Merci, merci pour tout ça. Si tu étais un jeune médecin en France, est-ce que tu aurais envie de partir, parce que la médecine est mieux valorisée ailleurs ? Non. Parce que peut-être l'intelligence n'est pas la plus développée ailleurs ?
- Speaker #1
Ce n'est pas le sujet.
- Speaker #0
Ou qu'on te traite mieux dans un autre pays.
- Speaker #1
Non, mais ce n'est pas le sujet. Si j'étais jeune médecin aujourd'hui, je n'exercerais pas la médecine. Je monterais ma start-up, comme je l'ai fait. Mais moi, j'ai continué à faire de l'urologie en parallèle. J'ai arrêté il n'y a pas si longtemps que ça. Et j'ai fait quand même beaucoup d'uros. J'ai vu beaucoup de malades. Donc, oui, je monterais ma start-up. Je ne partirais pas. L'herbe est toujours... Plus verte ailleurs, mais il y a plein d'opportunités quand tu es malin, travailleur, que tu as envie de faire des choses, que tu es curieux. Il y a plein, plein de choses en médecine. Il y a des territoires entiers à labourer quand on est un jeune médecin qui vient d'être diplômé là. Il ne faut juste pas tomber dans le piège de passer son temps à s'améliorer en médecine. C'est un combat perdu. Et en revanche, il faut bosser son leadership managerial. il faut faire de la finance, comprendre le fonctionnement d'une boîte. Allez faire l'INSEAD après médecine. Allez faire un bon MBA de manière à être capable de bien piloter votre future startup. Ne vous laissez pas piéger par l'État, la fonction publique qui va vous sadiser toujours plus. Le coup d'envoyer les médecins dans des coins pouraves pendant plusieurs années. Après dix ans de médecine, c'est dément. C'est dément. On est à un niveau de sadisme de la part de l'État et du monde politique et de masochisme de notre part qui, moi, me remalade. C'est pour ça qu'il ne faut pas tomber dans le piège.
- Speaker #0
Très bien. Est-ce que tu sais, donc là, a priori, en France, les études de médecine sont ultra poussiéreuses ? On en a parlé brièvement au début de notre entretien. On apprend des choses et on sait très bien qu'on va être infiniment dépassé dans un très court terme. Est-ce que tu sais s'il y a d'autres endroits dans le monde dans lesquels on a intégré ces nouvelles technologies, dans le cursus notamment médical ? Est-ce que tu as ces notions ?
- Speaker #1
Très peu. Mais pour une raison très simple, c'est que une IA capable de lire un dossier médical, ça date de GPT-4. Parce que GPT-3.5 avait du mal à lire un dossier médical, en réalité. Donc, C'est GPT-4 qui est sorti le 15 mars 2023. Ça fait deux ans et un mois et demi. C'est la première IA capable de lire un dossier médical en réalité. Et ce n'était pas encore terrible. C'est avec les premières versions de 4O, tu vois, vers mai 2024. Il y a un an que c'est arrivé. Tu vois, 4O, la version principale, elle est sortie en mai 2024. le temps que les mandarins, que les responsables de cursus médicaux y accèdent. On était à Noël 2024, il y a six mois. Donc, tu vois, il y a cinq mois. Donc, ça n'a bien évidemment pas été intégré dans le cursus 2024-2025. Donc, évidemment, non. On en parle un peu. Il y a certaines bonnes facs américaines où on parle un peu d'IA, mais ça n'a pas été intégré, c'est allé trop vite. Et ça, ça n'est pas scandaleux. Ce qui est scandaleux, c'est qu'il n'y a pas de réflexion au sein du mandarina sur l'intégration. La difficulté est que les études de médecine sont très décentralisées. Il y a plein de facs. suffisamment d'experts en IA parmi les PUPH, parmi le mandarina, pour pouvoir traiter cette question. Il faudrait en fait centraliser cette réflexion. Il faudrait centraliser cette réflexion, pas forcément à Paris, mais il faudrait centraliser, il faudrait regrouper toutes les bonnes volontés, tous les PUPH qui s'intéressent au sujet, de manière à réfléchir à l'avenir des études de médecine. On ne va pas, dans les petites facultés de médecine, avoir des gens capables d'intégrer cet illusoire. Il n'y aura pas assez de capital humain pour réfléchir à la façon dont il faut réorienter les études de médecine.
- Speaker #0
Très bien, je te remercie infiniment Laurent. Je t'avais dit que je te prenais 45 minutes de ton temps, on arrive à 45 minutes. Je vais te libérer avec ma dernière petite question avant de te remercier chaleureusement. C'était vraiment un honneur et un grand grand plaisir pour moi de pouvoir passer ce moment avec toi. J'ai appris beaucoup de choses, j'ai eu très peur. mais ça va me permettre aussi d'avancer et de faire preuve d'agency, je l'espère. Est-ce que, avant de nous quitter, tu aurais un dernier message à transmettre à nos jeunes confrères, à nos jeunes confesseurs qui nous écoutent, qui ont, je pense, des sueurs froides en nous écoutant ce matin et qui souhaitent se préparer au mieux pour les prochaines années ?
- Speaker #1
Monter des startups.
- Speaker #0
Merci beaucoup. Merci infiniment, Laurent. Et puis, je te dis à bientôt. Au revoir.
- Speaker #1
Au revoir.
- Speaker #0
Bravo, vous êtes bien arrivé à la fin de cet entretien. J'espère qu'il vous a inspiré et apporté des clés utiles pour votre pratique. Pour ne rien manquer des prochains épisodes de Superdocteur, pensez à vous abonner dès maintenant. Si mon travail vous plaît, parlez-en autour de vous, à vos consoeurs, vos confrères et même à vos internes. Et si vous voulez me soutenir, laissez-moi une belle note de 5 étoiles sur votre application de podcast préférée. C'est rapide, ça m'aide énormément et surtout ça permet à d'autres médecins de découvrir ce contenu pour que l'on partage ensemble nos idées et améliorer nos pratiques. Merci pour votre écoute. et à très bientôt !